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Full text of "Polybiblion; revue bibliographique universelle"

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TORONT&yPlfffi-IC  LiBRARY. 

Référence   Department, 


THIS  BOOK  MUST  NOT  BE  TAKEN    OUT  OF   THE    ROOM. 


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r.9' 


PÔLY  BI  BLION 


REVUE 
BIBLIOGRAPHIQUE  llNlVEliSELLE 


Janvier  l'JTi  T.  CXXIV.  1. 


POLYBI  BLION 


REVUE 


BlBIJOGHAPeilillK  UNIVERSELLE 

PARAISSANT     TOUS      LES      MOIS 


PARTIE   LITTÉRAIRE 


DEUXIÈME    ïiÉRIE.    —   TOME    SOIXAIMTE-QIIII^IXIÈME 

(cent  VlNGT-QUATKIK.Mh;    Dli    LA    COLLECTION) 


^- 


PARIS    (7^) 


AUX      BUREAUX     DU      P  O  LY  B  I  B  LI  O  N 

S,    RUE   SAINT-SIMON,   5 


1912 


A-'fet^<=c,3 


MAY  2  2  1922 


POLTBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 


DERNIÈRES   PUBLICATIONS   ILLUSTREES 

i.  Le  Tour  du  monde.  Journal  des  voyages  et  des  voyageurs.  Année  1011.  Paris,  Ha- 
chette, gr.  in-4  de  636-xiv-430  p.,  avec  de  nombr.  illustrations.  Brorhé,  25  fr.  : 
relié,  32  fr.  50.  —  2.  La  Belgique  illustrée,  par  Dumont-Wiluf.n.  Paris,  Larousse, 
8.  d.  (1912),  gr.  in-4  de  iv-304  à  2  colonnes,  illustré  de  570  reprod.  photogr.,  22 
cartes  et  plans  en  noir,  10  planches  hors  texte  en  noir,  6  cartes  et  3  planches 
hors  texte  en  couleurs.  Broché,  20  fr.  ;  relié,  26  (r.  —  3.  Tseu-Hi,  impératrice 
douairière  (la  Chine  de  1835  à  1909,  d'après  les  papiers  d'État,  les  Mémoires 
secrets,  les  Correspondances),  par  J.-O.  Bland  et  E.  Blackhouse.  Paris,  Hachette, 
1912,  in-8  illustré  de  2  fac-similés  en  couleurs,  24  planches  en  ncir  et  d'un  plan 
de  Péking.  Broché,  15  fr.  ;  cartonné,  20  fr.  —  4.  Les  Merveilles  de  la  science. 
Aerostation,  aviation,  par  Max  de  Nansot;ty.  Paris,  Boivin,  s.  d.  (1912),  gr.  in-8 
de  759  p.  à  2  colonnes,  illustré  de  582  grav.  Broché,  15  fr.:  cart.  toile,  fers  spé- 
ciaux, 17  fr.  50.  —  5.  Les  Voleurs  de  foudre,  par  Paul  d'Ivoi.  Paris,  Boivin,  s. 
d.  (1912),  gr.  in-8  de  460  p.,  illustré  par  L.  Bombled.  Broché,  10  fr.:  relié  toile, 
plaques  spéciales  en  couleurs,  tr.  dorées,  12  fr.  —  6.  L^s  Aviateurs  des  Andes,  par 
Marc  Janin.  Paris,  Boivin,  s.  d.  (1912),  gr.  in-8  de  284  p.,  illustré  par  Ray- 
mond Tournon.  Relié,  plaque  spéciale,  tr.  dorées,  8  fr.  —  7.  Jehan,  le  meneur  de 
loups,  par  Jean  Floryde.  Paris,  Delagrave,  s.  d.,  gr.  in-8  de  240  p.,  illustré 
de  M.  Raynolt.  Broché,  3  fr.  50;  relié,  5  fr.  —  8.  Au  pays  des  Chansons,  par  G. 
MoNTORc-l'EiL.  Paris,  Boivin,  s.  d.  (1912),  album  in-4  de  56  p.,  illustré  d'aqua- 
relles par  .Ion.  Relié  toile,  plaques  en  couleurs,  tr.  dorées,  9  fr.  —  9.  Les  Veillées 
des  chaumières,  journal  bi-hebdomadaire  illustré.  34°  année.  Paris,  Henri  Gau- 
tier, 1910-1911,  in-4  de  836  p.,  avec  de  nombr.  grav.  Broché,  6  fr. ;  cart.  toile, 
7  fr.  50.  —  10.  La  Poupée  modèle.  Revue  des  petites  filles.  48"  année.  Paris,  3,  rue 
du  Quatre-Septembre,  gr.  in-8  de  290  p.,  avec  de  nombr.  grav.  et  planches. 
Paris,  7  fr.  ;  Seine,  8  fr.  ;  départements,  9  fr.  ;  Union  postale,  11  fr.  —  11.  Xes 
JJ'-res  roses  pour  la  jeunesse,  publiés  par  la  librairie  Larousse.  3'^  série  de  24  vol. 
in-12  de  60  à  64  p.  (n"  49  à  72),  illustrés  d?  nomlir.  grav.  Brochés,  réunis  dans 
un  élégant  éfui,  3  fr.  90.  —  12.  Paris,  par  Philippe  Dufour.  Paris,  Jouve,  1912, 
in-8  de  xv-184  p.,  avec  70  illustrations  cVapris  des  eaux-forte-:,  des  dessins 
et  des  croquis   d^   Jean-Jules  Dufour.    Broché,   5  fr. 

Encore  douze  publications  illustrées,  dont  plusieurs  sont  de  tous  les 
temps,  et  d'autres  auxquelles  nos  lecteurs  pourront  se  reporter  à  la 
fin  de  la  présente  année,  quand  ils  auront  à  arrêter  leur  choix  en  vue 
des  étrennes.  Ces  ouvrages,  qui  ont  été  sommairement  annoncés 
dans  notre  précédente  livraison  (p.  54®),  nous  sont  arrivés  trop  tard 
pour  être  compris  dans  le  compte  rendu  général. 

1.  —  C'est  un  vieil  et  cher  ami  que  le  Tour  du  monde  ;  jamais  on 
ne  s'ennuie  en  sa  compagnie,  et  c'est  toujours  avec  un  vif  sentiment 
de  curiosité,  avec  une  indicible  satisfaction  que  l'on  rouvre  un  de  ses 
volumes,  alors  même  qu'on  vient  seulement  de  le  quitter.  Aussi  quelle 
joie  est  'a  nôtre,  lorsque  chaque  année,  au  moment  des  ('trennes, 
nous  voyons  arriver  l'ensemble  des  livraisons  parues  au  cours  des 
douze  mois  précédents  !  Quelles  bonnes  heures  nous  passoTis  à  faire 
connaissance  avec  ce  nouvel  ami  !...  Il  s'est  fait  un  peu  attendre  cette 


—  a  — 

annoo.  o\  c'est  pourquoi  nous  n'nvons  pas  ]iu  1p  pivsontor  de  bonne 
heure  à  nos  lecteurs;  mais  le  voici,  enfin,  avec  une  remarquable 
collection  de  récits  de  voyasre  dans  les  différentes  parties  du  monde. 
Kn  Europe,  ce  sont  des  parties  admirables  de  l'Autriche,  le  S.ilzkam- 
merirut.  les  Alpes  de  Sal/bourc:  et  les  llohe  Tauern,  }i!!is  les  côtes 
orientales  de  la  mer  Adriatique  entre  Trieste  et  Corfou — des  pays 
peuplés  de  nationalités  rivales  —  que  décrivent  MM.  .T.  Du  Plessis 
de  Grénédan  et  B.  de  Jandin;  en  Asie,  nous  gravissons  le  mont 
Ararat  avec  M.  T.ouis  Seylaz  et  nous  nous  arrêtons  longuement 
dans  les  parties  orientales  du  continent,  en  Ri'manie  avec  le  com- 
mandant Pilate,  en  Annam  avec  M"<=  Gabrielle  M.  ^^assal,  le  long 
du  chemin  de  fer  du  Yunnan  avec  le  capitaine  Am.  Aymard,  dont 
nous  connaissons  déjà  un  bon  livre  sur  les  Touareg.  Passons  de  là  en 
Océanie  pour  y  voir,  sous  la  conduite  de  M.  René  La  Pruyère,  ces 
trois  archipels  de  la  Pohiiésie  qui  sont  les  *^amoa,  les  Iles  sous  le 
Vent  et  les  ^Tarquises  :  puis  regagnons  l'Furope  par  l'Amérique 
où  M.  Emile  Desc]iomps  veut  nous  faire  monter  au  sommet  du 
Tamalpaïs  californien,  où  le  comte  Maurice  de  Périgny  entend 
faire  aux  lecteurs  du  Ton?-  du  monde  les  honneurs  de  quelques 
villes  mortes  de  l'Amériaue  centrale,  en  particulier  de  ces  ruines 
de  Nackun,  qu'il  a  découA^ertes....  Géographie,  ethnographie, 
politique,  archéoloerie,  tout  se  trouve  représenté  dans  ces  récits  vi- 
vants, alertes,  illustrés  de  superbes  gravures;  la  colonisation  contem- 
poraine, avec  ses  procédés  si  humains,  si  intelligents,  y  apparaît 
parfois,  —  beaucoup  moins  toutefois  aue  dans  le  .Tournai  du  corps 
de  débarquement  de  Casablanca  à  travers  la  Chaouia  dont  le  capi- 
taine Grasset  est  l'auteur,  beaucoup  moins  surtout  que  dans  le  tra- 
vail de  M.  Eouis  Sonolet  sur  les  progrès  de  l'Afriaue  occidentale 
française.  Enfin,  aux  chasseurs  donneront  satisfaction  les  récits 
d'excursions  t  de  chasses  en  ^bvssinie  à^  M.  Georges  Rémond...  — 
Quel  regret  pour  nnns  d'être  obligés  de  nous  en  tenir  à  cette  sèche 
nomenclature,  et  de  ne  pouvoir  faire  ressortir  les  aualités  particu- 
lières de  chaaue  auteur,  les  mérites  de  telle  ou  telle  relation,  les 
beautés  de  l'illustration  !  Et  voici  q\^Q,  non  moins  rapidement,  il  nou« 
faut  passer  «ur  «  A  travers  le  monde,  »  sur  ses  courtes  notices,  si 
précises  et  si  variées,  si  pleines  de  renseio-nements  de  tfuite  nature, 
véritable  mine  où  peuvent  puiser  à  pleines  mains  les  géographes, 
les  professeurs,  les  touristes  et  les  bibliographes.  Une  table  des  ma- 
tières succincte,  mai=^  suffisante,  permet  de  trouver  très  vite,  dans 
ce  supplément  du  Tour  du  monde,  les  indications  que  l'on  y  cherche; 
elle  fait  d'  »  A  travers  le  monde»  un  véritable  instnmient  de  travail 
non  moins  instructif  et  non  moins  attrayant  que  les  récits  nlus  déve- 
loppés dont  nous  avons  débuté  par  dire  quelques  mots. 


2.  —  Non  moins  que  la  France,  do  M.  P.  Joussct,  dont  il  a  été 
question  dans  notre  dernier  numéro  (p.484-4'^5),  la  Belgique  illustrée^ 
de.  M  Dumont-Wilden,  est  un  superbe  livre  d'étrennes.  Que  de  gra- 
vures, en  effet,  et  dans  le  texte  et  hors  texte,  et  de  splendidea 
gravures  reproduisant  les  sites  les  plus  pittoresques  et  les  plus  admi- 
rables monuments  de  ce  véritable  musée,  plein  de  contrastes  et  plein 
de  souvenirs  du  passé,  qu'est  le  pays  confinant  au  nord  à  notre 
France  !  Des  rivages  de  la  mer  du  Nord  jusqu'à  la  Baraque  Michel  et  à 
la  frontière  allemande,  la  contrée  ne  cesse  d'aller  s'élevant,  si  bien 
que  l'on  passe  graduellement,  insensiblement,  des  polders  situés  au- 
dessous  du  niveau  des  hautes  marées  et  défendus  par  des  digues  contre 
l'invasion  des  flots  jusqu'à  une  altitude  de  400  mètres  et  plus  en  - 
traversant  des  plaines  basses,  puis  des  pentes  douces,  des  talus  molle- 
ment inclinés,  des  plateaux  que  coupent  les  fossés  des  rivières  dispa- 
raissant parfois  dans  les  calcaires,  et  que  couvrent  ailleurs  d'épaisses 
forêts...  Tous  ces  aspects  si  variés,  M.  Dumont-Wilden  les  a  signalés 
successivement  dans  son  texte,  de  manière  à  expliquer  la  succes- 
sion des  illustrations  qui  l'accompagnent;  mais.il  a  insisté  avec  plus 
de  complaisance  encore,  à  très  juste  titre,  sur  l'homme.  C'est  plaisir 
de  le  suivre  dans  ses  développements  sur  la  vie  du  mineur,  sur  les 
dentellières,  les  botteresses,  de  pénétrer  avec  lui  dans  les  béguinages,  - 
comme  aussi  d'évoquer  avec  lui  les  souvenirs  du  passé  de  la  Belgique, 
et  d'étudier  les  reliques  des  temps  qui  ne  sont  plus...  Deux  chapitres 
consacrés,  l'un  au  Congo  belge,  l'autre  au  Grand-Duché  de  Luxem- 
bourg, terminent  ce  beau  volume  dont  les  illustrations  en  noir  sont 
un  véritable  enchantement  pour  les  yeux,  dont  les  hors  texte  en  cou- 
leurs sont  très  réussis,  dont  les  cartes  sont  parfaitement  lisibles,  et 
qu'encadrent  une  brève  Introduction  de  M.  Emile  Verhaeren  et  une 
étude  sur  le  rôle  pacifiste  de  la  Belgique,  en  qui  M.  Louis  Frank  voit 
le  «  district  fédéral  du  monde.  » 

3.  ■ —  C'est  une  bien  curieuse  figure  que  celle  de  cette  impératrice 
douairière  Tseu-Hi  qui,  pendant  plus  de  quarante  années  consécu- 
tives et  durant  plusieurs  règnes,  fut  le  véritable  souverain  de  la 
Chine.  Née  en  novembre  1835  dans  une  famille  appartenant  à  un  des 
clans  mandchoux  les  plus  anciens,  Ye-ho-na-la  entra  d'abord  dès 
le  11  juin  1852  dans  la  Ville  interdite  en  qualité  de  concubine  du  3^ 
degré,  de  «  Kouei  jen,  «  c'est-à-dire  de  «  personne  honorable  »,  et 
ne  tarda  pas  à  arriver  au  premier  rang  en  donnant  à  l'empereur 
Hien-Foung  un  héritier  et  en  commençant  à  déployer  les  qualités 
d'homme  d'État  dont  elle  eut  si  souvent  à  faire  preuve  par  la 
suite.  Que  d'événements  d'une  importance  capitale  pour  l'histoire  de 
la  Chine  se  sont  succédé  depuis  le  moment  où  Ye-ho-na-la  a  pu- 
jouer  un  rôle  et  celui  où,  le  15  novembre  .1908,  est  morte,- .comblée 


d'honnenrs,  la  «  vieille  Bouddha  '>  qui  avait  reçu,  dès  1861,  de  son 
jeune  fils,  le  nouveau  nom  de  Tseu-Hi  (maternelle  et  propice)  !  La 
révolte  des  Taï-Pins:,  la  campacme  ansïlo-franraise  de  1859-60  et  la 
fuite  de  la  cour  à  Djéliol.  puis  les  différentes  interventions  européennes 
en  Chine,  les  «  Cent  jours  de  réforme  «  et  le  coup  d'Etat  de  1898,  la 
révolte  des  Boxeurs  et  l'entrée  du  monde  officiel  chinois  dans  la 
voie  des  réformes...  Dans  ce  demi  siècle  de  l'histoire  du  Céleste  Empire, 
Tseu-Hi  a  tenu  sa  part,  et  sa  très  large  part,  grâce  à  ses  trois  ré- 
gences et  à  son  influence  prépondérante;  l'administration,  la  politi- 
que intérieure,  la  politique  extérieure,  cette  femme  remarquablement 
intelligente,  mais  astucieuse,  perfide  et  cruelle,  a  tout  marqué  de 
son  empreinte,  si  bien  qu'on  peut  dire  qu'elle  a  été,  à  travers  plu- 
sieurs règnes  successifs,  la  véritable  maîtresse  de  l'Empire.  Par  quels 
moyens  et  à  travers  quelles  vicissitudes,  MM.   J.-O.  Bland  et  E. 
Blackhouse  l'ont  parfaitement  indiqué  dans  leur  excellent  ouvrage, 
plein  de  renseignements  précieux  et  de  documents  officiels,  relatif  à 
Tseu-Hi,  impératrice  (înuairière  de  Chine.  Rien  de  plus  attrayant  que 
ce  livre,  bien    plus   curieux    qu'un    roman,    rempli    de~^ révélations 
sur  les  mœurs  de  la  cour  de  Pékin,  les  intrigues  et  les  exactions  des 
eunuques,  etc.,  et    illustré    de   remarquables    photographies    repré- 
sentant les  principaux  personnages  du  gouvernement  chinois  de. la 
fin  du  xix^  siècle,  ainsi  que  les  plus  beaux  aspects  de  la  Ville  inter- 
dite. 

4.  —  Existe-t-il  quelqu'un  qui  ne  s'intéresse  pas  au  double  sujet 
Aérosiation.  Aviation!  M.  Max  de  Nansouty,  digne  continuateur  de 
Louis  Figuier,  nous  présente,  dans  un  magnifique  volume  sur  les 
Merveilles  de  la  science^  l'histoire  de  la  navigation  aérienne  depuis 
l'origine  jusqu'à  la  fin  de  1910.  Ce  volume  satisfera  aniplemeiitle  désir 
de  savoir  qui,  légitimement,  s'empare  du  grand  public.  Tous  les 
sphériques,  dirigeables,  aéroplanes  sont  décrits  avec  un  soin  minu- 
tieux et  les  voyages  notables  qu'ils  ont  accomplis  sont  signalés.  L'au- 
teur nous  fait  suivre,  pas  à  pas,  les  progrès  accomplis  dans  la  '^onquête 
de  l'air.  Mais  son  rôle  ne  se  borne  point  là.  Il  ne  se  cont  nte  pas 
d'être  historien,  il  est,  en  plus,  excellent  vulg^arisateur  de  sciences.  La 
direction  des  ballons,  la  construction  des  aéroplanes,  leur  stabilisa- 
tion, demande  la  solution  des  problèmes  mécaniques  les  y  lus  ardus. 
Par  des  explications  précises,  accompagnées  de  schémas  1res  clairs, 
M.  de  Nansouty  nous  fait  simplement  comprendre  ce  qui  îi^té  fait  et 
ce  qu'il  reste  à  faire.  Son  étude  ne  porte  pas  seulement  sir  la  navi- 
gation aérienne  en  France,  mais  bien  dans  l'univers  entier,  et,  s'il 
nous  donne  la  première  place,  ce  n'est  pas  par  faux  patriotisme,  mais 
parce  que  nous  la  mérilons.  Son  livre  le  prouve. 
•'•  —  Dans  ses  Voleurs  de  foudre.  M.  Paul  d'Ivoi  nous  -cause   l'im- 


pression  d'un  Jules  Verne  accommodé  à  la  façon  de  Ponson  du  Ter- 
rail.  Un  jeune  homme,  grâce  à  l'intervention  de  trois  jeunes  pickpoc- 
kets appartenant  au  beau  sexe,  parvient  à  entrer  en  possession    de 
titres    et    papiers    qui  lui  dévoilent  sa  qualité  de   prince  —  prince  de 
Valbéryl,    —    alors    qu'il    n'est     pourvu  que  d'un  simple    prénom  : 
Charles.  Parmi  ces  trois  ijetites  voleuses,  ■ —   singulières  protectrices 
tout  de  même  pour  un  jeune  homme  bien  élevé!  —  il  en    est  une, 
Régine,  qui  commande  aux  deux  autres  et  que  la  suite    des  événe- 
ments   nous    révèle    comme  la  fille  d'un  sultan  asiatique    dont   le 
minuscule  pays  est  convoité  à  la  fois  par  le  Siam  et  par  les  Anglais, 
lequel  sultan  avait  épousé  une  Française.  Les  premières  scènes  du 
récit  se  passent  au  Havre  où  l'unique  protecteur  du  prince  qui  s'ignore 
meurt  dans  d^s  conditions  mystérieuses,  frappé  chez  Uii  par  la  fou- 
dre, sans  qu'un  oras^e  ait  éclaté  sur  la  ville....  La  suite  nous  conduit, 
nous  jette,  nous  précipite  à  travers  le  monde,  au  Mexique,  en  Haïti, 
dans  une  île  déserte  de  l'Océanie,  et  nous  ramène,  après  des  aven- 
tures toutes  plus  extraordinaires  les  unes  que  les  autres,  en  France,  à 
Marseille  et  de  là  à  Saint-Germain  près  Paris,  où  Charles,  toujours 
escorté  de  ses  gardes  du  corps  enjuponnés,  d'un  dévouement  génial, 
est  reconnu,   en   dépit   des  oppositions  enragées  de  la  malfaisante 
association  de  'la  Mafia  et  de  son  grand  chef,  comme  prince  de  Val- 
béryl   et  mis   en   possession   d'une  fortune  colossale.   Le  prince  et 
Régine,  devenue  une  jeune  fille  parfaite,  —  car  au  contact  de  son 
ami  Charles  elle  n'a  pas  tardé  à  comprendre  combien  était  repréhen- 
sible   la   «   profession   »   aue   dos   misérables   l'avaient  contrainte  à 
excercer,  —  le  prince  et  Régine,  disons-nous,  vont  donc  s'épouser, 
quand    d'autres    événements,    qui  forment  la  deuxième    partie    du 
livre,  empêchent  cette  conclusion  naturelle.  Et,  tout  de  suite,  voilà 
le  lecteur,  un  peu  essoufflé,  obligé  de  courir  après  les  héros  et  les... 
héroïnes  de  M.  d'Ivoi  jusqu'en  Chine,  au  Siam,  en  Cochinchine,  où 
se  déroulent  les  péripéties  d'un  drame  aussi  palpitant,  aussi  inextri- 
cable que  le  premier,  mais  qui  —  Dieu  soit  loué  !  —  se  termine  non 
point  par  un,  mais  par  deux  mariages. 

6.  —  Autre  roman  étonnant,  renversant,  abracadabrant  :  Les 
Aviateurs  des  Andes.  En  un  style  aussi  correct  qu'imagé,  M.  Marc 
Janin  nous  raconté  l'histoire  d'un  brave  homme  de  colonel  qui,  s'étant 
engagé  à  donner  sa  fille  au  fils  de  son  meilleur  ami  mort  en  Afrique, 
n'arrive  pas  à  savoir,  en  dépit  de  soixante  lettres  et  de  nombreux 
télégrammes  non  parvenus  à  leur  destinataire,  si  son  gendre  en 
perspective,  qui  court  le  monde  comme  explorateur,  entend  épouser 
ou  s'il  ne  s'en  soucie  plus.  Entre  temps,  un  autre  parti  se  présente. 
Alors  le  colonel,  pour  être  fixé,  décide  qu'il  se  mettra  à  la  poursuite 
du   fiancé.  C'est  ainsi  qu'accompagné  du  nouveau  prétendant,  du 


—  10  — 

frère  et  de  la  sœur  de  celui-ci,  d'une  dame  de  compagnie  anglaise 
et  d'un  domestique,  ancien  zouave,  qui  n'a  pas  froid  aux  yeux,  il 
quitte  Paris  et  débarque  en  Amérique  où,  manquant  sans  cesse 
l'explorateur  fantôme  qu'il  veut  atteindre,  il  devient,  avec  sa  compa- 
gnie, tantôt  le  héros,  tantôt  la  victime  d'une  invraisemblable  série 
d'aventures  extraordinaires  où  tous  les  moyens  de  locomotion  et  de 
combat  sont  mis  en  action  par  les  amis  ou  par  les  adversaires,  tous 
également  braves  et  savants,  mais  les  premiers  aussi  honnêtes  que 
les  autres  gens  sont  des  scélérats,  savoir  :  trains  spéciaux,  automo- 
biles, bateaux,  hydroplanes,  sous-marin  perfectionné,  avion  mer- 
veilleux, torpilles,  bombes  de  grande  puissance  destructive  jetées 
dans  l'espace  depuis  l'avion,  etc.  Ce  fantastique  roman  est  bien  fait 
pour  donner  aux  lecteurs  ce  que  l'on  appelle  vulgairement  «  la 
chair  de  poule.  »  Les  amateurs  du  terrible,  de  l'ultra  dramatique  en 
auront  donc  pour  plus  que  leur  argent.  On  vient  de  voir  que  le 
volume  de  M.  d'Tvoi  se  clôt  par  deux  mariages;  celui-ci  se  ferme  sur 
trois!  L'un  et  l'autre,  d'ailleurs,  sont  admirablement  reliés  et  fort 
bien  illustrés.  Et.  s'il  nous  fallait  déterminer  une  préférence,  nous 
l'accorderions  sans  hésiter  à  l'œuvre  de  M.  Janin. 

7.  —  Jehan  ^  le  meneur  de  loups,  i)'est  que  le  premier  des  contes  et 
légendes  formant  le  recueil  que,  sous  ce  titT"e,  M  Jean  Floryde  vient 
de  publier  pour  la  plus  grande  joie  des  enfants.  Il  est  tout  imprégné 
du  sentiment  religieux.  Le  même  esprit  anime  les  Trois  Rois  de  Co- 
logne et  le  Voile  de  la  Vierge.  La  Légende  de  Vépée  est  émouvante  : 
c'est  celle  de  l'épée  de  Jeanne  d'Arc.  Les  treize  autres  récits  que  l'on 
trouve  dans  ce  volume  sont  surtout  des  contes  de  fées,  qui  raviront 
les  lecteurs,  petits  et  grands. 

8.  —  Le  plus  beau  des  albums  de  l'année  nous  est  arrivé  comme 
certain  héros  :  après  la  bataille,  c'est-à-dire  postérieurement  à  la  dis- 
tribution des  étrennes  aux  enfants.  Mais  ce  qui  est  différé  n'est  pas 
perdu;  et,  pour  la  fin  de  l'année  qui  vient  de  s'ouvrir,  il  importe  dès 
à  présent  d'attirer  l'attention  bien  particulière  des  parents  sur  l'al- 
bum intitulé  :  Au  Pays  des  Chansons.  Avec  l'esprit  qui  le  distingue, 
"M.  G.  Montorgueil  a  composé  un  texte  comique,  richement  et  très  artis- 
tiquement illustré  de  splendides  gravures  en  couleurs  par  Job.  Un 
beau  jour,  ^L  Dumollot  ayant  quitté  la  ville  de  Saint-Malo,  où  il 
demeure,  pour  accomplir  un  voyage  indéterminé,  veut  se  reposer  dans 
un  bois  qu'il  traverse;  le  sommeil  le  saisit  aussitôt.  Alors  il  rêve  qu'il, 
parcourt  "  le  pays  des  Chansons,  »  où  il  voit  défiler  tour  à  tour  le 
souverain  dudit  pays,  le  bon  roi  Dagobert,  la  mère  Michel,  qui  a 
épousé  son  vieil  ennemi  Lustucru  et  garde 'l'un  des  immeubles  de 
Cadet-Roussel,  puis  les  Compagnons  do  la  Marjolaino,  M.  de  la  Pa- 
lisse, Toto  Carabo,  Jean  de  Nivelle  fi  nombre  d'autres  ejusdem  farinae 


—  11  — 

qae  nous  ne  pouvons  nommer.  Enfin,  M.  Diimollet  achève  brusque- 
ment son  voyasje,  ou, «pour  dire  mieux,  son  rêve,  par  l'intervention 
d'un  voisin  qui  le  tire  d'un  sommeil  prolongé  sur  le  sol  où  il  n'a  que 
dos  rhumatismes  à  gagner. 

9.  —  Les  Veillées  des  chaumières  diffèrent  de  l'Ouvrier,  que  nous 
avons  prrspntô  le  mois  dernier  (t.  CXXII,  p.  500-501),  surtout  par  la 
date  à  laquelle  commence  l'abonnement  :  novembre  au  lieu  de  mai. 
Les  «  ^"'ari^''t('S  «  nombreuses  que  l'on  y  trouve  offrent  aussi  quelques 
différences,  tout  en  étant  également  instructives.  Pour  le  surplus, 
les  Veillées  des  chaumières  ont  ceci  de  commun  avec  l'Ouvrier  qu'elles 
donnent,  par  tranches  bi-hebdomadaires  (le  mercredi  et  le  samedi), 
une  série  de  grands  romans  inédits,  illustrés,  choisis  avec  soin  et  très 
intéressants.  Le  ?>'\^  volume  de  la  collection,  dernier  paru,  en  ren- 
ferme seize,  dont  voici  les  titres,  avec  les  noms  de  leurs  auteurs  : 
L'Affaire  de  Neuilh/,  par  M"^^  Marie  Thiéry;  Brin  de  jnimnsa,  par 
Mi"e  la  comtesse  Clo;  Le  Château-Rose,  par  M"^^  M.  Maryan;  Le 
Court- Circuit,  par  M™^  Jeanne  de  Coulomb;  Les  Débuts  d'un  juge 
d'instruction,  par  M.  La  Bruyère;  Feux-follets,  par  M.  Henry  Bister; 
Les  Fiancés  de  Scluvarzwald,  par  M.  J.  de  Lacrouzille;  Mariage  blanc, 
par  M.  Beudant:  Le  Mariasse  de  miniiit,  par  M^"^  B.  de  Buxy;  Le 
Miracle  de  la  Dame-du-Pont,  par  M.  J.  Lacaze-Bastard;  La  Montée, 
par  M.  pierre  Besbre;  La  Patte  blanche,  par  M.  L.  de  Kérany:  Le 
Roman  de  Mimose,  par  M"^^  Florence  O'Noll;  Le  Secret  de  sœur 
Delphine,  par  M^^e  pierre  du  Château;  Sur  le  sable,  par  M"^^  Marie 
Le  Mière.  et  Yvette  Leclerc,  par  M.  Reçrnaud.  Relié  en  toile  rouge,  ce 
volume  est  aussi  recommandable  que  cehii  de  l'Ouvrier. 

10.  —  Être  âgée  de  auarante-huit  ans  révolus  et  rester  fraîche, 
sémillante,  pimpante,  c'est  le  lot  enviable  de  la  Poupée  modèle.  Le 
texte  de  ce  gracieux  périodiaue  pour  fillettes  est  choisi  avec  beaucoup 
de  soin.  On  v  t'ouve  en  premier  lieu  des  contes,  nouvelles,  histo- 
riettes et  com-^dies  a"i  raviront  les  petites  lectrices.  Parmi  les  vingt 
titres  que  nous  pourrions  citer ,'^nous  en  noterons  quatre  seulement, 
car  nous  devon"  nous  borner  :  Les  Conquêtes  de  Mona,  par  M"^^ 
Ch.  Péronnet:  Histoire  merveilleuse  de  deux  petits  garçons  et  d'une 
petite  fille  qui  ne  savaient  pas  lire,  par  M.  J.  David;  La  Poupée  de 
Loulou,  par  M.  R.  Miguel;  Le  Five  O'Clock,  saynète  à  Quatre  person- 
nages, par  M.  J.  Preneuse.  A  signaler  aussi  des  devinettes  avec  leurs 
solutions,  des  poésies,  un  peu  de  musique,  des  renseignements  inti- 
tulés sévèrement  :  Économie  domestique,  qui  relèvent  de  la  simple 
friandise,  cmelaues  conseils  (pas  trop  :  les  petits  préfèrent  autre 
chose);  enfin  Hes  explications  de  travaux  et  surtout  des  nombreuses 
annexes  consistant  en  patvons  en  papier  et  en  étoffe,  planches  diverses 
en  couleurs  dont  plusieurs  sont  presque  somptueuses.  A  propos  de 


I 


—  12  — 

ces  planches  de  tontes  sortes,  une  aimable  rédactrice  qui  signe  «Bonne 
Amie  >\  s'adressant  à  ses  «  chères  petites  abonnées  »,  leur  dit,  entre 
autres  choses  alléchantes  :  «  D'habiles  architectes  ont  dressé  les  plans 
d'un  château  magnifique.  Tous  les  artistes  que  nous  avons  trouvés 
l'embellissent  à  qui  mieux-mieux  et  vous  allez  avoir  le'plaisir  de  rece- 
voir tour  à  tour  le  mobilier  de  chacune  des  pièces  de  rette  demeure 
splendide  :  salon,  salle  à  manger,  chambre  à  coucher,  toilette, 
cuisine,  et  quel  joli  mobilier  !  Une  maison  de  fée.  où  je  vous  vois 
rancreant  vos  armoires,  garnissant  vos  vases  de  fleurs,  maîtresses 
de  maison  accomplies!...  A  cette  construction  si  amusante,  nous 
joindrons  encore  de  jolies  robes  dessinées  sur  étoffe  et  prêtes  à  être  . 
cousues,  y  lesquelles  arriveront  «  pour  Pâques  fleuries,  pour  la  fête 
de  la  Sainte  Vierge,  pour  Noël...  »  Puis,  la  même  «  Bonne  Amie,  » 
rappelant  un~concours  de  couture,  entretient  ses  jiiignonnes  lectrices 
du  succès  obtenu  :  «  Si  vous  aviez  vu,  s'écrie-t-elle,  toutes  ces  gen- 
tilles robes,  ces  jupons  chauds,  ces  chemises  si  bien  taillées  et  cousues, 
vous  seriez  fières  d'avoir  pris  part  à  cette  rouvre  de  charité  qui  va 
réjouir  tant  de  pauvres  mères.  Dans  ses  visites  de  Nool,  le  Petit  .Tésus 
entendra  bien  souvent  parler  des  petites  abeilles  de  la  Poupée 
modèle  et  il  sera  '^ontent  de  vous  ..  «  N'est-ce  pas  que  voilà  un  pé- 
riodique enfantin  grandement  recommandable? 

11.  —  Il  y  a  un  peu  phis  d'un  an  f Polyhihlion  de  décembre  1910, 
t.  CXTX.  p.  52.3),  nous  avons  signalé  les  deux  premières  séries  des 
Livres  ros^s  pour  la  jeunesse,  que  publie  la  librairie  T^arousse.  Au- 
jourd'hui nous  donnerons  une  mention  à  la  troisième  série  de  cette 
collection.  D'abord  deux  sujets  mythologiques  amplement  racontés  : 
Les  Travaux  d'Herenle  et  Persée,  le  vainqueur  de  la  Gorgone.  Puis 
des  histoires  de  bêtes  :  Frère  Benard  et  Frère  Lapin:  Histoire  d'une 
tortue;  ensuite  des  Contes  de  Flandres,  des  Contes  de  Russie  et  des 
Contes  dp  Chine;  enfin  deux  comédies:  Jeannot  Lapin  et  les  Quatre 
Prunes.  Sur  les  vingt- quatre  volumes  de  cette  série,  douze,  c'est-à- 
dire  la  moitié,  sont  précédés  d'une  revue  du  mois  en  images,  avec  un 
texte  rapide,  qui  porte  son  enseignement,  et  terminés  par  des  «  Ré- 
créations, »  avec  gravures.' Tous  sont  illustrés  à  profusion,  de  très 
agréable  manière.  Leur  lecture  ne  distraiera  pas  les  seuls  enfants,  pour 
qui  cependant  ils  ont  été  composés. 

12.  —  Ce  qui  orécède  était  déjà  imprimé  lorsque  nous  est  arrivé  un 
volum?  de  poésies  uniquement  consacrées  à  Paris.  Cent  cinquante- 
deux  sonnets  sur  la  grande  ville,  ses  monuments  anciens  et  modernes, 
ses  rues  et  ses'coins  les  idus  pittoresques,  ses  vieux  hôtels,  ses  curio- 
sités le^  plus  rpmarquables  on  les  moins  connues,  rortaines  célébrités 
qui  ont  vécu  à  Paris  et  pour  Paris,  entre  autres  :  Corneille,  Molière, 
Racine.  Boileau,  La  Fontaine,  André  Chénier,  Danton,  (on  aurait  pu 
le  négliger),  Bonaparte,  Lamartine  Victor  Hugo,   Pasteur 


—  13  — 

iiomme  simple,  saviuil  plus  grand  qu  un  enipeieur, 

etc..  etc.  :  voilà  ce  que  nous  oit're  M.  Philippe  Dulour,  dans»  ce  re- 
cueil dont  le  titre  n'a  qu'un  mot,  mais  combien  magique  :  Paris,  et 
qu'un  véritable  artiste,  M.  Jean- Jules  Dufour,  fils  du  poète,  a  illustré 
de  la  façon  la  plus  charmante,  la  plus  prenante.  Pour  donner  une 
idée  du  trJent  de  M.  Dufour  (le  père,  le  poète),  nous  allons  repro- 
duire le  sonnet  intitulé  :  Sur  les  quais  : 

Quais  bénis,  coin  d'ombre  el  de  solitude  !... 

Calme  et,  curieux,  tout  à  son  plaisir, 

Le  bibliophile  y  fouille  a  loisir 

La  boite  a  bouquins,  douce  à  l'habitude. 

11  leuilletie,  lit,  s'attarde  à  choisir, 
Suppute  avec  joie  et  sollicitude 
L'âge,  le  renom,  la  vicissitude 
Du  volume  où  s'est  posé  son  désir. 

Somptueux  encore  ou  presque  minable, 
Mauuce,  elzévir,  princeps,  incunable, 
Tous  le  font  rêver,  hors  du  temps  présent. 

Déjà,  dans  le  soir,  la  Seine  se  cuivre 

Qu'il  est  toujours  là,  lisant,  relisant  : 

L'âme  et  l'œil   perdus  au  [ond  d'un  vieux   livre. 

A  i'intention  des  lecteurs  du  Polybiblion  était-il  possible  de  mieux 
choisir?  —  MM.  Edmond  Haraucourt  et  Charles  Géniaux  ont  écrit 
pour  GQjParis  peu  banal  deux  élogieuses  préfaces  qu'il  mérite  bien. 
Quant  au  second  M.  Dufour  (l'artiste,  le  fils),  disons  tout  simplement 
que  ses  vingt  gravures  hors  texte,  ses  dix  frontispices  et  ses  quarante 
culs-de-lampes  nous  ont  ravis.  Tous  ceux  qui  aiment  la  capitale 
française  ne  manqueront  pas  de  caser  en  bonne  place  ce  délicieux  hvre 
dans  leur  bibliothèque.  Visenot. 

ROMANS,  CONTES  ET  NOUVELLES 

Romans  divers.  —  1.  Isabelle,  par  André  Gide.  Paris,  Rivière,  1911,  in-l8  de  182 
p.,  3  fr.  .50.  —  2.  La  Mare  aux  gosses,  par  Jacques  des  Gâchons.  Paris,  Fonte- 
moing,  191 J,  in-12  de  334  p.,  illustré  par  Géo  Dupuis,  André  des  Gâchons,  Hellé, 
ûrazi  et  P.-A.  Vibert,  3  fr.  50.  —  3.  Hugues  Capet,  par  Antoine  Baumann.  Paris 
Perrin,  1912,  in-16  de  xi-268  p.,  3  fr.  50.  —  4.  L'Homme  qui  a  perdu  son  moi,  par 
André  Beaunier.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  v-324  p.,  3  fr.  50.  —  5. 
La  Bague  d'opale,  par  René  de  Sainï-Chéron.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de 
327  p.,  3  fr.  50.  —  6.  Duels,  par  Louis  Goiffon.  Paris,  Falque,  1911,  in-12  de 
xn-294  p.,  3  fr.  50.  —  7.  Les  Insoupçonnés,  par  Henry  de  Forges.  Paris,,  Da- 
ragon,  s.  d.,  in-18  de  152  p.,  2  fr.  50.  —  8.  Une  Fille  de  rien,  par  Jules  Leroux; 
Paris,  Figuière,  1911,  in-16  de  216  p.,  3  fr.  50.  —  9.  La  Route  de  l'Est,  par  Alexis 
Gallies.  Paris,  Figui^'re,  1911,  in-16  de  208  p.,  3  fr.  50.  —  10.  Le  JPapillon  noir, 
par  Antoine  de  Lévis-Mirepoix.  Paris,  Lemerre,  1911,  in-18  de  276  p.,  3  fr.  50. 
—  11.  Nella^  jolie  fille,  par  Roger  Lalli.  Paris,  Figuière,  1911,  in-18  de  148  p., 
3  fr.  50.  —  12.  Les  Pauvres  d'amour,  par  Albert  Tournaire.  Paris,  Jouve,  1911, 
in-18  de  359  p.,  3  fr.  —  13.  L'Amour  dans  les  ruines,  par  Max  Deauville.  Paris, 
Librairie  générale  des  sciences,  arts  et  lettres,  s.  d.,  in-16  de  185  p.,  3  fr.  50.  — ■ 
14.   Idées  fatales,  par   Emile   Dousset.    Paris,  Figuière,   1911,   in-18  de  203  p., 


—  14  — 

3  fr.  ôO.  —  15.  I.rs  l m pass^ibles  Amours,  par  P.  Yignk  n'Or.iroN.  Pai'is,  Jouve, 
1912,  in-H>  de  -(il  ]).,  3  fr.  50.  —  lii.  La  Mère  et.  rcnjant,  i)ur  r.iiAP.i.r.s-L'Uus 
Philippe.  Paris,. Rivire,  s.  d.,  in-18  de  142  p.,  3  fr.  50.  —  17.  l.a  RrUtHn,  (lar 
Pavl  Hr.vzr..  Paris,  llirsch,  1911,  in-IS  de  334  p.,  3  fr.  50.  —  18.  Tiùur,  par 
Hubert  PiEugriN.  Paris,  Pion-Nmirril,  s.  d.,  in-16  de  \i-293  p.,  3  fr.  50.  — 
19.  La  Rencontre  dajis  le  carrefour,  par  Pieuhe-Jean  Jouve.  Paris,  Figuiore,  1911, 
in-18  de  187  p.,  3  tj.  50.  —  20.  Le  Nouveau  Docteur,  par  Jules  Phàvieux.  Paris. 
Ploii-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  289  p.,  3  fr.  50.  —  21.  Le  Couple.  Essai  d'entente, 
par  AuuEL.  Paris,  Kisïuière,  s.  d.,  in-16  de  350  p.,  3  fr.  50.  —  22.  Mimi-Munctle, 
par  Flambaut  pes  Bouds.  Paris,  l'icker,  1911,  in-16  de  v-275  p.,  3  fr.  5C.  —  23. 
VObsession  ( Moi  et  l'autre),  par  Jules  Clauetie.  Paris,  Lat'iUe,  s.  d,,  ia-16  de 
11-386  p.,  avec  'j^rav.,  3  fr.  50. 
Romans  de  femmes.  —  24.  La  Dame  à  l'oreille  de  velours,  par  Marie-Anne  de 
BovET.  Paris,  Lnmerre,  1911,  in-18  de  223  p.,  3  fr.  50.  —  25.  De  l'un  à. l'autre 
amour,  par  Noëlle  Roger.  Paris,  Perrin,  1912,  in-16  de  339  p.,  3  fr.  50.  — 
26.  L'Aube,  par  IIenui  Ardel.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  335  p.,  3  fr.  50. 
—  27.  La  Première  Blessure,  par  Mauguetute  Le.ieune.  Paris,  Figuière,  1911, 
in-18  de  226  p.,  3  fr.  50".  —  28.  La  Double  Montée,  par  Berthem-Bontroux.  Paris, 
Beauchesne,  1911,  in-16  de  330  p.,  3  fr.  50.- —  29.  Le  Seul  Amour,  par  Louis 
Lefebvre.  Paris,  Calmann-Lévy,  s.  d.,  in-18  de  293  p.,  3  fr.  50.  —  30.  Le  Des- 
tin nous  conduit,  par  Lucie  Gautiiey.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  276  p., 
3  fr.  50. 
Romans  étrangers.  —  31.  Figures  du  pays,  par  Hubert  Krains.  Bruxelles,  De- 
chenne,  1908,  in-16  de  277  p.,  3  fr.  50.  —  .32.  L' Ardennaise,  par  Henri  Davi- 
GNON.  Paris,  Pion- Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  288  p.,  3  fr.  50.  —  33.  Frissons  de 
vie,  par  Georges  Rencv.  Paris,  Librairie  générale  des  sciences,  arts  et  lettres, 
s.  d.,  in-12  de  2G9  p.,  3  fr.  50.  —  34.  Haute  Plaine,  par  Hubert  Stiernet. 
Bruxelles,  Dechenne,  s.  d.,  in-16  de  257  p.,  3  fr.  50.  —  35.  Sir  George  Trcssadij, 
par  Mrs.  Humphry  Ward;  trad.  de  l'anglais  par  J.  de  Mestral  Combrkmont. 
Paris,  Perrin,  1912,  in-16  de  324  p.,  3  fr.  50.  —  36.  Brugglesmith,  par  Rudyard 
Kipling;  trad.  de  l'anglais  par  Albert  Savine  et  Georges  Michel.  Paris,  Stock, 
1911,  in-18  de  307  p.,  3  fr.  50.  —  37.  Terres  de  silence,  par  Edward  Wuite  ; 
trad.  de  l'anglais  par  J.-G.  Delamain.  Paris,  Stock,  1911,  in-18  de  281  p., 
3  fr.  50.  —  38.  Barnabe  Rudge,  par  Charles  Dickens;  trad.  de  l'anglais  sous 
la  direction  de  P,  Louain,  par  M.  Bonnomet.  Paris,  Hachette,  1911.  2  vol. 
in-16  de  iii-391  et  38ô  p.,  2  fr.  —  39.  La  Solitaire,  par  Mrs.  Henry  de  la  Pas- 
ture;  trad.  de  l'anglais  par  Heinecke.  Paris,  Hacliette,  s.  d.,  in-16  de  305  p  , 
3  fr.  50.  —  40.  Le  Fou  en  liberté,  par  J.  Storer  Glouston;  adapté  de  l'anglais 
par  Achille  Laurent  et  L.  Martin-Dupont.  Paris,  Laf'itte,  s.  d.,  in-16  de 
342  p.,  3  fr.  50.  —  41.  L'Ile  au  poison,  par  A.  T.  Quille r-Gouch;  adapté  de 
l'angiais  par  Jacques  des  Gâchons.  Paris,  Lafitte,  s.  d.,  in-16  de  366  p., 
3  fr.  50.  —  42.  Le  Napoléon,  par  Alfred  Bock.;  trad.  de  l'allemand  par  Ray- 
mond Darsiles.  Paris,  «  Les  Cahiers  du  Centre  »,  1911,  in-16  de  103  p.,  2  fr.  50. 

—  43.  Village  de  femmes,  par  Clara  Viebig;  trad.  de  l'allemand  par  Agnès 
Lebeau.  Paris,  Gornély,  s.  d.,  gr.  in-8  de  151  p.,  0  fr.  95.  —  44.  Œuvres  com- 
plètes du  comte  Léon  Tolstoï.  T.XXXVIl.  Résurrection,  2^  et  3^  parties; 
trad.  durasse  par  J.-W.  Bienstock.  Paris,  Stock,  1911,  in-18  de  516  p.,  2  fr.  50. 

—  45.  Pages  choisies  de  Maria  Koponicka.  Prométhée  et  Sisyphe,  etc.;  trad.  du 
polonais  par  H.  ('.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-12  de  xvi-189  p.,  1  fr. 

Romans  divers.  —  1.  —  Quel  malheur  que  la  fable  à' Isabelle  soit 
si  faible,  et  compose  en  somme  un  fond  si  peu  attachant  !  Les  acces- 
soires en  sont  parfaits.  C'est  un  vieux  domaine  de  province,  où  deux 
couples  achèvent  leur  vie  :  les  Saint- Auréol  et  les  Floche.  Les  Saint- 
Auréol,  prolongement  pittoresque  et  vieillot  de  noblesse  ancienne; 
les  Floche,  reliés  au  monde  d^  U  science  de  Paris  à  cause  des  recherches 


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d'archives  que  mena  Floche,  mais  depuis  longtemps^engourdis  par  la 
province,  qu'ils  ne  quittent  pas.  Une  gouvernante,  M ^''^  Olympe  Ver- 
dun, complète  ce  tableau  de  vieilles  gens  cocasses  et  bons,  au  milieu 
desquels  tombe  tout  à  coup  un  jeune  Parisien,  attiré  par  des  recherches 
aux  archives  du  château.  :\1.  André  Gide  a  peint  l'elTet  produit  sur 
lui  au  moyen  des  traits  les  plus  agréables,  les  plus  littérairement  distin- 
gués. Dans  ce  milieu  grandit  un  orphelin,  Casimir  de  Saint- Auréol, 
infirme  et  médiocrement  soigné,  figure  touchante,  que  rend  plus  tou- 
chante encore  l'amitié  dont  il  s'éprend  pour  le  Parisien.  Tout  cela 
est  excellent  ;  le  reste  est  moins  bien  inventé.  Isabelle,  fille  des  Saint- 
Auréol,  est  la  mère  coupable  de  cet  enfant.  Elle  mène  hors  du  pays 
une  vie  de  galanterie,  interrompue  de  visites  qu'elle  fait  pour  deman- 
der de  l'argent.  C'est  une  mystérieuse  histoire,  que  le  Parisien  ne 
démêle  qu'avec  peine  et  par  le  secours  d'une  lettre  trouvée,  qui  ne 
va  pas  sans  invraisemblance.  L'auteur  a-t-il  craint  de  nous  refaire, 
après  tant  d'autres,  l'histoire  sentimentale  de  la  pécheresse  attendris- 
sante ?  11  a  privé  soigneusement  la  sienne  de  cet  attrait.  Réaction  de 
volonté  chez  un  protestant?  Je  le  crois.  M.  André  Gide  est  de  la  reli- 
gion réformée,  mais  aon  à  la  façon  béate  et  naive  de  quelques  autres  de 
M.  Lichtenberger  par  exemple.  Toute  une  partie  de  sa  culture  échappe 
à  cette  tare  d'origine.  Tout  ce  que  j'ai  loué  dans  Isabelle  est  du  meil- 
leur fonds  français;  aussi  puis- je  bien  imaginer  qu'il  a  conçu  du  re- 
ment son  personnage  de  fille  coupable,  exprès,  et  en  contradiction 
avec  ce  que  la  sentimentalité  huguenote  eût  dicté  à  d'autres.  Un 
écrivain  de  notre  éducation  eût  peut-être  eu  moins  peur  de  cela.  Car 
rien  n'empêche  dans  la  réalité  que  ce  caractère  soit  touchant, et  celui  qui 
n'a  pas  en  soi  de  pente  à  l'exagérer  aurait  pu  l'essayer  dans  cette  cir- 
constance. Donc,  Isabelle  enfin,  connue  tout  entière,  est  méprisée.  Le 
Parisien  dit  adieu  au  rêve  qu'il  avait  fait  à  son  sujet.  Et  il  faut,  nous, 
que  nous  disions  adieu  à  tout  ce  que  la  peinture  de  ce  milieu  de  vieilles 
gens  et  de  choses  anciennes  nous  avait  préparés  à  goûter  d'émotions. 
L'épisode  de  Casimir  même  ne  mène  à  rien;  et  c'est  de  quoi  le  lecteur 
a  peine  à  se  consoler.  Ce  qui  paraît  le  plus  manqué  en  cette  affaire, 
c'est  le  personnage  de  l'abbé  précepteur  :  à  la  fois  dur  et  irréel.  On 
ne  l'imagine  bien,  ni  dans  son  intérieur,  ni  dans  ses  gestes,  ni  même 
dans  la  part  qu'il  prend  aux  événements.  Il  faudrait  citer  vingt  dé- 
tails. Voici  une  citation  trop  unique  et  trop  brève,  qui  donnera  une 
idée  du  charme  de  ce  livre  :  «  Tandis  que  M"^^  de  Saint- Auréol  nous 
invitait  à  la  revanche,  le  premier  jacquet  finissait;  parfois  alors, 
M.  Floche  prenait  la  place  de  son  beau- frère;  ni  M.  Floche,  ni  l'abbé 
n'annonçaient  les  coups;  on  n'entendait  de  leur  côté  que  le  roulement 
des  dés  dans  le  cornet  et  sur  la  table;  M.  de  Saint  Auréol  dans  la 
bergère  monologuait  ou  chantonnait  à  demi-voL\,  et  parfois  tout  à 


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coup  flanquait  un  énorme  coup  de  pincette  en  travers  du  feu,  si 
impertinemmeut  qu'il  en  éclaboussait  au  loin  la  braise;  M"*^  Olympe 
accourait  précipitamment  et  exécutait  sur  le"  tapis  ce  que  M'"*-'  de 
Saint- Auréol  appelait  élégamment  la  danse  des  étincelles.  Le  plus 
souvent,  M.  Flociie  laissait  le  baron  aux  prises  avec  Tabbé  et  ne 
quittait  pas  son  fauteuil;  de  ma  place  je  pouvais  le  voir,  non  point 
dormant,  comme  il  disait,  mais  hochant  la  tête  dans  l'ombre;  et,  le 
premier  soir,  un  sursaut  de  flamme  ayant  éclairé  brusquement  son 
visage,  je  pus  distinguer  qu'il  pleurait.  ;> 

2.  —  La  Mare  aux  gosses  donne  son  titre  au  livre  de  M.  Jacques 
des  Gâchons  :  ce  n'en  est  pourtant  pas  le  meilleur  conte.  11  a  de  l'amer- 
tume, dans  un  genre  qui  fut  à  la  mode  il  y  a  quinze  ans,  et  qui  semble 
aujourd'hui  bien  passé.  Le  Miracle  d'après-demain  est  du  genre  fan- 
tastique ;  la  Récolte  du  pétrole  est  mêlée  de  fantastique  et  de  réalité. 
Le  détail  de  tout  cela  est  plein  de  mérite,  et  le  lecteur  voit  passer 
en  des  coins  de  tableaux  et  en  de  courtes  réflexions  toute  la  monnaie 
d'un  talent  vif  et  charmant;  cependant  j'avouerai  que  rien  ne  m'a 
plu  dans  ce  recueil  comme  les  contes  dont  le  sujet,  existant  à  peine, 
laisse  tout  à  faire  au  style  et  à  l'exécution  :  les  JDeux  Myopes^  par 
exemple,  où  un  ministre  en  voyage,  ayant  perdu  son  lorgnon,  ne 
parvient  à  lire  son  discours  qu'au  moyen  d'un  lorgnon  prêté  par  un 
instituteur  stagiaire.  Le  maître  d'école,  de  passage  à  Paris,  va  rede- 
mander le  lorgnon,  et  le  ministre  le  fait  son  attaché.  On  ne  peut, 
imaginer  l'esprit,  la  vivacité,  le  naturel,  avec  lequel  cela  nous  est 
conté.  Les  Oies,  la  Garçonnière,  témoignent  d'une  imagination  pitto- 
resque, à  la  fois  comique  et  délicieuse.  Sous  un  chapeau  de  glycine 
n'est  qu'un  papotage  de  deux  ou  trois  femmes  chez  le  pâtissier;  rien 
cependant  n'est  si  divertissant.  Impossible  de  tirer  d'une  aventure 
commune,  de  ce  qui  n'est  pas  même  une  aventure,  plus  d'imprévu  et 
même  de  fantastique,  que  l'auteur  ne  fait  dans  le  conte  de  la  Car- 
casse. Ajoutez,  sauf  dans  les  plus  longs  de  ces  contes,  une  bonne  hu- 
meur tout  à  fait  reposante.  Je  ne  sais  s'il  y  a  beaucoup  de  livres 
capables  de  procurer,  avec  moins  d'effort,  le  délassement  des  gens  de 
goût. 

3.  —  Le  roman  de  Hugues  Capet  offre  un  curieux  caractère,  unique, 
je  crois,  jusqu'ici  :  c'est  la  mise  en  parti  d'imagination,  des  enseigne- 
ments, du  ton,  quelquefois  du  style  même  de  Fustel  de  Cou- 
langes.  Cette  utilisation  de  l'histoire  et  d'un  historien  est  dans  l'ordre. 
Elle  a  eu  lieu  de  tout  temps.  Mais  p(mr  qu'elle  fût  réalisée  à  l'égard 
d'un  maître  si  grave,  dont  le  gros  des  lettrés  même  ne  fréquente  guère 
les  œuvres,  il  fallait  cette  rencontre  d'un  auteur  de  romans  attaché 
d'ailleurs  à  l'histoire,  et  s'y  adonnant,  chose  remarquable,  dans  une 
intention  de  philosophie.  M.  Antoine  Baumann  est  positiviste.  Il  a 


—  17  — 

lu  Fustel,  l'esprit  plein  des  idées  de  Comte  sur  le  développement  de 
l'humanité;  il  l'a  lu  avec  tout  le  goût  que  des  idées  générales  don- 
nent pour  des  faits  si  méthodiquement  exposés,  avec  tout  le  profit 
qu'elles  aident  àentirer.M.Baumann  est  membre  de  l'Action  française, 
un  de  ses  amis  de  la  première  heure,  et  converti  par  elle  à  la  monar- 
chie. En  écrivant  ce  roman,  il  a  voulu  servir  la  cause  du  rétablissement 
de  celle-ci.  H  y  a  donc  partout  de  la  politique.  Le  livre  se  termine  à 
l'élection  de  Hugues  comme  roi  de  France.  Tous  les  événements  qui 
le  composent  sont  représentés  en  marche  vers  cet  événement.  La 
guerre  contre  les  Germains,  les  intrigues  de  l'Empire,  celles  de  Charles 
de  Lorraine,  la  mort  de  Lothaire,  puis  de  Louis  V,  la  connivence  des 
comtes,  l'iritiative  d'Adalbéron  en  font  comme  les  étapes,  mises  sous 
nos  yeux  avec  toute  la  vraisemblance  qu'un  lecteur  attentif  et  un 
conteur  habile  peut  extraire  d'un  historien.  Les  personnages  sont 
très  attachants.  La  faiblesse  et  les  défiances  du  Roi,  la  jalousie  de  la 
reine  Emma,  l'ambition  sainte  de  Gerbert,  l'esprit  public  d'Adal- 
béron composent  autant  de  tableaux  moraux,  qui  mettent 
partout  la  substance  et  la  vie.  Je  ne  reprendrais  quelque  chose 
qu'au  tour  même  des  dialogues,  trop  moderne,  trop  plein  des  échos 
de  nos  propres  discours  familiers,  pour  ne  pas  détonner  quelquefois. 
Aussi  bien,  était-ce  chose  évitable,  de  la  façon  que  l'auteur  le 
prend?  Je  ne  crois  pas.  Le  roman  met  en  scène  des  mœurs  ;  les 
mœurs  sont  du  style  familier,  et  ce  style  ne  peut  que  ramener 
dans  l'esprit  la  triviale  image  des  propos  courants.  Le  seul 
remède  à  cela  eût  été,  je  crois,  d'éviter  le  discours  direct  et  de  le  rem- 
placer partout  par  l'indirect.  Car  on  ne  s'étonne  pas  de  trouver  le 
style  ordinaire  dans  le  narrateur  :  c'est  seulement  quand  les  person- 
nages parlent  qu'il  choque.  Et  qu'on  ne  dise  pas  que  le  système  est 
impossible.  L'un  des  plus  agréables,  des  plus  vifs,  des  plus  légers  ou- 
vrages de  la  langue  française,  les  Mémoires  du  chevalier  de  Gram- 
mont,  est  ainsi  composé.  Sauf  ce  défaut  intermittent,  le  livre  plaît 
dans  toutes  ses  parties.  J'en  dirai  le  plus  grand  charme  pour  de  cer- 
tains esprits  :  c'est  d'y  trouver  non  pas  les  odieuses  peintures  de 
ma^urs  barbares  dont  l'école  romantique  a  rempli  ces  époques,  mais 
celles  que  la  lecture  des  anciens  textes  découvre,  d'une  civilisation 
rompue  et  dégradée,  sensible  encore  dans  ses  débris.  Dans  ce  qu'elles 
ont  de  plus  matérielles,  ces  peintures  nous  entretiennent  de  la  der- 
nière empreinte  laissée  par  le  monde  romain  ;  dans  ce  qu'elles  ont  de 
moral,  de  la  noble  direction  imprimée  par  l'Église  aux  hommes  de  ce 
temps-là.  A  cet  égard,  le  mariage  de  Louis  V  et  de  la  duchesse  de 
Gothie,  l'office  tenu  par  Adalbéron  dans  l'antique  cathédrale  de  Reims 
sont  des  tableaux  tout  à  fait  nobles  et  touchants.  En  fait  de  scènes 
de  cour,  on  goûtera  beaucoup  celle  de  l'entrevue  de  l'empereur  Othon 
Janvier  1912.  T.  GXXIV.  2. 


—  18  — 

et  d'Hugues  Capet  à  Rome.  La  pompe  bornée,  mais  haute,  du  céré- 
monial, les  passions  vives,  mais  surveillées,  une  certaine  brusquerie 
dans  le  geste,  tempérée  par  toute  une  grandeur  environnante,  apportent 
une  impression  très  nette  de  la  rudesse  et  de  l'atrocité  germaine,  pliée 
à  l'essentiel  des  devoirs  du  vieux  monde.  Dans  la  guerre,  l'auteur  a 
renouvelé  discrètement  le  charme  des  combats  singuliers  dont  abon- 
dent nos  vieux  poèmes.  Sous  les  murs  de  Paris,  un  géant  de  Ger- 
manie est  défié  et  tué  par  un  preux  chevalier,  que  son  habit  fait  dès 
lors,  en  souvenir  de  cet  exploit,  décorer  du  nom  de  Grise  Gonnelle.  11 
y  a  aussi  des  souvenirs  littéraires  ;  un  poème  latin  du  siège  de  Paris, 
d'Abbon,  lu  au  fils  d'Hugues,  Robert,  par  Gerbcrt,  chargé  de  former  ce 
jeune  prince  aux  lettres,  en  même  temps  qu'à  la  fierté  de  sa  race. 
M.  Baumann  en  tire  une  description  de  Paris,  qui  fait  un  effet  déb- 
cieux. 

4.  —  M.  André  Beaunier  nous  donne  sous  ce  nom  :  L'Homme  qui  a 
perdu  son  moi,  une  édition  nouvelle  de  la  fameuse  contradiction  qu'il 
v  a  entre  la  pensée  et  la  vie.  Un  inventeur,  Bedée,  est  sommé  par  son 
maître,  vieux  chimiste,  fidèle  intransigeant  de  la  science,  de  s'absor- 
ber dans  son  invention,  de  vivre  pour  ses  recherches  et  d'oublier  le 
monde.  En  contradiction  avec  cette  sommation,  l'auteur  met  en  ligne 
troischoses  :  les  sollicitations  dans  l'amour,  dans  la  jeune  épouse  de  l'in- 
venteur; les  appels  de  la  foi  religieuse  dans  sa  mère  ;  enfin  l'exemple 
que  la  jeune  femme,  entraînée  par  unmédecin,donned'utiliserla  science 
pour  la  guérison,  partant  de  subordonner  la  pensée  à  la  vie.  Bedée  a 
inventé  le  sirium-,  M"^^  Bedée  ouvre  un  hôpital  où  le  sirium  sert  à- 
traiter  le^  malades.  Tout  cela,  la  vie,  la  foi,  l'utilité,  nous  est  montré 
comme  contraire  à  la  science,  à  la  science  pure,  comme  propre  à  la 
chasser  d'une  vie  d'homme,  comme  nécessairement  exclu,  si  cet 
homme  veut  se  donner  à  la  science.  Pourquoi?  J'avoue  que  je  n'ai 
pas  compris.  En  termes  très  ardents  et  sincères,  l'auteur  nous  repré- 
sente cette  pensée  dans  Renan  et  chez  feu  Gaston  Paris,  comme  ayant 
fortement  agi  sur  lui  et  sur  les  hommes  de  sa  génération.  Je  crois  que 
j'en  suis  :  cependant  ce  sens  me  manque.  Comment  le  goût  et  la  pas- 
sion du  vrai  imposerait^!  le  mépris  de  l'utile?  Est-ce  que  l'un  n'est 
pas  l'attribut  de  l'autre?  Et  quant  au  cœur,  il  est  tout  à  fait  impro- 
bable que,  chez  un  homme  d'ailleurs  normal,  l'amour  de  la  science 
soit  de  nature  à  l'accaparer  tout  entier.  Reste  la  foi.  Ceci  se  conçoit 
mieux.  La  science  a  sur  ce  point  ses  tentations;  pas  tout  à  fait  cepen- 
dant comme  les  entend  M.  Beannier,  pas  à  cause  d'une  opposition  du 
préjugé,  de  l'habitude  du  train  de  la  vie  avec  la  raison  pure.  Non. 
Si  j'avais  à  définir  ces  tentations,  je  dirais  plutôt  qu'elles  tiennent 
à  un  dégoût  inspiré  par  les  vérifications  discursives,  pour  tout  ce  qui 
procède  des  illuminations  intérieures.   En  sorte  que  le  remède  aux 


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tentations  de  la  science  doit  être  la  lecture  proportionnée  des  écri- 
vains spirituels.  Si  tant  de  gens  ont  failli  dans  ce  chemin  (je  ne  parle 
que  des  tentations  de  l'esprit),  c'est  pour  n'avoir  su  mettre  en  balance 
des  livres  qui  les  enivraient  de  matière  profane,  que  les  mœurs  et  la 
dévotion.  En  fait  d'application  intellectuelle  même,  l'équilibre  exige 
d'être  gardé.  Le  devoir  des  jeunes  catholiques  qui  lisent  est  de  lire, 
H  proposition  des  auteurs  profanes,  les  Pères  et  les  Saints  Livres,  les 
mystiques,  les  sermonnaires.  J'ai  peur  que  M.  Beaunier  se  fasse  une 
fausse  idée  de  l'état  philosophique  parfait.  Il  le  conçoit  comme  un 
évanouissement  de  la  personnalité  dans  l'idée  pure.  Il  en  prend  pour 
exemple  Spinoza.  Mauvais  choix.  Il  n'y  a  pas  un  philosophe  sérieux 
pour  adopter  le  panthéisme  mathématique  de,  Spinoza;  et,  si  l'on  cher- 
che ailleurs,  est-ce  que  Descartes,  est-ce  que  Leibniz,  est-ce  que  Male- 
branche,  est-ce  que  Platon  ou  Aristote,  est-ce  que  Kant  même,  con- 
duisent à  cet  anéantissement?  Si  je  pouvais  me  permettre  d'indiquer 
des  lectures  à  M.  André  Beaunier,  je  le  renverrais,  dans  les  Nouveaux 
Essais^  au  chapitre  de  la  Puissance  et  de  la  Liberté  (liv.  Il,  chap.  XXI), 
comme  è  un  modèle  de  ce  que  peut  la  pensée  pure  pour  éclairer 
le  concret,  l'ordonner,  le  rendre  propre  à  la  vie  même.  Le  roman  finit 
par  un  meurtre.  Le  vieil  alchimiste  empoisonne  Bedée  au  moyen 
d'une  injection,  pour  empêcher  qu'il  ne  soit  plus  longtemps  infidèle  à 
la  science,  et  se  tue  lui-même  après. 

5.  —  II  y  a  beaucoup  de  couleur,  et  sur  un  mode  varié,  dans  le  re- 
cueil auquel  M.  René  de  Saint-Chéron  avait  voulu  qu'on  donnât  ce 
nom  :  La  Bague  d'opale.  Ce  sont  des  contes  de  tous  les  âges  et  de 
toutes  les  civilisations,  formant  autant  de  nouvelles  distinctes.  Récits 
historiques,  légendes  de  saints,  mythes  populaires,  Rome,  la  Grèce, 
Venise,  l'Inde,  Byzance,  le  moyen  âge  français,  les  Arabes  d'Espagne, 
composent  une  série  aussi  attachante  par  les  sentiments  que  par  les 
mœurs.  Le  style,  orné  sans  surcharge,  est  tout  à  fait  propre  à  la  matière 
et  la  rend  parfaitement  agréable. 

6.  —  M.  Louis  Goiffon  nous  peint,  dans  une  suite  de  nouvelles,  les 
drames  de  la  vie  intérieure.  A  cause  de  cela,  il  appelle  son  recueil  : 
Duels.  Ces  duels  sont  pour  nous  les  résultats  des  sentiments  fomentés 
par  M.  Paul  Bourget  dans  s  :;n  fameux  livre  du  Disciple,  et  l'auteur 
lui  en  fait  hommage. 

7.  —  il  n'y  a  dans  les  Insoupçonnés  que  les  titres  qui  soient  vrai- 
ment piquants  :  Li  Marchand  d3  marottes,  le  Raccommodeur  de  ten- 
dresses, l'Archiviste  de  sentiments.  On  peut  dire  que  l'auteur  a  eu  les 
idéas,  mais  la  réalisation  est  vulgaire.  Elle  l'est  par  l'invention 
de  détail  et  par  le  style.  C'est  dommage  :  on  a  sans  cesse  l'impression 
de  quelque  chose  qui  devrait  divertir,  et  qui  ennuie. 

8.  —  Une  Fille  de  rien,  c'est-à-dire  une  fille  de  campagne,  mène 


à  la  ville  la  vie  galante.  L'auteur,  M.  Jules  Leroux,  nous  donne  là- 
dessus  nombre  de  détails  peu  convenables  à  la  décence.  L'intention 
en  gros  est  morale  ;  mais  le  pardon  du  mari  qui  termine  l'histoire 
montre  que'le  souci  des  sanctions  n'est  pas  le  fort  de  cette  morale-là. 
Il  y  a  bien  du  talent  littéraire  dans  ce  livre. 

9.  —  La  Route  de  l'Est,  c'est  le  chemin  de  la  Revanche.  Seuls  persis- 
tent à  la  tenir  les  officiers  fidèles  au  caractère  traditionnel  de  l'armée. 
En  face  de  ce  caractère,  M.  Alexis  Callies  nous  montre  celui  de  l'offi- 
cier, tel  qu'on  a  essayé  de  le  faire  depuis  l'affaire  Dreyfus,  pédagogue, 
humanitaire  et  pacifiste.  Tout,  dans  ce  roman,  est  à  l'honneur  du 
premier.  C'est  une  bonne  action  en  même  temps  qu'un  beau  hvre. 

10.  —  Un  roman  conjugal,  troublé  par  des  passions  que  la  rage  de 
s'analyser  sans  fin  attise,  dénoué  pour  finir  dans  la  médiocrité,  tel 
est  le  Papillon  noir,  pensé  avec  distinction,  écrit  d'un  style  trop  tendre, 
trop  exaspéré,  trop  plein  d'effets.  L'auteur,  le  comte  Antoine  de  Lévis- 
Mirepoix,  causerait  des  émotions  plus  vives,  s'il  s'exprimait  plus  sim- 
plement et  craignait  moins  la  banalité. 

11.  —  Des  tableaux,  tracés  avec  verve, du  monde  des  petits  théâtres 
et  de  la  jeune  littérature  composent  le  roman  de  Nella,  jolie  fille,  de 
M.  Roger  Lalli.  11  faut  avouer  que  le  sel  y  manque  parfois,  quoiqu'il 
y  ait  partout  de  la  vivacité.  Un  des  personnages  crie,  nous  dit  l'au- 
teur :  Vive  le  Boy  !  Peut-on  demander  à  M.  Lalli  comment  ce  person- 
nage a  pu  crier  Y  y? 

12.  —  L'amour,  que  M.  A.  Tournaire  nous  peint  en  défaut  dans 
les  Pauvres  d'amour,  est  de  diverses  sortes,  et  compose  différents  cha- 
pitres. L'amitié  et  les  amours  qui  naissent  de  la  famille  y  ont  leur 
place.  L'épisode  le  plus  dramatique  est  celui  d'une  étudiante,  que  la 
déception  d'amour  fait  tomber  à  la  galanterie  de  métier.  Il  y  a  de  la 
pesanteur  parfois,  mais  beaucoup  d'invention  et  d'intérêt. 

13.  —  L'Amour  dans  les  ruines  est  celui  qui  prend  son  refuge  dans 
les  ruines  de  l'existence.  Ce  refuge  de  l'amour  fait  le  dénouement  du 
livre  de  M.  Max  Deauville,  après  que  nous  ont  été  dépeintes  les  avances 
d'un  autre  amour,  qui  semblait  propre  à  faire  refleurir  la  vie.  Le 
roman  est  par  lettres,  et  contient  nombre  de  pages  d'une  fine  analyse 
morale. 

14.  —  Idées  fatales  :  histoire  d'une  désillusion  double,  celle  des 
idées  humanitaires  et  de  régénération  sociale;  celle  d'un  amour,  dont 
l'auteur,  M.  Emile  Dousset,  nous  donne  l'intéressante  histoire.  Il  y  a 
beaucoup  de  vérité  dans  ce  récit  et  un  heureux  ménagement  de  nuan- 
ces. 

15.  —  M.  Vigne  d'Octon  fut  député  et  est  retourné  à  la  littéra- 
ture. Sous  ce  nom  :  Les  Impossibles  Amours,  il  nous  donne  des  ta- 
bleaux  d'Afrique,   dont   le    plus  intéressant  offre  le  spectacle  des 


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obstacles  opposés  par  la  race  et  la  religion  à  l'attrait  de  l'amour  naï- 
vement ressenti.  Il  y  a  dans  ce  livre  l'agrément  anecdotique  de  tout 
ce  qui  touche  à  ces  contrées. 

16.  —  Voici  un  autre  ouvrage  posthume  de  Charles-Louis  Philippe, 
plein  de  choses  fortes  et  touchantes,  au  milieu  de  cette  littérature 
légèrement  emphatique  et  conventionnelle,  qui  tenait  à  l'effort  même 
que  l'auteur  faisait  pour  sortir  de  la  convention.  La  Mère  et  l'enfant 
est  une  espèce  d'autobiographie,  ou  de  souvenirs  d'enfance  généra- 
lisés. Ceux  qui  voudront  connaître  l'évolution  ressentie  dans  les  cercles 
les  plus  avancés,  vers  une  restauration  de  l'ordre  et  de  la  hiérarchie 
dans  tous  les  genres,  ne  pourront  omettre  cet  ouvrage-là. 

17.  —  Un  recueil  de  quelques  nouvelles,  dont  la  Relique  est  la 
plus  importante,  plaira  par  l'invention  féconde  des  aventures  et 
l'éclat  agréable  des  peintures.  La  Relique  est  l'histoire  d'un  moine 
d'un  couvent  de  l'île  de  Murano,  près  de  Venise.  L'auteur,  M.  Paul 
Heuzé,  s'est  rappelé  en  cette  rencontre  tous  les  meilleurs  modèles  du 
genre. 

18.  —  L'histoire  de  la  conquête  de  Palmyre  sur  Zénobie  par 
Aurélien  fait  le  principal  sujet  du  livre  auquel  M.  Hubert  Pierquin  a 
donné  le  nom  de  Tibur,  en  souvenir  des  auteurs  anciens.  Il  en  est  digne 
par  la  grâce  facile  du  récit  et  la  beauté  de  la  couleur  locale. 

19.  —  Une  aventure  galante,  dénouée  par  une  rupture,  c'est  le 
sujet  de  la  Rencontre  dans  le  carrefour.  Titre  malheureux,  en  ce  qu'il 
risque  d'aggraver  la  présentation  d'un  tel  sujet.  J'ajoute  que  l'au- 
teur, M.  pierre-Jean  Jouve,  ne  s'y  est  fait  faute  d'aucun  des  détails 
que  les  auteurs  décents  négligent.  Ce  genre  d'attrait  semble  destiné 
à  faire  le  plus  clair  des  mérites  du  livre. 

20  . —  Scènes  de  province,  innocentes,  mais  molles, tel  est  le  Nouveau 
Docteur  de  M.  Jules  Pravieux.  Dans  le  tableau  général  des  petites 
mœurs  bourgeoises,  se  déroule  l'affabulation  d'un  amour  honnête 
et  couronné. 

21.  —  Le  Couple.  Entendez  ce  sujet  dans  le  sens  le  plus  offensant 
du  mot.  Le  roman  appartient  au  genre  psychophysiologique  préten- 
tieux, et,  comme  l'union  conjugale  er  fait  le  thème,  on  peut  imaginer 
le  détail.  L'indignation  se  mêle  à  l'ennui.  «  Je  suis  sauvée  de  l'amour, 
donc  je  suis.  »  C'est  la  conclusion.  11  faut  aimer  et  dépasser  l'amour  : 
c'est  l'affranchissement  pour  une  femme.  Bene,  optime,  M.  Aurel. 

22.  —  Mimi-Musette  est  le  récit  d'une  liaison  galante,  que  le  jeune 
homme  qui  la  pratique  voudrait  terminer  par  un  mariage.  Mais  l'é- 
pouse prétendue  refuse,  alléguant  sa  stérilité;  la  naissance  d'un 
enfant  paraissant  à  tous  deux  la  condition  du  relèvement.  L'auteur, 
M.  Flambart  des  Bords,  prétend  ainsi  moraliser.  J'ai  peur  que  son 
action  soit  mince.  Le  style  est  long  et  raisonneur,   à  la  mode  de 


—  22  — 

1830,  parfois  chargé  de  tours  prétentieux  et  bizarres.  Les  sentiments 
tiennent  fâcheusement  du  mélodrame  sentimental. 

23.  —  M.  Jules  Claretie  a  lu  dan?  les  pathologistes  que  la  vie  de 
certaines  personnes  se  dédoublait,  qu'un  instant  de  sommeil  leur 
faisait  oublier  leur  vie  passée  et  en  commencer  une  nouvelle,  laquelle 
de  nouveau  retombait  à  l'oubli  par  un  nouvel  accès  de  sommeil. 
Alors,  les  souvenirs  effacés  renaissaient,  la  première  vie  renouée  ee 
poursuivait,  jusqu'à  ce  que,  de  nouveau  effacée,  elle  fût  remplacée 
par  la  seconde,  et  ainsi  de  suite.  M.  Claretie  a  fait  un  roman  là-dessus  : 
U Obsession.  Tous  les  gens  qui  ont  quelque  idée  des  lettres  jugeront 
une  telle  idée  absurde.  Si  quelque  chose  répugne  à  la  peinture  des 
mœurs,  au  dramatique,  à  l'intérêt  que  le  lecteur  attend  d'un  récit, 
c'est  en  effet  le  cas  pathologique.  M.  Claretie  n'a  vu  là-dedans  qu'une 
manière  d'être  moderne.  Pourtant  cela  n'est  déjà  plus  neuf  depuis 
longtemps.  Mais  les  gens  que  le  moderne  préoccupe  ne  sont  pas  exi- 
geants sur  la  nouveauté,  et  les  choses  qui  les  ont  étonnés  une  fois  ne 
perdent  jamais  le  prestige  du  neuf  pour  eux.  M.  Claretie  est  un  vieux 
primaire.  De  plus,  il  écrit  comme  un  feuilletoniste.  Rien  n'est  donc 
si  froid  que  ce  livre,  si  ennuyeux,  si  plat.  Détail  fameux  :  il  y  a  une 
chose  que  le  sujet  pathologique  de  M.  Claretie  n'oublie  pas,  c'est  son 
nom.  Dans  sa  première  vie  comme  dans  la  seconde,  il  s'appelle  André 
Fortes.  Il  le  sait;  et  cela  est  bien  plus  commode  pour  établir  les  qui- 
proquos. 

Romans  de  femmes.  —  24. — Voici,  de  M'"*^  Marie- Anne  de  Rovet, 
un  recueil  de  nouvelles.  La  Dame  à  l'oreille  de  velours  est  .inspirée 
de  Conan  Doyle.  C'est  l'histoire  de  la  vengeance  d'un  prince  hindou 
exercée  d'une  manière  mystérieuse  et  terrible.  Par  l'effet  d'un  fabu- 
leux pouvoir,le  baiser  de  cérémonie,  déposé  sur  la  bouche  d'un  gentil- 
homme anglais  et  sur  l'oreille  de  sa  fiancée,  entraîne  le  dessèchement 
de  la  langue  chez  l'un,  de  l'oreille  chez  l'autre.  Le  gentilhomme  se  tue 
de  désespoir,  la  dame  vit  retirée  à  la  campagne,  la  plaie  dissimulée 
sous  un  pompon  de  velours,  jusqu'au  jour  où  le  prince,  venu  à  Lon- 
dres pour  le  couronnement  d'Edouard  VU,  est  attiré  par  elle  dans  un 
guet-apens.  La  décharge  électrique  d'un  plot,  placé  sur  le  seuil  du  jar- 
din, consomme, en  foudroyant  le  prince, la  vengeance  de  la  fiancée.  L'in- 
vention est  curieuse  et  le  détail  agréable.  L'auteur  y  met  avec  aisanos 
le  menu  butin  de  ses  promenades  à  travers  la  société  anglaise  (dont 
elle  sait  parfaitement  la  langue),  en  mœurs,  en  caractères,  en  style. 
Les  curieux  d'analyse  préféreront  le  Sauvetage,  histoire  dti  partage 
d'un  galant  homme  entre  une  fiancée  de  cœur  lent,  mais  sûr,  et  une 
coquette.  L'originalité  de  l'histoire  est  que  cette  fiancée  l'a  sauvé  de 
la  mer,  dans  laquelle  il  était  sur  le  point  de  se  noyer,  et  que  la  coquette 
a  l'art  de  se  faire  sauver  par  lui  d'un  accident  de  cheval.  L'orgueil 


—  2.J  — 

masculin,  vu  par  les  yeux  d'une  femme  et  dépeint  avec  beaucoup  de 
grâce,  tend  à  déprendre  le  fiancé  et  à  le  rejeter  vers  la  coquette. 
C'est,  adaptée  avec  finesse  et  singulièrement  enrichie,  la  situa- 
tion de  comédie  que  Labiche  fait  à  M.  Perrichon.  De  plus,  la 
froideur  sérieuse  de  la  fiancée  compose  un  caractère  original,  que 
M"^^  de  Bovet  parvient  à  faire  aimer,  par  tout  ce  qu'elle  y  met  de  ri- 
chesse de  sentiment,  enveloppée  et  d'autant  plus  profonde.  Il  y  a 
dans  ce  portrait  une  belle  profession  de  foi  de  noble  réserve  en  face  de 
l'amour,  sans  refus  d'aimer  pourtant,  sans  sécheresse  ni  grimace. 
L'histoire  se  dénoue  à  la  confusion  de  la  coquette,  et  à  l'avantage  de 
la  fiancée,  au  moyen  de  certains  trucs  de  roman,  sur  lesquels  il  me 
semble  qu'on  saura  gré  à  l'auteur  de  n'avoir  pas  raffiné,  l'intérêt 
étant  tout  entier  dans  la  peinture  des  sentiments.  Les  autres  nouvelles 
sont  moins  fortes  et  plus  artificielles;  on  ne  les  en  lit  pas  moins  avec 
plaisir,  à  cause  des  réflexions  que  l'auteur  y  ajoute.  On  y  trouve  des 
choses  comme  celles-ci  :  «  Son  esprit  avait  en  cela  été  plus  vite  que 
n'aurait  voulu  son  cœur.  ïl  était  encore  amoureux  de  sa  femme  que 
déjà  il  ne  nourrissait  plus  guère  d'illusion  sur  la  valeur  de  ce  senti- 
ment. »  —  «  A  Paris  on  ne  vieillit  pas,  tout  au  plus  meurt-on.»  M^^ 
de  Bovet  me  permettra-t-elle  une  question?  Je  lis  dans  un  endroit  le 
mot  éçaltonné^  sans  parvenir  à  deviner  ce  qu'il  veut  dire. 

25. —  M™^  NotUe  Roger  nous  donne  un  livre  des  plus  intéressants,  à 
titre  de  document  de  l'epprit  protesta  it.i)e  l'un  à  l'autre  Amour,  tel  est 
le  nom  de  ce  livre. L'un  est  l'amour  simplement  charnel  et  humain, l'au- 
tre, l'amour  épuré  en  Dieu.  Ce  sujet,  ressenti  et  dépeint  avec  toute  la 
chaleur  et  toute  la  finesse  d'une  femme,  ne  laisse  pas  de    toucher, 
quoique  les  .  entiments  qu'il  expose  aient  leur  source  dans   une  fatale 
erreur  :  la  confusion  instituée  depuis  Luther  entre  la  fidélité  com- 
mune à    Jésus-Christ,  rt  la  sainteté  proprement  dite.  Annehse,  l'hé- 
roïne du  livre,  se  pose  l'alternative,  ou  de  mourir  à  toute  chose,  ou 
d'abandonner  la  foi.  Elle   ignore  le  bienfait  de  l'Église    catholique, 
qui,  malgré  les  mille  liens  du  monde  auxquels  l'âme  du  fidèle  se  sent 
retenue,  organise  nos  bonnes  volontés,  et  tire  de  nos  efforts   cette 
reprise  constante   et  les  éléments   de  cet  équilbre,    dont  se    forme 
l'essentiel  de  la  vie   chrétienne.  Il  est  vrai   qu'une   telle  vie  ne  peut 
se  constituer  sans  le  secours  des  sacrements,  des  pratiques,  de  l'obéis- 
sance des  hiérarchies.  Les  protestants   méprisent   ces   choses;  ils  ne 
reconnaissent   la   conversion    qu'aux    élans    magnifiques    de   l'âme, 
à  son  abnégation    totale,  à  son    absorption    dans  Jésus-Christ.  Tel 
est  le  programme  moral  que  la  Réforme  impose  sans  discernement 
à  tout  homme.  De  là  ne  peut  que  s'engendrer  chez  les  âmes    géné- 
reuses   l'effroyable   crise   morale   que   dépeint   M^^^  Noëlle    Roger. 
Chez  les  âmes  petites,  ou  sèches,  ou  uniquement    pratiques,  la  Ré- 


k 


—  24  — 

formation  se  cristallise  aisément  en  petites  attitudes  hypocrites,  qui 
laissent  le  fond  de  l'homme  à  la  dérive  avec  l'honnêteté  commune 
pour  seul  guide.  Chez  les  tempéraments  ardents  et  impatients,  elle 
aboutit  à  l'indifférence.  Chez  les  autres,  elle  soulève  des  tempêtes. 
Car,  si  rien  n'est  difficile  comme  de  pratiquer  le  renoncement,  rien 
n'est  si  naturel  à  certaines  âmes,  surtout  dans  la  jeunesse,  que  de 
^'imaginer  et  de  l'embrasser  dans  un  élan.  Ainsi,  d'une  part,  on  sent 
pour  Dieu  des  ardeurs  vives,  de  l'autre  on  éprouve  mille  obstacles 
dans  l'effort  fait  pour  les  fixer.  On  croit  fonder  la  vie  spirituelle  et 
l'on  tombe  dès  les  premiers  pas.  Là-dessus,  le  confesseur 
catholique  intervient.  «  La  sainteté,  dit-il,  est  œuvre  diffi- 
cile, œuvre  de  longue  haleine,  c'est  une  habitude,  presque  une 
profession.  Commençons  par  les  devoirs  vulgaires.  Ils  n'empê- 
chent pas  de  monter  plus  haut;  et,  si  l'on  y  demeure,  ils  suffisent.» 
Mais  le  protestant  n'a  de  guide  que  sa  propre  illumination  inté- 
rieure. Cette  illumination  ne  connaît  que  deux  termes  extrêmes.  Ce- 
pendant l'auteur  veut  conclure.  Elle  est  dans  le  fond  pour  Anne- 
lise,  qui  ne  peut  ni  ne  veut  renoncer  à  la  vie.  Et,  comme  il  faut  que 
l'ouvrage  sauve  la  fidélité  à  la  Réforme,  elle  fait  avouer  par  un  pasteur 
que  certaine  école  théologique  a  trop  méconnu  le  sentiment.  Quelle 
pitié  !  Je  le  dis  sans  irrespect,  mais  avec  un  sentiment  profond  :  quelle 
pitié  que  ce  pieux  illuminisme,  tempéré  de  romantisme  anarchique  ! 
Ce  n'est  pas  le  sentiment  qu'on  méconnaît,  mais  la  vraie  loi  de  l'Église 
et  de  l'Evangile,  qui  n'est  pas  seulement  essor  de  l'âme,  récompense 
mystique,  mais  remède  :  ad  medelam  percipiendom,  disent  les  prières 
de  la  messe  catholique  à  la  communion.  L'Église  sauve  les  infirmes; 
nos  frères  séparés  s'imaginent  qu'elle  ne  fait  qu'enregistrer  les  saints. 
26.  —  Dans  l'Aube,  qui  est  l'aube  de  la  vie  ou  du  mariage,  nous 
apercevons  les  affections  d'une  femme,  contrariées  par  l'infidélité 
d'un  mari,  sa  foi  religieuse  ébranlée,  puis  détruite  par  le  spectacle  de 
celle  d'un  estimable  ami.  Puis  le  raccommodement  se  fait  grâce  à 
l'amendement  de  l'époux,  et  la  foi  revient  grâce  aux  conseils  d'un 
prêtre.  Au  reste,  le  lecteur  pourra  remarquer  dans  cette  jeune  femme 
bien  des  dispositions  équivoques.  L'auteur,  Henri  Ardel,  nous  dit  que 
le  «  sentiment  de  la  justice  était  chez  elle  excessivement  puissant  »; 
dans  les  infidélités  conjugales,  elle  déteste  surtout  la  feinte  :  «  c'est 
si  dégradant  de  tromper;  »  enfin  elle  remet  la  pureté  du  mariage  à 
l'intensité  de  l'amour  :  «  Il  faut  tant  aimer  pour  être  fidèle.  »  Justice, 
sincérité,  amour  :  trois  choses  louables  et  excellentes,  mais  dont  la 
mise  en  vedette,  à  l'exclusion  du  reste,  accuse  l'empoisonnement  des 
meilleurs  esprits  de  ce  temps  par  la  morale  d'Ibsen  et  de  Tolstoï. 
En  bonne  morale,  la  justice  cède  à  l'équité,  la  sincérité  n'a  pas  de 
prix  sans  l'honneur,  et  le  devoir  commande  avant  l'amour. 


—  25  -^ 

27.  —  Voici  un  roman  légèrement  cynique  :  La  Première  Blessure. 
Les  choses  de  l'amour  y  sont  maniées  à  pleines  mains  et  sans  voiles. 
Jusque  dans  le  mariage,  on  s'applique  à  en  rendre  le  détail  précis. 
Une  galanterie  conduite  par  une  jeune  femme  dont  le  mari  est  en 
voyage,  galanterie  rompue  par  l'intervention  de  son  père,  en  fait  'e 
sujet.  A  ce  fond  parfaitement  choquant,  la  médiocre  philosophie  de 
l'affranchissement  des  jeunes  générations  joint  son  dégoût.  Vou- 
lant nous  dépeindre  les  hésitations  de  son  héroïne  devant  l'adul- 
tère, M'"^  Marguerite  Lejeune  écrit:  «  Collette  n'était  pas  assez  in- 
dépendante pour  s'en  moquer  comme  elle  J'eût  voulu,  et,  bien  qu'elle 
méprisât  les  médisances  du  monde,  elle  restait  prisonnière  de  leurs 
sottises.  ))  La  grammaire  n'est  pas  mieux  traitée.  «  Avant  qu'elle  ait 
eu  le  temps  de  s'échapper,  Michel  la  retint.  »  «  C'est  une  hérésie,  fit- 
il  à  mi-voix  pour  que  ses  voisins  n'entendent  pas.  » 

28.  —  Un  roman  d'amour  dans  les  montagnes  avec  de  beaux  pay- 
sages et  des  sentiments  touchants,  tel  est  la  Double  Montée  de  M"^*^ 
Berthem-Bontroux.  On  reprochera  quelques  longueurs,  avec  un  ton 
de  dissertation  qui,  par  endroits,  refroidit   la  peinture. 

29.  —  Le  Seul  Amour  :  c'est  tout  un  programme.  11  exclut  la  haine  et 
la  violence.  L'erreur  de  l'auteur  est  de  ne  pas  discerner  que,  s'il  dépend 
des  bons  de  chasser  la  haine  de  leur  cœur,  il  ne  dépend  pas  d'eux 
d'ôter  la  violence  du  monde.  Ainsi  la  volonté  de  n'en  user  pas  pour 
eux  n'aboutit  qu'à  mettre  en  liberté  celle  des  méchants.  M"^^  Louis 
Lefebvre  plaide  sa  cause  par  le  sentiment.  Une  jeune  fille  meurt 
dans  le  roman  par  l'effet  des  violences  dont  elle  est  témoin  dans  les 
luttes  politiques,  et  qui  broient  son  cœur.  C'est  pathétique;  mais  le 
lecteur  ne  peut  s'empêcher  de  trouver  cette  raison  des  plus  faibles 
en  ce  qui  concerne  la  thèse. 

30. —  Des  fortuites  et  futiles  rencontres  orientent  une  vie  de  jeune  fille 
dans  ce  roman  :  Le  Destin  nous  conduit,  de  M '^^^  Lucie  Gauthey.  C'est 
uneaventure  de  carnaval,  un  poisson  d'avril,  qui  en  décident. Leroman 
finit  par  le  mariage  de  l'héroïne,  préparé  par  les  plus  tendres  senti- 
ments. 

Romans  étrangers.  — 31.  —  ?)Ous  ce  nom:  Figures  du  pays, voici  des 
contes  du  Hainaut  et  du  pays  de  Liège.  Cet  ouvrage  de  M.  Hubert 
Krains  est  dans  un  style  populaire  un  peu  rude,  mais  non  dépourvu 
de  saveur.  L'invention  est  amère  souvent;  mais  une  tendresse  de 
sentiment  y  mêle  ordinairement  sa  douceur.  Je  recommande  surtout 
la  Planète,  où  l'on  voit  un  fils  de  paysan  perdre  au  jeu  les 
économies  de  ses  parents,  et  se  noyer  tragiquement  dans  une  mare. 

32.  —  L'Ardennaise  est  la  première  de  trois  nouvelles,  où  M.  Henri 
Davignon  nous  présente  l'agréable  tableau  des  montagnes  wallonnes 
et  des  mœurs  de  ces  contrées.  Excellents  échantillons  de  la  littéra- 
ture régionale,  telle  qu'elle  fleurit  chez  nos  voisins  de  Belgique. 


—  26  — 

33.  —  Frissons  de  vie,  pour  une  bonne  part,  pourrait  s'appeler 
frissons  de  luxure.  On  ne  contestera  pas  à  l'auteur,  M.  Georges 
Rency,  une  certaine  éloquence  en  ses  rencontres,  mais  c'est  unique- 
ment celle  des  sens  dépraves.  Le  reste  (car  le  livre  se  compose  de 
nouvelles)  a  moins  de  couleur  que  de  vivacité. 

34.  — Haute  Plaine  est  une  réunion  de  diverses  nouvelles.  M.  Hu- 
bert Stiernet  y  dépeint  les  mœurs  populaires  des  Ardennes.  Le  re- 
cueil est  conçu  dans  le  genre  de  tableaux  durs,  auquel  une  pointe 
d'atrocité  se  mêle.  Un  style  bref  et  sans  éclat  ajoute  sa  tristesse  à  celle 
du  sujet. 

35.  —  Voici  un  remarquable  roman  de  M'"^  Humphry  Ward,  très 
agréablement  traduit.  Ce  mérite  n'est  pas  commun  et  se  fait  d'autant 
plus  apprécier.  Le  sujet  est  la  question  ouvrière, vue  du  côté  des  classes 
dirigeantes  d'Angleterre.  Sir  George  Tressady,  de  la  Chambre  des 
Communes,  élu  pour  empêcher  les  lois  ouvrières,  se  voit  convertir 
par  le  charme,  la  beauté,  la  noblesse  d'âme  de  Lady  Maxwell,  femme 
du  ministre  socialiste.  Tableaux  nombreux  de  l'action  publique  de 
cette  dame  dans  le  monde  ouvrier  d'une  part,  et  de  son  prosélytisme 
chez  ses  égaux.  L'auteur  est  pour  elle.  Je  ne  l'en  critique  pas;  mais 
il  me  semble  que  le  chemin  qu'elle  prend,  pour  lui  rendre  le  lecteur 
également  favorable,  aura  peu  de  prise  sur  un  lecteur  français.  Elle  ne 
s'appuie  que  sur  la  pitié.  Mais  justement  la  question  est  de  savoir  si 
la  pitié  sur  laquelle  elle  se  fonde  est  une  pitié  bien  adressée.  Devons- 
nous  tout  céder  à  l'impression  d'infortune  que  donne  la  classe  ouvrière 
dans  ses  grands  centresPCetteimpressionneTemportequesurnosnerfs; 
cela,  il  y  a  quinze  ans,  était  définitif  ;  aujourd'hui,  les  nerfs  fran- 
çais se  sont  repris.  Le  socialisme  d'une  part,  la  démocratie  chrétienne 
de  l'autre  sont  en  déclin.  Le  syndicalisme  qui,  de  ce  côté,  concentre 
aujourd'hui  l'attention,  dirige  autrement  sa  propagande.  Comme  il 
a  renoncé  à  la  pousser  du  côté  des  classes  dirigeantes  et  à  triompher 
par  les  bourgeois,  la  pitié  bourgeoise  ne  compte  plus  au  nombre  de 
ses  moyens  d'action.  Il  se  renferme  dans  les  raisons  pratiques  et  descal- 
culs, où  le  premier  rôle  revient  à  l'organisation  du  corps  professionnel. 
Certainement  une  action  comme  celle  de  Lady  Maxwell  serait  extrême- 
ment mal  venue  chez  les  syndicalistes  français.  Il  semble  qu'elle  soit  tou- 
jours de  mise  en  Angleterre;  en  tous  cas,  l'auteur  de  ce  roman  la  croit 
propre  à  faire  naître  l'amitié  du  lecteur.  De  là  pournous  un  léger  dégoîit 
sur  le  fond.  Tressady  converti,  le  transfuge  de  son  parti  meurt  enfin 
dans  l'éboulement  d'une  mine.  Cette  fin  tragique  s'ajoute  à  l'impres- 
sion peu  agréable  de  mélodrame.  Mais  la  substance  morale  et  pitto- 
resque du  livre  est  quelque  chose  de  très  précieux.  Des  réunions  du 
monde  élégant,  des  discussions  politiques,  des  scènes  conjugales, 
courent  devant  nos  yeux  dans  une  lumière  fine  et   cordiale.  Lady 


—  27  — 

Allison,  Lord  Fontenoy,  Maxwell  lui-même  sont  autant  de  person- 
nages dont  nous  apercevons  les  traits,  dont  nous  écoutons  le  ton  de 
voix,  dont  nous  suivons  les  gestes.  La  mère  de  Tressady  est  une 
vieille  coquette,  sa  jeune  femme  une  épouse  frivole  et  ambitieuse.  On 
le  voit  se  débattre  entre  elles  deux,  dans  un  tableau  où  triomphent 
l'observation  anglaise  et  la  malice  du  coup  d'œil  d'une  femme.  Je 
ne  sais  &i  M"^^  Humphry  Ward  a  encore  paru  dans  notre  langue, 
avec  autant  d'avantages  à  cet  égard.  On  l'appréciera  d'autant 
plus  qu'elle  nous  découvre  une  Angleterre  contemporaine  assez 
mal  connue,  où  les  trait»  constants  de  la  nation  reçoivent  de 
l'agitation  politique  des  inflexions  toutes  nouvelles. 

36.  . —  Nouveau  recueil  de  nouvelles  de  M.  Rudyard  Kipling  : 
Brugglesmith.  Ce  nom  est  celui  d'un  ivrogne  de  Londres,  dont  l'aven- 
ture ouvre  la  série.  Le  reste  se  passe  principalement  aux  Indes.  On 
ne  finit  pas  de  s'ébahir  de  l'inexactitude  de  ces  traductions.  Le  titre 
d'une  de  ces  nouvelles  est  une  Nursery  rime  bien  connu  :  Baa  baa 
black  sheep,  hâve  you  any  wool.  Il  faut  traduire  :  «  Bè  bè,  mouton 
noir.  ))  L'auteur  transcrit  l'anglais  haa  baa,  tout  simplement. 

37.  —  Terres  de  silence,  par  M.  Edward  White,  roman  d'aventures 
de  la  Prairie  renouvelées  de  Fenimore  Cooper,  fameux  pendant  aux 
hindoustaneries  de  Kipling.  Le  lecteur  français  y  prendra,  dans 
une  traduction  assez  courante,  quoique  peu  méditéo,  un  divertisse- 
ment très  agréable. 

;;8.  —  Barnabe  Rudge,  traduit  de  Dickens,  a  paru  dane  la  collec- 
tion des  romans  de  la  librairie  Hachette  à  un  franc. 

39.  —  La  Solitaire  est  un  roman  d'amour,  déroulé  tout  entier  au 
sein  de  l'aristocratie  anglaise,  terminé  par  un  mariage.  M""^  Henry 
de  la  Pasture  y  a  mis  mainte  scène  élégante  et  intime  du  plus  touchant 
effet. 

40  . —  Le  Fou  en  liberté,  de  M.  Storrer  Clouston,  est  uin  roman  dans 
le  genre  de  Conan  Doyle,  déchargé  de  la  complication  qui  dans  l'ori- 
ginal en  contrarie  l'effet.  On  voudrait  par  instant  la  traduction  plus 
ferme  et  plus  piquante. 

4L  —  Un  voyage,  fantastique  dans  son  plan  et  non  moins  étonnant 
dans  ses  aventures,  quoique  toujours  maintenu  dans  le  possible,  au 
milieu  des  mœurs  et  des  conjonctures  modernes,  c'est  l'Ile  au  poiso'i, 
traduit  et  adapté  avec  beaucoup  d'à-propos  et  de  talent  par  M.  Jac- 
ques des  Gâchons.  L'auteur  Quiller  Couch  a  fourni  une  matière  exces- 
sivement curieuse  et  abondante. 

42.  —  Je  recommande  ces  petits  contes  malgré  de  grosses  légèretés. 
Le  Napoléon,  qui  est  le  premier,  a  fourni  le  titre  à  tout  le  volume. 
L'auteur,  M.  Alfred  Bock,  est  Hessois,  et  c'est  de  son  pays  qu'îl 
parle  principalement.  La  traduction  est  excellente,  sans  germaiiisme, 


—  28  — 

sans  aucun  de  ces  mots  transportés  qui  font  buter  un  lecteur  à  chaque 
pas;  ainsi  la  lecture  en  sera  aussi  facile  qu'intéressante. 

43.  —  Le  Village  de  femmes,  de  M"*^  Clara  Viebig,  est  un  tableau  de 
mœurs  ouvrières  allemandes  poussées  au  noir  et  au  symbole.  îl  y  a 
bien  du  convenu,  et  du  brutal  aussi,  avec  un  sentimentalisme  contenu 
qui  choque  et  qui  fatigue. 

44.  —  La  librairie  Stock  continue  la  publication  des  Œuvres  com- 
plètes de  Tolstoï,  traduites  par  M.  J.-W.  Bienstock.  C'est,  cette  fois, 
la  2^  et  la  3^  parties  de  Résurrection  qui  paraissent. 

45.  —  Voici  des  Pages  choisies  de  M"^*^  Maria  Koponicka  :  six  pièces 
seulement  :  Prométhé  et  Sisyphe  ;  Notre  vieux  Cheval  ;  A  Cappella  :  la 
Fumée -^  Dans  la  vallée  de  la  Skawa\  le  Vieux  Zapala.  Mise  à  part  la 
contrainte  à  peu  près  inévitable  de  la  traduction  dans  ces  sortes  d'ou- 
vrages, ces  pages  sont  belles  et  on  les  goûtera.  Il  y  a  une  biographie  de 
l'auteur  et  une  préface  littéraire  de  Sienkiéwicz.        L.  Dimier. 


ÉCONOMIE    POLITIQUE   ET   SOCIALE 

1.  Le  Commerce  extérieur  et  les  tarifs  de  douane,  par  AuG.  Arnaunk.  Paris,  Alcan, 
1911,  in-8  de  iii-534  p.,  8  fr.  —  2.  La  Politique  douanière  de  la  France,  par 
Chables  Augier  et  Angel  Marvaud.  Paris,  Alcan,  1911,  in-8  de  vi-406  p., 
7  fr.  —  3.  L^s  Primes  à  la  sériciculture  et  à  la  filature  de  la  soie,  par  Joseph 
Payen.  Lyon,  Legendre,  1910,  gT.  in-8  de  502  p.  —  4.  L'Effort  allemand,  V Alle- 
magne et  la  France  au  point  de  vue  économique,  par  Lucien  Hubert.  Paris,  Al- 
can, 1911,  in-16  de  236  p.,  3  fr.  50.  —  5.  La  Question  agraire  au'royaume  de  Pologne, 
par  B.  KosKOwsKi.  Paris,  Giard  et  Brière,  1911,  gr.  in-8  de  239  p.,  4  fr.  50.  — 
6.  Le  Régime  minier,  par  Marius  Richard.  Paris,  Alcan,  1911,  in-16  de  230  p., 
3  fr.  50.  —  7.  Les  Chemins  de  fer  et  la  grève,  par  Yves  Guyot.  Paris,  Alcan, 
1911,  in-16  de  xiv-329  p.,  3  fr,  50.  —  8.  Cesare  Beccaria.  Scriiti  e  lettere  inediti, 
raccolti  ed  illustrati  da  Eugenio  Landry.  Milano,  Hœpii,  1910,  in-8  de  319  p., 
5  fr.  50. —  9.  La  MutualiV'  nouvelle,  guide  pratique  des  mutualistes,  par  M.  Prc^it. 
Paris,  Giard  et  Brière,  1911,  in-18  de  3S9  p.,  3  tr.  50.  —  10.  La  Réglementation 
du  travail  des  femmes  et  des  enfants  auo:  États-Unis,  par  A.  Chaboseau.  Paris, 
Giard  et  Brière,  19Î1,  in-18,  de  206  p  ,  2  fr.  50. —  11.  Causeries  sociales,  par  O. 
Jean.  Paris,  Bloud,  1911,  in-16  de  93  p.,  1  fr.  50.  —  12.  L'Acheteur,  son  rôle 
économique  et  social;  les  ligues  sociales  d'acheteurs,  par  Maurice  Deslandres. 
Paris,  Alcan,  s.  d.  '1911',  in-8  de  vii-nlO  p.,  8  ir.  —  1.3.  La  Odierna  Eooluzione 
dello  stato  democratico  moderno,  da  Raffaele  MustO.  Napoli,  Detken  e  Rocholl, 
1911,  petit  in-8  de  xvi-26G  p.  —  14.  Le  Sionisme,  par  Angel  Marvaud.  Paris, 
Bloud,  1911,  in-16  de.  64  p.,  0  fr.  60.  —  15.  Le  Modernisme  social,  décadence  ou 
régénération,  par  l'abbé  J.  Fontaine.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.  :'1911),  i.n-8  de 
xii-488  p.,  6  fr.  —  16.  La  Démocratie  chrétienne,  parti  et  école  vus  du  diocèse 
de  ^ambrai,  par  Mpr  Delassus.  Lille,  Desclée,  de  Brouwer,  1911,  çr.  in-8  de  62  p., 
1  fr. —  17.  Histoire  du  mouvement  syndical  en  France  (1789-1910),  par  Paul  Louis. 
Paris,  Alcan,  1911,  in-16  d^  viii-283  p.,  3  fr.  50.  —  18.  V Organisation  des  forces 
ouvrières,  par  G.  Olphe-Galliard.  Paris,  Giard  et  Brière,  1911,  in-8  de  xv-384 
p.,  8  fr.  —  19,  jLp  Socialisme  et  l'activité  économique,  pav  Marcel  Braisant.  Paris, 
Aiîiftn,  1911,  in-8  de  232  p.,  5  fr.  —  20.  Dictionnaire  du  sorialLtme,  par  Charles 
Yérecqi:e.  Paris,  Giard  et  Brière,  1911,  ia-18  de  502  p.,  5  fr. 

1.  —  Si  nous  n'avons  pas  cette  fois  de  traités  historiques   ni  de 
vastes  ouvrages  de  doctrine,  au  moins  les  livres  de  description  et 


^  29  — 

d'application  sont  nombreux  et  excellents.  Je  mets  au  premier  rang 
le  Commerce  extérieur  et  les  tarifs  de  douane  de  M.  Arnauné.  Il  y 
avait  bien  toute  une  littérature  où  les  formules  de  la  «  valeur  inter- 
nationale »  et  de  la  «  balance  économique  )>  avaient  conquis  leur  juste 
place,  mais  il  manquait  une  histoire  et  spécialement  une  histoire 
pour  nous  Français.  M.  Arnauné  comble  cette  lacune.  Sans  remonter 
au-delà  de  Colbert,  il  expose  depuis  lors  le  double  mouvement  des 
idées  et  des  faits,  des  systèmes  et  des  lois.  A  signaler  surtout  deux 
excellents  chapitres,  l'un  sur  le  traité  d'Eden  de  1786  et  le  tarif  gé- 
néral de  1791,  l'autre  sur  le  régime  douanier  de  la  Révolution  et  de 
l'Empire.  La  revision  douanière  de  1910  est  étudiée  avec  un  grand 
soin;  puis  des  chapitres  sur  le  régime  colonial,  la  marine  marchande  et 
la  question  des  sucres  complètent  l'ouvrage.  M.  Arnauné  se  pose 
nettement  en  libre  échangiste.  Il  nous  semble  même  qu'il  expose  le 
lecteur  à  confondre  le  protectionnisme  avec  le  mercantilisme,  sans 
montrer  suffisamment  que  l'établissement  d'une  balance  éco- 
nomique, fort  différente  de  la  balance  commerciale,  est  un 
problème  insoluble.  En  tout  cas,  il  fallait  se  garder  de  croire 
qu'Adam  Smith,  J.-B.  Say  et  Bastiat  eussent  creusé  le  sujet  avec  la 
même  rigueur  et  la  même  pénétration  que  Cairnes,Patten  et  Fontana- 
Russo.  Mais  je  regrette  que  M.  Arnauné,  historien  et  homme 
pratique,  se  soit  interdit  de  toucher  aux  questions  de  principe,  en  se 
proposant  d'intéresser  les  hommes  d'affaires  sans  les  rebuter.  —  Der- 
nière remarque  :  il  manque  une  table  alphabétique  qui  faciliterait 
les  recherches. 

2.  —  Tout  autre  est  le  volume  de  MM.  Charles  Augier  et  Angel 
Marvaud  :  La  Politique  douanière  de  la  France.  Il  ne  diffère  pas  moins 
du  précédent  par  le  plan  que  par  l'esprit.  M.  Augier  est  un  inspecteur 
principal  des  douanes,  et  M.  Marvaud,  à  diverses  reprises,  a  été  chargé 
d'enquêtes  par  la  Fédération  des  industriels  et  des  commerçants.  Ils 
ne  font  pas  de  l'histoire,  mais  de  l'actualité;  ils  remontent  à  peine 
jusqu'à  1860  et  ils  concentrent  leur  attention  sur  la  double  réforme 
de  1892  et  de  1910.  Mais  alors  ils  exposent  avec  une  grande  richesse 
de  détails  les  négociations  poursuivies  avec  tel  ou  tel  gouvernement 
étranger,  en  mettant  en  pleine  lumière  les  pourparlers  diplomatiques, 
leur  but,  leurs  difficultés  et  leurs  résultats.  L'ouvrage  de  M.  Arnauné 
fournissait  beaucoup  pour  le  développement  d'un  cours  qui  aurait  été 
fait  à  des  étudiants;  celui-ci  est  plutôt  un  ouvrage  à  consulter  par 
les  praticiens  et  les  hommes  d'affaires.  Les  tarifs  de  1892  et  de  1910 
sont  protectionnistes  :  MM.  Augier  et  Marvaud  le  sont  aussi,  et,  par 
là  encore,  réapparaît  le  contraste  entre  la  théorie,  qui  est  si  volontiers 
libre  échangiste  avec  les  livres,  et  la  pratique,  que  les  intérêts  immé- 
diats et  brutalement  tangibles  de  la  plupart  des  producteurs  et 


—  30  — 

commerçants  réclament  protectiomiiste,  en  dépit  des  discours,  des 
raisonnements  et  des  phrases.  —  M.  Klotz,  qui  fut  et  qui  est  redevenu 
ministre  des  finances,  a  fait  une  Préface  de  quatre  petites  pages, 
sans  plus,  où  il  expose  froidement  la  nécessité  du  protectionnisme 
comme  conséquence  de  nos  lois  dites  de  solidarité  sociale.  Toutes  ces 
lois,  dit-il,  «  imposent  à  la  production  nationale  des  charges  nou- 
velles, et  il  est  certain  que  le  coefficient  de  protection  qui  avait  été 
accordé  à  la  production  nationale  en  1892,  s'est  trouvé  dans  la  suite 
légèrement  faussé  (p.  m).  »  Et  M.  Klotz  en  est  encore  à  parler  de 
régime  «  compensateur  »  !  Il  ne  compense  qu'une  chose,  le  bénéfice 
des  lois  de  solidarité  sociale  avec  la  cherté  des  produits  et  des  denrées. 
Et  qu'est-ce  que  l'ouvrier  y  gagne?  Il  y  a  là  de  quoi  faire  hausser  les 
épaules  à  M.  Amauné  et  à  bien  d'autres.  En  tout  cas,  M.  Klotz  est 
bien  naïf  de  'âcher  un  tel  aveu.  11  y  avait  mieux  à  dire  pour  justifier 
notre  régime  douanier  actuel,  si  l'on  tenait  tant  à  le  justifier. 

3.  —  Puisque  nous  en'  sommes  aux  douanes  et  à  la  protection, 
restons-y.  A  cet  égard,  le  volumineux  traité  de  M.  Joseph  Payen,  les 
Primes  à  la  séricultiire  et  à  la  filature  de  la  soie,  est  une  de  ces  mono- 
graphies qui  épuisent  un  sujet.  On  connaît  le  pourquoi  de  ces  primes  : 
elles  furent  en  1892  la  rançon  de  la  hbre  importation  des  cocons  et 
des  grèges,  que  ne  voulaient  pas  accepter  le  moulinage  et  la  filature 
des  Cévennes  et  de  la  Drôme,  menacés  de  disparaître.  De  nombreuses 
modifications  furent  ensuite  apportées,  mais  le  principe  de  la  loi  du 
11  janvier  1892  resta  intact.  Le  -volume  de  M.  Payen  s'ouvre  par  une 
très  intéressante  étude  sur  la  sériculture,  la  filature  et  la  situation 
économique  de  ces  deux  industries  dans  la  région  du  sud-est. 

4.  —  Les  journaux,  à  son  apparition,  se  sont  empressés  de  signaler 
le  livre  très  instructif  de  M.  Lucien  Hubert,  député,  sur  l'Effort  alle- 
mand, l' Allemagne  et  la  France  au  point  de  vue  économique.  M.  Hubert 
ne  veut  pas  soutenir  une  thèse  ou  optimiste  ou  pessimiste  :  tout 
simplement  il  examine,  il  expose,  il  compare,  et,  de  ce  parallèle  entre 
le  développement  économique  de  la  France  et  celui  de  l'Allemagne,  il 
laisse  le  lecteur  tirer  telle  conclusion  qu'il  voudra,  pourvu  que  cette 
conclusion  soit  patriotique.  On  trouvera  là  une  foule  de  renseigne- 
ments sur  la  population,  l'extraction  -  minérale,  les  fabrications  in- 
dustriellec,  les  importations  et  exportations,  les  banques,  les  caisses 
d'épargne,  etc.  Seulement  certains  de  ces  renfeignements  demandent 
à  être  contrôlés  et  surtout  à  être  compris.  Par  exemple,  M.  Hubert 
donne  à  la  Société  générale  un  capital  de  300  millions  :  c'est  400  qu'il 
faut  dire,  dont  200  non  versés.  Ailleurs  il  ne  paraît  pas  suffisamment 
affranchi  du  sophisme  de  la  balance  du  commerce  (p.  145,  152,  153. 
etc.)  ;  ou  bien,  parlant  de  l'augmentation  du  rendement  de  la  tax(^ 
sur  le  revenu  des  valeurs  mobilières,  il  oublie  de  remarquer  que,  d'un»^ 


—  31  — 

part,  le  tarif  de  perception  a  passé  de  3  %  à  4  «  /o  en  1890  et  que,  d'autre 
part,  la  matière  imposable  s'est  accrue,   soit  que  des  particuliers 
missent  leurs  affaires  en  quelque  genre  de  société  soumise  à  la  taxe, 
soit  que  des  types  de  sociétés  de  plus  en  plus  nombreux  y  fussent 
astreints  par  la  loi  (p.  201).  Le  sophisme  de  la  richesse  prouvée  par 
l'impôt  éclate  encore  bien  mieux  à  propos  de  la  progression  du  ren- 
dement de  l'impôt  sur  les  successions,  impôt  dont  l'assiette  et  les 
tarifs  ont  été  remaniés  à  plusieurs  reprises  dans  la  période  dont  il 
est  ici  question  (ibid)  :  de  ces  changements-là,  cependant,  M.  Hubert 
ne  nous  dit  rien.  Tout  cela  doit  donc  rendre  un  peu  sceptique.  Est-il 
bien  exact,  par  exemple,  de  dire  que  «  l'agriculture  (en  France)  n'a 
jamais  été  dans  une  période  plus  prospère  que  maintenant?  «  (p.  126) 
La  baisse  considérable  que  l'on  constate  dans  le  revenu  agricole  im- 
posable et  dans  la  valeur  des  fonds  ruraux    donne  ici  un  démenti 
brutal,  et  il  n'y  a  pas  moins  d'illusion  à  soutenir  que  la  loi  du  12 
juillet  1909,  instituant  le  bien  de  famille  insaisissable,  ne  peut  pas 
manquer  de  retenir  la  population  dans  les  campagnes  (ib.).  Évidem- 
ment cet  exode  des  paysans  gênait  un  peu  M.  Hubert,  mais  il  a  tort 
de  se  tirer  d'embarras  par  une  explication  qui  n'est  que  puérile  (p.  127). 
Ce  qui  reste  vrai,  c'est  que  «  la  France  possède  une  admirable  puis- 
sance d'épargne,  qui  en  fait  le  banquier  du  monde  »  (p.  172).  A  quoi 
encore  il  aurait  fallu  ajouter  que  l'Allemagne  épargne  des  hommes, 
tandis  que  la  France  épargne  des  pièces  d'or.  Restons-en,  si  vous 
voulez,  sur  cette  boutade  :  «  L'Allemagne  donne  l'impression  d'un 
pays  colossalement  riche  qui  n'a  pas  le  sou  »  (p.  16). 

5.  —  La  Question  agraire  au  royaume  de  Pologne,  par  M.  Kokowski, 
paraît  être  une  thèse  de  doctorat  :  dans  les  Facultés  de  droit,  en 
effet,  la  thèse  est  souvent  une  occasion  de  faire  des  recherches  très 
originales,  de  mûrir  un  travail  long  et  sérieux  et  d'enrichir  les  biblio- 
thèques économiques  de  quelque  bonne  et  solide  publication.  Cepen- 
dant l'œuvre  actuelle  nous  a  semblé  bien  aride  et  trop  dénuée  d'opi- 
nions personnelles;  il  y  manque  une  carte  pour  suivre  l'auteur;  il  y 
manque  aussi,  au  moins  pour  les  profanes  comme  moi,  des  rensei- 
gnements assez  abondants  sur  le  milieu  historique,  social  et  juri- 
dique où  se  pose  cette  «  question  agraire.  »  C'est  trop  du  dépouille- 
ment de  rapports  administratifs  et  de  statistiques,  mais  ce  n'est 
pas  assez  un  livre  et  l'on  n'y  sent  pas  non  plus  une  âme.  A  peine 
trouvé-je  à  noter  que  la  Russie,  à  la  différence  de  l'Autriche,  ne 
sait  pas  faire  les  dépenses  nécessaires  pour  protéger  le  pays  contre 
les  inondations  ou  bien  pour  lui  assurer  les  voies  de  commimication 
dont  il  a  besoin.  Les  taxes  contributives  sont  bien  levées  par  mil- 
lions, mais  elles  reçoivent  d'autres  emplois,  et  le  chemin  de  fer  Lublin- 
romaszow,    par   exemple,    est    refusé   depuis   quarante   ans    à    des 


demandeurs  en  concession  qui  ne  réclament  ni  garantie  ni  sub- 
sides, et  qui  ont  toujours  accepté  toutes  les  conditions  exigées 
(p.174-176). 

6.  —  Le  Régime  minier,  de  M.  Marius  Richard,  est  une  étude  fort 
intéressante  et  fort  instructive  sur  notre  loi  de  1810,  comme  sur  les 
critiques  qui  en  sont  faites  et  la  refonte  dont  on  la  menace.  Cette  loi 
est-elle  donc  si  mauvaise?  Non  certes.  En  fait,  l'inventeur, ou  plutôt 
rexplorateur,obtient  toujours  la  concession,  lors  même  que  ses  droits 
à  l'avoir  ne  sont  pas  nettement  proclamés.  Puis,  ici,  la  «  propriété  » 
proprement  dite  du  concessionnaire  est  fort  bien  justifiée  et  établie  : 
Napoléon  avait  été  on  ne  peut  plus  précis  sur  cet  article-là,  et  son 
raisonnement  est  reproduit  fort  à  point  (p.  2).  En  face  de  Napoléon, 
quel  petit  homme  donc  que  M.  Zévaès  !  Les  profanes  trouveront  encore 
dans  ce  volume  une   foule  de  choses  intéressantes,  notamment  le 
tableau  de  la  hausse  des  salaires  quotidiens  dans  les  mines  en  regard 
de  la  diminution  du  rendement  par  tête  d'ouvrier,  si  bien  que,  de  1888 
à  1907,  les  frais  de  main-d'œuvre,  grâce  à  ce   double  mouvement  en 
sens  inverse,   ont  monté  de  5  fr.  04  à  7  fr.  05  par  chaque  tonne 
extraite  (p.  80).  A  signaler,  au  passage,  les  mauvais  résultats  de  l'ex- 
ploitation administrative  en  Prusse  (p.  91),  où  la  propriété  de  l'État 
s'explique    tantôt    par    d'anciennes    exploitations    seigneuriales    et 
tantôt  par  de  véritables  concessions    que  l'Etat  s'est  adjugées  à  lui- 
même,  faute  de  quelqu'un  qui  les  voulût,  parce  qu'elles  étaient  jugées 
onéreuses  :  ce  n'est  donc  pas  encourageant  pour  le  système  des  indus- 
tries d'État.  Cependant  M.  Richard  se  défend  d'avoir  voulu  faire  un 
plaidoyer  en  faveur  des  Compagnies.   J'avoue  même  que  je  serais 
plus  sévère  que  lui  sur  la  redevance  projetée  de  20  "/o  à  prendre  sur 
la  part  du  produit  net  que  le  concessionnaire  pourrait  obtenir  an- 
nuellement en  sus  du  dixième  de  son  capital  de  premier  établisse- 
ment (p.  129  et  s.).  M.  Richard;  en  effet,  ne  discute  pas  assez  tout  ce 
qu'il  y  a  d'arbitraire  dans  le  calcul  ou  plutôt  dans  la  supposition  de 
ce  capital  nécessaire  moyen.  Qu'appelez-vous  donc  un  coût   normal 
de  mise  en  exploitation,  lorsque  vous  savez  qu'en  1908,  sur  1.488 
concessions  données,  il  y  en  avait  904  abandonnées  et  319  en  perte, 
avec  34  millions  de  déficit  chez  ces  dernières  contre  90  millions  de 
bénéfices  dans   les    deux  cents  et  quelques  autres  qui  faisaient  des 
bénéfices,  mais  qui,  généralement,  avaient  lutté  et  perdu  de  l'argent 
pendant  un  demi-siècle  avant  de  gagner  quelque  chose?  Rien,  en 
effet,  n'est  plus  singulier,  ni  moins  connu  que  l'étonnante  et  persis- 
tante misère  d'Anzin,  d'a\niche  et  de  bien  d'autres  compagnies  avant 
leur  relèvement  et  leur  prospérité  (p.  64 et  s.).  Conclusion:  la  pro- 
priété des  mines  a  trop  de  risques  de  perte  pour  qu'on  doive  lui  en- 
lever ses  bonnes  chances  quand  elle  en  a.  «  La  législation,  disait  Na- 


—  33  — 

poléon,  doit  être  toujours  en  faveur  du  propriétaire  :  il  faut  qu'il 
ait  du  bénéfice  dans  ses  exploitations,  parce  que,  sans  cela,  il  aban- 
donnera toutes  ses  entreprises.  »  A  noter  toutefois  que  M.  Richard, 
sans  doute  par  tactique,  ne  nomme  pas  une  fois  le  socialisme,  qui  est 
pourtant  le  moteur  de  tous  ces  projets  de  réforme  :  en  ceci  donc, 
il  est  incomplet  et  ne  nous  semble  pas  aller  jusqu'au  fond  de  la 
question. 

7.  —  On  connaît  le  talent  d'exposition  de  M.  Yves  Guyot,  qu'il  a 
mis  si  souvent  au  service  de  la  bonne  économie  politique  libérale. 
Son  nouveau  volume  :  Les  Chemins  de  fer  et  la  grève,  est  un  exposé 
très  complet  de  la  question,  non  seulement  au  point  de  vue  français, 
avec  de  très  nombreuses  citations  de  textes  officiels  et  de  débats 
parlementaires,  mais  aussi  avec  d'utiles  renseignements  sur  l'étranger. 
M.  Yves  Guyot  démontre  victorieusement  que  la  meilleure  défense 
contre  les  grèves  de  chemins  de  fer,  c'est  l'application  toute  simple 
du  droit  commun,  par  conséquent  la  libre  faculté  pour  les  compa- 
gnies de  remplacer  et  par  conséquent  d'éloigner  définitivement  les 
cheminots  qui  rompent  le  contrat.  Alors  ministre,  il  l'avait  pro- 
clamé très  résolument  dès  1889  et  1891  (p.  4  et  s.).  Il  avait  raison  en 
principe  et  les  faits  ont  montré  qu'il  avait  eu  raison  aussi  en  prati- 
que. Mais,  depuis  lors,  les  idées  subversives  et  le  syndicalisme  socia- 
liste ont  fait  leur  chemin,  et  l'on  s'imagine  pourtant  que  l'on 
va  se  tirer  d'affaire  par  des  projets  de  loi  dont  le  dépôt  consacre 
précisément  la  victoire  effective  de  la  grève  (p.  103,  109,  etc.)  !  Nous 
notons  tout  particulièrement  aussi  un  chapitre  sur  «la  Répartition  des 
titres  de  chemins  de  fer  »  (p.  245);  on  y  verra  ce  que  c'est  que  la 
prétendue  féodalité  financière  des  grandes  compagnies,  simples 
groupements  de  plusieurs  centaines  de  milliers  de  petites  bourses. 
Que  d'esprit  dans  le  chapitre  de  «  Monsieur  Tout  le  monde  »,ce  pauvre 
«Tout  le  monde»  pour  qui  les  chemins  de  fer  ont  été  faits  et  que  pour- 
tant l'on  oublie  si  bien  (p.  305)  !  En  tout  cas,  je  recommande  instam- 
ment la  lecture  de  ce  volume  aux  cœurs  sensibles  —  ou  plutôt  aux 
ambitieux  de  popularité  malsaine  —  qui  réclament  la  réintégration 
complète  et  sans  réserve  de  tous  les  cheminots  soi-disant  révoqués, 
c'est-à-dire  démissionnaires  par  la  grève. 

8.  —  Nul  n'ignore  Beccaria,  qui  fit  à  Milan,  à  la  fin  du  xviii^  siècle, 
un  des  premiers  cours  d'économie  politique  et  qui  s'est  rendu  célèbre 
surtout  comme  criminaliste  par  son  traité  Des  Délits  et  des  peines. 
M.  Eugène  Landry,  professeur  de  langue  et  de  littérature  françaises 
à  Milan,  a  recueilli  de  lui  avec  une  pieuse  vénération  un  certain  nom- 
bre de  lettres  et  écrits  inédits,  auxquels  il  a  Joint  des  lettres  pareille- 
ment inédites  de  Voltaire,  d'Holbach,  Diderot,  Condillac,  d'Alembert, 
Morellet,  etc.,  etc.  L'ouvrage  comprend  trois  parties  :  1°  Écrits  et 
Janvier  1912.  T.  GXXIV.  3. 


—  34  — 

fragments  philosophiques;  2'^  Lettres  des  philosophes  français  à  Bec- 
caria;  3°  Lettres  et  documents  intimes  de  Beccaria,  le  tout  expliqué, 
annoté  et  commenté.  Beccaria  écrivait  fréquemment  ses  lettres  en 
français,  mais  quel  français  !  Au  hasard  de  la  plume,  je  note  la  théorie 
de  Beccaria  sur  la  métempsychose.  La  matière  selon  lui  est  éternelle  ; 
par  conséquent,  les  molécules  impérissables  qui  ont  constitué  la  «  tex- 
ture nerveuse  »  de  Caton,  de  César  et  de  Catilina  (nous  ne  nous  in- 
quiétons pas  des  molécules  du  surplus  de  leurs  personnes)  peuvent 
bien  et  même  doivent  bien,  par  le  mélange  de  leurs  combinaisons 
fortuites  à  travers  les  siècles,  se  retrouver  toutes  exactement  ensem- 
ble. Ce  jour^-Ià,  Caton,  César  et  Catilina  revivront  identiquement  les 
mêmes.  «  Voilà  donc,  dit  Beccaria,  la  plus  grande  extension  possible 
donnée  à  la  métempsychose  pythagoricienne,  et,  cette  fois-ci,  elle  l'est 
dépouillée  du  manteau  imbécile  de  la  superstition  et  appuyée 
sur  la  plus  solide  base  de  la  philosophie  »  (p.  99-101).  Beccaria  croit 
que  c'est  arrivé.  —  Mais  je  n'ai  rien  trouvé  qui  intéressât  l'économie 
pohtique. 

9.  —  De  l'économie  politique  nous  ghssons  insensiblement  à  l'éco- 
nomie sociale.  Les  publications  sur  les  sociétés  de  secours  mutuels  ne 
manquent  pas.  Cependant  la  Mutualité  nouvelle,  de  M.  Profit,  d'après 
les  lois  combinées  des  1er  ^yril  1898  et  5  avril  1910,  mérite  une  élo- 
gieuse  mention.  C'est  très  clair  et  très  simple,  bien  fait  pour  faire 
comprendre  et  faire  pratiquer  le  système  des  sociétés  de  secours  mu- 
tuels. La  documentation  y  est  correcte  et  solide.  Au  point  de  vue 
pratique,  nous  citerons  des  spécimens  de  tables  de  mortalité  et  sur- 
tout des  statuts-types  dont  on  pourra  s'inspirer  utilement.  Assuré- 
ment la  République  y  est  à  certains  endroits  couverte  de  fleurs  qu'elle 
ne  mérite  point;  et  la  solution  de  la  question  est  présentée  comme 
«  liée  à  l'avenir  même  de  la  Répubhque  »  (p.  365)  ;  mais  au  moins  le 
procédé  du  fonds  commun  inaliénable,  pour  lequel  M.  Profit  réédite  le 
mot  de  M.  Lairolle  —  «  la  colossale  erreur  de  l'administration  et  des 
pontifes  »  (p.  363),  —  est  l'objet  d'une  discussion  à  la  fois  serrée  et 
écrasante. 

10.  —  Quant  à  la  Réglementation  du  travail  des  femmes  et  des  en- 
fants aux  États-Unis,  qui  fait  partie  de  la  Bibliothèque  du  Musée 
social,  elle  a  certainement  coûté  beaucoup  de  travail  à  M.  Chaboseau. 
Malheureusement,  le  livre  est  d'une  lecture  ennuyeuse  ou  plutôt 
impossible,  parce  que  ce  n'est  que  l'énumération  suivie  de  tout  ce 
qui  se  fait  à  l'égard  des  femmes  et  des  enfants  dans  chacun  des 
Etats,  rAlabama,le  Wisconsin,  l'IUinois,  etc.  L'âge  minimum  est  ici  de 
douze  ans,  là  de  treize,  ou  bien  ailleurs  de  quatorze;  l'amende  contre 
le  patron  est  de  5  dollars  ou  bien  de  10,  à  moins  qu'elle  ne  soit  de  6 
ou  de  7  dollars,  et  le  délit,  pour  être  commis,  exige  ici  telle  ou  telle 


—  35  — 

condition  qu'il  n'exige  pas  dans  l'Etat  voisin.  Vous  comprenez  que, 
quand  on  a  lu  200  pages  de  ce  goût-là...  pardon,  on  a  fermé  le  livre 
à  la  dixième  page  au  plus  tard.  Est-ce  fait  plutôt  pour  être  consulté? 
Eh  bien,  alors,  il  aurait  fallu  des  tableaux,  mieux  encore,  de  grandes 
planches  susceptibles  d'être  lues  horizontalement  et  verticalement 
tout  ensemble,  et  à  ce  prix-là  les  recherches  auraient  été  faciles.  Il 
n'en  aurait  pas  coûté  beaucoup  plus  de  travail  à  l'auteur,  mais  plus 
d'argent  pour  l'impression.  Cependant  ou  le  livre  était  utile,  et 
c'était  cette  forme-là  qu'il  fallait  lui  donner,  ou  il  ne  l'était  pas. 

11.  —  Le  titre  :  Causeries  sociales,  que  M.  O.  Jean  a  donné  à  son 
opuscule,  en  exprime  bien  le  but  et  la  forme.  C'est  une  série  d'entre- 
tiens, écrits  avec  élégance  et  facilité,  sur  la  justice,  la  charité,  la  ma- 
nière d'aller  au  peuple,  etc.  Très  chrétien  et  même  très  pieux  par 
endroits,  ce  petit  travail  est  conçu  tout  à  fait  dans  le  sens  des  Semaines 
sociales,  avec  la  conviction  que  «  la  charité  elle-même  doit  évoluer  » 
et  que  «  c'est  aujourd'hui  une  science  »  (p.  19),  puis,  que  «  dans  ce 
double  travail  de  prévoyance  et  d'amélioration  sociale,  il  faut  que  la 
part  d'activité  ouvrière  soit  prépondérante  »  (p.  23).  Toute  autre 
manière  de  faire  supposerait,  en  effet,  le  maintien  des  vieilles  vertus 
et  des  principes  désuets  du  passé,  en  laissant  trop  voir  une  hiérarchie 
sociale  qui  a  fait  son  temps.  En  n'opérant  pas  l'émancipation  (faut-il 
dire  économique,  intellectuelle  et  politique?)  qui  est  dans  la  nécessité 
du  moment,  on  ne  réaliserait  pas  «  l'éducation  sociale  de  la  classe 
ouvrière.  » 

12.  —  Voici  encore  une  causerie  un  peu  dans  ce  même  esprit-là, 
mais  plus  social  et  moins  ouvertement  chrétien  :  je  veux  parler  du 
solide  et  épais  volume  de  M.  Deslandres,  professeur  à  la  Faculté  de 
droit  de  Dijon,  sur  l'Acheteur,  son  rôle  économique  et  social;  les  ligues 
sociales  d'acheteurs.  Dans  ces  pages  d'une  lecture  agréable  et  facile, 
il  ne  manque  ni  les  fines  observations,  ni  les  renseignements  de  fait 
sur  ce  mouvement  nouveau.  Cependant  il  me  semble  que  Vidée  des 
devoirs  de  ce  genre  n'est  point  si  neuve  que  M.  Deslandres  veut  bien 
nous  le  faire  croire.  Jadis,  tout  simplement  avec  leur  bon  sens  et  leur 
vieux  catéchisme  d'antan,  nos  vieilles  familles  de  province  avaient 
déjà  soin  de  donner  leurs  commandes  en  temps  utile  pour  ne  pas 
exposer  les  fournisseurs  au  surmenage  ou  pour  ne  pas  gêner  l'obser- 
vation du  dimanche,  et  elles  se  faisaient  un  devoir  de  faire  travail- 
ler les  honnêtes  artisans  de  leur  quartier,  avec  qui,  certes,  on  ne 
faisait  pas  les  fiers.  On  appelait  cela  de  la  bonne  charité  tout  court  : 
mais  on  ne  mettait  pas  tout  à  la  sauce  «  sociale  »  et  l'on  ne  croyait 
pas  pour  si  peu  avoir  découvert  l'Amérique.  Ici,  M.  Deslandres,  qui 
fréquente  les  Semaines  sociales,  me  paraît  voisiner  avec  le  Sillon  et 
reléguer  un  peu  trop  dans  l'ombre  la  charité  comme  on  l'avait  tou- 


—  36  — 

jours  comprise.  Pour  lui,  M.  Gide,  dont  la  philosophie  est  si  peu 
chrétienne  et  si  froidement  amorale,  est  une  autorité  qu'il  cite 
avec  une  particulière  sympathie;  quant  au  socialisme,  il  y  voit 
«  la  mise  en  œuvre  du  principe  de  devoir  et  de  sacrifice  »  (page 
444).  Voilà  qui  va  de  pair  avec  son  admiration  pour  le  mysticisme 
esthétique,  mais  passablement  socialiste,  de  Ruskin,  à  qui,  certes,  il 
ne  faudrait  pas  faire  gloire  de  «  réintégrer  le  moral  dans  récono- 
mique  «  (p.  448).  Enfin,  de  ci  de  là,  de  petites  attaques  contre  l'éco- 
nomie politique,  bien  que  M.  Landry,  par  exemple,  avec  sa  théorie 
de  la  «  rente  de  l'acheteur,  »  ne  suffise  guère  à  représenter  la  science 
à  lui  tout  seul  (p.  428).  —  En  finissant,  je  poserai  une  question.  En 
présence  de  la  raréfaction  et  de  renchérissement  des  produits  de 
basse-cour,  qui  n'en  coïncidaient  pas  moins  avec  la  crise  ou  plutôt 
le  déclin  chronique  de  notre  agriculture,  je  voudrais  bien  savoir  si 
les  ligues  sociales  sont  intervenues  et  si  leurs  sympathies  n'étaient 
pas  pour  les  ménagères  de  villes  plutôt  que  pour  les  paysans,  à  qui 
l'on  pense  toujours  si  peu.  C'eût  été  une  bien  belle  occasion  de  se 
montrer.  Gageons  qu'elle  n'a  pas  été  mise  à  profit  :  l'ouvrier  de 
ville  est  toujours  bien  plus  intéressant. 

13. —  Le  volume  de  M.  R.  Musto  :  La  Odierna  Evoluzione  dello  stato 
democratico  moderno^  ne  sort  pas  du  cadre  des  banalités  rebattues, 
un  peu  comme  une  grosse  et  ennuyeuse  brochure.  La  Préface  en 
allemand,  que  M.  Labrand  y  a  mise,  n'ajoute  pas  non  plus  beaucoup. 
Évidemment  la  société  est  autre  chose  qu'un  simple  total  d'individus; 
mais  tout  cela  n'éclaire  pas  encore  sur  le  problème  des  droits  de 
l'individu  à  l' encontre  de  la  société,  ni  sur  le  rôle  des  pouvoirs  so- 
ciaux à  l'égard  de  l'individu.  Qu'est-ce  que  l'homme?  D'où  vient-il? 
Où  va-t-il?  Existe-t-il  un  droit  naturel  qu'il  n'ait  point  fait?  Qu'est- 
ce  enfin  que  l'État?  Est-il  l'unique  et  suprême  arbitre  de  tout  droit, 
comme  aussi  l'auteur  de  toute  loi?  De  cela  rien  :  je  dirais  volontiers 
que  M.  Musto  a  oublié  d'éclairer  sa  lanterne.  On  conçoit  donc  que 
son  démocratisme  soit  vague  et  flou,  ne  voulant  ni  faire  résolu- 
ment du  sociahsme,  ni  barrer  la  route  à  celui  qui  s'est  fait  tout 
seul  et  qui  arrive  sur  nous  à  grands  pas. 

14.  —  M.  Angel  Marvaud,  ayant  été  délégué  par  le  Journal  des 
Débats  au  congrès  sioniste  de  1909  à  Hambourg,  en  a  profité  pour 
faire  une  étude  très  intéressante  sur  le  Sionisme.  Tout  le  monde 
connaît  aujourd'hui  le  sionisme,  ce  mouvement  qui,  lancé  par  Théo- 
dore Herzl,  a  pour  but  de  rendre  une  patrie  politique  aux  Juifs.  Sui- 
vant les  uns,  ce  ne  pourrait  être  que  la  Palestine,  mais  d'autres  se 
contenteraient  de  n'importe  quoi,  car  il  a  été  question  non  seulement 
de  la  Cyrénaïque  et  de  la  Mésopotamie,  mais  aussi  de  l'Oubanghi.  Le 
premier  congrès  se  tint  à  Bâle,  en  1897;  celui  de  Hambourg,  en  1909, 


—  37  — 

était  le  neuvième.  Entre  temps,  les  plus  vastes  projets  avaient  été 
formés,  notamment  celui  d'une  société  au  capital  de  1.250  millions 
pour  mettre  en  valeur  le  pays  nouveau  suivant  les  formules  d'une 
démocratie  socialiste  fédérativo.  11  y  a,  en  effet,  chez  les  sionistes, 
«  une  fraction  socialiste,  assez  importante,  paraît-il,  qui  adopte  le 
programme  intégral  du  marxisme  »  (p.  38).  Dans  cet  opuscule,  plus 
curieux  assurément  que  bien  des  volumes,  les  jugements  et  les  con- 
clusions de  l'auteur  ne  sont  pas  moins  intéressants  que  l'exposé  des 
discussions  du  congrès.  M.  Marvaud  pense  que  le  sionisme  a  surtout 
des  obstacles  devant  lui  et  qu'il  n'est  pas  en  passe  d'aboutir  ;  mais  le 
sionisme  est  allemand  et  socialiste  avant  tout;  il  sert  les  intérêts  de 
l'Allemagne  et  il  constitue  un  danger  pour  nos  établissements  d'Orient 
(p.  61  et  s.),  parce  qu'il  est  «  ouvertement  contraire  à  l'idée  d'assimi- 
lation (de  la  race  juive)  qui  est  au  fond  de  l'esprit  français  »  (p.  48); 
il  marque  la  lutte  contre  «  l'Alliance  israélite  universelle  »;  il  veut 
isoler  les  juifs  comme  une  nation  à  part,  tandis  que  l'Alliance  israé- 
lite ne  demande  qu'à  les  fortifier  partout.  Seulement  M.  Marvaud 
ne  s'effraye  aucunement  de  cela,  car  il  croit,  de  très  bonne  foi,  que  la 
grandeur  de  la  France  est  liée  à  cette  fusion  du  juif  et  du  chrétien. 
Il  se  félicite  donc  de  ce  que  «les  pouvoirs  publics  en  France  se  sont  en- 
fin rendu  compte  de  l'intérêt  vraiment  national  «  qu'il  y  a  à  «  prêter 
une  aide  vraiment  effective  à  l'Alliance  »  (p.  50).  La  grâce  juive  n'a 
pas  pénétré  moins  profondément  M.  Anatole  Lerey-Beaulieu,  qui  a 
écrit  la  Préface  de  ce  petit  volume.  A  l'Allemagne  de  s'appuyer  sur  le 
sionisme;  à  la  France,  au  contraire,  de  favoriser  l'Alliance,  à  laquelle 
«  il  est  juste,  dit-il,  d'attribuer  pour  une  bonne  part  la  diffusion  du 
français  dans  tout  le  Levant  »  (p.  9).  A  coup  sûr  il  y  avait  autre  chose 
à  dire  de  ce  mouvement  actuel  du  sionisme,  qui  souligne  si  puissam- 
ment le  phénomène  inexplicable  et  providentiel,  unique  en  son 
genre,  de  la  survivance  indéfectible  du  peuple  juif. 

15. —  Nous  avons  fait,  ici  même,  il  y  a  deux  ans,  un  juste  éloge  du 
Modernisme  sociologique  de  M.  l'abbé  Fontaine  :  aujourd'hui,  ce  sera 
du  Modernisme  social\  décadence  ou  régénération  du  même  auteur, 
toujours  infatigable  et  toujours  aussi  bien  inspiré.  C'e.=t  de  la  bonno 
philosophie,  avec  une  exacte  connaissance  des  erreurs  à  la  mode,  soit 
qu'elles  proviennent  du  socialisme  révolutionnaire,  soit  qu'elles  aient 
été  lancées  par  des  catholiques  sociaux  mal  éclairés.  Il  y  a  là  tout  à 
la  fois  une  critique  négative  et  une  œuvre  de  reconstruction  sur  les 
bases  du  droit  naturel  chrétien.  Nous  signalerons  tout  particulière- 
ment des  discussions  sérieuses  et  bien  conduites,  très  actuelles  sur- 
tout, à  propos  du  contrat  collectif  de  travail,  puis  à  propos  du  syn- 
dicalisme et  de  sa  prétention  de  remplacer  la  discipline  patronale  par 
la  seule  discipline  ouvrière.  M.  Gide  y  passe  à  son  tour,  et  nous  savons 


—  38  — 

à  M.  l'abbé  Fontaine  un  gré  infini  d'avoir  démasqué  un  bon  nombre 
des  sophismes  socialistes  qui  fourmillent  dans  les  œuvres  trop  vantées 
de  l'illustre  professeur  :  c'est  lui,  en  effet,  qui  forme  ou  plutôt  déforme 
l'esprit  des  étudiants  des  Facultés  de  droit,  grâce  à  l'autorité  très 
usurpée  qu'il  a  conquise  et  à  laquelle  beaucoup  de  catholiques  peuvent 
se  repentir  d'avoir  contribué.  —  L'ouvrage  se  compose  de  trois  par- 
ties :  1°  Les  Doctrines  et  les  faits  sociaux  et  économiques  (y  compris 
«  les  faux  Dogmes  du  catholicisme  social  »  et  leur  connexité  avec  le 
syndicalisme);  puis  2°  l'État  et  les  faits  sociaux  et  économiques; 
enfin  3°  l'Eglise  et  les  faits  sociaux  et  économiques.  Certaines  pages 
de  cette  dernière  partie  sont  des  plus  remarquables.  Nous  le  disons 
en  particulier  de  la  description  de  l'avenir  humainement  probable  de 
l'humanité  (p.  379  et  s.),  «  le  sociaUsme  ayant, à  titre  de  religion  huma- 
nitaire, la  prétention  de  s'étendre  peu  à  peu  à  l'humanité  tout  entière, 
avec  ce  grand  moyen  de  séduction:  apprendre  à  l'humanité  à  s'adorer 
elle-même  «(p.  382).  L'Eglise  ne  peut  ni  reconnaître  le  socialisme  comme 
sorti  de  son  sein,  ni  pactiser  avec  lui  :  «  les  éléments  formateurs  (du 
socialisme),  qu'ils  soient  d'ordre  intellectuel  ou  d'ordre  religieux,  » 
procèdent  ou  d'un  matérialisme  brutal  ou  d'un  subjectivisme  incon- 
sistant. 11  n'y  a  pas  à  savoir  si  chacune  de  ses  propositions  a  été  direc- 
tement taxée  d'hérésie;  il  faut  tenir  là  une  «  indéfectibilité  directrice  » 
qui  n'est  dans  l'Eglise  que  «  l'aspect  pratique  de  l'infaillibilité  doctri- 
nale »  (p.  388).  Le  socialisme  chrétien  ne  doit  donc  pas  faire  d'adeptes. 
A  la- fin  se  trouve  un  tableau  très  sûr  des  instructions  que  Léon  XIII 
et  pie  X  ont  données  aux  catholiques,  le  premier  notamment  par 
ses  deux  encycliques  Longinqua  Oceani,  de  1895,  ignorée  en  France, 
et  Graves  de  commuai,  de  1901,  laissée  à  dessein  dans  l'ombre  par  les 
hommes  qu'elle  dérangeait. 

16.  —  Après  M.  l'abbé  Fontaine,  Mgr  Delassus,  que  ses  travaux 
antérieurs,  notamment  sur  l'action  des  sociétés  secrètes,  ont  fait  si 
avantageusement  connaître,  nous  offre  une  foule  de  renseignements 
d'un  très  haut  prix,  non  moins  que  des  thèses  sociales  indiscutables, 
dans  sa  Démocratie  chrétienne,  parti  et  école  vus  du  diocèse  de  Cambrai. 
On  y  voit,  dès  1893,  les  origines  d'une  «  école  sociale  nouvelle  »  et 
d'un  «  parti  social  nouveau  »,  les  démocrates  chrétiens  (p.  10),  quoique 
l'opinion  fût  plus  répandue  que  l'appellation  «  démocratie  chrétienne  », 
qui  datait  seulement  du  congrès  des  prêtres  tenu  à  Reims  en  1896.  On  y 
est  mis  aussi  au  courant  des  fameux  congrès  de  la  démocratie  chré- 
tienne organisés  à  Lyon  par  M.  Mouthon  et  M.  l'abbé  Lemire  à 
partir  de  1896  (p.  15,  18  et  s.).  Inutile  de  faire  l'éloge  de  la  fermeté 
rigoureuse  de  la  doctrine,  constamment  appuyée  sur  les  textes  de 
Léon  XIII  et  de  Pie  X.  Mgr  Delassus  avait  prouvé  qu'il  connaît  à 
fond  l'œuvre  révolutionnaire  et  les   complots  sataniques  de  la  franc- 


—  39  —     ' 

maçonnerie  :  il  n'est  donc  pas  de  ceux  à  qui  Ton  peut  faire  applaudir 
au  programme  de  «  christianiser  la  Révolution,  »  comme  le  voulait 
M.  l'abbé  Naudet,  alors  directeur  du  Monde  (p.  27).  C'est  bien  plus 
qu'une  brochure  à  répandre  :  c'est  un  vrai  livre  à  étudier  et  à  mé- 
diter. 

17.  —  M.  Paul  Louis  nous  apporte  une  nouvelle  édition  de  son 
Histoire  du  mouvement  syndical  en  France^  poussée,  celle-ci,  jusqu'en 
1910.  C'est  l'ancien  volume,  mais  avec  des  renseignements  nouveaux. 
En  soi,  l'ouvrage  est  fort  instructif,  non  seulement  sur  la  Confédéra- 
tion générale  du  travail  (p.  240  et  s.)  et  autres  institutions  ou  faits 
quelconques,  mais  particulièrement  sur  le  véritable  esprit  du  syn- 
dicalisme contemporain.  On  s'y  éclaire  suri  a  grève  générale  et  la 
campagne  menée  en  sa  faveur,  sur  le  sens  de  l'action  directe  —  «  éman- 
cipation des  travailleurs  par  les  travailleurs  eux-mêmes,  «  par  oppo- 
sition à  l'action  parlementaire  ou  indirecte  (p.  271  et  s.)  —  enfin  sur 
le  sens  du  mot  «  révolutionnaire  »  en  contraste  avec  «  réformiste  » 
— •  c'est-à-dire  la  révolution  dans  le  résultat,  quoique  non  nécessai- 
rement dans  les  procédés,  etc.,  etc.  Tout  cela  peut  être  étudié  avec 
fruit,  et  l'on  demeurera  épouvanté  de  l'avenir  vers  lequel  on  est  em- 
porté. 

18.  —  Au  contraire,  puisque  M.  Olphe-Galliard  est  un  fonction- 
naire —  un  ancien  inspecteur  du  travail,  —  il  y  a  gros  à  parier  que 
son  Organisation  des  forces  ouvrières  doit  être  optimiste,  tout  à  l'éloge 
du  régime  actuel  qui  a  fait  disparaître  les  abus  du  passé,  moyen  âge, 
Restauration  ou  monarchie  de  Juillet.  L'ouvrage  est  bien  écrit,  bien 
documenté,  riche  de  faits  et  de  citations.  Une  première  partie,  de 
beaucoup  la  plus  longue,  étudie  la  «  solution  naturelle  du  problème.  » 
Cette  solution,  ce  n'est  pas  la  suppression  du  salariat;  c'est  seulement 
sa  réforme  par  la  force  organisée  et  consciente  d'un  personnel  ouvrier 
qui  sera  en  mesure  d'ordonner  et  de  faire  rémunérer  convenablement 
son  travail.  L'histoire  des  trade-unions  de  l'Angleterre  et  des  États- 
Unis  complète  celle  de  nos  syndicats.  Le  contrat  collectif  sera  l'ins- 
trument du  progrès;  il  sera  le  moyen  suffisant  et  nécessaire  de  l'édu- 
cation des  travailleurs,  et,  une  fois  ceux-ci  convenablement  réédu- 
qués, il  aura  une  sanction  dans  son  «  observation  volontaire  »  (p.  227)  ; 
car  M.  Olphe-Galliard  veut  bien  reconnaître  que  pratiquement  il 
n'en  comporte  aucune  autre.  Quel  malheur  que  les  autres  contrats  ne 
soient  pas  suffisamment  sanctionnés,  eux  aussi,  par  la  volonté  des 
parties  de  les  exécuter  !  Alors,  en  effet,  nous  n'aurions  plus  besoin  ni 
de  tribunaux,  ni  d'huissiers!  Puis  viennent  les  «  solutions  artificiel- 
les. »  M.  Olphe-Galliard  les  ramène  à  trois  groupes  :  1»  la  suppres- 
sion du  salariat  par  les  «  associations  ouvrières  de  production  »  et  par 
les  «  associations  commerciales  de  travail.  »  Le  rôle  de  ces  dernières 


—  40  — 

serait  de  vendre  du  travail  en  bloc  à  un  patron,  qui,  par  conséquent, 
n'aurait  aucune  question  à  débattre  avec  les  opérateurs  eux-mêmes 
(p.  320-321);  mais  M.  Olphe-Galliard  y  est  opposé,  parce  que  ce  serait 
la  «  désorganisation  des  syndicats  ouvriers  »  (p.  322);  2°  le  «  pater- 
nalisme »  (quelle  langue,  vraiment  !),  et  ce  lui  est  une  occasion  d'égra- 
tigner  en  passant  Le  Play,  puis  les  démocrates  chrétiens  et  MM.  de 
Mun,  Harmel,  etc;  enfin  3°  la  conciliation  et  l'arbitrage,  qui  ne  va- 
lent guère  mieux,  car  c'est  une  chimère  de  poursuivre  la  «  réconci- 
liation des  adversaires  »  et  de  méconnaître  les  «  lois  sociales  »  d'un 
antagonisme  évident.  Apparemment,  n'est-ce  pas?  la  guerre  sociale 
est  une  loi  de  nature,  avec  l'écrasement  des  patrons  au  bout.  La  con- 
clusion, c'est  que  la  solution  est  dans  les  «  vertus  sociales  des  inté- 
ressés, »  que  les  syndicats  développent  si  heureusement.  Aussi  la 
paix,  à  ce  que  pense  de  bonne  foi  M.  Olphe-Galliard,  revient  de  plus 
en  plus.  Les  révolutionnaires  s'effacent  et  disparaissent  derrière  les 
réformistes;  les  grèves  sont  paisibles  (n'est-ce  pas?  demanderai-je; 
on  ne  tue  plus  ni  ne  maltraite  les  renards?),  et  la. coalition  ouvrière 
«  entraine  le  progrès  général  de  l'humanité  »  (p.  376  et  377).  M.  Olphe- 
Galliard  n'aborde  nulle  part  les  côtés  philosophiques  ou  psycholo- 
giques du  problème;  il  ne  sonde  pas  la  nature  humaine  pour  voir  si, 
en  elle,  lorsque  manque  un  frein  moral,  il  n'y  a  pas  des  impulsions 
irrésistibles  de  cupidité  et  d'envie.  Mais  n'insistons  pas  :  son  siège 
est  fait  et  nous  ne  voulons  pas  lui  redemander  de  le  refaire,  quoique 
son  syndicalisme  ne  puisse  pas  ne  pas  conduire  au  socialisme  intégral. 
Bien  entendu,  il  est  hostile  aux  syndicats  Jaunes  et  aux  ouvriers  indé- 
pendants, dont  le  moins  qu'on  puisse  dire  c'est  qu'avec  ces  idées-là 
«  l'élite  de  la  classe  ouvrière  et  Tavanl-garde  des  travailleurs  organisés 
seraient  remplacés  par  les  pires  représentants  de  l'armée  permanente 
des  sans- travail  »  et  que  «  la  situation  de  la  classe  ouvrière  subirait 
bientôt  un  recul  épouvantable  »  (p.  297).  J'ai  bien  trouvé  une  fois  le 
mot  «  droit  naturel  »  ;  mais  ce  n'était  pas  de  morale  naturelle  qu'il 
s'agissait,  c'était  un  droit  au  sens  de  revendication,  et  revendi- 
cation du  droit  de  vivre,  que  personne,  je  pense,  n'a  envie  de  con- 
tester (p.  3) 

19.  —  Comme  thèse  de  doctorat,  M.  Marcel  Braibant  a  fait  un  livre 
intéressant  :  Le  Socialisme  et  l'activité  économique,  «  étude  sur  les 
mobiles  de  l'activité  économique  individuelle  dans  les  diverses  con- 
ceptions socialistes.  «  M.  Deschanel  y  a  mis  une  Préface  élogieuse. 
L'ouv.age  comprend  deux  parties  distinctes,  le  Communisme  et  le 
Collectivisme.  Toutefois,  au  moins  sous  l'angle  que  l'auteur  veut  obser- 
ver, la  démarcation  n'est  pas  assez  tranchée  entre  ces  deux  grands 
types  de  socialisme  :  car  le  collectivisme,  en  détruisant  la  fami  le,  le 
mariage,  l'éducation  des  enfants,  etc.,  paralyserait  tout  autant  les 


—  41  — 

ressorts  de  l'activité  économique.  Dominerait-il  par  la  contrainte, 
tandis  que  le  communisme  s'adresserait  au  sens  de  l'intérêt  social,  à 
l'honneur  et  au  souci  de  l'opinion  publique,  voire  même  tout  sim- 
plement au  besoin  psychologique  d'activité?  Sudre,  ii  y  a  plus  de 
soixante  ans  déjà,  avait  soulevé  tous  ces  problèmes,  quoique  le  mot 
collectivisme  et  même  la  doctrine  collectiviste  manquassent  alors  : 
pourquoi  M.  Braibant  ne  l'a-t-il  pas  au  moins  cité?  Puis  les  conclu- 
sions, ici,  s'arrêtent  à  mi-chemin.  M.  Braibant  nous  apprend  lui- 
même  qu'il  avait  commencé  sa  thèse,  «  prévenu  très  favorablement 
en  faveur  de  la  conception  économique  du  socialisme  »  (p.  14).  Il 
s'en  est  bien  ramené  par  la  seule  impartialité  de  ses  observations, 
«  en  s'éloignant,  dit-il,  de  la  plus  généreuse  des  idées  sociales  «  (p.  15)  : 
mais  sa  logique  n'a  pas  poussé  plus  avant;  il  n'a  pas  su  comprendre 
qu'une  institution  qui  est  éminemment  utile  au  développement  de 
l'humanité  et  qui  est  même  pour  elle  de  nécessité  de  moyen,  je  veux 
dire  la  propriété,  est  par  là  même  conforme  à  la  nature  de  cette 
humanité  et  qu'elle  est  par  conséquent  de  droit  naturel.  Eh  bien 
non!  Admirateur  du  Discours  sur  V inégalité  des  conditions,  de  J.-J. 
Rousseau,  qu'il  appelle  «  une  explication  historique  de  la  plus  haute 
valeur  »  (p.  213),  M.  Braibant  répète  à  satiété  que  la  propriété  n'est 
qu'une  «  institution  de  droit  positif,  non  de  droit  naturel  »  (p.  212, 
214,  etc.),  et  qu'il  faut  en  refaire  la  théorie,  en  partant  du  point  de 
vue  purement  pratique,  exclusivement  utilitaire  (p.  211).  Bien  plus, 
y  a-t-il  un  droit  naturel,  aux;  yeux  de  M.  Braibant?  Probablement 
non,  puisqu'il  n'en  dit  rien,  tout  au  contraire.  Alors  la  propriété  et  la 
société  ne  reposeront  plus  que  sur  la  poigne  du  gendarme,  et  pour 
aussi  longtemps  seulement  que  ceux  qui  voudront  du  gendaime 
seront  plus  nombreux  ou  plus  forts  que  ceux  qui  n'en  voudront 
pa  ■.  Le  gendarme  cesse  ainsi  d'être  un  auxiliaire  nécessaire  il  de- 
vient à  lui  tout  seul  un  principe  et  le  droit  tout  entier.  Mais  c'est 
bien  cela  qu'on  enseigne  dans  les  Facultés  de  droit  de  l'État,  et  nous 
ne  pouvons  pas  reprocher  à  M.  Braibant  de  ne  pas  y  avoir  appris 
autre  chose.  Il  avait  bonne  mémoire. 

20.  —  Le  Dictionnaire  du  socialisme,  de  M.  Charles  Vérecque,  n'a 
pas  sans  doute,  au  point  de  vue  des  doctrines,  l'intérêt  ou  la  valeur 
du  Handbuch  des  Socialismus  de  Stegman  et  Hugo.  La  partie  biogra- 
phique et  bibliograpljique  est  seule  complète  et  encore  seulement  au 
point  de  vue  français.  Mais,  envisagé  ainsi,  ce  dictionnaire  est  très 
précieux  par  les  renseignements  qu'il  donne  sur  une  foule  de  petites 
notabilités  vivantes  et  disparues,  personnages  de  la  Commune, 
journalistes,  députés,  etc.,  y  compris  l'auteur  en  personne.  Cepen- 
dant M.  Vérecque  a  eu  la  délicatesse  de  ne  pas  y  mettre  —  ou  pas  y 
compromettre    —   M.    Briand.    MM.  Viviani   et    Millerand  sont  à 


peine  nommés  et  très  imparfaitement  biographies.  Pour  la  facilité 
des  recherches  alphabétiques,  je  regrette  l'iatercalation  d'un  im- 
mense article  sur  le  «  Parti  ouvrier  français  »  qui  tient  plus  de  cent 
pages  (p.  282-384),  c'est-à-dire,  à  lui  tout  seul,  le  quart  du  volume. 
Quant  aux  opinions  socialistes,  assurément  M.  Vérecque  les  a;  il 
soutient  néanmoins  que  le  socialisme,  même  collectiviste,  ne  supprime 
pas  l'hérédité,  puisqu'il  se  borne  à  supprimer  la  propriété  des  biens 
que  l'héritier  aurait  prétendu  recueilhr  !  !  !  (p.  204).  Sur  le  syndicat, 
se  posant  contre  la  Confédération  générale  du  travail,  il  professe 
que  le  syndicat  ne  peut  ni  ne  doit  avoir  pour  but  que  «  d'arracher  au 
patronat  de  meilleures  conditions  de  vie  et  de  travail,  par  la  lutte 
collective,  «  alors  que  la  Confédération  générale  du  travail  a  le  tort 
de  vouloir  supprimer  le  salariat  et  le  patronat  (p.  470-471).  M.  Vérec- 
que donne  donc  la  main  à  M.  Olphe-Galhard,  que  nous  analysions 
plus  haut,  et  voilà  ce  dernier  indirectement  jugé.         J.  Rambaud. 


HISTOIRE   COLONIALE   ET   COLONISATIOiN 

1.  Colonies  portugaises.  Les  Organismes  politiques  indigènes,  par  A.-L.  de  Al- 
MADA  Negrei'ros.  Paris,  Challamel,  s.  d.,  in-12  de  320  p.,  5  fr.—  2.  Politique  musul- 
mane de  la  Hollande,  par  C.  Snouck  Hurgronje.  Paris,  Leroux,  1911,  in-8  de  133 
p.  avec  planches  et  vignettes,  4  fr.  —  3.  Manjland  under  the  Commonwealth 
a  chronicle  of  the  years  1649-1658,  by  Berîïard  C.  Steiner.  Baltimore,  the  .Johns 
Hopkins  Press,  1911,  in-8  de  178  p.  —  4.  U Exotisme  américain  dans  la  littérature 
-française  au  xvi*  siècle,  d'après  Rabelais,  Ronsard,  Montaigne,  et\,  par  Gilbert 
Chinard,  Paris,  Hachette,  1911,  in-16  de  xvii-247  p.,  3  fr.  50.  —  5.  Les  Ques- 
tions actuelles  de  politique  étrangère  dans  r  Amérique  du  nord,  par  A.  Siegfried, 
P.  de  Rousiers,  de  Périgw,  Firmin  Roz,  a.  Tardieu.  Paris,  Alcan,  1911. 
in-16  de  xviii-242  p.,  avec  5  cartes  hors  texte,  3  fr.  50.  —  6.  Autobiographie  de 
Henry  M. 'Stanley,  publiée  par  sa  femme  Dorothy  Stanley;  trad.  p  ir  Georges 
Feuilloy.  Paris,  Pion- Nourrit,  1911,  2  vol.  in-16  de  xii-301  et  415  p.,  avec  trois 
portraits  et  une  carte,  7  f  r. —  7.  Documents  diplomatiques  pour  servir  à  Vétude  de  la 
question  marocaine,  par  E.  Rouard  de  Gard.  Paris,  Pedone;  Gamber,  1911,  in-8 
de  159  p.,  avec  2  cartes,  5  fr.  — 8.  Situation  économique  du  Maroc,  1908-1909, 
par  Gh.  René-Leclerc.  Oran,  imp.  Fouque,  1910,  in-8  de  238-15  p.  —  9.  La 
Pacification  de  la  Mauritanie,  par  le  colonel  Gouraud.  Paris,  Gomitéde  l'Afrique 
française,  1911,  in-8  de  287  p.,  avec  carte,  plans,  croquis  et  gravures.  —  10. 
L'Afrique  équatoriale  française,  par  Maurice  Rondet-Saint.  Paris,  Plon-Nourrit, 
1911,  in-16  de  iv-313  p.,  avec  carte,  3  fr.  50.  —  11.  L'Éducation  sociale  des  rares 
noires,  par  P.  Roeckel.  Paris,'iGiard  et  Brière,  1911,  in-18  de  296[p.,  3  fr.  50. 

1.  —  L'ouvrage  que  M.  A.-L.  de  Almada  Negreiros  a  consacré  en 
1910  aux  Organismes  politiques  indigènes  des  'colonies  portugaises 
relève  doublement  de  la  rubrique  «  Histoire  coloniale  et  Colonisa- 
tion. »  11  se  divise  en  effet  en  deux  parties,  dont  la  première  est  pure- 
ment historique  et  indique  avec  de  nombreux  détails  quel  fut,  au 
point  de  vue  du  statut  des  indigènes,  le  régime  administratif  des 
colonies  portugaises,  depuis  le  moment  où  le  Portugal  a  eu  des  pos- 
sessions d'outre-mer,  depuis  le  temps  de  l'infant  Don  Henri  le  Naviga- 


—  43  - 

teur,  l'Illustre,  jusqu'à  l'époque  contemporaine,  —  dont  la  seconde 
est  consacrée  à  l'étude,  dans  ces  mêmes  colonies,  des  organismes 
indigènes  administratifs  et  politiques  actuels.  Nous  aimerions  insister 
avec  tout  le  développement  convenable  sur  chacune  des  deux  parties, 
si  pleines  de  faits,  de  ce  livre  sur  les  Organismes  politiques  indigènes; 
nous  aimerions  aussi  en  dégager  de  multiples  enseignements;  bornons- 
nous  à  dire,  puisqu'il  nous  faut  passer  rapidement,  que  l'historique 
fait  par  l'auteur  abonde  en  renseignements  précieux  et  montre  quel 
respect  la  colonisation  portugaise  n'a  cessé  de  témoigner  pour  les 
organismes  politiques  indigènes  jusqu'au  moment  où  la  rafale  de 
l'assimilation  outrancière  du  xviii^  siècle  faillit  emporter  avec  nom- 
bre d'autres  ces  curieuses  institutions.  De  ces  institutions  des  peuples 
conquis,  M.  de  Almada  Negreiros  a  étudié  avec  grand  soin,  dans  sa 
seconde  partie,  le  peu  qui  subsiste,  et  qui  est  appelé  à  disparaître 
plus  ou  moins  vite.  Dans  l'Angola,  dans  le  Mozambique,  dans  l'Inde 
portugaise,  à  Macao,  à  Timor,  il  a  relevé  de  très  curieux  us  et  cou- 
tumes, des  institutions  qu'il  a  bien  analysées  et  d'où  il  a  montré  le 
Portugal  éliminant  avec  raison  ce  qui  se  trouve  contraire  aux  lois 
humaines  naturelles.  Hommes  d'État,  jurisconsultes,  historiens  con- 
sulteront donc  avec  fruit  le  nouvel  ouvrage  de  M.  A.  L.  de  Almada 
Negreiros;  c'est  une  précieuse  contribution  à  l'étude  du  passé  et  du 
présent  de  l'empire  colonial  portugais. 

2.  —  Auprès  de  tous  les  islamisants,  le  D^  C.  Snouck  Hurgronje 
jouit  à  juste  titre  d'une  très  grande  autorité,  et,  lorsqu'il  parle  de  ces 
Indes  néerlandaises,  qu'il  connaît  si  bien,  tous  ceux  qui   s'occupent 
(îe   politique   coloniale    l'écoutent   de  la  manière  la  plus  attentive. 
Aussi  comprend-on  qu'il  convient  de  faire  silence  et  de  prêter  l'oreille 
quand  il  traite,  devant  l'Académie  des  administrateurs  pour  les  Indes 
néerlandaises,  de  la  Politique  musulmane  de  la  Hollande  et  définit  ce 
qu'elle  doit  être.  Voilà  précisément  pourquoi  M.  A.  Le  Châtelier  a 
traduit  les  conférences  consacrées  au  sujet  par  l'illustre  islamisant 
néerlandais,  et  leur  a  donné  place  dans  la  collection  de  la  «  Revue 
du  monde  musulman.  »  Comment  s'est  propagé  l'Islam,  en  particu- 
lier dans  l'archipel  des  Indes  orientales,  quels  sont  les  caractères 
du  système  de  l'Islam,  comment  ce  système  est  conciliable,  si  je  puis 
ainsi  parler,  avec  le  gouvernement  colonial  néerlandais,  enfin  quels 
doivent  être  les  rapports  des  Pays-Bas  avec  leurs  sujets  musulmans, 
voilà  les  questions  traitées  par  M.  Snouck  Hurgronje  dans  cette 
courte  série  de  conférences,  dont  l'idée  maîtresse,  nettement  formulée 
dans  la  dernière,  est  qu'il  convient  d'associer  la  société  indigène  à 
la  civilisation  européenne,  et  qu'une  telle  association,  vraiment  «  na- 
tionale »,  enlèvera  toute  sa  force  au  panislamisme.  C'est  une  politique 
que  nous  connaissons  bien,   une  «  politique  dé  collaboration  avec 


les  indigènes,  »  —  que  préconise  par  conséquent  le  D^  Snouck  Hur- 
gronje,  et  il  la  préconise  avec  une  force  d'argumentation  tout  à  fait 
remarquable,  dont  ne  manqueront  pas  d'être  impressionnés  les  lec- 
teurs de  ces  quatre  conférences.  Nous  en  recommandons  vivement 
la  lecture,  parce  qu'elle  leur  sera  très  profitable,  non  seulement  à 
ceux  qui  s'intéressent  aux  Indes  néerlandaises,  mais  aussi  à  tous  les 
administrateurs  français  de  l'Afrique  septentrionale  ou  occidentale 
qui  sont  en  contact  avec  des  populations  musulmanes. 

3.  : —  C'est  du  présent  que  s'occupe  M  Snouck- H urgronje;  c'est 
au  contraire  au  passé  que  nous  amène  un  récent  fascicule  des  excellen- 
tes «  Johns  Hopkins  University  Studies.  »  Bien  que,  depuis  plusieurs 
années,  cette  publication  ait  pris  un  caractère  bien  plutôt  écono- 
mique, il  est  possible  d'y  voir  encore  paraître,  de  temps  en  temps, 
d'excellentes  études  d'histoire  coloniale.  Tel  est  le  cas  pour  le  ré- 
cent travail  de  M.  Bernard  C.  Steiner,  intitulé  :  Marylanû  under  the 
Commonwealth.  Pas  n'est  besoin  de  rappeler  longuement  ici 
que  cet  historien  a  consacré  sa  vie  à  l'étude  du  passé  du  Maryland,  et 
que  nous  lui  devons,  sur  cet  Etat  de  la  Confédération  américaine, 
une  véritable  série  d'excellentes  monographies  qui,  disposées  les 
unes  à  la  suite  des  autres  dans  l'ordre  chronologique,  constituent  une 
précieuse  histoire  du  Maryland  au  xvii*^  siècle;  tout  récemment,  cette 
série  s'est  enrichie  du  nouveau  volume  dont  nous  avons  plus  haut 
transcrit  le  titre;  l'historien  des  débuts  de  la  colonisation  anglaise  au 
Maryland,  du  Maryland  à  l'époque  révolutionnaire,  de  Robert  Eden, 
etc.,  y  raconte  ce  qui  s'est  passé  dans  le  même  pays  durant  l'époque 
républicaine,  de  1649  à  1658.  Comme  précédemment,  M.  Steiner  are- 
couru  à  une  forme  un  peu  surannée  et,  groupant  méthodiquement  dans 
l'ordre  chronologique  tous  les  faits  que  lui  fournissait  l'étude  dea 
archives  du  Maryland,  des  papiers  Calvert,  etc.,  a  rédigé  une 
chronique  détaillée  du  Maryland  au  cours  des  dix  années  dont  nous 
venons  d'indiquer  les  dates  extrêmes.  Ainsi  se  trouve  constituée, 
avec  différentes  publications  antérieures,  une  précieuse  histoire  du 
Maryland  depuis  1631,  histoire  d'une  conscience  et  d'une  documen- 
tation remarquables  dont  nous  attendons  la  suite  avec  la  plus 
grande  impatience. 

4. —  Aux  études  d'histoire  coloniale  se  rattachent  celles  qui  mon- 
trent comment  les  questions  coloniales  ont  été  appréciées,  à  une  épo- 
que déterminée,  par  le  public  du  temps;  c'est  là,  en  quelque  manière, 
une  science  auxiliaire  de  l'histoire  coloniale  qui  présente  un  très  vif 
intérêt  et  qui  éclaire  d'une  vive  lumière  l'histoire  proprement  dite. 
En  veut-on  un  exemple?  Le  récent  et  curieux  ouvrage  de  M.  Gilbert 
Chinard,  maître  de  conférences  à  Brown  University,  sur  l'Exotisme 
américain  dans  la  littérature  française  au  xvi"  siècle,  d'après  Rabelais, 


—  45  — 

Ronsard,  Montaigne,  etc.,  est  là  pour  le  fournir;  reprenant  sans  le 
savoir,  —  puisqu'il  ne  le  cite  nulle  part,  —  le  travail  naguère  es- 
quissé par  M.  Léon  Deschamps  dans  un  chapitre  de  son  Histoire  de 
la  question  coloniale  en  France,  et  le  restreignant  au  Nouveau 
Monde,  M.  Chinard  a  voulu  rechercher  quelle  influence  la  décou- 
verte de  l'Amérique  a  exercée,  en  France,  sur  les  imaginations  des 
contemporains,  et  il  est  arrivé,  par  ses  lectures  et  ses  recherches  qui  lui 
ont  permis  de  tirer  parti  de  quelques  ouvrages,  encore  totalement 
oubliés —  la  Sphère  des  Deux  Mondes  de  Darinel,  par  exemple,  —  à 
recueillir  à  ce  propos  des  renseignements  très  intéressants,  ainsi  qu'à 
faire  de  curieuses  constatations  :  dès  l'origine,  déclare-t-il,  la  litté- 
rature américariste  a  eu  pour  caractéristique  principale  d'être  une 
littérature  exclusivement  intéressée,  dont  l'influence  s'exerce,  dès 
le  xvi^  siècle,  sur  les  conceptions  morales,  religieuses  et  politiques  des 
contemporains.  —  Quelque  soin,  quelque  conscience  que  M.  Chinard 
ait  apportés  à  la  rédaction  de  son  ouvrage,  il  n'a  pas  tout  connu; 
il  n'est  pas  au  courant  de  travaux  récents  qui  lui  auraient  permis  de 
renforcer  et  de  préciser  ses  conclusions.  Ce  n'est  pas  ici,  faute  de 
place,  que  nous  pouvons  en  faire  la  preuve;  aussi  comptons-nous  y 
revenir  ailleurs,  et  pour  deux  raisons  :  pour  faciliter  à  l'auteur,  s'il 
est  possible,  la  suite  de  sa  tâche,  puisqu'il  compte  montrer  dans  un 
autre  volume  que  l'influence  de  la  littérature  américaniste  n'a  cessé 
de  grandir  en  France  jusqu'au  romantisme,  • —  puis  parce  que  l'Exo- 
tisme américain  en  vaut  la  peine,  et  est  un  ouvrage  d'un  intérêt, 
d'une  utilité,  et,  parfois  aussi,  d'une  nouveauté  incontestables. 

5.  —  Nous  sommes  en  droit  de  parler  ici  du  volume  publié  dans  la 
«  Bibliothèque  d'histoire  contemporaine  »  sur  les  Questions  actuelles 
de  politique  étrangère  dans  l'Amérique  du  nord,  car  plusieurs  des  sujets 
qui  y  sont  traités  sont  éminemment  coloniaux,  tout  au  moins  par 
certains  côtés.  Sans  doute,  les  études  de  M.  Firmin  Roz  sur  la  crise 
des  partis  aux  Etats-Unis  et  du  comte  de  Périgny  sur  le  développe- 
ment économique  du  Mexique  n'ont  rien  de  colonial,  mais  la  doctrine 
de  Monroë  n'a-t-elle  pas  fini  par  subir  d^  telles  modifications  et  ex- 
tensions que  les  Yankees  s'appuient  sur  elle  pour  étendre  leur  in- 
fluence non  seulement  sur  d'autres  parties  du  Nouveau  Monde,  mais 
même  sur  les  Hawaï  et  les  Philippines  ?  Et  la  zone  du  canal  de  Pa- 
nama n'est-elle  pas  une  véritable  «  possession  «  des  États-Unis  dans 
l'Amérique  centrale?  Personne  enfin  ne  contestera  le  caractère  colo- 
nial d'un  travail  sur  le  Canada  et  l'impérialisme  britannique...  Voilà 
donc,  sur  les  cinq  chapitres  du  volume,  trois  chapitres  considérables, 
traités  par  MM.  André  Tardieu,  Paul  de  Rousiers  et  André  Sieg- 
fried, qui  envisagent  les  questions  coloniales  au  sens  le  plus  large  du 
mot...  Ils  le  font  de  la  manière  la  plus  simple  et  la  plus  claire,  er 


—  46  —   • 

même  temps  que  de  façon  très  vivante,  car  chacun  de  ces  chapitres 
a  débuté  par  être  une  conférence  prononcée  au  cours  de  l'hiver  de 
1911,  à  l'École  des  sciences  politiques,  par  un  des  orateurs  que  nous 
venons  de  nommer.  Publiées,  aussitôt  après  avoir  été  parlées,  dans 
France- Amérique,  ces  conférences  ont  ensuite  été  revues  par  leurs 
auteurs,  remises  au  point,  complétées  ou  développées  s'il  y  avait 
lieu;  leur  ensemble  constitue,  comme  l'ont  fait  précédemment  les 
conférences  relatives  à  l'Europe  et  à  l'Asie,  organisées  par  la  Société 
des  anciens  élèves  et  élèves  de  l'École  libre  des  sciences  politiques, 
un  précieux  exposé  des  questions  essentielles  qui  se  posent  aujour- 
d'hui dans  le  Nord-Amérique;  on  le  consultera  avec  fruit,  au  triple 
point  de  vue  politique,  économique  et  colonial. 

6.  —  Pour  passer  du  Nouveau  Monde  au  Continent  noir,  il  n'est 
pas  de  meilleure  transition  que  V Autobiographie  de  Henry  M.  Stanley. 
Cet  intéressant  et  attrayant  ouvrage  constitue  un  véritable  docu- 
ment pour  l'histoire  de  la  colonisation  contemporaine.  N'y  est-il  pas 
question,  dans  le  premier  volume  même,  après  le  récit  de  ces  premières 
années  dont  tous  les  journaux  ont  donné  un  résumé  plus  ou  moins 
développé,  —  n'y  est-il  pas  question  du  conflit  esclavagiste  aux 
États-Unis  et  de  la  guerre  de  Sécession,  c'est-à-dire  de  questions  colo- 
niales au  premier  chef?  Mais  c'est  surtout  dans  le  second  volume, 
construit  de  manière  très  habile  et  très  attrayante  par  la  veuve  du 
grand  explorateur  d'après  les  notes,  les  journaux  et  les  lettres  de 
Stanley  lui-même,  que  l'historien  de  la  colonisation  trouvera  des 
pages,  des  chapitres  ou,  mieux  encore,  des  séries  de  chapitres  dont  il 
devra  tirer  parti.  Sur  la  fondation  de  l'État  indépendant  du  Congo, 
sur  l'expédition  au  secours  d'Emir  Pacha,  sur  une  foule  d'autres 
sujets  de  non  moindre  importance,  l'ouvrage  abonde  en  renseigne- 
ments du  plus  haut  prix,  et  qui  contribuent  parfois  à  éclairer  d'un 
jour  très  vif  certains  événements.  C'est  le  cas.  par  exemple,  pour  une 
conversation  avec  Gladstone  rapportée  aux  pages  251-254  du  tome  II, 
et  aussi  pour  l'entrevue  de  Stanley  avec  le  président  Kruger  au  cours 
de  ce  voyage  dans  l'Afrique  du  sud  que,  une  fois  devenu  membre  du 
Parlement,  le  vaillant  explorateur  exécuta  à  la  fin  de  1897  (ch.  XIII 
du  même  volume).  Parfois,  par  contre,  en  particulier  sur  les  rapports 
avec  Emin,  nous  souhaiterions  plus  de  lumière  encore;  mais  nous 
comprenons  fort  bien  que  M"^^  Dorothy  Stanley  se  soit  trouvée  amenée, 
dans  certains  cas,  à  n'utiliser  qu'avec  la  plus  grande  réserve  les  notes 
de  son  mari.  Que  de  documents  intéressants  et  inédits  doivent  encore 
s'y  trouver  contenus,  à  en  juger  par  certaines  pages,  inconnues  jus- 
qu'ici, relatives  à  Livingstone,  par  exemple  !  Souhaitons  qu'un  jour 
ou  l'autre  M^^^  Stanley  se  décide  à  en  extraire  un  certain  nombre  :  les 
historiens  de  la  colonisation  comme  ceux  de  la  géographie,  trouveront 


sans  doute  beaucoup  à  y  prendre.  L'ouvrage,  illustré  de  trois  portraits 
de  Stanley  et  accompagné  d'une  carte,  a  été  en  général  bien  traduit 
par  M.  Georges  Feuilloy,  encore  que,  parfois,  avec  une  certaine  négli- 
gence, nous  y  avons  relevé  la  déplorable  expression  «  me  causer  »  pour 
«  me  parler  »  (t.  1,  p.  139;  II,  p.  317),  le  mot  «  supporter  »  dans  le 
sens  d'«  admettre  »  (II,  p.  253),  etc..  Ce  sont  là  des  vétilles  que,  dans 
un  autre  ouvrage,  nous  ne  relèverions  pas;  mais  la  traduction  de 
l'Autobiographie  de  Henry  M.  Stanley  devrait  être  absolument  irré- 
prochable. 

7.  —  Les  récentes  conventions  relatives  au  Maroc  en  faisant  un 
pays  soumis  à  notre  protectorat,  il  est  permis  de  considérer  comme  rele- 
vant de  l'histoire  coloniale  les  livres  qui  montrent  les  étapes  par  les- 
quelles, peu  à  peu,  le  Maghreb  el  Aksa  en  est  arrivé  au  point  où  nous 
le  voyons  aujoiu-d'hui.  Tel  est  le  cas  des  Documents  diplomatiques 
pour  servir  à  l'étude  de  la  question  marocaine  que  vient  de  réunir  en 
volume  M.  E.  Rouard  de  Gard,  à  qui  nous  sommes  déjà  redevables  de 
plusieurs  études  ou  brochures  sur  le  Maroc.  On  y  trouvera  les  textes 
essentiels  signés  conjointement  par  la  France  et  par  le  Maroc  depuis 
1844,  celui  des  accords  conclus  entre  la  France  et  différents  États  au 
sujet  du  même  pays,  enfin  celui  des  conventions  internationales  de 
Madrid  en  1880  et  d'Algésiras  en  1906.  Ainsi  se  trouve  constitué  un 
recueil  très  commode  à  consulter,  qui  rendra  de  réels  services,  mais 
qui  n'est  déjà  plus  exact,  par  suite  de  la  publication  de  conventions 
secrètes  au  sujet  desquelles  le  public  en  était,  il  y  a  peu  de  temps 
encore,  uniquement  réduit  à  des  conjecturées.  Pourquoi,  pour  tenir 
son  recueil  au  courant,  M.  Rouard  de  Gard  ne  publierait-il  pas  un  mince 
fascicule  complémentaire,  rectifiant  et  complétant  son  texte,  là 
où  il  est  nécessaire?  Ge  serait  le  meilleur  moyen  de  maintenir  à  ces 
Documents  tout  leur  intérêt,  et  d'en  faire  ce  qu'a  voulu  leur  auteur, 
le  recueil  auquel  recourront  tous  ceux  qui  voudront  étudier  les  vicis- 
situdes et  les  données  actuelles  de  la  question  marocaine. 

8.  —  Nous  n'hésitons  pas,  encore  qu'on  puisse  nous  en  blâmer,  à 
classer  parmi  les  ouvrages  ayant  trait  à  la  colonisation,  celui  que 
M.  Gh.  René-Leclerc,  délégué  général  du  «  Gomité  du  Maroc  »  à  Tan- 
ger, a  publié  en  1910  à  Oran  sous  ce  titre  très  modeste  :  Situation 
économique  du  Maroc,  1908-1909.  On  y  trouve  en  effet,  à  côté  d'ana- 
lyses très  minutieuses  du  commerce  général  du  pays,  des  importa- 
tions et  des  exportations,  de  la  situation  économique  de  la  contrée 
entre  le  l^r  janvier  1908  et  le  1"  janvier  1909,  à  côté  aussi  des 
statistiques  du  mouvement  commercial  et  maritime  du  Maroc  pour 
le  même  laps  de  temps  d'après  les  statistiques  du  Gomité  de  sdouanes, 
—  on  y  trouve  deux  chapitres  d'une  importance  extrême  pour  l'ac- 
tion européenne  dans  les  différentes  parties  du  Maghreb    el  Aksa. 


-  48  — 

Voici  d'abord  le  chapitre  V,  consacre  à  des  «  études  et  monographies 
diverses,  »  où,  entre  des  notices  sur  le  sel,  l'agriculture,  la  culture  des 
céréales,  l'élevage  du  mouton  au  Maroc,  nous  relevons  quelques 
pages  intéressantes  sur  «l'agriculture  possible  dans  la  Chaouia  » 
(p.  162-164),  une  précieuse  contribution  à  ce  que  nous  appellerons 
les  «  possibilités  économiques  et  coloniales  »  du  Maroc.  Et  que  dire 
du  chap.  VI,  consacré  tout  entier  aux  «  moyens  de  développer  la 
situation  économique  et  commerciale  de  la  France  au  Maroc  »  (p.  197- 
221)?  Que  dire  du  chapitre  VU,  où,  en  manière  de  conclusion,  M.  René 
Leclerc,  avec  sa  grande  compétence,  s'attache  à  déterminer  le  pro- 
gramme que  peuvent,  que  doivent  suivre,  pour  favoriser  l'expansion 
économique  française  dans  la  <y:!ntrée,  et  l'intervention  officielle,  et 
l'initiative  privée?  Tout  cela,  c'est  d^^la  colonisation  au  premier  chef 
—  Voilà  pourquoi  nous  signalons  ici  ce  nouveau  volume  de  M.  Ch. 
René-Leclerc  ;  il  est,  comme  ceux  qui  l'ont  précédé,  très  clair,  très 
précis,  très  pondéré  ;  c'est  un  répertoire  de  faits  des  plus  précieux, 
et  en  même  temps,  sans  le  vouloir,  un  plaidoyer  singulièrement  élo- 
quent en  faveur  de  l'action  française  au  Maroc.  Pour  se  rendre  un 
compte  exact  de  la  solidité  des  prétentions  allemandes,  il  convient 
aussi  de  le  lire  soigneusement  et  d'en  peser  tous  les  termes;  tandis 
que,  durant  les  12  mois  de  l'année  1908,  le  commerce  français  crois- 
sait de  16.350.000  francs  par  rapport  aux  chiffres  de  Tannée  1907,  et 
le  commerce  anglais  de  près  de  16.120.000  francs,  le  commerce  alle- 
mand croissait  à  peine  de  864.000  francs,  arrivant,  avec  ses  10.847.000 
francs  au  total,  bon  troisième,  et  bien  loin  derrière  l'Angleterre,  dont 
le  chiffre  d'affaires  était  de  41.547.000  francs,  plus  loin  encore  de  la 
France,  dont  le  commerce  avec  le  Maroc  atteignait  la  somme  de"* 
51.237.000  francs! 

9.  —  Au  sud  du  Maghreb  el  Aksa,  par-delà  le  Sahara  nord-occi- 
dental, se  développe,  au  nord  du  Sénégal,  la  Mauritanie,  rattachée  à 
notre  empire  de  l'Afrique  occidentale,  grâce  aux  efforts  du  regretté 
Coppolani.  Ce  pays  est  demeuré  pendant  longtemps  turbulent,  insou- 
mis en  fait,  sans  cesse  en  état  de  demi-révolte  à  l'égard  des  adminis- 
trateurs envoyés  de  Dakar  pour  y  asseoir  définitivement  notre  auto- 
rité. Il  n'en  est  plus  de  même  aujourd'hui,  grâce  à  l'œuvre  de  pacifi- 
cation menée  à  bien,  du  mois  de  décembre  1909,  par  le  colonel  Gou- 
raud.  Cette  œuvre,  les  membres  de  la  Société  de  géographie  en  ont 
connu  les  grandes  lignes  dès  le  13  juin  suivant,  grâce  à  l'exposé  que 
leur  en  fit  celui  même  qui  l'avait  accomplie;  mais  c'est  dans  le  Bul- 
letin du  Comité  de  l'Afrique  française  qu'il  faut  en  aller  chercher  les 
détails.  Vue  d'ensemble  et  exposé  détaillé  se  trouvent  maintenant,  par 
les  soins  du  «  Comité  de  l'Afrique  française  »,  réunis  dans  un  volume 
intitulé  la  Pacification  de  la  Mauritanie,  qu'illustrent  un  certain  nom- 


—  49  - 

bre  de  gravures,  ainsi  que  des  plans  et  des  croquis  dans  le  texte,  enfin 
une  carte  hors  texte;  ainsi  peut  être  facilement  suivi  le  journal  plein  de 
menus  faits,  de  renseignements  précis  et  d'indications  utiles,  soigneu- 
sement rédigé  par  le  colonel  Gouraud,  journal  qui  est,  au  point  de 
vue  colonial,  un  véritable  document,  au  sens  le  meilleur  du  mot. 

10.  —  Voici  notre  pauvre  Afrique  équatoriale,  de  par  la  volonté 
des  Allemands,  bien  mutilée  et  coupée  en  deux  tronçons;  ainsi  se 
trouve  achetée,  non  pas  tT'op  chèrement  peut-être,  mais  en  tout  cas 
à  très  cher  prix,  l'extension  de  l'influence  française  sur  la  majeure 
partie  du  Maroc,  des  rives  de  la  Petite  Syrte  à  celles  de  l'Atlantique  ! 
On  s'en  convaincra  très  vite  en  lisant  le  tout  récent  ouvrage  consacré 
par  M.  Maurice  Rondet-Sairt,  l'auteur  de  la  Grande  Boude,  à  l'Afrique 
équatoriale  française.  11  ne  s'agit  point  là  d'un  livre  de  géographie  pure 
ni  d'études  scientifiques  désintéressées,  mais  d'un  livre  de  géographie 
économique  et  positive,  d'un  livre  de  réalisations,  dirais-je  volontiers. 
C'est,  en  effet,  avec  l'idée  de  voir  et  d'apprendre,  de  recueillir  des 
observations  précises  sur  le  présent  et  l'avenir  de  la  contrée  que 
M.  Rondet-Saint  a  parcouru  notre  chère  Afrique  équatoriale  depuis 
les  rivages  de  l'Atlantique  jusqu'à  l'Oubangui,  remontant  l'Ogôoué 
jusqu'à  N'Djolé,  la  Sangha  jusqu'à  Ouesso,  l'Oubangui  jusqu'à 
Bangui,  visitant  le  massif  du  Haut-Djoué,  promenant  partout  sa 
curiosité  très  informée  et  très  éveillée.  Le  résultat  de  cette  curiosité 
c'est  l'Afrique  équatoriale  française,  où  l'auteur  affirme  que  la  colonie 
tout  récemment  visitée  par  lui  est,  «  dès  aujourd'hui,  un  pays 
d'une  colossale  richesse  visible;  elle  figurera,  avant  un  quart  de  siècle, 
parmi  les  plus  belles  et  les  plus  riches  possessions  de  la  République 
française.  »  Certes,  M.  Rondet-Saint  formule  à  juste  titre,  au  cours  de 
son  travail,  bien  des  réserves  justifiées;  mais  la  conclusion  énoncée 
par  lui  dans  les  dernières  lignes  de  son  livre  n'en  est  pas  moins  à 
retenir.  Elle  ravivera  chez  beaucoup  des  lecteurs,  à  qui  l'auteur  per- 
met de  bien  comprendre  l'esprit  de  suite  des  Allemands  (p.  57  et  72, 
par  exemple),  l'amer  regret  que  cause  à  tout  bon  Français  l'abandon 
aux  avidités  germaniques  d'une  bonne  partie  de  notre  Congo. 

11.  —  Des  études  de  détail  sur  telle  ou  telle  partie  de  l'Afrique, 
élevons-nous  à  des  vues  d'ensemble  en  même  temps  qu'à  ces  problèmes 
d'ordre  général  sur  lesquels  ne  cessent  de  réfléchir  et  de  méditer 
les  administrateurs  les  plus  perspicaces  et  les  plus  expérimentés.  De 
semblables  questions,  il  en  est  peu  —  si  même  il  en  est  —  de  plus  im- 
portantes que  celle  de  l'éducation  sociale  des  indigènes;  depuis  le 
moment  surtout  où  aux  politiques  successives  que  Von  pourrait  appe- 
ler «  de  domination  »  et  «  d'assimilation  »  est  venue  se  substituer  la 
politique  de  «  collaboration  »,  il  a  fallu  en  définir  les  différents  points 
et  en  déterminer  les  grandes  lignes;  un  mot  est  bien  vite  dit,  en  effet, 
Janvier  1912.  .  T.  CXXIV.  4. 


—  50  — 

mais  ne  suffit  pas  et,  derrière  une  étiquette,  il  doit  y  avoir  tout  un 
programme,  et,  pour  appliquer  ce  programme,  des  hommes  d'initia- 
tive, doués  à  la  fois  d'intelligence,  d'énergie  et  de  bonté.  M.  le  lieu- 
tenant d'infanterie  coloniale  P.  Roeckel  doit  être  un  de  ces  hommes, 
sans  lesquels  la  politique  de  collaboration  ne  serait  qu'un  vain  mot; 
il  suffit  de  lire  le  petit  volume  qu'il  vient  de  publier  sur  l'Éducation 
sociale  des  races  noires  pour  s'en  convaincre.  Cette  éducation,  déclare 
très  justement  l'auteur,  est  «  possible,  mais  à  la  condition  que  tous  les 
Européens   qui  vont  en  Afrique  se  conduisent  en   éducateurs  »,   ce 
que,  hélas  !  ils  ne  font  pas.  Elle  est  possible,  et  la  meilleure  preuve 
qu'on  en  puisse    donner,  c'est   le  tirailleur    sénégalais,  qui  une  fois 
soumis,  entre    les  mains    des  blancs,  à  une  éducation  forte  s'adres- 
sant     spécialement    à    sa    volonté,    devient    tout    différent    de    ce 
qu'il  était  auparavant,  et  même,  une  fois  rentré  dans  son  foyer,  dans 
l'atmosphère  d'indolence  dans  laquelle  il  a  été   élevé,  garde  une  par- 
tie de  son  ancienne  énergie.  Elle  est   possible,  et,  ajoute  le  lieutenant 
Rœckel,    elle  est    pour   nous    une  nécessité.  Il    faut  donc   agir    en 
conséquence,  et,  pour  ce  faire,  donner  aux  coloniaux  l'éducation  qui 
leur  convient  à  eux-mêmes;  ainsi  l'auteur,  après  avoir  étudié  dans 
une  première  partie  la  psychologie  des  races  noires  et  constaté  dans 
une  seconde  la  pauvreté  des  résultats  obtenus  jusqu'ici,  se  trouve 
amené   à  tracer  un   programme   très   intéressant   d'éducation   pour 
ceux-là  mêmes   qui  sont  destinés  à  éduquer  les  noirs,  c'est-à-dire, 
en  réalité,  pour  tous  les  coloniaux.  Chacun  en  effet,  M.  Roeckel  le 
montre  très  bien,  a  sa  tâche  particulière,  et  le  simple  colon,  et  le 
commerçant,  et  l'instituteur,  et  le  médecin,  et  l'administrateur,  et 
surtout  l'officier  dont  M.  Rœckel  voit  le  rôle  «  le  plus  beau.  «  Nul 
n'y  contredirait,  si  l'auteur  avait  pris  la  précaution  de  faire  préala- 
blement une  réserve,  et  de  mettre  à  part  le  missionnaire,  en  indi- 
quant pour  quelle  raison  il  n'en  parlait  pas;  mais  le  supprimer  par 
simple  prétérition,  c'est  vraiment  inexcusable  !  Tel  est  notre  gros 
grief  contre  le  livre  de  M.  Rœckel,  dont  nous  avons   grand    plaisir 
à  louer  par  ailleurs  les  idées  et  l'ordonnance.  Mais  il  convient  de  re- 
tenir que  l'Education  sociale  des  races  noires  est  un  ouvrage  trop 
précis  pour  pouvoir  être  mis  entre  toutes  les  mains,  et  il  faut  déplorer 
qvie  l'auteur  n'ait  pas  davantage  soigné  son  style;  à  cet  égard,  pour 
une  seconde  édition,  que  nous  souhaitons  proche,  —  tant  les  idées  du 
lieutenant  Rœckel   tous  semblent  bonnes,  ■ —  une  sérieuse  revision 
s'impose,  comme  aussi  au  point  de  vue  des  épreuves;  celles-ci,  en 
effet,  ont  été  très  mal  corrigées,  si  bien  que  certaines  phrases  sont 
inintelligibles,  celle  par  exemple  où  il  est  question  des  «  possibilités 
psychologiques  de  la  rue  »  (lisez  de  la  race)  à  la  page  260,  celle  où  il 
est  dit  (p.  277)  que   v  le  niveau  moral  des  Slaves  «   (lisez  des   Blancs) 
tendait  à  baisser  en  Afrique  par  suita  du  manque  de  contrôle. 

Henri  Froidevaux. 


—  51  — 

THÉOLOGIE     . 

Dietieanaire  de  tliéol»gic  catholif|ue,  publie  sons  la  direction 
de  l'abbé  Mangenot.  Fasc.  XXXII  {Dims  Scot-Élection),  coi.  1921  -2240.  — 
Fasc.  XXXlll  (Élection-Emser),  col.  2241-2500.—  Fasc.  XXXIV  {Enchantement - 
Époux),  col.  1-384.  —  Fasc.  XXXV  {Èpoux-Espru-Saitit),  col.  385-704.  Paris 
Letouzey  et  Ané,  1911,  4  fasc.  gr.  in-8.  —  Prix  de  chaque  fasc.  :  5  fr. 

Pendant  l'année  1911,  quatre  fascicules  du  Dictionnaire  de  théologie 
ont  paru,  formant  la  fin  du  tome  IV  et  le  commencement  du  tome  V; 
le  fascicule  XXXV  s'arrête  aux  premières  pages  de  l'article  Esprit- 
Saint. 

Le  P.  Dublanchy  donne  en  120  colonnes  une  remarquable  syn- 
thèse du  traité  de  l'Eglise;  le  P.  Salaville  développe  en  100  colonnes, 
à  propos  du  mot  Epiclase,  les  controverses  concernant  la  forme  du 
sacrement  de  l'Eucharistie;  le  P.  Richard  consacre  un  long  article 
à  la  question  de  VEnfer  considéré  d'après  les  textes  sacrés,  l'ensei- 
gnement dés  Pères  et  les  décisions  de  l'Éghse 

L'ordre  alphabétique  amenait  les  mots  Ecriture  sainte  et  le  mot 
Epiires,  qui  ont  fourni  à  M.  Mangenot  la  matière  de  deux  notices 
courtes  et  solides.  Deux  prêtres  de  Nancy  ont  parlé,  l'un,  M.  Bigot, 
de  Y Ecclésiaste  et  de  l'Ecclésiastique,  l'autre,  M.  Clamer,  d'Esdras 
et  Néhémie.  M.  Mangenot  s'est  réservé  la  rédaction  de  l'article  sur 
VEpitre  aiix  Ephésiens. 

Le  Concile  d'Elvire  est  traité  par  M.  Bareille;  le  P.  Salaville  con- 
sacre 100  colonnes  au  Conci/e  c^'iipAèse.  M.  Pareille,  spécialiste  en  fait 
d'hérésiologie,  s'occupe  des  Ebionites  et  de  quelques  autres  sectes 
de  moindre  importance. 

Les  questions  de  morale  sont  traitées  par  le  P.  /.ntoine,  le  P.  Des- 
brus, rédemptoriste,  le  P.  Dutilleul  (Esclavage,  en  60  colonnes),  le 
P.  Ortolan  (Embryologie  et  Emhryotomie),  l'abbé  Fonsagrives  (De- 
voirs des  Epoux).  M.  Valton  examine  avec  ampleur  les  Empêchements 
au  mariage  et  revient  sur  la  question  à  propos  du  mot  Erreur. 

Election  donne  lieu  à  quatre  articles  :  Election  divine  par  M.  l'abbé 
Michel,  qui  a  rédigé  également  l'article  Élus  (nombre  des);  —  l'Élec- 
tion en  tant  qvx'acte  humain,  par  le  P.  Gardeil;  —  l'Élection  des  évê- 
ques,  par  M.  l'abbé  Rolland;  —  l'Election  des  Papes  par  le  P.  Ortolan. 

M.  l'abbé  Bour  a  écrit  en  60  colonnes  un  excellent  résumé  de  ce 
qu'il  faut  savoir  sur  VEpigraphie  chrétienne. 

Des  notices  abondantes  comme  de  coutume  concernent  les  Char- 
treux (P.  Autore),   les   Jésuites   (P.  Brucker),  les  Dominicains  (p, 
Coulon),   les   Franciscains   (P.   Edouard   d'Alençon),  les   Orientaux 
(S.  B.  Mgr  Chebli,  patriarche  des  Maronites,  l'abbé  Nau,    les  Pères 
de  l'Assomption).  D'autres  sont  écrites  par  MM.  Clerval,  Constantin 
Forget,  Godet,  le  P.  Heurtebize,  bénédictin,  MM,  H.umbert,  Ingold' 


—    52  - 

Largent,  le  P.  Raymond,  capucin,  le  P.  Servais,  carme,  le  P.  de  la 
Sèrvière,  qui  se  cantonne  dans  l'histoire  du  protestantisme  anglais, 
M.  Vernet  et  le  P.  Verschaffel.  Je  ne  ferai  qu'une  réserve  à  propos  de 
l'article  Diipanloup  :  j'y  ai  trouvé  des  lacunes  qui  ont  bien  l'air  de 
réticences  intentionnelles  :  telle  n'est  pas  la  note  ordinaire  des  articles 
qui  paraissent  dans  le  Dictionnaire. 

M.  l'abbé  Logendrc  a  rédigé  une  longue  notice  du  plus  haut  intérêt 
sur  Y  Etat  religieux  de  l'Espagne.  Il  y  a  accumulé  les  indications  sta- 
tistiques les  plus  précieuses  et  en  dégage  des  conclusions  générales 
qui  honorent  l'auteur  et  la  publication  à  laquelle  i)  veut  bien  col- 
laborer. P.   PiSANI. 


Retour  n  la  sainte  Cgllse.  Expériences  et  croyances  d'un  converti, 
par  le  û^  Albert  von  Ku ville;  irad.  de  l'alleaiand  par  l'abbé  G.  Lapeyrb, 
avec  une  Inlroduclioa  de  Georges  Goyau.  Paris,  Beauchesne,  1910,  in-16 
de  XXX-2O0  p.  avec  portrait.  —  Prix:  2  fr.  50. 

Sans  pouvoir  escompter  peut-être  un  succès  égal  à  celui  qui  l'a 
accueilli  dans  les  pays  protestants  (la  traduction  présente  est  faite 
sur  le  texte  de  la  19-28*^  édition  allemande),  le  livre  de  M.  von 
Ruville  trouvera  chez  nous,  nous  le  pensons,  la  diffusion  qu'il  mérite. 
Document  de  psychologie  religieuse,  par  'le  récit  captivant  d'un 
«  retour  à  la  sainte  Église  >>  par  la  voie  de  l'étude,  mais  surtout  par  le 
sentiment  très  vif  de  quelques  vérités  rehgieuses  élémentaires,  et  par 
la  sincérité  absolue  —  document  historique,  par  ses  détails  de  pre- 
mière main  sur  la  vie  protestante,  l'individualisme  de  son  aristo- 
cratie pensante,  son  intellectualisme  orgueilleux  et  les  préjugés  qui 
l'obsèdent  —  synthèse  théologique  remarquable,  par  un  homme  qui 
du  premier  coup  s'établit  en  pleine  mentalité  catholique  (mais  fût-il 
entré  chez  nous,  s'il  n'avait  été  de  chez  nous,  comme  dit  l'Apôtre?), 
venge  l'Église  de  toutes  attaques,  uniquement  parce  qu'il  restitué  sa 
pensée  véritable  'et,  sans  voiler  des  taches  inévitables  en  son  corps  de 
chair,  révèle  partout  l'esprit  divin  qui  l'anime  et  qui  transparaît  à 
travers  ses  faiblesses,  —  cet  ouvrage  intéresse  au  plus  haut  point  la 
théologie,  l'histoire,  la  piété.  Dans  la  Préface,  M.  G.  Goyau  résume 
la  genèse  et  les  leçons  de  cette  conversion  avec  la  sympathie  et  la 
pénétration  que  lui  assurent  la  communauté  d'études  et  l'égale  viva- 
cité de  la  foi.  H.  Gisors. 

JURISPRUDENCE 

Cours  d*  droit  forestier,  par  Charles  Guyot.  T.  III,  fascicule  I", 
litre  VI.  Paris,  Laveur,  1911,  in-8  de  308  p.  —  Prix  :  5  fr. 

L'analyse  des  deux  premiers  volumes  de  ce  Cours  a  paru  en  mars 


—  53  — 

1908  (t.  CXII  du  Polybiblion  p.  223-224  et  en  septembre  1910  (t. 
GXIX,  p.  232-233).  Après  avoir  traité  du  droit  pénal,  puis  du  droit 
civil  en  matière  forestière  publique  et  privée,  l'auteu  raborde,  dans  la 
première  moitié  de  son  troisième  et  dernier  volume,  la  législation  des 
travaux  publics  appliquée  aux  travaux  et  attributions  confits  au  ser- 
vice forestier  pour  la  fixation  des  dunes  du  littoral  de  l'ouest,  pour  la 
restauration  et  reconstitution  des  terres  forestières  et  pastorales  en 
montagne,  et  enfin  quant  au  régime  des  eaux.  La  législation  de  la 
pêche,  de  la  chasse  et  de  la  destruction  des  animaux  nuisibles  fera 
l'objet  du  second  fascicule  en  préparation. 

Jusqu'à  la  mise  à  exécution  des  lois  de  1860,  1864  et  1882,  d'une 
part,  concernant  les  travaux  de  restauration  et  conservation  des  ter- 
rains en  montagne,  et,  d'autre  part,  du  décret  impérial  d'avril  1862 
transmettant  au  service  forestier  l'œuvre  de  la  fixation  des  dunes 
jusqu'alors  confiée  à  l'Administration  des  ponts  et  chaussées,  les 
agents  des  forêts  étaient  étrangers  aux  travaux  publics,  au  sens  légal 
de  ce  mot.  L'auteur  du  Cours  traite  donc  en  premier  lieu  de  la  légis- 
lation y  relative  que  les  agents  ont  désormais  à  appliquer. 

Cette  préliminaire  étude  faite,  M.  Ch.  Guyot  aborde,  dans  un  se- 
cond chapitre,  l'exposé  historique,  technique  et  juridique  des  travaux 
de  fixation  des  dunes  par  reboisement  et  les  questions  de  droit  de 
propriété  qui  s'y  rattachent,  sans  oublier  de  mentionner,  en  appen- 
dice, la  mise  en  valeur  par  le  même  procédé  des  800.000  hectares  des 
landes,  cette  sorte  de  prolongement  des  dunes. 

La  législation  des  terrains  en  montagne  avant  et  depuis  la  loi  du  4 
avril  1882;  les  résultats  favorables  comme  les  déceptions  qui  s'en 
sont  suivis;  les  lois  en  projet  pour  remédier  à  jce  qui  a  causé  ces  der- 
nières et  compléter  les  premiers,  —  tout  cela,  examiné  point  par 
point  avec  toutes  les  questions  de  droit  qui  s'y  rattachent  et  les  dis- 
cussions juridiques  appropriées,  remplit  le  chapitre  III  et  occupe  le 
tiers  du  fascicule. 

Le  régime  des  eaux  prend  une  importance  inconnue  naguère  du 
service  forestier  moderne  avant  l'année  1898  où  lui  a  été  restitué 
son  ancien  titre  d'administration  des  Eaux  et  forêts,  et  où  lui  a  été 
ajoutée  une  section  des  améliorations  pastorales  (ce  qui  implique 
le  régime  des  sources  et  des  cours  d'eau  de  montagne),  de  la  pêehe 
et  de  la  pisciculture.  Répartie  en  une  infinité  de  règlements,  ordon- 
nances, lois,  décrets  rendus  ou  édictés  depuis  près  de  deux  siècles  et 
demi,  la  législation  des  eaux  forme  un  fouillis  inextricable  que  M.  Ch 
Guyot  a  su  collationner,  éclaircir  et  mettre  en  ordre  en  y  projetant 
les  lumières  de  sa  science  juridique.  C'est  l'objet  de  son  quatrième 
chapitre. 

Un  chapitre  V  et  dernier,  d'une  dizaine  de  pages  à  peine,  est  em- 


ployé  à  indiquer  sommairement  l'application  à  l'Algérie  et  aux  colo- 
nies des  législations  étudiées  dans  les  pages  antérieures. 

G.    DE    KiRWAN. 


SCIENCES     ET   ARTS 

fi'Annéc  ioreiitière  (19141).  Aclualilés  delà  science  des  forêts,  par 
LuciKN  Chanckrbl.  Pans  et  Nancy,  Berger-Levraull,  19J1,  ia-16  de 
ix-323  p.,  avec  -li)  grav.  hors  lexle,  —  Prix  :  3  fr.  50. 

lia  Foret,  so»  rôle  dans  la  nature  et  le»  sociétés, par  A.  Jac- 
QUOT.  Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault,  1911,  in-8  de  xx-324  p.  —  Prix  : 
à  fr.  50. 

Docteur  en  droit,  docteur  ès-sciences,  docteur  en  médecine,  et, 
par-dessus  le  marché,  inspecteur  des  eaux  et  forêts,  attaché  au  mi- 
nistère de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts,  l'auteur  du 
premier  de  ces  deux  ouvrages  est  incontestablement  qualifié  pour 
traiter  la  très  complexe  question  des  forêts  et  tout  ce  qui  s'y  rat- 
tache, aux  multiples  points  de  vue  juridique,  naturaliste,  économique, 
hygiénique  et  même  esthétique;  et  son  travail  justifie,  il  faut  le 
reconnaître,  les  prétentions  qu'impliquent  les  nombreux  grades  et 
qualités  portés  à  la  suite  de  son  nom,  sur  la  couverture  de  ce  livre. 

Il  n'apparaît  pas  toutefois  que  le  côté  juridique  de  la  question  — 
ou  plutôt  des  questions,  car  elles  sont  nombreuses,  —  l'ait  particu- 
lièrement préoccupé.  Ce  sera  sans  doute  pour  une  autre  année,  M. 
Chancerel  se  proposant  de  nous  donner,  chaque  année,  V Année  fores- 
tière précédente. 

Dans  ce  premier  annuaire,  l'auteur  s'occupe  principalement  du 
régime  des  eaux  dans  sa  dépendance  des  forêts,  des  inondations  et 
des  reboisements.  Il  traite  aussi  de  la  question  relativement  nou- 
velle de  l'emploi,  en  sylviculture,  des  engrais  chimiques;  et,  à  propos 
des  mesures  à  prendre  pour  la  conservation  des  forêts,  il  apporte  une 
contribution  importante  à  la  lutte  soutenue  par  tous  les  corps  et 
organes  compétents,  contre  le  fisc  qui  impose  aux  forêts  un  impôt 
plus  fort  qu'à  toutes  autres  propriétés  non  bâties,  lequel  ne  peut 
qu'amener,  à  la  longue,  la  disparition  des  forêts  elles-mêmes. 

Les  maladies  des  arbres,  les  végétaux  et  bois  exotiques  introduits 
ou  importés  où  à  introduire,  les  richesses  forestières  des  deux  Améri- 
ques, de  l'Afrique  et  de  l'Asie  et  de  nos  colonies. enfin  la  chasse  dans  les 
bois  de  l'État  sont  traités  dans  ce  volume  très  rempli.  Il  est  même 
tellement  rempli  qu'on  est  porté  à  se  demander  si  l'auteur  pourra  trou- 
ver, chaque  année,  des  éléments  aussi  nombreux  à  mettre  en  œuvre. 

25  gravures  hors  texte,  très  soignées,  viennent  à  l'appui  de  celui-ci. 

—  La  Forêt,  de  M.  A.  Jacquot,  envisage  la  question  à  un  point 
de  vue  plus  vaste  encore  et  la  traite  d'après  un  plan  plus  général  que 


—  55  — 

ne  le  comportait  la  forme  d'annuaire  adoptée  par  M.  Chancerel. 
Recueil  de  quatorze  conférences  se  suivant  d'après  une  méthode  dé- 
terminée, l'ouvrage,  présenté  par  une  Préface  de  M.Marcel  Prévost, 
comprend  trois  parties. 

Dans  la  première,  économique,  laquelle  ne  comprend  que  deux 
conférences,  l'auteur  expose  les  premiers  résultats  du  mouvement  de 
l'opinion  en  faveur  de  la  sylviculture,  signale  les  funestes  effets  de  la 
«  déforestation,  »  montre  les  emplois  très  variés,  directs  et  indirects 
des  bois,  indique  les  ressources  forestières  tant  de  l'Europe,  avec  ses 
déficits,  que  du  monde  entier,  et  fait  ressortir  l'avantage  des  plan- 
tations, suivant  que  le  propriétaire  est  l'État,  les  communes  ou  autres 
personnes  morales  et  les  particuliers. 

Neuf  conférences  sort  affectées  à  la  deuxième  partie  (physique  et 
chimique),  où  il  est  question  de  l'influence  des  forêts  sur  les  phéno- 
mènes physiques  et  météorologiques  de  toute  nature  et  réciproque- 
ment, de  la  fluctuation  des  cours  d'eau  et  des  régimes  hydrologiques 
dans  leur  relation  avec  le  taux  de  boisement  ou  le  déboisement  des 
régions;  des  funestes  effets  des  abus  pastoraux,  (notamment  de  la 
transhumance);  des  eaux  de  ruissellement,  de  la  houille  blanche,  de 
la  navigation,  des  irrigations  ;  de  l'influence  du  boisement  et  du 
déboisement  sur  le  climat  et  la  production  agricole;  de  la  mise  en 
valeur  des  terres  incultes  ;  de  la  «  prépondérance  »  des  forêts  en 
hygiène,  de  l'assainissement  par  la  forêt;  du  «  malaise  social  «  résul- 
tant de  l'excès  du  déboisement,  et  de  la  relation  entre  le  taux  du 
déboisement  et  le  taux  de  la  dépopulation  ;  de  l'obtention  à  réaliser 
de  la  repopulation  par  l'effet  du  reboisement  (sur  ces  trois  points, 
il  est  fait  ici  une  incursion  dans  le  sujet  afférent  à  la  troisième 
partie)   ;  enfin    des    très    nombreux  bienfaits  indirects  des  forêts. 

Le  rôle  social  des  forêts,  objet  des  trois  dernières  conférences, 
comprend  d'abord  le  point  de  vue  esthétique,  l'historique  du  culte 
idolâtrique  dont  les  arbres  furent  l'objet  dans  l'antiquité.  Considé- 
ration fort  contestable  contre  le  droit  de  propriété,  fondée  sur  une 
interprétation  inexacte  du  jus  abutendi  (lequel  n'est  pas  le  droit 
d'abuser,  au  sens  français  du  terme,  mais  bien  de  jouir  intégrale- 
ment), mais  pouvant  être  amendée  sans  préjudice  pour  la  thèse  con- 
servatoire de  l'auteur.  Conciliation,  par  une  équitable  répartition,  des 
industries  forestière  et  pastorale,  celle-ci  étant  améliorée  et  celle-là 
préservée.  Exposé  des  moyens  financiers,  administratifs  et  de 
législation,  pour  établir  un  sage  régime  sylvo-pastoral  et  encourager 
le  reboisement.  ^ 

Finalement  l'auteur  clôt  son  savant  volume  par  un  résumé  —  «pou- 
vant faire  l'objet  d'une  seule  conférence,  »  —  sur  le  rôle  de  la  forêt 
«  au  triple  point  de  vue  physique,  économique  et  social.  '■>  Il  présente 


-  56  - 

ainsi  son  livre  comme  un  fond  au  service  des  conférenciers  qui  vou- 
draient faire,  comme  lui,  campagne  on  faveur  de  la  c  reforestation  » 
de  la  France.  C.  de  Kirwan. 

LITTÉRATURE 

P«lUe  Granimaire  allemande,  par  Emile  Otto.  10»  édition  revue 
par  Paul  Vbrrieb.  Ileidelberg,  Gross,  1911,  in-16  cartonné  de  vin-228  p. 
—  Prix  :  2  fr.  oO, 

La  maison  Jules  Gross,  de  Heidelberg,  est  fort  connue  en  Europe 
par  la  publication  de  ses  manuels  et  livres  d'enseignement  pour  l'étude 
des  langues  modernes,  d'après  la  méthode  Gaspey-Otto-Sauer.  Le 
principe  de  la  méthode  consiste  à  faire  marcher  de  front  la  grammaire 
et  la  pratique,  c'est-à-dire  ni  le  vide  de  la  méthode  d'Ahn  ou  de 
Berlitz,  ni  les  divagations  de  la  théorie  pure.  M.  Paul  Verrier  a  revu 
la  10^  édition  de  la  Petite  Grammaire,  et  il  a  essayé  de  l'adapter 
jusqu'à  un  certain  point  à  la  méthode  intuitive,  la  coqueluche  de 
l'Université  moderne,  en  France  encore  plus  qu'en  Allemagne.  Il  a 
simplifié  l'ancienne  grammaire  Otto,  pas  assez  cependant  à  notre 
gré,  et,  puisque  l'on  s'adresse  à  des  commençants,  je  voudrais  bien 
savoir  ce  que  viennent  faire  ici  ces  20  pages  de  théorie  sur  la  pronon- 
ciation, sur  les  consonnes  voisées  ou  invoisées.  Pourquoi  farcir  les 
jeunes  têtes  de  ces  termes  qu'elles  ne  comprennent  pas?  Les  mots 
consonnes  sonores  ou  consonîies  sourdes,  pour  être  compris  de  tout  le 
monde,  n'en  sont  pas  moins  exacts  ou  moins  scientifiques.  Par  contre, 
nous  félicitons  les  auteurs  d'avoir  ramené  à  des  proportions  plus 
humaines  les  chapitres  sur  la  déclinaison  et  la  conjugaison  qui  étaient 
si  touffus  dans  l'ancienne  grammaire  Otto.  L.  Mensch. 


Observations  mur  la  légende  primitive  d'Ulysse,  par  Maukicb 
Choisbt.  Paris,  C.  Klincksieck,  1910,  in-4  de  46  p.  —  Prix  :  2  fr. 

M.  M.  Croiset,  que  les  suffrages  de  ses  collègues  viennent  d'élever 
au  poste  éminent  d'administrateur  du  Collège  de  France,  s'est  pro- 
posé, dans  ce  mémoire,  «  de  rechercher,  d'après  les  plus  anciens  témoi- 
gnages et  les  faits  les  plus  probables,  comment  la  légende  d'Ulysse 
paraît  avoir  évolué  jusqu'au  temps  où  elle  a  pris  dans  YOdyssée  la 
forme  sous  laquelle  elle  est  restée  populaire.  »  Et  des  textes,  qu'il  con- 
fronte avec  une  rare  habileté,  il  conclut  qu'avant  la  fin  du  second 
millénaire  avant  notre  ère,  les  îles  et  la  région  qui  entourent  Ithaque 
étaient  déjà  habitées  par  une  race  conquérante,  probablement  venue 
du  continent  et  dépositaire  d'anciennes  traditions.  Ulysse  passe,  dans 
les  plus  anciens  chants  de  l'Iliade,  pour  un  héros  en  possession  d'une 
réelle  renommée,  consacrée  par  certaines  épithètes  significatives.  Il 


—  57  — 

brille  dès  ce  temps  par  la  maîtrise  de  soi-même,  la  connaissance  des 
hommes  et  l'art  de  se  tirer  des  difficultés  :  autant  de  traits  de  carac- 
tère qui  le  rendaient  particulièrement  apte  à  soutenir  l'intérêt  dont 
les  longs  récits  d'aventures  ne  peuvent  se  passer.  Au  cours  de  ses 
périlleux  voyages,  ce  favori  de  Minerve  est  avant  tout  un  inventeur 
de  stratagèmes. 

Les  investigations  de  M.  Croiset  s'arrêtent  à  l'époque  de  la  composi- 
tion de  VOdyssée,  par  lui  jugée  notablement  postérieure  àr//iarfe,  et  par 
suite  il  n'a  pas  eu  à  s'occuper  de  l'Ulysse  déconsidéré  que  Sophocle  a 
mis  sur  la  scène  dans  son  Philoctète.  G.  Huit. 


Reliqiiiae  de  Mauhigh  Faucon.   Paris,   Plon-Noiirril,  1911,  2  vol.  petit 
in-8  de  Gii-379  et  439  p.,  avec  2  porlrails.  —  Prix  :  1  fr. 

«  Un  chartiste  poète  »,  tel  fut  Maurice  Faucon,  d'après  M.  Michel 
Salomon,  qui  a  consacré  à  la  mémoire  de  son  ami  une  remarquable 
étude,  publiée  d'abord  dans  le  Correspondant  du  10  mars  dernier, 
puis  réimprimée  en  tête  du  premier  des  deux  volumes  annoncés  ici; 
nous  pourrions  ajouter  que  Faucon  fut  moins  un  érudit  qu'un  poète 
et  un  artiste.  Né  à  Ariane,  bourg  du  Puy-de-Dôme,  le  12  mai  1858,  il 
était  entré  à  l'École  des  chartes  à  17  ans,  en  novembre  1875.  Membre 
de  l'École  française  de  Rome,  cinq  ans  plus  tard,  vers  la  fin  de  1880, 
il  se  signala  promptement  par  toute  une  série  de  publications,  et  son 
nom  ne  tarda  pas  à  être  connu  dans  le  monde  de  l'érudition.  Par 
contre,  en  dehors  d'un  cercle  très  restreint,  Faucon  poète  était  resté 
à  peu  près  ignoré.  Pourtant,  il  avait  donné,  en  1889,  un  volume  de 
vers  intitulé  :  Italie,  la  Voie  étroite,  dans  lequel  il  y  avait  d'incon- 
testables beautés;  mais  l'auteur,  obéissant  à  un  scrupule  de  cons- 
cience dont  nous  ne  sommes  pas  juge,  a  retiré  du  commerce  tout  ce 
qu'il  a  pu  de  l'édition.  Poète  encore,  et  poète  des  plus  déhcats.  Fau- 
con se  révèle  dans  les  quelques  poésies  inédites  recueillies  dans  les 
Reliquiae.  Et  de  combien  de  pages,  vers  ou  prose,  de  ces  deux  vo- 
lumes ne  peut- on  pas  dire  qu'elles  portent  la  marque  d'un  vrai  poète  ? 
En  outre,  nature  essentiellement  artiste.  Faucon  se  trouvait  remar- 
quablement bien  préparé  pour  étudier  les  chefs-d'œuvre  qui,  au 
cours  de  ses  nombreux  voyages  en  Italie,  allaient  fixer  son  atten- 
tion. L'histoire  de  l'art,  tel  devait  être  son  vrai  domaine.  On  s'en  con- 
vaincra aisément  en  parcourant  ses  écrits  posthumes. 

Ainsi  apparaît  ou  réapparaît,  dans  ce  recueil,  un  Faucon  poète,  un 
Faucon  artiste,  que  sans  doute  ne  soupçonnaient  pas  beaucoup  de 
ceux  qui  ne  le  connaissaient  que  par  ses  travaux  de  pure  érudition. 
—  Là  pourtant  n'est  pas  pour  nous  le  principal  intérêt  des  Reli- 
quiae. 

Vers  l'époque  où  Maurice  Faucon,  en  1881,  achevait  sa  première 


—  58  - 

année  d'École  de  Rome,  la  vie  pouvait  lui  paraître  pleine  de  promesses. 
Cependant,  s'annonçait  déjà  la  douloureuse  destinée  qui  devait 
être  la  sienne.  C'est,  en  effet,  vers  ce  même  temps  qu'il  ressentit 
les  premières  atteintes  du  mal  implacable,  qui,  bientôt  s'aggravant, 
devait,  à  partir  de  1882  ou  1883,  lui  interdire  toute,  recherche 
lointaine,  tout  voyage  d'étude  et  trop  souvent  même  tout  travail 
prolongé.  11  s'ensuivit  une  longue  et  profonde  crise  morale  et 
religieuse,  qui,  à  travers  une  phase  de  mysticisme,  devait  le  conduire 
de  la  simple  croyance  à  la  foi  la  plus  épurée  et  la  plus  sereine.  Cette 
crise,  écrivait-il  lui-même,  en  1892,  à  Jean  Aicard,  •«  s'est  dénouée 
par  une  conversion  totale,  non  seulement  aux  idées  chrétiennes..., 
mais  aux  pratiques  catholiques  dans  ce  qu'elles  ont  de  plus  strict.  » 
Cette  lente  évolution  religieuse,  M.  Raymond  Saleilles,  l'intime 
confident  de  Faucon,  et  M.  Michel  Salomon  l'ont  admirablement 
décrite,  à  l'aide  soit  de  leurs  propres  souvenirs,  soit  du  Journal  laissé 
par  leur  ami  de  sa  correspondance  et  de  quelques-unes  de  ses  plus 
belles  poésies. 

Les  exécuteurs  testamentaires  de  Faucon  ont  retrouvé  dans  ses 
papiers  de  nombreux  feuillets  de  ce  Journal  que,  pendant  une  quin- 
zaine d'années  et  peut-être  davantage,  il  avait  tenu  avec  plus  ou  moins 
de  régularité,  de  ses  impressions  d'artiste  et  de  ses  réflexions  de  «  grand 
liseur.  «  Les  fragments  les  plus  anciens  qui  en  soient  reproduits  ici, 
datent  de  ses  deux  premiers  voyages  en  Italie  (1879-1880).  Particu- 
lièrement nombreuses  et  attachantes  sont  les  notes  (notes  d'art 
pour  une  grande  partie)  se  rapportant  à  sa  première  année  d'École 
de  Rome  (1881).  A  partir  de  1883,  le  Journal,  qui  ne  va  pas  au- 
delà  de  1893,  ne  présente  plus  tout  à  fait  le  même  caractère.  Désor- 
mais, les  pensées  et  réflexions  morales,  philosophiques,  religieuses 
surtout,  y  dominent.  Journal  d'un  Amiel  catholique,  a-t-on  pu  dire 
avec  raison. 

Le  premier  volume  se  continue  et  s'achève  par  divers  opuscules  : 
deux  études  d'art,  deux  nouvelles  inédites,  où  Faucon  se  montre  con- 
teur de  talent,  et  deux  essais  sur  les  mœurs  religieuses  en  province. 
Le  second  volume  est  presque  entièrement  occupé  par  la  Correspon- 
dance, qui,  sur  plus  d'un  point,  complète  et  éclaire  le  Journal. 
250  à  300  lettres  de  Faucon,  s'échelonnant  entre  les  années  1877  et 
1906,  ont  pu  trouver  place  dans  ce  recueil;  elles  sont,  à  quelques 
unités  près,  adressées  soit  à  sa  mère,  soit  à  divers  amis  de  France  ou 
d'Italie.  Cette  correspondance,  où  se  découvrent  un  cœur  très  tendre 
et  uns  âme  des  plus  vaillantes,  témoigne  d'une  rare  élévation  de  sen- 
timents. On  ne  la  lira  pas  sans  un  réel  profit  moral. 

Par  les  soins  pieux  et  intelligents  qu'ils  ont  apportés  à  la  publica- 
cation,  et,  pouvons-nous  dire,  au  sauvetage  de  tant  de  pages  fortes 


—  59  — 

ou  charmantes,  les  amis  de  Faucon  ont  bien  servi  sa  mémoire.  Pour 
nous,  nous  leur  sommes  reconnaissant  de  nous  avoir  fait  mieux 
connaître  et  apprécier  cette  belle  et  noble  figure.       L.  Auvray. 


âious  les  lauriers.   Eloges  académiques,    par  le  V'°  E.-M.  db 
Vogué.  Paris,  Blond,  lyil,  in-16  de  329  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

On  lit  et  on  relit  toujours  avec  plaisir  la  belle  prose  oratoire  et 
poétique  de  M.  E.-M.  de  Vogtié.  Ce  sont  ici  les  douze  morceaux  aca- 
démiques qu'il  a  composés  depuis  le  jour  où,  s'asseyant  pour  la  pre- 
mière fois  sous  la  coupole,  il  prononça  l'éloge  de  Désiré  Nisard,  jus- 
qu'au tout  récent  discours  sur  les  prix  de  vertu,  que,  «  après  avoir 
rusé  pendant  vingt  ans  «  pour  l'éluder,  il  se  vit  obligé  d'  «  exécuter  » 
à  son  tour.  Et  cela  est  brillant,  brillante  même,  suivant  la  loi  du 
genre,  spirituel  et  élégant,  de  ce  dilettantisme  qui  fait  mesure  d'éloges 
sensiblement  égale  à  M.  Paul  Bourget  et  à  M.  Hanotaux,  à  Ferdirand 
de  Lesseps  et  à  J. -Maria  de  Hérédia,  à  M.  Barrés  et  à  M.  Rostand, 
qui  est  en  grande  coquetterie  avec  l'ombre  du  maître  Renan,  mais  ne 
manque  pas  d'adresser  des  politesses  au  christianisme  inspirateur 
des  grands  renoncements  d'ici-bas,  et  à  cette  lumière  «  qui  doit  venir 
de  très  loin,  de  très  haut,  puisque  rien  ne  l'explique  dans  le  pauvre 
monde  qu'elle  illumine.  »  Il  y  a  un  bon  chapitre  sur  les  Mémoires  de 
Marbot;  et  les  pages  sur  Maxime  du  Camp  et  Challemel  Lacour, 
les  allocutions  sur  la  tombe  d'Henri  de  Bornier,  ou  au  pied  des  monu- 
ments de  Bernardin  de  Saint- Pierre  et  de  Nicolas  Gogol,  achèvent  de 
témoigner  de  la  souplesse  de  ce  gentilhomme  de  lettres  toujours 
courtois,  mais  plus  sympathique  que  chaleureux,  et  que  l'on  jugerait 
même  froid,  n'était  son  éloquence  toujours  grave  même  sous  le  sou- 
rire, et  la  tristesse  intime  dont  on  sent  bien  qu'était  chargée  sa  pensée. 

Gabriel  Audiat. 

HISTOIRE 

lies  iiégioais  de  Varus.  Latins  et  Germains  au  siècle 
d'Auguste,  par  Ch.  Gailly  de  Taurines.  Paris,  Hachette,  i911,  in-16 
de  31^  p.,  avec  8  planches  et  une  carte.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Beau  et  dramatique  sujet  qu'a  choisi  M.  Gailly  de  Taurines  :  les 
expéditions  de  Tibère  et  de  Drusus  en  Germanie,  puis  celles  de  Ger- 
manicus  et  de  ses  successeurs,  groupées  autour  du  désastre  de  Varus. 
Forêts  pleines  de  terreur  et  marécages  perfides,  mer  sauvage, 
côtes  basses  et  marais  redoutables,  c'est  le  fond  du  tableau. 
Massacre  des  légions,  surprise  des  Barbares  et  vengeance  de 
Rome,  marche  périlleuse  à  travers  les  marécages  et  naufrage  de 
mille  vaisseaux  romains,  voilà  les  grandes  scènes.  Les  fils  adoptifs 


^  60  — 

d'Auguste,  Drusus  et  Tibère,  Arminius  le  héros  légendaire,  Cécina 
le  vieux  général  dont  l'expériwice  compte  quarante  campagnes,  le 
sympathique  Germanicus  et  son  héroïque  épouse  Agrippine,  à  laquelle, 
comme  par  un  contraste  voulu,  s'oppose  la  farouche  Germaine  Thus- 
nelda,  épouse  d' Arminius,  comme  à  celui-ci  s'oppose  son  frère  Fla- 
vius, le  barbare  germanisé,  telles  sont  les  figures  qui  se  détachent  en 
plein  relief.  Certes  la  matière  historique  est  assez  riche  pour  se  suffire 
à  elle-même  !  Pourquoi  l'auteur  a-t-il  cru  devoir  l'agrémenter  çà  et  là 
par  des  procédés  romanesques  et  surannés?  Et  même  un  tel  début 
de  roman  :  «  par  une  belle  journée  d'été,  un  homme  d'aspect  rustique, 
à  la  haute  taille,»  etc.,  nous  ferait  plutôt  sourire.  Sans  compter  que, 
dès  le  premier  mot,  le  lecteur  a  compris  qu'il  s'agit  de  Virgile,  lequel, 
entre  parenthèses,  vient  là,  on  ne  sait  trop  pourquoi.  Et  de  même, 
cette  manière  négligée  d'introduire  certains  personnages  connus, 
pour,  au  bout  de  vingt  lignes,  laisser  éclater  leur  nom  comme  une  fan- 
fare aux  oreilles  du  lecteur  ébloui,  tel  un  conte  de  M.  de  Bouilly!  Et 
ces  titres  à  effet  de  quelques  chapitres  :  L'Orgie  des  Barbares  !  Impe- 
rator  !  Le  Sommeil  de  Germanicus  ! 

Que  l'auteur  eût  donc  mieux  fait  de  laisser  là  cette  défroque  de 
mélodrame  !  D'autant  qu'il  est  parfaitement  capable  de  s'en  passer. 
Malgré  ces  enjolivements,  son  livre,  en  effet,  se  ht  non  seulement 
avec  facilité,  mais  avec  un  intérêt  soutenu.  11  est  écrit  en  général 
d'un  style  rapide,  vivant,  l'enchaînement  des  faits  se  déroule  avec 
une  clarté  parfaite,  et  même  l'on  ne  saurait  nier  que  le  triomphe  de 
Germanicus  et  le  retour  des  cendres  du  même  prince  ne  soient  de 
belles  pages. 

Mais  l'auteur  sans  doute  a  cru  plaire  ainsi  aux  gens  du  monde  et 
rendre  son  livre  plus  accessible  aux  dames.  Et  c'est  pourquoi  aussi  il 
y  introduit  çà  et  là  des  notions  propres  à  rafraîchir  la  mémoire  des 
lecteurs  moins  familiers  que  lui  avec  le  dictionnaire  de  MM.  Darem- 
berg  et  Saglio.  Erreur  à  laquelle  l'auteur  fera  sagement  de  renoncer, 
car  il  manie  fort  bien,  quand  il  le  veut,  le  style  historique,  et  en  dépit 
de  son  réel  mérite  il  risquerait  d'être  classé  parmi  les  amateurs.  En 
toute  sincérité,  ce  serait  dommage.  André  Baudrillart. 


Dietionuaire  d'histoire  et  de  géogrnphie  eccléciiastiques, 

publié  sons  la  direction  He  Mgr  Alfred  Baudrillart,  Albert  Vogt  et 
Urbain  Rouziés.  Fasc.  111.  {Adulis-Agde),  col.  641-928.  Fasc.  IV.  {Agde- 
Aix-la-Chapelle,,  col.  929-1248.  Paris,  Lelouzey  et  Ané,  1911,  2fasc.gr.  in-8. 
—  Prix  du  fasc.  :  5  fr. 

Les  deux  fascicules  parus  en  1911  contiennent  environ  600  articles 
rédigés  par  plus  de  100  collaborateurs  parmi  lesquels  je  relève  non 
seulement  des  noms  de  prêtres  et  de  religieux  connus  pour  leur 


—  61  — 

compétence  spéciale,  mais  aussi  la  signature  de  nombreux  laïques 
tels  que  MM.  Goyau,  de  Labriolle,  Dufourcq,  Zeiler,  Régnier,  Ras- 
toul,  AudoUent  et  Froidevaux. 

Les  articles  sont,  pour  la  plupart, consacrés  à  des  personnages  ayant 
leur  place  dans  l'histoire  de  l'Église  :  saints  et  saintes,  papes  et 
évêques,  théologiens  et  écrivains  orthodoxes  et  hétérodoxes;  ces 
notices  sont  de  dimensions  fort  inégales,  depuis  quatre  lignes  jusqu'à 
quatorze  colonnes;  la  plus  longue,  et  j'avoue  avec  confusion  que  j'en 
suis  l'auteur,  est  celle  qui  est  consacrée  à  Mgr  Affre,  archevêque  de 
Paris. 

Des  monographies  de  provinces,  de  diocèses  et  d'abbayes  com- 
plètent cette  revue  historique  dont  l'importance  n'est  pas  à  dé- 
montrer. 

Le  morceau  capital,  tant  par  sa  longueur  que  par  son  intérêt,  est 
l'étude  où,  en  160  colonnes,  M.  Aug.  Audollenta  réuni  toute  l'his- 
toire de  l'Afrique  chrétienne  depuis  les  premières  prédications  évan- 
géliques  jusqu'à  la  conquête  arabe. M.  Froidevaux  en  a  donné  le  com- 
plément en  esquissant  l'histoire  des  missions  catholiques  dans  tout 
le  continent  africain;  deux  excellentes  cartes,  dont  une  en  couleurs, 
facilitent  l'intelligence  du  texte. 

Un  article  important  est  attribué  à  chacun  des  diocèses  français  : 
M.  Rastoul  s'est  chargé  d'Agde  et  d'Aix  ;  M.  le  chanoine  Degert 
d'Aire  et  M.  le  chanoine  Durengues  d'Agen.  Les  éditeurs  ont  eu  la 
pensée  très  louable  de  joindre  à  ces  notices  des  cartes  des  anciens 
diocèses.  Cependant,  s'il  m'était  permis  de  formuler,  je  ne  dis  pas  une 
critique,  mais  un  désir,  c'est  que  l'établissement  de  ces  cartes  soit 
exécuté  à  l'avenir  d'après  une  méthode  plus  uniforme.  En  laissant  de 
côté  Agde,  à  cause  de  l'exiguité  de  son  territoire,  je  remarque  que 
pour  Aix  et  Aire  des  divisions  archipresbytérales  ou  décanales  sont 
dessinées  sur  la  carte, et  que,  pour  Agen,  les  chefs-lieux  d'archiprêtrés 
sont  seulement  soulignés.  Les  limites  actuelles  des  diocèses,  utiles  à 
connaître,  sont  tracées  assez  clairement  pour  Agen,  elles  sont  moins 
nettes  pour  Aire  et  manquent  totalement  pour  Aix,  où  elles  étaient 
plus  nécessaires  qu'ailleurs.  Cette  dernière  carte  est  certainement  la 
moins  satisfaisante  :  l'indication  des  diocèses  limitrophes  est  incom- 
plète, puisque  sur  huit  il  n'y  en  a  que  quatre  d'inscrits;  ce  sont  les 
limites  actuelles  qui  ont  été  employées,  alors  qu'il  s'agit  de  l'ancien 
archidiocèse.  De  plus,  je  relève  la  mention  stupéfiante  :  Archidiocèse 
de  Tarascon...  à  première  vue,  on  croirait  à  une  tartarinade,  mais 
il  ne  s'agit  que  d'une  énorme  coquille  du  dessinateur  qui  a  voulu 
mettre  archidiaconé,  comme  il  aurait  dû  écrire  aussi  :  archidiaconé 
d'Arles,  puisque  la  carte  indique  les  trois  archidiaconés  d'aujour- 
d'hui; mais  Arles  était  un  ancien  archevêché;  on  a  mis  archevêché 


—  62  — 

d'Arles,  et,  par  une  sorte  d'attraction,  Tarascon  est  aussi  devenu  une 
métropole. 

Les  ôvêques  constitutionnels  d'Aix  figurent  dans  la  liste  épiscopale 
de  M.  Rastoul  (entre  crochets);  mais  il  n'est  pas  fait  mention  de  ceux 
d'Agen  et  d'Aire.  Je  ne  pense  pas  que  MM.  Durengues  et  Degert  igno- 
rent Constant  et  Saurine  ;  j'ai  même  de  fortes  raisons  pour  croire  le  con- 
traire. Ma  remarque  a  seulement  trait  au  plan  adopté  et  qui  me  pa- 
raît encore  un  peu  flottant.  On  en  viendra,  je  pense,  à  donner  aux 
monographies  analogues  une  uniformité  qui  servira  autant  aux  au- 
teurs à  la  recherche  d'un  plan  qu'aux  lecteurs  en  quête  de  ren- 
seignements, p.   PiSANI. 

Uistoijre  de  France,  depuis  lus  ori^nes  jusqu'à  la  Itève- 
lution,  par  Ernest  Lavisse,  T.  IX,  2.  Tables  alphabétiques.  Paris, 
Hachette,  s.  d.,  ui-i  de  319  p.  —  Prix:  7  fr.  50. 

Voici  enfin  le  volume  de  tables  qui  couronne  la  grande  Histoire 
entreprise  sous  la  direction  de  M.  Ernest  Lavisse  et  qui  fait  grand 
honneur  à  l'éminent  académicien,  aux  collaborateurs  qui  ont  pris 
part  à  l'œuvre  commune,  à  la  maison  Hachette  qui  a  mis  tant 
de  soin  à  la  bonne  exécution  de  ce  travail  et  à  la  science  historique 
française. 

Les  tables  des  personnes,  des  lieux  et  des  matières  ont  été  réunies 
en  un  seul  index  alphabétique,  et  nous  nous  en  félicitons  parce  que 
ce  procédé  facilite  et  simplifie  les  recherches.  On  se  rendra  compte 
de  la  masse  de  renseignements  contenus  dans  cette  table,  si  nous 
disons  que  chaque  page  renferme  trois  colonnes  et  chaque  colonne 
56  lignes. 

C'est  surtout  sur  les  noms  de  personnages  et  les  noms  de  lieux  que 
le  rédacteur  de  la  table  a  fait  porter  ses  efforts.  Les  articles  un  peu 
gros  (Angoulême,  Charlemagne,  etc.),  comportent  un  nombre  plus  ou 
moins  grand  de  rubriques,  classées  alphabétiquement  (par  ex.,  pour 
Charlemagne:  Administration,  Arts,  Assemblées  du  peuple.  Capitu- 
laires,  Couronnement,  etc.).  Parfois,  quand  les  articles  sont  trop  con- 
sidérables (Bretagne,  Paris,  etc.)  ces  rubriques  elles-mêmes  sont 
réparties  entre  diverses  sections  que  précède  un  sommaire  (par  ex. 
pour  Bretagne  :  Géographie;  Institutions  et  mœurs;  Histoire). Lorsqu'il 
y  a  plusieurs  personnages  d'un  même  nom  (Charles,  Louis,  etc.),  ils 
sont  groupés  méthodiquement  (Charles  :  A. rois  de  France;  B.  Souve- 
rains étrangers;  C.  Ducs;  D.  Comtes;  E.  Personnages  divers). 

L'on  pourra  regretter  que  les  personnages  n'aient  pas  toujours  été 
identifiés  à  la  table  :  c'est  ainsi  que  trois  ducs  de  Bouillon  sont 
désignés  par  leurs  noms,  et  un  quatrième  simplement  par  son  titre. 
11  faut  avouer  d'ailleurs  que  ces  identifications  auraient  parfois  exigé 
du  rédacteur  de  la  table  un  travail  considérable. 


—  63  — 

Les  rubriques  matières  sont  moins  nombreuses  qu'on  ne  le  vou- 
drait. Les  rubriques  Arts,  Ecoles  (ou  Enseignement,  Instruction), 
Colonies,  par  exemple,  font  défaut  ou  sont  très  incomplètes  (Écoles 
en  1789,  alors  que  même  en  parcourant  la  table  on  trouve  les  élé- 
ments d'une  liste  assez  longue). 

En  dépit  de  ces  desiderata,  ce  volume  rendra  de  précieux  services, 
et  nous  ne  pouvons  que  remercier  le  collaborateur  anonyme  de  M.  La- 
visse  qui  n'a  pas  reculé  devant  cette  besogne  lourde,  minutieuse  et 
quelque   peu  ingrate.  E.-G.   Ledos. 

Jeanne  d'Arc,  par  Gabriel  Hanotaux.  Paris,  Hachette,  1911,  gr.  iii-8, 
de  xiir-421  p.,  illustré  d'un  grand  nombre  de  gravures,  d'après  les  origi- 
naux du  temps.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

La  Fleur  des  liistoîres  françaises,  par  le  même.  Paris,  même 
librairie,  1911,  m-l6  de  iii-.315  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Jeanne  d'Arc  «t  la  France,  par  Tabbé  Stéphen  Coubè.  Paris, 
Lethielleux,  s.  d.,  petit  in-S  de  207  p.  —  Prix  :  2  fr. 

^ttskwkne  d'Arc,  tua  foi,  son  procèis,  non  martyre,  par  IIëlènb 
DE  LÉCHÉ.  Paris,  Bloud,  1911.  in-12  de  57  p.  —  Prix  :  0  fr.  ^30. 

Vie  de  Jeanne  d'Arc  racontée  par  elle-mèuie,  par  Léon  Le 
Grand.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  in-4  de  iv-  26  p.  à  2  vol.,  cou- 
verture illustrée  en  couleurs.  —  Prix  :  0  fr.  10. 

—  Il  est  une  variété  de  snobisme  aujourd'hui  assez  répandue  : 
celle  qui  consiste  à  s'incliner,  voire  à  se  prosterner,  pour  ainsi  dire, 
d'office  devant  l'œuvre  d'un  écrivain  qui  a  ses  entrées  à  la  Revue 
des  Deux  Mondes,  à  plus  forte  raison,  s'il  a  occupé  une  haute  si- 
tuation officielle  et  est  maintenant  membre  de  l'Académie  française. 
Nous  prenons  la  liberté  de  ne  pas  sacrifier  à  cette  habitude.  Nous 
avons  lu  et  nous  allons  apprécier  la  Jeanne  d'Arc  de  M.  Gabriel 
Hanotaux  en  elle-même  et  pour  elle-même.  L'ouvrage  est  divisé 
en  trois  livres:  I.  Simple  Histoire  de  Jeanne  d'Arc  (1.  La  Jeunesse 
de  Jeanne  d'Arc.  —  Les  Voix.  2.  La  Délivrance  d'Orléans.  3.  Le 
Sacre  de  Reims.  4.  L'Echec  de  Paris.  —  Compiègne.  —  Rouen.) 
II.  Les  Quatre  Mystères  de  la  vie  de  Jeanne  d'Arc  (1.  La  Formation. 
2.  La  Mission.  3.  L'Abandon.  4.  La  Condamnation.)  III.  Vie  de 
Jeanne  d'Arc  après  sa  mort  (1.  La  Légende.  La  Fausse  Jeanne 
d'Arc.  2.  La  Réhabilitation.  3.  Jeanne  d'Arc  devant  l'Histoire 
et  devant  l'Opinion.)  Le  premier  et  le  troisième  livre  sont  des  addi- 
tions. Le  troisième  est  plus  intéressant  et,  au  moins  en  ^îertaines 
pages,  plus  original  que  le  premier,  exposé  simple  et  de  pleine 
bonne  foi,  mais  un  peu  fruste.  La  partie  essentielle  et  le  ^œur  même 
de  l'ouvrage  est  le  second  livre,  étude  vraiment  neuve  et,  sur  nom- 
bre de  points,  féconde  de  quatre  problèmes  capitaux  dans  la  vie  de 
l'héroïque  vierge.  Nous  disons  problèmes  plutôt   que  mystères,   car 


-  64  — 

ce  dernier  mot,   choisi   par  l'auteur,  nous  parait  une  conséquence 
de    cette   recherche   de  l'effet    dont  les  écrivains    de    notre   temps 
font  im  si  continuel  abus  et  dont  on  regrette  de  trouver  çà  et  là 
d'autres   marques   sous   la   plume  de  M.    Hanotaux.  L'examen   de 
ces  problèmes,  tout  en  laissant  naturellement  place  à  des  dissiden- 
ces et  à  des  réserves  au  triple  point  de  vue  théologique,   philoso- 
phique  et   historique,    est   une  œuvre   de   sérieuse  et  forte   valeur 
et  d'une  inspiration  aussi  large  qu'élevée.  Les  qualités  de  l'ancien 
élève   de  l'École  des    chartes  y  servent  de  sohde  appui  aux  vues 
rétrospectives  du  penseur  et  de  l'homme  d'Etat.  L'auteur  y  a  pris, 
en   face   du   surnaturel,  dont   l'apparition  est  ici  lumineuse,    l'atti- 
tude   un    peu    hésitante,  mais    en    somme  loyale  et  sympathique, 
d'un  esprit  et  d'un  cœur  honnêtes,  que  son  patriotisme  pousse  vers 
des  sphères  plus  hautes  que  celles  où  un  naturalisme  d'habitude  le 
retient  encore.  11  a  émis  sur  les  rapports  de  la  raison  et  de  la  foi, 
de  la  nature  et  du  surnaturel  quelques  remarques  excellentes  qui 
rachètent    amplement    d'involontaires    inexactitudes.  Au  point    de 
vue  proprement  historique,  son  sens  est  dans  ce  livre  généralement 
juste   et    fin   et  son  regard   pénétrant,  quoique  ses  idées  ne  soient 
pas  toujours  exemptes  tantôt  de  quelque  illusion,  tantôt  de  quel- 
que  subtilité.    Son   style,  où  l'on  sent   un   peu   trop   l'influence  de 
Michelet)   est  expressif,   imagé,    vigoureux,    plein   de   sève  et  plein 
d'élan,   mais  pas  toujours  d'un  goût  très  pur.  Nous  ne  saurions, 
par   exemple,  approuver   des  métaphores   comme   celle-ci   :  «  Res- 
serrée sur  son  étroite  bande  de  terre,  surveillée  du  côté  de  la  mer 
par  la  jalousie  anglaise,  la  fortune  des  Pays-Bas,  avec  tout  ce  qu'elle 
charrie    d'eaux    fécondantes    et    de  limons  puissants,    s'enlize  dans 
son  propre  succès  comme  le  cours  du  grand  fleuve  qui  les  a  créés 
et  s'épuise  avant  d'atteindre  la  mer  ».  (p.   173).  La  langue  aussi 
laisse  à  désirer.  M.  Hanotaux  nous  dit  quelque  part  (p.  146)  que 
le  cœur  de   Jeanne  d'Arc,   «  gonflé  et  gros  d'uaie  immense   pitié, 
au  lieu  de  se  résoudre  en  larmes  et  en  plaintes,  explose  en  courage.  » 
Voilà  une  expression  qui  ne  serait  pas  sortie  de  la  plume  de  Gaston 
Boissier    et    qui    ne    sortirait    pas  de  celle  de  M.  Alfred  Mézières. 
M.   Hanotaux  n'en  est  pas  moins  un  écrivain  remarquable  aussi 
bien    qu'un    historien    de    grand    mérite.  Sa  Jeanne   d'Arc  portera 
plus   haut   sa   renommée.    Sous   les   réserves  indiquées  et  pour  les 
esprits   un   peu   mûrs  déjà,  la  lecture  en   est   bonne  et  fortifiante. 
C'est    un    livre    qui  fera  du  bien.  L'illustration,    empruntée    aux 
gravures  sur  bois  du  xv^  et  du  xvi^  siècle,  est  originale.  Nous  ne 
savons  si  elle  répond  pleinement  à  l'objet  que  s'est  proposé  l'auteur. 
Mais  c'est  tout  au  moins  une  collection  ingénieuse  et  utile  par  elle- 
même  et  comme  une  section  particulière  d'exposition  ou  de  musée. 


—  65  — 

—  Un  autre  ouvrage  de  M.  Gabriel  Hanotaux  :  La  Fleur  des 
histoires  françaises,  «  écrit,  nous  dit-il,  pour  la  jeunesse,  »  se  rat- 
tache, au  moins  par  l'inspiration  patriotique,  à  sa  belle  étude  sur 
Jeanne  d'Arc.  En  voici  les  points  de  vue  et  les  données  successives: 
La  Terre  de  France.  —  Les  Eaux  de  France.  —  Le  Ciel  de  France. 

—  Les  Hommes  de  France.  ■ —  La  Patrie  française.  —  Les  Batailles 
françaises.  —  L'Expansion   française. — La   Propagande  française. 

—  Le  Moyen  Age  et  l'Art  religieux.  —  La  Renaissance  et  la  Ré- 
forme. —  Henri  IV  et  la  tolérance.  —  L'Age  classique.  —  L'Age 
philosophique.  —  L'Age  politique  et  juridique.  —  L'Age  héroïque 
et  l'Age  lyrique.  —  L'Age  réaliste  et  scientifique.  —  La  Richesse 
française.  —  L'Égalité  française.  —  L'Idéal  français.  —  Le  talent 
d'écrivain  de  M.  Hanotaux  s'y  montre  peut-être  sous  un  jour 
encore  meilleur  que  dans  l'ouvrage  précédent,  quoique  non  exempt 
des  mêmes  défauts.  On  y  trouve  des  pages  charmantes,  des  tableaux 
où  l'éclat  poétique  s'ajoute  avec  fraîcheur  et  vivacité  à  l'éloquence 
et  au  sentiment.  L'auteur  y  déploie  d'ailleurs  de  rares  qualités 
de  vulgarisateur  d'histoire.  Mais  nous  devons  ajouter  que  la  doc- 
trine, non  seulement  n'y  est  pas  sûre,  mais  laisse  paraître,  à  côté 
de  vues  excellentes  et  de  nobles  élans,  nombre  de  préjugés  fâcheux. 
On  regrette  même  d'avoir  à  noter  plusieurs  assertions  contraires  à 
l'orthodoxie.  On  souhaiterait  aussi  une  conception  plus  juste  de 
telle  ou  telle  époque,  de  telle  ou  telle  institution,  de  telle  ou  telle 
crise  de  l'histoire  de  France.  Sauf  en  ce  qui  concerne  l'art  reli- 
gieux, l'influence  civilisatrice  de  la  religion  chrétienne  et  de  l'Église 
catholique  est  presque  complètement  passée  sous  silence.  Cela  étant, 
malgré  le  très  réel  mérite  de  cet  ouvrage,  il  ne  semble  pas  possible 
de  le  recommander  purement  et  simplement  à  la  jeunesse  élevée 
dans  la  vraie  doctrine.  Mais  ses  maîtres  en  pourront  faire  quelque 
usage  à  son  profit  et,  dans  d'autres  milieux,  il  pourra  contribuer 
à  élargir  les  esprits  et  à  élever  les  âmes,  car  il  est  tout  plein,  du 
moins,  du   culte   de   l'idéal   et  de  l'amour  de  la  patrie. 

■ —  Ce  même  culte  et  ce  même  amour  se  retrouvent,  mais  soutenus 
par  une  inspiration  ardemment  et  fortement  catholique,  dans  le 
recueil  de  conférences  et  d'articles  publiés  par  M.  le  chanoine 
Coubé  sous  ce  titre  :  Jeanne  d'Arc  et  la  France,  où  sont  traités 
avec  beaucoup  de  verve  et  de  vigueur  oratoire  les  sujets  suivants  : 
Jeanne  d'Arc  et  le  patriotisme.  —  Jeanne  d'Arc  et  l' antipatrio- 
tisme. — •  Jeanne  d'Arc  et  l'avenir  de  la  France.  —  Jeanne  d'Arc 
et  les  femmes  françaises.  —  Jeanne  d'Arc  et  les  devoirs  des  catho- 
liques. —  La  Fête  nationale  de  Jeanne  d'Arc.  —  Jeanne  d'Arc 
et  la  Bretagne.  —  La  Vérité  sur  Pierronne  de  Bretagne.  —  Jeanne 
d'Arc,  honneur  et  conscience  de  la  France.  —  Nous  sommes  heu- 
Janvier  1912.  T.  CXXIV.  5. 


-  66  — 

reux  de  constater  tout  d'abord  que  l'éloquence  de  M.  Coubé  se 
montre  dans  ce  recueil  sous  un  bien  meilleur  aspect  que  dans  un 
autre  qui  lui  fait  pendant  :  L'Ame  de  Jeanne  d'Arc,  dont  nous 
avons  précédemment  rendu  compte.  L'exubérance  romantique  y 
est  moins  fréquente  et  moins  marquée  et  le  style  s'y  rapproche 
davantage  de  cette  clarté  ferme  et  naturelle  qui  est  le  génie  même 
de  la  langue  française.  Ce  n'est  pas  que  les  expressions  de  mau- 
vais goût  y  manquent.  Dire  de  la  bannière  de  Jeanne  d'Arc  que 
«  c'est  son  âme  hissée  au  sommet  d'une  hampe  pour  parler  plus 
haut  et  être  vue  de  plus  loin  »  (p.  18),  c'est  s'abandonner  à  une 
fâcheuse  et  presque  ridicule  emphase.  Mais  ce  genre  de  traits  est 
relativement  rare  et,  dans  l'ensemble,  comme  orateur  et  comme 
écrivain,  les  qualités  de  M.  Coubé  l'emportent  ici  de  beaucoup  sur 
ses  défauts.  \'oilà  pour  la  forme.  Le  fond,  en  général,  est  excellent, 
et  l'on  y  regrette  seulement  çà  et  là  quelques  exagérations  de 
polémiste  et  de  zelante.  Nous  avons  notamment  apprécié  les  con- 
naissances historiques  de  l'orateur,  son  souci  de  l'exactitude  et 
de  louable  retenue  par  rapport  au  penchant  d'autres  panégyristes 
vers  les  conjectures  ou  interprétations  douteuses  ou  les  broderies 
légendaires.  Nous  aurions  pourtant  mieux  aimé  ne  pas  retrouver 
dans  un  de  ses  discours  des  mots  certainement  inauthentiques, 
comme  le  fameux,  mais  faux  :  «  Ouvrez,  c'est  la  fortune  de  la 
France!»  (p.  16),  ou  le  prétendu  cri  :  «  Vive  labeur  »  !  (p.  24), 
qui  a  déjà  donné  lieu  à  bien  des  tirades  et  dont  on  s'obstine  sans 
raison  à  faire  l'une  des  devises  personnelles  de  Jeanne  d'Arc.  Le 
recueil  Jeanne  d'Arc  et  la  France  mérite  d'être  recommandé  d'une 
façon  particulière  à  nos  lecteurs  et  à  nos  lectrices. 

—  Il  en  est  de  même,  pour  des  qualités  un  peu  différentes,  du 
remarquable  opuscule  de  W^^  Hélène  de  Léché  :  Jeanne  d'Arc, 
sa  foi,  son  procès,  son  martyre,  publié  sous  les  auspices  de  la  So- 
ciété bibliographique,  et  ainsi  divisé  :  I.  Les  Révélations.  II.  L'Or- 
thodoxie de  Jeanne  d'Arc.  III.  Les  Responsabilités.  IV.  Conclu- 
sion. Ce  travail  se  distingue  par  l'exactitude  de  l'information,  la 
justesse  du  sens  historique  et  de  la  pensée,  la  netteté  de  l'expo- 
sition, l'élégante  simplicité  d'un  style  de  bon  exemple  et  de  bonne 
compagnie.  Ce  serait  un  bon  signe,  parmi  tant  d'autres  tristes 
indices,  que  le  succès  de  cet  excellent  écrit  dans  les  milieux  auxquels 
l'auteur  appartient  et  sa  diffusion  dans  quelques-uns  de  ceux  qui 
en  dépendent. 

—  Non  moins  louable  et  non  moins  utile  en  son  genre  est  la 
Vie  de  Jeanne  d'Arc  racontée  par  elle-même,  de  M.  Léon  Le  Grand. 
«  Chercher,  nous  dit  l'auteur,  à  faire  revivre  la  figure  de  Jeanne 
d'Arc   en   recourant   à  son  seul  témoignage,  tel  est  le  but   de   ces 


—  67  - 

quelques  pages.  Pour  cela,  nous  avons  recueilli  dans  les  textes 
contemporains,  comme  d'autres  l'avaient  fait  avant  nous  (notam- 
ment M"i6  P.  Froment  dans  un  très  bon  livre,  dont  le  Polybihlion 
a  rendu  compte),  les  principales  paroles  tombées  des  lèvres  de  la 
Bienheureuse  et  les  avons  simplement  disposées  dans  l'ordre  chro- 
nologique des  faits  qu'elles  relatent  ou  des  circonstances  dans  les- 
quelles elles  ont  été  prononcées.  Nous  les  avons  réparties  en  un 
certain  nombre  de  chapitres  dont  les  titres  rappellent  les  diffé- 
rentes phases  de  sa  vie  pour  rendre  plus  sensible  l'enchaînement 
des  événements,  mais  nous  nous  sommes  interdit  toute  addition 
et  tout  commentaire,  nous  bornant,  quand  cela  était  indispensabh; 
pour  le  sens,  à  noter  entre  parenthèses  le  nom  de  l'interlocuteur 
ou  à  résumer  aussi  brièvement  que  possible  les  questions  qui  pro- 
voquaient telle  ou  telle  réplique  ».  Accompli  avec  le  soin  qu'on 
devait  attendre  d'un  érudit  aussi  distingué  que  M.  Léon  Le  Grand, 
•e  travail  est  d'une  utilité  multiple.  L'histoire,  même  savante, 
pourra  en  profiter,  selon  nous,  aussi  bien  que  la  propagande  po- 
pulaire. Les  références  mises  au  bas  des  pages,  sans  gêner  en  rien 
la  lecture  courante,  en  font  un  précieux  répertoire.  Le  rapproche- 
ment des  textes  y  est  parfois  suggestif.  Enfin  l'âme  de  Jeanne 
d'Arc  y  apparaît  toute  vive  et  toute  céleste.      Marius  Sepet. 


L'Église  de  Paris  et  la  RéYolutlon.  T.  IV  (1799-1802],  par  P. 
PiSANi.  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1911,  in-16  de  461  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

L'important  ouvrage  de  M.  le  chanoine  Pisani  est  achevé  et  l'on 
peut  maintenant  se  rendre  exactement  compte  de  ce  qu'a  voulu 
et  accompli  son  auteur.  A  première  vue,  ses  développements  dé- 
passent les  promesses  de  son  titre.  Nous  sommes  en  présence  d'une 
histoire  des  événements  intéressant  l'Église  de  France  qui  se  sont 
produits  à  Paris  de  1789  à  1802.  La  politique  religieuse  de  la  Cons- 
tituante, de  la  Convention,  du  Directoire  et  du  Consulat  est  expo- 
sée dans  son  ensemble,  d'après  les  travaux  d'hommes  appartenant 
aux  opinions  les  plus  diverses,  de  MM.  Mathiez  et  Sagnac  comme 
de  MM.  Boulay  de  la  Meurthe  et  Albert  Vandal.  De  là  vient  qu'à 
chaque  instant  la  perspective  qui  devait  servir  de  fond  au  sujet 
primitif  se  trouve  ramenée  au  premier  plan.  Cet  élargissement  de 
la  composition  s'explique  par  les  circonstances  dans  lesquelles  l'ou- 
vrage a  été  mené  à  bonne  fin.  C'est  en  somme  la  rédaction  d'un 
cours  professé  pendant  quatre  ans  à  l'Institut  catholique  de  Paris. 
S'adressant  à  des  étudiants,  M.  Pisani  a  été  amené  à  éclairer  l'his- 
toire du  diocèse  dont  la  capitale  est  le  chef-lieu  par  l'histoire  géné- 
rale de  l'Éghse  de  France.  Ceux-ci  et  derrière  eux  beaucoup  de  lec- 


—  08  — 

leurs  retrouveront  dans  le  livre  publié  un  guide  commode  et  fur 
pour  arriver  à  comprendre  comment  cette  Église  évolua  à  travers 
la  crise  causée  par  la  rupture  du  Concordat  de  1516  et  terminée 
par  la  conclusion  du  Concordat  de  1802.  Sur  les  questions  débat- 
tues à  cette  époque,  ils  recueilleront  des  informations  nouvelles  ou 
plus  précises,  appuyées  sur  des  collections  de  textes  ou  des  statis- 
tiques correspondant  aux  exigences  actuelles  de  la  critique  historique. 
Dans  le  tome  IV  et  dernier,  les  faits  concernant  l'Église  de  Paris 
paraissent  à  titre  épisodique  dans  chacun  des  huit  premiers  chapi- 
tres; ils  remplissent  le  neuvième  qui  nous  fait  connaître  avec  détail, 
arrondissement  par  arrondissement,  la  nouvelle  organisation  parois- 
siale et  les  prêtres  de  diverses  origines  appelés  à  former  le  nouveau 
clergé.  Le  reste  du  volume  constitue  une  histoire  du  Concordat 
qu'on  lira  avec  intérêt  et  avec  fruit,  car  on  y  trouvera  un  exposé 
très  sûr  et  très  vivant  des  vicissitudes  par  lesquelles  passa  la  négo- 
ciation. Les  Appendices  des  chapitres  IV  et  VI  oiïrent  une  réunion 
de  textes  propres  à  faire  saisir  sur  le  vif  les  difficultés  de  la  paix 
à  conclure  entre  le  Saint-Siège  et  le  gouvernement  français.  Les 
papiers  du  cardinal  Caprara,  conservés  par  hasard  aux  Archives 
nationales,  ont  été  pour  la  première  fois  mis  sérieusement  à  profit. 
On  lira  même  au  chapitre  VI  une  dissertation  intitulée  Jansénisme 
et  Gallicanisme,  faite  pour  l'auditoire  spécial  de  l'auteur,  où 
M.  le  chanoine  Pisani  essaie  de  déterminer  l'opinion  qu'un  catholique 
du  xx^  siècle  doit  se  former,  d'après  lui,  sur  ses  ancêtres  des  xvii^ 
et  xviii^  siècles.  L.  P. 

lies  maître*  de  l'Heure,    Essais  d'histoire   tnorale    contemporaine,  par 
Victor  Giraud.  Paris,  Hachelte,  1911,  in-16  de  xii-350  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  titre  que  nous  venons  de  transcrire  est  joli,  comme  titre  à 
effet.  11  est  moins  clair  que  frappant.  Pour  l'entendre,  il  faut  avoir 
lu  l'Avant- Propos  où  M.  Giraud  l'exphque.  «  Les  Maîtres  de 
l'Heure  »,  ce  sont  les  maîtres  intellectuels  de  la  génération  à  la- 
quelle M.  Giraud  appartient,  c'est-à-dire,  selon  sa  propre  déclara- 
tion, celle  qui  vient  «  d'atteindre  la  quarantaine  ».  Mais  cette  géné- 
ration a  été  précédée  par  d'autres  qui  ne  sont  pas  encore  éteintes,  et 
elle  a  été  suivie  de  générations  nouvelles  et  différentes,  de  sorte 
qu'il  se  pourrait  bien  que  nombre  de  lecteurs  ne  reconnussent  pas 
dans  les  maîtres  dont  il  s'agit  ceux  de  leur  heure.  Peu  importe 
au  fond,  puisque  M.  Giraud  nous  donne  sur  ceux  qu'il  considère 
comme  les  maîtres  de  son  heure,  un  recueil  d'études  très  intéres- 
santes, où,  comme  il  le  dit,  l'histoire  intellectuelle  et  morale  s'a- 
joute à  la  critique  littéraire.  —  Le  présent  volume,  qui  sera  suivi 
d'un  second,  est  composé  de  cinq  études,  consacrées  aux  écrivains 


—  69  — 

dont  les  noms  suivent  :  Pierre  Loti,  Ferdinand  Brunetière,  Emile 
Faguet,  Eugène-Melchior  de  Vogué,  Paul  Bourget.  Toutes  sont 
remarquables  et  offrent  une  lecture  à  la  fois  agréable  et  nourris- 
sante. Une  qualité,  en  soi  secondaire,  mais  qui  doit  être  louée  par- 
ticulièrement ici,  c'est  le  sens  et  l'érudition  bibliographique  de 
M.  Giraud  et  l'excellent  usage  qu'il  ne  dédaigne  pas  de  faire  des 
comparaisons  d'éditions  et  des  variantes  de  textes  (cf.  notamment 
p.  295,  313,  314).  Mais  il  a  de  plus  hauts  dons  et  de  plus  hauts 
mérites.  C'est  un  penseur  qui  embrasse  dans  leur  entier,  et  dont  la 
vue  dépasse  à  l'occasion,  en  les  considérant  de  haut,  les  sujets  qu'il 
traite.  C'est  aussi  un  critique  littéraire  très  intelligent  et  très 
pénétrant,  surtout  très  bien  informé.  Toutefois,  dans  le  culte  qu'il 
professe  pour  ses  maîtres,  il  excède  quelquefois,  même  assez  sou- 
vent la  mesure,  et  pose  de  temps  en  temps  la  plume  pour  prendre 
en  main  l'encensoir.  On  sent  que  la  Revue  des  Deux  Mondes  et 
encore  plus  l'Académie  fcançaise  sont  pour  lui  des  temples,  eu  il 
en  pratique  les  rites  avec  conviction.  C'est  dire  que  ses  études  se 
tournent  facilement  en  panégyriques.  Mais  cela  ne  l'empêche  pas 
d'exprimer,  quand  il  le  faut,  les  réserves  nécessaires.  Sa  foi  chré- 
tienne, solide  et  sincère,  le  soutient  et  le  préserve;  elle  sauve  et 
fortifie  son  indépendance  et  son  originalité.  M.  Victor  Giraud  est 
aussi  un  écrivain  remarquable,  bien  que  son  goût  ne  soit  pas  tou- 
jours parfaitement  pur  et  que  sa  langue  parfois  s'empâte,  quand 
il  nous  parle,  par  exemple,  du  «  sens  concret  et  de  la  signirication 
convergente  de  toutes  ces  affinités  électives  »  (p.  195),  ou  glisse  même 
dans  l'impropriété,  quand  il  écrit  (p.  218)  que  «  en  intervenant 
généreusement  dans  les  questions  sociales,  elle  (l'Église)  risquait, 
à  très  brève  échéance,  de  recouvrer  tout  son  ancien  prestige  ».  Ris- 
quer s'applique  à  un  mal,  non  à  un  bien  éventuel.  On  risque  de 
perdre,  on  a  chance  de  gagner.  Ce  n'est  rien,  mais  il  y  faut  pren- 
dre garde.  La  défense  de  la  langue  et  du  goût  est  une  partie  de 
cette  défense  religieuse,  morale,  sociale,  patriotique,  littéraire,  à 
laquelle  sont  attachées  les  destinées  et  l'existence  même  de  notre 
pays,  et  à  laquelle  M.  Giraud  est  tout  à  fait  digne  de  prendre  une 
part  de  jour  en  jour  plus  considérable.  Nous  recommandons  aux 
esprits  sérieux  et  curieux  le  premier  volume  et  nous  n'attendons 
pas  sans  un  avant-goût  de  plaisir  et  d'instruction  le  second  volume 
des  et  Maîtres  de  l'Heure  »...  de  M.  Giraud.  M.  S. 


—  70  — 

Calttl«giie      raisonné     cle!«     premières      impresfiionH     de 

Majenre  (  14'A5-1  1157)  par  Seymour  de  Ricci.  (VeiofTeiillichungen 
'   der  GulenbergGesellschaft,  viii-ix.  Mainz,  Verlag  der    Gulenberg-Gesell- 
schafl,  1911,  in-'i  de  ix-166  p.  et  1  pi.  en  pholoiypie.  —  Prix  :  2o  fr. 

Die  Baniberger  Pfistcrdrueke  tiud   die    «fGzeilige    Kibel, 

von  Prof.  D'  Gottfrihd  Zedler.  (Même  recueil,  x-xi.)  Ibid.,  1911,  in-4  de 
ii-li;<p.,  22  pi.  en  pholo-lypie,  1  planclie  en  aulolypieel  fig.  dans  le  texte. 
—  Prix  :  25  fr. 

Outenberg-CScaelliiehaft.  10"  Jahresbericht  erslallet  in  der  ordentlichen 
Mitgtiederversammlang  su  Mainz  am  23.  Jimi  ^9H.  Mainz,  Buchdruckerei 
J.  Prickarts,  1911,  in-/i,  58  p.  et  14  fig.  dans  le  texte. 

La  fondation  à  Mayence  en  1900  et  l'inauguration  en  1901  du 
Musée  Gutenberg  destiné  à  recueillir  tout  ce  qui  a  trait  à  l'inven- 
tion et  aux  progrès  de  l'imprimerie  ont  eu  pour  conséquence  la 
fondation,  grâce  à  l'initiative  de  M.  Karl  Dziatzko,  d'une  Société 
Gutenberg  dont  l'objet  est  double  :  favoriser  le  développement 
du  musée  et  promouvoir  les  études  sur  Gutenberg  et  sur  l'histoire 
de  l'imprimerie.  La  cotisation  annuelle .  des  membres  est  fixée  à 
12  fr.  50  et  peut  être  rachetée  par  une  souscription  perpétuelle  de 
375  fr. 

Bien  que  la  Société  ait  un  caractère  international,  c'est  jusqu'à 
présent  en  Allemagne  surtout  et  en  Autriche  qu'elle  a  recruté  ses 
440  membres  actuels.  Elle  n'a  rencontré  que  six  souscripteurs  en 
Belgique,  cinq  en  Italie,  six  en  Suède,  neuf  en  France,  vingt  en 
Grande-Bretagne;  encore,  parmi  ces  souscripteurs,  il  faut  compter 
les  Bibliothèques.  Et,  cependant,  par  l'utilité  de  l'objet  qu'elle  s'est 
proposé,  par  l'intérêt  des  pubHcations  qu'elle  a  distribuées  jusqu'ici 
à  ses  souscripteurs,  elle  mériterait  une  plus  large  diffusion.  Nous 
nous  féliciterions  si  h  PobjbibUon,  en  îa  faisant  connaître  à  ses 
lecteurs,  aidait  à  son  recrutement.  La  Société  qui  aurait  pu  sembler 
en  sommeil,  puisque,  depuis  quelques  années,  elle  n'avait  pas  fait 
béaéficier  ses  membres  des  publications  qu'elle  devrait  leur  donner 
te  us  les  ans,  se  rattrape  et  fait  les  bouchées  doubles  en  distribuant 
coup  sur  coup  deux  volumes  dont  l'un  s'applique  aux  exercices 
1908-1909  et  1909-1910  et  l'autre  aux  exercices  1910-1911  et  1911- 
1912;  et  l'un  et  l'autre  de  ces  volumes  sont  d  une  importance  assez 
considérable. 

Le  Catalogue,dressé  par  M.  Seymour  de  Ricci,  suppose  de  vastes 
recherches  et  rendra  de  précieux  services.  Ce  n'est  pas  seule- 
ment une  liste  des  anciennes  impressions  mayençaises  ;  pour  chaque 
impression,  M.  Seymour  de  Ricci  s'est  efforcé  de  dresser  un 
état  de  tous  les  exemplaires  connus,  des  fragments  même  possédés 
par  des  bibliothèques  soit  publiques  soit  privées,  et  il  y  a  joint 
l'indication  des  exemplaires  signalés  et  dont  on  a  perdu  la  trace; 
il  indique  même,  et  cela  n'était  pas  superflu,  les  exemplaires  ima- 


—  71  — 

ginaires  que  l'on  avaijt  cru  à  tort  rencontrer  dans  un  dépôt  et 
qui,  en  réalité,  n'y  existent  pas.  Les  impressions  sont  divisées 
en  groupes,  d'après  les  caractères  qui  y  ont  été  employés,  et  classées 
dans  un  ordre  chronologique  approximatif.  Les  exemplaires  sont 
énumérés  d'après  l'ordre  du  pays  où  ils  sont  conservés  en  commen- 
çant, nous  ne  savons  pourquoi,  par  l'Angleterre,  et  en  continuant 
par  la   France   et   par  l'Allemagne. 

Le  titre  donné  à  son  Catalogue  par  M.  Seymour  de  Ricci  est 
trompeur.  Il  ne  s'agit  pas  des  seules  impressions  mayençaises;  les 
impressions  de  Pfister  à  Bamberg,  celles  de  Bechtermuncze  à  Elt- 
ville  y  figurent  également;  de  même  la  date  de  1467  n'est  pas 
celle  à  laquelle  s'arrête  le  travail  de  M.  de  Ricci;  les  Bechter- 
muncze s'étendent  jusqu'à  1480;  des  psautiers  ou  des  missels  pu- 
bliés jusqu'en  1516  ont  été  relevés  par  lui  . 

Tout  en  rendant  hommage  au  labeur  de  M.  Seymour  de  Ricci, 
nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  faire  quelques  réserves  sur 
ses  classements;  quand  il  existe  d'un  même  ouvrage  deux  ou  plu- 
sieurs tirages  —  comme  cela  a  lieu  pour  la  Bible  de  42  lignes 
ou  pour  le  psautier  de  1457,  —  il  y  aurait  eu  intérêt  à  décrire 
ensemble  tous  les  exemplaires  d'un  même  tirage,  au  lieu  de  les 
disperser  comme  le  fait  l'auteur,  suivant  les  pays  où  ils  sont  con- 
servés. 

Peut-être  pourrait-on  relever  de  ci  de  là  quelques  traces  de  lé- 
gèreté, nous  n'en  citerons  qu'un  exemple  :  à  propos  de  la  Bible 
de  36  1.,  M.  Seymour  de  Ricci  écrit  (p.  16,  n°  14)  :  «  Selon  M.  Léo- 
pold  Delisle  {Journal  des  savants^  1893,  p.  216),  un  exemplaire 
aurait  été  offert  vers  1890  pour  150,000  fr.  par  un  libraire  de 
Munich  »;  dans  la  phrase  visée  et  que  voici,  il  n'est  question  ni 
de  1890  ni  de  Munich  :  «  Un  libraire  n'a  pas  craint  dans  ces  der- 
niers temps  de  demander  150,000  fr.  d'un  exemplaire  de  la  Bible 
imprimée  à  Bamberg  par  Albrecht  Pfister  ».  Quant  au  doute  que 
M.  de  Ricci  se  permet  d'émettre  sur  cette  assertion,  tous  ceux 
qui  connaissent  le  soin  scrupuleux  de  M.  Delisle  dans  tous  ses  tra- 
vaux ne   s'y   arrêteront   pas. 

—  Les  impressions  de  Pfister  qui  tiennent  naturellement  une  place 
dans  le  Catalogue  de  M.  Seymour  de  Ricci  font  l'objet  propre 
du  mémoire  de  M.  Zedler.  L'érudit  bibliothécaire  de  Wiesbaden 
est  arrivé  à  des  conclusions  fort  intéressantes  et,  sur  bien  des  points, 
entièrement  neuves.  11  est  parvenu  à  établir  qu'Albrecht  Pfister 
était  un  clerc  marié  qui,  pendant  au  moins  douze  ans  (1448  au 
moins  à  1460),  fut  attaché  comme  secrétaire  à  la  personne  de 
Georg  de  Schaumberg,  évêque  de  Bamberg  de  1459  à  1475,  que 
son  activité  comme  secrétaire  cesse  brusquement  en  1460  et  qu'il 


—  11  — 

était  mort  avant  1466.  L'examen  très  minutieux  auquel  s'est  livret 
M.  Zedler  de  la  teclmique  typographique  des  volumes  imprimés 
par  Pfister  lui  a  permis  de  déterminer  d'une  manière  qui  me  paraît 
fort  vraisemblable  et  à  peu  près  sûre  l'ordre  dans  lequel  se  sont 
succédé  les  impressions  du  clerc  de  Bamberg  ;  comme  on  sait, 
deux  de  ces  impressions  sont  datées  :  une  édition  de  V Edelstein 
de  Boner,  du  14  février  1461,  et  les  Quatre  histoires,  de  peu  après 
la  Sainte-Walburge  (l'^''  mai)  1462  .  Le  Boner  serait  la  2^  impres- 
sion de  Pfister,  qui  aurait  d'abord  imprimé  en  1460  une  édition  de 
VAckermann  von  Bôhmen  (exemplaire  sans  gravures  de  Wolfenbut- 
tel).  Les  Quatre  histoires  forment  la  3^  impression  que  suit  vers 
la  fin  de  1462  la  1""^  édition  allemande  de  la  Biblia  pauperiwi 
(la  plus  courte),  puis  en  1463  l'édition  latine  de  la  Biblia  pauperum 
et  la  2^  édition  de  VAckermann^  en  1464  la  2^  édition  allemande 
de  la  Biblia  pauperum,  la  2®  de  VEdelstein  de  Boner;  enfin  lei?e- 
lial  de  Jacques  de  Teramo.  Si  ce  dernier  ouvrage  n'est  pas  illustré, 
comme  les  autres  impressions  de  Pfister,  la  raison  doit,  selon 
M.  Zedler,  en  être  cherchée  dans  l'état  de  fatigue  de  l'imprimeur 
qui,  comme  on  le  sait  déjà,  ne  survécut  guère  à  ce  travail.  M.  Zedler 
croit  aussi  pouvoir  affirmer  que  VAckermann  n'est  pas  seulement  la 
plus  ancienne  impression  que  nous  ayons  conservée  de  Pfister, 
mais  la  première  à  laquelle  il  ait  donné  ses  soins.  Les  arguments 
techniques  qu'il  fait  valoir  rendent  la  chose,  sinon  certaine,  du 
moins   assez    vraisemblable. 

Des  raisons  philologiques  avaient  conduit  des  germanistes  à 
donner  pour  les  éditions  de  VA  ckermann  et  pour  VEdelstein  de  Boner 
un  ordre  directement  inverse  de  celui  que  propose  aujourd'hui 
M.  Zedler.  Il  s'est  donc  trouvé  amené  à  étudier  de  plus  près  le 
texte  des  éditions  de  Pfister  sous  le  double  rapport  de  l'ortho- 
graphe et  du  style,  et  cette  nouvelle  enquête  a  abouti  aux  mêmes 
conclusions    que.  l'enquête   typographique. 

Comme  les  livres  imprimés  par  Pfister  l'ont  tous  été  avec  les 
caractères  de  la  Bible  de  36  lignes,  M.  Zedler  ne  pouvait  se  sous- 
traire au  devoir  d'examiner  la  question  si  débattue  de  savoir  qui  a  été 
l'imprimeur  de  cet  ouvrage.  Pfister,  à  qui  quelques-uns  en  avaient 
fait  honneur,  a  été  généralement  écarté  et  M.  Zedler  est  de  ceux 
qui  repoussent  cette  attribution  difficilement  soutenable.  Pour  lui, 
c'est  Gutenberg  qui  est  le  créateur  des  caractères  de  la  Bible  de 
36  lignes  comme  de  ceux  de  la  Bible  de  42  lignes;  et  c'est  lui 
aussi  qu'il  faut  regarder  comme  l'imprimeur  de  cette  œuvre.  Les 
arguments  de  M.  Zedler,  dans  le  détail  desquels  il  ne  nous  est  pas 
possible  d'entrer  ici,  sont  d'ordre  purement  technique.  Quant  au 
lieu  d'impression  de  la  Bible,  tout  semble  montrer  que  c'est  Bam- 


—  73  — 

berg  et  non  Mayence;  non  seulement  on  explique  plus  facilement 
ainsi,  comment,  au  lendemain  môme  de  l'impression  de  la  Bible,  les 
caractères  sont  tombés  aux  mains  du  Bambergois  Pfister;  mais  le 
papier  utilisé  pour  l'impression  a  été  employé  sûrement  à  Bam- 
berg,  tandis  qu'on  n'en  trouve  point  trace  à  Mayence;  les  exem- 
plaires connus  dont  on  peut  déterminer  la  provenance  proviennent 
tous  ou  de  Bamberg  ou  de  monastères  des  environs;  c'est  à  Bam- 
berg  seulement  que  l'on  trouve  trace  d'un  registre  imprimé  de  la 
Bible  de  36  lignes.  Il  y  a  là  tout  un  ensemble  d'indices  concordants 
et  probants.  Ce  serait  en  1457-1458  que  Gutenberg  aurait  mené 
à   terme    cette    impression. 

Si,  dans  l'argumentation  de  M.  Zedler,  tout  n'est  pas  également 
convainquant,  ce  beau  travail,  très  clair  et  très  fouillé,  n'en  a  pas 
moins  une  importance  considérable  et  s'impose  à  l'attention  et  à 
l'étude  de  tous  ceux  que  préoccupe  la  question  des  origines  typo- 
graphiques. 

—  Pfister  est  le  premier  imprimeur  qui  ait  songé  à  illustrer  ses 
éditions  par  des  gravures  sur  bois.  M.  ri  ans  Koegler,  dans  la  lec- 
ture qu'il  a  faite  le  25  juin  1911  à  l'assemblée  de  la  Société  Gu- 
tenberg :  tïher  Bucheriïlustrationen  in  den  ersten  Jahrzehnten  des 
deuischen  Biichdruckes^  se  borne  à  étudier  les  productions  des  pres- 
ses baloises.  Le  fait  qu'il  met  en  lumière,  c'est  qu'au  début  l'il- 
lustration n'a  d'autre  objet  que  d'interpréter  le  texte  aussi  fidèle- 
ment que  possible  et  de  le  rendre  intelligible  à  qui  ne  sait  lire. 
Le  dessinateur  se  réduit  à  l'essentiel,  négligeant  le  pittoresque  inu- 
tile, môme  quand  le  texte  lui  en  fournirait  les  éléments.  Peu  à 
peu,  l'illustrateur  en  prend  plus  à  son  aise  avec  le  texte;  ainsi 
Diirer,  —  s'il  en  est  bien  le  des.-^inateur  —  avec  les  figures  de  la 
Nef  des  fous  de  S.  Brant.  Encore  M.  Koegler  exagère-t-il  plutôt 
ces  libertés  prises  par  le  dessinateur;  ainsi  dans  sa  figure  12,  où 
rien  ne  lui  semble  rappeler  la  sanctification  du  dimanche,  cette 
idée  n'est-elle  pas  au  contraire  éveillée  dans  l'esprit  du  lecteur  par 
la  représentation  de    l'église  ou  plutôt  des  églises? 

E.-G.  Ledos. 


BULLETIN 

L'Acte  de  foi  eet-ll  raisonnable?  par  le   B.  P.  SCHWALM.  Paris.  Bloud, 
1911,  in-16  de  63  p.  (Collection  Science  et  Religion).  —  Prix  :  0  fr.  60. 

A  propos  de  la  foi,  ce  petit  opuscule  touche  à  beaucoup  de  questions, 
questions  relatives  à  la  Trinité,  aux  vestiges  d'elle-même  qu'elle  imprime 
dans  les  créatures,  à  l'attrait  qui  emporte  toute  nature  créée  vers  le  surna- 
turel, etc.  Signalons  un  beau  chapitre,  c.  8,  sm'  la  Trinité,  centre  de  la  foi,  un 
autre  aussi,  ^,  4,  que  l'on  voudrait  plus  clair,  sur  ce  qui  de  Dieu  est  ou  n'est 


—  74  — 

pas  naturellement  connaissablo.  La  page  à  mon  a\is  la  plus  intéressante, 
p.  59,  eet  celle  où  l'auteur  analyse  dans  ce  qu'elle  a  de  psychologique- 
ment observable,  la  grâce  prévenante,  touche  suave  de  Dieu  qui  nous  incite 
à  croir.^.  J'ai  le  regret  d'ajouter  que  ce  passage,  d'une  valeur  psychologique 
incontestable,  me  paraît  dialectiquement  faible.  D'après  le  P.  Schawlm, 
ce  contact  de  la  présence  de  Dieu,  cette  parole  intérieure  est  «  obscure  sans 
doute,  mais  expérimentée  en  toute  certitude  »;  et  cette  certitude  expérimen- 
tale serait  requise  pour  qu'un  acte  de  foi  souverainement  ferme  fût  raison- 
nable. —  Que  tout  acte  de  foi  se  fasse  à  l'aide  de  la  grâce,  c'est  une  vérité 
dogmatique.  Que,  dans  des  cas  exceptionnels,  vrais  miracles  d'ordre  psy- 
chologique, le  témoignage  intérieur  du  Saint-Esprit  porte  en  lui-même  la 
preuve  certaine  de  sa  divine  origine,  je  l'admets  également.  Mais  que  tous 
les  croyants  aient  cette  certitude  expérimentale  de  Dieu  sensible  au  cœur, 
je  ne  le  pense  pas.  Faire  dépendre  la  rationabilité  de  la  foi  et  sa  suprême 
fermeté  d'une  expérience  religieuse  dont  tous  les  croyants  devraient  être 
expérimentalement  certains,  ne  serait-ce  pas  donner  à  cette  foi  un  faux  air 
d'illuminisme?  H.  Grs. 

L.es    Idées    (la    père   Bontcmps,   Journal    d'un    paysan,  par  Abbl    NOËL- 
Mons,  édition  de  la  «  Société  nouvelle  »,  s,  d.  iu-12  de  182  p.  —  Prix  :2  fr. 

Les  idées  du  père  Bont^emps  sont  radicalement  socialistes,  et  c'est  aux 
paysans  qu'il  les  prêche,  non  sans  verve  ni  sans  arguments  spécieux,  avec 
un  mélange  de  dissertations  économiques  et  de  littérature  pathétique,  qui 
agirait  sur  bien  des  lecteurs.  La  critique  vive,  acerbe,  de  la  société  actuelle 
tient  nattirellement  la  plus  grande  place  dans  ces  pages.  Les  remèdes  propo- 
sés sont  la  nationalisation  du  sol  et  un  remaniement  des  lois  sur  l'héritage, 
grâce  auxquels  l'État  pourrait  mettre  à  la  disposition  des  travailleurs  et  des 
associations  de  travailleurs  le  sol,  les  usines,  magasins  ou  manufactures, 
avec  l'outillage  nécessaire.  Baron   Angot  des  Rotours. 


Le  Gldre,  par  P.  Labounoux  et  P.  Touchard.  Paris,  Hachette,  1910,  in-16 
cartonné  de  199  p.,  avec  92  fig.  —  Prix  :  2  fr. 

Monographie  forcément  spéciale  par  suite  de  la  zone  plutôt  restreinte  tant 
de  la  culture  du  pommier  que  de  la  fabrication  et  de  l'usage  de  cette  bois- 
son. Cependant  la  consulteront  avec  fruit  et  suivront  ses  conseils  tous  ceux 
qui  produisent  des  fruits  de  vente  et  de  consommation.  Toute  la  partie  con- 
sacrée aux  so'ns  à  donner  aux  arbres,  aux  ennemis  surtout  à  combattre, 
intéresse  naturellement  tous  les  producteurs.  Quant  aux  fabricants  de 
cidre,  ils  consulteront  avec  profit  ce  qui  concernele  matériel  de  fabrication, 
son  entretien,  sa  tenue  et  sa  propreté,  le  traitement  des  fruits,  la  manière 
d'obtenir  le  jus,  sa  fermentation  et  ce  qui  regarde  la  portée 
commerciale  de  ces  produits,  comme  aussi  les  industries  diverses  qui  uti- 
lisent les  sous-produits.  Ce  petit  volume  prend  une  bonne  place  dans  l'Ency- 
clopédie des  connaissances  agricoles  dont  nous  avons  déjà  parlé  plusieurs 
fois.  G.  DK  S. 

Lapin»    et    cobaye»,   par    Ch.    Caillât.    Paris,   Librairie   de   la   Maison 
rustique,  1910,  in-8  de  81  p.,  avec  grav.  —  Prix  :  2  fr. 

Petite  brochure  essentiellement  pratique.  L'auteur,  qui  invite  d'aiiburs 
?es  lecteurs  à  le  suivre  dans  la  visite  détaillée  de  son  clapier,  leur  en  donne 


—  Tô- 
le goût  en  décrivant  tous  les  détails  de  l'installation  de  ses  cabanes,  leur 
aménagement,  l'hygiène  à  observer,  enfin  la  nourriture  à  donner  aux  ani- 
maux dont  on  a  choisi  et  sélectionné  les  racss.  L'ouvrage,  complété  par 
dou7e  belles  planches  gravées  représentant  des  installations  d'élevage,  cons- 
titue un  guide  attrayant  et  très  pratique.  G.  de  S. 


Élémentii  <i'ai-li  itmétique.  Premier  cjcle,  6"^  et  5*  A  et  B,  par  P.  Gamman. 
Paris,  de  Gigord,  1911,  in-16  cartonné  de  270  p.  —  Prix  :  1  fr.  80. 

Cours      élémentali-e    de   géométrie    pinne,    par    P.     CaMMâN    et    A. -G. 

RÉBOUis.  Paris,  de  Gigord,  1911,  in-16  cartonnt^,  de  294  p.  —  Prix  :  1  fr.  75. 
Aif^èbre..   Classe  de  3«  B,  2'  et  i"  C  et  D,  par  P.  Gamman  et  A.  Grignon. 
Paris,  de  Gigord,  1912,  in-16  cartonné  de  vi-279  p.  —  Prix  :  3  fr. 

M.  Gamman,  directeur  des  études  scientifiques  au  collège  Stanislas,  a 
entrepris,  avec  le  concours  de  plusieurs^  professeurs  au  même  collège,  la 
publication  d'un  cours  de  mathématiques  répondant  aux  desiderata 
fréquemment  formulés  par  de  nombreux  professeurs  de  l'enseignement 
libre.  La  motion  suivante,  à  laquelle  nous  nous  rallions  de  la  façon  la  plus 
absolue,  a  toujours  réalisé  l'unanimité  des  voix  dans  les  différents  congrès: 
à  qualités  égales,  dans  l'enseignement  libre,  on  doit,  sans  hésitation,  pré- 
férer les  oeuvres  des  professeurs  de  l'enseignement  libre.  En  ce  qui  con- 
cerne les  mathématiques,  le  moment  est  venu  de  passer  de  la  théorie  à  la 
pratique;  tout  au  moins  en  ce  qui  concerne  les  trois  volumes  actuellement 
parus  de  la  collection  dont  nous  parlons. 

M.  Gamman  s'est  réservé  la  tâche  ingrate  d'écrire  les  Éléments  d'arith- 
métique. Il  s'est  efforcé  d'être  très  simple  et  très  clair.  Il  s'agit  d'être  com- 
pris par  de  très  jeunes  erfants.  Mais  si,  dans  l'enseignement  primaire, 
l'arithmétique  est  une  fin,  dans  l'enseignement  secondaire  c'est  un  début 
qui  doit  préparer  aux  études  ultérieures.  Il  faut  donc  des  notions  précises 
qui  ne  paraissent  pas  trop  arides.  M.  Gamman  a  su  concilier  ces  deux  exi- 
gences si  opposées.  —  Dans  le  Cours  élémentaire  de  géométrie  plane,  nous 
retrouvons,  rajeuni  et  revivifié,  l'esprit  de  simplicité  de  l'œuvre,  mainte- 
nant disparue,  de  Dufailly.  Que  de  générations  ont  pu  absorber  le  «  quod 
justum  ))  de  sciences,  grâce  à  cet  ancien  professeur  de  Stanislas  !  Ge  nouveau 
livre  présente  le  même  avantage  pour  les  programmes  actuels.  —  Malgré 
les  qualités  que  nous  reconnaissons  aux  deux  ouvrages  précédents,  nous 
n'hésitons  pas  à  mettre  hors  de  pair  V Algèbre doMM.  Gamman  et  Grignon. 
Le  programme  officiel  de  cette  science  est  très  vaste;  cependant,  sur  cer- 
tains points,  il  est  incomplet.  Les  auteurs  ont  su  rester  brefs,  tout  en  expo- 
sant ce  qui,  logiquement,  doit  être  enseigné.  Nous  ne  saurions  faire  com- 
prendre, en  quelques  lignes,  avec  quel  tact,  quelle  délicatesse,  les  élèves 
sont  guidés  dans  cet  ouvrage.  LIne  longue  et  sagace  observation  du  déve- 
loppement intellectuel  des  auditeurs,  telle  que  M.  Grignon  Va  toujours 
pratiquée,  est  la  cause  de  la  haute  valeur  de  ce  cours.  E.  Ghailan. 


Un  Crime  social.     L.'.4ifi9a8slnat    «i*  Vi-nnçoiS  Fcrr-er,  par   LâON  Ll- 

GA"'r?,3.  Paris,  Marcel  Rivière,  1309,  in-8  de  70  p.,  avec  portrait.  —  Prix  : 
'.  fr. 

assassinat  est  ici  pour  exécution.  L'auteur  admet  com-ne  un  axi5aie, 
sans  même  discuter  le  dossier,  que  Ferrer  était  étranger  aux  émeutss  de 
Barcelone  et  que,  s'il  a  été  condamné  et  fusillé,  c'est  en  haine  de  «  l'école 


—  76  — 

moderne  »  dont  il  s'était  fait  l'apôtre.  Il  a  été  en  définitive  une  victime 
de  l'Inquisition,  de  l'Église  catholique,  et  aussi  de  la  société  bourgeoise 
qui  s'appuie  sur  elle,  ouvertement  en  Espagne  et  en  Belgique,  indirecte- 
ment et  sournoisement  en  France  et  en  Italie.  Ce  thème  sort  de  centre  à  une 
série  de  considérations  historiques,  philosophiques  et  religieuses,  dont  on 
pressent  la  profondeur.  Comme  conclusion  à  ces  pauvretés,  on  nous  an- 
nonce l'ouverture  d'une  souscription  pour  élever  un  monument  à  Bruxelles, 
en  souvenir  de  Ferrer.  H.  Rubat  du  Mérac. 


CHROJNIQUE 


Nécrologie.  —  M.  l'abbé   Hippolyte  Gayraud,   député  du   Finistère, 
qu'une  grave  maladie  retenait  depuis  longtemps  loin  du  Parlement, est  mort 
à  Bourg-la-Reine  (Seine),  le  16  décembre,  à  55  ans.  Né  à  Lavit  (Tarn-et-Ga- 
ronne),  le  13  août -1856,  il  était  entré  dans  l'ordre  des  Frères  Prêcheurs  en 
1877  et  se  fit  recevoir  docteur  en  théologie.  En  1884  ses  supérieurs  lui  con- 
fièrent la  chaire  de  philosophie  et  de  théologie  scolastique  à  l'Institut  catho- 
lique de  Toulouse,  chaire  qu'il  occupa  pendant  neuf  années.  Autorisé  par  le 
Souverain  Pontife,  en  1893,  à  quitter  l'habit  dominicain,  il  s'adonna  à  la 
prédication  et  groupa  autour  de  lui  de    nombreux  auditoires.  Abordant 
enfin  la  politique,  il  prit  vivement  la  défense  de  la  démocratie  chrétienne 
dans  les  congrès  et  même  dans  les  réunions  publiques,  et  Mgr  d'Hulst  étant 
mort  au  moment  où  quelque  bruit  se  faisait  au  tour  de  son  nom,  il  fut  choi'  i 
par  les  électeurs  de  la  troisième  circonscription  de  Brest  pour  occuper  le 
siège  laissé  vacant  par  le  décès  du  recteur  de  l'Institut  catholique  de  Paris. 
A  la  Chambre,  M.  l'abbé  Gayraud,  qui  appartenait  au  groupe  de  l'Action 
libérale,  intervint  dans  la  plupart    des  débats  d'ordre  religieux  et    sut 
presque  toujours  s'imposer  à  ses  collègues  anticléricaux    parla  vigueur  de 
sa  dialectique.  Toutefois  au  moment  de  la  discussion  de  la  loi  de  sépara- 
tion il  ne  réu?sit  pas  à  obtenir  des    modifications    qu'il  espérait  pouvoir 
amener  une  entente  avec  Rome.  M.  l'abbé  Gayraud  laisse  divers    ouvrages 
de  philosophie,  de  théologie  et  de  politique  parmi  lesquels  nous   citerons; 
Thomisme  et  Molinisme.  Première  partie  :  Critique  du.  Molinisme.  Réponse 
au  R.  P.   Th.  de  Régnon,  S.  J.  (Toulouse,  1890,  in-12);  —  Providence  et 
libre  arbitre  selon  saint  Thomas  d^Aquin.  Thomisme  et  Molinisme.  Seconde 
partie  :  Exposition  du  thomisme  (Toulouse,  1892,  in-12);  —  Saint  Thomas 
et  le  prédéterminisme  (Paris,  1895,  in-16);  —  Un  Programme  à  propos  du 
budget  de  1895  (Paris,  1895,  in-8);  —   V Antisémitisme   de   saint    Thomas 
d' Aquin  (Paris,  1896,    in-12);  —   Questions  du  jour,  politiques,  sociales,  reli- 
gieuses, philosophiques  (Paris,  1897,  in-12);  ■ —  La  Démocratie  chrétienne. 
Doctrine  et  programme  (Paris,  1899,  in-12). 

—  L'Alsace-Lorraine  a  perdu  dernièrement,  en  la  personne  de  Mgr  Lan- 
delin  Winterer,  un  de  ses  fils  les  plus  dévoués,  un  de  ses  plus  saints 
prêtres,  un  de  ses  plus  remarquables  orateurs  et  écrivains.  Mgr  Winterer, 
mort  à  Mulhouse  au  commencement  de  novembre,  à  79  ans,  était  né  à 
Soppe-le-Haut  (Haut-Rhin),  le  29  février  1832.  Il  fut  successivement 
curé  à  Bischwiller,  à  Colmar  et  à  Guebwiller,  puis  fut  nommé  curé  de  Saint- 
Étienne  de  Mulhouse  et  chanoine  honoraire  du  diocèse  de  Strasbourg.  Elu, 
en  1874,  député  au  Parlement  allemand  pour  le  cercle  de  Thann-Altkirch, 
il  ne  tarda  pas  à  se  placer  au  premier  rang  des  orateurs  politiques  de  cette 
assemblée  et  se  montra  un  des  plus  ardents  adversaires  du  prince  de  Bis- 


marck.  Et  dès  lors,  pendant  quarante  ans  environ,  il  ne  cessa  d'être  un 
intrépide  défenseur  des  droits  de  sa  patrie  nautilée  par  la  guerre  fatale  et 
de  l'Eglise  persécutée  et  attaquée  dans  ses  croyances.  Maniant  la  plum? 
aussi  bien  que  la  parole,  il  a  combattu  de  préférence  le  socialisme  qui 
avait  particulièrement  attiré  son  attention.  Voici  la  liste  de  ceux  de  ses 
ouvrages  qui  nous  sont  connus  :  La  Persécution  religieuse  en  Alsace  ven- 
dant la  grande  Révolution;  —  Histoire  de  Sainte  Odille  ou  V Alsace  chrétienne 
au  VII®  et  au  viii®  siècle  (Guebviller,  1870,  in-8),  plusieurs  fois  réimprimé; 

—  Le  Socialisme  contemporain  (1878,  in-8);  —  Trois  Années  de  l'histoire 
du  socialisme  contemporain  (1882,  in-18);  —  Le  Danger  social,  ou  Deux 
Années  de  socialisme  en  Europe  et  en  Amérique  (1885,  gr.  in-8)  ;  —  Le  Socia- 
lisme international  (Paris  et  Mulhouse,  1890,  in-8). 

—  Le  monde  médical  vient  de  perdre  un  de  ses  membres  les  plus  distin- 
gués, le  docteur  Odilon-Marc  Lannelongue,  sénateur  et  président  de 
l'Académie  de  médecine,  qui  est  mort  à  Paris  le  21  décembre,  à  l'âge  de 
72  ans.  Né  à  Castera-Verduzan  (Gers),  en  1840,  il  fit  sgs  études  médicale? 
à  Paris,  fut  reçu  docteur  en  1867,  puis  agrégé  en  1869,  et  fut  nommé  peu 
de  temps  après  chirurgien  du  bureau  central  des  hôpitaux.  Attaché,  en 
1873,  comme  chirurgien,  à  l'hôpital  de  Bicètre,  il  passait  deux  ans  plus 
tard  à  l'hôpital  Trousseau.  Le  17  juillet  1883,  il  était  nommé  membre  de 
l'Académie  de  médecine,  qu'il  devait  présider  plus  taro,  et  la  même  année 
on  lui  confiait  la  chaire  de  pathologie  externe  à  la  Faculté  de  médecine, 
qu'il  échangea  ensuite  contre  une  chaire  de  clinique  chirurgicale.  Enfin 
en  1895,  il  était  appelé  à  l'Académie  des  sciences  pour  la  section  de  méde- 
cine et  de  chirurgie  en  remplacement  de  Verneuil.  Le  docteur  Lanne- 
longue fut  choisi,  le  7  janvier  1906,  par  ses  compatriotes  du  Gers  pour  les 
représenter  au  Sénat.  Dans  cette  assemblés  il  ne  tarda  pas  à  occuper  une 
place  importante  et  prit  une  part  active  aux  discussions  relatives  à  l'hy- 
giène, à  l'enseignement  supérieur,  etc.  Les  principaux  ouvrages  que  laisse 
le  docteur  Lannelongue  sont  :  Circulation  veineuse  des  parois  auriculaires 
du  cœur  (Paris,  1867,  in-8),  thèse  pour  le  doctorat;  —  Du  Pied  bot  congé- 
nital (Paris,  1869,  in-8),  thèse  d'agrégation;  —  De  VOstéomyélite  chro- 
nique ou  prolongée  (Pari?,  1879,  in-8);  ■ —  De  VOstéomyélite  aiguë  pendant 
la  croissance  (Paris,  1880,  gr.  ia-8); — Abcès  froid  et  tuberculose  osseuse 
(Paris,  1881,  in-8);  —  Coxotuberculose  (Paris,  1886,  in-8);  —  Traité  des 
kystes  congénitaux  (Paris,  1886,  iii-8);  —  Leçons  de  clinique  chirurgicale 
(Paris,  1887,  gr.  in-8);  —  Tuberculose  vertébrale  (Paris,  1888,  gr.  in-8);  — 
De  quelques  Variétés  de  tumeurs  congénitales  de  l'ombilic  et  plus  spéciale- 
ment des  tumeurs  adénoïdes  diverticulaires  (Paris,  1886,  in-8),  avec  le  doc- 
teur V.  Frémont;  —  Méthode  de  transformation  prompte  des  produits  tuber- 
culeux des  articulations  et  de  certaines  parties  du  corps  (Paris,  1891,    in-8); 

—  Affections  congénitales.  Tête  et  cou.  Maladies  des  bourgeons  de  Vambryon, 
des  arcs  branchiaux  et  de  leurs  fentes  (Paris,  1891,  in-8);  —  La  Tubercu- 
lose chirurgicale  (Paris,  1903,  in-8). 

—  C'est  avec  un  vif  sentiment  de  regret  que  nous  avons  appris  ici  la 
mort  de  M.  Léo  Rouan  et,  survenu  cet  automne,  à  Mariette  (Seine-et- 
Marne).  M.  Léo  Rouanet  fut  des  nôtres.  11  donna  au  PolybibUon,  sur  divers 
ouvrages  espagnols,  de  courtes  mais  substantielles  études.  11  était  né  à 
Béziers  (Hérault),  en  1863.  Après  une  enfance  tout  entière  écoulée  au  sein 
d'une  de  ces  anciennes  familles  françaises  dont  l'horizon  d'action  et  de 
rêve  semble  se  limiter  à  la  maison  ancestrale,  il  quitta  le  Midi  pour  venir  à 
Paris.  La  beauté  de  la  grande  ville,  le  Louvre,  une  atmosphère  intellec- 
tuelle, la  sincérité  et  l'enthousiasme  de  certaifis  cénacles  le  séduisirent. 


—  78  — 

Il  aimait  les  lettivs,  los  arts.  Il  travailla.  Son  premier  livre,  un  roman  • 
Maxime  Everault,  pf  rut  dès  ce  temps-là.  Ses  relations  s'étendirent.  Mais, 
peu  à  peu,  la  vie  et  l'œuvre  de  Léo  Rouanet  prirent  une  orientation  nou- 
velle. Quelques  voyages  en  Espagne,  quelques  lectures  captivèrent  à  ce 
point  son  esprit  qu'il  en  vint  à  s'adonner  presque  exclusivement  aux 
belles-lettres  et  aux  arts  anciens  d'un  pays  où  les  hommes  firent  Séville 
et  le  ciel  Calderon.  De  cette  époque  jusqu'à  sa  mort  si  prématurée,  M.  Léo 
Rouanet  mit  son  intelligence,  très  sûre  et  pénétrante,  et  sa  faculté  de  tra- 
vail au  service  de  quelques  auteurs  espagnols  de  son  choix.  Passé  maître 
dans  la  connaissance  de  la  lang'ue,  il  reconstitua  et  annota  de  vieux  textes, 
en  traduisit  d'autres  en  un  français  d'une  pureté  rare.  Il  faut  citer  ses 
Chanso7is  populaires  de  VEspagne,  traduites  en  regard  du  texte  (Paris, 
1896,  in-12);  ^ — Intermèdes  espagnols  du  x\ii^  siècle,  {entremesses),  traduits 
et  annotés  (Paris,  1897,  in-8);  —  Drames  religieux  de  Calderon,  traduits 
et  annotés  (Paris,  1898,  in-8);  —  Le  Diable  prédicateur,  comédie  espagnole 
du  xvii®  siècle,  traduite  et  annotée  (Toulouse,  1901,  in-12);  —  Biblio- 
graphie critique  du.  théâtre  espagnol,  en  collaboration  avec  M.  A.  Morel- 
Fatio,  de  l'Institut  (Pari.',  1900,  gr.  in-8);  ■ —  Quatre  dialogues  sur  la 
peinture,  de  Francisco  de  Hollanda,  portugais,  traduits  et  annotés  (Paris 
1911,  in-12);  —  Auto  Sacramantal  de  Las  pruebas  del  linaje  umano  [160o]  ; 
—  Diego  de  Negueruela;  Coleccion  de  autos,  fârsas  y  coloquios  del  siglio  xvi, 
avec  notes,  appendices  et  glussaire  (Mâcon,  1891,  4  vol.  in-8)  ;  enfin,  ces  sa- 
voureux Mémoires  du  capitan  Alonso  de  Contreras  (Paris,  1911,  in-12) ,  qu'il 
«  mit  en  français  «  avec  la  collaboration  de  Marcel  Lami,  également  dis- 
paru. Huit  jours  à  peine  avant  sa  mort,  M.  Léo  Rouanet  mettait  le  mot 
fin  à  un  volumineux  travail,  un  texte  portugais  ancien  qu'il  avait  recons- 
titué à  force  de  recherches  à  Paris,  à  Londres,  à  Madrid  et  à  Lisbonne. 
Son  manuscrit,  net,  complet,  pesait  sur  sa  table  ;  il  en  parlait  avec  la 
modestie  charmante  qui  fut  l'une  des  caractéristiques  de  cet  homme 
distingué,  savant  collectionneur  et  bibliophile,  esprit  délicat  et  âme 
d'élite. 

—  M.  Jean-Baptiste-Edouard  Bornet,  le  di'^tingué  botaniste,  membre 
de  l'Institut,  considéré  à  l'étranger,  comme  un  des  représentants  les  plus 
autorisés  de  la  science  française,  est  mort  à  Paris,  à  la  fin  de  décembre, 
à  l'âge  de  83  ans.  Né  à  Guérigny  (Nièvre),  le  2  septembre  1828,  il  étudia 
la  médecine  et  fut  reçu  docteur;  mais  poussé  par  un  goût  très  vif  pour 
l'histoire  naturelle,  il  s'adonna  spécialement  à  d'importantes  recherches 
sur  les  végétaux  inférieurs.  Il  étudia  les  champignons  sous  la  direction 
de  Leveillé  et  de  Tulasne,  puis  se  rendit  à  Antibes  où  il  collabora  aux 
recherches  de  Thuret  sur  les  organes  reproducteurs  des  algues.  Il  fut  élu, 
le  10  mai  1866,  membre  de  l'Académie  des  sciences  en  remplacement  de 
Tulasne  et  en  mai  1891  il  obtint  la  grande  médaille  d'or  de  la  Société 
linnéenne  de  Londres  pour  l'ensemble  de  ses  travaux.  M.  Bcrnet  a  publié 
le  résultat  de  ses  découvertes  scientifiques  dans  les  ouvrages  suivants  : 
Études  psychologiques  (Pans,  1878,  m-fol.);  —  Notes  algologiques,  recueil 
d'observations  sur  les  algues  (Paris,  1876-1880,  2  vol.  in-4);  —  Concordance 
des  Algen  Sachsens  et  Europa's  de  Rabenhorst  avec  la  revision  des  Nosta- 
cacées  de  Bornet  (Venise,  1888,  in-8);  —  Les  Algues  de  P.  A.  Schousboe, 
récoltées  au  Maroc  et  dans  la  Méditerranée  de  1815  à  1829  (Paris,  1892,   in-8). 

—  M.  Paul  Mariéton,  un  des  plus  charmants  écrivains  de  cette  généra- 
tion, est^mort  à  Nice,  le  24  décembre,  à  49  ans.  Né  à  Lyon,  le  14  octobre 
1862,  Jean-René-Benoît-Paul  Mariéton  fit  ses  études  classiques  et  son 
droit  dans  cette  ville.  Passionné  pour  la  littérature,  il  s'adonna  d'abord 


—  79  —   • 

à  la  poésie  sous  la  direction  de  Jos^phin  Soulary,  son  compatriote,  puis 
publia  dans  la /?e('i<e  lyonnaise  ei  la.  Reçue  du  ?nonde  latin  de  nombreux  arti- 
cles sur  les  auteurs  provençaux  désignés  sous  le  nom  de  félibres.  Il  ne  tarda 
pas  à  devenir  un  des  chefs  du  félibrige,  dont  il  dirigea  les  efîorts  à  Paris 
et  en  Provence  et  pour  lequel  il  créa,  en  1885,  un  organe  spécial,  la  Revue 
félibréenne.  Infiniment  épris  d'art,  il  avait  entrepris  avec  succès  de  rendre 
une  vie  nouvelle  à  l'antique  théâtre  d'Orange.  On  doit  à  M.  Paul  Mariéton 
une  édition  des  Pensées  de  Vabbé  Roux  (Paris,  1885,  gr.  in-8).  Ses  œuvres 
personnelles  sont  les  suivantes  :  Souvenance.  Poésies  (Paris,  1884,  in-12); 

—  Joséphin  Soulary  et  la  pléiade  lyonnaise  (Paris,  1884,  in-12);  —  Les 
Flamands  ,à  propos  de  la  mort  de  Henri  Conscience  (Lyon,  1884,    gr.  in-8); 

—  La  Viole  d'amour,  poésies  (Paris,  1886,  in-12)  ;  —  Hellas,  Corfou, 
Athènes,  Rome  (Paris,  1888,  in-16);  —  La  Terre  provençale,  journal  de 
route  (Paris,  1890,  'n-12);  —  Le  Voyage  des  félibres  et  des  cigaliers.  Rhône 
et  Vaucluse.  Au  théâtre  d'Orange  (Avignon,  1893,  in-8);  —  Le  Livre  de 
mélancolie,  poésies  (Paris,  1896,  in-16);  —  Voyage  des  félibres  et  des  ciga- 
liers sur  le  Rhône  et  le  littoral  (Avignon,  1892,  in-8)  ; —  Une  Histoire  d'amour. 
George  Sand  et  A.  de  Musset.  Documents  inédits.  Lettres  de  Musset  (Paris, 
1897,  in-12);  — /asmm  (1798-1862)  (Paris,  1898,  in-12);  —  Une  Histoire 
d'amour.  Les  Amants  de  Venise  (  George  Sand  et  Musset).  Édition  défini- 
tive, avec  des  documents  inédits  (Paris,  1902,  in-12);  —  Hippolyte,  poésies 
(Paris,  1902,  in-12);  —  Le  Théâtre  antique  d'Orange  et  ses  représentations 
(Paris,  1903,  gr.  in-8). 

—  M.  Edmond  Saglio,  administrateur  et  archéologue  fort  connu  dans  le 
monde  des  beaux-arts  et  de  l'érudition,  membre  de  l'Institut,  est  mort  à 
Paris  au  commencement  de  décembre,  à  83  ans.  Né  à  Paris  en  1828,  il 
entra  dans  le  service  des  conservations  des  musées  et  devint  en  1871,  à 
celui  du  Louvre,  conservateur  du  département  de  la  sculpture  moderne 
et  des  objets  d'art  du  moyen  âge  et  de  la  Renaissance.  Vingt-deux  ans 
plus  tard,  en  1893,  il  fut  nommé  directeur  du  musée  de  Cluny  et  con- 
serva ce  poste  jusqu'en  1903,  année  où  il  prit  sa  retraite.  Il  avait  été  élu, 
en  1887,  membre  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  en  rem- 
placement de  M.  Germain.  M.  Edmond  Saglio  avait  entrepris,  avec  M. 
Charles  Daremberg,  et  dirigé,  depuis  la  mort  de  ca  dernier,  la  très  impor- 
tante publication  du  Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et  romaines  d'après 
les  textes  et  les  monuments,  ouvrage  qui  paraît  à  Paris  par  fascicules  in-4 
depuis  1873.  11  laisse,  en  outre,  de  nombreuses  études  sur  l'archéologie 
antique,  ainsi  que  de  remarquables  rapports  rédigés  à  la  suite  de  missions 
qui  lui  avaient  été  confiées  pour  étudier  à  l'étranger  l'enseignement  indus- 
triel et  artistique. 

—  M.  François- Anatole  Bailly,  un  de  nos  plus  remarquables  hellénistes, 
est  mort  vers  le  milieu  de  décembre,  à  78  ans.  Né  à  Orléans  le  17  décem- 
bre 1833,  il  fit  ses  études  au  lycée  de  cette  ville  et  entra  en  1853  à  l'École 
normale  supérieure.  Sorti  agrégé  de  grammaire  en  1857,  il  fut  nommé  pro- 
fesseur de  quatrième  à  Orléans  et  occupa  cette  chaire  jusqu'à  l'époque  où 
il  prit  sa  retraite.  Ses  excellents  travaux  lui  obtinrent  d'être  élu  membre 
correspondant  de  l'Institut  le  27  décembre  1887.  Les  principaux  ouvrages 
^publiés  par  M.  Anatole  Bailly  sont  :  Manuel  pour  l'étude  des  racines  grecques 
et  latines  (Paris,  18'63,  in-18);  —  Etymologie  et  histoire  des  mots  Orléans 
et  Orléanais  (Paris,  1871,  in-8);  —  Grammaire  grecque  élémentaire  d'après 
les  plus  récents  travaux  de  la  philologie  (Paris,  1872,  in-8);  — Leçons  de  mots  : 
les  mots  grecs  (Paris,  1882,  in-18),  avec  Michel  Bréal;  —  Leçons  de  jnots  : 
les  mots  latins  (Paris.  1885,  3  vol.  in-8),  également  avec  Michel  Bréal;  — 


—  §0  — 

Dictionnaire  grec-fronçais,  rédigé  avec  le  concours  de  M.  Egger,  à  l'usage 
des  élèves  des  lycées  et  des  collèges  (Pari.'î,  1894,  in-4),  très  bon  ouvrage  qui 
a  obtenu  un  succès  mérité. 

—  M.  John  BiGELow,  le  distingué  diplomate  et  publiciste  américain 
qui  est  mort  au  milieu  de  décembre,  à  94  ans,  était  né  dans  l'État  de  New 
York,  le  25  novembre  l'817.  Après  avoir  été  successivement,  de  1861  à 
1866,  consul,  puis  chargé  d'affaires  et  enfin  envoyé  extraordinaire 
et  niinistre  plénipotentiaire  des  États-Unis  à  Paris,  il  fut  rappf4é  dans  son 
pays  sur  sa  demande  et  devint  pour  un  certain  temps  directeur  du  iYe«' 
York  Times.  De  1874  à  1875,  il  occupa  le  poste  de  secrétaire  de  l'État  de 
New  York.  Pendant  son  séjour  en  France,  M.  Bigelow  a  publié  un  volume 
très  apprécié  :  Les  Etats-Unis  d" Amérique  en  1863,  leur  histoire,  leurs  res- 
^  sources  miner alogiques,  agricoles,  industrielles  et  commerciales  (Paris,  1868, 
in-8).  On  lui  doit  encore  :  Some  Recollections  of  the  late  A.  P.  Berryer  (1869); 

—  France  and  hereditary  Monarchy  (1871);  ■ —  Wit  and  Wisdom  of  the 
Haitias  (1877);  —  ^Molinos  le  quiétiste  {\^^1]\  —  La  France  et  la  Marine 
confédérée  (1888);  —  Writings  and  Speeches  of  S.  G.  Tilden  (1885, 
2  vol.  in-8).  Enfin  il  a  donné  une  Biographie  de  Benjamin  Franklin  d'après 
le  manuscrit  original  d'une  autobiographie,  ainsi  qu'une  nouvelle  édition 
des  Œuvres  complètes  de  ce  célèbre  Américain  (1887). 

—  Sir  Joseph-Dalton  Hooker,  célèbre  botaniste,  le  doyen  des  savants 
anglais,  est  mort  au  commencement  de  décembre,  à  Camp,  près  de  Sun- 
ningdale,  à  94  ans.  Né  le  30  juin  1817  à  Halesworth  (Sufïolk),  il  fit  ses 
études  médicales,  fut  reçu  docteur,  et,  bientôt  api'ès,  accompagna,  en  qualité 
de  naturaliste,  le  capitaine  J.  Ross  dans  une  expédition  au  pôle  antarc- 
tique. Plus  tard,  il  parcourut  la  Nouvelle-Zélande,  l'Asie  centrale,  les  Ind'^s, 
le  Maroc  et  fut  exposé  à  de  grands  dangers  dans  l'Himalaya  où  il  fut  f?it 
prisonnier  par  le  rajah  de  Sikim.  De  retour  en  Angleterre,  il  fut  mis  en 
1865  à  la  tête  du  Jardin  botanique  do  Kew,  près  de  Londres,  en  remplace- 
ment de  son  père  qui  venait  de  mourir,  et  devint  examinateur  de  plu  deurs 
grands  établi;;3ements  civile  ou  militaires.  Le  18  juin  1886,  il  fut  élu  membre 
correspondant  de  l'Institut  de  France.  M.  Hooker  a  comàgné  le  résultat 
de  ses  recherches,  faites  au  cours  de  ses  nombreuses  explorations,  dans 
de  très  importants  ouvrages  parmi  lesquels  nous  citerons  :  Flora  antarc- 
tica  (Londres,  1845-1848,  2  vol.);  —  Flore  de  la  Nouvelle-Zélande  (1852); 

—  Voyages  botaniques  dans  la  mer  antarctique  (Londres,  1847-1860,  6  vol, 
in-4)  ;  —  Himalayan  Journals  (Londres,  1855,  2  vol.  in-8)  ;  — ^'  Le  Rhododen. 
dron  de  V Himalaya  (Londres,  1849-1851);  ■ —  Flora  Tasmanica  (Londres- 
1855,  2  vol.  in-fol.);  —  Studenfs  Flora  of  the  British  Isles  (Londres, 
1870,  in-8);  —  The  Flora  of  British  India  (Londres,  1872-1897);  —  Jour- 
nal d'une  excursion  au  Maroc  et  au  Grand  Atlas  (Londres,  1878). 

—  La  ville  de  Barcelone  a  fait  de  solennelles  funérailles  à  son  grand 
poète  Juan  Maragall  y  Gorinna,  qui  est  mort  le  20  décembre.  Ce  maître 
en  «  gay  saber  «  était  l'apôtre  du  «  catalanisme  »  et  a  exercé  une  influence 
considérable  sur  le  développement  du  mouvementt  littéraire  dans  sa  pro- 
vince. Ses  principales  œuvres  en  catalan  sont  une  remarquable  traduc- 
tion d'une  des  tragédies  de  Sophocle,  Ifigenia,  une  collection  de  beaux 
chantf  lyriques.  Visions  y  cants,  puis  les  Poésies,  Enlla,  Sequencies,  unc 
traduction  de  diverses  poésies  de  Gœthe,  sous  le  titre  :  Les  Dispersés 
et  eifin  quelques  autres  traductions  de  poésies  grecques.  M.  Juan  Mara- 
gall écrivait  d'a'lleurs  aussi  bien  fm  castillan  qu'en  catalan^  comme  le 
prouvent  les  nombreux  et  intéres.sants  articles  qu'il  a  donnés  k\d,Lectura 
et  au  Diario  de  Barcelona  et  qui  ont  été  réunis  en  volume. 


—  81  — 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Maxime  de  Beaucorps,  qui 
laisse  de  nombreuses  études  d'histoire  et  d'archéologie  locales  publiées  dans 
les  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  T Orléanais  et  ds.n'r,  les  Mémoires 
de  r Académie  de  Sainte-Croix,  mort  au  château  do  Latingy  (Loiret), 
le  l^""  décembre  dernier,  à  l'âge  de  72  ans;  —  Charles Boudhors,  professeur 
honoraire  au  lycée    Louis-le-Grand  à  Paris,  mort  dernièrement   à  80  ans. 

—  Charles  Canivet,  membre  de  la  Société  des  gens  de  lettres  et  de  l'Asso- 
ciation des  journalistes  parisiens,  lequel  avait  donné  pendant  de  nom- 
breuses années  au  journal  le  Soleil,  sous  le  pseudonyme  de  Jean  de  Ni- 
velles, des  chroniques  d'actualité  fort  spirituelles,  mort  à  Paris,  le  28  no- 
vembre, à  73  ans;  —  l'abbé  Henri  Ceillier,  chanoine  honoraire  -^^t  supé- 
rieur du  collège  Saint-Vincent  de  Paul  de  Renn(.s,  mort  en  cette  ville,  le 
25  novembre;  —  Louis  Donzel,  avocat,  collaborateur  de  la  revue  locale 
le  Vieux  Lons,  mort  à  Lons-le-Saunier,  le  18  novembre,  à  l'âge  de  64  ans; 

—  Georges  Dupuy,  journaliste  de  talent,  qui  a  publié  d'intéressants  récits 
de  voyage,  mort  à  Paris,  au  commencement  de  décembre,  à  36  ans;  — 
Charles  Favalelli,  conseiller-maître  à  la  Cour  des  comptes,  ancien  préfet, 
qui  avait  débuté  dans  la  politique  par  une  ardente  campagne  dans  la 
presse  républicaine  de  Bastia  contre  le  mouvement  dn  16  mai,  mort  à 
Paris,  le  l^r  décembre,  à  69  ans;  —  Paul  Gauckler,  l'éminent  archéo- 
logue, membre  correspondant  de  l'Institut,  connu  par  les  fouilles  qu'il  a 
dirigées  à  Carthage  et  sur  plusieurs  autres  point'  de  la  Tunisie,  et  plus 
récemment  à  Rome,  où  il  est  mort  le  6  décembre;  ■ —  Gérault-Richard, 
journaliste  député  de  la  Guadeloupe,  directeur  de  Paris- Journal,  tuteur 
de  nombreuses  chantions  politiques  et  l'un  des  membres  les  plus  ardent'; 
du  parti  socialiste  dont  il  soutient  les  revendications  dans  diverses  feuilles, 
telles  que  la  Bataille  et  la  NouveUe  Bataille  de  Lissagaray,  la  Petite  Bépu- 
blique,  le  Chamhard,  organe  de  polémique  fantaisiste  et  tapageuse  fondé 
par  lui  en  1893,  etc.,  mort  à  Paris,  au  commencement  de  décembre, 
à  53  ans;  —  Auguste  Huzard,  pub'iciste  normand,  mort  dernièrement 
à  Rouen;  —  le  R.  P.  Jules  de  Lajudie,  S.  J.,  successivement  recteur  des 
collèges  de  Bordeaux  et  de  Montpellier,  supérieur  des  résidences  de  Tou- 
lou'io  et  de  Bordeaux,  mort  à  Tournai,  en  décembre,  à  l'âge  de  75  ans;  — 
Charles  Lar'onze,  ancien  recteur  de  l'Académie  de  Rennes,  mort  au 
commencement  de  décembre;  —  Emile  Laurent,  agrégé  de  rUni\er- 
sité  de  Paris,  mort  à  Paris  à  la  fin  de  décembre,  à  75  ans;  —  Augustin 
Laviéville,  inspecteur  honoraire  de  l'Académie  de  Paris,  mort  dernière- 
ment à  68  ans;  —  Yves  Le  Boulbin,  qui  a  publié,  dans  le  Bulletin  men- 
suel de  la  Société  de  géographie  commerciale  de  Paris,  une  étude  remar- 
quée sur  IcS  Mœurs  et  coutumes  ties  populations  de  Bas-Congo  (juillet  1909) 
mort  à  Libreville,  dans  le  courant  de  novembre,  à  l'âge  de  34  ans;  —  Ernest 
Menusier,  journaliste  et  linguiste  distingué,  membre  de  l'Académie  des 
fcien^es  philosophiques  de  Rome,  mort  au  commencement  de  décembre, 
à  Epinay-sur-Seine,  à  71  ans;  —  le  chanoine  Moisset,  prêtre  de  grand 
mérite,  auteur  de  deux  ouvrages  :  Catéchisme  expliqué  aux  enfants  et 
Liturgie  expliquée  aux  fidèles,  mort  dernièrement  à  Rodez;  —  Henri  Mo- 
NOD,  qui  a  publié  un  travail  sur  la  Jeunesse  d' Agrippa  d'Aubigné  (1884), 
mo-'t  à  Paris,  le  5  novembre,  à  67  ans;  —  M.  Maurice  Montégut,  jour- 
naliste et  romancier  d'une  grande  fécondité,  mort  à  Paris,  le  28  novembre, 
à  56  ans,  lequel  a  collaboré  au  Gil  Blas,  au  Figaro,  au  Gaulois,  etc.  et  a 
publié  une  interminable  série  de  romans  et  nouvelles,  entre  autres  :  Dé- 
jeuners  de  soleil  (Paris,  1891,  in-12);  Don  Juan    à    Lesbos    (1892,    in-l2), 

Janvier  1912.  T.  CXXIV.  6. 


Madame  Tout-le-Monde  (Paris,  1893,  in-12)  et  Rue  des  Martyrs  (Paris, 
1898,  in-12);  —  Heari  Mounory,  directour  des  études  et  sous- directeur 
de  l'École  centrale,  mort  à  Paris,  au  milieu  de  décembre,  à  51  an?;  — 
Émilian  Piganeau,  artiste  peintre  et  archéologue,  ancien  président  delà 
Société  des  archives  historiques  de  la  Gironde,  mort  dernièrement,  à 
68  an^^. 

—  A  l'étranger,  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  le  Ré.v.   Peter  Anton, 
ministre  protestant  de   Kilsyth  (Angleterre),  qui  fut  un  des    principaux 
collaborateurs  du  Scots  Magazine  et  du  Fraser's  Magazine,  et  qui  a  publié  : 
Masters  in  History,  The  Flywheel,  Staying  Potrer, etc., mort  au  commencement 
de  décembre;  —  William  George  Aston,  philologue  anglais  connu  par  ses 
remarquables  ouvrages  relatifs  au  Japon,  tels  que  Shinto,  the  way  of  the 
gods    (1906),    History  of  Japanese  Literature,  et  par  plusieurs  grammaires 
de  la  langue  japonaise,  mort  dernièrement;  —  Dr.  Richard  Barth,  direc- 
teur de  l'École  Bartsch  à  Leipzig,  mort  le  27  novembre,  à  Vl  ans;  —  l'abbé 
BussGHAERT,  successivement  professeur  au  collège  épiscopal  de   Thieit 
(Belgique),  au  petit  séminaire  de  Roulers,  puis  devenu  principal  "du  collège 
de  Thieit,  mort  curé  doyen  de  cette  ville,  le  1^''  décembre  ,à  l'âge  de  65  ans; 
—  Arthur   Cottam,   astronome   anglais,   membre   de  la  Société    royale 
astronomique  de   Londres,   auteur  d'une  excellente   carte   céleste  parue 
en  1889,  mort  à  Bridgewater,  le  23  novembre,  à.  75  ans;  —  Friedrich 
Dernburg,  écrivain  allemand  et  rédacteur  en  chef  du  journal  le  Berliner 
Tagesblatt,  mort  le  3  décembre  à  Berlin,  à  78  ans,  après  avoir  publié  : 
Des  deutschen  Kronprinzen  Reise  nach  Spanien    und  Rom.  Journalistische 
Reiseskizzen  (Berlin,  1884,  in-8);  Russische  Leute  (B'^^rlin,  1885,  in-8),  etc.; 
■ —  Walter  Graham  Easton,  écrivain  écossais,  dont  les  ouvrages  sur  les 
questicns  archéologiques  et  généalojiiques  de  l'Écossé  faisaient  autorité, 
mort  subitement  au  commencement  de  décembre;  —  le    Rév.   Rowland 
Ellis,   évoque  anglican   d'Aberdeen  et  des  Orcades,   auteur  d'ouvrages 
qui  ont  eu  un  grand  succès  en  Angleterre,  tels  qut,  :  So?ne  Aspects  of  Wo- 
mens  Life;   The  Church  in  the  Wilderness;   The  Christian  Faith,  et  Christ 
and  the  Gospels,  mort  au  commencenient  de  décembre;  —  Hassan  Fuad 
Pacha,  savant  turc  fort  connu  dans  son  pays  par  ses     travaux    sur   la 
pédagogie,  mort  à  Constantinople  en  décembre;  — WilliamGRiGGs,  gra- 
veur et  photograveur  angh  is  de  grand  mérite,  auquel  on  doit  deux  ouvrages 
très  appréciés  des  artistes  :  Journal  of  Indian  Art  et  Spécimens  of  Illumi- 
nated  Mss  at  the  British  Muséum,  mOrt  dernièrement  à  l'âge  de  79  ans; — ■ 
Ernit  VON  Herzog  philologue   allemand     de   réputation,   prof esseur  d'ar- 
chéologie   romaine,    mort    à  Stuttgart   au     milieu  de    novembre,    à    77 
ans,  auquel  on  doi  t  :  Die   Vermessung  des  rômischen   Grenzwalls  in  seinem 
Lauf  durch  Wastemberg  (Stuttgart,   1880,  in-8),  fJber  die   Glaubwiirdigkeit 
der    aus  der  rômichen  Republik    bis   zum   Ja.hre   387    der  Stadt  ûberlieferten 
Gesei^e  (Tubingue,  1881,  in-8),    etc.;  —  M"'-^   Marie   Hirsch,   femme  de  let- 
tres allemande,  morte  à  Hambourg,  en  novembre,  à  64  ans,  laquelle  a  publié, 
sous  le  pseudonyme  d'Adalbert  Meinhardt,  un  certain  nombre  de  romans 
et  nouvelles,  entre  autres  :  Reisenovellen  (Berlin,  1885,  iu-8)  et  Weshalb'^  Neue 
Novellen  iBrunswick,  1889,  in-8);    —    >ranz  Eugen    Hussak,  naturaliste 
allemand,  mort  le  5  septembre,   à  Caldas  (Bré;il);  —  Max  Jaenecke, 
ancien  député  au  Reichstag,  directeur  de  l'Association  des  journaux  alle- 
mands, mort  à  Berlin,  en  novembre,  à  42  ans;  —  Wilholm  Jenseb,  poète 
bavarois,  mort  à  Munich,  le  24  novembre,  à  75  ans;   — le  P.  Knabenbauer, 
de  la  Compagnie  de  Jésus,  un  des  plus  savants  théologiens  et  exégèt  s 


—  83  — 

allemands  de  notre  temps,  mort  dernièr,,-ment  à  Maëstricht,  lequel  a  donné 
de  nombreux  articles  à  d'importantes  revues  religieuses,  principalement 
aux  Stimmen  aus  Maria-Laach,  a  fait  paraître  un  commentaire  du  pro- 
phète Isaïe  très  estimé  et,  enfin,  a  pris  une  part  active,  avec  Iss  PP.  Cor- 
nely  et  Hummelauer  à  la  publication  du  grand  recueil  Cursus  Scripturae 
^'acme,  qui  compte  actuellement  39  volumes;  —  Dr.  Klaus  Koepecke, 
ingénieur  allemand,  dont  les  publications  sur  la  construction  des  ponts  et 
des  voi^s  ferrées  font  autorité,  mort  à  Dresde,  en  novembre,  à  81  ans;  — 
Louis  Levert,  fondateur  et  directeur  du  journal  VÉtoile  du  centre  de 
1883  à  1898,  mort  en  décembre  à  Braquegnies  (Belgique);  —  Dr.  Laurenz 
MuLLNER,  professeur  de  philosophie  à  l'Université  de  Vienne,  mort  à 
Méran,  le  28  novembre,  à  63  ans;  —  George  Robert  Milne  Murray,  bota- 
niste anglais  de  grande  réputation,  ancien  professeur  de  botanique  à 
l'hôpital  Saint-George,  conservateur  du  département  de  la  botanique  au 
British  Muséum,  mort  au  milieu  de  décembre,  à  Stonehaven,  à  53  ans, 
lequel  avait  été  le  directeur  de  l'expédition  antarctique  nationale  envoyée 
par  l'Angleterre  en  1901  et  auquel  on  doit  les  deux  ouvrages  :  Introduction 
ta  the  Study  of  Seawaeds  et  Handhook  oj  Cryptogamic  Botany;  —  Ludwig 
PiETSCH,  écrivain  allemand,  auteur  de'  :  Aus  Welt  und  Kunst.  Studien 
und  Bilder  (léna,  1867,  in-8);  Orientfahrten  eines  Berliner  Zeichners.  Noch 
Athen  und  Byzanz.  Eine  Friihlingsausflug  (Berlin,  1871,  in-8),  etc.,  mort  à 
Berlin,  le  27  novembre,  à  87  ans;  —  Dr.  Gustav  Portig,  écrivain  .'11e- 
mand,  mort  en  décembre,  à  Stuttgart,  à  73  ans;  —  Dr.  Ludwig  Salomon, 
journaliste  allemand,  ancien  rédacteur  en  chef  de  VEherjeld  Zeitung,  mort 
en  novembre,  à  léna  à  67  ans;  —  William  Joshua  Smith,  l'éditeur  anglais 
de  Brighton  bien  connu,  mort  le  21  novembre,  à  88  ans;  —  M™^  Arthur 
Stannard,' femme  de  lettres  anglaise,  qui  a  écrit  près  de  80  romans,  dont 
les  sujets  appartiennent  ordinairement  à  la  vie  militaire,  morte  au  com- 
mencement de  décembre,  à  55  ans;  —  Dr.  Gustav  Steinbach,  écrivain 
et  journaliste  allemand,  rédacteur  à  la  Neue  Fret  Presse,  mort  au  com- 
mencement de  décembre,  à  Méran;  —  le  Rév.  Thomas  Teignmouth- 
Shore,  ancien  chapelain  et  prédicateur  de  la  Cour  d'Angleterre,  auteur 
de  divers  ouvrages  plusieurs  fois  réimprimés,  notamment  :  Some  Becol- 
lections\  Some  Difficulties  of  Belief  et  The  Life  of  the  World  to  corne,  mort 
au  commencement  de  décembre;  ■ —  Auguste  Thierry-Mieg,  secrétaire 
général  de  la  Société  industri  'lie,  président  du  Comité  des  conférences 
littéraires  de  langue  française  de  Mulhouse  (Alsace),  mort  en  décembre; 
—  Hugo  VON  TscHUDi,  directeur  du  Musée  royal  [de  peinture  de  Mu- 
nich, après  avoir  occupé  le  même  poste  à  Berlin  jusqu'en  1909,  mort 
dernièrement  à  Munich,  à  60  ans,  lequel  a  publié  une  biographie  d'Adolf 
Menzel,  ainsi  que  divers  autres  ouvrages;  • —  Dr.  Johannes  Vahlen,  pro- 
fesseur de  philologie  classique  à  l'Université  de  Berlin,  mort  en  cette 
sille,  le  30  novembre,  à  81  ans,  lequel  était  un  des  plus  distin- 
gués philologues  de  l'Allemagne  et  avait  publié  d'excellentes  éditions  de 

divers  auteurs  grecs  et  latins,  d'Ennius,  de  Catulle,  d'Aristote,  etc.,;  

Théodore  Van  de  Voorde,  poète  flamand  très  apprécié  en  Belgique,  mort 
en  décembre,  à  Termonde,  à  l'âge  de  88  ans;  —  Albert  Vierling,  journaliste 
allemand  qui  faisait  partie  de  la  rédaction  de  VElsasser  depuis  15  ans, 
mort  au  commencement  de  décembre;  —  Henry  Snowden  Ward,  écri- 
vain américain  qui  a  écrit  plusieurs  volumes  sur  les  rayons  X  et  sur  la 
photographie,  ainsi  que  deux  ouvrages  estimés  :  The  Real  Dickens  Land  et 
Shakespeare'' s  Town  and  Times,  mort  à  New  York,  au  commencement 
de  décembre. 


—  84  — 

Lectures  faites  a  l'Acapï-imie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 

—  Le  F""  (ItH^embro,  ]\I.  Jullian  parle  de  la  découverte  faite  à  Périgueux 
d'une  sculpture  gallo-romaine  rppré:<entant  un  pied  recouvert  d'un  soulier 
et  d'une  guêtre  qui  ^-'ajuste  à  des  braies.  —  Le  8,  M.  Omont  rend  hommage 
à  la  mémoire  de  MI\I.  Edmond  Saglio  et  Paul  Gaoïckler,  membres  correspon- 
dants, récemment  décédés.  —  Le  15,  M.  Jullian  lit  une  lettre  de  M.  Mon- 
méja,  au  sujet  de  la  découverte  des  murs  d'enceinte  de  l'oppidum  des  So- 
tiates,  à  Sos,  près  Mézin  en  Agenais. —  M.  Cordier  annonce  qu'il  a  reçu 
une  communication  de  la  mission  Legendre.  ■ —  M.  Omont  prononce  l'éloge 
funèbre  de  M.  Bailly,  un  savant  provincial.  • —  M.  HoUeaux  explique  un 
texte  de  37  lignes  découvert  dans  les  fouilles  de  Délos.  —  Divers  mem- 
bres de  l'Académie  présentent  des  observations  à  ce  sujet.  —  Le  22,  M. 
Foucart  démontre  à  l'Académie  l'authenticité  de  la  6^  lettre  de  Démos- 
thène.  ■ —  M.  Gagnât  fait  part  de  la  découverte  par  le  lieutenant  Staack 
d'une  inscription  latine  trouvée  r,ur  le  parcours  du  chemin  de  fer  de  Tunis 
à  Sousse.  ■ —  M.  T.  Toutain  rend  compte  des  fouilles  exécutées  sur  le  mont 
Auxois  par  la  société  des  sciences  de  Semur.  —  Le  29,  M.  JuUian  revient 
sur  les  découvertes  faites  à  Sof  (Lot-et-Garonne)  et  signale  les  traces 
d'exploitations  métallurgiques  auxquelles  César  fait  allusion  dans  les  Com- 
mentaires. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 

—  Le  9  décembre,  M.  Paul  Robiquet  donne  à  l'Académie  la  résumé  de  s  )n 
étude  sur  les  relations  d'Anne  d'Autriche  avec  Mazarin.  —  M.  Lacour- 
Gayet  ftit  ses  réserves.  —  MM.  Rocquain,  Fagniez  et  Welschinger  s'asso- 
cient aux  observations  de  M.  Lacour-Gayet.  —  Le  16,  M.  Pierre  du  Ma- 
roussemlit  un  travail  sur  une  association  ouvrière  de  l'ancien  régime,  la 
Comédie  franç.àse.  —  Le  23,  M.  André  Sayous  présente  son  travail  sur  les 
traités  de  commerce  conclus  par  le  Japon  avec  les  pays  européens. 

Concours.  —  L'Académie  des  sciences,  lettres  et  arts  de  Clermont-Fer- 
rand,  a  décidé  de  décerner  un  prix  de  poésie  à  l'auteur  de  la  meilleure  pièce 
en  l'honneur  de  la  Très  Sainte  Vierge  Marie. 

Prix.  —  Le  11  décembre  1911,  à  Stockholm,  a  eu  lieu  la:  distribution  des 
prix  Nobel.  Le  prix  pour  la  physique  a  été  décerné  au  professeur  Wilhelm 
Wien,  de  Wurtzbourg,  pour  sa  découverte  des  lois  du  rayonnement  de  la 
chaleur.  M^^^  Curie  a  obtenu  le  prix  pour  la  chimie  à  cause  de  la  décou- 
verte du  radium  et  du  polonium.  Le  professeur  Guststrand,  d'Upsala,  a 
reçu  le  prix  pour  la  médecine,  en  raison  de  ses  travaux  sur  la  dioptrique 
de  l'œil.  Le  prix  pour  la  littérature  a  été  attribué  à  M.  Maurice  Maeter- 
linck. 

Bibliothèque  nationale.  — •  Parmi  les  dons  qui,  dans  c«s  derniers  mois, 
sont  venus  grossir  les  collections  de  la  Bibliothèque  nationale,  il  convient  de 
signaler,  à  côté  de  la  riche  bibliothèque  de  M.  L.  Delisle,  des  dons  qui,  pour 
être  plus  modestes,  n'en  comblent  pas  moins  des  lacunes  regrettables. 
M.  Georges  Hérelle,  à  qui  le  lecteur  français  doit  la  connaissance  de  quel- 
ques-uns des  meilleurs  romans  italiens  et  espagnols,  a  donné  plusieurs  cen- 
taines de  volumes,  la  plupart  en  ces  deux  langues.  C'est  particulièrement 
l'histoire  et  la  littérature  roumaine  qu'intéresse  le  millier  d'ouvrages  que 
M.  Emile  Picot  a  permis  à  la  Bbliothèque  de  choisir  dans  ses  collections. 
M.  de  Charencey,  qui  a  honoré  le  Polybiblion  de  sa  collaboration  et  qui  est 
un  des  vieux  amis  de  la  Société  bibliographique,  a  donné  plus  de  100  ou- 
vrages sur  la  linguistique  et  notamment  sur  les  langues  américaines  dont, 


—  85  — 

comme  on  sait,  il  a  fait  une  étude  spéciale.  On  trouvera  le  catalogue  de  ces 
trois  collections  à  la  fin  du  Bulletin  mensuel,  pour  1911,  des  publications 
étrangères  reçues  par  le  département  des  imprimés.  Vn  autre  collaborateur 
de  notre  Revue,  dont  nous  déplorons  la  perte  récente  et  prématurée,  M.  Léo 
Rouanet,  a  fait  également  à  la  Bibliothèque  nationale  un  legs  important, 
dont  elle  n'entrera  d'ailleurs  en  jouissance  qu'à  la  mort  de  M""^  Rouanot. 
Parmi  les  livres  légués  par  M.  Rouanet,  c'est,  comme  on  pense,  surtout  la 
littérature  espagnole,  mais  aussi  la  littérature  française  du  xix'^  siècle  qui 
sont  largement  représentées.  Il  y  a  là  des  exemples  que  l'on  serait  heureux 
de  voir  imiter,  pour  permettre  à  notre  grand  établissement  de  lutter  contre 
ceux  de  l'étranger. 

Parïs.  ■ —  Si  vous  ne  voulez  pas  être  induits  en  irrésistible  tentaition  de 
voyager,  gardez-vous  d'ouvrir  VAgenda  P.-L.-M.  pour  1912  :  c'est  un 
séducteur!  Mais  si,  au  contraire,  vous  voulez  préparer,  en  pleine  connais- 
sance de  cause,  un  itinéraire  sur  le  magnifique  réseau  de  cette  compagnie, 
n'hésitez  pas  :  procurez- vous  cet  artistique  agenda  (Paris,  à  la  gare  du 
P.-L.-M.,  bureau  de  la  ptiblicité;  bureaux  de  renseignements  et  bibliothè- 
ques dans  les  principales  gares  du  réseau,  etc.,  gr.  in-8  de  228  p.,  avec 
12  cartes-postale?;  détachables,  12  p>lanches  hors  texte  et  plus  de  300  illus- 
trations. —  Prix  cartonné  :  1  f..  50).  La  Compagnie  n'a  rien  négligé  pour 
rendre  sa  publication  particulièrement  prenante.  D'abord,  elle  a  fait  appel 
à  un  certain  nombre  d'écrivains  de  marque,  tels,  par  exemple,  que  MM.  R. 
Bazin,  J.  Aicard  et  M.  Donnay,  tous  trois  membres  de  l'Académie  fran- 
çaise, pour  ne  citer  que  ceux-ci,  lesquels  ont  donné  sur  divers  coins  de 
pays  des  notices  que  des  gravures  admirablement  choisies  rendent  encore 
plus  agréables  à  lire  et  plus  vivantes.  Les  renseignements  généraux  et  pra- 
tiques abondent;  les  cartes  fragmentaires  du  réseau  et  celles  d'itinéraires 
déterminés  sont  fort  nombreuses,  et  si  l'on  admJre  la  quantité  des  vues  et 
des  sites  reproduits  ici,  on  s'égaie  fortement  avec  les  168  dessins  d'Henriot, 
dont  les  pages  du  calendrier  sont  agrémentées.  Il  ne  nou6  est  pas  possible 
en  quelques  lignes,  de  dire  tout  ce  que  l'on  trouve  dans  cette  belle  publi- 
cation :  elle  est  à  consulter  à  loisir  et  à  conserver. 

—  Le  Grand  AlmaTiach  du  monde  catholique  pour  1912  fait  vraiment 
honneur  à  la  Société  Saint- Augustin  (Lille,  Paris,  Lyon,  Marseille,  Rome, 
Bruxelles;  etc.,  Desclée,  de  Brouwer,  in-4  de  188  p.,  avec  8  planches, 
dont  6  en  couleurs  et  92  grav.  —  Prix,  cartonné  :  3  fr.).  Parmi  les  arti- 
cles qui  le  composent,  nous  citerons  :  Vieux  Almanachs  et  vieux  calendriers, 
par  Aimé  "Wïiz;  Sœur  Thérèse  de  V Enfant- Jésus  et  de  la  Sainte-Face,  par 
Mgr  R.  de  Teil;  Pompéi,  son  dernier  jour,  par  l'abbé  Ossedat;  L'Armée 
chinoise,  par  Léon  Goudallier;  Domenico  Ghirlandajo,  peintre  florentin, 
1449-1494,  par  Gaston  Sortais;  Le  Père  Lacordaire,  par  H.-D.  Noble;  La 
Patrie  de  Ruhens,  par  J.-L.  Tellier;  Une  »  Relique  «  de  Jeanne  d'Arc: 
N.-D.  de  Bermont,  par  A.  Michel;  Egypte.  Souvenirs  de  la  Sainte- Famille 
en  Egypte,  par  P.-J.  Domaine,  etc.  Ce  riche  almanach  est  largement  à  la 
hauteur  de  ses  devanciers,  à  tous  les  points  de  vue. 

—  D'une  importante  Histoire  des  légumes,  qu'il  a  tout  dernièrement  pu- 
bliée et  dont  le  Polybiblion  ne  tardera  pas  à  rendre  compte,  M.  Georges 
Gibault,  bibliothécaire  de  la  Société  nationale  d'horticulture  de  France,  a 
extrait  presque  en  entier  le  chapitre  relatif  à  la  pomme  de  terre,  qu'il  a 
spécialement  intitulé  :  La  Légende  de  Parmentier  (Paris,  Librairie  horti^ 
cole,  1912,  in-8  de  36  p.).  Rapprochant  et  discutant  les  documents  qu'il  a 
rassemblés,  M.  Gibault  établit  nettement  que  Parmentier  n'est  en  aucune 


^  86  — 

'façon  rintroductciir  en  France  de  la  pomme  de  terre,  connue  et  cultivée 
•dans  toutes  nos  provinces  ou  à  peu  près  et  aussi  à  l'étranger,  longtemps 
avant  la  naissance  même  du  célèbre  chimiste  !  «  L'erreur,  explique  M.  Gi- 
bault,  vient  de  ce  que  l'on  croit,  de  nos  jours,  que  Parmentier  préconisait 
la  pomme  de  terre  à  titre  de  légume,  tandis  qu'il  se  proposait  seulement 
d'en  extraire  la  fécule  pour  faire  du  pain,  et  c'était  là  d'abord  son  unique 
point  de  vue.  Il  croyait  que  1'  midon  de  la  pomme  de  terre,  plus  connu  sous 
le  nom  de  fécule,  pouvait  être  substitué  à  la  farine  de  blé,  ignorant  l'im- 
portance, dans  la  nutrition,  du  gluten,  découvert  par  Beccaria  en  1727, 
•dans  la  farine  de  froment.  >,  A  ec  cette  étude  sérieuse  et  sévère,  solidement 
étayée  de  faits  ot  de  dates,  s'écroule  la  réputation  de  Parmentier,  que  l'on 
croyait  cependant  bien  établie  en  tant  qu'introducteur  et  [vulgarisateur  de 
la  culture  de  la  pomme  de  terre  dans  notre  pays. 

—  La  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  Léopold- Victor  Delisle,  que  M. 
Georges  Perrot  a  lue,  par  fragment?,  dans  la  derrière  séance  publique  an- 
nuelle de  l'Académie  des  inscription'".,  a  pris  une  ampleur  que  l'on  n'est 
pas  accoutumé  de  voir  aux  lectures  de  ce  genre  (Paris,  typogr.  Firmin-Di- 
dot,  1911,  in-4  de  101  p.,  avec  portrait)  ;  et  cependant  l'œuvre  de  M.  Delisle 
est  si  considérable,  les  notes  et  mémoires  qu'il  a  disséminés  partout  sur  les 
sujets  les  plus  divers,  et  dont  aucun  ne  manque  d'intérêt,  sont  si  multiples 
que  M.  Perrot  n'a  pu  donner  ■ —  et  il  n'a  pas  prétendu  faire  autre  chose  — 
qu'un  ^erçu  des  plus  im.portants  parmi  ces  travaux. 

—  Trop  de  biographies  sont  froides  et  ternes;  d'autres,  moins  nombreu- 
ses, sont,  au  contraire,  vivantes,  parce  qu'elles  sont  écrites  sous  la  dictée 
du  cœur.  On  doit  ranger  parmi  ces  dernières  la  luxueuse  brochure  que 
M.  René  Vallery-Radot  vient  de  consacrer  au  Docteur  Jean  Binot,  chef  de 
laboratoire  à  l'Institut  Pasteur  (Evreux,  imp.  Hérissey,  s.  d.,  in-8  de  36  p., 
avec  2  portraits  et  8  planches).  La  carrière  de  Binot  a  été  trop  courte  :  né 
le  11  août  1867,  il  est  mort  le  25  novembre  1909.  Sympathique  figure,  en 
vérité;  aussi  s'explique- t-on  aisément  que  M.  Vallery-Radot  ait,  pour  la 
faire  revivre,  trouvé  une  phrase  simple,  colorée  cependant  et  chaude  tout 
à  la  fois.  Tour  à  tour,  il  nous  parle  du  fils  modèle,  de  l'excellent  époux,  du 
travailleur  iefatigable,  qui,  de  succès  en  succès,  en  était  arrivé  à  être  l'un 
des  collaborateurs  les  plus  estimés  du  docteur  Roux,  continuateur  du 
maître,  le  grand  Pasteur.  Il  est  à  remarquer  que  Binot  n'était  pas  unique- 
ment un  savant  :  c'était  aussi  un  artiste  dans  la  plus  complète  acception  du 
mot,  et  plusieurs  n'apprendront  pas  sans  quelque  surprise  que  cet  esprit 
si  absorbé  dans  la  technique  d'un  laboratoire  se  révélait,  le  cas  échéant, 
comme  violoniste  émérite.  N'avait-il  pas,  de  même,  acquis  une  véritable 
maîtrise  comme  photographe,  talent  dont  il  sut  faire  profiter,  entre  autres, 
la  science  astronomique,  à  l'occasion  d'observations  qu'en  compagnie  de 
sa  femme,  qui  fut  souvent  sa  collaboratrice,  il  alla  faire,  sur  la  demande 
de  Jansen,  à  l'île  d-^  la  Réunion,  lors  de  l'éclipsé  du  soleil  du  18  mai  1901. 
Le  savoir  scientifique,  le  goût  et  le  sens  de  l'art  dans  ses  diverses  manifeste - 
tations  et  aussi,  à  un  très  haut  degré,  les  qualités  du  cœur,  Birot  possédait 
tout  cela.  Sa  mort  foudroyante  a  été  un  deuil  que  n'ont  pas  porté  seule?,  sa 
femme  et  sa  mère,  mais  tous  ceux,  ?\  nombreux,  qui  l'ava'ent  approché  et 
en  avaient  reçu  des  services  qu'il  ne  marchandait  à  personne  et  ne  comptait 
jamais.  Rien  ne  pouvait  mieux  adoucir  les  regrets  cuisants  que  le  défunt  a 
laissés  parmi  les  siens  que  cet  hommage  de  M.  Vallery-Radot.hommage  aussi 
cordial  que  juste. 

—  De  la  curieuse,  instructive  et  intéressante  revue   le  Vieux  Papier,  qui 


—  87  — 

traite  de  questions  très  variées,  principalement  en  matière  d'archéologie, 
d'histoire  et  d'art,  M^e  Laure-Paul  Flobert  a  fait  tirer  à  part,  à  cent  exem- 
plaires, une  étude  aussi  humoristique  qu'érudite  intitulée  :  La  Femme  et  le 
costume  masculin  (Paris,  au  siège  de  la  Société  du  Vieux  Papier;  Lille,  imp. 
Lefèvre-DucTocq,  1911,  gr.  in-8  de  31  p.,  illustré  de  16  reproductions  dans 
le  texte  et  d'une  autre  hors  texte,  sans  compter  une  amusante  image  popu- 
lî^ire  en  couleurs  sur  la  couverture,  qui,  représentant  le  «  Grand  Combat 
à  qui  portera  la  culotte,  »  figure  d'ailleurs  en  noir  à  la  page  8).  L'auteur  a 
rassemblé  sur  le  sujet  une  quantité  considérable  de  documents  dont  elle 
•  a  dû  nécessairement  se  borner  à  ne  nous  donner  qu'un  choix;  msis  l'en- 
semble doit  être  pittoresque.  Entre  autres  choses,  elle  nous  parle  de- 
femmes-soldats  (ou  du  moins  d'un  certain  nombre  d'entre  elles)  depuis 
Jeanne  d'Arc  jusqu'à  nos  jours  :  la  galerie,  sans  être  complète,  est  impor- 
tante. L'adoption  par  la  femme  du  costume  masculin,  en  tout  ou  en  partie, 
est  aussi  traitée  à  propos  des  sports,  du  théâtre  et  du  carnaval  ;  d'amples 
détails  nous  sont  en  outre  fournis  sur  les  autorisations  accordées  par  la 
préfecture  de  police,  pour  des  motifs  divers,  à  plusieurs  femmes  très  con- 
nues ou  même  célèbres,  de  s'habiller  en  homme.  Les  membres  de  la  Société 
du  Vieux  Papier,  qui  ont  eu  la  primeur  de  cette  étude  peu  banale,  ont  dû 
franchement  s'égayer,  de  temps  à  autre,  quand  elle  leur  fut  lue  par  M°^e  y\c- 
bert  dans  la  séance  du  24  mar;i  1911. 

Anjou.  —  Le  tome  XIII  (5^  série,  année  1910  )  des  Mémoires  de  la  Société 
nationale  d'agriculture  sciences  et  arts  d'Angers  (Angers,  Grassin,  in-8  de 
536  pages)  contient,  entre  autres,  le?  notes  et  notices  suivantes  :  A.  Bour- 
deaut  :  Joachim  du  Bellay  et  Olive  de  Sévigné  [VOlive  du  poète),  (p.-55);  — 
A.-J.  Verrier  :  Deux  Monologues  angevins  du  xvi^  siècle  :  le  Pionnier  de 
Seurdres  et  le  Franc- Archier  de  Cherré,  récités  et  imprimés  à  Angers, 
vers  1524  (p.  55-107); —  L.  de  Farcy  :  les  Miniatures  du  mss.  de  F.  de 
Rohan  (Fleur  de  vertu)  (p.  107-111  )  et  Le  Pourpoint  de  Ch.  de  Blois  conservé 
jadis  aux  Carmes  d'Angers  (p.  155-177);  —  P.  de  Farcy  :  Jean  de  Fon- 
taines vainqueur  des  Anglais  à  Baugé  en  1421  (p.  213-227);  —  F.  Uzu- 
reau  :  Les  Archives  anciennes  du  tribunal  d'Angers  (p.  227-243);  — Joseph 
Joubert  :  Bouquet  de  la  Grye  (p.  347-371);  —  E.  Rondeau  :  Les  Ursulines 
et  la  reconstruction  du,  collège  d'Anjou,  1689-1691  (p.  371-389);  —  F.  Uzu- 
reau  :  Les  Angevins  et  la  Révolution  de  1848  (p.  389-416);  —  Albert 
Bruas  :  La  Caisse  d'épargne  et  de  propagande  d'Angers  (p.  417-450);  — 
Eusèbe  Pavie  :  Missions  diplomatiques  du  baron  Hercules  de  Charnacé  en 
AllemagÀe  (1629-1632). 

—  Dans  cette  dernière  étude,  tirée  à  part  (Angers,  Grassin,  in-8  d? 
51  p.),  M.  Pavie,  avec  une  érudition  consciencieuse,  méticuleuse  même, 
nous  retrace, avec  la  vie  très  utile  de  son  compatriote  Charnacé,  l'impo;  - 
tance  de  son  rôle  près  de  Richelieu  et  du  Père  Joseph,  à  qui  il  sembb  bien 
avoir  dévoilé  Gustave- Adolphe,  —le  Charnacé  de  cett-  diplomatie  française 
de  la  guerre  de  Trente  Ans  que  préconisent  et  recommandent  le  forcement 
du  Pas-de-Suze,  la  délivrance  de  Casai  et  le  maintien  des  Nevers  à  Man- 
toue,  en  vue  d'un  libre  passage  des  Alpes,  l'occupation  de  Pignerol;  enfin 
C;  lui  qui  rendit  de  grands  ser\ices  à  la  France,  comme  le  prouve  l'auteur 
de  cette  excellsnte  étude. 

Franche-Comté.  —  La  Société  d'émulation  du  Doubs,  dont  le  Poly- 
biblion  signale  régulièrement  les  travaux,  vient  de  mettre  en  distribution 
le  cinquième  volume  d?,  la  8^  série  de  ses  Mémoires  (Besançon,  imp.  Dodi- 
versj  1911,  in-8  de  xxx-454  p.,  avec  un  portrait  de  P.-J.  Proudhon).  C'çst 


—  88  — 

à  M.  le  chanoine  Rossignol  qu'a  été  confié  le  soin  de  rappeler  tout  ce  qui  a 
été  écrit  par  ses  confrères  en  1910  :  La  Société  d'émulation  en  1910  (p.  1- 
12).  —  Dans  l'impossibilité  de  résumer  son  résumé,  nous  devons  nous 
borner  à  citer  les  études  que  l'on  trouve  dans  ce  volume,  savoir  :  Charles 
Nodier,  naturaliste,  ses  œuvres  scientifiques  publiées  et  inédites,  par  M.  Ant. 
Magnin  (p.  19-134).  Ces  pages  forment  la  suite  de  cet  important  travail, 
dont  la  première  partie  a  été  insérée  dans  le  tome  précédent  des  Mémoires 
de  la  Société;  —  De  Konakry  à  Kouroussa.  Le  Premier  Train  allant  de  la 
mer  au  Niger,  par  M.  le  lieutenant-colonel  Almand  (p.  138-150);  —  Pierre- 
Joseph  Proudhon.  Lettres  inédites  à  Gustave  Chaudey  et  à  divers  Comtois, 
publiées  par  M.  Edouard  Droz  (p.  159-258,  avec  portrait).  Cette  corref.- 
pondance  est  suivie  de  quelques  fragments  inédits  de  Proudhon  et  d'une 
lettre  de  Gustave  Courbet  (24  janvier  1865)  sur  la  mort  do  Proudhon.  Iref- 
fable  document  !  En  un  style  et  avec  une  orthographe  dont  eût  rougi  un 
épicier  de  l'ancien  temps,  le  maître  d'Ornans,  futur  déboulonneur  de  la 
Colonne,  célèbre  les  talents  du  grand  démolisseur  qui  eut  du  moins  le 
mérite  d'être  l'un  dos  plus  parfaits  écrivains  de  France. Grand  peintre,  lepau- 
vre  Gustave,  mais  d'une  ignorance  n'ayant  guère  d'égale  que  sa  vanité  ! — 
Le  Travail  dans  les  mines  et  la  vie  des  ouvriers  en  Franche-Comté  sous  la  do- 
mination espagnole,  par  M.  le  commandant  Allard  (p.  259-264),  où  il  est 
établi,  par  la  citation  d'un  édit  rendu  en  1578  par  Philippe  II,  que  la 
journée  de  huit  heures  n'est  pas,  comme  d'aucuns  le  croient,  une  conception 
du  temps  présent;  —  Jacques  de  Bourbon  (1370-1438,  d'après  l'ouvrage  de 
M.  Huart,  par  M.  le  chanoice  Rossignot  (p.  265-268);  ■ —  Un  Artiste 
oublié.  Le  Peintre  J.-P.  Péquignot,  de  Baume-les-Dames,  par  M.  Maurice 
Thuriet  (p.  269-288);  —  Bisontines  et  Comtoises  d'antan.  Les  Contempo- 
raines de  Granvelle,  par  M.  Lucien  Febvre  (p.  289-319);  —  Un  Franc- 
Comtois  éditeur  et  marchand  d' estampes  à  Rome  au  xvi*^  siècle.  Antoine  Lafery 
(1512-1577),  par  M.  le  docteur  F.  Roland  (p.  320-378);  —  Les  Morilles 
et  les  helvelles,  par  M.  Frédéric  Bataille  (p.  381-420).  —  A  signaler  enlin 
d'agréables  poésies  signées  de  MM.  Charles  Grandmougin,  A.  Kirchner, 
Frédéric  Bataille  et  Albert  Mathieu. 

—  La  jeune  sœur  de  la  Société  d'émulation,  du  Doubs,  la  Société  gray- 
loise  d'émulation,  nous  donne  à  la  même  date,  ou  à  peu  près,  le  volume 
annuel  de  son  Bulletin,  qui  en  est  à  son  quatorzième  numéro  (Gray,  imp. 
Roux,  1911,  in-8  de  129  p.,  avec  5  planche?  et  une  vignette).  Tout  d'aboi'd, 
M.  le  D''  Bouchet  publie,  avec  deux  pages  d'Introduction  et  de  nom- 
breuses notes,  le  manuscrit,  acheté  par  lui  chez  un  brocanteur,  des  souve- 
nirs de  l'invasion  allemande,  brièvement  rédigés  par  un  hôtelier  de  Vellexon, 
nommé  Thézard,  mort  il-y  a  quelques  années  :  Épisodes  de  la  guerre  de  1870- 
1871,  à  Vellexon  (Haute-Saône)  (p.  13-32);  —  Notes  pour  servir  à  Vhistoire 
de  la  famille  Marchant  du  M  au  l  g  ny,  "par  M.  C.  Faitout  (p.  33-43,  avec  une 
planche);  — Un  Livre  de  raison  de  la  famille  Bresson,  de  Jonvelle,  par 
M.  J,  Feuvrier  (p.  45-55).  Un  tirage  à  part  de  cette  publication  nous  étant 
parvenu,  nous  en  dirons  quelques  mots  dans  notre  prochaine  livraison  ;  ■ — 
Les  Sociétés  populaires  à  Gray  pendant  la  Révolution,  par  M.  Ch.  Godard 
(p.  57-107);  —  Recherches  archéologiques  et  historiques  sur  le  territoire  de 
Mantoche  (Haute- Saône),  par  M.  A.  Gasser  (3*=  publication,  avec  4  plan- 
ches et  un  plan  hors  texte,  p.  109-128). 

—  Elle  est  toute  poétique  et  profondément  empreinte  de  l'esprit  chré- 
tien la  légende  que  M.  L.  R.  (traduisons  l'abbé  Louis  Roy)  nous  donne 
sous  le  titre  bref  de  Mahaut  (Paris,  éditions  du  journal  «  La  Franche- 


—  89  — 

Comté  à  Paris  )i,  1911,  in-12  de  31  p.).  L'auteur  met  en  scène  la  fille  d'un 
grand  seigneur  comtois  qui,  pour  accomplir  le  vœu  fait  par  elle  en  un  péril 
extrême,  érige  un  monastère  de  religieuses  bénédictines  dont  elle  devient 
la  première  abbesse.  Le  sujet  est  simple,  mais  les  détails  sont  exquis,  k  Ce 
récit,  en  marge  d'un  épisode  assez  obscur  de  l'histoire  comtoise,  déclare 
M.  Roy,  a  été  composé  pour  être  lu  par  leur  mère  à  de  petits  enfants.»  Soit. 
Mais,  à  notre  avis,  il  convient  à  tous  les  âges,  et  le  style  imagé  dans  lequel 
il  est  écrit,  de  tournure  discrètement  archaïque  parfois,  le  fera  apprécier 
des  lettrés  eux-mêmes. 

S.4V0IE.  —  La  question  des  origines  de  la  Maison  de  Savoie  a  déjà  donné 
matière  à  une  abondante  littérature.  Bien  des  solutions  ont  été  proposées. 
M.  Camille  Rénaux  en  émet  une  nouvelle  dans  un  troisième  mémoire  sur 
les  Premiers  Comtes  de  Savoie.  Le  Comté  humbertien  de  Savoie- Belley.  Ses  ori- 
gines et  ses  variations  jusque  dans  les  premières  années  du  xu^  siècle  (Belley, 
imp.  Chaduc,  1911,  in-8  de  67  p.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  «  Le  Bu- 
gey  ».)  M.  Rénaux  cherche  à  démontrer  par  une  discussion  serrée,  mais  mal- 
heureusement assez  difficile  à  suivre,  que  les  comtes  de  Savoie  sont  origi- 
naires de  Savoie.  Le  problème  délicat  n'est  peut-être  pas  encore  résolu 
à  la  satisfaction  de  tous,  mais  la  théorie  est  intéressante  et  mérite  d'êcre 
prise  en  considération. 

Allemagne.  —  Les  nombreuses  tentatives  de  langue  internationale  dont 
on  nous  assaille  de  tous  les  côtés,  si  elles  sont  une  preuve  des  aspirations  et 
des  désirs  de  beaucoup  de  nos  contemporains,  nous  paraissent  aussi  un  indice 
que  l'on  n'est  pas  encore  près  d'aboutir.  Les  systèmes  même  qui  comptent 
le  plus  d'adhérents  ne  les  satisfont  pas  complètement,  puisqu'il  se  produit 
des  scissions  dans  leurs  rangs;  et  les  systèmes  nouv  eaux  qui  surgissent  sont 
un  témoignage  que  les  systèmes  anciens  laissent  à  désirer.  Nous  signalons 
aux  amateun^  de  ces  sortes  de  choses  le  nouvel  essai  de  M.  Aloysius  Hartl, qui 
appelle  modestement  «  perfect  «  le  langage  qu'il  veut  nous  faire  adopter  : 
sa  Brève  grammatica  de  lingva  perfect  a  l'avantage  de  tenir  en  8  p.  (Per- 
fect-Literatur.  N°  2.  Xiinz,  Druck  der  Zentraldruckerei,  s.  d.,  in-8  de 
8  p.).  Ce  langage  est  essentilelement  fondé  sur  la  langue  latine. 

Belgique.  —  La  statistique  des  imprimés  nous  paraît  avoir  un  intérêt 
bien  médiocre  si  elle  se  borne  à  rechercher  le  nombre  des  livres,  brochures 
ou  périodiques  imprimés  soit  dans  un  pays  soit  dans  l'univers,  soit  pour 
une  année  soit  pour  tout  le  temps  qui  s'est  écoulé  depuis  l'invention  de 
l'irr>primerie;  nous  avouons  même  nous  soucier  assez  peu  de  connaître  le 
«  nombre  total  de  milliards  de  mots  imprimés  répandus  dans  le  monde,  « 
bien  que  ce  rêve  paraisse  hanter  l'Institut  international  de  bibliographie.  La 
statistique  n'aurait  vraiment  d'intérêt  que  si  elle  pouvait  déterminer  d'une 
manière  réelle  la  circulation  des  livres  et  par  conséquent  le  degré  d'influence 
qu'ils  ont  pu  exercer  sur  l'humanité;  mais  une  statistique  de  ce  genre  est 
à  peu  près  impossible,  parce  que  le  chiffre  du  tirage  ne  répond  aucunement 
à  celui  des  lecteurs;  parfois  il  le  dépasse,  souvent  aussi  il  lui  est  notable- 
ment inférieur.  Mais,  même  réduite  à  la  simple  constatation  du  nombre  de 
livres  imprimés,  la  statistique  est  peu  facile  et  peu  sûre.  Les  sources  qui 
peuvent  servir  à  l'établir,  comme  les  registres  de  dépôt  légal  des  d.ifférents 
pays  ou  comme  les  revues  bibliographiques;  sont  incomplètes  et  parfois 
inexactes.  L'Institut  international  de  bibliographie  a  cru  cependant  pou- 
voir présenter  au  Congrès  qui  s'est  tenu  à  Bruxelles  en  1910  des  résultats 
généraux  sur  la  statistique  des  livres  imprimés  depuis  l'origine,  en  même 


—  î;to  — 

temps  qu'il  formulait  une  méthode  pour  établir  à  l'avenir  cette  statistique  : 
Institut  international  de  bibliographie,  publication  n°  109.  La  Statistique  in- 
ternationale des  imprimés  (Bruxelles,  rue  du  Musée,  1911,  in-8  de  139  p.). 
Malheiireusement  le  rapport  dressé  par  M.  B.  Iwinski  est  fort  loin  d'inspirer 
confiance  :  Le  F iinf jahrskatalo g  der  im  deutschen  Buchhandel  erschienenen 
Bûcher  de  Hinrichs  est  cité  sous  le  nom  fantastique  de  HinricKs  Funjarns 
(p.  3,  10,  etc.);  de  même  on  nous  parle  de  la  Sama  Santander  (p.  4,  n"  1), 
d'un  ouvrage  d'un  certain  Ester  Band,  Geschichte  des  deutschen  Buchhan- 
dels  (p.  5  et  n.  2;  il  s'agit  du  t.  1  rédigé  par  M.  Fr.  Kapp,  d'une  histoire  de* 
la  librairie  allemande),  du  Publishers'Weekley  pour  Weekly  (p.  10  et 
p.  1),  de  V Arskatalog  for  Voenska  Bokhandeln  (p.  10;  lire  arskatalog, 
svenska),  etc.  Le  rapport  fait  par  M.  Babelon,  en  1878,  au  Congrès  biblio- 
graphique international  est  cité  comme  datant  de  1889  (p.  4),  et  on,  lui 
emprunte  des  données,  par  exemple,  sur  la  Russie  en  1887  (p.  10).  Le  reste 
est  à  l'avenant. 

Espagne.  —  Les  tendances  séparatistes,  ou  plutôt  régionalistes,  qui  s'af- 
firment en  diverses  provinces  d'Espagne,  ont  trouvé  d'éloquents  et  ardents 
champions  dans  les  pays  basques.  Signalons  à  ce  sujet  quatre  opuscules, 
qu'on  ne  lira  pas  sans  intérêt.  Sous  le  titre  de  :  Muera  la  mentira  y  viva  la 
verdad  (Buenos  Aires,  Obsequio  de  «  Irrentzi»,  1907,  in-32  de  80  p.),  Iber  a 
voulu  démontrer,  par  questions  et  par  réponses,  que  la  seule  nation,  la  na- 
tion intégrale  des  Basques,  c'est  Euskadi,  c'est-à-dire  la  région  habitée 
par  la  race  basque  :  il  n'admet  point  de  solution  intermédiaire.  —  Une 
autre  brochure  :  Les  Conjirmaciones  y  el  Pose  forai,  par  Kondano  (San  Sé- 
bastian, imp.  Altuna,  1909,  in-32  de  108  p.)  résu.ne  l'histoire  politique 
d'Euskadi,  qui  a  joui  de  temps  immorial  d'un  pouvoir  législatif  indépen- 
dant et  qui  le  revendique  comme  un  bien  inaliénable.  —  Deux  opuscules 
plus  récents  sont  consacrés  à  soutenir  la  même  thèse  :  c'est  d'abord  : 
La  Patria  de  los  Vascos,  par  Kizkitza  (San  Sébastian,  imp.  Altuna,  1910, 
in-32  de  71  p.)  où  l'auteur,  analysant  l'i  lée  de  patrie,  montre  que  les  Bas- 
ques ne  forment  qu'une  race,  ont  leur  langue,  leurs  institutions  et  leur  ter- 
ritoire; c'est  enfin  El  Carlismo;  vaya  una  esperanza  !  par  un  catholique 
basque  (Bilbao,  imp.  y  encuad.  Bilbao  maritime  y  comercial,  1910),  où  il 
est  dit  en  propres  termes  que  «  le  carlisme  n'a  rien  à  voir  avec  la  tradition 
basque  »  et  que  «  l'on  ne  saurait  être  un  bon  Basque  si  l'on  est  carliste.  » 
On  voit  combien  sont  fougueux  et  intransigeants  les  partisans  du  régiona- 
lisme en  pays  basque  ! 

—  11  n'est  pas  besoin  d'aller  très  loin  pour  faire  des  découvertes  géogra- 
phiques, non  pas  sensationnelles,  mais  fort  intéressantes;  M.  Lucien  Briet, 
l'explorateur  bien  connu  des  Pyrénées  espagnivles,  vient  d'en  fournir  la 
preuve  dans  ses  Barrancos  et  Cuevas.  N'a-t-il  pas,  en  effet,  du  sommet  du 
Tozal  de  San  Miguel  dans  le  Haut- Aragon,  vu  le  22  septembre  1910  une 
montagne  qu'aucune  carte,  ni  celle  de  Wallon,  ni  celle  de  Schrader,  ne 
signalait  encore?  Comme  il  le  dit  très  justement  à  la  page  35  de  son  mémoire 
('  l'ère  d3S  découvertes  géographiques  n'est  pas  close,  même  au  pied  du 
Marboré  !  »  Cette  petite  découverte,  que  nous  souhaitons  de  voir  M.  Briet 
compléter  et  préciser  un  jour,  est  loin  d'être  le  seul  point  digne  d'être  relevé 
dans  Barrancos  et  Cuevas;  cette  description  très  étudiée  du  Barranco  de  loss 
Gloces,  du  Barranco  de  la  Valle,  du  Barranco  de  Viandico,  du  défilé  de  la 
Cambras,  des  Barrancos  de  Labaneres,  de  San  Jaime,  du  rio  Yesa,  de  la 
Cueva  de  Buerba,  tous  sites  éminemment  pittoresques  et  intéressants  du 
Haut- Aragon  est  en  effet  accompagnée  de  remarques  critiques,  d'observa- 


-Gî- 
tions dignes  d'être  notées,  de  triits  qui  permettent  de  bien  saisir  la  nature 
de  ce  pays  ?i  curieux  et  encore  si  mal  étudié;  aussi  recommandons-nous 
vivement  la  lecture  de  Barrancos  et  Cuevas  (Haut- Aragon  Espagne)  (Spe- 
lunca.  Bulletin  et  Mémoires  de  la  Société  de  spéléologie  n°  61,  octobre 
1910,  Paris,  au  siège  de  la  Société,  in-8  de  65  p.,  avec  20  croquis  et  fig.). 

Italie, —  Se  préoccupant  des  étudiants  soit^de^séminaires  soit  d'Univer- 
sités qui  suivent  des  cours  faits  en  latin,  le  R.  P.  William  Tatlock,  de  la  Com- 
pagnie de  Jésus,  vient  d'écrire  à  leur  usage  un  petit  Manuale  stenographiae 
latinae  (Romae,  in  Univer-itate  gregoriana;  Londinii,  l,Amen  Corner,  E. 
C. ;  Neo  Eboraci,  2-6,  West  Forty-fifth  Street,  s.  d.,  in-16  de  56  p.  Prix  : 
3  fr.).  Le  Manuel  du  P.  Tatlock  est  basé  sur  le  système  sténographique 
inventé  en  1837  par  l'Anglais  Isaac  Pitman,  qui  n'est  pas  seulement  le 
plus  fréquemment  usité  dans  les  pays  de  langue  anglaise,  mais  qui  a  ren- 
contré de  nombreux  adhérents  ailleurs,  notamment  en  Allemagne,  en  Italie 
et  en  France.  C'est  un  système  de  transcription  phonétique  qui  s'applique 
à  la  prononciation  italienne  du  latin;  peut-être  aurait-on  pu  y  apporter 
quelques  simplifications. 

Maroc.  —  Le  nom  de  M.  Ch.  René-Leclerc  est  bien  connu  de  nos  lec- 
teurs; signalons-leur  une  preuve  nouvelle  du  savoir  et  de  l'activité  du 
délégué  général  du  Comité  du  Maroc  à  Tanger.  C'est  une  »  notice  écono- 
mique ))  sur  le  Maroc,  un  petit  guide  de  l'immigrant  dans  ce  pays  qui  a 
récemment  paru  (Paris,  Geuthner,  1911,  in-8  de  92  p.,  avec  carte)  et  con- 
tient, distribués  de  manière  très  commode,  tous  les  renseignements  utiles 
sur  notre  nouvelle  possession.  Sur  les  moyens  de  se  rendre  au  Maroc  et 
d'y  voyager,  sur  la  géographie,  l'organisation,  le  régime  économique  et 
social,  le  commerce,  l'exploitation  économique  du  pays,  on  trouvera,  dans 
les  sept  chapitres  de  cette  plaquette  toutes  les  iridications  essentielles. 
M.  René-Leclerc  a  parfaitement  atteint  son  but,  qui  était  (comme  il  le  dit 
lui-même)  de  donner  un  «  tableau  d'ensemble  sur  l'existence  sociale,  ad- 
ministrative, économique  des  Européen?,  et  surtout  des  Français  au 
Maroc.  »  . 

Publications  nouvelles.  —  Petite  Année  liturgique,  ou  Paroissien 
romain  historique  et  liturgique,  par  l'abbé  J.  Verdunoy  (in-18,  Lethielleux). 
—  Le  Pain  évangélique,  explication  dialoguée  des  évangiles  des  dimanches  et 
fêtes  d'obligation,  par  l'abbé  P.  Duplessy.  T.  I.  De  V Avent  au  Carême  (in-16, 
Téqui).  —  Entretiens  eucharistiques,  par  l'abbé  J.  Vaudon  (in-12,  Téqui).  — 
Exposition  de  la  morale  catholique,  par  le  R. -P.  M. -A.  Janvier.  Morale  spé- 
ciale. I.  La  Foi,  son  objet  et  ses  actes  (in-8,  Lethielleux).  —  Prêtre  et  pas- 
teur, ou  Grandeurs  et  obligations  du  prêtre,  par  le  P.  Boulay  (in-16,  Le- 
thielleux). —  Essai  d'apologétique  intégrale.  La  Religion  expliquée  à  un  in- 
crédule instruit,  par  A.  Detillieux  (in-8,  Lecoffre,  Gabalda).  —  Peut-on 
croire  sans  être  un  imbécile?,  par  H.  Desprez  (in-12.  Librairie  des  Saints- 
Pères). —  Le  Zélateur  de  la  confession  et  de  la  communion  fréquente,  par  l'abbé 
S.  Febvre  (in-18.  Maison  de  la  Bonne  Presse).  ■ —  Vous  êtes  à  Jésus-Christ, 
par  le  R.  P.  Rickaby;  trad.  et  adapté  de  l'anglais  par  M.  Jary  (in-32, 
Casterman).  —  Les  Petites  Fleurs  de  saint  François  d'Assise  (Fioretti), 
suivies  des  Considérations  des  Très  Saints  Stigmates;  trad.  d'après  les  textes 
originaux  par  T.  de  Wyzewa  (in-16,  Perrin).  • —  Exercices  spirituels  de  saint 
Ignace  de  Loyola;  trad.  de  l'espagnol  par  le  P.  Debuchy  (petit  in-16 
carré,  Lethielleux).  ■ —  Le  Secret  admirable  du  Très  Saint  Rosaire,  par  le 
bienheureux  L.-M.  Grignon  de  Montfort  (in-12,  Oudin).  —  Vers  la  Maison 


—  92  — 

de  lumière,  histoire  d'une  conversion,   par  B.-A.  Baker;  trad.   de  l'anglais 
par  un  Père    bénédictin  de  Solesmes  (in-12,  Lecoffre,  Gabalda).  —  Par 
l'Amour  et  la  douleur  l  Étude  sur   la  Passion,  pgr  Léon-Rinabault  (in-16, 
Pierre  Téqui).  —  L'Éducation  de  la  chasteté,  par  M.  Gatterer  et  F.  Krus  ;trad. 
de  l'allemand  par  l'abbé  T.  Dequin  (in-16,  Bloud)  ;  —  Le  Surnaturel  dans 
les  apparitions  et  dans  les  guérisons  de  Lourdes,  par  A.    Castelein  (.in-8, 
Briixelles,  Goemaere).  —  La  Charité  à  travers  la  vie,  par  la  comtesso  d'Haus- 
sonville  (in-12,  Lecoffre,  Gabalda).  —  The  Fairy-Faith  in  Celtic  éountries. 
by  W.-Y.  Evans  Wentz  (in-8,  cartonné,  London,  Frowde;  Oxford  Univer- 
sity  Press).  —  Le  Statut  des  fonctionnaires.  L' Avancement,  son  organisation, 
ses  garanties,  par  C.  Georgin  (gr.,  in-8.  Librairie  générale  de  droit  et  de 
jurisprudence).  — De  la  commune  Renommée  dans  ses  rapports  avec  la  théorie 
des  preuves,  par  M.  Picard  (in-8.  Librairie  générale  de  droit  et  de  juris- 
prudence). —  Différends  et  procès  entre  locataires,  par  G.   Courtois  (in-'16, 
Garnier).  —    Les  Lois  commerciales  de  l'univers,  textes  originaux  et  com- 
mentaires avec  trad.  française  en  regard,  par  de  nombreux  collaborateurs 
de  tous  pays,  publiés  sous  la  direction  de  C.  Lyon-Caen,  P.  Carpentier  et 
F.  Daguin.'T.  IV  (Brésil),  VI.  (Chili-Paraguay),  XXIII  (Suède-Norvège), 
XXIV    (Danemark),    XXV  (Scandinavie),    XXVIIl    (Pays-Bas,    Colonies 
néerlandaises),  XXXV  (Russie.  Pologne),  7  vol.  gr.    in-8,  Librairie  générale 
de  droit  et  de  jurisprudence).  —  Le  Problème  religieux  dans  la  philosophie 
de  l'action.  M.  Maurice  Blondel  et  le  P.  Laberthonnière,  par  T.  Cramer  (in- 
8,  Alcan).  —  La  Destinée  de  l'homme,  par  C.  Piat  (in-8,  Alcan).  —  Essais 
choisis,  par  Emerson;  trad.  de  l'anglais  par  H.  Mirabaud-Thorens  (in-16, 
Alcan).  —  Essais  sur  la  sensibilité  contemporaine,  par  R.  Cor  (in-16,  Fal- 
que).  —  La  Lumière  vient  de  l'Orient.  Essais  de  psychologie  japonaise,  par 
Lafcadio  Hearn;  trad.  de  l'anglais  par  M.  Logé  (in-r2,  Mercure  de  France). 
—  La.  Morale  et  l'intérêt  dans  les  rapports  individuels  et  internationaux,  par 
J.  Novicow  (in-8,  Alcan).  —  Ce  qu'il  faudra  toujours,  par  C.  Wagner  (in- 
18,  Colin).  —  Maïmonide,  par  L.-G.  Lévy  (in-8, Alcan).  ■ —  L'Éducation  du 
caractère,  par  L.  Dugas  (jn-8,  Alcan).  ■ —  L'Analyse  universelle,  par  P.  de 
Coubertin  (in-16,  Alcan).  —  La  Mémoire  verbale  et  pratique,  son  développe- 
ment naturel  et  logique  par  l'audition,  la  vision,  l'idée,  par  G.  Art  (in-18, 
Pedone).   • —  Enseignement   de  Léonce   Couture   (Toulousa,    Privât;   Paris, 
Champion,   in-8).  - —  Système  de  politique  positive,  ou  Traité  de  sociologie 
d'Auguste  Comte,  condensé  par  C.   Cherfils  (in-8,  Giard  et  Brière).  —  // 
Fenomeno  délia  guerra  e  l'idea  délia  pace,  da  G.  del  Vecchio  (gr.  in-8,  To- 
rino,  Bocca).  —  La  Synthèse  économique.  Étude  sur  les  lois  du  revenu,  par 
A.  Loria  (in-8,  Giard  et  Brière). —  De  la  Nature  du  capital  et  du  revenu,  par  I. 
Fisher;  trad.  de  l'anglais  par  S.  Bouyssy  (in-8,  Giard  et  Brière).  —  Les 
Classes  rurales  en  Savoie  au  xviii*^  siècle,  paï"  F.  Vermale  (in-8,  Leroux).  — 
La  Sociologie  de  Proudhon,   par   C.  Bougie   (in-18.   Colin).  —  Œuvres  de 
Michel  Bakounine.  T.  V.  (in-18,  Stock).  —  Les  Socialistes  antidémocrates, 
par  J.  Rivain  (in-18,  Nouvelle  Librairie  nationale).  —  Les  Problèmes  so- 
ciaux du  temps  présent,  par  M.   Drouilly  (in-12,   Henry  Paulin).  —  Des- 
truction des  insectes  et  autres  animaux  nuisibles,  par  A.-L.   Clément  (petit 
in-8,  Larousse).  ■ —  Portez-vous  bien  !  Notions  élémentaires  d'hygiène  popu- 
laire et  rationnelle,  par  le  D"^  Terwagne  (petit  in-8,  Giard  et  Brière).  • —  La 
Fatigue  et  le  repos,  par  F.  Lagrange;  publié  avec  le  concours  du  D'' F.  de 
GrandmaiSon  (in-8,  Alcan). —  Le  Génie  littéraire,  par  A.  Rémondet  P  .Voi- 
venel  (in-8,  Alcan).  —  L'Alcoolisme  dans  les  armées,  par  Corn*  J.-A.  Or- 
dioni  (in-18,  H.  P^aulin).  —  Les  Opiomanes,  mangeurs,  buveurs  et  fumeurs 


—  93  — 

d'opium,  par  R.  Dupouy  (in.-8,  Alcan).  —  Le  Marquis  du  Planty,  médecin 
de  la  Faculté  de  Paris,  maire  de  Saint-Ouen-sfur-Seine  (1808-1876),  par  le 
D"^  H.   Perraudeau   (in-16,   Jouve).  —  Traité  de  chimie  générale,  par  W. 
Nernst;  trad.  de  î'allemand  par  A.  Corvisy.  2^  partie  (gr.  in-8,  Herraann). 
—  Science  et  Philosophie,  par  J.  Tannery  (in-16,  Alcan).  —  L'Électricité  à 
la  maison,  par  H.  de  Grailigny  (in-8,  Larousse).  —  L'Équation  de  Fred- 
holm  et  ses  applications    à  la  physique  mathématique,  par  H.-B.   Heywood 
et  M.  Fréchet  (gr.  in-8,  Hermann).  —  La  Connaissance  du  bétail,  par  J. 
Ginieis   (in-12,   Amat  .  —  Premières   Connaissances   agricoles.    Notions   de 
botanique,  d'agriculture,  d'horticulture,  de  zootechnie,  par  J.   Leday,  (in-8, 
de  Gigord).  —  Les  Sols  humides,  par  R.  Dumont  (in-8,  Larousse).  —  La 
Culture  profonde  et  les  améliorations  foncières,  par  R.  Dumont  (petit  in-8, 
Larousse).  —  Rotations  et  assolements,  par  F.  Parisot  (in-8, Larousse). — 
Les  Arbres  légendaires,  par  E.  Van  Bruyssel  (in-16,   Hetzel).  • —  Bible  et 
Science.  Terre  et  Ciel,  par  C.  de  Kirwan  (in-16,  Bloud).   —  La    Sistnologie 
moderne  (les  Tremblements  de  terre,  par  le  comte  de  Montessus  de  Ballore 
(in-8,  Colin).  —  L'Infanterie  à  la  guerre,  exercices  pour  l'étude  des  règlements, 
par  le  cap**®  Balédent   (in-8.  Chapelet).  —  Cavalerie.    Procédés  techniques; 
la  cavalerie  dans  l'ensemble  de  l'armée;  la  cavalerie  dans  la  bataille,  par    le 
cap"^*     Loir  (in-8,  Chapelot).     —    La  Marine  marchande  et  son  personnel, 
par  G;  Morael  (in-16,  Guilmoto).  — Les  Artistes,  par  L.  Bénédite  (petit  in-8, 
Colin). —  Les  Musiciens  célèbres.  Beethoven,  par  V.  d'Indy  (petit   in-8,  Lau- 
rens).  —    Les  Musiciens  célèbres.  Verdi,  par  C.  Bellaigue  (petit  in-8,  Lau- 
rens.   —  Les    Musiciens   célèbres.  Bizet,    par   Gauthier-Villars   (petit   in-8, 
Laurerts).  —  Emmanuel  Chabrier,  1841-1894,  par  G.  Servières  (in-18,  Al- 
can). —  La  Condamnation  de  Mignon,  essai  de  critique  musicale,  par  A. 
Nortal  (in>-16,  Falque).  ■ — Les  Sciences  de  la  nature  en  France,  au  XYiii®  siè- 
cle, par  D.  M-Ornet  (in-18,  Colin).  —  Grammaire  du  grec  du  Nouveau  Testa- 
ment, par  À.-T.  Robertson;  trad.  par  E.  Montet  (in-8,  Geuthner).  —  La 
Prononciation  du  latin,  par  A.  Macé  (petit  in-12  cartonné,  C.  Klincksieck).  — 
La  Diction  expliquée  en  15  leçons,  par  P.  Cosseret  (in-16,  Paclot).  —  Par- 
lons ainsi  de  la  voix  et  du  geste,  étude  théorique  et  pratique  du  mécanisme  de 
la  parole,  par  I.-L.  Gondal  (in-8,  de  Gigord).  ■ — La  Crise  du  français  et 
la  Réforme  de  l'Université,  par  A.  Faure  (in-18,  Stock).  —  Discours  politi- 
ques,  allocutions  diverses  (1903-1912),  par  G.  Vidal  de  Saint-Urbain  (in- 
16,  Plon-Nourrit).  —  Les  Chants  du  cygne,  par  1.  R.-G.  (in-18,  Lemerre). 

—  Les  Visions  du  chemin,  par  H.  Rouger  (in-18,  Lemerre).  —Le  Temple 
du  rêve,  par  la  b^^^^  de  Baye  (in-16,  Perrin).  —  Dernières  Veillées,  par 
A.  Vermenouze  (petit  in-8,  Jouve).  —  Pour  retrouver  l'enfant,  par  G. 
Zidler  (petit  in-8,  Jouve). — Paysages  de  l'âme,  par  F.  Saisset  (in-18,  Jouve). 

—  Les  Autels  et  les  tombes,  par  L.  Lahovary  (in-18,  Jouve).  —  Le  Charme 
quotidien,  par  M.  Silver  (in-16,  Messein).  —  Les  Voix  de  la  montagne,  par 
A.  de  Bary,  (in-18.  Stock).  —  Dans  le  Jardin  de  notre  amour,  par  A.  Clerc 
(in-12,  Falque).  —  Le  Miroir  enchanté,  par  R,  Lestrange  (in-18,  Figuière). 

—  Clartés  au  crépuscule.  Les  Châsses  d'or,  par  A.  Ramette  (in-16.  Édition 
du  Beffroi).  —  La  Passion  de  Notre- Seigneur  Jésus-Christ,  drame-mystère, 
par  l'abbé  J.  Oger  (in-8,  Haton).  —  Les  Chrétiens  aux  lions,  drame,  par  J. 
Grech  (in-16,  Haton).  —  Vindex,  drame  social  en  vers,  par  E.  Bellot  (in-12, 
Figuière).  —  L'Envers  du  décor,  par  P.  Bourget  (in-16,  Plon-Nourrit).  — 
La  Maltournée,  par  T.  Combe  (in-16,  Perrin).  —  La  Dette  de  Jettehen 
Gebert,  par  G.  Hermann  (in-16.  Hachette).  —  Catherine  Aubier,  par 
ï.  Prost  (in-18,  Colin).  —  Contes,  transcrits  par    M.    Bouchor,    d'après 


—  9i  — 

la    tradition     française    (in-32,     Colin).    —   Ombres    et    lumières,    par    A. 
Blech  (in- 18,  Publications  théosophiques).— Les  Neveux  de  tante  Delphine, 
par  A.  de  Pitteurs  (in- 12,  Lethielleux).  —  L'Histoire  d'un  jour,  par  P.  Per- 
rault (in-12,  H.  Gautier).  —  Les  Chemins  tortueux,  par  P.  Mimande  (in-12,  H. 
Gautier).  —  Une  Dette,  par  O.  Lavalette  ('n-12,  H.  Gautier).  —La  Violoniste, 
par  M.  Lachèse(in-12,  H.  Gautier).  — Double  Conquête,   par   F.  Dupin  de 
Saint-André  (in-16,  Hetzel).  — La  Princesse  Maritza,  par  P.-J.  Brebner; 
trad.  de  l'anglais  par  P.  Nozan  (in-18,   Hennuyer).    —   Pendant  la  Terreur, 
par  L.   d'Oberny   (in-8,   Haton).   —  Les  Aubépines,   par  M.  Auvray  (in-8, 
Haton).  —  Le  Mystère  de  Rochebrune,  par  M™''  Chéron  de  la  Bruyère  (in- 
18.  Haton).  —  Le  Galon  d'or,  par  L.  des  Ages  (in-i8,  Haton).  —  Latiniste, 
par  L.  Villarceau  (m-18,  Œuvre  d'Auteuil).  —  Correspondance  (l'830-1855), 
de  Gérard  de  Nerval,  avec  Introduction  et  notes  par  J.  Marsan  (in-16,  Mer- 
cure de  France).  —  Lyrisme,  épopée,  drame.  Une  Loi   de   Vhistoire   littéraire 
expliquée  par  l'évolution  générale,  par  E.  Bovet  (in-18,  Colin).  —  LaPoétie 
à  travers  les  âges,  son  rôle  dans  Véducation  populaire,  par  J.-M.  Lentillon 
(in-8,  Anat).  —   Voiture  et  les  Origines  de  Vhôtel  de  Rambouillet,  per  E. 
Magne  (in-18,  Mercure  de  France).  —  Les  Hommes  de  lettres  au  xYin^  siècle, 
par  M.  Pellisson  (in-18,  Colin).  —  Les  Contemporains  étrangers,  par  M.  Mu- 
ret.  I.   (in-16,  Fontemoing).  —  Nuovi  Studii  su  Dante,  par  L.  F.  Guelfi 
(gr.  in-8,  Città  di  Castello,  Lapi).  —  Les  Principaux  Aspects  du  globe.  La 
France,  par  M.  Allain  et  H.  Hauser  (in-18  cartonné,  Alcan).  —  Diction- 
naire topographique  du  département     de  V Ain  comprenant  les  noms  de  lieu 
anciens  et  modernes,  par  E.  Philipon  (in-4  à  2  col.,  Leroux). — La  Basse 
Normandie,  par  L.  Dimier  et  R.  Gobillot  (in'-16,  Delagrave).  —  Du  Kho- 
rassan  au  pays  des  Backhtiaris.  Trois  mois  de  voyage  en  Perse.,   par  H.-R. 
d'Allemagne  (4  vol.  gr.  in-4,  Hachette).  —  Les  Royaumes  des  neiges  (Etats 
hymalayens),  par  C.-E.  Bonin  (in-18,  Colin). —  Mizraïm,  souvenirs  d'Egypte, 
par  G.  Kurth  (in-18,  Bruxelles,  Dcwit).  —  L'Afrique  occidentale  française, 
par  L.  Sonolût  (in-16,  Hachette).  —  Les  États-Unis  du  Mexique,  par  le  c*^ 
M.  de  Périgny  (in-18,  Guilmoto).  —  Les  Légions  de  Varus.  Latins  et  Ger- 
mains au  siècle  d'Auguste,  par  C.  Gailly  de  Taurines  (in-16,  Hachette).  — 
The  Celtic  Inscriptions  of  Gaul.  Additions  and  corrections,  by  J.  Rhys  (in- 
8,  London,  Frowde).  —  Histoire  de  France,  par  A.  Baudrillart  et  J.  Martin. 
Cours  moyen,  certificat  d'études  (in-16,  cartonné,  Bloud).  —  Les  plus  beaux 
Récits  des  Chroniques  de  Froissart,  transcrits  pour  les  lecteurs  d'aujourd'hui 
(in-16,  Fontemoing).  —  Luther  et  le  luthéranisme,  par  H.  Denifle;  trad.  de 
l'allemand  par  J.  Paquier.  T.  II.  (in-16,  A.  Picard  et  fils).  —  Récits  du 
temps  des  troubles,  xvi<^  siècle.  De  quelques  assassins,  par  P.  de  Vaissière 
(in-8,  Émile-Paul).  —  A  la  Cour  du  grand  Roi  (Saint-Simon).Nouvelle  Col- 
lection historique  pour  la  jeunesse  publiée  par  la  comtesse  C.  d'Arjuzon  (in- 
16,  Émile-PauI).  —  Mémoires  du  président  Hénault.  Nouvelle  éd.  complé- 
tée, corrigée  et  annotée  par  F.  Rousseau  (in-8  Hachette).  —  Mémoires  de 
Saint-Hilaire,  publiés  pour  la  Société  de  l'histoire  de  France,  par  L.  Lecestre. 
T.   IV,  1704-1706  (in-8,   Laurens).  —  La  Fin  d'une  dynastie,  d'après  les 
Mémoires  et  la  Correspondance  d'une  reine  de  Suède,  H edvig- Elisabeth-Char- 
lotte (1774-1818),  par  O.-G.  de  Heidenstam  (in-8,  Plon-Nourrit).  —  Journal 
d'émigration  du  comte  d'Espinchal,  par  E.   d'Hauterive  (in-8,  PenùnK    — 
Recueil  des  actes  du  comité  de  salut  public,  avec  la.  correspondance  officielle 
des  représentants  en  mission  et  le  Registre  du  conseil  exécutif  provisoire,  pxihVié 
par  F  -A.  Aulard.   T.   XXI  (in-8,  Leroux).  —  Le  Conventionnel  J  -B.  Le 
Carpentier      (1759-1829),       d'après      de     nouveaux      documents,      pa'i*     le 


—  95  — 

vicomte  de  Brachet  (petit  in-8,  Perrin).  —  L'Église  de  Paris  et  la 
Révolution,  par  P.  Pisani.  T.  IV.  et  dernier  (1799-1802)  (in-12,  A.  Picard 
"t  fils).  —  L'Industrie  de  la  boucherie  à  Paris  pendant  la  Révolution, 
par  H.  Bourrin  (gr.  in-8,  Leroux).  —  Liste  des  victimes  du  tribunal 
révolutionnaire  de  Paris  (Auguste  Picard).  —  Journal  d'un  prêtre  lorrain 
pendant  la  Révolution  (1791-1799),  publié  avec  une  Introduction,  une  notice 
et  des  notes,  par  H.  Thédenat  (in-16,  Hachette).  —  Les  Noyades  de  Nantes, 
par  G.  Lenotre  (in-8,  Parrin).  —  La  Révolution  à  Poitiers  et  dans  la  Vienne, 
par  le  M'a  de  Roux  (gr.  in-8,  Nouvelle  Librairie  nationale).  —  Le 
Directoire  et  la  paix  de  VEurope,  des  traités  de  Bâle  à  la  deuxième  coalition 
(1795-1799),  par  R.  Guyot,  (in-8,  Alcaa).  — Zurich.  Masséna  en  Suisse,  mes- 
sidor an  Vll-bruniaire  an  VIII  (juillet-octobre  1799J,  par  le  capitaine  L. 
Hennequin  (in-8,  Berg  r-Levrault).  —  Expédition  du  Portugal  (1807),  par 
le  colonel  L.  Picard  (in-8,  Jouve).  —  Correspondance  du  comte  de  la  Forest, 
ambassadeur  de  France  en  Espagne,  1808-1813,  publié  par  la  Société  d'his- 
toire contemporaine,  par  Geoffroy  de  Grandmaison.  T.  V.  Avril- décembre 
1811  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  —  Madame  de  Genlis  et  la  Grande-Duchesse 
Élisa  (1811-181.S),  par  P.  Mormottan  (in-18,  Émile-Paul).  —  De  Mu- 
nich à  Vilnaà  V état-major  du  corps  bavarois  de  la  Grande  Armée  en  1812, 
par  le  lieutt-col^i  Sauzey  (gr.  in-8,  Chapelot).  —  La  Vie  militaire  du 
maréchal  Ney,  duc  d'Elchingen,  prince  de  la  Moskowa,  par  le  général  H. 
Bonnal.  T.  II  (in-8,  Chapelot). —  Vn  Héros  de  la  Grande- Armée.  Jean- Gas- 
pard H  ulot  de  Collart,  officier  supérieur  d'artillerie  (1780-1854),  par  le  V® 
du  Motey  (iii-8,  A.  Picard  et  fils).  —  Clausewiiz,  par  le  colonel  Camon  (in-8, 
Chapelot). — Itinéraire  général  de  Napoléon  I^^  (gr.  in-8,  Jouve), par  A.  Schuer- 
mans.  (gr.  in-8,  Jouve).  —  Napoléon  et  les  Invalides,  par  le  g^i  Niox  (gr. 
in-4,  Delagrave).  — La  Vie  parisienne  sons  Louis-Philippe,  pavlH.  d'Alméras 
(petit  in-8,  A.  Michel).  - —  Ferdinand- Philippe  d'Orléans  duc  d'Alençon, 
par  Y.  d'Isné  (in-12,  Lethielleux).  —  Lacordaire,  par  A.  Albalat  (in-12, 
Vitte).  —  Ma  Vie,  par  Richard  Wagner.  II,  1842-1850;  trad.  de  N.  Valen- 
tin  et  A.  Schenk  (in-8,  Plon-Nourrit).  —  Louis-Napoléon  Bonaparte  et  le 
ministère  Odilon  Barrot  (1849),  par  A.  Lebey  (gr.  in-8,  Cornély). — Le  Ma- 
réchal Pélissier,  duc  de  Malakoff,  par  le  général  Derrécagaix  (in-8,  Chape- 
lot). —  Souvenirs  (1848-1878),  par  C.  de  Freycinet  (in-8,  Delagrave).  — 
Dom.  Guéranger  et  Madame  Durand,  par  le  Rme  P.-D.-A  Guépin  (in-8, 
Oudin).  —  Femme  et  poète.  Elizabeth  Browning,  par  Mn^^  W.  Nicati  (in-16, 
Perrin).  —  La  Séparation  des  Églises  et  de  l'État.  Origines,  étapes,  bilan,  par 
J.  de  Narfon  (in-8,  cartonné,  Alcan).  —  L'Orientation  religieuse  de  la  France 
actuelle,  par  P.  Sabatier  (in-18.  Colin).  —  Le  Gouvernement  de  Pie  X.  Con- 
centration et  défense  catholiques,  par  Aventino  (in-18,  Nouvelle  Librairie 
nationale).  —  Lettres  de  combat,  par  F.  Brunetière  (in-16,  Perrin).  —  La 
Marche  montante  d'une  génération,  1890-1910,  par  J.  Ageorges  (in-18,  Fi- 
guière).  —  Campagne  de  1908-09  en  Chaouia,  par  le  général  d'Amade  (in-8, 
Chapelot).  —  Documents  diplomatiques  pour  servir  à  l'étude  de  la  question 
marocaine,  par  E.  Rouard  do  Card  (gr.  in-8,  Pedone;  Gamber).  ■ —  Après 
le  traité  franco- allemand  et  maintenant? ...  Le  Désarmement  ou  la  guerre  !  par 
le  capï^®  Félix  (in-8,  Grasset). —  Allemands  et  Polonais,  par  V.  Nicaise  (in-8, 
«  Marches  de  l'Est»  ). —  La  Crise  constitutionnelle  anglaise,  par  Lewis  Gaffié 
(in-16,  Falque).- — La  Turquie  et  ses  voisins,  par  C.  Woods;  trad.  de  l'anglais 
par  J.  Duroy  (petit  in-8,  Guilmoto).  —  La  Tripolitaine  d'hier  et  de  demain, 
par  H.-M.  de  Mathuisieulx  (in-16,  Hachette).  ■ —  Recherches  sur  les  musul- 
mans   chinois,    par    le    com*    d'Ollone    (gr.  in-8,   Leroux).  —  La  Repu- 


—  96  — 

blique  américai7ie,  par  J.  Bryce.  2*^  éd.  française  complétée  par  l'auteur.  T.I. 
Le  Gouvernetnent  national  (in-8,  Giard  et  Brière).  —  Ce  que  racontent  mon- 
naies et  médailles,  par  J.  Benderly  (petit  in-8,  Colin).  —  Dans  les  Sentiers  de 
Vhistoire,  par  R.  Fage  (in-18,  A.  Picard  et  fils).  —  Bibliographie  fran- 
çaise, par  H.  Le  Soudier.  2^  série.  T.II.  1905-1909  (2.  vol.  in-8,  Le  Soudier). 
—  Bibliographie  du  temps  de  Napoléon,  comprenant  l^ histoire  des  États-Unis, 
par  F.  M.  Kircheisen.  T.  IL,  l""®  partie  (Paris,  Champion;  Genève, 
Kircheisen;  London,  Low,  Marston,  in-8).  —  La  Bibliothèque  publique  de 
Carcassonne,  par  J.  Amiel  (in-8,  Le  Soudier).  Visenot. 


Le  Gérant  :  CHAPUIS. 


Irnpriaieiie  poljglulte  P'k;  Simo.n.  Rennes. 


POLYBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 


OUVRAGES  D'ENSEIGNEMENT  CHRETIEN  ET  DE  PIETE 

Enseignement.  —  1.  Coins  d'i?istructions  dominicales,  par  le  chaa.  i  le  R.  Turcav. 
2«  édit.  Pi.ris,  Téqui,  1911,  3  vol.  in-12  de  xv-423,  360  et  391  p.,  10  !r.  50.  —  2. 
La  Religion  chrétienne,  simples  notes,  par  l'abbé  René  Petiteau.  6'  édit.  Paris, 
Ainrit,  1909,  in-16  cartonné  de  vfii-886  p.,  3  fr.  75.  —  3.  Dictionnaire  d'exemples 
à  Vusa<ie  des  prédicateurs  et  des  cztéchistes,  classés  pii"  le  R.  P.  Sckf.her.  É  lition 
revue  p:^r  le  R.  P.  J.-P.  Lampert  ;  trad.  de  l'allemand  par  l'abbé  Jules  De- 
BREYNE.  T.  I.  Paris  et  Tournai,  Casterm  ui,  s.  d.,  in-8  de  vui-800  p.,  10  fr.  —  4. 
Le  Purgatoire,  ou  Pouvoir,  motifs  et  moyens  que  nous  avons  de  secourir  les  âmes  du 
Purgatoire,  par  ra])bé  Josi;i>n  Terrisse.  Paris,  Aniat,  1912,  in-12  de  333  p., 
3  fr.   50. 

MoR\LE.  —  5.  Le  Chemin  de  la  vérité,  par  le  comte  de  Champagny.  Nouv.  édit.  Pa- 
ris, Téqui,  1911,  in-12  de  xxiii-264  p.,  2  fr.  — •  6.  La  Force  morale,  par  Georges 
Legrand.  Paris,  Letbielleux,  s.  d.,  in-16  carré  de  vn-151  p.,  2  fr.  —  7.  Le  Pro- 
blème religieux  et  moral,  par  le  chanoine  Wilhelm  Meyer;  adapté  de  l'r.llemand 
.par  l'abbé  L.  Djuadicq.  Avignon,  Aubanel,  s.  d.,  in-16  de  vin-140  p.,  3  fr.  — 
8.  V É lucation  de  la  charité,  par  l'abbé  E.  Debize.  Paris,  de  Gigord,  1911,  in-16 
de  vui-127  p.,  1  Ir.  25.  —  9.  Ix  «  Notre  Père  »  de  l'heure  présente,  par  J.  Santo. 
2«  édit.  Paris,  l'autenr,  rue  de  Vaugirard,  131,  in-16  de  192  p.,  1  fr. 

Jésus-Marie.  —  10.  Le  Prophète  de  Galilée.  Lectures  évang'diques  pour  le  temps  après 
la  Pentecôte,  par  l'abbé  A.  D \rd.  Paris,  Lecoffre,  Gabalda,  s.  d.,  2  vol.  in-12  de 
277  et  285  p.,  4  tr.  —  11.  Vie  de  la  Sainte  Vierge,  d'après  les  Méditations  d'Anne- 
Catherim  Emmerch,  par  l'abbé  de  Cvzalès.  U^  édit.  Paris,  Téqui,  1911, 
.in-12  de  415  p.,  2  fr.  50. 

Jeunesse  chrétienne.  —  12..  Les  Enfants.  Questiotis  du  temps  présent;  par  Mgr  J.- 
A.  Ghollet.  Paris,  Lethielleux,  s.  d. ,  in-12  de  viu-215  p.,  2  fr.  —  13.  Catecismo 
de  la  infancia,  preparac'éri  dogmotica  y  moral  para  la  primera  communion  c  ins- 
trucciones  eatequisticai  al  alcrince  de  los  nin>s,  po"  el  abats  Cii.  Mali.n.ioud.  Bar- 
celona,  Subirana,,1911,  in-16  de  xvi-407  p.,. 3  fr.  50.  —  14.  Conférences  à  la  jeu- 
nesse des  écoles,  par  Cn.  Van'1)epitt;e.  l"'^  série.  Grandes  Vérités  du  salut  et  devoirs 
d'état.  2®  série.  Devoirs  envers  Dieu  et  envers  le  prochain.  3®  séri(|.  Devoirs  en- 
vers nous-mêmes.  Paris,  Téqui)  1911,  3  vol.  in-12  de  vni-234,  212  et  246  p.,  6  fr. 

Spiritualité.  —  15.  Bernardi  Ouvierii.  Excitatorium  mentis  ad  Deum  nunc  pri- 
mum  ad  fidem  codicis  Escurialensis  edi'dit  P.  Benignus  Fernande?..  M  itriti, 
typ.  llellenici,  1911,  in-32  relié  de  xxxii-232  p.,  2  fr.  .50.  —  16.  Miroir  de  là 
pe>f;ction  du  B.  François  d'Assise,  par  le  Frère  Léon;  version  française  de  Paul 
Budry.  Paris,  Plon-Nonrrit,  1911„  in-16  de  xxii-303  p.,  3  fr.  50.  —  17.  Lé  R. 
P.  Pierre  Olivaint.  S.  J.  Journal  de  ses  retraites  annuelhs.  T.  L  de  1860  à  1865. 
T.  II.  de  1866  à  1870.  S^  édit.  Paris,  Téqui,  1911,  2vol.  in-12  de  iv-283  et  363  p., 
5  fr.  —  l?-.  Vers  In  ferveur,  par  P.  Lejeune.  Paris,  T.stbielleuy,  s.  d.,  in-12  de  269 
p.,  2  fr.  —  19.  La  Communion  fréquente  dans  les  Œuvres  populaires;  raison,  métho- 
des, expériences,  parle  R.  P.  Lintelo.  Tournai  et  Paris.  Castei'man,  1911,  in-8  de 
49  p.,  0  fr.  40. 

Piété.  —  Dévotions.  —  20.  Manuel  eucharistique,  adspté  de  l'espagnol  par  le 
R.  P.  Joseph  Thermes.  Paris  et  Tournai,  Casterman.  !911,  petit  in-16  de  vii- 
152  p.,  1  fr.  25.  -^.21.  Un  Mois  du  rosaire  chez  soi.  Sujets  de  méditation,  lectures, 
traits,  légendes  et  histoires  pour  chaque  jour  du  moi^  d'ocîobre,  par  l'a.bbé  A.  Saul- 
MER.  Paris,  Beauchesne,  19  ;2,  in-16  de  vii-316  p.,  2  fr.  75.  •^-  22.  Le  Règne  de 
VÉ-angile  dans  la  bité  chrétienne.  Pieuses  Considérations  et  règles  de  conduite,  par 
l'abbé  Prosper  Baudot.  Paris  et  Lille,  Deslée,  de  Brouvver,  s.  d.,  in-18  le  247 
p.,  1  fr.  —  23.  Petit  Catéchisme  de  la  srâre,  pir  Cii.  Vandepitte.  T't  ris,  Téqui, 
1911,  in-32  de  ix-68  p.  et  grav.,  0  fr.  2".  —  :    .  Le'^Guide  de  la  jevn.-^-e,  j.n;  l'abbé 

'  FÉVRIER  1912,  '  T.  CXXIV.  7. 


DE  Lamennais,  précédé  de  la  Religion  dcinontrée  i  la  jeunesse,  par  Jacques  Bal- 
MÈs  ei  ûeV Abrégé  de  V histoire  ««(Vu*;,  p.  r  Bossuf.t.  15'=  édit.  Paris,  Téqui,  1911, 
in- 18  de  vi-315  p.,  1  fr.  —  25.  V Ami  des  malades,  par  le  chanoine  Oiraud.  Paris, 
Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-18  de  x-192  p.,  0  fr.  5(j.     ^.^^  V^  M--1Wl.M 

Enseignement.  —  là  4. — Le  Cours  (V  instructions  dominicales  d^ 
M.  le  chanoine  R.  Tuican  en  est  à  sa  deuxième  édition.  C'est  un  suc- 
cès, surtout  pour  un  ouvrage  assez  considérable,  consacré  à  l'ensei- 
gnement catéchistique.  Évidemment  ce  sont  nos  confrères,  curés  ou 
catéchistes,  qui  l'ont  apprécié  et  goûté,  mais  n'est-ce  pas  le  meilleur 
éloge  et  le  plus  compétent  en  faveur  d'une  œuvre  de  ce  genre  ?  L'au- 
teur ne  l'a-t-il  pas  écrit  à  dessein  pour  eux  ?  «  11  m'a  semblé,  dit-il, 
que  je  ferais  une  œuvre  utile  en  offrant  à  ces  pasteurs  pleins  de  zèle 
im  ouvrage  où  ils  trouveraient,  toute  préparée,  la  nourriture  spiri- 
tuelle qui  convient  à  leur  cher  troupeau.  »  Ces  pasteurs  ont  pris  cette 
œuvre,  l'ont  jugée  bonne,  excellente  pour  leur  ministère,  l'ont  expéri- 
mentée et  puis  l'ont  recommandée  autour  d'eux.  Ainsi  a  été  atteint 
le  but  que  se  proposait  M.  Turcan.  11  ne  s'est  pas  borné  à  nous  en 
prévenir,  il  nous  a  aussi  indiqué,  dans  sa  Préface,  le  plan  qu'il  a  suivi 
et  les  principes  cjui  l'ont  guidé.  Pour  rendre  son  travail  encore  plus 
utile,  il  a  exposé  les  moyens  de  rendre  ses  instructions  fructueuses  et 
révélé  quelques  pieuses  industries  pour  attirer- et  captiver  l'attention 
des  fidèles,  pour  graver  dans  leur  mémoire  l'enseignement  qui  leur 
est  donné.  Il  énumère  enfin  les  sources  où  il  a  puisé,  les  auteurs  dont 
il  s'est  servi,  en  premier  lieu  le  Catéchisme  du  concile  de  Trente.  Nous 
aurions  aimé  qu'il  y  ajoutât  le  nihil  obstat  du  censeur  et  l'Imprima- 
tur de  l'ordinaire;  c'est  la  garantie  la  plus  sûre  —  et  très  obligatoire 
—  de  la  saine  doctrine  d'im  livre  d'enseignement  religieux.  11  doit  en 
être  muni,  certainement,  mais  il  est  nécessaire  que  le  livre  en  porte 
l'indication.  L'ouvrage  se  compose  de  trois  volumes  parce  que  l'au- 
teur divise  son  enseignement  en  trois  ans;  ce  temps  est  en  effet  néces- 
saire pour  le  développement  de  toutes  les  questions  de  dogme,  de 
morale  et  de  culte  sur  lesquelles  les  fidèles  doivent  être  assez  perti- 
nemment instruits.  Chaque  instruction  d'ailleurs  n'est  ni  trop  longue, 
ni  trop  courte;  eUe  est  méthodiquement  divisée,  et  le  sujet  claire- 
ment exposé  et  développé. 

—  Le  joli  volume  de  M.  l'abbé  René  Petiteau  :  La  Religion  chré- 
tienne nous  donne  aussi  un  enseignement  complet  de  la  doctrine.  L'au- 
teur veut  que  ce  soient  de  simples  notes;  c'est  un  sous-titre  trop  mo- 
deste. Des  «  notes  »,  il  y  en  a  beaucoup,  selon  le  besoin  de  chaque 
question,  mais  il  y  a  aussi  et  surtout  une  exposition  claire,  méthodi- 
que, raisonnée.  11  n'y  a  pas  l'interrogation  qui  fait  d'un  livre  un  caté- 
chisme, mais  le  développement  divisé  en  alinéas  numérotés  tient  lieu, 
très  avantageusement,  d'interrogations  qui,  d'ailleurs,  viennent  comme 


—  99  — 

d'elles-mêmes  s'offrir  à  l'esprit  du  catéchiste.  L'ouvrage  se  divise 
en  quatre  parties  :  1  °  Examen  raisonné  des  fondements  de  la  religion 
catholique;  2°  Exposition  du  dogme  (Symbole  des  apôtres);  3°  Expli- 
cation de  la  morale  (commandements  de  Dieu  et  de  l'Éghse);  A^  Du 
Culte  (de  la  grâce,  des  sacrements  et  de  la  prière).  Le  livre  se  clôt  sur 
quelques  pages  consacrées  à  la  liturgie  et  aux  cérémonies  rehgieuses. 
Signalons,  en  particulier,  l'étude  si  complète  et  si  opportune  sur  l'É- 
glise; l'auteur  y  consacre  plus  de  200  pages  et  il  la  traite  à  fond,  l'en- 
visageant sous  tous  ses  aspects,  son  institution,  ses  marques  ou  ses 
caractères-,  sa  constitution,  ses  rapports  avec  le  monde,  ses  ennemis; 
c'est  un  résumé  bien  suffisant  pour  convaincre  tout  esprit  sincère 
de  la  divinité  de  l'Église  et  pour  faire  connaître  l'action,  les  bienfaits 
et  les  triomphes  de  cette  institution.  Dans  la  partie  liturgique  se  trou- 
vent réunies  tovites  les  indications  qui  peuvent  intéresser  la  piété  des 
fidèles  et  leur  permettre  de  suivre  avec  profit  les  diverses  cérémonies 
du  culte.  Faut-il  s'étonner  que  ce  livre  soit  recommandé  par  un  si 
grand  nombre  d'évêques? 

—  L'exposition  de  la  doctrine  ne  saurait  que  gagner  beaucoup  à 
se  mettre  mieux  encore  à  la  portée  du  plus  grand  nombre  en  appuyant 
son  enseignement  sur  des  faits  :  la  morale  en  action  confirmerait  la 
morale  en  théorie.  Ment  alors  s'offrir  très  opportunément  le  Diction- 
naire d'exemples  à  l'usage  des  prédicateurs  et  des  catélhistes.  C'est  un 
important  ouvrage,  formé  de  plusieurs  volumes,  dont  le  1^>"  sort  des 
presses  de  la  maison  Casterman;  il  ne  date  pas  d'hier;  il  a  fait  ses 
preuves  et  ce  sont  les  services  déjà  rendus  qui  ont  engage  M.  l'abbé 
Debreyne  à  le  traduire  de  l'allemand  pour  permettre  au  clerg;é  fran- 
çais d'en  tirer  avantage.  L'auteur,  le  R.  P.  Schérer,  et  le  nouvel  édi- 
teur, le  R.  P.  Lampert,  de  l'ordre  de  Saint-Benoît,  ont,  par  cet  ou- 
vrage, accompli  une  œuvre  véritable  de  bénédictin;  œuvre  d'érudi- 
tion, de  discernement,  de  patience,  de  méthode;  ils  ont  puisé  dans  la 
sainte  Écriture,  dans  la  Vie  des  saints,  dans  l'histoire  de  l'Église, 
dans  toutes  les  autres  sources  autorisées.  Et,  si  les  exemples  et  les 
faits  rapportés  sont  nombreux,  ils  ne  sont  pas  éparpillés  au  hasard; 
ils  sont  coordonnés  et  rangés  sous  près  de  cinq  cents  titres  différents, 
accompagnés  de  divisions  logiques,  de  sorte  qu'il  est  toujours  facile 
de  trouver  sur  un  sujet  quelconque  les  exemples  qui  conviennent  le 
mieux.  Plus  que  cela.  N'importe  quel  article  du  Dictionnaire  d'exem- 
ples fournirait  facilement  la  matière  et  le  plan  d'une  ou  de  plusieurs 
instructions  excellentes.  Sans  doute  l'auteur  et  l'éditeur  ne  préten- 
dent pas  avoir  rigoureusement  établi  l'authenticité  de  tous  les  faits 
qu'ils  rapportent,  mais  ils  ont  le  droit  de  demander  d'abord  pleine 
confiance  pour  les  exemples  tirés  des  Livres  saints  et  ensuite  pour  les 
autres  le  crédit  que  méritent  les  auteurs  auxquels  ils  sont  empruntés. 


—  100  — 

—  Le  livre  de  M.  labbé  Joseph  Terrisse  est  un  traitn  sur  le  Purga- 
toire; il  établit  par  des  preuves  théologiques  le  pouvoir  que  nous  avons 
de  soulager  les  âmes  captives  dans  cette  prison  de  feu;  il  expose  les 
motifs  qui  doivent  nous  engager  à  secourir  ces  âmes  malheureuses; 
il  énumère  les  moyens  que  l'Église  met  à  notre  disposition  pour  prati- 
quer cette  charité.  C'est  le  culte  des  morts  que  l'auteur  s'est  proposé 
de  développer;  cette  pensée  lui  est  venue  «  d'une  visite  au  cime- 
tière »;  il  vit  beaucoup  de  monde,  le  2  novembre,  parcourant  les  tom- 
bes, encombrant  même  les  allées;  il  y  avait  très  peu  de  personnes  à 
genoux  et  priant.  Son  cœur  de  prêtre  en  fut  vivement  attristé  et  il 
résolut  de  se  faire  l'apôtre  du  culte  des  morts.  Il  a  tenu  parole  et 
Dieu  a  béni  son  apostolat.  Mgr  l'évêque  de  Saint-Flour  se  plaît  à  lui 
rendre  ce  témoignage  que  «  son  livre  contribuera  à  développer  cette 
dévotion  et  ce  culte  dans  l'âme  de  ceux  qui  le  liront.  « 

Morale. —  5  à  9.—  Le  Chemin  de  la  vérité^  par  M.  le  comte  de  Cham- 
pagny,  est  plus  et  mieux  encore  qu'un  bon  et  beau  livre,  c'est  une 
bonne  et  belle  action.  C'est  ainsi  que  l'a  jugé  un  maître  dans  l'art 
d'écrire,  qui  fut  aussi  un  grand  évêque,  Mgr  Dupanloup.  Louant  «  ce 
bon  et  beau  travail  », l'évêque  d'Orléans  écrivait  à  Téminent  auteur, 
membre  de  l'Académie  française  :  «  C'est  ici  plus  qu'une  œuvre  litté- 
raire, c'est  une  œuvre  de  zèle,  et  de  premier  ordre,  puisque  le  but 
que  vous  vous'  y  êtes  proposé,  et  qui  sera  atteint,  c'est  d'aider  au 
retour  vers  la  foi  les  âmes  qui  ont  le  malheur  d'en  être  'éloignées.  » 
L'homme  s' interrogeant  sur  les  besoins  de  son  âme  reconnaît  qu'il  ne 
pouvait  recevoir  satisfaction  que  d'une  puissance  supérieure, qui  est 
Dieu  même.  Et  Dieu,  en  effet, y  a  pourvu  par  la  révélation  de  certaines 
vérités  si  évidentes  que,  si"  elles  étaient  méconnues,  c'en  serait  fait  de 
l'âme  humaine  et  du  genre  humain.  Les  vérités.  Dieu  les  a  confiées 
à  une  société  qu'il  a  formée  et  à  laquelle  il  a  donné  tous  les  caractères 
destinés  à  la  faire  reconnaître  comme  son  œuvre,  c'est  la  religion  chré- 
tienne, et,  parmi  les  sociétés  qui  prétendent  être  cette  religion,  c'est 
l'Église  catholique.  Les  objections  se  présentent  ici,  scientifiques, 
historiques  et  philosophiques;  elles  sont  résolues  victorieusement. 
En  forme  d'appendice,  le  livre  se  ferme  sur  quelques  notices  faisant 
connaître  d'abord  «  la  folie  de  certains  chefs  de  secte  »;  ensuite  la 
sagesse  de  quelques  savants  théistes  ou  chrétiens;  enfin  les  théories 
de  certains  écrivains  antichrétiens. 

—  Pour  son  livre  :  La  Force  morale,  M.  G.  Legrand  s'inspire  de  la 
doctrine  thomiste.  L'Ange  de  l'école  est  son  maître;  il  le  suit. dans  ses 
ouvrages;  mieux  encore,  il  le  retrouve  et  le  reconnaît  dans  maints 
livres  où  beaucoup  de  lecteurs,  moins  bien  imprégnés  du  caractère 
de  son  génie,  ne  le  soupçonnent  peut-être  même  pas.  S,  E.  le  cardinal 
Mercier,   dans  sa  Lettre- Préface,  félicite  l'auteur  de  son  étude  sur 


—  101  — 

«  la  fortitiido  de  l'École  qui  aidera  à  dissiper  la  prévention  de  ceux  qui 
s'imaginaient  encore  que  les  doctrines  scolastiques  appartiennent 
exclusivement  au  passé.  »  Il  lui  souhaite  des  lecteurs  nombreux  et  il 
demandera  à  l'Esprit-Saint  que,  «  par  son  don  de  force, il  supplée  à  la 
faiblesse  native  de  leur  bonne  volonté.  »  Le  traité  comprend  quatre 
chapitres  :  1°  Notion  de  la  vertu  de  force;  sa  place  parmi  les  vertus; 
ses  modalités  essentielles;  sa  forme  parfaite;  2°  vertus  accessoires  de 
la  force;  magnanimité  et  la  magnificence;  3°  la  patience  et  la  persé- 
vérance; 4°  le  don  de  force. 

—  On  dirait  des  pages  écrites  au  jour  le  jour,  celles  que  nous 
doime  à  lire  M.  le  chanoine  Meyer  dans  son  livre  :  Le  Problème 
religieux  et  moral\  ces  sujets  sont  inspirés  par  les  événements  ou  les 
circonstances,  comme  le  sont  les  sujets  pour  articles  de  jour- 
naux; il  y  a  le  charme  et  aussi  l'utilité  de  l'à-propos;  ils  ne  révèlent 
pas  au  premier  abord  leur  secret,  mais  ils  excitent  la  curiosité;  le 
lecteur  s'y  laisse  prendre;  il  les  lit  et  il  ne  tarde  pas  à  reconnaître 
qu'il  a  bien  fait.  En  voici  quelques- mis  :  du  train  express  sur  la  va- 
peur; Ange  protecteur  ou  exterminateur;  ce  qui  demeure;  parole  de 
grand  poète;  une  seule  question;  unis  ou  séparés,  etc.  Et  ici,  comme 
là,  dans  ces  lectures  qui  semblent  si  disjointes  et  si  éparpillées,  il  y  a 
une  vivante  unité  de  pensée,  de  vue,  d'enseignement.  M.  le  chanoine 
Meyer  n'oublie  jamais  son  but  et  ne  néglige  rien  pour  l'atteindre: 
dans  le  flot  toujours  montant  des  objections  nouvelles,  aider  le  jeune 
homme  à  marcher  droit,  malgré  l'encombrement  de  la  route  et  l'iné- 
vitable poussée,  en  lui  montrant  des  jalons  bien  visibles  plantés  de 
distance  en  distance.  Remercions  M.  l'abbé  Douadicq  de  l'adapta- 
tion qu'il  a  faite  de  ce  livre  écrit  en  allemand;  nous  le  recomman- 
dons volontiers  à  tous  nos  étudiants. 

—  Six  conférences  composent  le  livre  de  M.  l'abbé  Debize  :  L'Édu- 
eation  de  la  charité.  L'auteur  tient  à  nous  prévenir  qu'il  n'a  pas  voulu 
faire  un  traité  sur  cette  vertu;  il  a  simplement  réuni  les  conférences 
qu'il  a  données  en  faveur  d'oeuvres  particulières  et  qui,  naturelle- 
ment, devaient  se  borner  à  donner  quelques  conseils  adaptés  spéciale- 
ment à  ces  œuvres.  Alors  ce  serait  presque  mieux  qu'un  traité,  ce 
serait  la  praticpe  de  la  charité.  Lisez  plutôt  :  1°  Éducation  person- 
nelle (éducation  charitable);  2°  Le  pauvre:  3°  Nos  pauvres;  4°  Le 
pauvre  dans  sa  famille;  5°  Le  pauvre  et  la  société;  6°  Jésus  dans  le 
pauvre.  Ces  titres,  n'indiquent- ils  pas  assez  manifestement  l'ensei- 
gnement de  M.  l'abbé  Debize, aussi  bien  que  l'utilité  et  l'opportunité 
de  ses  conseils?  Jésus-Christ  nous  a  annoncé  qu'il  y  aurait  toujours 
des  pauvres  parmi  nous.  Mais  il  nous  a  enseigné  comment  nous  de- 
vions considérer,  aimer  et  servir  les  pauvres;  c'est  surtout  la  6^  con- 
férence que  le  lecteur  doit  bien  méditer;  la  question  sociale  serait 


—   i02  — 

bientôt  résolue  si  cette  doctrine  était  bien  comprise,  surtout  bien  mise 
en   pratique. 

—  11  y  a  du  bon,  même  du  très  bon,  dans  le  «  Notre  Père  »  de  l'heure 
présente,  par  J.  Santo.  C'est  le  cri  de  l'âme  vers  le  Ciel  d'où  viendra  le 
secours,  c'est-à-dire  la  consolation  et  la  fin  de  l'épreuve.  Il  ne  faudrait 
pas  chercher  ici  la  forme  didactique  :  ce  sont  des  élans,  des  aspira- 
tions, comme  des  jets  de  flamme.  «Ce  livre  ravit  et  transporte,  écrit 
M.  Ducrocq  à  l'auteur,  c'est  une  prière,  dans  la  véritable  acception 
du  mot.  La  prière  se  définit  :  une  élévation  de  l'âme  vers  Dieu.  Votre 
livre  donne  des  ailes  à  l'âme;  il  la  fait  s'envoler  bien  au-dessus  des 
ténèbres,  des  boues,  des  tristesses  de  cette  terre.  »  Ces  pages  seront 
très  utiles  aux  âmes  fortement  éprouvées  et  qui  ont  peine  à  se  rési- 
gner, car  celui  qui  les  a  écrites  «  a  enduré  les  souffrances  humaines 
dans  ce  qu'elles  ont  de  plus  rude,  de  plus  tenaillant.»  Nous  regrettons 
seulement  que  l'approbation  d'un  évêque  ne  soit  pas  venu  consacrer 
de  son  autorité  le  jugement  si  flatteur  de  M.  l'abbé  Ducrocq- 

JÉsus. —  Marie. — •  10  et  11.  — Le  Prophète  de  Galilée,  par  M.  l'abbé 
Dard,  en  est  à  ses  troisième  et  quatrième  tomes  que  nous  présentons 
aujourd'hui  à  nos  lecteurs.  L'auteur  est  fidèle  à  sa  méthode  :  pour- 
4juoi  en  changerait-il?  Il  rapporte  maintenant  les  faits  et  les  paroles 
du  divin  Maître  :  pour  le  1^^  volume,  depuis  la  journée  de  Cana  jus- 
qu'à celle  de  Naïm.  Là  sont  compris  le  miracle  de  la  guérison  du  fils 
du  centurion,  la  pêche  miraculeuse,  la  première  mission  en  Galilée,' 
la  guérison  de  l'infirme  à  la  piscine  probatique,  les  témoignages  mes- 
sianiques sur  la  divinité  du  Christ,  le  sabbatisme,  le  sermon  sur  la 
montagne.  «  C'est  ici,  disons-nous  avec  l'auteur,  que  Jésus  commence 
vraiment  à  agir  et  à  enseigner..  C'est  là  que  l'action  sert  de  cadre 
merveilleux  à  la  doctrine...  Et  les  foules  comprennent  :  Un  grand  pro- 
phète, disent-elles,  a  surgi  parmi  nous.  »  Et  M.  l'abbé  Dard  d'ajouter 
avec  l'accent  de  l'apôtre  qui  veut  toucher  les  âmes  :  «  Oui,  sur  le  bord 
du  lac  de  Tibériade  a  surgi  un  grand  prophète  :  le  prophète  de  Gali- 
lée, celui  que  nous  présentons  aujourd'hui  à  la  piété  de  ceux  qui  enten- 
dent sa  voix  et  le  suivent,  à  l'attention  de  ceux  auxquels  il  manque 
plus  qu'ils  ne  croient.  »  Le  sec"dlid  volume  comprend  les  messages  de 
Jean-Baptiste,  la  pécheresse  de  Magdala,  les  imprécations,  les  para- 
boles sur  le  royaume  et  leur  explication,  les  miracles  de  Pérée,  de 
Capharnaiim,  Jean-Baptiste  et  Hérode,  Bethsaïde,  le  pain  vivant  de 
l'Eucharistie  et  jusqu'à  la  Passion.  Ces  lectures  évangéliques  feront 
l'objet  de  nos  pieuses  méditations  pendant  tout  le  temps  qui  sépare 
la  Pentecôte  du  temps  de  l'Avent  :  il  y  a  là  bien  des  leçons  dont  nous 
devrons  tirer  les  plus  précieux  avantages  pour  notre  sanctification. 

—  M.  l'abbJ  de  Cazalès  nous  donne  une  Vie  de  la  Sainte  Vierge, 
d'après  les  révélations  d'Anne-Catherine  Emmerich,  qui  en  est  à  la 


—  103  — 

onzième  édition.  Il  nous  avertit  d'abord  du  caractère  de  ces  révéla- 
tions «  qui  n'ont  aucune  prétention  à  un  caractère  de  vérité  histo- 
rique »  et  auxquelles  «  la  sœur  Emmerich  elle-même  n'a  jamais  donné 
qu'une  valeur  purement  humaine.  »  Il  en  est  de  ces  révélations  comme 
de  celles  qui  ont  été  publiées,  attribuées  à  sainte  Gertrude,  à  sainte 
Françoise,  à  sainte  Brigitte  :  elles  sont  simplement  considérées'"  comme 
pouvant  servir  à  édifier  les  lecteurs  chrétiens  et  à  raviver  leur  piété; 
on  ne  leur  donne  ordinairement,  dit  Benoît  XIV,  qu'une  approbation 
permisdve,  mais  non  positive,  parce  qu'une  approbation  permissive  ou 
négative,  constatant  qu'elles  ne  contiennent  rien  de  contraire  à  la 
foi  ou  à  la  morale  catholique,  est  suffisante.  »  L'auteur  ne  s'est  ainsi 
proposé  que  de  procurer  aux  âmes  pieuses  une  lecture  intéressante  et 
édifiante.  Et  c'est  bien  1  effet  que  parait  produire  le  livre  de  M.  l'abbé 
de  Cazalès,  avec  les  récits  à  la  fois  si  simples  et  si  animés  de  la  reli- 
gieuse de  Dûlmen,  ses  tableaux  si  saisissants,  ses  descriptions  si  pré- 
cises, ses  personnages  si  vivants  et  si  vraisemblables,  avec  le  senti- 
ment de  foi  naïve  et  de  dévotion  affectueuse  qui  respire  dans  toutes 
ses  pages.  Voilà  qui  est  bien  entendu,  et  maintenant  le  lecteur  peut 
sans  aucun  risque  parcourir  les  récits  qui  lui  sont  offerts  :  il  sait  quel 
caractère  il  convient  de  leur  reconnaître. 

Jeunesse  CHFftsTiENNE.  —  12  à  14.  —  La  principale  des  questions 
du  temps  présent  est  bien  celle  de  l'enfance  et  de  la  jeunesse;  elle  est 
la  grande  préoccupation  de  tous  les  esprits  sérieux,  de  l'épiscopat 
surtout.  Mgr  Chollet,  évêque  de  Verdun,  si  connu  et  si  goûté  pour  ses 
excellents  ouvrages,  publie  à  la  librairie  LethieUeux  un  nouveau 
livre  qui  a  précisément  pour  titre  :  Les  Enfants.  «  C'est  un  petit  livre, 
dit  trop  modestement  Mgr  l'évêque  de  Verdun,  un  petit  livre  que 
nous  envoyons  cqmme  un  missionnaire  dans  les  régions  si  malheu- 
reuses troublées  par  la  lutte  scolaire.  »  Et  c[ue  leur  apporte-t-il  à  ces 
régions  qu'il  doit  rassurer?  .Une  étude  sur  les  droits  des  parents,  de 
l'Eglise  et  de  l'État  à  l'égard  des  enfants  et  une  autre  étude  sur  la 
responsabilité  morale  des  enfants;  ensuite  deux  lettres  pastorales, 
relatives  au  décret  Quam  singulari  dans  lesquelles  sont  envisagés  les 
devoirs  des  parents  et  des  enfants  en  face  de  l'Église  et  de  l'école. 
Faut-il  ajouter  que  toutes  les  considérations  sur  ces  points  si  impor- 
tants sont  d'une  précision,  d'une  opportunité  et  d'une  rectitude  qui 
entraînent  la  conviction.  Cette  œuvre  d'évêque  dépasse  les  limites 
trop  étroites  d'un  diocèse;  elle  s'étendra  à  tous  les  diocèses  de  France, 
où  elle  trouvera  le  plus  fidèle  écho  :  les  plus  graves  intérêts  du  présent 
et  de  l'avenir  du  pays  sont  en  jeu. 

£  —  Avant  tout,  évidemment,  il  faut  que  nos  enfants  soient  bien 
instruits  de  la  vraie  doctrine.  L'aumônier  des  servantes  du  T.-S.  Sa- 
crement  à   Paris  veut  y  travailler  par  son  Catecismo  de  la  infancia. 


—  104  — 

Un  catéchisme  en  lajigi:e  espagnole  n'est  pas  pour  nous  effrayer;  il 
sera  bientôt  traduit  et  nos  établissements  pourront  en  tirer  profit. 
C'est  la  préparation  dogmatique  et  morale  à  la  première  communion. 
M.  l'abbé  Malinjoud  accomplit  cette  pieuse  tâche  par  des  instructions 
catéchistiques  qu'il  donne  aux  jeunes  filles  de  son  établissement.  Après 
des  préliminaires  assez  développés,  c'est  la  première  partie  du  livre, 
comprenant  les  vérités  que  nous  devons  croire,  ou  les  articles  du  sym- 
bole. La  2^  partie  est  consacrée  aux  devoirs  que  nous  avons  à  pra- 
tiquer ou  le  Décalogue,les  préceptes  de  1  Église,  et,  par  voie  de  logique 
conséquence,  il  est  question  du  péché  en  général,  des  péchés  capitaux 
et  des  vertus  opposées.  Dans  la  3^  partie,  l'auteur  traite  des  sacre- 
ments et  des  moyens  de  sanctification.  Douze  instructions  morales 
sur  la  prière  pour  les  morts,  sur  la  grandeur  de  notre  âme,  qvielques 
fêtes,  la  dévotion  à  l'Eucharistie  et  à  la  T.  S.  Vierge  remplissent  la 
4^  partie  et  complètent  l'enseignement  religieux  qui  convient  à  l'en- 
fance. Il  faut  bien  que  l'auteur  ait  consciencieusement  rempli  la  tâche 
qu'il  s'était  imposée,  puisque  S.  E.  le  cardinal  Merry  del  Val  et  un 
grand  nombre  d'évêques  français  et  espagnols  lui  ont  écrit  des  let- 
tres si  élogieuses. 

• —  M.  le  doyen  ^'andepitte  donne  à  son  enseignement  catéchistique 
une  forme  plus  élevée.  Ses  Conjérences  à  la  jeunesse  des  écoles  sont . 
divisées  en  trois  séries.  La  1^*^  traite  des  grandes  vérités  du  salut  et  des 
devoirs  d'état;  quatorze  conférences  ontpour  objet  Dieu,  Jésus-Christ, 
le  Saint-Esprit,  l'Église,  les  fins  dernières  ;  quinze  s'occupent  des 
actions  de  la  journée,  de  la  messe,  de  la  communion,  des  œuvres,  de 
la  vocation  :  les  unes  et  les  autres  très  courtes  —  on  n'aurait  pas  le 
temps  d'y  dormir  —  terminées  chacune  par  quelques  réflexions  et 
pratiques  «  modestes  Heurs  a,ux  couleurs  et  aux"  parfums  variés, 
laissées  à  la  disposition  de  chacun,  suivant  ses  attraits  particuliers.  » 
Les  conférences  de  la  2^  série  sont  au  nombre  de  dix-neuf  sur  les  de- 
voirs envers  Dieu  et  envers  le  prochain  :  la  foi,  l'espérance,  la  charité, 
l'instruction  religieuse,  la  fuite  du  péché  et  des  occasions,  l'accepta- 
tion des  souffrances  de  la  vie,  la  prière,  la  piété;  l'amour  du  prochain^ 
le  support  mutuel,  les  parents  et  les  maîtres,  les  amis,  le  prêtre,  les 
âmes  du  Purgatoire.  Les  devoirs  envois  nous-mcmes. —  3®  série  — 
sont  rappelés  dar.s  vingt  et  une  confâences  sous  des  titres  nom- 
breux, entre  autres  les  suivants  :  sanctification  de  l'âme,  emploi  du 
temps,  la  conscience,  les  passions,  les  péchés  de  la  lajigue,  le  scandale, 
les  tentations,  poignée  de  défauts,  poignée  de  vertus,  apostolat,  per- 
éévérance.  Et  M.  le  vicaire  général  de  Cambrai  nous  permet  d'appré- 
cier l'œuvre  de  M.  le  doyen  en  lui  écrivant  la  lettre  qui  lui  apporte 
ses  félicitations  :  «  L'expérience  qu'en  fera  la  jeunesse  de  nos  écoles, 
ajoute-t-il,  prouvera  que  vous  avez  fait  couvre  utile  en  lui  procurant 


—  105  — 

une  ample  matière  à  s'instruire  dans  la  connaissance  de  la  religion 
et  à  se  perfectionner  dans  la  pratique  de  la  vertu.  » 

Spiritualité.  — 15  à  19.  —  Bernard  Olivier,  de  l'ordre  des  Ermites 
de  saint  Augustin  et  évêque,  appartient  au  xiii^  siècle;  il  fut  un  des 
plus  grands  théologiens  mystiques  de  son  temps  et  pajmi  ses  nom- 
breux ouvrages,  tous  estimés  pour  leur  profonde  et  sûre  doctrine,  se 
distingue  celui  que  le  P.  Bénigne  Fernandez,  du  même  ordre,  vient 
d'éditer  :  Excitatoriiim  mentis  ad  Deiim.  On  dirait  un  autre  livre  de 
V Imitation.  La  1^®  partie  nous  invite  à  avoir  la  plus  grande  confiance 
en  la  miséricorde  do  Dieu;  la  2^  nous  rappelle  les  principales  vertus 
du  divin  Maître,  sa  passion  et  sa  mort;  dans  la  troisième  se  trouvent 
cinq  prières  pour  solliciter  de  Dieu  le  pardon  de  nos  péchés  ^.1  toutes 
les  grâces  qui  nous  sont  nécessaires.  L'action  de  grâces  et  la  louange 
divine  forment  la  4®  partie.  Ce  sont  des  méditations,  des  prières,  des 
élévations  qui  éclairent,  fortifient,  encouragent  l'âme  en  l'attachant 
de  plus  en  plus  à  Dieu  qu'elle  veut  aimer  et  servir. 

—  Qui  ne  connaît  la  vie  séraphique  de  saint  François  d'As- 
sise? Et  cependant  on  éprouve  une  vraie  satisfaction  spirituelle  à  la 
voir  reparaître  dans  le  Miroir  de  la  perfection  du  bienheureux  par  le 
Frère  Léon.  M.  Paul  Budry  vient  de  nous  donner  une  version  fran- 
çaise de  cette  œuvre  et  nous  ne  saurions  trop  l'en  remercier.  Sans 
nous  attarder  à  la  savante  «  note  historique  »  sur  cet  ouvrage,  note  qui 
intéresse  surtout  les  érudits,  ouvrons  aussitôt  le  livre  à  la  page  où 
«  commence  le  miroir  de  perfection  de  l'état  de  frère  mineur.  »  Nous 
voilà  en  plein  dans  l'action;  François  d'Assise  nous  saisit  et  nous 
pénètre  par  son  amour  pour  la  règle,  et^  sans  nous  détourner  im  seul 
instant  de  l'objet  de  son  livre,  l'auteur  nous  fait  suivre  son  héros  à 
travers  toute  sa  vie  si  parfaitement  religieuse;  pratique  rigoureuse  et 
aussi  affectueuse  de  la  pauvreté;  sa  charité,  sa  compassion  et  sa  con- 
descendance pour  le  prochain;  sa  perfection  dans  l'obéissance  et 
l'humilité,  son  zèle  pour  la  perfection  de  la  règle,  de  ses  frères  et  de 
l'ordre  tout  entier,  de  son  amour  pour  la  passion  du  Christ,  pour 
l'oraison,  sa  victoire  sur  les  tentations,  son  esprit  de  prophétie,  enfin 
sa  préparation  à  la  mort.  Sans  doute,  le  lecteur  se  rend  bien  compte 
qu'il  ne  peut  prétendre  à  cette  pratique  de  la  perfection,  mais  il  prend 
intérêt  à  admirer  l'œuvre  de  Dieu  dans  ses  saints  et  si,  pour  l'imita- 
tion de  leurs  vertus,  il  ne  peut  les  égaler,  il  sait  que,  comme  les  saints, 
il  peut  compter  sur  la  grâce  pour  s'l lever  du  moins  à  c[uel que.  degré. 

—  Le  R.  P.  Olivaint  disait  avec  raison  :  «  11  faut  moins  de  temps 
que  de  courage  po.ur  faire  un  saint.  »  Ayons  le  courage  d'abord  d'ou- 
vrir le  Journal  de  ses  retraites  annuelles;  parcourons-le  attentivement, 
surtout  avec  l'intention  bien  arrêtée  d'en  profiter,  et  puis,  la  grâce 
aidant,  mettons  bien  en  pratique  les  excellents  conseils  qu'il  nous 


—  106  — 

donne.  Ses  six  retra'tes  de  1860  à  1865  ont  pour  objet  la  vie  terrestre 
de  Jésus-Christ,  l'union  à  Jésus-Christ,  le  Sacré-Cœur  de  Jésus,  l'hu- 
milité, le  courage  et  la  ferveur,  ici  et  là  revenant  sur  les  principaux 
actes  de  la  vie  du  divin  Maître  pour  nous  pénétrer  davantage  du  sou- 
venir do  ses  exemples  et  de  son  enseignement.  C'est  la  même  méthode 
qu'il  suit  dans  ses  autres  retraites  de  1866  à  1870  :  volonté  et  dévoue- 
ment, la  fin  de  l'homme,  la  préparation  à  la  mort,  la  vie  surnaturelle, 
le  règne  du  Saint-Esprit  dans  la  pureté  du  cœur.  C'est  p^r  cette  vie 
de  prière,  de  mortification,  d'humilité,  de  zèle,  que  le  saint  religieux 
sepréparait  à  rendreunbon  témoignage  à  son  Dieu  et  méritait 
la  grâce  du  martyre.  Ne  semble-t-il  pas  nous  dire  avec  Notre- Seigneur: 
«  Hoc  fac  et  vives.  Faites  tout  ce  que  nous  a  enseigné  le  Maître  et  vous 
vivrez»?  Puissent  de  nombreux  lecteurs  goûter  les  méditations  duR.P. 
Olivaint.  Il  semble  que  de  chacune  de  ces  pages,  écrites  pour  ainsi  dire 
avec  le  sang  d'un  saint  confesseur,  s'échappe  un  parfum 
divin  qui  embaume  l'âme  et  q,ui  la  fortifie.  11  faut  du  courage,  oui, 
mais  Dieu  le  donne  à  qui  le  demande,  bien  disposé  à  en  faire  usage. 

• —  Nous  aurons  alors  tout  ce  qui  convient  pour  prendre,  à  la  suite 
de  M.  le  chanoine  Lejeune,  notre  élan  Vers  la  ferveur.  Le  pieux  au- 
teur a  eu  déjà  de  nombreux  disciples  — ■  son  livre  est  à  son  2®  mille  — ; 
il  en  mérite  davantage  et  il  les  aura.  Il  a  dédié  son  œuvre  à  ses  onze 
cents  mères  chrétiennes  de  Charleville,  sa  paroisse;  c'est  à  toutes 
les  mères  chrétiennes  que  devra  peu  à  peu  parvenir  son  appel.  «  La 
ferveur,  au  dire  de  saint  François  de  Sales,  est  l'amour  de  Dieu  par- 
venu à  ce  point  de  perfection  qui  nous  fait  agir  pour  Dieu  soigneuse- 
ment, fréquemment  et  promptement.  »  Mais  Dieu  commande  ^^ar 
ordres  formels  —  tels  les  préceptes  du  Décalogue  —  ou  bien  il  nous 
fait  connaître  sa  volonté,  sans  nous  y  contraindre,  mais  désirant  notre 
assentiment  à  ce  qui  est  simplement  son  bon  plaisir.  Là  est  le  devoir 
de  tout  fidèle;  ici,  c'est  la  générosité  d'un  cœur  aimant  Dieu  par-dessus 
tout,  c'est  la  ferveur.  Voilà  le  but  à  atteindre;  suivons  notre  excellent 
guide  :  le  don  de  soi-même  à  Dieu,  la  pureté  d'intention,  même  dans 
les  moindres  actions,  vie  intérieure,  recueillement,  l'humilité,  la  mor- 
tification, l'apostolat,  tels  sont  les  degrés  par  lesquels  nous  attein- 
drons cette  ferveur  que  nous  cherchons.  11  faut  avouer  qu'il  n'est  pas 
de  voie  plus  sûre,  mais  elle  peut  paraître  un  peu  rude  à  parcourir. 
L'auteur  a  prévu  cette  frayeur  et  en  route  il  renverse  les  obstacles, 
résout  les  objections,  de  telle  sorte  que  le  sentier  ardu  devient  aplani 
et  facile.  Vous  y  réussissez  si  bien  que  vous  voulez  communiquer  à 
autrui  votre  satisfaction  :  à  votre  tour  vous  vous  faites  apôtres  de  la 
ferveur. 

—  Et,  pour  entretenir  en  vous  cette  divine  flamme,  vous  avez  la 
divine  Eucharistie  où  réside  Celui  qui    est   venu    porter  le  feu   sur 


—  107  — 

la  terre  et  qui  n'a  qu'un  désir,  celui  de  le  voir  brûler  dans  toutes  les 
âmes.  Écoutez  donc  les  raisons,  les  méthodes  et  les  expériences  que 
vous  expose  le  R.  P.  Lintelo  dans  sa  brochure  :  La  Communion  fré- 
quente. Ces  quelques  pages  ont  eu  la  bonne  fortune  d'être  louées  par 
S.  E.  le  cardinal  Gennari;  elles  ont  été  présentées  au  Pape  qui  en 
désire  la  plus  large  diffusion. 

Piété. — 'Dévotions.  —  20  à  25.  —  Le  livre  du  P.  Joseph  Thermes 
continue  et  développe  l'œuvre  du  P.  Lintelo  :  son  Manuel  eucharis- 
tique est  bien  de  nature  à  faire  mieux  connaître  et  mieux  pratiquer  le 
sacrement  de  nos  autels.  Voici  d'abord  les  figures  et  les  promesses 
de  l'Eucharistie  dans  les  deux  Testaments.  Aussitôt  après,  l'institu- 
tion elle-même,  au  soir  de  la  dernière  cène,  et  alors  démonstration 
de  la  présence  réelle  de  Notre-Seigneur  sous  les  espèces  du  pain  et  du 
vin.  Les  chapitres  suivants  sont  consacrés  aux  miracles  dans  l'Eucha- 
ristie, à  la  matière,  au  ministère  et  au  sujet  de  ce  sacrement,  aux  fruits 
qu'il  doit  produire  en  nous,  aux  dispositions  pour  communier,  à  la 
préparation,  à  l'action  de  grâces;  en  un  mot,ce  livre  est  un  petit  traité 
complet  pour  la  doctrine  et  la  pratique,  relativement  à  l'Eucharistie; 
il  se  termine  par  des  visites  au  Saint  Sacrement.  Rien  de  plus  efficace 
pour  satisfaire  la  piété. 

—  Le  Fils  appelle  la  Mère  :  ils  sont  inséparables;  la  piété  pour  Jésus 
ne  peut  pas  aller  sans  la  piété  pour  Marie.  Celle-ci  se  développera  de 
plus  en  plus  par  le  livre  où  M.  l'abbé  Saulnier  nous  offre  sous  le  titre  : 
Un  )nois  du  rosaire  chez  soi,  une  série  de  sujets  de  méditations, de  lec- 
tures,de  traits,  de  légendes  et  d'histoires  pourle  mois  d'octobre,  comme 
aussi  pour  le  mois  de  mai.  Ce  livre  peut  être  utile  à  tous  les  fidèles;  il 
sera  surtout  apprécié  des  infirmes  ou  des  malades,  condamnés  à  ne 
pouvoir  aller  à  l'église  et  qui  seront  heureux  d'y  trouver  un  moyen  si 
facile  de  s'associer,  de  loin,  aux  pieux  exercices  de  la  paroisse  en 
l'honneur  de  Marie.  Les  méditations  portent  sur  les  invocations 
accoutumées  des  litanies;  mais  l'auteur  a  mis  aussi  à  profit  le  remar- 
quable ouvrage  du  R.  P.  Esser  sur  le  Saint  Rosaire  qui  est  bien  le 
monument  le  plus  complet  en  l'honneur  de  l'auguste  Mère  de  Dieu. 
Des  notes  préliminaires  renseignent  le  lecteur  sur  les  diverses  formes 
du  saint  rosaire  et  lui  offrent  un  exercice  très  ingénieux  pour  les 
mystères  à  énoncer  à  chaque  dizaine,  avec  quelques  mots  de  médita^ 
tion  ou  une  strophe  d'un  cantique  qui  y  est  adapté.  Les  lectures,  les 
traits,  les  histoires  sont  bien  choisis,  très  intéressants  et  de  la  plus 
sérieuse  édification. 

—  La  piété  trouvera  aussi  un  précieux  aliment  dans  les  Pieuses 
Considérations  et  règles  de  conduite  que  M.  l'abbé  Baudot  nous  ap- 
porte avec  son  nouveau  livre  sur  le  Règne  de  V Evangile  dans  la  cité 
chrétienm.  Hélas  !  m^m?  les  chrétiens  sont  si  loin  de  la  doctrine  et  de 


—  108  — 

Tesprit  de  l'Evangile  !  Ils  ont  grand  besoin  d'y  être  ramenés  afin  que 
Jésus-Christ  vienne  régner  parmi  nous.  Cet  opuscule  est  divisé  en 
deux  parties;  la  1^^  est  foimée  de  quatre  livres  où  l'auteur  traite 
tour  à  tour,  avec  autant  de  brièveté  que  de  précision,  de  tout  ce  qui 
doit  convenir  aux  besoins  spirituels  de  nos  contemporains  :  vie  et 
avenir  de  nos  âmes,  connaissance  et  service  de  Dieu,  immortalité, 
liberté  de  l'homme,  honnêteté  chrétienne,  charité,  bonté,  justice,^ 
douceur,  humilité,  force,  prudence,  piété,  douleur,  mission  et  apos- 
tolat du  prêtre;  dans  la  2^  partie,  l'auteur  rappelle  nos  devoirs  envers^ 
Dieu,  envers  Jésus-Christ,  envers  le  prochain,  envers  soi-même. 
Telles  sont  les  obligations  et  les  règles  de  la  vie  chrétienne;  en  nous 
y  conformant,  nous  contribuerons,  chacun  pour  notre  part,  à  res- 
taurer parmi  nous  le  règne  de  l' Évangile. 

—  Sans  doute,  de  nous-même  et  tout  seul,  nou--  ne  pourrions  pas 
accomplir  ce  grand  œuvre,  mais  le  Petit  Catéchisme  de  la  grâce  nous 
apprend  que  Dieu  est  là  pour  nous  faciliter  cette  tâche  en  nous  prê- 
tant son  secours.  Il  n'est  pas  facile  de  faire  bien  comprendre  à  tous  les 
esprits  la  vraie  notion  théologique  de  la  grâce.  M.  le  chanoine  Van- 
depitte,  que  nous  sommes  heureux  de  retrouver  ici,  a,  ce  nous  semble, 
bien  réussi  à  rendre  cette  notion  assez  intelligible;  il  nous  dit  simple- 
ment et  clairement  ce  qu'est  la  grâce,  ce  qu'elle  fait  en  nous  et  de 
nous;  et  il  nous  indique  les  principaux  moyens  d'entretenir  et  de  dé- 
velopper en  nous  la  grâce  :  les  sacrements,  surtout  la  pénitence  et 
l'Eucharistie,  la  sainte  messe,  la  parole  de  Dieu,  la  prière,  les  bonnes 
oeuvres,  la  méditation  au  pied  du  crucifix,  la  pensée  de  la  présence  de 
Dieu,  le  souvenir  des  fins  dernières. 

—  Le  Guide  de  la  jeunesse,  par  l'abbé  de  Lamennais,  a  fait  ses  preu- 
ves; il  en  est  à  sa  15^  édition.  Et  quel  bien  il  a  produit  dans  les  âmes  ! 
Il  sait  toujours  poursuivre  son  œuvre,  car  les  besoins  des  âmes  sont 
toujours  grands,  même  aujourd'hui  plus  grands  que  jamais.  Com- 
posé par  le  Lamennais  croyant  et  orthodoxe,  cet  ouvrage  est  nourri 
de  la  substance  des  saintes  Écritures,  surtout  de  la  doctrine 
des  Évangiles.  Avec  un  art  admirable,  l'auteur  a  su  fondre,  pour  ainsi 
dire,  son  style  dans  le  texte  sacré,  en  y  mettant  le  meilleur  de  son 
talent  sans  rival  et  de  son  âme  d'apôtre.  Hélas  !  depuis...  Mais  son 
lœuvre  continue  à  opérer  le  même  bien,  à  préserver  cette  jeunesse 
qui  goûte  ses  exhortations  et  suit  ses  conseils.  —  Le  Guide  de  la  jeu- 
nesse est  précédé  fort  à  propos  de  l'ouvrage  du  D^  Jacques  Balniès  : 
La  Religion  démontrée  à  la  jeunesse  et  d'un  abrégé  de  l'histoire  sainte 
par  Bossuet.  Cette  trilogie  se  complète;  trois  grands  esprits  asso- 
ciés à  l'œuvre  la  plus  importante  et  la  plus  chère  à  l'Église. 

—  M.  le  chanoine  Girard  a  une  prédilection  pour  ceux  qui  souffrent; 
il  est  VAmi  des  malades.lh  sont  si  à  plaindre  !  Ils  ont  si  peu  de  consola- 


—  100  — 

lions  !  Toujours  torturés  par  le  mal  et  presque  toujours  seuls  !...  avec 
leur  douleur  !  Ce  petit  livre  nous  apprend  d'abord  quel  est  le  rôle  pro- 
videntiel Je  la  maladie  et  comment  nous  devons  la  sanctifier  par  notre 
résignation  à  la  volonté  de  Dieu,  notre  obéissance  et  notre  patience. 
Il  nous  indique  les  secours  divins  qui  nous  sont  offerts  :  le  prêtre  ,  les 
sacrements,  les  autres  secours  de  la  sainte  Église.  11  termine  par 
un  abrégé  des  vérités  de  la  foi,  certaines  maximes  bonnes  à  méditer, 
quelques  prières  indulgenciées,  surtout  par  les  prières  spéciales  aux 
malades.  «  C'est  bien  le  Manuel  des  malades,  écrit  à  l'auteur  M. 
le  vicaire  général  de  Rennes;  rien  n'y  est  oublié...  Le  succès  ne  saurait 
faire  doute,  la  diffusion  sera  large,  le  bien   produit  immense.  » 

F.  Chapot. 

POÉSIE  —  THÉÂTRE 

I.  PoKsiE.  —  1.  Lr  S'ibla  d'or,  p:\T  Henry  D'krieux.  Lyon,  L'Art  libre,  s.  d.,  petit 
in-8  de  39  p.,  2  fr.  —  2.  Essais  poétiques,  par  L.-A.  Morel.  Paris,  Plon-Nourrit, 
s.  d.,  in- 16  de  9t  p..'  2  fr.  —  3.  Une  Promenade,  par  Auguste  Barbier.  Paris, 
Savante,  s.  d.,  in-16  de  136  p.,  t  fr.  50.  —  4.  Sornettes  et  sonnets,  rimes  païennes. 
par  Jean-  LivelT.  Paris,  Éditions  des  nscholiers,  s.  d.,  in-16  de  136  p.,  2  fr.  —  5. 
Les  Victoires,pciV  Léon  Guillot.  Paris,  Beauchesne,  i9  0,  in-4  de  50  p.,  4  fr.  —  6. 
UA'lieu  à  Vadoloscence,  par  François  Mauriac.  Paris,  Stock,  1911,  in-18  de  216 
p.,  3  fr.  50.  —  7.  Le  Beau  Pays,  par  Pierre  Lestringuez.  Paris,  Fignière,  1911, 
in-12  de  165  p.,  3  fr.  50.  —  8  Chants  et  poèmes  solognots.  En  Blouse  et  en  sabots, 
par  PaulBesnard.  Paris,  Figuière,  191  !,  in-18  de  128  p.,  2  fr.  —  9.  Le  Cantique 
de  la  Seine,  par  André  Mary.  Paris,  Éiuile-Paul,  1911,  in-16  de  212  p.,  3  fr.  50. 
—  10.  La  Chanson  des  mendiants,  par  J.-F.  Louis  Merlet.  Paris,  l'édition  libre 
1911,  petit  in-8  de  121  p.,  3  fr.  50.—  11.  Les  Chanf.  du.cygne.  par  î.  R.-G.  Paris, 
Ijemerre,  1911,  in-18  de  232  p.,  3  fr.  — •  12.  Le  Chant  des  sources,  par  Pierre 
d'Arcancues.  Paris,  Perrin,  1911,  in-16  de  219  p.,  3  fr.  50.  —  13.  Le  Crépuscule 
de  Dioûysos,  par  Paul-Louis  Aubert.  Paris,  Ficker,  1911,  in-12  de  152  p., 
3  fr.  50,  —  14.  Dernières  Veillées.,  par  Arsène  Vermenouze.  Paris,  Jouve,  1911, 
petit-in-8  de  x-204  p.  et  portrait,  3  fr.  50.  —  15.  Edelu'eiss  et  goémons,  par  Jean 
Plémeur.  Paris,  Figuière,  1911,  in-18  de  164  p.,  3  fr.  50.  -^  16.  Les  Foyers 
perdu9,  par  Antoine  Nicol\ï.  Paris,  Éilitioas  du  Beffroi,  1911,  in-16  de  127  n., 
3  fr.  50.  —  1  ;.  Sous  les  h'Hres  de  l'Est,  par  Gabriel  dç  Pimodan.  Paris,  Messein, 
1911,  petit  in-8  de  358  p.,  3  fr.  50.  — -18.  L'Horizon,  par  Claude  Couturier. 
Paris,  Lemerre,  1911,  in-18  de  143  p;,  3  fr.  —  19.  La  Légende  du' Mont  Saint- 
Michel,  par  Louis  Foisil.  Paris,  Jouve,  1911,  petit-in-8  de  132  p.,  3  fr.  50.  — 
20.  En  Marche  vers  les  ct'n?f,  par  É  ïlf  Pignot.  Paris,  Bloud,  1911,  in-16  de  118 
p.,  3  fr,  —  21.  Le  Miroir  enchante,  par  Robert  Lestrange.  Paris,  Figui're, 
1911,  in-12  de  240  p.,  3  fr.  50.  —  22.  L'Ombre  du  templ-,  par  R.  de  HANciîf.-^SAU- 
MANE.  Paris.  Falque,  1911,  in-16  carré  de  117  p.,  3  fr.  50.  —  23.  Le  Paradis 
retrouvé,  p"'..'  Joachim  Gasquet.  Paris,  Grasset,  1911,  in-16  de  238  p.,  3  fr.  50.  — 
24.  Pour  retrouver  l'enfant,  par  Gustave  Zidler.  Paris,  Jouve,  191!,  petit  in-8 
de  133  p.,  3  fr.  50.  —  25.  Les  Rêves  exaltés,  par  Lucien  Boudet.  Paris,  Éditions 
du  Beffroi,  1911,  in-16  de  103  p  ,  3  fr.  50.  —  26.  Tout  mon  camr  par  tous  les 
chemin'!,  par  Paul  Sentenac.  Paris'  Grasset,  1911,  in-16  de  190  p.,  3  fr.  50.  —  27. 
La  Veillée  so/iVa/re,  par  Jean-Paul  Tort.  Pftris,  Figuière,  1911,  in-18  de  191  p., 
3  fr.  50.  —  28.  La  Vie  qui  s'oui>re,  par  Jacques  Boyer.  Paris,  Figuicre,  1911, 
in-12  de  110  p.,  3  fr.  50.  — 29.  Les  Visions  du  chemin,  p'^X  Ht^^k^  Rovger.  Pari-;, 
Lemjrre,  1911,  in-18  de  Î62  p.,  3  fr.  —  30.  Les  Autels  et  les  tomh  s,  par  Léon 
Lahovary.  Paris,  Jouve,  1912,  in-18  de  ix-183  p.,  3  fr.  —  31.  Passages  de  l'ûme, 
par  Frédéric  Saisset.  Paris,  Jouve,  1912,  in-16  de- 121  p.,  3  fr. 


-  110  — 

Poésie  ricviMNE.  —  32.  Dans  le  Jardin  de  notre  amour,  par  Alice  Clerc.  Paris, 
Falqiie,  191K  in-12  de  157  p.,  3  fr.  50.  —  33.  Les  Souvenez-vous,  par  Claire 
ViRENQUE.  Paris,  Falque,  1911,  in-16  de  154  p  ,  3  fr.  50.  —  34.  Les  Voix  de  la 
montaf;ne,  par  A.  de  Bary.  Paris,  Stock,  1911,  in-18  de  256  p.,  3  ir.  50. 

Anthologies.  Recueils.  —  35.  Aniologia  provenzale,  par  E.  Portal.  Milan,  Hoepli, 
191 1,  petit,  in-16  relit^,  de  viii-674  p.,  4  fr.  50.  —  36.  Œuvres  inconnues  de  Racine. 
Poèmes  sacrés,  découverts  à  la  Bililiothèque  impériale  de  Saint-P6ters])ourg,  par 
l'abbé  Joseph  Boînnet.  Auch,  bureaux  de  l'archevêché,  1911,  gv.  in-8  de  xvi- 
316  p.,  avec  planches  et  fac-similé,  10  fr. 

Poèmes  en  prose.  —  37.  La  Chanson:  du  poète  errant,  par  Gabriel  Sarrazin.  Paris, 
Perrin,  1911,  in-16  de  xii-261  p.,  3  fr.  50.  —  38.  Ballades  françaises.  Un  de  France, 
par  Paul  Fort.  Paris,  Figuière,  1911.  in-18  de  210  p.,  3  fr.  50.  —  39.  Ballades 
françaises.  L'Aventure  éternelle  (livre  I'''),  par  Paul  Fort.  Paris,  Figi-ière,  1911, 
in-18  de  147  p.,  3  fr.  50. 

Critique.  —  40.  Étude  sur  les  Ballades  françaises  de  Paul  Fort,  par  Louis  Mandin. 
Paris,  Figuière,  1911,  gr.  ip.-8  de  67  p.,  1  fr.  —  41.  Nouvel  Essai  sur  V intensisme 
en  poésie,  par  Charles  de  Saint-C.yb.  Paris,  Marcel  Rivière,  s.  d.,  in-18.de  73  p., 
3  fr.  —  42.  Mélanges  de  linguistique  provençale,  par  F.-N.  NicoLLET.Aix-en-Pro- 
s'ence,  Tmp.  ouvrière,  1910,  g?.  in-S  de  73  p. 

II.  Théâtre.  —  1.  U An  Mille,  drame  en  cinq  actes  en  vers,  par  Victor  Kinon. 
Paris,  Librairie  générale  des  sciences,  arts  et  lettres;  Bruxelles,  Yv^  Larcier, 
1911,  in-16  de  221  p.,  3  fr.  50.  —  2.  Le  Théâtre  chrétien.  Au  Clocher,  par  Paul 
Janot.  Paris,  Bloud,  1911,  in-16  de  xii-271  p.,  3  fr.  50.  — Z.  Études  dramatiques, i>a.r 
Adolphe  Môny.  T.  V.  Babel.  Paris,  Plon-Nourrit,  1911,  in-16  de  141  p.,  3  fr.  50. 

—  4.  Les  Erreurs  sociales.  La  Peine  de  vivre.  Châtiment,  drames  modernes,  par 
Emile  Pierret.  Paris,  Lemerre,  1911,  in-8  de  iv-247  p.,  3  fr.  50.  —  5.  L'Otage, 
drame,  par  Paul  Claudel.  Paris,  Marcel  Rivière,  1911,  in-18  de  205  p.,  3  fr.  50. 

—  6.  Pendant  la  croisade,  conte  en  un  acte  en  vers,  par  Martin-Valdour  et  Char- 
les Gallo.  Paris,  H.  Paulin,  1912,  in-12  de  64  p.,  2  fr.  50.  —  7.  Poèmes  de  France 
et  d'Algérie,  pa''  Maurice  Olivaint.  Paris,  Lemerre,  1911,  in-18  de -242  p.,  3  fr. 

—  8.  Le  Béveil,  comédie  dramatique  en  trois  actes  et  en  vers,  par  Henri  Guer- 
LiN.   Paris,   Jouve,   1911,  in-18  de   149   p.,   2  fr. 

La  marce  poétique  continuant  à  enfler  ck' mesure  ment,  nous  avens 
tâché  d'apporter  dans  notre  examen  un  essai  de  classement  indispen- 
sable, suivant  la  logique,  le  temps...  ou  l'alphabet. 

1.  Poésie.  —  1.  —  Le  Sable  d'or  est  un  mince  cahier  où  M.  Henry 
Dérieux  a  voulu  apporter  «  un  hommage,  un  simple  hommage  aux 
maîtres  dont  la  parole  un  temps  l'éblouit,  au  point  qu'il  put  se  mé- 
prendre entièrement  sur  la  nature  de  son  tempérament  vrai.  »  Ces 
maîtres  sont  Henri  de  Régnier,  Vielé-Griffin,  Mallarmé,  Charles 
Guérin.  Lorsque  M.  Dérieux  aura  retrouvé  «  son  tempérament  vrai,  » 
nous  reviendrons  à  lui  avec  plaisir. 

2.  —  M.  L.-A.  Morel,  lui  aussi,  publie  des  Essais  poétiques.  A  quoi 
bon  publier  des  essais? 

3.  —  L'Auguste  Barbier  qui  a  écrit  les  fables  d'Une  Promenade 
n'a  rien  de  commun  avec  le  fougueux  auteur  des  ïambes.  Jadis  atta- 
ché au  pèlerinage  de  N.-D.  de  Lies?e,  il  a  été,  comme  religieux,  exilé 
de  France,  et  il  console  ses  quatre-vingts  ans  en  offrant  aux  enfants 
des  apologues  souvent  imités  du  P.  Desbillons,  le  jésuite  fabuliste 
latin  du  xyiii^  siècle.  On  le  voit,  nous  sommes  loin  do  la  Curée  ou  de 
l'Idole. 


—  111  — 

4.  —  Les  Sorneiies  et  sonnets  de  M.  Jean  Lively  sont  simplement 
des  polissonneries,  dont  bien  pou  sent  spirituelles. M.  Octave  Pradels, 
dans  une  Préface  en  vers...  libres,  naturellement,  déclare  que  ces 
poésies  n'ont  jamais  rêvé  de  faire  la  conquête 

D'un  lotus  d'ijr  aux  Jeux-Floraux. 

Elles  ont  bien  fait. 

5. —  Avec  les  Victoires, de  M.  Léon  Gui]lct,nous  rencontrons  enfin 
un  livre.  Il  est  écrit  en  un  beau  style  classique,  • —  un  peu  trop  conti- 
nûment lyrique  et  hautain  à  la  façoii  de  Moréas.  Heureusement,  vers 
la  fin,  le  poète  s'humanise  un  peu  plus;  il  descend  de  son  trépied  sy- 
billin  pour  décrire  d'agréables  et  touchants  paysages  de  France  : 

Les  bois  sont  embaumés  par  une  odeur  de  miel. 
Entre  les  troncs  moussus,  comme  des  pans  de  ciel, 
D"iiïimobiles  étangs  rêvent,  mélancoliques, 

Et,  par  delà  les  flots  rutilants  de  blé  mûr, 
Par  delà  les  maïs  aux  feuilles  métallioues, 
Le  Jura  violet  bar.'e  le  clair  azur. 

6. — M.  François  Mauriac,  lui,n'a  rien  de  cette  gravité  hautaine.  Très 
jeune  encore,  il  a  été  mis  aux  premiers  rangs  par  les  Mains  jointes, 
dont  Maurice  Barrés  salua  si  noblement  la  sincérité,  l'émotion,  le  fré 
missement  contenu.  Nous  retrouvons  ces  mêmes  qualités,  très  pre- 
nantes, dans  l'Adieu  à  l'adolescence.  M.  Mauriac,  qui  aime  à  la  fois,  et 
on  ne  saurait  l'en  blâmer, 

Lts  vers  de  Jean  Racine  et  ceux  de  Baudelaire, 

sait  à  merveille  se  replier  sur  lui-même,  et,  comme  Charles  Guérin, 
il  nous  donne  une  sorte  de  «  journal  poétique  »  du  crépuscule  de  S(  n 
adolescence  et  de  l'aube  de  sa  jeunesse.  Malgré  la  fatigue  qu'engendre 
en  général  la  poésie  subjective,  ce  journal  est  très  attachant,  car  au- 
tant les  banales  expériences  amoureuses  fournissent  des  thèmes  qui 
écœurent,  autant  l'éveil  progressif  d'une  jeune  âme  à  la  vie  est  un  su- 
jet délicat  et  charmant.  M.  Mauriac  l'a  traité  de  la  façon  abandonnée 
qui  est  la  sienne,  avec  quelques  souvenirs  de  Francis  Jammes;  il  n'a 
pas  la  dextérité  minutieuse  et  un  peu  affectée  de  M.  Edmond  Gojon 
dans  ce  beau  livre  qui  s'intitule  :  Le  Visage  penché  et  où  revivent 
aussi  des  scènes  d'enfance.  Il  écrit  un  peu  vite,  comme  son  cœur  bat. 
Il  ne  s'inquiète  pas  de  savoir  si  «  passionné  »  compte  trois  ou  quatre 
syllabes;  pour  le  plaisir  de  faire  un  vers  bien  balancé,  il  nous  dira 
que  les  jansénistes  ont  goûté 

L'austère     volupté     des     belles     hérésies, 
ce  qui  transformerait  ces  vieux  fanatiques,  hypnotisés  par  l'enfer, 


—  112  — 

en  dilettantes,  précurseurs  de  son  ami  Baudelaire...  Mais  le  mérite 
de  M.  Mauriac  est  ailleurs  :  il  est  dans  sa  jeunesse  extrêmement  sen- 
sible, prompte  à  s'analyser,  dans  la  culture  des  «  états  d'âme  »  aux- 
quels il  a  le  loisir  et  le  goût  de  se  livrer,  —  et  dans  tout  ce  qu'il 
révèle  d'impressions  gâchées  ou  ensevelies  à  ceux-là  qui  ont  juste  le 
temps  de  vivre. 

7.  —  Avec  M.  pierre  Lestringuez,  nous  demeurons  encore  sous 
l'influence  dominatrice  de  Baudelaire  (nous  retrouvons  dans  le  Beau 
Pays  certaines  de  ses  expressions);  mais,  de  plus,  Verlaine  est  passé 
par  là,  apportant  ses  impropriétés  de  termes,  ses  bavures,  ses  ryth- 
mes déconcertants  et  surtout  son  inspiration  sans  élan  et  sans  éner- 
gie. M.  Lestringuez  dédie  certains  de  ces  vers,qui  racontent  en  général 
de  bien  pauvres  histoires,  à  Maurice  Magre  et  à  Edmond  Gojon; 
mais  il  est  loin  d'avoir  le  souffle  lyrique  du  premier  et  l'écriture  artiste 
du  second. 

8.  —  On  éprouve  une  grande  déception  à  lire  les  Chants  et  poèmes 
solognots  de  M.  Paul  Besnard;  dès  l'abord,  on  est  séduit  par  le  bon 
accent  de  terroir  de  ce  livre,  par  sa  verve  paysanne  et  son  allure  de 
santé...  Puis,  tout  à  coup,  on  tombe  sur  des  grivoiseries,  des  saletés, 
des  niaiseries  anticléricales  :  par  exemple,  dans  Tu  t'en  trouvras  ben, 
l'auteur  cherche  à  établir  que  le  meilleur  moyen  d'  «  arriver  «  aujour- 
d'hui, en  France,  c'est  d'avoir  été  élevé  dans  une  école  catholique  et 
d'être  patronné  par  les  royalistes  !  Quant  à  Rêve  de  Curé  et  à  Jeanne 
d'Arc,  ce  sont  de  pures  ignominies,  de  la  littérature  pour  Homais. 
Ce  n'est  pas  avec  cela  que  l'on  rénovera  nos  patois  provinciaux. 

9.  —  Nous  arrivons  vite,  pour  nous  cojisoler  un  peu,  au  Cantique  de 
la  Seine,  où  M.  André  Mary  s'est  affirmé  un  de  nos  meilleurs  poètes  : 

...  Je  veux  honorer  le  ))eau  fleuve  gaulois 

La   douce  et  claire  Seine 
Qui,  seule,  s:nt  parler  à  mon  cœur  d'une  voix 

Divinement  humaine, 

Que  ce  soit  au  printemps,  aux  portes  de  Paris, 

Où  la  Marne  tirdive 
Te  rejoint  au  milieu  des  cent  vergers  fleuris 

Qui  parfument  ta  rive, 

Que  ce  soit  sur  ces  quais  vénérés,  Ou  je  peux, 

Quand  le  soir  me  délivre, 
F'àner  loin  des  tracas,  près  des  palyis  pompeux, 

Le  front  sur  quelque  li  re, 

Ou  monter  sur  le  poat  de  tas  Ijgers  bateiux, 

Quand  l'air  se  rassérène 
Et  qu'il  fait  bon,  de  loin,  contempler  les  coteaux 
De  Sèvre  et  de  Suresne... 

Autour  de  ces  clairs  paysages  séquanais,  tracés  avec  tant  d'exacte 


—  113  — 

mesure,  le  jeune  poète  a  su  évoquer,  peut-on  dire,  rossence  de  notre 
patrie  et  de  son  génie.  Peu  d'écrivains,  certainement,  l'ont  pénétrée 
autant  que  lui,  et  pour  aimer  la  France,  il  l'a  étudiée  profondément. 
Faut-il  s'étonner  dès  lors  que  Ton  sente  parfois  transparaître  chez  lui 
le  souvenir  de  ses  immenses  lectures,  depuis  les  conteurs  de  notre 
moyen  âge  jusqu'à  Banville,  depuis  Ronsard  jusqu'au  bon  Coppée 
lui-même?  Non;  il  n'y  a  là  en  tout  cas  qu'un  abus  de  richesse,  d'éru- 
dition, de  ressources  littéraires;  ne  nous  plaignons  pas  que  la  mariée 
soit  trop  belle,  et  souhaitons  à  M.  André  Mary  de  continuer  son  œu- 
vre, qui  sera  certainement,  chose  rare  en  ce  temps-ci,  une  œuvre 
vraiment  française. 

10.  —  Du  Cantique  de  la  Seine  à  la  Chanson  des  mendiants,  le  saut 
est  brusque;  dans  ce  livre  curieusement  édité,  avec  portrait^  hors- 
texte  et  croquis  de  M.  Max-Pierre  Jouret,  M.  J.-F. -Louis  Merlet  a' 
repris, en  vers  le  plus  souvent  libres, des  thèmes  bien  usés,  que  M.  Mau- 
rice Magre  a  galvanisés  pour  la  dernière  fois  dans  la  Chanson  des 
hommes.  Quoique  le  fougueux  Emile  Verhaeren  déclare,  dans  la  pré- 
face, que  voici  un  «  poème  ardent,  tumultueux,  enflammé,  brûlant  de 
pitié,  tour  à  tour  violent  et  doux,  clair  et  sombre,  rageur  et  clément  », 
il  nous  est  impossible  de  suivre  M.  Merlet  nous  présentant  un  Christ 
anarchiste  qui  lève  la  torche  «  pour  brûler  et  purifier  dans  les  cités 
les  foyers  d'injustice  et  de  cruauté.  »  Sommes-nous  en  1848  ou  en 
1912?' 

11.  — Très  loin  de  ces  divagations  révolutionnaires,  un  mystérieux* 
I.  R.-G.,  et  à  qui  l'on  doit  déjà  de  nombreux  recueils  de  vers,  publie 
sous  le  titre  :  Les  Chants  du  cygne,  un  volume  de  rondels,  de  dizains, 
de  distiques  et  de  sonnets,  où  une  foule  de  pièces  fugitives  enferment 
des  pensées  délicates.  * 

12.  —  Le  Chant  des  sources,  par  M.  Pierre  d'Arcangues,  rontre  un 
peu  dans  la  même  catégorie  de  livres  de  salon.  On  ne  peut  apporter 
rien  de  bien  neuf  en  littérature,  quand  on  se  contente  de  célébrer  les 
Feuilles  mortes,  le  Vieux  Cimetière,  le  Clair  de  lune,  Noël,  la  Mer, 
l'Avril  et  autres  choses  inattendues.  Et  l'auteur,  cependant,  écrit  en 
pays  basque,  au  milieu  des  plus  fraîches  sources  d'inspiration  !  Il  ne 
s'en  est  guère  souvenu  que  dans  son  titre,  et  par  ci  pa'r  là... 

13.  —  Quand  j'ai  ouvert  le  Crépuscule  de  Dionysos,  de  M.  Paul- 
Louis  Aubert,  j'ai  été  frappé  au  contraire  de  la  personnalité  et  de  la 
vigueur  de  ce  recueil.  La  première  partie,  malgré  son  pessimisme 
romantique,  renferme  des  poèmes  vraiment  admirables,  tels  que  le 
Sphinx.  Malheureusement,  cela  ne  dure  pas.  Dès  les  Sonnets,  la  ma- 
tière se  gâte,  et  les  Flymnes  et  les  stances,  qui  suivent,  semblent  avoir 
été  hâtivement  entassés  pour  donner  au  volume  la  Jongueur  néces- 

FÉVRiER  1912.  T.  CXXVI.  8. 


_  114  —  . 

saire.  M.  AubeiU,   en   un   poème  limii.aire,   exalte  l'Ait,   et  dit  au 

poète  : 

Sois  probe  et  sérieux  quand  tu  le  servira*?, 

Ce  n'"est  qu'aux  patients  qu'il  o:;lr'otivre  ses  bra=. 

Or,  tout  son  livre,  par  les  succès  de  sa  }  umièie  partie  et  les  échecs  de 
la  seconde,  est  une  illustration  de  ce  d'stique. 

14.  —  Ce  n'est  pas  le  défaut  de  patience,  par  contre,  que  l'on  pourra 
reprocher  à  Arsène  ^^ermenouze  ni  à  son  exécuteur  testamentaire. 
Le  regretté  poète  d'Auvergne  attendit  jusqu'après  la  quarantaine 
pour  publier  ses  premiers  vers  et,  dans  sa  courte  carrière,  se  montra 
toujours  le  plus  scrupuleux  et  le  plus  probe  des  écrivains.  Après  sa 
mort,  son  ami,  je  pourrais  dire  son  directeur  de  conscience,  M.  Ga- 
briel Aubray,  au  lieu  de  se  hâter  d'entasser  les  Reliquiae  et  de  nous 
donner  pêle-mêle  tous  les  vieux  papiers  du  défunt,  a  su  faire  un 
triage  courageux,  bien  plus  digne  de  la  mémoire  de  \'ermenouze,  et 
nous  offrir  ainsi,  avec  les  Dernières  Veillées, wn  livre  à  peu  près  par- 
fait. Avec  une  grande  émotion,  je  feuillette  ce  livre,  ouvert  par  l'ef- 
figie anguleuse,  vigoureuse,  caractéristique,  à  la  fois  espagnole  et 
celtique,  de  cet  Auvergnat  qui  ressemblait  un  peu  à  Don  Quichotte, 
et  je  relis  tant  de  ces  poèmes,  dont  j'ai  eu  les  manuscrits  en  mains, 
dont  j'ai  souvent  corrigé  les  épreuves  sur  les  indications  toujours 
insatisfaites  de  ce  pur  artiste  trop  ignoré.  On  parle  de  Francis  Jam- 
nies  et  de  nos  jeunes  poétesses  naturistes;  on  parle  de  François  Fabié 
et  des  écrivains  les  plus  fidèles  à  leur  terroir  :  pourquoi  oublie-t-on 
trop  souvent  Arsène  Vermenouze,  grande  âme  chrétienne,  peintre 
inégalé  de  sa  province,  aussi  bien  en  langue  d'oïl  qu'en  langue  d'oc? 

Les  Dernières  Veillées,  dans  leurs  fragments  mutilés,  sont  encore 

plus  belles  c^'En  plein  Vent  ou  que  Mon  Auvergne;  les  prosaïsmes  du 

début  ont  presque  tous  disparu;  le  vers  est  plus  souple,  plus  affiné  : 

il  a  fréquenté  les  jeunes  maîtres  symbohstes;  le  sentiment  chrétien 

s'y  pare  des  images  plus  riches  que  réclame  notre  poésie.  Par  exemple. 

cette  communion  de  Noël  : 

Et  quand  le  prêtre  prit  l'hostie  en  ses  mains  p'des, 

Ils  s'ai)prc'chèrent  tous,  émus  et  recueillis, 

Et  ce  fut  comme  si  quelque  céleste  lis 

Eût,  d'en  haut,  sur  leur  lèvre  effeuillé  ses  pétales... 

Voyez  encore  cette  page  d'anthologie,  la  Ruche  :  • 

Décortiqué  par  l'homme,  ébranché  par  le  vent, 
Le  tronc  fendu,  ce  chpne-li''ge  vénérable, 
Df  ns  sa  nudité  rouge  et  tragique,  est  semblable 
A  quelque  grand  martyr,  écorché  tout  vivant. 

Mais  de  ses  larges  flancs  aux  béantes  crevasses 

S'exhale,  aromatique,  une  senteur  de  miel, 

Et,  pcintiliant  d'or  clair  l'azur  riant  dv  ciel, 

Un  vol  d'abeillci  sort  du  Titil  arbre  vivace.  '  ' 


^  115  — 

Car  ce  sont  les  s'urirants,  les  saignants,  les  meurtris, 
Ceux  (jue  la  vie  a  déchirés  de  ses  épines, 
Qui  conservent,  dans  leurs  douloureuses  poitrines, 
Le  plus  de  pitié  douce  et  d'amour  attendri. 

Non,  Vermenouze  n'est  pas  seulement  le  plus  grand  poète  de  sa 
province  —  ce  qui  est  déjà  beau  ;  —  l'une  des  gloires  du  félibrige,  car 
s^on  œuvre  en  langue  d'oc  en  fait  un  des  premiers  qui  marchent  dans 
les  traces  de  Mistral  :  à  force  de  se  développer  en  profondeur,  comme 
son  illustre  maître  de  Maillane,  il  atteint  l'humanité  en  général,  et  il 
mérite  d'attirer  l'admiration  d'autres  gens  que  des  folkloristes,  des 
curieux  des  particularités  locales  ou  des  partisans  indécouragés  de 
nos  régions  françaises.  Il  s'adresse  à  tous,  et  il  faut  remercier  M.  G. 
Aubray  de  savoir  si  bien  prolonger  l'écho  de  cette  bonne  et  grande 
voix.  On  se  souvient  encore  en  Auvergne  de  la  magnifique  conférence 
que  Jean  Richepin  lui  consacra.  Rien  d'étonnant  à  cet  enthousiasme; 
car  on  peut  sans  paradoxe  comparer  l'art  de  Vermenouze  à  celui  de 
l'auteur  des  Blasphèmes.  C'est  la  même  maîtrise  prosodique,  les 
mêmes  rimes  inattendues,  la  même  audace  d'expression  et  de  mé- 
trique, la  même  sonorité,  la  même  richesse  d'images...  Mais  ici,  au- 
dessus  du  tumulte  ordonné  des  mots  et  de  la  musique  savante  des 
rythmes,  il  y  a  toujours  l'ombre  dominatrice  de  la  Croix. 

15.  —  Si  les  intentions  de  M.  Jean  Plémeur  sont  aussi  louables  — 
et  nous  n'en  saurions  douter  en  voyant  mêlés  à  son  œuvre  les  noms 
de  MM.  Henry  Bordeaux  et  Louis  Tiercelin  —  il  s'en  faut  que  leur 
réalisation  soit  aussi  brillante.  En  chantant  la  Bretagne  et  les  Alpes 
dans  Edelweiss  et  goémons,  l'auteur  ne  s'est  guère  élevé  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer,  et  ses  étonnements  devant  les  montagnes  semblent 
en  faire  foi  : 

Quel  Yitan  façonna  leurs  flancs  mystérieux 

Et  quels  i'eux  inconnus  rougissent  leurs  carcasses...  (p.  80). 

16.  —  M.  Antoine  Nicolaï  est  plus  moderne;  ses  Foyers  perdus  ap- 
partiennent à  l'école,  un  peu  calmée,  un  peu  assagie,  de  Baudelaire. 
Dans  ce  recueil,  il  y  a  surtout  à  signaler  quelques  notations  sur  la 
Corse,  que  l'on  aurait  voulues  plus  précises,  et  un  sonnet  pittoresque 
sur  les  fameuses  «  vocératrices  »  des  funérailles,  annonçant  les  ven- 
dettas : 

Prophétesses  du  deuil  aux  larges  manteaux  noir,, 
L'âme  de  Colombe  rugit  dans  leurs  cantiques. 

17.  —  Une  autre  région  nous  apparaît  avec  les  Hêtres  de  l'Est  de 
M.  Gabriel  de  Pimodan,  la  région  dévastée  et  arrachée  par  la  guerre. 
C'est  vraiment  l'œuvre  d'un  fils  pieux  de  la  douce  France  que  de 
rappeler  nos  yeux  et  notre  cœur  vers  tout  ce  que  l'Alsace  et  la  Lor- 
raine ont  apporté  à  l'âme  nationale.  Aussi  lira-t-on  avec  intérêt   ce 


—  116  — 

livre  distingué,  jamais  banal,  où  passent  les  vieilles  et  poétiques 
légendes  des  Vosges  et  du  Rhin,  présentées  de  façon  très  adroite,avec 
un  riche  vocabulaire.  Sur  ces  thème''  où  passent  et  repassent  les  châ- 
telaines, les  abbesses,  les  croisés,  les  sultanes,  on  aurait  pu  tomber 
dans  le  poncif  romantique,  dans  une  réplique  des  Odes  et  Ballades  : 
il  n'en  est  rien.  M.  de  Pimodan  s'en  est  sauvé  grâce  à  des  rythmes  très 
modernes,  grâce  à  un  soin  du  détail  qui  conserve  à  toutes  ses  «  pièces 
à  dire  »  une  haute  tenue  poétique.  Et  ce  livre  touchant  du  souvenir 
et  de  l'espérance  se  termine  par  la  superbe  ballade  mélancolique 
«  Au  soir  du  jour  et  de  la  vie  »,  adressée  à  la  Dame  à  la  faulx, 
comme  dirait  Saint- Pol- Roux  : 

Vous  seulf  nous  venez  en  aide  au  soir  du  jour... 

^  Nous  n'en  sommes  pas  là,  et  M.  de  Piniodan  nous  donnera  encore 
beaucoup  de  beaux  vers.  '• 

18.  —  L'Horizon,  de  M.  Claude  Couturier,  se  rattache  à  peu  près 
à  la  même  école  poétique.  Ce  recueil  contient  de  jolies  ballades,  no- 
tamment celle  des  «  Fleurs  qui  veulent  être  cueillies  »  :  <^ 

Que  l'on  nous  cueille,  disent-elles. 

Mais  les  sujets,  que  ne  relève  aucun  intérêt  particulier,  laissent  traî- 
ner le  volume  dans  la  banalité  :  c'est,  tour  à  tour,  du  Banville,  du 
Coppée,  du  Sully- Prudhomme...  On  voudrait  du  Couturier.      '^^ 

19.  —  La  Légende  du  Mont  Saint- Michel,  par  M.  Louis  Foisil,  vient 
nous  prouver  à  temps,  une  fois  de  plus,  les  immenses  ressources  ap- 
portées à  la  poésie  par  l'histoire  de  nos  terroirs.  A  notre  époque  où 
les  livres  de  vers  ressassent  misérablement  les  lieux  communs  les 
plus  usés  de  la  sentimentalité,  il  est  séduisant  de  voir  un  jeune  poète 
se  consacrer  à  chanter  une  des  merveilles  de  son  pays,  qui  est  en  même 
temps  un  des  plus  purs  joyaux  de  France.  M.  Louis  Foisil  a  donc  écrit 
patiemment  une  chronique  rimée  du  Mont  Saint-Michel  :  et  vous 
pensez  bien  qu'elle  ne  manque  pas  de  quelques  prosaïsmes;  elle  au- 
rait pu  aussi,  ce  me  semble,  être  plus  nourrie,  plus  complète  —  un 
poème  sur  l'Archange  fait  défaut,  au  début  —  et  elle  aurait  pu  de 
cette  façon  se  passer  des  sonnets  normands  qui  complètent  le  volume; 
mais  enfin,  c'est  une  œuvre  qui  révèle  une  volonté,  une  pensée  élevée, 
un  culte  sincère  de  l'art.  Je  n'en  veux  pour  preuve  que  cette  invec- 
tive contre  la  fameuse  digue;  elle  indigne  M.  Foisil  à  juste  titre,  et 
par  une  invention  poétique  qui  aurait  ravi  Huysmans,  il  y  voit  une 
revanche  de  Lucifer  :  ? 

Et  Id  Digue  allonge;'it  sn  courî)e  de  couleuvre. 
—   Lui,   Satan,  contemplait,   en   ricanant,   son   œuvre   : 
Ce  per'ide  chemin    à  tous  venants  ouvert 
Di^couronnait  le  Sî-int  du   Péril-de-la- Mer, 


—  117  — 

Y  versait  le  venin  de  la  Bête  vaincue  1  ':  3 

20.  —  Nous  nous  délasserons  un  instant  avec  En  Marche  vers  les 
cîmes,  de  M.  Emile  Pignot,  qui  continue  bravement  à  faire  des  vers 
qui  datent  à  peu  près  d'un  demi-siècle.  II  l'avoue  d'ailleurs  sans  am- 
bages en  exaltant  Victor  Hugo,  «  interprète  do  la  République  »  et 
«  sauveur  de  la  patrie  »  :    .  :=  , 

Et  voilà  que,  du  fond  des  horizons  inamenses, 

Monte  le  pur  s/leil  Lai^nant  d'or  les  semences. 

Il  monte,  rouge  et  vaste,  et  son  ascension 

Est  une  formidable  bénédiction. 

Mctrr  Hugo,  je  voi?  dans  son  orbite  rouge, 

Qui  monte  et  s'^ilargit  sur  le  monde  qui  bouge 

Et  semble  le  dossier  d'un  immense  fauteuil. 

Je  vois,  maître,  ton  buî^te  énorme,  ô  saint  aïevl  ! 

Espérons  que  M.  Pignot  a  tout  vu. 

21.  —  M.  Robert  Lestrange  a,  lui  aussi,  le  culte  de  Victor  Hugo;  il 
y  joint  celui  d'Edgar  Quinet  et  de  Richepin.  Il  doit  également  aimer 
Banville,  car  il  refait  sans  trouble  la  fameuse  Ballade  des  pendus. 
]\/[me  Lucie  Delarue-Mardrus,  dans  la  préface  qu'elle  a  écrite  pour  le 
Miroir  enchanté,  déclare  que  «  c'est  un  plaisir  de  parler  d'un  poète 
dont  la  sincérité  va  parfois  jusqu'à  l'ingénuité.  «  Cette  ingénuité 
n'empêche  pas  M.  Lestrange  d'insulter  l'Église  et  ses  «gras  cardinaux» 
et  de  refaire  à  sa  façon  le  discours  de  l'abbé  Daniel,  du  Duel,  à  la 
duchesse  de  Chailles  : 

O  femme,  au  cœur  de  qui  bout  l'ardente  chimère... 

On  préférera  probablement  s'en  tenir  à  la  prose  de  M.  Lavedan.  v 

22.  —  L'Ombre  du  temple,  de  M.  R.  de  Manoël-Saumane,  n'a  rien 
de  commun  avec  ces  pauvretés.  C'est  un  livre  païen  très  bien  écrit. 
Lisez,  par  exemple,  V Inscription  sur  une  fontaine  : 

riumnie,  pnsse  sans  bruit.  Tu  ne  sais  rien  des  choses. 

Le  doute  est  ta  science,  et  c'est  ta  vanité; 

Profita  des  effets,  ne  cherche  pas  les  causes"  : 

Respecte  le  secret  de  la  divinité. 

Qu'es-tu  donc?  Un  esprit  qiù  se  count  ît  à  peine, 

Porté  fa  tellement  vers  son  destin  obscur; 

Tu  ne  reflètes  rien,   et  vois  cette  fontaine  : 

Dans  la  candeur  de  l'eau  se  mire  tout  l'azur. 

—   Homme,  suis  ton  chemin  sans  fatuité  vaine. 

Sois  modeste  devant  le  mystère  éternel, 

Toi  qui  n'as  que  tes  yeux  pour  regr.rder  le  ciel. 

Malheureusement,  tout  ceci  après  Hérédia,  Samain,  Henri  de  Ré- 
gnier, c'est  pur  exercice  d'école;  aujourd'hui,  les  vers  antiques  ne 
doivent  servir  qu'à  enfermer  des  allégories  modernes  et  des  «  pen- 
sers  nouveaux.  » 


—  118  — 

23.  —  Dans  tous  ses  livres,  le  lyrique  qu'est  M.  Joachim  Gasquet  a 
appliqué  ce  principe;  sa  muse,  à  la  fois  impétueuse  et  hiératique,  ne 
s'est  jamais  diisintéressée  des  problèmes  contemporains.  Après  avoir 
beaucoup  évolué  à  travers  tous  les  systèmes  politiques  et  sociaux, 
il  en  est  arrivé  à  l'optimisme  gratuit  qui  fut  le  lot  de  Victor  Hugo. 
Aujourd'hui,  dans  son  Paradis  retrouvé,  il  fait  siennes  toutes  les  idées 
d'un  Enjolras,  il  paraphrase  V Internationale  et  salue  déjà  les  États- 
Unis  d'Europe  : 

L'arc  triomphcJ  est  là.  La  Paix  t'ouvre  son  arcl.e. 
Venez,  de  tous  pays,  passez,  ntétiers  en  m-xrche 
Sous  l'hymne  de  la  Tour  Eirfel. 

Quelque  estime  que  l'on  professe  pour  le  talent  éprouvé  de  M.  Joa- 
chim Gasquet,  quelque  souvenir  inaltérable  que  l'on  garde  de  sa 
belle  campagne  des  Pays  de  France,  il  est  bien  difficile  de  le  suivre 
dans  cette  voie.  D'ailleftrs,  il  semble  que  Victor  Hugo  n'ait  pas  seu- 
lement troublé  ses  pensées,  mais  aussi  boursouflé  un  peu  sa  forme, 
si  respectueuse  jadis  des  disciplines  classiques.  On  est  un  peu 
étonné  par 

Les  sanglotantes  mains  du  Scnge  universel; 

et,  dans  un  superbe  poème,  d'ailleurs,  consacré  à  «  la  Gloire  de  Mar- 
seille »,  on  est  un  peu  gêné  de  voir  Puget,  qui  venait  sur  le  quai, 

Et  de  ses  yeux  nerveux  pétrissant  l'air  en  flamme 
Sculptait  sur  l'horizon  les  galères  du  soir. 

Ah  !M.  Gasquet,  ce  ne  sont  pas  les  oliviers  de  votre  divine  Provence 
qui  vous  ont  chuchoté  ces  inspirations-là  ! 

24.  — M.  Gustave  Zidler,  par  un  chemin  mélancolique,  nous  ramène 
à  la  vérité.  Encore  un  bon  poète  qui  n'est  pas  à  son  rang  !  Cette  fois, 
il  s'inscrit  dans  la  phalange  de  ceux  qui,  depuis  le  drame  de  Ville- 
quier,  ont  exhalé  leurs  plaintes  paternelles.  Sans  égaler  le  livre  admi- 
rable que  M.  Charles  de  Pomairols  consacre  à  la  mémoire  de  la  petite 
Lili,  Pour  retrouver  l'.enfant,  de  M.  Gustave  Zidler,  est  un  recueil  fort 
touchant,  plein  de  sentiments  sincères  et  de  pensées  ingénieuses. 
Dans  la  suite  d'élégies  où  il  évoque  la  mémoire  de  son  fils,  il  fait  par- 
fois penser  à  M.  Louis  Tiercelin,  qui  déplora  fort  harmonieusement  la 
perte  de  sa  petite-fille;  mais  il  trouve  aussi  des  accents  fort  person- 
nels, qui  tireront  les  larmes  des  yeux.  Je  sais  bien  que  certains  s'éton- 
neront de  voir  un  chrétien  comme  M.  Zidler  ne  demander  à  Dieu  pour 
son  paradis 

Que  l'éternel  trésor  de  l'Enfant  retrouvé; 

ce  n'est  peut-être  pas  d'une  mystique  très  orthodoxe  :  mais  comn  e 
c'est  tendrement  humain  ! 


~  119  —       ^  '; 

Quelques  prosaïsmes,  bien  difficiles  à  éviter  en  un  sujet  aussi  in- 
fime, mais  qui  ressortent  davantage  sur  la  trame  rigoureusement 
parnassienne  du  style.  Coppée  n'y  a  pas  échappé. 

25.  — •  Après  ce  son  si  clair  d'une  belle  âme,  les  Rê^>es  exaltés,  de 
M.  Lucien  Boudet,  sonnent  quelque  peu  faux.  Toute  l'originalité  de 
ce  livre  baudelairien  réside  dans  sa  conclusion  :  un  appel  au  néant  et 
un  blasphème.  11  vaut  mieux  ne  pas  insister. 

26.  —  Le  livre  de  M.  Paul  Sentenac  —  un  débutant  —  :  Tout  mon 
cœur  par  tous  les  chemins,  est  plus  personnel.  Il  y  a  là  du  sentiment 
(et  aussi  de  la  sensualité)  et  un  goût  assez  vif  de  la  beauté.  Mais  que 
le  style  en  est  donc  parfois  lâché  î  j  ,£  ^^ 

...  J'ai  sorti  de  leur  oTjscur  recoin  .' 

Mes  premiers  vers,  laissés  pour  que  je  les  oublie, 
Et  maintenant  j'ai  peur  de  les  aim3r  biea  m>ins,  \ 

Commo  un  enfant  devant  des  choses  dém')lies... 

On  n'a  pas  le  droit  d'écrire  ainsi  quand  on  porte  en  soi  une  âme 
de  poète,  et  en  d'autres  pages  M.  Sentenac  nous  le  laisse  fermement 
•espérer. 

27.  —  Mêmes  incorrections  dans  le  livre  de  M.  Jean- Paul  Tort  -.La 
Veillée  solitaire,  qui  semble  bien  être  d'un  disciple  de  Samain;  mais 

l'âme  qui  s'étale  en  ce  livre  inquiétant  et  prenant  quand  même,  appa- 
raît singulièrement  pessimiste,  dégoûtée,  amère,  antichrétienne,  sans 
idéal;  elle  n'a  vu  dans  le  xvii*^  siècle  que  «  courtisans  débauchés, 
marquises  hypocrites...»,  et  pourtant,  au  milieu  même  de  cette  boue, 
il  y  a  des  fleurs  de  vraie  poésie.  Quel  dommage  qu'il  soit  si  difficile 
d'aller  les  cueillir  ! 

28.  —  Nous  n'aurons  pas  les  mêmes  regrets  devant  la  Vie  qui 
s'ouvre,  où  M.  Jacques  Boyer  dédie  à  son  père,  à  sa  mère,  ses  «  pre- 
miers essais  de  la  seizième  à  la  vingt-unième  année.  »  Peut-être,  à  la 
place  des  parents  de  ce  jeune  homme,  lui  conseillerions-nous  de  nous 
offrir  des  aspirations  plus  saines,  d'apprendre  la  prosodie  et  la  ponc- 
tuation. Mais  il  annonce  dans  sa  dédicace  que  «  les  soucis  de  l'exis- 
tence l'éloigneront  du  recueillement  de  la  poésie.  »  Tout  va  bien. 

29.  —  Parlons  sérieusement  de  M.  Henri  Bouger,  dont  les  Visions 
du  chemin  sont  un  livre  sérieux,  d'une  perfection  formelle  très  rare  à 
notre  ^  poque,  bien  que  je  n'aime  guère  : 

J'aurai  tissu  bientôt  tmite  ma  destinée  (p.  17).        ' 

M.  Bouger  est  un  solide  h.-ritier  des  romantiques  et  des  parnas- 
siens. Son  œuvre  est  un  peu  froide;  le  marbre  l'est  aussi.  Mais  il  est 
peu  de  poètes  contemporains  capables  d'écrire  avec  cette  richesse  et 
cette  suret)  de  longs  poèmes  symboliques  comme  l'Etrangère,  ou  le 
Pèlerin,  qui  par-dessus  le  marché  est  disposé  en  terza  rima. 


—  120  — 

Certes,  nous  ne  suivons  pas  M.  Rouger  dans  ses  exposés  philoso- 
phiques, qui  vont  droit  au  matérialisme  le  plus  noir  ou  à  l'utopie 
révolutionnaire.  Nous  ne  nous  occupons  ici  que  du  poète,  et  son  atti- 
tude méditative  et  hautaine,  son  respect  de  la  forme  et  de  l'art  doi- 
vent être  soulignés.  Nous  ne  pouvons  citer  longuement;  contentons- 
nous  de  cette  fin  de  sonnet  sur  Tliraséas  mourant  : 

Ft  tandis  que,  la  voix  presque  éteinte,  les  mains 
D  jà  froides,  le  fils  des  grands  aïeux  romriins 
Parle,  en  montrant  du  doigt  les  taches  élargies,^ 

L'envoyé  «le  Néron,  pâle,  le  front  baissé, 
Respire  malgré  lui,  sur  les  dalles  rougies. 
L'acre  libation  faite  du  sang  \ersé. 

Nous  souhaitons  à  beaucoup  de  jeunes  poètes  de  travailler  dans  ce 
goût. 

30.  —  C'est  ce  que  fera  certainement  M.  Léon  Lahovary,  quand 
il  se  sera  dépouillé  d'une  trop  grande  exubérance.  Déjà  son  second 
recueil,  les  Autels  et  les  Tombes,esi  notablement  supérieur  au  premier. 
On  y  trouve  une  âme  vibrante,  trop  vibrante,  trop  prompte  à  exté- 
rioriser tous  ses  sentiments,  et  qui  ne  sait  pas  encore  suffisamment 
séparer  ce  qui  doit  appartenir  à  la  pure  intimité  de  ce  qui  peut  être 
publié  et  intéresser  l'ensemble  des  lecteurs.  Mais  il  y  a  de  l'âme,  et 
c'est  beaucoup. 

31.  —  Justement,  voici  les  Paysages  de  l'âme,  de  M.  Frédéric  Sais- 
set.  Ici,  nous  avons  affaire  à  un  poète  qui  a  atteint  la  maîtrise.  Sur 
des  thèmes  moins  forts  que  dans  son  précédent  ouvrage,  les  Mois- 
sous  de  la  solitude,  avec  une  fluidité  qui  rappelle  son  premier  volume, 
Au  fil  des  rêves,  dont  Rodenbdch  écrivit  jadis  la  préface,  M.  Saisset 
nous  donne  une  série  de  poèmes  psychologiques  des  plus  délicats, 
parmi  lesquels  nous  citerons  Connaître,  Toi  qui  n'eus  pas  d'amour, 
V Impénétrable...  Le  recueil  manque  toutefois  d'unité,  car  nous  sor- 
tons ensuite  des  «  paysages  de  l'âme  »,  pour  entrer  en  des  te  poèmes  du 
RoussiUon  «  qui  n'ont  rien  d'abstrait.  Là,  notre  auteur  révèle  une  face 
nouvelle  de  son  talent ;il  s'y  affirme  méridional  épris  des  couleurs,  des 
ligTies,  des  traditions  pittoresques  de  son  pays  natal;  et  sans  égaler  le 
coloris  éblouissant  de  son  compatriote  Henry  Muchart,  il  célèbre,  en 
une  série  de  vives  aquarelles, 

Le  parler  catalan,  si  ruile  et  savoureux, 

Et  les  danses  au  vol  rythmique  et  gracieiix. 

Les  feux  de  la  "Saint- Jean  qui  dans  la  nuit  s'allument... 

...  tous  ces  chants  du  terroir  . 
La  Repa,  lo  Pardal,  Montanyes  régalades, 
Le  vin  qui  coule  en  cascadantes  «  xirritados   » 
Dii  haut  du  bras  levé,  le  vin,  fils  du  pressoir; 
..  Les  jeux  du  carnaval  effervescents  et  fous... 


—  121  — 

et  enfin,  surtout, 

...  le  long  de  rom!)re  des  platanes, 
Flirtant  leur  cruche  en  grès,  les  fines  Catalanes 
Avec  leur  coiffe  ronde  et  leur  f>  ulard  pointu. 

Il  n'y  a  pas  à  regretter  que  I\I.  Frédéric  Saisset  ait  abandonné  un 
instant  les  «  paysages  de  l'âme,  »  puisqu'il  sait  si  bien  regarder  le 
monde  extérieur. 

Poésie  féminine.  —  32.  —  Nous  voici  arrivés  aux  dames  avec 
Dans  le  jardin  de  noire  amour.  M^^e  Alice  Clerc  a  aimé;  elle  avaitun 
cœur,  nous  dit-elle,  «  qui  ne  demandait  qu'à  souvrir  et  s'étendre  ». 
Après  avoir  rêvé  qu'elle  possédait  tout  ce  qu'elle  désirait  :  «  la  beauté, 
la  richesse,  une  villa  normande,  »  eUe  a  vu  enfin  arriver  l'ami  tant 
attendu.  Jour  triomphant  ! 

...    Les  fleurs 
Nous  ten/'ent  leur  cou  mince  et  leur  ronde  cordlle. 

Mais  l'ami  montre  déjà  quelque  scepticisme;  elle  soupire  : 

.Ma  sensibilité  florale  est  si-.ns  échos. 

Et  l'aventure,  d'une  banalité  affreuse,  se  termine  : 

De  loin  vous  prépariez  la  rupture  avec  moi, 

Et  vous  l'avez  effectuée. 
Mon  âme  est  morte,  et  c'est  vous  qui  P.ivez  tn&  ! 

Cependant,  fidèle  à  l'ordinaire  logique  féminine,  cette  âme,'  défini- 
tivement assassinée,  goûte  une  éternelle  joie.  Ne  nous  frappons  pas. 

33.  —  Laissons  la  plaisanterie  pour  signaler  les  Souvenez- voit  s  de 
M™^  Claire  Virenque,  qui  sont  un  des  livres  féminins  les  plus  remar- 
quables de  ces  dernières  années.  C'est  une  série  de  poèmes  d'amour, 
mais  d'amour  dominé  par  la  piété,  par  la  raison,  par  une  forte  disci- 
pline chrétienne,  et  exprimé  dans  un  langage  tellement  sincère,  tel- 
lement spontané  qu'il  ne  porte  presque  plus  de  parure,  ni  de 
date.  La  partie  la  plus  remarquable  de  ce  volume  me  semble 
le  dialogue  qui  en  occupe  à  peu  près  le  centre  et  s'intitule  : 
L' Impossible  Tendresse.  11  nous  fournit  une  note  tout  à  fait  person- 
nelle, en  traitant  la  vieille  question  de  savoir  si  l'amitié,  la  pure  ami- 
tié, est  possible  et  durable  entre  un  homme  et  une  femme  : 

T'.st-il  une  tendresse  à  côté  de  l'amour 
Aussi  grande  que  lui,  m  is  de  forme  idéale, 
Où  l'âme,  qui  cherchait  s^,  sœur  et  son  égnle, 
Trouve  un  bonheur  prefoad  et  pur  cunime  le  jour? 

Dans  le  cas  particulier  dont  elle  nous  décrit  toutes  les  phases,  et  avec 
quelle  souple  délicatesse,  M"^®  Virenque  répond  négativement. 
L'homme  n'a  pas  su  s'égaler  à  celle  qui  lui  disait  si  bien  : 

Artisan  d'ici-b.-is,  travallie  pour  le  ciel. 


—  122  — 

et  qui  lui  offrait  stoïquement 

Qu'une  autre  soit  l'aimée,  et  ni'U  l'ancre  gardien. 
Alors,  ils  se  sont  éloignés,  comme  elle  l'a  voulu, 

Sans  m'-me  se  tourner  sur  leur  geste  hér(iï]U'^, 

et,  après  les  renoncements  nécessaires,  si  vaillamment  acceptés,  il  ne 
reste  plus  aux  cœurs  déchirés  que  les  consolations  divines  :  mais  c'est 
l'abime  insondable  de  l'amour  !  , 

Qu'importe  que  ton  rêve  m3ure, 

—  Pleure,  si  tu  veux,  pleure  un  peu  — 
Mais  pense  à  Celui  qui  demeure  : 

Plus  haut  que  ton  amour,  vois  Dieu. 

•  Qu'importe    que    ton    r.m"»ur   passe, 

—  Pleure,  si  tu  veux,  pleure  un  peu  — • 
Mais  regarde  à  travers  l'espace  : 
Plus  haut  que  ton  amour,  vois  Dieu. 

Qu'importe  ton  mU  ou  ta  peine, 

—  Pleure,  si  tu  veux,  pleure  un  peu  — 
Mais  qi''est-ce  que  la  vie  humaine? 
Ai'-dessï  s  de  ton  mal,  vois  Dieu. 

Nous  n'avons  pas  la  place  d'en  citer  davantage.  Mais  ceci  suffit  à 
montrer  que  M"^^  Virenque,  qui  a  fondé  le  prix  de  Littérature  spiri- 
tiialiste  et  a  donné  un  si  vif  essor  au  renouveau  chrétien  de  la  jeune 
poésie,  peut  aussi  offrir  des  modèles  de  noble  inspiration.  Dans  le 
chœur  des  voix  féminines  d'aujourd'hui,  elle  est  la  muse  de  la  pure 
tendresse.  ,j 

34.  —  M"i^  A.  de  Bary  n'a  pas  d'aussi  hautes  ambitions;  dans  ses 
Voix  de  la  montagne,  elle  se  contente  de  noter  des  paysages,  des  lé- 
gendes alpestres,  beaucoup  d'inutilités  et  un  certain  nombre  de 
chansons  qui  doivent  être  charmantes  en  musique. 

Anthologies.  Recueils.  —  35.  —  L' Antologia  procenzale^de  M.  E. 
Portai,  est  une  preuve  éclatante  et  nouvelle  de  l'attention  apportée, 
au-delà  de  nos  frontières,  à  notre  littérature  félibréenne.  11  y  a  peut- 
être  trop  de  choses  dans  ce  recueil;  mais  c'est  un  vaste  répertoire  qui 
fournit  bien  des  morceaux  oubliés  et  introuvables  et  qui  rendra, 
même  aux  Français,  de  notables  services.  Ajoutons  que  l'auteur  s'est 
documenté  auprès  d'autorités  sérieuses  :  Paul  Roman,  Esticu,  Per- 
bosc.  On  regrette  seulement  que  les  biographies  des  auteurs  cités 
soient  séparées  de  cet  excellent  volume. 

36.  —  Nous  n'avons  pas  à  revenir  ici  sur  la  discussion  élevée  au- 
tour des  Œuvres  inconnues  de  Racine,  découvertes  par  M.  l'abbc  Bon- 
net à  Saint-Pétersbourg.  Ces  paraphrases  des  Psaumes,  attribuées 
jusqu'ici  à  Eustache  Lo  Noble,   sont-eUes  de  Racine?  M.  Bonnet 


—  123  — 

semble  l'établir  par  la  qualité  du  papier,  par  l'écriture  des  corrections, 
par  d'intéressants  rapprochements  de  style.  Quelquefois  même,  il 
veut  trop  prouver.  De  ce  que  Racine  a  écrit  dans  Briiannicus  : 

Dans  le  fond  de  ton  cœur,  je  sais  que  tu  me  h;iis, 

il  ne  s'ensuit  pas  que  lui  seul  pouvait  écrire  dans  le  psaume  XIII  : 

Le  fou,  dans  le  fond  de  son  cœur  (p,  155)  ; 

et  de  ce  que  nous  trouvons  dans  Phèdre     : 

Minos  juge  aux  enfers  tous  les  pâles  humain<5, 
il  n'y  a  pas  à  inférer  qu'il  soit  l'auteur  de  ce  vers  du  même  psaume  : 

Ils  traînent  le  malheur  et  la  pâle  tristesse  (p.  1561. 

Quoi  qu'il  ensoit,  il  faut  remercier  M.  l'abbéBonnet  de  nous  avoir 
rappelé  une  œuvre  qui  aura  désormais  sa  place  dans  notre  grande 
poésie  religieuse.  Certains  sonnets  —  on  les  a  cités  déjà  un  peu  par- 
tout —  sont  fort  beaux.  D'autres  sont  ordinaires.  Par  exemple,  pour 
traduire  :  Quoniam  contiirbata  siint  ossa  /nea,  je  n'aime  pas  beau- 
coup  : 

...  C''lmez  le  trouble  qui  me  tue 
Et  de  mes  os  perclus  rassurez  les  ressorts  (p.  5); 

Ni,  en  regard  de  :  Et  non  est  sanitas  in  carne  meâ, 

Quand  tout  mon  pauvre  corps  n'a  pas  une  paT*tie 
Où  je  plisse  trouver  une  ombre  de  santé  (p.  38). 

Mais  arrêtons-nous;  en  critiquant  Eustache  Le  Noble,  nous  pour- 
rions avoir  l'air  de  manquer  de  respect  à  Racine. 

Poèmes  en  prose.  —  37.  —  Il  est  difficile  de  définir  les  lois  des 
poèmes  en  prose  :  ceux  que  M.  Gabriel  Sarrazin  a  réunis  dans  la  Chan- 
son du  poète  errant  ne  nous  y  aideront  pas,  car  leur  rythme  est  presque 
insaisissable.  Toutefois  ce  sont  de  délicates  notations  poétiques,  un 
peu  brèves,  tantôt  sur  des  états  psychologiques,  tantôt  sur  des  voya- 
ges. Remarqué  principalement  les  Châteaux  du  Roi  de  Bavière,  et 
Arles,  «  fleur  de  Provence,  /ries  des  Arlésiennes,  cité  de  la  beauté 
vivante...  » 

38.  —  La  manière  de  M.  Paul  Fort  est  plus  facile  à  saisir,  puisque, 
avec  force  licences,  il  se  contente  de  rythmes  connus,  simplement 
disposés  à  la  queue  leuleu.  Nous  avons  déjà  signalé  le  charme  de  cette 
poésie  fantaisiste.  Mais  pourquoi  paraît-elle  avec  un  semblable  désor- 
dre? La  3®  édition  d'Ile  de  France,  qui  vient  de  nous  arriver  est  ex- 
quise avec  ses  promenades  à  Coucy-le-Château,  Senlis,  Saint-Jean, 
aux-Bois,  Roissy-en-France,  Jouy-en-Josas,  etc.  Mais  pourquoi,  tout 
à  coup,  les  ballades,  quelquefois  un  peu  lestes,  de  Margot  mon  page, 
viennent-elles  rompre  l'unité  du  volume? 


—  12'i  — 

39.  —  Dans  l'Aventure  éternelle,  c'est  encore  plus  d(  ccnceitant  :  le 
recueil  comprend  le  premier  livre  d'une  histoire  d'amour,  puis  des 
pages  délicieuses  consacrées  au  Gâtinais,  pleines  de  poésie  et  à,e  drô- 
lerie, sur  Château-Landon,  Nargis,  le  canal  du  Loing,  et  les  deux 
villages  inattendus  de  Mont-cochon  et  des  Pieds-Chauffés  :  «  A  qui  ne 
le  sait  pas  faites-en  confidence;  j'aime  les  Pieds-Chauffés;  j'aime 
aussi  Montcochon.  «  Il  faudrait  bien  classer  un  peu  toute  cette  pro- 
duction luxuriante  :  mais  M.  Paul  Fort  le  voudra-t-il  jamais? 

Critique.  ■ —  40.  —  M.  Louis  Mandin  peut-être  pourra  nous  répon- 
dre, lui  qui,  mieux  que  personne,  connaît  les  Ballades  jrancaises  et 
leur  auteur.  Son  étude  est  fort  utile  à  consulter. 

41.  —  Il  est  difficile  d'en  dire  autant  du  Nouvel  Essai  sur  Vinten- 
sisme  en  poésie,  où  M.  Charles  de  Saint- Cyr  emploie  bien  des  pages 
et  un  mot  nouveau  pour  remuer  de  vieilles  idées.  Il  a  raison  de  ne 
pas  se  laisser  éblouir  par  M.  Rostand  ni  par  M.  Fernand  Gregh;  mais 
Leconte  de  Lisle  a  écrit  le  Manchy  et  non  le  Manchez  (p.  49)  et  l' Al- 
batros, de  Baudelaire,  n'est  pas  un  sonnet. 

42.  —  Les  Mélanges  de  linguistique  provençale,  de  M.  F  -N.  Nicol- 
let,  renferment  sur  «  le  provençal  d'Arles  au  xiii^  siècle  »  des  rensei- 
gnements intéressants  pour  la  littérature  félibréenne  et  l'œuvre  de 
Mistral 

IL  Théâtre.  —  1.  —  H  y  a  des  sujets  dans  l'air  que  plusieurs  au- 
teurs traitent  simultanément.  L'An  Mille  est  de  ce  nombre.  Le  drame 
que  M.  Victor  Kinon  a  composé  sur  ce  thème  ne  ressemble  guère, 
d'ailleurs,  à  celui  que  M.  Maurice  Magre  fit  exécuter,  l'été  dernier, 
à  Albi  et  à  Toulouse.  C'est  une  sorte  de  formidable  mélodrame,  qui 
oscille  entre  les  Burgraves  et  la  Princesse  Maleine  de  Maeterlinck  : 
cinq  actes  épouvantables  de  fureur,  d'orgie  et  de  démence.  Le  grand 
défaut  de  cette  pièce,  c'est  de  s'achever  comme  la  réelle  fin  du  monde; 
à  ce  point  de  vue,  le  dénouement  de  M.  Maurice  Magre,  qui  nous  mon- 
tre les  hommes  sortant  de  leur  terreur  et  reprenant  goût  à  la  vie,  est 
bien  plus  exact  et  saisissant.  Mais,  malgré  tout,  malgré  des  situations 
d'une  invraisemblance  exaspérée  et  un  style  emphatique  et  boursouflé, 
cet  An  Mille  de  M.  Kinon  a  de  la  puissance,  de  la  grandeur,  et  produi- 
rait certainement  un  effet  impressionnant  sur  la  scène. 

2.  —  Dans  une  note  plus  mesurée,  le  Théâtre  chrétien  de  M.  Paul 
Janot  se  recommande  tout  spécialement  à  notre  attention.  Il  ne 
s'agit  pas  du  tout  des  habituelles  pièces  de  patronage,  mais  de  véri- 
tables drames,  mystères,  comédies,  employant  les  vrais  moyens  du 
théâtre  à  la  diffusion  des  idées  patriotiques  et  religieuses.  Nous 
applaudissons  au  succès  à' Au  Clocher  qui  fut  représenté  à  Paris,  en 
juin  dernier;  mais  le  volume  contient  d'autres  œuvres  au  moins  aussi 
remarquables  :  Magnificat,  émouvant  épisode  de  l'expulsion  des  con- 


—  125  — 

grégations;  CAec  Pilate,  excellente  satire  dans  la  manière  de  Courte- 
line,  et  qui  ne  comprend  que  des  rôles  d'hommes;  enfin  l'Ange  de 
Noël,  une  sorte  de  délicieux  «  miracle,  »  moderne  et  archaïque  à  la 
fois,  qui  est  un  vrai  petit  chef-d'œuvre  et  au  sujet  duquel  M.  Maurice 
Barrés  a  écrit  à  l'auteur  :  «  Votre  affabulation  est  d'une  imagination 
rare,  poétique,  qui  m'a  rappelé  certaines  fables  religieuses  du  moyen 
âge,  ces  charmants  contes  de  la  Vierge,  où  l'on  voit  des  personnages 
de  la  plus  noble  qualité  se  dévouer  au  service  de  Notre-Dame.  » 

3.  —  La  Babel,  de  M.  Adolphe  Môny,  fait  aussi  partie  d'une  série; 
mais  elle  appartient  au  genre  tout  différent  des  énormes  tragédies 
dont  les  théâtres  de  plein  air  ont  donné  le  goût.  Ingénieur  des  mines, 
médecin,  oculiste,  sculpteur,  alpiniste,  M.  Môny  a  beaucoup  travaillé, 
jusqu'à  l'âge  de  quatre-vingts  ans.  Il  est  douteux  cependant  que  ses 
pièces  de  théâtre,  injouées,  conservent  sa  mémoire. 

4.  —  Encore  du  théâtre  imprimé,  après  de  vaines  attentes  chez  les 
directeurs,  que  :  La  Peine  de  vivre  et  Châtiment.  M.  Êrnile  Pierret,  leur 
auteur,  qui  se  lamente  avec  raison  sur  la  décadence  de  notre  art  dra- 
matique, semble  croire  que  M.  Paul  Bourget  n'a  dii  qu'à  son  grand 
nom  d'imposer  sur  le  Boulevard  des  œuvres  comme  la  Barricade.  Il  y 
a  là  une  petite  exagération.  La  Barricade'  peut  offrir  des  tendances 
discutables  :  elle  n'en  est  pas  moins,  surtout  dans  ses  trois  premiers 
actes,  un  drame  supérieurement  agencé  et  dialogué,  alors  que  les 
pièces  de  M.  Pierret  se  font  remarquer  soit  par  leur  décousu,  soit  par 
leur  inexpérience.  On  a  rendu  service  à  leur  auteur,  qui  peut  être  un 
probe  écrivain  et  un  excellent  moraliste,  en  ne  les  exposant  pas  aux 
feux  de  la  rampe. 

5.  —  Serait-il  prudent  de  tenter  cette  épreuve  avec  VOtage,  de  M. 
Paul  Claudel?  On  me  pardonnera  d'en  douter.  Je  ne  méconnais  point 
le  grand  talent  de  Paul  Claudel  et  je  crois  que,  de  tous  ses  drames 
symboliques,  VOtage  est  le  plus  compréhensible.  Toutefois,  cette 
pièce  philosophique,  politique  et  religieuse,  qui  se  déroule  entre 
l'ancien  régime,  la  société  nouvelle,  la  France,  l'Église  et  la  foi, 
sous  les  personnages  du  Pape  Pie  VII,  du  curé  Badilon,  de  Sygne  de 
Coûfontaine,  de  son  oncle  le  vicomte  Ulysse -Agénor- Georges  de  Coû- 
fontaine  et  Dormant,  et  du  baron  puis  comte  Toussaint  Turelure, 
préfet  de  la  Marne  puis  de  la  Seine,  agite  de  trop  formidables  pro- 
blèmes, sous  son  style  tout  en  versets  comme  l'Apocalypse,  pour 
qu'un  public,  même  très  éclairé,  puisse,  au  vol,  en  pénétrer  le  sens. 
Contentons-nous  donc  de  lire  l'Otage  dans  sa  superbe  édition  ;  tâchons 
d'en  goûter  toutes  les  beautés  —  quelquefois  en  nous  prenant  la  tête 
à  deux  mains  —  et  ne  regrettons  pas  que  M.Claudel  ne  dispute  aucun 
brin  de  laurier  à  MM.  de  Fiers  et  de  Caillavet. 

6.  —  MM.  Martin- Valdour  et  Charles  Gallo,  eux,  ont  été  joués,  et 


—  126  — 

si  ce  n'était  un  dialogue  beaucoup  trop  haché,  à  l'imitation  de  Ros- 
tand, leur  conte  en  vers  :  Pendant  la  croisade,  ne  ferait  pas  trop  d© 
concessions  à  la  triste  mode  du  jour.  La  place  nous  manque  pour  ana- 
lyser cet  acte  très  bien  agencé,  tout  à  la  gloire  de  la  femme  française  et 
à  l'exaltation  des  plus  nobles  sentiments.  Oserai-je  noter,  en  marge^ 
que  l'adjectif  pieux  compte  deux  syllabes?  C'est  le  substantif  pieu 
qui  n'en  a  qu'une. 

7.  —  M.  Maurice  Obvaint,  lui  aussi,  nous  envoie  trois  petits  actes^ 
représentés  à  la  Comédie -Française  et  à  l'Odéon,  s'il  vous  plaît  :  La 
Champmeslé  au  camp,  la  Ballade  à  Bérengère,  l'Apothéose  de  Musset. 
Je  ne  suis  pas  très  sûr  que  M.  Olivaint  ait  un  sens  très  profond  du 
théâtre,  de  l'intérêt  dramatique,  mais,  en  tout  cas,  c'est  un  écrivain 
maître  de  sa  plume.  Il  le  prouve  dansles  nombreux  poèmes  qui  accom- 
pagnent ses  petites  pièces  et  qu'il  a  groupés  sous  le  titre  général  de  :- 
Poèmes  de  France  et  d'Algérie.  Il  y  célèbre  tout  à  tour  la  Normandie, 
l'Algérie,  ses  émotions  personnelles  et  d'aimables  fêtes  officielles.. 
Toutefois,  ses  imitations  des  poèmes  arabes  nous  laissent  un  peu  rê- 
veur : 

Ses  dents  sont  un  collier  de  perle?  qui  repose 
Au  fond  d'un  riche,  écrin  sur  de  l'ouate  rose... 
—  ...  Je  ris  des  yatagans  aux  hunes  bien  trempées, 
Mais  j'ai  peur  de  tes  cils,  ces  mignonnes  épées. 

Je  n'aime  pas  M.  Maurice  Olivaint  en  mamamouchi. 

8.  —  Terminons  par  le  théâtre  en  plein  air,  pour  nous  consoler  des 
rigueurs  de  la  saison  :  Le  Réveil,  de  M.  Henri  Guerlin,  a  été  créé,  le 
13  août  dernier,  sur  le  Théâtre  de  verdure  de  Courçay-sur-Indre. 
C'est  l'histoire,  un  peu  longue,  de  nos  paysans  de  Touraine,  maltraités 
et  rançonnés  par  les  Anglais,  mais  peu  à  peu  reprenant  courage  et 
relevant  la  tête  au  bruit  de  l'arrivée  de  Jeanne  d'Arc.Au  dernier  acte, 
on  entend  les  trompettes  de  la  sainte  Libératrice  et  le  chant  du 
Vexilla  Piegis,  qui  annonce  sa  marche  triomphale.  C'est  un  beau  mo- 
ment,   mais   bien   longtemps   désiré.        îà    Armand  Praviel. 


HISTOIRE,  ART  ET  SCIENCES  MILITAIRES 

Mémoires  du  capitaine  Bertrand  (Grande  Jrm'e  1805-1815J,  recueillis  et  pu  liés 
par  le  colo.;el  Chaland  de  la  Guillanche,  son  petit-fils,  Angers,  Siraudcr^.u, 
1911,  in-8  de  312  p.,  5  fr.  —  2.  Un  Héros  de  la  Grande  Armée.  Jean  Gaspard  Hulot 
de  Collart  (1780-1854),  par  le  vicomte  du  Motey.  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1911, 
in-8  de  xiv-585  p.,  avec  pi.  et  cartes,  7  fr.  50.  —  3.  Quatre  g/'néraux  de  la  Révo- 
lution. 2*^  série.  Hoche  et  Desaix.  Kléber  et  Marceau,  par  Arthur  Chuquet.  Paris, 
Fontemoing,  1911,  in-8  de  47'i  p.,  7  fr.  50.  —  4.  Les  Levées  départementales  dans 
V Allier  sous  la  Révolution  (1791-1796),  par  le  lieut'-co!'''  Dulac.  T.  II.  Paris,  , 
Plon-Nourrit,  1911,  in-8  de  520  p.,  7  fr.  50.  —  5.  ZUich.  Masséna  en  Suisse,  par 
le  capitaine  L.  Hennequin.  Paris  et  Nancy,  Berger- Le vrjiult,  1911,  in-8  de  xxii- 
559  p.,  12  fr.  —  6.  Guerres  d'Espagne,  Le  Prologue.  Expédition  iu  Portugal  (1807), 


—  127  — 

par  le  licut'-cnb'  L.  Picaro.  Paris,  Jouve,  1912,  ^r.  in-8  de  viii-354  p.,  5  fr.  — v. 
De  Munich  à  Vilna,  à  Vétat-major  du  corps  bavaroi'i  de  la  Grande  Armée,  en  1812 
d'après  les  papiers  du  général  d' Albignac,  par  le  lieut'-col'''  Sauzey.  Paris,  Cha- 
pelot,  1911,  gr.  in-8  de  xxiv-239  p.,  avec  9  grav.  et  9  planches,  7  fr.  50.  —  8. 
Soldats  suisses  au  service  étranger.  Aventures  de  guerre  du  capitaine  C.  Gattlen. 
Vie  et  aventures  d'un  pauvre  homme  du  Toggenbourg  (U.  Braecker).  Correspon- 
dance et  Journal  de  A.  Massé.  Genève,  A.  Jullien,  1912,  in-lG  de  iv-343  p.,  3  fr.  50. 
—  9.  Les  Gardes  d'honneur  de  la  Marne,  1813,  pr.r  François  Sagoi.  Pari?,  Cham' 
pion,  1911,  in-8  de  167  p.,  2  fr.  50.  —  10.  Lettres  de  1793,  l^e  série.  Lettres  de  1812, 
{re  série.  lettres  de  1815,  1'''=  série,  par  Arthur  Chuquet.  Paris,  Champion,  1911, 
3  vol.  petit  in-8,  de  311,  368,  et  413  p.,  chp.(,ue  vol.,  3  fr.  50.—  11.  1809.  Carn. 
pagne  de  Pologne.  Vol.  T.  Documents  et  matériaux  français,  par  Wladyslaw  de 
Fedorowic?-.  Paris,  Plon-Nourrit,  19;  1,  in-8  de  iv-447  p.,  7  fr.  50.  —  12.  La  Vie 
militaire  du  maréchal  Ney,  duc  d'Elchingen,  prince  de  la  Moskcwi,  par  le  général 
H.  Bonn  AL.  T.  II.  Paris,  Chapelot,  19  il.  g.  in-8  de  508  p.,  avec  portrait  et  18 
cartes,  14  fr.  —  13.  Gands  Artilleurs.  Le  Maréchal  Valée,  1773-1846,  par  Maurice 
GiROD,  de  l'Ain.  Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault,  1911,  ge.  in-8  de  495p.,p.vec  un 
portrait,  2  reprod.  de  talOeaux  et  2  cartons,  12  f.  —  14.  Clauseivitz,  par  le  colo- 
nel Camon.  Paris,  Chapelot,  1911,  in-8  de  x-269  p.,  avec  17  cartes,  4  fr.  —  15.  Le 
Maréchal  Pélissier,  duc  de  Malakoff,  par  le  général  D  :rrécagaix.  Paris,  Chapelot, 

1911,  in-8  de  viii-635  p.,  avec  3  pi.  et  2  cartes,  10  fr.  —  16.  Voyage  d'hi'iloire 
militaire  de  Mgr  le  duc  d'Orléans  en  Bohême  [août  1910),  par  le  générel  Bonnal. 
Paris.  Nouvelle  Li'irairie  nationale,  1911,  g*.,  in-8  de  97  p.,  avec  portrait  et  fac- 
similé  de  lettre  autogrp.phe,  3  fr.  50.  —  17.  La  G  lene  de  1870-71  et  le  Traité  de 
Francfort,  d'apr." s  les  derniers  documents,  par  le  général  Bourelly.  Pgris,  Penin, 

1912,  in-16,  vii-221  p.,  2  fr.  50. —  18.  La  Bataille  de  Frceschwlller.  Les  Préliminaires, 
les  incertitudes,  l'événement,  par  A.  de  Metz-Norlat.  Pa.is  et  Nancy,  Berger- 
Levrault,  1911,  in-8  de  124  p.,  a^vec  2  cartes  et  un  itinéraire  du  champ  de  bataille, 
2  fr.  50.  —  19.  Les  Surprises  de  Baalon  et  de  Stenei/  en  1870,  par  le  capitaine  Le- 
clère.  Paris,  Charles  Lavauzelle,  s.  d.,  in-8  de  44  p.,  1  fr.  —  20.  Les  Japonais 
en  Mandckourie,  p  r  le  colonel  Cordonnier.  Paris,  Charles  Lavauzelle,  s.  d.,  in-8 
de  286  p.,  6  fr.  —  21.  L' Armée  russe  au  feu  pendant  la  guerre  de  1904-1905,  par  le,, 
lieutenant  de  landwehr  Richard  ULLRicH;trad.  par  Raoul  deMarsollet.  Paiis, 
Chapelot,  1911,  in-8  de  vin-316  p.,  6  fr.  —  22.  Guerre  -russo-japonaise,  1904- 
1905.  Historique  rédigé  à  rétat-mijor  général  russe;  trp,d.  sous  la  direction  du 
2*'  bureau  de  l'état-m'ijor  de  l'armée  française.  T.  II",  1'^  et  2«  parties.  Paris, 
Chapelot,  1911,  2  vol.  ensemble  ix-932  p.,  avec  atlas,  45  fr.  —  23.  La  Guerre  avec- 
le  Japon.  Drclaralions  nécessaires.  Réponse  à  l'ouvrage  du  général  Kouropat-kine, 
par  le  comte  Witte;  trad.  de  E.  Duchesne.  Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault, 
19;  1,  ia-8  de  vii-77  p.,  2  fr.  50.  —  24.  Campagne  de  1908-1909  en  Chaouïa,  par  le 
général  d'Amade.  Paris,  Chp,pelot,  1912,  in-8  de  vi-393  p.,  avec  44  cartes  et  cro- 
quis dont  33  hors  texte  et  20  photos  hors  texte,  7  fr.  50.  —  25.  Documentas  ine- 
ditos  para  la  historia  de  Mexico.  J  Mémoriat  del  rorone/ Manuel  Maria  GiménEZ, 
ayiidante  de  campo  del  gênerai  Santa  Anna  (179o-1878).  II.  La  Cooperacion  de 
Mexico  en  la  independencia  de  Centra  America,  por  el  gênerai  Vicente  Filisola. 
1.  I  et  IJ,  publicados  por  Geina  ;o  Garcia.  Mexico,  Vda.  Bouret,  1911,  3  vol.  petit 
in-8  de  286,  327  et  340  p.,  15  fr.  —  26.  L.es  Grandes  Marches  d'année,  par  le  gé- 
néral H.  BoNNAL.  Paris,  Chapelot,  1911,  in-8  de  65  p., 1  fr.  50. —  21. L'Économie  des 
forces  à  la  bataille  de  Ligny,  par  le  commandant  Bourguet.  Paris,  Charles- Lavau- 
zelle, s.  d.,  in-8  de  32  {).,  0  fr.  75.  —  28.  L?s  Grands  Espions.  J^ur  histoire,  par 
Paul  et  Suzanne  Lanoir.  T.  I.  Paris,  FicKer,  1911,  in-16  de  335  p.,  3  fr.  50.  — 
29.  Paroles  d'un  soldat,  par  le  général  Bruneau.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d., 
in-16  de  304  p.,  3  fr.  50.  —  30.  Le  Devoir  militaire,  par  le  com*  J.-A.  Ordioni. 
Pi-ris,  H.  Paulin,  1911,  in-18  de  56  p.,  1  fr.  25.  —  31.  Syndicats  d'officiers,  par 
PoBERT  DE  Boiseleury,  Paris,  Nouvelle  Liîjrairie  nationale,  s  d.,  in-18  de  71  p., 
0  fr.  75.  —  32.  Ca-.'alerie  Procédés  techniques:  la  cavalerie  dans  l'ensemble  de  l'ar- 
mée, la  cavrlerie  dans  la  bmaillc,  ^îw  le  C^\>iU\'me  Loir.  Pari?,  Chapelot,  1912,  in-S 
de  x-'iOl  p.,  aA'ec  nom')r.  croquis  et  12  certes,  9  fr.  —  33.  L'Infanterie  -i  la  guerre. 
par  le  capitaine  A.  Balédent.  Paris,  Chapelot,  1911,  in-8  de  xxiv-202  p..  avec 


_  12>^  — 

3  cartes,  5  fr.  —  3'i.  La  Tyrannie  de  Varm^.  à  feu,  par  le  capitaine  Ltnarès.  P;  - 
ris,  Ch-îpelot,  J91 1,  in-8  de  ix-'l  p.,  1  fr.  50.  —  35.  Le  Combai  sous  bois  H  les  com- 
pagnies foresii'Tes,  par  Lucien  Chancerel.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d., 
in-8  de  104  p.,  2  fr.  50.  —  36.  Combinaison  des  efforts  de  r infanterie  et  de  l'artillerie 
dans  le  combat,  par  le  commandant  Niessel.  2<;  éd.  Paris,  Charles-Lavauzelle, 
s.  d.,  in-8  de  68  p.,  1  fr.  25.  —  37.  Une  Conférence  anglaise  sur  la  liaison  des 
armes,  p?r  le  brigadier  gôn'^ral  R.-C.-B.  Haki^c;  trad.  de  l'anglais  par  le  colonel 
d'artillerie  Dubois.  Pnris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-8  de.  6C  p.,  1  fr.  25.  — 
38.  Infanterie  et  artillerie  en  liaison,  par  le  lieutenant-colonel  Thomas  de  C.olli- 
GNY.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-8  de  126  p.,  2  fr.  50.  —  39.  Dans  quelle 
mesure  l'infanterie  peut-elle  compter  sur  l'artillerie  pour  appuyer  son  attaque?  par 
le  colonel  Lalubin.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-8  de  168  p.,  3  ''r,  rj(».  —  40, 
Infanterie  française  et  artillerie  allemande,  par  le  commandant  Gascouin,  Paris, 
Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-8  de  152  p.,  3  fr.  —  41.  yl  i?  C  tactique,  par  le 
génc;ral  Crémer.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  1911,  in-16  de  72  p.,  1  fr.  50,  —  42. 
Emplois  civils  et  militaires  réservés  aux  engagés  et  rengagés.  Paris,  Charles-Lavau- 
zelle, 1911,  in-8  de  326  p.,  2  fr.  50.  —  43.  La  Menace  prussienne.  La  Riposte, 
par  le  lieutenant  Hayem.  Paris,  r.hnrles-Lavauzelle,  s.  d.,  gr.  in-8  de  48  p., 
1   fr.  g;ï?/-        -     r     •  ^"^        "~  ■ 

1. — Nous  l'avons  dit  à  différentes  reprises  ici  même  :  on  n'aurait 
jamais  cru,  il  y  a  encore  un  demi-siècle,  que  ces  soldats  du  premier 
Empire,  qu'on  entrevoyait,  à  cette  époque,  seulement  comme  des 
traîneurs  de  sabre  assez  frustes,  eussent  compté  un  aussi  grand  nom- 
bre d'esprits    délicats,  primesautiers  même,  quelques-uns  fins  lettrés, 
qui  aimaient  à  noter,  dans  leurs  soirées  de  bivouac,  les  détails  delà 
vie  aventureuse  qu'ils  avaient  vécue  dans  la  journée.  C'est  une  réfle- 
xion qui  nous  venait  encore  une  fois  à  la  pensée, en  lisant  les  Mémoires 
du  capitaine  Bertrand,   que  vient  de  faire  paraître  son  petit-fils,  le 
colonel  Chaland  de  la  Guillanche.  Ces  Mémoires,  par  leur  intérêt,  la  va- 
leur des    détails  sont  appelés  à  prendre  un  place  honorable  à  côté 
des  Souvenirs  de  Marbot,  de  Thiébault,  Noël,  Gonneville,  Saint-Cha- 
mans,   etc.,   etc.  Bertrand,   entré   dans  l'armée  quinze  jours  avant 
Austerlitz,  y  demeure  jusqu'à  la  fin  de  l'Empire  et  met  ces  dix  années 
à  conquérir  ses  épaulettes  de  sous-lieutenant.  Mais,  comme  il  n'est 
nommé  que  quinze  jours  après  la  bataille  de  Waterloo  par  le  géné- 
ral Rapp,  et  au  nom  de  Bonaparte,  le  gouvernement  royal  n'a  guère 
la  possibilité  de  le  confirmer  dans  ce  grade.  Licencié  le  1^^  novembre 
1815,  Bertrand,  qui  a  la  passion  de  son  métier,  tient  à  rentrer  de  n'im- 
porte quelle  façon,  dans  l'armée,  et  c'est  ainsi  que  nous  le  voyons  en 
mars  1816,  contracter  un  engagement  comme  simple  fusilier  au  1^' 
régiment  d'infanterie  de  la  garde  royale.  Sous-lieutenant  en  1825, 
lieutenant  en  1830,  capitaine  en  1836,  il  prit  sa  retraite  trois  ans 
après  et  mourut  en  1864  ayant,  pendant  70  ans,  mené  une  vie  d'hon- 
neur et  de  loyauté.  Le  colonel  de  la  Guillanche  a  bien  fait  de  remettre 
en  lumière  la  figure  de  ce  vieux   soldat,   dont  les   souvenirs    consti- 
tuent une  contribution  intéressante  à  l'histoire  du  premier  Empire. 

2.  —  Le  nom  de  Hulot  n'est  pas  inconnu  à  quiconque  s'occupe  de 


—  12L>  — 

l'histoire  du  premier  Empire,  les  Mémoires  du  général  Hulot,  parus 
jadis,  dans  le  Spectateur  militaire,  autant  qu'il  nous  en  souvient, 
constituent  sur  la  période  impériale  un  document  de  valeur.  Le 
Hulot  dont  nous  parle  aujourd'hui  le  vicomte  du  Motey  n'est  pas 
l'auteur  des  Mémoires,  mais  son  frère  dit  Hulot  de  Collart,  personnage 
de  moindre  envergure  que  le  précédent,  néanmoins  aussi  intéressant, 
peut-être  même  plus  intéressant  à  d'autres  points  de  vue.  Élève  de 
l'École  polytechnique  en  1796,  capitaine  d'artillerie  à  27  ans,  chef 
de  bataillon  à  33  (1813),  Hulot  de  Collart  eût  pu  atteindre  aux^plus 
hauts  grades  de  la  hiérarchie  militaire  si  l'Empire  avait  duré.  Mais  les 
événements  de  1814  vinrent  mettre  à  néant  les  espérances  du  jeune 
officier  et  ce  fut  ainsi  qu'il  fut  amené  à  prendre  sa  retraite  en  1830, 
comme  lieutenant-colonel,  s'étant  trouvé,  par  la  force  inéluctable  des 
événements,  cristallisé  dans  ce  grade  pendant  un  peu  plus  de  seize 
années.  C'est  à  l'aide  des  lettres  éci-ites  par  Hulot  de  Collart  et  en  les 
donnant  la  plupart  du  temps  in-extenso,  que  M.  du  Motey  a  recons- 
titué cette  existence  mouvementée  du  vaillant  soldat  qui  fut  à  la  fois 
un  chrétien  et  un  royaliste  convaincu.  On  lira  avec  intérêt  ce 
livre  rempli  de  détails,  de  renseignements  inédits  sur  les  campagnes 
du  premier  Empire.  A  ce  dernier  point  de  vue,  le  travail  de  M.  du 
Motey  :  Un  Héros  de  la  Grande  Armée,  Jean  Gaspard  Hulot  de  Collart 
dépasse  le  cadre  d'une  simple  biographie;  c'est  en  somme  une  étude 
d'intérêt  général  qu'on  devra  nécessairement  consulter  pour  l'his- 
toire des  campagnes  napoléoniennes. 

3.  —  Dans  son  livre  :  Quatre  généraux  de  la  Ré^^ohition  :  Hoche  et 
Desaix,  Kléber  et  Marceau,  M.  Chuquet  a  réuni  environ  six  cents 
lettres  ou  documents  divers  concernant  les  généraux  dont  les  noms 
sont  inscrits  au  frontispice  du  volume.  Certaines  de  ces  lettres  étaient 
déjà  connues  mais  les  chercheurs  seront  bien  aisés  de  les  trouver 
groupées  ici.  Recueil  intéressant  et  qui  pourra  rendre  service  aux 
écrivains  s'occupant  de  la  période  révolutionnaire. 

4.  —  Les  Levées  départementales  dans  V Allier  sous  la  Révolution 
de  M.    le    colonel    Dulac,    constituent     un    très    utile    document 
pour  l'histoire  militaire  de  la  période  révolutionnaire,   à  ses  débuts 
surtout.  Sans  doute  on  pourrait  penser  tout  d'abord  que  ce  travail 
qui  apparaît  seulement    comme    une  série  de   pièces    détachées 
comme  un  répertoire  de  noms,  de  lettres,  de  fragments,  de  Mémoires 
ou  de  Souvenirs  divers,  n'a  d'intérêt  qu'au  point  de  vue  de  l'histoire 
locale.  En  réalité,  une  étude  plus  attentive  de    cette  étude  témoigne 
qu'il  y  a  là  autre  chose  qu'une  histoire  de  clocher.  Quantité  de   faits 
mis  au  jour  par    M.  Dulac  jettent  une  lumière  très  vive  et  très  nette 
sur  certains  points  controversés  de  la  question  des   volontaires  sous 
la  Révolution.  A  ce  point  de  vue,    la  valeur    de    cette    publication 

FÉVRIER  1912  T.  CXXIV.  9. 


—  130  — 

s'affirme  comme  mie  de  celles  dont  les  historiens  devront  désorinai» 
tenir  compte. 

5.  —  Si  Masséna  fut,  au  point  de  vue  moral,  le  personnage  sujet  à 
caution  que  l'on  sait,  le  «  déprédateur  intrépide  »  dont  parlait  Napo- 
léon à  Sainte- Hélène,  il  fut,  tout  de  même,  le  soldat  audacieux  et 
heureux  qui  a  inscrit  dans  les  fastes  militairesdenotrearméequelques 
journées  glorieuses.  Parmi  ces  dernières,  celles  des  24  et25  septembre 
1799,  les  grandes  journées  de  Zurich,  demeurent  parmi  les  mémora- 
bles, puisque,  du  même  coup,  le  futur  duc  de  Rivoli  non  seulement 
'nfligeait  à  Korsakov  une  sanglante  défaite,  contraignait  Souvorov 
à  une  désastreuse  retraite  sur  les  Grisons,  mais  forçait  encore  la 
Russie  à  se  retirer  de  la  deuxième  coalition.  En  dépit  de  l'intérêt  que 
présentent  de  tels  événements,  il  ne  paraît  pas,  à  l'examen  de  la 
bibliographie  d'origine  et  de  langue  françaises,  que  cette  campagne 
eût  éveillé  im  très  vif  sentiment  de  curiosité  dans  notre  pays  et  c'pst 
pour  combler  cette  lacune  que  M.  le  capitaine  L.  Hennequin  vient  de 
reprendre  le  sujet.  Son  travail  Zurich.  Masséna  en  Suisse  (juillet- 
octobre  1799)  est  l'étude  la  plus  complète  que  nous  ayons  encore  lue 
sur  la  matière. 

6. — M.  le  colonel  L.  Picard  commence,  chez  Jouve,  une  histoire 
des  Guerres  d'Espagne  sous  le  premier  Empire  et  nous  donne  aujour- 
d'hui le  Prologue  de  cette  désastreuse  équipée,  V Expédition  du  Portu- 
gcd.  (Pourquoi  du  Portugal  et  non  de  Portugal.  Est-ce  que  Ton  dit 
l'Expédition  de  /a  Russie,  l'Expédition  (Ze  /a  Chine?).  Nous  signalons 
ce  travail  comme  ime  étude  intéressante,  mais  qui  devra  être  examinée 
de  près  par  la  critique.  Surtout  après  les  jugements  sévères  publiés 
par  l'écrivain  dans  sa  préface  sur  la  valeur  des  historiens  en  général, 
sur  ceux  qui  l'ont  précédé,  on  serait  en  droit  d'espérer  qu'il  fera 
beaucoup  mieux.  Or,  nous  avons  été  surpris  de  voir  qu'à  diverses 
reprises  M.  le  colonel  Picard  se  départ  du  calme,  de  la  sérénité  indis- 
pensables à  l'historien.  Quand  il  nous  parle,  par  exemple  (p.  105),  du 
'(  nombre  incalculable  de  victimes  sacrifiées  par  Torquemada  »,  on 
se  demande  si  cette  assertion,  à  propos  d'une  légende  dont  la  critique 
historique  a  laissé  fort  peu  de  chose  debout,  est  bien  à  sa  place  dans 
une  histoire  de  V Expédition  de  Portugal  en  1807.  Quoiqu'il  en  soit,  le 
travail  de  M.  L.  Picard  est,  nous  le  répétons, une  œuvre  consciencieuse 
et  d'une  valeur  certaine;  nous  attendrons  l'apparition  des  volumes 
suivants  pour  l'étudier  plus  en  détail. 

7.  —  De  Munich  à  Vilna,  en  1812,  de  M.  le  lieutenant-colonel  Sau- 
zey,  est  l'histoire  du  corps  bavarois  de  la  Grande  Armée  pendant  la 
campagne  de  Russie.  Cette  étude,  écrite  presque  entièrement  avec  les 
papiers  du  général  d'Albignac,  chef  d'état-major  au  6"^  corps,  sera 
sans  doute  suivie  d'une  seconde  partie,  puisque  le  présent  volume  ne 


—  I>31'  — 

nous  conduit  pas  au-delà  du  15  juillet.  —  M.  Sauzey  ne  peut  laisser 
son  œuvre  inachevée  et  nous  aimerions  à  le  voir  nous  dire  ce  que 
firent  les  Bavarois  dkns  la  deuxièhie  partie  de  1^'  campagne,  notam^ 
ment  à  Polotzk.  Comme  le  dit  l'auteur  avec  justesse,  le  soldat'  bava- 
rois du  premier  Empire  est  tellement  français  de  cœur  qu'il  nous 
intéresse  plus  qu'aucun  de  nos  alliés  de  cette  époque  :  l'infamie  d'un 
de  Wrède  ne  doit  pas  nous  faire  oublier  cette  vérité. 

8. —  La  collection  des  Soldats  suisses  au  service  étranger,  commencée 
il  y  a  trois  ans  par  l'éditeur  .JuUien,  de  Genève,  vient  de  s'enrichir 
d'un  nouveau  volume  consacré  aux  Aventures  de  guerre  du  capitaine  C. 
Gattlen,  à  la   Vie  et  aventures  d'un  pauvre  homme  du    Toggenbourg 
(U.  Braeker),  enfin  à  la  Correspondance  et  journal  de  A.   Massé.   Les 
souvenirs  de  Gattlen  et  ceux  de  U.  Bfaeker,  «  le  pauvre  homme  du 
Toggenbourg,  »  ont  paru  jadis  en  allemand,  et  c'est  la  première  fois; 
croyons-nous,  qu'on  en  donne  une  version  française.  Des  Mémoires 
de  Gattlen  nous  dirons  peu  de    chose,    sinon,   que  sans  avoir  une 
valeur   historique  notable  et  quoique  on  puisse  même,  à  propos  de 
Marengo  par  exemple,  y  signaler  quelques  erreurs,  ils  demeurent 
cependant  intéressants  à  lire  et  pleins  d'aperçus  curieux  sur  la  vie 
militaire  dans  les  armées  dé  cette  époque.  Mais  le  récit  capital  de  ce 
volume,  c'est  la  narration  de  Braeker,  que  son  charme,  sa  couleur, 
son  pittoresque  désignent  comme  un  vrai  bijou  littéraire.  Ce  «  pauvre 
homme  du  Toggenbourg  »  est  réellement  un  pauvre  diable  qu'un  offi- 
cier recruteur  prussien,  peu  scrupuleux,  enrôle,  sans  qu'il  s'en  doute, 
au  compte  de  son  maître,  le  vieux  Frédéric,  qu'il  conduit  faUacieuse- 
ment  à  Berlin,  et  qu'il  enrégimente  de  force  malgré  toutes  les  protes- 
tations du  malheureux  «  volontaire  ».  Les  misères  de  la  vie  militaire 
dans  les  troupes  du  grand  Frédéric  sont  décrites  là,  avec  une  intensité 
de  couleur  et  de  sentiment  véritablement  frappante.  Le  départ  de 
l'armée  pour  la  campagne  de  1756,  les  réflexions  des  soldats  à  ce  su- 
jet, les  détails  sur  l'existence  en  marche,  sur  les  bivouacs,  lanarration 
de  la  bataille  de  Lowositz,  etc.,  constituent  autant  de  tableaux  déli- 
cieusement rendus.  La  troisième  partie  du  nouveau  volume  de  Sol- 
dats suisses  comprend  la  Correspondance  et  le  journal,  de  A.  Massé, 
documents  que  M.  F.  B.  a  intitulés:  Journal  et  lettres  d'un  garde  d'hon- 
neur.   M.  F.  B.  est  l'écrivain  auquel  M.    JuUien  a    confié  la  tâche  de 
nous  présenter,  dans  une  Introduction  sommaire,  la  personnalité  de 
l'auteur  du  Journal,  et  nous  voyons  danfe  cette  notice  qu'Amédée 
Massé  était  né  en  1785,  ce  à  quoi  nous  ne  contredisons  pas.  Là  où 
nous  nous  insurgeons,  c'est  quand  le  même  biographe  ajoute  qu'en 
<f  1811,  le  jeune  homme  fut  désigné  pour  être  incorporé  daiisle  4®  ré- 
giment de  Gardes    d'honneur,    cette    cohorte     de    recrues    nobles 
que  Napoléon  levait  alors  dans  ses  États-.  »  —  Il  y  a  là  une  erreur 


—  132  — : 

certaine,  les  4  régiments  de  gardes  d'honneur  ayant  étt  cif.s  seule- 
ment par  senatus-consulte  du  3  ûvtjV  1813.  Ces  régiments,  quine 
furent  jamais  complètement  organisés,  ne  parurent  aux  armées  que 
par  fractions  détachées,tout  à  fait  à  la  fin  de  la  campagne  et  quelques- 
uns  seulement  en  1814.  Au  3  avril  1813,  Amédée  Massé,  qui  était 
accrédité  comme  secrétaire  civil  près  du  général  Bertrand  en  lUj-rie, 
depuis  le  mois  de  f écrier  1812,  avait  suivi  son  général  en  Allemagne 
et  passa  là  tout  le  reste  de  la  campagne.  On  ne  voit  donc  pas  com- 
ment le  préfet  du  Léman  aurait  pu  l'inscrire  parmi  les  gardes  d'hon- 
neur de  son  département. S'il  y  eut  im  Massé  sur  les  listes  du  préfet, 
c'aura  vraisemblablement  été  son  frère,  ce  frère  dont  il  dit  dans  une 
lettre  à  son  père,  datée  de  Laybach,  15  avril  1813  :  «  M.  de 
Chabrol  m'a  parlé  des  nouvelles  demandes  et  levées  que  l'on  fait  en 
France  des  fils  des  familles  les  plus  imposées....  je  suis  fort  inquiet 
pour  mon  frère  (p.  226).  >'  Ces  réflexions  au  sujet  de  la  situation  d' Amé- 
dée Massé,  en  1813,  n'enlèvent  rien  à  la  valeur  de  sa  correspondance 
et  de  son  Journal  qui  nous  fournissent  de  précieux  détails  sur  les  dix 
demières  années  de  TEmpire,  en  particulier  sur  la  situation  des  pro- 
vinces illyrieimes,  à  cette  époque.  En  somme,  ce  quatrième  volume  de 
Soldats  suisses  au  service  étranger  a  tout  lintérèt  de  ses  aînés;  il 
est  à  souhaiter  que  l'éditeur  continue  cette  excellente  collection. 

9.  —  Nous  venons  de  voir  que  Amédée  Massé  ne  put  jamais  comp- 
ter parmi  les  gardes  d'honneur.  C'est  précisément  de  cette  troupe 
d't  lite,  spécialement  du  2^  régiment,  que  nous  parle  M.  François  Sa- 
got  dans  son  attachante  étude  :  Les  Gardes  d'honneur  de  la  Marne 
en  1813.  Il  y  a  dans  cette  brochure  de  très  curieux  détails  sur  les  dif- 
ficultés qu'eurent  à  vaincre  les  préfets  pom*  amver  à  remplir  les 
cadres  des  nouveaux  corps  dont  l'Empereur  confiait  tout  spéciale- 
ment la  constitution  à  leur  solhcitude.  Mais  tous  les  préfets  n'avaient 
pas  l'habileté  de  M.  de  Jessaint,  et  certains,  sentant  craquer 
l'édifice  impérial,  n'apportèrent  pas  à  l'œuvre  à  laquelle  on  les  con- 
viait tout  le  zèle  désirable.  C'est  ce  qui  explique  comment  cette 
conception  n'aboutit  jamais.  Eùt-eUe  abouti,  d'ailleurs,  elle  n'était 
plus  à  même  de  sauver  l'Empire. 

10.  —  Nous  avons  parlé  mi  peu  phis  haut  de  lettres  de  Kleber,  de 
Marceau,  etc.,  publiées  par  M.  Arthur  Chuquet.  Le  laborieux  et  infa- 
tigable historien  pubhe  trois  autres  volumes  de  correspondances, ayant 
trait  à  des  sujets  divers,  dues  à  des  écrivains  très  différents  et  se 
Jéférant  aux  années  1792,  1812, 1815.  On  trouvera  dans  ce  répertoire 
(qui  sera  continué)  d'intéressantes  pages,  dont  beaucoup  sont  iné- 
dites ou  tout  au  moins  peu  connues. Les  Lettres  de  1815  nous  ont  paru 
spécialement  curieuses. 

11.  —  La  campagne  de  1809,  quand  on  en  parle  en  France  et  même 


oo  

ailleurs,  Autriche  comprise,  c'est  Essling  et  Wagram.  Peu  de  gens 
savent  qu'il  y  eut,  cette  même  année,  en  Pologne,  une  campagne 
qui,  pour  avoir  été  moins  brillante  que  celle  menée  sur  les  bords  du 
Danube,  présenta  cependant  un*  vif  intérêt,  et  c'est  pour  combler  cette 
lacune  historique  que  M.  le  sénateur  autrichien  Wladyslaw  de  Fedo- 
rowicz  publie  aujourd'hui  le  volume  :  1809.  Campagne  de  Pologne. 
L'écrivain  a  réuni  dans  ce  premier  volume  uniquement  des  docu- 
ments de  langue  française;  nous  aurons  les  documents  allemands 
dans  mi  second  volume  et,  dans  un  tome  troisième,  nous  trouverons 
lee  textes  en  autres  langues  avec  un  résumé  historique  en  français. 
Nous  avons  lu  avec  intérêt  ces  documents  et  le  sujet  traité  nous  a 
paru  bien  réellement  neuf.  C'est  à  désespérer  de  connaître  jamais  à 
fond  cette  période  napoléonienne,  dans  laquelle,  chaque  jour,  les 
chercheurs  rencontrent  quelque  dessous  inexploré. 

12.  —  Nous  avons  présenté  naguère  à  nos  lecteurs  le  tome  I^^  de 
la  Fz'e  militaire  du  maréchal  .Vf//, par  M.  le  général  II.  Bonnal.  Signa- 
lons-^eur,  sans  tarder,  l'apparition  du  deuxième  volume  de  cette 
étude,  qui  va  de  mars  1802  (c'est-à-dire  de  la  signature  de  la  paix 
d'Amiens)  au  18  juillet  1807.  Comme  nous  le  remarquions  à  propos 
du  précédent  volume,  l'étude  du  général  Bonnal  va  très  au-delà 
de  ce  que  nous  annonce  le  titre,  et  cette  Vie  militaire  du  maréchal  Ney 
est  presque  une  histoire  complète  des  guerres  du  premier  Empire.  Les 
lecteurs  no  s'en  plaindront  pas. 

13.  —  AL  Maurice  Girod  de  l'Ain  vient  de  consacrer  au  Marcchal 
Volée,  qui  fut  comme  Ney  un  soldat  du  premier  Empire,  vne  notice 
très  complète,  peut  être  im  peu  touffue  pour  la  taille  du  sujet.  Effecti- 
vement, la  partie  du  travail  consacrée  au  Valée  de  la  période  impé- 
riale est  relativement  écourtée;  celle  qui  parle  de  la  Restauration  tient 
en  dix  pages,  et  tout  le  reste  du  volume  est  relatif  à  la  carrière  du 
maréchal  en  Algérie.  Ce  travail  considérable  est  bi?a  plutôt  une  his- 
toire de  la  conquête  nord-africaine  que  l'histoire  d'un  homme,  mais, 
tel  qu'il  est,  il  offre  un  très  grand  intérêt.  Toutefois,  l'ouvrage  aurait 
gagné  à  être  élagué  de  quelques  paqes  de  correspondances  qui  eussent 
figuré  plus  avantageusement  dans  des  annexe  .  Nous  estimons  qu'une 
telle  modification  faciliterait  singulièrement  la  lecture  de  cette  étude 
consciencieuse.  \ .- tL'^r.^'^^ 

14.  —  Le  Clausewitz  de  M.  le  col  niel  Camon  n'est  pas,  comme  on 
pourrait  le  supposer,  un':"  étud>  biogî'aphique  C'est  moins  l'homme 
que  l'écrivain  militaire  o\,  le  penseur  dont  -'occupe,  dans  ces  pages, 
M.  Cimon,  et  la  thèse  qu'il  développe  ne  sera  pas  tout  d'abord  sans 

urprendre,  c'est  à  savoir  que  «  Cl  lusewitz  n'a  pas  saisi  l'essence  même 
du  système  de  guerre  de  Napoléon,  pas  plu?  que  c  11  >  de  son  système 
de  bataille.»  L'accusati -n  est  formelle,  comm^  on  voit.  Il  ne  nous 


—  134  — 

scnitle  |")cS  que  M.  CeniQH  en  ait  ('tabli  entièitment  le  bien  fondée 
pourtai  t,  nous  pn  levons  qu'en  ce  sujet  délicat  nos  lecteurs  exami- 
nent par  eux-mi  mes  le  litige  et  nous  les  .rej. voyons  au  Clansewitz  .en 
questi  n.  « 

15.  —  De  Clausewitz  au  maréclial  Pélissier  la  distance  parait  con- 
sidérable. Elle  l'est  moins  cependaait  qu'elle  le  semble  à  première  vue. 
Pélissier   né    en  1794    —   quatorze    ans    seulement     après    Clau- 
sewitz —  eut  dû  être  compris  dans  la  levée  anticipée  de  1813  et  prendre 
part  aux  deux  dernières  campagnes  de  l'Empire;  c'est  un  premier  lieu 
qui  l'eût  rapproché  du  grand  écrivain  allemand,  lin  autre  trait  de  res- 
semblance, c'est  que,n"ayant  très  probablement  jamais  lu  les  théories 
de  Clausewitz,  il  les  appliquait  d'instinct  avec  un  tact  et  une  énergie 
qu'aucun  chef  d'armée  n'a  sans  doute  possédés  depuis  Bonaparte.  Son 
nouveau  biographe,  M.  le  général  Derrécagaix,  qui  le  connut  bien, 
ayant  été  longtemps  attaché  à  sa  personne  en  qualité  d'aide  de  camp, 
nous  le  peint  tel  qu'il  fut,  tel  qiie  nous  l'avons  connu  nous-même  :  en 
apparence,  un  ours  mal  léché,  ayant,   au  point  de  vue  militaire,  des 
qualités  géniales,  avant  tout,  une  volonté  de  fer,  un  entêtement  irré- 
ductible. Pélissier,  en    dehors    du  monde  militaire,    où  il  se  croyait 
obligé  d'être  rude,  souvent  grossier,   montrait  dans  les    relations  de 
la  vie  civile  et  dans  les  rapports    de   société  des  formes  beaucoi^p 
plus    adoucies.  Le  général    Derrécagaix    nous   retrace    la  carrière 
entière    du  général     Pélissier,    de   sa    naissance   (1794)   à  sa   mort 
(1864);    mais    le     Pélissier  de     l'histoire     n'a    pas    vécu     d'aussi 
longues    années,     et       c'est     son     commandement       en      Orient, 
au  siège    de    Sébastopol,     qui    donnera  à    sa    mémoire     l'auréole 
du     véritable      capitaine     et     du      grand     chef     d'armée.      Les 
événements    de    Crimée    ont    été    trop    souvent     racontés,    sont 
trop   connus,    pour    qu'au    point    de  vue  de    la  relation     môme 
des    événements,    le    nouveau  biographe    ait  trouvé    de  l'inédit  à 
mettre    sous   nos    yeux.    11  n'en  est  pas  de  même  sous  le  rapport 
des    relations    particulières     qu'entretint  Pélissier    avec  les  Tuile- 
ries   pendant    son    séjour     devant     Sébastopol    et    on  lira,  à  ce 
Bujet,   dans  le    nouyeau  volume  dont  nous  parlons,  quelques  révé- 
lations d'un'^ véritable  intérêt.  Cette  nouvelle  biographie  du  Maréchal 
Pélissier,  par  son  côté  anecdotique  aussi  bien  qu'historique,  apparaît 
comme  un  travail  à  la  fois  attachant  et  instructif,  qu'il  y  a  lieu  de 
vulgariser.  Sans  doute,  il  ressort  de  cette  lecture  une  pensée  qui 
vous  suit  longtemps  encore  après  qu'on  a  fermé  le  livre:  comment 
un  homme  aussi  bien  doué  au  point  de  vue  de  l'esprit  et  du  caractère 
a-t-il  été  aussi  sec  au  point  de  vue  du  cœur?  Et  l'on  arrive  à  constater 
qu'en  dépit  de  toutes  leurs  qualités  intellectuelles,  de  tels  êtres  sont 
pbitôt   antipathiques.  On  ne  saurait  les  ha'i'r,  mais  il  n'est  pas  pos- 


—  135  — 

Bible  de  les  aimer.  II  est  vrai  qu'un  tel  regret  se  manifeste  en  nous  à 
propos  de  bien  d'autres  personnalités  célèbres  et  notamment  des 
plus  grands  hommes  de  guerre  connus.  Qu'ont  été  César,  Frédéric, 
Napoléon,  sinon  des  violents,  des  irascibles,  deségoïstes?  Ces  «  grands 
hommes  »  honorent-ils  davantage  l'humanité  que  «  l'honnête  homme  » 
tout  court  ?  il  est  permis  d'en  douter. 

16.  —  On  a  dit  souvent  que  si  Pélissier  avait  vécu  en  1870,  les  évé- 
nements de  l'Année  terrible  eussent  suivi  un  autre  cours.  C'est  une 
façon  de  parler;  car, à  cette  date,  le  duc  de  Malakoff,  déjà  fort  affaibli 
physiquement  et  moralement  en  1864  (l'année  desamort),  n'eût  plus 
été  capable  de  nous  aider  même  de  ses  conseils.  Peut-être,  cependant, 
s'il  eût  vécu  en  1866,  eût- il  réussi  à  ouvrir  les  yeux  des  conseillers  de 
Napoléon  III  et,  peut-être  aussi,. sa  perspicacité  eût-elle  signalé  les 
dangers  qui,  dès  cette  époque,  s'amoncelaient  autour  de  notre  pays.M. 
le  général  Donnai, appelé  récemment  par  le  duc  d'Orléans,  à  l'accom- 
pagner dans  sa  visite  aux  champs  de  bataille  de  Bohême  en  1866,  a-t-il 
parlé  au  prince  de  cette  éventualité  ?  Nous  l'ignorons  ;  mais  ill'  eût  fait  sans 
doute  s'il  avait  eu  l'occasion  de  lire  l'ouvrage  du  général  Derréca- 
gaLx.  Quoi  qu'il  en  s^oit,  la  brochure  écrite  par  M.  Donnai,  à  la  suite 
de  ce  voyage  avec  Monseigneur,  nous  donne  le  récit  des  huit  journées 
qu'a  exigées  cette  excursion.  A  Podol,  Gitchin,  Trautenau,  Nachod, 
Sadowa,  le  général  a  eu  à  exphquer  à  l'héritier  de  Henri  IV  les  péri- 
péties de  cette  lutte  rapide  où  sombra  l'hégémonie  autrichienne  en 
Allemagne.  Cette  brochure  est  intéressante  à  lire,  et  il  suffira 
d'en  signaler  l'apparition  à  nos  lecteurs. 

17  et  18.  —  De  Sadowa  à  Frœschviller,  la  transition  est  facile,  car 
l'un  est  le  prologue  de  l'autre,  le  dernier  nom  est  la  conséquence  du 
premier.  Nous  signalerons  donc,  ici  ensemble,  deux  intéressantes  étu- 
des sur  la  guerre  de  1870-71,  Tune  de  M.  le  général  BoureUy  sur  la 
Guerre  de  1870-1871  et  le  Traité  de  Francfort,!' axitre  consacrée  par 
M.  de  Metz-Noblat  à  laBataillede  i^rcesrAw'iZfe/'.  Encore  que  l'on  puisse 
croire  quetout  a  été  dit  sur  les  événements  delà  guerre  franco- allemande, 
il  est  bien  certain  que  nombre  de  points  sont  encore  à  élucider  et,  pour 
s'en  convaincre,  on  n'a  qu'à  lire  les  deux  travaux  de  MM.  Dourelly  et 
Metz-Noblat.  De  telles  contributions  historiques  ne  redresseraient- elles 
qu'un  petit  nombre  d'erreurs,  elles  demeurent  utiles  et  doivent  être 
encouragées.  C'est  dans  cet  esprit  qu'elles  seront  accueillies  favora- 
blement par  le  public,  .  ^ 

19.  —  Nous  parlerons  en  mêmes  termes  du  travail  de  M.  le  capi- 
taine Leclère  sur  les  Surprimes  de  Bojalon  et  de  Stenay  en  1870.  Nous 
avons  nous-même  raconté  jadis  ces  deux  coups  de  main,  qui  réussi- 
rent davantage  grâce  à  l'entrain  des  jeunes  officiers  qui  y  prirent  part 
que  par  '.uitede  l'habileté  des  dispositions  prises.  Quoi  qu'il  en  soit. 


—  136  -- 

ils  réussirent  et,  sans  avoir  eu  do  grandes  conséquences,  on  peut  avec 
quelque  raison  les  rappeler  au  souvenir  des  générations  présentes. 
Elles  verront  dans  ce  petit  livre  la  preuve  qu'à  la  guerre  l'audace 
est  presque  toujours  couronnée  par  le  succès.  Ce  n'est  pas  une  vé- 
rité nouvelle,  mais  elle  est  de  celles  qu'il  convient  de  rappeler. 

20,  21,  22  et  23.  — Nous  parlerons  ici,  en  même  temps,  de  quatre 
ouvrages  qui,  en    des  modes  variés,  sur    des  tons  divers,  mais  avec 
ime  valeur  à  peu  près  égale,  traitent  du  même  sujet  :  l'étude  de  M.  le 
colonel  Cordonnier  sur  les  Japonais  en  Mandchoiirie,  celle  du  lieute- 
nant de  landwehr  allemand  R.  Ullrich  :  L'Armée  russe  au  feu  pendant 
la  guerre    de    1904-1905,    la  relation  officielle  de    cette    même 
guerre     par    l' état-major  russe  :   Guerre    russo-japonaise    dont 
la  traduction  paraît  chez  Chapelot    au   fur  et  à  mesure  qu'on 
l"imprime  à  Saint-Pétersbourg,  enfin   une   brochure  à    sensa- 
tion: La  Guerre  avec  le  Japon, écrite  par  le  comte  Witte,  ancien 
ministre  des    finances    de   Russie,     en  réponse     à  la   relation 
des  événements  militaires    rédigée  et    publiée  par  le    général 
Kouropatkine.     M.    Cordonnier,  dans    les  Japonais    en  Mand- 
chourie,  laisse  de  côté  les  détails  pour  aborder  les  conditions 
politiques  dans  lesquelles  éclatala  guerre  del904,  pour  déter- 
miner   de  quelle  façon  furent  arrêtés,  des  deux    côtés,    les    plans 
de  campagne,  pour  envisager  avec  quelles  chances  de  succès  s'abor- 
daient, à    priori  ,  les   adversaires.    Point    de   vue  élevé,    traité  par 
l'écrivain     avec      compétence     et      connaissance     de    son      sujet. 
—  Au    contraire  du     colonel   Cordonnier,   M.  le   lieutenant  Ullrich 
s'en  tient   surtout  au    détail,    au    détail   des    choses  qu'il    a  vues, 
des  engagements  auxquels    il   a    assisté,   car  cet     officier  allemand 
prit  part,  en  amateur,  à  la  guerre  de  Mandchourie,  notamment  à  la 
bataille  de  Sandepu,  à  celle  de  Moukden,  à  celle    d'Ingoa,  etc.  Ces 
remarques  sur  la  tactique  de  l'infanterie  russe  ont  donc  l'éminent 
avantage  'd'avoir  été  notées  sur  place,  d'avoir  été  vues  et  pour  ainsi 
dire  vécues.  C'est  un  document  de  première  main. — ^Très  intéressante 
également,  «  quoique  »  ou  peut-être  «  parce  que  »  ayant  la  tournure 
d'un  pamphlet,  la  brochure  du  comte  Witte.  Cette  brochure,  où  le  gé- 
néral Kouropatkine  est  fort  malmené,  avait  d'abord  été  interdite  en 
Russie,  mais  l'interdiction  a,  paraît-il,  été  récemment  levée.  Elle 
nous    signale  des    faiblesses     de    commandement,     d'organisation, 
d'administration  que  nous  connaissions  déjà.  Puissent  nos  amis  et 
alliés  profiter  de  tels  conseils,    de  pareilles  révélations  !  — 
Il  nous  reste  à  dire  quelques  mots  de  la  relation  de    la    guerre     de 
Mandchourie  rédigée  par  l'état-major  russe.  Nous  avons  examiné,  en 
son  temps,  la  valeur  du  premier  volume  ;  les  tomes  récemment  parus 
nous  ont     semblé     avoir  le  même  mérite  que  leur  aîné.  Ces 


—  137  -^ 

nouveaux  venus  nous  parlent  des  opérations  dans  la  région 
de  Lyaoyang,  c'est-à-dire  de  la  situation  au  milieu  de  juillet  1904, 
des  combats  de  ce  môme  mois  de  juillet,  de  la  suspension  des 
opérations  pendant  la  saison  des  pluies,  de  la  reprise  des  hostilités 
(10-23  août)  jusqu'à  la  concentration  de  l'armée  sous  Lyaoyang  (16- 
29  août),  enfin  de  la  bataille  elle-même.  Toute  la  série  des  mouve- 
ments des  troupes  est  traitée,  dans  ces  deux  volumes,  avec  les  minu- 
tieux détails  qui  seuls  permettent  de  tirer  de  tels  événements  les 
leçons  pratiques  qu'ils  comportent.  Quiconque  veut  apprendre,  veut 
comprendre  l'immensité,  l'infini  des  combinaisons,  des  opérations, 
des  détails  qu'exige  la  conduite  des  armées  modernes  aura  une  idée 
d'ensemble  assez  juste  de  ce  gigantesque  problème  en  lisant  l'ouvi'age 
dont  nous  parlons.  Et  en  voyant  nos  généraux  modernes  placés  du 
jour  au  lendemain  et  presque  sans  préparation  à  la  tête  de  masses 
d'un  demi-million  d'hommes,  l'on  songe,  pensif  et  peu  rassuré,  au 
mot  de  Napoléon  :  «  Il  n'y  a  que  moi  et  Davout  qui  puissions  conduire 
une  armée  de  cent  mille  hommes  »  1 

24. —  La  Campagne  de  1908-1909  en  Chaoaïa,  publiée  chez  Chape- 
lot,  est  le  titre  du  gros  rapport  publié  par  le  général  d'Amade  sur  ses 
opérations  au  Maroc.  La  première  partie  de  ce  travail  contient, outre 
de  nombreux  détails  sur  la  topographie  du  pays,  sur  les  mœurs  des 
habitants,  un  exposé  des  opérations  militaires  de  janvier  1908  à  l'af- 
faire d'Azemmour  en  juillet  1909.  On  lira  avec  intérêt  le  récit  détaiUé 
des  engagements  de  Dar-Kseibat  et  Zaouïet-el-Mekki  qui  donnent 
une  idée  exacte  du  genre  de  combats  que  nous  eûmes  à  soutenir  con- 
tre les  tribus  hostiles.  On  trouvera  dans  la  deuxième  partie  un  résumé 
des  précautions  prises  en  Chaouïa  pendant  l'expédition  d'Abd-el- 
Aziz  vers  Marrakech;  enfin,  encore  à  la  troisième  partie,  l'auteur  du 
rapport  passe  en  revue  les  particularités  relatives  aux  combattants 
en  présence,  Marocains  et  troupes  françaises,  et  il  développe  les  en- 
seignements tactiques  que  doivent  tirer  les  différents  armes  de  notre 
expédition.  A  signaler  les  nombreux  croquis,  cartes,  gravures,  repro- 
ductions de  photographies  prisesau cours  des  opérations, illustration 
qui  donne  à  l'œuvre  un  cachet  pittoresque  et  artistique  très  sen- 
sible. 

25.  —  Nous  finirons  ces  notes  d'histoire  militaire  par  quelques 
mots  consacrés  à  trois  nouveaux  volumes  qui  continuent  la  collec- 
tion des  Documentos  ineditos  o  muy  raros  para  la  historia  de  Mexico 
dont  M.  Genaro  Garcia,  l'érudit  directeur  du  Museo  nacional  de 
Mexico,  a  entrepris  la  publication.  Le  premier,  qui  porte  dans  la  collec- 
tion le  no  34,  nous  fait  connaître  les  Mémoires  du  colonel  Manuel  Ma- 
ria Giménez;  les  deux  suivants  (n^^  35  et  36)  sont  consacrés  à  la  corres- 
pondance et  aux  souvenirs  du  général  Vicente  Filisola,  sous  le  titre  : 


—  138  — 

t 

La  Cooperaciôn  de  Mexico  en  la  independencia  de  Mexico.  Nous  avons 
dit  déjà  le  mérite  littéraire  et  historique  de  cette  collection  et  com- 
bien s'honorait  le  gouvernement  mexicain  en  accordant  son  appui, 
tout  au  moins  moral,  à  cette  entreprise.  C'est  donc  avec  une  surprise 
pénible  que  nous  avons  appris  que,  par  suite  des  troubles  politiques 
qui  bouleversent  depuis  quelques  mois  le  Mexique,  l'œuvre  d'érudition 
des  Docamentos  était  obligée  de  suspendre  ses  publications.  Espérons 
que  cette  interruption  sera  de  peu  de  durée  :  les  érudits  de  tous  le& 
pays,  en  particulier  ceux  de  France,  le  souhaitent  de  tout  cœur;  il 
serait  désastreux  pour  la  réputation  intellectuelle  du  Mexique 
qu'une  œu^Te  de  ce  genre,  à  la  fois  patriotique  etnationale,  sombrât 
pour  de  misérables  raisons  de  coterie  ou  de  pobtique. 

26  et  27.  —  Avec  V Économie  des  forces  à  la  bataille  de  Ligny,  de  M. 
le  commandant  Bourguet,  et  surtout  avec  Us  Grandes  Marches 
d'armée,  de  M.  le  général  H.  Bonnal,  nous  quittons  l' histoire  pour 
entrer  dans  la  stratégie.  M.  le  commandant  Bourguet,  qui  ne  redoute 
pas  les  barbarismes  comme  «  retraiter  »  pour  «  battre  en  retraite  », 
estuneque  Napoléon  donna  à  Lignydes  signes  d'égarement  intellec- 
tuel dénotés  par  sa  conception  erronée  du  plan  de  Blûcher  et  celle 
peut-être  aussi  fausse  de  l'effet  que  produirait  sur  la  droite  prussienne 
l'intervention  de  Ney  (corps  d'Erlon),  quand  celui-ci  pourrait  inter- 
venir. Tous  les  esprits  habitués  à  penser  sont  d'accord  pour  dire  avec 
M.  Bourguet  que  Ligny  a  été  une  victoire  maigrelet  graves  défauts 
du  plan  de  bataille.  Quant  à  charger  Ney  de  la  faute  commise  par 
l'Empereur  en  le  détachant  avec  des  ordres  très  positifs  sur  les  Qua- 
tre-Bras,  il  semble  qu'il  y  ait  là  une  partialité  regrettable. «  Exécu- 
tez ponctuellement  mes  ordres,  avait  jadis  écrit  Napoléon  à  Berthier  : 
«Moi  seul  sais  ce  que  je  veux  faire.»  Avec  de  telles  instructions  et  une 
telle  façon  de  commander  chez  Napoléon, on  est  mal  venu  à  exiger 
de  ses  lieutenants  une  initiative  qu'il  était  le  premier  à  leur  inter- 
dire, La  responsabilité  de  Ligny,  notamment  celle  des  marches  et 
contre -marches  de  d'Erlon,  incombe  entièrement  à  l'Empereur, 
tout  de  même  que  l'inaction  de  Grouchy  le  18  ;  l'histoire  impartiale 
doit  le  proclamer.  —  Nous  ne  dirons  qu'un  mot  des  Grandes  Marches 
d'armée, de  ■M. le  général  Bonnal,  qui  y  réclame  la  paternité  de  certains 
principes  logistiques,  notamment  le  rapport  entre  rétablissement 
des  cantrmnemcnts  et  la  capacité  de  marche  des  armées.  Sujet 
compréhensible  surtout  pour  un  officier  d'état-major. 

28-  —  Les  Grands  Espions,  de  MM.  Paul  et  Suzanne  Lanoir,  nous 
retracent  l'existence  mouvementée  de  quelques  espions  plus  ou  moins 
célèbres  et  classent  dans  cette  catégorie,  on  ne  sait  vraiment  pour- 
quoi, des  patriotes  comme  Apfel  et  Stabs.  Une  grande  partie  dia  vo- 
lume est  consacrée  à  l'histoire  des  agents  secrets  ciui  opérèrent  autour 


—  139  - 

de  Metz  en  1870,  surtout  au  fameux  Régnier.  En  ne  suivant  pas 
l'ordre  chronologique,  les  auteurs  ont  rendu  difficile  la  lecture 
d'une  étude  qui  pourrait  être  aisée  et  intéressante.  Ce  serait  un  amen- 
dement utile  pour  une  deuxième  édition  ou  un  second  volume. 

29.  —  Les  Paroles  d'un  soldat,  de  M.  le  général  Bruneau,  ont  été 
inspirées  à  l'éminent  écrivain  par  la  nécessité  de  montrer  aux  géné- 
rations actuelles  la  vanité,  l'inanité  et  tout  à  la  fois  le  danger  des  théo- 
ries antimilitaristes.  De  telles  paroles  ont  déjà  été  dites,  de  telles 
maximes  ont  été  déjà  prônées,  mais  il  est  utile,  il  est  bon  qu'un 
officier  du  mérite  de  M.  Bruneau  les  fasse  siennes,  leur  donne 
l'autorité  qui  s'attache  à  sa  situation  militaire.  L'honorable  général 
commence  par  nous  dire  la  façon  dont  il  comprend  l'idée  de  patrie, 
ce  qu'est  la  guerre,  ce  qu'est  l'armée.  Puis  il  s'adresse  aux  détracteurs 
de  ces  trois  pri  ne  i  paux  facteurs  delà  grandeur  française,  aux  Hervé,  aux 
Jaurès,  aux  capitaines  Moch  et  Bleibtreu,  et  montre  victorieusement 
combien  le  système  des  milices,  peut-être  excellent  en  des  pays  comme 
la  Suisse,  serait,  en  France,  tout  à  fait  insuffisant. Un  souffle  ardent 
de  patriotisme  anime  ces  pages  qu'il  serait  urgent  de  répandre  et 
de  vulgariser  :  une  édition  populaire  à  très  bas  prix  rendrait,  sous  ce 
rapport,  de  grands  services.     • 

30.  —  Du  même  genre  que  le  livre  du  général  Bruneau  apparaît  la 
brochure  de  M.  le  commandant  Ordioni  :  Le  Devoir  militaire,  conférence 
faite  aux  élèves  de  l'École  normale  d'Auxerre  le  l^^  mai  de  l'année 
dernière.  La  tâche  de  l'orateur  n'était  pas  aisée,  car,  en  dépit  des 
fleurs  de  rhétorique  dont  il  entourait  son  discours,  il  ne  pouvait 
être  sans  ignorer  combien  les  théories  de  l' antimilitarisme  ont  fait  de 
progrès  parmi  les  instituteurs  de  France;  il  devait  donc  craindre  que 
ses  auditeurs  ne  fussent  pas  toujours  en  parfaite  communion  d'idées 
avec  lui.  M.  Ordioni  n'a  eu  que  plus  de  mérite  à  affirmer  devant  ce 
public  incertain  la  grandeur  de  l'idée  de  patrie,  la  nécessité  d'une 
organisation  militaire  solide  et  forte,  le  danger  de  l' antimilitarisme, 
l'urgence  pour  les  instituteurs  de  donner  aux  enfants  confiés  à  leurs 
soins  une  éducation  morale  les  préparant  à  l'accomplissement  du 
devoir  militaire.  Cette  petite  brochure,  imprimée  dans  un  format 
commode,  est  à  recommander  et  à  faire  lire  à  la  jeunesse. 

31.  —  Syndicats  d'officiers  !  Tel  est  le  titre  d'une  brochure  dans 
laquelle  M.  Robert  de  Boisfleury  examine  si  de  tels  groupements 
sont  possibles  dans  l'armée,  s'ils  sont  désirables,  s'ils  ne  se  produiront 
pas  fatalement  dans  un  corps  d'officiers  désorienté  comme  le  nôtre. 
Il  conclut  par  l'affirmative  et,  acceptant  le  fait  accompli,  ou  près  de 
s'accomplir,  il  recherche  la  façon  dont  l'institution  nouvelle  pourra 
être  utilisée  pour  le  salut  du  pays.  Tout  cela  est  bien  pensé,  bien  dit, 
rempli  d'idées  justes,  nouvelles,  qui  ne  peuvent  manquer  de  fruc- 
tifier, 


.-  140  - 

32.  —  Avec  le  livre  de  M.  le  capitaine  Loir  :  Cavalerie,  nous  entrons 
définitivement  dans  la  tactique.  L'écrivain  affirme  que  l'utilité  des 
armes  à  cheval  est  plus  démontrée  que  jamais,  en  dépit  de  la  puis- 
sance sans  cesse  croissante  du  fusil  et  du  canon.  Et  cette  vérité  qu'a- 
vait entrevue  dès  1869  Ardant  du  Pic,  que  confirmaient,  moins  loin 
de  nous,  des  écrivains  comme  les  généraux  Maillard  et  Négrier,  il 
l'établit  par  de  nouveaux  arguments,  de  nouvelles  preuves  indénia- 
bles. Le  livre,  très  étudié,  embrasse  l'ensemble  de  toutes  les  opéra- 
tions qui  constituent  le  service  de  la  cavalerie  :  découverte,  marches, 
stationnement,  la  cavalerie  dans  l'ensemble  de  l'armée,  la  cavalerie 
avant,  pondant,  après  la  bataille.  Travail  très  complet,  d'une  lec- 
ture facile. 

33.  —  Tout  différent  du  précédent  volume  nous  apparaît  le  travail 
de  M.  le  capitaine  Balédent  :  L' Infanterie  à  la  guerre,  répertoire  d'exer- 
cices pour  petites  unités,  avec  étude  de  la  carte.  L'écrivain  s'attache 
plus  au  sens  qu'à  la  lettre  même  des  règlements  et  sa  méthode  est 
certainement  la  bonne.  Cet  ouvrage,  plutôt  pratique  que  théorique 
en  dépit  de  ses  allures  didactiques,  rendra  certainement  des  services 
à  nos  jeunes  officiers. 

34.  —  Bien  que  tous  les  officiers  «d'infanterie  soient  aujourd'hui 
imbus  de  l'esprit  offensif,  M.  le  capitaine  Linarès  est  persuadé  que 
le  mode  d'emploi  actuel  du  feu  de  mousqueterie  paralysera,  à  leur 
insu  même,  le  mouvement  en  avant.  Il  l'affirme  dans  sa  brochure  : 
La  Tyrannie  de  l'arme  à  feu,  et  il  cherche  un  moyen  de  nous  soustraire 
à  cette  tyrannie  en  prônant  ce  qu'il  appelle  le  «  feu  défensif  ».  Beau- 
coup d'idées  nouvelles,  neuves,  émanant  évidemment  d'un  esprit 
perspicace,  que  certains  traiteront  peut-être  de  paradoxal,  mais 
dont  les  audaces  nous  paraissent  fondées. 

35.  —  M.  Chancerel,  inspecteur  des  eaux  et  forêts,  vient  de  publier, 
sous  le  titre  :  Le  Combat  sous  bois  et  les  compagnies  forestières,  une 
étude  dans  laquelle  il  examine  la  méthode  suivant  laquelle  les  mas- 
sifs boisés  peuvent  être  utilisés  à  la  guerre  soit  pour  le  cheminement 
en  avant  et  l'attaque,  soit  pour  le  combat  défensif  et  la  retraite.  Il 
nous  dit,  en  outre,  de  quelle  façon  les  corps  actuels  de  soldats  forestiers 
pourraient  être  employés  pour  de  s  missions  tenant  à  la  spécialité.  Nous 
voyons  là  que  la  question  posée  par  M.  Chancerel  a  été  étudiée  déjà 
par  plusieurs  de  ses  confrères,  notamment  par  M.  l'inspecteur  Por- 
tier: elle  ne  manquera  pas  d'aboutir,  espérons-le  tout  du  moinis,  pour 
le  bien  de  notre  armée.  Le  livre  de  M.  Chancerel  complète  heureuse- 
ment l'excellente  étude  du  lieutenant  Barthélémy  :  La  Manœuvre 
en  terrain  boisé  que  nous  avons  étudiée  ici  l'armée  dernière.  Il 
appelle  une  fois  de  plus  l'attention  des  pouvoirs  publics  sur  une 
question  plus  importante  que  jamais  à  la  guerre,  aujourd'hui  que  le 


-  141  — 

défilement  des  troupes  pour  la  marche  d'approche  est  une  con- 
dition essentielle  du  succès. 

36,  37,  38  et  39. — La  liaison  des  armes  sur  le  champ  de  bataille, 
c'est-à-dire  le  mutuel  soutien,  le  judicieux  appui  qu'elles  doivent  se 
prêter  l'une  à  l'autre  pour  arriver  plus  rapidement,  plus  sûrement 
au  succès,  est  une  des  questions  qui  préoccupe  le  plus,  de  nos  jours, 
les  esprits  qu'attirent  les  problèmes  de  haute  tactique.  Nous  avons 
la  preuve  de  cette  attraction  dans  la  publication  simultanée  de  qua- 
tre études  qui,  sous  des  titres  différents, avec  des  arguments  divers, 
d'après  des  méthodes  varices,  traitent  de  la  même  question  :  i°  Com- 
binaUon  des  efforts  de  l'infanterie  et  de  l' artillerie  dans  le  combat,  par 
le  commandant  Niessel  ;  2°  une  conférence  faite  en  Angleterre  par  le 
brigadier-général  R.  C.  B.  Haking  sur  la  Liaison  des  armes\  3°  In- 
fanterie el  artillerie  en  liaison^  par  le  lieutenant-colonel  Thomas  de 
Colligny;  enfin  et  4°  une  brochure  du  colonel  Lalubin  :  Dans  quelle 
mesure  l'infanterie  peut-elle  compter  sur  l'artillerie  pour  appuyer  son 
attaque?  Ces  quatre  travaux  méritent  à  divers  points  de  vue  d'être 
sérieusement  médités,  en  particulier  la  conférence  du  général  anglais 
qui,  par  sa  hauteur  de  vues  et  tout  à  la  fois  le  côté  pratique  de  son 
argumentation,  nous  a  paru. apte  à  frapper  particulièrement  le  lec- 
teur. M.  le  colonel  Dubois,  en  traduisant  ces  pages,  a  rendu  un 
véritable  service  à  notre  armée. 

40.  —  Nous  aurions  pu  rattacher  aux  quatre  brochures  dont  nous 
venons  de  parler  celle  du  commandant  Gascouin:  Infanterie  française  et 
ariillerie  allemande,  car,  tn  réalité,  c'est  encore  de  la  liaisondes  armes 
qu'elle  nous  entretient.  Toutefois,  l'écrivain  envisage  spécialement 
le  problème  au  point  de  vue  de  la  diminution  maxima  des  pertes, et 
cette  spécialité  dans  l'objectif  nous  a  amené  à  traiter  son  étude  à 
]  art.  L'honorable  officier  cherche  de  quelle  manière  une  infanterie 
assaillante  pourra  effectuer  son  attaque,  sous  le  feu  d'une  artillerie 
nombreuse  et  bien  servie,  comme  le  sera  sans  doute  l'artillerie  alle- 
mande, cela  en  subissant  le  minimum  de  pertes.  Et  il  conclut  en  assu- 
rant que  le  succès  de  la  bataille  dépendra  du  degré,  de  l'intensité  de 
la  liaison  entre  l'infanterie  et  l'artillerie.  Pour  arriver  au  but  sou- 
haitéàcet  égard, M.  Gascouin  propose  que,  dans  le  règlement  sur.  le 
service  en  campagne,  le  chapitre  du  combat  ne  soit  pas  traité  d'une 
façon  différente  pour  les  deux  armes  principales  (infanterie  et  artille- 
rie), comme  la  chose  a  lieu  actuellement,  mais  au  contraire  qu'il  soit 
fondu,  pour  ces  deux  armes,  en  un  texte  unique.  Il  y  a  là  une  idée 
qui  paraît  très  judicieuse  et  pour  la  défense  de  laquelle  on  trou- 
verait plus  d'un  argument  dans  la  brochure  du  général  Haking  dont 
nous  parlions  tout  à  l'heure.  Ce  serait  une  raison  de  plus  pour  l'esti- 
mer acceptable. 


—    142  ^ 

4J.  —  U  A  B  C  tactique  de  M.  le  général  Crémer  est  un  petit 
répertoire  de  définitions  et  de  principes  militaires  capitaux,  qui 
pouiTa  servir  de  mémento  aux  chefs  des  petites  unités  pour  lesquels 
il  paraît  avoir  été  écrit.  C'est  à  eux  surtout  qu'on  doit  le  recom- 
mander. 

42  et  43. —  N-ous  terminons  cet  article  d'ensemble  en  signalant  tout 
d'abord  à  ceux  de  nos  lecteurs  qu'elle  peut  intéresser  la  brochure  : 
Emplois  civils  et  militaires  réservés  aux  engagés  et  rengagés  :  l'ouvrage 
a  été  mis  au  courant  jusqu'à  aujourd'hui;  il  a  donc  le  mérite  de  l'ao- 
tualité  et  de  l'exactitude.  —  Enfin  nous  citerons  la  brochure  de  M.  le 
lieutenant  Hayem  :  La  Menace  prussienne.  La  Riposte,  qui  nous  ar- 
rive au  dernier  moment.  M.  Hayem,  après  avoir  examiné  la  forme  que 
prendrait  une  nouvelle  guerre  avec  l'Allemagne,  la  zone  probable 
des  combats  futurs,  convie  la  France  à  se  ressaisir  devant  im  danger 
toujours  menaçant,  à  se  tenir  prête  au  point'  de  vue  matériel,  mais 
surtout  de  fortifier  son  âme  et  de  se  dérober  aux  intrigues  politiques 
qui  nous  divisent.  Comte    de   Sérig.nan. 

THÉOLOGIE 

jVouveaoBX     I?IéB«nges    os>»t»ires,    par     M.   dMIijlst.    IX.     Paris, 
de  Gigord,  1911,  in-3  de  534  p.  —  l'rix  :  /j  fr. 

Ce  nouveau  volume  des  Œuvres  posthumes  de  Mgr  d'Hulst  embrasse, 
on  peut  le  dire,  toute  sa  carrière  sacerdotale,  puisqu'il  s'étend  de 
l'année  18.67,  presque  son  époque  de  début,  à  l'année  1896,  l'année 
même  de  sa  mort.  Il  s'y  trouve,  surtout  pour  les  années  de  début,  un 
grand  nombre  de  discours  achevés  et  complets,  et  aussi,  surtout  pour 
les  dernières  années,  de  simples  canevas  ou  résumés,  brefs  de  mots, 
mais  pleins  de  choses.  Les  uns  et  les  autres  sont  très  dignes  d'être 
lus  et  médités,  pour  le  plus  grand  profit  de  l'esprit  et  de  l'âme.  Ne 
pouvant  analyser  tant  d'oeuvres  différentes,  il  suffit  d'en  indiquer  les 
sujets  généraux.  Une  première  série  a  trait  aux  œuvres  eucharisti- 
ques. Ce  sont  des  triduums  d'adoration  perpétuelle,  des  octaves  de 
réparation,  des  instructions  aux  associés  de  l'adoration  ou  de  la  com- 
munion réparatrice  ou  de  l'œuvre  des  tabernacles,  toutes  œuvres 
particulièrement  chères  au  cœur  de  l'éminent  prélat.  La  deuxième 
série  comprend  les  sermons  pour  les  fêtes  de  la  sainte  Vierge  et  tout 
particulièrement  le  Mois  de  Marie.  La  troisième  série  enfin,  ce  sont  les 
sermons  donnés  aux  réunions  des  Mères  chrétiennes  de  Notre-Dame 
de  Sion,  complétés  et  achevés  par  un  beau  sermon  de  charité  prcèhé 
à  Sainte-Gudule  de  Bruxelles,  en  faveur  de  l'œuvre  du  Calvaire. 

Tel  est  en  résumé  ce  nouveau  volume,  tout  à  fait  digne  de  ses 
aînés,  et  auquel  le  public  chrétien  fera  le  même  bon  accueil. 

E.    PONTAL. 


-  143  - 

lie  Boitddhism®  primitif,  par  Alfbbo  Roussbl.  Paris, Téquik  1911, 
iti-12  (le  ix-^31  p.  -  Prix  :  4  fr. 

Chaque  année,  depuis  quelque  temps,  les  travaux  français  consa- 
crés au  bouddhisme  se  succèdent  presque  sans  interruption.  Après  le 
livre  récent  de  M.  de  la  Vallée- Poussin,  celui  du  P.  Roussel  sera  le 
bienvenu.  Devant  des  auditoires  choisis,  à  Fribourg  d'abord,  puis-  à 
Paris,  l'éminent  oratorien  a  étudié  les  problèmes  principaux  de  cette 
doctrine  si  difficilement  accessible  aux  intelligences  européennes.  Là 
Bouddhisme  primitif  se  divise  en  trois  parties  :  la  Vie  et  l'œuvre  du 
Bouddha,  d'après  l'histoire  et  la  légende,  le  Dhamma,  c'est-à-dire 
l'onsoignement  dogmatique  et  moral  du  Bouddha,  le  Sangha  ou  mona- 
chisnre  bouddhique.  La  compétence  du  P.  Roussel  est  universelle- 
ment reconnue  des  indianistes,  et  l'on  ne  peut  que  se  féliciter  que, 
par  une  vulgarisation  savante,  il  se  soit  appliqué  à  en  faire  bénéficier 
les  profanes.  L'exposition  est  aisée,  claire  et  agréable,  non  toutefois 
sans  quelques  longueurs.  L'auteur  s'est  attaché  à  discuter  abondam- 
ment les  comparaisons  qu'il  est  de  mode,  en  certains  milieux  incro- 
yants, d'instituer  entre  le  bouddhisme  et  le  christianisme,  spéciale- 
ment le  christianisme  catholique.  11  a  bien  montré  l'originalité  irré- 
ductible et  l'incontestable  transcendance  de  notre  religion.  Son  ou^ 
vrage  joint  donc, à  ses  autres  mérites,  celui  d'apporter  à  l'apologé- 
tique de  précieuses  contributions.  Il  est  de  nature  à  dissiper  les  ma- 
lentendus et  les  méprises.  On  peut  donc  en  conseiller  vivement  la 
lecture  et  l'étude  àtous  ceux  que  préoccupent  les  questions  soulevées 
à  propos  de  l'histoire  comparée  des  religions.  Puisque  le  P.  Roussel  a 
cru  devoir  joindre  à  son  livre  un  «  Chapitre  supplémentaire  »  où  il 
décrit  l'état  présent  du  bouddhisme  dans  l'Inde,  particulièrement  à 
Ceylan  et  au  Népal,  nous  formerons  le  vœu  qu'il  étende  quelque  jour 
son  enquête  aux  immenses  régions  situées  au  nord  de  l'Himalay. 

J.  L. 

SCIENCES  ET  ARTS 

Esquisse   d'une  pliiieso|ilile    des  sciences,  par  W.  OsTWiLD 
trad.  de  l'allemand  par  M.  Dorollh.  Paris,  Alcan,  lyli,  iri-16  de   iv-184   p. 
—  Prix  :  2  fr.  oO. 

L'auteur  de  l'Esquisse  d'une  philosophie  des  sciences  professe  une 
philosophie  positiviste  et  subjective.  Il  ne  combat  pas  précisément 
toute  métaphysique,  si  ce  n'est  par  prêter ition;  il  n'en  parle  jamais, 
il  l'ignore.  On  peut  se  représenter  par  là  ce  que  doit  être  sa  «  théorie 
générale  de  la  connaissance,  »  sujet  de  son  livre  P^.  C'est  d'une  con- 
naissance purement  sensible,  exclusivement  fondée  sur  le  témoi- 
gnage des  sens,  qu'il  fait  la  base  de  sa  philosophie  des  sciences.  Si, 
dans  le  raisonnement,  il  admet  la  déduction,  ce  n'est  qu'en  tant  que 


—  Wi  — 

Bubordonnce  à  l'induction  et  s'appuyant  exclusivement  sur  des  prin- 
cipes ou  vérités  mis  en  lumière  en  premier  lieu  par  l'induction  expé- 
rimentale. 

Il  arrive  ainsi  à  repartir  toutes  les  sciences  en  trois  grandes  divi- 
sions. Dans  la  première,  il  range  la  logique  avec  les  sciences  du  cal- 
cul, la  géométrie  et  la  «  phoronomie  «  (lisez  :  la  cinématique);  la 
seconde  comprend  les  sciences  physiques  proprement  dites,  mécani- 
que, physique  et  chimie;  et,  dans  la  troisième,  celle  des  sciences  biolo- 
giques :  la  physiologie,  la  psychologie  (sic)  et  la  sociologie.       .,;,; 

On  sera  moins  surpris  de  voir  la  psychologie  placée  après  la  physio- 
logie, lorsqu'on  saura  que,  pour  l'auteur,  l'âme  humaine  n'est  point 
considérée  comme  substantielle,  mais  bien  comme  une  sorte  de  per- 
manence évolutive  du  souvenir.  L'âme  humaine  rabaissée  à  la  faculté 
purement  sensitive  de  la  mémoire,  voilà  à  quoi  aboutit  une  philoso- 
phie des  sciences  qui,  en  rejetant  toute  une  classe,  et  la  plus  relevée, 
de^facultéshumaines,ne  veut  voir  dans  celles-ci,  dans  les  opérations 
defesprit,  qu'un  effet  du  jeu  des  sens  et  des  phénomènes  sensoriels. 

Sur  cette  base  essentiellement  incomplète  et,  partant,  nécessai- 
rement fausse,  l'auteur  a  écrit  un  livre  d'ailleurs  très  savant,  rendu 
par  le  traducteur  en  un  style  austère  et  sobre  qu'on  eût  aimé  voir 
au  service  d'une  philosophie  plus  élevée  et  plus  vraie. 

C.     DE     KlRW^AN. 

lia    Charité   à   travers  la  vie,  par    la   comtesse    d'Haussonville. 
Pari?,  Lecoffre,  Gabalda,  1912,  in-8  de  320  p.  —  Prix  .-  3  fr.  5ii. 

Ce  bon  et  charmant  livre  est  un  recueil  de  passages  choisis  extraits 
des  meilleurs  écrivains  et  orateurs  sur  la  charité  et  s'appliquant  aux 
différentes  circonstances  de  la  vie  :  enfance,  âge  mûr,  vieillesse,  ri- 
chesse, pauvreté,  etc.  On  y  trouvera  les  noms  les  plus  divers  depuis 
l'abbé  Perreyve  jusqu'à  Bossuet  et  depuis  Madame  Craven  jusqu'à 
saint  Grégoire  de  Nazianze.  Mais  les  pages  inédites  ne  le  cèdent 
en  rien  aux  autres.  On  y  reconnaît  l'auteur  de  l'Introduction  si 
simple  et  si  chrétienne,  dans  laquelle,  en  25  lignes.  Madame  la 
comtesse  d'Hausson ville  a  écrit  une  des  plus  touchantes  exhorta- 
tions à  la  charité.  Il  n'est  personne  à  qui  ce  livre  ne  puisse  faire  du 
bien  et  on  comprend  à  merveille  les  hautes  approbations  épiscopales 
dont  il  a  été  l'objet  et  l'élogieuse  Préface  de  M.  le  chanoine  de  Giber 
gués.  La  charité,  c'est  le  résumé  de  toute  la  doctrine  chrétienne,  mais, 
pour  le  comprendre,  il  faut  avoir  soin  d'être  fidèle  au  sens  exact  du 
mot  et  de  l'identifier  avec  l'amour  du  prochain  tel  qu'il  est  prescrit 
par  l'Évangile.  C'est  cette  vérité  que  ce  livre  rend  lumineuse.  Il  n'en 
est  pas  de  plus  utile  à  répandre, au  moment  où  certains  chrétiens, 
d'inspiration  contestable,  prétendent  trouver  ailleurs  que  dans  la 
charité' le  moyen  de  restaurer  le  règne  du  Christ.  E.  G. 


^  145  ~ 

nisforfa  «le  la  educarîoEt  y  la  pcdagogia,   por  el    P.   RAMô^f 
Ruiz   Amado.  Barcelone),  Gili,  1911,  ia-16  de /<26  p.  —  Prix:  -i  fr. 

L'auteur  de  ce  livre  s'est  proposé  de  passer  en  revue  les  différents 
systèmes  ou  concepts  de  l'éducation  et  de  la  pédagogie  à  travers 
les  siècles.  Il  distingue  quatre  époques  principales  :  1^  l'époque  tradi- 
tionaliste (qui  comprend  un  traditionalisme  philologique,  dans  l'Inde; 
scientifique,  en  Egypte;  religieux,  chez  les  Hébreux;  politique,  en 
Chine);  2°  l'époque  humaniste  (qu'il  subdivise  en  humanisme  grec,  et 
en  humanisme  grec-romain);  3°  l'cpoque  néo-latine  (pédagogie  patris- 
tique,  monastique,  scholastique,  humanistique;  formation  de  l'en- 
seignement secondaire  et  de  l'enseignement  primaire);  4°  l'époque 
rationaliste    (pédagogie     réaliste,     philanthropique,     humanitariste, 
moraliste,  politique,  et  nettement  catholique-réactionnaire).  La  pre- 
mière l'poque  remonte  aux  temps  les  plus  reculés  de  l'histoire;  l'au- 
teur fait  preuve,  dans  cette  partie,  d'une  érudition  peu  commune 
puisqu'il  s'agit  de  sjTithétiser  les  connaissances  que  nous  avons  pu 
recueillir  à  grand' peine  dans  les  livres  sacrés  de  l'Inde  et  dans  les 
textes  hiéroglyphiques  de  l'Egypte.   Deux  appendices  intéressants 
concernent  la  pédagogie  chez  le  peuple  hébreu  et  dans  la  Chine,  A 
partir  de  la  seconde  époque,  le  P.  Rujz  Amado  a  divisé  en  numéros 
distincts  chacune  de  ses  monographies,  et  nous  en  comptons  142  jus- 
qu'à la  fin  du  volume.  C'est  assez  dire  que  le  travail  de  l'auteur  est 
une  étude  consciencieuse  et  aussi  complète  que  possible  de  la  question. 
Nous  nous  plaisons  à  signaler  tout  particuhèrement  la  partie  qui  con- 
cerne le  moyen  âge.  On  sait  combien  cette  époque  a  été  dédaignée 
parce   qu'elle  a  été  trop  longtemps  méconnue;  une  réaction  s'est 
produite  au  xix^  siècle,  par  suite  d'efforts  et  de  découvertes  (!)  de  la 
part  d'hommes  sérieux,  ou  plutôt  d'hommes  de  goût.  Le  moyon  âo-e 
a  reconquis  de  nos  jours  la  gloire  qu'il  n'aurait  jamais  dû  voir  s'obs- 
curcir. Et  le  P.  Ruiz  Amado  le  met  en  bonne  place  dans  son  excel- 
lent ouvrage.  Il  était  aussi  tout  naturel  qu'il  fît  une  mention  parti- 
cuHère  des  efforts  déployés  par  les  jésuites  pour  l'éducation  des  jeunes 
gens  :  est-ce  modestie?  Est-ce  quelque  autre  motif  qui  l'a  empêché 
de  développer  davantage  ce  point  si  intéressant?  Toujours  est- il  que 
nous  avons  trouvé  un  peu  écourtées  les  pages  qu'il  a  consacrées  à  ce 
sujet.  Trop  concises  aussi  nous  ont  paru  les  sections  de  la  fin,  où  il 
traite  des  congrégations  religieuses  de  femmes  dédiées  à  l'enseigne- 
ment :  8  pages  seulement,  c'est  peu, trop  peu, quand  il  s'agit  de  montrer 
tout  ce  qu'ont  fait  ou  qu'ont  voulu  faire  les  ursulines,   les  visitan- 
dines,  et  tant  d'autres  ordres  qui  ne  sont  même  pas  nommés,  dont  la 
mission  a  cependant    laissé    un  sillon  lumineux  et  marqué  d'une 
empreinte  profonde  la  société  contemporaine.  G.  Bernard. 


Flvpier  1912.  T.  CXXIV.  10. 


—  146  — 

Histoire  «les  léi;uines.  par  Georges  Gibault.  P^ris,  Lfljrairie  hisni^. 
coïc,  l'.MJ,  gv.  iu-s  do  viii-404  p.,  avec  grav.  —  Prix  :  5  fr. 

S'occupaat  de  la  vie  matérielle  des  hommes,  ce  "voîiime  retraee  tout 
ce  qui  concerne  la  partie  de  l'alimentation  que  l'on  demande  aux 
produits  herbacés  du  sol, aux  légumes,  etnon  pas  seulement  ce  qui  se 
fait  de  nos  jours,  où  les  habitudes  se  sont  établies  en  faveur  de  tels 
ou  tels  végétaux,  ont  subi  les  effets  de  la  mode  et  permis  à  cer- 
tains préjugés  de  prendre  faveur  soit  pour  soit  contre  certaines  na- 
tures de  plantes  ou  de  légumes,  mais  encore  ce  qui  s'est  fait  jadis, 
chez  les  peuples  de  Rome,  de  l'Asie  et  même  en  Egypte. 

Comme  l'auteur  le  dit  au  début  de  son  livre,  notre  curiosité  sera 
excitée  par  ce  que  nous  trouvons,  mais  elle  ne  sera  jamais  entière- 
ment satisfaite.  Des  documents  archéologiques  font  défaut,  ou  sont 
incomplets;  maisle  peu  qui  en  subsiste,et  à  côté, les  graines, les  débris 
végétaux  qu'on  a  trouvés  dans  les  fouilles  opérées,  notamment' dans 
les  tombeaux  Égyptiens,  identifiés  avec  les  représentations 
figurées  sur  les  monuments,  tous  ces  spécimens  d'autres  temps,  plus 
récemmentencore  les  miniatures  des  manuscrits,  ont  été  utiliséspar 
l'auteur  qui  nous  a  vraiment  donné  un  recueil  curieux,  plein  de  science 
et  du  plus  grand  intérêt. 

La  division  du  livre  n'est  pas  rigoureusement  scientifique,  comme 
M.  Gibault  le  dit  tout  de  suite,  lui-même.  Il  débute  par  l'asperge^ 
continue  par  les  légumes  proprement  dits,  herbages  légumiers,  salade, 
légUmes  racines,  donne  un  développement  considérable  aux  plantes 
tuberculeuses  apparues  ou  propagées  dans  les  temps  modernes.  Ce 
sont  les  heliantis,  lescrosnes.les  patates  et, entre  toutes,la  pomme  de 
terre.L' usage  de  celle-ci  est  déjà  bien  ancien,  sinon  fort  répandu.  On 
suit  dans  ces  pages  l'histoire  de  son  développement  dans  notre  Eu- 
rope comme  aussi  dans  notre  France,  pour  arriver  au  point  moderne 
où,  chez  le  pauvre  comme  chez  le  riche,  on  ne  saurait  se  passer  de  ce 
tubercale.  Après  un  chapitre  consacré  aux  fruits  légumiers,  dont  la 
fraise  est  le  plus  intéressant  spécimen,  quelques  pages  rappellent  quel- 
les sont  les  plantes  potagères  qui  ont  eu  leur  temps  de  vogue,  qui 
n'ont  pu  maintenir  cette  faveur,  mais,  depuis,  sont  tombées  en  dis- 
crédit. G.  DE  Senneville. 


LITTÉRATURE 

llippolyte  de  la  lUorvoniiaiiîi,  «a  Yie,  ses  œuvres,  SC8  idées. 

Elude  sur   le   rom'inlhmi;    en   Bretagne,   diaprés    des   documents   inédits,    par 
l'abbé  E.  Flrury.  Paris,  Champion",  1911,  gr.  in-8  <Je  588  p.  —  Prix  :  7fr.  50. 

Hippolyte  de  la  Mervonnait».  lEuvreH  elioi»ies.  Poésie 
et  prose,  avec  des  notes  explicatives,  par  le  même.  Paris,  Champion, 
1011,  gr.  iu-B  de  150  p.       Prix  :  2  fr.  50. 

De  loin,  cet  Hippolyte  de  la  Morvonnais  fait  quelque  figure.  Il  fut 


-^  147  — 

l'ami  ou  le  correspondant  de  Chateaubriand,  dô  Lamennais,  de  La- 
martine, de  Sainte-Beuve,  de  iVlaùrice  de  tjùéfin,  l'hôte  Complaisant 
en  son  manoir  du  Val  de  FArguenon  d'una  quantité  d'écrivains  célè- 
bres de  1830  à  1850.  On  ne  touche  guère  aux  grands  romantiques 
sans  rencontrer  son  nom  dans  quelque  coin,  en  tête^ou  au  bas  de 
quelque  lettre.  Et,  comme  on' sait  qu'il  a  écrit  en  vers  et  en  prose,  on 
a  fait  à  l'auteur  de  la  Thébaïde  des  grèves,  des  Larmes  de  Madeleine, 
du  Manoir  des  dunes,  la  grâce  de  croire  qu'il  eut,  lui  aussi,  du  talent 
et  peut-être,  à  cause  de  sa  vie  retirée  au  fond  de  la  Bretagne,  un  talent 
méconnu. 

A  cause  de  cela  même,  il  était  bon  qu'un  travailleur  allât  y  voir  de 
près  et  remuer  le  fatras  d'inédit  qu'a  raison  de  garder  son  petit- fils, 
que  n'eut  pas  tout  à  fait  tort  de  brûler  et  d'abandonner  dédaigneu- 
sement aux  rats  sa  fille  Marie.  Or,  si  M.  l'abbé  Fleury  n'a  pas  eu  l'hé- 
roïsme de  voir  que  son  «  héros  »  était  de  bois  creux,  s'il  lui  conserve 
une  admiration  qui  tend  à  justifier  son  labeur  et  ses  deux  volumes, 
l'évidence  est  là;  et  c'est  la  famille  du  pauvre  Hippoiyte  qui  eut  raison 
en  le  considérant  toute  sa  vie  comme  un  fou,  un  demi-fou  tout  au 
moins,  à  qui  le  romantisme  et  le  mal  littéraire  avaient  tourné  la  tête. 

Son  portrait  en  tête  du  volume  donne  déjà  l'impression  d'un 
halluciné.  Ce  qu'on  nous  dit,  trop  discrètement,  de  sa  façon  de  vivre, 
ses  promenades  solitaires  en  pleins  champs,  en  pleines  grèves,  avec 
une  majestueuse  redingote  et  un  chapeau  à  haute  forme  éternel, 
confirment  cette  inquiétude.  Et  il  transparaît  que,  quoiqu'il  fût  tout 
le  contraire  d'un  méchant  homme,  il  fit  par  les  bizarreries  de  son  hu- 
meur et  son  indocilité  à  suivre  la  voie  commune  le  tourment  de  sa 
mère;  qu'il  rendit  pendant  dix  ans  sa  charmante  femme  très  malheu- 
reuse, en  la  rabrouant  durement  parce  qu'elle  essayait,  l'étroite  et 
sotte  bourgeoise,  de  ramener  doucement  le  malade  à  la  réalité  et  de 
l'incliner  à  s'occuper  un  peu  de  ses  affaires;  qu'il  s'écarta  avec 
aigreur  de  presque  toute  sa  famille,  s'isolant  dans  sa  hauteur  de  génie 
incompris  et  même  persécuté.  Mais  il  apparaît  en  toute  évidence  que 
compilant,  compilant,  écrivant,  écrivant,  en  vers,  en  prose,  et  sur 
tous  sujets,  reconstituant  le  monde,  refaisant  même  le  catholicisme, 
donnant  dans  toutes  les  utopies  du  fond  de  son  trou  qu'il  appelait 
noblement  sa  thébaïde,  adressant  à  tout  propos  des  lettres  apoca- 
lyptiques et  démesurées  à  tout  le  monde,  à  Lamartine,  à  George 
Sand,  à  Enile  da  Girardin,  voire  au  nonce  du  Pape,  et  à  la  Nation 
française,  et  réussissant  tout  juste,  malgré  l'appétit  de  gloire  qui  le 
dévorait,  à  imprimer  à  ses  iVais  li-ois  ou  quatre  méchants  volumes, 
et  à  ghsser  dans  quelques  journaux  ot  revaos  d3  333  amis  quelques 
«  tartines,  »  il  fut  liitérairemeat,  et  au  sans  pariait  da  mot,  un  raté. 

—  Les  pages  choisies  qui;  M.  l'abbé  Fieui'y  a  données  parallèle- 


148  — 

ment  à  sa  grosse  thèse  justifient,  hélas!  ce  jugement  plutôt  dur.  Et 
il  est  vrai  que  son  goût  n'est  pas  du  tout  le  mien,  qu'il  admire  comme 
pittoresque  et  original  ce  que  je  trouve  fade  et  plat,  et  voit  dans  la 
lune  qui  se  mire  sur  l'étang  ou  dans  l'épi  doré  que  ramasse  le  glaneur 
des  «  images  neuves  et  charmantes...  «  Mais  enfin  il  n'a  pas  pu  se 
tromper  tout  le  temps  dans  son  choix.  Or,  d'un  bout  à  l'autre,  les  vers 
sont  mous,  puérils,  d'une  vraie  misère.  Quant  à  la  prose,  à  toutes 
les  divagations  philosophiques,  sociales  et  rehgieuses,  par  lesquelles 
La  Morvonnais  fait  écho  dans  son  pauvre  cerveau  fêlé  d'abord  aux 
thèmes  romantiques  de  la  hberté  de  l'art  et  de  la  sainteté  de  la 
poésie,  ensuite  à  toutes  les  utopies  fouriéristes  qu'il  épousa  pour  les 
rendre  plus  troubles  encore,  annonçant  l'égalité  et  l'harmonie  univer- 
selle ;Vétablissant  un  parallèle  entre  Jésus-Christ  notre  «  initiateur 
précédent  religieux  «  et  Fourier  «  notre  initiateur  postérieur  scienti- 
fique »;  cherchant  à  être  un  «  harmonien  catholique  »,  défendant  le 
«  système  sociétaire  »  et  la  «  doctrine  harmonienne  »  contre  Lamartine 
et  contre  l'archevêque  de  Cambrai,  le  divorce  et  le  «  mariage  sé- 
riaire  «;  voulant  qu'on  «  libère  pleinement  les  instincts,  car  toute 
nature  en  soi  est  bonne  »;  et  cherchant  à  donner  la  formule  nou- 
velle'"d'un  catholicisme  élargi  et  plus  humain  :  tout  cela  est  si  incohé- 
rent et  si  niais  sous  sa  forme  grandiloquente  et  verbeuse,  que  c'eût 
été  une  charité  de  jeter  dessus  le  voile,  et  de  nous  conserver  seulement 
en  médaillon  la  silhouette  du  doux  songe-creux  qui  fit  connaître  à 
Maurice  de  Guérin  la  mer,  qui  s'occupa  de  faire  avoir  à  Chateaubriand 
l'îlot  du  Grand-Bé  pour  tombeau,  et  qui  finit  pieusement  ses  jours, 
quoique  républicain,  démocrate,  et  ivre  de  48,  en  bâtissant  une 
église  et  en  devenant  marguillier  de  sa  paroisse...  * 

Mais  la  vérité  a  ses  droits  et  le  doctorat  ses  exigences.  L'intérêt  du 
travail,  consciencieux  et  naïf,  de  M.  Fleury  est,  avec  celui  de  nous 
ôter  l'illusion  que  La  Morvonnais  fut  quelqu'un,  de  nous  faire  voir 
les'ravages  qu'opéra  dans  la  jeunesse  du  xix^  siècle,  après  les  folles 
lectures  du  xviii®,  la  contagion  de  toutes  les  maladies  romantiques. 
Car  le  pauvre  La  Morvonnais  les  prit  toutes  :  mal  du  doute,  dégoût  de 
vivre  et  orgueil  de  la  solitude  à  la  René,  mal  d'écrire  et  tourment  de 
la  gloire  à  la  Chateaubriand  (d'où  les  épopées  en  39  chants,  comme 
Pharamond,  et  les  traductions,  et  les  essais  dans  tous  les  sens...);  puis, 
de'Lamennais  à  Fourier,  les  utopies  sociales  et  religieuses  les  plus 
extravagantes...  Là  où  il  n'y  a  plus  le  prestige  de  l'art,  —  et  c'est 
ici  le  cas,  —  l'œuvre  apparaît  un  chaos  sans  le  moindre  éclair,  la  vie 
un  gâchis  stérile  et  lamentable.  Gabriel  Audiat. 


—  149  — 

Haute   Magyarorszïigoii  {Dante  en  Hongrie),  ina  Kaposi  Jôzssf. 
Budapest,  Rêvai,  1911,  gr.  in-8  de  373  p. 

Innombrables  sont  les  auteurs  qui  ont  traduit,  coram.enté,  analysé 
l'œuvre  de  Dante,  et  cependant  l'ouvrage  de  Joseph  Kaposi  comble 
une  lacune.  Non  seulement  il  résume  ave:,  autant  d'impartialité  que 
d'exactitude  tout  ce  qui  a  été  publié  en  Hongrie  sur  l'auteur  de  la 
Divine  Comédie,  mais  encore  il  étudie  les  rapports  de  l'auteur  avec 
le  royaume  d'André  III.  Il  établit  que  le  poète  n'accompagne  ni 
Charles  Martel  ni  Charles  Robert,  et,  commentant  les  vers  : 

;  •  "'                                    0  beata  Uogaria,  se  non  si  lascia| 
Più  malmenare  ! 

il  montre  que  beaucoup  de  traducteurs  se  sont  mépris  sur  leur  signi- 
fication, parce  que,  pour  en  saisir  le  sens,  il  faut  connaître  l'histoire  de 
la  Hongrie,  fort  compliquée  à  cette  époque  où  le  trône  de  Saint- 
Ètienno  fut  occupé  par  des  membres  de  la  maison  d'Anjou. 

La  Divine  Comédie  a  commencé  à  être  connue  en  Hongrie  vers  1417  • 
par  une  traduction  latine  de  Giovanni  da  Serravale,  dont  un  exem- 
plaire se  trouve  à  la  bibliothèque  épiscopale  d'Eger;  d'autres  tra- 
vaux suivirent,  on  en  retrouve  la  trace  dans  la  Corvina\  le  mouvement 
8' accentua  à  l'époque  de  la  Réforme  et  se  développa  jusqu'à  nos 
jours.  Joseph  Kaposi  étudie  toutes  les  traductions  hongroises  qui  en 
furent  faites  et  dont  la  première  est  due  à  François  Csâszâr;  celle  de 
Charles  Szâsz,  publiée  en  1882,  est  une  des  plus  importantes.  Les 
principaux  chapitres  de  l'ouvrage  de  Joseph  Kaposi  sont  :  La  Fortuna 
di  Dante;  Dante  et  la  Hongrie;  Les  Premiers  Travaux  sur  Dante  en 
Hongrie;  Les  Codex  hongrois  de  Dante;  Dante  en  Hongrie  du  xvi®  au 
xviii^  siècle;  Les  Prêtres  hongrois  et  la  littérature  dantesque;  L'His- 
toire de  la  littérature  italienne  en  hongrois;  les  Femmes  dans  la  littéra- 
ture hongroise  de  Dante  ;  Nouvelles  Traductions;  Dante  dans  l'art  hon- 
grois. Une  bibliographie  hongroise  de  Dante  accompagne  l'ouvrage 
que  termine  un  index  alphabétique  des  jioms.  Dante  en  Hongrie,'j\\x\ 
résume  tout  ce  qui  a  été  publié  en  Hongrie  sur  le  poète  florentin,  est 
un  travail  complet,  bien  écrit,  facile  à  consulter,  qui  rendra  service 
à]ceux  qui  voudront  étudier  l'auteur  de  la  Divine  Comédie.  : 

fj  HORN. 


HISTOIRE 

te»   CltrétÈciités   celticittcs,''  par  Dom    Louis    Gouga.ud.    Pari 
Lecoffre,  Gabalda,  1911,  iQ-1-2  de  xxxv-.410  p.,  avec  3  cartes.  — Prix:  3  fr.50. 

Ce  volume  prend  place  dans  l'histoire  ecclésiastique  de  l'Angle- 
terre avant  celui  de  Dom  Cabrol  sur  l'Angleterre  chrétienne  avant  les 
Normands.  A  eux  deux,  ils  forment  pour  ce  pays  un  tout  complet.  Le 


—  1^0  - 

dernier  paru  se  recomfl:ande  par  les  mcmes  qualilds  que  le  premier^. 
Énidilion  sûre,  analyse  sobre  des  détails,  synthèse  claire  et.  ferme 
des  grandes  lignes,  exposition  simple  et  nette,,  tout  contribue  à  en 
faire  un  excellent  ouvrage  de  vulgarisation  à  l'usage  des  gens  ins- 
truits. 

Après  une  Introduction  riche  et  ordonm  e  sur  les  sources  et  les  ins- 
truments de  travail,  Dom  Gougaud  étudie  d'abord  les  cultes  païens 
chez  les  Celtes,  puis  les  origines  et  l'épanouissement  du  christianisme 
dans  les  pays  insulaires  et  en  Armorique,  et  enfin  les  expansions  de 
ce  christianisme  surtout  par  les  apôtres  irlandais  dans  les  îles  du  nord 
et  sur  le  continent.  Il  caractérise  le  rôle  tout  particulier  du  mona- 
chisme  dans  les  Églises  celtiques  en  ce  qui  concerne  leur  organisation 
et  leur  développement.  Il  raconte  ensuite  les  controverses  discipli- 
naires, les  institutions  ecclésiastiques,  la  culture  littéraire  et  théolo- 
gique,  la  liturgie,  la  dévotion,  les  arts  chez  ces  chrétiens,  séparés 
depuis  si  longtemps  du  monde  romain,  remphs  de  tradition?  très 
particuïaristes,  doués  d'une  foi,  d^une  crédulité  toutes  spéciales.  11 
termine  en  montrant  comment  ils  s'accordent  peu  à  peu,  mais  con- 
traints et  tardivement,  avec  leurs  voisins  les  Anglo-Saxons  et  les  au- 
tres chrétientés.  Cette  liistoire  descend  jusqu'au  xi*^  siècle,  sans 
avoir  la  prétention  d'éclaircir  tous  les  problèmes,  mais  en  jetant  une 
lumière  discrète  sur  presque  tous,  du  moins  autant  que  la  science  mo- 
derne le  permet.  Elle  fera  bonne  figure  dans  la  Bibhothèque  de  l'en- 
seignement' de  l'histoire  ecclésiastique.  A.  Clerval. 


lie  Roi  et  mes  uiinieJres  peiedaut  lesti'ois  derniers  siècIi'H 

de  la  JMoiiiireliîe,  par  Paul  Viollet.   Paris,  Larose  et  Teniu,  1912, 
^m-8  de  x-6t6  p.  —  Prix  :  10  fr. 

11  n'est  personne  parmi  les  amis  des  antiquités  nationales  qui  ne 
connaisse  et  n'apprécie  les  beaux  travaux  de  M.  Paul  Viollet  sur  l'his- 
toire du  droit  français,  privé  ou  public,  et  qui  ne  les  considère  comme 
une  source  abondante  (ie  renseignements  à  recueillir  et  de  réflexions 
à  faire.  Son  Histoire  des  institutions  politiques  et  achninisiratif^es  de  la 
France  (i890-1903,  o  vol.  in-8)  s'arrêtait  au  xvi^  siècle.  Le  volume 
que  nous  signalons  aujourd'hui  :  Le  Boi  et  ses  ministres  pendant  les 
trois  derniers  siècles  de  la  Monarchie  en  est  une  continuation  partielle 
jusqu'à  la  Révolution.  Le  sujet  est  développé  en  neuf  chapitres  :  I. 
Le  Royaume  (1.  Les  Accroissements  du  royaume.  2.  Les  Accroisse- 
ments du  domaine).  IL  Le  Roi  (1.  Le  Droit  divin.  2.  La  Papauté  et 
la.  Couronne  de  France.  3.  L'Empereur  et  le  Roi  de  France).  IIL  Le 
Rôle  de  la  Royauté.  —  Le  Chancelier  et  les  secrétaires  du  Roi  (1.  Le 
Roi  et  le  pouvoir  central.  Vues  générales.  2.  Le  Chancelier.  3.  Les 
Notaires  et  secrétaires  du  Roi).  IV.  Le  Surintendant,  le  contrôleur 


—  151  — 

général  des  i'inances  (1.  La  Surintendance'  des  finances  jusqu'à  Col- 
bert.  2.  Colbert  et  le-  Contrôle  général).  V,  Les  Secrétaires  d'État 
(1.  Les  Secrétaires  d'État  avant  1661.  2.  Les  Secrétaires  d'État  de- 
puis 1661).  VI.  L'Armée.  —  Préliminaires.  —  Première  section  : 
Éléments  anciens.  —  Les  Officiers  supérieurs.  (1.  Suppression  du 
connétable.  Le  Maréchal  général  des  camps  et  armées  du  Roi.  2.  Les 
Maréchaux  de  France.  3.  Les  Gouverneurs).  Deuxième  section  :  Élé- 
ments actifs.  —  Les  Officiers  supérieurs.  —  Les  Troupes  (1.  Vues  gé- 
nérales. 2.  L'Infanterie  et  la  cavalerie.  3.  L'Artillerie  et  le  génie.  4. 
Les  Commandants.  5.  La  Vénalité  et  la  noblesse  dans  l'armée.  6.  Les 
Troupes.  7.  Les  Trésoriers  et  les  commissaires  des  guerres.  —  Les 
Inspecteurs.)  VIL  La  Marine.  VIII.  Quelques  grands  Services  publics. 
(1.  Les  Mines.  —  Les  Eaux  et  forêts.  2.  La  Voirie.  3.  Les  Postes  et 
les  messageries.  4.  La  Surintendance,  puis  Direction  des  bâtiments  du 
Roi).  IX.  Les  Intendants  de  province  (1.  Les  Intendants  d'après  l'in- 
tendant d'Aube  et  d'après  Law.  2.  Historique  jusqu'à  la  Fronde  in- 
clusivement. 3.  Historique  après  la  Fronde.  4.  La  Fin  des  intendants.) 
—  Une  Table  alphabétique  générale  complète  \&  volume  et  en  facilite 
l'usage.  —  Fruit  d'un  travail  énorme,  qu'ont  éclairé  les  rayons  d'une 
inteiligenoe  remarquablement  vigoureuse,  claire  et  subtile,  ce  volume 
s^&ppuie  sur  une  bibliographie  si  riche  qu'elle  en  est  presque  effrayante, 
et  dont,  soit  par  les  listes  placées  à  la  fin  de  chaque  chapitre,  soit  par 
les  indications  mises  au  bas  des  pages,  l'auteur  a  fait  avec  une  libé- 
ralité surabondante  profiter  le  lecteur,  auquel  il  ouvre  ainsi  toutes 
sortes  de  voies.  Cette  extraordinaire  érudition  n'a  rien  enlevé  à  la 
netteté  vive  et  précise,  ni,  ce  qui  est  plus  fort,  à  l'agrément  aimable 
et  original,  parfois  piquant  de  l'exposé,  par  où  la  rare  valeur  scienti- 
fique du  livre  se  rehausse  d'un  beau  mérite  littéraire.  M.  Viollet  a  le 
don  singulier  de  pratiquer  à  la  fois  la  plus  minutieuse  analyse  et  la  plus 
large  synthèse  et  de  les  faire  valoir  l'une  par  Fautre.  Là  mente  où  on 
pourra  différer  d'avis  ou  de  sentiment  avec  l'auteur  (et  ce  sera  sur- 
tout le  cas  pour  telle  ou  telle  des  questions  délicates  touchées  par  lui 
dans  son  second  chapitre  avec  une  prédilection  peut-être  excessive  et 
une  sympathie  non  dissimulée  pour  certaines  façons  de  voir),  on  pro- 
fitera de  sa  science,  unie  en  lui,  nous  le  savons,  à  une  conscience  pro- 
fondément chrétienne,  et  on  goûtera  son  talent  de  mise  en  œuvre.  Nous 
ne  croyons  pas  céder  à  l'entraînement  d'une  vieille  amitié,  mais  ex- 
primer une  impression  juste,  en  disant  que,  considéré  dans  son  en- 
semble, son  livre  est  de  ceux  qui  honorent  le  plus  la  science  française. 

M.  S. 


—  152  - 

Une    B"rj>vinrc    mous    Liouis    XIV.    Ij'AtliniiiisIratioii    des 
-   inlSBidauls  «l'Orléans  €le    fl6»S»  à    391»,    par   Charlhs    db 

Bkaucohps.  OrledUi,  Marron,  1911,  iu-s  de  xviii-ilO  p.,  avec  portrait.  — 

Prix  :  1  tv.  50. 

L'organisation  administrative  de  l'ancien  régime  est  peu  connue 
dans  son  fonctionnement  journalier.  On  sait  que,  tout  en  étant  assez 
minutieuse,  eUe  profitait  d'une  bien  plus  large  décentralisation  que 
celle  dont  nous  a  gratifié  un  système  électif  poussé  à  l'excès  et  engen- 
drant forcément  le  despotisme  intolérable  des  incompétents.  Du 
moins,  les  fonctionnaires  de  l'ancien  régime  se  montraient  capables, 
indépendants,  très  préparés  à  leurs  fonctions,  et  nous  leur  devons  la 
plupart  des  progrès  acquis  aux  xvii^  et  xviii^  siècles.  M.  Ch.  de  Beau- 
corps,  ancien  élève  de  l'Ecole  des  chartes, a  étudié  et  analysé  toutes 
les  pièces  qui  demeurent  sur  le  gouvernement  de  l'Orléanais  sous 
trois  intendants  distingués,  Jean  de  Creil,  André  de  Bouville  et  Yves 
de  la  Bourdonnaye  à  la  fin  du  règne  de  Louis  XIV. 

On  trouvera  des  détails  intéressants  sur  leur  vie,  on  lira  surtout 
avec  intérêt  le  résumé  très  exact  des  divers  points  sur  lesquels 
s'exerçait  leur  contrôle  :  impositions,  comprenant  la  taille,  la  capita- 
tion,  le  dixième,  les  aides  et  les  gabelles;  l'administration  commu- 
nale; lestravauxpublics,  ponts, levées, canaux;  les  affaires  militaires, 
ban  et  arrière-ban  de  la  noblesse,  milices  provinciales;  la  justice  et  la 
police;  les  affaires  religieuses,  clergé  régulier  et  séculier,  instruction 
publique,assistance  et  travaux  de  charité;  le  commerce  et  les  disettes. 

On  voit  que  bien  des  questions  sont  abordées  dans  ce  mémoire  pré- 
senté à  la  Société  archéologique  et  historique  de  l'Orléanais,  mais  qui, 
par  certains  côtés,  présente  un  intérêt  général  et  peut  servir  de 
point  de  comparaison.  Le  tout  est  très  clairement  exposé  et  appuyé 
sur  des  documents  nombreux,  parmi  lesquels  il  n'était  pas  facile  da 
faire  im  choix  judicieux.  G.   B.    de    P. 

lia  Conspiration  et  la  fin  de  Jean^  baron  de  Batz  (t  993- 

18SÎÎ;,  par  le  barou  de  Batz.  Paris,  Gaimaun-Levy,  s.  d.,  ia-8  de  o33  p. 
—  Prix  :  3  fr.  53. 

Sur  ce  second  et  dernier  volume  de  l'histoire  agitée  et  romanes- 
que par  excellence  du  baron  de  Batz,  nous  maintenons  nécessaire- 
ment les  réserves  que  nous  avons  cru  devoir  présenter  à  l'examen 
àxipvem\eT{Polybiblion  de  septembre  1908,  t.  CXIII,  p.  256-257) 
et  que  divers  ouvrages  parus  depuis  n'ont  fait  que  confirmer  ; 
mais  nous  continuons  aussi  à  lire  avec  un  vif  intérêt  les  aventures 
de  ce  personnage  toujours  énigmatique,  toujours  agissant.  Le  style 
môme  de  l'auteur,  familier,  abondant  et  ardent,  fait  circuler  une 
animation  entraînante  dans  ses  récits,  et  si,  par  là  même,  il  ne  leur 


—  153  — 

apporte  pas  toute  la  force  de  la  science  historique,  il  leur  donne 
l'intérêt  de  la  passion  et  l'agrément  du  mouvement.  Le  «  conspi- 
rateur »  de  la  Révolution  ne  pouvait  rencontrer  un  historien  plus 
séduit  par  le  personnage,  mieux  entré  dans  le  sujet.  Tout  un  monde 
circule  dans  ces  pages;  une  bonne  table  alphabétique  facilite  les 
recherches,  et  c'est  fort  à  propos.  Le  «  baron  »  est  donc  représenté 
comme  le  pivot  de  tout  le  mouvement  antirévolutionnaire  en  France 
pendant  sept  ou  huit  ans;  il  veut  «  écraser' les  Girondins  »,  puis 
«  avilir  la  Convention  »;  entre  temps  il  corrompt  à  prix  d'argent 
les  députés,  achète  les  policiers,  fait  manœuvrer  comme  des  pan- 
tins les  bourgeois  de  Paris,  ^répand  l'argent,  s'échappe  de  prison, 
se  déguise,  se  grime,  etc.  Il  veut  arracher  du  Temple  la  Reine, 
mais  manque  sa  généreuse  entreprise,  s'évanouit  comme  une  ombre 
et  ne  recommence  pas.  Il  apporte  l'affirmation  positive  de  la  mort 
du  malheureux  Dauphin  (p.  387)  et  son  historien  partage  sa  ma- 
nière de  voir.  Il  est  l'adversaire  «personnel»  de  Robespierre,  avec 
qui  il  mène  un  «  duel  »  dont  le  9  Thermidor  serait  l'étape  victo- 
rieuse. Très  calme  sous  le  Consulat,  plus  calme  encore  pendant 
l'Empire,  tout  occupé  alors  de  chicanes  pour  défendre  ses  droits 
de  propriété  sur  une  terre  achetée  sous  un  faux  nom,  en  Auver- 
gne, il  reçoit,  à  la  Restauration,  les  épaulettes  de  général  de  bri- 
gade, et  il  meurt  (10  janvier  1822)  d'un  coup  de  sang. 
^.Une  grande  partie  de  ses  nombreux  papiers,  saisis  pendant  la 
Révolution,  lui  furent  restitués  ^  par  le  gouvernement  royal;  ces 
dossiers,  devenus  la  propriété  de  M.  de  Batz,  constituent,  appuyés 
par  la  multitude  de  ses  lectures,  la  trame  de  son  récit;  des  Appen- 
dices ajoutent  des  éclaircissements  sur  la  généalogie  et  le  décès  de 
ce  personnage  qui. demeure,  pour  nous  du  moins,  toujours  mysté- 
rieux. G.  DE  G. 


IiV4nib»g8ade  du  duc  Decazes  en  4ngleterre  (1990-1991), 
par  Ernest  Daudst.  Paris.  Plou-Nourrit,  1910,  iu-3  de  iN-374  p.  — 
Prix  :  7  fr.  50. 

^Nous  ayant  conté  les  actes  de  M.  Decazes  au  pouvoir,  dans  un 
premier  volume,  M.  Daudet,  qui  nous  décrit  ici  son  ambassade  en 
Angleterre,  devra  ajouter  une  troisième  étude  sur  M.  Decazes  à 
la  Chambre  des  pairs,  comme  grand  référendaire  sous  la  monarchie 
de  Juillet,  s'il  veut  achever  une  histoire  dont  les  éléments  sont  puisés 
dans  les  riches  archives  du  château  de  la  Grave.  Nous  ne  nous  en 
plaindrons  pas.^M.  Daudet  écrit  sans  passion,  mais  non  pas  sans 
sympathie  très  vive  pour  son  «  sujet  ».  Je  lui  reprocherais  de  ne 
voir  dans  les  adversaires  de  M.  Decazes  que  de  mauvais  Français, 
quand  la  proposition  contraire   se   pourrait  mieux  soutenir;  c'est 


—  154  — 

ime  injustice  que  de  nommer  toujours  les  royalistes  des  «  ultras  », 
puisque  l'auteur  prend  en  mauvaise  part  ce  terme  qui  ne  doit 
dcésigner  qu'une  fraction  du  parti  royaliste.  Lui  aussi^  ce  terme 
d'ultra  pourrait  être  soutenu  et  défendu  non  pour  les  exagérations 
que  l'on  prête  aux  politiques  qui  le  reçurent,  mais  pour  les  principes 
sociaux    cju'il  représente.  . ,,  ; 

Sans  nous  faire  de  grandes  révélations  sur  les  sentiments  intimes 
de  Louis  XVIII  pour  son  favori,  ce  volume  nous  apporte  les  té- 
moignages nouveaux  de  cette  passion  qui  s'épanche  en  des  lettres 
dont  les  expressions  côtoient  le  ridicule  par  leur  vivacité.  Mais  aussi 
le  vieux  Roi  comprend  son  devoir  et  fait  passer  la  tranquillité  de 
l'Etat  avant  la  satisfaction  de  ses  plaisirs  personnels;  ainsi  ne 
veut-il  pas  créer  à  ses  nouveaux  ministres  des  embarras  par  la  pré- 
sence de  son  ancien  ami  et  il  tient  ]\L  Decazes  loin  de  Paris.  Cette 
volonté  lui  devient  plus  facile  pfir  son  afl'ection  nouvelle  pour 
M°i^  du  Cayla.  M.  Ernest  Daudet  est  fort  sévère  pour  cette 
dame    et  il  fournit  nombre  d'arguments  en  faveur  de  son  opinion. 

On  est  surpris  de  la  nullité  politique  de  M.  Decazes  à  l'ambas- 
sade de  Londres.  Deux  ou  trois  billets  de  sa  femme  ont  autrement 
de  relief  et  de  piquant  que  ses  dépêches  et  ses  lettres  au  Roi. 
Sur  la  société  anglaise  nous  avons  cependant  quelques  détails  cu- 
rieux, surtout  sur  le  procès  de  la  reine  Caroline  qui  faisait  alors 
scandale  dans  tout  le  royaume.  Plusieurs  Appendices  ont  leur  inté- 
rêt, en  particulier  une  longue  lettre  adressée  au  duc  d'Angoulême 
le  2  janvier  1828  par  M.  Decazes.  Mais  il  semble  avéré  que  tout 
ce  que  l'on  sait  de  lui  et  tout  ce  que  l'on  saura  lui  conservera  la 
figure  d'un  personnage  très  «  arrivis-"  »  et.  ^u  fond,  fort  médiocre. 

G. 


lit»  Restauration  de   l'eatipire  allcneand.  liC  Rôle  de   la 

Baiièpe, 'par  A.  de  Ruvillk  ;  trad.de  rallemand  par  Pibrre  Albin. 
avec  une  Introduction  sur  les  papiers  de  Cercay  et  le  secret  des  corres- 
pondances diplomatiques  par  Joseph  Reinagh.  Paris^  Alcan,  1911,  in-8de 
ixxu-3-27  p.   —  Prix  :  7  fr. 

Il  est  rare  qu'un  ouvrage  allemssud  soit  elair.' Celui-ci  pourtant, 
malgré  quelques  longueurs,  mérite  d'être  loué  pcmr  sa  clarté  et,  à 
vrai  dire,  les  longueurs  qu'on  peut,  au  premier  abord,  lui  reprocher 
ne  sont  que  rinévitaljle  résultat  du  légitime  et  intéressant  souci  de 
Tauteur  de  ne  rien  négliger  dans  l'exposé  de  négociations  extrê- 
mement compliquées.  Mais  nous  aimons  à  trouver  une  explication 
de  cette  heureuse  anomalie  dans  ce  fait  que  M.  de  Ruville  est  d'o- 
rigine française.  Son  arrière-grand-père  avait  émigré  en  1792  et 
sa  famille  était  restée  fixée  en  AUemague. 

Quand  nos  i)ensées  sont  ramenées  vers  le  drame    de  1870,  nous 


—  155  — 

sopimes  invinciblement  hypnotisés  par  le  calvaire  de  nos  armées  et 
la  chute  de  la  France.  Tout  ce  qui  ne  se  rapporte  pas  direttement 
aux  opérations  de  guerre  et  à  notre  révolution  politique  nous  paraît 
chose  négligeable  et  nous  sommes  peut-être  trop  habitués  à  la  manière 
incidente  dont  nos  historiens  traitent  les  événements  politiques  qui 
concernent  l'histoire  intérieure  de  l'Allemagne,  et  l'évolution  politique 
dont  l'aboutissement  fut  l'établissement  plutôt  que  la  restauration  de 
l'empire  allemand. —  En  hsant  l'ouvrage  de  M.  de  Ruville,  on  pénètre 
les  intrigues  et  les  difficultés  sans  nombre  au  miheu  desquelles  le  prince 
de  Bismarck  sut  se  mouvoir  pour  arriver  à  ses  fins.  Les  prétentions 
des  États  du  sud,  l'eiïort  sournois  de  l'Autriche  pour  reprendre  pied 
en  Allemagne,  en  dépit  des  événements  de  1866,  expliquent,  s'ils 
ne  les  excusent  pas,  les  hésitations  du  gouvernement  français  au 
début  de  la  guerre.  La  diplomatie  de  ces  princes  et  de  ces  ministres 
teutons  y  apparaît  comme  la  plus  fourbe  et  la  plus  déloyale  qu'on  puisse 
rêver.  C'est  l'école  à  laquelle  a  été  élevéM.  deKiderlen-Waechter  et  le 
modèle  qu'il  paraît  vouloir  imiter  dans  sa  négociation  marocaine  : 
donner  et  reprendre  à  chaque  incident  et  se  contredire  avec  cynisme, 
telle*  sont  les  maximes  qui  paraissent  dominer  cette  politique.  La  Ba- 
vière et  son  roi  Louis  II  auraient  voulu  gardsr  leur  indépendance 
nationale  tout  eij  ne  se  mettant  pas  en  opposition  avec  le  sentiment 
national  qui  poussait  vers  l'unité.  M.  de  Ruville  démêle  le  réseau  touffu 
des  intrigues  auxquelles  ce  doul  le  et  contradictoire  sentiment  a  donné 
lieu.  Mais  surtout,  et  c'est  là  ce  qui  donne  à  son  livre  un  intérêt  de 
premier  ordre,  il  explique  comment  les  papiers  de  M.  Rouher,  tombés 
au  pouvoir  de  M.  de  Bismarck  à  la  suite  de  l'occupation  par  les  troupes 
allemandes  du  château  de  l'ancien  ministre  de  Napoléon  IH,  lui  ont 
permis  d'exercer  un  chantage  politique  d'une  irrésistible  puissance 
sur  les  hommes  d'État  qui  défendaient  l'indépendance  des  États  du 
sud  et  spécialement  sur  le  comte  Bray,  ministre  de  Bavière.  Devant 
la  menace  de  la  révélation  des  négociations  qui  avaient  eu  lieu  avant 
la  guerre  entre  la  France  et  l'Autriche  d'une  part,  l'Autriche  et  la  Ba- 
vière d'autre  part,  pour  éviter  l'hégémonie  menaçante  de  la  Prusse, 
ceux-ci  ont  dû  cesser  toute  résistance.  L'empire  allemand  a  été  fait 
et  la  Bavière  n'en  est  plus  qu'une  province. 

Dans  une  Introduction  très  documentée  et  tout  à  fait  remar(.;ua- 
ble,  M.  Joseph  Reinach  cherche  à  dé?.ager  la  responsabilité  de  ce 
secoiws  inattendu  arrivé  entre  les  mains  de  M.  de  Bismarck.  M.  Rou- 
her avait-il  eu  le  droit  de  soustraire  ces  papiers  aux  Archives  gouver- 
nementales? Question  singulièrement  angoissante  quand  on  observe 
que  si  les  traces  de  ces  négociations  ne  s'étaient  pas  trouvées  au  do- 
micile particulier  de  l'ancien  ministre,  elles  ne  seraient  pas  tombées 
entre'  les  mains  de  notre  vainqueur,  qui  les  détient  encore  sans  les  avoir 


—  156  — 

«Atièreinent  fait  connaître   et  qui,    grâce  à  elles,    a  pu    exercer  uua 
pression  dont   le   résultat  pèse  si    lourdement  sur    la  France. 

Mais,  d'un  autre  point  de  vue,  il  est  permis  de  se  demander,  après 
plus  de  quarante  ans,  si  les  véritables  victimes  de  l'unité  allemande 
n'ont  pas  été  (après  l'Alsace-Lorraine,  bien  entendu),  mais  peut-être 
autant  que  la  France,  ces  États  du  sud,  qui  jadis  marchaient  à  la 
civilisation  sous  l'influence  française  qui  les  pénétrait  et  les  poliçait 
et  qui,  depuis  cette  époque,  écrasés  par  la  domination  prussienne, 
rétrogradent  vers  la  barbarie  teutonne.  M.  de  Ruville  a  raison  de  dire, 
en  terminant  son  livre, que  ce  n'était  pas  être  nécessairement  un  mau- 
vais Allemand  que  de  concevoir  l'unité  allemande  autrement  qu'elle 
a  été  réalisée.  Nous  ajouterons  que,  si  la  Providence  réserve  à  la  France 
la  victoire  dans  la  lutte  prochaine,  l'orgueil  prussien  en  pâtira  certai- 
nement, mais  l'intérêt  bien  compris  des  pays  allemands  y  trouvera 
peut-être  largement  son  compte.  Eugène  Godefroy. 

Femmes  de  Ficauce.  CoUecliou  publiée  par  la  maison  Lethielleux. 
Série  de  volumes  in-l^  à  O  fr.  GO  :  1 .  Madstme  dt-  la  Fayette,  par  G.  Le- 
GIGNE,  lio  p.  —  2.  Mademoiselle  de  Monipeiisier,  par  le  même,  120  p. 
—  3.  George  ISand,  par  le  même,  126  p.  —  4.  Madame  de  Sévigné,  par 
le  même,  116  p.  —  5.  Madame  de  Staël,  par  le  même,  125  p.  —  6.  Eugénie 
de  Gaérin,  par  M.  A.  PraT,  124  p.  —  1.  Madame  Octave  Feuillet,  par 
M.  DB  Varbilles-SommiÈres,  128  p.  —  S.  Madciiioîseile  de  &.esipinasse, 
par  M.  A.  Prat,  154  p. 

L'objet  et  le  plan  de  la  collection  Femmes  de  France,  entreprise 
par  la  librairie  Lethielleux, nous  sont  indiqués  en  ces  termes: «L'heure 
est  aux  collections.  On  en  fait  de  très  sérieuses  et  de  très  frivoles,  de 
très  savantes  et  de  très  superficielles.  Celle-ci  sera  avant  tout  une  ga- 
lerie de  portraits,  presque  de  miniatures.  Cent  trente  pages  pour 
chaque  brochure,  pas  plus  !...  Des  esquisses  légères,  rapides,  bien 
soignées  et  très  vivantes,  voilà  ce  qu'on  veut  faire.  —  L'ensemble 
sera  quelque  chose  comme  le  Panthéon  féminin  de  la  France,  un  musée 
élégant  et  aimable  où  trouveront  une  place  toutes  les  femmes  qui  se 
sont  fait  un  nom  dans  les  lettres,  dans  les  arts,  dans  le  monde  ou  dans 
l'Église,  dans  la  paix  comme  dans  la  guerre...  Le  directeur  de  la  col- 
lection est  M.  C.  Lecigne,  professeur  de  littérature  française  aux  Fa- 
cultés libres  de  Lille.  Il  a  écrit  lui-même  les  premiers  volumes  de  cette 
bibliothèque.  »  — ■  Les  cinq  portraits  dûs  à  la  plume  de  M.  Lecigne  : 
Madame  de  la  Fayette,  Mademoiselle  de  Montpensier,  George  Sand, 
Madame  de  Sécigné  et  Madame  de  Staël,  sont  excellents  et  les  deux 
derniers  particulièrement  remarquables.  Nous  les  avons  lus  avec  un 
très  vif  plaisir  et  ils  nous  ont  donné  une  très  forte  idée  de  l'intelli- 
gence et  du  talent  de  l'auteur,  comnie  critique  et  comme  écrivain. 
Nous  sommes  heureux  de  féliciter  l'Université  catholique  de  Lille  de 


_  157  — 

posséder  dans  son  corps  enseignant  un  homme  aussi  distingué.  Quel- 
ques remarques  de  détail  n'enlèvent  rien  dans  notre  pensée  à  ce  juste 
et  sincère  éloge.  C'est  un  gros  anachronisme,  à  l'époque  de  l'anecdote 
relative  à  La  Rochefoucauld  et  Retz  (Madame  de  la  Fayette,  p.  45), 
que  de  conférer  dès  lors  à  ce  dernier  le  titre  de  cardinal.  Il  y  a  un  vé- 
ritable excès  dans  la  qualification  de  «livre  effroyable»,  infligée  aux 
célèbres  Maximes  (p.  47).  Écrire  de  l'oratorien  Du  Guet  et  de  sa 
pénitente  (p.  97)  que  «  le  prêtre  essayait  de  radouber  la  pauvre  épave 
et  de  la  remettre  à  flot  »,  c'est  se  laisser  aller  à  une  métaphore  à  la 
fois  prétentieuse  et  désagréable.  Le  goût  est  pire  encore  dans  la  «  tar- 
tine beurrée  d'un  rayon  de  soleil  »  (  !)  que  nous  avons  eu  le  regret  de 
rencontrer  au  cours  de  l'étude  sur  George  Sand  (p.  81).  On  s'étonne 
de  cet  écart  chez  un  écrivain  élégamment  classique,  comme  l'est  en 
général  M.  Lecigne.  On  se  demande  ce  que  vient  faire  «  la  banque  de 
France  »  dans  une  anecdote  relative  à  Madame  de  Sévigné  (p.  69).  Du 
reste,  fond  et  forme  sont  d'ordinaire  de  bon  aloi  et  de  bon  exemple 
dans  ces  cinq  volumes,  tout  à  fait  propres  à  bien  inaugurer  et  à  faire 
valoir  auprès  du  public  la  collection  Femmes  de  France.  Le  sixième 
volume  :  Eugénie  de  Guérin,àvi  à  M.  A.  Prat,est  aussi  un  très  bon  por- 
trait et  il  est  écrit  d'un  style  fin  et  distingué.  Le  septième  :  Madame 
Octave  Feuillet,  doit  moins  sa  valeur  au  sujet  lui-même  qu'au  talent 
avec  lequel  M.  de  Vareilles- Sommier  es  a  mis  en  relief  les  circonstan- 
ces et  les  milieux  où  a  vécu  successivement  cette  aimable  dame  de 
lettres,  et  qui  sont  devenus  sous  la  plume  de  son  panégyriste  d'agréa- 
bles et  vivantes  peintures  de  mœurs.  Quant  au  huitième.  Mademoiselle 
de  Lespinasse,  œuvre  de  M.  Prat,  non  seulement  il  est  très  inférieur 
à  l'étude  sur  Eugénie  de  Guérin^  mais,  c'est  notre  devoir  de  le  dire, 
malgré  la  juste  sévérité  du  jugement  général  de  l'auteur  sur  les  fai- 
blesses de  son  héroïne,  il  fait  tache  dans  la  collection,  où  il  aurait 
mieux  valu  s'abstenir  de  lui  donner  place.  Nous  y  avons  goûté  sans 
doute  un  fidèle  et  intéressant  tableau  des  salons  du  xviii^  siècle,  où 
l'esprit  français  s'épanouit  alors  en  fleurs  si  brillantes;  nous  y  louons 
aussi  les  bonnes  et  saines  réflexions  morales  de  l'Introduction.  Mais 
nous  ne  pouvons  pas  faire  que  les  interminables  citations  de  la  corres- 
pondance déclamatoire  où  M^i^  de  Lespinasse  épanche  à  grands  flots 
la  fougueuse  passion  de  son  amour  en  partie  double,  ennuyeuses  pour 
j,es  esprits  mûrs,  ne  soient  dangereuses  pour  la  jeunesse.  Nous  som- 
mes donc  obligé  d'excepter  ce  volume  de  l'cloge  et  de  la  recomman- 
dation générale  que  mérite  jusqu'à  présent  la  collection  Femmes  de 
France.  M.    S. 


—  158  — 

l^-.%in('  «l'un  grniad  caflioliqnc.  E'iiit'it  fie  fei  Ae  O^oals 
Veuillef.  journaliste  et  puléiniste,  d'après  sa  correspoii liante. 
L'J/^mme  vu'nic,  par  G.  CiiuGiiAU.  Pans,  Lelhiolleux,  s.  d.,  2  vol.  iu-l2  de 
LV-3oO  eL  364  p.  —  Prix  :  7  Ir. 

Pour  faire  suite  à  son  premier  volume  sur  «  l'homme  intime,  » 
le  «  grand  chrétiea  »  qu'était  Louis  Veuillot,  M.  G.  Cerceau  dé- 
peint ici  le  «  grand  catholique  »  que  fut  aussi  le  directeur  de 
l' Univers.  11  use  de  sa  correspondance,  pour  le  montrer,  en  de  larges 
extraits  reliés  par  des  commentaires  chronologiques.  A  partager 
l'admiration  de  M.  Cerceau  pour  Louis  Veuillot,  ce  que  je  fais  bien 
volontiers  et  sans  restriction  aucune,  j'ajouterai  le  désir  que  l'ex- 
pression de  ce  sentiment  ait  été  un  peu  pUis  modérée,  parce  qu'il 
eût  été  plus  convaincant  pour  ceux  qui,  connaissant  moins 
bien  le  grand  écrivain,  conservent  sur  lui  des  préjugés  qu'en  bonne 
justice  on  A^oudrait  voir  tomber.  Et  ils  doivent  tomber  en  face  de 
la  sincérité  de  l'honiime,  du  désintéressement  du  catholique  et  des 
bénédictions  de  l'Église  dont  il  fut  le  serviteur  humble  et  très 
soumis,  très  avisé  et  très  courageux.  Les  doctrines  défendues  par 
Louis  Veuillot  avec  le  sens  (je  dirai  le  bon  sens)  de  l'orthodoxie 
ont  été  certainement  bénies  par  le  Saint-Siège;  les  théories,  sédui- 
santes ou  non,  de  ses  adversaires  ont  été  perse véramment  condam- 
nées; cette  double  remarque,  qu'aucun  fait  ne  peut  contredire, 
a  bien  sa  valeur,  je  crois. 

L'intérêt  et  l'utilité  du  travail  de  M.  Cerceau  sont  donc  indé- 
niables; ses  trois  volumes  feront  connaître,  apprécier,  respecter, 
aimer  Louis  Veuillot  en  proportion  même  de  ce  qu'il  a  été  plus 
méconnu  et  à  certains  jours  plus  calomnié.  L'agrément  littéraire  des 
nombreuses  citations  de  ses  lettres  soutient  le  lecteur  dans  des 
polémiques  qui  sembleraient  anciennes  :'la  hberté  d'enseignement, 
la  question  des  classiques,  le  ralliement  à  l'Empire,  la  lutte  contre 
l'Empire  infidèle  à  ses  promesses  catholiques,  la  suppression  et  le 
rétablissement  de  l'Univers,  la  troisième  République,  les  dernières 
polémiques  libérales. 

A  la  suite  de  chaque  volume,  l'auteur  a  signalé  «  quelques  pages 
à  relire  »,  citées  déjà  dans  le  cours  de  son  travail,  et  où  le  lecteur 
en  elïet  éprouvera,  sans  aucun  doute,  le  plaisir  de  retrouver  les 
meilleurs  morceaux  de  la  table  ,où  on  l'a  fait  déjà  s'asseoir.  Un 
Index  des  noms  propres  clôture  ce  recueil  et  facilite  les  recherche^ 

!'G.   DE    G. 


lies  Derniers  Jours  de  PauI  TerSatne,  par  F.-A.  Cizii^  et 
Gustave  I.k  Rouge.  Paris,  Mercure  de  France,  1911,  in-18  de  1-270  p., 
avec  nombreux  documents  et  dessins.  —  Prix  :  3  fr.  sn. 

Deux  amis  des  derniers  iours,et  dont  l'un  au 'moins  fut  souvent  soi 


I 


—  159  — 

compagnon  de  bohème  et  d'hôpital  (  ce  qui  hii  a  permis  d«  faire  du 
pauvre  Verlaine  quantité  de  dessins  très  justes  exprimant  bien  à  eux 
seuls  ses  déchéances),  ont,  après  quinî^e  ans,  pensé  qu'on  pouvait, 
suivant  le  mot  de  M.  Barrés,  «  jeter  le  manteau  de  Noé  par  la  fenêtre  » 
et  mettre  à  nu  devant  le  public  toute  sa  misère.  J'aime  trop  la  vérité 
pour  m'en  plaindre  :  mais  de  voir  ce  malheureux  qui  était  né  bour- 
geois, qui  avait  été  bien  élevé,  fort  instruit,  qui  avait  eu  le  sens  de 
tout  ce  qui  est  noblement  et  délicatement  beau,roulant  de  l'assommoir 
à  l'hôpital,  dégoûtant  par  sa  mendicité  et  ses  absinthes  les  amitiés  les 
meilleures,  et  tombant  la  proie  des  liaisons  les  plus  dégradantes,  c'est 
vraiment  lamentable.  Les  deux  apologistes  ont  beau  essayer  de  trans- 
figurer tout  cela  avec  des  mots,  l'appeler  «  Messie  crucifié  »,  «  un  Christ 
de  la  poésie  qui  s'est  sacrifie  pour  nous  offrir  le  meilleur  et  le  piredelui- 
même  »;  proclamer  non  seulement  qu'il  est  «  spirituel  comme  Voltaire, 
attendri  comme  Rousseau,  délicat  comme  jM"^^  de  Se  vigne»,  maisenc  re 
que  «  l'Église  n'a  jamais  eu  dans  le  moyen  âge  et  n'aura  sans  doute 
jamais  plus  un  artiste  de  cette  hauteur,  qui  célèbre  les  extases  de  la 
foi  avec  autant  de  sublimité  attendrie  »  ;  ils  ont  beau  jeter  la  pierre  à 
tous  ceux  que  cet  avilissement  désolait,  même  à  ceux,  comme  le  bon 
Coppée,  qui,  malgré  leurs  répugnances,  vivant  ne  l'abandonnèrent 
jamais  tout  à  fait,  mort,  s'empressèrent  de  jeter  le  manteau  sur  sa  fin  ; 
hélas  !  et  les  faits  et  les  vers  qu'ils  citent,  ceux  aussi  qu'à  cause  de 
leur  obscénité  ils  n'ont,  malgré  tout,  pas  pu  citer,  empêchent  qu'on 
épouse  une  telle  admiration,  et  ne  suggèrent  aux  plus  indulgents 
qu'une  pitié  affreuse.  Ils  ont  tort  d'ailleurs  de  prétendre  que  le  vice 
et  les  maladies,  qui  firent  de  Verlaine  physiologiquement  une  épave, 
n'entamèrent  pas  son  cerveau  et  son  génie.  On  a  le  droit,  d'après  les 
documents  mêmes  qu'ils  apportent,  de  penser  qu'il  y  avait  des 
«  gommes  »  dans  ce  cerveau  et  dans  ce  talent  des  tares.  L'intérêt  prin- 
cipal de  leur  indiscrète  publication  n'est-il  pas  môme  de  fournir  à  la 
critique  de  l'avenir  l'explication  de  ce  qu'elle  trouvera  dans  l'oeuvre 
de  trouble,  de  fumeux,  de  déliquescent?...  Gabriel  Audiat. 


Ei'Asmenalil^e    constituante.     lie   Pltilosepliîsme    révolu - 

nairc  en  aetion,  par  Gusta.vb  Gautherot.  Paris,  Beauchesne,  1911, 
petit  in-6  de  xv-d40  p.  —  Prix  :  5  fr. 

On  sait  le  grand  succès  des  conférences  sur  l'histoire  de  la  Révo- 
lution faites  à  l'Institut  catholique  par  M.  Gustave  Gautherot. 
Le  distingué  professeur  les  réunit  aujourd'hui  en  volume  et  l'on  ne 
saurait  trop  l'en  remercier  ;  il  faut  aussi  lui  savoir  grand  gré 
d'avoir  renoncé  à  son  premier  mode  de  publication  qui  ne  pouvait 
convenir  qu'à  un  tout  petit  nombre  de  disciples  fervents.  En  adop- 
tant   la    forme  actuelle,  il  centuple    le    nombre  de  ses  lecteurs,  et 


—  160  — 

cela  dans  l'intérêt  de  l'histoire  et  du  pays.  M.  Gautherot  rompt 
carrément  en  visière  avec  les  idées  communément  reçues  sur  la 
Révolution  et,  depuis  trente  ans,  plus  propagées  que  jamais  par 
les  maîtres  du  jour.  Il  proclame  bien  haut  la  faillite  de  la  Révolution 
ou  plutôt  la  faillite  de  la  France  par  la  Révolution.  Cette  Révo- 
lution, la  philosophie  du  xviii^  siècle  Ta  préparée  ;  les  sociétés  se- 
crètes, les  Illuminés,  la  Franc-maçonnerie  probablement,  l'ont  orga- 
nisée et  une  minorité  bruyante  et  audacieuse  l'a  imposée  au  pays. 
Le  savant  et  regretté  Albert  Sorel  a  admirablement  résumé  le 
gouvernement  de  la  Constituante  en  ces  termes  :  «  On  vit  le  mi- 
nistère dominé  par  l'Assemblée,  l'Assemblée  par  les  clubs,  les  clubs 
dominés  par  les  démagogues,  les  démagogues  par  la  populace^ ar- 
mée, fanatique  et  faméhque  qu'ils  croyaient  entraîner  à  leur  suite 
et  qui,  en  réalité,  les  chassait  devant  soi  «.  11  est  impossible  de 
mieux  caractériser  l'histoire  de  ces  deux  années  et  demie,  de  mai 
1789  à  septembre  1791,  et  M.  Gautherot  en  apporte  de  nouvelles 
preuves.  Il  a  suffi  de  si  peu  de  temps  pour  bouleverser  complète- 
ment la  France,  changer  sa  mentalité  et  faire  d'une  nation^catho- 
lique  et  réglée  un  peuple  désemparé,  flottant  à  tous  les  vents  de 
doctrine  et  n'ayant  plus  ni  foi  religieuse  ni  foi  politique.  |.  Les 
illusions  des  uns,  la  faiblesse  des  autres,  l'inexpérience  de  tous  ont 
laissé  le  champ  libre  à  un  petit  nombre  de  meneurs  qui,  eux,  sa- 
vaient ce  qu'ils  voulaient,  c'est-à-dire  faire  tablelJrase  du-'  passé 
et  établir  à  la  place  les  principes  néfastes  que  le  temps  devait  déve- 
lopper et  qui  nous  ont  amenés  où  nous  en  sommes  :  la  centralisa- 
tion à  outrance  par  la  destruction  de  tous  les  corps  organisés, 
l'émiettement  de  la  France  par  sa  division  en  départements  et  la 
suppression  des  provinces,  l'éclosion  des  luttes  de  classes  et  des 
conflits  d'ouvriers  et  de  patrons  par  l'abolition  des  corporations, 
où  il  y  avait  des  améliorations  à  faire,  mais  qu'il  ne  fallait  pas 
détruire,  le  vieux  patriotisme  français  remplacé  par  un  humanita- 
risme vague,  l'indiscipline  introduite  dans  l'armée  par  les  dénoncia- 
tions contre  les  officiers  et  la  fréquentation  autorisée  des  clubs, 
la  guerre  religieuse  déchaînée  par  la  constitution  civile  du  clergé. 
Ne  sont-ce  pas  là  les  maux  dont  nous  souffrons  encore  —  tant 
l'histoire  se  poursuit  et  se  répète,  • —  et  n'avons-nous  pas  le  droit 
d'en  rendre  responsables  les  «  grands  ancêtres  »  qui  ont  bâti  de 
toutes  pièces  l'édifice  dont  tous  ces  maux  sont  sortis? 

Max.  de  la  Rocheterie. 


—  IGl  — 

lies  Turcs    ont  passé   là.    Recueil  de  documents^    dossiers,  rapports 
requêtes,    protestations,   suppliques    et    enquêtes   établissant    la    vérité   sur    les 
massacres  d'Adana  en  1U09,  par  GEORGES  BrÉzol.   Paris,  chez  l'auteur,  66, 
boulevard  Ornano,  1911,  in-12  de  vi-400  p.,  illustré.  —  Prix  :  5  fr.  50. 

L'heure  est-elle  venue  d'écrire  l'histoire  des  événements  tragiques 
qui  se  sont  déroulés  tout  autour  du  golfe  d'Alexandrette  en  avril 
1909?  On  peut  hésiter  sur  la  réponse.  En  tout  cas,  personne  ne  con- 
testera l'immense  intérêt  du  drame  cilicien,  où  viennent  en  jeu,  par- 
fois jusqu'au  paroxysme,  les  plus  mauvaises  passions  individuelles, 
les  haines  de  races,  les  pires  déviations  du  sentiment  religieux  et, 
en  face  d'admirables  dévouements,  d'odieuses  intrigues  avec  tous 
genres  de  calculs  intéressés.  Comme,  de  plus,  les  multiples  péripéties 
de  la  poignante  hécatombe  sont  en  étroite  relation  avec  l'évolution 
capitale  qu'a  subie  l'Orient  dans  ces  dernières  années,  on  peut  pré- 
dire à  coup  sûr  qu'elles  solliciteront  un  jour  irrésistiblement  l'at- 
tention des  historiens.  Qu'il  soit  d'ailleurs  déjà  possible  de  préparer  le 
récit  définitif,  M.  Brézal  n'est  pas  seul  à  l'avoir  pensé.  Mais  son  ré- 
cent travail  est  peut-être  à  cet  égard  le  plus  important  de  tous  cqux 
qu'on  a  jusqu'ici  publiés  sur  le  sinistre.  Ce  n'est  pas  une  narration  sui- 
vie, encore  moins  un  réquisitoire  ou  une  œuvre  systématique  qui 
donne  à  craindre  exagération  ou  parti  pris.  C'est  un  pur  dossier. 
Mais  combien  éloquent  et  convaincant  dans  sa  simplicité,  je  dirais 
même  dans  le  décousu  des  pièces  qu'il  renferme.  Vraiment  son  au- 
teur a  été  bien  inspiré  :  les  années  vont  vite;  il  fallait  se  hâter  de 
recueillir  les  témoignages  des  survivants,  de  ramasser,  sans  les  laisser 
s'éparpiller  davantage,  les  importantes  relations  des  témoins,  les  cor- 
respondances de  la  presse  du  monde  entier,  les  télégrammes  officiels, 
les  dépêches  et  appels  de  détresse  des  «  rescapés  »,  les  suppliques  et 
protestations  de  leurs  chefs  spirituels  et  civils,  les  enquêtes  parle- 
mentaires et  gouvernementales,  les  rapports  des  cours  martiales,  les 
déclarations  ministérielles,  les  hommages  que  la  reconnaissance  indi- 
viduelle ou  l'admiration  publique  ont  valus  aux  sauveteurs  tant  mu- 
sulmans que  chrétiens,  en  un  mot,  toutes  les  informations  capables  de 
jeter  le  plein  jour  sur  l'ensemble  et  les  particularités  de  l'affreuse  tra- 
gédie. Voilà  ce  qu'a  essayé  M.  Brézol.  On  trouvera  dans  son  livre, 
méthodiquement  groupés,  non  pas  certes  la  totalité  des  documents 
connus — il  a  dû  forcément  se  borner — mais  un  très  grand  nombre  de 
pièces  et  des  plus  démonstratives.  Si  le  volume  n'est  pas  encore  une 
histoire,  il  suffit  du  moins,  tel  qu'il  est,  à  situer  l'effroyable  épisode 
dans  l'histoire  générale  contemporaine,  à  montrer  la  vraie  signifi- 
cation des  faits  et  à  fixer  les  responsabilités.  L'auteur  ne  prétend  rien 
de  trop  quand  il  affirme  en  tête  de  son  œuvre  qu'elle  établit  la  vérité 
sur  les  massacres  d'Adana.  J.  Delarue. 


FàvAiBR   1912.  T.  CXXIV.  11. 


—  162  — 

liibrary  of  (  oiigrc'<>x.  jiiuericaii  and  Fuglifili  Généalogies 
in  llie  liibrary  ol  Coiegress.  Pre'im'.nary  CxiaLojH"  coiupiied 
uiider  the  direction  of  ihe  chief  of  the  Catalogue  Division.  Washington, 
Government  piinting  office,  1910,  in  8  de  805  p. 

On  sait  que  les  études  généalogiques  jouissent,  actuellement  d'une 
'  grande  vogue  en  Amérique.  D'importantes  revues  paraissent,  aux 
États-Unis,  qui  sont  entièrement  consacrées  à  la  publication  des 
généalogies.  Les  monographies  de  famille  forment  à  la  Bibliothèque 
du  Congrès  une  série  fort  nombreuse;  le  Catalogue,  qui  vient  de  pa- 
raître, ne  comprend  pas  moins  de  3.750  articles. 

Les  ouvrages  que  ce  répertoire  nous  indique  se  rapportent,  pour 
la  très  grande  majorité,  à  des  familles  anglo-américaines.  Quelques- 
uns,  cependant,  ont  trait  à  des  maisons  c[ui  ne  se  sont  pas  trans- 
portées au-delà  de  l'Océan,  ainsi,  aux  dynasties  royales  d'Angleterre 
et  d'Ecosse.  Un  bon  nombre  de  généalogies  intéressent  à  la  fois  l'Eu- 
rope et  l'Amérique;  ce  sont  celles  de  certaines  races  d'immigrés  dont 
la  filiation  est  déduite  à  partir  d'une  époque  antérieure  à  leur  éta- 
blissement dans  le  Nouveau  Monde. 

On  est  surpris  de  l'antiquité  que  quelques  monographies  attribuent 
aux  familles  dont  elles  font  connaître  l'histoire.  A  en  croire  les  titres 
relevés  dans  le  Catalogue,  la  généalogie  des  Sanborn  remonte  à 
1194,  celle  des  Hayford  à  1100,  celle  des  Morgan  à  1089,  celle  des 
Van  Doom  à  1088,  celle  des  Davenport  à  1086,  celle  des  Heam  et, 
celle  des  Townsend  à  la  conquête  de  l'Angleterre  par  les  Normands, 
ceUe  des  Hammond  à  l'an  mille,  celle  des  Hubbard  à  866,  celle  des 
Greene  à  861,  celle  des  Riddle  à  £60.  Ce  n'est  rien  encore,  11  paraît  'que 
les  ancêtres  de  George  Washington  sont  connus  depuis  l'an  70,  et 
ceux  des  Tirre'l,   depuis  443...  avant  Jésus-Christ. 

MAX'^PRI^ET. 

La  ISibiio1li«-qiic  |ii(1)lr<jue  de  Carca!»!»onne,  par  Jean^  Amiel 
Paris,  Le  Soudier,  1911,Jm-8  de  vni-i87.  —  Prix  :  3  fr. 

Comme  beaucoup  de  nos  bibliothèques  françaises,  c'est  à  la  Révo- 
lution que  la  bibliothèque  de  Carcassonne  doit  son  existence.  Son 
premier  fonds  provient  des  livres  pris  par  l'Etat  aux  établissements 
religieux  supprimés  ou  aux  émigrés  dont  les  biens  furent  confisqués. 
Quelques  dons  importants  :  ceux  de  Cornet-Peyrusse  et  du  baron 
Guillaume  Peyrusse,  de  Mahul,  de  Gabriel  de  Chénier,  de  Ccstc-Re- 
boulh,  de  Jourdanne,  sont  venus,  au  cours  du  xix«  siècle  et  du  xx^, 
accroître  ses  collections.  Le  budget  des  acquisitions  (et  du  njatériel)  a 
été  longtemps  fort  maigre  et  irrégulier;  actuellement,  il  est  d'un  mil- 
lier de  francs.  A  un  moment  la  ville  a  songé  à  supprimer  son  biblio- 
thécaire, trouvant  que  la  maison  rendait  peu  de  services.  Au  jour- 


—  163  — 

d'hui  encore  le  nombre  des  lecteurs  est  peu  considérable;  des  statisti- 
ques et  des  explications  produites  par  M.  Amiel,  il  semble  qu'il  ne 
dépasse  pas  une  moyenne  de  quinze  par  jour  (prêt  sur  place  ou  à  do- 
micile). La  faute  en  est  peut-être  au  peu  de  commodité  des  heures 
d'ouverture.  Les  efforts  faits  pour  obtenir  de  l'adminis- 
tration municipale  une  ouverture  plus  large  et  plus  facile  n'ont  pas 
abouti  jusqu'ici.  Peut-être  ce  livre  de  M.  iVmiel  contribuera- 1- il  à 
obtenir  un  meilleur  résultat. 

Bibliothécaire  adjoint  de  la  bibliothèque  municipale,  il  a  voulu 
connaître  et  faire  connaître  la  maison  à  laquelle  il  donne  son  temps  et 
son  dévouement.  De  là  est  né  le  petit  volume  que  nous  annonçons  et 
qui  contient  l'histoire  de  l'établissement,  divisée  en  trois  périodes 
dont  la  première  (1803-1830)  est  caractérisée  comme  une  époque  de 
stagnation;  la  deuxième  (1831-1887)  comme  une  ère  de  prospérité 
sur  laquelle  se  contente  de  vivre  la  dernière  période  (1868-1911), 
période  du  statu  quo. 

Des  notes  sur  les  bienfaiteurs,  sur  les  conservateurs  qui  se  sont  suc- 
cédé à  la  tête  de  rétablissement,sur  les  budgets,  les  catalogues,  quel- 
ques mots — un  peu  trop  brefs  — sur  les  autographes  et  les  manuscrits 
complètent  cet  essai,  que  M.  Amiel  pourra  reprendre  quelque  jour  en 
le  développant  et  en  précisant  certains  points  demeurés  vagues.  L'on 
ne  serait  pas  fâché  d'être  renseigné  d'une  manière  plus  précise  sur 
la  composition  de  la  Bibliothèque,  sur  les  principes  qui  guident  les 
acquisitions,  sur  les  moyens  qu'elle  possède  de  répondre  aux  besoins 
tant  des  chercheurs  et  des  érudits  que  des  lecteurs  ordinaires  et  du 
public  ouvrier,  industriel  et  commercial;  sur  le  genre  d'ouvrages  qui 
sont  le  plus  souvent  demandés,  etc.  E.-G.  Ledos. 


CORRESPONDANCE 

M.  Seymour  de  Ricci  nous  adresse  la  lettre  suivante  : 
Monsieur, 

Dans  un  article  très  flatteur  que  consacre  votre  collaborateur  M. 
E.-G.  Ledos  à  mon  Catalogue  raisonné  des  premières  impressions  de 
Mayence  (Polyhihlion,  janvier  1912)  je  découpe  le  passage  suivant  : 

«  Peut-être  pourrait-on  relever  de  ci  de  là  quelques  traces  de  légè- 
reté, nous  n'en  citerons  qu'un  exemple  :  à  propos  de  la  Bible  de  36  L, 
M.  Seymour  de  Ricci  écrit  (p.  16,  n^  14)  :  «  Selon  M.  Léopold  Delisle 
(Journal  des  savants,  1893,  p.  216),  un  exemplaire  aurait  été  offert 
vers  1890  pour  150,  000  fr.  par  un  libraire  de  Munich  »;  dans  la 
phrase  visée  et  que  voici,  il  n'est  question  ni  de  1890,  ni  de  Munich  r 
«  Un  libraire  n'a  pas  craint  dans  ces  derniers  temps  de  demander 


—  1G4  — 

150.090  francs  d'un  exemplaire  de  la  Bible  imprimée  à  Baniberg  par 
Albrecht  Pfister  ».  Quant  au  doute  que  M.  de  Ricci  se  permet  d'émet- 
tre sur  cette  assertion,  tous  ceux  qui  connaissent  le  soin  scrupuleux  de 
M.  Delisle  dans  tous  ses  travaux  ne  s'y  arrêteront  pas.  » 

Il  y  a  dans  mon  travail,  je  le  sais  mieux  que  personne,  plus  d'une 
trace  de  légèreté;  mais  c'est  à  tort  que  votre  collaborateur  incrimine 
le  passage  par  lui  cité.  Si  j'ai  parlé  de  Munich  et  de  1890  c'est  que, 
devant  le  laconisme  de  la  phrase  publiée  par  Léopold  Delisle,  j'avais 
été  demander  à  M.  Delisle  lui-même  quelques  indications  complé- 
mentaires, que  celui-ci  me  fournit  aussitôt  avec  sa  bonne  grâce  ha- 
bituelle, m'indiquant  même  le  nom  du  libraire  qui  avait  fait  cette 
offre.  [^ 

Je  suSjd'autre  part, qu'un  bibliographe  anglais  avait  recherché  cet 
exemplaire,  sans  trouver  d'autre  trace  de  son  existence;  le  libraire-de 
Munich  m'a  déclaré  ne  se  souvenir  de  rien  et  n'avoir  jamais  possédé 
la  Bible  de  36  lignes.  Une  personne  fort  au  courant  de  l'histoire  de  la 
librairie  allemande  m'a  assuré  que  le  libraire  en  question  s'était  borné 
à  offrir  pour  150.000  francs  la  Bible  en  question  :  si  un  acheteur  sé- 
rieux s'était  présenté,  il  aurait  essayé  d'acquérir  un  des  exemplaires 
appartenant  à  des  bibliothèques  universitaires  allemandes. 
.'nQuoi  qu'il  en  soit,  et  j'en  fais  juge  vos  lecteurs,  j'étais  parfaitement 
en  droit,  après  mon  enquête,  de  commenter  la  phrase  de  M.  Delisle 
dans  les  termes  suivants,  que  seul  M.  Ledos  a  estimés  tendancieux  : 
«  J'ai  peine  à  croire  que  cette  offre,  dont  il  m'a  été  impossible  de  pré- 
ciser les  circonstances,  concernât  véritablement  un  exemplaire  de 
cette  Bible  appartenant  à  ce  libraire.  » 

Veuillez  agréer,  etc.  Seymour  de  Ricci. 

;    Et  voici  la  réponse  de  M.  Ledos  : 

Même  après  les  explications  que  nous  fournit  M.  Seymour  de 
Ricci  et  que  je  me  félicite  d'avoir  provoquées,  la  phrase  que  j'ai  citée 
demeure  malheureuse  et  inexacte,  puisqu'elle  se  réfère  à  un  texte  qui 
ne  répond  pas  à  l'énoncé  qu'elle  en  donne  et  que  rien  ne  laisse  soup- 
çonner au  lecteur  les  motifs  que  M.  Seymour  de  Ricci  a  eus  de  le 
compléter  comme  il  fait.  Il  aurait  pu,  sans  allonger  beaucoup  son 
texte,  fournir  au  lecteur,  d'une  manière  sommaire,  les  précisions  qu'il 
apporte  ici  et  qui  justifient  le  vague,  très  certainement  voulu,  de 
l'indication    donnée    par   M.    Delisle.  E.-G.    L. 


—  1G5  — 


BÏJLLETIN 

Kl  Convite  dei  tilviiio  «moi-,  por  JosÉ  Frassinetti  ;  trad.  del  ilaliano 
por  José  Pérez  IIervâs.  Barcelona,  Siibirana,  1911,  petit  in-16  de  xvi- 
163  p.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Frasî'inetti  a  publié,  il  y  a  qiulque  trente  ans,  divers  opuscules  qui  ont 
tous  pour  but  d'exciter  les  fidèles  à  la  réception  fréquente  du  sacrement 
de  l'Eucharistie.  Celui  que  vient  de  traduire  en  espagnol  Don  José  Pérez 
Hervâs  est  a,ssurément  le  plus  doctrinal  et  en  mênnie  temps  le  plus  pra- 
tique. Il  est  divisé  en  cinq  chapitres  :  1°  le  Banquet  de  l'Amour;  2°  les 
faveurs  qu'on  y  reçoit;  3*^  les  dispositions  pour  s'tn  approcher;  4°  la  fré- 
quente communion;  5°  le  zèle  qu'on  doit  apporter  à  propager  cette  pra- 
tique. Ce  livre  de  piété  s'ajoute  à  tous  ceux  qui  ont  été  publiés  depuis  le 
décret  de  la  S.  Cong-régation  du  concile  du  16  déc(mbre  19C5,  tt  ne  sera 
pas  le  moins  utile  aux  prêtres  et  aux  f:dèles  qui  ont  à  cœur  de  développer 
le  culte  eucharistique  et  la  fréquente  communion.  G.  Bernard. 


L.a  Fôrmuli»  «oclal   crUtlana,   por   UBALDO    ROMBRO  QUINONES.    Guadala- 

jarn,  Minguijon,  1910,  in-16  de  614  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Moins  que  jamais  la  religion  catholique  ne  peut  se  désintéresser  de  ]a 
question  sociale.  Elle  le  peut  d'autant  moins  que  la  politique,  au  lieu  d'apla- 
nir les  difficultés,  ne  fait  qu'en  retarder  la  solution,  par  suite  de?  compé- 
titions, des  luttes  personnelles  et  de  l'instabilité  du  régime.  L'auteur  du 
li\Te  que  nous  venons  de  lire  a  cherché  à  fc  mener  à  la  catégorie  de  principes 
scientifiques  les  vérités  capitales  de  la  théologie  chrétienne,  à  renouer 
l'harmonie  entre  le  vieux  christianisme  et  la  civilisation  moderne,  à  re- 
mettre en  honneur  les  notions  traditionnelles  de  la  famille,  du  mariage, 
de  la  propriété,  du  droit  et  de  la  liberté.  Ce  n'est  pas  du  socialisme  chré- 
tien, mais  la  théorie  chrétienne  exposée,  suivant  le  dogme  et  l'Évangile, 
pour  éclairer  les  masses  et  diriger  les  efforts  de  ceux  qui  veulent  de  bonne 
foi  résoudre. le  terrible  problème  actuel.  Les  éternelles  vérités  que  rapp'^Ue 
M.  Quinones  ne  doivent  être  oubliées  de  personne;  le  progrès  des  sciences 
ne  les  a  point  affaiblies,  et  tout  travail  est  condamné  à  rester  stérile,  si  l'on 
fait  abstraction  des  devoirs  qui  nous  lient  à  Dieu  et  à  son  Église,  sous  le 
spécieux  prétexte  de  faire  prévaloir  des  droits  contestés,  sinon  contestables. 

G.  Bernard. 

■utei-nacloiia  matematikal  lexiko  en  Ido,  germsinn,  ungla,  fi-anoa 
e  iialiana,  par  Louis  Couturat.  léna,  Fischer,  1910, iu-4  de  ii-36  pages. — 
Prix  :  1  fr.  80. 

Ce  dictionna,ire  contient  environ  1200  termes  usités  en  mathématique. 
Dans  une  première  partie,  disposée»  en  cinq  colonnes  par  page,  les  mots 
classés  par  ordre  alphabétique  en  ido  sont  accompagnés  de  leur  t  ^aduction 
en  allemand,  anglais,  français  et  italien.  Pour  la  formation  des  mots  en 
ido,  I\L  Couturat  a  pris  l'avis  de  tous  les  pontifes  de  cette  nouvelle  langue; 
pour  le  choix  des  mots  et  pour  leur  équivalence  franco-all*^mand<^  il  a  eu 
recours  à  l'excellent  lexique  de  Félix  Mùller;  pour  les  traductions  anglaises 
et  italiennes,  il  s'est  adressé  à  des  spécialistes  dont  la  compétence  est 
indiscutable.  Dans  une  seconde  partie,  les  mots  des   quatre    langues  vi— 


—  166  — 

vantes  considérées  sont  claasés  par  ordre  alphabétique,  sans  distinction  de 
langue;  toutefois,  les  mots  qui  ne  diflennt  d";  F i do  que  par  la  terminaison 
grammaticale  ont  été  intentioruxt^lL-ment  omis.  Espérantiste  peu  pratiquant 
et  pas  du  tout  militant,  ni.us  ne  pavLrons  pas  d  î  l'influence  que  peut  avoir 
ce  lexique  pour  la  propagation  d?  l'Ido.  Mtis,  par  contn-,  nous  insisterons 
sur  les  immenses  services  qu'il  peut  rcnd't'e  aux  mathématiciens  d'une 
des  quatre  langues  vivant^^s  d'>nt  il  donn?  les  équivalents.  Ce  volume 
remplace  doiize  kxiques  différents  et,  grâce  à  son  heureuse  disposition,  il 
permet  d>  trouver  rapidement  la  tr?dj'ctif>n  d'un  mot  d'une  des  langues 
dans  une  quiconque  d^s  trois  autres.  Nous  souhaitons  donc  un  très  vif 
succès  à  cet  ouvrage;  nous  voudrions  qu'il  soit  tel  qu^,  prochainement,  une 
édition  plus  complète  paraisse;  nous  préférerions  la  voir  publier  dans  un 
format  plus  commode  :  \m  manuel  dans  le  genre  des  VHustrierte  tecknische 
W ôrter bûcher  i>nïy\iés  par  von  Oldenbourg  (Munich)  serait  la  perfection. 

E.  Chaii.an. 

On  ttaa  Hfstory  of  the   Ballads  (  1  1  OO-l  STOU),  by  W.  P.  Kbb.  London^ 

Troude,  s.  d.,   in-8  de  26  p.  —  Prix  :  1  fr.   8o. 

«  Poème  à  la  fois  lyrique  et  narratif,  d'origine  populaira  ou  coulé  d.tns  le 
moule  de  la  poésie  populaire,  fait  de  plus  pour  circuler  moralement  parm 
tout  un  groupe  d'hommss,  «  c'est  ainsi  que  M.  Ker  définit  la  ballade  par 
oppo'^ition  au  conte  populaire  d'une  part,  à  la  poésie  purement  lyrique,  de 
l'autre.  La  ballade  ainsi  comprise  forme  un  genre  littéraire  qui  fut  long- 
temps florissant,  mai?  dont  l'histoire  est  ob.cure.  Voici  les  principales 
questions  relatives  à  ce  genre  que  touche  M.  Ker  dans  le  court  mémoire 
qu'il  a  lu  à  l'Académi?  britannique. 

1°  Domaine  (dans  les  pays  de  langue  romane  ou  germanique,  les  seuls 
dont  s'occupe  l'auteur).  La  ballade  se  trouve  partout,  sauf  dans  l'Italie  au 
sud  des  Apennins  ;  en  Castille,  les  romances  sont  uae  producMon  particu- 
lière et  distincte.  2^  Parenté  entre  les  ballades  des  dii'férents  pays  :  la 
France  du  nord,  le  Languedoc,  le  Piémont,  la  Catalogne,  auxquels  peuvent 
se  rattacher  encore  le  Portugal  et,  en  partie  seulement,  l'Espagne;  dans 
les  pays  germaniques,  trois  groupes,  anglai;,  danois  (qui  comprer  d  les  au- 
tres pays  Scandinaves),  allemand  ;  le  group3  danois  trahit  une  influence 
française.  3°  Date  :  sauf  de  rares  exceptions,  nos  textes  ne  remontent  qu'au 
xv^  ou  même  au  xvi^  siècle;  une  antiquité  bien  plus  grande  se  laisse  supposer 
par  des  vestiges  de  rédaction  antérieures  ou  par  le  lien  apparent  entre 
certaines  bal'ades  et  tel  ou  tel  événement  historique;  la  démonstration  de 
cette  antiquité,  très  difficile  à  faire,  paraît  suffisante  pour  certaines  balla- 
des danoises  ;  les  premières  ballades  dïîivent  appartenir  à  la  fin  du  xi^  siè- 
cle et  au  commenC'^ment  du  xii^  ;leur  forme  métrique  n'est  certainement 
pas  antérieure,  au  moins  dans  Ir-s  pays  de  langue  germanique,  mais  certains 
thèmes  ou  motifs  proviennent  d'une  littérature  ou  d'une  tradition  plus 
anciennes.  4°  Origine  :  les  ballades,  au  moins  dans  les  pays  Scandinaves  et 
en  Espagne,  ne  sont  pas  nées  dans  les  classes  tout  à  fait  illettrées,  mais  ont 
été  compo-ées  pour  des  gens  d'une  certaine  culture;  elles  ne  semblent  pas, 
sauf  en  Espagne,  dériver  d'une  poésie  épique  ou  narrative  plus  ancienne 
dont  elles  seraient  pour  ainsi  dire  des  fragments;  elles  constituent  une  forme 
poétique  particulière  qui  se  distingue  par  le  mélange  de  narration  et  de 
lyrisme,  par  la  concision,  par  l'unité  d'intérêt,  par  la  note  ordinairement 
tragique.  A  travers  ce  résumé,  on  apercevra  peut-être  tout  ce  qu'en  vingt- 
six  pages  a  su  condenser  de  matière  l'un  des  hommes  d'Europe  qui  connais- 
sent le  mieuK  la  littérature  du  moyen  âge.  A.  B.vubea.u. 


—  167  —  , 

•^.'Italie    dailâ    qnclques  ;,pnblleatlon!»    da    Jésuites     rruiiçal»,       par 

Gabr[Bl  Mauqain.  Paris, Champion,  1910,  gr.  iu-8de62  p.— Prix:  1  f;.  50. 

Cette  brochure  e?t  con>acré3  aux  doctrin3î  littéraires  de  Rapin  et  Bon- 
heurs, à  leurs  appréciations  sévèt'es  sur  les  hommas  et  les  choses  d'Italie, 
au  Journal  de  Trévoux  et  à  ses  jugements  malveillants  sur  tout  ce  qui 
touche  à  la  péninsule,  — le  Vatican  et  les  jésuites  exceptés.  M.  Maugain  a 
rattaché  ce  sujet,  d'intérêt  médiocre,  à  l'histoire  littéraire  générale,  en  y 
voyant  un  épisode  de  la  revirade  qui  se  produit  en  France  entre  la  géné- 
ration italophile  de  Ménage,  Chapelain,  La  Fontaine,  M"»^^  de  Sévigné  et 
de  La  P"'ayett3  et  la  génération  plus  exclusivement  française  de  Boileau, 
Adrien  Baillet,  ttc  :  chose  bizarre,  cet  éloignement  de  l'italianisme  se  produit 
au  fort  de  la  querelle  des  anciens  et  des  modernes;  ce  sont  les  jésuites  qui, 
au  milieu  des  horreurs  de  la  Bulle,  comme  dira  Voltaire,  se  déchaînent 
contre  les  ultramontains.  On  ne  voit  pas  que  M,  Maugain  ait  essayé  d'ex- 
pliquer ce  qu'il  y  a  au  premier  abord  de  déconcertant  dans  ces  anachronis- 
mes  ;  il  montre  que  les  attaques  contre  l'Italie  furent  si  vives  dans  ce  petit 
clan  qu'elles  provoquèrent  une  renaissance  de  la  critique  en  Italie,  par  la 
création  d'une  gazette  de  défense  fondée  à  Venise  par  Apostolo  Zeno, 
Scipion  Maffei,  Vallisnieri,  le  Giomale  de'  Letterati  d  Ilalla  :  peut-être  au- 
rait-il pu  insister  davantage  sur  les  circonstances  de  cette  fondation  et 
le  caractère  national  du  giomale,  un  des  premiers  et  lointains  précurseurs, 
presque  insconscients  du  reste,  de  l'esprit  patriotique  et  unitaire.  L'auteur 
essaye  de  montrer  les  causes  de  cette  autorité  accordée  par  les  Italiens  du 
Settecento  à  ces  deux  grammairien-,  si  parfaitement  oubliés  de  nos  jour=,  et 
montre  que  les  Italiens  ont  eu  raison  de  voir  en  eux  des  adversaires  bien 
armés  et  puissants  de  leur  influence  littéraire.  L'épisode  n'a  d'ailleurs,  en 
somme,  qu'une  bien  minime  importance.  L'étude  est  soigneusement  faite, 
méthodique,  patiente,  bien  documentée.  L.-G.  Pélissibh. 


tJne)   I»ériotlo    électorale    ù.    ï^oîtiers    en     1  rSO,    par    H.    COUTURIBR, 
Poitiers,  imp.  Biais  et  Roy,  1911,  in-8  fie  101  p.  —  Prix  :  1  fr.  25.  ._ 

C'est  ajout:T  un  chapitre  nouveau  à  l'histoire  qu'avait  écrite,  il  y  a 
deux  ans,  l'auteur  sur  la  Préparation  des  Etats  généraux  de  1789  en  Poitou, 
que  de  nous  donner  des  détails  relatifs  à  ce  qui  s'est  passé  à  Poitiers  même 
pour  les  élections  dans  l'hiver  d?  1789,  quand  deux  mille  électeurs 
se  pressèrent  d-ius  la  ville  pendant  deux  mois.  Il  est  curisuxde  voir  la  diffé- 
rence d'esprit  d'^s  trois  ordres  :  intransigeante  sur  ses  prérogatives  hono- 
rifique •■■,  la  noblesse  se  prête  à  des  sacrifices  pécuniaires  en  faveur  de  l'État, 
et  s'occupe  volonti?r3  du  sort  du  peuple;  dans  le  clergé,  autour  des  dsux 
évêques  de  Poitiers  et  de  Luçon,  les  membres  les  plus  respectables  par- 
tagent ces  sentiments  avec  la  crainte  des  nouveauté^;  une  minorité  do 
jeunes  prêtres  turbulents  ou  de  petits  curés  de  paroisses  rurales  étalent 
sans  vergogne  leur  ambition  toute  personnelle  et  de  la  façon  la  plus  irres- 
pectueuse poui"  les  autorités  ecclé.-iastiqu?s.  Dans  le  tin's  état,  les  ma- 
giitrats  et  avocats  de  Poitiers  veulent  conserver  les  coutumes  et  éviter 
des  bouleversements  soc'aux  que  réclament  au  contraire  avec  beaucoup 
de  véhémence  et  d'impmdence  la  grande  majorité  des  membres  du  tiers. 
Ces  derniers  semblent  bi^n  satisfaire  leurs  jalousies  sociales  sous 
prétexte  du  bien  général.  Dans  tout  cela,  il  règne  beaucoup  de  désordre 
et  de  passion. 

M.  Couturier  laisse  parler  les  faits  qu'il  recueille  et  expose  sans  commen- 


—  168  — 

taire;  le  tabloau  n'en  est  que  plus  frappant  et  cette  histoire  poitevine  a  dû 
être  celle  de  la  plupart  de  nos  provinces  au  dékut  de  la  Révolution.     G. 


Soiivonlrci,     lnipr'<>sslc  ns    et     réflexions    cL'iid    vlenx     l>onapai>tl»te, 

exlr;iits  des  Mémoires  iifdils  d'un  paysan,    par  Arsène  Thkvenot.  Arcis- 
sur-Aube,  Gradassi-Royer,  s.  d.,  in-16  de  69  p.  —  Prix  :  0  fr.  50. 

L'auteur  a  été  f.ous  l'Empire  inï^titutcur  puis  vérificateur  d'^s  poids  et 
mesures  dans  l'Aube.  En  1870,  il  a  vaillamment  combattu  comme  franc- 
tireur  et,  après  une  injuste  révocation,  il  s'est  fait  journaliste  et  son  dernier 
emploi  en  cette  qualité  a  été  celui  de  directeur  du  Vosgien,  journal  conser- 
vateur et  catholique  d'Épinal.  C'est  un  bonapartiste  d'une  fidélité  tou- 
chante et  noblement  désintéressée.  Cet  opuscul<-  contient  quelques  souvenirs 
personnels,  des  louanges  et  une  justification  plus  sentimentale  que 
documentée  de  Napoléon  III  et  de  sa  politique,  enfin  quelques  pièces  de 
vers  dont  la  dernière  est  un  épithalame  r,ur  le  mariage  du  prince  Victor 
Napoléon  avec  la  princesse  Clémentine  de  Belgique.  La  conclusion  que  le 
lecteur  en  tirera  est  que  l'auteur  est  un  vieillard  ardemment  patriote  et 
extrêmement  sympathique.  Mais  il  ne  us  pei'mettra  d'ajouter  que  ses 
déductions  politiques  n'ont  rien  de  rigoureux.  Eugène  Godefroy. 


KIsâssisclie  %'ei-ras8un^e-und   Vei-AvultuiigSwunsclic   Im  lS.Iahr> 
bandent,   les  Pieux  Désirs  d'un  Alsacien,  publié  par  ErnST  HaUVIL- 

LHR.  Metz,  Scriba,  1911,  in-8  de  71  p/'- 

Voilà  une  brochure  qui  fit  à  son  apparition  un  certain  bruit  en  Alsace- 
Lorraine.  C'est  un  mémoire  dû  à  un  auteur  anonyme  du  xviii®  siècle,  reven- 
diquant pour  l'Alsace  une  nouvelle  constitution  afin  qu'elle  ne  soit  plus 
traitée  en  province  réputée  étrangère.  Trouvé  aux  Archives  nationales  à 
Paris,  par  le  directeur  des  archives  de  la  Lorraine,]M.  Hauvill  r,  ce  document 
fut  publié  par  lui  er  1910  dans  le  Bulletin  de  la  Société  lorraine  d'histoire 
et  d'archéologie  de  Metz.  11  fut  présenté  à  l'empereur  Guillaume  II  qui  le 
trouva  très  intéressant,  ordonna  sa  publication  en  tiré  à  part  et  recommanda 
de  le  répandre  à  profusion.  C'est  que  le  mémoi^'e  en  question  était  d'une 
haute  actualité,  au  moment  où  l'on  discutait  la  nouvelle  constitution 
d'Alsace-Lorraine.  11  est  curieux  de  constater  combien  cette  nouvelle 
constitution  se  rapproche  de  celle  que  demandait  l'anonyme  auteur  du 
mémoire,  au  xviii.e  siècle.  C'est  dire  combien  le  régime  nouveau,  par  lequel 
l'Alsace-Lorraine  va  être  gouvernée,  répond  peu  aux  idées  modernes.  La 
lecture  du  mémoire  publié  par  M.  Hauviller  est  donc  d'un  grand  intérêt, 
mais  le  commentaire  de  27  pages  dont  il  a  cru  devoir  le  faire  précéder 
montre  comment  on  peut  faire  dire  à  "un  document  tout  autre  chose  que 
ce  qu'il  exprime.  \.  G^ 

Ames  inconnues,  par  JEAN  DE  LA   Brète.  Paris,  Plon-Nourrit,  in-16  de 
Ln-120  p.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Ce  petit  volume  du  délicat  auteur  qu'est  l'auteur  de  Mon  Oncle  et  mon 
curé,  fait  honneur  à  son  talent  et  à  son  cœur.  Avec  les  Notes  intimes  d'un 
séminariste,  l'auteur  a,  non  pas  conté  la  vie  humble  et  cachée  d'un  sémi- 
nariste qu'une  mort  prématurée  n'a  pas  permis  de  se  faire  connaître  au 
monde,  mais  il  nous  découvre  le  fond  de  son  âme,  une  âme  qui  n'a  fait 
que  grandir  d'année  en  année,  jusqu'au  moment  où  Dieu    est    venu  la 


—  169  ~ 

cueillir  pour  son  paradis.  Auguste  Merlet  était  né  en  1887,  il  est  mort  en 
mars  1909,  avant  d'avoir  accompli  sa  vingt-troisième  année,  et  son 
Journal  intime  laisse  l'impression  d'un  esprit  distingué  mais  plus  encore  d'une 
très  belle  âme,  parvenue  de  bonne  heure  à  la  maturité,  et  que  le  milieu 
chrétien  où  il  a  passé  toute  sa  vie  si  courte  n'a  connue  que  pour  deviner 
les  espérances  qui  se  pouvaient  fonder  sur  elle.  Belle  fleur,  qui  n'a  pu 
donner  ses  fruits,  et  qui  est  allée  s'épanouir  au  ciel,  dans  toute  sa  fraîcheur 
et  son  éclat.  Livre  à  proposer  aux  méditations  des  jeunes  chrétiens,  prin- 
cipalement à  C9UX  qui  s^^  préparent  à  l'honneur  et  aux  labeurs  du  sacer- 
doce. Ils  y  trouveront  profit  pour  leur  âme,  rien  n'étant  contagieux  comme 
le  voisinf.go  de  si  rares  et  si  hautes  vertus.  Quant  à  ceux  qui  ne  connaissent 
pas  le  prêtre,  je  voudrais  qu'ils  lussent  aussi  ce  livre  pou  se  rendre  compta 
de  la  vigilance  éclairée  qui  préside  ri  la  préparation  des  âmes  sacerdotales 
et  de.*^  admirables  vertus  int:ïllectuelles  et  morales  que  l'éducation  cléri- 
cale sait  faire  fleurir  dans  les  âmes.  Ils  n'y  trouveraient  pas  la  foi  peut- 
être,  qui  est  un  fruit  de  la  grâce,  mais  ils  sentiraient  naître  dans  leur  âme, 
pour  ces  frères  inconnus,  une  estime  intellectuelle  et  morale  préparatoire 
de  jug3ments  plus  équitables  et  des  pacifications  récefsaires  de  l'avenir. 
Je  rec(jmmande  chaudement  ce  petit  livre,  qui  présente  vraiment  un  très 
grand  intérêt.  P.  Ta  «.on.  5,^^ 

CHRONIQUE 

Nécrologie.  —  Le  docteur  Paul  Topinard,  l'illustre  anthropologiste, 
est  mort  à  Paris,  le  20  décemb-'e,  à  82  ans.  Né  à  l'Isle-Adam  (Seine-et- 
Oise),  le  4  novembre  1880,  il  alla  passer  les  premières  années  de  sa  jeu- 
nesse en  pleine  nature  sauvage  aux  États-Unis,  où  son  père  s'était  fait 
pionnier  dans  le  Delaware.  Après  avoir  fait  ses  premières  études  à  la  Nou- 
velle-Orléans, il  revint  en  France  pour  suivre  les  cours  de  médecine.  Reçu 
interne  des  hôpitaux  puis  docteur  en  1869,  il  se  fixa  à  Paris  où  il  exerça 
jusqu'en  1871.  Mais  à  cette  date,  sous  l'influence  de  son  maître  Broca,  il 
renonça  à  la  médecine  pour  se  livrer  à  l'étid-:^  de  l'anthropologie.  Grâce 
à  ce  dernier,  il  fut  nommé  conservateur  d' s  collections  de  la  Société  d'an- 
thropologi  ,  puis  directeur  adjoint  du  laboratoire  de  l'École  des  hautes 
études.  En  1876,  il  devint  professeur  à  l'École  d'anthropologie  qui  venait 
d'être  fondée  et,  en  1880,  à  la  mort  de  Broca,  il  le  remplaça  comme  secré- 
taire général  de  la  Société  d'anthropologie  et  il  prit  en  même  temps  la 
direction  de  la,  Revue  d'anthropologie.  On  ne  doit  au  D' Topinard  que  deux 
ouvrages  de  médecine  :  Aperçu  sur  la  chirurgie  anglaise  (Paris,  1860,  in-8) 
et  De  VAtaxie  locomotrice  progressive  (Paris,  U65,  in-8),  volume  couronné 
par  l'Académie  de  médecine.  Mais  ses  travaux  relatifs  à  l'ethnographie 
et  àl'anthoropologie  sont  nombreux  et  des  plus  importants.  Le-  principaux 
publiés  en  volumes,  sont  :  Études  sur  les  races  indigènes  de  V Australie 
(Paris,  1872,  in-8);  —  U Anthropologie  (Paris,  1876,  in-8,  ouvrage  cou- 
ronné par  l'Académie  de  «médecine  et  par  l'Institut  et  qui,  devenu  clas- 
sique, a  été  traduit  dens  plusieurs  langues;  —  Étude  sur  la  taille  considérée 
suivant  Vâge,  le  sexe,  l'individu,  les  milieux  et  les  races  (Paris,  1865,  in-8);  — ■ 
Des  Anomalies  de  nombre  de  la  colonne  vertébrale  chez  Vhomme  (Pai'is,  1877, 
in-8);  —  Éléments  d'anthropologie  générale  (Paris,  1885,  gT.  in-8),  ouvrage 
également  récompensé  par  l'Institut;  —  L'Homme  dans  Za  namre  (Paris,) 
1891,  in-8);- — Science  et  foi.  L'Anthropologie  et  la  science  sociale  (Paris,  1900, 
in-8). 


—  170  — 

—  Le  docteur  Manuel  Leven,  dont  la  ca^'rière  scientifique  a  été  des 
plus  brillantes,  est  mort  à  Paris  au  commencement  de  janvier,  à  81  ans. 
iS'é  en  1831, il  était  entré  àTIn-stitut  agronomiqu,^  dt  Versailles.  Mais,  lorsque 
•cet  établi '.sèment  fut  supprimé  en  1852,  il  sotourni  du  côté  do  la  médecine. 
Interne  d:>s  hôpitaux  en  1856,  il  fut  successivement  médecin  do  la  Com- 
pagni  ?  du  chemin  de  fer  du  Nord,  puis  médecin  en  chef  de  l'hôpital  Roth- 
schild. C'est  dans  ce  dernier  établissement  qu'il  se  livra  à  ces  recherches 
sur  bs  maladies  de  l'estomac  qui  ont  établi  sa  réputation  sci':'ntifiqur'.  Les 
principaux  ouvrages  qu'il  a  composé>'.  sont  :  Traité  des  maladies  de  V esto- 
mac (Paris,  1879,  in-8);  —  Estomac  et  cerveau  (Paria,  1884,  in-8);  • —  La 
Névrose  (Paris,  1887,  in-8);  —  Système  nerveux  et  maladies  fPa^is,  1893, 
in-8);  —  La  Vie,  Vâme  et  la  m.aladie  (Paris,  1903,  in-8);  —  Mémoire  sur  le 
cervelet  (Paris,  1904,  in-8),  avec  Luys  et  Ollivier;  —  Traité  de  philoso- 
phie médicale,  œuvre  restée  inachevée. 

—  M.  Alexandre-Charles- Auguste  Bisson,  l'auteur  dramatique  si  sou- 
vent applaudi,  est  mort  à  Paris,  le  27  janvier,  à  l'âge  d^  63  ans.  Né  à  Briouze 
(Orne),  le  9  août  1848,  il  vint  à  Paris  en  1869  et  entra  comme  rédacteur 
au  ministère  de  l'instruction  publique;  mais  il  ne  tarda  pas  à  donner  sa 
■démission  pour  se  consacrer  entièrement  à  la  carrière  dramatique  et  à  la 
littérature  musicale.  Depuis  lors,  il  fit'représenter  sur  diverses  scènes  toute 
une  série  de  vaudevilles,  opérettes  et  comédies,  dont  plusieurs  obtinrent 
un  vif  succès,  entre  autres  :  Quatre  coups  de  canif  (Folies-Marigny,  1873); 

—  Le  Chevalier  Baptiste  (Gymnase,  1872),  avec  André  Sylvane;  —  Le 
Vignoble  de  M^^e  pichois  (Théâtre  Scribe,  1874),  avec  le  même;  —  Un 
Voyage  d'agrément  (Vaudeville,  1881),  avec  M.  Gondinet;  —  Un  Lycée  de 
jeunes  filles  (Théâtre  Cluny,  1881);  —  115,  rue  Pigalle{C\nny,  1882); — 
Ninette  (Renaissance,  1882),  avec  Alfred  Hennequin;  - —  Le  Député  de 
Bombignac  (Théâtre-Français,  1884);- — LeCupidon  (Palais-Royal,  1884); 

—  Le  Moûtier  de  Saint- Guignolet  (Galeries  Saint-Hubert,  à  Bruxelles, 
1885);  —  Une  Mission  délicate  (R.ona';;sance,  1886);  —  Un  Conseil  judi- 
ciaire (Vaudeville,  1882); —  Ma  Gouvernante  (Renaissance,  1887);  —  Le 
Boi  Koko  (Renaissance,  1887);  —  Les  Surprises  du  divorce  (Vaudeville, 
1888),  avec  Antonv  Mars,  une  des  meilleures  pièces  de  l'auteur;  —  Feu 
Toupinel  (Vaudeville,  1890);  —  Le  Sanglier  (1890);  —  Les  Joies  de  la 
paternité  (Paris,  1891,  in-12);  —  La  Terre-Neuve  (Paris,  4897,  in-12);  — 
Le  Contrôleur  des  wagons-lits  (Pari",,  1898,  in-12);  —  Le  Bon  Juge  (Paria, 
1901,  in-12);  —  Les  Apaches  (Paris,  1904,  in-12);  —  Les  Trois  Anabap- 
tistes (Paris,  i904,  in-i2).  Très  au  courant  de  la  théorie  musicale,  M.  Ale- 
xandre Bisson  a  collaboré  en  outre  aux  ouvrages  siuivants  de  M.  Théo- 
dore de  Lajarte  :  Grammaire  de  la  musique  (Paris,  1879,  m-8);  —  Petit 
Traité  de  composition  musicale  (Paris,  1881,  in-8);  —  Petite  Encyclopédie 
musicale  (Pari:,  1881-1883,  2  vol.  in-8). 

—  L'archéologie  a  fait  une  perte  son  .ible  en  la  personne  d  ^  M.  Anthyme 
Saint-Pal L,  un  de  ces  infatigables  travailleurs  di  la  province  dont  les 
travaux  honorent  tant  l'érudition  française.  Né  à  Montre  jeau  (Haute- 
Garonn-),  il  est  mort  en  novembre,  à  69  an>.  En  outre  d-s  nombreux 
articles  qu'il  a  d'innés  à  diverses  revues  savantes  telles  que  le  Bulletin 
monumental  et  la  Revue  de  l'art  chrétien,  M.  Anthyme  Saint-Paul  a  publié 
les  ouvrag.-s  suivants  fort  estimé;  :  Le  Présent  et  l'avenir  de  Varchitecture 
chrétienne  (Paris,  1876,  in-8);  —  De  la  Position  et  de  la  forme  des  clocliers 
(Arras,  1878,1882,  2  brcKïh.  in-8);  —  L'Année  archéologique.  Calendrier 
archéologique.  Centenaires  (Paris,  1880,  in-8);  —  Annuaire  de  l'archéoogue 
jrançais  (Paris,  1877-1879,  3  années  seules  parues);  —  Viollet-lc-Duc,  ses 


—  171  — 

travaux  d'art  et  son  système  archéologique  (Paris,  1881,  iB-8);  —  Le  Cas  de 
la  cathédrale  de  Reims  (TOTU'S,  1881,  gr.  in-8)  ;  —  Notes  sur  V architecture  dans 
le  Comminges  du  iii^  au  xv^  siècle  (Paris,  1887,  in-8);  —  Du  Célibat  au^ 
mariage.  Lettre  à  M.  Vabhé  Bolo,  auteur  du  livre  intitulé  «  Du  Mariage  et 
du  dii'orce  )y  (Paris,  1891,  in-12); — L'Archéologie  du  moyen  âge  et  ses  mé- 
thodes (Paris,  1904,  in-5);  —  Architecture  et  catholicisme.  La  Puissance 
créatrice  du  génie  français  et  chrétien  dans-  la  formation  des  styles  au  moyen 
âge  (Paris,  1905,  in-1  6)  ;  —  Histoire  monumentale  de  la  Franc?  (Paris,  1911, 
gr.  in-8). 

• —  Le  Dr.  Félix  Dahn,  jtirist  \  historien,  romancier  et  dramaturge  alle- 
mand, qui  jouissait  d'une  grande  notoriété  au-d  'là  du  Rhin,  est  mort  à 
Breslau,  le  3  janvier,  à  78  ans.  Né  à  Hambourg  le  9  février  1884,  il  fit  ses 
étrdîS  à  Munich  et  s\iivit  ensuite  î^s  cours  d^  droit  à  Berlin.  Nommé  pro- 
fesseur à  rUnivur;-.ité  de  Wurt>bourg  en  1863,  il  fut  chargé,  en  1872,  d'en- 
seigner le  droit  ail  'mand  et  la  philosophie  du  droit  à  l'Université  de  Kœ- 
nigsborg  et,  un  peu  plus  tard,  il  alla  occuper  une  chaire  semblable  à  l'Uni- 
versité de  Breslau.  L'œuvre  d^  M.  Dahn  est  considérable  et  surtout  fort 
variée.  Au  domaine  du  droit  et  d:)  l'histoire  apparti- nn^  nt  les  volumes 
suivants  :  Die  Kœnige  der  Gcrmanen  (Wurtzbourg,  1^61-1871,  6  vol.  in-8); 
—  Procopius  von  Caesarea  (Berlin,  1865,  in-8);  — Westgotische  Studien 
(Wurtzbourg,  1874,  in-8);  —  Handelsrechtlige  Vortraege  (Leipzig,  1875, 
in-8);] — Das  deutsche  bûrgerliche  Recht  der  Gegenwart  (Nœii'dling?n,  1876, 
in-8);  —  Grundriss  des  deutschen  Privatrechts  (Leipzig,  1878,  in-8); — Lon- 
gobardische  Studien,  Paulus  Diaconus,  etc.  (Leipzig,  1876,  in-8);  — •  Die 
Vernunft  im  Recht  (Berlin,  1879,  in-8);  • — •  Rechtsphilosophische  Studien 
(Berlin,  1883,  in-8);  —  IJrgeschichte  der  germaniscken  und  rnmanischen 
Voelker  (Berlin,  1881-1883,  3  vol.  in-8),  etc.  Mais  la  g/ande  réputatio'n 
•d'écrivain  que  M.  Félix  Dahn  s'et'.t  acquise, il  la  doit  phn  encore  à  s.  s  ouvrages 
•d'imagination,  surtout  à  ses  romans  historiques,  qui  ont  bcai.e  >up  contri- 
bué au  développement  du  roman  moderne.  Pa;rmi  ces  travaux  littéraires 
nous  citerons  :  Harald  und  Theano  (Berlin,  1856,  in-8); — Gerfsc/ue  (Berlin, 
1857,  et  Stuttgart,  1872,  in-8);  —  Zwodf  Balladen  (Leipzig,  1874,  in-8)  ; 
- — •  Ein  Kampf  um  Rom  (Leipzig,  1876,  in-8),  plusieurs  fois  réimprimé  ;  — 
Odhins  Trost  (Leipzig,  1880,  in-8),  etc.  Enfin,  comme  auteur  dramatique, 
;1  a  donné  un  certain  nombre  de  tragédies  et  de  comédies,  notamment  : 
Der  King  Roderich  (1874  et  1876)  ;  —  Deutsche  Treue  (1875)  ;  —  Staatskunst 
der  Frauen  (iSTJ); —  SUhne  (Leipzig,  1880),  etc.  Enfin  il  est  l'auteur 
des  libretti  de  quelques  opéras,  tels  que  :  Armin;'  Der  Schmied  von  Gretna 
Green;  Der  Fremde,  etc. 

—  M.  Hi'go  LuBLiNER,  l'auteur  dramatique  allemand  bien  connu,  qui 
est  mort  à  Berlin,  le  19  décembre  à  66  ans,  était  né  à  Breslau,  le  22  avril 
1846.  Après  avoir  fsit  ses  études  à  l'École  des  arts  et  méti  -rs  de  Berlin, 
il  divint  le  directeur  d'vn)  manufacture  d?  ti.sus.  Mai'isesaptit- d  spour 
la  littérature  théâtrale  le  poussèrent  bi  jntôt  à  renoncer  à  l'industrie,  et, 
après  quelques  essais  qui  passèrent  inaperçus,  il  attira  sur  lui  l'attention 
par  Isa  comédi  •  Frauenadvocat  (1873).  Dès  lors,  '1  d')r.n\  un  certain  nombre 
de  d''ameo,  d  congédies  et  d^  tragédies,  soit  sous  son  nom,  soit  soiis  le  pseu- 
den  me  d^^  H  go  Burg^r,  tantôt  seul,  tantôt  en  collaboration,  entre  centres  : 
Gabrielle  (1878);  —Die  Frau  ohne  Geist  (1879);  —  Gold  und  Eisen  (1881); 
— •  Frau  Suzanne  (1885);  —  Armen  Reichen  1886);  —  Die  Frau  von  neun- 
zehn  Jahren  (1887);  —  Der  Name  (1888);  —  Im  S  pie  gel  (1890);  —  Der 
Kommende  Tag  (1891).  M.  Lubliner  a  publié  également  quelques  ouvrages 
sur  d  s  sujets  divers  ainsi   que  d  s  romans,  entre  autres  :  Berlin  im  Kai- 


—  172  — 

serreich  (Berlin,  18cS6,  2  vol.  in-8)  et  Frau  Schubds  Tochter  (Berlin,  1905, 
in-8). 

•  —  L'Italie  vient  de  perdre  un  de  ses  poètes  les  plus  tn  vue.  M.  Mario  Rapi- 
SARDi,  professeur  do  littérature  italienne  à  l'Université  do  Catane  (Sicile), 
est  mort  au  commencement  de  janvier,  à  68  ans,  dans  cette  ville,  où  il  était 
né  le  65  fé\'ri3r  1832.  Partisan  enthousiaste  d'un  humanitarisme  basé 
sur  des  aspirations  n'ayant  ri  n  d  ;  commun  avec  l'idéal  chréti.  n,  M.  Rapi- 
sardi  avait  consacré  aux  revendications  sociales  de  notre  époque  tout  son 
taknt,  servi  par  un  style  passionné,  parfois  exagéré  et  violent.  Il  a 
abordé  avec  vne  égale  habileté  l'élégie,  la  satire,  le  drame  et  l'épopée 
sociale.  Cette  œuvre  nous  montre  le  poète  passant  par  toutes  les  phases 
de  l'emportement  pour  arriver  finalement  aux  derniers  jours  de  sa  vie  à 
une  sorte  d;  calme  bovddhique,  produit  de  la  désillusion  et  de  rêves  non 
réalisés.  Voici  la  liste  de  ses  principales  publications  :  Canti  (1863);  — 
Per  il  centenario  di  Dante  (1865);  —  Ricordanze  (1872);  —  Lucifero  :  poema 
(1877);—  Al  Re  :  ode  (1879);  —  //  nuevo  Concetto  scienUfico  (1879);)—  La 
Natura,  libro  VI  di  Lucrezio  (1879);  —  //  Marzo  :  ode  (1882);  —  Giusti- 
zia  :  versi  (1883)  ;  —  Giobbe  :  trilogia  (1884)  ;  —  Poésie  religiose  (1889-1895)  ; 
—  Versi  scelti  e  riveduti  (1888);  —  La  Poésie  di  Catullo  interamente  tra- 
dotte  (1889)  ;  —  Elégie  (1889)  ;  —  Per  Nino  Rixio,  ode  (1890)  ;  —  Empedocle 
ed  altri  versi  (1892);  —  //  Prometeo  di  ShelUy  tradotto  (1892); —  U Atlan- 
tide, poema  (1894); —  Le  Odi  di  Orazio,  tradotte  (1897);  —  Un  Santuario 
domestico.,  comedia  (1897);  —  VAsceta  ed  altri  versi  (i9(i2]. 

—  M.  Gustave  de  Molinari,  le  célèbre  économiste  belge,  est  mort  le 
28  janvier  à  la  Parme,  petite  ville  du  littoral  de  la  Belgique,  à  l'âge  de 
93  ans.  Fils  du  baron  Philippe  de  Molinari,  ancien  officier  de  l'Empire, 
il  naquit  à  Liège,  le  3  mars  1819.  11  se  fixa  d'abord  à  Bruxelles  où  il  exerça 
la  mideeine  homœopathique  et  composa  quelques  traités  relatifs  à  son 
art;  mais  pci  d  ■  temps  après  il  vint  à  Paris  où  il  écrivit  dans  divers  jour- 
aux  de  l'opposition.  Obligé  de  rentrer  .n  Belgique  au  coup  d'État  du 
2  d'ic-mbre,  il  fut  nommé  professeur  d'économie  politique  au  Musée  de 
l'ind  istrie  à  Bruxelles  et  devint  directeur  de  l' Economiste  belge.  Là,  comme, 
(n  France,  il  se  fit  une  réputation  d'économiste  d  s  plus  remarquables. 
Le  28  mars  1874,  il  fut  élu  membre  corre.spondanl  d^  l'Académie  des  sciences 
morales  et  politiques.  M.  Gustave  de  Molinari  a  été  un  zélé  collaborateur 
non  seulement  de  V Économiste  belge  et  de  la  Bourse  du  travail  , journaux 
belges  qu'il  avait  fondés  avec  son  frère  M.  Eugène  de  Molinai'i,  avocats 
mais  encore  des  périodiques  français  la  Patrie,  le  Libre- échange,  le  Courrier 
français,  la  Revue  nouvelle,  le  Commerce,  le  Journal  des  économistes,  le. 
Débats,  etc.  Parmi  les  nombreux  ouvrages  qu'il  a  publiés,  nous  citerons  : 
Des  Moyens  d'améliorer  le  sort  des  classes  laborieuses  (Paris,  1844);  — 
Etudes  économiques  (1846,  in-16);  —  Histoire  du  tarif,  les  fers  et  les  houilles, 
les  céréales  (Paris,  1847,  in-8)  ;  —  Les  Soirées  de  la  rue  Saint-Lazare  (Paris, 
1849,  :n-8); — Les  Révolutions  et  le  despotisme  [Bru^ellefi,  1852);  —  Cours 
d'économie  politique:  De  la  Production  et  de  la  distribution  des  richesses 
(Paris,  1855,  et  1864);  —  Conversations  familières  sur  le  commerce  des  grains 
(Paris,  18.^6  et  2^  édit.  1886,  in-l6);  —  J5e  l'Enseignement  obligatoire  (Paris, 
1859);  —  Lettres  sur  la  Russie  (Paris,  1S61  et  2^  tdit.  1877,  in-18);  — 
Napoléon  III  publiciste  (Paris,  1861,  in-18);  —  Questions  d'économie  poli- 
tique et  de  droit  public  (Paris,  1861,  2  vol.  in-8);  —  Le  Congrès  européen. 
(Paris,  1864,  in-8);  —  Galerie  des  financiers  belges  (1866,  in-18);  —  Les 
Clubs  rouges  pendant  le  st^ge  (Paris,  1871,  in-18);  —  Le  Mouvement  socia- 
liste avant  la  révolution  du  4  septembre  1870  (Paris,  1871,  in-18); —  La 


—  173  — 

République  tempérée  (Paris,  1873,  in-8);  —  Lettres  sur  les  Etats-Unis  et 
le  Canada  (Paî'is,  1876,  in-18);  —  La  Rue  des  Nations  à  V Exposition  uni- 
verselle de  1878  (Pa^is,  1878,  in-18);  —  U É^'olution  économique  au  xix®- 
siècle  (Paris,  1880,  in-3);  —  U Irlande,  le  Canada,  Jersey  (Pavis,  1881, 
in-18);  —  L' Éi'olution  politique  et  la  Révolution  (Pari?,  1884,  in-8);  —  Au 
Canada  et  aux  Montagnes-Rocheuses,  en  Russie,  en  Corse  et  à  l'Exposition 
universelle  d'Anvers  (1885,  in-18);  —  Les  Lois  naturelles  de  l'économie  poli- 
tique (Paî'is,  1887,  in-18);  —  A  Panama,  l'Isthme,  la  Martinique,  Haïti 
(Paris,  1887,  in-18);  —  La  Morale  économique  (Pa^is,  1888,  in-8);  —  No- 
tions fondamentales  d'économie  politique  et  programme  économique  (Paris, 
1891,  in-8),  etc.  M.  do  Molinari  a  donné  en  outre  une  nouvelb  édition  de 
VEssai  sur  le  principe  de  la  population,  de  Malthus  (Pavi-;,  1889,  in-8). 

—  On  annonce  encore  la  mort  d  '  MM.  :  Le  D""  Joaquin  Albarran,  d'ori- 
gine cubaine,  chirurgien  d  >  l'hôpital  Necker,  professeur  de  clinique  uro- 
logiquc  à  la  Faculté  d    méd  ;cine  de  Paris,  mort  au  comm  nomment  de 
janvier,  lequel  est  l'auteur  de    travaux  fort  estimés  relatifs  surtout  à  l'uro- 
logie et  à  la  médecin^  opératoire  tels  que  :  Étude  sur  le  rein  des  urinaires 
(Paris,''l{^89,  in-8),  thèse;  Les   Tumeurs  de  la  vessie  (Paris,  1892,  gr.  in-8); 
Les  Tumeurs  du  rein  (Paris,  1903,  g.',  in-8)  et    Exploration   des   jonctions 
rénales,  Etude  médico-chirurgicale  (Paris,  1905,  gi".  in-8)  ; —  Albert  Blass, 
poète,  collaborateur  du  journal  les   Gaudes,   de  Besançon,   qui  laisse  un 
important  ouvTage  :  Les  Oiseaux  du  chasseur  (2    vol.  in-8),  mort  à  Ray 
(Haute-Saône),  le  2  jan\'ier,  à  l'âge  de  6'*  ans;  —  le  chanoine  Bonnaure, 
supérieur  du  grand  séminaire  du  diocèse  de  Viviers,  mort  au  milieu  de  jan- 
vier, à  55  ans;  —  Stéphane  Borel,  poète  chansonnier  lyonnais,    auteur 
d'un  grand  nombre  d'œuvTes  populaires,  telles  que  La  Voix  des  chênes,  le 
Credo  du  paysan,  etc.,  mort  au  milieu  de  janvier;  —  le  comte  Bernard- 
Hippolyte-Marie   d'Harcourt,   le   distingué    diplomate,   mort   au   com- 
mencement de  janvier,  à  90  ans,  lequel  avait  joué   un  rôle  très  important 
comme  ambassadeur  à  Mad"id,  à  Rome  et  à  Londres  et  à  qui  l'on  doit  un 
ouvrage  estimé  :   Diplomatie  et  diplomates.   Les   quatre   Ministères  de  M. 
Drouyn  de  Lhuys  (Paris,  1882,  in-S);  —  A.  Hougueret,  professeur  hono- 
raire au  lycée  Condorcet  et  à  l'Ecole  normale  supérieure,  mort  à   Paris, 
au  commencement  de  janvier,  à  66  ans;  —  Victor  Lecoffre,  l'éditeur 
parisien  si  avantageusement  connu,  mort  le  28  janvier,  à  78  ans;  —  l'abbé 
MusTEL,  ancien  directeur  d^  la  Revue  catholique,   mort  d 'rnièrement  à 
Avranches,  à  77  ans;  — •  Paul  Pattinger,  qui  a  publié  dans  le  journal    la 
Dépêche,   d^  Besançon,  di  erses  nouvelles  et  des  étud.s  sur  l'Allemagne 
du  sud,  a  donné  aussi,  sous  le  pseudonyme  d?  Pierre   Damour,  plusieurs 
contes  intéressants,  dans  la  revue  les  Gaudes,  et  s'est  occupé  de  recherches 
sur  les  patois  d)  Franche- Comté,  mort  à  Belfort,  le  23  décembre  dernier, 
dans  sa  44^  année;  —  Léon  Quid'beuf,  directeur  de  l'École  libre  Notre- 
Dame  de  Sainte-Croix  au  Mans,  lequel  avait  débuté  dans  le  journalisme 
sous  la  direction  de  Louis  Veuillot,  mort  au  Mans,  au  commencement  de 
janvier,  à  78  ans;  — Rodolphe  Radau,   physicien  et  astronome,  membre 
de  l'Institut,  ancien  .secrétaire  de  la  rédaction  de  la  Revue  des  Deux  Mon- 
des, mort   à   Paris,   à  la    fin  de  décembre,    lequel  a  écrit  de  nombreux 
ouvrages  de  vulgavisation,  notamment  :  L' Acoustique,  ou  les  phénomènes  du 
son    (Paris,  1867,   \n-i2);  Les  Derniers  Progrès   de   la  science   (Pai*is,  1868, 
in-12)  et  le  Magnétisme  (Paris,  1875,  in-12);  —  Reynaud,  ancien  professeur 
de  littérature    latine  à  la  Faculté  des  lettres  de  Montpellier    et    ancien 
professeur  de  rhétorique  supérieure    au  lycée  Michelet  à  Paris,  mort  au 
au  commencement  de  janvier  ;  —  le  comte    Louis    de    Romain,   com- 


—  174  — 

posiU-ur  ot  critique  musical,  fondateur d'S  concerts  populaires  d' Angers,, 
mort  à  l'Vibourg  (Suisse),  à  la  fin  d-^  janvier;  — Alphonse  Serré-Guino, 
ancien  examinateur  d'admission  à  l'École  militaire  de.  Saint-Cyr,  pro- 
fesseur honoraire  à  l'École  normale  sui>éricure  de  Sèvres,  mort  au  milieu 
d^^  janvier;  —  Léon  Tendron,  architecte,  qui,  ayant  collaboré  au  journal 
l'Expert,  a  écrit  des  études  comparées  sur  la  Jurisprudence  de  V architecture 
et  a  publié  un  ouvrage  estimé  :  De  la  Situation  de  l'architecture  en  province, 
mort  à  Angers,  le  15  novembre  1911,  à  l'âge  de  64  ans; —  Just  Tripard, 
auteur  d*  divers  travaux  historiques  dont  le  plus  important  a  pour  titre  : 
Notices  sur  la  ville  et  des  communes  du  canton  de  Salins,  suivies  de  biogra- 
phies saiinoises  (Besançon  et  Salins,  1881,  in-8),  mort  à  Besançon,  lo  15 
février. 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  d^    MM.  :    Baruete,    le    célèbre 
peintre  et  critique  d'art  espagnol,  historiographe  de  Velasquez,  mort  der- 
nièrement;—  Samuel  Bieler.  directeur  d,^  l'Institut  agvicole  de  Lausanne, 
de  1887  à  1903,  foudatour  d3  la  Chronique  agricole,   où  il  a  publié  de  nom- 
breux articles  très  appréciés,  mort  à  Laxisann^,  le  5  octobre  dv-rnivr,  à  l'âge 
de  85  ans;  —     D''  Heinrich  Billeteti,  professeur  de  thérapeutique  den- 
taire à  l'Université  suisse  de  Zurich,  mort  en  cette  ville,    en  janvier,    à 
78  ans;  —  Edoardo   Calendra,    peintre,    romancier    et"    auteur   drama- 
tiqu<ntali:n,  qui  a  publié,  entre  autres  ouvrages,  l'Ouragan  (1898),  Punition 
(1899),   diverses    comédies    et,    en  collaboration  avec  l'ingénieur  Claudio 
Calandra,  une  étude  archéologique  sur  Une  Nécropole  barbaresque  découverte 
à  Testofia  (1890),  mort  à  Turin  le  29  octobre  dernier,  à  l'âge  de  70  ans;  — 
Arthur  DE  Claparède,  géographe  et  historien  suisse,  mort  à   Genève,  en 
décembre;  ■ —  Dr.  Max  Conrat,  ancien  professeur  de  droit  romain  à  l'Univer- 
sité néei-land  ise  d'Amsterdam,  mort    à    H(id  Iberg    (Allemagne),    le  12 
décembre,  à  63  ans;  —  M™<^  Blacda  Coron  y,  femme  d'  lettres  allemande, 
auteur  de  divers  romans,  morte  en  décembre,  à  Halle-sur-la-Saale,  à  70  ans; 
—  le   R.    P.    François-Xavier  Durazzo,  de  la  Compagnie  dcJéius,  mort 
à  Gên  'S,  sa  ville  natal'\  à  la  fin  de  décembre,  à  80  an"-,  lequel  s'est  distin- 
gué d  .ns  la  presse  catholique  d?  son  pays  comme  une  brillant  polémiste 
par  d;'  nombreux  articles  donnés  à  VEco  d'Italia,  au  Caltolico   militante  et 
au  Cittadino,  d'  Gênes;  — Théophile  Durand,  directeur  du  Jardin  bota- 
nique d^  l'État  belge,  membre  de  l'Académie  royde  de  Belgique,  mort 
le  12  janvier,  à  l'âge  de  56  ans;  —  le  Rev.  James  Oswald  Dykes,  ministre 
anglican,  mort  à  Edimbourg  au  commencement  de  janvier,  lequel  s'était 
fait  connaître  comme  prédicateur  éloquent  et  comme  écrivain  distingué 
ayant  publié  :   On  the    written   Word  (1868);  Béatitudes    of  the    Kingdom 
(iSl 2);  Abraham  the  Friend  of  God  [iSll )  ;  Laws  of  the  Ten   Words  [188^), 
etc.;  —  Francis  Espinasse,  écrivain  anglais,   mort  à  Londres  en  janvier, 
à  89  ans,    qui  laisse,  enti'e  autres  ouvrages  :  Life  and  Tune  of   François-^ 
Marie  Arouet,  calling  himself  Voltaire  (Lond''es,  1866,  in-8)    et  Lancashire 
Worthies   (Lond'es,   1877,   in-8);   —   Hermann   Friedrichs,   poète    alle- 
mand, mort  le  4  décembre,  à  Saint-Goar,  à  58  ans;  —  John  S.  Gibb,  écri- 
,vain  écossais,  aiuteiu"  d-  :  Notes  on  «  Helenore  )>  by  Alexander  Ross,    School- 
master,  Lochlee,  1699-1784,  mort  au  milieu  dj  janvier;  —    Dr,    Johannes 
Hartmann,  chanoine  de  la  cathédrale  d;  Munster    (Westphalic),  profes- 
seur d";  droit  ecclésiastique-,  mort  tn  décembre,  à  83  ans;  —   Henri  IIy- 
mans,  membre  de  l'Académie  royale  de    Belgique,    membre    correspon- 
dant d)  l'Institut  d  ;  France,  conservateur  en  chff  honoraire  d;  la  Biblio- 
thèque royale  et  profes-seur  à  l'Académie  d'Anvers,  mort  à  Bruxelles,  en 
féxTier;  —  Dr.  Emil  Joxas,  éci'ivain  allemand,  passé  au  service  du  gou- 


^  175  — 

vernim'-nt  dmois,  mort  à  Berlin,  rn  janvier,  à  87  am,  lequel  a  contribué^ 
largom'  nt,  par  d^  nombreuses  traductions,  à  faire  connaître  aux  Alle- 
mand-; la  littérature  d'S  pays  Scandinaves  et  a  publié  en  outre  divers 
ouvrages  ;;ur  la  Suèdi  et  la  Norvège,  notamment  :  Schweden  und  seine 
Entwickelung  in  volkswirthschajtlichen  und  geistlichen  Beziehung  wâhrend 
des  letzten  Jahrzents  (Berlin,  1875,  in-8);  Reise  und  Skizzenbuch  fUr  Schwc' 
den  (Berlin,  1875,  in-8);  Illustrirtes  Reise  und  Skizzenbuch  fur  Norwegen 
(Berlin,  1876,  in-8);  —  Thomas  Knorr,  éditeur  allemand,  mort  le  13 
décembre  à  Munich,  à  60  ans;  —  Dr.  Jean  Kowalczyk,  astronome  polo- 
nais, mort  tn  décembre,  à  Varsovie,  à  78  ans;  —  Henry  Labouchêre, 
journaliste  et  écrivain  anglais,  fondateur  du  périodique  Trwi/?,  auteur  de 
Letters  of  a  Besieged  Résident  (1870),  mort  à  Flortnce,  au  milieu  de  jan- 
vier, à  80  ans;  —  Dr.  Otto  Lies  m  an  n,  professeur  de  philosophie  à  l'Uni- 
versité allemande  d'Iéna,  mort  en  cette  ville,  le  14  janvier,  à  72  ans;  — • 
Dr.  Wini  List,  bibliothécaire  en  chef  de  l'Université  et  d»^  la  ville  de  Stras- 
bourg, mort  en  cette  ville,  le  8  juin,  à  56  ans;  —  Dr.  Wilhelm  Franz  Loe- 
BiscH,  professeur  de  chimie  médicinale  à  l'Université  d'innsbruck  (Tyrol), 
mort  en  cette  ville,  le  9  janvier,  à  72  ans;  - — Sir  Frederick  Maurice, major- 
général  de  l'armée  anglaise,  soldat  accompli  et  écrivain  militaire  très  estimé, 
mort  au  milieu  de  janvier  à  71  ans,  auquel  on  doit  :  Popular  History  of 
the  Ashanti  Carnpaign  (Londres,  1874);  Hostilities  without  Déclaration  of 
War,  The  Officiai  History  of  the  1882  Carnpaign,  The  Officiai  History  of  the 
Boer  War,  etc; — Dr.Josef  Ladi  lav  Pic,  archéologue  et  slaviste  tchèque,mort 
à  Prague,  le  19  d3cembre;  —  Alexander  Riach,  journaliste  écossais,  qui, 
après  avoir  appartenu  à  la  rédaction  du  Scotsman  d'abord,  puis  du  Daily 
Telegraph,  fut  pendant  vingt-trois  ans  le  directeur  de  Edinhurgh  Eve- 
ning  Despatch,  mort  le  29  décembre,  à  Holytown,  près  de  Glasgow;  — 
Dr.  Gustav  Salchow,  professeur  d3  droit  romain  et  de  droit  civil  à  l'Uni- 
versité allemande  de  Halle,  mort  en  cette  vill^,  le  11  décembre,  à  42  ans; 
—  •  Dr.  Bernhard  Schuchardt,  écrivain  allemand,  mort  le  9  décembre, 
à  Gotha,  à  88  ans;  —  Fri.drich  ThEiL,  philologue  allemand,  mort  le 
7  janvier,  à  Roirdi  (Saxe),  à  77  ans;  —  Ludwig  Voltz',  peintre  et  dessina- 
teur bavarois,  qui  avait  fourni  les  illustrations  d'un  certain  nonibre 
d'ouvrag''S,  mort  dîvnièrement  à  Munich,  à  87  ans;  - —  M"*^  Rosamund 
Marriott  Watson,  femme  de  lettres  anglaise,-  morte  à  la  fin  de  décembre, 
laquelle  laisse  plusieurs  volumes  d'^  poésies,  d^s  articles  de  critique  artis- 
tique insérés  dans  VAcademy,  et  quelqu.es  ouvrages  sur  des  questions  d'art, 
tels  que:  The  Art  of  the  House  et  The  Connaisseur  o'cr ces;  — LvdA^igW'ECHS 
ler,  écrivain  hongrois,  mort  à  Bidapest  en  janvier,  à  51  ans;  —  Herber- 
Ed.vin  Clarke,  poète  anglais,  mort  à  L(  ndres,  au  milieu  de  janvier,  dont 
les  œuvres,  notamment  :  Songs  in  Exile  and  olher  Poents  (L(  nd'es,  1879, 
in-8)  et  Storm  Drift  :  Poems  and  Sonnets  (Londres,  1882,  in-8)  (nt  obtenu 
un  légitime  succès;  —  le  comte  Albrecht  von  Wickenburg,  écrivain 
autrichien,  mort  à  Yicnn?,  le  17  décembre,  .à  73  ans,  lequel  est  l'auteur 
d;  :  Eigenes  und  Fremdes.  Gedichte  (Vienne,  1874,  in-16);  Ollanta.  Per- 
uanisches  Original  Drama  aus  der  Inca-Zeit  (Vienne,  1876,  in-8,  etc.;  — 
Dr.  Fran^-  von  Winckel,  professeur  d?  gynécologie  et  d'accouchement 
à  l'Université  allemande  de  Munich,  mort  en  cette  ville,  lel*^"^  janvier,  à 
75  ans;  —  N.  N.  Zlatovratsky,  romancier  russe,  mort  le  23  décembre, 
dont  les  romans  fort  bien  écrits  :  La  Vie  de  tous  les  fours  au  village;  Cœurs 
d'or  ;  Fondations,  etc.,  s'adressaient  surtout  aux  paysans  et  avaient  pour 
but  dî  les  moraliser. 


—  176  — 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  -et  belles-lettres. 

—  Le  5  janvier,  le  P.  Scheil  décrit  les  formules  dont  se  servaient  les  Baby- 
loniens poxir  désigner  les  années  sans  le  concours  de  l'arithmétique,  et  il 
parle  de  la  série  qui  correspond  au  roi  Hammurabi.  —  M.  HoUeaux  com- 
mente une  inscription  trouvée  à  Délos  contenant  les  imprécations  des 
prêtres  contre  les  malfaiteurs. —  Le  12,  M.  Clcrmont-Ganneau  lit  une 
lettre  de  M.  l'abbé  Hyvornat  sur  des  manuscrits  copies  de  la  collection 
Pierpont  Morgan.  —  M.  le  comte  Durrieu  étudie  une  page  de  missel  ita- 
lien du  xiye  siècle  qu'il  attribue,  sauf  réserves,  à  Michelino  da  Besozzo. 
• —  M.  Gagnât  décrit  le  système  d3s  fortifications  élevées  par  les  Romains  en 
Tunisie  pour  protéger  leur  conquête.  —  M.  HoUeaux  indique  l'état  d'avan- 
cement des  fouilles  entreprises  à  Délos  aux  frais  de  M.  le  duc  de  Loubat  et 
signale  la  variété  et  l'importance  des  objets  remis  au  jour.  —  Le  19,  M. 
Gagnât  termine  la  lecture  de  son  travail  sur  la  défense  de  la  Tripolitaine 
romaine.  —  M.  Prou  présente  et  explique  les  photographies  do  dalles 
existantes  dans  l'église  de  Schoennis,  canton  de  Saint-Gall  (Suisse),  dalles 
qu'il  croit  pouvoir  dater  du  ix"  siècle.  —  Le  26,  M.  Loth  démontre  que  le 
roman  de  Tristan  et  Yseult  a  dû  être  composé  dans  un  pays  où  l'on  parlait 
l'anglais,  le  français  et  le  celtique,  probablement  dans  le  pays  de  Galles. 

—  M.  JuUian  commimique  une  figure  en  relief  découverte  auprès  des 
Eysies  par  M.  G.  Lalanne,  sans  doute  la  plus  ancienne  sculpture  connue. 

—  M.  le  D"^  Capitan  parle  des  caractéristiques  de  l'architecture  maya  (mo- 
numents élevés  sur  les  hauteurs,  reproduisant  des  constructions  en  bois). 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  -^ 
Le  5  janvier,    M.    Xénopol   lit  une  étude  sur  le  postulat    psychologique. 

—  Le  13,  MM.  H.  Joly  et  Passy  prennent  part  à  une  discussion  au  sujet 
du  mémoire  de  M.  Aubert  sur  la  dépopulation  de  la  France. — Le  18,  M.  Ed. 
Seligman  commence  la  lecture  d'un  travail  qui  concerne  les  massacres 
de  Septembre  dont  il  attribue  à  Marat  la  responsabilité  principale.  — 
Le  27,  il  continue  la  lecture  de  ce  mémoire  et  fixe  d'une  façon  précise  la 
part  prise  par  Danton  dans  l'organisation  des  massacres.  Danton  les 
arrêta  le  3,  lorsqu'il  vit  que  les  girondins  et  ses  amis  allaient  être  compris 
dans    les    exécutions. 

Prix.  —  L'Académie  des  sciences  a  décerné  les  prix  suivants  dans  sa 
séance  du  27  novembre  1911  : 

'^Chimie.  —  PrixjCahours  (3  000  fr.),  partagé  entre  M.  Louis  Hackspill 
et  M.   Richard. 

r-'-  Prix  Berthelot  (500  fr.).  —  A  M.  André  Wahl  :  Recherches  de  synthèse 
chimique.  ■  ■'  ''Vi 

Médecine  et  chirurgie.  —  Prix'Montyon  (3  prix  de  2  500  francs  chacun) 
à  :  MM.  L.  Testut  et  O.  Jacob  :  Traité  d'anatomie  topo  graphique;  —  M.  Ale- 
xandre Besredka,  pour  l'ensemble  de  ses  travaux  sur  V Anaphylaxie;  — 
M.  E.  Cassact,  pour  son  mémoire  :  Du  Diagnostic  de  la  péricardie  posté- 
rieure. 
■  3  mentions  de  1  500  fr.  chacune,  à  :  M.  Pierre  Nolf  :  La  Coagulation 
du  sang;  —  M.  Emile  Feuille  :  Leucopaties  métastases  ;  —  M.  E.  Sacquépée  : 
Les   Infections  paratyphoïdes. 

Mentions  à  :  MM.  héopolà  Lévï  et  H.  d^.  Roih-ichild:  Études  sur  la  phy- 
siopathologie  du  corps  thyroïde  et  des  autres  glandes  endocrines;  —  M.  S. 
Mercadé  :  La  Période  post-opératoire  :  soins,  suites,  accidents;  — •  M.  G. 
Faroy  :  Le  Pancréas  et  la  parotide  dans  Vhérédo-syphilis  du  fœtus  et  du 
nouveau-né;  —  M.  L.  Pariset,  pour  l'ensemble  de  ses  recherches  sur  la 


—  177  — 

Vaginalile  du  cobaye  mâle  provoquée  par  le  bacille  de  la  morve  et  par  divers 
microbes. 

Prix  Barbier  (2  000  fr.^.  —  A  M.  H.  Guilleminot  :  RadiomHrie  floros- 
co  pique. 

Prix  Bréant  (100  000  îr.).  —  Ce  prix,  destiné  à  récompenser  celuii  qui 
aura  trouvé  le  moyen  do  guérir  le  «  choléra  asiatique  »,  n'est  pas  attri- 
bué. L'Académie  décerne  sur  Les  arrérages  de  la  fondation  :  2  000  fr.  à 
MM.  Audair  et  Louis  Pa^is  :  La  Constitution  chimique  du  bacille  de  Kock 
et  les  poisons  du  bacille  tuberculeux  humain;  —  2  000  fr.  à  M.  Dopter  : 
Éludes  sur  la  méningite  cérébro-spinale  et  sérothérapie  antimnénigococci- 
que;  —  1  000  fr.  à  M.  Duvoir  :  Étude  sur  la  vario-vaccine. 

Prix  Godanl  (1  000  fr.).  —  A  M.  J.-L.  Chirié  :  L'Évolution  de  la  graisse 
dans  le  rein  de  la  chienne,   etc. 

Prix  du  baron  Larrey  (750  fr.).  —  A  MM.  Henri  Coullaud  et  Etienne 
Ginestons  :  La  Vision  des  tireurs  et  recherches  nouvelles  sur  la  physiologie 
du  tir;  —  mention  très  honorable  à  M.  Maurice  Boigey  :  Ateliers  de  travaux 
publics  et  détenus  militaires. 

Prix  Bellion  (1  400  fr.).  —  Partagé  entre  M.  et  Mn^e  Henri  :  L'Action 
stérilisante  des  rayons  ultra-violets,  d'une  part,  et  MM.  Courmont  et  Nogier, 
d'autre  part  :  La  Stérilisation  de  Veau  potable  par  les  rayons  ultra- violets. 

Prix  Mège  (10  000  fr.).  —  Le  prix  n'est  pas  décerné.  300  fr.  à  MM.  P, 
Nobécourt  et  Prosper  Mercklen  :  Bilans  nutritifs  de  la  rougeole  et  de  la 
scarlatine  chez  l'enfant.  "   ■'-'L^î  ■^■•''■'*^  V^'^-V*"^ '^>''^-t'^î|i«^^   jti     Q 

Prix  Chaussier  (10  000  fr.).  —  A.  M.  a'.  Inibert:  Le  Travail  profes- 
sionnel. 

Physiologie.  —  Prix  Monthyon  (Physiologie  expérimentale),  ■ — •  Le 
prix,  d'ime  valeur  de  750  îr.,  a  été  porté  pour  cette  année  à  1  000  fr.  Il  est 
partagé  entre  M.  Marage  :  Petit  Manuel  de  physiologie  de  la  voix,  à  l'usage 
des  chanteurs  et  orateurs;  et  M.  Raoul  Combes  :  i°  La  Détermination  des 
intensités  lumineuses  optima  pour  les  végétaux  aux  divers  états  de  leur  déve- 
loppement; 2°  La  Formation  des  pigments  anthocyaniques. 

Prix  Philippeaux  (900  fr.).  —  Prix  partagé  entre  M^^e  z.  Gruzewska: 
pour  l'ensemble  de  ses  travaux  de  physiologie,  et  M.  Maurice  Piettre  : 
Recherches  sur  la   bile. 

Prix  Lallemand  (1  800  fr.).  —  A  M.  Henri  Piéron  :  Élude  expérimen- 
tale de  la  mémoire;  —  mention  très  honorable  à  M.  Maurice  Brissot  : 
L'Aphasie  dans  ses  rapports  avec  la  démence  et  la  vésanie;  —  mention  hono- 
rable à  M.  J.  Lévy-Valensi  :  Le  Corps  calleux  :  étude  anatomique,  phy- 
siologique et  clinique. 

Prix  généraux.  —  Médaille  Berthelot.  —  MM.  Darzens,  Tifîeneau,  Tis- 
sot,  André  Wahl,  Louis  Hackspiîl,  Richard. 

Prix  Gegner.  ■ —  G?  prix,  d'une  valeur  de  3.800  fr.,  est  porté  peur  cette 
année  à  4  000  fr.  Attribué  à  M.  J.-H.  Fabre. 

Prix  Trémont  (1  100  iiW.  —  M.  Charles  Frémont. 

Prix  Wilde  (4  000  fr.).  —  Prix  de  2  000  fr.,  M.  Stefanik,  pour  ses 
travaux  d'astronomie;  prix  de  2.000  fr.,M.  A.  Trillat,  pour  son  œuvre 
scientifique  et  plus  particulièrement  pour  ses  travaux  sur  l'Aldéhyde  for- 
mique. 

Prix  Saintour  (3  000  fr.).  —  M,  Jules  Drach  :  Les  Groupes  de  rationa- 
lité des  équations  différentielles.  « 

Prix  Fanny  Emden  (3  000  fr.).  —  Le  prix  n'est  pas  décerné,  mais  un 
encouragement,     avec  allocation  de  2  000    fr.,  est  accordé  à  M.    Emile 

FÉVRIER  1912.  T.  GXXIV.  12. 


—  178  — 

Boirac  :  La  Physiologie  inconnue;  —  Encouragement,  avec  allocation  de 
1  000  fr.  à  M.  J.  Ochorowicz  :  Hypnotisme,  niesinérisT?ie  et  suggestion 
mentale. 

Prix  Serres  (7  500  fr.).  —  M.  L.  Vialleton  :  Travaux  r'?latifs   à  l'cm- 
briologîe. 

Index.  —  Un  décret  de  l'Index  du  24  janvier  1912,  condamne  les 
ouvrages  suivants  :  Mgr  L.  Duchesne,  Histoire  ancienne  de  V Église,  Pa- 
ris (sans  distinction  d'éditions).  —  Ahhé  d'Olonn^  Le  Clergé  contemporain 
et  le  cilibat,  Paris.  • —  Lhouilly,  Cornet  du  petit  citoyen.  Ivésumés  d'ins- 
truction morale  et  civique.  Cours  moytn  et  supérieur.  Verdun,  1910.  — 
M"''  Giacometti,  Adveniat  regnum  tuum.  Letture  e  preghiere  cristiane. 
Rituale  de!  cristiano.  L'Anno  cristiano.  F  orna,  1904.  —  Tommaso  Gal- 
larati  Scotti,   Storia  delV  amore  sacro  e  delV  amore  profana,  Milano,  1911. 

. Venancio   Gonzalez   y    Sanz,   Bancarrotta    del  protestantismo,   Madrid, 

1540. — Letters  to  His  Holiness  Pope  Pius  X,  by  a  niodernist,  Chicago,  1910. — 
The  priest,  a  taie  of  modernism  in  New  En  gland,  by  tho  auth,or  of  Let- 
ters to  His  Holiness,  Boston,  1911.— Le  décret  annonce  la  soumission  des 
auteurs  suivants  :  i^inguste  Humbort,  Zcnner  ,  Wiesmann,  Koch  <-t  We- 
chtr  Prolias?ka,  frappés  par  ks  décrets  des  8  mai  et  5  juin  1911.  —  Un 
décret  de  l'Index  du  1''  février  1912  prohibe  le  roman  moderniste  de 
Mario  Palmarini,  Quando  non  morremo.  Milan,  1912.  —  Mgr  Duchesne 
s'est  soumis  immédiatement  au  décret  de  l'Index  qui  vient  de  le  frapper. 

Paris.  - —  Dans  une  substantielle  brochure  :  La  Famille  dans  V anti- 
quité (Paris  et  Lyon  ,Yitte,  in-18  de  73  p.),  M.  E.  Léotard  résume  fort 
exactement  ce  que  nous  savons  sur  la  famille  en  Grèce  et  à  Rome.  Il  met 
en  relief  ce  fait  intéressant  que,  dans  la  loi  grecque,  la  notion  du  devoir 
domine  celle  du  droit,  et  il  montre  quels  étaient  ces  devoirs.  11  trace,  d'aprè? 
les  Économiques,  le  portrait  de  la  femme  grecr^ue  idéale  et  indique  les 
limites  de  la  liberté  dentelle  jouissait,  plus  larges  qu'on  ne  le  croit  commu- 
nément, et  le  régime  légal  qui  la  concernait.  Puis,  arrivant  à  Rome,  il 
passe  en  revue  les  diverses  formes  de  mariage  et  ses  cérémonies,  et 
décrit  la  patria  potestas,  la  condition  légale  de  la  femme  et  celle  que  lui 
font  les  mœurs.  La  femme  romaine  est  bien  supérieure  à  l'athénienne  par 
ses  vertus  et  par  son  influence. 

. Le  45e  fascicule  du  Dictionnaire  des  antiquités,  ele  MINI.  Daremberg  et 

Saglio  (Paris,  Hachette,  1910,  in-4,  p.  1457-1601,  avec  146  grav.),  com- 
prend les  principaux  articles  suivants:  Stamnum  d'étain)  par  M.  Besnier; 
Statua  par  M.  C  Picard;  Statuaria  ars,  par  M.  Deonna;  Statio,-paT  M.  Lécri- 
vain;  Stips,  par  M.  Toutain;  Substitutio,  par  M.  Beauchet;  Sumptuariae 
leges,  par  M.  Lécrivain;  Suouetaurilia,  par  M.  Saglio;  Supplicatio,  par 
M.  Toutain;  Dca  Syria,  par  M.  Cumont;  Syssitia,  par  M.  Saglio.  Autres 
articles  de  MM.  Humbert,  V.  Chapot,  André  Baudrillart,  Navarre,  Albert 
Martin,  Pottier,  Colin,  Lafaye,  J.-A.  Hild,  Cagnat,  Maynial,  etc. 

—  C'est  un  document  intéressant,  plus  encore  par  la  richesse  de  l'anno- 
tation que  par  le  texte,  que  ce  i>  récit  catholique  des  trois  premières  guerres 
de  religion  »,  publié  sous  le  titre  à'Acta  tumultuum  Gallicorum  par 
M.  Henri  Hauser,  très  au  courant  de  toutes  les  sources  historiques  du 
XVI®  siècle  (Paris,  extrait  de  la  Bei^ue  historique,  in-8  ele  71  p.).  On  n'en 
connaissait  e^ue  trois  exemplaires  et  on  en  trouve  un  dans  un  recueil  imprimé 
à  Munich  e-n  1573,  quelques  années  seulement  après  les  événements  qu'il 
raconte,  et  composé  avant  la  Saint-Barthélémy,  dont  il  ne  fait  pas  mention. 
L'auteur  est  un  catholique  assurément  très  exalté;  car,  s'il  i?ttaque  viclem- 


—  179  — 

ment  Coudé  i-t  Coligny  et  les  horrenda  Hugunotorum  srelera,  commis  sous 
leur  patronage,  il  ne  ménage  pas  Catherine  do  Médicis  ni  même  le  conné- 
table do  Montmorency,  qu'il  accus;^  d'une  singulière  indulgence  en.-trs 
les  protestants,  «  qu'il  eût  été  facile  d'écraser  après  leurs  défaites,  au  lieu 
de  leur  accord  r  d  s  édits  asse^,  favorables  à  leur  cause)).  Il  est  assez  singu- 
lier que  le  chânccli'  r  di  l'Hôpital  ait  trouvé  presque  grâce  devant  ce 
«  gui.;ard  >'.  Comment  s'app' lait-il?  C'est  assez  difTicile  à  d -viner.Pourtant 
M.  Hauser  propose  timidement  d'attribuer  cei:Acta  au  jésuite  asstz«  espa- 
gnoli^.é  «  le  P.  Emond  Auger,  que  tous  les  écivain^  contemporains  appellent 
d'ordinaire  le  P.  Aymon.  Ce  qui  pourrait  faire  douter,  c'est  que  ce  jésuite 
était  assf  z  bien  avec  la  Cour.  En]tous  cas,  cette  réponse  aux  nombreux  pam- 
phlets protestants  de  l'époque  méritait  d'être  mise  en  lumière;  et  on  y 
trouve   quelques   mentions   iitile'. 

—  Israël  Bernard  de  Valabrcgje  (1714-1779),  interprète  attaché  à  la 
Bibliothèque  du  Roi  pour  les  langues  orientales,  en  même  temps  que 
marchand  mercier  à  Paris,  n'est  guère  connu,  bien  qu'il  ait  tenu  au 
xviii*'  ^.iècle  une  place  assez  importante  dans  la  communauté  juive  pari- 
sienne. Dans  un  article  du  Bulletin  du  bibliophile,  qui  a  pour  principal 
objet  de  nous  faire  connaître  i'inventaire,  dressé  après  décès,  de  la  Biblio- 
thèque de  Bernard  de  Valahri gue  (Tiré  à  part.  Paris,  Henri  Leckrc,  1910, 
in-8  de  16  p.),  M.  Paul  Hildenfinger  nous  donne  quelques  renseignements 
curieux  et  précis  sur  son  activité  à  la  Bibliothèque,  sur  son  rôle  parmi 
ses  cor.'ligionnaires  et  sur  l'idée  que  l'on  peut  se  faire  des  goûts  littéraires 
du  personnage  par  cet  inventaire,  malheureusement  fort  sommaire,  dans 
lequel  ces  livres  sont  estimés  par  lots,  avec  l'indication  pour  chaque  lot 
d'un  seul  des  ouvrages  qui  le  composent.  ■    g* 

—  En  l'appelant  t;  une  œuvre  d'actualité  »,  M.  le  chanoine  'F.  Béré- 
ziat  a  voulu  prouver  la  nécessité  et  la  possibilité  do  l'organisation  de 
la  Confrérie  du  Saint-S acrement  à  notre  époque  (Lyon  et  Paris,  Vitte, 
1911,  in-8  de  74  p.,  avec  2  portraits).  Il  en  expose  le  but,  les  pratiques, 
les  avantages.  Historiquement  il  rappelle  la  féconde  existence  dans  le 
passé  de  la  Compagnie  du  Saint- Sacrement  (qui  n'était  pas  une  «  con- 
frérie »),  en  s'appuyant  sur  l'étude  si  complète  que  M.  Geoffroy  de  Grand- 
maison  a  donnée  dans  le  Correspondant  du  25  mars  1911. 

—  M.  Henri  Guérin,  bibliothécaire  à  la  Bibliothèque  nationale,  vient 
de  donner  Hans  le  t.  IV  de  V Année  linguistique  un  travail  d'ensemble  sur 
l'Étude  des  langues  égyptiennes  et  copte,  particulièrement  de  1890  à  1910. 
(Tiré  à  part.  Paris,  C.  Klincksieck,  1911,  in-16  de  48  p.).  Si  M.  Guérin  s'est 
occupé  principalement  de  la  période  qui  comprend  ces  vingt  dernières 
années,  il  n'a  pas  cru  inutile  cependant  de  nous  tracer  une  esquisse  rapide 
des  grands  travaux  des  fondateurs  de  l'égyptologie  et  des  illustres  savants 
qui,  après  eux,  ont  assis  cette  science  sur  des  bases  solides.  Depuis  1890, 
les  travaux  tant  sur  les  vieilles  langues  égyptiennes  que  sur  le  copte  qui 
en  est  dérivé  se  sont  multipliés;  aux  découvertes  nouvelles  s'est  ajoutée 
la  mise  en  œuvre  des  travaux  antérieurs;  l'on  a  pu  se  faire  une  idée  plus 
précise,  plus  exacte,  sinon  définitive,  du  caractère  de  la  langue  qui  se 
rattache  aux  idiomes  sémitiques,  mais  en  partie  aussi  aux  idiomes  africains. 
La  lecture  de  ce  travail  n'intéressera  pas  seulement  les  égyptologues  et 
les  coptisants. 

—  On  pourra  juger  des  services  rendus  à  la  philologie  française  par  un 
érudit  enlevé  pi ématurément  en  juillet  dernier,  M.  Gaston  Raynaud  (18ro- 
1911),  en  lisant  le  discours  prononcé  à  ses  obsèques  au  nomde  la  Société 


—  180  - 

de  l'École  des  chartes  par  M.  Eugène  Lelong  (Nogent-le-Rotrou,  imp. 
Daupeley-Gauvernour,  4911,  in-8  de  10  p.  Extrait  de  la  Bibliothèque 
de  VEcole  des  chartes,  i.  LXXII).  M.  Lelong  a  joint  à  son  discours  l'énu- 
mération  m  quarante-trois  articles  des  publications  faites  par  Gaston 
Ra\  naud. 

—  Nous  avons  annoncé  déjà  (t.  CXXII,  p.  181 1  l'appel  lancé  par 
M.  Adolphe  Adirer  pour  la  fondation  d'une  société  d.'S  Amis  de  la  langue, 
française.  La  Société  s'est  constituée  définitivement  et  vient  de  lancer 
son  premier  bulk-tin  pour  janvier  1912  (Paris,  9,  villa  Saïd,  in-8  de  20  p.). 
Le  titre  même  d)  la  Société,  «  Société  nationale  pour  la  défense  du  génie 
français  et  la  protection  de  la  langue  française  contre  les  mots  étrangers, 
les  néologismes  inutiles  et  toutes  les  déformations  qui  la  menacent  »,  dit 
assez  clairement  1;;  but  qu'elle  se  propos.:».  Et  nous  ne  pouvons  que  renou- 
veler l'invitation  à  nos  lecteurs  d'aid  r  au  développement  de  cette  oeuvre 
utile  soit  en  se  faisant  inscrire  comme  membre  actif  (5  fr.  par  an)  ou  à 
vie  (100  fr.),  soit  au  moins  en  s'abonnant  au  Bullrtin  (i  fr.  par  an).. 

—  On  a  dernièrement  publié  un  élégant  volume  sous  le  titre  de  :  Le  Ju- 
bilé des  lycées  et  collèges  de  jeunes  filles  et  de  V École  normale  de  Sèvres  (Paris, 
Alcan,  s.  d.,  gr.  in-8  cartonné  de  ix-135  p.  ^ — Prix  :  6  fr.).  On  y  trouve 
un  Avant-propos  de  M.  Lucien  Poincaré,  une  Préface  de  M.  Berthclot,  un 
historique  qui  va  de  1880  à  1907,  signé  de  M.  Eugène  Blum;  un  compte 
rendu  du  25'^  anniversaire  de  la  création  des  lycées  de  jeunes  filles,  sigaé 
d'une  simple  initiale;  un  compte  rendu  de  la  journée  de  Sèvres,  signé 
Marguerite  Aron,  et  puis  des  discour-^.,  et  puis  des  toast j,  et  des  programmes 
de  concerts,  et  le  menu  du  banquet,  et  la  liste  de  toutes  le?  anciennes  élèves 
de  Sèvres  présentes  à  la  fête.  Comme  il  fallait  s'y  attendre,  on  rencontre 
là  beaucoup  de  noms  et  de  signatures  de  protestants  et  de  juifs,qui  donnent 
le  caractère  de  ces  institutions  de  combat.  Enfin  il  y  a  une  quantité  d'ima- 
ges et  de  portraits.  Bref , l'apologie  est  complète  autant  que  peu  mesurée; 
mais  c'est  une  apologie  systématique,  et  personne  d'impartial  ne  pourra  la 
considérer  comme  une  justification.  Car  on  ne  peut  vraiment  justifier,  en 
France  du  moins,  une  entreprise  de  déchristianisation  de  la  femme  fran- 
çaise. 

—  Nos  lecteurs  se  souviennent  sans  doute  de  l'annonce  qui  a  été  faite 
ici  même  (t.  CXIX,  p.  185)  d'xm  Répertoire  d'art  et  d'archéojogie,.  fondé 
par  la  généreuse  initiative  du  îMécène  intelligent  auquel  on  doit  déjà  la 
Bibliothèque  d'art  et  d'archéologie  (19,  rue  Spontini),  si  accueillante  et  si 
précieuse  à  quiconque  travaille  sur  l'histoire  de  l'ai't.  Avec  l'année  1911, 
le  Répertoire,  qui  jusqu'alors  offrait  à  ses  lecteurs  le  dépouillement  des 
articles  de  périodiques  tant  français  qu'étrangers  relatifs  à  l'histoire  de 
l'art,  a  joint  la  bibliographie  des  catalogues  d^  ventes  publiques  faites  en 
France  et  à  l'étrang^^-r,  qui  achève  d;  faire  di  Répertoire  un  instrument 
d'information  et  d'  travail  absolum  nt  indispensable.  M.  Jacques  Mayer, 
à  qui  incomb'''  la  charge  spéciale  de  cette  partie  du  recueil,  classe  les  ventes 
par  pays,  par  vill -s,  et  dans  chaque  ville  par  ordre  chronologique.  Il  ne  se 
contente  pas  de  donner  la  date  delà  vente,  les  noms  du  collectionneur,  du 
commissaire  priseur  et  de  l'expert,  il  précise  tn  quelques  mots  le  contenu  de 
la  collection,  indique  les  figures  et  planches  que  contient  le  catalogue.  Ajou- 
tons qu'un  ind  'X  annuel  r<  ndra  facile  l^  manien;ent  de  ce  très  utile  recueil. 
Puisque  nous  i  n  avons  l'occasion,  disons  aussi  que  l'index  qui  termine  le  Ré- 
pertoire, pour  être  sommaire,  n'en  est  pas  moins  fort  clair  et  commode.  Il 
comprend  en  une  seule  série  alphabétique:  les  noms  d:*  personnes    (auteurs 


—  181  — 

amateurs  ou  artistes)  en  petites  capitales;  les  noms  des  lieux  en  italiques; 
les  mots  d^  matières  (académies,  affiches,  albâtre)  en  égyptiennes; 
chaque  article  du  répertoire  étant  numéroté  :  c'est  à  ces  numéros  et  non 
aux  pag  s  que  le  renvoi  est  fait,  ce  qui  en  ai  giuente  naturellement  la 
précision.  Peut-être  pourrait-on,  par  un  artifice  typographique,  distinguer 
des  artistes  les  auteurs  et  les  collectionneurs  ou  autres  personnages  cités. 

—  L'an  dTnier  (février-mars  1911,  t.  CXXI,  p.  229-230),  le  Polyblblion 
a  annoncé  la  première  édition  de  V Annuaire  de  la  curiosité  et  des  beaux- 
arts.  Voici  la  deuxième  (Paris,  90,  rue  Saint-Lazare,  IX^  arr.,  1912,  in- 
8  de  467  p. —  Prix  :  8  fr.).  Le  prix  de  cet  annuaire  a  dû  être  relevé  de  2  fr. 
en  raison  do  son  importance  plus  grande  :  il  renferme,  en  effet,  une  nouvelle 
division  ou  partie  (la  3^),  composée  d'une  liste  alphabétique  des  amateurs 
collectionneurs  de  Paris,  avec  dvS  indications  sur  le  genre  de  leurs  collec- 
tions (p.  285-325).  Tout  le  reste  du  volume  a  été  d'ailleurs  remanié,  mis 
à  jour  (sauf  d-  s  omissions  toujours  inévitables)  et  avgmenté  sensible- 
ment. Comme  celui  de  1911,  l'Annuaire  de  1912  donne,  dans  sa  première 
partie,  des  renseignements  pratiques  et  l'elate  sommairement  les  évé- 
nements artistiques  de  l'année  écoulée  ainsi  que  la  législation  relative  aux 
choses  de  l'art.  Vitnncnt  ensuite  (2^  partie)  les  adresses  commerciales 
françaises  et  étrangères,  d  sposées  par  o'de  alphabétique  d;  professions. 
Quant  à  la  quatrième  partie,  elle  est  formée  de  listes  dos  ai'tistes  en  tous 
genres  résid  mt  en  France,  avec  mention  de  leurs  titres  et  récompenses 
aux  expositions.  Publication  do'  la  plus  réelle  utilité  qui,  nous  n'en  dou- 
ton">  pas,  sera  bien  accueillie  partout. 

—  Dix-huit  années  d'existence  prouvent  surabondamment  que  V Agenda 
du  photographe  répond  à  un  besoin  et  qu'il  est  bi^n  accueilli  par  les  in- 
téressés (Paris,  (harks-Mtndl,  gv.  in-8  de  184-95  p.,  avec  de  nombreuses 
g^i'avures  dans  le  texte,  et  4  belles  gi'avures  hors  texte. —  Prix:  1  fr.). 
Pour  1912,  cet  agvnd\  contient,  comme  les  précédents,  des  renseignements 
teehniques,  d  s  articles  d'  vulgarisation,  un  formulaire,  etc.  Il  y  a  aussi 
un  répertoire  pour  le  classement  d'S  cliehés  et  des  pages  spécialement 
préparées  pour  les  n-ites  à  prendre.  Vient  ensuite  le  Tout  Photo  formé  de 
quatre  listes  alphabétiques  d'amateurs  choisis  parmi  les  habiles  (Paris 
et  département  de  la  Seine;  Départements;  Algérie,  Tunisie  et  colonies; 
Étranger).  Ces  listes,  mises  à  jour,  comprennent  environ  10.000  noms. 

Angoumois.  • — Le  tome  I"  de  la  VIII®  série  des  Bulletins  et  Mémoires  de 
la  Société  archéologique  et  historique  de  la  Charente  [année  1910)  vient  de 
nous  parvenir  (Angoulême,  Constantin,  1911,  in-8  de  CLxxx-230p.,  avec 
8  planches  et  de  nombreuses  figures  dans  le  texts).  Constatons  d'abord 
qu'à  la  suite  de  chaejue  compte  rendu  des  séances  de  la  Société  sont  impri- 
mées des  Annexes  de  3  à  8  pag  s  dont  la  plupart  méritent  d'être  men- 
tionnées ici  :  G.  Papillaid  :  Syndics  perpétuels;  —  J.  de.  la  Martinière  : 
Mandement  du  comte  de  Jarnac  interdisant  à  deux  gentilshommes  de  se 
battre  en  duel;  —  D.  Touzaud  :  L'Affranchissement  des  serfs  et  l'arrêt  du 
président  Nesmond;  —  J.  de  la  Martinière  :  L'Erreur  historique  de  M.  de 
Nesmond;  —  D.  Touzaud  :  La  Vieille  Charente;  ■ —  A  propos  de  la  villa 
saintongeaise  d'Ausone;  —  G.  Chauvct  :  La  Sculpture  de  V Eglise  de 
Ruffec;  ■ —  D.  Touzaud  :  Les  Communautés  taisibles  en  Angoumois  autre- 
fois et  aujourd'hui;  —  A.  Favraud  :  Une  Noi^velle  Sépulture  de  V  époque 
de  la  Tène  aux  Planes,  commune  de  Saint- Yriex;  — P.  Mourier  :  Anciens 
Vases  à  bec;  —  H.  de  Montégut  :  Lettre  du  chevalier  de  Plamont  à  son  père 
racontant  le  duel  entre  le  comte  de  Boffignac  et  le  baron  de  Montalembert 


—  1F2  — 

(1777);  —  E.  Biais  :  Lettre  du  comte  Jean  (d'Angoulème)  à  ses  conseillers 
des  finances  (1453);  lettre  de  Mer  guérite  de  Valois  à  son  chancelier;  lettre 
du  duc  d'Éperaon  au  Roi  (1600);  ■ —  M'*  de  Brém<»nd  d'Ars-Mig/é  :  Lettre 
inédite  de  Philippe  de  Volvire,  baron  de  Ruffec,  à  Charles  de  Brémond,  baron 
d'Ars,  12  septembre  1582;  —  Abbé  Legi'and  :  Règlement  de  Mgr  de  Péri- 
gueux  pour  les  droits  curiaux  de  notre  diocèse  (1715);  —  D''  GaiUardon  : 
Acte  capitulaire  des  habitants  de  la  ville  d^ Aubeterre  contre  le  sieur  de  La- 
qui,  le  juge  sénéchal  d' Aubeterre ,  concernant  le  feu  de  joye  quy  se  fit  en 
réjouissance  de  la  convalescence  du  Roy  du  30  octobre  1744.  ■ —  Pages 
CLXXii-CLXxxx  on  trouve  une  Chronique  bibliographique  de  la  Charente 
eni:egistrant  les  livres,  brochures  et  articles  insérés  dans  divers  pério- 
diques, concernant  la  région.  —  Les  Mémoires  ne  sont  pas  nombreux  : 
trois  seulement.  Le  premier,  de  beaucoup  le  plus  important,  a  pour 
auteur  M.  Gustave  Chauvet  et  pour  titre  :  Os,  ivoires  et  bois  de  renne  ouvrés 
de  la  Charente.  Hypothèses  palethno^raphiques  (p.  1-184,  avec  6  planches 
et  122  fig.)-  Outre  une  table  des  matières,  ce  travail  contient  une  table 
des  noms  do  personnes,  un  index  géographique  et  un  index  archéologique. 
—  Le  deuxième  mémoire,  de  M.  Daniel  Touzaud,  concerne  Z)eaa;  Cloches 
gothiques  exhumées  d'une  cachette  à  Ebréon  [Charente)  (p.  185-203,  avec 
2  pi.  et  2  fig.).  —  Le  volume  se  termine  par  une  étude  do  MM.  A.  et  H.  R. 
du  Vignaud  sur  les  Anciennes  Franchises  de  la  paroisse  de  Benest  [Cha- 
rente]  (p.   204-223,   avec  1    fig.). 

Anjou.  —  Sous  ce  titre  :  Saint-Quentin-en-Mauges  (Angers,  imp- 
Paré,  1911,  gr.  in-8  de  84  p.),  M.  le  docteur  D.  Coufïon  publie  une 
brochure  où  il  reproduit  à  peu  près  tout  ce  que  les  gi'andes  publications 
locales  avaient  su  dire  de  cette  petite  commune  angevine  :  il  y  a  ajouté 
quelques  pages,  les  Cahiers  de  la  paroisse,  en  1789,  la  vente  des  biens 
nationaux,  djs  particularités,  les  noms  dos  habitants,  et  un  tableau  mon- 
trant qu'en  20  ans  les  mutualistes,  en  cette  population  de  980  habitants — 
168  de  moins  qu'en  1894  —  se  sont  élevés  de  10  à  55.  Nous  n'oserions 
dire  que  les  étymologies  hébraïques,  celtiques,  etc.,  dos  noms  de  la  pa- 
roisse soient  indiscutables.  Mais  l'auteur,  qui,  pour  la  période  révolution- 
naire, ne  semble  pas  bien  concevoir  l'hostilité  des  Vendéens  contre  les 
prêtres  assermentés  qu'on  voulait,  malgré  tout,  imposer  à  leur  religion, 
fait  visiblement  eiïort  pour  ne  pas  bl;sser  les  pieuses  populations  qui 
l'entourent. Ainsi  se  plait-il  à  reconnaître  que,  dans  ce  qui  forme  aujour- 
d'hui l'arrondissement,  il  y  avait,  dès  le  xvi^  siècle,  deux  écoles  gra- 
tuites de  paroisse,  (pour  être  tout  à  fait  dans  la  vérité,  il  conviendrait  de 
dire  qu'il  y  en  avait  au  moins  doux  connues  et  qu'on  les  devait  au  clergé), 
11  au  xvii«^  siècle,  17  au  xyiii^  siècle.  Et  il  tût  pu  ajouter  que,  ruinées 
pendant  la  Révolution,  ces  petites  écoles,  ainsi  que  M.  Couffon  le  con'rtate, 
n'étaient  pas  plus  nombreuses  en  1830.  Le  folk-lore  trouvera  de  curieuses 
traditions  et  superstitions  dans  ctt  écrit  ;  il  est  vrai  qu'elles  iront  pres- 
que toutes  extraites  du  Glossaire  de  MM.  Verrier  et  Onillon,  comme  la 
partie  topog.-aphique  est  extraite  du  Dictionnaire  de  C.  Port  :  l'auteur  no' 
pouvait  puiser  à  de  meilleures  sources. 

1»  —  11  y  a  trente  ans,  le  marquis  do  Ségur  publiait,  avec  l'oraison  funèbre 
(due  à  son  successeur,  en  1879)  d'un  prêtre, qui  a  laissé  une  grande  répu- 
tation do  courage  et  de  sainteté,  en  Anjou,  l'abbj  Pinot,  guillotiné  à 
Angors,  pour  sa  fidélité  à  la  religion.  Dès  1864,  Mgr  Ang  ^bault  avait 
nommé  M.  Brouillet  pour  procéder  à  une  enquête  canonique  sur  la  vie  et 
l;s  vertus  do  cet  ecclésiastique  et  Mgr  Rumeau  décida  d- promouvoir  à  la 


~  183  — 

cause  de  béatification  de  ce  sénateur  da  Dieu.  ^I.  l'abbé  Uzureau  ne  pou- 
vait entreprendre  une  œuvre  plus  opportune  et  plus  intéressante  que  de 
recueillir  sur  place,  dans  les  divers  dépôts  d'archives,  tout  ce  qui  con- 
cerne cette  victime  do  la  constitution  civile  di  clergé  :  il  le  suit,  avec 
abond'ince  de  documents,  avant  la  Révolution,  dans  son  ministère,  puis 
dans  ses  luttes  contre  les  oppresseurs  de  sa  conscience,  lors  de  son  arres- 
tation, de  sa  première  condamnation,  enfm,  jusqu'au  jour  où  on  l'obligea 
à  gravir  l'échafaud,  revêtu  de  ses  habits  sacerdotaux.  Ce  travail,  fort 
utile  à  la  cause  du  pieux  martyr,  extrait  des  Mémoires  de  la  Société 
nationale  d'agriculture,  sciences  et  arts  (V Angers,  a  été  tiré  à  part  sous  le 
titre  de  :  Noël  Pinot,  curé  du  Louroux-Béconnais,  guillotiné  à  Angers,  le 
21  février  1794  (Angers,  Grassin,  I9l2,  in-8  de  9i  p.).  ,^  ^  Je  Jf   ^  ii^Aé 

Bourgogne.  —  Ce  qui  retiendra  le  plus  particulièrement  l'attention 
dans  le  tome  XX  XVI  du  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  historiques  et 
naturelles  de  Seniur-en-Auxois,  que  nous  avons  reçu  tout  récemment 
(Années  1908-1909.  Semur-en-Auxois,  imp.  Bordot,  1910,  in-8  de 
ccxL-500  p.,  avec  26  planches  et  fig.),  ce  sont  les  rapports  concernant 
les  fouilles  d'Alesia.  Mais  ce  gros  volume  renferme  aussi  diverses  études, 
telles  que  :  La  Propriété  paysanne  dans  les  haillages  de  Semur-en-Auxois, 
Saulieu,  Arnay-le-Duc,  à  la  fin  de  V ancien  régime  (17.50-1790),  par  M.  Eu- 
gène Patoz  (p.  1-133);  —  Notice  sur  Antoine  Wechte,  graveur,  né  à  Mai- 
son-Dieu (Côte-d'Or),  mort  à  Avallon  (1800-1868),  par  M.  Hippolyte  Mar- 
lot  (p.  134-146);  —  Le  Statuaire  Pierre  Travaux,  1822-1889,  par  M.  l'abbé 
Eugène  Barbier  (p.  147-220);  —  La  Fête  du  10  août  1793  à  Epoisses,  par 
M.  Georges  Gallois  (p.  221-228);  — A  propos  des  tumulus.  Simple  note  sur 
leur  origine  religieuse  et  leur  destination  familiale  primitive,  par  M.  Charles 
Boyard  (p.  229-234);  —  Notes  généalogiques  sur  la  famille  Potot,  par  M. 
Charles  Sartorio  (p.  235-245);  —  Généalogie  de  M.  Gaspard  Pontus  mar- 
quis de  Thyard,  par  M.  Alfred  de  Vaulabelle  (p.  246-252).  —  Nous  arrivons 
ensuite  aux  choses  se  rapportant  à  Alesia.  Trois  rapports,  appuyés  de 
26  planches,  sont  à  mentionner  :  Les  Fouilles  d'Alesia  en  1907,  par  M.  le 
commandant  Espérandieu  (p.  253-352);  —  Fouilles  du  Mont  Auxois.  Rap- 
port sur  les  fouilles  exécutées  en  1908  par  la  Société  des  sciemces  historiques 
et  naturelhs  de  Semur,  présenté  au  nom  de  la  Commission  des  fouilles 
d'Alesia  par  M.  le  D""  Adrien  Simon,  présid mt  d-  ladite  Commission 
(p.  353-384)  ;  —  Fouilles  de  la  Société  des  sciences  sur  h  Mont- Auxois.  Cam- 
pagne de  1908.  Journal  des  fouilles,  par  M.  V.  Pernet  (p.  385-464).  Tout 
cela  est  fort  intéressant  et  nous  ne  pouvons  que  regretter  notamment  de 
n'avoir  pas  été  mis  à  même  de  signaler  aux  archéologues  et  aux  érudits 
les  rapports  précédents  sur  les  fouilles  pratiquées  sur  le  Mont  Auxois.  — 
On  remarquera  que  les  procès- verbaux  de  la  Société  pour  ces  deux  années 
1908-1903  occupent  un  tiers  du  volume  environ,  et  ce  n'est  pas  trop; 
car  leur  lecture  est  intéressante  à  beaucoup  de  titres.  .^  *j^î,y,,; 

Champagne.  —  Enregistrons  le  tomo  I^'  de  l'année  1910-1911  des 
Travaux  de  V  Académie  nationale  de  Reims,  qui  forme  le  121^  volume  de 
la  collection  (Pieims,  Michaud,  1911,  in-8  de  365  p.,  avec  4  pi.  —  Prix  : 
7  fr.)  et  contient  les  mémoires  ou  études  ci-après  :  L' Amélioration  du 
logement  ouvrier  à  Reims,  par  M.  Paul  Rozey  (p.  1-22);  —  Compte-rendu 
des  travaux  de  V Académie  pendant  Vannée  1910-1911,  par  M.  Henri  Jadart 
(p.  23-33);  —  Trois  rapports  sur  les  Concours  :  d'histoire  et  d  archéologie, 
par  M.  Albert  Cans;  —  de  photographie,  par  M.  le  D'  Bagneris,  et  de 
poésie,  par  M.  le  D"^  Henri  Lardennois;  —  Supplément  au  Guide  de  Reùns 


—  184  —1 

pubiié  pour  le  Congrès  arch'-ologique  de  1911,  par  M.  Henri  Jadart  (p.  127- 
147);  —  Le  Parler  populaire  t^es  Canadiens  français,  par  M.  le  Dr  Bagne- 
ris  (d'après  le  Lexique  de  M.  d^'  Dionne  (p-.  149-153);  —  Saint  Jérôme  et 
Vim-ention  des  lunettes,  par  M.  le  D""  A.  Bourgeois  (p.  155-165);  —  Les 
Aspects  du  vieux  Reims.  La  Ville  à  Varrivce  des  Romains,  par  Î\I.  Ernest 
Kalas  (p.  167-203);  —  Une  Maison  romaine  à  Jonchery-sur-Suippe 
(Marne),  par  M.  Henry  (p.  205-218,  avec  3  pi.);  —  Résultat  des  recherches 
faites  sur  le  plateau  de  Nandin  près  Château- Porcien  depuis  1906,  par 
M.  E.  Bosse  (p.  219-226);  — -  Documents  sur  Beine,  publiés  avec  une  Intro- 
duction par  M.  Gaston  Robert  (p.  227-275);  —  Le  Mémoire  de  Finten- 
dnnt  de  Champagne  en  1665,  par  M.  A.  Cans  (p.  277-295);  —  Notes  généa- 
logiques tirées  des  registres  paroissiaux  du  canton  de  Verzy,  pa^  M.  le  D' 
Pol  Gk>sset  (p.  297-318);  —  Les  Tapisseries  de  Saint- Jacques,  par  M. 
l'abbé  E.  Legras  (p.  351-362,  avec  1  planche). 

Dauphiné.  —  Bien  peu  de  sociétés  savantes  françaises  peuvent  riva" 
lis-^r  avec  la  Société  des  touristes  du  Dauphiné  sous  le  rapport  du  luxe  de^ 
pixblications.  Il  suffît,  pour  s'en  convaincre,  de  parcourir  la  collection  d® 
recueils  qui  paraissant  sous  le  titre,  dont  nous  avons  déjà  critiqué  la  trop 
grande  modestie  :  Annuaire  de  la.  Société  des  touristes  du  Dauphiné.  Voici 
le  36?  volume  relatif  à  l'année  1910  (2^  série,  tome  XVI.  Grenoble,  imp. 
Allier,  1911,  in-8  de  361  p.,  avec  13  planches  et  2  croquis).  Il  débute  paf 
une  allocution  du  président,  M.  Flusin,  où  l'esprit  et  le  sens  pratique  se 
rencontrent  à  dose  à  peu  près  égale -(p.  34-45).  Cette  allocution  est  suivie 
d'un  rapport  du  secrétaire  général,  M.  Beudant,  sur  les  travaux  de  la 
Société  d' puis  rassemblé?  générale  du  1^''  féxTier  1910  (p.  46-72). —  A 
nottr  ensuite  la  nomenclature  précise  des  Courses  et  ascensions  au-dessus 
de  3.000  mètrts,  qui  constituent  la  Chronique  alpine  de  1910  (p.  81-97),' 
et  aussi  les  Excursions  collectives  de  la  S.  T.  D.  en  1910,  dont  leS  compteS- 
rcndus  sont  présentés  par  des  sociétaires  n'ayant  signé  que  de  simples 
initiales  (p.  99-126,  avec  2  pi.).  —  Suivent  des  relations  et  des  études  que 
nous  allons  mentionner  :  Le  Glacier  de  Gébroulaz  et  les  crêtes  environ- 
nantes, par  M.  Aimé  Coutagne  (p.  127-163,  avec  2  planches  et  1  plan);  — 
Le  Tour  du  Mdnt-Blanc,  par  M.Henri  Ferrand  (p.165-185,  avec  2  pi.); — 
Traversée  des  arêtes  des  Grandes- Rousses  de  VÉtendard  au  pic  Bayh,  paï* 
M.  C.  Salesse  (p.  187-194,  avec  1  pi.);  — -  De  Galgary  à  Vancouver,  à  tra- 
vtrs  les  Rocheuses  canadiennes' (journal  de  route),  par  M.  Jean  Vallès  (p. 
195-207,  avec  2  pi.);  —  Les  Torrents  et  leur  correction,  par  M.  V.  Hulin 
(p.  209-240,  avec  3  pl.);  - —  Notice  au  sujet  des  tables  d'orientation  et  de  la 
manière  de  les  dessiner,  par  M.  le  capitaine  du  génie  H.  Mei  nier  (p.  241- 
273,  avex;  1  pl.  et  des  fig.);  • —  Le  Tour  du  Pelvoux,  impressions  d'automo- 
bile, par  M.  H.  Ferrand  (p.  275-288,  avec  1  pl.).  Une  intéressante  «  Biblio- 
graphie alpine  »  termine  ce  beau  \o\v.me.%^^^i:^.p.^:/i-,_  p:'->^ 

Franche-Comté.  —  Sous  le  titre  :  Un  Coin  de  la  bataille  d'Héricourt. 
Le  Détachcmejn  Degenjeld  à  Chenebier  (Paris,  Charles-Lavauzelle,  ».  d., 
petit  in-8  de  123  p.,  avec  3  croquis  dans  le  texte  et  une  ca^te  hors  texte. 
—  prix:  2  fr.  50).,  M.  le  capitaine  L.  Chanson  nous  donne  un  "chapitré 
intéressant  de  l'histoire  de  la  dernière  période  de  la  guerre  franco-alle- 
mand ■  connue  sous  le  nom  de  campagne  de  l'Est.  On  a  ici  l'exposé  d'opé- 
rations militaires  déterminées,  allant  du  13  janvier  1871  an  17,  date  à 
laquelle  commença  cette  désastr.  use  retraite  qu'en  Franche-Comté  on 
appelle  comminémcnt-  encore  «  la  déroute  de  Bourbaki  ».  «  Nous  confi- 
nant sur  le  teirain  de  Ckenebitr,  et  prenant  pour  ainsi  dire  par  la  main 


—  185  — 

les  deux  bataillons  badois  chargés  de  sa  défense,  nous  avons,  dit  l'auttur 
essayé  do  reproduire  une  photographie  aussi  exacte  que  possible  de  la 
mentalité  des  adAX'rsaires  en  prés*  nce  et  de  ses  conséquences  au  combat. 
Avec  un  intérêt  d'autant  plus  grand  que,  plusieurs  fois  déjà,  nous  avons 
manœuvré  sur  ce  terrain,  à  proximité  relative  de  notre  gavnison,  nous 
avons  cherché  à  revix-re  les  houi'es  tragiques  de  janvier  1871,  à  survre, 
minute  par  minute,  défenseurs  et  assaillants,  à  toucher  du  doigt  leurs 
espérances  et  leurs  faiblesses  .et,  enfin,  à  exposer  sans  prétention 
quelques  réflexions  suggérées  par  les  événements.  »  Ces  quelques  lignes, 
empruntées  à  l'Avant-propos  de  ce  petit  volume,  en  résument  bien  le 
sujet,  qui  a  été  traité  avec  calme,  sans  verbiage  inutile  et  d'une  façon  par- 
faitement claire.  -«(  -     ..s;;. 

—  Un  chercheur  avisé,  doublé  d'un  érudit  très  connu  en  Franche- 
Comté,  et  duquel  neus  avons  ici  mentionné  nombre  d'études  diverses,. 
M.  Julien  Feuvrier,  a  découvert  récemment  sur  les  gardes  d'un  volume 
de  la  bibliothèque  de  Dole  des  notes  manuscrites  qu'il  a  publiées  dans  le  n°  14 
du  Bulletin  de  la  Société  grayloise  d'émulation  sous  le  titre  :  Un  Livre  de 
raison  de  la  famille  Bresson,  de  Jonvelle  (Tirage  à  part.  Gray,  imp.  Roux, 
1911,  in-8  de  11  p.).  Ce  document  n'embrasse  qu'une  période  de  qua- 
rante ans  (1580-1621).  Après  nous  avoir  présenté  assez  brièvement  cette 
famille  Bresson,  M.  Feu\Tier  reproduit  le  texte  du  li\Te  de  raison  où  l'on 
trouve  «  une  pièce  farcie  dans  le  goût  du  temps  )>.  Elle  est  intitulée  :  Agi- 
mus  tibi  gratias.  '<^  A  la  lecture,  on  voit  qu'elle  fut  composée  pour  être  dite 
à  la  fin  d'un  banquet,  où  elle  devait  tenir  lieu  de  l'action  de  grâces  ».  On 
peut  aussi  s'égayer  d'une  «  recepte  pour  la  fiebre  »  qui,  certes,  n'est  pas 
ordinaire,.. 

—  Depuis  1899,  les  sociétés  savantes  de  Franche-Comté  se  sont  réunieii 
onze  fois  en  congrès.  Et,  si  les  dix  premiers  congrès  ont  été  aussi  fructueux 
que  le  onzième,  en  vérité  !  elles  n'ont  point  perdu  leur  temps.  Nous  n'en 
pouvons  juger,  cependant,  car  le  compte-rendu  du  Onzième  Congrès  de 
V Association  franc-comtoise  tenu  à  Poligny  le  1^"^  août  1911  (Lons-le-Sau- 
nier,  imp.  Declume,  1911,  in-81  de  43  p.)  est  le  premier  qui  nous  soit  par- 
venu. Les  assistants,  très  nombreux,  se  sont  répartis  en  quatre  sections  : 
Histoire,  Archéologie,  Sciences  naturelles  et  Sciences  physiques,  et,  dans 
chacune  de  ces  sections,  les  principaux  congi'essistes  ont  lu  des  travaux 
sommairement  analysés  dans  la  présente  brochure,  mais  dont  nous  espé- 
rons pouvoir  prendre  connaissance  in  extenso  dans  les  recueils  d'^s  diverses 
sociétés  savantes  de  la  région.  Si  les  lettres,  les  arts  et  les  sciences  ont  été 
célébrés  congmment,  il  convient  de  remarquer  aussi  que  l'on  a  allègre- 
ment banqueté  et  spirituellement  toasté.  La  seule  allocution  reproduite 
ici  en  son  entier  est  celle  du  présid  nt,  M.  Julien  Feu-vrier  :  on  ne  nous 
dit  pas  si  elle  a  été  couverte  d'applaudissements,  mais  c'est  bien  inutile; 
car  la  finesse  et  l'humour  de  l'orat'ur  ont  dû  être  savourées  à  l'égal  des 
vieux  vins  du  cru,  dont  la  réputation  n'est  plus  à  faire. 

—  Le  cinquième  volume  de  la  8^  séi'ie  des  Mémoires  de  la  Société  d^ému- 
lation  du  Jura  qui  vient  d'être  distribué  (Lons-le-Saunier,  imp.  Declume, 
1911,  in-8  de  xx-355  p.)  se  recommande  à  l'attention  des  érudits,  beau- 
coup plus  par  la  qualité  des  travaux  qu'il  renferme  que  par leiu' quantité. 
Nous  avons  d'abord  à  mentionner  le  rapport  Sur  Ze  Mi7/pnai>e  de  Cluuy, 
présenté  à  la  Société  par  M.  Emile  Monot  (p.  3-26).  Nous  noterons  ensuite  : 
Histoire  de  la  seigneurie  de  Marigna,  par  l'instituteur  de  cette  localité,. 
M.  Hugun  (p.  47-197).  Très  bonne  monographie  qui  mériterait  un  tirage 


—  186  — 

à  paH  avec  table  des  cliapilres  et  table  onomastique.  Ajoutons  que  le  volume 
gagnerait  alors  b.>aucoup  à  être  illustré  d?s  principaux  dessins  et  photo- 
graphies que  possède  l'auteur  et  qui  n'ont  pu  trouver  ici  leurpla,ce;  — 
Essai  sur  l^s  principes  de  la  culture  traditiouriells  de  la  vigne  dans  le  Jura, 
dû  à  M.  Louis  Joly,  ingénieur  agi"icole  à  Montmirey-la-Ville  (p.  199-257), 
étude  d'un>  haute  utilité  pratique,  qui,  elle  aussi,  par  un  tirage  à  part, 
ptiurrait  mieux  atteindre  les  intéressés  ; —  Monographie  sur  Saint-Lau- 
rcnt-la- Roche,  par  M.  Gaillard  (p.  259-310),  qui  emprunte  surtout  son 
intérêt  à  ce  fait  que  Lacuzon,  le  fameux  chef  de  partisans  comtois  pendant 
l 'S  guerres  du  xvii^  siècle, en  fut  le  gouverneur  après  en  avoir  fait  prisonnière 
la  garnison  française  qui  l'occupait.  Le  volume  se  termine  par  une  série 
d}  poé'.ies  écrites  par  M.  P.  Guichard  sous  le  titre  général  prêtant  au 
calembour  :  Petites  Peintures  sur  vers  (p.  311-341).  Une  seule  est  relative 
à  la  région,  et  c'est,  à  nos  yeux,  la  plus  intéressante;  elle  est  intitulée  : 
L-?  Haut  Jura  (p.  329-331)1 

Provence.  —  Le  volume  le  plus  récemment  paru  des  Mémoires  de 
V  Académie  des  sciences,  lettres  et  bsaux-arts  de  Marseille  porte  les  dates 
1908-1911  (Marseille,  imp.  Barlatier,  1911,  in-8  de  525  pages,  avec  3 
planches).  Il  convient  de  remarquer,  tout  d'abord,  qu'il  y  a  là  plusieurs 
discours  de  réception  qui  eussent  gagné  à  préciser  leur  objet  par  un  titre. 
Sans  insister  autrement  sur  ce  point,  nous  allons  énumérer  les  trav^aux 
que  l'on  trouve  dans  ce  volume  :  Discours  de  réception  de  M.  Victor  Jamet 
(sur  la  culture  scientifique)  (p.  1-13);  ■ —  Réponse  de  M.  de  Montricher  à 
ce  discours  (p.  15-21);  —  Discours  de  réception  de  M.  Jules  Goudai^eau  (sur 
la  musique)  (p.  23-36);  —  Réponse  de  M.  de  Montricher  (p.  37-45);  — 
Un  Hommage  tardif,  par  M.  de  Marin  de  Carranrais  (à  propos  d'une  sei- 
gneurie, après  le  4  août  1789)  (p.  55-63);  ■ — •  Etude  sur  Lazare  de  Cordier, 
poète  marseillais  du  xvii^  siècl',  par  M.  dî  Marin  de  Carranrais  (p.  74- 
113);  —  Éloge  d'Ernest  Reyer,  par  Charles  Vincens  (p.  115-138);  —  Pages 
ferventes  et  patriotiques.  Jeanne  d'Arc,  par  M.  Prou-Gaillard  (p.  145-157); 

—  La  Technique  de  iouèon,  par  M.  Ferdinand  Servian  (p.  159-168)  ;  ^ — Dis- 
cours de  réception  de  M.  Laurent  (sur  la  paléobotanique)  (p.  175-190); 

—  Réponse  de  M.  Heckel  (p.  191-196);  —  Le  Rôh  de  la  femme  en  agricul- 
ture, par  M.  H.  de  Montricher  (p.  197-207);  —  Vieil  Intérieur  de  Provence, 
par  M.  Jules  Goudareau  (p.  209-217); — Une  Promenade  dans  la  région 
forestière  des  Cévennes,  pa^*  ^L  Louis  Laurent  (p.  219-224);  —  Le  Triomphe 
du  jeune  Horace,  d'ame  tn  un  acte,  en  vers,  par  M.  V.  Jamet  (p.  227- 
241);  —  Discours  de  réception  d^  M.  G.  Derepas  (sur  César  Franck)  (p. 
243-258);  —  Réponse  de  M.  F.  Servian  (p.  259-271);  —  Discours  de  récep- 
tion d;  M.  José  Silbert  (sur  le  peintre  H  >neré  Boze)  (p.  273-284);  —  Ré- 
ponse dî  M.  Servian  (p.  285-298);  ■ — •  D'Avignon  à  Rome.  Itinéraire  de 
Grégoire  XI  (1376-1377),  par  M.  Emile  Perrier  (p.  337-392);  —  Les  Trou- 
badours ds  Marseilk  (1809),  par  M.  Louis  Br-ès  (p.  399-413);  —  Au  Pays 
de  Mistral,  par  M.  le  chanoine  S  Gamber  (p.  415-422);  —  Xavier  de 
Maistre,  artiste  {documents  inédits],  par  M.  Ferdinand  Servian  (p.  423- 
435);  —  Le  Tombeau  de  Raphaël  {document  inédit),  par  le  même  (p.  437- 
442,  avec  1  pi.);  —  Discours  de  réception  de  M.  Paul  Barlatier  (sur  le 
théâtre  de  plein  air)  (p.  443-459);  —  Réponse  de  M.  L.  Perdrix  (p.  461- 
479);  —  Les  Jardins  de  la  Mortola  et  de  Monte-Carlo,  par  M.  L.  Laurent 
(p.  481-487,  avec  2  pi.);  —  La  Fontaine  de  Jules  Cantini,  monographie 
du  monument,  paT  M.  Ferdinand  Servian  (p.  490-495);  —  Un  Pèlerinage 
à   la  tombe  de  Chateaubriand,  par  M.  Louis  Brès   (p.  497-503);  —  Quelques 


—  187  — 

Considérations  sur  la  loi  des  retraites  ouvrières  et  paysannes,  par  iM.  Charles 
Vincons  (p.  505-516).  —  Pour  n?  rien  omettre,  nous  dirons  que  ce  vo- 
kime  renferme  une  certaine  quantité  de  poésies  dues  à  MM.  le  chanoine 
S.  Gambjr,  Louis  Brès  et  Victor  Jamet. 

Alsace-Lorraine.  —  La  direction  d'  la  luxueuse  Reçue  alsacienne, 
qui  se  publie  à  Strasbourg  et  d'>nt  notre  Partie  technique  insère  régulière- 
ment les  sommaires,  nous  adresse  un  intéressant  prospectus  duquel  nous 
extrayons  les  principaux  passages  :  «  La  Reçue  alsacienne  vient  d'être 
soumise  à  une  importante  transformation.  Nous  en  avons  détaché  la 
Chronique  d'Alsace- Lorraine  qui,  .'ous  une  forme  nouvelle,  mènera  désor- 
mais une  existence  indépendante  et  se  nommera  Cahiers  alsaciens ... 
Les  Alsacims  dévoués  à  leur  pays  natal  voient  se  dresser  aujourd'hui  des 
obligations  qui  ne  s'imposaient  pas  à  leur  conscience  il  y  a  quelque  dix 
ains.  Dans  le  domaine  des  idées,  des  luttes  passionnées  se  li\Tent,  dont 
quelques-uns  de  nos  biens  moraux  les  plus  précieux  sont  l'enjeu.  L'héri- 
tage de  nos  pères,  il  nous  faut  le  conquérir  sans  trêve  pour  le  posséder.  Le 
temps  n'est  plus  aux  résignations  muettes,  aux  renoncements  mornes.  Ce 
qui  est  défendu  avec  fermeté  et. constance  ne  saurait  périr...  Nous  avons 
toujours  proclamé  combien  importent  à  notre  caractère  la  langue  et  la 
«  culture  »  française.  Aussi,  le  droit  et  le  devoir  de  les  maintenir  et  de  les 
cultiver  à  côté  de  l'idiome  offiji  i  et  de  la  pensée  allemande  ne  cesseront- 
ils  de  trouver  en  nous  des  champions  résolus...  Ces  principes,  que  nous 
professons  depuis  bien  des  années,  trouveront  dans  les  Cahiers  alsaciens 
une  expression  plus  vivante  et  plus  précise  que  naguère.  Nous  donnerons 
des  articles  de  fond  plus  nombreux  et  plus  variés.  Nous  ferons  plus  substan- 
tielle la  chronique  alsacienne  diS  hommes  et  des  œuvres.  Un  format  plus 
petit,  une  impression  plus  grande  en  faciliteront  le  maniement  et  la  lecture. 
Les  Cahiers  alsaciens  paraîtront,  en  fascicules  in-8,  au  moins  six  fois  l'an.  » 
Le  siège  du  nouveau  périodique  est  à  Strasbourg,  rue  Brûlée,  2.  — Prix 
de  l'abonnement  annuel:  Strasbourg,  4  marcs;  Alsace-Lorraine  et  États 
confédéré?,  5  marcs  50;  France,  Étranger,  7  fr.  50. 

Allemagne.  —  Nous  avons  annoncé  il  y  a  déjà  plusieurs  mois  la  publi- 
cation entreprise  à  Paris  par  l'initiative  notan^ment  de  M.  Béduchaud, 
8:^,  rue  des  Saints- Pérès,  sou;  le  titre  d-i  Fiche  bibliographique.  Yoïci  que 
d'Allemagne  nous  arrive  l'annonce  d'une  publication  du  même  genre,  que 
M.  Chr.  G.  Hottinger,  bibliothécaire  à  Berlin  (adresse:  Sud  nde.  Berlin), 
lance  à  son  tour  dans  la  circulation  :  Ein  Riicher-Zettel-Katalog  und  ein 
bio-ikono-biblio^raphisches  Sammelwerk  (Sûdende.  Berlin,  l'auteur,  1911, 
in-8  de  4  p.).  Chaque  fiche  qui  a  12,5  cm.  sur  7,5  contient  au  recto  le  nom 
de  l'auteur,  son  prénom,  sa  date  de  naissance  et,  le  cas  échéant,  de  mort, 
l'indication  de  ce  qu'il  est  (professeur,  médecin,  etc.);  le  titre  de  l'ouvrage, 
annoncé  avec  les  indications  bibliographiques  nécessaires  (en  mai'go  :  une 
reproduction  réduite  du  titre),  puis  une  notice  sur  le  contenu  de  l'ouvrage; 
au  vurso,  on  trouvera  une  courte  note  biographique  (autobiographique, 
si  possible)  sur  l'auteur,  la  liste  de  ses  principaux  ouvrages,  son  portrait 
et  im  autographe.  M.  Hottinger  annonce  en  même  temps  la  préparation 
d'un  !  encyclopédie  en  40  volumes  Das  grosse  Lexikon,  qui  contiendra  notaïu- 
m ont  la  reproduction  photographique  d  s  lois  les  plus  importantes.  ./%W^ 

^Espagne.  —  Dans  notre  livraison  d'avril  1911  (t.  CXXI,  p.  378),  nous 
avons  annoncé  à  cette  même  place  les  débuts  d'une  publication  artistique 
•espagnol'  qui  vient  d'achever  son  premier  volume  et  aussi  la  première 


—  188  ^ 

année  de  son  existence  :  Muséum,  revista  rnensual  de  arte  espafiol  antiguo 
y  moderno  y  de  la  l'ida  artistica  contemporanea  (Barcolona,  callj  INIallorca, 
291.  in-folio  de  120-480  p.,  plus7p.de  tables.  Espagn\20  fr.  ;  étranger, 
25  fr.).  No\is  devons  rappeler  que  le  texte  espagnol  tst  complété  par  une 
traduction  française  très  claire,  très  nette,  laquelle  est  toujours  placée 
en  tête  de  chaque  livraison.  L'illustration  phototypique  est  soignée  et 
généralement  très  réussie;  quelques  reproductions  cependant  sent  un 
peu  iniprécises;  quant  aux  planchoscn  couKairs  et  en  noir,  elles  séduiront 
les  amat<  urs.  La  presse  nationale  et  la  presse  étrangère  ont  ménagé  un 
accueil  d  s  plus  favorables  à  cette  riche  publication;  aussi  ne  doutons- 
nous  pas  que  sa  direction  n""  s'efïorce  de  l'améliorer  encore.  Il  ne  nous 
paraît  guère  possible,  toutefois,  que  le  nombre  d' s  reproductions  soit 
augmenté,  car,  pour  1911,  nous  en  comptons  près  de  500  !  —  Nous  vou- 
drions pouvoir  citer  ici  tous  les  articles  qui  le  méritent,  mais  comme 
cela  nous  conduirait  trop  hàn,  nous  nous  bornerons  à  faire  un  choix,  plu- 
tôt arbitraire,  mais  qui  donn*  ra  une  idée  de  l'intérêt  qui  se  dégage  du 
Muséum  :  La  Collection  Chauchard  au  Louvre,  par  S.  T.  —  Antoine  Moro, 
par  Miguel  Utrillo.  —  V  Art  -flamand  à  Valence,  un  tableau  sur  bois  inédit. 
du  XV*"  siècle,  par  J.  Tramoyeres  Blasco. — >  Souvenirs  de  la  Seville  romaine, 
par  J.  Gestoso  Pérez.  ■ —  Statuaire  romaine  au  musée  de  Tarragone,  par 
Emile  Morera.  —  VI^  Exposition  internationale  d^art.  Barcelone.  —  Société 
des  artistes  français.  Art  décoratif,  par  Georges  Caudel.  —  une  Exposition 
rétrospective  de  peinture  espagnole  à  Munich,  par  Aiguste-L.  Mayer.  — 
Le  Collège  de  Saint- Grégoire  de  Vclladolid,  par  Jean  Agapito  y  Revilla. 
—  Valdes  Leal,  tableaux  et  dessins  inédits  de  ce  peintre,  par  Enrique  Ro- 
rtiero  d^  Torr.s.  —  La  Joconde,  par  Manuel  Rodriguez  Codolâ.  —  Clochers 
hispano-arabes,  par  Anselmo  Gascon  de  Gotor.  ■ —  Les  Arts  musulmans 
d'Espagne  à  V Exposition  de  Munich,  par  Ernest  Kûhnel.  —  Vettore  Zanetti, 
par  :\Iario  Bcrardi.  —  André  Méthty,  par  Georges  Caudel.  Le  «  Muséum, 
ii.oons-nous  dans  un  charmant  pror.p  ctus  qui  accompagn?*  la  12«  li^'raison, 
a  recu'ilii  tout  ce  qui  s'est  fait  et  nous  est  paï'venu  auréolé  de  la  sanction 
séculaire,  et  tout  ce  qui  se  fait  et  vient  s'ajouter  à  la  production  des  an- 
cêtres, reflétant  le  sentiment  et  la  pensée  de  la  vie  actuelle.  C'est  ce  qu'il 
(-orvtinuera  do  faire  à  l'avenir,  car  son  désir  est  que,  plus  tard,  quand  on 
leuilk-tcra  ses  pages,  on  puisse  y  voir  les  différentes  tendances  qui  luttent 
à  présent  sur  le  champ  de  l'art.  »  La  publication  barcelonaise  figurera 
^.vantageusement  dans  les  plus  importantes  bibliothèques  publiques  des 
d  ux  mondes  et  aussi  dans  les  établissements  artistiques  de  quelque  valeur. 

Hongrie.  —  Notre  distingué  collaborateur  M.  Emile  Horft  a  pu  lié  dans 
la  livraison  de  juillet  1911  des  Mémoires  de  la  Société  des  ingénieur.-,  civils 
de  France  une  Notice  nécrologique  sur  S.  E.  Charles  de  Hieronymi,  -  u'il  a 
ensuite  fait  tirer  à  part  (Paris,  19,  rue  Blanche,  1911,  in-P  de  6  p.).  Né  en 
1836,  à  Buda,  ]\I.  de  Hieronymi,  ingénieur  de  haut  mérite,  auteur  1  ou- 
vrages estimés  sur  les  voies  de  communication,  a  rendu  des  services  de 
plus  d'une  sorte  à  son  pays.  De  1893  à  1895,  ministre  hongro|s  de  l'inté- 
rieur, il  a  été,  à  deux  reprises,  chargé  du  ministère  du  commerce  de  la 
Hongrie.  Il  est  mort  l'an  dernier,  laissant  les  plus  vifs  regrets  non  seule- 
ment chez  ses  compatriotes,  mais  aussi  en  France,  où  il  s'était  acquis  de 
nombreuses  sympathies,  principalem'^'nt  parmi  les  membres  d^  la  Société 
des  ingénieurs  civils  à  laquelle  il  appartenait  depuis  1883.  En  ces  quelques 
pages  précises,  M.  Horn  a  très  bien  résumé  cette  existence  'consacrée  en- 
tièrement à  laxhose  publique. 


—  189  — 

Italie.  —  L'^  Calendario  délia  basilica  ponlificia  del  sfanlissimn  rnsario 
in  Valle  di  Pompei  est  venu,  avec  son  habituelle  fidélité,  apporter  aux 
Ijienfaiteurs  et  aux  amis  de  l'œux-re  fondée  et  :'ntre.tenue  avec  un  si  beau  zèle 
par  M.  le  Comm.  Bartolo  Longo  en  favem*  d  s  orphelins  «t  des  enfants  de 
condamnés  d 'S  nouv  lies  d':'S  progrès  accomplis  et  du  bien  opéré  da»3 
l'année  qui  vient  d^  s'écouler  (Valle  di  Pompei,  scuola  tipografica  pontificia 
pei  figli  di  carcerati,  1912,  in-32  de  272-112  p.).  Des  notices  sur  l'orphe- 
linat féminin  avec  des  photogi'aphics  de  gi'oupes  d'enfants  (17  nouvelles 
orphelines  ont  été  reçues  en  1911,  10  ont  été  placées,  1  est  morte),  stries 
nouvelles  con-truction".  de  cet  orphelinat  (grand  réfectoire),  sur  l'hospice 
pour  les  enfants  des  prisonniers  (11  reçus  en  1911,  6  placés),  aussi  avec  des 
photographies  de  groupe?;  sur  les  œuvres  diverses  pour  ces  deux  sections 
de  l'oeuvre  (oratoires,  cercles,  fanfare,  ouvroir,  écoles,  etc.);  puis  quelques- 
unes  de  ces  biographies  d'enfants  toujours  si  touchantes,  auxquelles  se 
mêlent  aujourd'hui  quelques  pages  da  journal  d'un  jeune  garçon  hospita- 
lisé (récit  d'une  visite  à  son  père  dans  la  colonie  pénale  agricole  de  Pia- 
nosa^  forment  la  partie  neuve  de  l'annuaire  de  1912.  Rappelons  à  nos 
lecteurs  que  les  offrandes  les  plus  mod-'stes  peuvent  être  adressées  au 
Comm.  Bartolo    Longo,  à  Valle  di  Pompei  (province  de  Naples). 

— Une  tradition  populaire  italienne  veut  que  Marion  Delorme,  immor- 
talisée par  Victor  Hugo,  ait  séjourné  au  Pasquier  de  Gïaveno,  sur  la  rive 
gauche  de  l'Ola'-io.  M.  Charles  Thuriet  a  recueilli  cette  tradition  et  nous  en 
fait  part  en  une  jolie  plaquette  extraite  du  journal  Piemonte,  qui  paraît  à 
Turin,  et  qu'il  a  intitulée  :  La  Tour  Marion  Delorme  au  Pasquier  de  Gia- 
veno  (Torino,  Ofiicina  poligrafica  éditrice  subalpina,  1911,  in-18  de  32  p.). 
Richelieu,  voulant  éloigner  Marion  di  Paris  et  même  de  la  France,  afin 
■de  l'empêcher  d'intriguer  en  faveur  de  Cinq-Mars  dont  les  jours  sont 
comptée,  s'entend  avec  un  compère,  Maurizio  de  Savoie,  pour  décider  la 
charmeuse  à  passer  quelque  temps  à  Giaveno,  où  le  Palazzo  Alto  serait 
mis  à  sa  disposition.  Marion  Delorme  ayant  donné  dans  le  piège,  Riche- 
lieu peut  ain-i,  sans  courir  le  risque  d'être  contrarié,  faire  exécuter  Cinq- 
Mars  et  de  Thou.  Après  quoi,  IMarion,  rendue  à  la  liberté,  rentre  en  France  : 
elle  n'est  plus  dangereuse.  On  s'est  souvenu  dans  le  pays  d'un  acte  de  géné- 
rosité accompli  par  la  belle  Française  au  moment  de  son  départ,  et  c'est 
pourquoi  l'on  a  donné  son  nom  à  la  tour  restant  encore  debout  du  Palazzo 
Alto.  Le  principal  mérite  de  cette  tradition  condste  en  la  manière  gra- 
cieusement littéraire  dont  elle  vient  d'être  fixée  par  M.  C.  Thuriet. 

Maroc. — M.  Rouard  de  Card,  qui  devient  de  plus  en  plus,  au  point  de  vue 
du  droit  international,  un  spécialiste  d  ;s  questions  marocaines,  a  récem- 
ment publié  deux  petites  brochures  d'une  valeur  inégale.  La  première  est 
le  catalogue  des  livres  des  xvii^  et  xviii^  siècles  relatifs  aux  États  barba- 
resques,  faisant  partie  de  sa  bibliothèque;  la  seconde  étudie  cette  célèbre 
négociation  franco-espagnole  de  1902,  dont  on  a  tant  parlé  durant  les  der- 
niers mois.  Nous  n'insisterons  pas  sur  la  première  de  ces  plaquettes,  pu- 
bliée avec  grand  soin,  mais  dont  l'intérêt  est  assez  restreint,  M.  Rouard 
de  Card  n'ayant  pas  donné  d-^s  livres  qu'il  possède  une  description  biblio- 
graphique suffisamment  précise  et  n'ayant  pas  non  plus  entouré  chacun 
de  ces  ouvrages  de  l'étude  critique  qui,  seule,  eût  donné  un  véritable  prix 
à  son  travail,  beaucoup  trop  bref  et  trop  superficiel  [Livres  français  des 
xvii^  et  XYiii^  siècles  concernant  les  États  barbaresques  :  Régences  d'Alger, 
de  Tunis^  de  Tripoli  et  empire  du  Maroc.  Paris,  Pedone  ;  Gamber,  1911, 
in-8   de  37  p.).  —  Par  contre,  nous  ne    pouvons    que   louer    absolument 


—  190  — 

l'excellente  étude  do  M.  Roua^'d  de  Gard  sur  la  Question  marocaine 
et  la  ncgociation  frajico-espagnolc  de  1902  (Paris,  Ptdone;  Gamber, 
4912,  in-8  de  37  p.,  avec  1  carte).  L'auteur  se  retrouve  là  sur  un  terrain  où 
il  est  accoutumé  d^  manœuvrer  et  qui  est  le  sien  propre;  il  montre  fort 
bien  les  défauts  de  l'arrang^-ment  ébauché  en  1902  et  fait  parfaitement 
comprendre  comment  cet  arrangement  exerça  une  fâcheuse  répercussion 
sur  les  négociations  postérieures.  A  signaler  comme  présentant  un  vif 
intérêt  la  lettre  de  M.  Silvela  au  duc  d'Almodovar  del  Rio  dont  la  bro- 
chure de  M.  Rovard  de  Gard  contient  une  traduction  intégrale  extrême- 
ment exacte  aux  pageî  15-24. 

Publications  nouvelles.  —  Bell armin  et  la  Bible  sixto- clémentine,  étude 
et  documents  inédits,  par  le  R.  P.  X.  M.  Le  Bachelot  (in-8,  Beauchesne).  — 
La   Messe,  ^étude   doctrinale,    historique  et   liturgique,     par   P.-E.   Bourceau 
(in-16,   Beauchfsnek   —   Nomendator   literarius   theologiae   catholicae,    edi- 
dit  et  commentariis  auxit  H.  Hurter.  T.  V.  Theologiae   catholicae.     Acta 
recens.    Pars    1.    Seculum   tertium    post   celebratum     concilium    Tridentinum. 
Ab   anno    1764-1869    (in-8,    Oeniponte,   lib.    academica   Wagneriana).  — 
Opéra  moralia  sancti  Alphonsi  Mariae  de  Ligorio,  Doctoris  ecclesiae.  Theo- 
logia  moralis,  editio  nova  cum  antiquis  editionihus  diligenter  collata  in  sin- 
gulis    auctorum   allegationibus   recognita   notisque   criticis   et    commentariis 
illustrata,   cura  et  studio   P.   Leonardi    Gaudé   (Romae,   ex  typ.   vaticana, 
4  vol.  gr.  in-8).  ■ —    Manuel  de  théologie  mystique,  ou  les  Grâces  extraordi- 
naires de  la  vie  surnaturelle  expliquées,  par  le  R.  P.  A.  Devine   ;  trad.  de 
l'anglais  par  l'abbé  C.  Maillet  (in-8,  Avignon,  Ai  banel).  —  Vade-Mecum  des 
prédicateurs,   par  deux   Mi.ssionnaires   (in- 18,    Téqui).  —    Les  Sacrements, 
conférences  aux  étudiants,  par  L.  Boucard  (in-16,  Beauchesne).  ■ —  Discours 
eucharistiques,  2^  série  (in-18,   Lethielltux).  —  Leçons  et  lectures  d^apolo- 
gétique.  La   Vraie  Beligion,  par  E.  Roupain  (in-8,  Tournai  et  Paris,  Gas- 
terman).  —  En  Lui  !  portrait  de  Vâme  dévouée  au  Sacré-Cœur,  par  F.  Ani- 
zan  (in-12,  Lethielleux).  ■ —  L'Autre  Vie,  par  L'gt'  E.  Méric  (2  vol.  in-18, 
Téqui >.  ■ —  L'Esprit  de  sainte  Claire,  par  le  R.  P.  Exupère  (in-12,  Paris  et 
Tournai,  Gasterman).  • —  Pages  de  Lourdes,  par  A.  Mailles  (in-12,  Paris 
et  Tournai,  Gesterman).  —  Traité  de  droit  civil  comparé,  par  E.  Roguin. 
Les  Successions.  III.  La  Succession  testamentaire    (in-8.  Librairie  générale 
de  droit  et  de  jurisprudence).  • —  Traité  de  droit   maritime,  par  D.  Danjon. 
T.  II  (in-8,  Librairie  générale  de  droit  et    de  jurisprudence).  —  Études  de 
philosophie   ancienne    et   de   philosophie     moderne,    par   V.   Brochard   (in-8, 
Alcan).  —  L'Action  criminelle,  étude  de  philosophie  pratique,    par  H.  Urtin 
(in-8,  Alcan).  —  Aile  jonti  délia  vita  prolcgomeni  di  scienza  e  d'arte  per  una 
filosofia  dclla  natura,  da  D""  W.  Mackenzie  (gr.    in-8,  Genova,  Formiggini). 
—  Le  Sejis  et  la  valeur  de  la  vie,  par  R.  Euchen;  trad.    par  M.-A.  HuUet  et 
A.  Leicht  (in-16,  Alcan).  — Morale  et  moralité,  essai  sur   l'intuition  morale, 
par  P.  Sellier  (in-16,  Alcan).  —  La  Morale   par  l'État,  par  A.  Marceron 
(in-8,  Alcan).  —  Pour  former  le  caractère,  par  F.-W.  Fœrster;  trad.  par 
C.  Thirion  et  M.  Paris  (in-18,  Fischbacher).  —  L' Internationalisme  scien- 
tifique {sciences  pures  et  lettres),  par  P.  H.  Eijkman    (in-8,  La  Haye,  Van 
Stockum).  —  La  Passivité  économique.   Premiers  Principes  d'une  théorie 
sociologique   de   la  population   économiquement   passive,    par   M.-A.    d'Am- 
brosio  (in-8,  Giard  et  Brière).  —  La  Hiérarchie  des  principes  et  des  pro- 
blèmes sociaux,  par  F.  Roussel-Despierres  (in-8,  Alcan).  —  L'Œuvre  so- 
ciale de  la  III^  Bépublique,  pa^  Godart,   Astier,   Groussier,  Breton,   F. 
Buisson,  Bonnevay,  Borrel,  Aubriot,  Lemire  (in-8,  Giard).  —   Les  Grèves 


—  191  — 

et  leur  réglementation,  par  F.  Latour  (in- 12,  Édition  du  «  Bulletin  de  la 
semaine  »). — La  Révolution  sociale,  par  K.  Kautsky  (in-16,  Marcel  Rivière). 
■ — ■  Le  Médecin,  son  rôle  dans  la  famille  et  la  société,  par  le  D''  J.  Vincent 
(in-16  carré,  Beauchcsne).  —  V Architecture  religieuse  en  France  à  Vépoque 
romane,  par  R.  de  Lasteyrie  (gr.  in-8,  A.  Picard  et  fils). — La  Société  du 
xvni<^  siècle  et  ses  peintres,  par  L.  Vaillat  (petit  in-8,  Perrin).  ■ —  Le  Lan- 
gage musical,  étude  médico-psychologique,  par  E.  Dupré  et  M.  Natham  (in-8, 
Alcan).  —  Histoire  de  la  langue  musicale,  par  M.  Emmanuel  (2  vol.  gr. 
in-8,  Laurens).  — ■  Introduction  à  la  vie  tnusicale,  par  P.  Lacome  (in-18, 
D(lagrave).  —  Notes  brèves,  par  C.  Bellaigue  (in-18,  Delagrave).  —  W.A.- 
Mozart, sa  vie  musicale  et  son  œuvre,  de  l'enfance  à  la  pleine  maturité,  par 
T.  de  Wyzewa  et  G.  de  Saint-Foix  (2  vol.  in-8,  Perrin).  ■ —  Georges  Bizet 
et  son  œuvre,  par  C.  Pigot  (in-18,  Delagrave).  —  Linguae  hebraicae  gram- 
maticae  institutio  quam  in  usum  discipulorum  suorum,  scripsit  P.  F.  Va- 
lante (in-8,  S.  Juliani  ad.  Veronam,  typ.  Camilliana).  —  En  Montagne 
bourbonnaise.  Mœurs  et  coutumes,  superstitions  et  sorciers,  parle  D''  Bris- 
s(in  (in-16,  Roanne,  imp.  Souchier). —  Œuvres  de  Auguste  Brizeux^  nou- 
velle éd.  revue,  corrigée  et  augmentée,  précédée  d'une  notice  biographique 
sur  l'auteur  et  suivie  de  notes  par  A.  Dorchain  (3  vol.  in-18,  Garnier).  — 
Le  Front  voilé,  par  M.  L.  Dromart  (in-16,  Jouve).  —  Sous  les  pins,  par  M. 
Desbruyères  (in-16,  Jouve).  ■ —  Le  Poème  du  silence,  par  la  comtesse  J. 
d'Avancourt  (in-16,  Jouve).  —  La  Pluie  au  printemps,  par  Albert- Jean 
(in-16,  Crès).  ■ —  Laudes,  poèmes,  par  C.  de  Saint-Cyr  (in-18,  Rivière).  — • 
Le  Théâtre d^ Ibsen,  par  W.  Berteval  (in-16,  Perrin).  — Les  Courtagré,  Tpax 
P.  Gourdon  (in-18,  Calmann-Lévy).  —  La  Neige  sur  les  pas,  par  H.  Bor- 
deaux (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Sœur  Anne,  par  O.  Aubry  (in-16,  Plon- 
Nourrit).  ■ —  Un  Prêtre,  par  L.  Cathlin  (in-18,  Grasset).  —  Raffles,  cambrio- 
leur pour  le  bon  motif,  par  E.-W.  Hornimg;  trad.  par  H.  Evie  (in-16.  Ha- 
chette). —  Sans  lumière,  par  J.  Pravieux  (in-12,  Lethielleux).  —  La 
Métairie  de  Las  Ramadas,  parla  comtesse  de  Massacré  (tetitin-8  carré, 
Gaillard).  —  Un  Poète  protecteur  des  lettres  au  xvii^  siècle.  Jean  Chape- 
lain (1595-1674),  étude  historique  et  littéraire  d'après  des  documents  iné- 
dits, par  G.  Collas  (in-8,  Perrin).  —  Voiture  et  les  années  de  gloire  de  T hôtel 
de  Rambouillet,  1635-1648,  par  E.  Magne  (in-18.  Mercure  de  France).  — 
Nouvelles  Etudes  sur  Chateaubriand,  essais  d'histoire  morale  et  littéraire, 
par  V.  Giraud  (in-16.  Hachette).  —  Le  Réalisjne  du  romantisme,  par  G. 
Pellissier  (in-16,  Hachette).  —  Pages  choisies,  par  le  v**^  E.-M.  de  Vogué 
(in-16,  Plon-Nourrit).  —  Louis  Mercier,  par  A.  de  Bersaucourt  (in-16, 
Jouve).  —  Charles  Guérin,  par  A.  de  Bersaucourt  (in-16,  Gaillard).  — 
Voyage  à  l'île  Majorque,  par  J.  Leclercq  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Les 
Epistratèges,  contribution  à  l'étude  des  institutions  de  l'Egypte  gréco-ro- 
maine, par  V.  Martin  (in-8,  Genève,  Georg).  —  Le  Jeune  ur  de  Notre- 
Dame,  par  A.  L'Esprit  (in-8,  Ghampion).  • —  Les  Lettres  de  Jehanne  d'Arc 
et  la  prétendue  abjuration  de  Saint-Ouen,  par  le  comte  C.  de  Maleissye 
(in-16,  Maison  de  la  Bonne- Presse).  —  «  Les  Saints  ».  Saint  Charles  Bor- 
romée  (1538-1584),  par  L.  Gelier  (in-12,  LecofTre,  Gabalda).  —  Une  Héroïne 
de  la  Renaissance  italienne.  Catherine  Sforza  (1465-1509),  par  P.-D.  Paso- 
lini;  texte  français  et  Introduction  de  M.  Hélys  (petit  in-8,  Perrin).  — 
La  Curie  et  les  bénéficiers  consistoriaux,  étude  sur  les  communs  et  menus 
services  (1300-1600),  par  A.  Clergeac  (gr.  in-8;  A.  Picard  et  fils).  —  Le 
Gouvernement  du  maréchal  de  Matignon  en  Guyenne  pendant  les  premières 
années  du  règne  de  Henri  IV,  par  F.  Geslin    (in-8,   Bordeaux,   Mounastre- 


—  192  — 

Picamilh,.  —  Une  Province  sous  Louis  XIV.  L'Administration  des  inten- 
dants d'Orléans  de  1686  à  1713.  Jean  deCreil,  André  Jnbert,  de  Bouville, 
Yves  de  la  Bourdonnaye,pAr  C.  d?  Baaucorps  (iii-8,  Orléans,  Marron).  — 
«  Les  Saints  ».  La  Bienheureuse  Marguerite- Marie  (1647-1690),  par  Mgr 
Demimuid  (in-! 2,  Lecoffre,  Gabalda).  ■ —  La  Mère  Marceline  de  Chamer- 
lat,  S*'  supérieure  générale  de  la  Miséricorde  de  Billom  (1786-1867),  par  J.-B. 
Couderc  (in-8,  Téqui).  —  La  Haute- Auvergne  à  la  fin  de  l'ancien  régime, 
notes  de  géographie  économique,  par  G.  Esquer  (in-8,  Champion).  —  Au 
temps  des  volontaires,  1792.  Lettres  d'un  volontaire  de  1792,  par  G.  Noël 
(in-16,  Plon-Nourrit).  ■ — -  Histoire  de  la  Révolution  dans  les  ports  de  guerre, 
par  O.  Havard.  T.  I.  Toulon  (in-12,  Nomvlle  Librairie  nationale).  —  Les 
Brûlots  anglais  en  rade  de  l'île  d'Aix  (1809),  par  J.  Silvestre  (in-8,  Savaète). 
■ —  Histoire  de  V Angleterre  depuis  1815  jusqu'à  l'avènement  de  Georges  V 
(1910),  par  A.  Regnard  (petit  in-16,  Alcan).  —  Histoire  de  l'Italie  depuis 
1815  jusqu^au  cinquantenaire  de  l'unité  italienne  (1911),  par  F.  Henne- 
guy  (petit  in-16,  Alcan).  — •  Lamennais  et  ses  correspondants  inconnus 
par  A.  Roussel  (in-12,  Téqui).  —  1870.  Sedan,  par  E.  Picard  (2  vol.  in-16, 
Plon-Nourrit).  —  Récits  de  guerre,  par  le  général  Pruneau  (in-18,  Cal- 
mann-Lévy).  —  L' Alsace- Lorraine  de  Bismarck  devant  l'histoire  et  la  diplo- 
matie, par  E.  Bonnal  (in-8,  Savaète).  ■ — ■  Madame  la  duchesse  d'Alençon 
intime,  par  Gouraud  d'Ablanourt  (in-12,  Librairie  des  Saints-Pères).  — ■ 
Une  Ame  bénédictine.  Dom  Pie  de  Hemptinne,  moine  de  l'abbaye  de  Mared- 
sous  (1880-1907),  (in-12,  Lethielleux).  — Les  Manœuvres  impériales  alleman- 
des en  1911,  par  le  colonel  Repington  ;  trad.  de  l'anglais  par  R.  Kann 
(in-8,  Berger- Levrault.)  —  Corne  vive  il  popolo  a  Roma,  saggio  demogra- 
fico  sul  quartiere  Testaccio,  da  D.  Orano  (in-8,  Pescara,  Ci'oce).  —  Combats 
d'hier  et  d'aujourd'hui,  par  le  comte  A  de  Mun.  3«  série,  1908  (petit 
in-8,  Lethielleux).  —  Études  de  critique  et  d'histoire  religieuse,  par  E.  Va- 
candard  (in-12,  Lecoffre,  Gabalda).  —  Ames  d'aujourd'hui.  Essais  sur 
Vidée  religieuse  dans  la  littérature  contemporaine,  par  F.  Vincent  (petit 
in-8,  Beauchesne).  —  En  feuilletant  de  vieux  papiers,  par  E.  Welvert  (in-18, 
Calmann-Lévy).  —  Les  Livres  qui  s'imposent.  Vie  chrétienne,  vie  sociale, 
vie  civique,  par  F.  Duval  (in-8,  Beauchesne).  — ^  Bibliographie  napoUon- 
nienne  française,  par  G.  Davois.  T.  III  (in-8,  l'Édition  bibliographique), 
—  Catalogue  des  incunables  de  la  Bibliothèque  publique  d'Aututi,  par  C. 
Boëll  et  A.  Gillot  (in-8,  Autun,  imp.  Dejussieu  et  Demasy).      Visenot. 


Le  Gérant  :  CHAPUIS. 


Imprimerie  polyglotte  !•>.  Simon,    Rennes— Paris. 


POLYBIBLION 

REVUE  BIRLIOGRAPIIIQUE  UNIVERSELLE 


PUBLICATIONS   RÉGENTES  SUR  L'ÉCRITURE  SAINTE 
ET  LA  LITTÉRATURE  ORIENTALE 

1.  Rudim?nta  linguae  hehraicae  scholis  publicis  et  àoineslicae  discipli.nae  brevissime 
accomodata  Fcripserunt  D''  C.-H.  Vosen  et  D'  F.  Kaulen.  Nova  editio  quam 
recognovit  et  auxit  pro^  J.Schumacher.  Friburgi  Brisgoviae,  Herder,  1911,  in- 
8  de  xî-171  p.,  3  fr.  10.  —  "'.  Grammaire  du  grec  du  Nouveau  Testament,  paP 
A.-T.  Robertson;  trad.  sur  la  20  édition  par  E.  Montet.  Pari«,  Geutluier,  !911, 
in-8  de  xvi-298  p.,  7  fr.  50.  —  3.  Les  Mœurs  des  Israélites,  par  Fleury.  Extraits 
précédés  d'une  notice  par  Albert  Chérel  (Collection  Science  et  Religion).  Paris 
iiloud,  1912,  in-16  de  6i  p.,  0  fr.  60.  — -  4  Bible  et  Science.  Terre  et  Ciel,  par  Gh. 
DE  KiRWAN  (Collection  Science  et  Religion).  Paris,  Bloud,  1911,  in-12  de  64  p., 
0  fr.  60.  —  5.  Der  Kanon  des  Allen  Testaments  zur  Zeit  des  Ben-Sira.  Auf.  Grund 
der  Beziehungen  des  Sirabuches  zu  den  Schriften  des  A.  T.  dargestellt  von  D''  A. 
Eberiiarïhr  ( Alttestamenlliche  Abhandlungen,t.  ÏII,  fasc.  3).  Mlinster  iiu  V\'est- 
phalien,  Aschendori'f,  1911,  in-8  de  n-77  p.,  2  fr.  60.  —  6.  É'udes  bibliques.  De 
l'authenticité  des  livres  d'Esther  et  de  Judith,  par  le  vicomte  E,  de  Marsay. 
Paris,  Geuthner,  1911,  in-8  de  41  p.,  1  fr.  60.  —  7.  Bellarmin  et  la  Bible  sixto-clé- 
inentine.  Étude  et  documents  inédits,  par  le  R.  P.  Xavier-Marie  Lé  Ëachelet. 
Paris,  Beauchesne,  1911,  in-8  de  yi-210  p.,  5~  l'r.  50.  — ■  8.  NcVum  Tcstamentum 
latine  secundum  editionem  sancti  H ieronijmi  ad  codiciini  nianuscriptoruin  idenï 
recensueriint  J.  Wordsworth  et  H.-J.  Whit.e.  ''^ditio  nainor  curante  H.  J.  WhiTe^ 
Oxonii,  typ.  Clarendoniaao,  1911,  in-16  de  xx-620  p.  — •  9.  Die  Altsyrisrhen  Evan. 
gelien  in  ihrem  Verhà'tnis  zu  Talians  Diatessaron  untersucht  von  Di".  H.-J.  Vo- 
GELS  (Biblisrhe  Studien,  t.  XVI,  fa,so.  5).  Fi'eiburg  im  Breisgan,  Herder,  1911, 
in-8  de  xi-158  p.,  6  fr.  25. — 10.  £es  ^am^s^tangiVe-;.  Traduction  nouvelle  d'après 
la  Vulgate,  précédée  d'une  Introduction  historique  et  accompagnée  de  nombreuses 
notes  explicatives  avec  cartes  et  plans,  par  J.-B.  Chabot.  Tours,  Mame,  s.  d. 
(1911),  in-12  de  x-98-480  p.  — ■  11.  Les  Étapes  du  rationalisme  dans  ses  attaquer 
contre  les  Évangiles  et  la  vie  de  Notre- Seigneur  Jésus-Christ,  exposition  historique  et 
critique,  par  L.-Cl.  Fill'on.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.  (1911),  in-8  de  vi-364  p.^ 
3  fr.  50.  —  12.  Jésus-Christ  et  l'étude  comparée  des  religions.  Conférences  données 
aux  Facultés  catholiques  de  Lyon  par  Albert  Valexsin.  Paris,  Lecoffre,  Gabalda, 
1912,  in-12  de  ii-232  p.,  3  fr.  — ■  13.  Die  Niederfahrt  Christi  in  die  Unterwelt. 
EinBeitragzur  Exégèse  des  Neuen  Testamentes  und  zur  Geschichte  desTaufsym- 
hols  von  D''  Karl  Gschvvind  ( Neutestamentliche  Abhandlungen,  t.  I.,  fasc.  3-5). 
Munster  im  Westphalien,  Aschendorff,  191.1,  in-8  de  xvi-255  p.,  8  fr,  50.  — • 
14.  Catalogue  des  cylindres  orientaux  de  la  collection  Louis  Cugnin,  par  Léon 
Legrain.  Paris,  champion,  1911,  in-4  de  n-54  p.,  avec  6  planches,  10  fr. 

1.  —  L'explication  scientifique  de  l'Écriture  exige  la  connaissance 
des  langues  sacrées.  Cette  connaissance  nécessaire  exige  elle-même 
des  instruments  d'étude  :  grammaires,  dictionnaires  et  éditions  des 
textes  originaux.  Nous  annonçons  aujourd'hui  deux  grammaires  : 
une  grammaire  élémentaire  de  la  langue  hébraïque,  une  autre, plus 
savante,  du  grec  néo-testamentaire.  Les  Riidimenta  linguae  hebraicae 
du  D^  Vosen  ont  fait  leurs  preuves.  Composés  depuis  cinquante  ans, 
ils  ont  été  améliorés  d'édition  en  édition.  Les  améliorations  ont  été 
introduites  par  le  Dr.  Kaulen,  à  partir  de  la  sixième  édition.  La  neu- 
Mars  1912.  T.  GXXIV.  13. 


—  194  — 

"A-ièmc  vient  d'ÎUo  pn'pan'o  par  le  proiesseur  Sohi  mâcher,  de  Cologne.- 
11  a  conservé  à  l'ouvrage  sa  disposilitn  et  sa  mitht  de  et  il  n'y  a  ap- 
porté que  des  modifications  de-détail.  .Apits  de  ceints  piclégcmcnes 
sur  les  langues  sémitiques  en  général  et  la  lûrigi:e  hdjiaïqi.e  en  paiti- 
culier,  vient  un  premier  livie,  la  gun  niaiie  pi(  pi(nient  dite,  divisée 
en  trois  parties  :  les  éléments  de  la  langue  (écriture,  sors  et  syllabes), 
les  formes  des  mots  (ici,  le  nouvel  éditeur  a  placé  les  pronoms  avant 
les  verbes  tant  réguliers  qu'irréguliers,  le  nom  et  les  particules),  la 
syntaxe  des  noms,  des  verbes  et  des  particules.  Les  notions  et  les  rè- 
gles données  sont  simples  et  claires.  On  est  surpris  de  l'emploi  de 
quelques  caractères  grecs  au  milieu  des  caractères  romains  pour  la 
transcription  des  consonnes  hébraïques.  Le  second  livre,  entière- 
ment consacré  à  l'étude  pratique,  est  foit  bien  conçu.  Après  les  para- 
digmes ordinaires,  au  nombre  de  treize,  que  les  élèves  doivent  ap- 
prendre par  cœur,  on  donr.e  une  série  développée  d'exercices  gradués 
de  lecture,  d'étude  de  mots  et  de  traduction.  Enfin,  on  trouve  une 
liste  de  mots  à  retenir  et  le  lexique  des  termes  qui  se  rencontrent 
dans  les  exercices.  Cette  grammaire  peut  servir  à  l'ttude  personnelle 
de  l'hébreu  aussi  bien  qu'à  la  classe  élémentaire.  Elle  est  bien  im- 
primée, et  d'un  prix  abordable. 

2.  —  La  Grammaire  du  grec  du  Nouveau  Testament  est  la  traduc- 
tion fiançaise,  faite  par  M.  Montet,  sur  la  seconde  édition  de  A  short 
gramma''  of  the  Greek  New  Testament  du  professeur  américain  Ro- 
bfrtson.  11  y  en  a  déjà  des  versions  en  italien  et  en  allemand.  Pour 
bien  apprécier  cet  ouvrage,  il  est  nécessaire  de  connaître  le  but  de 
l'auteur.  Il  n'a  pas  voulu  faire  une  grammaire  élémentaire  à  l'usage 
des  commençants  ni  une  grammaire  développée  et  savante 
à  l'instar  de  celles  de  "Winer,  Blass  et  Moultcn.  La  sicr.ne  est  d'un 
type  intermédiaire  :  brève  sans  être  un  abc'cédaire,  de  caractère  assez 
scientifique  pour  instruire  davantage  les  étudiants  déjà  avancés  des 
séminaires  américains  ou  les  jeunes  pasteurs,  qui  veulent  faire  l'exé- 
gèse grammaticale  du  texte  du  Nouveau  Teste  ment.  Elle  s'adresse 
donc  à  ceux  qui  savent  la  grammaire  grecque  et  mime  les  éléments 
du  grec  néo-testamentaire.  On  n'y  trouvera  par  suite  aucun  paradig- 
me de  déclinaison  ou  de  conjugaison.  C'est  une  initiation  aune  étude 
plus  approfondie  et  plus  positive  de  cette  langue  spéciale,  qui  n'est 
pas  un  grec  de  synagogue,  comme  on  disait  autrefois,  mais  bien  le 
grec  vulgaire  du  i''^  siècle  de  notre  ère,  le  grec  populaire  des  inscrip- 
tions et  des  papyrus  de  l'époque.  Cette  grtmmaiie  ccmpiend  trois 
parties  d'inégale  étendue.  La  première,  qui  est  très  courte,  sert  d'In- 
troduction et  renseigne  sur  les  méthodes  lirguistiques  mrdeines  et 
sur  la  nature  du  grec  néo-testementaiie.  I  a  seconde  partie,  intitulée  : 
Formes,  expose,  en  sept  chaj)itrcs,  leut  ce  qui  ecrcerne  cette  langue 


^  _  195  — 

et  les  particularitts  des  substantifs,  des  adjectifs  et  des  verbes.  La 
troisième  partie,  la  plus  longue,  traite  de  la  syntaxe  en  25  chapitres. 
Tous  ces  chapitres  n'ont  rien  de  ce  q|ii  constitue  .un  traité  ^>ienima- 
tical.  C'est  un  exposé  de  vues  personnelles,  d'observations  multiples, 
d'aperçus  sur  le  développement  de  toutes  les  parties  de  la  langue 
grecque  et  de  comparaisons  avec  les  autres  langues  indo-europcennes. 
Ces  rapprochements, aussi  bien  que  le  développement  historique  de 
la  langue,  font  trop  souvent  perdre  de  vue  le  grec  néo -testamentaire. 
Il  eût  été    plus   intéressant    pour  les'  lecteurs,    qui   ne    savent    pas 
le  sanscrit  auquel  on  nous  reporte  souvent,  de  connaître  les  exemples 
analogues  de  la  langue  des  inscriptions  et  des  papyrus.   Il  y  a 
aussi  des  répétitions  qu'on  aurait  pu  éviter.  Malgré  ces  défauts  de 
méthode,  la  nouvelle  grammaire  sera  utile  aux  élèves  qui  ne  sont  plus 
à  leurs  débuts  dans  l'étude  du  grec;  ils  y  trouveront  nombre  d'obser- 
vations judicieuses,  beaucoup  d'exemples  que  l'index  final  des  passa- 
ges du  Nouveau  Testament  permettra  de  retrouver  facilement.  Le 
traducteur  français  a  serré  le  texte  anglais  d'aussi  près  que  possible 
et  il  a  employé  des  néologismes,  que  tout  le  monde  comprendra  à  la 
lecture.  11  a  aussi  ajouté  quelques  notes  pour  faire  ressortir  les  res- 
semblances du  grec  néo-testamentaire  avec  la  langue  Ijébraïque.      1 
3.  —  M.  Albert  Chérel  a  découvert  l'originalité  de  la  conception 
moderne  de  l'histoire  dans  les  Mœurs  des  Israélites  que  Claude  Fleury 
publia  en  1682.  Au  lieu  de  traiter  des  faits,  Fleury  a  décrit  les  mœurs  ; 
il  voit  dans  les  Juifs  non  des  ancêtres,  mais  des  étrangers;  il  aime 
les  anciens,  Juifs,  Grecs  et  Romains,  sans  les  admirer  en  tout  ni  les 
déprécier;  il  explique  leurs  mérites  et  leurs  imperfections;  il  les  juge 
non  d'après  les  idées  du  xvii^  siècle,  mais  d'après  leur  milieu  et  leur 
temps.  Il  s'occupe  des  costumes  et  des  meubles  autant  que  des  mœurs. 
Il  relève  la  simplicité    des    mœurs    pastorales    des    Israélites  qu'il 
oppose  maintes  fois  aux  mœurs  et  aux  préjugés  sociaux  de  son  épo- 
que. Comme  sa  satire  est  sociale  et  non  politique  ou  personnelle, 
comme  il  ne  fait  pas  de  portraits,  comme  il  ne  pose  pas  de  modèles, 
comme    il    manque    d'imagination,     son    livre   n'a    pas  fait    scan- 
dale.  Selon  M.   Chérel,   il  marque    une  date    importante  dans   la 
conception  de  l'histoire  et  il  donne,  en  somme,  de  la  personnalité  de 
Fleury,  une  idée  assez  avantageuse.  C'est  pourquoi  M.  Chérel  en  a 
publié  d'assez  larges  extraits  dans  une  brochure  de  la  collection 
Science  et  Religion.  L'éditeur  pense  même  que  le  livre  de  Fleury 
peut  «  conserver  quelque  éclat  »  de  notre  temps.  Si  Fleury  a  fait 
faire  un  progrès  aux  études  historiques,  il  est  bien  dépassé.  Ses  com- 
paraisons constantes  des  Israélites  avec  les  Grecs  et  les  Romains  sont 
démodées.   Pour  connaître  les  mœurs  des  anciens  Israélites,  nous 
étudions  maintenant  les  mœurs  des  Arabes,  des  Bédouins  de  nos 


—  190  — . 

jours,  l.a  brochure  de  M.  Chérel,  si  elle  est  une  révélation  pour  le 
point  de  départ  de  cette  conception  historique,  ne  peut  servir  à  nos 
•contemporains  que  par  contraste;  elle  fera  ressortir  nos  progrès 
dans  1  étude  de  la  société  israélite. 

4.  —  La  brochure  de  M.  de  Kirwan,  qui  fait  partie  de  la  même 

collection,  traite  deux  questions  qu'indique  le  titre  complet  :  Bible 

et  Science.   Terre  et  Ciel.  La  première  concerne  le  prétendu  conflit 

entre  les  sciences  de  la  nature  et  les  textes  sacrés.  L'auteur  rappelle 

que  ce  conflit  est  d'origine  récente;  il  expose  les  premiers  essais  de 

conciliation,    qui    ont    été   remplacés  par  le  concordisme,    lequel  a 

eu  grande  vogue  pendant  un  certain  temps.  11  mentionne  ensuite  le 

véritable  principe  de  solution  qui  a  été  officiellement  reconnu  par 

Léon  XIII  dans  l'encyclique  Providentissiinus  Deus  et  qui  consiste  à 

distinguer  les  buts  si  différents  de  la  Bible  et  de  la  science.  Mais, 

au  lieu  d'en  faire  la  stricte  application  avec  beaucoup  dexégètes 

récents,  qui  sont  revenus  à  l'interprétation  littérale  des  jours  de  24 

heures  dans  le  chapitre  I^^  de  la  Genèse,  et  de  s'arrêter  à  la  théorie 

des  «  emprunts  scientifiques  »  ou  du  langage  populaire  conforme  aux 

apparences,  il  y  greffe  un  concordisme  accessoire  et  hypothétique, 

qui  n'est  qu'un  retour  déguisé  à  l'ancien  concordisme.  M.  de  Kirwan 

n'a  pas  oublié  les  vues  anciennes  de  Jean  d'Estienne.  La  seconde 

question,  relative  à  l'anthropocentrisme,  est  mieux  traitée.  L'auteur 

montre  très  bien  que,  malgré  la  pluralité  des  mondes  ultra- solaires, 

dont  on  ne  peut  dire  avec  certitude  qu'aucun  soit  habité,  l'homme, 

qui  a  été  le  but  de  la  création,  reste  moralement  le  centre  du  monde. 

S'il  opère  timidement  au  sujet  de  l'existence  d'hommes  étrangers  à 

notre  race,  mais  sauvés  par  les  mérites  infinis  de  Jésus-Christ,  il  a 

tort  d"appuyer  son  hypothèse  sur  des  textes  bibliques.  Ceux  qu'il 

cite  sont  ou  bien  de  brillantes  métaphores  qui  prédisent  le  règne 

messianique,  ou  bien  des  prophéties  sur  la  fin  du  monde  actuel  et  le 

sort  futur  des  élus. 

5.  —  L'étude  de  M.  Eberharter,  intitulée  :  Der  Kanon  des  Alten 
Testaments  zur  Zeit  des  Ben  Sira,  comprend  trois  chapitres  d'inégale 
étendue  et  d'inégale  valeur.  Le  premier,  de  trois  pages  et  demie 
seulement,  réunit  les  données  bibliques  sur  le  recueil  des  livres 
inspirés.  L'auteur  en  conclut  que  le  canon  des  protocanoniques  de 
l'Ancien  Testament  était  clos  à  l'époque  d'Esdras  et  de  Néhémie.  Il  a 
donné  trop  d'autorité  au  passage  du  deuxième  livre  des  Machabées, 
II,  13,  et  il  l'a  expliqué  avec  une  précision  qu'il  n'a  pas.  Sa  conclu- 
sion n'est  pas  prouvée;  mais  ce  n'est  vraiment  qu'une  Introduction, 
qui  ne  peut  nuire  à  son  travail  personnel.  Celui-ci  est  principalement 
dans  le  chapitre  II,  où  M.  Eberharter  étudie  en  détail  les  relations 
de  l'Ecclésiastique  avec  les  autres^  livres  de  l'Ancien  Testament.  Sur 


—  107  — 

le  Pentateuque,  les  prophètes  antrricuis  et  pcfctnitiis,  les  higio- 
graphes  et  les  deutéroca:ioniques,  il  a  réuni  une  triple  série  de  passages- 
de  l'Eccksiastique,  d'après  le  texte  hébreu  récemment  retrouvé, 
qui  sont  ou  bien  des  allusions,  ou  bien  des  citations,  ou  bien  des  com- 
binaisons de  différents  passages.  Une  attention  spéciale  a  été  donnée 
aux  ressemblances  de  l'Ecclésiaste  et  de  l'Ecclésiastique  en  vue 
d'établir  lequel  des  deux  livres  est  le  plus  ancien.  L'auteur  a  discuté 
les  arguments  pour  lesquels  M.  Peters  avait  admis  l'antériorité  de 
l'Ecclésiastique  et  il  a  conclu  avec  raison,  semble-t-il,  à  sa  posté- 
riorité. Les  résultats  définitifs  paraissent  certains.  Ben-Sira  s'est 
servi  de  la  plupart  des  livres  protocanoniques  de  l'Ancien  Testament 
et  il  ne  reste  de  doute  que  pour  le  Cantique,  Esther  et  Daniel.  Il  n'y 
a  aucun  indice  de  l'emploi  de  Ruth.  Quant  aux  deutérocanoniques^ 
il  aurait  eu  sous  les  yeux  Tobie  et  le  livre  de  la  Sagesse,  peut-être 
aussi  Baruch.  Dans  le  chapitre  III,  l'auteur  se  demande  si  tous  ces^ 
livres  étaient  considérés  par  Bcn-Sira  comme  des  livres  canoni- 
ques et  il  répond  affirmativement.  Il  cherche  même  à  montrer  que 
le  sacerdoce  juif  avait  l'autorité  nécessaire  pour  établir  la  canonicité 
des  livres  inspirés.  Il  prouve  surabondamment  (ce  que  personne  ne 
nie)  que  les  prêtres  juifs  avaient  la  charge  d'enseigner  la  Loi  au 
peuple.  Mais  c'est  par  un  abus  visible  du  raisonnement  et  sans  pouvoir 
en  fournir  aucune  preuve  directe  que,  selon  lui,  la  Loi  doit  s'entendre 
detousles  livres  de  l'Ancien  Testament.  Il  n'en  fournit  que  des  raisons. 
de  convenance,  celle-ci  entre  autres  :  Dieu  ne  pouvait  laisser  le  cha- 
risme de  l'inspiration  privé  de  tout  organe  de  constatation.  Je  le 
concéderai,  mais  avec  le  Père  Knabenbauer,  dont  le  sentiment  n'est 
pas  mentionné,  je  dirai  que  cet  organe  de  constatation  était,  non  pas 
le  sacerdoce  juif,  mais  l'autorité  d'un  prophète.  Il  n'y  a  pas  de  Biblio- 
graphie, et  des  Français,  qui  ont  écrit  sur  le  canon  biblique,  l'abbé 
Trochon  est  seul  cité. 

6.  • —  M.  le  vicomte  de  Marsay  a  écrit  quelques  pages  sur  V Authen- 
ticité des  livres  d' Esther  et  de  Judith.  Il  s'occupe  surtout  du  premier; 
il  n'est  question  du  second  que  dans  une  sorte  d'appendice.  Au  sujet 
d'Esther,  il  résout  d'abord  les  principales  difficultés  contre  l'his- 
toricité par  la  différence  des  textes  qui  nous  sont  parvenus  avec  des, 
remaniements,  et  il  reconnaît  que  la  conspiration  des  eunuques 
Tharès  et  Bighta  est  le  nœud  du  drame.  Sur  cette  base,  il  reconstitue 
ce  drame  de  harem.  Il  ne  recherche  que  la  probabilité,  la  logique 
et  l'intérêt,  c'est  dire  qu'il  l'arrange  à  sa  façon.  Il  explique  le  ncm  de 
la  fête  des  Purim  par  un  mot  persan,  qui  signifie  firman;  c'est  la  fête 
du  firman  d'Assuérus,  obtenu  par  Esther.  Enfin,  il  justifie  son  senti- 
ment par  des  raisons  historiques,  qui  me  paraissent  justes,  et  philo- 
logiques, dont  je  ne  puis  apprécier  la  valeur,  vu  mon  ignorance  du 


^  ^  -  1118  - 

persan.  A  propos  do  Jiulitli,  on  nous  apprenti  qu'Holopherne  était 
un  Mèdo,  que  les  faits  se  seraient  passés  à  l'époque  des  Juges  d'Is- 
raël, à  laquelle  nous  ramèneraient  les  détails  historiques  et  géogra- 
phiques du  livre.  Ces  conclusions  sont  bien  différentes  de  celles  qui 
ont  cours.  La  campagne  d'Holopherne  est  présentée  comme  «  une 
sorte  de  raid  effectué  par  un  chef  de  partisans.  »  De  nombreuses  fautes 
d'impression  déparent  cette  brochure. 

7.  —  Chacun  sait  la  part  considérable  que  Bellarmin  a  eue  à  la 
revision  sixto-clémentine  de  la  Vulgate  latine.  Son  attitude  à  l'é- 
gard de  l'édition  de  Sixte-Quint  a  retardé  deux  fois  le  procès  d'  sa 
béatification.  Le  Père  Le  Bachelet  a  découvert  des  documents  nou- 
veaux :  lettres,  dissertations,  recueils  de  variantes,  qui  projettent 
quelque  lumière  sur  l'histoire  de  notre  Bible  officielle.  Il  les  a  pu- 
bliés au  nombre  de  vingt-cinq  :  Bellarmin  et  la  Bible  sixto-clémentine. 
II  les  a  fait  précéder  d'une  étude  en  quatre  chapitres,  qui  les  com- 
mente en  les  replaçant  dans  leur  milieu  et  eh  les  harmonisant  avec 
les  documents  déjà  connus.  Après  la  Bibliographie,  l'Introduction 
nous  apprend  les  antécédents  de  Bellarmin  et  la  pensée  du  professeur 
de  Louvain  et  de  Rome  sur  la  Vulgate.  Le  chapitre  I^^'  traite  de  la 
Dissertation  sur  la  Vulgate,  ébauchée  en  1586,  achevée  en  1591  et 
publiée  seulement  en  1749;  il  analyse  son  contenu,  parle  de  la  con- 
troverse sur  son  authenticité,  prouve  cette  authenticité  et  détermine 
l'époque  de  sa  composition.  Dans  le  chapitre  II,  on  voit  les  travaux 
de  Bellarmin  dans  la  congrégation  grégorio-clémentine  en  1591  et 
1592,  sa  critique  de  la  Bible  sixtine,  ses  avis  sur  la  correction  à 
en  faire  et  sa  rédaction  de  la  pré  face  mi  se  en  tête  de  la  Bible  clémentine. 
Le  chapitre  III  raconte  les  faits  qui  suivirent  la  publication  de  cette 
Bible,  1592-1621  :  le  rachat  des  bibles  de  Sixte-Quint,  un  propos  de 
Bellarmin  sur  ces  bibles  et  l'infaillibilité  pontificale,  le  sentiment 
du  même  cardinal  sur  la  bulle  /Eternus  ille,  sur  la  préface  de  la  Bible 
clémentine  et  son  autorité,  enfin  sur  la  valeur  de  cette  édition.  Le 
chapitre  IV  contient  l'apologie  du  cardinal  jésuite  et  répond  aux 
trois  attaques  portées  contre  lui  à  l'occasion  de  la  Bible  sixto-clé- 
mentine :  10  Quel  genre  d'erreurs  prête-t-il  à  Sixte-Quint?  2°  La 
bulle  /FAernus  ille  a-t-elle  été  promulguée?  3°  Sixte-Quint  conçut-il 
le  dessein  de  remettre  sa  Bible  sur  le  métier?  Bien  que  le  P.  Le 
Bachelet  apporte  des  détails  nouveaux,  il  n'a  pas  réussi  à  disculper 
entièrement  Bellarmin  des  deux  dernières  accusations.  Peu  après  la 
publication  de  son  livre,  paraissait  en  Allemagne  un  ouvrage  dans 
lequel  Mgr  Baumgarten  soutient  que  Sixte-Quint  tenait  son  œuvre 
comme  définitive  et  que  la  bulle,  qui  l'autorisait,  a  été  promulguée 
dans  les  formes.  Prétendre  que  la  souscription  des  cursores  n'a  été 
qu'une  anticipation  serait,  selon  lui,  une  altération  d'un  écrit  apos- 


—  199  — 

tolique  qui  tomberait  sous  le.  coup  de  rexcomraunication.  Le  P.  Le- 
Bachelet  n'a  pas  répondu  aux  arguments  de  Mgr  Baumgarten,  qu'il 
ne  connaissait  que  partiellement,  et  son  apologie  de  Bellarmin  n'est 
pas  décisive.  Toutefois  il  a  apporté  beaucoup  de  pièces  inédites  et  il 
a  éclairci  plusieurs  points  de  cette  histoire,  qui  jusqu'ici  étaient  de- 
meurés obscurs. 

8.  —  Ava2it  que  le  cardinal  Rampolla  n'ait  chargé  l'ordre  bénédic- 
tin de  préparer  les  matériaux  d'une  revision  nouvelle  de  la  même 
Vulgate  latine,  John  Wordsvvorth,  qui  vient  de  mourir  évêque  an- 
glican de  Salisbury,  avait  ojitrepris,   avec  la  collaboration  de  M. 
White,  d'éditer  le  Nouveau  Testament  latin  de  saint  Jérôme  d'après 
les  manuscrits.  Les  deux  éditeurs  ont  déjà  publié  en  grand  format 
et  avec  un  apparat  critique  développé  les  Evangiles  et  les  Actes  des 
apôtres.  L'Épître  aux  Romains  paraîtra  bientôt.  Or,    voici   que  M. 
White  nous  donne  en  petit  format  et  avec  un  choix  de  variantes  le 
texte  'entier   du    Nouveau    Testament   latin,    Noviirn     Testamentum 
latine  secimdiim  edilionem  sancti  Hieronymi.  Le  texte  de  la  grande 
édition  est  reproduit  avec  des  différences  de  disposition  :  il  n'est 
plus  divisé  en  cola  et  cotnniata,  mais  il  est  continu;  les  noms  propres 
commencent  par  une  majuscule;la  séparationdes  mots  est  conforme 
au  codex  Amiatinus;  les  paragraphes  sont  ceux  de  la  version  an- 
glaise révisée  de  1881  ;  l'orthographe  est  régularisée  ;  enfin  lés  fautes 
d'impression    sont   corrigées    (voir,    par   exemple,    Act.,vi,  13,  qui 
dicerent  au  lieu  de  dicentes).    Les  sections  eusébiennes  sont  marquées 
à  la  liv.  -ge  intérieure,  et  les  passages  parallèles  à  la  marge  exté- 
rieure. Les  variantes  sont  placées  au  bas  des  pages,  sous  le  texte. 
Elles  sont  tirées  de  sept  manuscrits  pour  tout  le  Nouveau  Testa- 
ment et  de  deux  autres  pour  les  Evangiles  et  aussi  des  deux  Bibles 
sixtine  et  clémentine;  elles  indiquent  les  additions,  les  omissions  et 
les   transpop'tions.    Quant   au   texte  lui-même,  il  diffère   de    notre 
Vulgaleacittile  non  seulement  par  l'orthographe  des  noms  propres 
et  d'un  certain  nombre  de  formes  latines,  par  la  division  de  quelques 
adverbes  et  conjonctions,  mais  "aussi  parles  leçons  adoptées.  Les  plus 
importantes  sont  les  omissions.  Elles  portent  sur  des  versets  entiers, 
Matth.,  XXIII,  14;  Joa.,  v,  4:  Act.,viii,  37;  xv,34;  xviii,4;  xxviii,  29; 
I  Joa.,  V,  7  :  rai  sur  quelques  mots  en  particulier,  par  exemple,  in 
somnis,  Matth.,  i,  20;  tuam,  Matth.,  ix,  18;  aiidiendi,  Matth.,  xiii, 
43;  ut,  A(  t.,  in,  20.  Les,  additions  sont  plus  rares  et  ont  moins  d'im- 
portance, par  exemple,  id,  Matth.,  i,  22;  m,  Act.,  xx,  7;  xxi,  8; 
Rom.,  V,   17;  die,  Act.,   xx,   15;  hic,  Act.,  xxv,  24;  bis,   11  Cor., 
xiii,  2.  Les  modifications  ou  les  transpositions  sont  plus  fréquentes, 
par  exemple, erg^o  pour  itaque;  aulem.  pour  ergo;  quia  pour  quod,\  recessit 
pour  secessii;  futura  pour  Ventura;  pane  solo  pour  solo  pane;  démoli- 


-^  200  — 

u?Unr^  pour  exterminant]  aUatum  est  au  lieu  d'attulit,  etc.  Parfois,  la 
coupe  du  verset  est  différente;  ai!nsi  Joa.,  i,  3.  La  phrase  d'ÎIeb., 
X,  2,  est  interrogative.  L'impression  est  très  soignée.  Nous  avons  là 
un  excellent  travail  qui  laissera  peu  à  faire  aux  futurs  rcviseuis  ro- 
mains du  Nouveau  Testament.  En  attendant  l'édition  officielle,  qui 
tardera  beaucoup  encore  vraisemblablement,  les  critiques  catholi- 
ques se  serviront  utilement  de  l'édition  de  Wordsworth  et  de  "V\hite. 
Ces  Messieurs  ont  bien  mérité  de  l'Église  catholique. 

9.  ■ —  Dans  un  précédent  travail,  M.  Vogels  avait  démontré  par  les 
traces  d'harmonistique  qu'il  remarquait  dans  le  codex  Bezae  que  ce 
célèbre  manuscrit  bilingue  avait  subi  dans  les  Évangiles  l'influence 
du  Diatessaron  de  Tatien  sous  une  double  forme  :  le  texte  grec  a 
été  modifié  d'après  le  Diatessaron  grec  et  le  texte  latin  d'après  un 
Diatessaron  latin.  Dans  un  fascicule  des  Biblische  Studien,  il  vient 
de  faire  la  même  démonstration  pour  les  anciennes  versions  syria- 
ques des  Évangiles,  Die  Altsyrischen  Evangelien  in  ihrem  Verhùltnis 
zu  Tatians  Diatessaron.  Une  courte  Introduction  résume  les  opinions 
des  critiques  sur  les  rapports  des  deux  traductions  syriaques  des 
Évangiles  séparés,  la  curetonienne  et  la  sinaïtique  ou  lewi sienne, 
avec  les  quatre  Évangiles  harmonisés  en  un  seul  récit  par  Tatien  dans 
son  Diatessaron  grec  ou  syrien.  M.  Vogels  croit  à  l'antériorité  du 
Diatessaron  que  Tatien  aurait  rédigé  en  grec  et  traduit  peut-être  lui- 
même  en  syriaque.  11  trouve,  en  effet,  dans  les  deux  an- 
ciennes versions  syriaques  des  Évangiles  séparés  des  traces 
de  l'influence  du  Diatessaron,  et  tout  son  travail  consiste  à  les 
relever  et  à  les  grouper.  Il  suit  la  même  marche  que  dans  son 
Harmonistique  du  codex  Bezae,  et  il  constate  dans  la  cureto- 
nienne et  la  sinaïtique  les  mêmes  marques  d'harmonisation  que 
dans  le  manuscrit  bilingue  de  Cambridge.  1°  Les  récits  parallèles  des 
Évangiles  séparés  ont  subi  des  retouches  dans  les  passages  où  ils 
présentaient  des  divergences  réelles.  2°  Leurs  transitions  ont  été 
harmonisées.  3°  Ils  ont  les  mêmes  écarts  relativement  au  texte  grec. 
4°  Ils  offrent  des  variantes  harmonisantes.  Les  preuves  de  ces  quatre 
affirmations  sont  multipliées.  Ainsi  la  quatrième  liste  contient  1605 
passages.  M.  Vogels  tire  de  là  deux  conclusions  importantes  :  1» 
La  vieille  version  syriaque  des  Évangiles  est  postérieure  au  Diates- 
saron de  Tatien,  dont  elle  a  subi  l'iniluence.  2°  La  version  sinaï- 
tique est  postérieure  à  la  curetonienne,  car  cette  dernière  a  plus  de 
tatianismes  que  la  sinaïtique.  Ces  deux  textes  ne  sont  pas  toutefois 
deux  traductions  indépendantes;  ils  sont  plutôt  deux  recensions 
d'une  même  version  faites  dans  des  milieux  différents,  selon  des 
principes  différents  et  sans  influence  de  l'une  sur  l'autre.  La-  Pes- 
chito,  qui  est  une  revision,  faite  au  iv^  siècle,  de  l'ancienne  version 


—  201  — 

syriaque,  en  a  fait  disparaître  la  plus  grande  partie  des  leçons  har- 
monistiques,  a  supprimé  les  additions  et  suppléé  les  omissions  d'après 
le  texte  grec.  L'ancienne  version  syriaque  des  Évangiles  est  donc 
apparentée  au  Codex  Bezae,  quoiqu'elle  ait  subi  l'influence  du  Dia- 
tessaron  syriaque  plus  profondément  que  le  texte  grec  de  ce  manus- 
crit n'a  subi  celle  du  Diatessaron  grec. 

10.  —  De  la  fin  du  ii'^  siècle  nous  passons  au  xx®  avec  une  nouvelle 
version  française  des  Saints Éi>angiles, ïsiite  parM. l'abbé  J.-B. Chabot. 
Elle  est  précédée  d'une  Introduction  historique  et  accompagnée  de 
nombreuses  notes  explicatives  avec  cartes  et  plans.  L'Introduction 
fournit  auxjecteurs  des  notions  historiques,  géographiques  et  archéo- 
logiques, nécessaires  à  l'intelligence  du  texte  évangélique.  L'auteur  a 
résumé  brièvement  l'enseignement  actuel  des  commentateurs  catho- 
liques Sur  l'origine,  le  but,  la  composition,  la  date  et  les  auteurs  des 
Évangiles.  Cet  exposé  succinct  est  généralement  exact  tt  fort  ins- 
tructif. Signalons  cependant  quelques  inexactitudes.  Au  commence- 
menfdu  xviii*^  siècle,  Mill  avait  déjà  relevé  30.000  variantes  du  texte 
grec  du  Nouveau  Testament;  depuis  lors,  on  en  a  constaté  d'autres 
dans  de  nouveaux  ma.oiiscrits.  La  Galilée  n'a  pas  reçu  son  nom  de  la 
présence  de  colons  idolâtres  transportés  de  l'Assyrie  (p.  24).  Son 
nom  signifie  «  cercle  »  et,  si  elle  est  appelée  «  cercle  des  païens  », 
c'est  qu'elle  a  toujours  compté  parmi  ses  habitants  des  Chananéens, 
descendants  des  anciens  maîtres  du  pays.  Le  naziréen  n'était  pas 
seulement  un  enfant  voué  par  ses  parents  au  nazirtat  (p.  40);  c'était 
n'importe  quel  Israélite  à  tous  les  âges  de  la  vie.  11  y  a  (p.  41  et 
107,  note)  confusion  entre  les  phylactères,  bandes  de  parchemin 
attachées  au  front  et  aux  bras  par  des  courroies,  et  la  mezouza, 
morceau  de  parchemin,  placé  dans  un  étui  aux  portes  des  maisons. 
Les  Évangiles  ne  nous  disent  pas  que  Notre-Seigneur  ait  rempli- 
«  plusieurs  fois  »  l'office  de  lecteur  à  la  synagogue  (p.  42)  ;  saint 
Luc  seul  parle  de  deux  lectures.  Si  la  Pâque  durait  sept  jours, 
elle  se  célébrait  du  15  au  21  nisan  et  non  du  14  au  21  (p.  50*); 
le  14  était  seulement  le  jour  des  préparatifs.  Les  coupes,  d'après  la 
Mischna,  n'étaient  pas  distribuées,  mais  chaque  convive  buvait  à 
son  verre.  Quelques  points  de  la  cène  évangélique,  reconstituée  (p. 
52*),  sont  controversés.  Voir  p.  440.  Si  on  compte  les  jours  à  la 
manière  juive,  du  soir  au  soir,  l'eucharistie  a  été  instituée  le  même 
jour  que  Jésus  est  mort.  On  discute  si  ces  deux  faits  ont  eu  lieu  le  14 
ou  le  15  nisan.  Il  est  donc  inexact  de  fixer  l'institution  de  l'eucharistie 
au  14  et  la  crucifixion  au  15  (p.  82*).  L'Introduction  se  termine  par 
un  tableau  chronologique  des  événements,  par  la  liste  des  principaux 
miracles,  paraboles  et  discours  de  Notre-Seigneur,  par  une  table 
alphabétique  des  noms  de  lieux  et  par  la  table  des  Évangiles  des 


—  202  — 

dimanches  et  fêtes  de  l'aiiiue  liturgique.  La  \'ersion  est  une  traduc- 
tion nouvelle,  faite  sur  la  vuli^ate  latine,  saj.s  recours  au  texte  grec, 
même  quand  la  leçon  latine  est  fautive,  la  faute  est  indiquée  seu- 
lement en  note.  Si  la  phrase  exige  quelques  mots  d'explication,  ils 
sont  mis  entre  crochets.  M.  Chabot  a  visé  à  l'exactitude  scrupuleuse» 
et  n'a  apporté  au  texte  aucune  modification.  11  a  fait  une  traduction 
aussi  littéral»'  que  possible,  afin  de  montrer  comment  les  évangélistes 
parlaient  en  grec.  11  n'a  pas  toutefois  méconnu  les  règles  de  la  syn- 
taxe française.  Ce  souci  de  littéralisme  donne  à  sa  traduction  un 
cachet  particulier.  Quelques  formules  différentes  de  celles  de  Sacy, 
auxquelles  nos  oreilles  sont  habituées,  n'étonneront  quje  les  per- 
sonnes qui  sont  plus  attachées  aux  usages  reçus  qu'au  scrupule  de 
la  fidélité  à  la  Vulgate.  L'ancienne  coupe  de  la  phrase  a  été  resti- 
tuée, Joa.,  I,  3,  4.  Les  notes  tendent  aussi  à  mettre  en  évidence 
le  sens  littéral  du  texte.  Elles  contiennent  cependant  parfois  des 
explications  morales  ou  allégoriques,  empruntées  aux  Pères 
de  l'Eglise.  Quelques-unes  répètent  des  détails  qui  ont  été  dbnnés 
déjà  dans  l'Introduction.  Elles  établissent  aussi  la  concordance 
entre  les  récits  parallèles.  L'ouvrage  est  imprimé  sur  un  papier 
solide  et  léger;  il  fait  honneur  aux  presses  de  Marne.  Je  n'ai  remar- 
qué qu'une  seule  faute  d'impression.  La  traduction  nouvelle  des 
Évangiles  destinée  aux  classes  instruites  de  la  société  chrétienn 
est  de  nature  à  faire  aimer  et  goûter  la  saveur  native  de  nos  Évan- 
giles. Nous  la  recommandons  chaudement. 

11.  —  Avec  une  érudition  exceptionnelle  et  au  prix  d'immenses 
lectures,  M.  Fillion  retrace  les  Étapes  du  rationalisme  dans  ses  atta- 
ques contre  les  Évangiles  et  la  vie  de  Notre- Seigneur  Jésus-Christ. 
Elles  sont  au  nombre  de  six  qui  s'échelonnent  depuis  le  milieu  du 
xviii^  siècle  jusqu'à  nos  jours.  Les  quatre  premières  partent  d'un 
nom  célèbre,  de  Reimarus,  de  Paulus,  de  Strauss  et  de  Baur.  Elles 
sont  plus  connues  en  France,  et  M.  Fillion  s'étend  moins  sur  elles. 
Il  se  borne  à  exposer  les  idées  de  leurs  chefs,  à  les  critiquer  et  il 
indique  les  réfutations  qu'on  en  a  faites  aussi  bien  que  les  disciples 
qui  se  sont  groupés  autour  des  premiers  maîtres  des  écoles  rationa- 
liste, naturaliste,  mythique  ou  tendancieuse.  Les  deux  autres  étapes 
embrassent  des  théories  plus  flottantes  et  plus  générales;  M.  Fillion 
les  nomme  l'étape  de  l'éclectisme  et  l'étape  du  syncrétisme  ou  de 
l'évolutionisme.  Le  nom  d'éclectisme  convient  surtout  aux  débuts  de 
cette  cinquième  étape.  La  pleine  floraison  de  l'éclectisme  aurait  pu 
être  mieux  caractérisée  soit  en  elle-même  soit  dans  ses  subdivisions. 
M.  Fillion  a  été,  me  semble-t-il,  mal  dirigé  par  une  phrase  de  Weinel 
(p.  1.35)  et  il  aurait  pu  distinguer  cette  époque  de  la  critique  par  les 
principes  suivis  plutôt  que  par  les  tâches  abordées.  J'y  distinguerais 


—  203  — 

■deux  périodes  :  celle  où  prédomine  la  critique  littéraire  des  sources 
et  celle  où  prédomine  la  critique  historique  des  événements  évangé- 
liques  ou  de  la  vie  de  Notre-Seigneur.  En  outre,  suivant  le  plan  de 
M.  Bousset,  indiqué  à  la  page  300,  j'aurais  fait  rentrer  l'étude  du 
judaïsme  contemporain  du  Sauveur  dans  le  stade  iniiial  de  la  sixième 
étape,  le  syncrétisme,  lorsqu'on  replace  le  christianisme  primitif 
dans  son  milieu  juif.  Enfin,  pour  achever  mes  critiques,  l'ordre  chro- 
nologique n'est  pas  toujours  suivi  dans  ces  deux  dernières  étapes  et 
la  marche  ascendante  de  certaines  théories  n'est  pas  mai  que  e.  Mais 
j'insiste  trop  sur  ces  défauts  de  plan  et  je  semble  perdre  de  vue  la 
masse  énorme  de  renseignements  biographiques,  bibliographiques  et 
critiques,  que  contient  ce  livre  de  mon  ancien  collègue.  Je  ne  saurais 
trop  l'admirer  et  le  louer.  Dans  un  dernier  chapitre,  qui  sert  d'épi- 
logue, M.  Fillion  retrace  avec  la  même  érudition  la  triste  lutte  pour 
l'existence  de  Jésus,  qui  se  poursuit  en  Allemagne  depuis  1909.  La 
conclusion  relève  avec  raison  les  consolations  qu'apporte  à  un  cœur 
chrétien  la  constatation  de  tant  d'efforts  inutiles  contre  les  Évangiles 
et  la  divinité  de  Notre-Seigneur  qui  demeurent  inébranlables  malgré 
les  assauts  réitérés  qu'ils  ont  subis.  Un  Index  alphabétique  permet  de 
retrouver  vite  dans  le  volume  toutes  les  pages  où  il  est  parlé  du 
même  personnage. 

12.  —  Pendant  l'hiver  de  1911,  M.  Albert  Valensin  a  donné,  aux 
Facultés  catholiques  de  Lyon, cinq  conférences  publiées  sous  ce  titre: 
Jésus-Christ  et  l'étude  comparée  des  religions.  La  première  envisage 
une  question  de  méthode  :  comment  se  pose  le  problème  christolo- 
gique  devant  la  science  comparée  des  religions  et  comment  un  catho- 
lique peut  et  doit  l'aborder.  Il  est  résolument  abordé  et  traité  dans 
les  quatre  conférences  suivantes.  La  seconde  place  les  Christs  my- 
thiques, c'est-à-dire  ceux  du  pan-bouddhisme  et  du  pan-babylo- 
nisme,  en  face  du  Christ  de  l'histoire,  dont  l'image  n'a  emprunté 
aucun  trait  ni  à  la  vie  légendaire  de  Bouddha  ni  aux  mythes  baby- 
loniens.'La  troisième  étudie  l'image  du  Christ  devant  le  syncrétisme 
gréco-romain  ;  elle  discute  les  analogies  qu'on  a  prétendu  trouver  • 
dans  la  vie  de  Jésus  avec  le  dieu  persan,  Mithra,  et  elle  exclut  le  Christ 
du  panthéon  romain.  La  quatrième  établit  les  rapports  réels  que 
Jésus,  Messie  d'Israël,  a  eus  avec  les  espérances  justes  ou  vaines  du 
peuple  juif,  et  elle  montre  comment  le  Sauveur  a  réalisé  les  unes  et 
déçu  les  autres.  La  cinquième  nous  présente  Jésus  comme  la  voie, 
la  vérité  et  la  vie,  et  sa  religion  comme-  satisfaisant  toutes  les  aspi- 
rations religieuses  des  âmes  et  comme  surpassant  de  très  haut  toutes 
les  autres  religions.  M.  Valensin  touche,  dans  ces  conférences,  à  beau- 
coup d'idées  répandues  dans  le  public  par  l'étude  comparée  des  reli- 
gions; il  n'a  pas  le  temps  de  les  approfondir;  il  ne  les  met  pas  même 


—  204  — 

toujours  au  point,  notamment  au  sujet  du  syncrc'titmo  gre'co-rtmain, 
où  il  ne  s'occupe  guère  que  du  mithriacisme  et  où  il  ne  dit  pas  un 
mot  du  système  préconisé  par  M.  Reitzenstein.  D'autre  part,  il  a 
donné  à  ses  conférences  une  allure  oratoire  qui  ne  sallie  pas  à  la 
précision  scientifique.  Ce  sont  de  hautes  envolées  et  des  généralités. 
Les  notes  finales  n'ajoutent  pas  grand'chose  au  corps  du  volume.  Les 
tables  facilitent  les  recherches. 

13.  —  Les  Neulestamentliche  Ahhandhut^en  de  M.  Meinertz  viennent 
de  publier  une  longue  monographie  sur  la  descente  de  Jésus  aux 
enfers  :  Die  Niederfahrt  Christi  in  die  U nterwelt .  C'est  la  première 
partie  d'une  thèse  présentée  à  la  Faculté  de  théologie  de  l'Université 
de  Fribourg  (Suisse)  pour  le  doctorat.  L'auteur,  M.  G schwind,  connaît 
aussi  bien  la  littérature  française  que  la  littérature  allemande  du 
sujet:  ce  qui  est  rare  dans  les  livres  qui  nous  viennent  d'Allemagne, 
mais  ce  qui  n'étonne  pas  d'un  élève  de  l'Université  de  Fribourg.  La 
monographie  se  divise  en  trois  sections  d'étendue  très  inégale.  La 
première,  qui  n'occupe  que  treize  pages,  signale  et  critique  l'aspect 
que  prend  la  descente  de  Jésus  aux  enfers  aux  yeux  des  partisans 
de  l'étude  comparée  des  religions.  La  seconde,  qui  compte  cent  trente 
pages,  est  consacrée  à  l'examen  de  deux  passages  de  la  première 
Épître  de  saint  Pierre,  m,  19,  et  iv,  6,  dans  lesquels  quelques 
exégètes  trouvent  l'affirmation  du  fait  de  la  descente  de  Jésus  aux 
enfers.  L'auteur  expose  d'abord  les  diverses  explications  qui  ont  été 
données  jusqu'ici  de  ces  deux  versets;  il  en  montre  ensuite  l'insuf- 
fisance. 11  étudie  en  premier  lieu  le  second  passage,  dont  le  sens  sert 
à  déterminer  la  signification  du  premier.  Les  inteiprétations  variées 
qu'on  en  a  données  montrent  son  cbscurité  et  sa  difficulté.  L'ejpli- 
cation  qui  lui  paraît  la  plus  naturelle  consiste  à  reconnaître  dans  les 
morts,  dont  il  est  parlé  aux  versets  5  et  6,  non  pas  les  défunts,  mais 
les  hommes  morts  au  point  de  vue  spirituel.  C'est  à  ce  sens  qu'il 
ramène  la  formule  du  verset  5  :  juger  les  vivants  et  les  morts,  et 
la  prédication  faite  aux  impies  qu'ils  seront  jugés  d'après  leurs  œu- 
vres charnelles  pour  les  amener  à  vivre  selon  Dieu  spirituellement. 
Il  n'y  est  donc  pas  question  de  la  descente  de  Jésus  aux  enfers.  Le 
premier  passage,  qui  est  plus  difficile  encore,  est  plus  longuement 
traité.  Le  texte  a  d'abord  besoin  d'être  établi  critiquement  avant 
d'être  interprété,  parce  qu'il  a  été  diversement  remanié  dès  la  plus 
haute  antiquité  chrétienne.  Son  authenticité  et  son  intégrité  admises, 
surgissent  des  explications  très  variées.  M.  Gschwind  combat  celles 
qui  y  voient  une  prédication  du  Christ  aux  âmes  des  contemporains 
de  Noé,  soit  qu'elles  aient  eu  avant  leur  mort  le  regret  de  leurs 
fautes,  comme  le  pensait  Bellarmin,  soit  que  le  Christ  les  ait  conver- 
ties dans  les  enfers,  comme  si  la  conversion  après  la  mort  était  pos- 
sible, ou  comme  s'il  s'agissait  des  anges  déchus  et  gardés  en  prison 


-  205  — 

dans  l'enfer.  11  rejette  l'explication  de  saint  Augustin,  qui  croyait  que 
Noé  avait  prêché  à  ses  contemporains  le  Christ  préexistant.  Suit  un 
long  essai  d'explication  nouvelle  du  verset.  La  marche  en  est  enche- 
vêtrée. Je  me  borne  à  en  indiquer  les  résultats.  La  suite  des  idées  est 
celle-ci  :  Il  vaut  mieux  être  bon  et  souffrir  si  Dieu  le  veut,  que  d'être 
mauvais  (verset  17),  et  ce  principe  est  illustré  par  deux  exemples, celui 
du  Christ,  qui  est  mort  pour  nos  péchés  (verset  18),  celui  des  esprits 
mauvais,  gardés  ouréservés  pour  le  jugement  dernier,  à  quile  Christ, 
en  remontant  au  ciel,  a  annoncé  le  jugement  qui  les  attend,  un  juge- 
ment pareil  à  celui  qui  a  frappé  les  hommes  incrédules  au  temps  de 
Noé.  11  n'est  donc  pas  question  non  plus  dans  ce  passage  de  la  descente 
aux  enfers.  Ces  deux  preuves  écartées,  l'auteur,  dans  la  troisième  sec- 
tion, en  cent  pages,  expose  le  fondement,  l'attestation  et  le  sens  pri- 
mitif du  Desccnsiis  Cltristi  ad  inferos.  Le  fait  est  conforme  aux  idées 
juives  sur  la  mort  et  l'enfer  à  l'époque  néo-testamentaire;  c'est  un 
postulat  des  doctrines  juives  sur  le  sort  des  âmes  séparées  après  la 
mort  et  avant  la  résurrection.  Il  est  attesté  dans  le  Nouveau  Testa- 
ment par  le  signe  de  Jonas,  Matth.,  xii,  40,  dans  le  discours  de 
saint  Pierre,  le  jour  de  la  Pentecôte,  Act.,ii,  23-31,  par  les  affirmations 
de  saint  Paul,  Rom.,  x,  6;  Eph.,  iv,  8-10.  La  doctrine  du  Messie 
souffraftt  et  mourant  est  enfin  un  fondement,  secondaire  de  la  des- 
cente du  Christ  aux  enfers.  Quant  à  la  signification  du  fait,  elle  est 
double  :  elle  montre  le  Christ  portant  aux  âmes  détenues  dans  les 
enfers  l'annonce  du  salut  qu'il  leur  a  mérité  par  sa  mort,  et  rempor- 
tant la  victoire  sur  les  puissances  infernales  et  sur  la  mort  elle-même 
par  sa  résurrection.  Deux  tables,  indiquant  l'une  les  passages  bibli- 
ques cités  et  formant  l'autre  le  registre  des  noms  propres,  permettent 
àe  se  retrouver  dans  ce  travail  touffu,  mais  très  important. 

14.  ■ — •  Le  Père  Scheil  a  confié  à  M.  l'abbé  Legrain  le  soin  de  dresser 
le  Catalogue  des  cylindres  orientaux  de  la  collection  Louis  Cugnin,  et 
il  a  revu  le  travail  de  son  élève.  Ces  cylindres  sont  au  nombre  de 
71  et  ils  reproduisent  des  cachets  de  toutes  les  époques  depuis  les 
origines  de  la  civilisation  sumérienne  (vers  3000  avant  J.-C),  dans 
les  plaines  du  Bas-Euphrate,  jusqu'au  temps  de  la  domination  perse. 
L'auteur  en  a  donné  une  description  complète  et  technique;  il  les  a 
rapprochés  d'autres  cylindres  déjà  publiés  en  vue  de  faciliter  et  de 
confirmer  leur  interprétation.  Il  a  ainsi  fourni  aux  spécialistes  des 
renseignements  nouveaux  pour  l'étude  des  dieux,  des  pratiques  reli- 
gieuses, des  idées,  des  mœurs  et  de  l'art  de  ces  anciennes  populations. 
La  reproduction  phototypique  des  71  cachets  permet  de  contrôler 
la  description  faite,  et  des  tables  bien  dressées  groupent  les  principaux 
1  enseignements  produits.  C'est  un  travail  de  bon  augure  pour  de 
plus  importantes  publications.  E.   Mangenot. 


—  206  — 
BEAUX-ARTS 

{Suite.) 

OrvRAGKS  GÏ'.xP'K  \r  >:.  —  !?!.  Histoire  df  fart  depuis  les  premiers  temps  chrétiens- 
jusqu'à  nos  jours,  publiée  sous  la  dii'crtion  do  Aivcrk  Micjiei,.  T.  IV,  La  fienais- 
sance.  seconde  partie.  Paris,  ("olin,  191 1,  in-4  de  512  p.,  avec  325  grav.  et  5  plan- 
ches hors  texte,  15  fr.  —  22.  Manuels  d'histoire  de  l'art.  L' Architecture.  Antiquité, 
par  François  Penoit.  Paris,  Laurens,  191!,  in-8  de  vi!-575  p..  :'.vec  351  grav., 
10  'r.  —  23.  Manuels  d'histoire  de  l'art.  Les  Arts  de  la  terr",  crramique,  verrerie, 
émaillerie,  moscîfue,  vitrail,  par  René  Jean.  Paris,  Laurens,  1911,  in-8  de  480  p., 
avec  198  grav.  et  3  cartes.  10  fr.  —  2'».  Graphique  d'histoire  de  Fart,  par  Joiseph 
G.\iTTHiER.  Paris,  Plon-Nourrit,  1911,  in-8  de  vii-224  p.,  avec  fi65  fig.,  3  fr,   50. 

—  25.  Traité  de  composition  décorative,  par  Joseph  ClAUTHiEuet  l-ouiS.CArELT.E. 
Paris,  Plon-Nourrit,  1911,  in-8  de  v-398  p.,  avec  53  pi.  et  865  fig.,  5  fr.  —  26. 
L'Art  de  reconnat're  les  styles.  Architecture.  Ameublement,  par  Émiie-Bayard. 
Paris,  Garnier,  s.  d.,  in- 12  de  459  p.,  avec  280  grav.,  4  fr.  —  27.  L'Art  de  reron- 
nnîre  les  styles.  Le  Style  Louis  XVI,  par  Émile-Rayard.  Paris,  Garnier,  s.  d., 
in- 12  de  288  p.,  avec  160  grav..  4  fr. 

Musées,  collections.  —  28.  Musées  et  collections  de  France.  Le  Musée  de  Tours, 
par  Pail  Vitry.  Paris,  Laurens,  1911,  in-8  de  lxviii  p.,  avec  122  grav.,  10  fr. 

—  29.  Les  Richesses  d'art  de  la  ville  de  Paris.    Les  Jardins  et  les  squares,  par  Ro- 
bert  Hénard.   Paris,   Laurens,   1911,  in-8  de  276  p.,  avec  64  pi.  hors  texte, 
8  fr.  —  30.  Les  Richesses  d'art  de  la  ville  de  Paris.  Les  Musées  municipaux,  pa  r 
Maurice  Quentin-Bauchart.  Paris,  Laurens,  1912,  in-8  de    198  p.,  avec  64  pi. 
hors  texte,  8  fr. 

Biographies  et  écrits  d'artistes.  —  31.  Les  Grands  Artistes.  Les  Primitifs  fran- 
çais, par  Louis  Dimier.   Paris,   Laurens,  s.   d,,  in-8  de  128  p.,  avec  24  grav., 

2  fr.  50.  —  32.  Les  Grands  Artistes.  Mantegna,  par  Anprf  Blkm.  Paris,  Laurens, 
s.  d.,  in-8  de  128  p.,  avec  24  grav.,  2  fr.  50.  —  33.  Les  Grands  Artistes.  Renve- 
nuto  Cellini.  par  Henri  Focillon.  Paris,  Laurens,  s.  d.,  in-8  de  128  p.,  avec  24 
grav.,  2  fr.  50.  —  34.  Les  Maîtres  de  l'art.  Giovan- Antonio  Razzi,  dit  le  Sodoma, 
par  L.  GiELLY.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  petit  in-8  de  187  p.,  avec  24  grav., 

3  !'r.  50.  —  35.  L'Art  de  notre  temps.  Daumier,  par  Léon  Rosfnthal.  Paris, 
Librairie  centrale  des  beaux-arts,  s.  d.,  petit  in-4  de  114  p.,  avec  48  photo- 
gravures, 3  fr.  50.  —  36.  Grèce,  ou  le  Secret  de  Tolède,  par  Maurice  Barrés. 
Paris,  Émi!e-Paul,  1912,  in-18  de  189  p.,  avec  24  illustrations,  3  fr.  50.  —  37. 
Gérard  Dou,  sa  vie  et  son  œuvre,  par  W.  Martin;  trad.  du  hollandais  par  Loi/is 
DiMiER.  Paris,  Jouve,  1911,  in-8  de  229  p.,  avec  16  pi.  hors  texte,  cartonné,  12fr.  — 
38.  Traité  de  la  peinture  de  Léonard  de  Vinci,  trad.  intégralement  et  accompagné 
de  commsntnires  par  PÉLADAN.  Paris,  Delagrave,  s.  d.,  in-8  de  247  p.,  avec  '40 
grav.,  7  fr.  50.  —  39.  L'Œuvre  littéraire  de  Michel- Ange,  n' après  les  archive^ 
Ruonaroti,  etc.,  trad.  par  Boyer  d'AcEN.  Paris,  Delagrave,  s.  d.,  in-8  de  19ii  p., 
avec  26  pi.  hors  texte,  7  fr.  50.  —  40.  Quatre  Dialogues  sur  la  peinture  de  Francisco 
de  Hollanda,  Portugais,  mis  en  français  par  Léo  Rouanet.  Paris,  Champion, 
1911,  in- 12  de  xxxiii-239  p.,  avec  2  grav.,  5  fr.  —  41.  Écrits  d'amateurs  et  d'ar- 
tistes. Paul  Huet  d'après  ses  notes,  sa  correspondance,  ses  contemporains.  Documents 
recueillis  et  précédés  d'une  notice  biographique  par  son  fils  René-Paul  Huet. 
Paris,  Laurens.  1911,  in-8  de  vi-543  p.,  avec  17  pi.  hors  texte,  15  fr.  —  42. 
Les  Membres  de  l'Académie  des  beaux-arts  depuis  la  fondation  de  l'Institut,  par 
Albert  Souries.  Troisième  série,  1852-1876.  Paris,  Flammarion,  1911,  in-8  de 
314  p.,  6  fr.  —  43.  Causeries,  réflexions  et  souvenirs  sur  la  peinture,  par  J.-F.-C, 
Clère.  2«éd.,  Paris,  Henry  Paulin,  s.   d.,  petit  in-8  de  vii-446  p.,  4  fr,   50. 

Voyages  d'art.  —  44.  En  flânant.  A  travers  la  France.  Autour  de  Paris,  par  An- 
dré Hallays.  Paris,  Perrin,  1910,  petit  in-8  de  iii-313  p.,  avec  32  grav.,  5  fp, 
— -  45.  En  flânant.  A  travers  l' Alsace,  par  André  Hallays.  Paris,  Perrin,  1911,  petit 
in-8  de  iii-342  p.,  avec  36  grav.,  5  fr.  —  46,  En  flânant.  A  travers  la  France. 
Provence,  par  André  Hallays.  Paris,  Perrin,  1912,  in-8  de  1-367  p.,  avec  28 
grav.,  5  fr.  —  47.   Italica.    Impressions   et   .souvenirs,    par    Joseph    L'Hôpital. 


—  207  — 

Parisi,  Pei'riii,  î909,  in-!6  de  xv-2:;9  p.,  3  fr.  50.  —  48.  Toscane  et  Ombrie.,  par 
(Jaston  GrSxdgeorge.  Paris,  PJon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  ii-29i  p.,  3  fr.  50. 
—  '(9.  Terres  antiques.  La  Sicile,  par  Achille  Segaiu).  Paris,  Plon-Nourrit,  1909. 
i(i-l6  de  1-330  p.,  3  fr.  50.  —  50.  Quinze  Jturs  à  Naples,  par  André  Maukel. 
Paris,  Hachette,  s.  d.  (1912),  iii-I6  de  211  p.,  avec  124  grav.  et  16  plans,  cart. 
toile,  7  fr.  50.  —  51.  Les  Villes  d'art  célèbres.  Naples  et  son  golfe,  par  Eunest 
LÉMONON.  Paris,  Laureiis.  1911,  in-8  de  172  p.,  avec  121  grav.,  4  fr.  —  52. 
Les  Villas  d'art  célèbres.  Dresde,  Freiberg  et  Meissen.  par  Georges  Serviéres. 
Paris,  Lauren"^,  1911,  in-8  de  164  p.,  avec  119  gr.iv. ,   4  ''r. 

Ouvrages  généraux.  —  21.  —  La  grande  Histoire  de  l'art  que 
dirig'i  M.  André  Michel  est  parvenue  au  milieu  de  son  cours  :  des  seize 
volumes  qu'elle  doit  comprendre,  le  huititme  vient  d'êtie  achevé.  Il 
continue  l'étude  de  la  llenaissance,  dont  il  nous  montre  l'épanoiiisse- 
ment  en  France,  en  Espagne  et  au  Portugal.  La  tâche  a  été  répartie, 
pour  la  France,  de  la  façon  suivante  :  M.  Paul  Vitiy  s'est  chargé  de 
l'architecture,  M.  André  Michel  de  la  sculpture,  M.  Jean  de  Foville 
des  médailles  et  monnaies,  M.  le.  comte  Durrieu  de  la  peinture,  M. 
Emile  Mâle  du  vitrail.  11  était  impossible  de  choisir  des  collabora- 
teurs mieux  préparés;  il  eût  été  difficile  d'en  trouver  d'autres.  Ja- 
mais encore  cette  période  assez  obscure  de  l'art  français,  période  de 
transition,  qui  commence  par  le  plus  délicat  mélange  des  influences 
du  Nord  et  du  Midi  pour  s'acheminer  peu  à  peu  vers  une  servilité 
extrême  aux  suggestions  de  l'Italie,  n'avait  été  débrouillée  aussi 
patiemment,  ni  analysée  avec  cette  ampleur.  Et  le  grand  chapitre 
par  lequel  se  termine  le  volime,  l'étude  de  la  Renaissance  en  Espa- 
gne et  en  Portugal,  entièrement  neuf  pour  des  lecteurs  français,  nous 
apporte,  groupées,  ccmplétées,  animées  par  le  beau  talent  de  M.  Emile 
Bertaux,  et  enrichies  par  ses  soins  d'illustrations  inédites  irfir  ment 
précieuses,  les  découvertes  les  plus  récentes  de  l'érudition  d'outre- 
Pyrénées. 

22.  —  C'est  un  livre  d'une  originalité  forte  et  austère  que  le  tome 
l^ï",  consacré  à  Y  Antiquité  ^  du  grand  Mauuel  de  V  Architecture  donné  à 
la  librairie  Laurens  par  M.  François  l'enoit,  le  brillant  professeur 
d'histoire  de  l'art  à  la  Faculté  des  lettres  de  Lille.  Égalant  presque 
par  son  ampleur  les  magnifiques  monographies  de  M.  Choisy,  il  les 
dépasse  par  sa  portée;  on  y  voit  l'analyse  s'acheminer  parmi  les  civi- 
lisations méditerranéennes,  et  s'associer,  en  même  temps  qu'à  l'his- 
toire générale,  aux  sciences  géographiques,  géologiques,  et  même  à 
la  mécanique;  partout  l'enquête  minutieuse  se  subordonne  aux  con- 
ditions naturelles  et  humaines,  et  se  laisse  diriger  par  une  logique 
intime.  Le  commentaire  graphique  du  texte,  vraiment  perpétuel, 
prend  la  forme  de  dessins  schématisés  où  apparaissent  tous  les  types 
de  constructions  et  de  décors,  dans  leur  développement  successif  ou 
simultané.  L'érudition  s'y  fait  abordable  à  tous  les  lecteurs;  nulle 
part  elle  ne  se  hérisse  de  termes  spéciaux  redoutables  auX:  profanes, 


—  208  — 

ou,  s'il  lui  faut  les  employer,  elle  les  accompagne  de  leurs  équivalents 
les  plus  clairs,  elle  les  vulgarise.  Des  notes  historiques,  une  biblio- 
graphie considérable,  un  bon  index  ajoutent  aux  services  que  ne  peut 
manquer  de  rendre  un  ouvrage  aussi  bien  adapté  aux  besoins  de  l'en- 
seignement. 

23.  —  Pourquoi  M.  ]\ené  Jean  n"a-t-il  pas  donné  à  son  excellent 
manuel  un  titre  plus  large  :  Les  Arts  de  la  terre  —  et  du  feu  ?  Car 
enfin  s 'il  s'agitdel'émailjdu  vitrail  ou  de  la  mosaïque,  c'est  l'œuvredu 
feu  avant  tout  que  nous  admirons;  mais  il  est  vrai  de  dire  que  leur 
origine  commune  est  la  terre.  Ce  manuel  se  compose  de  plusieurs 
parties  adroitement  soudées.  La  première,  qui  tient  exactement  la 
moitié  du  volume,  sous  une  rubrique  générale  :  L'Argile,  comprend 
une  histoire  forcément  sommaire  par  endroits,  mais  très  élégamment 
conduite,  de  la  céramique  depuis  l'antiquité  jusqu'à  nos  jours; les 
quatre  autres  parties,  la  verrerie,  l'émaillerie,  la  mosaïque  et  le  vitrail, 
mettent  en  œuvre,  avec  un  goût  des  plus  délicats,  tous  les  renseigne- 
ments essentiels  et  les  dernières  recherches  de  l'érudition.  Le  très 
aimable  et  actif  conservateur  de  la  Bibliothèque  Doucet  est  installé, 
par  ses  fonctions  mêmes,  au  centre  des  informations  les  plus  abon- 
dantes et  les  plus  sûres  ;  et  il  sait  nous  en  faire  profiter.  L'illustration 
de  son  livre,  exécutée  avec  grand  soin,  présente,  surtout  pour  la  céra- 
mique, un  choix  suffisamment  varié  des  pièces  les  plus  remarqua- 
bles. 

24,  25.  —  Le  Graphique  d'histoire  de  l'art  de  M.  Joseph  Gauthier, 
professeur  à  l'École  des  beaux-arts  de  Nantes,  est  un  sommaire  très 
pratique,  par  tableaux  bien  groupés,  des  différentes  phases  et  des 
différentes  formes  de  l'art  à  travers  les  âges  et  les  peuples.  De  petites 
figures,  schématiques  pour  la  plupart,  en  général  fort  bien  choisies, 
aident  à  l'intelligence  d'un  texte  ingénieusement  distribué,  qui  ren- 
dra d'utiles  services  aux  débutants.  —  Le  Traité  de  composition 
décorative,  où  le  même  auteur  a  eu  pour  collaborateur  un  architecte, 
M.  Louis  Capelle,  également  professeur  à  Nantes,  est  une  véritable 
encyclopédie  où  de  l'étude  successive  des  éléments  géométriques  et 
des  éléments  naturels  se  dégagent  les  lois  nettes  et  rigoureuses  de 
la  stylisation  et  du  décor.  Cet  ouvrage  contient,  notamment  dans  les 
chapitres  consacrés  à  la  flore  et  à  la  faune  ornementales,  les  observa- 
tions les  plus  justes  et  les  plus  sages,  que  les  jeunes  élèves  des  écoles 
de  dessin  auront  tout  profit  à  méditer;  toutefois  l'illustration,  d'un 
goût  très  personnel,  s'écarte  parfois  trop  volontiers  des  modèles  clas- 
siques, et  les  auteurs  sont  portés  à  confondre  la  stylisation  avec  \e 
style.    .  -. 

26,  27.  —  M.  Emile  Bayard,  qui  porte  le  nom  d'un  dessinateur 
spiritud  et  charmant,  cher  aux  jeunes  lecteurs  de  la  Bibliothèque 


—  209  — 

rose  et  des  romans  de  M"^*^  de  Ségur,  a  entrepris  sous  ce  titre  :  L' Art 
de  reconnaîre  les  styles,  une  série  de  manuels  pratiques,  remplis 
d'observations  judicieuses,  et  très  abondamment  illustrés.  Le 
premier  est  une  sorte  d'Introduction  générale,  causerie  agréable  et 
sans  prétentions,  qui  va  des  puissantes  œuvres  des  arts  anciens  jus- 
qu'aux derniers  raffinements  de  l'incohérence  moderne,  cataloguant 
parfois,  appréciant  toujours  avec  un  goût  avisé  et  sûr.  Le  second, 
qui  étudip  spécialement  le  Style  Louis  XVI,  nous  fait  connaître  par 
ses  descriptions,  par  son  illustration  surtout,  les  minutieux  détails 
d'un  luxe  qui  atteignit  peut-être,  dans  l'ameublement  tout  au  moins, 
la  plus  délicieuse  perfection,  à  la  veille  du  jour  où  la  Révolution, 
interrompant  brusquement  toute  une  longue  et  savante  tradition, 
allait  obliger  l'art  français  à  se  refaire,  sans  principes  assurés,  une 
éducation  nouvelle  et  singulièrement  appauvrie. 

Musées,  collections.  —  28.  —  Bien  des  trésors,  que  l'on  ne 
soupçonne  guère,  ont  un  abri  dans  nos  musées  de  province,  et  c'est 
faire  œuvre  utile  que  d'en  répandre  la  connaissance.  Après  le  Musée 
de  Grenoble,  voici  que  la  librairie  Laurens  nous  présente  le  Musée  de 
Tours,  dont  toutes  les  œuvres  d'art,  soigneusement  reproduites,  for- 
ment un  bel  album  d'une  centaine  de  planches.  Il  y  a  là  des  peintures 
italiennes  célèbres,  les  deux  fragments  de  la  prédelle  du  Mantegna  de 
Vérone,  dont  le  panneau  central  est  au  Louvre,  des  Rubens,  et  sur- 
tout des  toiles  intéressantes  de  l'école  française  du  xvii*^  et  du  xviii^ 
siècle,  parmi  lesquelles  des  Le  Sueur,  plusieurs  Boucher,  un  Perroneau^ 
et  nombre  d'œuvres  nullement  négligeables  de  maîtres  secondaires; 
parmi  les  modernes,  un  beau  Delacroix  occupe  le  premier  rang,  et  le 
portrait  de  Balzac,  par  Louis  Boulanger,  tout  frémissant  de  vie  et 
d'ardeur,  est  un  admirable  document  pour  l'iconographie  du  grand 
omancier.  Des  sculptures,  des  tapisseries,  des  meubles  complètent 
ce  bel  ensemble  maintenant  installé  dans  l'ancien  palais  des  arche- 
vêques. Le  catalogue  a  été  dressé  très  soigneusement  par  M.  Paul 
Vitry,  conservateur  au  Musce  du  Louvre,  à  qui  l'on  doit  déjà  un  ex- 
cellent volume  sur  Tours,  publié  par  la  même  librairie  dans  sa  collec- 
tion des  «  Villes  d'art  célèbres  ». 

29,  30.  —  La  jolie  et  utile  collection  des  Richesses  d'art  de  la  ville 
de  Paris  comprend  déjà  six  volumes.  Des  deux  derniers,  l'un,  dû  à 
l'érudition  et  au  goût  très  sûrs  de  M.  Robert  Hénard,  conservateur- 
adjoint  du  Petit  Palais  des  Champs  Elysées,  nous  décrit  l  s  Jardins 
et  les  squans.  On  y  trouvera  les  plus  précieux  renseignements  sur 
tous  ces  coins  fleuris  et  verts,  parfois  terriblement  exigus,  où  respire 
et  se  repose  la  grande  ville;  c'est  toute  une  histoire,  continuée  d'âge 
en  âge,  de  Paris  vu  par  le  dehors.  Mais,  s'il  s'agit  des  grands  jar- 
dins qui  sont  le  luxe  en  même  temps  que  la  santé  de  Paris,  de  Vin- 
Mars  11>12.  t.  CXXIV.  14. 


—  210  - 

cennes  à  Boulogne,  de.  Montsouris  et  du  Luxembourg  à  Monceau  et 
aux  Buttes-Chauniont,  le  livre  de  M.  Robert  llénard  nous  apporte 
un  ensemble  de  monographies,  dont  le  texte  fort  attachant  est  encore 
embelli  par  un  choix  judicieux  d'illustrations  aussi  agn'ables  que 
variées.  —  Le  second  volume,  qui  traite  des  Must'es  municipaux,  est 
dû  au  regretté  Maurice  Quentin-Bauchart  ;  un  peu  rapide,  un  peu 
sommaire  peut-être  sur  quelques  points,  c'est  un  exposé  agréable  et 
brillant  des  richesses  réparties  en  cinq  principaux  édifices,  le  Petit 
Palais,  l'hôtel  Carnavalet,  la  maison  de  Victor  Hugo,  les  Musées  Gal- 
liera  et  Cernuschi;  descriptions  et  anecdotes  s'y  encadrent  de  gra- 
vures où  sont  reproduits  avec  grand  soin  les  meilleurs  objets  d'art. 

Biographies  et  écrits  d'artistes.  —  31  à  33.  —  Trois  nouveaux 
volumes  ont  paru  dans  la  collection  des  Grands  artistes  de  la  librairie 
Laurens.  Le  premier  est  de  la  plus  haute  importance  par  les  graves 
et  nombreuses  questions  que  l'on  y  trouve  agitées  en  peu  de  pages. 
Il  traite  des  Primitifs  français,  et  a  pour  auteur  notre  collaborateur 
et  ami  M.  Louis  Dimier,  spécialiste  en  la  matière.  Reprenant  avec 
une  érudition  patiente  les  vives  polémiques  dont  l'Exposition  orga- 
nisée en  1904  par  le  regretté  Bouchot  fut  la  première  occasion,  M.  Di- 
mier s'attache  à  établir  non  pas  l'existence,  mais  plutôt  l'incohérence 
des  efforts  de  l'art  français,  avant  que  l'Italie,  au  xvi^  siècle,  lui 
ait  ouvert  sa  véritable  voie.  11  passe  en  revue  les  œuvres  de  pein- 
ture qui  nous  sont  parvenues,  à  l'exception  des  miniatures,  étudiées 
en  un  autre  volume  de  la  même  collection,  et  il  n'a  pas  de  peine 
à  nous  montrer  le  petit  nombre  de  celles  dont  on  peut  garantir  l'ori- 
gine française.  Ne  va-t-il  pas  un  peu  loin  dans  les  conclusions  de  sa 
plaidoirie?  Je  le  croirais  volontiers,  et  surtout  je  ne  le  suivrai  point 
dans  son  apologie  de  l'art  franco-italien  de  la  Renaissance;  mais 
son  livre,  même  en  l'absence  de  notes,  que  n'admet  malheureusement 
pas  le  plan  de  la  collection,  sera  lu  et  discuté,  comme  il  a  été  écrit, 
avec  passion.  —  M.  André  Blum  a  résumé  en  un  travail  nettement 
et  sagement  distribué  tout  ce  que  l'on  sait  delà  vie  et  de  l'œuvre  de 
Mantegna.  —  M.  Henri  Focillon  a  étudié  et  jugé  avec  enthousiasme 
le  génie  riche,  exubérant,  excessif  et  inégal  de  Benvenuto  Cellini; 
ses  pages  fortement  documentées  vibrent  d'un  bout  à  l'autre  d'une 
sympathie  qui  surprend  parfois,  mais  qui  sait  se  communiquer. 

34.  —  Dans  la  collection  des  Maîtres  de  l'art,  M.  Gielly  a  donné  une 
intéressante  étude  sur  le  Sodoma,  peintre  puissant  et  voluptueux, 
tenu  jusqu'en  ces  dernières  années  pour  un  des  meilleurs  élèves  du 
Vinci.  L'érudition  italienne  et  anglaise  a  fait  justice  de  cette  légende, 
et  montré  dans  le  Piémont  les  origines  d'un  art  d'ailleurs  très  person- 
nel, mais  qui  ne  va  pas  sans  une  pointe  de  sensualité  morbide. 
L'analyse  des  œuvres,  tableaux  et  fresques,  dont  un  catalogue  très 


—  211  — 

complet  termine  le  volume,  est  faite  avec  un  sentiment 
généralement  fort  juste,  une  critique  attentive  à  séparer  le 
bon  et  l'exquis  de  l'ordinaire  et  du  médiocre,  trop  fré- 
quents chez  ce  grand  artiste  inégal,  dont  l'illustration  même 
du  livre  suffit  à  faire  apprécier,  auprès  de  trouvailles  de  génie, 
l'excessive  et  molle  facilité. 

35.  —  11  serait  vain  de  louer  longuement  la  récente  collection  de 
biographies  d'artistes  modernes,  intitulée  :  «  L'Art  de  notre  temps  r, 
qui  vient  de  changer  d'éditeur,  mais  sans  changer  d'aspect;  la  fa- 
veur publique  lui  a  fait  un  succès  mérité.  La  nouveauté  de  ces  jolis 
volumes,  c'est  d'être  avant  tout  des  albums;  l'image  y  tient  la  pre- 
mière place.  Nulle  part  mieux  que  dans  un  livre  sur  Daumier,  il 
n'était  nécessaire  de  donner  de  parfaites  reproductions  :  dans  ces 
photogravures  pourtant  bien  réduites,  le  blanc  et  le  noir  des  litho- 
graphies originales  ont  gardé  toute  leur  valeur;  on  s'attardera  avec 
un  vif  plaisir  à  en  admirer  la  puissante  ironie,  et  on  ne  lira  pas  avec 
un  moindre  intérêt  les  commentaires  ingénieux  et  vivants  et  la  no- 
tice où  M.  Léon  Rosenthal,  excellent  historien  de  la  peinture  rcman- 
tique,  a  su  dégager  l'originalité  de  l'admirable  peintre  trop  longtemps 
méconnu. 

36.  ■ —  Voici  encore  un  petit  livre  où  il  y  a  des  images,  bien  choisies, 
parfaitement  exécutées,  etïort  propres  à  donner  l'idée  du  peintre  dont 
elles  accompagnent  la  biographie;  n\ais  il  £e  trouve  que  ce  peintre 
est  Greco,  et  que  son  biographe  est  M.  Maurice  Barrés,  qui  a  décou- 
vert, en  étudiant  Greco,  le  Secret  de  Tolède.  Alors,  qu'est-ce  que 
nos  pauvres  images?  il  y  en  a  bien  d'autres,  et  qui  vont  se  fixer  au 
plus  profond  de  l'âme,  se  levant  brusquement  du  milieu  de  ces  lignes 
amères  et  disciplinées  comme  les  bosquets  de  buis  d'un  Versailles  où 
l'on  entendrait  par  moments  les  échos  des  violons  romantiques.  Pour 
une  fois  que  M.  Barrés  s'est  amusé  à  la  critique  d'art,  il  nous  a 
donné  le  vrai  modèle  d'un  jeu  de  l'intelligence,  dont  les  érudits  le  plus 
souvent  ne  font  qu'un  lourd  casse-tête;  il  a  ressuscité  l'âme  d'un 
peintre,  pour  l'incorporer  à  une  ville.  A  quoi  bon  franchir  les  Pyré- 
nées maintenant?  J'ai  vu,  je  connais  Tolède. 

37.  —  Nou-.  devons  être  reconnaissants  à  M.  Louis  Dirnier^  déjn 
loué  plus  haut,  qui  nous  apporte  une  excellente  biographie  d'un  des- 
plus célèbres  parmi  les  petits  maîtres  hollandais,  Gérai  d  Dou.  C'est 
la  traduction,  élégante  et  précise,  d'un  livre  du  savant  directeur  du 
Musée  royal  de  La  Haye,  M.  \^'.  Martin,  livre  dont  le  mérite  n'est 
pas  seulement  de  nous  raconter  par  le  menu  la  vie  et  les  travaux  de 
l'artiste,  mais  aussi,  et  surtout  peut-être,  de  nous  présenter  un  ta- 
bleau des  plus  pittoresques  et  des  plus  exacts  des  mœurs  et  des  habi- 
tudes des  peintres  de  ce  temps.  Le  commerce  des  arts,  les  relations 


avec  les  amateurs,  les  goûts  et  les  amusements  de  toute  une  société 
nous  apparaissent  ici  dans  la  lumière  de  documents  nombreux  et 
habilement  interprétés;  le  chapitre  sur  «  Un  Atelier  de  peintre  au 
xvii^'  siècle  »  est  une  des  plus  parfaites  et  délicates  reconstructions 
que  l'on  puisse  souhaiter  du  vieil  édifice  de  la  peinture  hollandaise. 
Le  catalogue  raisonné  des  œuvres  de  Gérard  Dou,  qui  termine  le  vo- 
lume, tel  que  M.  Dimier  l'a  conçu,  c'est-à-dire  corrigé  et  complété 
d'après  le  texte  de  M.  Martin,  est  appelé  à  rendre  aux  historiens  d'art 
les  plus  signalés  services.  Enfin,  l'éditeur  a  enrichi  ce  volume  très  soi- 
gneusement imprimé  d'un  choix  de  bonnes  planches  photographi- 
ques, qui  donnent  une  idée  suffisante  de  tableaux  de  genre  dont  le 
fini  et  le  poli  sont  poussés  jusqu'aux  extrêmes  limites. 

38.  —  D'admirables  publications,  poursuivies  avec  un  zèle  patient 
et  désintéressé  par  de  récents  éditeurs,  ont  enfin  rendu  accessibles  à 
l'étude  les  nombreux  manuscrits  de  Léonard  de  Vinci;  ce  n'est  pas 
à  dire  que  l'on  puisse  aisément  s'y  diriger;  et  d'ailleurs  le  prix  exces- 
sivement élevé  de  ces  facsimilés  superbes  leur  défend  de  se  caser  ail- 
leurs qu'aux  bibliothèques  publiques.  La  France,  où  cependant  fut 
imprimé  pour  la  première  fois,  en  1651  et  1652,  le  Traité  de  la  pein- 
ture, ne  possédait  aucune  édition  moderne  de  ce  bréviaire  des  artistes, 
où  le  peintre  philosophe  a  lentement  rassemblé  le  trésor  de  ses  obser- 
vations, l'expérience  de  sa  vie  entière.  M.  Péladan,  depuis  longtemps 
préparé  à  ce  travail  par  ses  études  d'esthétique,  vient  de  traduire 
intégralement  le  texte  de  Léonard,  tel  que  l'éditeur  allemand  Ludwig 
l'avait  mis  au  jour  d'après  le  manuscrit  du  Vatican.  Sa  traduction  est 
classée  dans  un  ordre  logique,  complétée  par  de  nombreux  fragments 
tirés  des  autres  manuscrits  du  maître,  enfin  commentée  avec  le  goût 
le  plus  délicat  et  le  plus  sûr.  Bien  que  ce  livre,  par  son  prix  fort  mo- 
dique, ait  un  caractère  nettement  populaire,  il  n'en  faut  pas  moins 
remercier  l'éditeur  de  l'avoir  enrichi  d'une  abondante  illustration,  qui 
se  compose  d'abord  de  réductions  des  figures  démonstratives  des 
éditions  du  xvii^  siècle,  ensuite  et  surtout  de  reproductions  photogra- 
phiques d'après  les  plus  beaux  dessins  de  Paris,  de  Florence  et  de 
Milan;  toutes  simples  et  ordinaires  que  soient  ces  reproductions  en 
noir,  elles  laissent  transparaître  un  peu  de  l'âme  profonde  que  nous 
devinons  au  travers  des  lignes  trop  serrées  et  touffues  du  texte. 

39.  —  L'Œiwre  littéraire  de  Michel-Ange  diffère  absolument  de 
celle  de  Léonard  de  Vinci;  elle  se  réduit  à  unrecueilde  poésies  souvent 
grandioses,  et  à  une  correspondance  assez  abondante,  qui  nous  a  été 
heureusement  conservée.  M.  Boyer  d'Agen,  à  qui  nous  devons  déjà 
tant  d'excellentes  publications  sur  l'Italie  des  papes  et  des  arts,  a 
composé  avec  amour,  à  la  gloire  du  peintre  de  la  Sixtine,  un  recueil  de 
traductions  pour  la  première  fois  complètes,  et  qui  comprennent, 


—  213  — 

outre  les  lettres  et  les  poésies,  la  vie  du  maître,  rédigée  par  son  dis- 
ciple Ascanio  Condivi.  H  y  avait  là  les  ékments  suffisants  d'un  beau 
livre,  dont  la  librairie  Delagrave  a  voulu  faire  l'exact  pendant  du 
Traité  de  Léonard,  précédemment  publié;  des  planches  hors  texte, 
exécutées  avec  grand  soin,  y  ont  été  insérées,  qui  réunissent  quelques- 
ilns  des  plus  nobles  dessins  conservés  au  Louvre,  au  British  Muséum, 
aux  Offices  et  au  Musée  Buonarroti  de  Florence. 

40.  —  Un  comph'ment  indispensable  et  très  inattendu  des  études 
sur  Michel-Ange  se  trouve  dans  les  Quatre  Dialogues  sur  la  peinture 
du  Portugais  Francisco  de  Hollanda,  œuvre  presque  inconnue  jus- 
qu'à ces  dernières  années,  que  le  regretté  Léo  Rouanet  a  traduite  et 
publiée  avec  le  plus  grand  soin.  Ce  sont  des  bavardages  un  peu  longs, 
mêlés  d'interviews,  si  l'on  peut  dire;  mais  ces  bavardages  d'un  hon- 
nête peintre  portugais  se  font  tout  bonnement  dans  le  salon  de  la 
marquise  Vittoria  Colonna,  et  dans  l'atelier  de  Michel-Ange;  ces 
dialogues  sans  apprêt  ont  pouf  interlocuteurs  le  plus  grand  des  sculp- 
teurs et  la  poétesse  illustre  qui  fut  son  amie.  Quelle  surprise  !  imaginez 
notre  Puvis  de  Chavarmes  chez  la  princesse  Cantacuzène,  et  transpor- 
tez le  dialogue  à  trois  cents  ans  de  distance  ! 

41.  —  Le  noble  monument  élevé  à  la  mémoire  et  à  la  gloire  de  Paul 
Huet  par  la  piété  de  son  fils,  une  biographie  dont  les  matériaux  sont 
les  notes  et  la  correspondance  du  maître,  jointes  aux  lettres,  aux  arti- 
cles, aux  souvenirs  de  ses  contemporains,  nous  rend  enfin  tout  en- 
tière cette  belle  figure  d'artiste  que  sa  modestie  avait  trop  long- 
temps renfermée  dans  l'ombre.  Dans  le  splendide  essor  de  la  peinture 
du  xix^  siècle,  Paul  Huet  fut  le  rénovateur  de  l'art  du  paysage,  «  le 
compagnon  d'armes,  à  lavant-garde  romantique,  d'Eugène  Dela- 
croix, et  de  Victor  Hugo,  l'annonciateur  et  le  préparateur  de  Jules 
Dupré,  de  Théodore  Rousseau,  de  Millet.  »  C'est  M.  Georges  Lafenestre 
qui  nous  le  dit,  dans  une  Préface  charmante  qui  annonce  et  qui  ex- 
plique ce  riche  et  généreux  dossier.  Désormais  on  ne  pourra  plus 
étudier  l'histoyre  du  paysage  en  France  sans  avoir  consulté  le  livre 
de  M.  René- Paul  Huet;  on  y  apprendra  à  connaître  l'homme  aussi 
bien  que  l'artiste,  le  puissant  aitiste  que  l'exposition  organisée  l'an 
dernier  aux  salles  de  l'École  des  beaux-arts  nous  a  montré  si  vivant 

,  encore, et  si  proche  de  nous.  D'ailleurs  les  belles  reproductions  hors 
texte  dont  l'ouvrage  est  illustré  peuvent  suffire  à  nous  rappeler  les 
morceaux  essentiels  de  l'exposition,  les  parties  les  plus  durables  de 
l'œuvre.  Rattachées  aux  grands  Hollandais,  mais  surtout  aux  An- 
glais, à  Constable  dont  la  découverte  fut  une  date  dans  notre  art,  ces 
peintures  ont  déjà  l'accent  personnel,  profond,  dramatique,  que  l'on 
admirera  bientôt  sans  réserves  dans  l'école  de  Barbizon.  Il  était  temps 
de  rendre  justice  au  grand  initiateur. 


-  214  - 

42.  —  Le  très  utile  et  consciencieux  travail  de  M.  Albert  Soubies 
sur  les  Membres  de  l' Académie  des  beaux-arts  depuis  la  fondation  de 
V Institut  en  est  à  son  troisième  volume.  La  période  que  l'on  y  trou- 
vera étudiée  est  ce  quart  de  siècle  qui  englobe  le  second  Empire  et 
les  premières  années  de  la  troisième  République;  période  heureuse  et 
féconde  en  noms  illustres  :  parmi  les  peintres,  Flandrin,  Delacroix, 
Meissonier,  Cabanel,  Gérôme,  Baudry,  Hébert;  parmi  les  sculpteurs, 
Jouffroy,  Guillaume,  Bonnassieux,  Barye;  parmi  les  architectes, 
Visconti,  Duban,  Baltard,  Lefuel,  \'audoyer,  Labrouste,  Abadie, 
Garnier;  parmi  les  musiciens,  Berlioz,  Gounod,  Félicien  David,  Vic- 
tor Massé;  voilà  plus  de  gloire  qu'il  n'en  faut  pour  suffire  à  l'intérêt 
et  au  charme  d'un  livre.  De  ce  livre,  comme  des  précédents,  on  goû- 
tera le  ton  déférent  et  respectueux,  la  recherche  du  détail  pittores- 
que et  vivant,  de  l'anecdote  qui  précise  et  fait  voir  le  portrait;  les 
nomenclatures  méthodiques  de  M.  Soubies  et  ses  petites  biographies 
si  bien  classées  épargneront  de  longues  recherches  aux  futurs  histo- 
riens. 

43.  —  Les  Causeries,  réflexions  et  souvenirs  sur  la  peinture,  que 
M.  Clère  dédie  à  ses  petits-enfants,  résument  familièrement  et  agréa- 
blement, un  peu  longuement  aussi  peut-être,  toute  une  esthétique 
et  toute  une  morale,  ou,  si  l'on  veut,  l'expérience  de  toute  une  vie 
d'artiste  probe  et  consciencieux.  Je  m'empresse  de  dire  que  j'en  ai 
lu  avec  un  vif  plaisir  la  dernière  partie,  les  Souvenirs  d'Italie  où  l'au- 
teur raconte  avec  une  charmante  bonhomie  les  années  passées  à 
Rome,  dans  le  bon  vieux  temps  —  c'était  avant  1860  —  au  temps  où 
vivaient  là-bas  beaucoup  de  nos  grands  artistes,  Baudry,  Henner, 
Hébert,  Delaunay,  Gustave  Moreau,  Carpeaux,  Falguière,  Paul  Du- 
bois; heureux  temps  de  la  Rome  de  Pie  IX!  Ces  histoires  de  jadis, 
«  racontées  âmes  petits-enfants  »,  sont  le  véritable  attrait  et  la  plus 
jolie  parure  de  ce  volume  tout  empli  de  sages  conseils. 

\^OYAGEs  d'art.  ■ —  44  à  46.  —  Les  délicieuses  et  si  instructives 
flâneries  de  M.  André  Hallays,  recueillies  et  classée's  méthodique- 
ment et  fort  bien  illustrées,  formeront  dans  quelques  années  le  plus 
précieux  des  recueils  où  l'on  puisse  retrouver  vivante  encore  et  bien 
S'^î'duisante  la  physionomie  de  la  France  d'autrefois.  Chaque  jour, 
hélas!  les  reliques  du  passé  disparaissent;  la  cupidité  conspire 
avec  la  sottise  à  en  diminuer  le  trésor;  la  basse  politique,  les  passions 
sectaires  s'acharnent  impitoyablement  contre  des  beautés  qui  sont 
une  part  de  l'âme  nationale;  la  haine  de  toute  discipline  et  de  toute 
tradition,  la  cruauté  aveugle  de  l'industrie,  la  hideur  du  luxe  bruyant 
s'associent  pour  lacérer  les  nobles  vêtements  de  notre  France.  Remer- 
cions, honorons  le  bon  Français  qui  lutte  pour  nous  conserver  notre 
patrimoine;  qui,  depuis  tant  d'années,  au  rez-de-chaussée  du  môme 


—  215  -  • 

journal,  et  sous  un  titre  aussi  modeste  que  spirituel,  fait,  sans  ja- 
mais se  lasser,  la  guerre  à  tous  les  vandalismes.  La  belle  édition  com- 
mencée en  1910  sous  ce  titre  général  :  En  flânant,  comprend  déjà  trois 
volumes.  M.  André  Hallays  nous  y  conduit  A  travers  la  France^  Au- 
tour de  Paris  et  En  Provence,  et  A  travers  l'Alsace.  Ce  sont  les  illus- 
tres souvenirs  de  Maintenon,  de  la  Ferté-Milon,  de  Meaux  et  de  Ger- 
migny,  de  Maisons,  les  splendeurs  architecturales  de  Senlis  et  de 
Noyon,  les  origines  de  ces  splendeurs  à  Morienval,  à  Saint-Leu  d'Es- 
serent,  à  Vétheuil,  à  Saint-Jean  des  Vignes  qui  nous  sont  présentés 
au  premier  volume,  au  milieu  de  causeries  qui  évoquent,  avec  un 
charme  infini,  la  figure  de  nos  grands  écrivains.  En  Provence,  le  voya- 
geur ne  s'attarde  pas  longtemps  aux  villes  et  aux  sites  les  plus  célè- 
bres; il  nous  a  donné  d'ailleurs,  il  y  a  peu  de  temps  {Polyhiblion  de  juin 
1910,  t.  cxviii,  p.  502)  un  livre  qui  est  unpetit  chef-d'œuvre  sur  Avi- 
gnon et  le  Comtat  Venaissin;  mais  il  descend  avec  nous  la  vallée  du 
Rhône,  pour  s'arrêter  à  Orange,  à  Aix,  à  Arles,  il  remonte  la  vallée  de 
la  Durance  pour  visiter  Riez  et  Digne,  il  flâne  dans  les  montagnes  des 
Maures  et  le  long  de  la  côte  enchanteresse,  de  Valbelle  et  de  Brignoles 
au  Thoronet,  à  Fréjus,  à  Grasse  et  à  Vence;  et  voici  que  toute  une 
histoire  pittoresque  se  compose  à  nos  yeux;  nous  apprenons  com- 
ment s'éparpille  le  pompeux  monument  de  Valbelle  et  comment  ee 
transforme  la  Vénus  d'Arles;  nous  évoquons  le  fantôme  des  plus  par- 
faites peintures  de  Fragonard.  L'Alsace  enfin  nous  est  décrite  avec 
une  émotion  communicative,  une  piété  simple  et  familière,  un  senti- 
ment aussi  juste  que  délicat  des  liens  qui  l'attachent  indissoluble- 
ment à  la  patrie  mutilée;  ce  beau  livre  d'intimité  sera  cher  aux 
Alsaciens  et  à  nous,  comme  l'ont  été,  comme  le  demeurent  les  romans 
de  René  Bazin  et  de  Maurice  Barrés.  ,^ 

47  à  49.  —  Il  n'est  point  d'année  où  l'Italie  n'inspire  à  quelque 
amoureux  voyageur  l'aveu  d'une  passion  toujours  la  même  et  tou- 
jours nouvelle;  et  comment  ne  pas  accueillir  d'une  main  empressée 
ces  récits  d'excursions  qui  ressemblent,  très  souvent,  aux  plus  ingé- 
nues des  confidences?  Les  chefs-d'œuvre  de  Taine  et  de  Paul  Bour- 
get  ne  doivent  décourager  personne;  peut-être,  il  est  vrai,  ont-ils 
suscité  trop  d'imitations.  Voici  trois  livres  fort  divers  de  pèlerinages 
à  la  terre  de  beauté.  Les  impressions  de  M.  Joseph  L'Hôpital,  ItaUca, 
sont  d'un  écrivain  spirituel  qui,  délaissant  pour  une  fois  sa.  chère 
Normandie,  regardant  Milan,  Venise,  Bologne  et  Florence  d'un  œil 
attentif,  les  a  décrites  avec  autant  de  verve  que  de  bon  sens,  et,  ce 
qui  ne  gâte  rien,  un  sentiment  très  sincère,  très  délicat,  de  la  tradi- 
tion chrétienne;  c'est,  parmi  tant  de  pagèS'  d'un  jour,  un  livre  à 
conserver.  —  Celui  de  M.  Gaston  Gr^udgeorge,  Toscane  et  Ombrie, 
ne  prétend  à  d'autre  ambition  que  de  fixer  pour  d'aimables  compa- 


—  210  — 

gnons  de  route  —  les  enfants  de  l'auteur  ■ —  des  souvenirs  heureux 
et  modérôs,  qui  gagneraient  peut-être  à  ne  point  mder  un  pu- 
blie indilTérent  à  des  joies  de  famille.  — -  M.  Achille  Segard  est 
un  poète,  un  musicien,  un  peintre.  La  Sicile  lui  a  fourni  le  thème  de 
compositions  ardentes,  un  peu  juvéniles  parlois  dans  leur 
couleur  très  vive,  un  peu  païennes  aussi;  mais  tout  ce  beau  pays,. 
qu'esit-il  donc,  sinon  une  Grèce  plus  païenne  que  l'autre?  On  en 
trouvera  la  sensation  forte  et  insistante  dans  ces  pages  nombreuses,, 
nourries  d'histoire  et  d'art,  et  inlassablement  vibrantes  d'enthou- 
siasme. 

50.  — A  la  veille  des  vacances  de  Pâques,  pour  encourager  et  pré- 
ciser nos  désirs  de  voyage,  la  librairie  Hachette  nous  envoie,  sous  un 
séduisant  cartonnage  blond  rehaussé  d'or,  un  de  ces  livres  pittores- 
ques, vivants,  colorés,  où  M.  André  Maurel  rassemble,  avec  d'excel- 
lentes informations  puisées  aux  meilleures  sources,  une  curiosité 
ardente,  un  sentiment  également  vif,  et  fortement  païen,  des  paysa- 
ges et  de  1  histoire,  et  une  bonne  humeur  qui  s'exprime  toujours  de 
façon  personnelle  et  primesautière.  Ses  Quinze  Jours  à  N  a  pies  îoni  le 
pendant  cVC^n  Mois  à  Rome,  qu'il  nous  donnait  il  y  a  deux  ans; 
on  glissera  le  petit  livre  dans  la  poche  profonde  où  se  cache  l'indispen- 
sable Baedeker.  Comme  dans  Baedeker,  on  y  trouvera  des  plans  très 
sommaires  et  commodes;  mais  on  y  trouvera  en  plus  de  charmantes 
illustrations  où  la  ville,  son  rivage,  son  volcan,  ses  églises,  ses  palais, 
ses  ruines,  ses  statues  antiques  et  modernes,  ses  gamins  en  haillons 
sent  royalement  vêtus  de  la  douce  lumière  de  la  Méditerranée. 

51,  52.  —  Mieux  encore  que  les  meilleures  relations  de  voyages,  les 
Villes  d'art  célèbres  de  l'éditeur  Laurens  sauront  instruire'  et  distraire 
le  touriste  en  quête  de  nouveauté,  soit  qu'il  prépare  une  expédition 
vers  des  rives  lointaines,  soit  qu'il  se  contente,  peut-être  à  regre,t, 
d'un  voyage  autour  de  sa  chambre.  Les  illustrations  dont  foisonne 
le  beau  livre  de  M.  Ernest  Lémonon  :  Naples  et  son  golfe,  suffiraient 
à  remplir  des  heures  délicieuses,  alors  même  qu'elles  ne. seraient  point 
commentées  par  un  texte  aussi  élégant  que  foncièrement  érudit. 
L'antiquité,  le  moyen  âge  et  surtout  l'époque  si  féconde  du  baroque 
à  Naples  nous  sont  présentés  avec  une  abondance  de  renseignements 
précieux,  et  les  quelques  pages  données  au  golfe  nous  rendent  des 
tableaux  tout  pénétrés  de  joie  et  de  lumière. —  Le  livre  de  M.  Geor- 
ges Servière  sur  Dresde,  Freiberg  d  Meissen  fixe  pour  un  t'.mpç  les 
traits  d'une  ville  jadis  charmante,  que  la  mégalomanie  de  l'Alle- 
magrie  moderne  transforme  et  enlaidit  rapidement.  On  sait  quels 
trésors  renferme  le  Musée  de  Dresde  :  Raphaël,  Titien,  Corrège,  Véro- 
nèse,  Holbein,  Rembrandt  y  ont  des  chefs-d'œuvre;  mais  les  mo- 
numents de  la  Renaissance,  le  xvii^  et  surtout  le  xviii^  siècle,  qui 


—  217  - 

font  à  Dresde  une  physionomie  si  vivante  encore  et  précise,  ne  méri- 
tent pas  moins  d'être  connus,  de  même  que  ceux  du  moyen  âge  qui  à 
Freiberg  et  à  M' issen  complètent  si  heureusement  l'étude  des  diverses 
périodes  de  la  civilisation  et  de  l'art  au  royaume  de  Saxe. 

(A  suivre.)  André  Pératé. 


OUVRAGES   RELATIFS  A    L'HISTOIRE    DU   THÉÂTRE 

1.  uexcJiichtP.  des  neuere.n  Dramas,  von  Wiliielm  Creizenacii.  ErsterBand.  Mittel- 
nlh-r  und  Fiuhrenaissance.  Z.weite,  vermehrte  und  verhesserte  Auflage.  Halle  a. 
S.,  Mux  Nieiueyer,  1911,  in-8.de  xv-628  p.  —  2.  The  Harrowing  of  Hell,  ])y 
Karl  You.ng.  Reprinted  fniiii  Volume  XV!,  Part  II,  o'  the  Transactions  of  the 
Wisconain  Acade.my  oj S'^ience.s,  Arts  and  Lettp.rs.  Issued  september,  1909,  in-8  de 
^9  p.  >-t3.  ^  Liturgkal  play  of  Joseph  and  his  brethren,  hy  Karl  Young.  Balti- 
more, the  Johns  Hopkins  Press.  Reprinted  from  Modem  Lan guage  Notes,  Fe- 
bruary,  191^.  in-4  de  5  p.  —  'i.  Philippe  de  M-zières  Dramatic  Office  for  the  Présen- 
tation of  th'  Virgin,  by  Karl  Young.  Reprinted  irom  the  Publications  ofthe  Mo- 
dem Language  Association  of  America,  XXVi,  1,  19il,  in-8  de  54  p.—  5.  Cu- 
riosii(s  bibliographiques  relatives  au  drame  chrétien,  par  Louis  Duval.  Evreux, 
imp,  de  l'Eure.  1911,  in-8  de  16  p.  —  fi.  La  Psychologie  dramatique  du  mystère 
de  la  Passion  à  Oberammergau,  par  Maurice  Blondel.  Paris,  Bloud,  1910,  in- 
12  de  64  p.  et  une  fig.  (Collection  Science  et  Religion),  0  fr.  60.  — 7.  hahelais  et 
le  Thi'âtre,pa.r  Gustave  (ohen.  Paris,  Champion,  1911,  in-8  de  74  p.  et  8  pi. 
{Extrpjt  de  hi  Pe(up  des  Eudes  tabelaisiennes,  t.  IX).  —8.  L'Évolution  de  la  mise 
en  scène  dans  le  théâtre  français,  par-  le  même.  Lille,  imp.  Lefebvre-Ducrocq, 
19)0,  gr.  i'^-8  de  18  p.  et  4  pi.  —  9.  De  Jj délie  à  Molière.  Tragédie,  comédie., 
tragi  comédie,  par  Eugène  Rigal.  Paris,  Hachette,  1911,  in-16  de  viii- 303  p., 
3  fr.  'iO.  — •  10.  LeCid  espagnol  et  leCid  français.  Essai  de  critique  et  d'analyse 
littéraire,  par  l'abbé  G.  Bernard.  Lille,  19i0,  in-18  de  29  p.  —  11.  Gauhier- 
Garguille,  com.'  dien  de  VHôlel  de  Bourgogne.  Notice  d'après  des  documents  inédits, 
par  E^i'i-j;  MAGNE;^suivie  des  Chansons  de  Gaultier- Gargid'le  et  de  la  Farce  de 
Perrine,  avec  la  musitjue  retrouvée  de  6  chansons  et  3i3  illustrations  concernant 
le  Théâtre  de  l'Hôtel  de  Bourgogne.  Par's,  Louis-Michaud,  s.  d.,  mi  de  192  p., 
2  fr.  5((.  —  12.  Le  Théâtre  et  la  Révolution.  Histoire  anccdotique  des  spectacles, 
de  leurs  comédiens  et.de  leur  public  par  rapport  à  la  Révolution  française,  par 
EuNEST  Lu.\el.  Paris,  Daragon,  s.  d.,  in-8  de  161  p.,  6  fr.  —  13.  Paris  sous 
Napoléon.  Le  Théâtre- Français,  par  L.  de  Lanzac  de  Laborie.  Paris, Ploa- 
Nouvrit,  19  '  ' ,  in-8  de  iv-33  i  p  ,  .5  fr.  —  14,  Histoire  générale  du  théâtre  en  France. 
V.  La  Coiu-'die  de  la  Révolution  au  second  Empire,  par  Eugène  Linttlhac.  Paris, 
Flammnrion,  s.  d.,  ^n-î6  de  532  p.,  3  fr.  50.—  15.  Les  Matinées-Conférences 
du  jeudi  à  l'Ôdéon.  Notice  historique  et  bibliographique,  par  Roger  Semichon. 
Paris,  Jor.M,  19 '0,  gr.  in-8  de  38  p.  —  !fi.  Le  Théâtre  à  Montréal.  Propos  d'un 
Huron  canadien,  p.ir  Marcel   IIfnry.  Paris,   F;biue,  19îi,  in  .'6  de  ti-'i'ip..  3fr. 

1.  —  La  réputation  du  bel  ouvfage  de  M.  Wiltelm  Cieizfnach  : 
Histoire  du  drame  moderne  est.  bien  établie  dans  l'érudition  euro- 
péenne. 11  serait  à  souhaiter  que  les  tcrivains  qui  s'cccvpen'  chez 
nous  du  théâtre,  et  Ditu  sait  s'ils  sont, ncnibi eux  !  connussent  l'exis- 
tence et  la  valeur  de  pareils  livres.  Cela  les  mettrait  en  garde  contre 
les  énormités  qu'ils  commettent  trop  souvent  très  à  la  légère,  aussitôt 
qu'ils  essaient  de  remonter  un  peu  haut,  par  exemple  dans  leurs 
Introductions  ou  leurs  premiers  chapitres,  le  cours  de  l'histoire  du 


—  218  — 

genre  dont  ils  traitent.  Le  succès  du  livre  de  M.  Creizenach  est  attesté 
par  la  seconde  édition,  revue,  augmentée  et  améliorée,  du  premier 
volume,  qui  a  récemment  vu  le  jour.  «  Dans  cette  nouvelle  édition, 
nous  dit  l'auteur,  mon  principal  effort  devait  être  de  mettre  à  pro- 
fit, dans  le  cours  de  l'exposé,  les  matériaux  exceptionnellement 
riches  qui  ont  été  mis  en  lumière  depuis  la  première  publication  (1893). 
Outre  les  recherches  d'histoire  littéraire  et  les  textes  publiés  depuis 
lors,  j'ai  tenu  compte  des  rectifications  de  détail  qui  m'ont  été  four- 
nies par  les  recensions  de  Cloetta  et  de  Kœlbing.  Toutefois,  les  grandes 
lignes  du  développement  historique,  telles  que  je  les  avais  marquées 
dans  la  première  édition,  ont  pu  être  conservées  dans  ce  qu'elles  ont 
d'essentiel.  »  Nous  rappelons  que  ce  premier  volume  a  pour  sujet 
le  Moyen  âge  et  la  première  Renaissance  et  qu'il  est  partagé  en  huit 
livres  intitulés  :  I.  La  Continuation  du  drame  antique  au  moyen  âge. 
IL  Les  Commencements  du  drame  sacré  en  langue  latine.  II I.  Les 
Commencements  du  drame  sacré  dans  les  langues  populaires.  I"V. 
Les  Drames  sacrés  de  la  fin  du  moyen  âge.  V.  Ébauches  d'un  drame 
sérieux  profane.  VL  Le  Drame  comique  du  moyen  âge.  'VIL  Les 
Moralités.  VIII.  Les  Premiers  Essais  dramatiques  des  humanistes. 
Parmi  les  améliorations  apportées  à  cette  édition  nouvelle,  il  faut 
mentionner  en  particulier  la  table  alphabétique  qui  le  termine  et  qui 
est  due  à  M.  Wolfram  Suchier,  de  Halle. 

2,  3  et  4.  —  Les  origines,  non  seulement  religieuses,  mais  liturgi- 
ques, du  drame  moderne,  étudiées  avec  tant  de  soin  par  M.  Wilhelm. 
Creizenach,  sont  maintenant,  dans  presque  tous  les  pays  chrétiens, 
l'objet  de  recherches  minutieuses  et  approfondies.  Nous  n'avons  pas 
renoncé  nous-mêmo  à  reprendre  quelque  jour  tel  ou  tel  point  de  ce 
sujet  qui  a  été  l'une  des  occupations  favorites  de  notre  jeunesse.  Nous 
n'en  sommes  que  mieux  préparé  à  comprendre  et  à  louer  les  remar- 
quables essais  en  ce  genre  d'un  jeune  érudit  américain,  M.  Karl 
Young.  Les  trois  études  de  lui  que  nous  avons  sous  les  yeux  lui  font 
grand  honneur.  Dans  l'une  :  La  Descente  aux  Enfers  dans  le  drame 
liturgique,  il  a  recueilli  de  multiples  et  curieux  exemples  de  l'un  des 
rites  de  Raques,  se  rapportant  de  façon  plus  ou  moins  directe,  plus  ou 
moins  précise,  et  sous  une  forme  plus  ou  moins  dramatique,  à  ce  mo- 
tif, à  cette  scène  qui  tient  une  place  importante  dans  les  Mystères  en 
langue  vulgaire.  Une  autre  ;  Un  Drame  liturgique  de  Joseph  et  de  ses 
frères,  enrichit  d'un  texte  curieux  et  nouveau  le  théâtre  latin  scolaire 
du  moyen  âge  et  ce  vaste  cycle  des  Prophètes  du  Christ,  d.yiii  nous 
avons  essayé  naguère  de  retracer  la  genèse  et  la  de';Lince  (Biblio- 
thèque de  l'Ecole  des  chartes,  années  1867,  1868  et  1877;  tirage  à 
part  épuisé,  Paris,  Didier,  1878,  in-8).  Enfin  àa  publication  intitu- 
lée :  L'Office  dramatique  de  la  Présentation  de  la  Vierge  par  Philippe 


—  219  -^ 

de  Mézières  met  à  notre  disposition,  avec  des  renseignements  et  des 
précisions  très  utiles,  un  document  fort  original,  intéressant  à  la  fois 
pour  l'histoire  de  la  liturgie,  pour  l'histoire  du  théâtre  et  pour  l'his- 
toire des  mœurs. 

5.  ■ —  Les  Curiosités  bibliographiques  relatives  au  drame  chrétien,  de 
M.  Louis  Duval,  archiviste  honoraire  de  l'Orne,  n'ont  que  peu  trait 
au  moyen  âge.  Elles  s'appliquent  surtout  au  drame  religieux  detl'âge 
postérieur,  c'est-à-dire  aux  pièces  sur  des  sujets  sacrés  composées 
durant  la  période  de  la  Renaissance  et  de  l'ère  classique,  et  dont  le 
plus  grand  nombre  ont  revêtu  la  forme  de  la  tragédie.  Ce  n'en  est  pas 
moins,  à  plusieurs  égards,  un  prolongement  des  mystères,  et  nous 
voyons,  par  exemple,  la  représentation  de  la  Passion  se  continuer 
bien  au-delà  de  ce  que  l'on  pourrait  croire  d'abord.  On  remarque  en 
particulier  les  curieux  détails  donnés  par  M.  Duval  sur  la  composition 
«  de  François  Chevillard,  prêtre  d'Orléans,  qui,  en  1649,  fit  paraître 
chez  Hotot,  imprimeur  à  Orléans,  la  Mort  de  Théandre  ou  la  san- 
glante tragédie  de  la  mort  et  passion  de  Notre- Seigneur  Jésus-Christ, 
dédiée  aux  âmes  fidèles,  in-12.  Bien  que  composée  sans  aucun  souci 
des  règles  étroites  imposées  par  Aristote  à  l'art  dramatique,  cette 
pièce  devait  survivre  au  jugement  sévère  du  janséniste  Boileau  sur  la 
grossière  ignorance  de  nos  dévots  aïeux  et  sur  la  trop  naïve  impru- 
dence 

Qui  sottement  zélée  en  sa  simplicité 

Joua  les  Saints,  la  Vierge  et  Dieu  par  piété. 

Ecrite  pour  le  peuple,  souvent  représentée  en  province  et  réimprimée 
plusieurs  fois  à  Orléans,  à  Rouen,  à  Caen,  son  succès  se  soutint  jus- 
qu'à la  Révolution.  On  la  jouait  encore  en  Bretagne  en  1789.  »  Comme 
il  est  naturel,  les  Curiosités  de  M.  Duval  se  rapportent  surtout  à  la 
Normandie. 

6.  —  La  célèbre  représentation  d'Oberammergau  en  Haute-Ba- 
vière est  assurément  l'un  des  plus  beaux  et  plus  imposants  rejetons  de 
la  tradition  dramatique  du  moyen  âge.  M.  Maurice  Blondel,  dans  son 
écrit  :  La  Psychologie  dramatique  du  mystère  de  la  Passion  à  Oberam- 
mer^^i^au,  remarquable  comme  tout  ce  qui  sort  de  sa  plume,  s'(  st  moins 
occupé  d'histoire  littéraire  que  de  philosophie  et  de  haute  esthétique. 
Sans  partager  toujours  toutes  ses  façons  devoir,  on  goûte  l'élévation 
et  la  profondeur,  un  peu  obscure  parfois,  de  ses  observations  et  de  ses 
aperçus.  On  ne  peut  qu'admirer  les  belles  pages  si  chrétiennes  (p.  38, 
39),  qui  commencent  ainsi  :  «  Que  faudra-t-il  dire  maintenant  du 
personnage  incomparable  qui,  par  hypothèse,  subit  et  sent  en  homme 
toute  la  succession  douloureuse  du  sacrifice,  mais  qui  en  même  temps 
connaît  et  veut  en  Dieu  cett  agonie  et  cette  mort  dont  la  claire 
vision  perpétue  les  douleurs?...  » 


—  220  — 

7  et  8.  —  Combien  la  tradition,  religieuse  et  ccnvique,  du  théâtre 
antérieur  à  la  Renaissance  était  puissante  encore  durant  cette  Renais- 
sance même,  c'est  ce  qui  ressort  clairement  des  rcclierches  très  bien 
conduites  et  très  bien  présentées  par  M.  Gustave  Cohen  dans  son 
écrit  :  Rabelais  et  Je  Théâtre^  où  il  a  relevé,  groupé,  crmmeuté  toutes 
les  allusions  ou  indications  relatives  à  la  littérature  et  à  l'ait  duma- 
tique^  contenues  dans  l'œuvre  touffue  de  l'auteur  de  Gargantua  et 
de  Pantagruel.  «  L'époque  (nous  dit-il,  et  il  le  prouve)  où  Rabelais 
conçut  et  publia  son  œuvre  n'est  pas  l'âge  de  la  tragédie  et  de  la 
comédie,  c'est  encore  celui  du  mystère  et  de  la  farce.  Le  moyen  âge 
ne  finit  ni  en  1453,  avec  la  prise  de  Constantinople,  ni  même  en 
1500,  avec  la  naissance  de  Charles-Quint;  sur  bien  des  points,  par  des 
filons  profonds  et  tenaces,  '1  se  prolonge  très  avant  dans  le  xvi^  siè- 
cle. Si  l'architecture,  dès  le  début  du  siècle,  est  en  pleine  révolution, 
si  Chenonceaux,  Chambord,  Blois  sont  déjà  bâtis,  la  littérature  est 
plus  lente  à  évoluer,  et  surtout  la  littérature  dramatique.  «  —  La 
persistance  de  cette  même  tradition  est  encore  bien  mise  en  lumière, 
en  ce  qui  concerne  les  procédés  techniques  des  représentations  théâ- 
trales, dans  le  très  clair  et  très  agréable  opuscule  du  même  érudit  : 
L' Evolution  de  la  mise  en  scène  dans  le  théâtre  français. 

9.  —  Cette  même  question  de  la  mise  en  scène  est  traitée  d'une 
façon  détaillée,  pour  le  xvi^  et  le  xvii^  siècles,  dans  plusieurs  des  mor- 
ceaux recueillis  par  M.  Eugène  Rigal  en  son  volume  :  De  Jodelle  à 
Molière.  Tragédie,  comédie,  tragi-comédie,  dont  H  définit  ainsi  le  ca- 
ractère :  «  Sans  former  un  tout  régulier,  les  essais  que  je  réunis  ici 
ont  cependant  un  lien  commun  entre  eux  et  avec  d'autres  études  que 
j'ai  précédemment  publiées.  —  Les  trois  premiers  (1.  Les  Personnages 
conventionnels  dans  les  comédies  du  xvi^  siècle.  —  2.  La  Mise  en  scène 
dans  les  tragédies  du  xvi^  siècle.  —  3.  Les  Trois  éditions  de  la  Sopho- 
nisbe  de  Montchrestien  et  la  question  de  la  mise  en  scène  dans  les 
trag'dies  du  xvi^  siècle)  complètent  ou  corrigent  ce  que  j'ai  dit  de  la 
comédie  et  de  la  tragédie  dans  le  Théâtre  de  la  Renaissance,  ■ —  le 
Théôire  au  xvii^  siècle  avant  Corneille,  ■ —  et  le  Théâtre  français  avant 
la  période  classique.  —  Le  quatrième  (4.  Corneille  et  l'évolution  de 
la  tragédie)  dessine,  en  la  prolongeant  bien  au-delà  de  la  date  où 
s'étaient  arrêtées  ces  études,  la  courbe  par  laquelle  se  caractérise  l'évo- 
lution de  notre  tragédie;  elle  marqije  aussi  le  rôle  joué  dans  cette 
évolution  par  Pierre  Corneille.  ■ —  Tout  en  précisant  ce  dernier  point, 
les  numéros  5,  6  et  7  (5.  Le  Cid  et  la  formation  de  la  tra^'cdie  idéa- 
liste. 6.  Polyeucte  et  l'achèvement  de  la  tragédie  cornélienne.  7. 
Don  Sanche  d'Aragon.  Un  letour  offensif  de  la  tragi-comédie),  s'effor- 
cent de  définir  les  rapports  entre  la  tragi-comédie  et  la  tragédie  dans 
la  première  moitié  du  xvn^  siècle. —  Le  numéro  8,  enfin  (8.  L' Étourdi 


~  221  -^ 

•de  Molière  et  le  Parasite  de  Tristan  THermite),  en  (tudiant  une 
source  de  Molière,  le  rapproche  de  ses  devanciers  et  ftume  une  sorte 
d'appendice  à  mon  livre  sur  le  grand  comique.  —  A  chaque  article, 
j'ai  conservé  sa  date,  qui,  dans  certains  cas,  peut  lui  servir  de  jiisti- 
.fication.  »  —  Tous  ces  morceaux  ont  le  mérite  de  la  précision  dans  le 
fond,  de  la  clarté  et  de  l'élégance  dans  la  forme,  qu'on  est  habitué 
à  rencontrer  dans  les  travaux  de  M.  Eugène  Rigal.  Nous  avons  parti- 
culièrement remarqué  et  goûté  la  discussion  de  la  théorie  de  l'évolu- 
tion des  genres  de  Brunetière  (p.  157  et  suiv.).  Les  thèses  littéraires 
du  célèbre  et  regretté  critique,  excellentes  parfois,  mais  pas  toujours 
aussi  solides  que  l'a  fait  croire  le  ton  décisif  et  dictatorial  de  cet 
«sprit  éminent,  mais  absolu  et  paradoxal,  ont  besoin  d'être  revisées, 
discutées,  même  contredites.  Il  ne  faut  pas  notamment  que  l'évolu- 
tion philosophique  et  religieuse,  si  hautement  louable,  de  cet  esprit 
et  les  services  si  noblement  rendus  par  lui,  à  la  fin  de  sa  carrière,  à 
la  grande  et  sainte  cause  de  l'orthodoxie  catholique,  canonisent, 
pour  ainsi  dire,  tout  ce  qu'il  a  pensé,  tout  ce  qu'il  a  soutenu  en  toutes 
matières  à  des  époques  fort  différentes  de  sa  vie  intellectuelle,  et  alors 
qu'il  était  parfois  sous  l'influence  d'erreurs  manifestes.  Des  contra- 
dictions telles  que  celle  de  M.  Rigal  pourront  préserver  de  cet  excès 
la  naïveté  de  certaines  admirations,  de  certains  enthousiasmes  en 
bloc.  Le  culte  des  justes  renommées  ne  doit  pas  dégénérer  enun 
snobisme  idolâtre,  au  détriment  ou  au  péril  de  la  vérité  historique  ou 
littéraire  et  peut-être  de  l'équité.  M.  Rigal,  nous  en  sommes  sûr, 
admet  pour  lui-même  la  contradiction  qu'il  pratique  librement  à  l'é- 
gard de  ses  devanciers.  «  On  a  souvent  dit,  remarque-t-il  (p. 234),  que 
Polyeucte  se  rattache  aux  anciens  mystères,  et  l'on  a  eu  tort,  notre 
anci  nne  littérature  dramatique  étant  sans  doute  ignorée  de  Cor- 
neille. ))  Cette  assertion  est  contestable.  IL  semble  résulter  de  V Exa- 
men même  de  Polyeucte  par  son  auteur  que  Corneille  a  recueilli  dans 
les  pièces  sacrées  des  humaiiistes  de  la  Renaissance,  lesquelles  se 
rattachent  en  bonne  partie  à  la  tradition  des  mystères,  au  moins 
l'écho  indirect  de  cette  tradition. 

10.  —  Parmi  les  sujets  abordés  dans  le  volume  de  M.  Rigal  figure 
(p.  204  et  suiv.)  une  comparaison  détaillée,  faite  avec  beaucoup  de 
soin  et  de  critique,  du  Ciel  de  Corneille  avec  son  devancier  et  modèle 
espagnol.  La  même  question  a  été  traitée,  à  un  point  de  vue  un  peu 
différent,  plus  favorable  au  système  dramatique  d'Espagne,  issu  di- 
rectement de  la  tradition  du  moyen  âge,  par  notre  très  distingué 
collaborateur  M.  l'abbé  G.  Bernard,  dans  son  opuscule  :  Le  Cid  espa- 
gnol et  le  Cid  français.  Essai  de  critique  et  d'analyse  littéraire,  lequel 
inaugure  une  série  d'études  intitulées  :  L'Imitation  espagnole  en 
France.  L'impression  que  laisse  à  l'esprit  la  lecture  de  cet  intéres- 


—  222  -- 

sant  travail,  c'est  que,  s'il  n'avait  subi  l'influtnce  du  systtme  pseudo- 
classique promulgué  par  l'abbé  d'Aubignac,  Corneille,  émondant, 
resstrrant,  fortifiant  la  pièce  de  Guillen  de  Castro,  écartant  les  dé- 
fauts de  ce  poète,  mais  gardant  et  développant  plus  qu'il  ne  l'a 
fait  toutes  ses  qualités,  aurait  produit  un  Cid  supérieur  encore  au 
chef-d'œuvre  qu'il  nous  a  donné. 

11.  —  C'est  une  contribution  à  l'histoire  de  notre  théâtre  pendant 
la  période  qui  a  précédé  immédiatement  l'âge  classique,  dont  M.  Emile 
Magne  a  cherché  à  nous  enrichir  dans  son  étude,  agréablement  et 
utilement  illustrée  de  gravures  empruntées  aux  peintures  ou  estampes 
contemporaines  :  Gaulthier-Garguille,  comédien  de  V Hôtel  de  Bour- 
gogne. Infiniment  supérieur  au  travail  sur  le  même  sujet  de  M.  Gas- 
ton Sansrefus,  dont  le  Polybihlion  a  rendu  compte,  appuyé  d'une 
riche  et  solide  érudition  bibliographique,  portant  la  marque  d'une 
critique  encore  incomplète,  mais  en  éveil,  cet  ouvrage  est,  par  mal- 
heur, gâté  par  un  triple  et  grave  défaut  :  une  forfanterie  d'esprit- fort 
qui  va  jusqu'à  l'inconvenance  (p.  7);  une  licence  morale  qui  ne  se 
refuse  aucun  manque  de  retenue  et  oublie  à  fond  que  «  le  lecteur 
français  veut  être  respecté  »  (p.  12,  24,  25,  44  et  passim);  enfin  un 
style  détestable,  où  sont  poussées  à  bout  les  extravagances  préten- 
tieuses et  antifrançaises  de  ce  qu'on  appelle  «  l'écriture  artiste  ».       ^'"^ 

12.  —  Dans  les  premières  pages  de  son  volume  :  Le  Théâtre  et  la 
Révolution.  Histoire  anecdotique  des  spectacles,  de  leurs  comédiens' et 
de  leur  public  par  rapport  à  la  Révolution  française,  M.  Ernest  Lunel 
a  voulu  faire  l'effet  d'un  hcmme  au  courant  de  l'histoiie  du  genre 
dramatique.  Mais  précisément  ces  pages  intitulées  :  Le  Théâtre  et 
l'Église  montrent  au  contraire  qu'il  n'y  entend  rien  du  tout.  Au 
reste,  le  corps  même  de  l'ouvrage  nous  a  laissé  l'impression  d'une 
compilation  incohérente  ,et  confuse,-  d'un  amas  d'anecdotes  et  de 
faits  divers  comprenant  quantité  de  choses  étrangères  au  sujet,  d'un 
livre,  en  un  mot,  qui  n'a  été  ni  médité,  ni  composé,  ni  écri\.. 

13.  —  Quel  contraste  entre  cette  négligence  inconsciente,  cette 
étourderie  de  laisser- aller  et  le  soin  consciencieux  et  réfléchi  avec 
lequel  M.  de  Lanzac  de  Laborie,  en  un  sujet  analogue,  a  recherché 
et  disposé  les  matériaux,  également  anecdctiques,  de  la  huitième  série 
de  sa  vaste  enquête  :  Paris  sous  Napoléon,  laquelle  a  sa  place  dans 
le  présent  article,  parce  qu'elle  a  pour  sujet  !e  Théâtre-Français. 
«  Mon  intention  primitive,  nous  dit  l'auteur,  était  de  consacrer  ce 
volume  à  l'ensemble  des  spectacles  parisiens  pendant  l'ère  napoléo- 
nienne. L'abondance  des  renseignements,  l'attrait  de  documents  en 
partie  nouveaux,  peut-être  aussi  la  sçduction  plus  ou  moins  incons- 
ciente que  les  choses  du  théâtre  e:  ercent  chez  nous  sur  tous  les  es- 
prits, m'ont  conduit  à  élargir  mon  plan  et  à  ne  traiter  ici  quedu 


-  223  — 

Théâtre-Français,  de  beaucoup  le  plus  important  et  à  peu  près  le  seul 
littéraire,  en  y  joignant  le  théâtre  de  picard  ou  Tht  âtre  de  l'Impcra- 
trice,  qui  peut  en  êtie  considéré  comme  lannexe.  A  l'étudedu  Théâtre- 
Français,  j'ai  rattaché  les  géntralitts  communes  à  tous  les  spectacles, 
et  aussi  quelques  données  sur  lalittérature  dramatique  du  temps,  don- 
nées que  j'ai  présentées  le  plus  brièvement  possible,  mais  sans  lesquel- 
les il  m'a  paru  quemon  récit  serait  incomplet  et  presque  inintelligible.  » 
Le  volume  est  partagé  en  sept  chapitres  :  1.  Installation  matérielle 
et  régime  administratif.  II.  La  Troupe.  III.  Le  Répertoire.  IV.  Les 
pièces  nouvelles.  V.  Le  Public  et  la  Critique.  VI.  Les  Comédiens  ordi- 
naires de  l'Empereur.  Vil.  Théâtre  de  l'Impératrice  (Louvois,  Odéon). 
Nous  noterons  une  fois  de  plus,  sans  qu'il  soit  nécesaire  d'y  ir  sister, 
le  talent  d'exposition  de  M.  de  Lanzac  de  Laborie,  sa  langue  de 
bonne  qualité^  son  style  net,  sobre,  ferme,  distingué  avec  naturel. 
L'ouvrage  est  un  tissu  d'anecdotes  (c'est  la  mode  du  jour)  mais  si 
bien  groupées  et  si  bien  contées  !  L'auteur  ne  néglige  pas  d'ailleurs 
d'en  faire  ressortir,  quand  il  y  a  lieu,  la  signification  historique  ou 
littéraire  et,  pour  ainsi  dire,  l'idte  générale.  Son  goût  en  littérature 
est  fin,  large  et  renseigné.  Nous  avons  particulièrement  goûté  les  pa- 
ges (p.  182-184)  où  l'auteur  explique  les  fâcheux  préjugés  qui  faisaient 
encore  obstacle  sous  l'Empire  à  «  l'introduction  du  moyen  âge  chré- 
tien sur  la  scène  »;  celles  qui  se  rapportent  aux  principales  «  tragédies 
nouvelles  représentées  au  début  du  siècle  dernier  »  (p.  186  et  suiv.); 
celles  où  sont  examinés  le  caractère,  le  rôle,  le  talent  du  célèbre  cri- 
tique Geoffroy,  pour  lequel  nous  trouvons  M.  de  Laborie  trop  sévère 
(p.  261  et  suiv.).  Nous  ne  partageons  pas  non  plus  tout  à  fait  son  avis 
sur  «  la  comédie  en  vers  »  (p.  222-224)  et  nous  contestons  surtout  que 
l'origine  de  cet  usage  doive  être  rapporté  à  l'imitation  de  la  comédie 
antique.  Notre  comédie  nationale  du  moyen  âge,  moralité,  farce  ou 
sotie,  a  toujours  été  en  vers.  C'est  de  l'Italie  que  nous  est  venue 
l'habitude  contraire,  très  louable  d'ailleurs  à  beaucoup  d'égards, 
de  la  comédie  en  prose.  Il  va  sans  dire  que  Napoléon  n'est  pas  absent 
de  ce  volume  qui  porte  son  nom.  On  sait  qu'il  pensait  à  tout  et 
touchait  à  tout.  M.  de  Laborie  a  extrait  pour  nous  deà  Souvenirs 
du  comte  de  Mérode-Westerloo  une  curieuse  peinture  de  l'attitude  de 
l'Empereur  à  une  représentation  de  gala  :  «  Ce  n'était  depuis  l'or- 
chestre jusqu'à  la  porte  du  parterre  que  broderies  d'or  et  de  soie; 
toutes  les  loges  étaient  pleines  de  dames  du  nouveau  régime,  parmi 
lesquelles  on  en  remarquait  quelques-unes  de  l'ancien...  Napoléon 
seul,  dans  la  loge  impériale,  était  étendu  tout  de  son  long,  dans  un 
fauteuil  de  velours  cramoisi  galonné  d'or,  les  bras  et  les  jambe» 
croisés...  Derrière  son  fauteuil  se  tenaient  debout  le  grand  maître 
des   cérémonies,    comte  de  Ségur,   le  grand  chambellan,,  comte  de 


—  224  — 

Montesquiou,  tous  deux  eh  uniforme  rouge  et  or.  Napoléon,  tirant 
fréquemment  de  sa  poche  une  tabatière,  prenait  une  quantité  de 
tabac,  et  adressait  de  temps  en  temps,  d'un  air  de  hauteur,  quel- 
ques paroles  à  ces  deux  messieurs;  sa  figure  exprimait,  ce  jour-là, 
l'humeur  et  l'agitation...  On  juge  bien  que  je  m'occupais  fort  peu  du 
spectacle,  et  que  mes  yeux  furent  constamment  portés  sur  Napoléon, 
dont  les  attitudes  et  le  jeu  de  physionomie  sont  toujours  présents  à 
ma  mémoire.  »  (P.  288).  Le  grand  parvenu  est  saisi  là  sur  le  vif. 

14.  —  La  persévérance  dans  une  entreprise  difficile  et  de  longue 
haleine  est  une  marque  de  vigueur  d'esprit.  Comme  dans  le  Paris 
sous  Napoléon  de  M.  de  Lanzac  de  Laborie,  nous  sommes  heureux 
de  la  reconnaître  et  de  la  louer  dans  l'Histoire  générale  du  théâtre  en 
France  de  M.  Eugène  Lintilhac.  Le  tome  V  de  ce  grand  ouvrage  a 
pour  sujet  la  Comédie  de  la  Révolution  au  second  Empire,  c'est-à-dire 
«  l'évolution    des   genres    purement   comiques,  de  Beaumarchais  à 
Augier  et  à  Dumas  fils...  Nous  aurons  ainsi,  ajoute  l'auteur,  conduit 
à  son  terme  classique  l'histoire  de  la  comédie  en  France.  »  —  Rappe- 
lons  ici  son   dessein   pour  la   suite  du  livre  :  «  La  seconde  partie 
exposera  d'abord  l'évolution  du  genre  tragique  et  des  genres  mixtes 
tels  que  la  tragi-comédie,  la  pastorale  dramatique,  la  comédie  lar- 
moyante, la  tragédie  bourgeoise,  le  drame  et  le  mélodrame  depuis  la 
Renaissance  jusqu'au  milieu  du  dernier  siècle.  —  Alors  tous  les  gen- 
res dramatiques  auront  été  étudiés  par  nous,  depuis  leurs  plus 
lointaines  origines  en  France, et  définis  par  l'analyseet  lacritiquedes 
œuvres  les  plus  caractéristiques  de  chacun  d'eux.  —  Il  nous  restera 
enfin  à  exposer  et  à  expliquer  leurs  métamorphoses  au  courant  du  der- 
nier demi-siècle.  »  —  On  voit  l'importance  attribuée  par  M.  Lintilhac  à 
«  l'évolution  des  genres  »,  et  c'est  à  bon  droit.  Le  reproche  que  lui 
a  fait  à  cet  égard  un  critique  d'ailleurs  très  distingué,  plein  d'esprit, 
de  trop  d'esprit  peut-être  (Henry  Bidou,  Journal  des  Débats  du  lundi 
21  août  1911)  ne  nous  paraît  pas  fondé.  Autre  chose  est  de  vouloir 
de  vive  force,  comme  l'a  tenté  Brunetière,  «  étendre  la  domination 
des  hypothèses  de  Lamarck,  de  Darwin  et  d'Hseckel  jusque  sur  la 
critique  »  et  l'histoire  littéraire  (Rigal,  ouvrage  cité,  p.  157),  autre 
chose  d'appliquer,  comme  l'a  fait  M.  Lintilhac  et  comme  nous  l'avons 
fait  autrefois  nous-même,  une  méthode  intrinsèque  d'investigation 
exacte  à  la  genèse,  à  la  généalogie  et  à  l'influence  l'une  sur  l'autre 
des  œuvres  littéraires  de  l'esprit  humain,  c'est-à-dire  à  l'évolution 
de  cet  esprit  même  en  matière  de  littérature  et  d'art  par  l'effet  iné- 
vitable de  la  Cause  exemplaire.   Nier  l'intérêt  et  l'utilité  de  cette 
méthode,  c'est  peut-être  se  ranger  de  gaieté  de  cœur  parmi  les  adeptes 
de  ce   que  M.  Lintilhac    appelle  en  un  endroit  «  cette  critique  hau- 
taine et  simpliste  à  la  fois  »  (p.  22)  et  en  un  autre  endroit  «  une  cri- 


—  225 i^ 

tique  plus  paresseuse  que  judicieuse  »  (p.  25).  —  La  méthode  qu'il 
a  suivie  dans  ce  volume  comme  dans  les  précédents  et  que,  loin  de  la 
relâcher,  il  aurait  peut-être  dû,  sur  quelques  points,  serrer  davan- 
tage, n'a  rien  enlevé  à  l'intérêt  de  l'exposé  de  M.  Lintilhac,  nourri 
de  faits  et  de  détails  solidement  ou  ingénieusement  groupés,  et  où  le 
lecteur  apprend  beaucoup.  Le  nombre  d'œuvres  aujourd'hui  oubliées, 
mais  importantes  à  leur  date  et  par  leur  influence,  qu'il  nous  fait 
connaître  par  des  citations  bien  choisies,  souvent  agréables  et  même 
amusantes,  est  considérable.  Ses  appréciations  sont  toujours  d'un 
homme  de  goût,  nourri  de  la  forte  culture  classique,  et  qui,  tout  en 
ouvrant  son  esprit  aux  nouveautés  utiles,  ne  répudie  jamais  les 
règles  essentielles.  Nous  avons  noté  et  loué  déjà  sa  réserve  morale 
et  son  souci  de  ne  pas  mêler  à  tout  propos,  comme  d'autres  l'auraient 
fait  à  sa  place,  la  controverse  et  la  passion  politiques  à  ses  juge- 
ments littéraires.  Il  va  sans  dire  néanmoins  que  sur  tel  et  tel  point 
notre  façon  de  voir  n'aurait  pas  été  la  sienne.  Nous  aurions  été 
sévère,  alors  qu'il  est  indulgent  et  même  favorable  à  tel  proverbe  de 
Théodore  Leclereq  ou  à  telle  fantaisie  d'Alfred  de  Musset.  Mais, 
jugé  pour  l'ensemble,  étant  donné  le  public  auquel  il  s'adresse,  c'est 
un  travail  vraiment  neuf  et  intéressant  dans  les  diverses  parties  dont 
il  se  compose,  à  savoir  :  Introduction.  Les  Théâtres  et  la  loi  depuis 
la  Ilbvolution  :  scènes,  genres  et  troupes.  Chapitre  1.  La  Comédie 
de  mœurs  dans  le  théâtre  de  la  Révolution,  il.  La  Comédie 
de  mœurs  de  Picard  à  Etienne.  III.  La  Comédie  de  mœurs 
d'Etienne  à  Scribe.  IV.  La  Comédie  de  genre  de  Collin  d'Har- 
leville  à  Octave  Feuillet.  V.  La  Comédie-proverbe  :  Théodore 
Leclercq  et  ses  émules;  Alfred  de  Musset.  VI.  La  Comédie  d'intrigue 
après  Beaumarchais  et  le  vaudeville  avant  Scribe.  VIL  Scribe  et  la 
comédie- vaudeville.  VII I.  La  Comédie  de  mœurs  de  Scribe  à  Au- 
gier.  • —  Conclusion.  Selon  sa  bonne  habitude,  l'auteur  termine  le 
volume  par  une  Bibliographie,  ainsi  divisée  :  1.  Editions. —  2. 
Ouvrages  de  critique  et  d'histoire. 

15.  —  Nous  trouvons  à  plusieurs  reprises  le  nom  de  M.  Lintilhac 
dans  les  tableaux  qui  forment  une  partie  considérable  de  l'intéressant 
opuscule  de  M.  Roger  Scmichon  :  Les  Matinées- Conférences  du  jeudi 
à  l'Odéon.  Notice  historique  et  bibliographique.  «  L'intérêt  qui  s'at- 
tache aux  matinées-conférences  de  l'Odéon  est  double,  nous  dit 
l'auteur.  D'une  part,  ce  genre  de  spectacle  a  tenu  une  large  place 
dans  l'histoire  du  second  Théâtre- Français;  m  outre,  les  conféren- 
ciers ayant,  depuis  1887,  parlé  de  toutes  les  pièces  importantes  ou 
.curieuses  de  notre  littérature  dramatique,  se  trouvent  avoir  fait  une 
sorte  d'histoire  du  théâtre  en  France,  où  abondent  les  aperçus  ingé- 
nieux et  les  développements  brillants.  »  La  Notice  historique  s'ap- 
Mars  1912.  T.  CXXIV.  15. 


:—  226  -- 1. 

pliquo  aux  directions  successives  de  MM.  Porel,  Marck  et  Desbeaux, 
Ginisty,  /Vntoine.  La  Notice  bibliographique  comprend,  du  27  octobre 
1887  au  26  mai  1910,  le  tableau  des  conférences,  dressé  par  saison 
théâtrale.  Ce  tableau,  ou  plutôt  chacun  de  ces  tableaux  renferme  la 
date  de  la  conférence,  le  noni  du  conférencier,  le  sujet  traité  et, 
s"il  y  a  lieu,  l'indication  de  l'endroit  où  est  imprimé  le  texte  de  la 
conférence.  On  sait  combien,  depuis  quelque  temps,  s'est  développée 
la  vogue  des  conférences  de  toute  espèce.  Les  dames  surtout  les  goû- 
tent extrêmement.  C'est  pour  elles,  disent  les  mauvaises  langues,  une 
occasion  plus  intellectuelle  que  d'autres  d'exhiber  les  modes  nou- 
velles. 

16.  — ■  L'influence  (pas  toujours  heureuse)  de  nos  modes  et  de  notre 
théâtre  s'étend  sur  tout  le  monde  civilisé.  11  est  naturel  qu'on  la 
subisse  tout  particulièrement  sur  mie  terre  autrefois  française  et  où 
l'ancienne  patrie  n'est  pas  oubliée.  C'est  ce  dont  témoigne  le  volume 
de  M.  Marcel  Henry  :  Le  ThAire  à  Montréal.  Propos  d'un  Huron 
canadien.  «  Au  Canada,  nous  dit  l'auteur,  un  jeune  honmie,  le  théâtre 
français,  quand  il  est  dirigé  par  des  hommes  de  goût,  entretient  une 
sorte  de  culture  latine  et  la  gloire  du  verbe  (sic)  français  retentit  avec 
bonheur  sur  ces  rives  qui  n'ont  pas  désappris  à  aimer  la  France 
et  à  la  servir  dans  la  constance  immuable  des  âmes  qui  se  souvien- 
nent et  lui  veulent  des  destins  supérieurs  au  temps.  De  la  sortt,  les 
roses  de  France  fleurissent  chez  nous,  même  sous  la  neige  qu'appor- 
tent les  vents  du  Nord.  La  petite  flamme  allumée  par  les  créateurs 
du  sol  canadien,  brille  toujours;  elle  éclaire  nos  montagnes  et  nos 
vallées  d'une  lueur  qui  magnifie  les  choses,  héroïse  les  sentiments. 
Cette  «  marche  »  d'Amérique  compose  à  elle  seule  tout  un  poème  d'a- 
mour et  de  fidélité.  Et  sa  persistance  à  durer  et  à  se  définir  est  un 
hommage  à  la  vitalité  de  l'âme  française.  ■ —  Nous  avons  griffonné, 
en  marge  des  drames  qui  nous  furent  donnés  à  Montréal,  nos  impres- 
sions semaine  par  semaine.  Les  Français  qui  nous  feront  l'honneur 
de  nous  lire  voudront-ils  discerner  à  travers  ces  bégaiements  de 
jeune  critique  et  ces  notions  chétives,  une  façon  de  penser  et  de 
sentir  qui,  pour  leur  être  devenue  probablement  étrangère,  repré- 
sente quelque  chose  de  leur  passé  avec  le  frémissement  juvénile 
d'une  âme  amoureusement  soumise  à  sa  terre  et  à  ses  morts.  »  —  A 
l'analyse  et  à  l'appréciation  d'une  vingtaine  de  pièces  de  notre  théâ- 
tre contemporain,  représentées  à  Montréal,  l'auteur  a  joint  sous 
ce  titre  :  Notes  et  impressions,  quelques  souvenirs  de  voyage.  —  11 
serait  désastreux  que  la  façon  de  penser  et  de  sentir  de  M.  Marcel 
Henry  fût  devenue  étrangère  aux  Français  de  France,  car  elle  est  non 
seulement  profondément  hoimête,  mais  profondément  chrétienne  et 
catholique,  avec  un  souci  déclaré  sans  respect  humain,  mais  dont 


—.227  — 

l'expression  n'est  pas  toujours  aussi  chaste  que  la  pensée,  pour  ]a 
moralité  au  théâtre  et  dans  la  vie.  Ce  que  M.  Henry  aurait  besoin, 
un  urgent  besoin  de  réformer,  c'est  son  style,  où  s'étale  avec  can- 
deur, dans  toute  son  extravagance  prétentieuse,  la  mode  qui,  Dieu 
merci,  commence  à  décliner  chez  nous,  de  l'absurde  «  écriture  ar- 
tiste )).  11  écrit  sans  sourciller  :  «  L'entrevue  est  mousseuse  d'observa- 
tion subtile,  réglée  par  un  maître  «.  (P.  171).  Il  nous  parle  d'  «  un 
frigide  frisson  »  (p.  203)  et  de  «  petits  glaciers  nains  qui  se  pendent 
aux  jupes  de  leurs  mères  «  (p.  206-207).  Le  jargon  de  Cathos  et  de 
Madelon  devient  auprès  de  cela  un  chef  d'œuvre  de  naturel.  Bref, 
M.  Marcel  Henry  écrit  mal,  horriblement  mal.  Mais,  au  travers  de 
son  «  écriture  »  saugrenue,  on  distingue  des  qualités  natives,  et  en 
particulier  une  délicatesse  de  cœur,  d'esprit  et  de  sentiment  et  une 
fraîcheur  d'imagination  qui  n'attendent,  pour  s'épanouir,  qu'un 
meilleur  langage.  Il  suffirait  à  M.  Henry,  pour  l'acquérir,  de  renoncer 
à  l'imitation  des  sottises  en  faveur  dans  certains  petits  cénacles  de 
Paris,  mais  que  l'on  devrait  dédaigner  à  Montréal,  et  de  revenir  à 
l'étude  des  grands,  des  impérissables  modèles  de  notre  littérature. 
Pour  bien,  très  bien  écrire,  il  n'a  qu'à  le  vouloir.  Qu'il  le  veuille  ! 

Marius    Sepet. 


THÉOLOGIE 


JLnchiridio»    «yinboloi'tim,  definitionum  et  declaratio 
num  de  rcbue  lidei  «A  ■noriim,  auctore  il.  Dbnzinoëh.  Ediiio  XI, 
quam  paravit  Cl.  Bannwart.  Friburgi  Brisgoviae,  Herder,  1911,  in-8  de 
xxvu-592  p.  —  Prix  :  6  fr.  25. 

Cette  nouvelle  édition,  devenue  si  tôt  nécessaire,  dit  assez  l'utilité 
de  l'ouvrage  et  le  prix  qu'on  attache  à  la  refonte  opérée  par  le  R.  P. 
Cl.  Bannwart.  Outre  la  correction  de  quelques  erreurs  signalées  dans 
la  précédente,  voici  les  améliorations  introduites  dans  celle-ci  :  addi- 
tion des  décisions  de  la  Commission  biblique  depuis  1907  (sur  S.  Jean, 
Isaïe,  la  Genèse,  les  Psaumes),  du  décret  Quam  singulari  (sur  la 
communion  des  enfants),  du  serment  antimoderniste  et  de  quelques 
documents  antérieurs  (spécialement  sur  le  célibat  des  clercs  (Con- 
cile d'Elvire)  et  le  primat  romain  (lettres  de  Jules  II,  texte  du  Con- 
cile de  Sardique,  lettre  de  Clément  VI).  La  table  de  concordance 
entre  les  numéros  des  éditions  antérieures  et  des  éditions  nouvelles 
a  été  très  heureusement  augmentée.  On  souhaiterait  encore  que  cha- 
que numéro  du  texte  actuel  portât  entre  parenthèses,  aussi  souvent 
que  possible,  le  numéro  correspondant  d'autrefois  :  ce  serait  plus 
commode  et  plus  simple.  G.  Grs. 


.  —  228  ~ 

lia  ^Vocati»n  Jau  sacerdoce,  par  F.    J.    Hurtaud.    Paris,   Lecoffre, 
(iabalda,  1911,  in-li!  de  '')53  p.  —  Prix  :  4  fr. 

Ce  livre,  écrit  à  l'occasion  et  à  l'encontre  de  la  thèse  de  M.  Lahit- 
ton,  est  l'truvre  d'un  théologien  averti  et  compétent.  La  plupart  des 
questions  soulevées  par  le  professeur  d'Aire  y  reçoivent  une  solution 
pleinement  satisfaisante,  appuyée  sur  des  raisons  théologiques  pé- 
remptoires  et  sur  la  doctrine  constante  de  l'Église.  Certains  chapi- 
tres, ceux  par  exemple  où  M.  Hurtaud  fait  la  synth  se  des  troisvoca- 
tions  (vocation  à  la  vie  chrétienne,  vocation  à  la  vie  religieuse,  voca- 
tion au  sacerdoce)  ou  encore  ceux  où  il  analyse  l'attrait-intention 
droite  assureront  à  son  livre  un'  valeur  durable. 

On  souhaiterait  que,  dans  une  nouvelle  édition,  l'auteur  donne 
une  part  plus  grande  à  la  documentation  et  qu'il  adoucisse  parfois 
le  ton  un  peu  rude  de  cette  controverse.  On  comprend  la  colère  du 
théologien  sincère,  blessé  par  les  accusations  peu  réfléchies  et  par  la 
méthode  très  peu  scientifique  de  l'écrivain  qu'il  réfute.  Dégagée  de 
quelques  vivacités,  sa  réfutation  n'en  sera  pas  moins  forte  •  t  se 
fera  goûter  davantage.  H.  Grs. 


JURISPRUDENCE 

JFarisprsidence  générale  et  législation  de  la  médecine- 
liharinaeie,  publiée  par  Phily,  Hknri  Petkl,  F.  Izouard,  A.  Crinon  , 
aIakcel  Petii'  et  P.  Bogelot.  Paris,  Larose  et  Te  nui  ;  Admiaislraiiou 
du  Recueil  des  Sommaires  de  la  jurisprudence  française.  1911,  iu-8  de  Xlli- 
959  p.  —  Prix  :  20  fr. 

Ce  volume  est  le  recueil  le  plus  complet  qu'on  puisse  trouver  sur 
une  matière  qui  intéresse  tout  le  monde  et  qui  donne  lieu  aux  ques- 
tions contentieuses  les  plus  variées.  Le  livre  premier  est  consacré  à 
la  jurisprudence.  11  embrasse  une  période  de  quinze  années  et  cer- 
taines décisions  publiées  remontent  même  jusqu'à  1892.  On  peut 
dire  qu'il  contient  la  solution  de  presque  toutes  les  espèces  qui  peu- 
vent se  présenter;  mais  ce  n'est  pas  un  ouvrage  de  doctrine.  Les  au- 
teurs se  sont  interdit  toute  opinion  personnelle  et  n'ont  eu  d'autre 
but  que  de  renseigner  leurs  lecteurs  sur  la  façon  dont  les  tribunaux 
ont  résolu  les  questions  qui  leur  ont  été  posées.  C'est  un  ouvrage 
essentiellement  documentaire,  dont  la  valeur  scientifique  réside  dans 
le  classement  méthodique  des  solutions  publiées,  à  la  manière  de 
la  publication  bien  connue  du  Recueil  des  Sommaires  dont  il  est 
issu.  Le  livru  premier  est  divisé  en  trois  titres  ayant  respecti- 
vement pour  objet  :  1"  la  médecine  et  la  chirurgie  ;  2^  la  phar- 
macie ;  3°  les  autres  professions  concernant  l'art  de  guérir  (den- 
tistes, sages-femmes,  vétérinaires,  herboristes).  Le  livre  second  est 


—  229  —      " 

consacré  à  la  législation.  Il  contient  d'abord  les  articles  des  codes 
applicables  à  la  matière,  puis  le  texte  de  265  lois,  décrets,  arrêtés, 
(circulaires,  qui,  depuis  l'arrêt  du  règlement  du  Parlement  de  Paris 
du  23  juillet  1748  jusqu'au  décret  du  18  juillet  1910,  la  réglementent 
à  l'heure  actuelle.  L'impression  est  excellente;  les  références  sont  très 
clairement  indiquées.  On  ne  saurait  mieux  atteindre  le  but  utilitaire 
que  se  sont  proposé  les  auteurs.  E.  G. 


SCIENCES    ET    ARTS 

Pagejii  scolaireii.  Récits,  fiouvenira,  polémiques,  par  A.  Va- 

ouBTTE.  Paris,  Bloivi,  1910,  in-16  de  179  p.  —Prix  :  2  fr. 

Sous  C(^  titre  modeste,  ce  livre  est  un  livre  de  combat.  C'est  la 
dt'>fonse  de  l'enseignement  chrétien  sur  tons  les  terrains  où  se  sont 
livrées  les  dernières  batailles  qui  ont  laissé  tant  de  ruines  derrière 
elles,  tant  de  blessés  aussi  et  un  grand  nombre  de  morts  tombés  vic- 
times de  la  misère,  de  la  proscription  et  de  l'exil.  En  faveur  de  ces 
vaillants,  le  volume  de  M.  Vaquette,  un  vaillant  lui-même,  apporte 
un  éloquent  témoignage  qui  plaidera  leur  cause  devant  l'avenir  et 
préparera  les  revanches  nécessaires.  Trois  parties,  consacrées  aux 
trois  ordres  d'enseignement,  l'enseignement  primaire,  l'enseignement 
secondaire  et  l'enseignement  supérieur. 

Sous  ces  trois  titres,  nous  trouvons  une  grande  variété  de  ques- 
tions, toutes  d'ailleurs  étroitement  unies  au  sujet  :  la  question  du 
monopole,  la  question  des  écoles  d'Orient,  la  question  du  latin  et  des 
humanités  classiques,  la  question  de  l'éducation  des  filles,  la  ques- 
tion des  hautes  études  universitaires,  toutes  éclairées  par  des  exem- 
ples qui  augmentent  le  caractère  pratique  de  ces  leçons  d'histoire, 
de  pédagogie  et  de  droit.  L'épilogue,  c'est  la  parole  des  évêques,  qui 
est  venue  donner  sa  sanction  aux  revendications ^de  l'auteur  qui'se 
déclare  heureux,  ce  sont  ses  dernières  paroles,  «  de  terminer  avec 
nos  évêques,  en  s'agenouillant  sous  cette  crosse  qui  se  lève  et  pour 
frapper  et  pour  bénir,  » 

Ce  livre  d'un  vaillant  est  un  très  bon  ouvrage  :  il'porte  le  témoi- 
gnage qu'  «  il  n'aura  cessé  d'être  un  militant  que  lorsque  la  parole 
se  sera  éteinte  sur  ses  lèvres  et  que  la  plume  sera  tombée  de  sa  main 
glacée.  »  Nous  espérons  qu'il  pourra  longtemps  encore  livrer  de  bril- 
lants combats  pour  la  justice  et  la  liberté.  P.  Talon. 


lie  Daupliin,  par  Gustave  Bord.  Montligeon,  Impr.  de  Moniiigeon  ; 
Pans,  l'duteur,  90,  avenue  Niel,  1911,  in-12  de  179  p.,  flg.  dans  le  texte 
et  12  gravures  hors  texte.  —  Prix  :  10  fr. 

M.  Gustave  Bord,  l'éminent  publiciste,  auquel  on  doit  des  études 


—  230  — 

historiques  si  remarquables,  a  occupé  pendant  quelques  années 
(1895-1899)  ses  loisirs  deVacances  à  chasser  le  marsouin;  il  y  a  mis 
le  bol  entrain  et  l'ardeur '''qu'il  apporte  à  tout  ce  qu'irontreprend; 
la  curiosité  de" son*^ esprit  l'a  conduit  à  faire,  au  cours  de  ces  longs 
mois,  mainte  observation'^précise,  qu'il  a  pris  soin  de  noter  au  jour  le 
jour.  C'est  de  ces  observations  qu'il  a  lire  la  principale  matière  de  ce 
petit  volume,  édité  avec  luxe,  tiré  à  petit  nombre  et  df  dié  u  aux  amis 
qui  lui  ont  fait  l'honneur  et  le  plaisir  de  venir  à  bord  de  la 
«  Lola  »,  à  ceux  qui  s'en  souviennent  et...  aux  autres.  » 

Il  y  étudie  en  dix  chapitres  :  l'origine  du  ncm  du  dauphin'  ;  la 
légende  antique;  les  légendes  modernes;  le  dauphin  et  la  science; 
les  mœurs  des  dauphins;  les  dauphins  et  la  navigation  sous-marine; 
les  sens  du  dauphin;  le  dauphin  et  l'industrie;  la  chasse  au  dauphin; 
les  harponneurs  du  dauphin. 

Ce  ne  sont  pas  les  seuls  amateurs  de  ce  sport  qui  prendront  plaisir 
et  profit  à  ce  petit  volume;  on  y  remarquera  les  enseignements  que 
M.  Bord  demande  aux  «  cochons  de  mer»  pour  la  navigation  sous- 
marine  et  les  indications  relatives  au  bénéfice  que  l'industrie  peut 
tirer  de  cette  chasse  seront  peut-être  de  nature  à  la  rendre  plus 
populaire. 

'^De  jolies  illustrations  (médailles,  vignettes,  photographies),  parmi 
lesquelles  un  beau  et  vivant  portrait  de  l'auteur,  achèvent  de  donner 
à  ce  volume  un  caractère  d'élégance  et  de  luxe,  qui  le  fera  rechercher 
des  amateurs.  E.-G.  L. 

Annuaire  pour  l'an  1919,  publié  par  le  Bureau  ries  longiludfs. 
Paris,  Gauthier-Villars,  in-lG  de  vi-692.  a.  47,  b.  34,  G.  43  — v[-81^  p.  — 
Prix  :  1  fr.  50. 

On  sait  que,  depuis  1904,1e  Bureau  des  longitudes  ne  publie  plus  en 
quelque  sorte  qu'un  demi-annuaire  chaque  année.  Demi  est  toutefois 
un  terme  quelque  peu  restrictif,  attendu  qu'il  y  a  des  parties  ou  su- 
jet s^fixes  '  qui  sont  maintenus  sans  interruption,  tels  le  calen- 
drier et  à  peu  près  toute  la  partie  astronomique.  Cependant,  l'on  ne 
trouvera  pas,  dans  l'Annuaire  de  1912,  le  calcul  des  altitudes  par  le 
baromètre,  non  plus  que  les  parallaxes  steDaires,  la  spectroscopie  des 
étoiles  et  leurs  mouvements  propres,  les  étoiles  doubles  :  ces  données 
seront  sans  doute  fournies  derechef  en  1913.  Des  renseignements 
nouveaux  figurent  sur  la  sismologie  (M.  Bigourdan),  sur  la 
physique  solaire  (M.  Deslandres),  et  sur  celle  de  la  lune  (M.  Puiseux). 

La  partie  géographique  et  de  statistique,  ainsi  que  celle  des  mon- 
naies, poids  et  mesures,  étant  afférente  aux  années  impaires,  no  fi- 
gure pas  dans  l'Annuaire  de  1912, 

On 'sait  que,  do  par  la  loi  du  9  mars  1911,  ce  n'est  plus  à  partir  du 


—  231  — 

méridien  de  Paris  que  Ton  compte  les  longitudes,  mais  biv.ix  d'après  ce- 
lui de  la  ville  anglaise  de  Greenwich. Pourquoi  ne  pas  l'avouer  ?  Pour- 
.  quoi  employer  une  périphrase  et  dire  que  les  heures  sont  exprimées 
«  en  temps  moyenne  Paris  diminué  de  neuf  minutes  vingt  et  une  se- 
condes »  ?  Sans  doute,  ce  changement  constitue  un  certain  échec  à 
notre  amour-propre  national  ;  mais  s'il  n'y  avait  que'celui-là  !... 

Les  Notices,  cette  année,  sont  au  nombre  de  deux.  Dans  la  notice 
A,  sur  «  la  température  moyenne  des  diverses  parties  de  la  France,  » 
M.'Bigourdan  donne,  pour  chaque  mois  de  l'année,  le  tableau  des 
lignes  isothermiques  sur  toute  l'étendue  du  pays,  le  résumé  de  leurs 
moyennes  pour  les  trois  mois  d'hiver  et  les  trois  mois  d'été,  puis  un 
autre  tableau  ou  carte  donnant  les  isothermiques  moyennes  de  toute 
l'année.  Des  tableaux  ou  cartes  analogues  indiquent  les  variations  de 
température,  en  mer,  à  Clermont-Ferrand,  au  sommet  de  la  tour 
Eiffel,  au  parc  Saint-Maur,  sur  l'ensemble  de  la  France  pour  l'an- 
née entière. 

La  très  savante  notice  B,  due  à  M.  P.  Hatt,' indique  une  applica- 
tion de  la  méthode  algébrique  d^s  moindres  carres  .à  la  trigonomé- 
trie, pourarriver'à'Ia'^plus  grande  exactilude  possible  dans  les  cal- 
culs'^de" triangulation.  "C.  de  Kirwan. 

LITTÉRATURE 

B^e  IVIoyeii  l«ie  «lanfs  la  «  liôsenilc  des  siècles  »  et  les 
Squ'-ccs  «le  Victor  Ifii(|o,  par  Paul'Brrret.  Paris,  H.  Paulin,  s.  d., 
çrr.  in-8  (\p  l'.'î  n    —  Prix  :  10  fr. 

lift  Pliilnsopliie  de  V.  flufio  (as51-t959)  et  deux  llythes 
de  la  «  lié  fende  des  siëeles  r,  par  le  même.  Pari»,  H.  Paulin, 
1910,  gr.  in-S  de  Ui  y».  —  Prix  :  5  fr. 

M.  Paul  Berret  a  écrit  pour  thèses  de  doctorat  deux  livres  bien  amu- 
sants et  bien  instructifs.  On  sentait,  on  savait  m^me  déjà,  par  quel- 
ques illustres  exemples,  que  V.  Hugo  avait,  du  droit  de  fcn  génie,  pris 
son  bien  partout  où  il  l'avait  trouvé.  Mais  qu'importe,,  penFait-on, 
que  le  grand  fleuve  charrie  dars  sa  nappe  immense  les  gouttes  d'eau 
de  quelques  ruisseaux  obscur??  Il  n'en  vient  pas  moins  de  là-haut, 
d*^  la  cime  vierge  et  du  nuage  déchiré  par  l'éclair.  Et  nous  voyions 
tous,  plus  ou  moinp,  1^^  poète  dans  cette  pose  romantique  de  prophète 
inspiré,  de  vastes  en  délire,  de  Moïse  parlant  sur  la  montagne  avec 
Dieu  face  à  ^ace,  pose  dans  laquelle  il  fe  drapa  pontificalement  jus- 
qu'à la  fin...  Eh!  non,  ce  prophète  n'était  bien  qu'un  «  faiseur.  » 
Quand  à  Guernesey  il  s'enfermait  dans  son  Jook-out,  de  six  heures 
du  matin  à  onze  heures,  faisant  croire  qu'il  y  écoutait  son  démon, 
ou  quand  il  feignait,  avec  ou  ?anB  tables  tournantes,  de  recueillir  ce 
que  dit  «  la  bouche  d'ombre  »,  en  réalité  dérobant  à  tous  eon  labeur 


—  232  — 

sans  probité,  sps  démarquages,  ses  plagiats,  il  compulsait  des  dio- 
tionuaires  et  dos  manuels  d'histoire,  il  pillait  des  idées,  des  images, 
des  mots  même,  des  brassées  de  mots  sonores,  et,  jetant  le  tout 
dans  son  vers  qui  savait  tout  porter,  il  en  tirait  un  amalgame  baro- 
que, une  vraie  cuisine  de  sorcières,  dont  l'étrangeté  souvent  faisait 
à  nos  yeux  de  badauds  la  seule  grandeur... 

M.  Betret  a  pu  connaître  à  Guernesey  certains  des  livres  et  jour- 
naux qu'il  utilisait;  non  pas  tous,  sans  doute  —  et  il  reste  à  ce  paon 
bien  des  plumes  d'emprunt  à  lui  arracher  !  ^ —  Il  a,  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  méthodiquement,  minutieusement  étudié  ses  brouil- 
lons, les  notes,  les  bouts  de  vers  qu'il  jetait  en  marge  d'une  revue, 
sur  une  facture,  au  dos  d'une  lettre.  Il  a  pu  ainsi  retrouver  les  points 
de  départ,  surprendre  maint  flagrant  délit,  démêler  mainte  «  conta- 
mination, «  Suivre  en  ses  manipulations  l'alchimiste  sans  foi  ni  loi  qui 
mutile,  dénature  tout  ce  qu'il  touche,  qui  prend  ou  reprend  un 
thème  déjà  mis  en  œuvre,  une  image  qui  a  de  l'éclat,  un  reste 
inutilisé,  les  fait  passer  d'uii  sujet  à  un  autre,  sans  respect  aucun 
des  époques,  des  noms  historiques,  de  la  vérité  morale,  ou  même  de  la 
couleur  locale,  comme  qui  mettrait,  pour  être  original  et  écarter  tout 
soupçon  de  vol,  un  trait  de  Néron  dans  l'histoire  de  saint  Louis,  ou 
des  détails  de  mœurs  tartares  dans  la  peinture  de  la  cour  de  Napo- 
léon III  !  Et  les  dictionnaires,  avec  le  pêle-mêle  qu'ils  apportent  de 
noms,  de  faits,  de  récits  de  toute  provenance,  de  toute  époque  et 
de  tout  paJ^s,  sont  à  qui  procède  ainsi  des  «  fournisseurs  «  très 
Commodes  et  inépuisables.  Aussi  V.  Hugo,  M.  Berret  suit  le  pillard  à 
la  trace,  compilait,  compilait  Moréri.  On  n'imagine  pas  tout  ce  qu'il 
y  a  de  Moréri  dans  la  Légende  des  siècles  ! 

Il  avait  commencé  en  1846  par  le  Journal  du  Dimanche  et  les 
extraits  de  Chansons  de  geste  d'Achille  Jubinal.  Voici,  aux  marges 
du  numéro  du  1^^  novembre,  quelques  vers  de  premier  jet  qui  annon- 
cent le  Mariage  de  Roland.  Et  les  erreurs  matérielles  de  l'un  copiées 
par  l'autre  (le  géant  Sinnagog  au  lieu  de  Sinugos,  et  le  héros  Closa- 
mond  pris  par  contre-sens  pour  une  épée)  seraient  suffisamment 
révélatrices,  si  la  comparaison  des  deux  textes  ne  montrait  que  V. 
Hugo  n'a  rien  fait  que  versifier  brillamment  le  récit  qu'il  avait  sous 
les  yeux,  en  mettant  toutefois  un  panache  blanc  au  casque  de  Ro- 
land (oh!  l'amour  du  panache  !)•,  en  le  fai-sant,  sur  un  souvenir  de 
l'Arioste,  traduit  sous  ses  yeux  en  1811  par  Barjaud,  se  battre  avec 
un  chêne  pour  arme  —  ce  qui  est  une  autre  fausseté;  —  en  sup- 
primant, pour  rendre  le  trait  de  la  fin  plus  gros  —  et  un  peu  stupide 
—  l'amour  déjà  né  au  cœur  de  la  belle  Aude  et  l'intervention  de 
l'ange  entre  les  deux  héros... 

Âymerillot  vient  de  la  même  source,  avec  des  ressouvenirs  des 
Burgraves  encore  très  proches. 


-  233  — 

Dans  V Aigle  du  casque,  il  y  a  comme  «noyau  primitif  »Ia  poursuite 
d'Ernaut  par  Raoul  de  Cambrai,  prise  à  la  vieille  chanson  de  geste, 
adaptée  par  Leglay  et  Jubinal,  avec  le  trait  des  mains  coupées,  et 
l'épisode  de  l'intervention  des  nonnes.  Walter  Scott,  que  le  poète  a 
beaucoup  pratiqué,  lui  a  fourni  le  cadre  écossais  où  ce  drame  né 
français  a  été  transporté;  et  de  la  description  du  tournoi  empruntée 
à  la  Jolie  fille  de  Perth  est  venue  l'idée  de  changer  Ernaut,  chevalier 
très  viril,  en  un  éphèbe  blond  et  rose  qui,  pris  de  peur  soudain,  fuit 
éperdument  devant  son  rival.  Le  Debretl's  peerage  qui  lui  avait  déjà 
fourni  pour  l'Homme  qui  rit  la  liste  des  pairs  d'Angleterre  et  de  leurs 
demeures,  lui  a  encore  donné,  concurremment  d'ailleurs  avec  le  fidèle 
Moréri,  les  noms  propres  dont  il  aime  la  sonorité  exotique,  Angus, 
Argyll,  Athol,  Stirling,  Fergus,  Balial,  etc.;  ainsi  que  la  collection 
des  armoiries  et  cimiers  à  oiseaux,  où  il  a  puisé  pour  les  uns  le  héron, 
la  chouette,  et  pour  Tiphaine  l'aigle,  qui  dans  sa  première  idée 
avait  ét(''  une  cigogne.  Le  faucon  menaçant  dressé  par  Walter  Scott 
sur  le  casque  de  Marmion,  ou,  dans  Içanhoé,  le  corbeau  tenant  un 
crâne  dans  ses  serres,  et  ceux  qui,  dans  le  Rhin  de  Schreiber  (un 
recueil  qu'il  a  beaucoup  dévalisé  pour  ses  propres  lettres  du  HJiin, 
pour  Eviradnus  et  maint  autre  poème),  arrachent  les  yeux  et  boi- 
vent le  sang  d'un  chevalier  persécuteur  d'une  jeune  fille,  se  sont  sans 
doute  amalgamés  sur  sa  rétine  avec  l'aigle  royal  qui,  après  avoir 
trempé  son  aile  dans  le  sang  de  Conradin,  s'envole,  terrible,  au-des- 
sus de  l'échafaud...  Et  cette  gravure  il  la  voyait  dans  les  affreux 
volumes  d'un  certain  La  Vicoraterie  :  Cr/mes- (ie5  Pape^,  Crme.s  des 
Empereurs,  qui  étaient  parmi  ses  répertoires  ordinaires  de  visions 
horrifiques  pour  son  moyen  âge  de  la  Légende  comme  pour  ses  Châ- 
timents. Car  l'inspiration  des  deux  livres  est  souvent  la  même  et 
TFe//,  rastellati  d'Oshor,  le  mangeur  de  rois,  résistant  dans  son  burg  à 
toutes  les  sollicitations  des  princes  qui  veulent  l'entraîner  dans  leurs 
fêtes,  et  n'abaissant  son  pont-levis  que  devant  une  petite  mendiante, 
est  si  exactement  la  figure  de  V.  Hugo  en  personne,  qu'en  écrivant 
la  pièce  le  14  juillet  1869,  il  mit  d'abord  en  oeuvre  la  charmante  lettre 
en  vers  par  laquelle  Marie-Lœtitia  Ratazzi,  cousine  de  Napoléon  III, 
venait  d'essayer  de  le  séduire,  la  poétique  réponse  par  laquelle  il 
s'était  refusé  :  «  La  France  m'est  fermée  »,  puis  la  vision  que  lui. 
donnaient  de  lui-même  les  dessins  des  journaux  anglais  le  représen- 
tant, patriarche  charitable,  au  Dîner  des  enfants  pauvres  de  Guer- 
nesey;  tout  en  utilisant,  suivant  la  coutume,  et  Schreiber,  et  Moréri, 
pour  y  prendre  noms  et  détails  historiques,  décor  médiéval,  fracas 
d'armures  et  fracas  de  mots... 

Et,  lorsque  ont  été  ainsi  ain?i\y?>ésr Eviradnus ,   et  Kanul,  et  le 
Romancero,   et  le  Petit  Roi  de  Galice,   et  le  comte  Félihien    et  le 


—  234  — 

Sultan  Mourad,  la  conclusion  de  M.  Paul  BeiTet  s'impose  que 
\'.  Hu.£:o  fut  dans  la  Légende  des  sèches  un  «  maître  menuisier 
de  la  poésie,  »  entendez  surtout  un  compilateur  brillant  et  habile 
dont  la  documentation  et  les  perpétuels  larcins  sont  masqués  par 
l'incohérence  de  sa  méthode  de  recherches,  et  par  l'emploi  étrange  — 
et  malhonnête  —  qu'il  a  fait  de  ses  sources. 

—  Naturellement,  c'ost  la  même  chose  pour  sa  "  philrrcplie.  « 
Erreur  naïve  que  d'essayer  d'en  dégager  une  de  l'ensemble  de  son 
œuvre  !  «  Mis  comme  un  écho  sonore  »  en  face  de  toutes  les  folies  dii 
siècle,  il  en  avait  une  difféiente  —  vme  philosophie,  une  folie  • —  à 
chaque  époque  de  sa  vie.  De  1854  à  1859,  ce  fut  la  phase  apoca- 
lyptique d'où  sont  sortis  tant  de  pathos,  répandus,  quand  l'avisé 
Hetzel  eut  évité  un  recueil  d'Apocalypses,  dans  les  Contemplations, 
la  Légende  des  siècles,  Dieu,  la  Fin  de  Satan,  Toute  la  lyre,  etc.  Par 
le  même  procédé  dont  il  s'est  servi  pour  les  poèmes  épiques,  M.  Ber- 
ret  a  mis  au  creuset  deux  mythes:  Le  Satyre,  et  Pleine  Mer,  Plein  Ciel, 
et  il  en  a  «  isolé  »  les  éléments  divers  :  la  philosophie  du  moment, 
amalgame  de  Pierre  Leroux,  Vacquerie,  Jean  Reynaud,  Alexandre 
Weill,  Boucher  de  Perthes,  et  des  livres  de  spiritisme  en  usage  à 
Guernesey;  —  de  la  mythologie  bouffonne,  inspirée  par  les  parodies 
à  la  mode  d'Offenbach  et  Crémieux;  —  des  réminiscences  de  Virgi- 
le, d'André  Chénier,  de  Diderot,  de  Shelley,  du  Lamartine  de  la  Chute 
d'un  ange  qui  lui  fut  un  grand  pourvoyeur  d'idées;  — et  des  emprunts 
très  directs  à  un  journaliste,  ami  de  la  maison,  Barrillot,  poète  ori- 
ginal et  de  peu  de  succès,  donc  pillable  à  merci,  et  dont  les  épopées 
sur  le  progrès  et  les  cantates  sur  la  navigation  aérienne  étaient  illus- 
trées aux  yeux  du  visionnaire  et  grand  descriptif  par  un  recueil  de 
gravures  sur  les  ballons  de  l'avenir...  Et  tout  cela,  je  le  répète,  est 
de  bon  travail,  de  bonne  justice  —  et  de  joyeuse  hygiène. 

Gabriel   Audiat. 


Ii«  Iiittératur«   patriotique   en   Allemagne,   l$iOO-f9l5, 
par    G.    Gkomaire.  Paris,  Colin,  1911,  in-18  de  vii-30o  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Gromaire  vient  d'étudier  un  mouvement  littéraire  qui  déter- 
mina la  politique  et  jusqu'à  un  certain  point  les  destinées  de  l'Al- 
lemagne moderne,  je  veux  dire  la  littérature  patriotique  qui  suscita 
et  accompagna  le  relèvement  du  peuple  allemand  au  commencement 
de  ce  siècle  de  1800  à  1815.  L'auteur  montre  d'abord  que  ce  mou- 
vement n'est  pas  né  précisément  à  l'aurore  du  xix^  sifcîe:une  période 
littéraire  ne  naît  pas  tout  équipée,  elle  a  d'obscurs  avant-coureurs 
qui  préparent  le  chemin.  C'est  ainsi  qu'au  xviii^  siècle  déjà,  les 
Gleira,les  Kleist,^Klopstock  surtout,^cn  célébrant  l'ancienne  Ger- 
manie, contribuent  à  faire  naître  le  sentiment  patriotique.  Lessing, 


—  235  — 

en  déclarant  une  guerre  acharnée  au  goût  français,  fut  un  des 
éducateurs  de  ce  sentiment,  bien  qu'un  jour  il  ait  écrit  :  «  Je  n'ai 
aucune  idée  de  ce  que  peut  être  l'amour  de"  la  patrie.  »  Gœthe, 
rOlympien,  qui  se  trouvait  très  bien  dans  son  pâté  de  Weimar,  à 
part  certain  jour,  où  son  duc  était  menacé,'' pratiquait  une  hau- 
taine indifférence.  Scliiller,  l'exalté,  veut  au  contraire  le  triomphe 
politique  de  son  pays  par  la  grandeur  littéraire,  et  parle  avec  mépris 
«  des  trésors  sans  vie  de  la  Grande-Bretagne  et  du  clinquant  de  la 
Gaule.  «  Ainsi  le  xviii^  siècle  léguait  au  xix^  l'orgueil  de  la  culture 
allemande.  Le  romantisme  avec  les  Schlegel,  les  i\rnim,  les  Brentano 
et  les  Gorres,  joint  au  patriotisme  littéraire  le  patriotisme  politique. 
On  a  senti  dès  lors  que  la  personnalité  intellectuelle  était  liée  au 
maintien  de  l'indépendance  et  la  guerre  devient  inévitable  contre 
l'étranger,  contre  l'envahisseur.  Après  Téna,  le  cri  de  guerre  est  poussé 
par  un  philosophe;  on  sait,  en  effet,  quel  retentisfement  eurent  les 
discours  de  Fichte  à  la  nation  allemande,  prononcés  en  1808,  d'une 
éloquence  parfois  brillante,  mais  souvent  fumeuse  et  obscure.  A  la 
voix  de  Fichte  surgirent  les  poètes  soldats  :  Amdt,  Lamotte-Fou- 
qué,  Kleist,  Max  Schenkendorf,  K orner  et  Riickert:  avec  eux,  la  poésie 
patriotique  prend  une  allure  guerrière  et  rappelle  les  strophes  enflam- 
mées des  Callinos  et  des  Tyrtée.  M.  Gromaire,  dans  quelques  chapi- 
tres vivement  écrits  et  mêlés  de  citations  caractéristiques,  retrace 
le  tableau  de  cette  poésie  forte,  enthousiaste  et  souvent  haineuse. 
Il  s'arrête  en  1815,  mais  reconnaît  que  cette  étude  pourrait  être 
poursuivie  avec  intérêt  jusqu'en  1870,  et  même  jusqu'à  nos  jours,  et 
nous  espérons  bien  qu'il  l'achèvera  lui-même  dans  un  second  volume. 
S'il  m'était  permis  d'exprimer  un  désir  personnel,  je  souhaiterais 
que  l'auteur  donnât  en  note  le  texte  allemand  de  ses  plus  belles  cita- 
tions; au  risque  de  grossir  un  peu  son  volume  :  ce  serait  pour  nos  élè- 
ves un  recueil  nouveau  et  intéressant,  une  sorte  de  complément  de 
sa  Deutsche  Lyrik.  Oserai-je  signaler  à  M.  Gromaire  un  léger  oubli? 
A  la  page  46,  le  texte  porte  :  «  als  wir  Husaren  im  Feld  ».  la  traduc- 
tion donne  :  «  que  nous  autres,  hussards,  dans  les  champs  »  :  n'est-ce 
pas  plutôt  «  hussards  en  campagne  »  qu'il  faudrait  lire  ? 

L.  Mensch. 

©«•Ifroy  CTliancer  [Les  Grands  Écrivains  étrangers],  par  EmiLB  LbgoUIS. 
Paris,  Bloud,  1910,  in..l6  de  vii-261  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Après  avoir  dirigé  et  enrichi  d'une  bonne  Préface  la  récente  tra- 
duction collective  des  Contes  de  Cantorbéry,  M.  Legouis  nous  donne 
aujourd'hui  sur  le  célèbre  auteur  de  ces  contes'"un  volume  substan- 
tiel et  très  neuf.  A'^nos^maigres' et'incertaines  connaissances''sur  la 
vie  du~poète,  au  relevé  des  sources  de  ses  ouvrages,''!!  lui  était  im- 


—  236  — 

possible  ou  du  moins  fort  difficile  d'ajouter  beaucoup;  ce  sont  là 
matière  d'explorations  très  spéciales  et  trop  souvent   infructueuses; 
mais  des  documents  et  des  faits  connus  est  tiré  ici  un  très  vivant 
portrait  de  Ghaucer,  portrait  assurément  conjectural  en  partie,  mais 
où  toutes  les  conjectures  sont  d'un  esprit  sagace  et  présentent  le 
plus  haut  dei^ré  de  vraisemblance.  L'étude  littéraire  fait,  du  reste,  le 
principal  du  livre,  étude  d'abord  de  la  formation  poétique  de  Chaucer, 
laquelle  apparaît  plus  française  encore  qu'on  ne  l'a  montrée  jusqu'ici  : 
«Chaucer  n'a  pas  eu,  comme  on  dit,  une  période  française.  Ilest  français 
toujours...  C'est  son  esprit  même  qui  est  français  comme  son  nom. 
Il  descend  en  droite  ligne  de  nos  trouvères  et  il  a  tout  d'eux,  sauf  la 
langue.  »  Démonstration  abondante  est  fournie  de  cette  opi-.i.ion  et 
l'on  ne  pourra  plus  désormais  accepter  que  fort  amendée  la  théorie 
courante  des  trois  périodes  successives  (française,  italienne,  anglaise) 
du  génie  de  Chaucer.  Œuvres  lyriques,  œuvres  allégoriques  sont  en- 
suite passées  en  revue  par  M.  I^egouis,  qui  s'étend  davantage  sur 
Troïlns  et  Criseyde,  poème  qu'il  étudie  de  très  près  et  sur  lequel  il 
fait  un  peu  plus  de    réserves    que  n'en    avait  fait  M.    Jusserand 
dans  un  chapitre  bien  connu  de  son  Histoire  littéraire  du  peuple 
anglais.  Anx  Contes  de  Caniorbén/  est  enfin  consacrée  toute  une  moitié 
du  volume  et  la  proportion  n'est  que  juste.  Une  analyse  détaillée  de 
ces  contes  paraissant  nécessaire,  la  difficulté  était  d'échapper  à  la 
sécheresse  ordinaire  des  résumés,   mais  cette  difficulté  a^été  fort 
habilement  vaincue  :  ces  abrégés,  coupés  d'extraits,  sont  souvent 
presque  aussi  vivants  et  aussi  pittoresques  que  le  sont  les  pièces  de 
Shakespeare  abrégées  par  Lamb.   Successivement,  nous  sont  donc 
narrées  dans  leur  apparent  et  savant  désordre  ces  deux  douzaines 
d'histoires   chevaleresques   ou    satiriques,    dévotes   ou    bouffonne*, 
morales  ou  licencieuses  (licencieuses  assez  souvent,  car  les  théories  et 
l'esprit  en  sont  en  somme  d'ordinaire  ceux  de  nos  fabliaux;  et  M.  Le- 
gouis, exhibant  son  auteur  tel  qu'il  est, ne  l'a  expurgé  ni  dansl'analyse 
qu'il  en  fait, ni  dans  les  spécimens  qu'il  en  donne).  De  nombreux  mor- 
ceaux sont  traduits  en  vers  français,  et  ces  traductions,  de  tout  point 
excellentes,  valent  par  la  souplesse  alerte  autant  que  par  l'exactitude. 
Enfin, Chaucer  ayant  été  apprécié  comme  portraitiste,  comme  metteur 
en  scène  de  ses  personnages,  comme  narrateur,  comme  écrivain,  la 
conclusion  fait  ressortir  ce  qui  fait,  avec  le  génie  poétique,  aa  grande 
originahté* parmi  les  auteurs  de  son  temps  :  curiosité  et  observation 
sympathique  des  gens  et  des  choses,  goût  et  faculté  de  voir  ce  qui 
est  et  de  le  peindre  tel  qu'il  est.  Aussi  agréable  de  forme  que  solide 
de  fond,  ce  petit  volume  est  sans  doute  ce  qui  s'est  écrit  jusqu'ici  de 
plus  pénétrant,  et,  dans  sa  brièveté  relative,  de  plus  complet  sur 
l'homme  qu'on  appelle,  non  sans  raison,  le  père  de  la  poésie  an- 
glaise,   A.  Barbeau. 


—  237  — 

IVlichel  louriévitch  Ijermontoir.   S>a   Wie  et  ses    oeiiYreis, 

par  E.  DuGHESNB.    Paris,    Plon-Nuurrit,  lyio,    in-8  de  ni-378  p.  —  Prix: 
7  fr.  50. 

Ce  livre  est  une  thèse  de  doctorat  et  serait  pour  détourner  de  ce 
genre  de  littér  .turc  si  beaucoup  de  thèses  ressemblent  h  celle-là. 
Aucun  amour,  aucun  autre  sentiment  marqué,  aucune  vue  person- 
nelle à  exprimer  n'a  apparemment  déterminé  l'auteur  à  s'occuper  de 
Lermontov.    Dans  la"  nécessité   où  il  était  d'écrire  une  «  thèse  »,  il 
semble  n'avoir  choisi  cet  admirable  poète  que  pour  profiter  d'un 
«  sujet  »  qui  s'offrait  ou  qu'on  lui  indiquait.  Ajoutez  qu'appliqué 
sans  doute  à  se  mettre  à  l'abri  des  objections  de  ses  examinateurs, 
le  «  candidat  »  ne  s'est  jamais  aventuré  à  exprimer  sans  restrictions 
une  opinion  qui  soit  à  lui.  11  n'exprime,  avec  une  extrême  prudence, 
que  des  demi-opinions.  Soigneusement  informé  comme  il  convenait 
de  tout  (ou  de  presque  tout)  ce  qu'on  écrivit  avant  lui  sur  Lermon- 
tov, ]\L  Duchesne  s'en  est  souvenu  de  façon  excessive.  Sa  marche 
en  a  été  appesantie  et  est  devenue  pénible.  L'auteur  paraît  ne  faiie 
aucun  pas  sans  béquilles,  s'appuyant  à  droite  sur  un  critique  russe, 
et  à  gauche  sur  un  autre  critique.  Vraiment  on  n'aperçoit,   dans 
toute  cette  étude,  rien  qui  appartienne  en  propre  à  notre  compa- 
triote qu'environ  six  pages;  elles  se  trouvent  dans  un  des  chapitres, 
très  développés,  qui  ont  trait  aux    influences,  plus  ou  moins  avérées, 
subies  par  le  poète  russe.   Par  quelques  rapprochements    l'auteur 
établit  que  Lermontov  connaissait  Victor  Hugo  mieux  qu'on  ne  s'en 
était  avisé.  Il  avait  retenu  quelques  images  des  Orientales  et  quelque 
chose  du  romantisme  de  Han  d' Islande  et  de  Notre-Dame  de  Paris. 
A  côté  des  grandes  influences  de  Byron,  d'Auguste  Barbier,  de. Pouch- 
kine, c'est  un  nom  à  ajouter  à  tous  ceux  que  M.    Duchesne    fait 
défiler  sous  les  yeux  de  ses  lecteurs,  de  Gœthe  à  H.  Heine,  de  Sha- 
kespeare à  Ossian  et  à  W.  Scott,  et  de  Chateaubriand  à  Alfred  de 
Musset.  Une  critique  grave  à  adresser  à  M.  Duchesne  est  la  façon 
dont  sont  traduits  les  passages  qu'il  cite  dans  ses  analyses,  presque 
interminables,  des  diver.'^^es  œuvres  de  Lermontov.  L'auteur,  par  un 
procédé  discutable  et  peut-être  illicite,  prend  tout  simplement  des 
traductions  publiées  et  y  introduit,   sans  les  indiquer  par  aucune 
disposition  typographique,  les  changements  qu'il  juge  nécessaires. 
Il  fallait  se  donner  la  peine  de  traduire  soi-même  (et  comni'  nt  ne 
pas  en  avoir  le  désir?)    d'autant  plus  que  les  traductions  qu'emploie 
M.   Duchesne  et  qu'il  a  le  tort  de  qualifier  d'   «  excellentes  »,   — 
plusieurs  traductions,  notamment  de  M.  Louis  Léger,  à  qui  la  thèse 
est  dédiée,  • —  d'autant  plus,  dis-je,   que  ces  traductions  sont  extrê- 
mement faibles.  Elles  sont  gauches,  si  veules  et  si  plates,   que  souvent 
on  se  demande  malgré  soi,  avec  colère,  si  le  traducteur  auquel  recourt 


.^  238  —       ; 

cumiilaisanuncjit  M.  Duchesne  a  compris,  non  point  les  mots,  mais 
les  sentiments  du  poète.  Nous  ne  pouvons  malheureusement  pas  insis- 
ter; une  citation  donnera  idée  du  galimatias  double  auquel  arrivent, en 
s'unissant,  le  professeur  et  l'élève  :  «  Et  notre  poussière,  appréciée 
avec  la  sévérité  d'un  juge  et  d'un  citoyen,  sera  flétrie  par  la  postérité 
d'un  vers  méprisant,  avec  l'ironie  amère  d'un  fils  déçu  qui  accuse  un 
père  prodigue.  »  (p.  63).  Cette  phraséologie  gélatineuse  doit  corres- 
pondre, le  croira- t-on,  à  une  fin  de  poème  pleine  de  force  et  de 
feu  !  Que  pensera-t-on  aussi  de  cette  petite  phrase  :  «  Je  bourrai  à 
fond  ma  cartouche  »  (p.  101),  quand  on  apprendra  qu'il  s'agit,  en 
l'espèce,  non  point  d'un  chasseur  préparant  des  munitions,  mais  d'un 
artilleur  de  1812  qui  charge  son  canon  pendant  le  combat  !  Nous 
aurions  du  reste  beaucoup  à  dire  sur  l'écriture  de  M.  Duchesne 
lorsqu'il  exprime  quelque  chose  de  son  crû.  Nos  critiques,  que  nous 
arrêtons,  ne  doivent  pas  nous  empêcher  de  rendre  hemmage  à  son 
effort.  Son  livre  est  le  premier  travail  d'ensemble  fait  sur  Lermontov; 
à  ce  titre,  il  sera  pris  t  n  considération,  et  sans  doute  par  les  Russes 
eux-mêmes.  C'est  avec  une  satisfaction  très  réelle  que  l'on  voit  des 
Français  aborder  l'étude  de  la  littérature  russe;  le  temps  approche 
enfin,  croyons-nous,  où  nos  compatriotes  nous  fourniront  eux  mêmes 
les  renseignements  de  tout  ordre  dont  nous  avons  besoin  sur  la  Rus- 
sie, pourrons-nous  bien  ne  plus  être  tributaires  en  cela  des  Polonais, 
—  qui  voient  les  choses  russes  avec  une  partialité  nationale,  et  avec 
des  yeux  qui  ont  à  s'instruire  comme  les  nôtres,  —  ou  des  Russes, 
soit  authentiques  soit  peu  orthodoxes,  qui  nous  content  ce  qu'ils 
croient  juste...  ou  ce  qu'ils  veulent  !  Denis  Roche. 


HISTOIRE 


Mizraïm.  Souvenirs  d'Itgypte,  par  Godkfroid  Kurth.  Bruxelles, 
Dewil,  1912,  iii-18  de  378-ii  p.  —  Prix  :  i  l'r.  50. 

Après  tant  d'œuvres  remarquables  consacrées  au  moyen  âge,  le 
grand  historien  belge  a  voulu,  à  son  tour,  étudier  sur  place  la  plus 
ancieime  civilisation,  celle  d'où  sont  sorties  toutes  nos  conceptions 
morales  et  religieuses.  Son  livre  pourrait  s'appeler  «  Pèlerinage  d'un 
chrétien  au  pays  d'Osiris.  »  Partout  et  toujours,  ce  sont  les  hautes 
pensées  de  la  religion  chrétienne  qui  le  dominent  en  cours  de  route  : 
en  Italie  et  en  mer,  comme  sur  la  terre  des  Pharaons.  A  la  lecture 
des  conseils  pratiques  et  terre  à  terre  de  Phtahotep  à  son  fils,  ceux 
de  saint  Louis  à  sa  fille  Isabelle  de  Franco  chantent  dans  sa  mé- 
moire. Je  crains  même  que  la  comparaison  avec  les  progrès  moraux 
accomplis  depuis  la  venue  du  Clirist  ne  l'aient  rendu  injuste  pour 
ceux  que  les  Grecs  et  les  Juifs  eux-mêmes  appelaient  :  les  sages 


—  239  — 

d'Egypte.  S'ils  ont  divinisé  des  animaux,  si  ces  grands  édifices  ont 
été  construits  au  prix  d'innombrables  vies  humaines,  ces  hommes 
ont  les  premiers  conçu  l'immortalité  de  l'âme,  la  justice  divine  s' exer- 
çant sur  elle,  et  rédigé  cette  admirable  confession  du  mort  devant  les 
quarante-deux  dieux  juges  :  «  Je  n'ai  pts  tourmenté  la  veuve,  je  n'ai 
pas  desservi  l'esclave  auprès  de  son  maitic,  je  n'ai  pas  affamé;  je 
n'ai  pas  fait  pleurer.  »  La  pensée  éiyptiennc  était  presque  chrétienne 
avant  le  Christ;  aussi  l'Egypte  chrétienne  avec  les  saints  de  la  Thé- 
baïde,  ses  moines  innombrables,  fils  et  successeurs  des  reclus  du 
Sérapéum,  ses  grands  docteurs,  Clémtnt  d'Alexandrie,  Origène, 
Athanase,  a-t-elle  été  le  plus  beau  fleuron  de  l'Eglise  universelle. 
Tout  cela  ne  doit-il  pas  nous  porter  à  l'indulgence?  Si  l'auteur  éprouve 
d'involontaires  mouvements  de  révolte  dès  qu'il  entre  en  contact  avec 
l'islam,  s'il  se  sent  des  sentiments  de  fils  des  croisés  en  face  des  fils  des 
Sarrasins,  il  est  définitivement  conquis  dès  qu'il  arrive  vers  Thébes; 
il  ne  dissimule  pas  l'émotion  profonde  qu'il  éprouve  devant  l'immen- 
sité de  Karnak,  surtout  ayant  pour  guide  notre  si  aimable  et  si 
savant  compatriote,  Georges  Legrain.  F.  de  Villenoisy. 


Iloinmes  et  cltoses  tSe  l'ancienne  Rome,  par  R.  Pighon.  Paris, 

Fonlemoiu^,  1911,  in-16  de  vu- 357  p.  —  Prix  :  S  fr.  50. 
t 

C'est  un  recueil  de  six  études  parues  dans  la  Revue  des  Deux  Mon- 
des et  le  Journal  des  savants  ou  données  en  conférences  au  MuKce 
Guimet  que  nous  offre  sous  ce  titie  le  distingué  latiniste.  On  les  lira, 
ou  on  les  relira  avec  plaisir  sous  ce  nouvel  aspect.  Touchant  à  toutes 
les  époques  de  l'histoire  romaine,  depuis  la  légende  d'Hercule  et  de 
ses  bœufs  dérobés  par  Cacus,  jusqu'aux  polémiques  de  saint  Jé- 
rôme, en  passant  par  Sénèque  et  Néron,  à  peine  avons-nous  besoin 
de  dire  qu'on  y  trouvera  quantité  de  vues  ingénieuses,  d'idées  renou- 
velées, rajeunies  ou  modifiées,  soit  par  des  études  nouvelles,  soit  par 
les  récentes  théories  sur  les  religions  anciennes.  Nous  signalerons 
tout  particulièrement  les  excellentes  pages  consacrées  par  M.  Pichon 
à  ce  maître  auquel  il  fait  si  grand  honneur,  M.  Gaston  Boissier,  et 
de  l'œuvre  de  qui  il  est  aujourd'hui  l'un  des  meilleurs  continua- 
teurs. A.  B. 


La  H\e  privée  au  temps^  des  premiers  Capétiens,  par  Alfkbd 
Franklin.  1"  éd.  Pans,  Émile-Paul,  1911,  2  vol.  petit  iu-8  de  xxxii-34'<  et 
xv-392  p.  -  Prix  :  10  fr. 

Faire  connaître  par  le  menu  la  vie  de  nos  ancêtres  est  une 
œuvre  nécessitant  de  longues  et  patientes  recherches.  Dans  les 
chroniques,  nous  trouvons  la  suite  des  principaux  événements  qui 


-  240 


agitèrent  le  monde;  mais  rarement  elles  nous  apprennent  comment 
vivaient  les  contemporains  de  ces  événements.  11  est  donc  nécessaire 
(le  s'adresser  souvent  à  d'autres  sources  qu'aux  chroniques  pour 
nous  faire  une  idée  de  cett-e  vie.  Les  comptes,  les  inventaires,  les  sta- 
tuts des  métiers,  les  poèmes  satiriques,  les  œuvres  des  moralistes, 
les  traités  de  médecine,  etc.,  voilà  les  principaux  travaux  auxquels 
puisa  M.  Franklin  pour  composer  ces  deux  volumes  dont  il  donne 
aujourd'hui  une  seconde  édition. 'Ces  volumes  seront  intéressants  à 
consulter  non  seulement  pour  les  érudits  qui  y  trouveront  beau- 
coup de  renseignements  utiles  à  glaner,  mais  aussi  pour  toute 
personne  instruite  qui  voudra  connaître  la  société  et  les  usages 
du  moyen  âge.  Tout  en  effet  est  passé  en  revue  dans  ces  volumes  : 
l'Église  avec  ses  fêtes,  ses  cérémonies  et  son  influence  morale  et 
charitable;  le  Roi,  la  Reine  avec  leur  entourage,  leur  cour, leur  person- 
nel. On  apprend  dans  les  chapitres  qui  leur  sont  consacrés  comment 
vivaient  nos  premiers  rois,  comment  ils  étaient  servis,  comment  ils 
moururent  et  les  cérémonies  qui  entourèrent  leurs  funérailles. 

Après  s'être  occupé  des  rois  et  des  reines,  M.  Franklin  consacre 
trois  chapitres  aux  femmes,  à  leur  coquetterie,  à  leurs  costumes,  à 
leur  vie,  nous  faisant  connaître  leurs  bijoux,  les  étoffes  dont  elles  se 
revêtaient,  leurs  chapeaux,  leurs  fourrures,  les  menus  objets  dont 
elles  aimaient  à  s'entourer.  L'éducation  donnée  aux  enfants,  les  soins 
qu'on  leur  prodiguait,  leurs  jouets  et  leurs  j^  ux  ne  sont  pas  non  plus 
omis.  On  se  figure  souvent  les  siècles  du  moyen  âge  comme  des 
siècles  d'ignorance  et  de  superstition.  Qu'on  parcoure  les  chapitres 
relatifs  aux  lettres,  sciences  et  arts,  et  on  se  rendra  compte  que,  si 
les  siècles  passent,  les  charlatans  restent  et  que  le  moyen  âge  connut, 
comme  notre  siècle,  de  vrais  savants,  des  artistes  de  premier  ordre 
et  des  professeurs  qui  savaient  foimer  et  élever  la  jeunesse  d'alors. 
Après  les  chapitres  consacrés  à  la  médecine  et  à  l'hygiène,  M.  Fran- 
klin nous  parle  des  repas,  de  la  cuisine,  des  marchés,  des  épices,  des 
vins,  puis  de  la  domesticité,  des  meubles,  des  jeux  des  animaux  que 
l'on  aimait  avoir  autour  de  soi,  de  la  ménagerie  du  Roi,  des  co  pora- 
tions,  des  ateliers,  ^es  confréries,  du  commerce,  des  impôts,  des 
monnaies,  etc.  En  somme,  comme  nous  le  disions  au  début  de  cet- 
article,  toutes  les  catégories  de  lecteurs  parcourront  ces  deux  volumes 
avec  intérêt  et  souvent  avec  grand  profit.  J.  ^'IAKD. 


lifs  H auite  et  Bas«e  Forestz  <1e  Ciiinon,  des  origine.«i  au 

XV1«    8i«cle,     par   Eugène   Pépin.   Pari-,    Laveur,    1911,    gr.  in-8  de 
233-xxv  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Ce  livre,  luxueusement  édité,  est  une  ceuvre  de  haute  érudition. 
C'est  une  «  Étude  de  législation  et  d'histoire  forestières,  »  mais  spé- 


—  241  — 

ciale  aux  deux  massifs  boisés  dont  s'est  composée  (et  se  compose 
encore  aujourd'hui)  la  forêt  de  Chinon,  du  xii^  siècle  au  commence- 
ment du  XVII®.  Antérieurement  à  une  vieille  charte  de  1190,  relevée 
dans  un  cartulaire  de  l'archevêché  de  Tours,  les  textes  font  défaut. 
Mais,  à  partir  de  cette  date,  M.  Pépin  a  pu  les  retrouver  en  nombre, 
les  ayant  pourchassés  dans  toutes  les  archives  publiques  ou  privées 
de  la  Touraine,  dans'  les  bibliothèques,  dans  les  ouvrages  anciens 
ou  relativement  récents,  à  toutes  les  sources  enfin. 

De  la  Haute  Forêt,  la  plus  considérable  puisqu'elle  est  indiquée 
comme  ayant  contenu  8.160  arpents,  la  Basse  Forêt  n'en  ayant  com- 
pris que  1.760,  l'histoire  est  assez  compliquée.  Elle  a  toujours  été, 
jusqu'à  la  Révolution,  indivise  entre  l'archevêque  de  Tours,  d'une 
part,  et,  d'autre  part,  le  roi  d'Angleterre,  en  sa  qualité  de  comte 
d'Anjou  vassal  du  roi  de  France,  et  ensuite  le  roi  de  France  lui- 
même,  après  la  réunion  du  comté  d'Anjou  à  la  Couronne.  Elle  a 
subi,  durant  cette  longue  période,  en  tant  que  propriété,  les  vicissi- 
tudes les  plus  diverses  dans  son  mode  de  jouissance.  La  Basse  Forêt, 
n'ayant  jamais  eu  qu'un  seul  propriétaire  —  le  comte  de  Chinon  d'a- 
bord et  ensuite  le  roi  de  France  —  d'ailleurs  «  (compagnon  de  pariage  » 
de  l'archevêque   de  Tours,  a  toujours  été  soumise  au  même  régime. 

L'exposé  des  procédés  d'administration  auxquels  la  forêt  de  Chinon 
fut  soumise  offre  un  intérêt  d'autant  plus  grand,  que  cette  adminis- 
tration et  l'organisation  de  son  personnel  se  rattachent  à  celles  dos 
autres  forêts  du  royaume,  variables,  il  est  vrai,  suivant  chaque  pro- 
vince, mais  ayant  de  nombreux  points  communs. 

La  vente  et  l'exploitation  des  coupes  de  bois,  surtout  l'exercice  de 
la  chasse,  la  répression  des  délits,  et  les  nombreuses  questions  qui 
se  rattachent  à  la  jouissance,  ne  sont  pas  le  résultat  le  moins  inté- 
ressant de  la  mise  en  œuvre  des  documents  recueillis  par  l'auteur. 

Un  non  moindre  intérêt  s'attache  à  la  vaste  et  complexe  questioji 
des  droits  d'usage  étudiée  dans  ses  origines  et  dans  l'évolution  qu'ils 
ont  subie,  dans  les  diverses  catégories  d'usagers,  le  tout  suivi  d'une 
carte  à  grande  échelle  de  la  forêt,  dressée  en  1673.  Ainsi  se  clôt  la 
quatrième  et  dernière  partie  de  l'ouvrage. 

Trois  annexes  le  suivent,  donnant  ;  (I).  Les  listes  des  «  officiers  des 
eaux  et  forêts  de  Chinon  et  de  Touraine  »;  (II).  La  bibliographie 
d'histoire  et  de  législation  en  matière  forestière;  (111).  La  biblio- 
graphie spéciale  à  l'histoire  de  la  forêt  de  Chinon.      C.  de  Kirwan. 


Hiatoire  sociale  des  relîgioMS,  par  Maurice  Vernes.  I.  Les  Reli- 
gions occidentales  dans  leur  rapport  cvtc  le  progrès  politique  et  social.  P&ris, 
Giard  et  Brière,  1911,  in-8  de  539  p.  —  Prix  :  10  fr. 

L'auteur  a  fait  des  efforts  visibles  pour  être  impartial,  et  je  crois 
Mars  1912.  T.  GXXlV.  16. 


—  242  i— 

qu'il  l'a  souvent  été,  dans  cette  longue  enquête  à  travers  l'histoire 
des  religions  et  des  peuples  de  l'Occident.  11  se  place  fréquemment 
à  un  point  de  vue  rationaliste  qui  ne  saurait  être  le  nôtre;  du  moins 
n'est-il  pas  du  nombre  de  ceux,  tels  que  Renan  et  son  école,  qu'il  fus- 
tige vigoureusrment  au  passage,  qui,  pour  satisfaire  leur  rage  de  sec- 
taires, non  seulement  sollicitent  les  textes,  mais  les  mettent  à  la  tor- 
ture et  les  dénaturent  à  plaisir.  M.  Vernes,  sauf  erreur,  appartient,  de 
naissance  du  moins,  à  la  religion  réformée,  de  là  une  préférence  très 
naturelle  pour  celle-ci,  bien  qu'il  ne  déguise  nullement  les  abus  d'au- 
torité et  autres  fautes  que  l'on  est  en  droit  de  reprocher  aux  Luther 
et  aux  Calvin,  sans  parler  des  Henri  VllI.  Tout  en  faisant  au  chris- 
tianisme, en  général,  sa  part,  sa  large  part  dans  l'amélioration  mo- 
rale des  nations,  il  aurait  pu  insister  davantage  sur  les  institutions 
hautement  civilisatrices  du  catholicisme,  au  lieu  d'appuyer  sur  des 
excès  commis  en  son  nom,  mais  réprouvés  par  lui.  Si  les  guerres  de 
religion  qui  ensanglantèrent  l'Europe  au  xvi<^  siècle  furent  trop  sou- 
vent atroces,  je  ne  sache  pas  que  le  protestantisme,  sous  ce  rapport 
du  moins,  ait  quelque  chose  à  envier  au  catholicisme.  En  tei minant 
ces  lignes,  qui  sont  moins  un  compte  rendu  qu'une  appréciation  som- 
maire, je  tiens  à  dire  que  le  lecteur  trouvera  dans  cet  ouvrage, 
fortement  documenté,  plus  d'une  indication  utile  et  plus  d'une  judi- 
cieuse observation.  A.  Roussel. 

Ijcs  PhilOBoplsc«  et  In  Société  française  au  1L¥1I1«  fliéele, 

par  M.  RùUsTAN.  Paris,  Ilachelte,  1911,  in-16  de  xi-391  p.  —  Prix  :  3fr.  10. 

La  Révolution  française  est-elle  l'œuvre  des  philosophes  du 
xviii^  siècle?  L'esprit  philosophique  a-t-il  créé  l'esprit  révolution- 
naire? Nûn,  disent  certains  auteurs  comme  M.  Rocquain  et  M.  Au- 
bertin;  il  y  avait  un  esprit  révolutionnaire,  alors  que  les  philoso- 
phes avaient  à  peine  commencé  à  vivre  et,  en  1753,  la  Révolution 
fut  sur  le  point  d'éclater.  Oui,  disent  les  autres,  et  la  preuve,  c'est 
que  la  Révolution  ne  s'est  pas  faite  en  1753,  a  éclaté  en  1789, 
après  que  les  philosophes  eurent  pubhé  leurs  ouvrages;  ce  sont 
eux  qui,  s'ils  n'ont  pas  créé  l'esprit  révolutionnaire,  l'ont  déve- 
loppé et  ont  amené  l'explosion.  M.  Roustan  qui,  à  l'inverse  de 
M.  Faguet,  partage  cette  dernière  opinion,  a  examiné  quelle  a 
été  l'influence  des  philosophes  sur  les  diiTérentes  classes  et  les  divers 
organes  de  la  société,  sur  la  royauté,  sur  les  favorites,  sur  la 
noblesse,  sur  les  magistrats,  sur  les  financiers,  sur  les  salons, 
sur  la  liourgeoisie,  sur  le  peuple.  Louis  XV  n'aimait  pas  beaucoup 
les  philosophes,  mais  il  les  a  servis  par  les  scandales  qu'il  a  donnés 
et  l'avilissement  qu'il  a  infligé  à  la  Royauté.  Les  -favorites  — 
jyjme  de  Pompadour  notamment  —  protégeaient  les  philosophes,  et  les 


.-  243  — 

philosophes  s'accommodaient  fort  bien  d'abus  où  ils  trouvaient  leur 
compte.  La  noblesse,  la  noblesse  de  cour  surtout,  se  jeta  à  corps 
perdu   dans  les  nouvelles   doctrines;  la  noblesse  de  province   s'en 
méfiait;  mais  elle  était  pauvre  et  avait  peu  d'influence.  M.    Rous- 
tan  —  et  nous  ne  saurions  partager  son  avis  —  prétend  que  la 
noblesse    française,  à  l'inverse    de    la    noblesse  anglaise,  était  un 
corps  fermé;  c'est  une  erreur,  suivant  nous  :  sans  parler  des  fa- 
miEes   anoblies   pour  d'insignes  services,    comme   les  Colbert  et  les 
Phélypeaux,  un  grand  nombre  de   Français  entraient  dans  la  no- 
blesse en  achetant  des  charges  qui  la  conféraient.  Les    magistrats 
censuraient  et  condamnaient  les  philosophes  en  principe;  mais,  en 
fait,  ils  les   épargnaient    et   leurs  grandes    querelles  avec   le  clergé 
sur  le  jansénisme,  l'expulsion  des  jésuites  qui  est  leur  œuvre,    ont 
plus  que  tout  servi  la  cause  philosophique.  Les  salons  ont  été  les 
principaux  soutiens  des  Encyclopédistes;  c'est  là  qu'ils  ont  parlé, 
c'est  par  là  que  se  sont  propagés  leurs  écrits;  ils  y  régnaient  en 
maîtres   et  c'est  de  là  qu'ils  envahissaient  l'Académie.    Quant  au 
peuple,  nous  ne  croyons  pas  qu'il  ait  été  à  la  fin  du  xviii^  siècle 
aussi   malheureux    que   le   prétend  l'auteur;  le   tableau  qu'il  trace 
de  la  misère  populaire,  que  nous  ne  voulons  nullement  nier,  nous 
parait  poussé   au  noir,  et  l'on  en  trouverait  la  contre-partie  dans 
les    travaux  si  documentés  de  M.  Albert  Babeau  et  de  M.  Arda- 
scheff  sur  les  Intendants  sous  le  règne  de  Louis  XVI.  Mais  le  plus 
curieux    chapitre    de    ce    volume    est  peut-être  celui  qui  concerne 
les  rapports  des  philosophes  avec  les  bourgeois;  il  y  a  là  un  por- 
trait piquant  de  l'avocat  Barbier,  véritable  type  de  bourgeois  pari- 
sien amoureux  de  son  bien-être,  passionné  d'ordre  matériel,  dévoué 
au  Roi,  mais  un  peu  frondeur,  un  peu  sceptique  et  adoptant,  par 
esprit   d'opposition,  des   théories   dont    l'application  emportera  un 
jour  tout  ce  qu'il  aime,  comme  ces  riches  capitalistes  de  notre  temps 
qui  patronnent  le  socialisme  dont  ils  seront  les  premières  victimes. 
Nous  différerions  d'opinion  sur  plus  d'un  point  avec  M.  Roustan, 
ne  fût-ce  que  sur  le  zèle  des  philosophes  et,  en  particuMer,  de  Vol- 
taire pour  l'instruction  du  peuple;  mais  nous  reconnaissons  l'inté- 
rêt  et   le   mérite   de   son  œuvre  qui  révèle  une  étude  approfondie 
du  sujet;  l'auteur  a  eu  le  mérite  et  le  courage  bien  rares  de  lire 
ou  tout  au  moins  de  parcourir  les  gros  in-folios  de  l'Encyclopédie 
dont    il    fait    de    fréquentes    citations.  Mais  nous  voudrions  qu'il 
donnât  de  plus  nombreuses  références  sur  ces  citations  en  indiquant 
les  volumes  et  les  pages.  Nous  savons  que  depuis  quelque  temps 
on  a  abusé  des  notes,  mais  il  n'y  en  a  pas  une  seule  dans  ce  livre; 
c'est  vraiment  trop  peu.  Ma.x.  de  la.  Rochkterie. 


—  244  - 

lies  Impôts  iiirerts  «ous  rancîeii  régime,  principalement 

nu  XVllI®  siècle, -par  Marcel  Makion.  Paris,  Coraely,  1910,  gr.  iu-8 
de  m  p.  —  Prix  :  12  fr. 

Le  livre  de  M.  Marion  inaugure  de  la  manière  la  plus  heureuse  la 
Collection  de  textes  sur  l'histoire  des  institutions  et  des  services  publics 
de  la  France  moderne  et  contemporaine,  publiée  sous  la  direction  de 
M.  Camille  Bloch,  et  je  m'excuse  auprès  des  lecteurs  du  Polybiblion 
d'avoir  mis  quelque  retard  à  le  leur  présenter.  C'est  un  excellent  guide 
qui  rendra  service  à  tous  ceux  qui  voudront  étudier  le  fonctionne- 
ment des  impôts  directs  à  la  fin  de  l'ancien  régime,  et  dans  lequel 
on  trouvera  déjà  tous  les  textes  essentiels  et  les  documents  les  plus 
importants  sur  la  matière.  L'ouvrage  comprend  deux  parties,  d'iné- 
gale étendue  :  d'abord  une  Introduction  (p.  1  à  123),  et  ensuite  le 
Recueil  de  textes  (p.  125  à  416).  L'Introduction,  nourrie  et  condensée, 
expose  à  grands  traits  l'histoire  des  principaux  impôts  directs  à  la 
fin  du  xvii^  et  au  xviii®  siècle  :  la  taille,  —  la  capitation,  —  le 
dixième,  le  cinquajitième  et  les  vingtièmes,  • —  l'impôt  remplaçant 
la  corvée.  On  aurait  peut-être  souhaité  un  peu  moins  de  brièveté  sur 
l'histoire  de  la  taille  royale  avant  le  dix-huitième  siècle,  notamment 
au  dix-septième;  M.  Marion  la  suppose  connue  et  renvoie,  d'ailleurs 
(p.  431),  à  l'étude  de  M.  Callery,  qu'il  trouve  cependant  trop  opti- 
miste. Peut-être  encourt-il  parfois  lui-même  le  reproche  opposé,  en 
poussant  un  peu  trop  au  noir  le  tableau  (par  ex.,  p.  8  :  «  passer 
pour  indigent  était  le  seul  moyen  de  ne  pas  le  devenir  effective- 
ment »).  Mais  ce  sont  là  de  petites  chicanes,  sur  lesquelles  il  y  aurait 
mauvaise  grâce  à  insister;  et  cette  Introduction,  avec  ses  références 
aux  documents  publiés  dans  la  seconde  partie  de  l'ouvrage,  constitue 
un  résumé  clair  et  substantiel  de  l'histoire  des  impôts  directs  à  partir 
de  Louis  XIV. 

Dans  le  Recueil  de  textes  (p.  125  et  s.)  ont  été  réunis,  sur  chacun 
des  impôts  en  question,  d'une  part  les  actes  du  pouvoir  souverain 
(édits,  déclarations,  arrêts  du  Conseil),  d'autre  part,  des  extraits  des 
correspondances  administratives  auxquelles  ils  ont  donné  lieu,  des 
extraits  des  mémoires  et  rapports  des  assemblées  provinciales,  ainsi 
que  des  remontrances  des  cours  souveraines,  et  enfin  quelques  pages 
d'auteurs  du  dix-huitième  siècle.  Cet  ensemble  de  documents  bien 
choisis,  rassemblés  en  un  volume  facile  à  consulter,  forme  déjà  une 
mine  précieuse  :  plus  de  la  moitié  étaient  inédits.  Mais  ce  qui  sera 
peut-être  encore  plus  précieux  pour  les  travailleurs,  c'est  la  bibho- 
graphie  qui  le  complète  (p.  421  à  432)  :  ils  y  trouveront  l'indica- 
tion détaillée  des  fonds  d'archives  à  consulter,  et  la  liste  des  princi- 
paux ouvrages  imprimés,  tant  anciens  que  modernes,  sur  ces  matières. 

On  voit  par  ce  simple  sommaire  quels  services  cet  ouvrage  est 


--  245 


appelé  à  rendre,  et  l'intérêt  qu'il  présente  à  lui  seul  pour  le  lecteur 
qui  s'en  tiendra  à  son  contenu.  On  ne  pouvait,  du  reste,  trouver  de 
n)eilleur  guide,  en  pareille  étude,  que  l'auteur  de  l'Impôt  sur  le 
revenu  au  xyiii^  siècle;  et  on  relèvera,  dans  ce  nouveau  volume,  bien 
des  traits  qui  donnent  à  réfléchir.  André  Lemaire. 


La  Ciiiinde   Peur  de  fSSO,  par  Edouard  Forbstié.    Moniauban, 
Masson,  l'MI,  in-8  de  xv-201  p.  —  Prix  :  4  fr. 

Quelques  semaines  après  la  prise  de  la  Bastille,  dans  les  derniers 
jours   de   juillet   ou   les   premiers  jours  d'août,  une  extraordinaire 
panique  se  répandit  dans  toute  la  France.  Les  bruits  les  plus  ef- 
frayants et  les  plus  étranges  circulaient,  variant  un  peu  suivant  les 
contrées,  mais  annonçant  un  même  fait  et  provoquant  une  même 
terreur    :  le  pays    était    envahi.    Dans  l'est  et  le    nord,    c'étaient 
les   troupes   impériales;  dans   la  Bretagne   et   les   pays   maritimes, 
c'étaient  les  Anglais;  dans  le  centre  et  le  midi,  c'étaient  des  bri- 
gands,  dont  on  ne  disait  pas  l'origine,  mais  qui  brûlaient  les  ré- 
coltes,  pillaient  les  maisons,  massacraient  les  habitants.  En  quel- 
ques  endroits,   c'était  le  comte   d'Artois  qui,  à  la  tête  de  16.000 
hommes,  venait  opérer  une  sanglante  contre-révolution.  Des  agents 
mystérieux,  qui  apparaissaient  comme  un  éclair  et  disparaissaient 
comme  une  ombre,  passaient  dans  tous  les  villages,  colportant  ces 
nouvelles  et  propageant  la  terreur.  Les  femmes  s'enfuyaient,  emme- 
nant leurs  enfants  ;  les  vieillards  se  cachaient  ;   les  hommes  valides 
s'armaient  de  piques,  de  faux,  de  fusils,  quand  ils  en  trouvaient, 
faisaient   des   patrouilles,    partaient   en   reconnaissance,   ne   décou- 
vraient  naturellement   rien   puisqu'il   n'y   avait   rien,,  et,  déçus,  se 
jetaient  souvent  sur  les  châteaux  qu'ils  incendiaient,  et  égorgeaient 
les   seigneurs.  Partout,  les  autorités   constituaient   des   comités  de 
vigilance  et  des  gardes  civiques  pour  maintenir  l'ordre  et  se  défen- 
dre  contre  ces   ennemis   imaginaires.  C'est   ce    qu'on    a   appelé  la 
«Grande    Peur,  ;>  qui    a  régné  d'un  bout  de  la  France  à  l'autre,  au 
même  moment  et  dans  les  mêmes  conditions.  Un  érudit  de  Mon- 
iauban,  lauréat  do  l'Institut,  fouilleur  habile,  connu  par  nombre 
de  brochures  et  d'cuvrages,  fruit  de  patientes  et  heureuses  recher- 
ches, a  réuni  dans  ce  volume  tout  ce  qu'il  a  pu  trouver  dans  toutes 
les   parties   de  la   France,    au   nord,    au   centre,  dans   Test,  dans 
l'ouest  et,  plus  spécialement,  dans  le  midi,  sur  cet  émouvant  sujet, 
dont  le  savant  historien  qu'est  M.  Funck-Brentano  a  pu  écrire  : 
I'    «La  Grande  Peur  est  un  événement  de  la  plus  haute  impor- 
tance et  peut-être  le  plus  important  de  la  Révolution  ».  Le   conscien- 
cieux travail  de  M.  Forestié  prouve  la  vérité  de  l'aphorisme   de  M. 


V  —  246  — 

F'JTick-Brentano,  et  établit  l'existence  manifeste  d'un  complot  préparé 
d'avance  et  qui  éclata  tout  d'un  coup,  sur  tous  les  point<^  du  p^ys, 
avec  une  spontanéité  et  une  simultanéité  foudroyantes.  Oa  a  voulu 
avoir  partout  et  en  même  temps  une  organisation  révolutionnaire 
qui  pût  contrebalancer  et  remplacer  l'organisation  régulière  et  of- 
ficielle, substituer  les  gardes  nationales  à  l'armée  royale.  La 
prise  de  la  Bastille  avait  fait  éclore  cette  organisation  dans  les 
villes;  la  grande  peur  la  fit  éclore  dans  les  campagnes.  Mais  qui 
lança  le  mot  d'ordre  et  envoya  les  émissaires?  Est-ce  Mirabeau, 
Sicyès,  Talleyrand,  le  duc  d'Orléans?  On  les  en  a  tous  accusés  tour 
à  tour,  et  il  est  bien  possible  qu'ils  aient  tous  leur  part  de  respon- 
sabilité dans  le  complot.  Mais  M.  Forestié  incrimine  plus  encore 
la  franc-maçonnerie";  il  cite,  à  l'appui  de  son  opinion,  certain  passage 
d'un  ouvrage  publié  en  1797  par  un  bomme  très  mêlé  au  mouve- 
ment révolutionnaire  du  midi,  Sourdac,  et  il  faut  bien  avouer  que 
ce  passage  est  singulièrement  suggestif. 

A  la  fin  de  la  belle  Préface  qu'il  a  mise  en  tête  du  livre  de 
M.  Forestié,  M.  le  baron  de  Batz  a  exprimé  le  souhait  que  les 
nombreux  articles  publiés  par  l'auteur  sur  les  Déhuis  de  la  Révo- 
lution dans  le  sud-ouest  de  la  France  soient  bientôt  réunis  en  vo- 
lume. Malheureusement,  M.  Forestié  est  mort  tout  derniè- 
rement,   et  ce  voou  risque  fort  de  n'être  pas  réalisé. 

Max.  de  la  Rochsterie. 


Ij»  Fin  d'un  régime.  !Tlontl>^linril,  Bcifort  et  la  II»ute- 
.^Isace  au  itéltiit  delà  Révolution  française,  17^9-1  793, 
par  LÉON  Sahler.  Paris,  Champion,  1911,  in-8  de  212  p.,  avec  4  planches. 
—  Prix  :  6  fr. 

Quelque  vingt  années  avant  les  premiers  éclats  de  la  Révolution 
française  était  venu  s'installer  dans  le  pays  de  Montbéliard  le  prince 
Frédéric-Eugène  de  Wurtemberg  qui,  moyennant  finances,  avait 
obtenu  de  son  frère,  le  duc  régnant  de  Wurtemberg,  sa  nomination  en 
qualité  de  stathouder  de  Montbéliard.  Il  y  menait  une  vie  agn'abl 
et  facile,  tout  occupé  à  faire  le  bonheur  de  gens  qu'il  aimait  et  d'un 
pays  qui  lui  plaisait,  résidant  tantôt  dans  la  petite  capitale  de 
la  principauté,  tantôt  dans  son  château  d'Étupes,  à  peine  éloi- 
gné d'une  lieue  et  construit  par  ses  soins. 

Mais  bientôt  les  troubles  que  la  Révolulion  à  ses  débuts  suscita 
partout  >n  France  et  spécialement  en  Franche-Comté  et  en  Alsace, 
provinces  qui  encerclaient  ce  petit  pays,  eurent  leur  répercussion  à 
Montbéliard  non  point  du  fait  des  habitants,  mais  de  celui  des  voi- 
sins français.  Comtois  et  Alsaciens.  Si  bien  que,  après  avoir  réclamé 
beaucoup  et  récriminé  un  peu  tant  à  Paris  qu'à  Belfort  et  à  Besan- 


—  247  — 

çon,  lo  princo  Frédéric-Eugène  dut  quitter  ses  chères  résidences  et  se 
retirer  à  Bâle. 

Ces  pauvres  Montbéliardais,  dont  la  destinée  était  liée  depuis  près 
de  quatre  siècles  à  celle  du  Wurtemberg,  eurent  alors  à  supporter 
les  pires  ennuis.  Toujours  menacés  par  la  France,  molestés  aux  fron- 
tières par  les  autorités  qui  les  ruinaient  en  entravant  leur  commerce 
et  même  en  l'empêchant  totalement,  c'est  en  vain  qu'ils  adressèrent 
des  plaintes  de  tous  côtés.  La  surdité  était  générale,  ou  à  peu  près. 
Puis  un  jour  (septembre  1792),  les  Belfortains  organisèrent  contre 
Monthéliard  une  expédition  d'opéra-bouffe, qui  n'en  réussit  pas  moins  : 
la  ville  se  rendit  sans  combat.  Mais  les  «  vainqueurs  «,  qui  n'avaient 
pas  brûlé  une  seule  cartouche,  furent  désavoués  et  durent  abandonner 
leur  conquête.  Un  peu  plus  tard  (10  avril  1793),  le  général  Després- 
Crassier,  avGC  216  hommes,  renouvela  cet  exploit;  toutefois,  le  soir 
même  de  son  arrivée,  il  se  retirait,  laissant  au  château  quatre  gendar- 
mes en  guise  de  garnison. 

JNIontbéliard  ne  devait  rentrer  sérieusement  et  définitivement 
dans  la  grande  unité  française  que  le  10  octobre  1793,  quand  le  con- 
ventionnel Bernard  de  Saintes  dit  Pioche- For  v:nt  en  prendre  pos- 
session «  au  nom  de  la  République  française  une  et  indivisible.  « 

M.  Léon  Sabler  nous  raconte  toute  cette  histoire  de  façon  très  inté- 
ressante et  très  vivante.  Son  travail,  qui  se  termine  par  un  Index 
alphabétique  fort  utile,  est  d'ailleurs  appuyé  d'importants  docu- 
ments, tels  que  le  Journal  du  comte  du  Lau,  gouverneur  de  Belfort 
(p.  128-158),  de  Lettres  relatives  à  la  réunion  de  Mulhouse  à  la  France 
(p.  159-180)  et  de  treize  autres  pièces  justificatives  d'envergure 
moindre.  Les  deux  portraits  hors  texte  et  les  deux  autres  planches 
typiques  qui  ornent  cet  ouvrage  ont  été  remarquablement  exécutés. 

E.-A.    Chapuis. 


IVoiiveaux  Rérite  des  temps  révoliitioiiRairesi,  â'.iprèx  des 
documents  innlil^,  par  Rrnbst  Daudbt.  Paris,  Haclielte,  1910,  in-16  de 
vii-273  p.  —  Prix  :  3  fr.  oO. 

Ce  titre  est-il  bien  exact  et  convient-il  de  l'appliquer  à  des  faits 
qui,  pour  la  plupart,  se  sont  passés  sous  l'Empire  et  la  Restaura- 
tion? La  période  révolutionnaire  n'était-elle  pas  déjà  close?  Non, 
répond  l'auteur.  «  Les  événements  tragiques  qu'elle  vit  s'accomplir 
durant  les  années  qui  suivirent  la  prise  de  la  Bastille  ont  laissé 
dans  ce  pays  des  traces  si  profondes;  nous  subissons  toujours  si 
vivement  leur  influence  et,  enfin,  ceux  de  nos  jours,  quand  on  en 
étudie  les  origines,  les  causes,  le  caractère,  s'y  rattachent  si  visi- 
blement qu'il  n'est  pas  téméraire  de  prétendre  que  le  cycle  révolu- 
tionnaire ouvert,   il  yT'a  cent  trente  ans,  n'est  pas  encore  fermé  ». 


—  248  — 

Et  ce  qui  se  passe  tous  les  jours   sous  nos   yeux   nous    démontre 
trop  que  l'auteur  a  pleinement  raison. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  nouveaux  récits  des  temps  révolutionriài- 
res  sont,  comme  toutes  les  œuvres  de  M.  Daudet,  très  intéressants 
et  remplis  de  détails  inédits.  Qui  connaissait  en  France  cette  exquise 
impératrice  Elisabeth  de  Russie  dont  le  grand- duc  Nicolas  Mikhaï- 
lovitch  a  réuni  et  publié  la  volumineuse  correspondance,  femme 
si  charmante  et  si  chrétienne  qui,  délaissée  par  son  mari,  l'empereur 
Alexandre,  lui  resta  toujours  fidèle  et  dévouée  avec  des  délica- 
tesses  de   sentiments   incomparables? 

Quelles  amusantes  révélations  sur  les  dessous  du  congrès  d'Aix- 
la-Chapelle,  empruntées  à  des  rapports  d'agents  secrets,  attachan- 
tes peintures  de  ces  princes  et  de  ces  diplomates  réunis  autour 
de  la  table  du  congrès,  parmi  lesquels  se  détache,  avec  un  admira- 
ble relief  de  désintéressement  et  de  patriotisme,  la  grande  figure 
du  duc  de  Richelieu!  Et,  avant  le  congrès  d'Aix-la-Chapelle,  voici 
les  grands  desseins  de  ce  vieux  roi,  dont  la  fermeté  et  l'autorité, 
grandies  par  l'épreuve,  sauvèrent  la  France  du  démembrement. 
On  conçoit  qu'il  ait  suscité  des  dévouements  comme  celui  du  che- 
valier de  Gouault,  si  tragiquement  fusillé  à  Troyes  en  1814. 

Mais  le  plus  piquant  peut-être  de  tous  ces  récits,  en  tout  cas  le 
moins  connu,  c'est  l'Odyssée  d'une  aventurière.  Étrange  odyssée  en 
effet  que  celle  de  cette  Madame  Riflon,  fille  d'un  équarisseur  de 
Bourges,  qui  débarque  tout  d'un  coup,  on  ne  sait  pourquoi,  à 
Madrid,  trouve  moyen  de  capter  la  confiance  à  la  fois  du  repré- 
sentant des  Bourbons,  le  duc  d'Havre,  de  l'ambassadeur  de  la  Rén 
publique,  Pérignon,  et  du  ministre  du  roi  d'Espagne,  le  prince  de 
la  Paix;  qui  reparaît  ensuite  en  Allemagne  et  en  Russie  sous  le 
nom  de  M"^*^  de  Nembaud,  puis  de  M"^^  de  Bonneuil,  voit  le  comte 
d'Avaray,  le  comte  de  Car  aman,  agent  du  comte  de  Provence  à 
Saint-Pétersbourg,  le  général  de  Beurnonville,  ambassadeur  de 
France  à  Berlin,  le  comte  Rostopchine,  ministre  du  Czar;  est  bien 
reçue  partout  et  prise  au  sérieux  par  les  plus  grands  personnages. 
Seul,  Louis  XVIII  flaire  l'intrigue  et  refuse  de  recevoir  l'aventu- 
rière. Puis  elle  disparaît  et  l'on  ne  sait  ce  qu'elle  devient.  Espé- 
rons que  de  nouvelles  recherches  révéleront  à  M.  Daudet,  si  patient 
dojns  ses  investigations  et  si  heureux  dans  ses  découvertes,  la  fin 
véritable    de   l'odyssée.  Max.  de  la.  Rocheterie. 


mMalre  de  l«  y^Uerre  de  Vendée,  par  le  chanoine  Dsniaù,  Dom 
Chamard  et  l'abbe  Uzurbau.  T.  V  et  Vi.  Angers,  Siraudeau,  s.  d.,2T0l. 
gr.  iQ-8  de  821  et  823  p.,  avec  cartes.   —  Prix:  15  fr. 

L'éditeur  Siraudeau  vient  de  donner  au  public  les  derniers  rolumei 


^  249  — 

de  la  grande  Histoire  de  la  guerre  de  Vendée^  de  l'abbé  Deniau,  revisée  et 
mise  àjourpar  Dom  Chamard  etM.  l'abbé  Uzureau.C'estl'histoiredes 
derniers  épisodes  de  la  Grande  ("merre,  on  pourrait  presque  dire  do 
l'agonie  de  la  Vendée.  Quand  s'ouvre  le  cinquième  volume,  deux  des 
glorieux  chefs  de  la  première  lieure  restent  seuls  en  armes  :  Charetto 
et  StolTlet;  mais  ces  armes,  ils  sont  sur  le  point  de  les  déposer  :  à  bout 
de  forces,  ils  signent,  avec  les  représentants  délégués  de  la  Conven- 
tion, le  traité  de  la  Jaunaye.  Y  eut-il,  à  ce  traité,  des  articles  secrets, 
stipulant  la  délivrance  de  Louis  XVII  et  le  rétablissement  de  la 
Royauté?  Au  milieu  de  tous  les  témoignages  contradictoires,  l'auteur 
semble  croire  qu'il  y  eut  bien  des  pourparlers,  aucun  engagement  écrit, 
mais  des  promesses  vagues,  donnant,  suivant  îe  mot  de  Napoléon, 
«  une  juste  idée  de  l'habileté  des  négociateurs  républicains  et  de  la 
crédulité  des  négociateurs  vendéens  »  et  qui  ne  furent,  bien  entendu, 
jamais  suivies  d'effet.  La  paix  d'ailleurs  ne  devait  et  ne  pouvait  pas 
durer longtemps.Les  conflits  ne  tardèrent  pas  à  se  produire  et  la  guerre 
reprit  pour  aboutir  promptement  àladéroutedes  Vendéens  et  à  la  mort 
de  Stofflet  et  deCharette,  fusillé  dans  cette  ville  de  Nantes,  où  il  était 
entré  en  triomphateur  quelques  mois  auparavant.  t*acifiée  par  Hoche, 
puis  par  Ilédouville,  la  Vendée,épuisée,  à  laquelle  on  avait  rendu  ses 
prêtres  et  l'exercice  du  culte,  n'eut  que  quelques  escarmouches  par- 
tielles sous  le  Directoire  et  le  Consulat  et  resta  complètement  tranquille 
sous  l'Empire.  Aux  Cent  Jours  elle  reprit  les  armes,  à  l'appel  de  Louis 
de  la  Rochejacquelein;  mais  ce  dernier  fut  tué  au  combat  des  Mathes  et 
la  défaite  de  Napoléon  à  Waterloo  mit  fin  au  soulèvement.  La  Restau- 
ration à  son  début  ne  fit  pas  grand'chose  pouT*  la  Vendée.  Préoccupé 
de  ralliera  sa  couronne  1  s  anciens  révolutionnaires  convertis, 
Louis  XVIII  oublia  un  peu  ceux  qui  l'avaient  fidèlement  servi  pen- 
dant les  jours  d'exil.  Certaines  mesures,  certaines  nominations  les 
froissèrent,  et  lorsque,  après  la  révolution  de  Juillet,  la  duchesse  de 
Berry  vint  chercher  en  Vendée  des  défenseurs  pour  le  trône  de  son  fils, 
elle  n'en  trouva  qu'un  petit  nombre. La  prised'armes  de  1  ~'32,  mal  orga- 
nisée et  insuffisamment  préparée,  aboutit  à  l'héroïque  défense  de  la 
Pénissière  et  à  la  captivité  de  la  princesse  livrée  par  Deutz. 

Ici  naturellement  s'arrête  l'œuvre  de  l'abbé  Den'au,  œuvre  magis- 
trale dont  les  recherches  du  curé  de  Saint-Macaire,  de  Dom  Chamard 
et  de  M.  l'abbé  Uzureau,  appuyées  sur  des  documents  récents  ou  iné- 
dits, ont  fait  une  œuvre  absolument  nouvelle,  enrichie  de  curieuses 
illustrations  et  complétée  par  une  carte  générale  du  théâtre  de  la 
guerre  et  des  cartes  des  principaux  champs  de  bataille. 

Max.  de  la  Rocheterie. 


—  250  — 

IVu|»oléon  et  rRlirn.te.  Austerlitz.  fja  Fin  «lu  Saint- 
Empire  (t^O  1-1 1^06).  par  ÉDOUAKD  Driault.  Paris,  Alcan,  1912, 
in-S  de  492  p.  —  Prix  :  7  fr. 

IVapoléon  et  l'Europe.  lia  B'oliticiue  extérieure  de  ]V.<«po- 
léoei  I^',  d'après  les  iravaUx  récents,  par  le  inèiiie.  Paris,  Leroux,  1911, 
in-8  (16  44  p.  (Extrait  des  Annales  révolutio7inai7-'!s,  jiiillel-soptembre  1911). 

lies   Itrulots   aiifflaiiii   en    rnclo  de    l'île   d'Aix   (1)409),  par 

J.  SiLVKSTRE.  P.iris,  Savaète.  1912,  in-8  de  xv-2o2  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

IVapoléon  et  les  Invalide»^,  par  le  général  Niox.  Paris,  Delagrave, 
s.  d.,  gr.  in-4  de  152  p.,  avec  iiii  frontispice  et  40  pi.  —  Prix  :  30  Ir. 

Kinéraire  général  de  Napoléon  I'^^  par  Albert  Schubrm\ns. 
2'  édition.  Piiris,  Jouve,  1911,  gr.  in-8  de  xi-464  p.  —  Prit  :  7  fr.  50. 

IKiblio^rapliie  du  temps  de  IVapoléon,  eomprenânt  l'Iiis- 
toire  des  États-Uni.^,  par  Frédbkic-M.  Kirgheisbn.  II.  Première 
partie.  I\'apoléon  et  sa  Famille.  Mémoires,  correspondances,  biographies- 
Paris;,  Champion;  Genève,  Kircbeisen  ;  Londres,  S.  Low,  Marstoo,  l912i 
gr.  in-8  de  208  p.  -  Prix  :  10  fr. 

Ilîbliographle  napoléonienne   française  jusqu'en   190S, 

par  Gustave  Davois.  T.  III  (N-Zi.  Paris,  l'Édition  bibliographique.  1911, 
in-8  de  249  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  30  fr. 

M.  Edouard  Driault  continue  la  série  d'études  qu'il  a  entreprises 
sur  Napoléon  et  l'Europe  en  un  second  volume  qui  a  pour  sujet  : 
Austerlitz.  La^ Fin  du  Saint-Empire  1804-1806,  et  fait  exactement 
suite  au  premier,  dont  le  Polybihlion  a  rendu  compte  :  La  Politique 
extérieure  du  Premier  Consul,  1800-1803.  Il  a  exprimé  ainsi  lui-même 
l'origine  et  le  caractère  de  l'idée  générale  qui  dirige  son  esprit  en  cette 
vaste  carrière  :  «  En  écrivant  la  Question  d'Orient,  il  y  a  une  douzaine 
d'années,  j'avais  noté  le  rôle  capital  qu'y  avait  joué  Napoléon  en  arrê- 
tant la  poussée  russe  sur  Constantinople.  J'ai  voulu  rechercher  les 
raisons  de  cette  politique  et  en  préciser  les  épisodes  :  l'histoire  de 
la  Politique  orientale  de  Napoléon  (1806-1808)  m'a  obligé  à  constater 
que  les  ambitions  impériales  de  Napoléon  étaient  de  nature  à  embras- 
ser tout  le  domaine  méditerranéen,  et  que  par  conséquent  l'Italie  et 
Rome  y  avaient  dû  tenir  la  première  place  :  je  me  suis  confirmé  dans 
cette  impression  en  écrivant  Napoléon  en  Italie  (1800-1812).  Enfin 
il  m'a  paru  qu'il  y  avait  quelque  chose  d'arbitraire  et  qu'il  pouvait 
y  avoir  quelque  risque  d'interprétation  forcée  à  découper  l'œuvre 
extérieure  de  Napoléon  par  morceaux  si  importants  qu'ils  fussent  dans 
l'ensemble  de  sa  carrière,  et  j'ai  donc  rêvé  de  reconstituer  la  pnisée 
de  Napoléon  en  matière  de  politique  extérieure.  »  —  Précédé  d'une 
Bibliographie  intÛTcssante,  le  volume  sur  Austerlitz  et  la  Fi?i  du  Saint- 
Empire  comprend  trois  livres  et  dix  chapitres  intitulés  :  Livre  pre- 
mier. Le  Sacre  (180'j).  Chapitre  I.  Le  Saint-Empire.  II.  Napoléon 
empereur  (18  mai  1804).  III.  Le  Sacre  de  Notre-Dame  (2  décembre 
1804).  —  Livie  II.  Austerlitz  (1805).  Chapitre  IV.  Le  Couronnement 
de  Milan  (mai  1805).  V.  La  Troisième  Coalition  (août  1805).  \L 


—  251  — 

Austerlitz-Schœnbrunn  ei  Prcsbourg  (fk'cembrc  1805).  —  Livre  III. 
L'Héritage  du   Saint-Empire   (1806).   Chapitre  VII.  L'Organisation 
de  l'Italie.  VIII.  La  Confédération  du  Rhin  (12  juillet  1806).  IX.  La 
N(''gociation  de  1806.  X.  Vers  léna  et  Tilsit.  —  Ce  serait  de  la  part 
do  la  critique  une  exigence  trop  commode  pour  elle  et  insoutenable 
au  fond  que  de  demander  à  un  auteur  en  pareille  matière  une  infor- 
mation complète  et  une  exposition  définitive.  Il  suffit  que  celle-là 
soit  ample  et  solide  et  celle-ci  instructive  dans  son  ensemble.  C'est  le 
cas  pour  l'ouvrage  de  M.  Driault,  principalement  fondé  sur  les  ar- 
chives de  notre  ministère  des  affaires  étrangères.  Il  renferme,  de  plus,  , 
sur  tel  et  tel  point  des  détails  d'un  grand  intérêt,   par  exemple  sur 
l'état  politique  et  social  de  l'Allemagne  d'alors  et  même  de  l'Alle- 
magne antérieure.  Il  y  a  lieu  évidemment  à  discussion  sur  les  appré- 
ciations et  les  vues  de  l'auteur,  en  contradiction  à  certains  égards,  et, 
selon  nous,  non  sans  raison,  avec  certaines  thèses  du  regretté  Albert 
Sorel.  Mais  il  y  a  lieu  aussi  de  tenir  grand  compte  de  la  plupart  de 
ses  observations.  La  principale  réserve  à  faire  ici  se  rapporte  aux 
doctrines,  aux  tendances  philosophiques  et  politiques  de  l'auteur, 
dont  la  marque  se  retrouve  en  ce  volume,  quoique  moins  accentuée 
que  dajis  ses  précédentes  études  sur  le  même  sujet.  Son  style  mérite 
de  grands  éloges  pour  son  absence  de  recherche,  pour  sa  netteté,  sa 
vigueur  et  sa  précision. 

—  On  prend  une  idée  encore  plus  claire  de  l'entreprise  de  M.  Driault 
et  comme  une  anticipation  des  volumes  futurs  où  il  nous  en  donnera 
la  suite  et  l'achèvement,  dans  son  remarquable  opuscule  :  Napoléon 
et  l'Europe.  La  Politique  extérieure  de  Napoléon  I^^  d'après  les  tra- 
vaux récents.  «  Il  m'a  paru  utile  et  intéressant,  nous  dit-il,  de  recueillir 
les  résultats  de  cette  activité  nouvelle  de  la  littérature  napoléonienne, 
de  rechercher  l'orientation  générale  qui  s'y  révèle.  Cette  étude  sera 
donc,  en  bref,  un  état  actuel  delà  connaissance  historique  au  sujet 
de  la  politique  extérieure  de  Napoléon.  On  ne  sera  pas  étonné  d'y 
trouver  surtout  l'interprétation  personnelle  que  je  propose  de  la 
question,  où  j'admets  très  bien  qu'il  y  ait  encore,  et  pour  longtemps 
sans  doute,  matière  à  discussion.  »  Disposé,  pour  notre  part,  à  tom-. 
ber  d'acoord  avec  M.  Driault  sur  plusieurs  questions  touchées  dans 
cet  opuscule,  nous  différerions  de  lui  sur  d'autres.  Tout  en  reconnais- 
sant, par  exemple,  que  les  pages  intitulées  :  Napoléon  et  la  Résolu- 
tion (p.  29  et  suiv.)  contiennent  des  considérations  fort  intéressantes, 
nous  né  saurions  en  approuver  l'esprit  général,  non  conforme,  selon 
nous,  à  la  juste  interprétation  de  l'histoire  et  qui  procède  d'une  doc- 
trine d'école  philosophique,  pour  ne  pas  dire  de  secte"quasi-religieuse. 
Pour  les  adeptes  de  cette  doctrine,  la  Révolution  n'est  pas  un  ensem- 
ble de  phénomènes  produits  par  des  causes^puissantes  et  diverses, 


—  252  — 

mais  uiio  sorte  d'entité  métaphysique  et  mystique  réalisée  dans  leur 
imairination  en  une  divinité  infaillible  et  propice.  Pure  chimère  !  — 
Nous  espérons  que  cette  illusion  a  priori  exercera  le  moins  d'influence 
possible  sur  le  recueil  périodique  récemment  fondé  par  M.  Driault  : 
Revue  des  études  napoléoniennes  et  dont  on  trouvera  régulièrement 
le  sommaire  dans  la  Partie  technique  du  PolyhihUon.  Le  fondateur 
a  pris  pour  devise  le  mot  célèbre  de  Tacite  :  Sine  ira  cl  studio,  et  fait 
appel  au  concoure  de  collaborateurs  de  toute  origine  et  de  toute 
opinion.  L'impartialité  est  une  qualité  plus  aisée  à  proclamer  en  théo- 
rie qu'à  mettre  en  pratique.  Puisse  l'équité  tout  au  moins  être  l'ins- 
piratrice (le  la  direction  donnée  à  la  nouvelle  Revue  par  M.  Edouard 
Driault  ' 

—  L'une  des  questions  examinées  avec  soin  par  l'auteur  de  Napo- 
léon et  l'Europe  est  et  sera  naturellement  le  caractère  de  la  longue 
lutte  soutenue  par  le  dominateur  du  continent  contre  la  maîtressa 
des  mers,  de  l'Empereur  contre  l'Angleterre.  C'est  un  des  épisodes 
de  cette  guerre  acharnée  qu'a  retracé  en  détail  M.  J.  Silvestre,  avec 
une  très  curieuse  étude  de  ses  conséquences  judiciaires  et  la  produc- 
tion de  documents  très  instructifs,  dans  son  volume  intitulé  :  Les 
Brûlots  anglais  en  rade  de  l'île  d'Aix  (1809).  L'ouvrage  est  de  valeur 
pour  notre  histoire  maritime;  il  l'est  aussi  et  peut-être  plus  encore 
pour  la  connaissance  de  certaines  parties  des  mœurs  administratives 
et  judiciaires  de  l'Empire.  Le  procès  des  quatre  capitaines  de  vais- 
seau traduits  en  conseil  de  guerre,  qui  se  termina  par  l'exécution, 
vraiment  unique,  de  l'un  d'entre  eux,  jette  une  triste  lumière  sur  ce 
qui  se  commettait  parfois  alors  sous  le  couvert  de  l'autorité  impé- 
riale, trop  peu  préoccupée,  dans  son  énergie  impulsive,  des  droits  et 
des  garanties  dûs  aux  justiciables  dans  une  société  chrétienne  et  civi- 
lisée. Dans  le  cas  présent,  d'ailleurs,  l'opinion  de  M.  Silvestre  est  que 
si  «  une  grande  iniquité  a  été  commise  à  Rochefort  en  1809,  ...  nous 
devons  mettre  hors  de  cause  l'empereur  Napoléon  »  (p.  117).  Il  a 
exposé  les  faits  recueillis  par  lui  avec  diligence  en  douze  chapitres  : 
L  Événements  antérieurs  à  1809.  I L  Sollicitude  de  l'Empereur  à 
l'endroit  de  Rochefort.  IIL  Situation  de  la  France  en  1809.  IV. 
L'Escadre  Willaumez.V.  Les  Flottes  française  et  anglaise  en  présence. 
Vl.  Attaque  par  les  brûlots.  VIL  Le  Lendemain  de  l'attaque.  VIIl. 
Sort  fait  à  nos  vaisseaux.  IX.  Résultats  obtenus  par  les  Anglais.  X. 
Le  Ministre  de  la  marine  et  l'Empereur.  XI.  Le  Procès.  XIT.  L'Exé- 
cution. —  Le  volume  se  termine  par  la  publication  de  «  Documents 
justificatifs  »  et  par  un  «  vocabulaire  des  expressions  techniques 
employées  dans  cet  ouvrage.  »  —  A  Sainte-Hélène,  Napoléon,  cau- 
sant avec  O'Méara  de  l'affaire  des  brûlots,  émit  ce  jugement  sur  les 
deux  chefs  en  présence  :  «  L'amiral  français  était  un  imbécile,  mais 
le  vôtre  était  tout  aussi  médiocre.  »  (p.  66). 


—  253  — 

'  '  —  Les^ombres  qui  obscurcissent  la  gloire  de  Napoléon  et  les  bien- 
faits de  son  régime  doivent  être  fidèlement  reproduites  par  le  pinceau 
inexorable  de  Thistoire.  Mais  les  côtés  épiques  de  cette  gloire  sont  une 
part  capitale  de  l'honneur  national  et,  surtout  au  point  de  vue 
militaire,  il  est  utile  do  les  maintenir  en  plein  relief.  C'est  l'objet 
que  s'est  évidemment  proposé  le  général  Niox  dans  son  magnifique 
volume,  véritable  œuvre  d'art  :  Napoléon  et  les  Invalides.  «  Le  livre 
que  nous  présentons,  dit-il,  nu  pas  les  prétentions  do  l'histoire... 
Napoléon  aimait  à  venir  aux  Invalides.  La  trace  de  son  passage  s'y 
retrouve  partout.  C'est  aux  Invalides  qu'il  s'est  essayé  pour  la  pre- 
mière fois  à  son  rôle  d'Empereur,  en  distribuant  les  dtcoiations  de 
l'ordre  de  la  Légion  d'honneur  qu'il  venait  de  fonder;  c'est  aux 
Invalides  qu'il  repose.  C'est  dans  les  galeries  de  l'édiiice  que  se  re- 
cueille pieusement  et  se  conserve  une  grande  partie  des  reliques 
glorieuses  ou  intimes  de  sa  vie  militaire  et  privée.  Montrer  ces  reli- 
ques, les  commenter,  faire  revivre,  par  les  pensées  qu'elles  suggèrent, 
le  grand  homme  qu'elles  rappellent,  tel  est  le  but  de  ce  livre.  Il  est 
divisé  en  deux  parties  :  L'Hôtel  des  Invalides.  —  Napoléon.  La  pre- 
mière partie  est  consacrée  au  majestueux  monument  devenu  la  sépul- 
ture de  Napoléon  et  dans  les  pierres  duquel  sont  venus  successive- 
ment s'enchâsser  les  souvenirs  du  législateur  et  de  l'homme  de 
guerre...  La  deuxième  partie  est  consacrée  à  l'Empereur.  Il  est  mon- 
tré législateur,  chef  d'État,  chef  de  guerre.  On  suit  les  manifes- 
tations de  son  puissant  esprit  dans  ses  actes  publics,  militaires  et 
politiques;  on  pénètre  quelquefois  dans  l'intimité  de -sa  vie.  Pour  que 
le  portrait  restât  sincère,  si  incomplet  qu'il  fût,  on  a  conservé  les 
ombres  qui  en  rendent  plus  lumineuses  les  parties  éclairées.  »  Nous 
devons  ajouter  que  ces  ombres,  que  l'auteur  est  très  louable  de 
n'avoir  pas  omises,  sont  tracées  ici  d'une  main  légère.  Le  portrait 
que  nous  présente  le  général  Niox,  c'est  Napoléon  vu  en  beau.  L'his- 
toire proprement  dite  devrait  être  plus  sévère.  Nous  sommes  heureux, 
d'ailleurs,  de  noter  le  talent  de  plume  du  général.  La  splendide  illus- 
tration qui  accompagne  son  exposé  constitue  un  intéressant  musée 
militaire  et  napoléonien. 

—  L'un  des  traits  principaux  et  caractéristiques  du  génie  et  du 
tempérament  de  Napoléon,  c'est  son  effrayante  activité  d'esprit  et  de 
corps.  Elle  n'éclate  nulle  part  de  plus  étonnante  façon  que  dans  le 
tableau,  pour  ainsi  dire  cinématographique,  de  sa  carrière  qu'offre 
à  nos  regards  cet  excelLnt,  ce  merveilleux  répertoire  historique  et 
critique  :  Itinéraire  général  de  Napoléon  I^^,  par  M.  Albert  Schuer- 
mans.  L'éloge  n'en  est  plus  à  faire.  La  seconde  édition,  augmentée 
et  améliorée,  et  pourtant  réduite  de  prix,  recevra  l'accueil  qui  lui 
est  dû.  L'auteur  a  entre  tous  bien  mérité  des  études  napoléoniennes. 


—  254  — 

—  On  cil  peut  dire  autant,  quoique  à  un  degré  moindre,  de  M.  Fré- 
déric JM.  Kirclieisen,  pour  sa  Bibliographie  du  temps  de  Napoléon 
(Cf.  Polybiblion,  octobre  1909,  t.  CXVI,  p.  332-333).  La  première 
partie  du  tome  II,  qui  vient  de  paraître,  comprend  la  quatrième 
section  :  Napoléon  et  sa  jamille  et  le  commencement  de  la  cinquième  : 
Mémoires,   correspondances ,    biographies. 

—  Entre  autres  avantages,  la  Bibliographie  napoléonienne  fran- 
çaise jusqu'en  1908,  par  M.  Gustave  Davois,  a  celui  d'être  maintenant 
achevée.  Nous  en  avons  signalé  naguère  les  deux  premiers  volumes 
ou  fascicules  (Polybiblion,  avril  1911,  t.  CXXI,  p.  300-301).  Le  troi- 
sième et  dernier  va  de  la  lettre  N  à  la  lettre  Z.  On  y  remarque 
les  articles  consacrés  à  Napoléon  I*^^  \\xi-\\\êm.Q, — où  l'en  trouve  en 
particulier  la  reproduction  intégrale  de  la  lettre  à  Buttafuoco  et  du 
souper  de  Beaucaire;  —  à  Napoléon  III  et  au  prince  Napoléon  (  Victor); 
celui-ci  renfermant  in-extenso  les  allocutions,  lettres  et  manifestes 
politiques  du  chef  actuel  du  parti  bonapartiste.  Parmi  d'autres 
transcriptions  analogues,  nous  relevons  celle  du  pamphlet  bien  connu  : 
Comme  quoi  Napoléon  n'a  jamais  existé.  Il  en  est  de  moins  utiles, 
comme  celles  de  diverses  odes  sur  la  naissance  du  Roi  de  Rome, 
ou  d'une  plaquette  intitulée  :  L' Avènement  de  Bonaparte  à  la  couronne, 
«  composition  qui  a  mérité  V Accessit  au  lycée  de  Dijon,  par  Auguste 
Pitfond,  de  la  même  ville,  âgé  de  15  ans.  y>  Ce  sont  des  curiosités.  Il 
est  évident  que  l'ouvrage  de  M.  Davois  n'est  pas  un  chef-d'œuvre  de 
méthode  et  de  critique.  On  se  demande  ce  qu'y  viennent  faire,  par 
exemple,  les  livres  de  M.  Albert  Soubies  sur  Y  Histoire  de  la  musique. 
Mais  cette  bibliographie  est  le  fruit  d'un  gros  travail  et  elle  sera  fort 
appréciée  pour  l'abondance  des  renseignements  de  toute  espèce  qu'elle 
renferme.  Marius  Sepet. 


Corresspondauce  du  conile  de  la  Forkst,  anibatiSHdeur  de 
France  en  EspAgnc  (1»0^-1»I3),  publiée  pour  la  Sucielé 
u'iiisioire  couieinporaine  par  Gboffuoy  de  Grandmaison.  T.  V  {(ivril- 
décemhre  iSH).  Paris,  A.  Picard  et  tils,  1911,  iii-8  de  42"?  p.  —  Prix  :  8  fr. 

Nous  avons  rendu  compte  en  leur  temps  des  quatre  premiers  volu- 
mes de  cette  importante  et  très  intéressante  publication.  Les  qua- 
lités que  nous  avons  signalées  précédemment,  tant  dans  la  forme 
que  dans  le  fond  de  l'ouvrage  de  M.  Geoffroy  de  Grandmaison,  se 
retrouvent  également  dans  ce  cinquième  volume,  qui  comprend 
les  neuf  derniers  mois  de  l'année  1811.  Joseph  Bonaparte  vient  à 
Paris  pour  assister  au  baptême  du  Roi  de  Rome,  puis  reprend  son 
poste  à  Madrid,  tandis  que  continuent  à  se  dérouler  les  événements 
de  la  guerre,  entre  autres  l'expédition  de  Valence.  Il  est  impossible 
d'analyser  un  volume  plein  de  détails  comme  l'est  nécessairement 


—  255  — 

celui-ci.  La  Correspondance  du,  comte  de  la  Forest  demande  à  être 
lue  en  entier,  et  ce  ne  sera  pas  peine  perdue,  je  ne  dis  pas  seule- 
ment pour  les  historiens,  mais  pour  tous  les  amateurs  de  lecture 
sérieuse  et  instructive.  On  revit,  à  cent  ans  de  distance,  une  période 
extrêmement  captivante,  et  Ton  gagne  beaucoup  à  connaître  ce 
peuple  espagnol,  que  trop  d'historiens  ou  de  romanciers  nous  ont 
dépeint  sous  un  faux  jour.  L'Espagne  n'a  jamais  accepté  le  jpug  de 
l'étranger,  ni  un  gouvernement  qui  portait  atteinte  à  ses  traditions 
essentiellement  catholiques.  Nous  la  revoyons  sous  Napoléon  telle 
qu'elle  s'est  montrée  jadis  dans  ses  guerres  séculaires  contre  les 
Maures  :  tant  qu'elle  n'aura  pas  reconquis  son  indépendance  natio- 
nale et  sa  liberté  religieuse,  elle  luttera  par  tous  les  moyens  et  ne 
se  déclarera  jamais  domptée.  Ce  sont  là,  des  enseignements  de 
l'histoire  qu'il  est  précieux  de  recueillir.  Oserons-nous  faire  un  léger 
reproche  à  M.  Geoffroy  de  Grandmaison  d'orthographier  certains 
noms  propres  à  la  façon  française,  tels  que  Santiguesa  pour  Santi- 
giiesa,Iacca  pour  Jaca?  Mais  ce  reproche  est  de  bien  minime  impor- 
tance, quand  on  considère  la  somme  de  travail  consciencieux  et 
patient  qu'a  dû  coûter  à  l'auteur  la  rédaction  de  son  ouvrage  monu- 
mental. G.  Bernard. 

WjO»  Anglais  à  Paris,  1S00-1S50,  par  Roger  Bgutkt  de  Mon- 
VEL.  2«  eil.  .Pans,  Plon-Nouirit,  1911,  petit  iii-8  de  vi[-3'/6  p.  —  l'rix  :  5  fr. 

La  paix  d'Amiens  précipita  en  France  une  foule  d'Anglais  curieux 
de  visiter  un  pays  récemment  bouleversé  par  de  terribles  événe- 
ments et  qui  leur  était  fermé  depuis  tantôt  dix  ans.  «  Je  crois,  écri- 
vait l'un  d'eux,  qu'il  n'y  a  jamais  eu  à  Paris  autant  d'Anglais 
qu'en  ce  moment.  «  Pour  un  assez  grand  nombre  d'entre  eux,  le 
séjour  en  France  se  prolongea  de  façon  imprévue  et  désagréable; 
déclarés  prisonniers  de  guerre  en  1803,  ils  durent  attendre  la  chute 
de  l'Empire  dans  les  diverses  villes  de  province  (généralement  des 
villes  fortifiées)  où  on  les  interna.  A  la  première  et  surtout  à  la 
seconde  Restauration,  l'occupation  de  notre  capitale  par  les  troupes 
britanniques  s'accompagne  d'une  nouvelle  arrivée  de  voyageurs  an- 
glais; les  soldats  de  Wellington  sont  assez  bien  supportés  par  la  popu- 
lation; les  officiers,  les  diplomates,  les  grands  seigneurs  et  les  gens 
du  monde  se  voient  reçus  à  bras  ouverts  à  la  Cour,  dans  la  noblesse, 
dans  d'autres  milieux  même  où  souvent  se  renouent  des  liens  contrac- 
tés pendant  l'émigration.  Pour  toute  la  haute  société  anglaise,  Paris 
redevient,  et  à  un  plus  haut  degré  que  jamais,  le  rendez-vous  à  la 
mode;  cette  société  se  mêle  à  la  société  française,  et  une  partie  se 
plaît  si  fort  chez  nous  qu'elle  s'y  établit  à  demeure.  Des  raisons 
fort  diverses  grossissent  la  colonie  d'éléments  assez  disparates;  lieu 


—  256  —. 

do  plaisirs  faciles  et  peu  mciraux  pour  les  uns,  Paris  est  pour  les 
autres  un  refuge  eontre  des  eréanciers  trop  pressants,  ou  bien  encore 
\u)  asile  où  l'on  peut  soit  cacher  sa  ruine,  soit  au  moins  vivre  plus 
simplement  et  à  meilleur  compte  qu'en  Angleterre;  certains  par- 
venus espèrent  y  frayer  plus  facilement  qu'ailleurs  avec  des  compa- 
triotes mieux  nés.  Dans  le  monde,  les  iVnglais  les  plus  distingués  et 
les  plus  brillants  jouissent  d'un  prestige  singulier,  prestige  qui,  sur- 
tout après  1830,  les  recommande  à  limitation  des  gens  à  la  mode. 
Alors  commence  ou  au  moins  se  développe  l'engouement  pour  les 
mœurs,  les  usages,  le  confort  britanniques;  alors  naissent  chez  nous 
les  clubs  à  l'anglaise,  s'introduisent  les  courses  de  chevaux  et  les 
assauts  de  boxe;  le  «  gentleman  »  devient  le  modèle  sur  lequel  le 
Français  s'efforce  d'ajuster  son  attitude,  ses  manières  et  ses  goiits; 
tout  le  règne  de  Louis-Philippe  est  une  période  d'anglomanie  et  l'on 
Sait  que  depuis  lors,  au  moins  en  certaines  matières,  Londres  n'a 
cessé  de  donner  le  ton  à  Paris.  Le  livre  de  M.  Boutet  de  Monvel, 
fondé  principalement  sur  des  correspondances  et  des  Mémoires  anglais 
et  français,  retrace  fort  agréablement  l'histoire  des  Anglais  de  Paris 
et  de  leurs  amis  ou  disciples;  à  la  fois  amusant  et  bien  informé,  il 
abonde  en  anecdotes  plaisantes  et  en  traits  curieux;  il  met  en  scène 
quantité  de  personnages  connus  et  aussi  d'originaux.  Un  chapitre 
intéressant  est  consacré  au.  séjour  de  Thackeray  parmi  nous  et  à 
l'opinion  qu'il  s'y  fit  des  Français,  opinion,  on  le  sait,  fort  dure  au 
point  de  vue  moral,  plus  favorable  à  d'autres  égards.  Peut-être  M. 
Boutet  de  Monvel  eût-il  j)u  faire  ressortir  davantage  combien,  eu 
dépit  de  l'anglomanie,  l'imitation  de  l'Angleterre  est  restée  en  somme 
superficielle  et  extérieure,  et  surtout  à  quel  point,  tout  en  coudoyant 
tant  d'Anglais,  les  Français  de  ce  demi-siècle  ont  en  vérité  continué 
d'ignorer  presque  tout  de  l'Angleterre,  de  ses  mœurs,  de  sa  littérature, 
de  tout  ce  qui  constitue  proprement  l'âme  anglaise.  Contact  l>ien 
plus  que  pénétration,  voilà  ce  que  furent  les  rapports  des  deux  socié- 
tés chez  nou  ,  mais  il  est  vrai  que  le  contact  fut,  dans  certaines 
régions,  tout  au  moins  très  étroit,  et  il  valait  assurément  la  peine 
d'observer  la  juxtaposition  de  deux  tj'pes  nationaux  si  différents  et 
les  empi-unts,  même  légers,  que  l'un  a  faits  à  l'autre. 

A.  Barbeau. 


Histoire  de  l'Italie  moderne  (t9&0-l9lO),  par  Pirtbo  Orsi; 
Irad.  de  Hknri  Bbrgmann-  Paris,  Oolin,  1911,  petit  iu-12  de  xn-448  p.  — 
Prix  :  5  fr. 

M.  Orsi  a  réussi  à  donner  en  450  pages  une  histoire  sommaire  et  ce- 
pendant vivante  et  intéressante  de  ces  cent  soixante  années,  si  rem- 
plies et  si  diverses,  de  la  vie  du  peuple  italien,  et  surtout  il  a  rétabli 


257  — 

dans  son  exposé  ce  sentiment  du  synchronisme  dont  l'excellent 
Lekrbiich  de  Tivaroni,  plus  ancien  d'ailleurs,  est  si  fâcheusement  [dé- 
pourvu. C'est  là  un  double  mérite  d'ensemble  dont  il  faut  le  louer. 
Il  en  a  un  autre  :  c'est  d'avoir  franchement  adopté  le  point  de  vue 
nationaliste  italien  et  réduit  sans  ambages  l'importance  du  Pôle 
de  Napoléon  III.  Je  crois  qu'il  le  diminue  trop,  mais  je  le  félicite 
de  nous  le  montrer  tel  que  ses  compatriotes  se  le  figurent,  par 
amour-propre  national  ou  par  intérêt  politique  de  p^arti.  .Constater 
cette  différence  d'opinions  permettra  peut-être  à  quelques  Français 
de  mieux  comprendre  le  vrai  caractère  des  évolutions  ultérieures 
de  l'Italie,  et  de  renoncer  à  ce  ridicule  reproche  d'ingratitude  que 
la  presse  française  lui  a  si  souvent  adressé.  En  somme^  le  manuel 
d'Orsi  devra  faire  abandonner  celui  de  Crozals  et  soutiendra  hono- 
rablement la  comparaison  avec  le  manuel  anglais  (traduit  en  fran- 
çais) de  Bolton  King.  On  me  permettra  cependant  de  lui  préférer 
pour  la  hauteur  des  vues,  l'ampleur  des  synthèses  et  la  beauté  de 
la  forme  oratoire,  les  leçons  sur  le  Risorgimento  de  l'éminent  •  Jljis- 
torien  Costanzo  Rinaudo. 

Les  matières  sont  ici  réparties  en  vingt  chapitres,  dont  le  pre- 
mier, tableau  de  l'Italie  pendant  la  seconde  moitié  du  xviii^  siècle, 
n'est  à  vrai  dire,  qu'une  Introduction.  Les  temps  de  la  Révolution 
française,  de  la  domination  napoléonienne,  qui  alimentent  chacun 
un  volume  entier  de  la  publication  Vallardi,  sont  résumtjs  icii  en 
deux  chapitres  et  en  trente  pages.  Les  chapitres  IV  à  VI  (Res- 
tauration —  premiers  mouvements  -r-  dix  ans  de  réaction)  embrassent 
les  années  1815  à  1830.  Aux  chap.  VII  et  VIII  apparaissent  Mazzini 
et  la  Jeune  /ia/i'e,  les  Bandiera,  Gioberti,  Balbo,  l'opinion  publique, 
l'idée  unitaire  et  républicaine.  L'époque  de  Charles- Albert  et  de 
1848  occupe  les  chapitres  IX  à  XI  (Des  réformes  à  la  Révolution, 
guerre  de  1848,  guerre  de  1849).  La  plus  longue  période,  celle  des 
réalisations  et  de  la  formation  de  l'unité  monarchique,  qui  occupe 
les  vingt  premières  années  du  règne  de  Victor-Emmanuel  II,  rempHt 
cent  pages  et  cinq  chapitres  :  l'auteur  s'y  niontre  essentiellement 
italien  et  adversaire  déterminé  des  anciens  gouvernements,  mais 
il  en  parle  toujours  avec  beaucoup  de  modération.  Il  se  montre 
d'ailleurs  très  au  courant  des  publications  documentaires  italiennes 
et  étrangères  les  plus  récentes.  Sur  Cavour  et  Garibaldi,  comjne 
sur  pie  IX  et  François  II,  son  langage  est  toujours  impartial. 
Trois  chapitres  résument  les  quarante  aimées  1870-1910  et  four- 
nissent un  précis  très  exact  des  premières  épreuves  de  l'Italie  réu- 
nie, jeune  nation  qui  a  rapidement  pris  les  tares  financières  et 
morales  des  plus  anciennes.  Une  étrange  erreur  a  fait  reléguer  en 
un  chapitre  final  le  tableau  du  développement  des  lettres  et  des 
Mars  1912.  T,  CXXIV.  17. 


—  258  — 

arts.  Nulle  part,  cependant,  artistes  et  lettrés  n'ont  eu  plus  de 
part  à  la  vie  nationale;  comment  supprimer  Pellico,  Manzoni, 
Guerrazzi  et  tant  d'autres,  de  l'histoire  du  Risorgimento?  D'utiles 
appendices  complètent  ce  volume  qui  est  appelé,  à  côté  du  manuel 
de  M.  Havette,   à  rendre  de  grands  services. 

L.-G.    PÉLISSIER. 

IVnsiero  e  nzione  nel  Ri«or<fini«uto  italianc.  Gonferenze 
tenute  nel  Collegio  Romano.  Roma,  i9il,  seconda  edizioue.  Cilti  di  Cas- 
tello,  Lapi,  1911,  in-8  de  vni-173  p. 

Cet  élégant  volume,  qui  fait  honneur  aux  célèbres  presses  de 
Città  di  Castello,  est  un  livre  de  circonstance.  La  comtesse  Paso- 
lini,  en  1898,  désira  que  le  cinquantenaire  de  la  proclamation  du 
Statut  carlo-albortinien  de  1848  fût  commémoré  par  une  belle 
série  de  conférences,  pour  rafraîchir  les  souvenirs  d'histoire  natio- 
nale de  ses  corvtemporaines  de  la  terza  Italia.  Elle  en  demanda  le 
plan  et  les  sujets  au  philosophe- poète  Carducci,  qui  indiqua  les 
moments  principaux  du  Risorgimento  et  leurs  représentants  les 
plus  typiques.  La  réponse  autographe  du  poète,  d'une  écriture  nette 
qui  révèle  une  ferme  pensée,  orne  le  volume.  (Elle  a  été  reproduite 
aussi  par  Lumbroso  dans  sa  Miscellanea  Carducciana,  à  une  échelle 
plus'^  petite.)  Ces  sept  conférences  furent  faites  par  E.  Masi,i  G. 
Pompilj,  G.  Mazzoni,  Bonfadini,.Pinchia,  Bertolini,  Chimivri  (quatre 
desquels  sont  morts  :  Masi,  Pompilj,  Bonfadini,  Bertolini),  orateurs 
que  recommandent  ou  recommandaient  des  qualités  brillantes, 
même""  historiques,  avec  un  égal  patriotisme,  mais  qui  semblent 
s'être  quelque  peu  abandonnés  au  misogalhsme,  en  ce  qui  touche  au 
moins";  Alfieri  et  Napoléon  III.  Les  époques  racontées  —  parfois 
avec' un  lyrisme  bien  fatigant  —  sont  :  l'Italie  au  début  de  la 
Révolution  française  (Alfieri);  l'Italie  sous  la  République  et  le  ré- 
gime napoléonien  (Monti,  Foscolo,  Romagnosi);  souffrances  et  espé- 
rances'^ pendant  la  réaction  (Manzoni,  Leopardi);  pensée  itahenne 
et  coopération  au  mouvement  européen  (Gioberti,  Mazzini)  ;  tem- 
pête''de  1848-49  (I.  Charles  Albert.  Répubhque  romaine  et  Gari- 
baldi.  II.  Venise  et  Daniel  Monin)  ;  la  revanche  de  1860  (Cavour 
et  l'aUiance  française;  Garibaldi  et  l'expédition  de  Sicile;  Victor- 
Emmanuel  et  l'unité).  Il  ne  faut  évidemment  pas  demander  à  ces 
conférences,  destinées  au  grand  public,  la  rigueur  et  les  détails 
d'un  manuel  d'histoire,  mais  peulement  des  tableaux  et  des  portraits 
d'ensemble  qui  mettent  en  lumière  les  reliefs  les  plus  caractéristi- 
ques. Les  uns  et  les  autres  sont  bien  réussis  et  généralement  im- 
partiaux. Ils  forment  un  résumé  philosophique  de  l'histoire  du 
Risorgimento,  tel   que   pouvait   le  voir   un   poète  comme  Carducci. 


—  259  -^ 

Il  faut  remercier  la  comtesse  Pasolini  d'avoir  fait  revivre,  dans- 
un  temps  moins  idéaliste,  ces  figures  de  héros  dont  on  peut  ne  pas 
aimer  l'œuvre,  mais  dont  on  doit  respecter  la  haute  idéalité  : 
Alfieri,  Leopardi,  Mazzini,  Manin.  —  Aussi  l'éditeur  Lapi  fut-il 
bien  inspiré  d'éditer  ces  conférences  pour  le  cinquantenaire  de  1848, 
et  M.  Tommasini  Mattiucci  a  bien  fait  de  les  réimprimer  en  l'hon- 
neur du  cinquantenaire  de   1859.  L.-G.  Pélissier. 

>^uuv«nirfi}  d'un  vieil  Atliéuien,  par  Êmilk  Gebhart.  Paris,  Bloud, 
1911,  iii-16  de  x-300  p.  —  Prix  ;  3  fr.  50. 

Gebhart,  mort  en  1910,  n'avait  pas  été  le  seul  professeur  de  Sor- 
bonne  à  souffrir  des  coups  portés  à  notre  ancienne  éducation  classi- 
que; mais  il  avait  eu  le  courage  de  le  dire  tout  haut.  On  l'estimait 
précisément  à  cause  de  son  indépendance,  tandis  qu'autour  do  lui 
s'affichaient  d'étonnantes  docilités,  —  à  cause  aussi  de  ce  qu'avait 
de  piquant  son  tour  d'esprit  littéraire.  Il  se  retrouve  tout  entier  dans 
ce  volume  posthume,  où  des  letties  de  jeunesse  datant  de  son  premier 
pèlerinage  aux  terres  classiques  voisinent  avec  une  geibe  d'articles^ 
de  journaux  c[ui  s'échelonnent  entre  1877  et  1£07.  ^„. 

Un  livre  de  ce  genre  ne  se  prête  nullement  à  une  analyse  suivie  • 
c'est  une  profusion  de  remarques  spirituelles  et  de  boutades  joviales, 
ce  qui  ne  veut  pas  dire  que  les  réflexions  sérieuses  y  fassent  défaut. 
Gebhart  excelle  à  conter  l'anecdote  (voir,  par  exemple,  p.  31,  le  récit 
du  sacre  de  Mgr  Lavigerie  à  Saint-Louis  des  Français);  mais,  à  travers 
tant  de  petites  histoires  divertissantes,  il  se  plaît  à  approfondir 
certaines  tendances  d'une  portée  très  générale.  L'étude  intitulée  : 
La  Grèce  et  les  Grecs  (p.  257-273)  offre  un  véritable  intéiêt  elhnclo- 
gique. 

Mais  quelques  citations  aideront  à  mieux  juger  l'écrivain.  A  propos 
du  Charme  d'Athènes  plaquette  délicieuse  de  M.  H.  Brémond,  il 
laisse  tomber  de  sa  plume  les  lignes  que  voici  :  «  Sainte- Sophie  venait 
de  lui  rendre  h-  frisson  sacré  par  lui  éprouvé  dans  les  ténèbies  de 
Notre-Dame.  Et  cependant,  aux  premiers  jours,  le  Parthénon  gaidait 
son  secret  avec  le  froid  silence  du  sphinx  des  légendes  scphoclécnnes. 
Il  comprit  que  d'abord  il  fallait  pénétrer  le  mystère  de  poésie,  de 
sérénité,  d'harmonie  qui  afflue  de  toutes  parts  sur  cette  terre  où 
toutes  les  lignes,  toutes  les  foi  mes  ont  un  rythme  et  une  grâce,  où 
les  ombres  sont  traversées  de  transparences  vermeilles,  où,  en  cer- 
taines matinées,  la  mer  Egée,  les  hautes  côtes  de  l'Aigolidc  et  le 
ciel  s'étagent  et  ge  fondent  en  une  gamme  d'ineffable  azur  »  (p.  103). 
' —  Plus  loin  (p.  15(î),  c'est  le  contraste  mélancolique  entre  le  passé  et 
le  présent  de  ce  qui  fut  la  Grande-Grèce  :  «  Toute  tradition  noble 
a  été  rompue,  et  les  vieux  souvenirs  se  sont  effacés.  Au  xviii^  siècle, 


—  260  — 

on  a  découvert  avec  surprise,  au  milieu  des  marais,  les  temples 
doriques  de  Psestum,  mais  on  cherche  encore  l'emplacement  pro- 
bable de  Sybaris  et  de  Métaponte.  Grotone  est  un  village  sord'de, 
Tarente  s'est  réfugiée  sur  un  îlot  rocheux  qu'un  pont  relie  au  con- 
tinent... A  Misène,  à  Baies,  quelques  substructions  informes... On  voit 
encore  Herculanum  et  Pompéi,  mais  mortes  et  couchées  au  fond  de 
leur  tombe.  »  ■ — Enfin,  d'un  article  destiné,  il  est  vrai,  au  Gavdois, 
détachons  cette  définition  politique  assoz  inattendue  :  «  Dans  la 
présente  langue  grecque,  Dimocratia  signifie  simplement  République, 
Mais,  dans  la  langue  des  personnes  indifférentes  aux  nuances  délicates 
des  mots  quasi  similaires,  Anarchia  veut  dire  tout  à  fait  le  même 
régime.  U Anarchia  est  Télixir  de  la  Dimocratia.  Elle  est  ce  breu- 
vage terrible  que  Platon  dénonce  et  que  le  peuple  boit  longuement 
jusqu'à  la  folie  furieuse  »  (p.  295). 

Si,  selon  l'usage,  ce  compte  rendu  doit  se  terminer  par  quelque 
réserve,  j'exprimerai  le  regret  que  Gebhart,  à  l'exemple  de  Rabe- 
lais à  qui  il  a  consacré  un  de  ses  plus  curieux  volumes,  ait  en  plus 
d'un  passage  mêlé  de  trop  près  le  sacré  et  le  profane,  les  fictions  païen- 
nes et  les  souvenirs  chrétiens.  G.  Huit. 


lie  4'ardiiial  B.-I?l.  liangénieux,  areltevèque  «le  Reims, 
AR  "Vie  et  ses  œuvres,  par  le  chanoine  A.  Largent.  Paris,  Lecoffre, 
Gabalda,  lyll,  iu-8  de  vi-276  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  H  fr. 

Avec  le  juste  ton  de  panégyrist€  sans  doute,  mais  avec  une  sobre 
admiration,  l'auteur  décrit  la  longue  carrière  du  vénérable  et  zélé 
prélat  qui  a  marqué  aux  premières  places  de  l'Eglise  de  France  pendant 
le  xix^  siècle.  Le  plus  souvent,  il  suit  l'ordre  chronologique  de  cette 
belle  vie  :  le  séminaire  de  Saint-Sulpice,  le  vicariat  de  Saint-Roch,  la 
cure  de  Saint-Ambroise,  celle  de  Saint- Augustin,  le  vicariat  général 
de  Paris,  l'évêché  de  Tarbes,  l'archevêché  de  Reims,  le  cardinalat; 
parfois,  pour  la  meilleure  ordoimance  du  sujet,  il  groupe  les  épisodes 
qui  forment  un  ensemble  :  ainsi  tout  ce  qui  se  rapporte  aux  congrès 
eucharistiques,  spécialement  celui  de  Jérusalem  en  1893,  quand 
Mgr  Langénieux  fut  légat  du  Saint-Siège,  et  les  questions  capitales 
qui  en  furent  la  continuation  et  la  suite  :  le  protectorat  français 
en  Orient,  la  réunion  des  patriarches  orientaux  à  Rome,  l'encyclique 
Orienialium  dignitas  Ecclesiarum  (30  novembre  1894).  Les  chapitres 
XII,  XIII,  XIV  et  XV  du  livre  montrent  avec  une  éloquente  évi- 
dence l'importance  du  rôle  du  cardinal  en  ces  graves  affaires  de  la 
chrétienté.  La  part  qu'il  prit  aux  choses  religieuses  de  France  n'est 
pas  abordée  avec  moins  de  soin,  tantôt  aux  joufnées  joyeuses,  plus 
souvent  aux  heures  sombres;  et,  en  toutes  circonstances,  l'archevêque 
de  Reims  n'apparaît  pas  au-dessous  du  rôle  que  lui  imposait  sa  haute 


—  261  — 

situation.  Au  moment  du  14^  centenaire  du  baptême  de  Clovis,  qu'il 
occupe  la  première  place,  cela  va  sans  dire.  Les  pages  consacrées  aux 
grands  pèlerinages  ouvriers  à  Rome  le  montrent  également  à  la 
tête  deS' idées  sociales  de  son  temps.  Le  chapitre  X  offre  un  intérêt 
capital  et  fournit  le  récit  bien  informé  de  ce  bel  épisode  de  l'activité 
catholique  sous  Léon  XIII.  Au  reste,  tout  le  volume  s'appuie  sur  des 
correspondances,  des  mandements  et  les  notes  du  cardinal,  les  lettres 
pontificales,  et  présente  ainsi  d'irréfutables  arguments  propres  à 
bien  éclairer  plus  d'un  point  de  l'histoire  ecclésiastique  contempo^ 
raine.  G.     G. 

Vers  l'union.  iJes  Sillonii  et  rAcdioii  française.  E$<ai  de 
co'-cii'att>n  et  dha-monie^  par  JoSKPH  Shrre.  Paris,  Falque,  1911,  in-16  de 
70  p.  —  Prix  :  1  fr. 

A  travers   l'oeuvre  de  îfl.   Maurras,  par  Pbdro  Descoqs.  Paris, 

I.  Beauciiesiie,  1911,  iii-16  d,  xiii  480  p.  —  Prix  :  4  fr. 

La  conciliation,  vers  laquelle  oriente  M.  Joseph  Serre,  est  plutôt 
désirée  qu'indiquée.  Il  a  grandement  raison  de  penser  qu'entre  catho- 
liques, il  faudrait  admettre  d'assez  larges  diversités  de  points  de- 
vue  sans  se  déchirer  par  des  luttes  implacables.  Mais  il  ne  montre- 
guère,  et  c'est  assez  difficile  à  voir,  comment  la  mentalité  propre  du 
Sillon  pourrait  s'accommoder  des  éléments  excellents  qu'il  reconnaît 
dans  l'Action  française,  souci  dominant  de  l'ordre,  sens  très  vif  de  la 
hiérarchie,  de  la  continuité  et  de  la  tradition.  A  certains  égards,  il 
ne  déplore  nullement,  il  trouve  au  contraire  fort  heureux,  que  M.  Maur- 
ras  soit  incroyant  ;  il  souhaiterait  même  que  tous  les  royalistes  fussent 
athées,  afin  de  désolidariser  l'autel  du  trône,  ce  à  quoi  il  félicite 
encore  plus  les  chrétiens  démocrate  de  travailler  ardemment.  C'est 
donc  un  écrivain  fort  éloigné  des  doctrines  politiques  de  l'Action 
française  qui  donne  le  rare  exemple  de  s'essayer  à  parler  d'elle  avec 
calme,   avec  ouverture  d'esprit  et  avec  justice. 

—  Mais  c'est  à  M.  Pedro  Descoqs  que  nous  devons  l'examen  appro- 
fondi et  consciencieux  que  méritait  l'œuvre  de  M.  Charles  Maurras. 
Ce  travail  de  haute  valeur  avait  été  publié  en  grande  partie  dans  les 
Etudes  de  juillet  à  décembre  1909.  Son  importance  a  été  soulignée 
par  une  réponse  de  l'un  des  meilleurs  rédacteurs  de  la  Renie  critqiiei 
des  idées,  M.  Jean  Rivain,  qui  proteste- contre  ses  sévérités;  et  sur^ 
tout  par  les  attaques  passionnées  des  Annales  de  philosophie  chré- 
tienne, qui  l'ont  accusé  d'indulgence  scandaleuse.  De  là,  dans  ce  livre, 
des  répliques  à  Testis,  à  M.  Laborthonnière,  répliques  animées  et 
développées.  Cette  polémique  vraiment  pénible,  lorsqu'elle  s'étend 
sur  des  falsifications  de  pensée  et  de  texte,  touche  parfois  aux  ques- 
tions les  plus  graves  et  les  plus  délicates,  celle  du  rôle  respectif,  dans' 


—  262  — 

la  religion  catholique,  de  l'autorité  et  de  la  vie  intérieure  de  chaque 
âme,  celle  de  la  distinction  des  deux  ordres  naturel  et  surnaturel, 
questions  qui  ne  sont  pas  l'objet  propre  de  ce  hvre. 

L,\  double  tâche  que  l'auteur  me  semble  s'être  proposée,  et  avoir 
remplie,  est  la  suivante  :  d'une  part,  il  croit  équitable  de  reconnaître 
la  justesse  et  la  bienfaisance  d'une  partie  des  idées  que  propage 
M.  Charles  Maurras,  et  qui  doivent  à  la  vigueur  de  son  esprit, 
à  sa  maîtrise  d'écrivain,  un  renouvellement  de  puissance  con- 
quérante. Et  il  montre  que,  loin  d'être  solidaires  d'une  incroyance 
qu'il  déplore,  elles  ne  sauraient,  au  contraire,  trouver  de  fon- 
dement s:)lide  qu'en  s'appuyant  sur  la  notion  de  Dieu  et  de  la 
divinité  dt  ce  Christ,  contre  lequel  l'auteur  du  Chemin  du  Paradis 
(1895)  et  d'un  malheureux  article  de  l'Action  française  du  15  octobre 
1899  proféra  naguère  des  outrages,  que  ne  sauraient  excuser  sa  haine 
violente  des  Juifs. et  des  protestants.  Parce  que  M.  Maurras  et  ses 
amis  ne  sont  pas  démocrates,  «  nous  n'avons  pas  cru,  écrit  M.  Des- 
coqs, qu'il  fallait  renoncer  à  les  rapprocher  du  Christ,  ni  refuser 
d'avouer  les  points  de  contact  que  présente  leur  doctrine  avec  celle 
do  l'Église.  »  D'au're  part,  ne  se  croyant  pas  le  droit -d'interdire  aux 
catholiques  de  colaborer,  dans  la  campagne  que  mène  l'Action 
française,  avec  des  incroyants,  qui  d'ailleurs,  loin  de  menacer  l'Église, 
s'attaquent  à  ses  persécuteurs,  il  aperçoit  pourtant  que  de  ce 
rapprochement  et  de  l ascendant  exercé  par  un  chef  positiviste 
peuvent  résulter  certains  dangers.  Il  invite  spécialement  les 
jeunes  gens  à  se  mettre  en  g'arde  contre  eux,  à  ne  pas  concen- 
trer toute  leur  activité  dans  l'agl'ntion  politique,  à  ne  pas  croire 
que,  pour  renverser  la  République,  tous  les  moyens  soient  bons. 
Je  dois  observer,  en  terminant,  que  sur  la  que:>ion  de  savoir  si,  en 
fait,  l'alliance  entre  les  catholiques  et  les  royalistes  di,  l'Action  fran- 
çaise est  opportune,  si  c'est  le  meilleur  moyen  de  servir  aujuj.^d'hui 
les  intérêts  de  l'Église  de  France,  l'auteur  refuse  résolument  de  se 
prononcer.  Il  est  tout  à  fait  convenable  au  Polyhiblion  d'imiter  cette 
prudente  réserve.  Baron  Aîigot  des  Rotours. 


BULLETIN 

L.e  K  De  Itcnotn  ^Lltieraturn  m,  de  Jean  %Venck  do  Hori'enLer;; 
contre  :\'icolas  <le  Cnse,  von  E.  VaNSTBENBBKGHE  (Baiid  VI  II.  Ileft  6 
des  Heitrà  e  zur  Geschich'e  der  Philosophi'  des  Millelalte^s.  Munster, 
Aschen'IorfT,  1910,  in-8  de  43  p.  —  Prix  :  1  fr.  90. 

Ce  fascicule  contient  le  texte  inédit  de  l'ouvrago  que  JeanWenck  écrivit 
contre  le  De  Docta  ignorantia  de  Nicolas  de  Cuse,  avec  une  étude  sur  l'au- 
teur. Wenc'<  avait  été  professeur  do  théologie  à  Heidelborg,  et  par  trois 
fois  recteur  de  la  Faculté.  Il  avait  prêché  et  s'était  fait  une  certaine  repu- 


—  263  - 

tation  de  littérature.  Pourtant  c'est  un  traditionaliste  effrayé  par  les  idées 
nouvelles,  qui  défend  l'ancienne  théologie,  et  attaque  ceux  qui  sont  plus 
hardis  et  plus  personnels.  Dans  cet  opuscule,  Wenck s'en  prend  à  Nicolas 
de  Guse  qu'il  accuse  de  panthéisme,  de  manque  de  logique,  d'inintelligence, 
et  même  d'inconscience.  Nicolas  de  Guse  se  défendit  longuement,  et  dans 
son  Apoîogia  accuse  Wenck  de  n'avoir  pas  su  le  lire,  l'interpréter  et  com- 
prendre la  largeur  de  son  point  de  vue.  Gette  controverse  est  intéressante 
pour  l'histoire  des  idées  au  milieu  du  xv^  siècle.  A.  Clerval. 


El   nombre.  L.a  Vida,  lu  cieiicia,   el    »i*te,  por  ErnbSTO  HblLO  ;  trad. 

de  MiQUBL  s.  Olivbr.  Barceloua,  Subirana,  1910,  in-8  de  xxxvi-443  p.  — 
Prix  :  5  fr. 

L'ouvrage  d'Ernest  Hello,  qui  nous  est  offert  aujourd'hui  dans  une 
excellente  traduction  espagnole,  a  paru  en  France  en  1872,  avec  une  Intro- 
duction de  M.  H.  Lasserre.  G'est  le  livre  capital  de  ce  penseur  profond,  d« 
ce  mystique  ardent  et  souvent  sublime,  de  ce  chrétien  convaincu,  de  cet 
écrivain  étonnant  dont  le  style,  comme  la  pensée,  est  tout  pénétré  du 
sentiment  de  «  l'ordre  éternel  »  et  tout  vibrant  de  foi  religieuse.  Hello  appar- 
tient à  une  école  d'apologistes  catholiques  qui  a  formé,  sinon  une  école 
philosophique  proprement  dite,  du  moins  une  pléiade  de  littérateurs  élo- 
quents, tels  que  Jos.  de  Maistre  et  L.  Veuillot,  en  France,  Donoso  Gortès 
et  Aparis  y  Guijarro,-,  en  Espagne.  Il  serait  superflu  d'insister  ici  sur  la 
valeur  de  VHomme  d'Ernest  Hellc,  que  connaissent  et  ont  lu  certainement 
tous  les  fidèles  abonnés  du  Polybiblion.  Mais  nous  devions  signaler  l'impor- 
tance et  l'actualité  qu'a  gardées  ce  beau  livre,  après  plus  d'un^quart  de 
siècle,  et  le  bien  qu'il  est  appelé  à  faire  encore,  non  plus  seulement  chez 
nous,  mais  même  à  l'étranger,  où  il  est  traduit  et  admiré  comme  il  le 
mérite.  G.  Bernard. 


où  sommes- nous?  par  l'abbé  Th.  Moreux.  Paris,  Maison  •i'e  la  Bonne 
Presse,  s.  d.,  gr.  in-8  de  95  p.,  avec  dessins  et  photographies  de  l'auteur, 
—  Prix  :  1  fr. 

Après  D^oà  venons-nous  ?  (cf.  Poiybiblion  de  mars  1910,  t.  GXVIII, 
p.  2.'i9-260),  Qui  sommes-nous  ?  (cî.  Polybiblion  de  septembre  1911,  t. 
CXXII,  p.  270-271);  aujourd'hui  Où  sommes-nous  ?  est  le  titre  d'une 
troisième  plaquette  de  M.  l'abbé  Moreux,  non  moins  que  les  précédentes 
enrichie,  prefique  à  chaque  page,  de  nombreuses  gravures  et  figures 
pittoresques  ou  techniques. 

D'où  nous  venons  ?  De  Dieu  créateur  et  ordonnateur  de  tout  ce  qui 
existe.  —  Qui  nous  sommes  ?  Un  être  mixte  composé  de  matière  et  d'esprit, 
de  corps  et  d'àme,  mais  d'une  âme  raisonnable  et  libre,  donc  responsable. 

Où  nous  sommes?  est  une  autre  question.  Il  s'agit  de  savoir  quelle  place 
occupe  le  globe  qui  nous  porte  dans  l'immensité  sidérale  dont  nous  sommes 
entourés.  Et  nous  voilà  lancés  en  pleine  astronomie  physique. 

Supposons  un  observateur  placé  sur  la  planète  Mars  et  pourvu  d'une 
vue  assez  puissante  pour  voir,  dans  son  ensemble  et  ses  détails, comme  aux 
pi'emières  logos  d'une  salle  de  spectacle,  tout  notre  système  solaire,  astre 
par  astre,  en  commençant,  comme  de  raison,  par  l'astre-roi.  (■'H  J 

On  comprend  quel  charmant,  quel  attrayant  cours  de  cosmographie, 
l'auteur  développe  sur  cette  donnée. 


—  264  — 

ApTès  la  cosmographie,  l'autetiï",  s'élançant  à  travers  les  espaces  inter- 
sidéraux, nous  décrit  en  détail  ce  qu'il  appelle  la  «  géographie  du  ciel  », 
non  san^  nous  avoir  initiés,  en  passant,  à  tout  ce  qui,  dans  la  science 
opti(iue.  est  nécessaire  ow  utile  pour  une  étude  cosm«^gi"aphique  complète. 

Il  faut  lire,  dans  l'ouvrage  même,  cette  brillante  description  des  multi- 
tud\?s  di'  soleils  lointains;  séparés  par  des  distances  eiïrayantes  pour 
l'imagination,  et  de  tous  âges,  depuis  la  naissance  jusqu'au  déclin,  dont 
la  Galaxie  ou  \'oie  lactée  semble  êtrir  le  groupeniont  principal. 

C'est  à  peu  près  vers  le  centre  de  ce  groupement  que  se  trouverait  notre 
Soleil,  simple  étoile  par  rapport  à  l'ensemble,  et  notre  Terre  avec  lui. 

Mais  Cl-  groupem  nt  est  instable,  en  ce  sens  que  notre  Soleil,*  comw^ 
toutes  les  autres  étoiles,  a  un'  mouvement  propre,  ce  qui  implique  un  chan- 
gement cuntinu  de  l'ordre  actuel.  Reste  à  savoir  où  ce  mouvement  nous 
entraîne. 

Où  allons-nous^  Sera  donc  prochainement  le  sujet  d'une  quatrième 
publication  du  même  auteur.  |v,;  [  C.  de  Kirw.\n. 

I.«-^l*oi-t«»ui"s  tiii  riamboou  'd'Bontèi-e  à  Victor  Hi.iiso).  par   AUGUS- 
TIN CaBat.   P,iris,  Perrin,  1911,  iu-16  de  263  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Cela  paraît  bien  jeune  —  ou  bien  vieux  —  de  publier,  sons  ce  titre  :  Xe* 
Porteurs  du  flambeau,  des  notes  de  30  à  50  lignes  (Vigny  en  a  26  et  V. 
Hugo  seul  en  obiient  300)  sur  chacun  des  pcètes  de  tous  les  temps  et  de  tous 
les  payp,  Homère,  Eschyle,  Catulle,  Lucrèce,  Dante,  Shakespeare,  Gœthe, 
Hen:i  Heine,  Coppée,  INIallarmé,  etc.,  etc.,  en  faisant  entrer  dans  le  défilé 
r.on  seulement  Rabelais,  Cervantes,  Fénelon,  Rousseau,  Chateaubriand, 
mais  Tacite,  Balzac,  Flaubert,  et  aussi  la  Révolution  française  et  Napo- 
léon... Notes  d'un  ton  sentencieux  ou  lyrique,  pas  tor:jours  bien  écrites, 
qui  témoignent  d'un  esprit  cultivé,  d'une  âme  erthousiaste,  mais  qui  ne 
tranchent  ni  par  la  nouveauté  des  vues  ou  des  aperçus  ni  par  un  relief 
original  de  l'expression.  i  G.  A- 

Ba*-/por  el  P.^Luis  Coloma."  Madrid,  imp.  de  ?  Razon  y  Fe  »,  1910,  iD-12 
de  381  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

L?  P.  Coloma  est  connu,  comme  nouvellisU ,  surtout  par  son  beau  livre 
intitulé  Pequeiïeces,  qui  révèle  un  talent  supérieur.  L'éminent  académicien 
a  écrit  d<  puis  i^.r':  un  certain  nombre  de  romans  et  de  récits  qui  n'ont  pas 
amoindri  sa  réputaî'on  et  n'ont  pals  <fv.  moins  de  succès.  Dans  celui  qui 
u.:--is  occupe  aujourd'hui,  nous  retrouvons  les  mêmes  qualités  de  style 
impeccch'p  et  de  cmposit'cri  originale  et  artistique.  fioy( c'est  le  surnom 
familier  d'un  officier  de  marine)  a  été  tenu  éloigné  da  sa  famille  par  un 
fâcheux  malentendu;  il  a  fait  des  dettes";  il  est  faussement  accusé  d'un 
meurtre,  dont  l'accablent  cependant  toutes  les  apprjences.  Un  ami  vlévoué 
le  fait  échapper  à  temps  au  péril  de  la  ver.îr  ance  aveugh  de  ses  ennemis; 
son  innocence  finit  par  se  découvrir,  et  lo;sque  la  vérité"  est  connue  tout 
entière,  nous  retrouvons  le  chevaler':cque  Boy  chez  les  carlistes,  au  milieu 
desquels  il  périt,  \ictime  encore  d'une  fatale  erveur.  Cette  courte  analyse 
du  roman  du  P.  Coloma  ne  svjfît  pas  à  donner  une  idée  de  la  vie,  de 
l'intérêt,  du  naturel  et  de  ia  maîtrise  qui  inspirent  l'auteur  et  qui  lui 
attachent  le  lecteur  du  corPiYK3ncem''nt  jusqu'à  la  fin.  Espérons  que  bientôt 
il .::  '"^pnontr('»"j  "n  t;"cnl.;cijur  irançai.s  q-i  fera  passer  dans  notre  langue 
ce  chef-d'œuvre,  comme  il  s'en  est  rencontré  pour  UaJuIiV.:  d:?.  productions 
de  bien  moindre  valeur.  G.  Bernard. 


—  265  —  - 

caento*'y  ranta»«isisy  por  Fr.  Manuel Sanciïo.  Barcelona,  imp.  Subirana, 
1910,  in-i6  d«  203  p.  —  Prix  :  2  fr. 

Le  R.  P.  Manuel  Sancho  nous  donne  ici  une  série  de  27  petits  contes  à 
l'usage  des  enfants,  et  que  les  grandes  personnes  liront  elles-mêraes  avec 
intérêt  : 

Si  Pean  d'Ane  m'était  conté, 
J'y  prendrais  un  pJaisir  extrême. 

Le  brut  poursuivi  par  l'auteur,  qiw  est  un  religieux  de  N.-D.  de  la  Merci,, 
est  eS.seTrtiollement  moralivsateur  et  chrétien.  Quelques-uns  ds  ses  récits 
sont  de  vrais  petits  chefs-d'œuvre  du  genre.  11  y  a  des  contes  m;8rveilleux,, 
des  légendes  pieuses,  des  fables  satiriques  (voir,  par  ex.,  la  Souris  darwi- 
ni'ste,  p.  113-129),  d>'S  histoires  gracieuses  (comme  celle  des  Aventures  du 
Chardonneret,  p.  189-203).  Les  professeurs  de  langue  espagnole  trouve- 
ront dans  ce  petit  volume  des  lectures  à  faire  à  leurs  j  ^unes  élèves  et  des 
modèles  de  narrations.  G.  Bernard. 

Cenro-rénumé  <i'histoii-e  romaine,  rédigé  d'après  le  programme  de 
première  A,  à  Piisage  des  candidats  au  baccdauréat,  l''"  partie  (Lalin- 
grec),  par  H.  Cabanb.  Montpellier,  Manufacture  de  la  Charité,  1911,  iu-16 
de  130  p.  —  Prix  :  1  fr.  oii. 

Des  origines  d<:'  Rome  au  dém,'  mbrement  de  l'empire  de  Charlemagne, 
ce  résumé  constitue  un  mémento  commode  par  la  disposition  typographique 
de  chaque  leçon.  Il  nous  a  paru  clair,  complet  et  bien  au  courant.  Il  rendra 
service  non  seulem'^nt  aux  candidats  au  baccalauréat,  mais  à  tous  ceux 
qui  ont  b'  ?oin  d'*  se  remémorer,  avec  précision  et  rapidité,  les  grands  faits  et 
les  gj'and'^s  lignes  de  l'histoire  romaine  et  du  haut  moyen  âge.  Nous  lui 
souhaitons  bon  succès.  A.   B. 

iSitint  Jti'tiu,  sa  vie  et  sa  do<*(riiie,  par  l'abbé  A.  Béry.  Paris,  Blond, 
1911,  iQ-12'de  64  p.  (Collection  Science  et  Rdigion).  —  Prix  :  0  fr.  60. 

Ce  petit  résumé  de  la  vie  et  de  la  doctrine  apologétique  et  dogmatique 
de  saint  Justin  se  lit  agréablement  et  utilement.  Il  est  destiné  moins  aux 
savants  et  aux  spécialistes  qu'ai*!  public  désireux  d'avoir  sur  ce  Père  si 
attachant,  sous  un  petit  volum'^,  une  étude  aussi  documentée  et  complète 
que  possible,  et  il  rendra  service.  Sa  place  se  trouve  chez  les  ecclésias- 
tiques qui  font  des  conférences  ou  des  cercles  d'étude  ;  ils  en  tireront 
profit  pour  eux  et  pour  leurs- disciples.  A.  Clerval. 


i^oliiiqiio  <ie  rhUtoii-e  «le    Ff-ance,  par  Fagus.  Paris,  Bibliothèque  de 
l'Occident,  1910,  gr,  iii-8  de  35  p. 

Un  discours  sur  l'histoire  universelle  est  une  oeuvre  périlleuse;  un  dis- 
cours sur  l'histoire  de  France  en  35  pages  ne  l'est  pas  beaucoup  m(Hns. 
C'est  cependant  l'œuvre  que  M.  Fagus  a  entreprise.  Son  point  de  départ 
est  la  dislocation  do  l'impire  romain.  «  Le  vampire  romain,  dit-il,  métho- 
diquement suçait  le  monde  immobilisé  sous  lui.  Le  barbare  lui  arracha 
son  moribond  pour  le  dépecer.  »  La  conclusion  est  celle-ci  :  «  La  France 
ne  saura  se  sauver'  qu'en  recourant  à  sa  m'srion  :  la  croisade,  et  laquelle 
se  doit  entendre  pour  l'heure  actuelle,  croisade  non  contre  un  Orient 
géographique,  mais  croisade  centre  l'Oritnt  juif  et  maçonnique.  >.  L'au- 


—  266  — 

teur  nous  avertit  de  son  adnairation  pour  les  ouvrages  de  MM.  Dimier  et 
l'abbé  de  Pascal  et  de  son  désir  d'ailleurs  évident  de  tendre  vers  un  même 
but.  Je  doute  que  ces  messieurs  se  félicitent  d'un  concours  dont  la  forme 
est  bizarre  et  dont  l'argumentation,  encore  bien  qu'elle  s'appuie  sur  un 
certain  nombre  de  vérités,  ne  saurait  échappor,  sous  la  forme  elliptique 
qu'elle  revêt,  à  beaucoup  d'objections  sérieuses. 

Eugène  Godefroy. 

Un  I*roeareur  général  de  Clun;-,  agent  secnct  à  Rome  de  Philippe 

(l'Orléans  (iriy-iTis),    par  Dom  Paul   Denis.  Paris,  Jouve,  1911, 
gr.  in-8  de  56  p. 

Le  Régont  s'était  promptement  trouvé  aux  prises  avec  les  conflits  sou- 
levés par  la  bulle  Unigenitus.  Il  entreprit  de  négocier  avec  le  Saint- 
Siège  et  se  servit  pour  cela  d'un  religieux  de  Cluny,  Dom  Joseph  de 
Peint,  que  ses  supérieurs  avaient  envoyé  à  Rome  pour  défendre  les  intérêts 
de  l'étroite  observance.  C'est  la  correspondance  de  ce  religieux  avec  le 
duc  d'Orléans  ou  son  secrétaire  Doublet,  qu'a  retrouvée  aux  Archives  natio- 
nales et  vient  de  publier  un  bénédictin  du  r3g,'etté  monastère  de  Solesmes, 
dom  Paul  Denis.  La  négociation  dura  deux  ans  et  n'aboutit  pas  à  un  résul- 
tat sérieux.  Les  talents  diplomatiques  de  Dom  de  Peint  étaient  médiocres 
et  sa  tête  était  faible.  Pris  à  Rome  d'un  accès  de  fièvre  chaude,  on  dut 
le  ramener  précipitamment  en  France,  et  sa  trace  ensuite  est  perdue. 

M.^R. 

Lee  Confesaions  de  J.-J.  R0USSBA.U.  Ettraits  suivis,  nolices  cl  aanola- 
tioas  par  IIenrc  F.,EaR.vND.  Paris,  Larousse,  s.  d.,  petit  ia-8  de  220  p., 
avec  6  grav.  —  Prix  :  1  fr. 

S^Le  plan  de  ces  volumes  est  bien  établi,  la  typographie  en  est  agrécible, 
le  prix  modique.  Et  tout  va  bien  quand  il  n'y  a  qu'à  publier  in  extenso 
le  théâtre  de  Racine,  la  Princesse  de  Clèves,  ou  Eugénie  Grandet.  Dès  qu'on 
résume  ou  qu'on  fait  des  coupures,  le  travail  devient  délicat  et  si^j^t  à  récla- 
mations. Si  l'on  vis 3,  comm^  il  est  dit  dans  quelques  prospectus,  le  «  grand 
public  »,  il  ne  faut,  à  mon  sens,  qu'élaguer  les  longjo  irs  et  faire  tomber, 
en  le  disant  franchement,  les  obscénités  :  il  y  en  a.  oomme  on  sait,  dans 
les  Confessions.  Mais  gard3:>vous,  éducateurs,  sr  us  prétexte  que  c'est  une 
édition  abrégée  et  expurgée,  de  m^ttsv,  comme  d  c.-  très  circulaires  vous  y 
invitent,  ces  volumes  dans  des  bibliothèques  popu'.aires  ou  scolaires.  Trop 
de  pag  'S  de  ce  malheureux  névropathe  de  Roussea(, aventures  avec  M"""  Ba- 
sile, épisode  des  cerises,  amoiu^euse  amitié  avec  li'^^  de  Warens  et  ménage 
à  trois,  liaison  avec  Thérèse,  passion  pour  M"^  d'Houdetot,  etc.,  etc.. 
sentent  le  libertinage  et  même,  pour  employer  un  mot  de  lui,  l'érotisme. 
Le  volume  en  son  ensemble  reste  malsain,  corru^:>teur.  Et  je  ne  sais  pas  s'il 
est  possible  de  tirer  des  Confessions  200  pages  qi  i  ne  soient  pas  troublantes  : 
ce  ne  serait  plus  Rousseau  sans  doute,  et  ce  ne  seraient  plus  les  Confes- 
sions... Mais  c'est  encore  une  trahison,  et  douMe,  que  de  supprimer  le  pire 
sans  en  signaler  l'hor/eur,  que  de  laisse  sans  le  commenter  — ■  et  le 
flétrir  —  tout  ce  lyrisme  de  désir  et  de  i/assion,  et,  sans  les  dénoncer, 
tn.is  ces  sophismes  d'orgueil  et  d'apologie  personnelle  par  lesquels  Rous- 
seau se  vante  d'avoir  eu  raison  toujours  it  contre  tous,  d'avoir  goûté  le 
bonheur  avec  sa  liiCrèse.  et  d'avoir  bien  fait  d'envoyer  ses  bâtards  aux 
Enfants  trouvés!  Mais  le  trop  jeune  agr;gé  auqu-,'.  '^n  a  donné  ce  délicat 


—  267  — 

travail  à  faire  est  sans  réaction  contre  les  prestiges  de  son  auteur.  Il  juge 
donc  «  charmantes  »  les  annéas  où  Rousseau  fut  «  l'aniant  de  M°^«  de  Wa- 
rens  »;  l'accouplemant.avcc  Thérèse  «  un  lien  de  plus  avec  la  nature  fran- 
che, saine  et  fruste  »;  estime  que  la  sensation  «  dont  il  eut  toute  sa  vie 
l'ivresse  »  «  irradie  chez  lui  comme  une  lumière  »;  «  qu'il  n'a  jamais  rien 
écrit  qu'il  dût  désavouer  «;  que  «  son  œuvre  est,  moralement,  belle  », 
'(  une  œuvre  de  régénération  et  d'avenir  «;  que  M.  de  Malesherbes,  en 
favorisant  Rousseau  —  qui  devait  lui  faire  couper  le  cou  —  se  montra 
i(  un  esprit  droit  et  éclairé  »,  etc.,  etc..  J'ai  dit  dès  longtemps,  à  propos 
des  livres  de  cette  sorte,  que  les  écrivains  de  génie  ayant  déjà  par  eux- 
mêmes  bien  assez  d'empire,  c'est  toujours,  pour  qu'il  y  ait  chance  d'équi- 
libre, à  des  esp;-its  mûrs,  sans  complaisance  aux  routines  de  l'opinion,  et 
qui  n'aient  pas  l'admiration  trop  facile,  qu'il  faudrait  confier  le  soin  de 
les  présenter  à  la  jeunesse,  voire  au  «  grand  public  »  qui  est  un  grand 
enfant,  lui  aussi.  Gabriel    Audiat. 

CHRONIQUE 

Nécrologie.  —  Un  dîuil  cru3l  a  fi'appé  dornièrement  l'armée  française» 
Le  général  HippolytîLANGLois,  sénateur  et  m'ambre  de  l'Institut,  est  mort 
à  Pains,  à  l'hôpital  militaire  du  Vaî-do-Grâce,  le  12  février,  à  73  ans.  Né  à 
Besançon,  en  1839,  il  entra  à  l'École  polytechnique  et,  au  cours  d'une 
longue  et  glo.-ieuse  carrière,  se  fit  toujours  remarquer  par  une  activité  inlas- 
sable et  par  l'étendue  d3  ses  connaissances  professionnelles.  Capitaine  en 
1866,  colonel  en  1888,  général  de  b:'igado  en  1894  et  de  division  en  1898, 
il  fut  placé  à  la  tête  du  20®  corps  d'a;*mâ3  à  Nancy  en  1901,  et  entra  en 
1902  au  Conseil  supérieur  de  la  guerre. En  1906,  devenu  sénateur  de  Meurthe- 
et-Moselle,  il  fut,  en  1911,  élu  membre  d3  l'Académie  française  en  rempla- 
cement du  marquis  Costa  de  Beauregard.  Comme  professeur  du  cours  d'ar- 
tillerie à  l'Éoole  supérieure  de  guerre  et,  plus  tard,  comme  commandant 
de  cette  école,  il  ava't  donné  des  preuves  nombreuses  de  sa  science 
militaire  et  d?  sa  grande  expérience.  Excellent  écrivain,  le  général 
Langlois,  qui  avait  créé  en  1901  la  Revue  militaire,  est  l'auteur  d'ar- 
ticles remarquables,  parus  dans  le  Temps  et  dans  la  Revue  des 
Deux-Mondes,  où  il  étudiait  diverses  questions  d'organisation  et  de 
commandement.  Les  volumes  qu'il  a  publiés  en  outre  sont  :  Les  Artille- 
ries de  campagne  de  V Europe  en  1874  (Paris,  1875,  in-18);  — ■  Ins- 
truction de  tir  dans  Vartillerie  de  campagne  (Paris,  1880,  in-8)  ;  — 
V Artillerie  de  campagne  en  liaison  avec  les  autres  armes  (Paris,  1891-1892, 
2  vol.,  in-8,  nouvelle  éd.  en  1903); — '■  Manœuvre  d'un  détachement  de  toutes 
artnes  avec  feux  réels  (Paris,  1897,  in-12);  —  Enseignements  de  deux  guerres 
récentes.  Guerres  turco-russe  et  anglo-boer  (Paris,  1903,  gr.  in-8,  4®  édition 
en  lyv'*^;  —  Conséquences  tactiques  des  progrès  de  l'armement.  Élude  sur  le 
terrain  (Pai':"'-.  1903,  in-8,  plusieurs  fois  réimprimé);  —  Questions  de  défense 
nationale  (Pans,  1906,  in-12);  —  La  Belgique  et  la  Hollande  devant  le 
pangermanisme  (Paris,  1906,  in-12);  —  Les  Manœuvres  suis^::^  on,  iC07 
iPciri.-s.  lôû",  in-8); —  QueiquC-  Q^iCctions  d^actiialité  (Pa^-ls,  19G9,  in-12). 
Le  général  Langlois,  qui  était  un  ùc^  rédacieur^  J--  la  Revue  militaire,  à 
traduit  de  l'allemand  le  RèglemcrJ  d'exercii^c?  ■p.^ur  la  cavalerie  de  Vannée 
royale  de  Prusse,   du  5  mai  1855   (Paris,  1874,  in-12^. 

—  M.  Jules  Cauvière,  le  distingué  professeur  de  droit  à  l'Institut  catho- 


-  268  — 

lique  de  Paris,  est  mort  en  cette  ville,  le  1"  février,  à  67  ans. Né  à  Marseille 
en  1845,  après  do  brillantes  études  de  droit  faites  à  la  Faculté  d'Aix,  il 
était  entré  dans  la  magistrature  et  avait  été  successivement  substitut  et 
procureur  do  la  République.  Mais  ses  ardimtes  convictions  religieuses  le  pous- 
sèrent à  démissionner  en  1876  et  à  entrer  à  la  P' acuité  de  droit  de  l'Ins- 
titut catholique  do  Paris,  où  il  enseigna  successivement  le  droit  romain  et 
le  droit  criminel  avec  une  hauteur  de  vue  et  une  correction  de  langage 
qui  rendaient  ses  cours  excessivement  attrayants.  Collaborateur  très  ap- 
précié de  la  Vérité,  du  Monde,  de  V  Univers,  du  Correspondant,  du  Journal 
des  Débats,  du  Moniteur,  etc.M.Cauvière  était  membre  correspondant  do  l'Aca- 
démie de  législation  de  Toul<Mise,  et  à  Paris  il  faisait  partie  de  la  Société 
bibliographique,  de  laSociété  de  législation  comparée  et  de  la  Société  des 
prisons.  En  dehors  d'une  importante  Histoire  du  divorce,  à  laquelle  il  tra- 
vaillait et  dont  quelques  fragments  ont  paru  dans  la  Revue  générale,  il 
avait  publié  :  Critique  littéraire.  D'un  Livre  nouveau  sur  la  littérature  fran- 
çaise (Châteauroux,  1883,  in-8);  ■ — ■  De  la  Condition  de  la  femtne  depuis 
Vantiquité  jusqu''à  nos  jours  (Marseille,  1891,  in-8);  —  Le  Lien  conjugal  et 
le  divorce,  mœurs  israélites  et  mœurs  païennes  (Paris,  1890,  in-8);  —  Le 
Régime  du  bon  plaisir  (La  Chapelle-Montligeon,  1895,  in-8);  —  Institut 
catholique  de  Paris.  Rapport  lu  au  nom  de  la  Faculté  de  droit  (Paris,  1895, 
in-8);  —  De  Digne  à  Saint- Martin,  Vésubie  et  à  Nice  (La  Chapelle-Montli- 
geon, 1896,  in-S);  —  Le  Divorce  au  point  de  vue  catholique  et  social  (Paris, 
1897,  in-8);  —  V  Honnête  H  omnw,  discours  (Paris,  1897,  in-18);  — Le  Bon 
Juge,  étude  de  mœnr?  conte7np')raines{V*âVis,  1907,  in-8);  —  Discipline 
militaire  et  obéissance  passive   (Pari;-,  1907,  in-16). 

—  Le  trop  célèbre  ex-Père  Hyacinthe,  dans  le  mond?  Charles  Loyson, 
est  mort  à  Paris,  le  9  février,  à  l'âge  do  85  ans.  Né  à  Orléans,  le  10  mars 
1827,  il  commença  ses  études  dans  cette  ville  et  les  termina  à  Pau  où  son 
père  venait  d'être  nomrné  recteur  d'Académie.  Entré  à  18  ans  au  séminaire 
de  Saint-Sulpice,  il  fut  ordonné  prêtre  quatre  ans  plus  tard,  puis  alla 
enseigner  la  philosophie  au  grand  séminaire  d'Avignon  et  ensuite  la  théo- 
logie à  celui  de  Nantes.  Rappelé  à  Paris  pour  exercer  le  ministère  sacerdo- 
tal dans  la  paroisse  de  Saint-Sulpice,  il  se  déternlina  bientôt  après  à  entrer 
dans  l'ordre  des  Carmes,  ce  qui  devait  lui  permettre  de  satisfaire  son 
goût  et  d'utiliser  ses  aptitudes  pour  la  prédication.  Après  deux  annéos  de 
noviciat  passées  dams  le  couvent  des  Carm 'S  de  Lyon,  il  revêtit  l'habit  de 
ces  religieux  et  débuta  en  préchant  la  retraite  dans  le  lycée  de  cette  ville. 
Puis  ilalla  prêcher  l'Avent  à  Bordeaux  en  1863  et  le  Carême  à  Périgueux 
en  1864.  A  la  fin  de  cette  dernière  année,  il  vint  à  Paris  où  il  se  fit  en- 
tendre à  la  Madeleine,  et  enfin,  montant  dans  la  chaire  de  Notre-Dame, 
il  obtint  pendant  l'Avent  des  trois  années  1865,  1866  et  1867,  un  énorme 
succès,  dû,  hélas!  à  une  prédication  qui  n'avait  cessé  de  paraître  déplus 
en  plus  suspecte  aux  esprits  sages  et  éclairés.  Mandé  à  Rome  et  blâihé,  il 
né  tarda  pas  à  prononcer  à  Paris,  dans  une  séance  de  la  Ligue  internatio- 
nale d"!  la  paix,  des  par  .les,  moins  orthodoxes  encore.  Sommé  alors  de  se 
taire  ou  de  changor  de  langage,  il  écrivit  au  Supérieur  général  des  Cai'mes, 
à  Rom^',  sa  fameuse  lettre  du  20  septembre  1869,  qui  annonçait  sa  rup- 
ture a.-ec  son  ordre  et,  en  réalité,  avec  l'Église  catholique.  Frappé  de  l'ex- 
communication majn]re,rex-moinc  commença  alors  cette  vie  errante  dans 
les  pays  prot'stants,  à  laquelle  sont  condamnés  tous  les  m''mbres  du  clergé 
qui  désertent  l'Église.  Nous  n'a^'ons  pas  à  suivre  désormais  M.  Charles 
Loyson  au  cours  d'une  existence  tourmentée  de  près  d'un  demi-siècle;  nous 


—  269  — 

devons  nous  borner  à  mentionner  son  œuvre  littéraire.  Les  publications 
dont  il  est  l'auteur  se  divisent  naturellement  en  deux  catégories  :  celles 
qui  sont  signées  de  son  nom  de  religieux  et  celles  qui  portent  son  nom 
de  famille.  Parmi  les  premièi'es  nous  citerons  :  La  Société  civile  dans  ses 
rapports  avec  le  christianisme  (Paris,  1867,  in-18);  —  Matérialisme  et  spiri- 
tualisme (Paris,  1867,  in-8);  —  La  Famille  (Paris,  1867,  in-18);  —  Dis- 
cours pour  la  profession  de  foi  catholique  d'une  protestante  (Pai'is,  1868, 
in-8);  —  Discours  prononcé  au  congrès  de  Munich  (Paris,  Î872,  in-8);  • — ■ 
Cantiques  à  V usage  du  eu' te  rfu  c/iréî;en  (Genève,  187G,  in-1 6).  La  série  de 
volumes  parus  sous  son  propre  nom  comprend  :  La  Liturgie  de  r Église 
catholique- gallicane  suivie  d'un  Abrégé  de  catéchisme  et  d'un  programme  de 
la  Réforme  catholique  (Paris,  1883,  in-18);  ■ — ■  Ni  cléricaux,  ni  athées,  re- 
cueil de  discours  et  de  lettres  sur  la  troisième  République  (Paris,  1890,  in-8)  ; 

—  Edmond  de  Pressensé.  Discours  prononcé  à  Paris,  le  19  avril  1891,  dans 
Véglise  gallicane  de  la  rue  d' Arras  (Paris,  1891,  in-12);  • — ■  Mon  Testament 
(Paris,  1893,  in-32);  — -  Qui  est  le  Christ?  pour  les  ju'fs,  les  chrétiens  et  les 
musulmans  (Paris,  1900,  in-12);  — ■  L'Union  religieuse  et  Le  Dieu  inconnu. 
Discours  prononcé  dans  Véglise  Notre-Dame  de  Genève  le  6  octobre  1901 
(Genève,  1901,  in-12);  —  Michel  Seivet  brûlé  vif  à  Genève,  le  27  octobre 
1553.  Discours  prononcé  à  Genève,  le  8  mars  1903  (Genève,  1903,  in-8).  A 
cette  même  catégorie  de  livres  vient  s'ajouter  une  longue  suite  de  brochui'es, 
sermons  ou  conférences  sur  l'Église  catholique  en  Suisse,  Le  Dimanche  et  les 
classes  laborieuses,  U  Ultramontanisjne  et  la  Révolution,  La  Réforme  catho- 
lique, L'Inquisition,  réponse  au  P.  Monsabré,  etc. 

—  M.  Marc  Sauzet,  prof':'sseur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris,  député  et 
conseiller  général  de  l'Ardèche,  est  mort  à  Paris  le  7  février,  à  60  ans.  Né 
à  Tournon  (Ardèche),  le  18  février  1852,  il  fit  ses  études  de  droit  à  Paris 
et  devint  avocat  à  la  cour  d'appel.  Reçu  agrégé,  il  fut  nommé  professeur 
à  la  Faculté  de  droit  de  Lyon  en  1881,  puis  à  celle  de  Paris  en  1891,  M. 
Marc  Sauzet  a  été  un  des  collaborateurs  les  plus  actifs  de  plusieurs  re- 
cueils spéciaux  de  droit  et  y  a  pul)lié  des  mémoires  fort  appréciés,  qui 
ont  été  tirés  à  part,  notamment  ;  Sur  la  Responsabilité  des  patrons;  —  Ls 
Livret  et  les  assurances  des  ouvriers;  — ■  La  Pe/'sonnalité  civile  des  syndicats; 
■ —  La  Juridiction  des  conseils  des  prud'hommes,  etc. 

—  M.  Pierre  Quillard,  poète,  écrivain  et  helléniste  distingué,  est  mort 
à  Paris,  le  4  février,,  à  48  ans.  Né  à  Paris,  le  14  juillet  1864,  il  fit  de 
solides  études  au  lycée  Condorcet  et  entra  en  1887  à  l'École  des  chartes. 
L'année  précédente,  il  avait  fondé  avec  quelques  jeunes  littérateurs  une 
revue,  la  Pléiade.  Nommé  en  1892  professeiu'  au  collège  arménien  de  Cons- 
tantinople,  il  passa  quelques  années  dans  cette  ville  et  prit  ardemment  la 
défense  des  Arméniens  persécutés  par  les  musulmans,  défense  qu'il  pour- 
suivit à  son  r  >tour  à  Paris  en  dirigv^ant  pendant  plusieurs  années  la  revue 
Pro  Armenia.  Les  publications  de  M.  Quillard  sont  :  La  Fille  aux  mains 
coupées,  poème  dramatique  avec  notice  bibliographique  et  dramatique 
(Paris,  1893,  in-8);  — Za  Gloire  du  Verbe,  1885-1890  (Paris,  1891,  in-16); 

—  La  Lî/re  héroïque  et  dolente,  de  sable  et  d'or,  l'Errante,  etc.  (Paris,  1897, 
in-12);  —  La  Question  d'Orient  et  la  politique  personnelle  de  M.  Hanotaux 
(Paris,  1897,  in-12)  ;  —  Le  Monument  Henry.  Listes  des  souscriptions  (Paris, 
1899,  in-12);  —  Pour  l'Arménie  (mémoire  et  dossier)  (Paris,  1912,  in-16). 
M.  Quillard  a  traduit  du  grec  Les  Mimes  d'Hérondas,  l^  Livre  sur  les  mys- 
tères de  Jamblique,  V Antre  des  nymphes,  àf.  Porphyre,  et  Philoktète,  tragédie 
de  Sophocle. 


—  270  — 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Henri  Beaussier,  directeur 
politique  du  Journal  d'Indre-et-Loire,  mort  au  milieu  de  février;  —  Paul 
Bergon,  compositeur  de  musique,  mort  à  Paris,  en  janvier,  à  48  ans;  — 
Lucien  Beszard,  qui  a  professé  la  langue  et  la  littérature  françaises  à  l'Ecole 
normale  supérieure  de  Budapest,  puis  la  littérature  et  la  philologie  fran- 
çaises à  l'Université  royale  de  la  même  ville,  et  qui,  ayant  collaboré  au 
Correspondant,  à  la  Rei'ue  historique  et  archéologique  du  Maine,  aux  Annales 
fléchoises  et  la  Vallée  du  Loir  et  à  diverses  revues  hongroises,  a  publié  : 
Les  Larmes  dans  Vépopie  jrançaise  (Halle,  1903),  Toponymie  communale 
de  l'arrondissement  de  Mamers  (Strai^bourg,  in-8),  La  Langue  des]  Formules 
de  Sens  (Paris,  1910)  et  Éludes  sur  l'origine  des  noms  de  lieux  habités  du 
Maine  (Paris,  1910.)  mort  prématurément  à  Nancy,  le  17  janvier,  à  l'âge 
de  30  ans;  —  Eugène  Cavektou,  membre  de  l'Académie  de  médecine  pour 
la  section  de  pharmacie  depuis  1870  et  ancien  président  de  cette  com- 
pagnie en  1897,  mort  à  Paris,  au  commenci  ment  de  février,  à  88  ans, 
lequel,  marchant  sur  les  traces  de  son  père,  l'illustre  pharmacien  inventeur 
de  la  quinine,  avait  fait  de  nombreuses  et  importantes  recherches  princi- 
palement dans  le  laboratoire  de  Wurtz,  sur  le  «  carapa  toulouconna  », 
les  «  bromures  d'éthylène  bromes  »,  etc.,  et  en  avait  consiL,né  les  résultats 
dans  des  mémoires  fort  estimés  insérés  au  Journal  de  pharmacie  et  de 
chimie;  —  le  chanoine  Auguste  Dillekséger,  curé  de  Notre-Dame  de 
Lorette,  qui  a  rempli  successivement  les  fonctions  de  professeur  au  petit 
séminaire  de  Saint-Nicolas  du  Chardonnet  et  de  supérieur  de  ce  même 
séminaire,  mort  à  Ville-d'Avray,  le  22  février,  dans  sa  62^  année;  —  Henri 
Fabre,  ancien  administrateur  et  rédacteur  en  chef  du  Monde  illustré, 
mort  à  Paris,  au  commencement  de  février;  ■ —  Paul-Jean  FoNTArNE, 
rédacteur  au  Petit  Parisien,  membre  de  l'Association  des  journalistes 
parisiens,  vice-président  de  l'Association  des  nouvellistes  parisiens,  mort  à 
Paris,  le  9  février,  à  59  ans;  —  Henri  Franck,  pcète  qui  n'avait  encore 
publié  que  des  essais  et  quelques  poésies,  mais  dont  le  talent  promet- 
tait, mort  à  Paris,  à  l'âge  de  23  ans,  le  26  février;  —  Emile  Garet,  ancien 
député  des  Basses- Pyrénées,  qui  avait  fondé  et  dirigé  pendant  quarante 
ans  le  journal  C Indépendant  et  qui  a  publié  un  volume  :  Les  Bienfaits  de 
la  Révolution  française  (PaO'is,  1880,  in-8),  mort  à  Pau,  au  milieu  de  fé- 
vrier, à  82  ans;  —  Louis  Goard-Pagès,  doyen  et  membre  fondateur  de  la 
presse  municipale,  mort  à  Paris,  à  la  fin  de  janvier,  à  79  ans;  —  Jules 
Goybet,  ancien  président  de  la  Société  de  géographie  de  Lyon  et  ancien 
di  ecteur  de  l'Écob  de  la  Martinière  de  la  même  ville,  mort  à  la  fin  de 
janvier,  à  88  ans;  —  Albert  Jourdan,  rédacteur  à  la  Dépêche  algérienne, 
mort  à  la  fin  de  janvier;  —  T.  Klobb,  professeur  à  la  Faculté  de  Nancy, 
mort  au  milieu  de  février  à  51  ans,  lequel  avait  publié  :  Essais  sur  les 
lois  des  doubles  décompositions  chimiques  (Paris,  1889,  iii-4);  —  Judde 
de  la  Judie  de  la  Rivière,  publiciste,  mort  à  Bordeaux,  à  la  fin  de 
janvier;  —  Lajeuke- Vilar,  journaliste  parisien,  membre  de  l'Association 
de  la  presse  économique  et  financière,  mort  à  Paris,  au  commencement  de 
février,  à  58  ans;  —  Marcel  Lauras,  auteur  dramatiejue,  mort  au  com- 
mencement de  février,  à  l'hôpital  de  Beavjon,  à  Paris,  à  39  ans,  lequel 
avait  écrit,  avec  M.  iMarcel  Luguet  :  La  Piqûre,  comédie  en  un  acte 
(Paris,  1901,  in-12);  Cœurs  vernis,  comédie  en  quatre  actes  (Paris,  1902, 
in-12),etc.  ;  —  Alphonse  Lescamela,  directeur  du  journal  les  Pyrénées, 
mort  à  la  fin  de  février,  à  85  ans  ;• —  l'abbé  Pierre- Augustin  Lécot, 
curé  de  Chambornay-lez-Bellevaux  (Doubs),   qui    laisse    diverses    études 


—  271  — 

historiques  et  archéologiques  raanuscritfS  telles  qu'une  Nomenclature  his- 
torique des  abbés  de  Belhvaux  et  une  Monographie  de  Cambiimum,  qui 
seront  publiées  prochainement,  mort  à  Chambornay,  le  21  décembre,  à 
l'âge  d'î  65  ans  ; —  Henri  Lozé,  compositeur  de  muf-ique  renommé,  qui,  à  14 
ans.  avait  rt  mporté  le  gi'and  prix  du  conservatoire  de  Bruxelles,  mort  à  Pa-'is, 
au  milieu  d;  février,  à  57  ans;  —  Martial  Moulin,  poète  dauphinois, 
ancien  directeur  littéraire  de  la  Revue  des  journaux  et  des  livres,  ancien 
secrétaire  de  la  Société  des  gens  de  lettres,  mort  à  Aouste  (Drôme),  le 
25  février,  à  68  ans,  lequel  laisse  plusieurs  volumes,  entre  autres  :  En 
campagne, 'i81G-i81l  (Paris,  1881,  in-12);  Nella,  histoire  d'amour  (Paris, 
1886,'  in-12)  et  Bouquet  de  nouvelles  (Paris,  1889,  in-12);  —  Poirier,  doyen 
de  la  Faculté  des  sciences  de  Clermont,  mort  à  la  fin  de  janvier, à  64  ans; 

—  Alfred  de  Sauvenière,  auteur  dramatique,  romancier  et  chroniqueur 
sportif,  mort  subitement  à  Paris,  au  milieu  de  février,  dont  nous  citerons  : 
Idylle  rouge  (Paris,  1887,  in-12).  Piments  rouges  (Paris,  1887,  in-8),  le 
Royaume  de  Saba,  roman  d'aventures  fantastiques  (Paris,  1888,  in-12), 
Chronique  du  Coursiug-Club  de  France  (Paris,  1891,  in-16),  et  les  Courses 
de  lévriers,  le  Coursing  (Paris,  1899,  in-8). 

—  A  l'étranger,  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  Dr.  Gustav  Albrecht, 
bibliothécaire  et  écrivain  allemand,  mort  le  13  janvier,  à  Charlottenbourg, 
à  47  ans,  lequel  laisse  quelques  ouvrages  d'histoire  locale;  —  Armaler- 
Hansen,  écrivain  norvégien,  connu  par  ses  publications  sur  la  lèp:'e,  mort 
à  Bergen,  en  février,  à  71  ans;  ^-  Herman  Bang,  journaliste,  conféren- 
cier et  directeur  de  théâtre  danois,  mort  le  29  janvier,  à  55  ans,  pendant 
une  tournée  de  conférences  aux  États-Unis,  lequel  est  l'auteur  de  Tine, 
Stucco,  etc.;  —  Dr.  Georg  Berbig,  écrivain  allemand,  auteur  d'ouvrages 
sur  l'histoire  locale  et  l'histoire  religieuse,  mort  le  1^^"  février,  à  Neus- 
tadt,  près  de  Cobourg,  à  46  ans,  auquel  on  doit  :  Dr.  Johann  Gerhards 
Visitationswerk  in  Thuringen  und  Franken  (Gotha,  1896,  in-8);  Ernst 
der  Fromme,  Herzog  zu  Sachsen,  ein  Furst  dcr  inneren  Mission  in  Zei- 
talter  des  dreizigjâhrigen  Krieges  (Berlin,  1900,  in-8),  etc.;  —  Adolf  Brie- 
ger,  poète  lyrique  allemand,  mort  le  18  janvier,  à  Halle-sur-la-Saale,à  80 
ans,  lequel  est  l'auteur  de  :  Ueber  den  deutschen  Hexameter  (Posen,  1866, 
in-4);  Kroesus  und  Adrastus.  Ein  Gedicht  (Posen,  1870,  in-32);  Beitrâge  zur 
Krilik  einiger  philosophischen  Schriften  desCicero  (Posen,  1873,  in-4),  etc.; 

—  Dr.  Adolf  Brùniag,  directeur  du  musée  provincial  de  la  ville  de  Hano- 
vre, mort  en  février,  à  44  ans;  —  Henry  Elmsky  Busteed,  ancien  médecin 
militaire  de  l'armée  anglaise  de  l'Inde,  mort  à  Londres,  le  le^"  février,  à 
80  ans,  lequel  avait  publié  sur  l'histoire  des  Anglais  dans  l'Inde  des  ou- 
vrages qui  font  autorité,  entre  autres  :  Echoes  of  Old  Calcutta  (2^  édit.  en 
1888);  —  Dr.  Karl  Capelle,  philologiie  allemand,  directeur  du  gymnase 
de  Hanovre,  mort  en  cette  ville,  en  février,  à  71  ans,  dont  l'ouvrage  Anlei- 
tung  zum  lateinischen  Aufsatz  fUr  den  Gymnasialgebrauchbaerbeitet  (Han- 
nover,  1880,  in-8),  a  eu  plusieurs  éditions;  —  Dr.  Georg  Caro,  privat- 
docent  d'histoire  à  Zurich  (Suisse),  mort  en  janvier,  à  44  ans;  —  Dr. 
David  Cristison,  un  des  principaux  représentants  des  études  archéologi- 
ques en  Ecosse,  mort  au  milieu  de  janvier  à  Edimbourg,  dont  nous  cite- 
rons :  Early  Fortifications  in  Scotland  et  The  Prehistoric  Forts  in  Scotland; 

—  Dr.  Paul  DuPROix,  professeur  de  pédagogie  à  Genève,  mort  le  24  jan- 
vier;—  Josef  Ettinger,  écrivain  alkmand,  auteur  de  Benjamin  Contant. 
Der  Roman  eines  Leben  (Berlin.  1909,  in-8),  mort  au  commencement  de 
février,  à  Francfort-sur-le-Mein,  à  42  ans;  —  Dr.  A.-M.  Fairbairn,  pro- 


—  272  — 

fesseur  et  écrivain  anglais,  qui  fut,  pendant  23  ans,  principal  du  collèg»- 
Mansfièld,  à  Cxford,  ci  qui  a  publié  plusieurs  oun rages  de  théologie  et 
d'histcfire  religieuse.  n'>taniment  :  Studies  in  tfie  Philosophy  of  Religion  and 
Hislory,  Studies  in  the  Life  of  Christ  et   The  Philosophy  of  the.  Christian 
Religion,  miu't  à  LondJ'es,  le  9  février,  à  74  ans;  —  Dr.  Dittmar  Finkler, 
professeur  d'hygiène  à  l'Université  allemande  de  Bonn,   mort  en  cettb 
ville,   le  17  février,  à  60  ans;  — Dr.  Otto  Gaebel,  professeur  , de  chimie 
pharmaceutique  à  l'Université  allemande  de  Breslau,  mort  en  février,  à 
37  ans;  —  le  R.  P.  Gismondi,  membre  de  la  Commission  biblique,  con- 
sulteur    de    l'Index,    successivement    professeur    de  langues  orientales  à 
l'Université  grégorienne,  professeur  de  langue  hébraïque  et  de  langue  ara- 
maïque  à  l'Institut  biblique  fondé  par  Pie  X,  mort  à  Rome,  le  7  février, 
à  l'âg^  de  61  ans;  —  Dr.  E.  Golubinski,  écrivain  russe,  auteu'  d'ouvrages 
sur  l'histoire  de  l'Église,  mort  le  20  janvier  à  Sergiev.-ki  Posad,  à77  ans  ;  . — 
Dr.  Alfred  Gruenhagen,  professeur  de  physique  médicale  à  l'Université 
allemande  de  Kœnigsbcg,  mort  en  cette  ville,  en  février,  à  70  ans;  —  Dr. 
Rudolf  Hackl,  archéologue  bavarois,  mort  en  février,  à  Davos,  à  31  ans; 
—  Dr.  Hope  HoGG.  orientaliste  anglais,  professeur  de  langues  et  de  littéra- 
tures sémitiques  à  l'Univer.-^ité  de  Manchester,  un  des  principaux  collabo- 
rateurs de  \  Encydopcdia  Bibîica,  mort  à  la  fin  de  février;  —  Dr.  A.  Tay-  ' 
lor  Innés,  écrivain  écossais,  qui  a  publié  plu^-ieurs  volumes  sur  son  pays, 
tels  que  :  Studies  in  Scottish   History  (1892);  John  Knox,  dans  la  collec- 
tion :  Famous  Scots  (1892)  et  Tlie  Scottish  Church  and  tlie  Crisis  of  1907 
(1908);  —  Dr.  Heinrich  Ki h n,  professeur  do  droit  ecclésiastique,  de  patro- 
Jogie  et  d'herméneutique  à  l'Univecsité  all«  mande  de  Wurtzbourg,  mort 
au    commencement    da    févi'ier,  lequel  a   publié    :    Weg    zur     Weisheit, 
Andachtshuch  fiir  Studier  -  und  Gcbildete  (Einsiedeln,  1902,  in-8),  etc.;  — • 
Dr.  Karl    Kraut,  ancien  professeur  de  chimie  à  l'École  technique  supé- 
rieure de  Hanovre,  mort  en  janvier,  à  83  ans;  • —  Paul  Kunad,  poète 
-lyrique  allemand,   mort  à  Beiiin,   le  15  janvier,  à  48  ans.  après  avoir 
publié  :  Gedichte  und  Aphorismen  (Leipzig,  1907,  in-8L  etc.;  —  Dr.  Salô- 
mon  Lefmann,  professein*  do  Uttévatvu'e  et  d'histoire  de  l'Inde  ancienne  à 
l'Université  allemande  de  H-id  lb?rg,  mort  en  janvier,  à  81  ans,  après 
avoir  publié  :  Lalita  Vistara.  Erzaehlung  von  dem  Lelen  und  der  Lehre  des 
Clakya   Siniba.    Aus   dem   Original   des  Sanskrit    uebersetzt  (Berlin,    1874, 
in-8î;  Franz  Bopp,  sein  Leben  und  seine  Wissenschaft  (Berlin,  1891,  in-8), 
etc.;  — ■   Dr.    Otto  Lie&mann,   professeur  de   philosophie  à  l'Université 
allemande  d'Iéna,  mort  en  cette  ville  au  milieu  de  janvier,  à  72  ans, 
dont  les  ouvrages  ont  eu  une  influence  considérable  sur  l'étude  de  la  philo- 
sophie dans  son  pays,  entre  autres  :  Zur  Analysis  der  Wirklichkeit,  philo' 
sophische  Untersuchungen  (-Strasboui'g,  1876,  in-8)  *^iGedanken  und    That- 
sar.hen.  Philosophisclie    Abhandlungen,  Aphorismen  und  Studien  (Strasbourg, 
1882,  in-8);  —  Vernon  Lushington,  écrivain  anglais,    un   des  derniers 
survivants  des  collaborateurs  de  YOxford  and  Cambridge  Magazine,  mort  à 
la  fin  de  janvier,  à  80  ans;  —  Hiigh  Mackenzie  Mackintosh,  une  des 
figures  les  plus  en  vue  de  la  presse  de  la  Grande-Bretagne,  lequel  avait 
dirigé  longtt  mps  le  Standard,  ainsi  que  divers  autres  journaux  en  Anglo- 
terre  et  en  Ecosse,  mort  au  commencement  de  février,  à  56  ans;  —  Dr. 
Julius  Pagel,  professeur  d'histoire  de  la  médecine  à  l'Université  de  Ber- 
lin,  mort  en  cette  ville,  le  30  janvier,  à  61  ans;  —  le  pasteur   César 
Pascal,  auteur  d'un  ron\an  historique  :  La  Fiancée  du,  proscrit,  mort  à 
Brighton  (Angleterre),  le  31  décembre  1911,  à  l'.ige  de  73  ans;  —  Dr. 


—  273  — 

Theodor  Piderit,  écrivain  all^'iuand,  auteur  de  :  Kuriose  Gf^schichteti  {Ber- 
lin, 1872,  in-8);  Drei  Buclmen-Dichtungen  (Nordan,  1880,  in-8);  Mimik  und 
Physiognomik  (Dotmold,  1886,  in-8^,  etc.,  mort  à  Detmold,  le  23  janvier, 
à  86  ans;  —  Dr.  Sigi.smond  Rahmer,  médîcin  et  écrivain  allemand,  mort 
en  février,  à  Berlin,  à  45  ans,  dont  nous  citerons  :  Physiologie  nder  die 
Lehre   von   den   Lehensvergaengen   im   menschlichen   und  tierischen  Koerper 

(Stuttgart,  1891,  in-8); Dr.  Josef  Ruff,  médecin  allemand,  mort 

en  février  à  Karlsbad,  à  66  ans,  après  avoir  publié  :  Diaet  und  Wegweiser 
fUr  Gallensteinleidcnde  mit  ein  Anhang  :  Karlsbader  Kur  oder  Opération? 
(Berlin,  1904,  in-8),  etc.;  —  Dr.  Max  Salomon,  écrivain  allemand,  auteur 
d'ouvragos  sur  l'hygiène,  mort  le  22  janvier  à  Berlin,  à  75  ans,  dont 
nous  citerons  :  Die  Entwickclung  des  Medicinalwesens  in  England  mit 
vergleichenden  Seitenblicken  auj  Deutschland  und  Reformvorschlaegen.  IJis- 
torische  Skizze  (Munich,  1884,  gr.  in-6)  et  Handbuch  der  speciellen  Intemen- 
Therapie.  FUrAerzte  und  Studierende  (Berlin,  1885,  in-8);  —  Alb ort  Sco- 
BEL,  le  directeur  scientifique  de  l'établissem-'ut  géographique  Belhagen  et 
Klasing  de  Leipzig,  mort  le  6  fé-vrier,  à  Kastelruth  (Tyrol);  à  61  ans;  — 
Dr.  Frédéric  Seebohm,  ancien  banquier  et  littérateur  anglais,  mortàHit- 
chin,  au  commencement  de  février,  à  78  anSj  lequel  a  publié  dos  monogra- 
phies estimées,  telles  que  :  The  English  Village  Community,  The  Tribal 
System  in  Wales,  Tribal  Custom  in  Anglo-Saxon  Law  et  The  Era  of  the 
Protestant  Révolution;  — •  Mgi'  Francesco  Sogaro,  archevêque  d'Amida, 
président  de  l'Académie  dos  nobles  ecclésiastiques,  mort  dernièrement  à 
Rome,  à  73  ans;  —  Dr.  W.  Steffensen,  directeur  du  Musée  national 
danois,  mort  à  la  fin  de  janvier  à  Copenhagae,  à  72  ans;  — •  Dr.  Fried- 
rich Stephan,  philologue  allemand  devenu  journaliste,  qui  fut  de  1880  à 
1900  le  directeur  de  la  Vossische  Zeitung,  mn't  dernièrement  à  Berlin,  à 
82  ans;  — •  Dr.  Hjalmar  Thuren,  écrivain  danois  connu  par  ses  recherches 
sur  les  chants  populaires,  mort  en  février  à  Copenhague;  —  Hermann 
Undeutsch,  professeur  de  mécanique  et  de  construction  de  machines  à 
l'Éoole  des  mines  de  Freiberg  (Saxe),  mort  en  cette  ville,  en  janvier,  à  68 
ans;  — ■  le  R.  P.  Amand  Van  Tours,  ancien  recteur  du  collège  Notre-Dame, 
à  Anvers,  mort  à  Tournai  à  la  fin  de  février,  à  l'âge  de  65  ans;  —  Dr. 
Justin  Bernhard  Westerkamp,  professeur  de  droit  à  l'Université  allemande 
de  Marbourg,  mort  en  janvier,  à  72  ans;  —  Karl  Wolf,  écrivain  tyrolien, 
mort  le  4  février,  à  Méran,  à  64  ans. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 
— •  Le  2  février,  M.  Loth  termine  la  lecture  de  son  étude  sur  les  localités 
de  Cornouailles,  dans  lesquelles  l'auteur  de  Tristan  et  Yseult  a  fait  vivre 
ses  héros.  —  M.  P.  Meyer,  qui  a  cherché  ailleurs  les  origines  du  même 
poème,  se  rallie  à  l'opinion  de  M.  Loth.  —  M.  Martha  cherche  à  démontrer 
que  la  langue  étrusque  appartient  au  groupe  des  langues  ouralo-altaïques,  et 
traduit  une  longue  inscription  écrite  dans  cet  idiome.  —  M.Havet  présente 
quelques  observations  auxquelles  répond  M.  Martha.  —  M.  Gagnât  lit  en 
seconde  lecture  son  mémoire  sur  la  frontière  romaine  en  Tripolitaine.  —  Le 
23,1e  P.  Scheil  donne  une  seconde  lecture  de  son  travail  sur  la  chronologie  du 
règne  de  Hammourabi.  —  M.  Cuq  étudie  le  sénatus-consulte  permettant 
le  cuite  de  Sérapis  à  Délos.  —  L'explication  qu'il  apporte  est  contestée 
par  MM.  Gagnât  et  Alfred  Croiset.  —  M.  Prou  relit  son  étude  sur  les  pla- 
ques remontant  à  l'époq^'e  carolingienne  qu'il  a  relevées  dans  l'église  de 
Schoennis  (Suisse). 

Mars  1912.  T.  GXXIV.  18. 


—  274  — 

Lectures  faites  a  l'Ac.ai>kmie  des  sciences  morales  et  politiques. 
—  Le  ;>  fcvTk'i-,  M.  H.  W'elsohingcr  lit  la  préface  d'un  livre  qu'il  va 
publier  sur  le  prince  de  Bismarck.  —  Le  21,  M.  Geoffroy  do  Grandmaison, 
président  de  la  Société  biblio£?i'apliique,  lit  un  travail  très  documenté  sur 
la  Cour  du  Roi  Joseph  à  Matb-id  de  1808  à  1913. 

Prix.  ■ —  Dans  sa  séance  annuelle  du  7  décembre  1911,  l'Académie 
française  a  décerné  l"s  prix  suivants  : 

Prix  de  Poésie  (I.ÔOO  fr.).  —  A  M.  1  ■  linitenant  Georg\s  Rollin  :  La 
Conquête  de  Vair. 

Prix  Montyon  (20.500  fr.).  —  Cinq  prix  de  i. 000  fr.  :  ia  Poétique  navale 
et  la  flolle  française,  par  j\L  le  vice-amiral  Fournier;  —  La  Pacification  de 
la  Mauritanie,  par  M.  le  colonel  Gouraud;  —  Chantilly  et  le  Musée  Condé, 
par  ;M.  Gustave  Maçon;  ■ —  La  Force  noire,  par  M.  le  lieutenant-colonel 
Mangin;  —  Au  cœur  de  VAtlas  (1904-1905),  par  M.  d?  Scgonzac.  —  31 
prix  de  500  fr.  :  Trois  Filles  à  marier,  par  M.  Fernand  Ai'bier;  —  Les 
Touareg,  par  M.  le  capitaine  Aymard;  —  Blad  de  Luno  et  Babali,  par  M. 
de  Baroncelli-Javon;  —  Le  Cloclier  fleuri,  par  M.  Maurice  La  Belangv;raie; 
— -  Les  Femmes  poètes  de  V Allemagne,  par  MH»^  Lya  Berger;  • —  Mon  ami 
Fou-Thon\  par  M.  Léo  B\ram;  —  Les  Indes  néerlandaises,  par  M.  An- 
toine Cabaton;  • —  Les  Origines  de  V  expédition  d'' Egypte,  par  M.  François 
Charl'^F-Roux;  —  La  Belgique  moderne,  terre  d'expériences,  par  M.  Henri 
Charriant;  —  Américains  et  Barbaresques  (1776-1824),  par  M.  Dupuy;  — 
La  Petite  Gratienne,  par  M^i'-'  Yvonne  Durand;  —  V Ascète,  par  M.  André 
Fergan;  —  La  Science  du  bonheur,  par  M.  Jean  Finot;  —  Histoire  géné- 
rale de  V Algérie,  par  M.  Henri  Garrot;  —  Le  Chemin  de  sable,  par  M.  Jac- 
ques des  Gâchons;  — •  Images  d' Alsace-Lorraine,  par  M.  Emile  Hinzelin;  — 
Sites  délaissés  d'Orient  (du  Sinàï  à  Jérusalem),  par  M.  Jean  de  Kergor- 
lay;  —  Kientchang  et  Lolotie,  par  M.  A.  F.  Le  gendre;  • —  Chaucer,  par 
M.  Emile  Lf  g<»uis;  —  Nouvelles  Etudes  sur  l'histoire  de  la  pensée  scientifique, 
par  M.  G.  Milhaid;  —  Le  Livre  du  foyer,  par  M™e  Augusta  Moll-Weiss; 
—  Ce  que  les  pauvres  pensent  des  riches,  par  M.  Fernand  Nicolay;  —  Les 
Volontaires  de  la  Meurthe  aux  armées  de  la  Révolution  (levée  de  1791^,  par 
M.  Henry  Poulet;  —  L'Ame  des  villes,  par  M.  de  Romeuf;  —  La  Grande 
Boucle,  par  M.  Maurice  Rondet-Saint;  —  Dans  la  vallée  de  la  Couze,  par 
M.  Énaile  Roux-Parassac ;  —  Le  Lieutenant  Jacques  Roze  (1875-1907),  par 
M.  Etienne  Roze;  —  L'Énergie  américaine,  par  M.  Firmin  Roz;  —  Les 
Solitaires,  par  ]\I.  C.-M.  Savarit;  ■ —  Souvenirs  de  campagne,  par  M.  Silber- 
mann;  —  La  Mort  du  Boi  (21  janvier  1793),  par  M.  Pierre  d^^  Vaissière. 

Prix  Juteau-Duvigneaux  (5.0C0  fr.).  — 1.500  fr.  à  M.  l'abbé  Henri  Bré- 
mond  :  L'Inquiétude  religieuse;  ■ —  1.000  fr.  à  M.  l'abbé  Jules  Lfbreton  : 
Les  Origines  du  dogme  de  la  Trinité.  —  5  prix  de  500  fr.  :  Pages  de  la 
charité,  par  M.  François  Bournand;  — -  LAbbé  Béraud,  par  M.  l'abbé  J.-B. 
Chailkt;  —  Saint  Filibert,  par  M.  l'abbé  L.  Jaud;  —  Histoire  du  sémi- 
naire de  Saint-Nicolas  du  Chardonnet,  par  M.  P.  Schœnher;  —  L  Idée  de 
VÊtat  dans  saint  Thomas  d'Aquin,  par  M.  Jacques  Zeiller. 

Prix  Sobrier-Arnould  (2.000  f'-.).  —  2  prix  de  1.000  fr.  :  Le  Mont  Saint- 
Michel,  par  M.  l'abbé  Bosstbœuf  ;  ■ —  La  Savoie  (2«  partie),  par  M.  Léan- 
dre  Vaillat. 

Prix  Furtado  (1.000  fr.).  —  2  prix  de  500  fr.  :  Mes  filles,  par  M™* 
Dora  Mekgari;  —  George  Meredith,  par  M.  Constantin  Photiadès. 

Prix  Fabien  (3.300  fr.).  —  5  prix  de  500  fr.  :  Contrat  de  travail  et  sala- 
riat, par  jNI.  a.  Boissard;  —  L'Assistance  par  le  travail,  par  M.  Edouard 


—  275  — 

C'.ormouh>liuulo.s;  —  La  Cita  future,  par  M.  Louis  de  Meui"ville;  — ■  Au 
Pays  lau.dais,pdxM.  ^.-H.  Ricard;  —  La  Crise  rurale,  i^ar  MM.  Paul  Roux 
et  Georges  de  Fontenouille.  — 2  prix  de  400  fr.  :  MM.  J.  Soleil  et  Geor- 
ges Bonnefoy,  Z^e  Livre  dei  paysans;  —  M.  Anatole  Weber,  L'Enseigne- 
ment de  la  prévoyance. 

Prix  Charles  Blanc  (2.400  fr.).  —  4  prix  de  500  fr.  :  En  Grèce,  par 
monts  et  par  vaux,  par  MM.  Daniel  Baud-Bovy  et  Fred  Boissonnas;  — 
Histoire  de  la  peinture  classique,  par  M.  Jean  de  Foville;  —  Le  Bernin, 
par  ]\I.  Marcel  Reymond;  —  Giov.  Antonio  Bazzi  detto  Sodoma  et  la  fin  de 
VÊcole  de  Sienne  au.  xvi^  siècle,  par  M.  Achille  Ségard.  —  Un  prix  d« 
400  fr.  :  Iconographie  de  Jean- Jacques  Bousseau,  par  M.  de  Girardin. 
,  Prix  de  Jouy  (1.400  fr.).  —  900  fr.  à  M.  le  commandant  de  Bouillane 
de  Lacoste  :  Autour  de  l'Afghanistan.  —  500  fr.  à  M.  Henri  Davignon  :  Le 
Prix  de  la  vie. 

Prix  Jules  Favre  (1.000  fr.).  —  2  prix  de  500  fr.  :  M"»®  A.  Couvreur  : 
Poésies;  —  M^^*'  Emilie  de  Villers,  Les  Ames  de  la  mer. 

Prix  Davaine.  Prose  (1.500  fr.).  —  3  prix  de  500  fr.  :  Sur  la  via  Emilia, 
par  M.  Gabriel  Faure;  —  Vn  Fruit  et  puis  un  autre  fruit,  p^r  M'ne  Jean 
Pommerol;  —  La  Dilecta  de  Balzac,  par  M^^  Geneviève  Ruxton. 

Prix  Gobert  (10.000  fr.).  —  Le  grand  prix  à  M.  Joseph  Bédier  :  Les 
Légendes  épiques;  — •  le  second  prix  à  ]\L  Louis  Batiffol  :  Le  Boi  Louis 
XIII  à  vingt  ans. 

Prix  Therouanne  (3.500  fr.).  —  1.000  fr.  à  M.  Emile  Collas  :  Valentine 
de  Milan,  duchesse  d'Orléans.  —  5  prix  de  500  fr.  :  Etudes  historiques  sur  la 
pharmacie  en  Bourgogne  avant  1803,  par  M.  A.  Baudot;  — ■  Une  Ambas- 
sade suisse  à  Paris  (1663),  par  M.  Tony  Borel;  —  Napoléon  et  l'Europe. 
La  Politique  extérieure  dit  Premier  Consul  (1800-1803),  par  M.  Edouard 
Driault  ;  —  L'Opposition  religieuse  au  Concordat  de  1792  à  1803.  —  Après 
le  Concordat,  l'opposition  de  1803  à  nos  jours,  par  M.  C.  Latreille. 

Prix  Halphen  (2.000  ff.).  — Un  prix  de  1.000 fr.  à  M.  Jean  Brunhes  ; 
La  Géographie  humaine.  —  2  prix  do  500  fr.  :  Ducliesse  de  Dino.  Chronique 
de  1831  à  1862,  par  M"»^  la  princesse  Radziw'.ll  ; — •  Dictionnaire  de  biogra- 
phie des  hommes  célèbres  d'Alsace,  par  M.  Fr,  Edouard  Sitzmann. 

Prix  Bordin  (2.500  ît.\.  —  1.500  fr.  à  M.  Victor  Giraud  :  Biaise  et 
Pascal;  —  2  prix  de  500  fr.  :  La  Bévolution  française  et  les  lettres  ita- 
liennes (1789-1815),  par  M.  Paul  Hazard;  —  La  Crise  anglaise,  par  M.  Phi- 
lippe- ]\lillet.  j 

Prix  Marcelin  Guérin  (5.500  fr.).  —  J.OOO  fr.  à  M.  E.  F.  Gautier  :  La 
Conquête  du  Sahara.  —  9  prix  de  500  fr.  :  La  Benaissance  de  la  Grèce 
antique  (1820-1850),  par  M.  René  Canat;  —  Les  Jongleurs  en  France  au 
moyen  âge,  par  M.  Edmond  Faral;  —  La  Jeunesse  de  Shelley,  par  M.  A. 
Koîzul;  —  Bonsard,  poète  lyrique,  par  M.  Paul  Laumonier;  ■ — •  La  Jeu- 
nesse de  Wesley,  par  ]\L  Augustin  Léger;  ■ —  Le  Bomantisme  et  les  mœurs, 
pa.'-  M.  Loui>^  Maigron  ;  —  L'Œuvre  de  Bahelais,  par  M.  J'^an  Plattard; 
—  La  Nouvelle  française  au  xv^  siècle,  par  M.  Werner  Sœderhj''lem;  — • 
Bahel.  Histoire  d'un  salon  romantique  en  Allemagne,  par  M.  Jean- Edouard 
Spenlé.  j 

Prix  Guizot  (3.000  fr.).  —  1.000  fr.  à  M.  F.  Gaiffe  :  Le  Drame  en 
France  au  xviii^  siècle.  — ■  4  prix  de  500  fr.  :  Piron,  sa  vie  et  son  œuvre, 
par  M.  Paul  Chaponnière;  —  Emile  Augier  et  la  comédie  sociale,  par  M. 
Henry  Gaillard  de  Champris;  —  Essai  politique  sur  Alexis  de  Tocqucville, 
par  ]\L  R. -Pierre  Marcel;  —  L'Œuvre  de  Molière  et  sa  fortune ^en  Iialie,  par 
M.  Pietro  Toldo. 


prix  l.anglois  {1.200  fr.).  —  3  prix  de  400  fr.  :  à  M.  Maurice Pellisson: 
Chansons  et  poèmes,  de  Henri  Heine;  —  à  M.  Jacques  de  Coussange; 
L'Individualisme,  par  Ellen  Rey  ;  —  à  M.  Georges  Grappe  :  La  France 
d^ aujourd'hui,  par  Barett  Wendel. 

Prix  Saintour  (4.500  i'.).  —1.500  fr.  à  M.  l'abbé  Griselle  :  Édition 
de  Bossuei  et  Fènelon.  — •  3  prix' de  1.000  fr.  :  à  M.  Ferdinand  Gohin: 
Œuvres  poétiques,  par  Antoine  Héroef,  —  à  M.  H.-J.  Molinier  :  Essai 
biographique  et  littéraire  sur  Oclavien  de  Saint- Gelays,  évêque  d'Angoulême 
(1468-1502)  et  Mellin  de  Saint- Gelays  (1490-1558);  —  à  M.  Gustave  Bois- 
sière  :  Remarques  sur  les  poésies  de  Malherbe,  pa^  Urbain  Chevreau. 

Prix  Jules  Janin  (1.000  fr.).  — A  M.  Henry  Lantoino,  pour  sa  traduc- 
tion des  Créorgiques  de  Virgile. 

Prix  Archon-l)esperouses(2.500  fr.).  —  1.000  fr.  à  M.  Albert  Giraud  : 
La  Guirlande  des  dieux.  —  3  prix  de  500  fr.  :  La  Maison  de  granit,  par 
M^s  Énxile  Arnal;  — •  V Armada  vaincue,  par  M.  INIichel  Charles-Bernard; 

—  Les  Brandies  lourdes,  par  M.  Léon  Bocquet. 

Sur  le  prix  du  Budget,  on  a  préle\é  cinq  récompenses  de  500  fr.  :  La 
Gloire  de  la  rose,  par  M.  Maxime  Formont;  ■ — ■  Le  Chemin  de  la  vie,  par 
M.  Georges  Gourdon;  —  Dernières  Promenades,  par  M.  Gh.  Grandmougin; 

—  L'Encens  et  la  Myrrhe,  par  M.  Charles  Grolleau;  —  La  Chanson  des 
vieilles  choses,  par  M.  Loui>  Tiercelin. 

Prix  Davaine.  —  Poésie  (1.500  fr.),  partagé  entre  :  Le  Livre  des  livres,  par 
M.  Jean  Bonnerot;  —  Clairs  horizons,  par  Mme  Amélie  Mesureur. 

Prix  François  Coppée  (1.000  fr.).  —  2  prix  de  500  fr.  :  Le  Royaume 
de  la  terre,  par  M.  Henri  Bouvelet;  — -  Les  Conquérants  divins,  par  M. 
Adrien  de  Carné. 

Prix    Toirac    (4.000    fr.).  —  M.  Miguel  Zamacois:  La  Fleur  merveilleuse. 

P.-ix  Emile  Augier  (5.000  fr.).  —  M.  Gab:'iel  Trarieux  :  L'Alibi. 

P.'ixManbinne(3.000  fr.).  —  5  prixde  600  fr.  :  M.  Barron,  Mn»e  pierre 
Froment,  MM.  Charles  Fuster,  T ancre d> Martel,  Séché  fils. 

—  Prix  Estrade-Delcros  (8.000  fr.).  —  A  M.  Charles  Péguy. 
Prix  Née  (3.500  fr.).  —  A  M.  Louis  Bertrand. 

Prix  Vitet  (2.500  fr.).  —  A  M.  le  colonel  Baratter. 

Prix  Narcisse  Michaut  (2.000  fr.).  —  A  M.  Paul  Renaudin  :  Ce  qui 
■demeure. 

Prix  Kastnor-Boursault  (2.500  fr.).  —  A  M.  François  de  Nion. 

Prix  Lambert  (1.600  fr.).  —  A  M.  de  Larmandie. 

Prix  Marmier  (850  fr.).  —  A  M^e  Marie- Anne  de  Bovet. 

Paris.  — •  Les  Comptes  d'un  grand  couturier  parisien  du  xv"^  siècle,  qui  ont 
été  retrouvés  dans  une  ancienne  reliure  (que  de  choses  curieuses  nous  ont  déjà 
fournies  ces  reliures  de  jadis)  et  que  M.  Camille  Couderc  nous  fait  connaître 
avec  une  excellente  Introduction  et  des  notes  explicatives  précieuses  (Ex- 
trait du  Bulletin  de  la  Société  de  Vhistoire  de  Paris  et  de  l'Ile  de  France, 
t.  XXXVIII.  Pari';,  1911,  in-8  de  75  p.  et  fao  simile),  nous  apportent  sur 
l'économie  domestique  danslapremière  moitié  du  xv^  siècle  (1423-1455),  sur 
la  vie  privée,  sur  le  coût  de  l'habillement  tant  des  hommes  que  des  fem- 
mes (car  Colin  Gouidin  de  Lormoye,  le  couturier  en  question,  était  tail- 
leur pour  les  deux  sexes),  sur  les  usages  du  commerce,  et  même  sur  quel- 
ques personnages  de  l'époque  (la  clientèle  du  tailleur  était  nombreuse  et 
varié?,  tout  en  se  recrutant  surtout  dans  l'Université  et  dans  le  clergé), 
nombre  de  renseignements  utiles  qu'une  bonne  table  permet  de  mettre 
aisément  à  profit.  ;  -'■ 


-  277  — 

—  Le  R.  P.  Ubald  d'Alonçon  cherche  la  iracoj Des^Influrtu-es  francis- 
caines sur  Vauteur  du  c  Combat  spirituel  »  (Extrait^ des  Études  francis- 
caines. Paris,  Avig'uste  Picard,  19] 2,  in-8  de  16  p.).  Il  est  parvenu  à  éta- 
blir que  le  R.  P.  Lorenzo  Sciipoli,  pour  la  rédaction  de  cet  ouvrage  de 
spiritualité  ï\  célèbre  et  sans  ccsf  e  ré'mpvinié,  s'est  inspiré  de  la  bienheu- 
reuse Battista  Varani,  dans  ses  Méditations  sur  1'.  s  douleurs  mentales  de 
N.-S.  J.-C,  et  plus  encore  du  Traité  de  la  paix  de  Vâme  du  franciscain  espa- 
gnol Juan  de  Bonilla,  dont  l'ouvrago  offre  avec  l;  !-;itn  de  telles  ressenn- 
blances  que  souvent  il  a  été  publié  sous  son  nom  et  qu'un  éditeur  ancien  a 
pu  croire  que  le  Traité  de  la  paix  n'était  qu'une  réduction  du  Combat 
spirituel;  ce  qui  est  impossible,  observe  justement  le  P.  Ubald,  puisque, 
tandis  que  ce  dernier  n'a  paru  qu'en  1589,  l'autre  était  publié  depuis 
1580. 

—  A  propos  du  centenaire  de  Dichens,  que  l'Angleterre  s'apprête  à  célé- 
brer avec  solennité,  un  admirateur  fervent  du  grand  romancier  anglais, 
M.  Albert  Troullier,  no\is  donne  une  piquante  brochure  sur  les  Billets  de 
M.  Miccwber,  dans  «  David  Copperfield»  (Paris.  Larose  et  Tenin,  1912, 
in-8  de  12  p.).  11  nous  montre  comment  Dickens  a  su  nous  faire  toucher  du 
doigt  «  le  danger  de  l'abus  du  billet  à  ordre  »  et  peindi'e  la  mentalité  «  plus 
répandue  qu'on  ne  le  pense  généralement  de  ceux  qui  supposent  qu'une 
dette  est  éteinte  quand  on  a  obtenu  un  certain  délai  pour  se  libérer.  »    V.-rli^ 

—  C'est  pour  nous  un  vif  plaisir  de  lire  un  livre  ou  un  simple  article  de 
M.  Albert  Cim  sur  un  suj^t  de  bibliophilie  ou  de  bibliogi^aphie.  Et  ce  plaisir, 
nous  venons  de  l'éprouver  une  fois  encore  en  savourant  les  rt;nseigne- 
ments  et  conseils  pratiques  qu'il  donne  dans  un  travail,  érudit  sans  qu'il 
y  paraisse  t-op,  aimable  et  spirituel  à  coup  sûr,  intitulé  :  V Achat  des 
livres,  lequel  a  paru  dans  les  numéros  des  25  janvier  et  25  février  der- 
niers de  la  Revue  des  Français.  En  16  pag^s,  l'auteur  établit  d'abord,  et 
fort  justement,  que  le  papier  est  un  facteur  important,  capital,  qu'il  ne 
faut  pas  négliger  quand  on  se  procure  un  livre;  ensuite  il  examine  les 
avantages  et  les  inconvénients  des  divers  formats  et  les  reliures  ou  car- 
tonnp.gvs  qu'il  convient  le  mieux  d'adopter;  il  donne  aussi  quelques  avis, 
qui  prouvent  son  expérience,  sur  la  façon  de  «  chasser  »  le  «  bouquin  », 
après  quoi  il  nous  présente  de  fines  et  amusantes  esquisses  d'amateurs  et 
de  libraires  (libraires  à  catalogues  d'ouvrages  d'occasion  et  étalagistes  des 
quais),  enfin  il  termine  par  une  hymne  à  sa  manière  sur  les  beautés  du 
livre  et  les  jàes  qu'il  procure,  tout  en  égratignant  très  joliment  tel  écrivain 
de  marque  ayant  commis  de  grosses  hérésies  bibliophiliques  et  en  jetant 
quelques  fleurs  aux  vrais  maîtres  qui  ont  su  sacrifier  comme  il  convient 
au  dieu  Livre. 

—  Les  artistes  surtout,  cela  va  de  soi,  mais  aussi  les  arche jlogues  et 
les  historiens  seront  heureux  de  consulter  le  beau  volume  publié  à  la 
suite  de  la  Réunion  des  sociétés  des  beaux-arts  des  départements  (35^  session), 
qui  s'est  tenue  à  Paris,  dans  la  salle  de  l'hémicycle,  à  l'École  nationale 
des  beaux-arts,  du  6  au  9  juin  1911  (Paris,  imp.  Plon-Nourrit,  1911, 
in-8  de  xxviii-350  p.,  orné  de  51  grav.  dans  le  texte  et  hors  texte.  — 
Prix  :  7  fr.  50).  La  simple  nomenclature  des  lectures  et  communications 
qui  ont  été  faites  à  cette  occasion  suffira  povir  donner  un  aperçu  de  ce 
recueil  :  Jérémie  Le  Pileur,  peintre  de  Tours,  au  dix-septicme  siècle,  par 
M.  L.  BoKSebœuf  (p.  3-8,  avec  1  planche); —  Allégorie  du  mariage  de  Gas- 
ton d'Orléans  et  Marie  de  Bourbon- Montpensier  (1625),  peinture  murale  à 
Champigny  (Indre-et-Loire),  par  le  même  (p.  9-12,  avec  2  planches^;  — • 


—  278  — 

Doctwirrils  sur  le  tht  aire  cti  Belgique  sous  le  gouwrnement  du  prince  Charles- 
Alexandre  de  Lorraine,  par  M.  Albert  Jacquot  (p.  12-43,  avec  2  pi.);  — 
La  nenaissance  en  Franche-Comté.  L'Atelier  dolois  de  sculpture  ornemen- 
tale, par  P.  Bnme  (p.  43-58,  avec  4  pi.);  —  Notes  et  documents  inrdits  sur 
les  beaux-arts  en  Provence,  par  M.  Raimbault  (p.  58-77);  —  Église  de 
Vancienne  abbaye  du  Miroir,  par  M.  Jean  Martin  (p.  78-81,  avec  4  pi.)  ; 

—  Les  Ateliers  de  sculpture  et  de  taille  de  pierre  de  Tournus,  par  M.Gabriel 
Jeanton  (p.  82-109,  avec  2  pL);  —  Vitraux  de  Véglise  de  Sainte-Croix 
(Saôue-et- Loire),  par  M.  Pierre  Cordier  (p.  -110-117,  avec  2  pi.);  —  Le 
Premier  Jubé  de  la  cathédrale  de  Bourges,  par  M.  Alfred  Gandilhon  (p.  118- 
123);  —  Les  États  de  Bretagne  et  l'enseignement  du  dessin  au  dix-huitième 
siècle  (écoles  de  dessin  de  Rennes,  Nantes,  Saint-Malo  et  Lorient),  par 
M.  André  Lesort  (p.  123-142);  —  Pejntures  murales  des  églises  de  Torsac 
et  de  Bouteville  (Charente),  par  M.  Emile  Biais  (p.  143-149,  avec  1  pi.); 
■ —  Deux  Portraits  par  Mme  Vigée-Le  Brun,  par  le  même  (p.  149-151, 
avec  2  pi.);  —  L'Église  de  Marines.  La  Chapelle  du  chancelier  de  Sillery. 
Son  École  de  théologie.  Ses  œuvres  d'art,  par  M.  Léon  Plancouard  (p.  151- 
178,  a\'t'C  6  pi.);  —  La  Gravure  dite  «  à  la  Reine  »,  œuvre  de  Durig  (Jean- 
Joseph),  par  M.  Maurice  Hénault  (p.  178-185,  avec  2  pi.);  —  Un  Étui  à 
missel  en  cuir  gravé,  du  xv^  siècle,  par  M.  E.  Veuclin  (p.  185-187,  avec 
1  pi.);  —  Les  Principaux  Musiciens  de  la  ville  de  Dreux  (dix-septième  et 
dix-huitième  siècles),  notes  inédite;^,  par  M.  E.  Veuclin  (p.  187-191);  • — 
Jean-Baptiste  Vietty  (suite  et  fin),  par  M.  Léon  Cliarvet  (p.  492-239,  avec 
4  pi.);  —  Deux  Tableaux  inédits  du  peintre  Granet,  d'Aix.  Son  portrait  par 
L.  Dupré,  et  documents  divers,  par  M.  le  baron  Guiltibert  (p.  239-245, 
avec  2  pi.);  ■ — -  Jacques  Gamelin,  professeur.  Le  Cours  de  dessin  à  V École 
centrale  de  r Aube  (11 9 6-iSQd),  par  M.  Joseph  Poux  (p.  246-279,  avec  3  pi.); 
• —  Les  Portraits  de  Jean  Carondelet,  chancelier  perpétuel  de  Flandre,  con~ 
seiller  intime  de  l'empereur  Charles- Quint,  haut-doyen  de  Besançon,  arche- 
vêque de  Palerme  et  primat  de  Sicile  (1469-1544),  par  M.  H.  de  Montégut 
(p.  283-287,  avec  3  pi.  et  une  reproduction  d'ex-iibris  dans  le  texte);  — • 
Le  Retable  et  le  sépulcre  de  Domjulien  (Vosges)  (arrondissement  de  Mire- 
court,  canton  de  Vittel),  par  M.  Gaston  Chrismant  (p.  287-294,  avec  3  pi.); 

—  Le  Manoir  Formeville,  par  M.  Ch.  Engelhard  (p.  295-317,  avec  3  pi.  et 
un  petit  plan  dans  le  texte). 

—  En  décembre  1910  (t.  CXIX,  p.  543-544),  nous  avons  présenté  à 
nos  lecteurs  une  brochure  de  58  pages,  intitulée  :  Les  Ministères  français 
(1 789-]  909).  Une  nouvelle  édition  de  ce  travail,  grandement  améliorée  et 
nxise  à  jour,  nous  arrive  avec  les  dates  :  1789-1911  (Paris,  Cornély,  1911, 
in-8  de  79  p.  —  Prix  :  3  fr.).  C'est  autre  chose  qu'une  simple  et  sèche 
énumération  de  noms.  D'abord,  l'Introduction,  remaniée,  retrace  l'histoire 
et  l'é/olution  des  différents  départements  ministériels;  puis,  des  notes 
nombreuses  et  précises,  placées  au  bas  des  pages  donnant  la  composition 
des  ministères  constitués  depuis  113  ans,  fournissent  les  rensuignemimts 
nécessaires  sur  les  qu-^-stions  essentielles,  alors  que  quelques  erreurs,  iné-vi- 
tables  dans  une  première  édition,  ont  été  corrigées;  enfin,  —  amélioration 
fort  appréciable,  —  ce  petit  volume  se  termine  par  un  Index  alphabéticpie 
des  nom^  djs  ministres  et  sous-secrétaires  d'État,  qui  rend  les  recherches 
trè;  faciles.  Tous  les  travailleurs  sauront  gré  â  la  Société  d'histoire  mo- 
derne d'avoir  publié  à  leur  usagi  un  mémento  aussi  pratiquement  utile, 
qui  forme,  il  convient  de  le  remarquer,  le  deuxième  fascicule  d'une  série 
de  «  petits  instruments  de  travail  »  que  ladite  société  se  propose  de  cons- 


—  279  — 

tituer.  —  Rappelons,  puisque  l'occasion  s'en  présente,  que  le  premier  de 
ces  fascicules  a  trait  à  la  Concordance  des  calendriers  républicain  et  gré- 
gorien, avec  une  notice  préliminaire,  par  M,  Pierre  Garon  (Pa^is,  Bellais, 
1905,  in-8  do  59  p.  — •  Prix  :  2  fr.  50).  La  notice  reproduit  le  décret  de 
la  Convention  nationale  du  5  octobre  1793,  duquel  il  résulte  que  la  pre- 
mière année  de  la  République  française  a  commencé  le  22  septembre  1792 
et  a  fini  le  22  septembre  1793.  La  suppression  du  calendrier  républicain 
eut  lieu  le  22  fr\ictidor  an  XIII  (9  septembre  1805);  mais  le  calendrier 
grégorien  no  fut  mi-^  en  usage  dans  tout  l'empire  français  que  le  11 
nivôse  (1  ^f  j  mvier  1806).  Suivent  les  tableaux  de  concordance,  q  li  parlent 
du  1^*"  vendémiaire  an  II  (22  septembre  1793).  Quatre  pages  de  chacune 
quatre  colonnes  sont  consacrées  à  chaque  mois  républicain.  Les  concor- 
dances vint  jusqu'au  22  fructidor  an  XVII  (1«'"  septembre  1809).  Une 
note,  mise  au  bas  de  la  page  10.  explique  qu'au  point  de  vue  typogra- 
phique «  il  a  été  impossible  d'obtenir  une  disposition  satisfaisante  en  s'ar- 
."êtant  à  l'an  XIV  (1805),  et  que  «  certains  actes  (actes  administratifs, 
contrats)  contiennent  d'ailleurs  des  dates  républicaines  postérieures  à 
l'an  XIV  «,  de  sorte  que,  dans  ces  conditions,  la  «  concordance  p>!rmcttra 
de  les  identifier  jusqu'à  l'an  XVII.  »  —  Et  maintenant  nous  attendons 
la  suite  de  ces  inté'-^ssants  «  petits  instruments  de  travail,  »  Puisse- t-elle 
ne  point  trop  tarder  ! 

—  Mgr  A.  Battandier  fait  paraître  à  la  libraiiie  de  la  Bonne  Presse 
V Annuaire  pontifical  catholique  pour  1912  (Pal"^S,  Maison  de  la  Bonne 
Presse,  petit  in-8  de  797  p.,  avec  de  nombreuses  illustrations.  — •  Prix  : 
5  fr.K  C'est  le  quin/ièmo  volume  d'une  collection  qui,  tout  en  contenant 
d;s  listes  complètes,  soigneusement  mi.^es  au  point  et  ingénieusement  dis- 
posées, de  digaitair.^s  ecclésia.stiques,  offre  au  lecteur  des  notic.^s  aussi 
variées  qu'intér.r. santés.  Nous  y  trouvons  une  étude  très  solide  sur  les  Pa- 
pes et  la  Papauté  au  ii*'  siècle,  sur  les  diccèses  du  Pérou,  l'organisation 
i'  Jigieus?  de  l'empire  aUemand,  les  anciens  évêchôs  d'IJlyrie  et  de  Grèce, 
l'É;.;!! je, janséniste  d'Utrecht  et  les  chrétientés  orientales  d'Ame 'ique.  Les 
ordres  religieux  sont  tous  mentionnés  dans  un  chapitre  spécial  qui  renferme 
en  outre  des  statistiques  détaillées  concernant  les  basiliens,  L'S  bénédic- 
tins, les  augustins  et  les  carmes  déchaussés.  Le  savant  prélat  y  a  ajouté 
une  dissertation  fort  intérer-sante  et  copieusement  illustrée  sur  h>  port  de 
la  ba^b3,  une  autre  sur  l'âge  requis  pour  l'épiscopat,  et  une  d;sc;Mption 
fort  étendu-'  du  Trésor  d3  la  Basilique  de  Saint-Pierre.  L'œuvre  do  Mgr 
Battandijr  est  complétée  par  un  sommaire  des  Actes  pontificaux  et  des 
Gongi'égations  rom  lines.  Une  telle  publication  n'a  d'un  simple  annuaire  .qu3 
l'appai'ence  et  nous  ne  saurions  mieux  la  comparer  qu'à  l'encyclopédie  de 
Moroni,  avec  plus  d'ord.e,  de  critique  et  par  suite  d'utilité  pour  quiconque 
s'intéresse  à  la  vie  de  l'Église. 

—  Un  volume  qui,  de  plus  en  plus,  devient  indispensable  à  quantité  de 
personnes  et  à  toutes  les  administrations,  c'est  le  Paris-Hachette  (année 
1912,  édition  simplî,  petit  in-8  car.^é  de  1476-xxvin  p.  • —  Prix  :  broché, 
3  fr.  75;  cart.,  5  fr.).  Le  titre  complémentaire  :  Paris  tout  entier  sous  la 
main,,  est  amplemmt  justifié.  En  eff<t,  si  l'on  cherche  une  adîwsse  mon- 
daine à  la  ville  et  à  la  campagne,  un  numéro  de  téléphone,  le  nom  et 
l'adresse  d'un  artiste,  d'un  écrivain,  d'un  magistrat,  d'un  homme  poli- 
tique, d'un  industriel,  d'un  commerçant,  un  renseignement  iiuvlconque  sur 
les  administrations,  Iss  théâtres,  les  expositions,  etc.,  on  trouc»^  tout, 
vite  et  sans  p'ine.  Et  cela  sous  un  format  commode,  nullement  cmbarraG"* 


-    2S0  — 

sant  comme  les  publications  similaires,  souv.nt  trop  compliquées.  A  noter 
aussi  le  grand  plan  de  Paris  qui  indique  les  chemins  de  frr  et  leurs  stations, 
les  stations  des  bateaux-omnibus  et  les  lignes  du  Métropolitain,  soit  en 
exploitation,  soit  en  construction,  égolement  avec  leurs  stations. 

—  Recueil  instructif,  amusant,  édifiant  :  ainsi  peut-on  qualifier  le  Mois 
liltéraire  et  pittoresque,  revue  vraiment  universelle,  q\ii,  par  son  illustra- 
tion abondante  et  soignée,  a  presque  le  droit  de  s'annoncer  comme  album. 
L'esprit  et  l'œil  ont  donc,  ici,  satisfaction  à  peu  près  égale.  Les  deux  volu- 
mes de  l'année  1911  nous  arrivent  tardivement;  cela  ne  saurait  nous  empê- 
cher de  les  accueillir  avec  tout  l'empressement  et  toute  la  svmpathij  qu'ils 
méritent  (tom?s  XXV  et  XXVI  de  la  collection.  i3e  année.  Paris,  Ville 
arr.,  5,  rue  Bavard,  1911,  2  vol.  in-8  de  chacun  768-192,  avec  des  mor- 
ceaux de  musique  paginés  i-96,  répartis  par  moitié  dans  chaque  volume 
et  illustrés  d'un  nombre  considérable  c^e  gravures.  —  Prix  :  broché,  France, 
12  fr.;  Étranger,  14  fr.;  reliés  toile,  plaque  spéciale,  tr.  dorées,  17  fr.).  Il 
nous  faudrait  plusieurs  pages  de  la  présente  Chronique  pour  noter  la  totalité 
des  études,  récits  ou  variétés  de  toutes  sortes  que  l'on  trouve  dans  ces  deux 
riches  volumes;  mais  cela  n'étant  pas  possible,  nous  nous  bornerons  à  men- 
tionner, en  les  groupant  par  genres,  les  sujets  les  plus  attachants  eu  que 
leurs  titres  imposent  davantage  à  l'attention  :  I.  Romans  ;^t  nouvelles  : 
Les  Deux  Mains,  par  Pierre  l'Ermite;  Le  Château  de  l'oncle  Mathieu,  par 
M.  Philippe  Ré^'nier;  Fin  de  vacances,  par  M.  Antonin  Lavergne  ;  Saint- 
Exupère-les- Châsses,  par  M.  E.  Plessis,  roman  tiré  à  part  en  volume  et  dont  il 
sera  question  plus  tard;  En  Retraite,  par  ]\I.  Antonin  Lavergne;  Légende  des 
morts,  par  M.  Fved;  Uji  Mariage  banal,  par  M.  Philippe  Régnier;  Le  Petit 
Jésus  de  cire,  par  M"i^  Suzanne  Mercey.  —  II.  Histoire.  La  France  il  y  "a 
cent  ans  (1811),  où  notre  très  distingué  collaborateur  M.  Geoffroy  de  Grand- 
maison  retrace  la  vi3  politique,  militaire,  religieuse,  littéraù'e  et  artis- 
tique dans  la  capitale  en  l'année  1811  :  étude  vraiment  curi^-uso  et  atta- 
chante, et  si  bien  illustrée  !  Le  Siège  de  Belfart,  par  M.  Emile  Clerc,  relation 
assez  succincte,  mais  combien  poignante  !  Les  Monastères  de  sainte  Thérèse 
à  Açila,  par  M.  Henry  Joly  ;  Alexandre  /^r  et  Elisabeth ,  par  M.  Pio/re  Rain; 
La  France  en  1861,  par  ]M.  Noël  Aymès;  Le  4  acût  1789,  par  M.  Gustave 
Gautherot;  Comment  on  voyageait  en  Grèce  et  à  Rome  dans  V antiquité ,  par 
M.  Jules-Philippe  Heuzé;  Louis  XVIII  à  Mémel  et  à  Varsovie,  par  M.  le 
baron  A.  de  Maricourt;  Généraux  d^occasion  et  généraux  d'inspiration,  par 
notre  excellent  collaborateu-  M.  le  comte  de  Sérignan;  L'Émancipation 
des  paysans  russes,  par  M.  Hubert  Gautier.  —  III.  Beaux- Arts.  Le  Tintoret, 
par  M.  Jacques  Hérissay;  Famagouste,  par  M.  C.  Enlart;  Franz  Liszt, 
par  M.  L.  Auge  de  Lassus;  Les  Rois  mages  d'aprè  les  artistes,  par  M.  Abel 
Fabre;  De  Giotto  à  Raphaël,  par  le  même;  Baptistères  et  fonds  baptismaux, 
par  M.  Camille  Enlart. —  IV.  Variétés.  Eugénie  de  Guérin  et  son  château  natal 
par  notre  collaborateur  ]M.  Armand  Praviel;  Sapeurs-Pompiers  de  Paris, 
par  M.  Ed.  Laval;  Boulangerie  mécanique,  par  M.  A.  des  Chaumes; 
Tahiti,  par  M  le  vice-amiral  Besson;  La  Semaine  sainte  à  Fontarabie,  par 
M.  Joseph  Thermes  ;  Les  Provinces  balttques,  par  M.  Jean  Denys;  Une 
Visite  aux  ateliers  de  timbres-poste  français,  par  M.  Jacques  Boyer;  Les 
Ostensions  en  Limousin,  par  M.  Jean  Vézère;  Les  Familles  royales  d'Europe, 
par  M.  Marc  Hélys  (Bulgarip,  Hollande,  Grèce,  Korvège,  Autriche-Hon- 
grie, Russie);  Le  Millénaire  de  la  Normandie,  par  Edward  Montier;  Huit 
lettres  inédites  de  Lamennais  à  Dom  Guéranger  (1830-1832),  par  M.  Paul 
Luion;  Les  Thébaîdes  en  Cappadoce,  par  M.  J.  de  Natolie;  Le  Musée  de 


—  281  — 

la  police,  par  M.  Jean  Séris  ;  Villégiatures  romantiques,  par  M.  Jules  Ber- 
taut;  Le  Pavage  des  villes  modernes,  par  M.  Jacques  Boyer;  Colonisation 
var  orphelins  en  Tunisie,  par  M.  Henry  io\\ -.Artisans  d'autrefcs  et  artistes 
d'aujourd'hui,  par  M.  Grospélier.  —  Sciences.  Horloges  électriques,  par  M. 
A-  des  Chauni.'i'S;  Phares  et  projecteurs  électriques,  pai'  le  même;  Projecteurs 
militaires  automobiles,  par  M.  Lucii^n  Fournior;  La  Motoculture,  par  M.  A- 
des  Chaumes;  La  Sensibilité  végétale,  par  M.  A.  Acloque;  La  Lumière 
invisible,  par  lo  même;  Le  Télégraphe  chez  soi,  par  M.  A.  des  Chaumes. 
Et  comme,  obligés  d'abréger,  il  convient  de  finir  par  quelque  chose  de  sail- 
lant, nous  signalerons  les  intéressantes,  morahs  et  pratiques  Lettres  à  ma 
cousine  (nouvelle  série),  par  M.  Gabriel  Aubray.  'f:'0, 

Anjou.  —  Sous  ce  titre  :  Andegaviana  (Paris,  A.  Picard  et  fils;  Anj,ers, 
Siraudeau,  IGll,  in-8,  512  p.,  avec  une  carte.  —  Prix  :  4  fr.),  M.  l'abbé 
Uzureau,  avec  une  persévérance  que  les  amateurs  de  documents  ne  sau- 
raient blâmex",  continue,  par  une  onzième  Eéri\  la  collection  déjà  volumi- 
neuse de  ses  reproductions  de  pièces,  auxquelles  sont  jointes,  de  temps  à 
autre,  le  fruit  à^  ses  rcchtrches  personnelles.  Ce  orzième  volimc  est  digne 
des  précédents  :  nous  n'avons  fien  à  retrancher  ni  à  ajouter  à  ce  que  nous 
en  avons  dit  ici.  Citons,  on  cttte  dernière  partie  :  Mœurs  et  usages  des 
Angevins;  —  Voyages  en  Anjou,  en  1686,  1780;  —  des  pièces  et  notes  sur  la 
Guerre  de  la  Vendre;  • —  Napoléon  et  les  Chouans  en  1799;' — L* Arrondis' 
sèment  de  Beaupreau,  en  1803;  ■ —  La  Conspiraticn  de  Pichegru;  —  £e 
Sac>-e  de  V Empereur;  —  L.es  Cent- Jours;- —  Le  Prince  de  Joinville  et  le  duc 
d'Aumale  à  Angers  en  1842;  —  Louis- Napoléon,  Mac-Mahon,  etc.,  des 
pages  relatives  aux  chapitres,  vicaires-géntiaux,  curés,  séminaire,  églises 
ou  paroisses  d'Angers,  Saumur,  Cholet,  Longue,  Torfou,  Saint  Christophe, 
Saint-Macaire,  Beaupreau,  les  Gardes;  dt s  communautés  de  Fontevrauld, 
Bellefontaine,  Bfaufort,  Ar.gers,  Saumur,  fœurs  de  Saint-François;  l'Uni- 
versité a'Angers;  —  pour  la  biographie,  nous  trouvons  les  noms  de  : 
Leroyer  de  la  Da.uversière,  Jeanne  de  la  Noue,  Montault,  Loir-Mongazen, 
M"»e  de  Chemdi*  r,  le  comte  de  la  Potherie,  Bancelin,  Breton,  d'Armaillé, 
Duchesne  de  Denant,  Bonchamps,  De cf.en,  de  Luigné,  cardinal  Ré^^nier, 
Giraud,  Joubert-Bonnaire,  Myionnet,  Chri.staud,  Segri';,  de  Falloux,  Ba- 
chelot,  Angebault,  Berryer,  de  Quatrebarbe,  etc.  Mais  il  faudrait  copier  la 
table  des  matières  presque  toute  entière. 

—  La  jeune  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  du  Saumurais,  dans  son 
6®  Bulletin  (Saumur,  imp.  Godet,  in-8  de  96  p.),  publie,  avec  ses  procès- 
verbaux,  ses  excursions,  les  fouilles  de  Saint-Rémy  la  Varenne,  des  notes 
et  notices  sur  :  L'Attaque  de  Saumur  par  les  Vendéens  (cap"^  Rolie);  — 
Corporation  des  chirurgiens-barbiers  (O.  De.'mé  de  Chavigny);  —  Congrès 
régionaliste  de  Bourges  (D''  Bontcmps);  —  Les  Fêtes  décadaires  à  Mon- 
treuil-Bellay  (C.  Charic-r);  —  Marguerite  d'Anjou  [M.^'^  Renouard)  ;  —  Les 
Lanternes  des  morts  à  Moulhierne  et  à  Montsoreau  (F.  Uzureau);  —  A 
propos  d'un  fer  à  cheval  (M.  Joly  )  ;  —  Une  Mineure  au  rabais  [D^  Bontemps)  ; 
■ —  A  propos  de  M^^  de  Sévigné  (D'  Bontcmps);  —  La  «  Marie-Jeanne  » 
(canon  des  Vendéens)  était-elle  saumuroise?  (capitaine  RoUe);  —  Les 
Principaux  du  collège  de  Saumur  (F.  Uzureau).  Le  fascicule  reproduit,  en 
outre,  quatre  vieilles  planches,  gravées  sur  bois,  de  l'imprimerie  saumu- 
roise Degouy  {xvii«  et  xvin«  siècles),  ainsi  qu'un  portrait  de  Marguerite 
d'Anjou. 

Franche-Comté.  —  Les  compatriotes  de  M.  F.  Richenet  lui  sauront  gré 
d'avoir  réuni  en  un  très  gracieux  volume  les  poésies  de  genres  bien  tranchés 


—  262  — 

qu'il  a  publiées  au  cours  do  sa  longue  existence. Titre  point  du  tout  tapageur; 
Pas!>c-temps  rimes  d'un  Franc-Comtois  (Doli%  typogvaphio .  Rousseau, 
ion,  in-12  de  1-222  p.  — ■  Prix  :  3  îr.).  A  diverses  reprises,  nous  avons 
signalé  plusieurs  des  pièces  que  l'on  retrouve  ici  et  qui  ont  fait  l'objet 
de  petites  plaquettes.  Il  en  est  d'autres,  et  non  des  moins  bon- 
nes, que  nous  ignorions.  A  lire  seulement  la  première  et  la  dernière  de  ces 
poésies,  l'on  n'aurait  qu'une  idée  bien  imparfaite  du  talent  de  M.  Richenet, 
qui,  tout  comme  le  rossignol,  passe,  avec  un  égal  bonheur,  du  doux  au 
grave,  du  plaisant  au  sévère.  Ainsi  le  volume  s'ouvre  par  de  beaux  vers 
sur  la  Mort  de  V archevêque  de  Paris  sur  les  barricades  de  juin  et  se  clôt 
par  d'autres,  singulièrement  émouvants,  où,  sous  le  titre  bref  de  Meae, 
le  poète  exhale  ses  plaintes  à  propos  de  la  mort  de  sa  femme  (octobre 
1910).  Cette  pièce  est  un  petit  chef-d'œuvre  que  le  cœur  a  inspiré  et 
qu'un  art  réel  a  fixé.  M.  Richenet  chante  aussi  l'illustre  Pasteur,  l'hé- 
roïque Mesny  de  Boisseaux,  massacé  par  les  Prussiens  pendant  l'Année 
terrible,  et  un  jeune  neveu.  Fougères,  mort  face  à  l'ennemi,  tout  là-bas, 
au  Tonkin.  Mais  dans  ce  recueil,  la  note  dominante,  c'est  la  gaîté.  Et  que 
d'esprit  et  d'humour  !  Et  puis  quelles  gracieuses  descriptions  de  la  Franche- 
Comté  !  Quels  jolis  tableaux  de  mœurs  !  La  vie  circule  partout,  pleine  de 
sève,  débordante  !  La  pièce  intitulée  :  Le  Décoré  nous  fournit  un  exemple, 
entre  cent  autres,  de  cette  bonne  gaîté  : 

Ecoulpz,  mes  amis,  ce  n'est  pas  une  colle  : 
Sans  savoir  seulement  à  quoi  sert  un  licol, 
Comme  Saint-Georges,  fier,  heureux,  je  caracole  ; 
Me  voilà,  me  voilà,  me  voilà  le  col-col- 
C'jllègue  de  Pasteur;  je  me  pousse  du  col, 
Car  je  sois  Chevalier  du  Mérite  agricole. 

En  maints  endroits,  M.  Richenet  se  révèle  poète  du  clocher  :  nous  re- 
commandons sa  fréquentation  aux  débutants  qui,  le  plus  souvent,  se 
perdent  dans  le  vague  et  dans  le  vide  ou  se  noient  dans  la  banalité,  croyant 
cependant  avoir  enfourché  Pégase,  alors  qu'ils  cheminent  lamentablement 
sur   quelque  pauvre  Rossinante. 

—  plusieurs  fois  nous  avons  ici  même  m?ntionné  les  plaquet- 
tes poétiques  de  M.  Amédée  Deprat,  qui  autrefois  habitait  Besançon 
et  réside  aujourd'hui  au  Tonkin,  à  Hanoï.  C'est  de  cette  ville  lointaine 
qu'il  nous  envoie  un  nouveau  recueil  :  Impressions  de  traversée.  Premières 
Impressions  à  Hanoï.  En  Chine  (Dole,  imp.  Aud'b3rt.  1911,  in-8  de  38  p.). 
En  18  sonnets,  il  célèbre  tour  à  tour  la  traversée  de  Marseille  à  Port-Saïd 
et  celle  de  la  mer  Rouge  au  golfe  du  Bengale,  puis  Saigon,  puis  Hanoï;  il 
rappelle  ensuite  le  souvenir  de  Francis  Gai  nier,  d'Henri  Rivière  et  de 
Courbet  et  rend  hommage  aux  592  soldats  français  qui  défendirent 
Tuyen-Quan  en  1885.  Nous  ne  pouvons  tout  mentionner;  n'oublions  pas 
cependant  la  dernière  pièce  où  il  salue  la  dépouille  mortelle  d'un  ami, 
ancien  maire  de  Dole  (Jura),  M.  Emile  Renaud,  ^ 

Que  l'école  Iaï.4ue_eut  pour  puissant  soutien; 

r^Si  C3  magistrat  municipal  n'a  pas  d'autre  tit.'e  pour  passer  à  la  postérité,  il 
n'est  pas  téméraire  de  penser  qu'il  ne  tardera  guère  à  être  pi'ofondément  oublié. 
Les  .sonnets  que  nous  trouvons  ici  manquent  d'envolée  :  on  croirait  vraiment 
qu'en  émig.^ant  sous  d'autres  cicux,  la  muse  de  M.  Dup;'at  a  quelqiui  peu 
trahi  le  p'  été. 


—  2bo  <■»-» 

—  Né  à  Avignon^  «  petit  hameau  dépendant  de  la  cité  de  Saint-Claude 
(Jura)  »,  le  l^r  juillet  1751,  Antide  Janvier,  le  plus  savant  horloger  de 
son  temps,  mourut  à  Paris,  à  l'hôpital  Cochin,  le  21  septembre  1835.  En 
plus  d'articles  succincts  insérés  dans  divers  grands  dictionnaires,  nous  ne 
pouvons  guère  citer  sur  Antid'^  Janvier  qu'are  notice  de  7  pag^^-s  lue  le 
7  juillet  1837,  par  M.  Destigny,  à  l'Académie  de  Rouen,  dont  l'horloger 
artiste  et  écrivain  était  memb"e.  Cette  phvsionomie,  curieuse  cep  indant  à 
plus  d'un  titre,  ne  semble  pas  avoir  séduit  ses  compatriote  -,  et  c'est  un 
tort  que  M.  Léopold  ReA'erchon  a  un  peu  réparé  en  publiant  dans  le 
Cosmos  du  7  mars  dernier  une  notice  fort  attachante  sur  ce  personnage 
trop  oublié  :  Une  Vie  d'artiste  :  Antide  Janvier  (p.  272-276,  avec  un  portrait 
et  un  croquis).  L'auteur  a  très  bien  résumé  la  vie  assez  mouvementée  de 
son  héros,  donnant  aussi  un  aperçu  de  ses  œuvres  de  mécanique  et  de  ses 
travaux  d'écrivain.  Et  il  déclari\  en  forme  de  conclusion  :  "  La  vie  de 
Janvier  ne  peut  pas  être  offerte  comme  un  exemple  de  dignité  morale.  On 
y  trouve  d'  s  écarts  difficilement  oxcusablis...  Mais  quelque  blâmable 
qu'ait  pu  être,  à  certains  moment'-.,  la  conduite  de  l'artiste,  la  sombre 
mi  ère  dont  il  pava  ses  écarts  lui  mérite  quelques  bribes  de  cette  indulgence 
qu'on  accorde  aujourd'hui  si  facilem'^nt  à  de  grands  hommes  heureux,  qui 
ne  valai'^nt  à  ce  p.4a+  de  vue  assurément  pas  mieux  que  lii.  »  Voilà  qui  est 
parler  net,  et  combien  judicieusement!       ■''^f-!:,>j    fvi^j    j  J^ 

Languedoc.  —  Elle  est  de  bien  modeste  apparence  la  l''^  livraison  du 
tome  IX  de  la  3^  sérip  du  Bulletin  de  la  société  archéologique,  scientifique  et 
littéraire  de  Béziers  (Béziers,  imp.  générale  Barthe,  Soueix,  Bourdou  et 
Rul,  1911,  in-8  de  93  p.).  On  n'y  trouve,  en  effet,  que  des  morceaux  de 
circonstance,  tels  qu'un  discours,  très  agréable  cependant,  du  président, 
M.  le  D'  Vinas,  où  est  retracée  la  vie  intellectuelle  de  la  Société  en  1910 
(p.  5-15)  ;  un  Rapport  sur  le  concours  de  poésie  française,  présenté  par  M.  le 
D'  Rome  (p.  16-26);  un  autre  Rapport  sur  le  concours  de  mémoires  histo- 
riques et  archéologiques,  lu  par  M.  Antonin  Soucaille  (p.  27-35);  enfin  un 
Raport  sul  la  pouesio  occitano,  per  lou  douctou  Vinas  (p.  36-51)  qui,  pré- 
senté à  l'ar.ditoire  en  langue  d'oc,  a  dû  avoir  beaucoup  de  succès.  Ce  fas- 
cicule renferme  la  Table  générale  alphabétique  et  analytique  de  1901  à 
1910  des  travaux  et  études  publiés  par  les  membres  de  la  Société  pendant 
cette  période  décennale.  .    ,     -^^  ^i  *|  t  ^ 

Lorraine.  ■ —  Le  Discours  prononcé  le  30  septembre  1911  aux  obsèques  de 
M.  Gabriel  Thomas,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académio  de  Stani'.las,  par 
le  président  M.  Georges  Pariset  (Extrait  dss  Mémoires  de  l'Académie  de 
Stanislas,  1;»]  1-1912.  Nancy,  imp.  de  Berger-Lev-'ault,  1912,  iii-S  do  12 
p.,  avec  portrait)  honor?  la  mémoire  d'un  ancien  magistrat  qui  fut  un  érudit 
distingué,  et  qui  a  laissé  notamment  un  livre  sur  les  Révolutions  politiques 
de  Florence,  dont  M.  Paciset  a  pu  dire  qu'  «  après  un  quart  de  siècle  il 
n'a  pas  une  ride  »  et  que  «  c'est  une  œuvre  qui  restera.  »  -^ 

NIVER^'AIs.  —  Toujours  en  retard,  l'érudit  Bulletin  de  la  Société  niver- 
naise  des  lettres,  sciences  et  arts.  Nous  recevons  seulement  le  2^  fascicule  du 
tome  XIV  û.i  la  3^  série  (XXIV^  volume  de  la  collection)  (Nevers,,Maze- 
ron,  1911,  in-8,  paginé  95-158);  Le  premier  travail  à  mentionner  est  une 
étude  biographique  que  M.  J.  Charrier  nous  donne  sur  l'abbé  André-Char- 
les Brotier,  qui  eut  une  existence  fort  mouvementée  pendant  la  période 
révolutionnaire  et  mourut  à  la  Guyane,  où  il  avait  été  déporté,  le  12  sep- 
tembre 1798  (p.  95-118);  —    M.  H.  Montagnon    nous   entretient   ensuite 


—  284  — 

d  ■  la  Suède  (géologie  de  sr.f  ter/ains  pri})iiiifs;  ses  loiirhières)  (p.  119-137)  ;■ 
—  M.  L.-M.  Pousseroau  retrace  la  carrière  d'un  f  impie  instituteur,  mem- 
bre de  la  Société  nivernaise,  Gaston  Gauthier,  qui,  tu  mourant  le  23  août 
1911,  a  laissé  de  nombreuses  études  sii.r  le  Nivernais  (p.  138-148).  Et  se- 
lon l'usage,  le  fascicule  se  clôt  par  les  Chronique  et  Mdanges  pour  Vannée 
1911  (p.  149-158),  chapitre  que  M.  de  Lespina^se  rédigv  toujours  avec  le 
même  soin. 

Poitou.  —  M.  Henri  Gaillard  a  tiré  à  part  des  Mémoires  de  la  Société 
des  antiquaires  de  V Ouest  (t.  V,  année  1911),  son  Ropport  sur  les  travaux  de 
la  Société...  pendant  Vannée  1911  (Poitiers,  imp.  Roy,  1911,  Jn-8  de  32  p.). 
Le  très  distingué  secrétaire  y  rend  hommage  aux  membres  perdus  par  la 
Société  et  notamment  au  rtgretté  savant  qu'était  le  P.  de  La  Croix, 
dont  il  esquisse  et  apprécie  l'œuvre  en  termes  excellents;  il  nous  fait 
assister  à  la  vie  de  la  société,  aux  lectures  faites  pai'  les  memjjres;  il  fait 
ressortir  l'intérêt  des  mémoires  présentés  par  eux;  il  expose  l'œuvre  de 
la  docte  compagnie  sur  le  terrain  archéologique  et  particulièrement  les 
accroissements  des  précieux  musées  auxquels  elle  apporte  tant  do  soins. 

Belgique.  • —  Le  Gl''  volume  des  Mémoires  et  publications  de  la  Société 
des  sciences,  des  arts  et  des  lettres  du  Hainaut  nous  est  parvenu  récemment 
(Mons,  imp.  Dequesne-Masquillier,  1910,  gr.  in-8  de  xvi-6o-159-lC-7-5  p., 
avec  7  portraits  et  un  fac-similé  d'écriture).  On  y  verra  qu'en  19(9  ont  été 
célébrées  à  Mons  des  Fêtes  à  l'occasion  du  LXXV^  anniicrsaire  de  cette 
société  et  aussi  de  la  Fondation  du  prix  Houzeau  de  Lehaie.  Divers  dis- 
cours ont  été  alors  prononcés.  Kous  nous  bornerons  à  rappeler  celui  de 
M.  Jules  Carlier  sur  Antoine  Clesse  et  Vesprit  national  (p.  27-46).  Puis  nous 
signalerons  l'importante  biographie  que  M»  Emile  Htblard  a  donnée  sur 
le  Naturaliste  hollandais  Pierre  Lyonet,  sa  vie  et  ses  œuvres  (17(e-17l9), 
d'après  des  lettres  inédites  (1C9  pages,  avec  portrait  et  fac  similé  d'écriture). 
Remarquablement  présentée,  cette  biographie,  divisée  en  huit  chapitreSj 
comprenel  non  seulement  une  table  détaillée  dos  matières,  mais  aufsi  me 
table  alphabéticiue  dos  noms  de  personnes.  ■ —  Le  volvmc  se  termine  par 
quatre  petits  mémoires  dus  à  M.  Léon  Godeaux  ;  Généralisation  eVun 
théorème  de  François  Deriiyts  (10  p.);  —  Si^r  la  gér.ération  de  quelques 
courbes  et  surfaces  algébriejues  (4  p.);  —  Le  Théoranc  jvndcmeiA(.l  cVad- 
jonction  sur  une  variété  algébrique  à  trois  dimensions  (7  p.);  —  Sur  les 
transformations  birationnelles  involutives  qui  mutent  en  elles-mêmes  les 
droits  d'une  congruence  (5  p.). 

Espagne.  —  Nous  avons  déjà  dit  précédemment  l'intérêt  des  Barrancos 
et  Cuevas  (Haut- Aragon.  Espagne)  do  M.  Lucien  Briet  ( Polyliblion  de 
janvier  dernior,  t.  CXXIV,  p.  90-91);  la  lecture  de  la  seconde  partie  de 
ce  travail,  paru  en  septembre  î9;i  dans  Spelunca,  Bulletin  et  Mémoires 
de  la  Société  de  spéléologie  (Paris,  au  siège  de  la  Société,  in-8  de  32  p., 
2.  pi.  hors  texte  et  fig.  dans  le  texte)  n'es^  pas  pour  modifier  notre  appré- 
ciation. Si  l'auteur  n'y  signale  pas,  cette  fois,  la  découverte  inattendue 
d'un  pic  jusqu'à  présent  non  porté  sur  les  cartes,  il  y  étudie  une  source 
thermale  déjà  signalée,  existant  dans  le  défilé  de  las  Cambras,  la  l'uente 
do  Bafios  do  Puyarruego,  et  différentes  cavernes  nouvelles,  en  parliculie:' 
la  Cueva  de  Gallisné.  Bientôt,  grâce  à  M.  Briet,  les  Pyrénées  aragonaises 
n'auront  plus  de  secret  pour  nous.  Mai.--  pourquoi  cet  auteur  n'en  tf.it-il  pa'^ 
maintenant  une  étude  d'ensemble?  Nul,  mieux  que  lui,  n'est  qualifié  pour 
nous  la  donner. 

Turquie.  —  Nos  lecieurs  n'ont  pu  manquer  d'avoir  dans  les  journaux 


—  285  — 

Técho  (l^^  déplorabhs  di/i  ions  qui  déchirent  les  Arméniens  catlioliques  de 
Constantinoplo  et  dos  efforts  faits  par  un  groupe  de  mécontents  pour  '>bte- 
nir  du  gouvernement  ottoman  la  destitution  de  Mgr  Ternan.  Un  religieux 
français  qui  se  trouve  actuellement  à  Constantinople  et  qui  connaît  nos 
frères  arménims  pauf  avoir  étudié  avec  une  sympathie  douloureuse  leurs 
milh?urs  et  les  persécutions  dont  ils  sont  victimes,  a  adressé  ^4»x  Arméniens 
catholiques  de  Constantinople  un  appel  qui  est  celui  du  bon  sens  et  de  la 
vérité,  pour  les  inviter  à  l'union  dans  la  foi  et  la  charité  et  pour  leur  •'ap- 
peler que  si  leu's  griefs  si  nt  justifié;,  le  seul  t'ibunal  où  ils  puissent  être 
portés  c'est  celui  du  Pontife  romain  qui  seul  peut  défaire  ce  que  le  pou- 
voir civil  n'a  pu  faire  (Péra,  imp.  F.  Loeffler,  in-8  de  12  p.)-  La  brochure, 
qui  ne  porte  d'autre  nom  d'auteur  que  «  par  le  plus  humble  de  leurs  amis  », 
est  datée  du  12  janvier  1912.  i    i'  -1^^  ^^    jr^  ..j-| 

5Ç'Ér\Ts-Uxis.  —  La  Smi':hsonian  Institution  nous  a  adressé  plusieurs 
publications,  notamment  son  Bulletin  n°  63  (A  Monographie  Revision  of 
the  Coleoptera  bclonging  to  th'i  Tenehrionide  Tribe  Eleodinii  inhabiling 
the  United  States,  L'^w:r  Calijornia,  and  adjacent  Islands,  by  Frank  E. 
Blaisdell  (Washington,  Governmuitp'intingOff'ce,  1909,  in-8  de  xi-524  p., 
avec  13  planches),  lequel  contient  une  monographie  très  complète  des 
colé)ptèr.?s  du  gîure  Elodss  qui  habitent  la  Basse-Californie.  Quant  au 
Bulletin  n''  65,  il  est  relatif  à  la  minéralogie  (Dendroid  graptolites  of 
the  Niagaran  Dolomites  al  Hamilton,  Ontario,  by  Ray  S.  Bassler  (Was- 
hington, 1909,  in-8  de  ix-64  p.,  avec  91  fig.  et  5  planches).  Le  Bulletin 
n"  66  contient  une  étude  entomologique;  c'est  une  revision  des  coléoptères 
de  l'ordre  des  streptosiptera  Kirby,  par  M.  W.  Dwight  Pierce  (Washing- 
ton, 1909,  in-8  de  xii-253  p.,  et  15  planches).  Outre  ces  travaux  spéciaux, 
nous  devons  signaler  particulièrement  le  gros  38^  volume  des  Proceedings 
of  the  United  States  National  Mttseum  (Washington,  1911,  in-8  de  xv-677 
p.,  avec  56  belles  planches  et  de  nomb"".  fig.).  Ce  volume  se  compose  pres- 
que entièrement  demémeires  sur  l'histoire  naturelle.  Nous  citerons  parmi 
ces  intéressants  travaux  une  étude  sur  les  oiseaux  recueillis  ou  observés 
pendant  l'expédition  de  1'  ■(  Albatros  »  dans  l'Océan  pacifique  Nord,  la 
mer  de  Bering,  le  Japon,  etc.,  par  M.  Austin  Hobart  Clark;  sur  les 
nouveaux  h/méaoptères  des  îles  Philippine'^,  par  M.  Crawford;  sur  ime 
collection  d'oiseaux  recueillis  en  Corée,  par  M.  Pierre-Louis  Jouy;  sur  les 
nouveaux  lépidoptères  de  Mexico,  par  M.  Dyer;  sur  de  nouvelles  espèces 
d'ichneumens,  par  M.  Viereck;  sur  un  nouveau  crocodile  fossile,  par  MM. 
Gilmore,  et  autres. 

Publications  nouvelles.  — ■  Les  Odes  de  Salomon.  Une  œuvre  chre 
tienne  des  environs  de  Van  100-120,  par  J.  Labourt  et  P.  Batiffol  (in-8, 
Lecoffre,  Gabilda^ — ■  La  Loi  et  la  foi,  étude  sur  saint  Paul  et  les  fudaï- 
sants,  par  A.  de  Boysson  (in-16,  Bloud).  — •  La  Théologie  de  saint  Paul, 
par  F.  Prat  ^in-S,  Beauchesne).  —  Mon  grand  Catéchisme,  manuel  d'ins- 
truction et  de  formition  chrHienn-'s,  par  T.  Dequin  et  A.  Ledieu  (in-16, 
cartonné,  Bloud).  — •  La  Contemplation,  ou  Principes  de  théologie  mystique, 
par  le  R.  P.  E.  Lamballe  (in-16,  Téqui).  — •  J'ai  perdu  la  foi\  réponse  à 
VincréduUté  moderne,  par  le  R.  P.  R.  Ruiz  Amado;  trad.  de  l'espagnol  par 
l'abbé  E.  Gerbeaud  (in-16,  Téqui).  —  Y  a-t-il  un  Dieu?  Y  a-t-il  survie  de 
Vâmc  après  la  mort  ?,  par  H.  Hugon  (in-16,  Téqui).  — -  L'Éducation  eucha- 
ristique, par  J.-G.  Broussolle  (in-16,  Téqui).  — ■  Le  Christ  et  l'Eglise  dans 
la  question  sociale,  par  L.-A.  Glffre  (in-16,  Bloud). — ■  Le  Cardinal  Pie. 
Discours  choisis,  avec  une  Introduction  des  notices  et  des  notes,  par  l'abbé  P. 


— .  286  - 

IlalXiants  (petit  iii-8,  Bruxelles,  Kelkr).  —  L'Objet  intégral  de  Vapologé~ 
tique,  par  E.-A.  d?  PouJpiqust  (in-16,  Bloud).  —  En  SLwant  le  Maître. 
Moi-^  du  Sacré-Cœur,  par  l'abbé  A.  Dard  (in-IS,  Lecoffrc,  Gabaldal.  — 
L'Éducation  chrétienne,  conférences,  par  l'abbé  H.  Le  Camus  (in-16,  Téqui). 
■ — ■  Manuel- F ormidaire  de  V enregistrement,  des  domaines  et  du  timbre,  suivi 
d'un  Précis  de  manutention  et  de  comptabilité,  par  J.  Castillon  (in-8,  Librairie 
générale  de  droit  et  de  jurispr\:denc(>).  —  Dieu  et  Science.  Essais  de  psy- 
chologie des  sciences,  par  E.  de  Cvon  (in-8,  Alcan).  ■ —  Le  Fondement  de  la 
responsabilité  pénale.  Essai  de  philosophie  appliquée,  par  H.  Urtin  (in-8, 
Alcan).  — Leçons  de  philosophie  sociale,  par  le  R.  P.  Schwalm.  T.  IL  (in- 
16.  Bloud).  —  Œuvres  choisies  philosophiques,  piU  D.  Hume;  trad.  de  l'an- 
glais par  M.  David.  I.  Essai  sur  l'entendement  humain.  Dialogues  sur  la 
religion  naturelle  (-in-8.  Alcan).  —  Les  Forces  éternelles  et  autres  essais,  par 
Emerson;  trad.  de  l'anglais  par  K.  Johnston  (in-16,  Mercure  di  France).  — 
Précis  de  psi/chologie,  par  H.  Ebbinghaus;  trad.  sur  la  2«  éd.  allemande 
par  G.  Raphr-ël  et  revu  sur  la  3^  éd.  par  le  D''  G.  Revaidt  d'Allonnes 
(in-8,  Alcan).  —  A  travers  lesronces,  parB.  Jouvin  (in-16, Bloud).  —  La  Lutte 
contre  le  Sweating- System,  par  P.  Boyaval  (gr.  in-8,  Alcan).  — •  Le  Socia- 
lisme français  de  1789-1848,  par  G.  et  H.  Bourgin  (in-16,  Hachette).  — 
Estudios  sociales,  por  P.  T.  Rodriguez  (2  vol.  in-18,  Madrid,  imp.  Helé- 
nicaK  —  I^es  Petites  Industries  rurales,  par  Ardouin-Dumazet  (in-12,  Le- 
coffre,  Gabalda).  —  Traitement  mental  et  culture  spirituelle.  La  Santé  et 
Vharmonie  dans  la  vie  humaine,  par  A.-L.  Caillet  (in-18,  Vigot).  • —  Lour- 
des. Les  Guérisons,  par  le  D''  Boi^sarie  (gr.  in-8,  Mairon  de  la  Bonne 
Presse).  —  La  Grammaire  de  la  science.  La  Physique,  par  K.  Pearson;  trad. 
de  l'anglais  par  L.  March  (in-8,  cartonné,  Alcan).  —  La  Télégraphie  sans 
fil,  par  L.  Fournier  (in-18,  Garnier).  • —  Le  Pain  de  froment,  étude  critique 
et  recherches  sur  sa  valeur  alimentaire  selon  le  blutage  et  les  systèmes  de 
mouture,  par  E.  Fleurent  (in-16,  Gauthier- Villars).  • —  Légumes  et  fruits 
de  primeurs.  Procédés  de  forcerie,  par  A.  Van  den  Heede  (in-12,  Amat). 

—  La  Doctrine  de  défense  nationale,  par  le  capitaine  Sorb  (gr.  in-8,  Berger- 
Levrault).  —  Correspondance  et  fragments  inédits,  par  E.  Fromentin  (in- 
16,  Plon-Nourrit).  ■ —  Vom  Musik-Traktate  Gregoi^  des  Grossen,  von  P.  G. 
Vivell  (in-16,  Leipzig.  Breitkopf  und  Hâi'tel).  —  Die  Quaestiones  in  Mu- 
sica,  von  R.  Stegîich  (ir>-^  Leipzig,  Breftkcpf  und  H  a 'tel).  • —  Sur  l'art 
de  diriger,  par  F.  Weingartner;  trad.  par  E.  Heintz  (in-16,  Leipzig, 
Breitkof  und  Hârtel).  • —  Ménestrels  communaux  et  «  instrumentistes  divers  » 
établis  ou  de  passage  à  Malincs,  de  1211  à  1  790,  par  R.  Van  Aerde  (gr.  in-8, 
Malincs,  Godenne).—  Das  Konservatorium  fUr  Musik  in  Prag  (1811-1911), 
verfasst  von  Dr.  J.  Branberger  (g:*,  in-8  carré,  Prag,  Verein  zur  Befôr- 
d«rung  der  Tonkunst  in  Eôhmen).  —  La  Musique  en  Chine,  par  G.  Soulié 
(in-8,  Leroux).  —  Actualités  scientifiques,  par  M.  de  Nansouty  (in-16,  Boi- 
vin).  —  Lexique  du  «  Journai  des  Concourt  »,  par  M.  Fuchs  (in-8,  Cor- 
nély).  —  Au  Pays  lorrain,  par  P.  Ladurelle  (in-18,  Lem^rre).  —  Odes,  par 
G.  Marie  (in-18,  Lcmerre).  —  L'Ame  éparse,  par  F.  Colomb  (in-18,  Lemerre). 

—  Petits  Poèmes,  contes  et  fantaisies  en  prose,  par  A.  Ruffin  (in-18,  Le- 
merre). —  Confitebnr  tibi  in  Cithara,  par  P.  de  Cossé  Brissac  (in-16,  Plon- 
Nou-rrit).  —  Dans  le  silence  des  rêves,  par  P.  Granoti»  r  (in-18,  Jouve).  — 
Au  souffle  des  vullées,  par  M.-J.  de  Chantai  (in-18,  Fignière).  —  Poésies, 
par  le  vicomte  P.  Alessand'  (in-18,  Figuiere).  —  Pour  l'attaque  \  par  D. 
Yvonneau  (in-12,  IVfcssein). —  Vers  à  chante^".  Bimes  à  dire,  par  A.  de  Nes- 
selrode  (in-î6,  Éditions  des  Escholiers).  • —  Un  Coin  du  voile,  par  C.  Yver 


-  287  — 

(in-18,  ('alra;!nn-Lcvy^  — •  Lu  Repentir,  par  C.  de  Pomaii'ols  (in-16,  Plon- 
Nourrit).  —  L'Élève  Gilles,  par  A.  Lafon  (in-lG,  Porrin).  — •  Un  Mari  par 
procuratinn,  par  J.  Stoele;  trM.  de  l'anglais  par  R.  d'Agè.s  (in-JG,  Hachi'tte) 

—  Mes  Vacances,  par  A.  Cim  (in-8,  Hschttte).  —  Un  Duo,  par  A.  Conan. 
Doyle  (in-18.  Stock).  —  Les  Enquêtes  dit  prestigieux  Hewitt,  pai'  A.  Morri- 
son;  adaptation  française  par  A-  Savine  et  Gcorges-Miclu'l  (in-18,  Stock). 

—  Nouvelles  Enquêtes  du  prestigieux  Hewitt,  par  A.  Morrison;  adaptation 
française  par  A.  Savine  'in  18,  Stock).  — ■  L.a  Puissance  des  autres,  par 
M.  Coraert  (in-18,  Stock).  —  Xe  Prince  des  riches,  par  F.  Rivet  (in-lS, 
Stock).  —  Imato.  Rcx  Dei,  par  A.  C.cupey  (in-18,  Lemerre). —  La  Graine 
au  vent,  par  J.  Nesmv  (in-16,  Grasset).  —  Fûninistes,  par  J.-R.  Sée  (in-8, 
Fignière).  —  Feuilles  mortes,  par  A.  Le  Brun  (in-18,  Figuière).  — •  La  Fée 
du  Val  André,  par  M.  de  Harcoët  (in-16,  Beauchesne).  —  Feux  follets,  par 
H.  Bister  (in-16,  H.  Gantier).  —  Sur  le  sable,  par  M.  Le  Mière  (in-16,  H. 
Gautier).  —  S aint-Exupère-les- Châsses,  par  F.  Plossis  (gr.  in-8,  Maison  de 
la  Bonne  Presse).  —  Histoire  de  la.  comédie  romaine.  Sur  les  tréteaux  lutins, 
par  G.  Michant  (in-12,  Fontemoing).  -r-  Il  Concetto  e  Vordine  del  «  Para- 
diso  »  dantesco,  da  G.  Bnsnelli.  Pai'te  II.  VOrdine  (in-12,  Citta  di  Castello, 
Lapi).  —  Les  Grands  Écrivains  de  la  France.  Correspondance  de  Bossuet. 
Nouvelle  éd.  publiée  par  C.  Urbain  et  E.  Levesque.  T.  V.  (janvier  1692- 
septembre  1G93)  (in-8,  Hachette).  —  Leopardi  et  Mn>e  de  Staël,  par  S. 
Ravasi  (in-8,  Champion).  —  Le  Mouvement  romantique,  par  P.  Van  Tie- 
ghem  (in-16,  Hachette).  —  Les  Sources  du  merveilleux  chez  E.  T.  A. 
Hoffmann,  pav  P.  Sucher  (in-8,  Alcan).  — ■  Alfred  de  Vigny.  Contribution  à 
sa  biographie  intellectuelle,  par  F.  Baldensperger  (in-lG,  Hachette).  — • 
Pages  romantiques,  par  F.  Liszt,  publiées  avec  une  Introduction  et  des 
notes  par  J.  Chantavoine  (in-16,  Alcan).  —  Théodore  de  Banville  (1823- 
1891),  par  JI.  Fuchs  (gr.  in-8,  Cornéiy).  —  IJIllusion  et  la  désillusion 
dans  le  roman  réaliste  français  (1851-1890),  par  G.  Jakob  (gr.  in-8,  Jouve). 

—  Une  nouvelle  «  Histoire  ancienne  de  l'Église  ",  par  le  chanoine  Marchand 
i  in-12,  Paris  et  Poitiers,  Oudin).  —  IJ Avenir  du  Jtristianisme.  \^^  partie.  Le 
Passé  chrétien,  vie  et  pensée,  par  A.  Dufourcq.  VI.  Époque  occidentale.  His- 
toire de  VÉglise  du  xi^  au  xviii^  siècle.  Le  Christianisme  et  V organisation 
féodale,  1049-1300  (in-lG,  Bloud).  ■ —  El  terciari  francssca  beat  Ramon 
Llull,  doctor  arcangélic,  y  martre  de  Crist.  Sa  vida  y  la  hislôria  contem- 
poranea,  per  M.  J.  Avinyo  (petit  in-8,  Igualfcda,  Poncell).  • — ■  Archives  du 
'  ngner  (J.  Chappée.  Le  Mans).  Série  H,  art.  97.  Cartulaire  de  iabbaye  de 
Saint- Sauveur  de  Villcloin,  par  l'abbé  li.-J.  Denis  (in-8,  Champion;  Le 
Mans,  A.  de  Saint-Denis).  —  Béatrice  d'Aragon,  reine  de  Hongrie  (1457- 
1508),  par  A.  de  Berzeviczy.  T.  I.  (in-16,  Champion).  — •  Histoire  mo- 
'Vm<?  (1498-1VI5),  classe  de  i^econde.  A.  B.  C.  J).,  par  P.-G.  Heinrich  (in-16 
eartonné,  Bloud).  • — -  ie  Régiment  des  Gardes- Suisses  de  France.  Les  Suisses 
en  Italie  (campagne  de  Marignan),  par  le  capitaine  de  Vallière  (gr.  in-8, 
Berger-Levrault  ;  Lausanne,  «  Revue  militaire  suisse  »  ).  —  Du  Luthéra- 
nisme au  protestantisme.  Évolution  de  Luther  de  1517  à  1528,  par  L.  O'is- 
liani  (in-8,  Bloud).  —  Saint  François-Xavier,  par  A.  B''ou  (2  vol.  in-8, 
Beauchesne).  —  Bu^sy  d'Amboise  et  Madame  de  Montsoreau,  d'après  des 
documents  inédits,  par  L.  Mouton  (in-8.  Hachette).  —  Autour  de  Saint- 
Simon,  documents  originaux,  par  A.  Pereire  (in-18,  Champion).  —  Essai 
sur  l'ordre  des  hospitaliers  de  Saint- Jean- de- Jérusalem  et  de  son  gouverne- 
ment civil  et  militaire  à  Malte,  au  commencement  du  xviii^  siècle,  par  L. 
Héritte  (in-4.  Éditions  de  «  Documents  d'histoire  «).  ■ —    Le  Mont  Saint- 


—  288  — 

Michel  inconnu,  d'après  des  documents  iw'dits,  par  E.  Dupont  (petit  in-8, 
Perrin).  —  Milices  et  volontaires  du  Puy-de-Dôme.  Etude  sur  le  recrutement 
de  Vannée  1688-17^^3,  par  le  commandant  Flocon  (in-8,  Bcrj^vr-Lovrault). 

—  Histoire  gé?i^rale  de  l'Eglise,  par  F.  Mourret.  T.  VI.  L'Ancien  Régime, 
xvii^  et  xviii*'  siècles  (gr.  in-8,  Bloud).  —  La  Russie  et  le  Saint-Siège,  études 
diplomatiques,  par  P.  Pierling.  T.  V.  (in-8,  Plon-Nourrit).—  Histoire  de 
Chevron,  par  J.  Gsrin.  T.  II.  I^s  Communiers  avant  1792  (in-16.  Champion). 

—  Les  Martyrs.  XI.  La  Révolution  (1791-1794),  par  le  R.  P.  Dom  H. 
Leclercq  (in-8,  Paris  et  Poitiers,  Oudin).  —  Le  Gênerai  de  Clausewitz,  sa  vie 
et  sa  théorie  de  la  guerre,  par  P.  Roques  (in-8,  Berger-Levrault).  —  Antécé- 
dentes politicos  y  diplomâticos  d?  los  sucesos  de  1808,  estudio  histôrico-critico, 
da  marqués  ae  Lema  (in-8,  Madrid,  Beltràn).  —  La  Campagne  de  1812. 
Mémoires  du  margrave  de  Bade;  trad..  Introduction  et  notes,  par  A.  Ghu- 
quet  (in-16,  Fontemomg).  —  Smolensk.  Les  Origines,  Vépopée  de  Smolensk 
en  1812,  par  le  baron  de  Baye  (petit  in-8,  Perrin).  —  La  Campagne  de 
1844  au  Maroc.  La  Bataille  d'Isly,  par  le  capitaine  A.  Latreille  (in-S,  Cha- 
pelot).  —  '(  Ames  chrétiennes.  «  L?  Père  de  Valroger,  ses  frères,  ses  sœurs, 
d'après  leur  correspondance,  publié  par  G.  de  Valroger  (in-16,  Bloud).  — 
Bismarck,  1815-1898,  par  H.  Welscliinger  (in-8,  Alcan).  —  Henry  Har- 
risse.  Etude  biographique  et  morale,  avec  la  bibliographie  critique  de  ses 
écrits,  par  H.  Vignaud  (in-8,  Chadenat).  —  Un  Moine  au  xx<^  siècle.  Dom 
Mayeul  Lamey,  prieur  majeur  des  bénédictins  de  Cluny,  1842-1903.  Choix 
de  ses  œuvres  avec  ufie  Introd.  biographique,  par  E.  Goutay  (in-16,  Bloud). 

—  Zadoc  Kahn  (1839-1908),  par  J.  Veill  (in-16,  Alcan).  —  Les  Grands 
Problèmes  de  politique  intérieure  russe,  par  R. Marchand  (in-16,  Alcan). — Rc- 
cent  Administration  in  Virginia,  by  F.  A.Magruder  (in-8,  Baltimore,  The 
Johns  Hopkins  Press).  ■ — -  L'Ecole  primaire  en  France  sous  la  troisième 
République,  par  J.  Vaujany  (in-16,  Perrin).  — •  L'Inquiétude  religieuse  du 
temps  présejit,  par  P.  Staijfor  (in-16,  Fischbacher).  —  En  pensant  au  pays, 
par  C.  de  Vitt  (in-16,  Hachette).  — •  La  Colonisation  française  dans  «  l'Afrique 
du  Nord  ï)  Algérie-Tunisie- Maroc,  par  V.  Piquet  (petit  in-8.  Colin).  —  La 
Société  marocaine,  études  sociales,  impressions  et  souvenirs,  par  le  D''  Mau- 
ran  (gr.  in-8,  H.  PaulinU  —  Ce  Mausolée  d'Halicarnasse  et  le  Trophée 
d'Auguste,  par  M.  Dieulafoy  (in-4,  C.  Klincksicck). — ■  Feuilles  à  Samara  en 
Mésopotamie.  Un  Palais  musulman  du  ix^  siècle,  par  H.  Viollet  (in-4,  C. 
Klincksieck).  —  Répertoire  bibliographique  pour  la  période  dite  «  révolution- 
naire »  1789-1801  en  Seine-Inférieure,  par  V.  Sanson.  T.  II  et  III.  (2 
vol.  in-8,  Champion).  —  A  Guide  to  books  on  Ireland,  edited  by  S.  J.  Brown, 
Part  I  (in  18  ca'.tonn^',  Dublin,  Hodges  Fi^^gis;  London,  Longmans, 
Green),  Visenot. 


Le   Gérantl:  en APUIS. 


Imprimerie  polyglotte  Fr.  Simon,   Rennts— Paris. 


POLYBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 


ROMANS,  CONTES  ET  NOUVELLES 

Romans  divers.  —  1.  VEnvers  du  décor,  par  Paul  Bourget.  Paris,  Plon-Nourrit, 
1911,  in-16  de  342  p.,  3  fr,  50.  —  ?.  Davidée  Birot,  par  René  Bazin.  Paris,  Cal- 
mann-Lévy,  s.  d.,  in-18  de  361  p.,  3  fr.  50.  —  3.  Ceux  qui  montent,  par  Léon 
Daudet.  Paris,  Fayard,  1912,  in-12  de  318  p.,  3  fr.  50.  —  4.  La  Neige  sur  les 
pas,  par  Henry  Bordeaux.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  348  p.,  3  fr.  50, 
—  5.  Petite  Madame,  par  André  Lichtenbcrger.  Paris,  Plon-Nourrit,  .s.  d., 
ia-16  de  oO«  p.,  3  fr.  50.  —  6.  Une  ISeura<ithénique,  pur  Adhémar  de  Montgon. 
Paris,  Daragon,  1911,  in-18  de  265  p.,  3  fjf.  bO.—l.'iFeuiUcs  mortes,  par  A.  Le  Brun. 
Paris,  Fifiruière,  1912,  in-lS  de  455  p.,  2  fr.  —  8.  Sœur  Anne,  par  Octavi;  Aubry, 
Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  315  p.,  3  fr.  50.  —  9.  La  Maltournée,  par 
T.  CoMJiE.  Paris,  Perrin,  1912,  in-16  do  320  p.,  3  ff.  50.  —  10.  L'Élève  Gdler.,  par 
André  Lafon.  Paris,  Perrin,  1912,  in-16  de  260  p.,  3  fr.  50.  —  11.  Chasseurs 
du  temps  passé,  par  le  marquis  Th.  de  Poudras.  Paris,  Emile  Nourry,  1910, 
in-12  de  295  p.,  3  fr.  50.  —  12.  Contes  et  fantaisies,  par  Emile  Gcuiiart.  Paris, 
Bioud,  1.912,  in-16  de  305  p.,  3  ff.  50. 

Romans  de  femmes.  — •  13.  Un  Coin  du  voile,  par  Colette  Yver.  Paris,  Calmann- 
Lévy,  1912,  ia-18  d.-?  283  p.,  3  fr.  50.  —  14.  Imato,  par  Augusta  Coupey.  Paris, 
Ijemerre,  1912,  in-18  de  329  p.,  3  fr.  50.  —  15.  L'Elévation,  histoire  d'une  femme 
d'aujourd'hui,  par  M.  L.  Alméras.  Paris,  Perrin,  1912,  in-16  de  246  p.,  3  fr.  50.— 
16.  La  Puissance  des  autres,  par  Marguerite  Comert,  Paris,  Sto  "k,  1912,  in-18 
de  314  p.,  3  îr.  50.  —  17.  Féministes,  par  Ida-R.  Sée.  Pari^,  Figuière,  1912,  in- 
18  de  184  p.,  3  fr.  50.  —  18.  L'Impossible  Aveu,  par  M™«  Pierre  de  Bouchaud 
(Cardeline).  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  277  p.,  3  fr.  50. 

ROM.ANS  ÉTRANGERS.  —  19.  I^Ha,  par  FoGAzzARo;  trad.  de  l'italien  par  G.  Hé- 
rellf,.  Paris,  Hachette,  1911,  in-16  de  377  p.,  3  fr.  5^.  —  20.  Les  Enquêtes  du 
premgieux  Héwiu,  par  Arthur  Morrison;  ad.aptntion  française  par  Albert 
.Savine  et  Georges  Michel.  Paris,  Stock,  1912,  in-18  d,e  355  p.,  3  fr.  50.  —21. 
Nouvelles  Enquêtes  du  prestigieux  Hévitt,  par  le  même;  adaptation  française  par 
Albert  Savine.  Pans,  Stoc':,  1912,  in-18  de  307  p..  3  fr.  50.  —  22.  Un  Mar- 
par  procuration,  par  Jack  Steele;  trad.  de  l'anglais  par  Robert  d'Agés.  Paris, 
H.^chette,  1912,  in- 16  de  274  p.,  1  fr.  — ■  2.;.  La  Lumière  vient  de  l'Orient,  par 
Lafcadio  Hearn;  trad.  de  l'anglais  par  Marc  Logé.  Paris,  Mercure  de  France, 
191!,  in-18  de  355  p.,  3  fr.  50.  —  24.  Raffles,  cambrioleur  pour  l"  bo:.  monf,  par 
E.-W.  Hornung-  trad.  de  l'anî-lais  par  Henri  Evie.  Paris,  Il3chette,19U', 
in-16  de  260  p.,  1  fr. 

lloM.\.NS  DIVERS.  —  1.  —  M.  Paul  Bourget  réunit  quatre  nouvelles 
sous  ce  titre  L' Envers  du  décor.  La  plus  importante  porte  le  nom 
d'une  famille:  les  Moreau-Jamille,  distinguée  par  une  industrie 
prospère  qu'une  double  intrigue  amoureuse  bouleverse.  Un 
jeune  paresseux  sans  fortune,  Calvignac,  fait  de  M™^  Moreau- 
Janville  une  adultère,  se  fait  payer  par  elle  une  vie  coûteuse,  et 
demande  en  mêmetaiips  la  main  d'Hélène  Moreau-Janville.  Le  père 
la  refuse,  elle  se  fait  enlever,  non  sans  avoir  donné  à  son  père  le 
spectacle  d'une  scène  de  jalousie,  qui  révèle  l'intrigue  de  l'épouse. 
Des  sentiments  violents  engendrés  de  cette  scène  et  des  résolutions 
extrêmes  qui  s'ensuivent,  l'auteur  a  fait  le  tableau  le  plus  pathé- 
AvniL  1912.  T.  CXXIV.  10. 


—  290  ~ 


tiquo.  Tous  les  caractères  y  sont  peints  avec  une  vigueur 
admirable  :  la  fille  obstinée,  la  mère  frivole,  le  père  inflexible  et  jus- 
ticier. Sa  fille  l'appelle  papa.  «  Je  ne  suis  pas  un  papa,  dit-il,  je  suis 
un  père  de  famille.  »  Le  dénouement  se  fait  en  deux  parties  :  à  sa  femme, 
Moreau-Janville  pardonne,  parce  que  son  fils,  un  fils  de  seize  ans, 
l'en  supplie;  à  sa  fille  enlevée  il  permet  le  mariage, qui  devient  aussitôt 
le  châtiment  de  celle-ci.  Il  y  a  dans  ces  peintures,  de  nombieuse» 
libertés;  il  y  a  par-dessus  tout  un  sentiment  profond  de  la  nécessité 
des  mœurs  graves  et  sérieuses,  réglées  non  sur  les  entraînements  même 
louables  de  l'individu,  mais  sur  les  intérêts  de  groupe  et  de  famille. 
((  C'est  ma  conviction,  dit  le  fils  à  son  père,  que  vous  seul  êtes  dans 
le  vrai.  Les  arts,  la  littérature,  la  musique  (il  montrait  le  piano  d'Hé- 
lène, la  petite  bibliothèque  de  la  jeune  fille,  grossie  de  volumes  co- 
quettement reliés,  qui  étaient  des  œuvres  des  poètes,  les  tableaux 
sur  les  murs,  quelques  peintures  italiennes  empruntées  à  la  galerie 
du  père),  j'ai  vu  où  ça  mène,  ce  qu'il  y  a  derrière.»  Personne  plus  que 
M.  Paul  Bourget  n'a  le  sentiment  de  l'inutilité  de  tant  de_  vies  élé- 
gantes vernies  d'intellectualité.  On  sent  que  cette  fausse  culture  des 
gens  du  monde  l'irrite  comme  une  hypocrisie  récemment  inventée  de 
la  paresse,  de  la  sottise  et  du  plaisir. 

2.  ■ —  Davidée  Birot  est  une  maîtresse  d'école  primaire,  sans  foi  reli- 
gieuse, et  croyant  à  la  vertu  de  la  morale  athée  qu'elle  enseigne.  M. 
René  Bazin  veut  que  nous  regardions  comme  un  bon  levain  cette 
confiance.  Il  en  tire  sous  nos  \vvix  le  retour  à  Dieu.  Mais  il  y  faut 
bien  des  conditions.  Il  faut  que  le  zèle  de  l'institutrice  soit  première- 
ment récompensé  de  salutaires  effets  chez  les  gens  d^  village,  par  où 
se  trouve  confirmée  sa  confiance  dans  le  bien.  Hélas  !  dans  la  réalité, 
la  morale  laïque  n'opère  point.  Elle  opère  ici;  elle  sépare  deux  adul- 
tères, jMaïeul  et  Phrosine.  Mais  comment?  Parce  que  la  petite  fille 
de  Phrosine  meurt  de  la  honte  que  l'indignité  de  sa  mère  fait  peser 
sur  la  maison.  L'horreur  de  cette  raoït  aide  à  convertir  Maïeul,  et  à 
](^  faire  sortir  du  péché.  C'est  le  premier  point.  Le  second  consiste  dans 
les  obstacles  que  trouve  l'institutrice  à  convertir  Phrosine,  et  qui  lui 
font  souhaiter  de  prier.  Phrosine  ne  se  convertit  point.  Mais  tant 
d'efforts  faits  pour  la  rendre  plus  douce  et  plus  heureuse  entretiennent 
l'âme  de  Davidée  Birot  dans  une  exaltation  où  germe  la  foi  nouvelle. 
Elle  épouse  Maïeul  à  la  fin.  Elle  rend  à  Phrosine  un  fils  que  son 
mari,  en  la  quittant,  avait  emmené.  Ainsi  la  fin  du  livre  fait  voir  le 
bon  récompensé  et  le  méchant  au  moins  neutralisé.  Et  cela  est  très 
habilement  construit,  avec  une  vraisemblance  de  détail  presque  cons- 
tante, à  laquelle  se  joint  la  couleur  vraie  d'une  abondance  de  petits 
tableaux  champêtres.  M.  Bazin  est  servi  dans  ces  peintures  par  un 
tact    ingénieux  des  mœurs  du  village,  source  d'un  ton  moyen  où  le 


rude  et  le  touchant  se  mêlent  et  se  balancent  à  propos.  On  sent  chez 
l'auteur  une  crainte  d'outrer  le  sentiment  chez  un  genre  d'hommes' 
qui  ne  l'expriment  guère,  il  y  met  un  scrupule  de  peintre  et  un  soin 
d'esprit  bien  élevé.  En  un  endroit  je  crois  qu'il  dépasse  la  mesure  ; 
c'est  quand  Phrosine  (pourquoi  n'écrit-il  pas  Frosine  comme  Mo- 
lière?) retrouve  son  fils.  L'accueil  du  garçon  est  d'une  brutalité  dont 
je  ne  dis  pas  que  la  vérité  n'a  pas  fourni  les  éléments,  mais  où  l'on 
n'en  sent  pas  moins  le  système.  M.  Bazin  a  voulu  faire  rude.  Cela  est 
mécanique,  cela  manque  des  nuances  que  la  nature  offre  toujours. 
L'auteur  l'a  bien  senti,  car  il  écrit,  parlant  de  ce  fils  qui  vient  de 
mal  accueillir  celle  qui  se  dit  sa  mère  :  «  Et  comme  il  était  jeune,  il 
avait  le  cœur  en  songe.  «  La  grâce  un  peu  chf^rchco  du  mot  ne 
saurait  dissimuler  tout  ce  qu'elle  cherche  à  couvrir  :  des  sentiments 
difficiles  à  peindre  et  qu'on  renonce  à  nous  expliquer.  A  vrai  dire, 
rien  n'est  si  malaisé  que  la  vraisemblance  en  pareil  cas.  La  tragédie 
s'y  reconnaissait  dans  les  grands  intérêts,  les  grandes  responsabilités, 
les  grands  devoirs,  que  la  reconnaissance  paternelle  jetait  tout  d'un 
coup  sur  celui  qui  en  éts.it  l'objet,  et  qui  s'imposaient  à  lui.  Dans  le 
privé,  rien  de  pareil  ;  le  sentiment  fait  tout.  Or  qu'en  est-il?  La 
nature  se  met-elle  à  parler?  et  de  quelle  manière?  Et  comment  le 
savoir?  où  l'étudier?  quand  pareille  chose  n'arrive  presque  jamais. 
Ce  reproche  est  mince.  La  trame  du  livre  est  partout  ailleurs 
fort  bien  établie  et  liée;  le  sentiment  du  vrai  ne  quitte  jamais  le  lec- 
teur, quand  il  s'agit  du  détail  et  du  courant  des  faits.  Ce  qui  paraîtra 
moins  solide,  c'est  la  transformation  éprouvée  par  la  jeune  fille.  Est- 
il  à  croire  que  ce  zèle  apostolique,  allumé  de  la  croyance  à  «la  loi  «, 
aboutisse  à  la  charité  catholique?  Je  croirais  plutôt  qu'il  est  tout  le 
contraire.  Même  avec  toutes  les  circonstances  que  l'auteur  imagine  et 
dispose,  on  entrevoit  mal  ce  passage.  L'institutrice  directrice  des  cons- 
ciences, prévenue  de  l'idée  qu'elle  a  une  mission  en  ce  genre, s'en  démet- 
tra-t-elle  aux  mains  du  prêtre  (ce  qui  est  la  vraie  conversion  catho- 
lique), si  on  commence  par  supposer  que  cette  idée  va  s'exaltant  en 
elle?  Dire  oui,  c'est  confondre  peut-être  un  certain  individualisme  avec 
l'esprit  de  discipline,  de  hiérarchie,  de  tâche  réglée  et  distribuée,  qui 
fait  l'armature  de  l'Eglise  catholique.  Sous  des  couleurs  qu'il  sait 
rendre  agréables  et  touchantes,  auxquelles  il  épargne  (chose  difficile) 
la  pédanterie  moralisante, l'auteur  nous  a  peint  l'esprit  sévrien.  De 
cet  esprit  il  tire  une  conversion.  Dans  la  réalité  des  faits,  ces 
sortes  de  conversions  se  font  au  Dieu  ou  à  l'idéal  de  M.  Pécaut. 
Ilya  bien  du  charme  dans  nombre  d'épisodes.  Le  portrait  de  la  direc- 
trice, celui  de  l'inspecteur  primaire  sont  des  chefs-d'œuvre. La  petite 
fille  qui  meurt  est  touchante  aux  larmes.  La  vieille  infirme,  dont  les 
bonnes  paroles  aident  à  convertir  Davidée,  sont^  pleines  d'une  sim- 


plicité  noble,  parfaitement  conforme  au  sentiment  chrétien,  non  moins 
convenable  à  l'humble  condition  de  celle  qui  les  prononce. 

3.  —  M.  Léon  Daudet  a  mis  en  partie  de  roman  le  mouvement  de 
l'Action  française  dans  les  faubourgs.  On  voit  dans  Ceux  qui  montent, 
qui  sont  les  ouvriers  du  syndicat,  les  Camelots  du  Roi  en  action. 
C'est,  dis-je,  une  partie  du  livre,  partie  nécessaire  aujourd'hui  à  qui 
voulait  écrire  un  roman  ouvrier.  Le  cadre  est  la  Butte  Montmartre, 
le  sujet  l'amour  de  doux  jeunes  gens  du  peuple  au  milieu  des  passions 
politiques  déchaînées.  Près  des  premiers  acteurs  du  drame,  paraissent 
quelques  types  populaires  :  ouvriers,  boutiquiers,  cabaretiers,  tracés 
de  traits  probes  et  nets  qui  les  mettent  on  relief.  Au  second  rang,  de 
plus  gros  personnages,  maître  et  maîtresse  d'école,  commissaire  de 
police,  artisans  huppés  d'œuvres  sociales,  pour  lesquels  l'auteur  n'a  eu 
qu'à  recueillir  ses  souvenirs  et  son  expérience.  Ceux-là  tiennent  debout 
par  leur  seule  importance,  par  l'abondance  connue  des  traits  profession- 
nels, que  le  difficile  n'était  pas  d'extraire,  mais  de  rassembler.  Le  chef- 
d'œuvre  du  livre  à  cet  égard  est  Mi^*^  de  Sainte-Avanie,  anarchiste 
millionnaire,  propriétaire  d'une  maison  du  peuple  et  d'habitations  à 
bon  marché,  en  qui  se  mêlent  curieusement  l'hypocrisie  philanthropique, 
le  fanatisme  anticlérical  et  l'avarice.  M^'*'  de  Sainte- Avanie  n'admet 
pas  qu'un  ouvrier  conscient  ravale  en  lui  la  dignité  humaine  au  point 
de  ne  pas  payer  son  terme,  et,  pour  l'amour  du  peuple,  chasse  de  ses 
maisons  les  locataires  en  retard.  Les  instituteurs,  Sampèdre  et  sa 
femme,  sont  excellemment  peints  grâce  au  soin  que  l'auteur  a  pris 
de  les  concevoir  à  la  huguenote,  animés  contre  le  catholicisme  de  la 
vieille  rage  antipapiste.il  les  fait  tous  deux  protestants. Ne  le  fuspent- 
ils  pas  qu'il  n'en  faudrait  pas  moins  les  peindre  dans  cette    gamme. 
En  effet,  c'est  une  vérité  qu'on  a  trop  souvent  oubliée  que  l'anticlé- 
ricalisme du  peuple,  issu  de  libre  pensée  pure,  n'est  pas  du  tout  celui 
de  l'école,  empreint  de  fanatisme  religieux    à  rebours,  chargé  des 
grimaces  de  la  vertu.  «  La  vue  du  Sacré-Cœur  et  des  processions  qui 
s'y  rendaient  les  remplissait  d'une  rage  gelée,  ravivait  chaque  jour 
leur  combativité.  Vertueux  et  laborieux,  ils  mettaient  cette  vertu  et 
ce  labeur  en  avant,  de  telle  sorte  qu'ils  les  rendaient  plus  hideux  et 
haïssables  que  des  péchés  capitaux.  Ils  répétaient  ma  conscience,  la 
conscience,   notre  conscience.  Ils  avaient  supprimé  les  prix,  et  même 
les  mentions,    qui    surexcitaient   dangerevisement  la  vanité  des  éco- 
liers. Ils  remplaçaient    les    récompenses     par    des    exaltations  qui 
avaient  lieu  le  mercredi  sous  forme  de  sermon  humain,  et  les  puni- 
tions   par  des  remontrances    d'une    portée    générale,  qui  occupaient 
la  classe  du  soir.  A  force  de  hsinnirV histoire-bataille,  l'histoire  d'avant 
la  Révolution  et  la  morale  traditionnelle,  ils  en  arrivaient  à  n'ensei- 
gner^plus  que  des  dilutions  do  métaphysique  kantienne,  des  préceptes 


—  293  — 

d'hygiène  et  des  formules  anticléricales.»  Un  des  plaisirs  du  livre  est 
l'air  de  petite  province  que  M.  Léon  Daudet  donne  à  Montmartre  et, 
comme  il  dit  familièrement,  à  la  Butte:  province  composée  de  toutes 
petites  gens  connus  les  uns  des  autres,  et  suivis  dans  leurs  compor- 
tements par  une  sorte  d'opinion  publique  dont  nous  voyons  les  élé- 
ments à  l'œuvre  :  préjugé  populaire,  presse  à  un  sou,  enseignement 
scolaire,  entraînement  d'atelier,  propos  de  cabaret,  dévotion,  car  il 
y  a  sur  la  Butte  de  petites  gens  croyants  et  dévots.  La  jeune  ou- 
vrière, dont  l'auteur  a  fait  la  moitié  de  son  sujet,  appartient  juste- 
ment à  ceux-là,  tandis  que  le  jeune  homme  qui  l'aime  est  du  parti  de 
la  révolution.  Tout  cela  forme  un  tableau  d'ensemble  tracé  avec 
beaucoup  de  délicatesse  et  avec  une  fine  pénétration  des  circonstances  et 
des  espèces.  Cela  sera  d'autant  plus  apprécié  que  rien  ne  s'y  mêle  du 
ton  pleurard  usité  chez  les  naturalistes  d'il  y  a  trente  ans. Rien  de 
commun  avec  ce  que  Zola  appelait  des  livres  «  trempés  de  pitié  hu- 
maine »,  nul  tolstoïsme,  rien  de  Coppée  et  du  Petit  Épicier. Cette  discré- 
tion enchantera  les  gens  de  goût.  Les  amateurs  de  langue  y  pren- 
dront un  autre  plaisir,  celui  de  voir  doser  l'argot  dans  les  intonations 
populaires,  dont  presque  toutes  sont  des  chefs-d'œuvre  de  vérité  et 
de  mesure.  Nous  avons  connu  le  grand  argot  romantique  avec  les 
Misérables,  l'argot  plat  et  inepte  avec  V Assommoir;  voici  celte  fois, 
non  pas  l'argot,  mais  plutôt  une  transposition  nerveuse,  sobre  et 
incisive,  d'un  genre  absolument  nouveau.  Et  le  diapason  de  cette 
langue  est  celui  des  peintures.  Résultat  général  :  l'horrible  presque 
partout  évité,  excepté  dans  quelques  épisodes  où  il  fallait  qu'il 
fût,  comme  celui  de  l'enfant  enduit  de  pétrole,  et  brûlé  en  haine  des 
maitres  religieux  à  qui  ses  parents  l'ont  confié:  fait  parfaitement  véri- 
dique,et  qui  jette  le  jour  nécessaire  sur  la  gueire  atroce  menée  là-haut, 
au  nom  du  Chevalier  de  la  Barre, contre  la  basilique,  parla  rage  anticlé- 
ricale. Les  Camelots  du  Roi  vengent  cet  attentat,  en  même  temps  que 
leur  propagande,  opérant  le  retour  du  héros  du  livre  aux  principes  de 
l'ordre,  fait  une  union  parfaite  de  son  mariage  avec  l'ouvrière 
catholique. 

4.  ■ —  Un  adultère  pardonné  par  l'époux,  après  lequel  la  vie  recom- 
mence,telle  est  l'histoire  contée  sous  ce  titre  s'ymbolique:i>aiVfz'g'e  sur 
les  pas,  par  M.Henry  Bordeaux.  Cesujet  en  a  tenté  d'autres,  mais  ils 
procédaient  d'une  pensée  morale,  celle  du  pardon,  et  plus  ou  moins 
se  rattachaient  à  Tolstoï,  quoique  parfois  sous  des  apparences  chré- 
tiennes. L'originalité  de  ce  roman,  c'est  de  présenter  ce  dénouement 
en  forme  de  loi  physique  de  l'existence,  qui  ne  souffre  point  de  déchi- 
rement éternel,  qui  cicatrise  et  répare  tout.  M.  Henry  Bordeaux  a 
là-dessus  une  brillante  exégèse  du  personnage  d'Hélène,  renouant 
près  de  Ménélas  l'ancienne  vie  conjugale.  C'est  la  leçon,  selon  lui,  delà 


—  204  — 

Sagesse  antique,  vraiment  adéquate  à  la  vie.  Au  contraire,  chez  Ju- 
liette,'-'hez  Yseult,la  fiction  deTirréparablan'est  qu'une  fantaisie  roman- 
tique. Très  nettement,  l'auteur  nous  propose  la  leçon  de  son  livre 
comme  relevant  dune  renaissance  du  classicisme  à  laquelle  nous 
assistons.  Cela  est  séduisant.  Est-ce  vrai?  J'ai  peur  qu'on  ne  fasse 
ici  une  confusion.  Faut-il  chercher  le  classique  uniquement  dans  le 
grec?  je  veux  dire  dans  les  réalisations  grecques.  Pour  ce  qui  est  de 
l'art  et  de  la  méthode,  on  ne  demande  pas  mieux  que  d'accorder 
qu'ils  y  sont  tout  entiers.  Accordons  aussi  que  les  notions  essentielles 
s'y  trouvent,  et  dans  un  ordre  que  les  siècles  n'ont  guère  chance  de 
changer.  Cependant  les  mœurs  changent,  en  sorte  que  les  principes, 
quoique  toujours  les  mêmes,  ne  niènentplus  aux  mêmes  conclusions. 
Le  mariage  d'un  homme  m  chrétien  et  Français  est  quelque  chose 
bien  différent  de  celui  de  Ménélas  et  d'Hélène,  il  engage  d'autres 
sentiments,  il  est  asservi  à  d'autres  intérêts.  Quand  on  aura  dit  que 
l'un  et  l'autre  consiste  dans  la  fixité  d'un  foyer,  on  aura  dit,  je  crois, 
tout  ce  qu'ils  ont  de  commun.  Comment  donc  imaginer  que  pour  Marc 
Remonay  le  vrai  soit  d'imiter  l'époux  de  Lacédémone  ?  Comment 
faire  passer  cela  sous  le  nom  d'une  restauration  du  classicisme?  Que 
M.  Henry  Bordeaux  prenne  garde  qu'il  a  contre  lui  la  tradition  clas- 
sique. Cette  tradition  s'exprime,  elle  parle,  elle  crie,  dans  l'éclat  de 
rire  soulevé  par  les  maris  de  Molière,  dans  ceux  de  Desperriers  et  de 
l'Arioste,  dans  ceux  de  nos  derniers  vaudevillistes.  M.  Bordeaux  a 
cent  fois  plus  d'esprit  qu'eux;  mais  en  cela  j'ai  bien  peur  qu'ils  aient 
raison  contre  lui.  Méprisera-t-il  cette  veine  parce  qu'elle  n'est  pas 
grecque,  parce  qu'elle  vient  des  fabliaux?  Et  après?  Le  monde  entier 
ne  tient  pas  dans  Homère,  pas  plus  que  la  coupole  de  Saint-Pierre  ne 
tient  dans  le  Parthénon.  Je  ne  puis  lire  l'histoire  de  ces  réconcilia- 
tions sans  penser  à  celle  qui  termine  si  posément,  si  comiquement 
aussi,  le  fameux  conte  de  Joconde. 

Poi  rnonlaro  a   ravall".   e  il  lor  senùero 
Ch'era  a  Ponente,  Polsero  a  Levante 
Ed  aile  mogli  lor  se  ne  tornaro 
Di  rhê  affanno  mai  più  non  si  pigliaro. 

Astolphe  et  Joconde  font  ce  que  fait  Marc.  Tout  ce  qu'il  y  a  de  dif- 
férence mérite  de  nous  avertir  de  l'erreur  où  l'on  nous  engage. 
L'Arioste  plaisante,  mais  sa  plaisanterie  exclut  cet  effacement  com- 
plet des  pas  de  l'adultère  par  la  neige.  Qu'il  y  ait  des  raisons  de 
renouer,  soit;  quoique  il  soit  difficile  de  les  imaginer,  quand  c'est 
l'épouse,  c'est-à-dire  la  pierre  même  du  foyer,  son  unité  et  son  avenir, 
qui  a  cédé. Ces  choses  sont  comprises  des  modernes  de  telle  sorte  qu'une 
pareille  faute  les  compromet  essentiellement.  Mais,  en  supposant 
même  que  la  vie  recommence,  quelque  chose  y  est  brisée,  qu'on  ne 


—  295  — 

réparera  jamais.  C'est,  je  crois, l'évidence.  M.  Bordeaux  nel'avoue- 
t-il  pas  quand  il  requiert  comme  circonstances  à  la  réconciliation, 
la  circonstance  exceptionnelle  d'un  accident  de  montagne  où  l'adultère 
manque  trouver  la  mort,  tant  ce  qu'il  veut  persuader  exige  des  pré- 
parations, d'émotions  vives,  dans  le  tourbillon  desquelles  les  senti- 
ments communs  aient  peine  à  se  reconnaître.  Je  n'ai  rien  dit  de  la 
partie  pittoresque  du  livre,  qui  est  charmante,  avec  des  tableaux  de 
montagnes,  de  fraîches  présentations  de  jeunes  filles  et  d'enfants,  ni 
du  pathétique  des  situations  traitées  chacune  à  part  avec  une  émo- 
tion vraie  et  infiniment   pénétrante. 

5.  —  M.  Lichtenberger  a  fait  un  roman  avec  les  petits  récits  d'un 
jeune  ménage;  il  les  appelle  Petite  Madame.  Le  tout  est  d'une  fadeur 
parfaite.  Peut-être  on  éviterait  de  le  dire,  si  l'auteur  n'avait  l'art  de 
provoquer  la  critique  par  le  ton  avantageux  qu'il  prend.  Evidemment, 
il  se  croit  beaucoup  d'esprit.  Il  ne  dit  rien  que  d'un  air  badin.  Exem- 
ple :  «  Qui  le  croirait,  non,  mais  qui  le  croirait,  qu'il  y  a  trois  mois 
.Jotte  n'était  qu'une  manière  de  petite  provinciale  engoncée?  Il  a 
suffi  de  cent  jours  (le  temps  que  Napoléon  a  mis  à  perdre  un  empire) 
pour  faire  de  Jotte  une  épouse  accomplie,  une  ménagère,  une  femme 
du  monde,  une  Parisienne.  »  Et  encore  «  Jacques  a  un  terrible  défaut 
qui  est  d'être  un  peu  gourmand.  Peut-être  que  Jotte  a  les  siens  comme 
tout  le  monde.  Elle  n'a  pas  celui-là.  Donnez-lui  quatre  pommes  de 
terre  frites,  une  salade  bien  vinaigrée  et  quelques  fruits  çerts,  elle 
déjeunera  comme  une  reine.  »  M.  Lichtenberger  est  protestant. 
II  y  a,  dans  ce  ton  confit  et  satisfait,  comme  un  écho  de 
prêche,  qui  confine  tout  à  fait  aux  récits  édifiants  dé  nos  manuels 
civiques,  œuvres  des  Steeg  et  des  Pecaut.  Ici  un  ton  de  journaliste  s'y 
mêle,  par  où  s'achève  de  dégrader  ce  style.  «  C'est  étonnant,  écrit 
M.  Lichtenberger,  c'est  étonnant  (e  qu'elle  aime  son  chez  soi.  »  On 
sait  qu'un  journaliste  ne  peut  parler  d'écrevisses  sans  les  appeler 
à  la  deuxième  ligne  de  son  article  «ces  crustacés  »;  d'huîtres  sans  dire 
«  ces  mollusques  )>;  d'un  éléphant  sans  dire  «  ce  pachyderme  ;  »  d^un 
ours  «  ce  plantigrade  »,  etc.  M.  Lichtenberger  ne  manque  pas  ces 
élégances,  assaisonnées  d'autres  drôleries  :  «  M^^^  Desbleux  la  visait 
avec  un  sourire  qui  doit  être  exactement  celui  des  vipères,  si  (ce  que 
j'ignore)  ces  ophidiens  sourient  ».  Vraiment,  l'auteur  s'imagine-t-il  que 
trois  cents  pages  de  ce  genre  soient  tolérables?  11  faut  aussi  que 
M.  Lichtenberger  nous  fasse  l'éloge  de  M.  Klotz.  «  A  la  voir  chiffrer 
(à  voir  chiffrer  sa  femme),  Jacques  croit  avoir  épousé  M.  Klotz... 
Gageons  que  si  M.  Klotz  lui  avait  sauté  au  cou  comme  a  fait  Jotte, 
il  n'aurait  pas  été  moitié  si  bien  récompensé.  »  Cela  est  tout  à  fait 
admirable. 

6.  —  Une  Neurasthénique,  tel  est  le  titre  d'un  roman  qui  relève 


—  296  — 

plue  de  la  médecine  et  de  la  thcrapeuthique,  que  de  la  morale.  M.  de 
Montgon  n'en  a  pas  moins  rendu  par  endioits  le  cas  de  Dolorès 
d'Astrée  touchant  et  poignant  même.  Il  y  a  peu  de  sites,  peu  d'ana- 
lyse, le  principal  du  livre  est  en  dialogue,  ce  qui  donne  la  fraîcheur  et 
la  vivacité. 

7.  —  Un  recueil  de  nouvelles  intitulées:  Feuilles ?nortesïeTa\}TendTe 
au  lecteur  l'idée  la  plus  avantageuse  du  talent  de  M.  Le  Brun.  Elle* 
sont  pleines  d'impressions  de  campagne  recueillies  dans  le  Cotentin, 
parmi  ces  paysages  qui  ont  si  brillamment  inspiré  un  Barbey  d'Au- 
revilly. Quelques-unes  nous  mettent  au  bord  de  la  mer;  d'autres  au 
milieu  d'histoires  de  chasse.  L'invention  a  beaucoup  de  bonne  grâce 
et  les  peintures  une  grande  vérité. 

8.  —  Le  roman  de  Sœur  Anne  se  termine  par  un  suicide,  le  suicide 
d'une  femme  mêlée  à  la  politique  des  partis  et  cherchant,  dans  les 
avantages  qu'elle  donne,  un  moyen  de  fixer  l'amour  d'un  homme. 
L'insuccès  de  ses  efforts  précipite  le  dénouement.  Dans  ce  roman,  le 
monde  politique  est  peint  par  M.  Octave  Aubry  avec  un  très  grand 
talent. 

9.  • —  La  Maltonrnée  est  un  village  en  pays  huguenot.  Le  livre  de 
M.  T.  Combe  nous  en  donne  le  tableau,  plus  quant  aux  gens  que 
quant  aux  choses.  Les  propos  et  les  personnages  y  sont  rapportés 
avec  humour,  quoique  non  pas  sans  monotonie. La  matière  e?i  grise  et 
ce  que  le  talent  de  l'auteur  en  tire  de  nuances  est  trop  peu  pour  tout 
un  volume. 

10. — Voici  un  livre  bien  écrit,  mais  froid,  parce  que  les  petits  tableaux 
qui  le  composent  ne  mènent  à  rien.  Point  d'événements,  que  vul- 
gaires :  le  séjour  d'un  enfant  chez  une  tante  à  la  campagne,  l'entrée 
au  collège,  la  mort  d'un  père.  L'Elève  Gilles,  qui  traverse  tout  cela, 
nous  en  présente  le  reflet  agréable  et  ressenti,  dans  l'enchaînement 
vulgaire  d'un  journal.  M.  André  Lafon  ferait  mieux  dans  un  autre 
genre  que  le  roman  sans  doute,  avec  ses  qualités  de  style  et  d'imagina- 
tion pittoresque  auxquelles  manque  l'invention  des  faits. 

IL  —  Ces  Chasseurs  du  temps  passé,  ouvrage  inédit  du  fameux 
marquis  de  Poudras,  ont  l'ordinaire  saveur  de  tous  les  ouvrages  du 
même  genre,  plaisante  vivacité  des  récits,  fraîcheur  des  impressions 
de  campagne.  Ils  comportent  quelques  libertés,  d'intention  honnête, 
il  est  vrai.  L'éditeur  les  a  fait  précéder  d'une  vie  du  curé  de  Cha- 
paize,  curé  chasseur,  introduit  comme  une  figure  de  fantaisie  dans  le 
livre  du  marquis  intitulé  :  Gentilshommes  chasseurs.  Ce  curé  a  réelle- 
ment existé.  Il  s'appelait  Laforest.  Fondras  l'a  nommé  Duverger.  Il 
en  a  fait  le  portrait  suivant  :  «  C'était  un  homme  de  quarante-cinq  à 
cinquante  ans,  grand,  sec,  vigoureux  de  corps,  avec  un  visage  plein, 
haut  en  couleur  et  jovial,  qui  donnait  l'idée  d'un  bon  compagnon.  H 


—  297  — 

portait  un  costume  de  chasse  qui  me  frappa  par  sa  bizarrerie.  La 
couleur  verte  en  était  bannie  avec  la  plus  scrupuleuse  exactitude. 
Ses  bottes  à  chaudron  laissaient  apercevoir  des  bas  de  filoselle  noire; 
sa  culotte  courte  était  en  velours  gris  de  fer  et  son  manteau  d'une 
ampleur  magistrale.  Du  reste, pas  un  seul  bouton  brillant  ni  le  moindre 
galon  d'argent  ou  d'or....  Sa  messe  durait  un  quart  d'heure,  mais  il 
y  avait  tant  d'onction  dans  le  débit  du  digne  curé,  chaque  mot  qu'il 
prononçait  arrivait  si  distinctement  à  l'oreille,  qu'on  n'était  nulle- 
ment choqué  de  sa  façon  expéditive.  11  était  prompt;  mais  il  n'était 
pas  distrait.  «  Le  style  du  nouveau  livre  est  le  même,  des  plus  faciles 
et  des  plus  agréables. 

12.  ■ —  On  n'aura  pas  gagné  à  vider  les  tiroirs  de  feu  M.  Gebhart  de 
ces  Contes  et  fantaisies.  Un  Paradoxe  sur  Tarqiiin  le  Superbe  en  don- 
nera l'exemple  frappajit.  Tarquin  le  Superbe  a  fait  la  république;  il 
en  est  le  créateur,  plus  que  Thiers,  Wallon,  Bismarck  et  Moltke.  \'ous 
voyez  pourquoi.  C'est  que  Tarquin  le  Superbe  est  l'aliment  de  tous 
les  discours  formés  contre  les  tyrans.  Cela  est  bien  froid;  mais  de 
plus  cela  n'est  pas  juste,  puisque  trois  siècles  d'humanités  françaises 
ont  enseigné  à  maudire  Tarquin  le  Superbe,  sans  mettre  au  jour  la 
plus  petite  république.  Huestion  curieuse,  qui  méritait  peut-être 
qu'on  la  traitât.  L'admiration,  le  goût,  l'imitation  de  la  littéra- 
ture d'opposition  faite  aux  Césars  par  les  auteurs  latins,  n'a  pas 
laissé  de  vivre  en  France  avec  le  plus  parfait  attachement  au  Roi. 
Mais,  pour  expliquer  cela,  il  faudrait  de  la  réflexion,  du  temps. 
Bien  plus  aisé  est  de  dire  le  contraire,  qui  depuis  Taine  se  trouve 
partout,  et  de  le  donner  comme  un  paradoxe.  Et  voici  le  style  : 
t  Parmi  les  plaies  d'Egypte  qui  accablent  les  Français  du  temps  pré- 
sent, il  n'en  est  point  de  plus  permanente  et  de  plus  tenace  que 
l'irrésistible  entraînement  où  nous  nous  trouvons  à  parler  politique 
après  diner...  ))  Non, vraiment  il  n'était  pas  nécessaire  de  tirer  cela  des 
colonnes  du  Gaulois.  11  fallait  l'y  laisser.  Tout  le  livre  est  de  ce  ton. 

RoMAîss  DE  FEMMES.  —  13.  —  Un  Coiu  du  voile,  de  M"*^  Colette 
Yver,  est  un  recueil  de  nouvelles  dont  la  première  sera  surtout 
goûtée;  C'est  l'Epouse,  épouse  dévouée  dans  un  genre  de  circonstances 
où  le  courage  de  mille  autres  aurait  faibli.  Son  mari  devient  fou,  et 
passe  par  les  états  divers  qui  se  déclarent  en  pareil  cas.  Tout  ce  que 
cette  succession  renferme  de  menace  ne  parvient  pas  à  la  faire  con- 
sentir à  ce  que  lès  médecins  demandent  d'elle,  la  permission  d'enfer- 
mer le  malade.  Le  lecteur  est  conduit  par  degrés  à  ce  point  où  l'on 
croit  au  dénouement  tragique.  Avec  beaucoup  de  force  et  d'habileté, 
l'auteur  l'en  tire  tout  à  coup  par  la  surprise  d'une  guérison.  Elle  se 
produit  tout  d'un  coup,  en  face  d'une  tombe  amie,  comme  la  récom- 
pense de  la  constance  de  l'épouse  et  l'apologie  de  son  sacrifice. 


—  298  — 

14.  —  Pourquoi  M'"*"  Augusta  Goupey  n'a-t-elle  pas  poussé  plus 
franchement  le  tour  de  fantaisie  d'Iniato?  11  y  a  dans  son  talent 
tout  ce  qu'il  faut  pour  réussir  délici<Misenient  en  ce  genre.  Le  don  de 
la  narration  rapide,  l'audace  brillante  des  inventions, font  delà  moitié 
de  ces  pages  une  vraie  source  d'enchantement.  Cela  par  endroits  est  vif 
et  charmant  comme  Candide,  avec  une  notation  brève  et  touchante 
d'émotion,  qvii  met  une  note  originale.  Que  ce  genre  est  rare  par  le 
temps  qui  court  'surtout  dans  le  roman  féminin,  assommant  de  phi- 
losophie dévorée  à  toutes  les  devantures  et  dont  on  nous  rend  les 
morceaux  tout  crus.  Une  fille  des  champs  se  laisse  enlever  par  un 
tsigane,  au  lendemain  de  ses  fiançailles  avec  un  paysan.  Et  ce  tsi- 
gane est  roi.  11  l'emmène  au  fond  delà  Basse-Autriche,  l'épouse,  la 
soumet  aux  lois  de  sa  nation, l'environne  de  luxe  et  de  puissance, 
l'entretient  d'un  amour  auquel  cette  jeune  fille  répond  avec  une 
candeur  et  une  constance  touchantes.  La  condition  de  ce  peuple  et  de 
cette  royauté  est  environnée  de  mystère.  Belle  occasion  pour  l'au- 
teur de  se  jouer  dans  mille  fantaisies,  qui  n'ont  de  règles  que  sa  puis- 
sance d'inventer  et  la  satiété  du  lecteur.  Sauf  quelques  sursauts 
un  peu  vifs,  la  gageure  est  tenue  et  le  plaisir  domine.  Seulesles  pratiques 
occultes  et  sataniques,  auxquelles  quelques  tsiganes  vivent  adonnés, 
jettent  à  la  fin  une  note  sérieuse  et  tragique  qui  détonne.  Le  voyage 
qu'lmato  le  tsigane  fait  à  travers  l'Europe  pour  visiter  ses  tribus, 
est  une  merveilleuse  occasion  de  peintures  colorées  et  diverses.  L'au- 
dience accordée  à  Constantinople  par  la  sultane  mère  à  l'héroïne,  est 
quelque  chose  de  riche  et  de  scintillant,  tout  à  fait  dans  le  goût  du 
dix-huitième  siècle.  La  veine  de  l'auteiir  est  là.  On  voudrait  pour  notre 
plaisir  qu'elle  s'y  maintînt  et  s'y  perfectionnât,  qu'elle  ne  se  laissât 
pas  détourner  par  son  admiration  de  Barbey  d'Aurevilly,  admirable 
Bans  doute,  mais  non  pas  dans  ce  genre,  et  dont  l'imitation  en  quel- 
ques points  détonne.  Chose  remarquable,  la  facilité  aux  réflexions  so- 
ciales et  politiques,  mêlées  au  galop  dans  le  tissu  de  ces  espèces  de 
contes  de  fées,  se  rencontre  également  ici.  «  Je  reviens,  dit  le  tsigane, 
de  l'Elysée,  soucieux,  fatigué,  énervé.  Parmi  tous  ces  gens  irrespon- 
sables, toujours  attaqués,  toujours  changés,  quel  parti  prendre?  que 
décider?  Le  projet  mûr  la  veille  e!?t  forcément  abandonné  le  lende- 
main. Je  passe  d'une  audience  à  l'autre  sans  grands  résultats  pour 
ma  politique,  et  sans  profit  pour  personne.  Où  il  n'est  pas  de  respon- 
sabilité, de  stabilité,  Samson  laisf^erait  ses  énergies,  Salomon  sa  sa- 
gesse...» Cela  semble  tout  à  fait  un  passage  de  la  PrincessedeBabylone. 

15.  —  L'auteur,  M^^^M.  L.  Aimeras,  appelle  ce  livre  -.Histoire  d'une 
femme  d'aujourd'hui,  et  lui  donne  ce  titre  symbolique  :  L'Évasion  : 
évasion  hors  de  la  vie  commune,  dont  l'éducation  de  famille  fournit 
les  cadres.  L'héroïne  brise  ces  cadres  pour  être  elle-même,  développer 


—  299  — 

des  forces  qui  soient  à  elle,  pour  «  vivre  d'une  foi  à  elle,  basée  sur  les 
vérités  de  sa  chair  et  de  son  sang.  »  Ces  formules  sont  courantes.- 
Si  l'on  veut  mesurer  le  ravage  qu'elles  ont  fait  dans  les  esprits  fémi- 
nins, il  faut  voir  le  sérieux  avec  lequel  l'auteur,  pleine  d'ailleurs  de 
bonne  grâce,  d'intelligence  et  de  talent,  les  aligne.  Mais,  chère  Ma- 
dame, je  vous  prie,  qu'est-ce  que  les  vérités  d'une  chair  et  d'un  sang? 
Littéralement  cela  n'a  pas  de  sens. Et,  si  par  chair  et  sang  vous  entendez 
le  cerveau,  daignez  considérer  que  le  cerveau  appréhende,  et  ne  crée  pas 
la  vérité.  La  vérité  du  vôtre  est  celle  du  mien,  et  comme  il  y  a  des  chan- 
ces pour  que  ni  le  vôtre  ni  le  mien,  imparfaits  et  particuliers,  n'ap- 
préhendent toute  la  vérité,  le  mieux  que  nous  aurons  à  faire  sera  de 
«orriger  l'un  par  l'autre  et  de  former,  avec  celui  des  autres  hommes, 
nos  frères,  ce  préjugé  commun,  qui  fait  si  fort  horreur  à  Pauline.  Mieux 
encore,  il  sera  sage  d'éprouver  ce  préjugé  par  l'expérience  que  don- 
nent les  choses.  Cette  expérience  est  le  fruit  du  temps,  elle  naît  chez 
l'individu  au  bord  de  la  tombe,  où  les  fils  seuls  peuvent  la  cueillir. 
Ainsi,  ce  qu'au  nom  de  Pauline  vous  traitez  d'  «  anciennes  formules», 
dont  ses  parents  étaient  «  prisonniers  »,  a  toute  chance  d'être  plus 
chargé  de  vérité  que  les  fantaisies  de  votre  évadée.  Je  dis  vérité.  Si 
mêlé  que  soit  le  préjugé  de  classe,  de  pays,  de  famille,  transmis  par 
les  générations,  il  contient  plus  de  matière  iniellectiielle qn(i\ecQVMQSi\x 
de  quelque  sotte  ou  de  quelque  faraud,  érigé  soudain  en  juge  de  l'uni- 
vei'S  et  en  artisan  de  création.  N'être  que  soi,  ne  développer  que  ses 
propres  forces  !  Ne  voyez-vous  pas  que  cela  même  n'est  pas  de  Pau- 
line, que  cela  sort  des  bouquins,  pleins  de  déclamation  et  de  logique 
estropiée,  auxquels  s'est  allumée  l'ivresse  de  ses  vingt  ans?  Il  y  a  peu 
de  gens  originaux  et  qui  aient  droit  de  l'être.  Et  ceux-là  ne  le  devien- 
nent utilement  qu'en  commençant  par  se  soumettre.  Le  roman  montre 
l'héroïne  déçue;  l'auteur  l'en  plaint;  mais  c'est  justice  !  Trompée  par 
son  mari,  Pauline  retourne  dans  la  maison  paternelle,  avec  deux 
enfants  et  ses  illusions  mortes.  Voilà  la  vraie  moralité  du  livre. 

16.  - —  Autre  roman  féminin  de  revendication  en  faveur  de  l'indé- 
pendance. La  Puissance  des  autres,  c'est  la  conjuration  de  l'opinion 
commune  contre  l'effort,  réputé  uniquement  noble  par  l'auteur,  d'af- 
franchissement de  l'individu.  Ici,  le  sujet  de  cet  affranchissement 
n'est  pas  autre  chose  que  l'amour,  ce  qui  rend  à  ce  prêche  plus, d'ap- 
parence :  rien  n'étant  plus  sujet  à  l'égoïsme  que  la  passion  dontM™® 
Marguerite  Comert  nous    peint  les  extrêmes  conséquences. 

17.  —  Autre  encore  de  revendications  Féministes  cette  fois,  par 
y^vne  ida.R.  Sée,  dans  la  donnée  courante  et  classique  du  genre,  qui  ne 
risque  guère  d'avancer  cette  cause  auprès  des  gens  soucieux  d'inté- 
rêts généraux  ou  du  simple  sens  commun.  L'auteur  présente  deux 
héroïnes,  l'une  qui  réussit,  l'autre  que  ses  efforts  trompent.  A  l'une 
disons  :  tant  pis^  à  l'autre  :  c'est  bieïi  fait. 


—  3()0  — 

18.  ■ —  Un  roman  d'amour  contrarié  non  par  aucun  obstacle  exté- 
rieur, mais  par  les  sentiments  intimes  de  ceux  qui  s'aiment,  et  qui, 
malgré  un  attrait  réciproque,  éternise  entre  eux  le  malentendu 
tableau  de  la  passion  troublée  par  l'amour  propre  •:  tel  est  le  livre  de 
^jme  pierre  de  Bouchaud.  Cela  s'appelle  V Impossible  Aveu.  Le  livre 
abonde  en  touchantes  peintures,  où  l'âme  léminine  surtout  est  par- 
faitement peinte  par  une  femme. 

Romans  étrangers.  —  19.  • —  Je  dirai  franchement  l'impressioB 
d'horreur  que  cause  Leila  de  Fogazzaro.  Elle  tient  à  des  convenance» 
historiques.  Historiquement,  l'Italie  n'est  la  terre  que  de  deux  cho- 
ses :  la  confiance  absolue  dans  l'Eglise,  le  tumultueux  sentiment  de 
l'Unité  émané  du  souvenir  des  Césars.  Un  catholique  chérit  la 
première,  un  citoyen  du  monde  latin  se  méfie  de  l'autre,  mais  il  y 
trouve  des  impressions  amies.  Aux  souvenirs  orgueilleux  de  Rome 
païenne,  au  magnifique  spectacle  de  la  discipline  chrétienne  que  gou- 
verne la  Rome  des  papes,  nous  associons  éternellement  les  tableaux 
physiques  de  l'Italie,  Fa  lumière  transparente,  ses  sites  incompa- 
rables, les  ruines  de  ses  monuments,  la  magnificence  de  ses  palais 
et  de  ses  églises.  Or, voici  que  ce  cadre  nous  est  présenté,  que  la  ligne 
de  l'Apennin,  les  lacs,  la  plaine  du  Pô,  cette  Lombardie  de  Louis  Xft 
pt  de  François  I^r^  terre  privilégiée  pour  un  Français,  source  de  notre 
Renaissance,  comme  accompagnement  de  déchirements  de  conscience, 
de  chicane  intérieure,  d'exaltation  religieuse,  matière  calviniste  et 
huguenote.  Quelle  profanation,  quel  dégoût  !  Massimo  Alberti  est  u» 
disciple  du  Saint.  Il  aime  Leila,  qui  le  méconnaît  d'abord,  puisse  rend 
à  la  droiture  de  ses  intentions.  Dans  l'inquiétude  de  l'obtenir,  sa  foi, 
en  qui  s'unit  le  culte  des  réformateurs  protestants  et  l'obéissance  à  la 
Papauté,  chancelle.  Mais  le  souvenir  de  son  maître,  dont  il  préside  la  céré- 
monie de  translation,  et  la  sécurité  de  sa  passion  couronnée  le  ramènent 
à  la  profession  catholique.  Car  le  Saint  exigeait  qu'en  pensant  d'une 
manière  indépendante,  on  ne  laissât  pas  d'observer  l'obéissance.  Leila 
est  adoptée,  dotée,  par  un  vieux  Monsieur  Marcello,  nourri  de  la  Bible 
et  de  l'Imitation,  excité  de  musique  de  Schumann.  Une  dame,  Donna 
Fedele,  un  curé  persécuté,  Dom  Aurelio,  complètent  à  nos  yeux  ce 
pptit  monde  moderniste,  dont  le  va-et-vient  agite  la  société  de  Milaïa. 
Entre  eux  s'échangent  des  lettres  de  direction,  de  crise  intérieure,  de 
sombre  mysticisme,  qui  font  à  chaque  instant  se  tâter  le  lecteur  et  se 
demander  si  Milan  n'est  pas  Genève,  et  le  lac  de  Lugano  le  Léman. 
Cependant  l'auteur  est  persuadé.  Il  croit  peindre  quelque  chose  de 
touchant  ami  avec  des  sentiments  de  tendresse  intérieure  qui,  de  tout 
temps,  fleurissant  dans  la  mystique  catholique,  ont  consolé  l'âme  de* 
fidèles.  Ce  desséchant  appel  au  sens  individuel,  inspiré  d'une  folie 
d'orgueil,  est  présenté  ici  comme  l'essence  de  la  piété,  comme  ua 


—  301  — 

retour  à  l'Évangile.  Cependant  l'Évangile  flétrit  chez  le  pharisien 
cette  hypocrisie  réformatrice.  La  leçon  est  perdue  pour  M.  Fogazzaro, 
<fui  a  fini  par  se  persuader  que  les  pharisiens  dans  l'Evangile  repré- 
sentent le  mensonge  hiérarchique  et  rituel.  «  Les  attaques  que  j'ai 
eues  à  subir,  dit  Massinio,  de  la  part  d'une  plèbe  pharisienne.  »  Non 
pas,  s'il  vous  plaît;  sadducéenne.  Ce  que  vous  prétendez  réformer 
dans  l'Eglise,  c'est  le  saddiicéisme.  Les  pharisiens,  c'est  vous,  ou  du 
moins,  c'est  dans  leur  direction  que  vous  vous  placez.  Question  de 
fait  qu'il  ne  tient  qu'au  premier  venu  de  vérifier,  et  dont  l'ignorance 
endit  long  surle  prétendu  contact  que  l'on  croit  pouvoir  garderdans 
ce  parti  avec  le  texte  des  livres  saints.  Notre- Seigneur  a  repris  les 
sadducéens,  réprouvant  l'hypocrisie  dans  les  formes  offi- 
cielles et  dans  la  hiérarchie,  mais  il  a  repris  bien  davantage,  dans 
les  pharisiens,  l'hypocrisie  réformatrice.  Le  monde  ecclésiastique 
officiel,  les  dames  de  paroisse,  la  pompe  des  cérémonies  :  saddu- 
céisme]  le  charlatanisme  d'humilité,  l'ostentation,  de  réforme 
intérieure  :  pharisaïsme  .  Que  M.  Fogazzaro  écrive  et  pense  tant 
qu'il  veut,  que  l'Église  se  perd  dans  la  religion  des  rites  ;  nous 
n'aurons  pas  de  peiîse  à  montrer  qu'il  aboutit  (comme  les  protes- 
tants) à  la  religion  de  la  grimace.  Il  y  a  un  autre  trait  que  je  ne 
veux  pas  omettre.  «  Il  avait  peur,  dit  quelque  part  l'auteur,  d'être 
amené  à  discuter.  Ce  que  n'aurait  jamais  admis  sa  foi  candide,  avide 
d'affirmation.  »  On  avait  toujours  cru  que  c'était  la  raison  qui  était 
avide  d'affirmer.  Car  à  quoi  tend  de  toutes  ses  forces  la  raison,  sinon 
à  posséder  la  vérité?  Et  ce  mot  d'avide  lui  convient  parfaitement,  parce 
qu'elle  peut  en  être  privée.  Mais  la  foi  !  La  foi  n'est  point  avide,  elle 
est  paisible,  elle  est  aimante,  elle  est  confiante,  elle  sait  que  le  bien 
qu'elle  cherche  ne  lui  manque  point.  Tel  est  l'effet  des  confusions 
commises  par  l'erreur  moderniste.  La  raison,  pour  M.  Fogazzaro, 
c'est  le  doute;  et  la  foi,  une  volonté  aveugle  de  se  cramponner  à  ce 
dont  on  n'est  pas  sûr.  Cette  erreur  fausse  jusqu'à  la  psychologie, 
jusqu'au  langage.  Il  suffira  d'ouvrir  Leila  pour  s'en  convaincre.  La 
traduction  est  bien  pénible,  méticuleuse  et  pleiAe  d'impropriétés. 
Ciapasu  y  est  rendu  par  agrippe-sous  ;  grippe-sous  seul  est  français. 
20  et  2L  —  M.  Arthur  Morrison  est  un  rival  de  Conan  Doyle  dans 
le  genre  du  roman  judiciaire.  Deux  volumes  de  cet  auteur  ont  paru 
en  même  temps  en  français  :  Les  Enquêtes  du  prestigieux  Héwitt  et 
Nouvelles  Enquêtes  du  prestigieux  Héwitt.  L'intérêt  est  infailliblement 
le  même  que  dans  Sherlock  Holmes.  Il  y  faut  beaucoup  de  mémoire 
à  retenir  les  éléments  de  l'action,  beaucoup  de  patience  à  suivre  le 
dénouement,  beaucoup  de  facilité  à  recevoir  les  inventions  comme 
vraisemblables.  Il  faut  aussi  un  tact  du*  style  fort  émoussé,  pour  sup- 
porter la  mise  en  français  de  traits  britanniques  costumés  à  la  hâte 


—  302  — 

par  des  auteurs,  qui  visent  tout  autre  chose  que  le  public  lettré  et 
connaisseur. 

22.  — Une  aventure  amoureuse,  traversée  de  toutes  sortes  de  machi- 
nations ténébreuses,  captation  de  testament,  espionnage  policier,  fait 
le  sujet  d'Un  Mari  par  procuration,  de  M.  Jack  Steele.  A  la  fin,  tout 
est  découvert,  arrangé,  réglé;  le  traître  est  démasqué,  Jérold  et  Doro- 
thée s'épousent  et  sont  heureux.  La  traduction  est  sans  raffinement 
d'exactitude  ni  d'élégance. 

23.  —  Voici  le  premier  des  livres  de  Lafcadio  Hearn  qui  ait  été 
célèbre  :  La  Lumière  vient  de  l'Orient.  C'est  un  tableau  du  Japon 
moderne  où  se  trouvent  rassemblés  tous  les  traits  les  plus  populaires, 
en  même  temps  que  les  plus  intéressants,  de  ce  peuple,  objet  de 
tant  de  curiosité.  L'auteur  y  soutient  que  le  Japon  ne  s'équipe  à 
l'européenne,  que  pour  être  en  mesure  de  repousser  la  pénétration  de 
l'Europe.  La  traduction,  comme  celle  des  livres  précédents  publiés 
au  Mercure  de  France,  est  excellente. 

24. — Autre  roman  policier, soutenu  d'une  invention  abondante, 
quoique  toujours  issue  des  mêmes  sources  :  liafjks,  cambrioleur  pour 
le  bon  /no///,  par  M.  E.  W.  Hornung.  Ceci  relève  du  roman  feuilleton 
plus  que  de  la  littérature.  Il  n'en  fera  pas  moins  passer  quelques 
moments  agréables.  L.    Dimier. 

SCIENCES  BIOLOGIQUES 

i.  Lésendes  et  rnriosités  de  rhistiiire,  paf  le  D""  Cab».?« Es.  Paris,  Albin  Michel,  s.  d. 
[1012],  in-16  carré  de  4.07  p.,  avec  24  grav.,  3  fr.  50.  —  2.  Le  Marnais  du  Planty, 
médecin  de  la  Faculté  de  Paris,  maire  de  Saint-Ouen-snr- Seine  (1808-1876),  par  le 
D''  Heîxri  Perraudeau.  Pariv,  Jouve,  1911,  in-10  de  151  p.,  avec  portrait,  3  fr. 
— •  3.  Le  Médecin,  son  rôle  dans  la  famille  et  la  s^ociété,  par  le  D""  J.  Vincent. 
Paris,  Bea-.che'^ne,  1911,  in-16  carré  de  ;v-422  p  .  3  fr.  50.  —  4.  Le  Génie  lit- 
téraire, par  les  D'»  A.  RiMoiyn  et  Paul  VoivekEl.  Paris,  Alcan,  191J,  in-8  de 
.■^04  p.,  5  fr.  —  ;■,.  /.ff9  Opiomanes,  mrjn^eurs.  hureurs  et  fumeurf  d'opium.  Étude 
clinique  et  n:édico  littéraire,  par  !e  D''  Rogeb  Dui^ouy.   Paris,  Alcan,   1912,  in-8 

•'de  xiT-323  p.,  6  fr.  —  0.  Traitement  mental  et  culture  spirituelle.  La  Santé  et  l'har- 
monie dans  !a  vie  humaine,  par  Albert-L.  C.aillet.  Paris,  Vigot,  1912,  ia-18 
de  xiiî-399  p.,  4  fr.  —  7.  Hrjstérie  et  sainteté,  par  le  D'  H.  Lavrand.  Paris, 
PJoud,  1911.  in-lf  de  127  p.,  1  fr.  20.  —  8.  La  Fatigue  et  le  repos.  La  Fatigue, 
la  coMsetvation  des  forces,  la  médication  par  le  repos,  pa"  le  D'  F. 
Lagrange,  avecle  concours  du  D""  F.  de  Grandmaison.  Parie,  Alcan,  1912,  in-8 
de  vn-360  p  ,  6  'r.  —  9.  Propriétés  optiques  des  muscles,  par  Frer  Vlès.  Paris, 
Hermann,  1912,  gr.  in-8  de  xviii-372  p.,  avec  13  p!.,  15  fr.  —  10.  Consultations 
médicales  françaises  :  Dia^nosti:  et  traitement  de  Vadénophatie  trachéo-bronchirne-, 
par  le  C  P. -F.  Armand-Delille;  L'AliKienlation  rationnelle  du  nourrisson,  par 
le  Di"  E -Terrien; -I.'s  Acnés  et  leur  traitement,  par  le  D''  Paui.  Ga.stou;  /.«  ' 
Traitement  des  conj'.nrtiviief.  par  le  D''  F.  TERiïiEM.  Paris,  Poinat,  s.  d.  (19121, 
4  plaquettes,  in-16  de  22  p.,  i  0  Ir.  50  l'une.  —  11.  Lipnïies  et  paratoxine.  par  les 
prof.  G.  Lekûii^e  et  E.  Gkkard.  P£;ris,  Vigot,  1912,  ia-1fi  de  74  p.,  1  fr.  50.  - 
12.  Traitement  des  neiirnsihéniijues,  par  le  D'  Paui  H arteneerg.  Paris,  Alcan, 
1912,  in-16  de  346  p.,  3  fr.  50.  —  13.  Congrès  des  typhlophiles  et  exposition  de  la 
préservation  de  la  cécité,  des  œuvres  d'assistance  et  des  travaux  des  aveugles.   Compte 


—  303  — 

rendu  dr.s  tra.'aux,  par  C.eorges  et  Louis  Bopcjean.  Paris,  Figuirrp,  1912,  gr.  in-S 
(le  423-L.. XX  t  (a-ac)  p.,  8  fr.  50.  —  14.  Le  Pain  de  froment.  Étude  critique  et 
recherches  sur  sa  ■,'aleur  alimentaire  selon  le  blutage  et  les  systèmes  de  moulure, 
par  É'^iLK  Fleurent,  Paris,  Ciauthier-Villars,  1911,  in-16  de  vni-223  p.,  avfc 
33  figures,  3  fr.  75.  —  15.  L'Alcoolismr  dans  les  armées,  par  'e  rom*  J.-A,  Or- 
Dio.fi.  Paris,  Ilenrv  T'aulin,  1911,  in-18  de  V!ir-fj3  p.,  1  fr.  25.  —  lf>.  Portez-voun  ' 
H^nl,  notions  élémentaires  d^hygiène  populaire  et  ^rationnelle,  par  le  D'' 
Terwauise.  éd.  4»  éd.  Paris,  Gierd  et  P,rière.  191?,  petit  in  8  de  13f>  p., 
2  fr.  —  17.  Nervosismo  social ,  por  el  D''  XEncAviN*.  Barcelona,  imp.  Horta, 
1912,  in-8  de  88  p. 

1.  —  Le  docteur  Cabanes,  poursuivant  ses  inlassables  recherches, 
nous  donne  aujourd'hui  un  volume  nouveau,  dont  l'intérêt  n'est 
pas  moindre  que  celtii  des  précédents,  et  que  tous  les  amateurs  des 
choses  du  passé  auront  à  cœur  de  lire  :  Légendes  et  curiosités  de  l'his- 
toire. Nombre  de  problèmes  historiques  y  sont  étudiés  et  le  plus 
souvent  élucidés.  Peut-être,  pour  tel  ou  tel  des  sujets  traités,  pour- 
rait-on reprocher  à  l'auteur  une  argumentation  insuffisante  ou  des 
conclusions  insuffisamment  fermes.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  ne  peut 
s'empêcher  de  constater  que  l'ouvrage  a  dû  coûter  beaucoup  de 
recherches  et  il  suffira  de  rappeler  ici  les  titres  des  chapitres  pour 
montrer  tout  l'intérêt  que  présentent  :  Un  Maniaque  sur  le  trône 
(Charles  VI);  Le  Légendaire  Barbe-Bleue  (Gilles  de  Rays);  Notre- 
Dame  de  Beauté;  Les  Vapeurs  du  Roi  Soleil;  L'Énigme  du  Masque  de 
velours;  Deux  Duels  mystérieux;  Le  Maréchal  de  Saxe;  le  Bailli  de 
Sufjren;  L Dioculation  à  la  Cour  de  France;  Où  sont  les  restes  de  Mira- 
beau; Le  Parrain  de  la  «  Marseillaise  «;  La  Fin  d'un  héros;  Le  Pré- 
tendu verre  de  sang  de  M^^*^  de  Sombreuil;  Les  Femmes  grosses  devant 
les  tribunaux,  ce  dernier  chapitre  traité  surtout  d'après  l'étude  qu'en 
a  donnée  le  D^  M.  Billard.  Voilà  bien  de  quoi  exciter  la  curiosité  des 
érudits. 

2.  —  Le  D^"  Perraudeau  s'est  attaché  à  nous  donner  la  biographie 
d'un  de  ses  prédécesseurs  à  Saint- Oue,n,  marquis  authentique,  et 
néanmoins  médecin  de  cette  ville  pendant  près  de  trente  ans  :  Le 
Marquis  du  Planty,  médecin  de  la  Faculté  de  Paris,  maire  de  Saint- 
Oueti  (1808-1876).  Les  hasards  de  la  clientèle  l'ayant  mis  en  présence 
d'un  malade,  fier  d'avoir  été  introduit  au  monde  par  «  un  marquis  », 
il  a  tenu  à  étudier  le  rôle  qu'avait  pu  jouer  dans  la  commune  le  noble 
confrère  dantan.' A  force  de  recherches,  souvent  ardues,  le  D^  Perrau- 
deau a  fini  par  réunir  les  éléments  d'une  biographie  qui  constitue  une 
belle  page  de  l'histoire  contemporaine  de  Saint-Ouen.  Fils  d'un  lieu- 
tenant-colonel commandant  des  gardes  de  la  Porte  du  Roi  et  cheva- 
lier de  Saint-Louis,  le  jeune  du  Planty  hésita  entre  la  médecine  et 
la  magistrature,  et,  bien  que  licencié  en  droit,  il  se  décida,  en  fin  de 
compte  et  en  dépit  des  railleries  des  siens,  à  embrasser  la  carrière 
médicale.  Il  alla  se  fixer,  vers  les  derniers  jours  de  juin  de  1831,  dans 


—  304  — 

la  commune  de  Saint- Ouen  où  il  eut  bientôt  l'occasion  de  donner  de 
grandes  preuves  de  savoir  et  de  dévouement,  lors  de  l'épidémie 
cholérique  de  1832.  A  partir  de  ce  moment,  on  le  trouve  mêlé  active- 
ment aux  affaires  de  la  localité  en  qualité  d'abord  de  conseiller  muni- 
cipal, puis  de  maire,  charge  qu'il  occupa  pendant  plus  de  dix  ans, 
jusqu'à  son  départ  en  1860.  On  ne  peut  que  savoir  gré  au  D^  Perrau- 
deau  d'avoir  reconstitué  la  physionomie  si  intéressante  d'un  médecin 
auquel  la  commune  de  Saint  Ouen  est  redevable  de  tant  de  bienfaits, 
et  qui  peut  être  donné  comme  exemple  à  beaucoup,  médecins  ou 
non. 

3.  —  Si,  dans  l'ouvrage  précédent,  nous  avons  vu  ce  qu'a  été  en  pra- 
tique la  carrière  d'un  médecin  qui  a  su  honorer  et  sa  profession  et  la 
ville  où  il  a  été  appelé  à  exercer,  l'ouvrage  du  D^"  Vincent  :  Le  Méde- 
cin, son  rôle  dans  la  famille  et  la  société,  facilitera  aux  jeunes  méde- 
cins l'imitation  d'un  aussi  noble  modèle.  L'idée  maîtresse  de  cette 
attachante  étude  est  celle-ci  :  «  la  morale  du  médecin  à  propos  de 
l'influence  qu'il  peut  et  doit  exercer  dans  la  famille  et  la  société.  >» 
De  là,  deux  parties  dans  l'ouvrage  La  première,  la  plus  captivante  et 
la  plus  appropriée  à  la  vie  journalière,  traite  du  rôle  moral  du  mé- 
decin dans  la  famille  depuis  son  origine  jusqu'à  son  extinction.  Elle 
sera  d'une  réelle  utilité  pour  le  public  et  les  jeunes  médecins  chez 
lesquels  il  accélérera  la  maturité  de  l'expérience  en  leur  inculquant 
ce  savoir  pratique,  fruit  d'un  long  usage  de  la  vie,  joint  à  la  discus- 
sion de  ce  qu'on  est  appelé  à  voir,  de  ce  qui  est  arrivé  de  bien  ou 
de  mal.  Et  personne  n'est  plus  apte  que  le  médecin  à  donner  de 
judicieux  conseils  dans  toutes  les  péripéties  d'une  vie  domestique. 
L'on  ne  peut  que  savoir  gré  à  l'auteur  d'avoir  critiqué,  en  fin  de  cette 
partie,  le  rigorisme  exagéré  de  l'article  du  code  pénal  relatif  au  secret 
professionnel,  et  sa  conclusion  est  conforme  aux  règles  de  la  morale 
naturelle.  La  deuxième  partie  de  l'ouvrage  traite  du  rôle  du  médecin 
dans  la  société.  On  a  dit  avec  raison  que  l'éducation  morale  et  philo- 
sophique du  médecin  ne  saurait  être  trop  développée  et  qu'il  n'est  pus 
de  profession  qui  exige,  pour  être  exercée  noblement,  plus  d'idées 
générales,  en  même  temps  que  des  connaissances  spéciales  et  une 
expérience  étendue.  C'est  trop  souvent,  parce  qu'il  pèche  dans 
l'un  ou  l'autre  de  ces  sens,  que  le  médecin  est  le  plus  souvent  impuis- 
sant dans  le  milieu  social  actuel,  si  même  il  ne  coopère  point  pour 
une  large  part  à  la  décadence  générale.  Aussi  l'auteur  adresse-t-il  un 
pressant  appel  à  ses  confrères  et  cherche-t-il  à  leur  rappeler  les  nom 
breuses  circonstances  où  leur  influence  peut  et  doit  se  faire  sentir. 

4.  —  La  «  Bibliothèque  de  philosophie  contemporaine  »  vient  de  s'en- 
richir d'un  volume  nouveau,  dû  à  la  plume  des  D'"^  A.  Rémond,  pro- 
fesseur à  la  Faculté  de  médecine  de  Toulouse,  et  Paul  Voivenel  :  Le 


—  305  — 

Géme  ^i^îéraire.  La  thèse  soutenue  par  les  auteurs  est  sinon  nouvelle, 
du  moins  en  opposition  avec  l'opinion  courante  qui  fait  du  génie  une 
névrose.  Ils  cherchent  à  établir  au  contraire  que  le  génie  n'est  point 
dû  à  des  excitants  du  système  nerveux,  pas  plus  qu'à  des  maladies 
ou  des  dégénérescences.  Pour  eux,  le  génie  ne  doit  exprimer  que  «  la 
perfection  relative  avec  laquelle  seront  perçues,  élaborées  et  trans- 
mises les  différentes  composantes  delà  pensée  humaine,et,  disent-ils, 
c'est  à  démontrer  que  le  génie  est  fonction,  à  la  fois  des  centres  de  récep- 
tion, d'association  et  de  projection,  que  nous  allons  consacrer  les 
lignes  qui  vont  suivre,  en  montrant  plus  spécialement  pour  le  génie 
littéraire    ce  qui,  dans  chacune  de  ces  étapes,  constitue  le  facteur 
auquel  se  rattachent  à  la  fois  la  splendeur  et  la  rareté  de  la  produc- 
tion. »  Les  auteurs  commencent  par  étudier  les  conditions  anatomo- 
physiologiques  de  la  création  littéraire.Tour  à  tour,  ils  examinent  les 
associations   verbo-seisitives,    l'attention,    le   rêve,  l'inspiration,   le 
rôle  des  excitants  (du  café  chez  Balzac,  de  l'alcool  chez  Edg.  Poë, 
lïoffnjann,  Verlaine,  Villon,   Rimbaud);  de  l'opium  (chez  Coleridge, 
Thomas  de  Quincey,  Stanislas  de  Guaita,  Laurent  Tailhade  )  ;  des 
maladies    générales    (tuberculose    chez    Samain,    Watteau,    Chopin, 
syphilis);  des  grandes  névroses  (chez  Dos toïewsky,  Flaubert,  Pascal, 
A.  de  Musset,  etc.);  du  fétichisme,  de  l'inversion  sexuelle;  de  la 
folie  (chez  Maupassant,  G.  de  Nerval,  Rousseau,  Nietzsche);  de  la 
dégénérescence.  Un  chapitre,  et  non  des  moins  curieux,  est  consacré 
à  établir  les  relations,  inattendues  pour  la  plupart,  qui  unissent  le 
génie  littéraire  et  l'instincl,  sexuel.  Par  suite,  il  y  aura  une  véritable 
«coloration»  sexuelle  des  œuvres  littéraires,  et  il  est  facile  de  constater, 
dans  la  forni3  de  l'extériorisation  psychique  constituant  la  poétique 
féminine,  quelque  chose  qui  la  diffi'^rencie  profondément  de  la  mani- 
festation correspondante  chez  l'homme.  La  poésie  chez  ce  dernier 
prend  les  caractères  généraux  d'un  instrument  de  conquête,  d'une 
parure;  elle  semble,  au  contraire,  chez  la  femme,  ne  traduire    que 
l'aspiration  générale   à  une  eurythmie   plus  complète.   En  résumé, 
pour  les  D''3  Rémond  et  Voivenel,  et  cette  définition  est  absolument 
neuve,  «  le  génie  littéraire  est  la  mmifestation  intellectuelle  la  plus 
haute  de  la  progénérescence  verbale  et  sexuelle  chez  l'homme  ».   Le 
lecteur  pourra  ne  pas  toujours  souscrire  çà  et  là  à  l'argumentation 
.  des  auteurs;  mais  il  ne  pourra  s'empêcher  de  reconnaître  malgré  les 
divergences   sur  tel   ou  tel   point,  tout  l'intérêt  que  présente  cette 
nouvelle  étude  psychologique. 

5.  —  L'ouvrage  que  le  Dr  R.  Dupouy  vient  de  consacrer  à  l'une  des 
plaies  qui  déciment  plus  spécialement  le  monde  colonial  :  Les  Opio- 
manes, mangeurs,   buveurs  et  fumeurs  d  opium,  vient  corroborer  les 
conclusions  de  l'étude  précédente  des  D^-J  Rémond  et  Voivenel.  Les 
Avril  1912.  T.  CXXIV.  20. 


—  ;mr>  — 

fumeries  d'opium  naguère  étaient  inconnues  en  France  ;  mais,  depuis 
la  conquête  de  l'Indo-Chine,  l'habitude  de  fumer  l'opium  contractée 
dans  ce  lointain  pays  par  quelques-uns  de  nos  fonctionnaires  civils, 
marins  ou  militaires,  a  été  importée  en  France.  Confinées  tout  d'abord 
dans  quelques  ports  méditerranéens,  elles  ont  formé ,  en  s'infiltrant  peu 
à  peu  et  sans  bruit  dans  les  grands  centres  et  la  capitale,  un  certain 
nombre  de  foyers  plus  ou  nioins  actifs.  Elles  ne  tarderont  pas  à 
constituer  pour  la  vitalité  de  la  nation  française  un  véritable  danger, 
au  même  titre  que  l'alcoolisme.  Aussi  le  D^  R.  Dupouy  a-t-il  cru  devoir 
jeter  un  cri  d'alarme;  son  travail  sera  d'autant  mieux  le  bienvenu, 
que,  s'il  existe  nombre  d'ouvrages  sur  la  morphinomanie,  il  n'en  est 
peut-être  pas  un  bien  sérieux  on  France  sur  l'opiomanie.  Après  avoir 
esquissé  l'historique  de  l'opium  et  la  psychologie  si  particulière  des 
toxicomanes,  il  donne  une  description  très  complète  et  très  détaillée 
des  diverses  étapes  de  l'empoisonnement  par  la  fumée  de  l'opium, 
description  basée  sur  nombre  de  cas  cliniques  à  la  fois  nets  et  précis. 
Il  a  été  amené  à  examiner  la  littérature  extra-médicale  de  l'opium 
et  à  faire  une  étude  médico-psychologique  des  quelques  opiomanes  de 
renom  :  Thomas  de  Quincy,Coleridge,  Baudelaire,  Barbey  d'Aurevilly, 
etc.  C'est  même  le  chapitre  le  plus  intéressant,  d'une  manière  géné- 
rale, de  tout  le  volume.  L'auteur  étudie  ensuite,  avec  force  détails,  les 
prétendues  jouissances  et  les  méfaits  trop  réels  de  l'opium.  11  analyse 
l'ivresse,  liturgique,  pourrait-on  dire,  et  raffinée,  provoquée  par  cette 
substance,  sa  rêverie  euphorique  et  immatérielle,  mais  passive  et 
stérile. Jl  dévoile  les  troubles  physiques  qu'elle  provoque  fatalement, 
et  met  à  nu  l'aboulie,  la  veulerie  et  la  perversité  morale  des  intoxi- 
qués chroniques  ;  il  montn^  leur  (^échéance  progressive  et  leur  lamen- 
table fin.  Car,  quoi  qu'on  en  ait  pu  dire,  l'ivresse  thébaïque  ne  surhu- 
manise nullement  l'individu;  elle  ne  libère  point  son  psychisme  de 
sa  lourde  gangue,  ne  l'allège  et  ne  le  sublime  pas  au  point  de  lui 
permettre  de  planer  dans  un  ciel  idéalement  lucide  pour  y  former  des 
rêves  créateurs  d'oeuvres  supérieures. Assurément,  les  fumeurs  d'opium 
éprouvent  des  sensations  de  bien-être,  et  une  sorte  d'éthérisation  et 
d'immatérialité  sereine;  et  quelques-uns  d'entre  eux,  mais  esprits 
supérieurs,  ont  pu  puiser  dans  leur  onirisme  toxique  (peut-être  malgré 
cela)  l'idée  plus  ou  moins  nette  de  quelqu'une  de  leurs  œuvres.  Mais, 
en  fait,  les  sensations  euphoriques  des  opiomanes  ne  sont  que  factices; 
si,  dans  les  débuts,  elles  peuvent  être  un  stimulant  de  l'esprit,  elles 
l'émgussent  à  coup  sûr  à  la  longue.  L'opium  est  donc  loin  d'être  un 
créateur  d'intelligence  et  de  voluptés  et  un  producteur  de  merveilles 
d'esprit  et  d'art.  Quant  à  la  fin  de  ceux  qui  se  sont  adonnés  à  cette 
fléplorable  manie,  elle  est  magistralement  décrite  dans  le  chapitre  qui 
a  pour  titre  :  «  Période  de  déchéance  ou  de  terminaison;  la  mort  des 


—  307  — 

fumeurs  d'opium.  »  Le  livre  du  D^"  Dupouy  vient  à  son  heure,  et 
nul  doute  qu'il  n'ait  une  influence  salutaire  :  c'est  une  œuvre  de  saine 
science  et  de  haut  patriotisme,  comme  le  dit  si  justement  le  profes- 
seur Régis  dans  une  très  intéressante  préface  placée  en  tête  du 
volume. 

6.  —  L'intention  première  de  M.  Caillet,  qui  nous  donne  aujour- 
d'hui son  Traitement  mental  et  culture  spirituelle,  avait  été  de  faire 
connaître  les  règles  à  suivre  pour  conserver  toute  la  vie  une  parfaite 
santé  tant  mentale  que  physique.  Mais  l'idée  que,  dans  notre  temps 
de  décadence  morale  et  matérielle,  l'être  en  parfaite  santé  n'existe 
pour  ainsi  dire  pas,  a  incité  l'auteur  à  faire  un  traité  complet  de 
guérison  psychique,  mettant  à  môme  un  chacun  d'acquérir  et  de  con- 
server le  bien-être  souhaitable  et  au  physique  et  au  moral.  Le  traité 
se  base  sur  quatre  méthodes  :  le  mesmérisme  ou  magnétisme,  l'hypno- 
tisme, la  suggestion  enfin,  ce  que  l'auteur  appelle  le  trpitement 
mental,  et  consistant  à  guérir  un  malade  présent  ou  absent  par  la 
seule  suggestion  mentale  télépathique.  M.  Caillet  se  réclame  de 
l'école  éclectique  de  la  philosophie  hindoue,  et  plus  particulièrement 
de  la  doctrine  professée  par  le  logi  Ramacharaka.  Il  croit  à  l'effica- 
cité de  sa  méthode,  efficacité  qui  serait  prouvée  actuellement  par  des 
milliers  d'observations  impossibles  à  nier.  Ces  observations  pourtant 
laissent  le  public  médical  sceptique,  et  il  est  peu  probable  que  les 
théories  de  M.  Caillet  fassent  beaucoup  d'adeptes. 

7.  —  Sous  le  titre  :  Hystérie  et  sainteté,  le  D^"  Lavrand  s'est  donné 
Ja  tâche  d'élucider,  en  une  substanitelle  brochure,  les  rapports  et  les 
différences  qui  peuvent  exister  entre  la  grande  névrose  et  cet  état  de 
perfection  mentale  qui  constitue  la  sainteté.  Ce  qu'est  l'hystérique, 
on  le  sait  fort  bien  :  il  offre  le  type  d'un  malade  dont  l'affection  cor- 
siste  en  des  troubles  à  la  fois  physiques  et  mentaux,  avec  réactions 
réciproques  des  uns  sur  les  autres.  La  sainteté  'n'est- elle  qu'une  des 
manifestations  de  l'hystérie,  ou  bien  y  a  t-il  antinomie  entre  le  psy- 
chisme du  saint  et  celui  de  l'hystérique?  L'état  de  ce  dernier  se  carac- 
térise, et  l'auteur  consacre  d'assez  longs  chapitres  à  le  démontrer, 
par  des  troubles  à  la  fois  physiques  et  psychiques.  Mais  la  perturba- 
tion fonctionnelle  du  système  nerveux  est  la  cause  initiale  du  mal  et 
les  altérations  qui  se  manifestent  sur  les  diverses  fonctions  organiques 
n'erî  sont  que  la  conséquence  plus  ou  moins  éloignée.  C'est  par  les 
troubles  psychiques  que  s'expliquent  le  rétrécissement  du  champ  de 
la  conscience,  les  amnésies  variables,  les  idées  fixes,  et  aussi  la  varia- 
bilité, la  bizarrerie  capricieuse  des  hystériques,  et  par  suite  l'aboulie 
ou  incapacité  de  poursuivre  un  but  déterminé.  Le  saint,  au  contraire, 
se  distingue  par  l'unité  de  sa  vie  psychique,  par  sa  persévérance, 
par  la  tension  permanente  de  son  activité  volontaire  et  consciente 


—  308  — 

vers  le  but  qu'il  sost  proposé.  En  somme,  loin  de  ressembler  à  l'hys- 
térique, il  présente  au  point  de  vue  psychique  des  caractères  diamé- 
tralement opposés;  et  les  résultats  surprenants  qu'il  réalise  par 
l'exercice  des  puissances  actives  de  son  être  en  font  un  surhomme, 
au  lieu  de  le  ranger  parmi  les  débiles  ou  les  malades  de  l'espèce  hu- 
maine. Telle  est  la  thèse  surabondamment  étayée  par  le  D^  La- 
vrand. 

8.  —  Le  D^"  F.  de  Grandmaison  a  eu  l'heureuse  pensée  de  publier, 
en  la  complétant  toutefois,  la  dernière  étude  laissée  inachevée  par  le 
regretté  D^  Lagrange  :  La  Fatigue  et  le  repos.  Par  un  contraste 
bizarre,  celui  qui  avait  consacré  toute  son  existence  à  prôner  l'exercice 
et  le  mouvement, même  chez  les  cardiaques,  devait  aussi  entreprendre 
un  travail  traitant  du  repos  et  l'on  peut  dire,  après  l'avoir  parcouru, 
que  le  sujet,  étudié  magistralement,  a  été  complètement  épuisé.  On 
retrouve,  dans  l'œuvre  posthume  du  D^  Lagrange,  la  clarté,  la  cons- 
cience, l'esprit  scientifique.  Certains  chapitres  sont  merveilleux  au 
point  de  vue  philosophique  et  psychologique,  tout  particulièrement 
ceux  qui  ont  trait  à  la  fatigue  cérébrale  et  au  surmenage  des  centres 
nerveux.  Et  l'élégance  de  la  forme  ne  le  cède  point  à  la  solidité  du 
fond,  qualité  qui  se  fait  de  plus  en  plus  rare  dans  la  littérature  médi- 
cale. 

9.  —  Le  volumineux  mémoire  de  M.  Fred  Vlès  :  Propriétés  optiques 
des  muscles.,  est  le  résumé  des  recherches  entreprises  par  l'auteur, 
durant  cinq  années  environ,  dans  divers  laboratoires,  mais  surtout  à 
la  station  biologique  de  Roscoff.  Étant  donnée  l'importance  prise  vis- 
à-vis  des  caractéristiques  moléculaires,  les  propriétés  optiques  des 
corps,  il  a  semblé  à  l'auteur  que  l'étude  systématique  des  propriétés 
similaires  du  muscle  devait  conduire  à  des  notions  indispensables  sur 
la  structure  de  cet  élément  et  sur  son  fonctionnement.  Le  présent 
volume  donne  le  résumé  des  recherches  faites  sur  le  muscle,  au  repos, 
en  extension  :  c'est,en  somme,roptique  statique  du  muscle.Il  est  divisé 
en  cinq  parties  :  dans  les  quatre  premières,  sont  passées  en  revue  et 
examinées  toutes  les  propriétés  optiques  fondamentales  du  muscle 
et  de  la  fibre  musculaire  :  l'absorption,  l'indice  de  réfraction,  les  ima- 
ges des  fibres  en  lumière  ultra  violette,  les  spectres  de  diffraction 
produits  par  les  stries,  la  structure  ultra  microscopique  de  ces  der- 
nières; et,  dans  la  quatrième  partie,  la  plus  étendue,  les  réactions  du 
muscle  en  lumière  polarisée.  Il  a  été  amené  à  critiquer  dans  cette 
partie,  à  la  suite  d'une  longue  série  d'expériences,  la  célèbre  théorie 
d'Engelmann  sur  les  rapports  entre  la  contractilité  et  la  biréfringence, 
et  ihontré  que,  dans  les  divers  éléments  contractiles,  il  est  préférable 
de  ne  pas  admettre  la  généralité  de  la  relation  démontrée  comme 
vérité  par  le  grand  physiologiste.  Enfin,  dans  une  cinquième  et  der- 


-  309  — 

nière  partie,  M.  Vlès  a  condensé  les  principaux  résultats  que  l'étude 
de  l'optique  musculaire  peut  apporter  à  la  connaissance  de  la  struc- 
ture du  muscle  et  émis  une  théorie  de  la  striation.  ■  '' 

10.  —  11  y  a  déjà  quelques  années  que  la  librairie  Poinat  a  entre- 
pris la  publication  de  petites  monographies  pathologiques  ou  théra- 
peutiques sous  le  titre  général  :  Consultations  médicales  françaises. 
Nous  ne  pouvons  que  signaler  aux  médecins  l'utilité  de  ces  plaquettes, 
rédigées  d'une  manière  essentiellement  pratique  et  consacrées  à  la 
description  et  au  traitement  des  maladies  que  l'on  rencontre  le  plus 
souvent  dans  la  clientèle  journalière.  Parmi  les  dernières  mises  au 
jour  figurent  :  Diagnostic  et  traitement  de  Vadénopathie  trachéo-bron- 
chique  chez  l'en  font,. du  D^"  Armânà-DeMUe-^  V  Alimentation  rationnelle 
du  nourrisson,  du  D^  Terrien;  les  Acnés  et  leur  traitement,  d\\  D^  Paul 
Gaston,  et  le  Traitement  des  conjonctivites,  du  D'"  F.  Terrien. 

M  et  12.  —  La  chimie  biologique  tend  à  prendre  une  place  de  plus 
en  plus  grande  dans  la  thérapeutique,  à  laquelle  elle  fournit  des  médi- 
caments tirés  de  l'organisme  lui-même.  C'est  à  deux  d'entre  eux  que 
les  prof.  G.  Lemoine  et  E.  Gérard  consacrent  une  courte,  mais  subs- 
tancielle  monographie  :  Lipoïdes  et  paratoxine.  Les  lipoïdes  sont  les 
parties  constitutives  des  cellules  extraites,  soit  par  l'éther,  soit  par  les 
autres  dissolvants,  des  corps  gras.  On  leur  reconnaît  la  propriété  de 
provoquer  dans  l'organisme  la  formation  d'anticorps,  et  certains 
d'entre  eux  jouissent  de  propriétés  antitoxiques  indéniables,  action 
susceptible  de  s'exercer  aussi  bien  sur  les  poisons  minéraux  et  orga- 
niques que  sur  les  poisons  d'origine  microbienne  et  qui  est  analogue 
à  celle  des  antitoxines  proprement  dites.  Partant  de  cette  constata- 
tion et  de  l'atténuation  exercée  par  les  extraits  biliaires  mis  en  pré- 
sence de  la  tuberculine,  le  prof.  Lemoine  a  imaginé  un  traitement  de 
la  tuberculose,  basé  sur  l'absorption  sous  diverses  formes  de  ces 
mêmes  extraits,  auxquels  il  a  donné  le  nom  de  paratoxine.  Malheu- 
reusement on  ne  peut  rien  conclure,  en  ce  qui  concerne  l'effet  sur 
l'organisme  d'une  antitoxine  quelconque,  d'expériences  préalables 
in  vitro,  et  quant  à  la  paratoxine  elle-même,  si  elle  ne  paraît  pas 
dénuée  d'une  certaine  activité  thérapeutique,  elle  est  loin  de  produire 
d'aussi  bons  résultats  que  le  prétend  l'auteur  de  l'opuscule.  Mais,  en 
présence  d'une  affection  aussi  grave  et  aussi  rebelle  que  la  tubercu- 
lose, aucun  moyen  n'est  à  négliger,  et,  dans  certains  cas,  trop  rares 
malheureusement,  la  paratoxine  a  paru  réussir.  —  L'ouvrage  du 
Dr  Hartenberg  :  Traitement  des  neurasthéniques  est  le  complément 
naturel  de  celui  que  le  même  auteur  faisait  paraître  naguère  sous 
le  titre  :  Psychologie  des  neurasthéniques.  L'auteur  commence  par 
établir  d'abord  la  physionomie  clinique  de  l'affection  devenue  si 
commune  de  nos  jours.  Qu'est-ce  qu'un  neurasthénique?  Pourquoi 


—  310  — 

devient-on  neurasthénique?  Comment  distinguer  les  neurasthéni- 
ques des  malades  atteints  d'autres  névropathies?  Telles  sont  les  ques 
lions  primordiales  traitées  au  début  de  l'ouvrage  et  dont  la  solution 
permettra  au  médecin  d'instituer  une  thérapeutique  appropriée. 
M.  Hartenberg  expose  avec  le  plus  de  détails  possibles  toutes  les  res- 
sources dont  on  dispose  pour  combattre  les  causes,  les  symptômes  les 
complications  ou  les  manifestations  disparates  de  la  névrose,  et  il 
indique  également  la  meilleure  ligne  de  conduite  à  suivre  pour  en 
obtenir  la  guérison. 

13.  —  II  y  a  déjà  près  de  deux  ans  que  s'est  tenu  à  Paris  le  Con- 
grès des  typhlophiles  et  exposition  de  la  préseri)ation  de  la  cécité.  MM.  G. 
et  L.  Bonjean  viennent  de  publier  le  Compte  rendu  des  travaux  de  ce 
congrès,  qui  a  été  un  véritable  événement  dans  l'histoire  des  aveugles. 
On  y  trouvera  nombre  de  rapports  ayant  trait  à  l'amélioration  mo- 
rale, physique  et  même  sociale  des  malheureux  privés  du  sens  de  la 
vue.  Nous  signalerons,  entre  autres,  ceux  de  M.  L.  Mirman  :  La  Loi 
du  22  juillet  1905  et  l'assistance  aux  aveugles;  de  M.  Gilles  :  De 
1  Education  des  jeunes  aveugles  dans  les  écoles  maternelles 
spéciales  ;  du  D""  Valude  :  La  Cécité  causée  par  l'ophtalmie  des 
nouveau-nés  et  les  moyens  de  la  combattre;  du  D^"  Truc  :  L'Inspec- 
tion oculistique  des  écoles  et  la  préservation  de  la  cécité;  de  M.  Boyer  : 
L'Assistance  aux  aveugles  par  le  travail  et  les  ateliers  régionaux;  de 
M.  Lafontaine  :  Les  Asiles  pour  l'hospitalisation  des  aveugles  inca- 
pables d'un  travail  utile;  du  D^^Motais  :  Préservation  de  la  cécité;  du 
Di"  Cazalès  :  Les  Difficultés  de  l'assistance  aux  aveugles  ;  du 
D'^  Gaupillat  :  De  la  Société  du  patronage  des  aveugles  du  Nord;  etc., 
etc.  A  la  suite  du  compte  rendu  des  communications,  se  trouvent 
douze  appendices  portant  sur  des  sujets  aussi  intéressants  que  ceux 
qui  ont  été  traités  au  congrès  lui-même,  et  l'énumération  des  vœux 
émis  dans  le  but  d'assurer  aux  aveugles  «  ce  à  quoi  ils  ont  droit, 
c'est-à-dire  la  jouissance  de  tous  les  droits  des  voyants.  » 

14.  —  L'opuscule  de  M.  E.  Fleurent  :  Le  Pain  de  froment,  a  pour 
but  de  «  faire  connaître  le  produit  qui  sert  de  base  à  l'alimentation 
française  et  de  définir  la  valeur  économique  de  la  qualité  de  pain 
qu'elle  réclame  impérieusement.  »'  On  sait  que  les  préoccupations 
dans  la  meunerie  et  la  boulangerie  ont  visé  presque  de  tout  temps  à 
la  production  d'une  farine  de  plus  en  plus  blanche,  et  par  conséquent 
d'un  pain  équivalent  en  blancheur.  Est-ce  à  dire  malgré  tout,  comme 
le  croit  l'auteur  de  l'ouvrage,  que  plus  le  pain  est  blanc  et  plus  il  est 
nourrissant?  Assurément,  la  polémique  qui  s'est  élevée  naguère  entre 
les  partisans  du  pain  blanc  et  ceux  du  pain  complet  n'était  pas 
exempte  d'un  parfait  désintéressement  ;  et  même,à  ce  qu'affirment  des 
savants  bien  informés,les  lances  que  l'on  a  rompues  en  faveur  du  pain 


—  311  — . 

complet  n'avaient  d'autre  but  que  d'aider  quelques  sémites  de  mar- 
que à  écouler  sur  le  marché  français, et  notamment  le  marché  parisien, 
des  blés  étrangers  avariés  dans  leur  transport  par  mer.  Il  est  ceitain 
que  plus  la  farine  contient  de  gluten  et  moins  elle  est  blanche;  et 
le  pain  bis  «loyal  »  restera,  malgré  les  assertions  de  l'auteur,  le  painHe 
plus  nourrissant,  le  pain  hygiénique  par  excellence. 

15  et  16.  —  Depuis  quelques  années,  grâce  à  l'initiative  prise  par 
plusieurs  commandants  de  corps,  il  a  été  fait  diverses  tentatives 
sérieuses  contre  l'alcoolisation  des  recrues  dans  les  cantines  régi- 
mentaires.  Malheureusement  ces  mesures,  ainsi  que  les  conférences 
antialcooliques,  ne  se  sont  pas  généralisées,  et  elles  sont  restées  à  l'état 
d'exceptions.  Le  commandant  Ordioni  a  cru  bon  d'intervenir  dans  la 
lutte  par  la  publication  d'une  conférence  très  documentée  qu'il  faisait 
naguère  sur  le  sujet  :  L'Alcoolisme  dans  les  armées.  On  ne  saurait 
trop  recommander  la  diffusion  de  cet  excellent  opuscule.  —  Les 
lecteurs  du  Polybiblion  ont  pu  lire  ici  même,  il  y  a  quelque  deux 
ans,  un  compte  rendu  de  la  brochure  :  Portez-vous  bien  !  du  docteur 
Terwagne,  dont  la  librairie  Giard  et  Brière  publie  la  quatrième  édi- 
tion. Ces  notions  élémentaires  d'hygiène  populaire  et  rationnelle, 
écrites  dans  un  style  simple  et  terre  à  terre,  ne  pourront  que  faire 
du  bien  dans  le  milieu  auquel  elles  s'adressent  tout  spécialement.  On 
pourrait  bien  contester  ou  critiquer  quelques-unes  des  assertions 
émises;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  l'ouvrage  est  écrit  sans  au- 
cune prétention  scientifique  et  qu'il  s'adresse  surtout  aux  classes 
populaires. 

17.  —  Nous  terminerons  cette  revue  d'ouvrages  biologiques  ou 
médicaux  en  signalant  aux  médecins  sociologues  la  brochure  du 
D^"  Xercavins  :  Nervosismo  social,  quoiqu'elle  vise  exclusivement 
l'Espagne.  L'auteur  y  étudie  les  causes  du  malaise  social  dont  souffre 
aujourd'hui  cette  nation,  et  il  estime  que  l'éducation  des  volontés 
aveulies  est  une  force  médicatrice  suffisante  pour  relever  les  énergies 
de  la  patrie,  et  tirer  celle-ci  de  la  neurasthénie  qui  la  déprime  et 
qui  a  pour  cause  primordiale  une  affection  semblable  des  individus 
et   des   familles.  D^"   L.    de    Sainte-Marie. 


GÉOGRAPHIE  —  VOYAGES 

1.  Atlas  universel  de  géographie.  Ouvrage  commencé  par  Vivien  de  Saint-Marti» 
et  continué  par  Fb.  Scnn\Dr,r..  N'  55.  Indo-Chine.  Pnri«,  Hachette,  1911,  une 
feiiille  in-folio,  2  fr.  —  2.  Atlas  univev^d  de  géographie.  Ouvrnge  commencé  par 
Vivien  de  Saimt-Martin  et  continué  par  Fr.  Schrade^.  N"  50.  Arabie.  Paris, 
Hachette,  1911.  i  ne  feuille  in-folio,  2  fr.  —  3.  U  Année  cartographique.  Supplé- 
ment annuel  à  toutes  l^s  publications  de  géographie  et  de  cartographie,  dressé 
et  rédigé  sous  la  direction  de  Fr.  Scuradrr.  Paris,  Hachette,  l9ll,  3  feuilles  in- 
folio avec  texte  explicatif  au  dos,  3  fr.  —  U.  La  Sismologie  moderne.  Les  Tremble- . 


—  312  — 

nierUf:  de  terre,  p;>r  le  ''omte  pe  Mo\  rrssis  m;.;  Pai.lohk.  r-aiis,  (  ulin,  19!  1,  in-8 
de  XX -284  p.,  avec  63  fig.  et  '(;  planches  de  reproductions  {ihotograj-hiques  et 
1  Ciirtes  hors  texte.  4  h;  —  5  ttla-:  p-itore'qiie  dt  (a  Frn-nre.  Recueil  de  vues 
gi'.ngrp.phiques  et  pittoresnues  de  tous  les  d'^partements,  accompagnées  de  notices 
gé(  graphioups  et  de  ii'gendes  explicatives  par  0\éstmf.  Rfclis.  Tume  11.  P.-ris, 
Atlinger  fr.^res,  s.  d.  [1911],  in  '<  dp  6o9  p.,  49  'r.  —  6.  Cuides  artistiques  et 
pittoresques  des  pays  de  Frante.  J <i  Basse-Norn^andie,  par  L.  Dimter  et  R.  Go- 
BII.LOT.  Paris,  Pelagrave,  s.  d.  [!9]?].  in-16  de  vn-.ro9  p.,  avec  plans  dans  le 
texte  et  carte  hors  texte,  5  fr.  —  7.  Pans  In  vaWe  de  Celles.  Souvenirs  d'une 
colonie  de  vacances,  par  A.  l-Mtoprc.  Paris,  }iloud,  1911,  in-16  de  xvi-2i3  p., 
3  fr.  .'■0.  —  8.  Éludes  de  g  o graphie  phi/sinue  sur  le  canton  de  Fribourg.  Fribourg 
(Suisse),  irap.  Fragnii're,  19!0,  in-8  de  x\xv-199  p..  avec  71  ^ig.  et  12  planches, 
8  fr.  --  9.  Promenades  italiennes.  Païenne,  Syra-'use,  Naples,  Rivenne,  Capri, 
Ca<!teldcln)onte,  Sabine  et  Ombrie,  par  F.  Grkgoi  oviits;  ada]jté  de  l'allemand  par 
W""^  JEA^  Carrfre.  Paris,  Pion  Nourrit,  s.  d.  [^911],  in  16  de  337  p.,  3  fr.  50. 
~  10.  La  Tripolitaine  d'hier  et  de  den.ain,  par  H. -M.  r^E  MATuuisiElax.  Paris, 
Hachette,  1912,  in-16  de  vin-222  p.,  avec  52  grav.  hors  texte  et  2  cartes,  4  fr. 
—  11.  Voyage  dans  l'Eubce,  les  Ues  Ioniennes  et  les  ('yclade<:  en  I8'i1,  par  Ale- 
xandre Buclon,  puMié  pour  la  première  fois  par  Jean  I.ongnon,  Paris,  Êmile- 
Paul,  1911,  in-8  de  i.xfv-293  p.,  avec  portrait,  7  tr.  .50.  -  12.  Jérusalem  hier  et 
aujourd'hui  Note?  de  voyage,  par  1p  marf.uis  pe  VoctjÉ.  Paris,  Plon-Nourrii,  1912, 
in-8  de  109  p.,  2  fr.  —  13.  Les  Boyaumes  des  neiges  (É'ats  himalaycni),  par  Char- 
i.Es-EuDES  PoNiN.  Paris,  (  olin,  1911,  in-18  de  x-o06  p.,  avec  3  cr.rtes  dans  le 
texte  et  16  planches  photographiques  hors  texte,  4  ir.  -  14.  Ze  ics,  par  Lucien 
i)E  Reinach.  Edition  posthume,  revue  et  mise  à  jour  par  P.  (.hemin  Dipontis. 
Paris.  Ouilmoto,  s.  d.  [1911],  in-8  de  vti-39  '  p  ,  avec  carie,  7  fr.  50. —  15.  Mission 
d'Ollone,  1906-1909.  Becherrltes  su-  les  musulmans  r}.in(iu-,  par  le  commandant' 
d'OLLONF,  le  capitaine  riE  Fleurelle,  le  «"ayiitaine  Lep\'îe,  le  lieutenant  de 
Bowe;  études  de  A..  Vissièrf,  notes  de  E.  Blochet  et  de  divers  savants.  Paris, 
Leroux,  1911,  in-4  de  xii-'7i  p.,  avec  91  nhotfigraphies,  estim pages,  cartes  et 
une  carte  hors  texte,  15  'T.  —  lo.  Pes  Éinis-Vr.is  du  Mexique,  par  le  comte 
Maurice  de  Pérignv.  Paris,  Ouilmoto,  s.  d.  n9î2),  in-8  de  x-310  p.,  avec  cirte, 
5  fr.  50.  —  M.  L' Assaut  du  pôle  sud,  par  l'abbé  Th.  Moheux.  Paris,  Jouve,  1911, 
in-18  de  223  p.,  avec  cartes  et  grav.,  1  fr.  50. 

1  et  2.  —  Chacune  des  deux  feuilles  de  VAtlas  universel  de  géo- 
graphie que  nous  signalons  aujourd'hui  présente  un  très  vif  intérêt, 
mais  d'un  genre  différent.  L'une,  le  n^'  55,  qui  donne  le  figuré  des 
connaissances  acquises  sur  l' Indo-Chine  il  y  a  un  an  maintenant, 
nous  touche  surtout  au  point  de  vue  colonial;  on  y  rencontre  en  effet^ 
àréchelle  du  1  :  1.000.000,  une  excellente  mise  au  point  des  travaux 
les  plus  autorisés  et  les  plus  récents,  non  seulement  sur  notre  empire 
colonial  d'Extrême-Orient,  mais  aussi  sur  les  régions  voisines,  sur  les 
provinces  chinoises  qui  rentrent  dans  notre  sphère  d'influence,  sur 
le  Siam,  et  aussi  sur  la  Birmanie  anglaise.  Rien  de  plus  éloquent  que 
le  contraste  présenté  sur  cette  carte,  qu'ont  soigneusement  dressée 
MM.  E.  Giffault  et  D.  Aïtoff,  par  les  parties  montagneuses  de  la 
péninsule,  la  Birmanie,  le  Tonkin,  la  côte  d'Annam,  avec  les  terri- 
toires du  centre,  ceux  que  drainent  le  Mékong  et  la  Ménam;  jamais 
encore  nous  n'avions  eu  occasion  de  le  voir  si  bien  figuré,  si  éloquem- 
ment  présenté;  et  il  est  juste  d'en  féliciter  les  auteurs  de  la  carte, 
comme  aussi  l'habile  graveur  Delaune,  qui  a  si  fidèlement  rendu  le 
dessin  de  MM.  Giffault  et  Aïtoff. — Avec  les  pays  relativement  si  con- 


—  313  — 

nus  de  l'extrême  sud-est  de  l'Asie,  contrastent  ceux  de  l'extrême 
sud-ouest,  figurés  à  la  même  échelle  sur  la  feuille  n°  50  du  même 
Atlas,  la  feuille  d'Arabie.  «  Quel  état  et  quel  état  !  »  dirions-nous 
volontiers  avec  Bossuet,  mais  dans  un  tout  autre  sens,  en  comparant 
les  deux  cartes.  Ici  c'est  la  vie,  et  là  nous  trouvons  la  mort,  c'est-à- 
dire  le  désert  à  peu  près  impénétrable  et...  l'ignorance  totale  de  la 
véritable  configuration  du  pays.  Seules,  les  côtes  sont  connues,  et  la 
précision  des  détails  de  leur  tracé  contraste  avec  le  blanc  de  l'inté- 
rieur, qui  s'avance  parfois  jusqu'à  quelques  kilomètres  seulement  des 
rivages.  Voilà  ce  qui  ressort  de  l'examen  de  cette  carte,  qui  n'offri- 
rait qu'un  intérêt  purement  scientifique  si  elle  ne  contenait,  en  même 
temps  que  le  bassin  du  golfe  Persique,  tout  l'ensemble  de  cette  Mer 
Rouge,  où  opère  une  flotte  italienne.  A  la  guerre  italo-turque,  par 
conséquent,  une  carte,  dont  il  semblerait  que  les  seuls  géographes 
allaient  se  préoccuper,  doit  un  intérêt  tout  à  fait  inattendu  d'actua- 
lité. 

3.  -  Cet  intérêt  d'actualité,  peu  de  cartes  le  présentent  parmi  celles 
que  contient  la  21^  livraison  de  l'Année  cartographique?  Je  ne  le  trouve 
guère  qu'à  la  carte  du  Paraguay  établie,  sur  la  feuille  d'Amérique, 
d'après  les  travaux  de  Félix  Ladouce,  et,  à  la  rigueur,  au  tracé  de 
la  frontière  franco-libérienne  d'après  les  opérations  de  la  commission 
de  délimitation  de  1908-1909.  Tous  les  autres  documents  réunis  sur 
les  trois  feuilles  de  notre  fascicule  sont  d'ordre  exclusivement  scienti- 
fique; citons  parmi  eux  les  croquis  se  rapportant  à  l'Arabie  du  nord- 
est,  au  Turkestan  chinois  et  au  Xan-sou,  à  la  Mongolie,  à  la  Chine 
occidentale  et  au  Thibet  oriental  où  sont  reportés  les  itinéraires  du 
capitaine  Leachman,  du  D^  Stein,  de  l'expédition  Kozloff,  de  M.  J. 
Bacot,  etc.,  en  Asie;  —  la  carte  du  Sahara  central  d'après  N.  Villatte 
et  celle  du  Kordofan  d'après  les  travaux  anglais  les  plus  récents  ; 
—  dans  l'Amérique  du  sud,  un  tracé  du  Rio  Uaupès,  dans  le  bassin 
septentrional  de  l'Amazone,  d'après  le  levé  de  M.  Hamilton  Rice,  et 
une  fort  belle  carte  de  la  Bolivie  septentrionale  et  du  Matto  Grosso. 
Dues  à  MM.  Bonnesseur,  Chesneau  et  Huot,  ces  trois  feuilles  de 
V Année  cartographique  ont  leurs  divers  tracés  établis  à  des  échelles 
très  différentes,  variant  du  1  :  10.000.000^  au  1 :  1.750.000^  ; 
fort  heureusement  un  croquis  d'ensemble  permet,  sur  chaque  feuille, 
de  replacer  à  une  même  échelle  chaque  carte  là  où  elle  doit  être,  et 
un  texte  bref,  mais  substantiel,  en  fait  ressortir  l'intérêt  particulier... 
Non  moins  que  les  fascicules  précédents,  par  conséquent,  le 
nouveau  fascicule  de  l'Année  cartographique  mérite  qu'on  lui  fasse 
bon  accueil. 

4.  —  En  France,  le  nom  du  comte  de  Montessus  de  Ballore  est 
tellement  identifié  à  la  sismologie  qu'on  a  peine  à  se  figurer  une 


—  314  —  • 

publication  ayant  trait  à  la  science  des  tremblements  de  terre  et  non 
signée  du  savant  directeur  du  service  sismologique  de  la  république 
du  Chili.  Voici  un  livre  qui  corroborera  encore  cette  opinion,  un 
petit  volume  qui  présente  un  résumé,  dépourvu  de  tout  appareil 
critique,  des  deux  gros  ouvrages  antérieurement  publiés  par  Tauteur 
et  qui  expose  de  la  manière  la  plus  claire  et  la  plus  vivante  l'état 
actuel  de  la  science  au  sujet  de  ces  phénomènes  troublants  entre  tous 
que  sont  les  tremblements  de  terre.  La  Sismologie  moderne,  tel  est  le 
titre  de  ce  livre  dont  l'auteur  a  parfaitement  défini  le  caractère 
quand  il  l'a  dit  «  débarrassé  de  tous  les  détails  sans  importance,  ou 
dont  l'interprétation  est  encore  discutable.  »  En  veut-on  la  preuve? 
Qu'on  ouvre  le  nouveau  volume  de  l'éminent  spécialiste,  qui  consacre 
encore  aujourd'hui,  dans  un  pays  comptant  parmi  les  plus  ébranlés 
du  globe,  tous  ses  instants  à  l'étude  des  tremblements  de  terre;  qu'on 
lise,  en  réfléchissant  un  peu,  la  table  des  matières  !  L'ordre  logique, 
d'une  logique  impeccable,  dans  lequel  sont  traités  les  différents  sujets, 
—  depuis  le  caractère  périodique  du  mouvement  sismique  jusqu'aux 
effets  des  tremblements  de  terre  sur  les  constructions  et  les  moyens 
d'y  remédier,  —  apparaît  immédiatement  à  l'esprit;  et  si,  muni  de 
ce  «  fil  d'Ariane  «  qui  constitue,  pour  tout  livre  bien  ordonné,  la 
connaissance  de  sa  table  des  matières,  on  se  met  à  lire  la  Sismologie 
moderne,  comme  tout  l'exposé  de  M.  de  Montessus  de  Ballore  paraît 
clair  et  rapide,  comme  parfois  on  en-  vient  à  regretter  sa  brièveté 
voulue  !  Il  est  impossible  de  ne  pas  être  ému  par  la  grandeur  des 
horizons  que  dévoile  ce  court  ouvrage,  où  l'auteur  montre  avec  force 
que  la  cause  des  mouvements  agitant  l'écorce  terrestre  réside  dans 
son  épaisseur  même,  et  non  en  dehors;  il  est  impossible  de  ne  pas 
s'intéresser  aux  brefs  chapitres  consacrés  à  la  géographie  sismique  et 
volcanique,  à  l'étude  des  tremblements  de  terre  ressentis  en  France 
et  dans  les  colonies  françaises,  à  tant  d'autres  questions  passion- 
nantes... De  superbes  illustrations,  vraiment  parlantes, -des  carte» 
d'une  grande  lisibilité  et  portant  chacune  son  enseignement,  accom- 
pagnent cet  excellent  ouvrage  de  vulgarisation,  écrit  par  un  maître 
ès-science  sismologique. 

5.  —  Le  dernier  volume  de  V Atlas  pittoresque  de  la  France  montrera- 
t-il  les  effets,  en  Haute- Savoie,  des  tremblements  de  terre  qui  s'y 
font  sentir  parfois  avec  quelque  intensité?  Nous  ne  le  pouvons  pas 
dire;  du  moins  devons-nous  constater  que  le  tome  II  de  ce  bel  ou- 
vrage n'est  pas  pour  satisfaire  notre  curiosité  à  cet  égard.  Aucun  en 
effet  des  départements  qui,  dans  l'ordre  alphabétique,  depuis  le  Finis- 
tère jusqu'au  Nord  inclusivement,  y  passent  successivement  sous  nos 
yeux,  n'appartient  aux  régions  les  plus  secouées  de  notre  pays.  Mai», 
par  contre,  queïle  emple  matière  à  constatations  de  toute  nature  que 


;—  315  - 

la  simple  inspection,  même  peu  attentive,  de  cet  album  !  Nous  regret- 
tions naguère  que  l'Atlas  pittoresque  de  la  France  eût  été  conçu  dans 
l'ordre  alphabétique  et  nous  estimions  ce  plan  antigéographique; 
nous  le  tenons  encore  pour  tel....  Mais  force  nous  est  bien  de  recon- 
naître, après  de  multiples  expériences,  que  l'ordre  alphabétique 
présente  quelques  avantages;  non  seulement  il  évite  une  certaine 
monotonie,  mais  par  la  violence  et  la  brutalité  des  contrastes  entre 
deux  départements  que  les  hasards  de  l'alphabet  font  voisiner  (la 
Haute-Loire  et  la  Loire-Inférieure,  par  exemple,  ou  encore  le  Jura  et 
les  Landes),  ou  bien  encore,  parfois,  entre  deux  cantons  d'un  même 
arrondissement,  il  frappe  l'esprit  de  l'observateur  le  moins  attentif, 
il  stimule  sa  curiosité,  il  l'amène  à  se  poser  des  questions,  à  ouvrir 
un  dictionnaire,  une  géographie,  parfois  même  à  aller  plus  loin. 
Ainsi,  au  point  de  vue  pédagogique,  notre  ouvrage  possède,  grâce  à 
son  absence  même  de  système,  une  vertu  très  efficace;  et  que  dire 
d'autre  part  de  la  valeur  de  l'enseignement  qui  se  dégage  d'une  étude 
plus  attentive,  vraiment  systématique,  de  telle  ou  telle  figure  parti- 
culière? Les  phénomènes  d'érosion,  les  méandres,  les  gorges  sont 
représentés  dans  ce  volume  par  des  gravures  vraiment  "  admirables  ; 
ailleurs  je  trouve  des  sculptures  préhistoriques,  des  reproductions  de 
monuments  romans  ou  gothiques  de  toute  beauté;  ailleurs  encore  des 
types  humains,  des  costumes,  des  scènes  de  mœurs;  tout  cela  constitue 
un  ensemble  plein  de  vie,  de  variété,  de  pittoresque,  qui  ne  cesse  de 
présenter  l'attrait  de  la  nouveauté.  Aie  feuilleter,  comme  à  entendre 
conter  Peau-d'Ane,  on  ne  pourra  que  prendre  un  plaisir  extrême. 

6. —  A  côté  de  cet  intéressant  album,  il  est  bon  de  consulter  diffé- 
rentes sortes  d'ouvrages,  des  géographies,  des  «  guides  «,  des  mono- 
graphies historiques,  archéologiques,  décrivant  l'état  présent  et 
étudiant  l'état  passé  des  différentes  parties  de  notre  pays.  On  fera 
bien,  parmi  ces  livres,  d'assigner  une  place  d'honneur  à  la  Basse- 
Normandie  de  MM.  L.  Dimier  et  R.  Gobillot,  le  volume  par  lequel 
débute  une  nouvelle  collection  de  Guides  artistiques  et  pittoresques  des 
pays  de  France  qui,  à  en  juger  par  ce  spécimen,  portera  surtout  son 
attention  sur  les  richesses  artistiques  que  possède  encore  en  si  grande 
abondance  notre  beau  pays.  Sans  doute,  le  côté  pittoresque  n'est  pas 
absolument  négligé;  il  nous  a  paru  toutefois  un  peu  sacrifié.  On  peut 
s'en  rendre  compte  dès  la  première  page,  où  l'on  cherchera  vainement 
une  définition  de  la  Basse- Normandie  et  quelques  chiffres  qui  n'eus- 
sent pas  été  absolument  inutiles;  quant  au  côté  «  géographie  pure  »,  il 
est  systématiquement  laissé  de  côté.  Remarquorîs-le,  puisque  les 
auteurs  n'ont  pas  pris  soin  de  le  faire  remarquer,  et  ajoutons  que  ce 
guide  ne  saurait  suffire  à  lui  seul  à  un  voyageur,  mais  doit  être  em- 
porté comme  complément  d'un  Baedeker  ou  d'un  Joanne,  car  on  n'y 


—  316  — 

rencontre  aucune  indication  sur  les  voies  d'accès  en  Basse- Normandie, 
sur  les  chemins  de  fer,  les  hôtels,  etc.  Ainsi  le  côté  pratique  n'existe 
pas;  mais,  par  contre,  quelle  iouk  de  renseignements  précis  en  ma- 
tière historique  et  artistique  !  Ces  renseignements  sont  présentés  de 
manière  très  alerte,  très  vivante,  parfois  un  peu  maniérée,  mais 
toujours  agréable.  Nous  aimerions  en  donner  une  idée  en  citant 
quelques  courts  extraits  des  descriptions  si  abondantes  contenues 
dans  la  Basse-Normandie;  bornons-nous,  puisqu'il  faut  y  renoncer 
faute  de  place,  à  signaler  comme  particulièrement  intéressante  celle 
de  la  foire  de  Guibray  (p.  70-72,  avec  plan)  et  finissons  en  souhaitant 
que  les  auteurs  ne  nous  fassent  pas  longtemps  attendre  le  frère  de  ce 
volume,  le  guide  de  la  Haute-Nouiiandie. 

7.  —  Si,  de  la  Normandie,  nous  passons  en  Lorraine,  il  nous  faudra 
aller  visiter,  au  pied  du  Donon,  un  des  plus  charmants  coins  de  la 
France  de  l'Est,  la  vallée  de  Celles.  Pour  y  excursionner,  prenez 
comme  guide  M.  l'abbé  A.  Laroppe,  ou,  à  son  défaut,  le  joli  volume 
qu'il  vient  de  publier  sous  ce  titre:  Dans  la  vallée  de  Celles. Ce  n'est  pas 
seulement  l'histoire  d'une  colonie  de  vacances  (organisée  durant  un 
tout  récent  été  pendant  quinze  jours  en  plein  cœur  des  Vosges),  de  sa 
vie  matérielle  et  morale,  de  ses  excursions,  de  ses  admirations  et 
parfois  —  à  cause  du  mauvais  temps  —  de  ses  déceptions;  c'est  en- 
core un  véritable  guide,  et  un  excellent  guide,  dans  les  coins  et  les 
recoins  d'une  vallée  que  l'auteur  connaît  admirablement  et  dont  il  parle 
avec  amour,  et  qu'il  inspire  le  désir  de  parcourir  tout  entière.  Sans 
doute  y  trouvera-t-on  parfois  des  expressions  un  peu  déconcertantes 
(lorsque,  par  exemple,  M.  A.  Laroppe  parle  de  la  «  science  pédolo- 
gique »  des  collégiens  de  Saint-Pierre  Fourier,  ses  collaborateurs,  à  la 
page  11,  ouenj3ore  à  la  page  186,  du  rocher  de  Dabo  comme  d'une 
«  sorte  de  crayon  de  sanguine  écrivant  sur  le  vélin  du  ciel»,  etc.); mais 
qu'importe?  Voilà  le  livre  avec  lequel  il  faut  pénétrer  dans  la  vallée, 
avec  lequel  il  faut  visiter  ce  coin  des  Vosges,  dont,  dès  le  début, 
M.  Madelin  vante  les  charmes  avec  tant  d'enthousiasme.  «  Cette 
vallée  de  Celles,  déclare-t-il,  je  l'ai  vue  sous  tous  ses  aspects.  De 
longues  semaines,  je  la  contemple  toute  verte  de  sa  parure  d'éme- 
raude,  lorsque,  sur  le  fond  sombre  des  sapins,  nos  arbres  feuillus 
mettent  des  moires  claires;  je  l'ai  vue  aussi  se  vêtir  au  printemps  des 
fleurs  de  ses  arbres  fruitiers;  je  l'ai  vue  couverte  de  neige  lorsque 
les  traîneaux  circulent  sur  la  route  du  Donon  entre  ces  sapinières  où 
chaque  arbre  semble  un  énorme  joyau  d'argent  ciselé....  Et, sous  ses 
parures  diverses,  la  vallée  m'a  paru  toujours  belle.  »  Résisterons-nous 
à  un  langage  si  engageant?  et  n'irons-nous  pas,  nous  aussi,  en  partant 
de  Raon-1'Étape,  voir  la  vallée  de  Celles  à  l'une  au  moins  des  diffé- 
rentes saisons  de  l'année?  MM.  Madelin  et  Laroppe  m'ont  convaincu, 


.-  317  — 

pour  ma  part;  ils  m'ont  inspiré  le  plus  vif  désir  d'aller  excursionner 
dans  leur  coin  de  Lorraine,  et  non  seulement  sous  leurs  auspices,  mais 
aussi  en  leur  compagnie. 

8.  —  C'est  également  en  compagnie  des  auteurs  des  Études  sur  le 
canton  de  Friboiirg  que  j'aimerais  excursionner  sur  le  plateau  suisse. 
Sans  doute,  la  compagnie  serait  moins  gaie,  plus  sévère;  mais,  à  un 
point  de  vue  tout  autre  que  celui  auquel  se  placent  les  auteurs  de 
Dans  la  vallée  de  Celles,  combien  intéressante  et  instructive  !  Pour 
l'étude  de  la  géographie  physique  du  terrain,  du  modelé  topogra- 
phique, des  «  coudes  de  capture  »,  des  méandres  des  rivières,  des 
cirques  de  montagnes,  quels  meilleurs  guides  que  MM.  L.-J.  Romain, 
Gaston  Michel,  Cesare  Calciati,  Mathias  Koncza  et  leurs  savants 
maîtres  de  géographie  de  l'Université  de  Fribourg,  MM.  Jean  Brunhes 
et  Paul  Girardin  !  Dans  la  ville  de  Fribourg,  si  pittoiesquenier.t  située 
sur  la  Sarine,  et  dans  ses  environs  immédiats,  ils  ont,  en  étudiant  les 
curieux  ravins  qui  surprennent  si  fort  le  simple  visiteur  lorsqu'il 
arrive  sur  le  grand  pont  suspendu,  où  coulent  le  Petit  Rome  et  le  rio  de 
Pérolles,  fait  de  bien  intéressantes  constatations,  dont  ils  ont  trouvé 
la  répétition  à  quelque  distance  de  la  ville;  de  là  des  conclusions 
dignes  de  remarque  au  double  point  de  vue  de  la  géographie  physique 
et  de  la  géographie  humaine,  tirées  par  M.  L.  J.  Romain  de  son  exa- 
men de  quelques  ravins  et  têtes  de  ravins.  A  différentes  reprises, 
M.  Gaston  Michel,  dans  son  étude  sur  les  «  coudes  de  capture  »  du 
pays  fribourgeois,et  M.Cesare  Calciati,dans  sa  thèse  sur  les  méandres  de 
la  Sarine  entre  lllens  et  Au- Port  et  sur  le  travail  de  l'eau  dans  les 
méandres  encaissés,  se  sont  reportés  à  la  monographie  de  leur  cama- 
rade et  en  ont  tiré  un  excellent  parti,  faisant  Tun  et  l'autre  une 
analyse  très  minutieuse  et  très  serrée  des  petits  coins  de  terre  fri- 
bourgeoise  dont  ils  étudiaient  la  topographie,  en  restituant  l'aspect 
ancien,  en  expliquant  tous  les  phénomènes.  M.  Mathias  Koncza  a  été 
plus  loin  que  ses  condisciples,  jusque  dans  les  Alpes  fribourgeoises, 
dont  il  a  comparé  certains  cirques  de  montagnes  (les  cirques  encaissés 
de  limite  des  neiges)  à  ceux  des  Tatra;  lui  aussi  a  recueilli  des  obser- 
vations très  précises  et  vraiment  intéressantes.  —  Dans  son  Introduc- 
tion, le  professeur  Jean  Brunhes  a  parfaitement  fait  ressortir  la  valeur 
des  travaux  de  ses  élèves  et  a  mis  en  lumière  les  conclusions  géné- 
rales qui  s'en  dégagent;  il  a  rendu  justice  à  leurs  efforts  si  méritoires 
et  à  leurs  levés  topographiques,  qui  présentent  incontestablement 
un  très  réel  intérêt  et  témoignent  éloquemment  en  faveur  de  l'ensei- 
gnement donné  à  l'Institut  géographique  de  Fribourg;  il  a  enfin 
préconisé,  comme  tout  à  fait  digne  d'être  généralisée,  la  méthode  de 
l'échantillonnage  topographique  comme  susceptible  de  rendre  les 
1>lu8  grands  services  à  la  topographie,  et,  par  conséquent,  la  connexion, 


—  318  — 

dans  les  établissements  universitaires,  de  la  topographie  et  de  la 
géographie,  l'utilisation  de  la  topographie  comme  exercice  courant 
mis  au  siervice  de  la  géographie.  Idée  très  juste,  dont  les  travaux  des 
élèves  de  M.  Jean  Brunlies  montrent  l'exactitude...  Par  là  les  Études 
de  géographie  physique  sur  le  canton  deFribourg,  que  vient  de  pubher 
la  (c  Société  fribourgeoise  des  sciences  naturelles  »,  ne  méritent  pas 
de  fixer  la  seule  attention  des  géographes  locaux  ou  des  touristes 
soucieux  de  la  morphologie  des  pays  qu'ils  visitent;  elles  présentent 
encore  un  intérêt  pédagogique  de  premier  ordre. 

9.  —  Rien  de  plus  différent  que  la  manière  dont  chacun  voyage. 
L'un  ne  s'occupe  que  du  côté  pittoresque,  l'autre  est  surtout  soucieux 
de  morphologie,  le  troisième  des  souvenirs  du  passé  et  tel  autre  encore 
de  la  manière  de  vivre  des  habitants.  Gregorovius,  l'illustre  savant 
allemand  dont  chacun  connaît  les  beaux  travaux  sur  l'Italie  du 
moyen  âge,  se  laissait  séduire  par  les  charmes  d'un  beau  paysage, 
aimait  à  observer  les  mœurs  des  populations  au  milieu  desquelles  il 
séjournait,  et,  en  voyant  les  monuments  subsistants  des  siècles  anté- 
rieurs, à  évoquer  leur  histoire.  Telle  est  la  tendance  que  nous  avons 
riagù.èrre  relevée  dans  le  premier  volume  de  ses  Promenades  italiennes, 
et  que  nous  constatons  encore  aujourd'hui  dans  le  second,  consacré 
à  Ravenne,  à  la  Sabine  et  à  l'Ombrie,  à  Naples,  à  Capri  et  à  la  Sicile. 
Il  nous  semble  maintenant  impossible  de  visiter  ces  différents  points 
de  l'Italie  sans  emporter  avec  nous  un  livre  dans  lequel  se  trouvent 
tant  d'indications  historiques  précises  sur  les  événements  qui  s'y  sont 
déroulés;  et  le  passé  n'explique-t-il  pas  le  présent?  Sans  doute  le 
présent  dont  parle  Gregorovius,  un  présent  antérieur  à  l'unifica- 
tion de  l'Italie,  est  déjà  entré  dans  l'histoire;  mais  ce  nous  est  une 
raison  de  plus  pour  recourir  aux  Promenades  italiennes,  qui  jetteront 
surles  guides  ordinaires  une  vie,  un  pittoresque  dont  ils  sont,  hélas  ! 
totalement  dépourvus.  Ne  recourez  d'ailleurs  à  l'adaptation  fran- 
çaise (car  il  n'est  pas  que^ion  ici  d'une  traduction  intégrale)  qu'à 
défaut  du  texte  allemand.  En  effet,  la  prose  de  M^^  Jean  Carrère  est 
très  négligée,  et  le  pronom  démonstratif  celui,  celle,  y  est  employé 
de  manière  très  abusive  («  une  nouvelle  nationalité,  ■ —  celle  espagnole, 
—  chercha  à  s'y  établir  »,  à  la  p.  19;  cf.  les  p.  183,  191,  etc.),  des 
verbes  indispensables  y  sont  omis  («  il  avait  consacré  l'île  à  Vénus,  et 
magnifiquement  orné  des  statues  de  tous  les  dieux  »,  à  la  p.  293). 
Chose  plus  grave  :  on  y  trouve  des  contre-sens  qui  sont  des  contre- 
bon-sens  (à  la  page  26,  on  lit  que  la  population  sarrasine  de  la  Sicile 
«  sut  gagner  la  confiance  de  ses  conquérants,  les  Normands,  en  les 
traitant  avec  douceur  »  ;  on  y  apprend,  mais  ce  n'est  sans  doute 
qu'une  coquille  d'imprimerie,  —  comme  une  orthographe  fautive  du 
nom  d'Ibn-Haukal  (p.  .38),  — que  Lucrèce  Borgia  était  fille  du  pape 


—  319  — 

Alexandre  VII  (p.  214)...  On  est  d'autre  part  péniblement  surpris  de 
voir  cet  ouvrage  dépourvu  de  notes  le  mettant  au  courant  :  Amari  a 
fini  cette  histoire  des  musulmans  de  Sicile  dont  Gregorovius  n'a 
connu  que  les  deux  premiers  volumes  (p.  19),  la  géographie  d'Edrisi 
a  été  publiée  à  nouveau  depuis  1790  (cf.  p.  30),  et  Mgr  Duchesne  a 
donné  son  admirable  édition  du  Liber  Pontijicaiis  (p.  186).  Pourquoi 
ne  pas  le  rappeler?  Pourquoi  parler  de  «  Sainte- Apollinaire  en  classe  » 
(p.  181,  etc.),  ce  qui  surprend  et  déconcerte?  Souhaitons  donc  qu'un 
jour  paraisse  une  traduction  intégrale,  et  fidèle,  et  annotée  des  Pro- 
menades italiennes  de  Gregorovius;  on  y  relèvera  toujours  des  traces 
du  protestantisme  de  l'auteur  (pourquoi  donc  M"^<^  Jean  Carrère, 
dans  une  adaptation,  les  a-t-elle  laissé  subsister  aus  p.  130-131,  149, 
239?  c'était  bien  inutile)  aussi  bien  que  de  son  patriotisme  germa- 
nique et  de  son  admiration  pour  l'empereur  Frédéric  II;  mais  on  y  . 
trouvera  aussi  la  pensée  exacte  et  complète  de  l'historien  allemand.^ 

10.  —  Des  rivages  de  l'Italie  méridionale,  de  Naples  et  de  Palerme, 
aux  côtes  de  la  Tripolitaine  proprement  dite  et  même  de  la  Cyré- 
naïque,  la  distance  n'est  pas  grande  et  même,  théoriquement  tout  au 
moins,  il  n'y  a  plus  maintenant  de  différence  de  pavillon.  Il  n'en  était 
pas  encore  ainsi  dans  les  toutes  premières  années  de  ce  siècle,  au  mo- 
ment où  M.  H. -M.  de  Mathuisieulx  commença  d'exécuter  dans  le 
pays  ces  quatre  voyages  dont  il  a  narré  naguère  le  premier  dans  A 
travers  la  Tripolitaine,  dont  il  raconte  aujourd'hui  les  trois  autres 
dans  la  Tripolitaine  d'hier  et  de  demain.  Il  faut  lire  ce  livre,  non  pas 
seulement  parce  qu'il  est  d'actualité,  mais,  aussi  et  surtout  parce 
qu'il  est  sérieusement  fait,  parce  qu'il  renferme  des  données  précises 
et  encore  inédites .  parce  qu'il  est  très  agréablement  écrit.  Après  avoir 
parcouru,  avec  l'assentiment  des  autorités  turques  (qui  ne  lui  ont 
d'ailleurs  laissé  exécuter  aucune  fouille),  les  trois  zones  de  la  Tripoli- 
taine propre,  après.avoir  visité  la  Cyrénaïque,  le  voyageur  a  été  amené 
à  modifier  les  conclusions  qu'il  avait  énoncées  dans  son  premier  livre 
et  à  proclamer  qu'il  existe,  même  en  Tripolitaine  proprement  dite, 
«  une  région  qui  s'offre  à  une  expansion  agricole  dont  les  Turcs  et  les 
indigènes  sont  incapables,  mais  où  la  civilisation  européenne  peut 
apporter  une  prospérité  qu'elle  a  déjà  eue.  »  C'est  l'examen  des  ves- 
tiges laissés  par  les  Romains,  des  ruines  de  leurs  grandes  fermes,  de 
leurs  torciilaria  ou  pressoirs  d'huile,  analogues  à  ceux  qui  ont  été 
retrouvés  en  Tunisie,  etc.,  qui  a  permis  à  M.  H.-M.  de  Mathuisieulx 
de  se  montrer  si  affirmatif  et  de  parler  de  la  «  culture  prodigieuse  du 
Tarhouna  dans  l'antiquité  »  (p.  17),  des  puissants  travaux  d'irrigation 
menés  à  bonne  fin  dans  le  pays,  du  tracé  de  l'ancien  limes  tripoli- 
tanus  (p.  53-54),  etc.  Non  moins  intéressante  est  la  partie  de  la 
Tripolitaine  d'hier  et  de  demain  consacrée  à  la  Cyrénaïque  ancienne,  au 


—  320  — 

plateau  de  Barka,  dont  la  civilisation  fut  toute  hellénique;  M.  de 
Mathuisieulx  parle  avec  enthousiasme  de  ce  «  pays  de  rêve  »,  de  ce 
«  paradis  terrestre  »,  de  ce  «  jardin  des  HespOrides  »,  sur  l'avenir 
duquel  tous  les  auteurs,  voyageurs  et  géographes,  cconomistes  et 
hommes  politiques,  semblent  absolument  daccord.  «  Ce  qu'ttait  la 
fertilité  de  ce  sol  privilégié,  écrit-il  à  la  page  28,  se  devine  à  c»e  qu'il 
est  encore,  malgré  labsence  d'efforts  agricoles  chez  ses  habitants  pres- 
que barbares  ».  H  y  a  déjà  longtemps,  en  1894,  l'étude  des  relations 
des  voyageurs  amenait  M.  A.  Rainaud  à  des  conclusions  analogues  à 
celles  que  M.  de  Mathuisieulx  formule  aujourd'hui  dans  son  livre, 
illustré  de  gravures  d'un  très  vif  intérêt  géographique  et  archéolo- 
gique et  accompagné  de  très  bonnes  observations  géologiques  et 
géographiques;  nous  sommes  heureux  de  constater  cet  accord,  heu- 
reux aussi  de  rencontrer  dans  un  ouvrage  aussi  bien  documenté,  aussi 
pittoresque  et  aussi  vivant,  un  excellent  tableau  d'ensemble  de  la 
Tripolitaine  d'hier,  et  de  pressentir,  à  l'aide  des  indications  précises 
qui  y  foisonnent,  ce  que  sera  la  Tripolitaine  de  demain. 

11.  —  La  Cyrénaïque  a  naguère  été  colonisée  par  des  Grecs  venus 
de  différents  points  de  la  Hellade,  en  particulier  par  des  habitants 
d  îles  de  l'Archipel;  Alexandre  Buchon  ne  le  rappelle  pas  dans  ce 
Voyage  dans  l'Eubée,  les  îles  Ioniennes  et  les  Cyclades  en  1841,  que 
vient  de  retrouver  et  de  publier  M.  Jean  Longnon,  —  le  jeune  fils 
du  savant  dont  nous  déplorons  la  perte  récente;  —  mais  que  d'autres 
souvenirs  historiques  il  y  évoque,  et  quel  plaisir  de  visiter  avec  lui 
ces  coins  de  la  Grèce  insulaire,  qu'il  a  naguère  si  fidèlement  décrits 
après  les  avoir  vus  avec  tant  de  soin  !  On  pouvait  l'augurer  de  ce 
livre  Sur  la  Grèce  continentale  et  la  M  orée,  paru  en  1843,  dont  M.Mau- 
rice Barrés  déclare  qu'il  fut  «  son  meilleur  compagnon  de  Grèce  »  et 
vante  avec  raison  «  les  mouvements  d'amour  devant  les  pèlerinages 
historiques  »;  tel  est  bien  le  caractère,  ou  plutôt  un  des  caractères 
de  ces  notes  de  route,  prises  au  jour  le  jour  par  Buchon  et  destinées 
à  former  la  matière  d'un  livre  qui  aurait  été  le  pendant  et  la  conti- 
nuation de  la  Grèce  continentale,  et  qui  n'a  jamais  vu  le  jour.  Avec  la 
même  «  affection  religieuse  »  qu'il  a  parcouru  les  parties  proprement 
péninsulaires  du  pays,  Alexandre  Buchon  en  a,  en  effet,  visité  les 
îles,  y  recherchant  les  traces  de  notre  séjour  au  moyen  âge  et  tous 
les  matériaux  et  documents  archéologiques  et  paléographiques  néces- 
saires pour  écrire  l'ouvrage  qui  demeure  son  grand  titre  de  gloire,  cette 
Histoire  des  conquêtes  et  de  l'établissement  des  Français  dans  les  Etats 
de  l'ancienne  Grèce,  qui,  avec  l'ensemble  de  ses  Recherches  historiques 
sur  la  principauté  française  de  Morée,  fait  de  lui  le  précurseur  des 
études  gallo-grecques.  A  ce  mérite  incontestable,  Buchon  en  joint 
d'autres  :  il  n'est  pas  seulement   un  archiviste  en  quête  de  documents- 


—  321  — 

il  est  un  artiste,  dessinant  fort  mal  peut-être,  mais  sensible  à  la 
beauté  des  paysages,  au  charme  des  spectacles  qui  se  déroulent  sous 
ses  yeux,  au  pittoresque  des  costumes;  il  est  en  même  temps  un  obser- 
vateur consciencieux  et  scrupuleux,  notant  tout  avec  le  même  soin 
que  le  résultat  de  ses  recherches  historiques,  et  avec  une  ingénuité, 
une  fraîcheur  de  sentiment  qui  prouvent  la  délicieuse  nature  de  ce 
quadrag.  naire.  Son  Voyage  dans  l'Eubée  nous  le  révèle  tout  entier, 
et  nous  montre  en  lui  l'homme  en  même  temps  que  le  savant;  il  est, 
dans  toute  la  force  du  terme,  un  document  très  précieux,  puisqu'il 
est  à  la  fois  un  document  géographique,  un  document  historique  nous 
permettant  de  nous  rendre  un  compte  exact  de  la  situation,  en  1841, 
des  pays  visités  par  Buchon,  enfin  (et  dans  le  meilleur  sens  du  mot) 
un  document  humain.  Aussi  convient  il  de  fdiciter  M.  Jean  Longnon 
de  sa  découverte,  et  de  le  remercier  de  1  avoir  si  bien  publiée,  avec  un 
soin  qui  montre  en  lui  un  digne  héritier  du  nom  paternel. 

12.  —  Avec  la  Jérusalem  hier  et  aujourd'hui  du  marquis  de  Vogiié, 
nous  ne  quittons  ni  l'Orient  ni  le  passé,  et  non  pas  seulement  le  passé 
judaïque  et  des  origines  chrétiennes,  le  passé  des  principautés  fran- 
ques  de  l'époque  des  croisades,  mais  un  passé  tout  récent,  à  peine 
p;)Stérieur  à  celui  où  Buchon  effectua  son  voyage  en  Grèce.  C'est  en 
effet  en  1853  que  le  marquis  de  Vogtin  a  vu  Jérusalem  pour  la  première 
fois,  avant  de  la  revoir  encore  en  ldo4,  on  1862  et  en  1869  et  d'y 
revenir  en  1911;  et,  à  Jérusdeni,  on  sait  quelle  œuvre  archéologique, 
intéressant  l'histoire  des  chevaliers  groupts  autour  de  Godefroi  de 
Bouillon  et  de  ses  successeurs,  a  accomplie  l'aimable  et  savant  acadé- 
micien. Nous  ne  changeons  donc  ni  de  climat,  ni  de  préoccupatioiiS 
intellectuelles,  en  lisant  après  le  Voyage  dans  l'Eubée,  Jérusalem  hier 
et  aujourd'hui.  C'est  en  effet,  —  en  partie  du  moins,  —  pour  reprendre 
l'examen  des  monuments  qui  ont  fait  l'objet  de  ses  précédentes  études 
que,  cette  fois  encore,  le  marquis  de  Vogué  est  revenu  à  Jérusalem; 
il  le  déclare  dès  les  premières  pages  de  son  livre  (p.  16),  véritable 
journal  d'un  court  s  jour,  où  il  note  soigneusement  les  modifications 
qu'il  constate  dans  la  physionomie  même  de  la  ville  sainte,  dans  la 
topographie  des  lieux,  dans  l'aspect  des  monuments...  Que  de  chan- 
gements de  toute  nature,  dès  l'arrivc'e  à  Jérusalem  !  et  comme  on 
comprend  que  la  première  impression  de  l'auteur,  en  débarquant  dans 
une  gare  après  être  arrivé  naguère  à  cheval  au  but  suprême  de  son 
pèlerinage,  ait  été  une  impression  de  profonde  tristesse  !  Si  cette 
impression  n'a  pas  persisté,  c'est  à  l'hospitalité  qu'il  a  reçue  à  l'École 
biblique  de  Jérusalem,  dont  le  comte  Jean  de  Kergorlay  nous  a  r  écém- 
in.eni,d8Lns  ses  Sites  délaissés  d'Orient,  fait  connaître  quelques  excur- 
sions, c'est  à  l'examen  des  monuments  anciens  du  berceau  du  chris- 
tianisme que  le  doit  le  marquis  de  Vogiié.  Avec  quelle  ardeur  toute 
Avril  1912.  T.  CXXIV.  21 


—  322  — 

juvénile,  avec  quei  intérêt,  uvoi;  quelle  passion  il  a  étudié  à  nouveau 
ces  vénéraliles  témoins  du  passé,  «  complétant  son  dossier  »  et  notant 
soii^neusement  les  modifications  plus  ou  moins  heureuses,  les  res- 
taurations et  aussi  les  destructions  survenues  soit  à  Bethléem,  soit  à 
Jérusalem,  rectifiant  ses  conclusions  anciennes  ou  au  contraire  les  cor- 
roborant,complétant  et  vérifiant  ses  plans  d'autrefois,  prenant  de  nou- 
velles mesures,  ajoutant  des  photographies  à  ses  dessins  d'hier  et 
d'avant-hier.  Voilà  qui  nous  jiromet  —  pour  un  avenir  peu  éloigné, 
j'espère  — une  nouvelle  édition  de^  Églises  de  la  Terre-Sainte,  et  peut- 
ctre  aussi  d'autres  ouvrages  dont  nous  saluons  l'annonce  avec  joie... 
Mais,  durant  son  court  séjour  à  Jérusalem,  le  marquis  de  Vogtié  ne 
s'est  pas  contenté  d'étudier  le  passé  ;le diplomate  qu'il  est  ne  peut  pas 
se  désintéresser  du  présent;  aussi  a-t-il  fait,  au  cours  de  ses  études  ar- 
chéologiques et  tout  en  conversant  avec  ses  hôtes  du  couvent  de  Saint- 
Étienne,  d'instructives  constatations  dont  son  livre  contient  l'indi- 
cation. C'est  surtout  sur  «  le  grand  développement  des  œuvres  fran- 
çaises et  catholiques  »  qu'insiste  l'auteur  :  rien  de  plus  émouvant  que 
la  revue  sommaire  de  ces  œuvres,  telle  qu'il  la  passe  aux  p.  67-84  de 
son  livre,  rien  de  plus  captivant  que  les  détails  fournis  par  lui  sur 
l'œuvre  des  dominicains  de  l'École  biblique  (p.  84-94),  rien  aussi  de 
plus  réconfortant  puisque,  conclut  M.  de  Vogué,  grâce  aux  congréga- 
tions françaises,  «l'œuvre  de  la  France  se  poursuit  sans  défaillance 
sur  tous  les  points  importants  de  l'Orient.  Félicitons-nous-en,  remer- 
cions-en le  Créateur»  et  remercions  aussi  V anieur de  Jérusalem  hier  et 
aujourd'hui  de  nous  apporter  dans  sa  brochure,  avec  tant  d'éloquence 
et  tant  de  science,  de  nouveaux  éléments  d'informations  et  des  motifs 
de  réconfort. 

13.  —  C'est  bien  loin  des  rivages  de  la  Méditerranée  orientale,  par- 
delà  le  plateau  de  l'Iran  et  jusque  dans  les  pays  les  plus  élevés,  les 
plus  inaccessibles  de  l'ancien  monde  et  du  globe  entier,  que  M.  Char- 
les-Eudes Bonin  conduit  le  lecteur,  dans  les  Royaumes  des  neiges, c'e&t- 
à-dire  dans  les  États  blottis  dans  les  hautes  vallées  de  l'Himalaya: 
Petit  Tibet,  Bhoutan,  Assam.  Ce  qu'ils  sont  aujourd'hui,  quels  voya- 
geurs y  ont  pénétré,  comment  les  Anglais  y  font  sentir  leur  influence, 
l'explorateur  qu'est  M.  Bonin  l'indique  avec  précision,  en  même  temps 
qu'il  signale  de  très  curieuses  particularités  jusqu'à  présent  à  peu  près 
inconnues  des  Européens  :  telle  l'existence  de  cette  papesse  du  la- 
maïsme qu'est  l'abbesse  de  la  lamaserie  de  Samding  sur  le  lac  Yani- 
dok,qui  est  considérée  comme  une  réincarnation  delà  déesse  hindoue 
Vadjravarahi  (chap.  V).  On  lira  avec  fruit,  pour  se  rendre  compte 
de  la  situation  actuelle  des  Anglais  au  nord  de  l'Inde,  depuis  la 
frontière  afghane  jusqu'aux  peuplades  des  confins  sino-thibétains  : 
Lolos  et  Mossos, — et  aussi  pour  s(  rendre  compte  de  leuis  procédés 


—  323  — 

d'expansion , — les  différents  chapitres  de  cet  ouvrage,  dont  les  appendi- 
ces intéressent  de  manière  particulière  la  géographie  et  l'ethnographie, 
et  même  l'histoire  de  l'exploration  de  l'Asie  centrale,  puisque  l'étude 
des  documents  anciens  a  amené  M.  Bonin  à  montrer  l'importance 
d'une  carte  oubliée  du  cours  supérieur  du  Gange,  établie  par  le  P, 
Joseph  Tiefenthaler,  S.  J.,  d'après  un  document  indigène.  Quelques 
croquis  insérés  dans  le  texte,  de  belles  planches  de  reproductions 
photographiques  hors  texte  illustrent  cet  intéressant  ouvrage,  dont 
l'auteur,  par  suite  de  son  long  séjour  en  Extrême-Orient,  de  ses  explo- 
rations en  Chine  et  au  Tibet,  a  su  faire  un  livre  vraiment  vivant. 
Vraiment  neuf  aussi,  car,  à  notre  connaissance  du  moins,  aucun  ou- 
vrage d'ensemble  n'existe  encore,  ni  en  français,  ni  même  en  anglais, 
sur  ces  pays  si  joliment  appelés  par  M.  Bonin  les  Royaumes  des  neiges^ 
qui.  semblent  se  dissimuler  dans  les  replis  de  la  grande  barrière  mon- 
tagneuse de  l'Himalaya. 

14.  —  Pour  être  mieux  connu  que  les  États  himalayens  dont  parle 
M.  Bonin,  le  Laos  est  encore  loin  d'être  parfaitement  étudié;  que 
l'on  regarde,  dans  la  carte  générale  de  l'Indo-Chine  de  l'Atlas  unwersel 
de  géographie  dont  nous  signalions  naguère  la  valeur  et  l'intérêt,  le 
tracé  de  ce  pays,  et  l'on  s'en  rendra  compte  immédiatement.  On  s'en 
rendra  compte  aussi  en  lisant  l'ouvrage  posthume  du  capitaine 
Lucien  de  Reinach  qui,  grâce  aux  soins  pieux  de  M.  P.  Chemin  Du- 
pontès,  vient  de  voir  le  jour.  Cet  officier  intelligent  et  travailleur 
avait,  dès  le  jour  où  il  était  arrivé  dans  la  contrée,  en  qualité  de  com- 
missaire du  gouvernement,  résolu  d'étudier  son  champ  d'activité,  de  le 
bien  connaître  et,  dans  la  mesure  de  ses  forces,  de  le  faire  connaître 
aux  autres;  en  l'étudiant,  il  s'était  mis  à  l'aimer  ardemment,  et  il 
s'était  assigné  pour  tâche  (comme  le  dit  M.  PauJ  Doumer  dans  une 
préface  brève,  mais  émue)  d'en  revivre  le  passé,  d'en  comprendre  le 
présent,  d'en  prévoir  et  d'en  préparer  l'avenir.  De  là,  différentes  pu- 
blications sur  le  Laos,  dont  le  volume  actuel  est  la  plus  complète  et 
la  meilleure.  Le  capitaine  Lucien  de  Reinach  a  débuté  par  y  retracer 
.très  succinctement  l'histoire  du  pays  depuis  le  début  du  xviii^  siècle; 
la  terre  et  les  hommes,  la  mise  en  valeur  des  richesses  du  pays  et  les 
moyens  de  la  développer,  voilà  indiqués  en  quelques  mots  les  sujets 
qu'a  ensuite  traités  l'auteur,  tantôt  avec  une  brièveté  relative,  tantôt 
au  contraire  de  manière  très  ample  et  en  plusieurs  chapitres.  Signa- 
lons, comme  particulièrement  dignes  d'intérêt,  les  pages  concernant  le 
Mékong  (p.  63-98)  et  aussi  les  pages  danslesquelles, très  rapidement, 
M.  de  Reinach  affirme  sa  foi  dans  l'avenir  du  Laos  par  une  colonisa- 
tion annamite  que  dirigerait  l'inteHigence  einc prenne  (p.  387-389). 
«  Nous  sommes  persuadé,  écrit-il  en  manière  de  conclusion  (p.  390), 
que  ce  pays  s'ouvrira  bientôt  à  la  colonisation.  On  ne  connaît  de 


—  024  — 

rindo-Chine  que  la  côte;  le  jour  dû  l'on  aura  prouvé  que  la  montagne, 
elle  aussi,  peut  être  productive,  la  fortune  du  Laos  sera  assurée.  »  Avec 
le  regretté  commissaire  du  gouvernement,  nous  croyons  que  telle  est 
bien  la  vérité;  elle  se  dégage  d'autres  ouvrages  que  du  sien,  mais  elle 
ne  s'en  est  jamais  dégagée  avec  autant  d'évidence  que  de  ce  livre  sur 
le  Laos. 

15.  —  A  défaut  de  la  main-d'œuvre  annamite,  et  en  l'attendant,  le 
capitaine  de  Reinach  estime  qu'une  main-d'œuvre  prise  dans  les 
provinces  méridionales  de  la  Chine,  et  suitout  dans  l'île  d'Haïnan, 
permettrait  de  commencer  la  mise  en  valeur  du  pays.  Que  ces  tra- 
vailleurs chinois  soient  disciples  de  Confucius,  bouddhistes  ou  musul- 
mans, peu  lui  importe  dans  la  circonstance,  car  le  résultat  économique 
le  touche  seul.  Toute  autre  est  la  manière  de  voir  de  ces  voyageurs 
qui,  il  y  a  quelques  années,  de  1906  à  1909,  ont  exploré,  sous  la 
direction  du  commandant  d'Ollone,  la  Chine  occidentale,  le  Tibet  du 
N.  E.  et  la  Mongolie;  ils  se  sont,  eux,  tout  particulièrement  attachés 
aux  questions  scientifiques,  à  la  géographie,  à  l'ethnographie,  à 
l'archéologie.  C'est  ce  que  nous  avons  déjà  constaté  naguère  en 
parlant  des  Derniers  Barbares  du  commandant  d'Ollone  ( Polyhiblion 
d'avril  1911,  t.  CXXl,  p.  288);  c'est  ce  que,  plus  encore,  nous 
constatons  aujourd'hui  en  lisant  ces  Recherches  sur  les  musulmans 
chinois,  dans  lesquelles  le  chef  de  mission  et  ses  collaborateurs,  ainsi 
que  plusieurs  savants  d'une  indiscutable  compétence  :  MM.  Vissière, 
Blochet,  M.  Houdas,  d'autres  aussi  ont  exposé  les  résultats  des  études 
faites  sur  place  au  Yun-nan,  au  Seu-tch"ouan,  au  Kan-sou  et  dans 
l'est  de  la  Chine  par  les  membres  de  la  mission  d'Ollone. Observations 
effectuées  en  cours  de  route,  informations  recueillies,  documents 
obtenus,  photographies,  voilà  ce  que  contient,  systématiquement 
classé,  encadré  de  commentaires  qui  en  font  ressortir  la  valeur  et 
Tintérêt,  ce  volume  qui  constitue  le  tome  II  d'un  grand  ensemble. 
Un  tel  ouvrage,  admirablement  illustré  de  gravures  de  tout  genre  : 
cartes,  types,  ustensiles,  stèles,  etc.,  ne  se  peut  analyser;  du  moins  est- 
il  possible  de  signaler  la  nouveauté  des  pages  dans  lesquelles  le  com- 
mandant d'Ollone  a  exposé  l'impression  qui,  pour  ses  compagnons  et 
pour  lui-même,  se  dégagea  de  l'ensemble  de  leurs  recherches  (p.  429- 
443)  :  les  musulmans  ont  paru  aux  voyageurs,  dans  les  régions  qu'ils 
ont  traversées,  beaucoup  moins  nombreux  qu'on  ne  le  croyait;  ils 
sont,  pour  la  plupart,  de  race  chinoise,  et  l'avenir  de  l'Islam  est  lié 
en  Chine  à  la  situation  que  ses  membres  parviendront  à  occuper. 
Actuellement,  ceux-ci  (quelle  que  soit  d'ailleurs  l'époque  où  l'Islam  a 
été  introduit  en  Chine  et  de  quelque  manière  que  s'en  soit  opérée  la 
diffusion)  sont  pénétrés  par  le  soufisme,  par  le  chi  sme,  par  les  confré- 
ries. Si  nouveaux  sont  ces  résultats  que  M.  d'Ollone  les  expose  avec 


—  325  — 

des  précautions  infinies,  non  comme  des  conclusions  fermes,  mais 
comme  autant  d'indications  dont  il  conviendra  seulement  de  tenir 
compte  si  une  enquête  nouvelle  vient  les  corroborer  et  les  confirmer. 
Méthode  extrêmement  sage,  vraiment  prudente,  et  qu'il  faut  féliciter 
l'auteur  d'avoir  adoptée;  grâce  à  elle,  les  conclusions  si  déconcer- 
tantes du  voyageur  ne  peuvent  choquer  personne,  et  achèvent  de 
donner  un  caractère  hautement  scientifique  à  un  volume  qui  demeure 
ainsi,  d'un  bout  à  l'autre,  un  recueil  d'observations  et  de  documents, 
de  «  recherches  »,  selon  le  titre  même  de  l'ouvrage,  dont,  seuls,  les 
spécialistes  pourront  tirer  des  conclusions  autorisées. 

16.  ■ —  Quittons  maintenant  les  rivages  de  l'Extrême-Orient  et  ga- 
gnons, à  travers  l'Océan  Pacifique,  les  côtes  de  ces  États- Unis  du 
Mexique, dont  le  comte  Maurice  de  Périgny  connaît  si  bien  l'ensemble, 
non  par  les  livres,  mais  par  expérience  personnelle;  prenons  ce  voya- 
geur pour  guide,  et  sui"^ns-le  dans  les  différentes  parties  du  pays. 
Que  de  faits  géographiques,  ethnographiques,  économiques,  il  nous 
fera  remarquer  au  cours  de  l'itinéraire,  aussi  bien  dans  la  région  du 
Pacifique  que  sur  le  Haut-Plateau,  dans  la  Terre  Chaude  et  sur  le 
littoral  du  golfe  du  Mexique  !  Comme  M.  de  Périgny  ne  se  préoc- 
cupe pas  seulement  du  présent,  mais  est  très  soucieux  du  mystérieux 
passé  des  peuples  de  l'Amérique  centrale,  comme  il  a  contribué,  pour 
sa  part,  à  soulever  un  coin  du  voile  qui  les  couvre,  il  n'a  garde  de 
négliger  l'histoire  ni  l'archéologie;  il  note  curieusement  les  anciennes 
coutumes,  les  pratiques  superstitieuses,  les  survivances  ethniques;  il 
n'hésite  pas  à  se  détourner  des  chemins  battus  pour  aller  voir  les 
ruines  des  vieilles  cités  du  Nouveau  Monde,  il  se  plaît  à  évoquer  les 
souvenirs  du  temps  de  la  conquête  et  ceux  de  l'époque  coloniale,  à 
chercher  dans  le  passé  l'explication  du  présent.  De  là  les  deux 
chapitres  par  lesquels  s'ouvrent  les  États-Unis  du  Mexique^  de  là, 
ensuite,  sur  la  situation  politique  et  administrative  de  la  contrée,  sur 
ses  ressources  économiques,  une  précieuse  vue  d'ensemble  (ch.  III  à 
VII)  qui  met  le  lecteur  à  même  de  faire  ensuite,  avec  fruit,  à  travers 
toute  la  contrée,  une  série  d'excursions  instructives  à  tous  les  points 
de  vue.  Le  seul  reproche  que  l'on  pourrait  adresser  au  comte  de 
Périgny,  ce  serait,  à  la  fin  de  ses  études  régionales,  de  n'avoir  point 
conclu;  mais,  en  toute  conscience,  la  chose  lui  était-elle  permise?  ou 
plutôt  n'est-ce  pas  une  conclusion,  et  la  plus  exacte,  que  cette  phrase 
de  la  dernière  page  :  «  Le  Mexique  est  encore  un  gamin,  mais  il  gran- 
dira et  il  arrivera  un  temps  où  on  n'osera  plus  lui  tirer  les  oreilles.  » 
M.  de  Périgny,  qui  connaît  le  pays,  et  qui  l'aime,  s'unit  à  ce  souhait, 
formulé  naguère  devant  lui  par  le  général  Bravo  ;  en  un  moment  où 
le  Mexique  semble  agité  par  les  Révolutions  et  chercher  à  nouveau  sa 
voie,  nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  nous  y  associer,  à  notre 
tour. 


-^  326  — 

17.  — 11  y  a  quelques  mois,  M.  l'abbé  Th.  Moreux  publiait,  dans  la 
Reçue  des  questions  scientifiques  de  Bruxelles,  deux  articles  sur  le  pôle 
sud  et  sur  les  résultats  obtenus  sur  la  connaissance  des  régions 
antarctiques  par  les  expéditions  les  plus  récentes;  reprenant  son 
travail  et  le  mettant  au  point  nécessaire  pour  le  rendre  accessible  à 
tous,  il  en  a  fait  ensuite  un  petit  volume  de  vulgarisation  qui  a  vu 
le  jour  à  la  fin  de  1911,  sous  ce  titre:  L'Assaut  du  pôle  sud.  Accom- 
pagné d'une  série  de  cartes  très  expressives  et  de  vues  des  régions 
antarctiques  communiquées  par  le  D^  Jean  Charcot,  cet  ouvrage 
aurait  dû  nous  séduire;  et  cependant  force  nous  est  bien  de  recon- 
naître que  sa  lecture  nous  a  suggéré  de  sérieuses  réserves.  Bien  en- 
tendu, nous  ne  songeons  pas  à  reprocher  à  M.  l'abbé  Moreux  de 
n'avoir  pas  prévu  le  succès  éclatant  obtenu  par  Amundsen,  mais 
pourquoi, dans  le  dernier  chapitre  de  son  voj^me,  l'auteur  n'a-t-il  pas, 
à  côté  des  noms  de  Scott,  de  Bruce  et  de  Filchner,  prononcé  même 
le  nom  de  ce  vaillant  explorateur,  déjà  bien  connu  par  son  voyage 
dans  les  régions  arctiques?  Pourquoi,  ce  qui  est  beaucoup  plus  grave, 
n'avoir  pas  analysé  avec  plus  de  précision  les  résultats  obtenus  par 
les  expéditions  antérieures,  de  manière  à  donner  une  idée  vraiment 
exacte  de  l'œuvre  accomplie  par  chacun?  M.  l'abbé  Th.  Moreux 
a  certainement  vu  le  livre  à  écrire,  mais  il  n'a  guère  qu'effleuré 
—  pour  ne  pas  dire  «défloré  «  —  ce  beau  sujet.  Et  que  penser  de  la 
manière  dont  les  épreuves  ont  été  revues  !  Il  est  question  (p.  147) 
du  '(  Futh  of  Forth  «  au  lieu  du  «  Firth  of  Forth  «,  du  capitaine 
Trizar  et  Frizar  (p.  170  et  171)  au  lieu  du  capitaine  Irizar,  etc.. 
Au  total,  l'histoire  de  l'Assaut  du  pôle  sud,  après  le  petit  volume 
de  M.  l'abbé  Moreux,  peut  faire  encore  le  sujet  d'un  beau  livre,  — 
qui  nous  manque  jusqu'à  présent  et  dont,  nous  l'espérons,  la  publi- 
cation ne  se  fera  pas  trop  attendre.  Henri  Froidevaux. 


THÉOLOGIE 


lia  îflesse.    Étude  doctrinale,  historique   et  liturgique,  par  E  -P^  BOUHCEAU. 
Paris,  Beauchesne,  1412,  in-16  de  viii-231  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Le  titre  de  l'ouvrage  en  exprime  bien  le  contenu.  C'est  une  étude 
liturgique  de  la  messe;  étude  éclairée  par  la  doctrine  théologique  du 
sacrifice,  préparée  par  les  prescriptions  rituelles  qui  en  règlent  la 
célébration  :  plan  général,  modifications  apportées  par  l'année  litur- 
gique, langue  employée,  chants  qui  animent  les  textes,  matière  à 
consacrer;  lieu  du  culte  et  objets  nécessaires,  c'est  la  première  partie, 
ce  sont  les  préliminaires.  La  seconde  partie  fournit  l'explication  des 
prières  et  des  cérémonies  de  la  messe.  A  juste  titre,  l'auteur  fait 
dériver  de  la  grand'messe  solennelle  les  détails  de  la  messe  basse.  Il 


—  327  — 

se  contente  de  suivre  la  marche  générale  de  la  messe  romaine  :  Pré- 
paration du  sacrifice  ou  avant-messe  et  messe  proprement  dite  avec 
ses  diverses  parties. 

La  pratique  de  la  messe  l'ait  connaître  les  diverses  méthodes  pour 
y  assister  avec  fruit.  Avant  tout  est  recommandée  l'union  au  prêtre, 
soit  en  lisant  les  textes  même  qu'il  récite,  soit  en  suivant  des  yeux 
ses  gestes  si  expressifs,  soit  en  s'associant  de  la  voix  aux  chants 
liturgiques. 

L'auteur,  qui  a  puisé  aux  meilleures  sources, vulgarise  les  études  his- 
toriques auxquelles  la  liturgie  doit  sa  rénovation,  use  du  symbolisme 
avec  sobriété  et  fait  tout  converger  vers  le  profit  spirituel  à  retirer 
de  l'assistance  au  divin  sacrifice.  Le  style  est  très  clair  et  donne  de 
l'intérêt  aux  moindres  détails.  Quelques-uns  de  ces  détails  gagne- 
raient à  plus  de  précision.  Par  exemple  :  la  réunion  synagogale,  d'oit 
est  sortie  l'avant-messe,  était  le  matin  à  la  page  31;  elle  est  le  soir 
à  la  page  39  pour  expliquer  la  substitution  du  dimanche  au  sabbat. 
11  semble  difiieile  que  la  fête  do  l'Ascension  se  soit  jamais  confondue 
avec  celle  de  la  Pentecôte  (p.  41). 

C'est  en  1883  que  parut  la  première  édition  du  Graduale  de 
Solesmes,  non  en  1885  (p.  50).  11  n'est  pas  même  fait  mention  de 
l'autel  fixe  à  la  page  60.  La  couleur  rose  aux  dimanches  Gaudete  et 
Laetare  n'est  plus  seulement  permise  pour  la  messe,  mais  pour  tout 
l'ofiîce  S.  C,  29  nov.  1901.  Menues  imperfections  à  corriger  dans  la 
prochaine  édition,   qui  ne  saurait  tarder. .  A.  Vigourel. 


Lie  Sfodernisme  boiiddhiwte   et  le  bouddhisme  du  Boud- 
dha, par  Alexandra  David.  P;iris,  Alcon,  1911,  in-8  de  280  p.  —  Prix 
5  fr. 

D'après  l'auteur,  le  bouddhisme  ne  s'adressa  jamais  qu'à  une 
élite,  bien  que  500  millions  d'hommes  se  réclament  de  cette  doc- 
trine. 11  prétend  que  l'Evangile  n'est  point  fait  pour  les  foules,  non 
plus,  affirmation  qui  dénote  une  singulière  ignorance,  pour  ne  dire 
rien  de  plus.  Ce  qui  est  vrai,  c'est  que  le  Bouddha,  s'il  revenait  de 
nos  jours,  ne  reconnaîtrait  plus  son  œuvre,  tant  elle  a  été  modifiée 
et  même  dénaturée.  Par  contre, le  Christ,  qui  est  toujours  vivant, 
se  sent  toujours  chez  lui  dans  l'Église  catholique;  je  n'oserais  dire 
qu'il  en  soit  ainsi  chez  les  sectes  protestantes.  Alexandra  David 
professe  pour  Çakyamuni  une  prédilection  non  déguisée,  et  dé- 
clare sa  doctrine  absolument  supérieure,  parce  qu'elle  préconise 
«  le  détachement  de  toute  espérance  fondée  sur  des  hommes  ou  des 
dieux,  le  renoncement  dédaigneux  aux  récompenses  des  paradis, 
l'acceptation  fière  de  notre  solitude  dans  la  lutte  contre  l'univer- 
selle douleur  ».  Ces  quelques  lignes  suffisent  pour  indiquer  la  pensée 


—  o28  — 

maîtresse  de  ce  livre  qui  n'est,  d'un  bout  à  l'autre,  qu'un  formel 
contro-sens,  en  dépit  de  certaines  considérations  assez  justes,  mais 
de  minime  importance.  11  suffît  de  voir  ce  que  la  doctrine  du  Christ, 
d'un  côté,  et  ce  que  celle  du  Bouddha,  de  l'autre,  ont  fait  et  font 
toujours  des  âmes  et  des  peuples  qui  s'en  inspirent,  pour  juger  de 
leur  valeur  intrinsèque  et  relative.  A.  Roussel. 


SCIENCES    ET    ARTS 

li'Éduralion  selon  l'F-vangile,  par  l'abbé  Sylvain  Vbbret.  Paris, 
J.  de  Gigord,  1911,  in-l2  de  7i-3'ùi  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

En  dépit  de  son  titre,  qui  n'en  exprime  pas,  me  semble-t-il,  très 
exactement  l'objet,  ce  volume,  d'ailleurs  substantiel  et  charmant, 
n'est  pas  un  livre  de  pédagogie  d'après  l'Evangile;  je  ne  suis  pas 
même  sûr  que  ce  soit  tout  à  fait  un  livre.  N'est-ce  pas  plutôt  un 
recueil  de  morceaux  ou  d'articles,  disséminés  à  travers  des  revues 
et  des  recueils  chrétiens,  et  réunis  après  coup  pour  en  faire  comme 
un  choix  de  lectures,  dont  les  maîtres  chrétiens,  et  même  les  chré- 
tiens tout  courts  tireront  grand  profit. 

La  première  partie,  parant  aux  dangers  les  plus  pressants,  nous 
montre,  à  la  lumière  des  enseignements  évangéliques,  les  Ennemis 
dont  la  jeunesse  doit  d'abord  triompher  :  les  faux  maîtres,  phari- 
siens, francs-maçons,  doctrinaires  antichrétiens  et  modernistes;  le 
Péché  de  la  jeunesse,  symbolisé  dans  la  parabole  de  l'enfant  pro- 
digue; les  Défauts  de  la  jeunesse,  finement  analysés  dans  l'extrait 
du  carnet  d'un  précepteur;  l'Esprit  du  monde  et  ses  multiples  infil- 
trations dans  les  revues,  dans  les  journaux,  dans  les  conversations, 
qui  constituent  comme  une  sorte  de  contre-évangile,  c'est-à-dire 
exactement  le  contraire  de  l'esprit  chrétien. 

La  deuxième  partie,  au  contraire,  nous  montre  comment  doit  se 
faire,  d'après  l'Evangile,  la  Formation  personnelle  et  la  Formation 
pédagogique  de  l'éducateur;  l'Éducation  de  l'esprit,  l'Education  du 
cœur,  l'Éducation  du  caractère,  V Éducation  littéraire,  la  Culture  de  la 
distinction  extérieure,  la  Com pénétration  intégrale  de  la  vie  scolaire 
par  l'esprit  évangélique,  si  difi"érent  de  la  morale  officielle  inscrite 
aux   programmes   de  l'enseignement. 

Les  autres  chapitres,  rattachés  un  peu  artificiellement  par  des 
titres  ingénieux  au  sujet  général  de  la  deuxième  partie,  traitent  des 
rapports  de  l'Église  et  de  l'État,  de  la  loi  de  séparation,  des  lois  de 
confiscation,  de  la  dispersion  des  séminaires  (et  ces  deux  chapitres 
sont  d'éloquents  témdgnages  de  la  persécution  contemporaine)  et 
enfin  de  la  communion  fréquente,  condition  de  persévérance  dans 
la  vaillance  chrétienne  et  dans  les  vocations  d'éhte. 


—  329  — 

Ces  simples  indications  montrent  assez  sur  quels  vastes  horizons 
s'ouvre  le  livre  de  M.  l'abbé  Verret  et  quel  enseignement  profitable 
on  en  peut  tirer  :  la  forme  en  est  variée,  intéressante  toujours,  émou- 
vante parfois,  le  fond  très  solide  :  c'est  vraiment  un  bon  livre.  J'en 
aurais  effacé  volontiers,  p.  284-285,  quelques  lignes  un  peu  trop  favo- 
rables à  la  forme  républicaine,  et  un  rapprochement  injuste  entre 
les  petits  conflits  religieux  de  la  Restauration  et  les  infernales  démo- 
litions d'aujourd'hui  :  les  premiers,  simples  taquineries  d'amis 
jaloux;  les  autres,  vrais  crimes  de  bandits  qui  pillent  et  égorgent. 
11  ne  serait  qu'équitable  de  reconnaître  qu'entre  les  deux  situations 
il  n'existe  aucune  ressemblance.  L'histoire  n'autorise  pas  de  pareilles 
comparaisons.  P.  Talon. 

li' Esprit  de  taquinerie.    É/>>d'  de  psychologie  comparée,  par  Fernand 
NiCOLAy.   Paris,  perriii,  1911,  in-16  de  vn--'94  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Nicolay  applique  depuis  longtemps  son  esprit  et  sa  pénétra- 
tion, servis  par  une  très  large  information,  à  l'étude  psychologique 
des  enfants,  et  ses  livres,  toujours  de  lecture  agréable,  sont  pleins 
de  fmes  observations  dont  les  pères  et  les  mères  de  famille  et  les 
éducateurs  de  l'enfance  ont  tiré  un  large  profit.  11  continue 
aujourd'hui  par  un  livre  amusant  et  instructif  àla  fois  sur  l'esprit  de 
taquinerie.  Il  précise  d'abord  ce  qu'est  la  taquinerie,  qui  diffère  en 
plusieurs  points  de  beaucoup  do  petits  défauts  qui  lui  ressemblent; 
puis  il  l'étudié  chez  les  jeunes  enfants,  filles  et  garçons,  chez  l'homme 
et  chez  la  femme,  et  la  suit  dans  les  différents  milieux  où  les  habi- 
tudes professionnelles  mettent  entre  les  diverses  sortes  de  taquins 
de  curieuses  différences,  et  puis  à  travers  l'espace  et  le  temps.  Car 
toutes  les  époques  et  tous  les  peuples  eurent  leur  manière  de  pra- 
tiquer la  taquinerie  et  ce  chapitre  est  vraiment  très  pittoresque. 
Le  dernier  chapitre  revient  à  la  psychologie,  et  nous  y  voyons  les 
raisons  pourquoi  l'on  taquine,  quels  sont  les  caractères  de  la  gaieté 
et  de  l'esprit  français  et  enfin  quels  rapports  peuvent  s'établir 
entre  la  taquinerie,  le  rire  et  le  sourire.  Et  cela  finit  par  un  char- 
mant éloge  de  l'esprit  français.  Vraiment  nous  avons  plaisir  à 
recommander  ce  livre  plein  de  bonne  humeur,  de  verve,  d'érudi- 
tion, de  bon  sens,  et  qui  laisse  passer,  sous  une  forme  aimable  et 
bien  française,  beaucoup  d'excellentes  leçons.  P.  Talon. 


Exploitation     productive    des    oiseaux    de   basse- cour, 

par  Il.-L.  A.  Blanchon.    Paris,   Laveur,  s.  d.,  in-8  de  292  p.  (L'Agriculture 
au  XX*  siècle).  —  Prix  :  2  fr. 

Ce  livre  sera  le  bienvenu  auprès  de  nombreux  campagnards.  Son 
titre  expose  ce  que  s'est  proposé  l'auteur,  et  nous  deA'^ons  dire  que 


—  330  - 

sa  rédaction  correspond  bien  à  son  but.  «  Nous  voulons,  dit-il,  mon- 
trer à  la  fermière  qu'elle  peut  presque  toujours  tirer  un  excellent 
parti  de  sa  basse-cour  et  d'ordinaire  elle  n'en  tire  pas  tout  le  béné- 
fice qu'elle  pourrait.  »  C'est  qu'il  y  a  une  étude  à  faire  par  chacun: 
se  rendre  compte  de  l'élevage  qu'on  peut  pratiquer,  de  la  nature 
de  son  terrain,  des , productions  de  sa  contrée,  de  ses  besoins,  des 
débouchés  existants,  de  ceux  que  l'on  peut  se  créer.  Il  faut  de 
l'intelligence,  du  travail  et  de  l'industrie.  Peu  de  petits  manuels 
(et  on  en  a  composé  beaucoup  depuis  quelques  années)  paraissent 
mieux  compris  et  mieux  rédigés  que  celui  de  M.  Blanchon. 

Le  premier  chapitre  de  l'ouvrage  est  consacré  à  la  production 
des  œufs  et  à  leur  commerce,  conseils  minutieux  et  d'expérience 
pour  réussir  sur  ce  point  principal,  pour  produire  ce  que  l'auteur 
appelle  l'œuf  commercial.  En  second  lieu,  il  étudie  la  seconde  spé- 
culation qui  s'occupe  de  la  production  et  de  l'élevage  des  pouleta, 
leur  mise  en  valeur  et  leur  vente  profitable,  leur  envoi  aux  divers 
marchés  qui  exigent  chacun  des  conditions  spéciales.  A  côté  du 
poulet,  il  y  a  d'autres  volailles  :  oies,  canards,  dindons,  pintades 
et  même  pigeons,  qu'on  peut  être  amené  à  préférer  parce  que  les 
circonstances  où  l'on  se  trouve  les  démontreront  plus  avantageuses. 

L'ouvrage  se  termine  par  un  appendice  comprenant  un  mémoire 
du  même  auteur,  qui  a  été  couronné,  sur  l'ovoculture  et  les  concours 
de  ponte  pour  déterminer  les  meilleures  pondeuses,  rempli  de 
faits  et  de  conseils  pratiques  qu'on  lira  avec  intérêt  et  grand  profit. 

G.  DE  Senneville. 

EiH  TransforminHae  et  l'expérience,  par  Etienne  Rabaud.  Paris, 
Alcan,  1911,  ia-16  de  vn-3I3  p.  -  Prix.  :  3  fr.  50. 

A  une  époque  où  les  fameuses  théories  transformistes  subissent 
une  crise  redoutable  et  qui  est  loin  d'être  encore  résolue,  comme 
en  témoignent  les  écrits  des  Félix  Le  Dantec,  des  Driesch  et  tant 
d'autres,  il  est  original  de  voir  affirmer,  comme  une  évidence  ap- 
puyée sur  l'expérience  et  l'observation,  la  prétendue  doctrine  trans- 
formiste. Il  est  surtout  étrange  de  voir  opposer  cette  hypothèse 
à  la  doctrine  rationnelle  des  causes  efficiente  et  finale,  V épigenèse  à  la 
préformation,  pour  employer  le  langage  de  l'auteur.  Celui-ci  n'hésite 
pas  à  émettre  des  assertions  aussi  paradoxales  que  celle-ci  :  «  A  l'évolu- 
tion l'expérience  apporte  une  éclatante  confirmation.  On  la  cr.nçoit 
nécessairement  (sic)  comme  le  résultat  des  interactions  permanentes 

de  l'organisme  du  milieu Du  créationisme  l'expérience  ne  laisse 

rien  subsister.  Il  n'est  qu'affirmations  peu  fondées,  cachant  sous  un 
verbalisme  compliqué  le  renoncement  à  comprendre,  puisque  la 
recherche  cesse  (?)  au  moment  même  où  elle  devrait  commencer  » 
(p.   310). 


—  331  — 

Toute  l'argumentation  de  l'autour  repose  sur  un  paralogisme. 
11  conclut  de  ses  minutieuses  et  savantes  observations  biologiques 
sur  la  segmentation  et  le  développement  de  la  matière  protoplas- 
mique,  que  «  tout  se  passe  comme  si  la  substance  vivante  se  suffi- 
sait à  elle-même  »,  et,  delà,  il  conclut  «  que  la  substance  vivante 
est  eiïectivement  une  substance  autonome,  dont  les  transforma- 
tions, de  quelque  ordre  soient-elles,  ne  dépendent  aucunement  d'une 
fin  prévue  de  toute  éternité  ». 

De  ce  que  tout  se  passe  comme  si,  etc.,  il  ne  résulte  logiquement 
en  aucune  façon  que  les  choses  soient  comme  elles  semblent  le 
paraître.  L'auteur  constate  que  l'œuf  animal  se  segmente  en  un  plus 
ou  moins  grand  nombre  de  blastomères  ou  sphères  secondaires  qui 
se  segmentent  à  leur  tour,  chaque  subdivision  correspondant  à  l'un 
des  organ'es  du  futur  organisme  vivant;  il  en  conclut  que  cette  suite 
de  phénomènes  tient  à  la  substance  matérielle  même,  que  les  diffé- 
rentes formes  que  peuvent  subir  les  blastomères  sont  déterminées 
par  les  circonstances  extérieures  et  concomitantes,  d' où ••  résultent 
toutes  les  formes  et  transformations  que  l'on  observe  chez  les  êtres 
vivants.  Et  en  effet  tout  se  passe  comme  si  ces  phénomènes  ne  pro- 
cédaient d'aucune  cause  extrinsèque  apparente. 

placé  à  son  point  de  vue  préconçu,  le  maître  de  conférences  à  la 
Sorbonne  s'empresse  de  conclure  que  cette  cause  extérieure  n'existe 
pas,  que  la  matière  se  vivifie  d'elle-même  et,  d'elle-même,  subit  ou 
effectue  tous  les  changements  et  modifications  qui  aboutissent 
finalement,  mais  sans  aucun  plan  prévu,  à  l'infinie  variété  des  êtres 
qui  composent  la  nature  vivante  et  s'humanisent  en  elle. 

Le  même  raisonnement,  appliqué  aux  phénomènes  subséquents, 
semble  à  l'auteur  une  objection  invincible  contre  le«créationisme  », 
c'est-à-dire  contre  cette  donnée  élémentaire  de  la  raison  que  tout 
effet  implique  une  cause  apparente  ou  non,  et  une  cause  propor- 
tionnée. 

^  Grâce  à  cette  belle  «  philosophie  »,  l'homme  connaîtra  de  plus  en 
plus  ses  rapports  avec  l'ensemble  dont  il  fait  partie,  «  seule  con- 
naissance à  laquelle  il  puisse  jamais  prétendre,  et  de  plus  en  plus 
l'évolution  des  êtres  apparaîtra  comme  un  cas  particulier  de  l'évo- 
lution générale  de  la  matière  ». 

Ainsi  transformisme  matérialiste  sans  cause  originelle  détermi- 
nante et  thèse  déprimante  de  l'incognoscible  ou  inconnaissable, 
telle  est  toute  la  philosophie(?)  que  professe  le  naturaliste  à  qui 
nous  devons  le  Transformisme  et  l'expérience.      G.  de  Kirwan. 


-  332  -^ 

LITTÉRATURE 

En  :VIOEita;;iie  boiirb»nnais<>,  iiioeursi  et  coutumes,  supers- 
tili^iiiM,  N«(rciere»,  |ifir  le  Dr  Uhisson.  Roanne,  iiup.  Souchier,  lytt, 
iii-16  de  262  p.-  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  n'est  pas  ici  l'œuvre  d'un  folkloriste  de  profession,  mais  un  livre 
écrit  avec  amour  sur  un  petit  coin  de  terre  par  un  homme  qui  y  est  né 
et  y  a  vécu.  Bien  plus,  le  D''  Brisson  y  a,  pendant  vingt-cinq  ans, 
exercé  sa  profession  à  la  campagne  et,  par  là,  beaucoup  vu,  entendu 
et  observé.  Condamné  au  repos  par  le  soin  de  sa  santé,  il  égayé  ses 
loisirs  en  décrivant,  dans  la  forme  de  causeries  familières,  les  mœurs, 
les  croyances  et  les  pratiques  de  ses  compatriotes,  telles  qu'elles  se 
sont  conservées  jusqu'ici,  encore  bien  atténuées,  mais  pourtant  déjà 
disparaissant  par  les  chemins  de  fer,  la  lecture  des  journaux  et  l'uni- 
formité générale.  L'auteur  a  écrit  ces  causeries  pour  ses  compatriotes 
bourbonnais:  pourtant,  le  lecteur  étranger  et  ami  dufolk-lore  lira 
avec  intérêt  ou  agrément  ce  que  le  D^  Brisson,a  écrit  sur  ces  sujets. 
Le  moins  original  pour  nous,  étranger  au  pays,  est  la  description  des 
usages  et  des  fêtes,  ce  qui  forme  la  première  partie.  Mais  la  seconde 
traite  des  pratiques  et  superstitions  concernant  la  guérison  des  maladies 
chez  les  hommes  et  les  animaux.  Jusqu'à  notre  temps,  la  pénurie  était 
grande  de  médecins,  de  sages-femmes  et  de  vétérinaires;  le  peuple 
s'adressait  aux  guérisseurs  en  qui  il  avait  confiance  par  tradition  ou 
par  autorité,  et  ces  derniers  employaient  des  procédés  où  se  mêlaient 
la  médecine  des  plantes,  des  pratiques  de  physiothérapie  transmises 
par  d'autres,  des  pseudo-prières  et  une  sorcellerie  devenue  bien 
vulgaire.  Le  D^"  Brisson  les  raconte  en  quatre  classes  :  panseurs, 
gougneurs  (c'est-à-dire  masseurs),  médecins  de  bestiaux  et  jeteurs  de 
sorts,  puisque  c'est  par  les  «  sorts  «  qu'on  expliquait  les  contagions, 
surtout  chez  les  bestiaux.  Le  D^"  Brisson  a  encore  connu  des  familles 
de  ces  guérisseurs  où,  comme  chez  des  Asclépiades  de  l'antiquité 
grecque,  les  recettes  se  transmettaient  de  père  en  fils  :  d'ordinaire, 
le  dernier  rejeton  de  ces  familles  fait  aujourd'hui  des  études 
médicales  et,  reçu  docteur,  profite  (et  légalement)  de  la  réputation 
que  ses  ancêtres  avaient  dans  le  pays.  Le  D^  Brisson  ne  donne  pas 
de  sèches  énumérations  :  il  a  tout  vu  de  près,  souvent  constaté  les 
trucs  de  ces  guérisons,  remarqué,  dans  quelques  cas,  leur  entente  se- 
crète avec  des  pharmaciens  :  il  rapporte  des  anecdotes  vécues.  Il 
termine  en  racontant,  pour  l'avoir  constaté  lui-même,  le  don  de  «  double 
vue  »  de  la  «  dormeuse  de  La  Palisse  »,  laquelle  a  été  étudiée  parle 
D'^  .lardet,  de  Clermont-Ferrand. 

C'est  un  livre  de  psychologie  populaire  qu'un  citadin  lit  avec  autant 
d'agrément  que  d'instruction;  mais  l'homme  d'étude  regrette  l'ab- 


-  333  - 

sence  d'un  index  ou  table  qui  lui  permette  de  retrouver  tel  fait  ou 
tel   détail.  H.    Gaidoz. 

LiC  Uislique  élé$:iaqiie  rliex  Tiliiille,  Sulpicia,  lij'frttaiiaus, 

par  A.  GaRTAULT.  Paris,  Alcn.  >  'W.  u      ni->s  'i<^.  vii-,:;l'i  p.  —  Pii\  :  U  fr. 

«  Encore  un  spécimen  d'érudition  germanique  !  Quel  intérêt  y  a-t-il 
vraiment  à  compter  combien  il  y  a  de  spondées  et  de  dactyles  dans 
les  quatre  premiers  pieds  de  l'hexamètre  ou  dans  les  deux  premiers 
pieds  du  pentamètre  chez  Tibulle?  »  Voilà  ce  que  diront  les  profanes 
et  les  humanistes  attardés  de  la  vieille  ccole.  Ils  n'ont  pas  tout  à  fait 
raison.  Sans  doute  M.  Cartault  a  publié  des  études  plus  attrayantes 
que  celle-ci,  et,  sans  chercher  bien  loin,  il  suffit  de  citer  l'cdition 
critique  qu'il  a  donnée  récemment  de  Tibulle,  ses  Recherches  à  propos 
du  Corpus  Tibullianum,  et  surtout  sa  belle  Etude  sur  les  satires 
d'Horace.  L'œuvre  présente  n'a  pas  des  visc'es  si  hautes  et  ne  quitte 
pas  le  domaine  de  la  métrique.  Elle  étudie  successivement  :  1°  la 
structure  prosodique  et  verbale,  2°  la  coupe  penthémimère  et  heph- 
thémimère,  3°  les  élisions  dans  les  vers  de  Tibulle,  de  Sulpicia  et  de 
Lygdamus,  4°  la  distribution  symétrique  du  qualificatif  et  du  qua- 
lifié, 5°  le  rapport  de  la  proposition  avec  le  distique,  6<^  l'autonomie 
et  le  groupement  des  distiques.  Ces  questions  sont  quelque  peu 
arides:  certaines  pages  sont  h' rissi  es  de  tableaux  et  de  formules, 
mais,  de  ces  sèches  nomenclatures,  l'auteur  a  su  tirer  des  conclusions 
fort  intéressantes  sur  le  caractère  génf'ral  et  l'évolution  de  la  mé- 
trique de  Tibulle;  il  a  montré  que,  chez  lui,  la  technique  n'est  que 
la  servante  de  l'art.  «  Pour  Tibulle,  dit  excellemment  M.  Cartault, 
le  distique  n'est  pas  simplement  un  hexamètre  et  un  pentamètre 
juxtaposés,  c'est  une  strophe  dont  les  (léments  jouent' leur  partie 
dans  le  concert;  ils  se  complètent  et  s'unissent  comme  dans  un  de 
ces  mariages  rares,  où  le  couple  n'a  qu'une  âme,  quoique  les  époux 
restent  des  personnes  distinctes.  «  Ces  recherches  minutieuses  et 
méthodiques  ont  eu  un  autre  r('sultat  :  elles  lui  ont  permis  non  pas 
précisément  d'établir  la  chronologie  des  tlégies  à  lintcrieur  de  cha- 
cun des  deux  livres  que  la  critique  regarde  comme  authentiques, 
mais  de  montrer  que  le  second  livre  est  sûrement  postérieur  au  pre- 
mier, qu'une  bonne  partie  du  troisième  doit  être  attribuée  à  Lygdamus 
et  une  partie  du  quatrième  à  Sulpicia;  de  plus,  que  Lygdamus  et 
Sulpicia  appartiennent  à  la  même  école  que  Tibulle,  qu'ils  ont  été 
peut-être  ses  élèves,  mais  que  ni  l'un  ni  l'autre  n'ont  égalé  le  maître 
pour  le  sens  du  rythme,  et  encore  moins  pour  le  sens  esthétique. 

L.  Mensch. 


—  334  - 

De  Paitur^e  à  ^ancko  Pança.     Mélanges    de   HUéralure   européenne. 
par  ËMiLB  Gebhart.  Paris,  B'oud,  1911,  in-16  de  vni-321  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Petits  iTlénieires,  par  le  même.   Paris,  même  librairie,   1912,  in-16  de 
VI 1-292  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Emile  Gebhart  était  un  homme  de  beaucoup  d'esprit  et  de  talent 
et  un  écrivain  remarquable,  mais  pas  un  homme  de  génie.  Il  n'y  a 
vraiment  pas  lieu,  comme  s'il  s'agissait  d'un  Bossuet  ou  d'un  Pascal, 
d'aller  recueillir  à  tout  prix  les  écrits  de  lui  restés  inédits  ou  ense- 
velis quelque  part  pour  les  remettre  en  lumière,  quels  qu'en  soient 
le  ton  et  le  caractère.  C'est  l'erreur  où  sont  tombés  les  auteurs  du 
volume  intitulé  assez  arbitrairement  :  De  Panurge  à  Sancho  Pança, 
et  qui  comprend  les  morceaux  suivants,  publiés  autrefois  en  Variété. 
ou  en  feuilleton  dans  divers  journaux  :  1.  La  Satire  en  France  au 
moyen  âge.  2.  L'Eloquence  française  au  moyen  âge.  3.  Le  Drame 
sacré  au  moyen  âge.  4.  Deux  contes  de  Geoffroy  Chaucer.  5.  Merry 
old  England.  6.  François  Villon.  7.  La  Satire  en  France  au  xvi^ 
siècle.  8.  L'Arioste  et  le  Roland  de  l'Arioste.  9. Les  Colloques  d'Érasme. 
10.  Érasme  et  Rabelais.  IL  La  Statue  de  Rabelais.  12.  Le  Pantagruel 
de  Dresde.  13.  Camoëns.  14.  Hamlet  et  Shakespeare.  15.  Don  Qui- 
chotte. 16.  Récents  interprètes  de  Don  Quichotte.  17.  De  la  popularité 
universelle  de  Don  Quichotte.  18.  Une  Cause  célèbre  de  piraterie  litté- 
raire. 19.  A  propos  de  Tirso  de  Molina.  20.  Étudiants  et  écoles  de 
l'Espagne  d'autrefois.  21.  Bibliothèque  espagnole.  —  On  constate 
dans  tous  ces  articles  des  qualités  très  réelles  de  publiciste  et  de 
vulgarisateur,  mais  très  inégalement  mises  en  œuvre  selon  les  sujets 
traités  et  selon  l'époque  et  le  journal  où  ils  le  furent.  En  ce  qui  con- 
cerne le  moyen  âge,  par  exemple,  l'information  est  superficielle  et  le 
jugement  précipité.  Quant  à  l'esprit  qui  règne  dans  la  majeure  partie 
des  morceaux  réimprimés,  «  les  Éditeurs  »  s'en  expliquent  ou  s'en 
excusent  en  ces  termes  :  «  Plusieurs  (c'est  en  réalité  la  plupart)  de 
ces  études  appartiennent  à  la  série  que  M.  Gebhart  publia,  sous  la 
signature  à'Atticus^  dans  la  République  française,  au  moment  où  ce 
journal  donnait  l'assaut  au  cléricalisme.  Atticus  s'était  mis  de  la 
partie  avec  un  entrain  que  l'expérience  devait  peu  à  peu  calmer. 
Nous  n'avions  pas  le  droit  de  reproduire  ici  les  plus  fougueux  de  ces 
articles,  pour  la  simple  raison  que  M.  Gebhart  n'aurait  jamais 
consenti  à  cette  publication.  Pour  d'autres,  un  peu  vifs  de  ton,  mais 
qui  nous  paraissent  avoir  une  importance  capitale  dans  le  développe- 
ment littéraire  de  leur  auteur,  —  l'article  sur  la  Statue  de  Rabelais, 
par  exemple.  — nous  avons  cru  pouvoir  et  devoir  les  sauver  de  l'oubli 
au  prix  de  quelques  rares  coupures  qui  ne  portent  pas  sur  le  fond 
des  choses,  et  que  M.  Gebhart  lui-mcme  aurait  certainement  exigées. 
Si  le  plan  que  nous  avons  suivi  déplaît  aux  esprits  sectaires,  cela 


-  335  — 

nous  importe  peu.  L'œuvre  d'Emile  Gebhart  ne  s'adresse  qu'aux 
hommes  de  goût.  «  —  En  fait,  tout  chrétien  sensé  qui  aura  lu  les 
articles  ici  reproduits  d'Atticus  sera  d'avis  que  les  coupures  faites 
auraient  dû  s'étendre  à  la  totalité  de  cette  partie  du  recueil.  La 
République  française,  au  temps  où  il  y  collabora,  correspondait  à  la 
Lanterne  d'aujourd'hui.  Le  ton  et  l'esprit  nullement  attiques  d'At- 
ticus y  convenaient  parfaitement  et  offrent  à  l'esprit  l'idée  de  quel- 
que fils  ou  neveu  du  fameux  Homais,  échappé  de  sa  pharmacie  et 
devenu  membre  de  l'Ecole  d'iVthènes,  puis  de  notre  enseignement 
supérieur,  mais  sans  avoir  rien  retranché  de  son  ignorance  religieuse 
et  de  sa  méchante  sottise.  C'est  faire  tort  à  la  mémoire  de  Gebhart 
que  de  reproduire  de  telles  élucubrations,  qu'il  n'était  pas,  ce  semble, 
sans  sérieusement  regretter  lui-même.  Nous  ne  savons  quel  sera  là- 
dessus  l'avis  des  «  sectaires  »,  mais  les  «  hommes  de  goût  »,  les  vrais, 
trouveront  cela  de  fort  mauvais  goût. 

—  Tout  autre,  Dieu  merci  !  est  le  caractère  de  l'autre  recueil  de 
morceaux  repris  à  la  presse  périodique  et  publiés  sous  le  nom  de 
Petits  Mémoires.  Ceux-ci  appartiennent,  du  moins  par  leur  rédaction, 
à  la  dernière  partie  de  la  carrière  de  Gebhart,  celle  où  la  réflexion 
et  aussi  l'expérience  frappante  des  conséquences  pratiques  tirées  sous 
ses  yeux  des  passions  qu'il  avait  naguère  partagées,  l'amenèrent  à 
des  idées  plus  justes,  à  des  sentiments  plus  nobles,  et  même  à  une 
indignation  généreuse  contre  les  excès  dont  il  était  témoin.  Le  progrès 
et  aussi  le  retour  y  sont  manifestes.  L'ancien  Atticus  ne  craint  pas 
de  faire  l'éloge  de  la  Rome  pontificale  (p.  231  et  suiv.);  de  stigma- 
tiser la  politique  qui  se  fait  un  jeu  de  «  jeter  à  l'exil,  à  la  misère,  les 
sœurs  de  charité  »  (p.  136).  Bien  plus,  il  n'hésite  pas  à  écrire  (dans 
le  Gaulois,  où  maintenant  il  collabore)  :  «  Méfiez-vous  des  faux 
monomanes.  La  politique  en  produit  chez  nous  avec  une  prodigalité 
désolante.  Ne  prenez  pas  ces  hommes  à  la  figure  triste,  à  la  voix 
chevrotante,  qui,  l'oreille  collée  aux  murailles,  y  entendent,  disent- 
ils,  cheminer  les  jésuites,  ne  les  prenez  pas  pour  d'authentiques 
maniaques.  Ce  sont  tout  bonnement  des  sophistes  qui  rient,  dans 
leurs  vieilles  barbes  répubhcaines,  de  la  naïveté  de  leurs  électeurs. 
Bêtes  aboyantes,  larmoyantes,  encombrantes  et  volontiers  venimeuses. 
Aristophane,  qui  ne  les  aimait  point,  leur  attachait  des  casseroles 
à  la  queue  et  les  lâchait  ainsi  estampillées  dans  les  rues  d'Athènes. 
Chez  nous,  au  moins,  les  casseroles  ne  manqueraient  point.  C'est 
plutôt  Aristophane  qui  nous  manque.  »  (p.  22-23).  • —  Sans  doute 
dans  ces  Petits  Mémoires  qui,  comme  le  titre  l'annonce,  ont  un  carac- 
tère autobiographique,  il  reste  encore  quelques  traces  de  rationa- 
lisme et  de  renanisme  et  on  y  rencontre  çà  et  là  quelques  gamineries. 
Mais,  cette  réserve  faite,  on  les  lit  avec  agrément.  M.  S. 


—  336 


Voltaire,     lloutesquies     et     Rousseau     eu     Angleterre, 

parJ.  '  HuRro>  Collins;  irad.  <le  l'aujilais  p.ir  Pikrrk    Deskillb.    l'aiis, 
liaclielUs  l'il,  iii-16  de  viii-255  i>.  —  Prix  :  3  tr.  5('. 

11  n'y  a  guère  dans  l'histoire  des  relations  intellectuelles  entre  la 
France  et  l'Angleterre  d'épisodes  qui  méritent  plus  d'attention  que 
les  séjours  faits  en  Angleterre  par  Voltaire  de  1726  à  1729,  par  Mon- 
tesqui  'U  de  1729  à  1731,  par  Rousseau  de  1766  à  1767.  Outre  que 
ces  S;' jours  abondent  en  incidents  curieux,  les  deux  premiers  ont  eu 
des  conséquences  impossibles  à  calculer,  puisque  c'est  à  l'Angleterre 
que  Voltaire  et  Rousseau  ont  pris  la  plupart  des  idées  philosophi- 
ques, religieuses,  politiques  et  sociales  qui  devaient  à  la  fin  ruiner 
l'ancien  ri  gime.  Dans  le  très  instru'  tif  et  très  agr'&blj  volume  qui 
passe  aujourd'hui  en  notre  langue,  le  regretté  Churton  Collins  a  ras- 
semblé tout  ce  qu'on  peut  savoir  des  circonstances  qui  ont  amené 
dans  son  pays  les  écrivains  français  et  surtout  de  la  façon  dont  ils  y  vécu- 
rent, des  choses  qu'ils  y  virent,  des  hommes  qu'ils  fréquentèrent, 
des  impressions  diverses  qu'ils  en  rapportèrent.  Aux  recherches  de 
Eesnoiresterres,  il  a  fort  ajouté,  en  ce  qui  concerne  Voltaire,  à  la  fois 
documents  et  faits;  peut-être  est-il  seulement  quelquefois  un  peu 
prompt  à  croire  Voltaire  sur  parole  (par  exemple,  dans  le  récit  de 
l'arrivée  à  Greenwich  et  à  Londres,  p.  9-13).  Les  notes  sur  l'An- 
gleterre de  Montesquieu  ayant  été  en  partie  détruites  et  sa  corres- 
pondance avec  Chesterfield  ayant  disparu,  il  y  avait  dans  l'étude 
suivante  moins  de  nouveau  à  glaner;  M.  Collins  a  toutefois  compl  té 
sur  bien  des  points  et  rectifié  au  moins  assez  souvent  les  récits  que 
l'on  trouve  dans  les  biographies  courantes  de  Montesquieu,  par 
exemple  dans  celle  de  M.  Vian.  D'un  intérêt  surtout  biographique 
est  la  partie  du  livre  consacrée  h  Rousseau.  Tout  ce  que  cet  écrivain 
doit  à  1  Angleterre  de  sentiments  ou  d'idées,  il  l'avait  acquis  par  les 
hommes  ou  les  livres  avant  de  mettre  le  pied  à  Douvres.  Mais  c'est 
en  Angleterre  qu'il  écrivit  la  plus  grande  partie  des  Confessions; 
c'est  là  qu  il  eut  avec  Hume  une  fameuse  querelle  et  que,  de  façon 
générale,  ses  facultés  semblent  avoir  subi  une  crise  qui  transforma 
définitivement  en  monomanie  ses  bizarreries  anciennes.  Au  sujet  de 
cette  crise  se  posent  naturellement  maiats  problèmes  que  M.  Colli  .s  ne 
résout  peut-être  pas  tous  de  façon  définitive,  mais  dont  il  expose  trèa 
clairement  et  très  complètement  toutes  les  données.  Sur  tous  les  points 
son  livre  vaut  par  une  érudition  minutieuse,  exacte  et  d'ailleurs, 
nullement  encombrante;  les  idées  générales  y  reposent  partout  sur  des 
faits  patiemment  réunis  et  clairement  groupes.  La  traduction  de 
M.  Deseille  est  généralement  bonne;  on  y  trouve  cependant  un  certain 
nombre  d'anglicismes  fâcheux  (déformé  pour  difforme,  p.  20,  auda- 
cité  pour  audace,  p.  55,  etc)  ;  on  ne  voit  pas  pourquoi  le    traducteur 


—  337  — 

laisse  en  anglais  certains  mots  (seaso/i,  p.  17,  backgammon,  p.  149  et 
tous  les  noms  d'emplois,  ainsi  que  les  titres  d'ouvrages);  p.  24l,  une 
phrase  m^il  construite  ferait  rapporter  à  Thérèse  Levasseur  seule  ce 
qui  doit  s'entendre  à  la  fois  de  Rousseau  et  d'elle-même. 

A.  Barbeau. 


nruuvelle»  ËùtuAeti  suv  Cliateaubriaiid.  Essds  Whistoire.  morale  et 
Littéraire,  par  VICTOR  GiRAUD.  Paris,  iliohette,  19I2,  iii-l6  de  ix-33o  p.  — 
Prix  :  3   fr.  50, 

M.  Victor  Giraud,  qui  nous  a  donné  déjà  des  iJ^^tc^es  sur  Chateau- 
briand et  deux  volumes  de  Pages  choisies  chez  l'auteur  des  Mémoires 
d' outre-tombe,    continue   ses   recherches,  ses  réflexions,  ses  analyses, 
avec  une  sagacité  de  plus  en  plus  avertie,  et  le  «  fanatisme  de  l'exac- 
titude. »  Les  conférences  annoncées  de  M.  Jules  Lemaître  ont  été  la 
cause  de  la  mise  en  vente  de  ce  volume,  mais  un  labeur   de    vingt 
années    a  présidé  à  sa  rédaction  fragmentaire,  et  ces  courtes  pages 
sont  la  résultante  d'études  minutieuses  et  approfondies.  M.  Giraud 
estime  que  Chateaubriand  va  «  redevenir  à  la  mode  »,  et  il  avance 
son  avis  motivé  sur  le  personnage;  peut-être  craignait-il  que  M.  Jules 
Lemaitre  ne  l'abordât  pas  avec  assez  de  sympathie  respectueuse  et  il 
manifeste  que  l'admiration  est  en  proportion  du  temps  employé  à 
étudier    l'auteur    des     Martyrs.    Des    années     d'analyse    doivent 
mettre  mieux  au  point  que  quelques  mois  de  synthèse  pour  la  prépa- 
ration d'élégantes  causeries.  H  y  a  beaucoup  de  psychologie  dans  la 
méthode  de  M.  Victor  Giraud  plus  que  d'histoire  proprement  dite, 
et  un  examen  littéraire  très  serré  conduit  à  des  conclusions  pratiques 
sur  les  textes  matériels  en  même  temps  que  sur  les  idées  morales  de 
René.Lsi  richesse  des  lectures,  et  par  suite  des  notes,  instruit  singuliè- 
rement bien  le  lecteur  et  le  met  au  fait  de  détails,  de  rapproche- 
ments, de  coïncidences  qui  le  conduisent  aux  conclusions;  sans  doute 
que  M.  Lernaître  aura  puisé  là  des  renseignements  utiles  et  corroboré 
sa  propre  science  de  la  science  d'un  analyste  si  bien  armé.  Je  vois 
toute  la  trame  des  «  conférences  »  où  Paris  se  presse    actuellement, 
dans  la  première  partie  du  livre  de  M.  Giraud  :  «  La  genèse  du  Génie 
du  christianisme  »  avec  les  chapitres  qui  scrutent  le   génie  breton, 
l'éducation  et  le  milieu  familial,  le  collège,  le  Paris  de  1787,  le  voyage 
en  Amérique,  l'armée  des  Princes,  le  départ  pour  l'Angleterre,  l'Essai 
sur  les  résolutions,  la  crise  religieuse.  Pour  caractériser  la  méthode 
de  M.  Giraud,  ajoutons  que  ces  fines  et  profondes  réflexions    sont 
corroborées  par  des  Appendices  sur  les  textes  et  manuscrits  primitifs 
de  son  héros,  des  lettres  et  des  fragments  inédits,  les  «  contrefaçons  » 
de  ses  ouvrages. 

L'histoire  proprement  dite  reprend  ses  droits,  quand  le  critique 
Avril  1912.  T.  GXXIV.  22. 


—  338  — 

nous  conte  «  deux  épisodes  de  la  jeunesse  de  Chateaubriand.  »  Le 
bibliographe  érudit  s'affirme  en  regardant,  comme  à  la  loupe,  les  «  re- 
liques du  manuscrit  des  Martyrs  »,  et,  si  maint  lecteur  ne  le  suivra 
pas  dans  les  détails  minutieux  de  ces  rapprochements  granimaticaux , 
il  n'y  en  aura  aucun  qui  ne  s'incline  devant  ce  labeur  de  l'érudition 
et  de  la  philologie.  —  Enfin,  pour  terminer  agréablement  ce  volume 
de  «  Mélanges  »,  si  je  puis  dire,  un  paquet  de  lettres  inédites  de 
Chateaubriand  aux  frères  Bertin  (de  1821  à  182.8),  deux  lettres  à 
Mgr  Frayssinous  (1827);  et  en  conclusion,  sous  le  titre  :«  Le  sillage 
de  Chateaubriand  »,  la  démonstration  que  celui-ci  exerça  la  plus 
grande  influence  littéraire  sur  le  xix^  siècle,  aussi  bien  auprès  des 
romantiques  que  des  réalistes  et  de  nos  contemporains  les  plus  proches. 
Et  ceci  ne  paraît  pas  contestable,  vraiment. 

Geoffroy  de  Grandmaison. 


Regiilo  de  boda  :  libreto  del  matrimoiiio  cou  los  eanlarex 
y  refranes  C|we  tiene  la  ohra,  por  FKRMiNSACRiSTÀN.  Barceiom, 
Gili,  1911,  in-16  de  3i7  p.,  illustré.  —  Prix  :  i  fr. 

La  langue  castillane  est  peut-être  la  plus  riche  en  proverbes  du 
monde.  Qu'on  se  rappelle  Sancho  Pança,  l'ineffable  écuyer  de  l'im- 
mortel Don  Quichotte  !  Qu'on  se  donne  la  peine  (ou  le  plaisir)  de 
lire  quelques  pages  du  Romancero  !  Que  l'on  consulte  seulement  les 
titres  des  innombrables  comédies  de  Lope  de  Vega  et  de  Calderon  : 
on  sera  frappé  de  la  quantité  de  refranes  en  usage  dans  la  conver- 
sation courante  du  peuple  espagnol.  11  n'est  pas  étonnant,  dès  lors, 
que  s'il  s'agit  des  femmes,  du  mariage,  des  gendres  et  des  belles- 
mères,  le  répertoire  des  proverbes  soit  particulièrement  abondant... 
et  savoureux.  Or,  le  livre  que  M.  Sacristân  a  intitulé  :  Begalo  de  boda 
(Cadeau  de  noces)  est  un  tissu  de  proverbes,  de  couplets  et  de  cita- 
tions des  grands  auteurs  dramatiques,  relatifs  aux  fiancés,  à  l'amour, 
aux  préludes  du  mariage,  au  choix  d'un  époux  ou  d'une  épouse,  au 
trousseau  de  l'épousée,  aux  disgrâces  et  aux  surprises  de  l'union 
conjugale,  et...  à  tout  ce  qui  s'ensuit.  On  ne  peut  imaginer  rien  de 
plus  humoristique  sur  cette  matière.  Ajoutons  qu'il  faut  être  très 
Espagnol  pour  en  goûter  tout  le  piquant  et  pour  en  comprendre 
toute  la  portée.  Et,  si  nous  faisons  observer  que,  d'un  bout  à  l'autre  du 
livre,  pas  une  ligne,  pas  un  mot  ne  dépasse  les  bornes  de  la  décence, 
malgré  le  ton  quelque  peu  épigrammatique  de  l'auteur,  nous  aurons 
dit  suffisamment  que  le  Regalo  de  boda  est  un  recueil  amusant  et 
même  érudit  de  sentences  qu'on  lira  avec  charme  et  qu'on  méditera 
avec  profit.  G.  Bernard. 


-,  : --  '  :    —'339  — 

HISTOIRE 

Essai  Sfii*  leM  oa^igtiie»  et  [Sa  fontlation  du  durlié  d«  USar- 
manctie,  par   IIbnri  Prentout.  Paris,  Ghatupion,  1911,  iu-8  de  294  p 
—  Prix  :  0  fr. 

R'en  de  plus  obscur  que  l'origine  du  duché  de  Norman- 
die. Le  traité  de  Saint-Clair-sur-Epte,  en  vertu  duquel  Charles  le 
Simple  céda  la  Normandie  à  Rollon  en  l'an  911,  créa-t-il  vraiment  le 
duché? — Nous  n'en  savons  rien,  dit  M.  Prentout.Le  texte  du  traité 
ne  nous  est  point  parvenu.  Quelle  était  l'étendue  du  territoire?  On 
Tignore.  Qu'est-ce  que  Rollon?  D'où  vient-il?  C'est  un  Danois,  affirj 
ment  les  professeurs  de  l'Université  de  Copenhague.  Pas  du  tout, 
repli ([uent  les  professeurs  de  l'Université  de  Christiania  :  Rollon 
était  un  Norvégien.  Erreur  1  interviennent  ici  les  Suédois  qui  récla- 
ment, à  leur  tour,  Rollon,  comme  un  héros  de  leur  race. 

Qi' elles  institutions  Rollon  donna-t-il  au  duché?  Nouvelles  incer- 
titudes et  nouvelles  controverses.  M.  Henri  Prentout  essaie  de  mettre 
de  la  lumière  dans  cette  sylve  ténébreuse.  L'éminent  professeur 
recherche  d'abord  quels  furent  les  premiers  peuples  qui  habitèrent 
la  province,  puis  dans  quelles  mesures  ils  la  colonisèrent.  La  civili- 
sation romaine,  la  création  de  la  II'^  Lyonnaise  qui  fut  le  premier 
cadre  de  la  Normandie,  et  d'où  sortit  la  province  de  Rouen  ;  l'intro- 
duction du  christianisme;  les  invasions,  les  établissements  saxons, 
la  conquête  franque,  la  civilisation  franque,  etc.,  autant  de  problèmes 
sur  lesquels  M.  Prentout  répand  les  plus  précieuses  clartés.  La  fonda- 
tion (lu  duché  de  Normandie  exerce  surtout  la  sagacité  de  l'auteur. 
L'histoire  des  premiers  ducs  se  complique  de  légendes  accréditées 
par  le  doyen  Dudon  de  Saint-Quentin.  M.  Prentout  dégage  de  ce 
folklore   les   données  historiques  qu'autorise  la  critique. 

Quelles  sont  les  conclusions  de  l'auteur?  «  Rome,  dit- il,  donna  au 
pays  une  éclatante  civilisation  qui  dura  plusieurs  siècles  et  disparut 
dans  la  tourmente  des  invasions.  L'Église  créa  la  province  de  Rouen. 
Aux  Franks,  les  Normands  doivent  la  plus  grande  partie  de  leurs 
droits  coutumiers.  Aux  yeux  de  M.  Prentout,  les  bandes  Scandinaves 
qui  envahirent  la  Normandie  comptaient  très  peti  de  femmes.  Aussi 
la  linguistique  ne  relève-t-elle,  dans  le  vocabulaire  delà  vie  de  famille, 
aucun  terme  qui  accuse  les  envahisseurs.  Et,  pourtant,  cette  race  se 
trahit  dans  le  type  physique  du  Normand.  M.  Prentout  ne  fait  excep- 
tion que  pour  l'Avranchin,  où  dominerait,  dit-il,  Tinfluence  bretonne  ! 
Que  M.  Prentout  me  permette  de  ne  pas  souscrire  à  cette  affirmation. 
Il  est  certain  que  le  type  normand  a  été  altéré  dans  l'Avranchin  par 
l'afflux  armoricain.  Mais  cette  altération  ne  remonte  pas  à  plus  de 
cinquante  ans.  Elle  date  du  creusement  des  bassins  de  Granville.  Les 


-  340  -^ 

travaux  entrepris  par  l'administration  des  ponts  et  chaussées,  dans 
le  port  même,  et,  d'autre  part,  la  création  de  la  voie  ferrée  ame- 
nèrent à  Granville,  à  Pontorson,  à  Villcdieu,  à  Avianches,  etc.,  plu- 
sieurs milliers  de  terrassiers  de  l'Ille-et- Vilaine  et  des  Côtes-du- 
Nord,  surtout.  De  nombreux  mariages  s'effectuèrent.  De  là  des 
croisements  qui  portèrent  un  coup  funeste  à  la  pureté  de  la  race 
normande.  La  population  féminine  de  Granville  était  célèbre  dans 
toute  la  France.  Michelet,  dans  son  livre  la  Mer,  lui  consacre  un 
chapitre  des  plus  curieux.  A  l'heure  actuelle,  toute  trace  de  l'an- 
cienne Granvillaise  a  complètement  disparu;  le  type  est  aboli. 
C'est  ainsi  que,  sous  nos  yeux,  le  caractère  d'une  population  s'est 
modifié  du  tout  au  tout.  Soyons  donc  circonspects  dans  nos  thèses 
historiques.  En  1870,  l'auteur  de  ces  lignes  commandait  une  com- 
pagnie de  mobiles  recrutée  dans  le  canton  de  Villedieu-les- Poêles.  En 
général,  l'élément  rural  se  distinguait  par  une  haute  stature,  les 
yeux  bleus  et  les  cheveux  blonds.  L'élément  urbain,  en  revanche,  était 
petit,  trapu  et  brun.  Deux  peuples,  deux  races  se  juxtaposaient  dans 
la   même   compagnie.  Oscar  Havard. 

I^e  Domoiiitroï  (Ménagier  russe  du  x^ï"  siècle.}.  Traduction  et  commea- 
laire  par  E.  Duchesne.  Paris,  A.  Plcdrd  et  fil-',  laio,  in-8  de  16'J  p.  - 
Prix  :  5  fr. 

C'est  assurément  un  service  rendu  aux  curieux  d'histoire  générale 
et  d'histoire  des  mœurs  que  d'avoir  traduit  le  Domostroï,  ce  guide  de 
la  vie  pratique  et  cet  abrégé  de  la  morale  courante  des  Moscovites  : 
il  faut  féliciter  M.  Duchesne  d'avoir  le  premier  assumé  cette  tâche. 
On  peut  regretter  toutefois  'que  le  traducteur  se  soit  borné  de  façon 
si  stricte  à  nous  rendre  ce  service-là;  il  n'a  rien  voulu  ajouter  aux 
recherches  des  savants  russes  sur  le  livre  qui  l'a  intéressé.  l/Intro^ 
duclion,  assez  courte,  est  juste  ce  qu'elle  doit  être  pour  donner  une 
connaissance  générale,  intérieure  ou  extérieure,  de  ce  curieux  ou- 
vrage. Les  Commentaires ,  qu'annonce  le  sous-titre,  ne  sont  que  des 
notes  un  peu  maigres,  fâcheusement  rejetées  à  la  fin  du  volume.  La 
mode  française  de  mettre  les  notes  au  bas  des  pages,  à  laquelle  a  été 
préférée  la  mode  russe,  économise  beaucoup  de  temps  au  lecteur  et 
ne  distrait  rien  de  son  attention.  Nous  avons  eu  l'occasion  de 
parler  dans  notre  précédente  livraison  (p.  227- j38)  d'un  autre 
volume  de  ^L  E.  Duchesne,  et  nous  l'avons  fait  longuement;  nous 
pourrons  abréger  aujourd'hui  les  observations  générales.  Nous  ne 
dirons  que  quelques  mots  appelés  par  la  traduction  qui  nous  est 
offerte.  Cette  version  a  visé  surtout  à  être  élégante  et  ronde; 
elle  a,  pour  cela,  fort  souvent  allongé  le  texte  et  l'a  singu- 
lièrement  adouci.    Là,    par   exemple,  où    le    sévère  rédacteur  du 


—  341  — 

Domostroï  (le  pope  Silvesire)  dit  nettement  qu'il  convient 
ail  mari  de  punir  sa  femme,  le  traducteur  dit  :  «  lui  faire  des 
observations  »  (p.  82);  là  où  il  est  recommandé  de  façon  spéciale  de 
ne  pas  frapper  les  gens  sur  les  yeux  —  ce  qui  peut  leur  faire  perdre 
la  vue,  —  M.  E.  Duchesne  dit  :  «  auvisa^e  ))(page83).  Le  traducteur 
aurait  pu  sans  dommage,  semble-t-il,  donner  à  sa  traduction 
une  couleur  légèrement  archaïque  qui  eût  évoqué  la  naïveté  du 
texte.  Bien  des  mots  sont  restés  vagues  et  ne  rendent  pas  les 
termes  précis  auxquels  ils  correspondent.  Tous  les  lecteurs  s'avise- 
ront-ils de  fortune  qu'il  s'agit  de  nouilles  dans  cette  périphrase,  du 
reste  exacte  :  «  des  bandes  de  pâte?  «  (p.  92).  Il  y  a  des  phrases  lou- 
ches :  «  Crois  aux  mystères  divins,  à  son  corps,  à  son  sang  »  (p.  29). 
Il  faut,  enfin,  déplorer  des  expressions  d'un  français  incorrect  comme 
«  assécher  le  linge  «  (p.  65)  (pour  le  sécher);  et  se  «  rendre  compte 
comment  »  (p.   (S^i).  Den'is   Roche. 


Feinsnes  d'autrefois  et  Hommeni  d'aufourd'liui,  p»r  le  comte 
D'IiAUSsONviLLK.  Paris,  Perriii.  puiit  ia-S  de  473  p.,  avec  8  portraits.  — 
Prix  :  5  fr. 

Tout  le  charme  élégant  de  la  plume  de  M.d'Haussonville  se  retrouve 
dans  ce  recueil  où  sont  abordés,  par  le  côté  facile,  un  certain  nombre 
de  personnes  et  de  personnages  que  l'auteur  a  rencontrés  sur  son 
chemin  dans  ses  travaux  historiques.  Ainsi  le  biographe  de  la  duchesse 
de  Bourgogne  se  retrouve  dans  les  deux  premiers  chapitres  :  «  La  Der- 
nière Secrétaire  de  Madame  de  Maintenon  «et  «Madame  de  Caylus». 
C'est  pour  avoir  jadis  donné  deux  volumes  sur  le  Salon  de  M^^  Necker^ 
que  M.  d'FIausson ville  se  trouve  mieux  qualifié  à  étudier  ici  :  «  Made- 
moiselle Clairon  et  le  baron  de  Staël  »,  ou  la  «  Baronne  de  Staël  et  la 
duchesse  de  Duras.  )>  Ses  relations  personnelles,  ses  amitiés  polit' ques 
ou  littéraires  expliquent  pourquoi  il  parle  de  Prévost-  Paradol,  Gréard, 
Eugène-Melchior  de  Vogué.  Les  lecteurs  qui  ont  goûté  la  très 
intéressante  et  révélatrice  publication  des  lettres  de  La  Mennais  à 
la  baronne  Cottu,  faite  par  les  soins  de  M.d'Haussonville,  auront 
plaisir  à  retrouver  dans  ce  volume  la  figure  d'  «  une  Amie  de  La 
Mennais.  » 

Des  portraits  accompagnent  ce  livre  :  celui  où  Rigaud  a  fixé  les 
traits  de  Madame  de  Maintenon  est  particulièrement  attachant  dans 
sa  simplicité  émouvante.  La  baronne  Cottu,  d'après  une  miniature, 
est  curieuse.  Les  autres  «illustrations  »  n'ont  pas  de  valeur  parti- 
culière. G. 


—  342  — 

Jitu  Peste  de  1  9  90  à  Marseille  et  en  France,  d'nprès  des  docu- 
nirnts  incdiis,  par  1>aul  Gaffakel  et  le  marquis  db  Dukanty.  Paris,  Per- 
rii),  1911,  in-8  de  viii-630  p.,  avec  12  crrav.  el  un  plan.—  Prix  :  7  fr.  KO. 

Il  est  peu  d'événements  qui  aient  laissé  dans  l'histoire  une  impres- 
sion plus  sinistre  que  la  peste  de  Marseille  en  1720,  et  cela  se  conçoit 
quand  on  entre  dans  le  détail  des  faits.  Ce  détail,   on  le  connaît 
complètement  aujourd'hui,  grâce  aux    patientes    recherches    et    au 
travail      de     bénédictins     de  MM.  Paul   Gal'farel  et  le  marquis  de 
Duranty,    qui,   pour  le  découvrir,  ont   dépouillé,   dans  les  archives 
publiques   et   particulières,    une   masse   incalculable   de   documents 
officiels  ou  prives,  correspondances,  rapports,  arrêtés,  proclamations, 
notes  de  paiement,  livres  de  raison,  journaux,  souvenirs  intimes,  etc. 
Ce  fut  une  affreuse  situation  que  celle  de  la  ville  de  Marseille,  lorsque 
le  Grand  Saint-Antoine  lui  eut  apporté  du  Levant  le  germe  de  la  ter- 
rible maladie.  Ce  germe  trouvait  dans  la  vieille  cité  phocéenne  un 
terrain  merveilleusement  préparé  ;  il  s'y  développa  à  souhait.  On 
avait  beau  vouloir  le  cacher;  la  violence  du  mal  ne  tarda  pas  à 
éclater  au  grand  jour.  Tous  les  quartiers  étaient  envahis;  on  y  mourait 
en  masse  et  en  quelques  heures.  Bientôt  les  médecins  locaux  ne  suffi- 
rent plus;  quelques-uns    même  s'étaient  dérobés.  11  fallut  en  appeler 
d'ailleurs,  de  Montpellier  entre  autres,  dont  la  Faculté  était  illustre. 
Les  corbeaux  —  c'est  ainsi  qu'on  nommait  les  ensevelissev.rs  —  les 
rorèeattrc  manquaient  aussi.  On  en  fit  venir,  à  prix  d'or;  mais  ceux- 
là  mêmes  ne  tardèrent  pas  à  être  insuffisants;  beaucoup  du  reste 
étaient  morts,  saisis  par  la  contagion.  On  dut  recourir,  pour  cette 
triste  besogne,  aux  forçats  auxquels  on  promit  la  liberté.  Malgré  tout, 
la  maladie  était  la  plus  forte  :  1rs  cadavres  s'entassaient  dans  les 
rues.  Des  hommes  généreux,  comme  le  chevalier  Roze,  se  dévouèrent 
à  cette  œuvre  d'assainissement.En  somjne,  s'il  y  eut  quelques  exempleb 
de  faiblesse,  il  y  eut    bien  plus  encore  des  exemples  de  courage  et 
d'abnégation.  On  connaît  l'admirable  conduite  de  l'évêque  de  Mar- 
seille, Mgr  de  Belsunce.  Elle  ne  fut  pas  la  seule.  Avec  lui  ilfautciter 
les    quatre    échevins,    Estelle,    Moustiers,    Dieudé    et  Audimar,  qui 
restèrent   intrépidement   à   leur   poste,   attelés   sans  relâche    à  leur 
dangereuse  et  absorbante  besogne;  car  il  fallait  non  seulement  s'oc- 
cuper des  malades  et  des  morts,  mais  trouver  de  l'argent,  des  vivres, 
des  auxiliaires,   solliciter  les  secours,  infoimer  l'intendant  Lebret, 
qui,  lui,  restait  à  Aix,  mais  attentif  à  son  service.  Il  convient  de 
nommer  aussi  le  viguier,  marquis  de  Pilles,  le  marquis  de  Brancas 
et   le  bailli  de  Langeron  dont  l'énergie  purgea  la  ville  de  toutes  les 
ordures  et  de  tous  les  miasmes  qui  l'empestaient.  Il  en  est  d'autres 
encore  que  nous  ne  pouvons  citer,  mais  dont  on  trouvera  les  noms 
dans  le  beau  et  savant  livre  de  MM.  Gaffarel  et  de  Duranty,  qui  est 


—  3^1 3  — 

pour  eux  un  livre  d'honneur,  car  la  peste  ne  se  concentra  pas  à  Mar- 
seille; elle  envahit  toute  la  Provence,  Arles,  Aix,  Toulon,  une  foule 
de  petits  villages,  dont  quelques-uns,  comme  la  Garde,  moins  bien 
défendus  que  les  grandes  villes,  perdirent  plus  de  la  moitié  de  leur 
population.  Elle  envahit  même  le  Comtat  et  le  Languedoc,  donnant 
lieu  aux  mêmes  terreurs  et  aussi  aux  mêmes  dévouements  ;  et  au  nom 
vénéré  de  Belsunce,  il  faut,  dans  la  reconnaissance  publique,  associer 
ceux  de  Mgr  de  Forbin-Janson,  archevêque  d'Arles,  de  Mgr  de  Vin- 
timille,  archevêque  d'Aix,  et  du  premier  consul  de  cette  ville,  le 
marquis   de   Vauvenargues.  Max,  de   la   Rocheterie. 


A   tracera  trois.isièclea.  Études  cVœuvres  et  propos  (Thislorien,    par  Er- 
NBST  Daudet.  Paris,  Hachette,  1911.  iii-i6  de  vui  2So  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  sont  là  des  articles  de  critique,  des  «  propos  d'historien  »,  comme 
le  dit  M.  Ernest  Daudet,  marqués  au  coin  d'une  érudition  avisée  et 
d'une  gracieuseté  bienveillante.  Lui-même,  fort  mêlé  aux  études 
historiques  de  ce  temps  et  souvent  en  possession  d'archives  de 
premier  ordre,  n'éprouve  pas  pour  ses  «  confrères  »  un  sentiment  de 
jalousie  trop  fréquent,  qui  parfois  se  transforme  en  acrimonie  superbe; 
tout  au  contraire,  avec  tact,  bonne  grâce  et  courtoisie,  il  loue  les 
qualités  d'autrui  et  se  plaît  à  reconnaître  chez  le  voisin  les  mérites 
qu'il  possède.  Dirais-je  que  cette  méthode  est  rare  et  d'autant  plus 
appréciable?  fM'  i^ 

Trois  parties,  chronologiquement  suivies,  vont  dans  ce  recueil  : 
10  de  Louis  XIII  à  Louis  XVI;  2°  de  la  Révolution  à  la  chute  de 
Napoléon;  S^la  troisième  comprend  des  «  figures  du  dernier  siècle.))Ce8 
cadres  successifs  donnent  prétexte  à  M.E.Daudet  d'analyser  finement 
les  œuvres  maîtresses  de  MM.  Louis  Batiffol,  d'Haussonville,  marquis 
de  Ségur,  Albert  Sorel,  Albert  Vandal,  Frédéric  Masson,  Geoffroy 
de  Grandmaison,  Henry  Houssaye;  il  reprend  avec  détails  le  roman 
du  prince  de  Metternich  avec  M'"*^  de  Lieven,  dont  il  avait  parlé  des 
premiers  et  qu'a  complété  la  publication  de  M.  Jean  Hanoteau; 
c'est  avec  le  beau  livre  de  M.  Bernard  de  Lacombe  et  la  Chronique 
de  la  duchesse  de  Dino  qu'il  aborde  Talleyrand  ;  il  formule  de  justes 
réserves  sur  les  calomnies  de  M'"^  de  Boigne;  il  termine  par  un 
«  portrait  »  du  P.  Didon,  qu'on  s'attendait  moins  à  trouver  là.      G. 


li'Histoire  de  Franre  racontée  à  tous,  publiée  sous  la  direction 

de  F.  FuNCK  Brrntano.  La  Révolution,  par  Louis   Madblin.  Paris. 
Hachette.  1911,  in-8  carré  de  vii-578  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Dans  la  grande  et  belle  collection  de  V Histoire  de  France  racontée  à 
tous,  l'histoire  de  la  Révolution  est  échue  à  M.  Louis  Madelin.  Et 


—  344  — 

c'était  justice.  Peu  d'auteurs  étaient  mieux  préparés  par  leurs  études 
antérieures  à  aborder  un  tel  sujet;  peu  étaient  mieux  disposés  parleurs 
sentiments  et  leur  caractère  à  le  traiter  avec  impartialité.  Le  volume 
s'ouvre  naturellement  avec  la  réunion  des  États  généraux;  il  se 
termine  non  moins  naturellement  au  18  brumaire.  Ce  n'est  pas  qu'à 
cette  dernière  date  la  Révolution,  à  proprement  parler,  soit  finie; 
elle  s'organise  au  contraire.  Ce  qui  est  terminé,  c'est  la  période  révo- 
lutionnaire, la  période  d'anarchie.  Pendant  ce  temps,  en  effet,  l'anar- 
chie est  partout  :  elle  est  dans  la  royauté  qui  ne  sait  pas  vouloir:  elle 
est  dans  l'Assemblée  qui  détruit  tout  et  ne  reconstruit  pas  grand'- 
chose;  elle  est  dans  l'armée  où  la  discipline  n'existe  plus;  elle  est  dans 
le  peuple  qui  secoue  toute  autorité  et  ne  supporte  aucune  supériorité. 
Car  la  Révolution,  on  l'a  dit  justement,  a  été  faite  moins  par  amour 
de  la  liberté,  que  par  passion  de  l'égalité.  Heureusement,  un  sentiment 
subsiste,  au  milieu  de  ce  désordre,  le  sentiment  patriotique;  il  sub- 
siste, non  pas  seulement  chez  les  soldats  républicains  qui  se  battent 
à  la  frontière,  mais  aussi  chez  les  émigrés  qui  les  attaquent  et  doi^ 
tout  en  acceptant  le  concours  des  puissances  étrangères,  aucun  n'ei'l 
accepté  de  crder  à  ces  puissances  un  pouce  du  territoire  nation.;^!. 
C'est  ce  sentiment  patriotique  qui  refait  les  armées,  qui  repouite 
l'invasion  et  qui  jette  un  reflet  glorieux  sur  ce  régime  qui  couvre  la 
France  d'échafauds  et  fait  peser  sur  elle  la  plus  abominable  tyrannie 
qu'on  puisse  imaginer.  C'est  lui  aussi  qui,  finalement,  arrache  le  pays 
aux  hontes  du  Directoire  et  acclame  Bonaparte,  précisément  parce 
qu'il  incarne  à  ses  yeux  la  gloire  militaire. 

Toute  cette  période  de  dix  ans  si  mouvementée  et  si  tragique,  M. 
Madelin  Fa  racontée  dans  une  série  de  chapitres  écrits  d'une  plume 
vive  et  alerte,  souvent  d'une  ironie  charmante,  dans  des  portraits  et 
des  tableaux  tracés  de  main  de  maître.  C'est  un  résumé  remarquable- 
ment fait,  dont  la  lecture  est  attrayante  et  facile,  et  où  il  semble 
en  même  temps  que  rien  n'a  été  oublié'ni  le  bien,  ni  lemal,ni  les  exploits, 
ni  les  crimes.  Chaque  chapitre  se  termine  par  la  liste  des  principaux 
ouvrages  consultés  :  innovation  heureuse  qui,  tout  en  montrant  l'é- 
norme travail  entrepris  par  l'auteur,  permet  au  lecteur  d'approfondir, 
s'il  le  veut,  le  sujet,  en  lui  indiquant  les  sources  où  il  pourra  trouver 
des  éclaircissements  et  contrôler  les  appréciations  de  l'historien. 

Max.  de  la  Rocheterie. 


Rmivil  cfcfi  a<cti'i«  (*ii  rnniif^  <fii  i^aïii*  public  av^c  la  Cor- 
mH|#oiidanre  of.irrflle  item  r«'f)t  >>•<  niuuts  en  niisa^on 
et  le  I6c?i«ti'e  «lia ^cnseil  cs^ciitif  ps  o^isoire, publie  par  F  -A. 
AULABD.  T.  XX  ,  <2  mars  n<.)5-li  -u-r  /  nnô  (22  veuiô.-e  an  7//-22  geriuinal 
aix  ni).  P?iris,  Ler-ui,  1911.  ^v.  in-8  de  879  p.  —  Prix  :  l^fr. 

Dans  ces  documents,  qui  vont  du  12  mars  1795  au  11  avril  1795, 


—  S45  — 

la  question  qui  occupe  tous  les  esprits,  c'est  l'approvisionnement 
de  Paris  (p.  357-358).  La  journée  du  13  germiral  (2  avril  J7r5)  ccires- 
pond  à  une  crise  des  subsistances  :  dans  les  villes  de  Rouen  et 
d'Amiens  des  émeutes  ont  (^claté  à  la  même  époque  et  pour  le  même 
objet.  Le  comité  de  salut  public  parle  de  royalisme,  mais  fait  arrêter 
les  conventionnels  montagnards  (p.  462).  Le  représentant  dans  la 
Somme  envoie  des  relations  détaillées  du  mouvement  d'Amiens 
(p.  521-523  et  644^645).  Pour  Orléars  (p.  5P0-561).  La  lettre  sur 
Rouen  est  curieuse  (p.  571-576)  ;  tous  les  représentants  envoient  des 
lettres  de  félicitations  et  d'adhésion  à  la  Convention,  mais  pour 
éviter  les  désordres  des  départements  voisins  de  Paris,  le  comité  de 
salut  public  est  obligé  d'autoriser  les  villes  à  garder  les  grains  néces- 
saires à  leur  subsistance,  tout  en  assurant  le  ravitaillement  de  Paris. 
La  correspondance  du  comité  avec  les  représentants  aux  Côtes  de 
Brest  et  à  l'armée  de  l'Ouest  nous  renseigne  sur  les  négociations  avec 
les  chefs  vendéens  et  avec  Stofflet;  la  pacification  n'est  pas  encore 
achevée  et  des  escarmouches  fréquentes  troublent  la  tranquillité  de 
ces  régions,  mais  Stofflet  est  sur  le  point  de  traiter.  En  Hollande,  les 
représentants  éprouvent  de  multiples  difficultés  à  organiser  la  con- 
quête et  les  réquisitions.  Enfin,  le  comité  annonce  la  paix  de  Bâle 
signée  entre  la  République  et  le  roi  de  Prusse,  le  5  avril  1795 

G.  P. 


Reriacil  clrm  arto*  «l«i  'nirertniree'%éetttif.(Prorfs-vfrhnvx.  anê- 

fêx,  ivsirurliotiit,  l-tir-s  ft  nctra  d'ver  ),  p  h''é'  et  a'n  té«.  par  A  DhBIPOUR. 
Tome  \'t,  'n  11  b'-'imnire  an  SOvvtâs-  nn  IV  [2  nnvpmbi'f  i~9S-iO  mus  17i)6). 
P;iri«,  Loroux,  19in,  pr.  i   -8  fi"XTiv-867  p.  —  Prix  :  lo  fr.  50. 

Cette  nouvelle  publication  est  la  suite  du  Beciieil  des  actes  du  comité 
de  salut  public,  publié  par  M.  Aulard.  Elle  est  précédée  d'une  Intro- 
duction de  vingt-quatre  pages,  où  M.  Debidour  explique  ce  qu'il  faut 
entendre  par  actes  du  Directoire.  Ce  sont  :  les  messages  aux  conseils  ; 
les  arrêtés  relatifs  à  la  promulgation  des  lois;  les  arrêtés  proprement 
dits  pour  l'application  générale  des  lois,  pour  les  affaires  ou  intérêts 
individuels;  les  proclamations;  les  instructions  et  les  lettres  du 
Directoire.  L'auteur  indique  ensuite  quels  sont  les  textes  originaux, 
quels  sont  les  documents  imprimés,  l'usage  qu'il  a  cru  devoir  faire  de 
ces  textes  et  les  éclaircissements  qu'il  lui  a  paru  nécessaire  d'y  ajouter. 

Cet  ouvrage  est  d'une  lecture  délicate;  il  est  bourré  défaits;  les 
procès- verbaux  ont  leur  sécheresse  coutumière  et  il  faut  les  parcourir 
avec  attention  pour  découvrir,  au  milieu  des  détails,  les  mesures 
importantes. 

L'état  des  finances  est  la  grande  préoccupation  du  moment;  le 
Directoire  recherche  les  moyens  de  restaurer  promptement  les  fi- 


—  34C  — 

nances;  signalons  le  mémoire  (p.  186-189);  le  message  (p.  296-298); 
l'arrêté  sur  les  assignats  (p.  495-497).  La  sécurité  publique  n'existe 
pas.  Les  tentatives  royalistes  ou  anarchistes  contre  le  gouvernement 
se  multiplient;  d'où  des  arrêtes  nombrojLix,  les  uns  (p.  190-200  et 
366-368)  à  propos  de  la  conspiration  du  marquis  de  Bésignan;  les 
autres  (p.  312-318)  sur  les  journaux  d'opposition.  Continuellement,  le 
Directoire  publie  des  arrêtés  individuels  au  sujet  de  prévenus  de  cons- 
piration et  d'émigration.  Dans  l'Ouest,  le  calme  n'est  pas  rétabli;  le 
Directoire  envoie  des  instructions  secrètes  pour  le  général  en  chef  (p. 
339-342). 

On  peut  encore  relever  les  faits  suivants  :  le  21  janvier  1796,  le 
Directoire  célèbre  avec  éclat  l'anniversaire  de  la  mort  du  dernier  roi 
des  Français  (p.  455-460);  le  9  février  1796,  Bonaparte,  général  en 
chef  de  l'armée  de  l'intérieur,  présente  les  commandants  de  bataillon 
delà  garde  nationale  au  Directoire  et  prononce  un  discours;  le  2  mars 
1796,  il  est  nommé  général  en  chef  de  l'armée  d'Italie.  Pages  819- 
828,  projet  de  traité  d'alliance  entre  la  France  et  l'Espagne;  pages 
835-836,  le  Directoire  réclame  des  renseignements  sur  les  fonction- 
naires et  dresse  une  curieuse  nomenclature  des  citoyens  qui  doivent 
être  écartés  des  fonctions  publiques;  pages  850-851,  à  lire  les  deux 
lettres  du  Directoire  à  l'empereur  des  musulmans,  Sélim  III,  le  style 
diplomatique  d'ancien  régime  est  soigneusement  observé;  pages 
860-867,  projet  d'organisation  de  l'École  polytechnique. 

Le  présent  volume,  soigneusement  et  abondamment  annoté,  va 
du  11  brumaire  au  30  ventôse  an  IV,  soit  du  2  novembre  1795  au 
20  mars  1796.  G.  P. 

Était-ce  Loiii»  'X.VII  évadé  du  Temple?  par  J.  dr  Saint-Léob^. 
Documents  inédits  tirés  des  Arcfiives  de  la  police  et  df s  greffrs  judifiaires.  PSiVi9, 
Perrin,  1911,  petit  in-8  de  viii-24d  p.,  avec  4  grav.  —  Prix  :  ^  fr. 

La  question  Louis  XVII  sera  donc  éternelle?  A  peine  les  préten- 
tions des  Naundorff  ont-elles  été  rejetées  par  le  Sénat  et  leur  impos- 
ture démontrée  par  les  documents  venus  de  Prusse  et  de  Hollande, 
qu'un  nouveau  prétendant  surgit  ou  plutôt  un  vieux  prétendant 
reparaît.  M™^  de  Saint-Léger  a  tiré  des  Archives  de  la  police  et  des 
greffes  judiciaires  des  rapports,  procès- verbaux,  lettres,  interroga- 
toires concernant  un  certain  Charles  de  Normandie  qui,  dès  1815,  se 
présenta  en  Bretagne  comme  le  fils  de  Louis  XVI,  et  elle  pose  la 
question  :  Était-ce  Louis  XVII  évadé  du  Temple?  C'était  un  étrange 
roman  que  celui  que  racontait  le  jeune  prétendant  débarqué  à  Saint- 
Malo.  Il  aurait  été  sacré  roi  au  Temple,  après  la  mort  de  son  père,  par 
un  prêtre,  introduit  dans  la  prison,  puis  sauvé  en  1795  avec  la  com- 
plicité de  ses  gardiens,  dans  un  cheval  de  bois  creux,  par  le  comte 


—  347  — 

de  Frotté  et  un  jeune  chirurgien  du  nom  d'Adrien,  transporté  en 
Vendée  où  Charette  l'aurait  fait  sacrer  en  grande  pompe  à  Fontenay, 
embarqué  à  Noirmoutiers  pour  l'Angleterre,  fait  prisonnier,  ramené  à 
Nantes  où  il  aurait  été  interrogé  par  Carrier,  enfin,  il  aurait  pu  passer 
en  Amérique  d'où  il  serait  revenu  pour  revendiquer  ses  droits.  Il 
demandait  à  être  conduit  au  Roi  et  à  la  duchesse  d'Angoulême,  qui, 
disait-il,  le  reconnaîtraient. 

Au  lieu  de  le  conduire  à  Paris,  on  l'emprisonna  à  Saint-Malo  d'abord, 
à  Rouen  ensuite  et  l'on  introduisit  son  procès.  M"^^  de  Saint-Léger 
reproche  au  gouvernement  de  la  Restauration  et  en  particulier  au 
préfet  de  police  M.  Decazes  de  n'avoir  jamais  voulu  produire  l'acte 
de  décès  du  Dauphin  mort  au  Temple,  ajoutant  que  ce  silence  auto- 
risait toutes  les  suppositions.  Que,  dans  cette  affaire,  le  gouvernement 
et  M. Decazes  aient  été  maladroits,  c'est  possible;  ce  ne  sont  pas  les 
seules  fautes  qu'ils  aient  commises.  Mais  conclure  de  là  que  Louis  XVII 
ne  soit  pas  mort  au  Temple  nous  paraît  bien  aventuré. 

Qu'était-ce  que  le  Charles  de  Normandie,  jugé  à  Rouen  en  1817? 
Était-ce  Charles  Phélipeau,  comme  on  le  crut  d'abord?  Était-ce 
Mathurin  Bruneau,  ainsi  que  sembla  l'affirmer  la  vicomtesse  de 
Turpin,  qui  l'avait  accueilli  quelque  temps  comme  le  fils  du  baron 
de  Vezins?  Était-ce  Hervagault?  La  question  est  oiseuse  et  sa 
solution  sans  importance.Mais,  à  la  question  posée  par  l'auteur  :  Était- 
ce  Louis  XVII,  évadé  du  Temple?  on  peut  répondre  carrément  :  Non. 

Les  remarques  mêmes,  faites  par  M.  Lenotre  dans  les  quelques 
pages  qu'il  a  écrites  comme  préface  en  tête  du  volume,  suffisent  à 
condamner  les  affirmations  du  prétendu  Dauphin.  En  juillet^  1795, 
Fontenay-le-Comte,  où  Charette  l'aurait  fait  sacrer  solennellement, 
n'était  pas  en  la  possession  des  Vendéens,  et  Carrier,  qui  l'aurait  fait 
incarcérer  à  Nantes,  était  guillotiné  depuis  six  mois. 

Max.  de  la  Rocheterie. 


Histoire  de  la  Révolution  dans  les  ports  «le  guerre.  Tou- 
lon, pnr  Oscar  Havard.  Pariis,  Nouvelle  L'btau le  nationale,  s.d.,in-8 
de  CXii-3'.)3  p.  —  Prix  :  7   fr.  50. 

Sous  le  règne  de  Louis  XVI,  la  marine  française,  comme  le  démontre 
si  bien  M.  Havard  dans  son  Introduction,  avait  pris  un  développe- 
ment merveilleux  :  les  ministères  de  Sartines  et  de  Castries  lui  avaient 
donné  une  flotte  incomparable,  et  les  exploits  desd'Estaing,  des  la  Motte 
Picquet,  des  Guichen,  du  baiili  de  Suffren  surtout,  lui  avaient  rendu 
la  maîtrise  de  la  mer,  qu'elle  avait  perdue  sous  Louis  XV.  La  Révo- 
lution détruisit  cette  magnifique  situation.  Dès  le  début  de  1789,  les 
désordres  se  produisent,  et  c'est  à  Toulon  qu'ils  commencent.  Une 
influence  mystérieuse  sème  l'indiscipline  chez  les  matelots  et  provo- 
que les  conflits  entre  l'autorité  civile  révolutionnaire,  et  l'autorité 


—  348  — 

militaire  ou  niaritimp,  gardienne  de  l'ordre  et  delà  tradition.  Y  eut-il 
là  intervention  occulte  do  l'Angleterie,  dcsireuse  de  prendre  sa 
revanche  de  ses  rchecs  de  la  guerre  d'Amérique  et  de  détruire  une 
puissance  maritime  qui  l'avait  humiliée  et  détrônée?  M.  Oscar  Ha- 
vard  le  pense  et  la  chose  n'aurait  rien  d'invraisemblable.  Si  jamais  la 
Grande-Bretagne  a  mérite  le  surnom  populaire  de  «  perfide  Albion  », 
c'est  assurément  pendant  la  période  révolutionnaire. 

Quoi  qu'il  en  soit,  dès  le  23  mars  1789,  une  première  émeute  éclate, 
puis  en  novembre  un  jeune  officier,  M.  Dauville,  est  menacé  et  em- 
prisonné; les  officiers,  les  sous-officiers  même  protestent;  c'est  à 
eux  qu'on  donne  tort  et  l'autorité  supérieure  ne  les  soutient  pas. 
Les  émeutiers,  entraînés  et  appuyés  par  la  municipalité,  continuent 
leurs  exploits.  Le  chef  de  la  marine  lui-môme,  le  comte  d'Albert  de 
Rions,  un  des  plus  brillants  lieutenants  de  Suffren,  est  emprisonné 
avec  quatre  officiers;  il  faut,  pour  le  faire  mettre  en  liberté,  l'inter- 
vention de  l'Assemblée  nationale,  et  le  vaillant  amiral  est  obligé  de 
donner  sa  démission.  Le  comte  de  Flotte,  qui  lui  succède,  est  moins 
heureux  encore  ;  mal' ré  son  attitude  conciliante,  il  est  attaqué 
et  suspendu  à  la  lanterne,  avec  un  de  ses  officiers,  M.  de  Rochemore. 
Les  massacres  se  succèdent.  Après  le  10  août,  c'est  pis  encore.  Le 
club  des  Blancs,  sous  la  direction  de  misérables  comme  Sylvestre, 
Barthélémy,  Lemaille,  etc.,  règne  en  maître  et  multiplie  les  attentats. 
Une  foule  d'honnêtes  gens  sont  victimes  ;  c'est  le  mot  dont  se  sert 
la  municipalité,  et  deux  représentants.  Baille  et  Beauvais,  viennent 
donner  une  sanction,  officielle  en  quelque  sorte,  à  tous  ces  massacres. 

Les  modérés  pourtant  finissent  par  se  révolter.  Sous  l'impulsion  de 
Jean-Baptiste  Roux,  les  sectionnaires  renversent  le  Corps  municipal 
et  s'installent  à  l'hôtel  de  ville,  arborent  le  drapeau  blanc  et  procla- 
ment Louis  XVI 1.  Ils  comptent  sur  l'appui  de  Marseille,  de  Lyon, 
de  la  Normandie,  soulevés  comme  eux,  à  la  suite  du  31  mai,  et  font 
alliance  avec  les  troupes  anglaises  et  espagnoles  qu'ils  introduisent 
dans  la  ville,  à  condition  qu'il  la  conserveront  pour  le  roi  de  France. 
Ils  furent  trompés  ;  si,  dans  cet  accord,  l'Espagne  fut  loyale,  il  semble 
bien  que  l'Angleterre  ne  le  fut  pas.  On  sait  comment  se  termina  le 
drame  :  le  siège  de  Toulon  par  les  armées  républicaines  et  sa  prise 
grâce  à  la  foudroyante  attaque  de  Bonaparte.  L'auteur  soutient 
qu'il  y  eut  trahison  des  Anglais  et  accord  secret  entre  eux  et  les 
représentants  de  la  Convention.il  semble  bien, en  effet, que  la  conduite 
de  l'amiral  Hood  pendant  le  siège  fut  assez  louche.  On  en  trouver^  | 
tous  les  détails  dans  le  beau  livre  très  documenté  de  M.  Hayard,  quiJ 
nous  l'espérons  bien,  n'est  que  le  premier  d'une  série  sur  ce  palpitant  j 
sujet  de  la  ruine  de  notre  marine  sous  la  troisième  Républque. 

^AX.  DE  LA  ROCHETERII. 


^349  — 

fi»  Terreur  dans  B'Otietit.  lie  Conveutionnel  «I.-B.  I^e  Car- 
peiitit'r  (  I  9^9-1^99/,  t/'a/'  es  dr^  noui>eaux  docmi-nis,  par  le  vico.nie 
D  •;  BKACH'iT.  Paris,  Pen-iU,  1912,  petit,  \\\-6  de  XVi-39y  p.,  avec  5  grav. — 
Prix  :  bfr. 

L'idée  a  été  récemment  émise  d'élever  à  Gran ville  un  monument  au 
conventionnel  Le  Carpentier.  Comme  le  dit  M.  P'rédtric  Masson, 
dans  la  Préface  de  ce  livre,  M.  le  vicomte  de  Brachet  aura  rendu  ser- 
vice à  la  moralité  publique,  en  décourageant,  par  cette  étude  très 
sûre  et  fouillée,  toute  tentative  de  glorification  d'un  aussi  triste 
personnage.  La  tourmente  révolutionnaire  lui  permit  de  se  pousser  au 
premier  rang  et  d'y  donner  pleine  licence  à  ses  basses  passions.  A 
Valognes,  la  petite  ville  aristocratique  dans  le  voisinage  de  laquelle 
il  était  né  en  une  modeste  maison  de  paysan,  à  Helleville,  et  où, 
sous  l'ancien  régime,  il  exerçait  le  métier  d'homme  d'affaires  et  un 
peu  d'huissier,  il  ne  parvint  à  se  faire  élire  représentant  à  la  Con- 
vention qu'après  avoir  imaginé  une  pétition  pour  que  l'on  reprît 
aux  morts  aristocrates  le  plomb  de  leurs  cercueils.  A  l'Assemblée, 
il  se  distingua  par  son  acharnement  sanguinaire  contre  Louis  XVI 
et  contre  Marie- Antoinette.  Mais  il  devait  passer  la  plus  grande 
partie  de  son  temps  (de  mars  à  mai  1793  et  d'août  1793  au  même 
mois  1794)  en  mission  dans  l'Ouest,  Normandie  et  Bretagne,  trou- 
vant un  plaisir  particulier  à  satisfaire,  dans  son  département  d'ori- 
gine, la  Manche,  ses  caprices  de  proconsul  vaniteux,  jouisseur,  rancu- 
lier,  despote  et  féroce..  Il  était  à  Granville  en  novembre  1794,  quand 
cette  place  subit  l'assaut  de  l'armée  vendéenne,  et  il  ne  se  montra 
pas  héroïque. Après  la  chute  de  Robespierre,  son  ancien  ami,  qu  il  se 
hâta  de  couvrir  d  injures,  il  dut  à  la  fin  lâcher  prise.  Les  protestations 
contre  ses  excès  affluèrent,  et,  le  21  mai  1795,  la  Convention  vota 
d'acclamation  un  décret  d'arrestation  contre  le  «bourreau  du  dépar- 
tement delà  Manche.  »  11  fut  tenu  captif ,  d'abord  près  de  Morlaix, 
puis  à  Brest,  jusqu'au  mois  d'octobre.  Puis  il  revint  à  Valognes,  où  il 
vécut  petitement,  mais  toujours  enfiévré  des  mêmes  haines.  Inscrit 
Vn  moment  au  barreau,  il  fut  rayé  pour  des  friponneries.  La  loi  du 
12  janvier  1816  condamna  les  régicides  à  sortir  de  France.  S'étant 
embarqué  pour  l'Angleterre,  il  s'arrêta  à  Guernesey  et  de  là  revint 
dans  le  Cotentin  où  l'on  ne  réussit  à  se  saisir  de  lui  qu'en  novembre 
1819.  En  1820,  il  fut  interné  au  Mont  Saint-Michel,  où  il  vécut  encore 
neuf  années,  transformé,  semblait- il,  «  vieillard  humble  et  pieux,  fai- 
sant l'école  aux  enfants,  et  servant  la  messe  tous  les  jours,  sauf  le 
21  janvier. ,-,  Ainsi  finit  un  digne  émule  des  Joseph  Lebon,  des  André 
Dumont,  des  Carrier  et  des  Marat,  ayant  déclaré  d'ailleuis,  dans  sa 
défense  aux  assises  de  Coutances  en  1820,  qu'il  n'avait  jamais  fait 
que  se  conformer  «  aux  systèmes  de  l'époque.  » 

Baron  Angot  des  Rotours. 


—  350  — 

Journal  d'éiui^i'Mtnoii  du  camie  d'Espinghal,  publié  d'après  les 
aifiiiuscrils  originaux  par  Ernbst  d'IIauterivb.  l'aris,  Perrin,  1911,  ln-8 
de  ix-5Jj9  p.,  avec  portrait  et  autographe.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

Avec  M.  d'Hauterive  on  doit  s'étonner  que  les  manuscrits  de  M. 
d'Espinchal  conservés  à  la  Bibliothèque  municipale  de  Clermont-Fer- 
rand  n'aient  pas  encore  été  publics,  car  ils  ne  sont  pas  inconnus  et 
ils  renferment  des  renseignements  historiques  extrêmement  curieux 
sur  l'époque  de  la  Révolution.  Nous  devons  donc  remercier  très 
sincèrement  M.  d'Hauterive  de  nous  donner  le  texte,  allégé  a  bon 
droit,  de  ces  nombreux  petits  cahiers  écrits  au  jour  le  jour  par  le 
gentilhomme  auvergnat,  et  nos  compliments  seraient  sans  restriction 
s'il  avait  accompagné  de  notes  une  publication  qui,  par  malheur, 
'  n'en  contient  absolument  aucune.  Je  reconnais  que  les  noms 
cités  sont  extrêmement  .nombreux,  c'est  toute  l'aristocratie  de 
l'émigration  autour  des  Princes,  mais  biographies  ou  éclaircissements 
eussent  été  singulièrement  agréables  au  lecteur,  et  vraiment 
fructueux.  Ce  volume,  dont  le  manuscrit  porte  comme  titre  exact  : 
Journal  de  voyages  et  de  faits  relatifs  à  la  Révolution,  que  M.  d'Hau- 
terive intitule  :  «  Journal  d'émigration  «,  a  été  utilisé  déjà  par  le 
commandant  de  Champflour,  dans  l'ouvrage  qu'il  donna,  en  1899  : 
La  Coalition  d' Auvergne;  Carnet  du  comte  d'Espinchal.  Il  fait  songer 
aux  très  intéressants  Souvenirs  militaires  d'Hippolyte  d' Espinchal  pu- 
bliés en  1901,  et  qui  concernent  l'officier  du  premier  Empire,  fils  du 
comte  dont  nous  parlons  ici. 

Le  cadre  historique  s'ouvre  au  14  juillet  et  se  ferme  à  la  mort  de 
Louis  XVL  Sorti  de  France  avec  la  maison  de  Condé,  d'Espinchal 
réside  successivement  en  Piémont,  en  Italie,  à  Rome,  Venise, 
Coblentz  ;  il  fait  la  campagne  de  1792,  et  il  demeurera  encore  dix 
années  en  exil,  jusqu'au  jour  où  il  sera  rayé  de  la  liste  fatale  sur 
le  témoignage  de  huit  notables  habitants  du  pays  de  Saint-Lions  qui 
certifieront  sans  rougir  qu'il  «  a  résidé  sans  interruption  dans  cette 
commune  »  ! 

Je  ne  connais  pas  de  document  plus  vivant,  plus  précis,  plus 
partial,  plus  personnel,  plus  dédaigneux  et  plus  sincère  sur  l'émigra- 
tion que  celui-ci.  11  possède  toutes  les  qualités  et  tous  les  défauts  de. 
la  société  qu'il  peint  et  au  milieu  de  laquelle  il  nous  fait  vivre. 
M.  d'Espinchal  a  tous  les  raffinements  de  l'honneur  et  toutes  les 
inconsciences  de  l'impiété,  toutes  les  énergies  d'un  soldat,  toutes  les 
faiblesses  d'un  libertin;  et  ce  mélange  produit  un  personnage  peu 
sympathique,  mais  attachant.  A  côté  des  réflexions  philosophiques 
que  sa  conduite  peut  nous  inspirer,  il  convient  de  retenir  les  rensei- 
gnements historiques  qu'il  nous  fournit.  Soit  la  vie  mondaine  de  l'Ita- 
lie à  la  fin  du  xviii^  siècle,  soit  la  Cour  de  Turin  et  la  société  aripto- 


—  351  — 

cratique  de  Venise,  soit  surtout  le  rassemblement  auprès  du  comte 
de  Provence  et  du  comte  d'Aitois  sur  les  bords  du  Rhin  de  tous  les 
gentilshommes  français,  chacun  de  ces  tableaux  donne  une  impression 
profonde.  Le  prestige  du  comte  d'Artois,  les  folles  dépenses  autour  de 
lui,  sa  grâce,  tantôt  sa  sagesse  et  tantôt  (plus  souvent)  sa  dissipation 
sont  décrits  avec  une  sincérité  parfaite.  Des  portraits,  fort  piquants, 
creusés  au  burin,  de  «  Monsieur  »,  de  la  comtesse  de  Provence;  des 
silhouettes  indulgentes  de  M"^e  ^j^  Barry,  du  cardinal  de  Rohan  ; 
des  croquis  à  l'emporte-pièce  de  Necker  et  de  M™*^  de  Staël,  «  la 
guenon  genevoise  »  (  !),  fournissent  des  traits  dont  il  conviendra 
désormais  de  conserver  le  souvenir,  car  ils  ont  une  réelle  signification. 
Les  anecdotes  abondent  et  égayent  heureusement  ce  carnet  de  poche 
qui  eût  été  de  forme  monotone  par  la  précision  quotidienne  de  ses 
souvenirs;  l'ensemble  constitue  une  lecture  instructive  comme  nous 
en  réserveront  toujouis  des  témoignages  sincères,  fussent-ils  parfois 
passionnés.  Geoffroy  de  Grandmaison. 


•fournal  d'un  prêtre  lorrain  pendant  la  Révolution 
(t  îOI-lî^îl),  DuDiie  par  H.  Thhdbnat.  Paris,  Hachelle,  1912,  iii-lii 
de  XLix-291  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  journal  d'exil  que  publie  M. l'abbé  Thédenat,  membre  de  l'Institut, 
est  celui  d'un  curé  de  Toul,  l'abbé  Alaidon.  Ce  vénérable  prêtre,  curé 
depuis  27  ans,  en  1791,  avait  été  dépossédé  pour  refus  de  serment  et 
vivait  retiré  dans  une  maison  particulière,  quand  les  événements  de 
l'été  de  1792  l'obligèrent  à  fuir.  Pendant  dix  ans,  il  erra  en  Allemagne, 
en  Bohême  et  jusqu'en  Pologne.  Il  put  rentrer  en  France  en  1802,  et, 
n'ayant  pas  obtenu  le  rétablissement  de  sa  paroisse,  s'établit  à  Nancy, 
où  il  mourut  en  1827,  âgé  de  89  ans. 

C'était  un  saint  prêtre  et  son  journal  nous  montre  avec  quel  esprit 
de  foi  il  supporta  les  épreuves  de  l'exil.  C'était  aussi  un  Lorrain  avisé 
et  il  semble  tout  d'abord  que,  rempli  de  sens  pratique,  il  ait  toujours 
su  s'arranger  pour  se  tirer  habilement  des  passes  les  plus  critiques; 
mais,  en  le  lisant  de  plus  près,  on  en  vient  à  croire  que  c'est  surtout 
son  heureux  caractère,  la  simplicité  de  ses  goûts  et  sa  dureté  pour  lui- 
même  qui  ont  atténué  l'impression  attristante  qu'aurait  pu  laisser 
le  récit  de  ses  malheurs.  Témoin  des  souffrances  des  autres,  il  évite 
d'apitoyer  sur  les  siennes. 

Son  manuscrit  s'arrête  en  1799;  il  fut  rédigé  pendant  un  séjour 
prolongé  qu'il  fit  au  séminaire  d'Eichstâtt.  L'éditeur  conjecture 
qu'il  le  laissa  aux  bénédictines  de  Saint-Nicolas-du  Port  et  c'est  par 
la  prieure  de  ce  monastère  qu'il  fut  donné  au  cardinal  Mathieu,  qui 
était  son  frère.  Le  cardinal  avait  projeté  de  le  publier,  et,  après  lui, 


— ;352  — 

M.  Hcrtzog,  procureur  de  Saint- Sulpice  à  Rome,  devenu  possesseur 
du  précieux  récit,  chargea  M.  1  ht denat  d'en  prc  parer  Timpression. 

M.  Thôdenat  a  revu  le  texte,  en  a  établi  la  chronologie  et  y  a  ajouté 
de  nombreuses  notes  pour  lesquelles  il  a  recouru  aux  lumières  de 
M.  l'abbé  Mangenot,  professeur  d  Écriture  sainte  à  l'Institut  catho- 
lique de  Paris,  qui  a  fait  de  1  histoire  du  clergé  lorrain  pendant  la 
Révolution  une  étude  approfondie.  C'est  ainsi  que  de  la  collabora- 
tion de  deux  savants,  1  un  archéologue,  l'autre  excgète,  est  sortie 
une  des  publications  les  mieux  venues  qui  aient  trait  à  la  période 
révolutionnaire.  P.    Pisani. 

Un  Régime  C|ui  coninieiire,  par  L.  Picaud.  Tarbes,  Croharé,  1»11, 
in-8  de  2io  p. 

M.  le  chanoine  Ricaud  est  l'auteur  de  ncmbieuses  publications  rela- 
tives à  1  histoiie  du  diocèse  de  Taibes  pendant  la  Révolution.  Les  deux 
volumes  qu'il  a  consacrés  il  y  a  dix  ans  (1898  et  IGOl)  aux  Repré- 
sentants du  peuple  en  mission  dans  les  Hautes-Pyiénées  avaient  permis 
d'apprécier  sa  connaissance  approfondie  des  souices  et  la  méthode 
rigoui  eusement  scientifique  avec  laquelle  il  sait  en  tiier  parti. 

En  écrivant  naguère  :  Un  Ré  g  me  qui  finit,  M.  Ricaud  a  établi 
comme  l'inv.  ntaire  de  la  succession  qui  s'ouviait  avec  la  disparition 
de  l'ancien  régime.  Le  présent  livre  est  une  stati.  tique  politique,  ju- 
diciaire et  ecclésiastique  du  régime  inauguré  en  1790.  Successivement, 
la  constitution  de  1791,  celles  de  lan  III  et  de  l'an  VIII  sont  venues 
modifier  l'économie  des  rouages  administratifs,  et  les  hommes  char- 
gés de  les  mettre  en  mouvement  ont  changé  plus  souvent  encore. 
II  fallait  toute  la  patiente  érudition  de  1  auteur  pour  démêler  l'éche- 
veau  embrouillé  de  ces  mutations  continuelles. 

Le  livre  a  une  portée  générale  parce  que  les  institutions  qu'il  ana- 
lyse ont  été  les  mêmes  dans  toute  la  France.  Il  suffira  de  lui  emprun- 
t3r  son  plan  pour  donner  de  l'organisation  de  chacun  des  départe- 
ments un  tableau  des  plus  instructifs.  Ne  se  trouvera-t-il  pas  des 
travailleurs  que  tentera  cette  première  et  heureuse  expérience? 

P.     PiSANI. 


JVaples  S9us$  «foiaeitli  Banaparte  (ISOtt-l^O^),  par  Jacques 
I  AMrfAUD-  Pans,  Piuij  Nou.ril,  lyll,  iu-s  de  Li  575  p.,  avec  porlrail.  — 
Prix  :  7  fr.  50. 

Kiett'-s»  inéilites  ou  éparseti  de  «lof«epli  Bonaparteà  .\aple«, 
llt4M»-£  ;0*,  p^ir  J  oyitss  K.mbaUD.  Paris,  Piou-Njurrit,,  lylt,  iu-6 
(le   XL  -22 J  p.  —  Prix  :  7  fr.   5  >. 

M.  Rambaud  estime  que  le  règne  de  Joseph  à  Naples  «  est  peu 
connu  »;  c'est  une  ignorance  que,  grâce  à  lui,  on  ne  pourra  plu» 


dcsormais  avouer,  car  son  livre  étudie  ces  deux  années  de  gouvcr-- 
nement  avec  un  soin  minutieux  dont  la  «  bibliographie  »  suffit  à  nous 
convaincre.  Elle  comprend  51  pages  de  petit  texte  et  nous  indique 
toutes  les  sources  où  il  a  été  longuement  puisé  :  1°  En  France,  les  Ar- 
chives nationales,  les  Archives  de  la  Guerre  et  do  la  Marine,  des  Affaires 
étrangères,  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale;  2"  En  Italie, 
les  Archives  d'État,  riches  si  elles  sont  mal  classées,  et  en  Sicile.  Pour 
les  imprimés,  on  nous  donne  des  centaines  de  volumes  et  encore  en 
citerait-on  plusieurs,  importants,  qui  pourraient  allonger  la  liste.  Le 
scrupule  de  l'exactitude  est  poussé  jusqu'à  fournir  au  lecteur  des 
notes  iconographiques  très  précises,  relatant  les  cartes,  plans,  mé- 
dailles, tableaux  et  gravures  qui  se  rapportent  à   Joseph  Bonaparte. 

Ce  n'est  qu'après  ce  déblaiement  historique  que  l'auteur  entreprend 
son  récit  devenu  ainsi,  à  l'avance,  plein  de  sécurité  pour  le  lecteur. 
Il  expose  les  conditions  de  la  conquête  et  de  la  défense  du  royaume  de 
Naples,  linlluence  despotique  de  Napoléon  dans  cette  occupation; 
les  efforts  de  son  frère  pour  organiser,  administrer,  pacifier  le  pays, 
la  situation  financière,  les  réformes  législatives,  économiques,  intel- 
lectuelles, la  position  de  cette  nouvelle  «  Couronne  »  vis-à-vis  des 
puissances  européennes,  l'état  do  la  société,  du  clergé;  l'opinion 
publique,  les  partis,  et  enfin  les  conditions  dans  lesquelles  se  trou- 
vait le  «  royaume  de  Naples  «  à  l'été  de  1808,  quand  Joseph  le  quitta 
pour  aller  régner  en  Espagne.  Dans  un  style,  un  peu  froid  sans  doute, 
d'une  grande  clarté,  d'une  simplicité  qui  ne  recherche  jamais  la 
forme  littéraire  et  évite  toute  controverse  possible  pour  demeurer 
dans  l'exposition  très  sobre,  peut  être  un  peu  monotone,  des  faits, 
l'historien  a  écrit  un  volume  indispensable  et  qui  manquait  encore 
aux  annales  napoléoniennes. 

Il  lui  apporte  une  documentation  particulière  pour  un  recueil  de 
200  et  quelques  «  Lettres  inédites  ou  éparses  «  du  roi  Joseph,  à  cette 
époque  précise.  Beaucoup  étaient  connues,  mais  leur  réunion  met  en 
meilleure  valeur  les  pensées  qu'il  en  faut  retenir.  M.  Rambaud  les 
«  édite  »  avec  un  scrupule  scientifique  dont  on  ne  saurait  trop  le 
louer;  il  les  encadre  dans  une  Introduction  pleine  d'intérêt,  des  notes 
riches  de  précision,  une  liste  analytique  et  chronologique,  un  Index 
alphabétique.  Il  avait  pris  ce  même  soin  pour  son  ouvrage  principal; 
ces  deux  volumes  se  complètent  l'un  l'autre;  ils  sont  destinés  à 
rendre  les  meilleurs  services  aux  travailleurs  qui  seraient  ingrats  de 
n'en  pas  manifester  leur  reconnaissance.  Ce  sont  là  des  livres  qui, 
Sans  bruit,  font  avancer  l'histoire  d'un  grand  pas. 

Geoffroy   de   Grandmaison. 


Avril  1912.  T.  GXXIV.  23. 


-  354  — 

fl/Opiiositioii  religieuse  au  Coiicordut  lia  l'élite  i<:gliii»e 
«le  LiyoM,  par  C.  Latheille.  Lyon,  Laruuucliet,  1911,  iu-lti  aexii-'iiti6p., 
avec  porlratl.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Cette  étude  est  un  appendice  important,  sur  un  sujet  particulier, 
aux  deux  volumes  du  même  auteur  publiés  en  1910  sur  l'Opposition 
religieuse  au  Concordat  de  1702  à  1803  et  de  1803  jusqu'à  nos  jours 
(Cf.  Polybiblion  de  juin  1910,  t.  CXVlll,  p.  523-524).  Elle  a  été 
composée  sur  place  et  puisée  à  la  source  par  excellence,  jusqu'ici 
fermée,  les  Archives  de  la  Petite  Église.  Elle  précise  les  conclusions 
déjà  formulées  en  1909  dans  une  thèse  présentée  à  la  Faculté  de 
théologie  de  l'Institut  catholique  de  Lyon  par  M.  l'abbé  Tardy,  à 
savoir  que  l'opposition  lyonnaise  au  Concordat,  fondée  sur  une 
fidélité  étroite  aux  anciennes  maximes  gallicanes,  a  dû  sa  principale 
vigueur  et  sa  résistance  jusqu'à  nos  jours  à  l'esprit  janséniste. 

Le  jansénisme,  introduit  à  Lyon  par  les  oratoriens  au  xvii"^  siècle, 
s'y  enracina  au  xviii*^  sous  l'épiscopat  de  M.  de  Montazet  et  s'y  est 
perpétué  au  xix^  surtout  dans  le  Forez,  où  le  curé  Jacqucmont, 
déjà  présenté  au  public  dans  Les  Derniers  Jansénistes  de  M.  Léon 
Séché  (t.  II),  est  devenu  une  des  célébrités  de  la  secte  agonisante. 
Cette  infiltration  étrangère  introduisit  la  division  dans  la  dissidence. 
Un  foyer  d'intransigeance  absolue  avec  Rome  se  forma,  alimenté  à 
la  fois  par  la  question  thcologique  et  la  question  disciplinaire.  On 
crut  à  Lyon  même  aux  miracles  du  diacre  Paris  et  il  n'y  a  pas  long- 
temps que  certains  «  anticoncordatistes  »  sont  allés  de  là  en  pèlerinage 
au  cimetière  Saint-Médard  à  Paris.  On  essaya  même,  mais  sans  suc- 
cès, de  s'appuyer  sur  les  évêques  de  l'Église  schismatique  d'Utrecht. 

M.  Latreille  a  démêlé  autant  que  possible  le  détail  de  ces  luttes 
aussi  obscures  qu'ardentes;  il  est  froidement  impartial,  sans  se  défen- 
dre pourtant,  envers  ces  catholiques  isolés  de  la  catholicité,  de  la 
sympathie  respectueuse  qu'entraînent  toute  conviction  sincère  et 
toute  fidélité  désintéressée  à  une  cause  irrémédiablement  vaincue.  Il 
a  constaté  en  terminant  que,  si  certaines  conversions  éclatantes  ont 
considérablement  diminué  ce  petit  groupe  déjà  dépourvu  d'évêques, 
de  prêtres  et  d'églises,  d'autre  part  il  est  resté  des  irréconciliables 
que  l'abolition  du  Concordat  maudit  par  eux  n'a  pas  découragés; 
ceux-là  rêveront  jusqu'à  la  fin,  de  la  part  du  Saint-Siège,  l'octroi 
de  réparations  rétrospectives  accordées  aux  morts  dont  ils  demeurent 
les  disciples.  L'histoire  des  sectes  tentée  il  y  a  cent  ans  par  Grégorei 
n'en  est  pas  encore  à  son  dernier  chapitre.  L-éonce  Pingaud. 


—  355  — 

!Kou%enirfs  d'une  iniseion  à  Berlin,  en  11^41^,  par  âbolpbr 
DK  URCOUKT,  publie  [I  lur  la  Société  d' list,oiie  contemporaine  par  Geok- 
LiiiS  Bjuhgin.  t.  II.  l'aris,  a.  PiCard  et  lils,  luo'j,  in-bdeod'J  p.  —  Prix  :  8fr. 

Ce  volume  se  réfère  aux  dernières  semaines  de  la  courte  mission 
de  M.  de  Circoijrt  à  Berlin.  11  y  est  traité  des  affaires  intérieures  de 
la  Pn  sse  et  de  la  question  des  duchés,  alors  litigieuse  avec  le  Dane- 
mark. Les  événements  sont  appréciés  du  même  point  de  vue  sympa- 
thique à  rAllemagno  que  nous  avons  relevé,  non  sans  quelque  malaiso, 
dans  la  première  partie  des  Souvenirs.  La  principale  difficulté,  avec 
laquelle  l'envoyé  de  la  France  se  trouvait  aux  p/ises,  provenait  des 
Polonais  soulevés  en  Posnanie  contre  la  domination  prussiennn. 
Les  ré|)ublicains  qui,  sous  Louis-Philippe,  n'avaient  cessé  de  réclamer 
une  intervention  en  leur  faveur,  eussent  été  fort  capables  de  mettre 
leur  i(«ée  à  exécution.  M.  de  Circourt  eut  le  grand  nK^rite  de  tout 
faire  pour  éviter  un  conflit  qui,  loin  de  servir  nos  intérêts,  aurait  une 
fois  de  plus  armé  contre  nous  toute  l'Europe.  11  y  réussit,  grâce  à 
l'appui  qu'il  trouva  près  de  Lamartine,  dont  les  idét-s  étaient  saines, 
en  matière  de  politique  étrangère,  du  moins.  Mais  ce  haut  patronage 
ne  suflit  pas  à  maintenir  l'habile  diplomate  dans  la  carrière  où  il 
venait  de  faire  un  si  heureux  début.  Débordé  par  la  fraction  avancée 
de  son  parti,  Lamartine  ne  sut  empêcher  le  rappel  de  son  ami,  que 
l'on  remplaça  à  Berlin  par  un  orateur  de  clubs,  Emmanuel  Arago  ;  et 
il  le  laissa  encore  frustrer,  au  profit  d'un  autre  «  pur  »,  du  poste  de 
Washington,  qu'on  lui  avait  fait  miroiter  comme  une  compensation 
probable.  Déçu  et  mécontent,  M.  de  Circourt  s'achemina  vcj's  la  France 
par  étapes,  s'arrêtant  successivement  à  Bonii,  à  Francfort  et  à  Vevey. 
Le  récit  de  son  séjour  sur  les  bords  du  Rhin  lui  est  une  occasion 
d'entrer  dans  de  nouveaux  détai-ls  sur  la  situation  de  l'Allemagne, 
travaillée  par  deux  sentiments,  en  ce  temps-là  étrangement  confondus 
et  auxquels  le  destin  réservait,  malheureusement  pour  nous,  une 
satisfaction  fort  inégale  :  l'aspiration  vers  l'unité  et  la  passion  démo- 
cratique. H.    RUBAT  DU  Mérac. 


K«rsot  et  SCS  ami»,   par  Félix   IIèmon.    Paris,    Hachette,  191 1 ,   in-16 
dexi-8ô6  y.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Les  morts  vont  vite.  Qui  pense  aujourd'hui  à  Bersot?  Ce  fut  pour- 
tant, au  cours  du  second  Empire  et  dans  les  dix  premières  années 
de  la  troisième  République,  un  intellectuel  de  marque  et,  pour  cer- 
tains groupes,  presque  un  des  maîtres  de  V heure.  Le  livre  de  M.  Hémon, 
Bersot  et  ses  amis,  prouve  que,  dans  l'Université  tout  au  moins,  sa 
mémoire  n'est  pas  encore  entièrement  effacée.  Mais  là  même  il  a  paru 
que,  pour  faire  un  ouvrage  intéressant  qui  poitât  son  nom,  il  fallait 
l'entourer  de  ses  amis,  dont  plusieurs  furent  i  lustres,  et  offrir  au  pu- 


—  356—'^ 

blic,  en  le  prenant  pour  centre,  une  «  étude  d'histoire  morale  collec- 
tive. »  L'énoncé  des  chapitres  dont  elle  se  compose  donnera  1  idée  de 
son  degré  d  intérêt  :  l.Un  Collège  royal  sous  Louis- Philippe. II.  L'École 
normale  sous  V.  Cousin.  111.  Le  Ministère  Ihiers,  Cousin,  Rtmusat. 
IV.  Un  Prédicateur  et  un  philosophe.  —  Lacordaire%  Bordeaux.  V. 
Une  enquête;  devoirs  et  droits  des  fonctionnaires.  VI.  Entre  deux 
crises.  —  Versailles  et  l'élève  Gréard.  Vil.  La  Crise  de  1848.  —  La 
Liberté  de  penser.  Vlll.  Ernest  Renan  et  Ernest  Bersot.  —  Le  Coup 
d'État  et  le  refus  de  serment.  IX.  L'Opinion.  —  Les  Jeunes.  —  Pré- 
vost-Paradol  et  Gréard.  X.  Les  Années  sombres.  —  La  Revue  de 
l'instruction  publique.  —  La  Providence.  —  Rémusat  et  Havet.  XL 
L'Empire  autoritaire.  Saint-Marc  Girardin  et  les  Débats.  —  Nisard  et 
Sainte-Beuve.  XIl.  Les  Débats  et  le  Temps.  —  Edmond  Scherer.  XIII. 
Le  Libéralisme  en  action. L'ami  de  Montalembert  et  de  Renan.  XIV. 
Le  Ministère  Victor  Duruy.  XV.  La  Fin  de  Cousin  et  de  l'éclectisme. 
XVI.  Sainte-Beuve  et  l'Université.  —  La  Chute  de  l'Empire.  XVII. 
L'Année  1870.  —  Bersot  directeur  de  l'École  normale.  —  Le  minis- 
tère J.  Simon.  XVIII.  Le  24  mai  et  le  16  mai.  • —  Thiers.  —  Bersot 
président  de  l'Institut.  XIX.  Une  Accalmie.  —  Bersot  administra- 
teur et  éducateur.  —  La  ]\lort  de  Bersot.  XX.  Coup  d'œil  d'ensemble. 
—  Le  Moraliste.  —  L'Homme.  - —  Cet  ouvrage  éclaire,  en  somme,  de 
façon  intéressante,  l'histoire  contemporaine,  politique  et  intellec- 
tuelle, et  l'histoire  de  l instruction  publique  en  France.  Il  est  écrit 
sur  pièces  et,  comme  on  dit,  fortement  documenté.  L'auteur  n'est 
pas  impartial.  Ses  jugements  sont  d'un  libre-penseur  anticlérical, 
c'est-à-dire  asservi  à  to\ites  sortes  de  préjugés  et  de  partis-pris.  Mais 
il  est  de  bonne  foi,  en  ce  sens  qu'il  n'hésite  pas  à  reconnaître  le  bien- 
fondé  de  la  résistance  des  catholiques  ou  de  leurs  inquiétudes  en  telle 
ou  telle  circonstance.  C'est  ainsi,  par  exemple,  qu'à  propos  du  minis- 
tère Duruy  et  des  controverses  que  soulevèrent  certains  actes  du 
ministre,  il  n'hésite  pas  à  nous  dire  :  «  L  Église,  à  son  point  de  vue, 
n'avait  pas  tort.  »  Et  il  cite  ce  passage  d'une  lettre  de  Dui'uy  à 
Bersot  (29  sept.  1875)  :  «  Les  jours  du  cléricalisme  sont  comptés. 
La  science  le  tuera,  et  c'est  dans  cette  espérance  que  moi,  un  lettré, 
j'ai  employé  tous  mes  efforts  à  développer  la  science.  »  11  ajoute 
même,  forçant  peut-être  quelque  peu  l'intention  réelle  du  correspon- 
dant de  Bersot  :  «  Ce  n'est  pas  trahir  la  pensée  de  Duruy  que  d'inter- 
préter :  «  La  science  tuera  le  surnaturel  »  (p.  207).  —  Le  stylo  de  M. 
Hémon  est  d'assez  bonne  qualité,  c'est-à-dire  exempt  de  mauvaise 
recherche,  mais  il  est  sec  et  parfois  obscur.  L'usage  des  prénoms 
personnels  ou  des  adjectifs  possessifs  y  est  souvent  malheureux,  par 
exemple  dans  cette  phrase  :  «  Le  secrétaire  d'Olivier,  Philis,  présenta 
Deroisin  à  son  ancien  maître  »  (p.  171),  c'est-à-dire  à  Bersot,  qui 


—  %1  ~ 

avait  été  le  maître  de  Philis.  Le  tour  à  Isrendré  était  celui-ci  :  «  Pbilis, 
ancien  élève  do  Bersot,  comme  nous  l'avons  dit  (bien  auparavant), 
lui  présenta  Deroisin.  »  L'art  d'écrire  ne  semble  pas  en  progrès,  même 
dans  l'Université.  M.   S. 

Histoire  «lu  concile  «lu  Vnttean  depuis  sa  preiuièi'c  an- 
nonce jusqu'à  Ma  prorogation,  d'après  Us  dociimenis  nuikeiiticpifs. 
OMvr'pp  (In  P.  Théodork  Grandekath  ;  édite  par  le  P.  Conrad  KmcH, 
etlrafiiiit  d«  l'allemand  par  des  religieux  de  \\  nnême  Compagnie.  T.  II. 
Seconde  partie.  La  Co*i.xt{(i/tinn  •<  /ie  Fid»".  Catholica  ».  VAgitiUion  extra-conci- 
li'ih-p.  Bruxelles,  Dewit,  1911.  iii-S  de  \\^  p.  —  Prix  :  10  fr. 

Nous  sommes  ici  en  possession  de  la  seconde  partie  du  tome  second 
de  ce  magistral  ouvrage;  c'est  en  réalité  un  volume  tout  entier  de 
près  de  450  pages,  avec  sa  pagination  particulière,  son  index  analyti- 
que et  sa  table  des  matières.  Les  notes  y  sont  aussi  abondantes, 
précises  que  par  le  passé  et  elles  offrent  un  intérêt  réel;  nous  y  signa- 
lerons (p.  .373)  une  erreur  assez  pardonnable  à  l'auteur  allemand, 
mais  que  n'auraient  pas  dû  laisser  passer  les  traducteurs  français  :  celui 
qu'ils  nomment  :  «  un  M.  du  Boys,  vicaire  général  de  l'évequo  d'Or- 
léans »,  est  Albert  du  Boys,  écrivain,  ami  iiitime  de  Mgr  Dupanloup 
(qui  mourut  chez  lui,  au  château  de  Lacombe,  dans  l'Isère),  mais 
nullement  entré  dans  les  ordres. 

Ce  volume  expose  toute  la  discussion  conciliaire  (avril-mai  1870) 
relative  à  la  constitution  de  Fide  Catholica  et  en  donne  le  texi  e  latin 
original  et  la  traduction  française  (p.  158).  Mais  le  grand  intérêt  se 
trouve  dans  le  récit  extrêmement  circonstancié  et  documenté  sur 
«  l'agitation  extra-conciliaire  »;  les  chapitres  sur  la  controverse  du  Père 
Gratry  en  France,  les  attacfues  de  Dôllinger,  l'agitation  en  Allemagne 
et  dans  la  Suisse  allemande,  l'opinion  en  Angleterre  ont  une  impor- 
tance historique  de  premier  ordre;  la  production  niatéricllf  des  docu- 
ments suffit  à  permettre  de  juger  les  intentions,  les  caractères,  les 
procédés  de  ceux  qui  formèrent  la  «  minorité  »  du  concile;  le  rôle  de 
Mgr  Strossmayer,  en  particulier,  est  très  éclairé  (p.  49,  147,  200,  282, 
329);  toute  la  conduite  de  Dôllinger  nettement  exposée.  Sur  l'opposi- 
tion allemande,  le  P.  Granderath  possédait  les  moyens  d'une  docu- 
mentai ion  spéciale;  pour  ce  qui  a  trait  aux  choses  de  France,  il 
s'appuie  sur  les  pièces  originales  du  concile  et  rend  hommage  au  té- 
moignage de  M.  Emile  Ollivier.  Le  chapitre  «  Les  Puissances  et  le 
Concile  »  met  bien  au  point  la  conduite  des  cabinets  européens.  Lés 
intentions  de  M.  Darù,  en  France;  les  ordres  de  Bismarck  et  surtout 
les  Scandaleux  efforts  de  M.  d'Arnim  manifestent  la  vérité  dans  ces 
mystères  de  la  diplomatie  d'alors.  La  lettre  où  M.  d'Arnim  conseille 
aux  évêques  prussiens  de  la  minorité  dé  se  faire  protestants  (p. 
419)  est  d'une  ironie  révélatrice,  dans  son  insolence  tudesque. 

Q.  PB  G. 


—  358  — 

H    ilrtirulo    11  de  la   €oiiiitituri«»n,  por  R.  P.  Venancio  Maria 
DK  -MiMBGUiAGA.  M;irreloii;i,  Gili,  1911,  in-lri  de  2oG  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Tout  le  monde  sait  quelles  luttes  ardentes  se  sont  engagées  en  Es- 
pagne depuis  quelque  temps  autour  de  la  question  religieuse.  Sous 
des  influences  soi-disant  libérales,  c'est-à-dire  maçonniques,  le  pou- 
voir a  commencé  à  ejitamer  le  Concordat,  et  ses  empiétements  sur  le 
terrain  religieux  sont  absolument  inconstitutionnels,    puisqu'ils  vio- 
lent l'article  11  de  lu  Constitution  ainsi  conçu  :  «  La  religion  catho- 
lique, apostolicfue  et  romaine  est  la  religion  d'État.  La  nation  s'oblige 
ù  maintenir  le  culte  et  ses  ministres.  Personne  ne  sera  inquiété  sur  le 
territoire  espagnol  pour  ses  opinions  religieuses,  ni  pour  l'exercice 
de  son  culte  respectif,  sauf  le  respect  dû  à  la  religion  chrétienne. 
Toutefois  on  ne  permettra  d'autres  cérémonies  ou  manifestations 
publiques  que  celles  de  la  religion  d'État.  »  Le  R.  P.  de  Minteguiaga, 
prenant  acte  de  ce  texte  officiel,  combat  pied  à  pied,  point  par  point, 
et  démontre  avec  ime  vigoureuse  logique    que  le  gouvernement  ne 
saurait,  sans  parjure,  donner  aux  cultes  hétérodoxes,  ni  à  la  prétendue 
neutralité,  des  droits  qui  n'appartiennent  qu'à  la  religion  catholique. 
Après  avoir  tiré  toutes  Içs  conséquences  qui  découlent  des  principes 
énoncés  dans  l'article  11,  il  attaque  dans  une  seconde  partie  le  fameux 
retranchoment  des  ennemis  du  catholicisme,  qui  s'abiitent  sous  le     , 
drapeau  de  la  tolérance  religieuse.  Qu'est-ce  que  cette  tolérance,  en 
tant  que  coîistitutiomielle?  La  propagande  anticatholique,  l'enseigne- 
ment neutre,  la  liberté  d'opinion  religieuse  dans  l'Université,  tout 
cela  n'est-il  pas  injuste,  contraire  au  droit  et  condamné  par  la  Cons- 
titution? On  devine  facilement  les  conclusions  de  l'auteur.  Les  adver- 
saires du  catholicisme  pourront  ergoter;  les  arguments  du  P.  de  Min- 
teguiaga sont  irréfutables,  puisqu'il  se  place  sur  le  terrain  du  Con- 
cordat... Mais  si  le  Cc-ncordat  vient  à  être  dénoncé  en  Espagne  avec 
la  même  désinvolture  qu'en  France,  que  vaudra  sa  thèse,  et  que  sera 
son  livre,  sinon  une  énergique  protestation  contre  le  guet-apens  de 
la   secte   franc-maconne ?  G.  Bernard. 


Bibliographie  française,  par  FI.  I.b  Soudier.  2*  sôrif,  paraissant 
par  périories  quinquennales.  T.  II.  'I90'>-190!).  U'  partie  :  A. -El:  2*  iiartic  : 
I-Z.  Paris,  H.  L'i  Soudier,  1911,  in-8  eu  2  vol.  rie  lu3.5  p.  —  Prix  :  75  fr. 

Sans  revenir  ici  sur  ce  que  nous  avons  dit  déjà  (t.  CXII,  p.  530- 
532),  à  propos  du  t.  I,  de  l'œuvre  considérable  et  fort  précieuse  de 
M.  H.  Le  Soudier,  nous  rappellerons  à  nos  lecteurs  que  la  Bibliogra- 
phie française  leur  offre  les  ouvrages  de  la  librairie  française  classés 
de  trois  façons  difféi  entes  :  sous  le  nom  d'auteur,  au  titre,  et  sous  des 
rubriques  ou  mots  souches,  qui  parfois  peuvent  être  multipliés;  en 
d'autres  termes,  il  est  conçu  de  manière  à  renseigner  son  lecteur  aussi 


-  359  — 

rapiaement  et  aussi  sûrement  que  possible,  soit  sur  un  ouvrage  de  tel 
auteur  dont  il  connaît  le  nom,  soit  sur  l'auteur  de  tel  ouvrage  dont  il 
connaît  le  titre,  soit  sur  un  ouvrage  dont  il  connaît  le  sujet,  tout  en 
en  ignorant  et  l'auteur  et  le  titre. 

Nous  ajouterons  que  ce  nouveau  volume  est  en  progrès  visible  sur 
le  précédent;  M.  Le  Soudier  a  tenu  compte  des  observations  ou  des 
desiderata  qui  lui  avaient  été  formulés  de  côté  ou  d'autre.  Il  s'est 
efforcé  par  exemple  à  grouper  d'une  manière  plus  complète  les  livres 
sous  les  rubriques  où  l'on  peut  les  chercher. 

Ce  n'est  pas  à  dire  que  son  travail  soit  à  l'abri  de  toute  critique; 
M.  Le  Soudier  a  eu  raison,  croyons-nous,  de  tenir  compte  dans  les 
noms  propres  de  l'article  flamand,  puisqu'il  tient  compte  de  l'article 
français;  mais  il  ne  l'a  pas  fait  d'une  manière  assez  systématique  : 
on  trouvera  à  l'article  De  Bâcher  le  t.  IV  des  Institutions  métaphysi 
qiies  spéciales  du  P.  St.  De  Backer,  et  à  l'article  Backer  (D.)  le  t.  IV 
du  même  ouvrage;  des  observations  analogues  peuvent  être  faites 
pour  MM.  De  Bast,  De  Heen,  etc.  On  a  souvent  en  France  la  mauvaise 
habitude  de  classer  les  noms  étrangers,  les  Anglais  notamment,  au 
prénom;  la  Bibliographie  de  la  France,  qui  est  loin  d'être  un  modèle 
à  suivre  d'ailleurs,  en  offre  les  plus  fâcheux  exemples.  M.  Le  Soudier, 
sans  doute  pour  faciliter  les  recherches,  s'est  conformé  à  ce  mauvais 
usage,  en  faisant  généralement  d'ailleurs  un  renvoi  au  véritable  nom  : 
Conan  Doyle  est  classé  à  Conan,  'D'mo'Compagni  à  Dino,^Hartmann- 
Grisar  à  Hartmann^  Gezsi'Steuer  à  Geza,  Washington  Irving  à  Was- 
hington."^W  eut  été"plus  rationnel  de  faire  l'inverse  et  de  se  contenter, 
pour  le  prénom,  d'un  renvoi  au  nom.  En  agissant  ainsi,  à  l'avenir, 
M.  le  Soudier  aidera,  pour  sa  part,  à  déraciner  chez  nos  compa- 
triotes une  habitude  détestable,  d'autant  plus  qu'une  certaine  auto- 
rité s'attache  naturellement  à  un  livre  aussi  consulté  que  le  sien. 

Le  classement  devient  encore  plus  défectueux  quand  il  se  fait  au 
nom  fautif  sans  aucun  renvoi  sous  le  nom  réel  (J.  Spencer  Kennard 
classé,  sans  renvoi,  à  Spencer). 

Les  rubriques  prêtent  encore  matière  à  quelques  observations;  je 
n'insiste  pas  sur  les  lacunes  (au  mot  Bibliothèque,  je  ne  trouve  pas 
l'ouvrage  de  feu  T)Q\h\Q:  Becherches  sur  la  Librairie  de  Charles  F,  par 
exemple);  je  sais  trop,  par  expérience  personnelle, combien  il  est  difficile 
d'échapper  à  des  lacunes  de  ce  genre.  Il  est  plus  étonnant  de  ne  pas 
trouver  à  la  rubrique  Mandchourie  l'ouvrage  de  J.  P.  (non  relevé  non 
plus  à  cet  initialisme)  intitulé  : /?e5fo/?5  en  selle.  La  Cavalerie  russe  et 
la  cavalerie  japonaise  dans  la  guerre  de  Mandchourie;  il  se  rencontre 
d'ailleurs  et  à  la  rubrique  Cavalerie  et  à  la  rubrique  Guerre  russo- 
japonaise. 

C'est  une  erreur  de  relever  à  la  rubrique  Paléographie,  les  Lettres 


—  360  — 

de  Jean  XXII  ou  le  Cartnlaire  de  Berdoues.  Et  la  Diplomatique  ou 
scipnce  des  chartes  et  diplômes  a  été  malencontreusement  confondue 
avec  la  Diplomatie. 

Notre  devoir  de  critique  nous  oblige  à  faire  ces  réserves  et  à  relever 
ces  lacunes  ou  ces  erreurs,  dont  nous  pourrions  allonger  la  liste.  11 
nous  est  plus  agréable  et  il  n'est  que  juste,  d'insister  en  terminant  sur 
l'utilité  de  ce  répertoire,  que  nous  avons  personnellement  mainte 
occasion  de  consulter  et  qui  nous  rend  de  multiples  services,  que  nous 
nous  félicitons  d'avoir  fait  mettre  dans  la  salle  de  travail  des  ihipri- 
més  de  la  Bibliothèque  nationale  à  la  disposition  du  public  qui  y 
trduve  un  précieux  instrument  de  recherches;  il  n'est  que  juste  ausèi 
de  remercier  M.  Le  Soudier  du  labeur  considérable  qu'il  s'impose 
pour  mettre  sur  pied  et  tenir  à  jour  ce  travail  qui  lui  mérite  la  recon- 
naissance aussi  bien  du  public  tout  entier  que  de  ses  confrères  en 
librairie  dont  i^  est  le  guide  et  le  compagnon  indispensable. 

E.-G.  L. 


RTILT.ETÎN 

Saint  Vincent  db  Paul.  Lettres  ciiol*îes.  publiées  d'après  le"?  manus- 
crir.s.  Introduction  et  notes  php  Pibbrk  Costë.  P^r'.s.  B  oiid,  I9ll,in-1G  le 
64  p.  (Col  eotioii  Sci-.nce  et  Religion).  —  Pris  :  0  fr.  60. 

.  En  attendant  une  réédition  complète  de  la  correspondance  de  saint 
Vincent  de  Paul,  M.  Pierre  Coste,  prêtre  de  la  Mission,  a  eu  raison  de 
nous  donner  ces  trente-six  lettres,  dont  plus  de  trente  sont  inédites  et  un 
grand  nombre  datée?  de-  1631  à  1660.  On  y  trouve  non  seulement  des 
détails  intéressants  sur  les  oeuvres  organisées  par  le  saint,  et  un  St'le 
qui  ne  manque  pas  de  saveur  ni  parfois  de  finesse,  mais  encore  des  traits 
qui  caractérisent  bien  sa  belle  Ame,  comme  l'éloge  delà  mainte  simplicité  : 
■ —  «  C'est,  dit-il,  la  vertu  que  j'aime  le  plus  et  à  laauelle  je  fais  le  plus 
d'attention  dans  mes  actions  »  — •  ou  encore  ces  conseils  aux  prêtres  de  la 
Mission  :  «  Tra  -aillons  hnmidenxent ...  Sinon,  vous  ne  fere'.  que  du' bruit 
et  d'-S  fanfares  et  peu  de  fruit.  »  Baron  .\ngot  des  RotourS. 


L.e  Cardinal  l'îe.  Discours  choisie,  avec  nue  Introduction,  de.*;  notices  et 
des  notes,  par  l'abbé  Paul  Halflants.  Bruxelles,  Keller,  s.  d.,  [1911j 
petit  in-8  de  1«0  p.  —  Prix  :    1  fr.  ï>0. 

Dans  l'œuvre  magistrale  du  cardinal  Pie,  on  a  choisi,  comme  des  m.odèles 
de  sa  science  théolrgique  et  de  son  éloquence  épiscopale,  sept  «  Discours  » 
qui  offrent  tous  un  intérêt  partici'.lier  :  X'ne  Allocution  aux  jeunes  gens  du 
cercle  catholique  de  Poitiers:  une  Instruction  pastorale  sur  l'esprit  de  sacri- 
fice; de  longs  extraits  delà  célèbre  instruction  synodalo  :  «Sur  les  j  rinci- 
pales  erreurs  du  temps  présent  »,  donnée  en  1855;  un  discours  s"r  Pome: 
l'Éloge  funèbre  des  volontaires  catholiques  morts  pour  la  défense  des 
États  de  l'É'.dise  (18601:  le  fameux  mandement  du  V.i  fé -rier  1861  qui 
contenait  l'allision  terrible  à  Ponce  Pilate  ;  enfin  l'homélie  prononcée 
au  couronnement  de  N.-D.  de  Lourdes,  en  juillet  1876,  —  On  voit  que 


—  361  — 

le  fond  et  la  forme  de  ces  «  choix  »  sont  faits  }>oiir  sihfîTilièrement  élever 
l'âme  et  l'esprit  du  lecteur.  Quelques  notes  encadrent  ces  citations  élo- 
qnentes  et  disent  les  circonstances  au  milieu  desqi;elles  ces  paroles  furent 
prononcées.  Prisse  cette  brochure  donner  l'envie  et  le  soOt  d'aller  puiser 
à  la  source  même  et  de  connaître  plus  à  fond  l'illustre  et  orthodoxe 
prince  de  l'Église.  G. 

Aeclôii    ie  Ist    mujei-  en  la    vifis.   social   nor  el  R.   P.  IGNACIO  CaSANOVAS. 

Barcdiona,  Giii,  1911,  iii-16  de  176  p.  —  Prix  :  2  (v. 

Ce  livre  contient  les  quatre  conférences  données  par  l'auteur  dans 
l'église  de  Paint-Philippe,  à  Barcelone,  de-ant  une  élite  de  dames  de  la 
ville,  sur  l'iiiter.-ention  de  la  femme  dans  l'action  sociale.  lèeligion, 
moralité,  action,  in.^truction  :  lels  sont  les  q^  ali'o  svj' ts  dév.-loppé'  par  le 
conférencier,  et  subdi  'isés  chacun  en  trois  poii^ts.  Voilà  bien  du  féminisme 
pratique!  On  fait  en  ce  moment  des  enquêtes  s-t  l'ignorance  religievse. 
(t  l'on  signale  volontiers  des  ca^iscs  locales  et  di^'erses  pour  expliqi  er  ce 
fléau,  car  c'est,  h  n'en  pas  douter,  un  redoutable  fléau..  Fait-on  assez 
attention  à  ce  fait  qu'en  détournant  de  sa  mission  éd^icatrice  la  femme, 
qu'elle  soit  jeune  fille  ou  mère  de  famille,  la  franc-maçonnoriech- rcho  à 
démoraliser  et  à  déchristianiser  la  société?  Le  P.  CaSanovas  met  le  doigt 
sur  la  plaie;  ses  conférences  devraient  être  traduites,  lues,  propagées  par- 
tout. La  femme  a  un  rôle  naturel  à  remplir;  elle  doit  le  garder  jalouse- 
ment; mais,  pour  combler  les  lacunes  que  l'é^■olution  de  la  vie  sociale  a 
produites  dans  l'éducation  familiale,  en  absorbant  l'homme  dans  la  poli- 
tique ou  dans  les  affaires,  il  faut  que  la  femme  entre  plus  efTicacerrient 
dans  l'action,  qu'elle  élargisse  son  domaine  d'éducatrice,  qu'elle  se  pénètre 
da  *antage  de  l'inflvence  qui  lui  est  dé  .'olue,  en  un  mot,  qu'elle  forme 
robustement  et  chrétiennement  les  âmes  que  Dieu  lui  confié.  Il  nous 
Semble  que  là  est  toute  là  pensée  du  P.  Casanovas,  et  l'on  ne  peut  que 
l'approuver.  G,  Bernard. 

iftï'r  IVominaliAnins  in  <lei-  Fi-ûh-coia^iik.  Eiri  'ieitrng  ziir  fl-s- 
cfiichu  de-  Univr^nli'"^  /"'■"!?''  *"  \'iltehil'e>\  nebat  einern  n»ue»i  Tf.rt 
Aufqiihe  des  '^'ieffi  Rosclin  an  Abûlird,  von  Dr.  Jos  Keiners  Ba  d  VIII, 
Heit  .^,  d  -s  R>-if.>àtf'^  zn-  G  schichte  1er  Philosophie  des  Miltelallers.)  Mil  st  r, 
Aschendorff,  19U»,  m  8  de  80  p. 

L'auteur,  à  propos  d'une  nori-v-elle  édition  très  soignée  de  la  lettre  de 
Roscelin  à  Abélard,  fait  un  historique  très  cre-sé  du  nominalisme  dans 
le  haut  moven  âge.  Il  refuse  de  suivre  les  auteurs  précédents  comme 
Franck,  Hauréa^t,  Cousin,  qui  veulent,  s^r  des  te -ctes  mal  compris,  faire 
remonter  le  nominalisme  j'isqu'au  ix^  siècle,  et  il  lexpliqne  comment  il  se 
présente  dans  Roscelin  et  dans  Abélard.  Il  y  a  là  des  pages  utiles  pour 
compléter  les  historiens  accrédités  de  la  scolastique.  A.  Cleryal. 


COURTHOPE.  London,  Fr 'Wde  ;  Oxford  Univcr.siry  Pre  <.  1911,  in  j<d>-    6p- 

Cette  mince  brochure,  pb's  instructive  que  maint  livré,  est,  comme  celle 
de  ]\L  Ker  dont  il  a  été  parlé  dan'^  notre  p^'écéd'^nto  li^i-airon  (p.  1fi6)  une 
lecture  faite  à  l'Académie  britannique.  C'est  une  vue  d'ensemble  sur  l'his- 
toire du  roman,  mais  dont  le  roman   du  moyen  âge  forme  le  contre.  L« 


—  362  — 

ï^am  de  roman  (faut-il  le  rappeler? )désignait  un  ouvrage  en  langue  romane, 
c'est-à-dire  vulgaire,  par  opposition  aux  ouvrages  de  largve  latine  qu'écri- 
vaient les  cîercs  pour  des  lecteurs  instruits.  Les  «  romans  »  étaient  offerts 
d'abord  comme  des  livres  d'histoire,  traduits  (disait-on!)  dv.  latin:  pi  is 
rimag*ination  domina  pour  plaire  au  public,  et  ce  furent  des  œuvres  de 
fiction.  \\  harton  assurait  qi;e  le  modèle  venait  des  Arabes  et  avait  clé 
un  résultat  des  croisades.  M.  Courthope  s'élève  contre  cette  hypothèse, 
mais,  en  ce  qui  concerne  les  récits  d'an\our,  revendique  une  part  d'in- 
fluence pour  les  romans  grecs,  connus  de  By/ance.  L'élément  celtiqie  a 
aussi  une  grande  part,  et  encore  aussi  l'influence  de  la  société  féodale 
dont  les  mœurs  inspiraient  ces  romans  et  s'y  reflétaient.  Don  guichotte 
représente  la  réaction  contre  la  domination  de  ce  genre  de  littérature 
poussé  à  l'extravaî?ance;  et  le  roman  moderne  (tel  surtout  que  l'Angle- 
terre l'a  connu)  s'est  attaché,  par  contraste,  à  décrire  la  vie  réelle.  — 
Il  est  impossible  de  résumer  en  quelques  mots  une  lecture  qui  est  elle- 
même  un  résumé  :  disons  seulement  que  les  grands  faits  de  l'histoire 
littéraire  y  sont  présentés  d'une  façon  claire  par  un  maître  en  littérature 
comparée.  H.  Gaidoz. 

L.II  !Vovol:«  «iii  Cliile'.  Knsayo  bibllo;i;B-âfic<>  Mohie  lit  lit ei-atiii-st  chi- 
lenit  (ediclôii  del  ccnttMiatio),  por  L.  IgnaGio  Silva.  Santiago  de 
Chile,  lyiO,  imp.  Barcelona,  in  8  de  523  p. 

La  littérature  nationale  du  Chili  nous  est  relativement  peu  connue.  Le 
p.  Blanco  Garcia  en  a  tracé  une  esquisse  sommaire  à  la  fin  de  son  Histoire 
de  la  littérature  contemporaine  espagnole,  et  quelques  romans  ont  été  tra- 
duits en  français,  entre  autres  celui  de  A.  Blest-Gana,  intitulé  :  L'Idéal  d'un 
mauvais  sujet  {  Hachstte).  Aussi  lo  livre  de  M.  Silva,  qui  nous  donne 
une  liste  de  4S9  ouvrages  recueillis  par  lui  au  Chili,  --st-il  des  plus  intéres- 
sants et  des  plus  instructifs  pour  ce\ix  qui  étudient  la  langue  espagnole  et 
l'iiistoire  littéraire  de  l'Amérique  du  sud.  Ce  n'est  pas  seuUment  un  cata- 
logue complet  dis  Nouvelles  parues  au  Chili;  des  critiques  ou  analyses  nom- 
breuses, voire  même  des  portraits  d'auteurs,  font  de  ce  gracieux  volume 
comme  une  sorte  de  galerie  littéraire  où  l'on  peut  se  reposer  devant  les  ta- 
bleaux les  plus  remarquables,  en  ayant  sous  les  yeux  les  indications  néces- 
saires pour  bien  les  apprécier.  Je  ne  me  porte  pas  garant  de  chacune  des 
app'.'éciations  émises  par  M.  Silva;  il  faudrait  pour  cela  avoir  lu  les  ou- 
vrages qu'il  nous  présente.  Mais,  au  simple  point  de  vue  bibliographique,  le 
catalogue  est  fort  complet,  toutes  les  références  sont  données  méticuleu- 
sement,  et  le  conservateur  de  la  Bibliothèque  nationale  d"  Santiago  du 
Chili  a  fait  œuvre  d'érudit  judicieux,  ce  dont  nous  lui  savons  gré. 

G.    Bernard. 

Ponipouiansi  fOlbla),  «an  ««Ivadou»-.    La  Pompeï  Uyéi-olse  flî'CrllP  et 

dîssinéft  par  le  colonel  db  Poitkvin  db  Maurbillan.  Toulon,  imp.  régio- 
nale, iy07,  in-8  de  xt-128  p.,  avec  1  portrait,  3  plans  et  30  grav. 
■."Eiiipiaeeineni  d'oibi»,  par   le  même.  Aix-en-Provence,  1909,  in-8  de 
Il  p.  (Extr.tils  des  Annales  de  Provence). 

M.  le  colonel  de  Poitevin  est  un  heureux    homme.    Après  la    publi 
cation  de  S'ui  premier  travail,  la  découverte  d'une  inscription  est  sur- 
venue, quic')nrirme  singulièrement  la  justesse  de  ses  conjectures  sur  le 
véritable  emplacement  de  l'antique  Olbia  de  Ligurie,  colonie  phocéenne 


—  :^63  —  . 

sur  la  situation  de  laquelle  les  géographes  étaient  loin  de  tomber  d'ac- 
ocrd.  Cette  inscription  fournit  la  matière  de  la  seconde  brochure. 

Il  y  a  un  peu  de  tout  dans  ce  volume  de  Pomponiara,  une  lettre  curieuse 
de  Méry  à  Alexandre  Dumas,  mais  qui,  comme  document  scientifique... 
une  reproduction  et  une  description  de  la  maison  de  Pansa,  d'intention 
éducative,  un  peu  bien  inattendue  tout  de  même.  Évidemment,  l'auteur 
n'est  vas  très  familier  avec  le  maniement  et  la  mise  en  œuvre  d'un  appareil 
érudit.  Mais  il  se  présente  lui-même  au  lecteur  avec  tant  de  modestie 
qu'il  y  aurait  mauvaise  grâce  à  insister.  Remercions-le  plutôt  du  zèle  et 
de  la'libéralité  avec  lesquels  il  a  dessiné  lui-môme  et  reproduit  plans, 
vues,  monuments  et  objets  de  toutes  sortes  se  rapportant  aux  antiquités 
des  lieux  dont  il  nous  entretient.  A.  B. 

i.ei»  Hommes  «le  «leniain,  par  Rbné  Bazin.  Paris,  J.  diîGig'ir.l,  1912,  in-8 
de  31  0.  {PubH:cHinns  de  la  Société  bihliogi-aphique).  —  Prix  :  0  fr.  ^rj. 

La  génération  actuelle  a-t-elle'fait  faillite?  Bien  des  fois  cette  question 
a  été  posée  et  jamais  elle  n'a  été  résolue.  A  quoi  bon  d'ailleurs  se  livrer  à 
d'inutiles  controverses?  Songeons  plutôt  à  la  génération  de  demain.  C'est 
ce  que  fait  M.  René  Bazin  dans  une  brochure  publiée  par  la  Société  biblio- 
graphique, où  vibre  l'accent  d'un  chrj3tien  et  d'un  Français,  pour  retrem- 
per notre  race,  M.  René  Bazin  voudrait  que  les  pères  de  famille  prissent 
à  coeur  leur  devoir.  In  trop  grand  nombre  de  nos  compatriotes,  et  les 
meilleurs,  le  négligent.  Le  comte  de  Falloux,  dans  un  discours  sur 
'(  l'Unité  nationale  »  disait,  en  1880,  quel'éducatio.n  de  l'enfant  se  fait  sur- 
tout au  foyer  domestique.  «  Si,  disait-il,  le  collège  é'ait  U  régulateur  de 
toute  la  vie,  comment  expliquerait-on  le  contraste  frappant  qui  existe 
entre  deux  siècles  où  l'éducation  appartenait  exclusivement  aux  corpo- 
rations religieuses?  Au  dix-sep tiême  siècle,  tout  demeure  chrétien;  au 
dix-huitième  siècle,  tout  devient  impie,  et  cependant  ce  sont  les  ora- 
to riens  et  les  jésuites  qui  élèvent  successivement  la  génération  du  grand 
règne  et  la  génération  de  l'Encyclopédie,  Voltaire  en  tête.  «  M.  René 
Bazin  partage  l'avis  de  M.  de  Falloux  et  tient  comme  lui,  par  dessus 
tout,  à  l'éducation  du  foyer.  «  Je  voudrais,  dit-il,  qu'à  la  maison  l'enfant 
n'entendît  pas  parler  légèrement  de  ce  qui  est  grave  et  ne  fût  pas  exposé 
à  voir  détruire  en  lui-même  et  par  sa  propre  famille  les  idées  nobles,  les 
idées  saines  qu'il  reçoit  au  collègti...  Je  voudrais  que  le  père  fût.  dans 
cet  intime  de  la  faniille,  le  constant  professeur  d'énergie  et  qu'il  n'eût 
pas  seulement  le  souci  de  la  vérité,  mais  celui  de  l'indépendance  et  de  la 
constante  noblesse  de  l'enfant.  Je  voudrais,  dit-il  encore,  que  le  père  mît 
son  enfant  en  garde  contre  la  fureur  des  sollicitations  qui  estla  mendi- 
cité la  plus  répandue  et  la  seule  contre  laquelle  on  ne  fait  rien;  je  voudrais 
qu'un  jeune  homme  ait  l'ambition  non  pas  tant  des  carrières  libérales  que 
des  carrières  libres  ».  Dieu  fasse  que  cette  vaillante  parole  soit  entendue  ! 

Oscar  Hayard. 

NÉCROLOGIE.  —  Un  deuil  cruel  vient  de  frapper  la  marine  française 
et  tous  les  catholiques  de  notre  pays.  Victime  d'un  accident  banal,  le  vice- 
amiral  de  Cuven-ille  est  mort  à  Paris,  le  15  mars,  à  ITge  de  78  ans.  Né 
à  Allineuc  (Côtes-du-Nord),'au  château  de  la  Portedohain,  le  28  juillet 


.     —  364  — 

1RÎÎ4,   M.  .Tilles-Marie- Armand   Cavelikh   de    Cuverville  fit  ses  études  à 
Rennes  et  à  Paris,  pnis  entra  dans  la  marine  en  1850.  ^Aspirant  en  1852, 
lie-itenant  de  vaisseau  en  1860,  capitaine  de  fré.Erate  en  1870,  capitaine   de 
vaisseau  en  1878,  il  fut  promu  a'i  ?rade  de  contre-amiral  en  1888  et  à  celiii 
de  vice-amiral  en  189n.  T^lessé  de-aut  Sébastopol  et  mis  à  l'ordre  du  jour 
pour  sa  belle  cond"ite,  il  servit  ni  us  tard  comme  aide  de  camp  de  l'amiral 
de  nuevdon  à  l'escadre  du  Nord.  Il  commanda  en  1876  la  station  navale  de 
la  Manche  et  fut  nommé  en  1878  attaché  na-al  à  l'ambassade  de  France 
^  Londres.  En  1885,  on  le  trouve  à  la  tête  de  la  di  -ision  na-.-ale  de  l' At- 
lanti-^ue  sud  et,  en  1890.  il  réce^'ait  le  commandement  en  chef  de  la  divi- 
sion de  l'Atlantique  nord,  ce  qui  l'amena  à  diriger  l'expédition  du  Daho- 
mev  et  à  sic:ner  un    traité  a-ec  le  roi  Béhandn.  En  1896,  il  commande 
l'escadre  de  réserve  de  la  Aléditerranée:  il  devient,   en  1898,   inspecteur 
rénéral  de  la  marine,  et,  de  1894  à  1899,  il  remnlit  les  fonctions  de  chef 
d'état-majordelamarine.  nel«61à  1868.il  a^-ait  été  professer  à  l'École 
na^-ale.  É'u  s4nate".r  dans  le  i^inistère  en  1901, réélu  en  1903,  il  avait  échoué, 
faute  de  quelques  voix,  au  derniet*  renouvellement.   Nous   avons   à   peine 
besoin  de  rappeler,  tant  la  chose  est  connue,   nue  ne  néTli<îeant   aucune 
occasion  de  professer  sa  foi,  l'amiral  de  '"ii'.'erville  n'a  cessé  de  protester  éner- 
sifTuementcontreles  attentats  dont  l'ÉTlise  est --ictime  dans  notre  na-s, D'un 
autre  côté,  le  nom  de  cet  habile  technicien  restera  inséparable  de  l'histoire  dfe 
notre  marine  qu'il  a  tant  contribué  à  perfectionner  non  scdement  par  la 
façon  dont  il  a  exercé  ses  di-ers  commandements,  mais  aussi  par  les  nom- 
breux ouvra^res qu'il  aécrits,  princinalementsurl'artillerie navale. Parmi eUx 
nous  citerons   :   La    Marine  des   Etats-Unis   avant  la  guerre  et  la  marine 
actuelle,  traduit  de  l'anglais  de  Donald  Mickav   (PaHs,  1865,  in-S];  — Les 
Bâtiments  cuirassés  (Paris,   1865,  in-8);  —  L'Artillerie  navale  aux  Etats- 
Unis  (Paris,   1865,   in-8);  —  Cours  de  tir.  Etudes  théoriques  et  pratiques 
sur  If  s  armes  portatives  f  Paris,  1864,  in-8);  —  Le  Canon  de  quinze  pouces 
des  États-Unis,  traduit  dé  l'anglais  (Paris,  1866,  in-8);  —  Appendice  aux 
études  théoriques  et  pratiques  sur  les  arp?es  à  jeu  portatives  (Paris,   1867, 
ln-8);  — •  Considérations    pratiquas    sur    Vemnlni    de    V artillerie  rayée.    Les 
cuiraffiés  et  l'artillerie,  traduit  de  l'anf^lais  d'Oweh  (Paris,  186'',  ih-8):  — 
La  Marina  des  États-Unis,   trad^'it  de  l'anglais  de  Velles  (Paris,   1867, 
în-8):  —  Ètitde  sur  la  pêche  côtière  (Paris,  1868,  in-8);  —  La  Pèche    du 
corail  sur  les  côtes  de  l'Algérie  (Paris,  1875,   in-8);  —  La  Science    de  la 
co'i^triintion  du  navire  considérée  dans  ses  "rapports  avec  les  lois  de  là  na- 
ture (Paris,  1875,  in-8);  —  Progrès  réalisés  par  l'artillerie  navale  de  1855 
à  1880;  coun  d'œil  d'ensemble  (Paris,  1881,  gr.  in-8);  —  Expériences  sur 
le  filage  de  l'huile,  faites  à  bord  de  «  la  Naïade  »  du  ^  au  9   novembre  1891 
(Paris,    1893,    in-8);  —  Le    Canada   et   les   intérêts   français  (Paris,   1898, 
in-12);  —  Les  Leçons  de  la  guerre.  Port- Arthur,  Tsoushima.  Ce  qu'il  faut 
à  la  marine  (Paris,  1906,  in-l'>1.  Plusieurs  de  ces  otivrages  sont  exti'aits 
dés  re  'ues  sui^'antes  dont  l'amiral  de  Cuver  -ille  était  utl  zélé  collabora- 
teur :  la  Revue  maritime  et  coloniale,  les  Annales  du  génie  civil,  le  Journal 
des   sciences    militaires  et  le  .Tournai   des   arm^s   spéciales. 

—  '^T.  Philinne  Berger,  l'éminent  orientaliste,  membre  de  l'Institut, 
est  mort  à  Paris.  nresaues"bitement.  le  l't  mars,  à  66  ans.  Appartenant 
à  une  famille  nrotestante  d'Msace  qui  a  donné  de  nombreux  savants  à 
notre  na'-s.  il  était  né  h  P,eaucourt  (TTaut-Phîn\  le  ,15  septembre  1846. 
\nr(^s  avoir  terminé  ses  études  à  la  Facrlté  de  théologie  protestante  de 
Strasbourg,  il  devint,  en  1873,  auxiliaire  de  l'Académie  des  inscriptions 


—  cWo  — 

et  belles-lettres  pour  la  rérlaction  du  Corpus  inscriptionum  scmiticanim. 
L'année  suivante,  il  fut  nommé  ^du; -b  biioUiécaiie  de  l'ii.stiti  t  et,  en 
1877,  il  fut  chargé  du  cours  d  hébreu  à  la  Faculté  du  théologie  de  Paris. 
Après  la  mort  d'Lrnest  Ken  an,  la  chuirv  d'hébreu  que  celui-ci  oc<i  pait 
au  Lollège  de  France  lui  fut  confiée,  et  c'est  encore  à  Ftenan  qu'il  siccéda 
lorsqu'il  fut  élu,  en  1892,  membre  de  l'Académie  des  inscriptions  et  bel- 
les-lettres. M.  Philippe  Berger  laisse  de  nombreux  et  importants  ouvra- 
ges. Voici  ceux  qui  nous  sont  connus  :  Les  Ex-volo  du  temple  de  Tanit 
à  Carthage.  Lettre  à  M.  Lenormant  sur  les  reprcsentations  figurées  des 
stèles  puniques  de  la  Bibliothèque  nationale  (Paris,  1877,  in-4);  —  Tanit 
Pené-Baal  (Paris,  1877,  in-8);  —  Israël  et  les  peuples  voisins  (Paris,  in-8, 
1878);  —  L'Ange  d'Astarté,  étude  sur  la  seconde  inscription  d'Oum-el- 
Awamid  (Paris,  1879,  in-4);  —  L'Écriture  et  les  inscriptions  sémitiques 
(Paris,  1880.  in-8);  —  La  Trinité  carthaginoise.  Mémoire  sur  un  bandeau 
trouvé  dans  les  environs  de  Batna  (Paris,  1880,  in-4);  —  Notice  sur  les 
caractères  phéniciens  destinés  à  l'impression  du  «  Corpus  inscriptionum 
Semiticanmi  »  (Pstris,  in-8,  1880);  —  Le  Mythe  de  Pygmalion  et  le  dieu 
Pymée  (Paris,  1880,  in-8);  —  Les  Généalogies  de  la  Bible  (Paris,  1879, 
in-8);  —  L'Exposition  de  la  cour  Caulaincourt  au  Louvre  (Paris,  1881, 
in-8),  avec  R.  Mowat,  R.  Cagnat,  etc.;  —  La  Phénicie  (Paris,  ISbl,  in-8); 

—  Note  sur  les  inscriptions  puniques  rapportées  d'Utique  par  M.  le  comte 
d'Hérisson  (Paris,  1882,  in-8);  —  Les  Inscriptions  sémitiques  et  l'histoire 
[Paris,  188.3,  in-8);  —  La  Nécropole  phénicienne  de  Mehdia  (Paris,  1S84, 
in-8),  avec  Paul  Melon;  —  Stèles  trouvées  à  Hadrumète  (Paris,  1884,  in-4); 

—  Lettre  à  M.  Alexandre  Bertrand  sur  une  nouvelle  forme  de  la  triade 
carthaginoise  (Paris,  1885,  in-8);  —  L'Arabie  avant  Mahomet  d'après  les 
ijiscriptions  (Paris,  1885,  in-8);  —  Note  sur  la  grande  inscription  îiéo-puni- 
que  et  sur  une  autre  inscription  d' Altiburos  (Paris,  1887,  in-8)  ;  —  Inscription 
néo- punique  de  Cherchdl,  en  l'honneur  de  Micipsa  (Paris,  1889,  in-4)  ;  ■ —  His- 
toire de  récriture  dans  l'antiquité  (Paris,  1892,  in-8),  ouvrage  devenu  classique 
et  qui  a  eu  plusieurs  éditions;  —  Notes  de  voyage  de  Paris  à  Alexandrie.  L'E- 
gypte, la  Palestine,  la  Syrie;  le  Betou,r  (Paris,  1895,  in-8)  ;  • — ■  Mémoire  sur  la 
grande  inscription  dédicatoire  et  sur  plusieurs  autres  inscriptions  néo-puniques 
du  temple  d'Hathor-Miskar,  à  Maktar  (Paris,  1899,  in-4)  ;  —  Musée  Lavigerie 
de  Saint-Louis  de  Carthage.  I.  Antiquités  puniques  (Paris,  1901,  in-4);  — 
Mémoire  sur  les  inscriptions  de  fondation  du  temple  d'Esmoun  à  Sidon 
(Paris,  1902,  in-4);  • —  Conférences  faites  au  Musée  Guimet,  1903-1904 
(Paris,  1904,  in-8);  —  Les  Origines  babyloniennes  de  la  poésie  sacrée  des 
Hébreux  (Paris,  1905,  in-12);  —  La  Tunisie  ancienne  et  moderne.  Sou- 
venirs de  voyage  (Paris,  1907,  in-12);  —  Le  Code  d'Hammourabi,  confé- 
rence (Paris,  1907,  in-12);  —  Un  nouveau  Tarif  des  sacrifices  à  Carthage 
(Paris,  1910,  in-8).  M.  Philippe  Berger  a  donné  en  outre  de  nombreux 
articles  à  des  revues  spéciales  telles  que  la  Gazette  archéologique,  le  Jour- 
nal asiatique,  les  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique,  VEncyclopcdie  des 
sciences  religieuses,  la  Bévue  archéologique,  les  Comptes  rendus  de  l'Acadé- 
mie des  inscriptions  et  belles- lettres  et  le  Bulletin  de  l'Association  scienti- 
fique. 

—  Le  docteur  Antoine  Imbert-Gourbeyke,  né  à  Riom  (Pu>-de-Dôme) 
en  181?,  et  qui  fut  pendar  t  plus  de  civarar.te  ar  s  professeur  à  l'École  de 
médecine  de  (  lermont-Ierrand,  est  mort  dans  cette  ville,  le  7  mars,  à 
95  ans.  Au;ssi  modeste  que  savant,  cet  homme  mérite  que  son  nom  ne 
tombe  pas  dans  l'oubli,  car  il  avait  donné  les  preuves  de  ses  grandes  oon- 


^  366'-^ 

naissances  médicales  et  de  son  admirable  dévouement  à  l'Église  dans  un 
nombre  considérable  d'articles  de  journaux  et  revues,  ainsi  que  dans 
une  longue  suite  d'ouvrages  très  estimés,  tels  que  :  De  l'Albuminurie  puer- 
pérale et  de  ses  rapports  avec  Véclampsie  (Paris,  1S51,  in-8,  réimprimé  en 
1856);  —  Mémoire  sur  Vaclion  physiologique  de  l'huile  essentielle  d'oranges 
amères  (Clermont-Ferrand,  1853,  in-12);  • —  t>es  Paralysies  puerpérales 
(Paris,  1861,  in-4);  — -  Recherches  pour  servir  à  l'histoire  de  la  contracture 
des  extrémités  (Paris,  1862,  in-8);  — •  Etudes  sur  quelques  symptômes  de 
l'arsenic  et  les  eaux  minérales  arsenijères  (Paris,  1863,  in-8);  —^Êloge  de 
Michel  Bertrand  (Clermont-P'errand,  1861,  in-8);  ■ — •  Lectures  publiques 
sur  l'homœopathie  fuites  au  palais  des  Facultés  de  Clermont- Ferrond  (Paris, 
in-8,  1865);  —  Leçons  sur  le  tabac  (Paris,  1866,  in-12);  —  Mémoire  sur 
l'ipecacuanha  (Paris,  1869,  in-12);  —  De  l'Action  de  l'arsenic  sur  la  peau 
(Paris,  1872,  in-8);  —  Les  Stigmatisées  I.  Louise  Lateau  de  Bois  d'Haine, 
sœur  Bernard  de  la  Croix,  Rosa  Andriani,  Christine  de  Stumbele.  II. 
Palma  d'Oria,  examen  de  la  thèse  rationaliste,  livre  historique  des  stigmati- 
sées (Paris,  1873,  2  vol.  in-12);  —  De  l'Action  de  l'arsenic  sur  le  cœur  (Pa- 
ris, 1874,  in-8);  —  De  la  Mort  de  Socrate  par  la  ciguë,  ou  Recherches  bota- 
niques, philologiques,  historiques,  physiologiques  et  thérapeutiques  sur  cette 
plante  (Paris,  1875,  in-8);  —  Mémoire  sur  l'arnica  montana,  suivi  de  quel- 
ques remontrances  à  M.  le  professeur  Fonssagrives  (Paris,  1877,  in-8);  — 
Des  Suites  de  l'empoisonnement  arsenical  (Paris,  1881,  gr.  in-8);  —  Re- 
cherches sur  les  Solanum  des  anciens  (Paris,  1884,  in-8);  — •  Histoire  de 
l'aconit  (Paris,  1874,  in-8);  —  La  Stigmatisation,  l'extase  divine  et  les  mi- 
racles de  Lourdes.  Réponse  aux  libres- penseurs  (Paris,  1894,  2  vol.  in-8);  - — 
L'Hypnotisme  et  la  stigmatisation  (Paris,   1899,  in-16). 

— ■  Le  baron  Rochus  von  Liliencron,  le  doyen  des  germanistes  alle- 
mands, est  mort  à  Bonn,  le  5  mars,  à  92  ans.  Né  à  Ploen  (Holstein),  le 
8  décembre  1820,  il  suivit  les  cours  de  philologie  et  de  droit  aux  Univer- 
sités de  Kiel  et  de  Berlin,  puis  se  rendit  à  Copenhague  pour  y  étudier 
les  antiquités  Scandinaves.  Quand  la  guerre  des  duchés  éclata,  en  1848, 
il  fut  nommé  secrétaire  du  bureau  des  affaires  étrangères  du  Holstein, 
puis  envoyé  à  Berlin  en  qualité  de  chargé  d'affaires  des  duchés  et  y  resta 
jusqu'en  1850.  Peu  de  temps  après,  le  gouvernement  danois  n'ayant  pas 
agréé  sa  nomination  à  la  chaire  de  langues  et  de  littérature  Scandinaves 
à  l'Université  de  Kiel,  il  passa  à  l'Université  d'Iéna  où  il  enseigna  la  lit- 
térature allemande.  En  1855,  le  duc  de  Saxe-Meiningen  l'appela  pour  lui 
confier  la  direction  de  la  bibliothèque  de  cette  ville.  Bientôt  après,  l'Aca- 
démie des  sciences  de  iMunich  le  chargeait  de  réunir  et  de  publier  les 
chansons  historiques  de  l'Allemagne  du  xv^  au  xvi^  siècle,  et,  en  1869, 
elle  l'admettait  au  nombre  de  ses  membres,  puis  elle  le  faisait  entrer 
dans  la  Commission  chargée  de  publier  V Allegemeine  deutsche  Biographie. 
En  1876,  il  retournait  dans  l'Allemagne  du  nord  et  se  fixait  à  Schleswig 
où  il  devenait  directeur  du  pensionnat  des  demoiselles  nobles.  Parmi  les 
ouvrages  que  laisse  M.   de  Liliencron,   nous  citerons  :  Zur  Runenlehre 
(Halle,    1851,   in-8),    avec  Î^I.  MuUenhoff;  — ■  JJeber  die  Nibelungenhand-    ■ 
schrifte    (Weimar,    1856,  in-8);  —  Historische    Volkslieder  der  Deutschen 
(Leipzig,  1885-1889,  4  vol.  in-8);  —  Deutschcs  Leben  im  Volkslied  (Stutt- 
gart, 1885,  in-8);  —  Die  horazischen  Metren  in  deutschen  Kotyipositionen 
des    XVI    Jahrhunderts    (Leipzig,     1888,    in-8);  —  Liturgisch-musikalische 
Geschichte  der  evangelischen   Gottesdienste  von  1523   bis  1700    (Schleswig, 
1893,    in-8);  —  Aufgaben    des    Chorgcsangcs    im    hcutigen    evangelischen 


I 


—  367  — 

Gottesdicnste  (Oppein,  1895,  in-8);  —  Frohe  Jugendtage.  Lebenserinnc- 
rungen.  Kmdcrn  und  Enkeln  crzaelht  (Leipzig,  1902,  in-8);  —  iVie  man 
in  Anuvald  Miisik  macht.  Die  sùebcnte  Todsilnde.  Zwei  Novellen  (Leipzig, 
1903,  in-8). 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  Auge  Chiquet,  maître  de  con- 
férences de  littérature  française  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Llermont- 
Ferrand,  mort  en  cette  ville  à  la  fin  de  mars;  — l'abbé  Auguste  Beaume, 
professeur  de  théologie  morale  au  grand  séminaire  d'Ajaccio,   mort  en 
cette  ville,  à  la  fm  de  mars,  à  55  ans;  — -le  président  Bérard  des  Gla- 
JEUX,  conseiller  honoraire  à  la  Cour  de   cassation,  qui  laisse  des  Souve- 
nirs du  Palais,  mort  à  Paris  le  5  mars;  —  Félix  Blumstein.  ancien  bâ- 
tonnier de  l'Ordre  des  avocats  à  Strasbourg  et  ancien  bibliothécaire  de 
cette  \ille,  mort  au  commencement  de  mars,  à  80  ans;  —  Maurice  Bon- 
voisin,  dit  Ï\Iars,  le  caricaturiste  de  talent  qui  a  collaboré  à  nombre  de 
publications  illustrées  et  notamment  au  Charivari  et  au  Journal  amusard, 
mort  en  mars,  à  l'âge  de  63  ans;  —  le  D""  Georges  Bougo.v,  qui.  dans 
Vlntennédiaire  des  chercheurs  et  curieux,   a  écrit  de  nombreux    articles, 
principalement  sur  des  questions  d'histoire  de  la  langue  française,  mort 
à  Paris  en  mars,  dans  sa  65^  année;  —  Eugène  Dandiran,  né  à  Paris 
en  1825,  professeur  de  théologie  à  l'Université  de  Lausanne,  mort  au 
milieu  de  mars,  à  87  ans;  —  Michel  Dejussieu,  ancien  imprimeur,  origi- 
naire de  Langres,  mort  dernièrement  à  Autun,  à  92  ans,  lequel  apparte- 
nait à  une  vieille  famille  qui,  de  père  en  fils,  n'a  cessé  de  s'adonner  à 
l'imprimerie  depuis  son  invention;  —  Emile  Devinât,  directeur  de  l'École 
normale  d'instituteurs  de  la  Seine,  membre  du  Conseil  supérieur  de  l'ins- 
truction publique,  mort  à  Paris,  au    miJieu    de  février,    a    54    an«;  — 
Georges  Dutailly,   ancien  agent  de  change,   qui,  devenu  publiciste  et 
journaliste,  avait  été  administrateur  de  VËclair  et  rédacteur  financier  du 
Soir,  de  la  Presse  et  de  la   République  française,  mort  à  Paris,  au  com- 
mencement de  mars;  —  Eugène  Fore  au,  ancien  rédacteur  au  Petit  Jour- 
nal, mort  à  Paris,  au  milieu  de  mars,  à  45  ans;  —  François  Gairol  de 
Serezon,  avocat  à  la  cour  d'appel,  maître  de  conférences  à  la  Faculté 
catholique  de  dr(  it  de  Lyon,  mort  en  cette  ville,  à  la  fin  de  février;  — 
le  R.  P.  J.-B.  Gerlach,  provicaire  de  la  Cochinchine  orientale,  qui  a  col- 
laboré activement  aux  Missions  catholiques,  surtout  de  1800  à  1901,  mort 
à    Kontum  (Annarn)  le  29  janvier,  dans   sa  55"  année;  —  G.-E.    Gou- 
NOuiLHOU,  le  doyen  de  la  presse  départementale,  directeur- fondateur  de 
la  Gironde  et  de  la  Petite  Gironde,  mort  dernièrement  à  Nice,  à  91  ans;    — 
Jean-Baptiste  Habert,   secrétaire  général  honoraire  de  la  Faculté   des 
lettres  de   Toulouse,  mort  dernièrement  à  Lardcane,  près  de  cette  ville, 
à  66  ans;  —  l'abbé  Lafay,  ancien  directeur  aux   séminaires  de  Luçon, 
du  Puy,  de  la  Ptochelle  et  de  Paris,  mort  à  la  fin  de  janvier;  —  Léon 
Landau,  écrivain  et  critique  littéraire,   auteur  de  :   Un  Coin  de  Paris; 
le  cimetière  gallo-romain  de  la  rue  Nicole;  relation  destinée  à  servir  à  V his- 
toire de  la  ville  de  Paris  (Paris,  1878,  in-8),  mort  à  Paris,  au  milieu  de 
mars;  —  Achille  Le  fort,  professeur  honoraire  au  lycée  Corneille,  à  Ptouen, 
ancien  député  socialiste  de  la  Seine- Inférieure,  mort  le  8  mars,  à  78  ans; 
—  Frédéric  Lemoine,  professeur  au  collège  Rfllin,  à  J'ÉC' le  alsacienne 
et  à  l'École  coloniale,  qui  a  donné  au  Bulletin  de  la  Socicté  de  géographie 
commerciale  de  Par  s  de  nombreux  articles  sur  des  questions  géographiques 
,    et  coloniales,  mort  à  Paris,   en  février,  à  l'âge  de  51  ans;  —^Armand 
Mandel,  directeur  du  journal  le  Bulletin  financier,  mort  à  Paris,  au  com- 


—  36«  — 

mencement  de  mars,  à  70  ans;  —  l'abbé  Frédéric  Monier,  directeur  de 
séminaire  de  8aiut-Sulpice,  mort  à  Paris,  à  la  fin  de  mars,  à  80  ar.s;  — 
Pagart  d.'Hermansart,  moi'l  d<vnièi'>  ment  à  Saint-Omer,  à  72  ans, 
auteur  de  :  La  Ghisle  ou  la  coutume  de  Merville  {Nord)  1451  (Paris, 
18i>'-,  ia-8);  Les  Cygnes  de  Saint-Omer.  Fiefs  et  hommages.  La  Garenne 
du  Roi  (Paris,  1887,  iu-8);  Saint-Omer  en  1789  et  la  convocation  du 
tiers-état  aux  États  généraux  (Paris,  1888,  iR-12),  etc.  —  ^'ictor  Qt;a- 
TRE-SoLZ  DE  Marolles,  ancien  mapstrat,  ])résident  de  la  Corporation 
des  journalistes  chrétiens,  fondateur  du  journal  la  Corporation  et  à 
q\ii  l'on  doit  trois  ouvrages  historiques  importants  :  La  Vie  du  cardinal 
Manning,  les  Lettres  d'une  mère  et  Vie  de  Maurice  Meigtien,  mort 
subitement  à  Paris,  le  10  mars,  à  60  ans;  —  Raymond  Saleilles, 
professeur  de  léj;islation  ci  -ile  comparée  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris, 
auquel  on  doit  notamment  :  Introduction  à  l'étude  de  droit  civil  allemand, 
à  propos  de  la  traduction,  française  du  «  Bilrgerliches  Gesetzbuch  »  (Paris, 
1904,  in-8);  De  la  possession  des  meubles,  études  de  droit  allemand  et 
de  droit  français  (Paris,  1907,  in-8);  Mdanges  de  droit  comparé;  ques- 
tions diverses  sur  le  droit  de  succession  (Paris,  1910,  in-8),  mort  à  Beaune 
(Côte-d'Or),  dans  le  courant  de  mars,  à  l'âge  de  56  ans;  —  Simon,  jour- 
naliste Orléanais,  ancien  rédacteur  en  chef  de  V Avenir  du  Loiret,  m^ort, 
au  n.iijeu  de  mars,  à  Olivet  (Loiret);  —  Jean- Antoine  Vayson,  qi;i  s'oc- 
cupait de  f(ilk-lore  et  de  traditions  populaires  et  duquel  l'on  peut  citer  : 
L'Ouvrière  qui  revient,  légende  locale  (1901),  mort  à  Abbeville,  le  7  fé- 
vrier,  à  l'âge  de  83   ans. 

—  A  l'étranger,  on  annonce  la  mort  deMM.:  Dr.  Richard  Andrée,  géo- 
graphe et  ethnographe  allemand,  mort  le  22  février  au  cours  d'une  ex- 
cursion entre  Nuremberg  et  îMunich,  à  77  ans,  leqi  el  laisse  une  longue 
série  d'ouvrages  fort  estimés,  tels  que  :  Der  Kampf  uni  den  Nordpol. 
Geschichte  der  Nordpolfahrtcn,  1868-1882  (Biel  feld,  1883,  in-8);  Allge- 
meiner  Handatlas  in  120  Kartenseiten  mit  vollstaendigem  Namenverzeichnis 
(Bielefeld,  1886,  in-fol.);  Die  Anthropophagie.  Eine  ethno graphische  Studie 
(Leip  ig,  1887,  in-8),  etc.;  —  Dr  Fritz  Barth,  professeur  d'histoire  de 
l'Église  à  l'Université  allemande  de  Bonn,  mort  en  cette  ville  à  la  fin  de 
février,  à  56  ans;—  l'abbé  Cattoir,  vicaire  de  Saint-Sauveur,  à  Gand, 
ancien  professeur  au  collège  de  Renaix  (Belgique),  mort  à  Gand,  le 
13  mars,  à  Vî'ge  de  39.  ans:  — •  Dr.  Paul  Czermak.  professeur  de  ph^  sique 
à  l'Uni  -ersité  a;;trichienne  d'innsbruck,  mort  en  cette  ville  au  commence- 
ment de  mars;  — •  l'abbé  Loris-Cabriel  Gi.œckler,  ancien  curé  de  Stotz- 
heim  (Alsace^  qui  laisse  di -ers  ouvrages  d'histoire,  tels  que:  Der  Elsass, 
Kurze  Darstrllung  seiner  politischen  Geschichte:  A  propos  de  la  campagne 
de  César  contre  Arioviste;  Un  Faux  Louis  XVIJ,  etc.,  mort  à  Nieder- 
bronn  (Alsace!  le  26  décembre  1911;  —  Max  Grosse,  éditeur  allemand, 
mort  le  26  février,  à  Halle-sur-la-Saale.  à  6)  ans;  • — Dr.  Hermann  Hah.\, 
privat-docent  d'anatomie  à  l'I.'ni'-ersité  de  IMunich,  mort  en  cette  ville, 
le  6  mars;  —  Bruce  Home,  directeur  du  Musée  municipal  d'Edimbourg, 
archéologue  distingué,  a'\teur  de  di-ers  mémoires  parus  "dans  les  Tran- 
sactions de  l'Edinb'Tgh  Club,  mort  à  Édimboi  rg,  le  22  fé-rier,  à  82  ans; 
—  W.  Parcourt  Hooper,  gra^-evr  anglais  de  réputation,  qi  i  a  fourni  de 
fort  nombre- ses  ilb  stratiors  à  di  -ers  ouvrages  et  surtout  à  Vlllustratcd 
London  News,  mort  dernièrement  à  78  ans;  —  Heinrich  Kaempchen, 
ouvrier  mineur  et  poète  populaire  allemand,  mort  le  2  mars,  à  Linden, 
à  64  ans;  —  Je  prince  Andréas  Kof assis  «ffendi,  gouverneur  de  l'Ile  d« 


—  369-  — 

Samos  depuis  1907,  assassiné  a\\  milieu  de  dissensions  politiques,  dans 
le  courant  de  mars,  à  uG  ans,  lequel  avait  écrit  en  grec  modcrjie  des 
livres  iurt  appréciés  sur  divers  sujets  d'archéologie  religieuse,  sur  la  mu- 
sique orthodoxe,  sur  le  st^le  bj>/.autin  dans  les  églises  d'Orient,  sur 
hhakespeare,  ainsi  qu'un  ouvrage  en  trois  volumes  sur  la  découverte 
d<j  l'Aniérique;  —  le  Lr.  A.  H.  Keane,  ancien  professeur  d'hindou  à  l'Lni- 
versité  de  Londres,  qui  a  collaboré  au  Geographical  Journal  et  à  The 
Academy,  a  donné  au  «  Lompendium  of  Gecgraphy  »,  de  Stanford,  diverses 
monographies  sur  l'Asie,  l'Afrique,  les  deux  Amériques,  a  publié  entre 
autres  ouvrages  :  jB.thi<oloqy  (1896);  Man  Past  and  Présent  {IS'J'J)  et  The 
World's  Pcople  (1908)  et  a  traduit  en  anglais  plusieurs  ouvrages  français 
tels  que  :  La  Terre  et  ses  habitants,  d'Elisée  lieclus  et  la  Linguistique, 
d'iiovelacque,  mort  à  liampstead,  le  3  février,  à  l'âge  de  77  ans;  — 
Dr.  Otto  KùBLER,  ancien  directeur  du  gymnase  \\'ilhelia  de  Berlin,  mort 
le  6  mars,  à  «5  ans;  —  Joseph  Michaels,  professeur  honoraire  et  direc- 
teur des  travaux  pratiques  de  l'Écjle  française  de  stomatologie,  mort 
dernièreiuent  à  64  ans;  — •  Dr.  Andréas  Mohrmann,  archéologue  alle- 
mand, mort  à  Constantinople,  le  2ii  février,  à  77  ans;  —  \\ilhelm 
Mrstik,  poète  tchèque,  mort  à  Diwak,  près  de  Brunn,  en  mars,  à  49  ans; 

—  Georg  NiEMANN,  professeur  de  perspecti/e  et  de  st\les  d'architecture 
à  l'École  des  beaux-arts  de  Vienne,  mort  en  cette  ville,  le  19  février,  à 
71  ans;  —  l;r.  Heinrich  Nissen,  professeur  d'histoire  ancienne  à  l'Uni- 
versité allemande  de  Jionn,  mort  en  cette  ville,  le  29  février,  à  73  ans; 

—  Don  Bienvenido  Oliver,  savant  historien  espagnol,  membre  de 
r  «  Academia  de  la  historia  »,  originaire  de  Tolosa,  où  il  était  né  en 
1837,  mort  à  Madrid  le  20  mars,  à  75  ans,  lequel  était  aussi  connu  à 
l'étranger  qu'en  Espagne,  grâce  à  ses  remarquables  travaux  sur  l'his- 
toire du  droit,  notamment  :  Historia  del  derecho  en  Cataluna;  Maliorca 
y  Valencia;  El  brève  sumario  del  proyecto  de  Codigo  civil  de  Alemani 
y  del  proyecto  de  la  ley  para  su  planteamiento  ;  Libre  de  les  costums  gêne- 
rais escrites  de  la  insigne  ciutat  de  Tortosa;  —  le  Dr.  José  C.  Paz,  an- 
cien ministre  plénipotentiaire  de  la  République  Argentine  à  Madrid  et 
à  Paris,  fondateur  et  propriétaire  du  journal  populaire  de  Buenos- Aires, 
la  Prensa,  un  des  types  du  grand  organe  de  publicité  moderne,  mort  le 
11  mars  à  Monte-Carlo,  en  France,  à  69  ans;  —  le  baron  José  Maria 
DA  SiLVA  Paranhos,  baron  de  Pao  Branco,  diplomate  brésilien,  qui 
laisse,  entre  autres  ouvrages  :  Esquisse  de  l'histoire  du  Bnsil;  Histoire 
militaire  du  Brésil  et  Histoire  de  la  guerre  de  la  Triple  Alliance,  traduc- 
tion annotée  de  l'œuvre  de  Schneider,  qui  lui  valurent  un  siège  à  l'Aca- 
démie des  lettres  du  Brésil  et  la  présidence  de  l'Institut  historique  et 
géographique  de  Pvio-de-J aneiro,  mort  le  10  février,  dans  sa  68^  année; 

—  Dr.  Nicolas  Sagoskin,  écrivain  russe,  auteur  d'ouvrages  sur  le  droit, 
mort  en  mars,  à  Saint-Pétersbourg,  à  60  ans;  — •  Dr.  Robert  Schachner, 
professeur  d'économie  politique  à  léna,  mort  en  cette  ville,  en  mars,  à 
37  ans;  —  Dr.  Theodor  Schreiber,  directeur  du  Musée  des  beaux-arts 
de  Leipzig,  ro.ort  en  cette  ville,  le  13  mars,  à  64  ans,  lequel  a  publié 
d'importants  ouvrages,  notamment  :  Die  Wiener  Brunnenreliefs  aus  Pa- 
lazzo  Grimant.  Eine  Studie  iiber  das  hellenistischc  Reliefbild  (Leipzig, 
1888,  in-4)  et  Die  hellenistische  Reliefbilder  (Leipzig,  1889,  in-4);  —  Ernst 
ScHUR,  écrivain  allemand,  mort  à  Gross-Lichterfelde,  en  mars,  à  36  ans, 
après  avoir  publié  :  Das  Leben  der  Seele  (Berlin,  1906,  in-8);  Betrachtun- 
gen   ueber  die  deutsche  Kunst  und  Kultur  der    Gegenwart  (Gross-Lichter- 

AVRIL  1912.  T.  GXXIV.  24. 


—  370  — 

felde,  1O05,  in-8);  Das  Leben  dcr  Scele  (Berlin,  1906,  in-8),  etc.;  —  Dr. 
r\icliard  von  Stoffel.\,  professeur  de  médecine  interne  à  l'Université 
de  \  ienne,  mort  en  cette  ville,  le  IG  février,  à  77  ans;  — •  Dr.  Heinrich 
Strack,  ingénieur  allemand,  professeur  d'architecture  à  l'École  technique 
supérieure  de  Berlin,  mort  en  cette  ville,  le  17  février,  à  71  ans;  — 
]\jme  inua  VON  Troll-Borostyani,  femme  de  lettres  allemande,  morte 
à  la  fin  de  février,  à  Salzbourg,  à  63  ans,  laquelle  a  publié  :  Im  jreien 
Reich.  Ein  Mémorandum  an  aile  Denkenden  und  Gesetzgcber  zur  Beseiti- 
gung  sozialer  Irriumer  und  Leiden  (Zurich,  1884,  in-8)  ;  Die  Gleich- 
stellung  der  Geschlechter  und  die  Beforni  der  Jugend-Erziehung  (Zurich, 
1888,  in-8),  etc.;  . — ■  Dr.  August  Toepler,  ancien  professeur  de  physique 
à  l'École  technique  supérieure  de  Dresde,  mort  en  cette  ville,  le  7  mars, 
à  72  ans:  — •  Gustav  ^^'ENDT,  directeur  du  gymnase  de  Carisruhe,  mort 
en  mars,  à  85  ans,  auquel  on  doit,  en  outre  de  traductions  de  plusieurs 
tragédies  de  Sophocle,  plusieurs  ouvrages,  tels  que  :  Griechische  Schul- 
grammatik  (Berlin,  1888,  in-8);  Gebrauch  des  bestimmten  Artikels  im 
Englischen  (Hambourg,  1887,  in-4);  Grundriss-  der  deutschen  Satzlehrc 
fur  untere  Klassender  Gymnasien  und  Realschulen  (Lahr,  1890,  in-8),  etc. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  - 
Le  1^''  mars,  M.  Cordier  lit  deux  lettres  deM.  de  Gironcourt,  écrites  au 
cours  de  sa  mission  aux  environs  de  Tombouctou.  —  Le  8,  M.  Pottier 
donne  lecture  d'une  notice  de  M.  P.  Paris  au  sujet  de  vases  décorés 
provenant  du  Musée  du  Bardo  et  du  Musée  de  Saint-Louis  de  Carthage 
et  trouvés  dans  des  tombes  puniques.  —  MM.  S.  Reinach,  Clermont- 
Ganneau  et  Pottier  émettent  l'opinion  que  ces  vases  viennent  de  la  Cy- 
rénaïque.  — ■  M.  Psichari  indique  quelles  sont,  à  son  avis,  les  origines 
sémitiques  du  mot  Lambda,  dérivant  directement  du  mot  hébreu  lamed. 
— •  M.  Clermont-Ganneau  demande  si  le  mot  Beta  a  jamais  pu  se  décli- 
ner. — -  1\I.  Th.  Reinach  croit  à  l'interposition  d'une  langue  intermé- 
diaire, telle  que  l'araméen.  —  Le  1.5,  M.  Héron  de  Villefosse  parle  des 
fouilles  exécutées  par  M.  l'abbé  Leynaud  dans  les  catacombes  d'Hadru- 
mète  et  annonce  que  M.  le  duc  de  Loubat  a  bien  voulu  contribuer  aux 
frais  de  ces  fouilles.  —  M.  Gaston  Lalanne  décrit  des  bas-reliefs 
découverts  par  lui  sous  une  roche  ayant  fourni  un  abri  à  une  popula- 
tion préhistorique,  à  Laussel  (Dordogne).  —  Des  membres  de  l'Académie 
s'intéressent  aux  explications  données  par  M.  Lalanne  et  demandent 
des  précisions.  —  M.  Ph.  Berger  demande  qx^e  M.  Psichari  soit  admis 
à  présenter  de  nouveaux  détails  sur  son  histoire  philologique  du  mot 
lambda.  —  M.  le  comte  Durrieu  parle  de  documents  historiques  décou- 
verts et  non  publiés  par  le  regretté  M.  Delaville  Le  Roiilx,  relativement 
à  la  correspondance  échangée  entre  le  sultan  Bajazet  et  le  grand-maître 
des  chevaliers  de  Saint- Jean,  en  1495.  —  M.  Cuq  lit  en  seconde  lecture 
son  travail  sur  un  sénatus-consulte  traduit  en  grec.  ■ —  M.  Cagnat  fait 
remarquer  l'obscurité,  pour  les  Latins  eux-mêmes,  du  texte  de  ce  sénatus- 
consulte.  • —  Le  22,  M.  Jullian  lait  observer  que  les  découvert'-s  deM.  La- 
lanne ont  un  caractère  incontestable  d'authenticité.- —  M.  S.  Reinach  dis- 
tingue entre  leur  intérêt  historique  considérable  et  leur  intérêt  artistique 
qui  est  nul. —  Le  P.  Scheil  revient  svr  la  tal:)lette  dont  il  a  parlé  antérieure- 
ment et  qui  contient  les  noms  des  souverains  de  Tello.— M.  Collignon  lit 
une  lettre  de  M.  Picard  et  de  M.  A.-J.  Reinach  sur  des  foiilles  faites 
par  eux  à  Thasos  en  1911.  —  M.  Mayer  Lambert  fait  une  lecture  inté- 
ressant   le  genre  des  noms  de  nombre  en  langue  sémitique.  —  Le  29, 


•    ^  371   — 

M.  vVudollent  décrit  des  sépulti^res  gallu- romaines  découvertes  aux  Martres 
de  \  eyrcs  (Pu}-de-L(  mei  et  les  objets  trcs  Lien  conservés  qui  y  ont  été 
trouvés.  —  M.  Déchelette  présente  une  explication  nouvelle  d'un  bas- 
relief  d'ancien  art  crétois  relatif  à  des  sacrilices.  ■ —  Plusieurs  académi- 
ciens échangent  leurs  vues  à  cet  égard. 

Lkctures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 
• —  Le  2  mars,  M.  Masson  lit  une  étude  sur  le  premier  brouillon  de  \  Emile 
de  J.-J.  Rousseau,  en  la  possession  de  M.  tabre  à  Genève  et  analyse 
l'évolution  de  la  pensée  du  philosoplie.  • —  M.  Welscliinger  exprime"^  le 
souhait  qu'une  future  édition  de  V Emile  tienne  compte  de  ce  nouveau  ren- 
seignement sur  la  composition  de  Rousseau.  —  Le  9,  M.  A.  Deschamps 
lit  un  travail  sur  Aristote  dans  sa  critique  du  communisme  de  Platon  et 
met  en  opposition  les  deux  théories  de  l'État  présentées  par  ces  philoso- 
phes. —  Le  16,  M.  Lacour-Gayet  lit  une  étude  sur  les  progrès  de  l'ins- 
truction primaire  en  Bulgarie.  —  Le  23,  M.  le  comte  Baguenault 
de  l=uchesse  analyse  une  lettre  inédite  de  Jacques  Bongars,  agent 
fran(.ais  en  Allemagne,  sur  les  projets  d'iienri  IV  en  ce  qui  concerne  son 
élévation  au  trône  impérial.  —  Le  30,  M.  Lyon-Caen  présente  un  mémoire 
de  M.  J.-L.  IMaillard  concernant  Bossuet  qu'il  dit  être  né  à  Franxault, 
le  21  septembre  1627,  et  non  le  27  septembre  à  Dijon,  comme  le  porte 
son  aute  de  baptême.  —  M.  J.  Plach  fait  observer  qi.e  le  dissentiment 
entre  Aristote  et  Platon  au  sujet  de  la  communauté  des  biens  ne  fait  pas 
des  deux  philosophes  les  ancêtres  des  socialistes  modernes,  mais  des  soli- 
daristes. 

Balzac  plagiaire.  (?)  —  Tout  de  même,  voici  une  singulière  histoire  : 
Honoré  de  Balzac,  sinon  positivement  accusé,  du  moins  fortement  soup- 
çonné  de  plagiat On  sait  que,   tout  dernièrement  (voir  Polybiblion 

d'octobre  1911,  t.  CXXII,  p.  367),  la  «  Renaissance  du  livre  »  a  publié 
un  ouvrage  inédit  de  Balzac,  intitulé  :  U Amour  masqué,  ou  Imprudence 
et  bonheur.  Cet  inédit^  nous  a-t-on  affirmé,  avait  été  offert  par  l'auteur 
à  la  duchesse  de  Dino,  à.  une  date  non  précisée.  Or,  M.  Pierre  Lavedan. 
ayant  retrouvé  dans  le  Magasin  littéraire  d'avril  1845  une  nouvelle  d'un 
certain  Moléri  :  Le  Domino  blanc,  établit,  en  opposant  les  uns  aux  autres 
divers  passages  de  ces  deux  récits,  non  seulement  la  ressemblance  ap- 
proximative, mais  la  presque  identité  des  textes.  Le  plagiat  saute  aux 
yeux.  Mais  aucjuel  des  deux^ écrivains,  du  célèbre^ou  de  l'oublié,  doit-on 
l'imputer?  A  ce  propos, , M.  P.  La\edan,  à  la  fin^de  l'étude  qu'il!  a  pu- 
bliée dans  ]e. Mercure  de  France  du  16  mars  dernier  (p.  299-309),  sous  le 
titre  :  Balzac  et^Moléri,  ou  le  Curieux  Dilemme,  s'exprime  ainsi  :  «  S'il 
ne  ncus  est  pas  permis  encore  de  mettre  en  doutej l'authenticité  de  cet 
«  inédit  »,  nous  pou\ons  du  moins  poser  le  dilemme  suivant  :  Ou  Moléri 
ayant  eu  connaissance  du  roman  de  Balzac,  l'a  résumé  et  reproduit  dans 
ses  parties  essentielles  et,  dans  ce  cas,  il  n'y  a  plus  d'inédit;  ou  Balzac, 
ayant  trouvé  dans  le  Magasin  littéraire  la  nouvelle  de  Moléri,  s'en  est 
emparé  pour  la  transcrire  et  l'amplifier;  alors  il  n'y  a  pas  davanta^-e 
d'inédit;  il  n'y  a  plus  qu'un  plagiat  ».  — ■  On  remarquera  d'abord  que 
M.  P.  Lavedan  ne  semble  pas  absolument  convaincu  de  l'authenticité 
de  l'écrit  portant  le  nom  de  Balzac.  Mais,  s'il  ne  parvient  pas  à  démontrer 
que  cet  écrit  est  l'œuvre  d'un  faussaire,  la  question  restera  ouverte  de 
savoir  si  Balzac  n'a  été  qu'un  mauvais  plaisant  à  l'égard  de  la  duchesse 
de  Dino,  peur  laquelle  il  r 'aurait  pas  jugé  nécessaire  de  se  mettre  en 
frais,  en  somme  un  simple  plagiaire,  ou  si  Moléri  (de  son  vrai  nom  Hip- 


—  373  — 

polyte- Jules  Demuiière)  a  eu  connaissance  du  petit  romauMe  Balzac  et 
l'a  imité  servilement.  Problème  qu'il  ne  sera  pas  très  i'acile  de  résoudre. 

Société  française  de  bibliographie.  —  La  Société  française  de 
bibliographie,  dont  nous  avons  entretenu  plusieurs  fois  nos  lecteurs 
(siège  Social,  11;,  boul.  Saint-berniain;  cotisation  :  10  francs  par  an),  vient 
de  laire  à  ses  membres  la  distribution  d'une  Table  alphabtVque  des  Mé- 
moire!! du  marqu:s  de  Sourchca,  dressée  i  ar  M.  Léon  Lecestre,  archiviste 
honoraire  aux  Archives  nationales,  le  collaborateur  et  le  continuateur  de 
M.  de  ijoislisle  pour  la  grande  édition  de  feaint-bimon  et  qui  fait,  comme 
on  sait,  à  l'institut  catholique  des  conférences  extrêmement  appréciées 
sur  le  xvii^  siècle.  L'on  ne  peut  guère  s'être  occupé  du  règne  de  Louis  XIV 
sans  s'être  vu  obligé  de  recourir  aux  Mémoires  dit^  du  marquis  de  Sourches, 
mine  abt)ndant<j  ae  renseignements  précis,  d'une  information  toujours  sûre. 
On  ne  pouvait  donc  que  regretter  l'absence  d'une  table  qui  servit  de 
guide  et  de  lil  conducteur  dans  ces  treize  gros  volumes.  L'est  un 
service  éminent  que  rend  la  Société  française  de  bibliographie  en  don- 
nant au  public  la  table  dressée  jadis  par  M.  Lecestre,  bien  que  cette 
table,  composée  dans  un  dessein  très  particulier  et  pour  un  usage  spé- 
cial, —  celui  du  commentateur  de  Saint-bimon,  —  ne  soit  que  partielle, 
en  ce  sens  qu'elle  ne  s'applique  guère  qu'aux  noms  de  personnes  :  les 
noms  de  lieux  n'y  figurant  que  lorsque  de  Sourchesy  mentionne  un  évé- 
nement remarquable  (siège,  bataille,  etc.);  les  matières  (Missions  étrangères, 
Ouragans),  quand  les  Mémoires  contiennent  à  ce  sujet  quelque  rensei- 
gnement notable.  Telle  qu'elle  est,  la  table  permettra  d'utiliser  une  source 
historique  de  premier  ordre,  plus  qu'on  n'a  pu  le  faire  jusqu'ici.  —  C'est 
dans  sa  séance  du  18  mars  19l:i,  présidée  yar  M.  Emile  Picot,  que  les 
membres  de  la  Société  ont  reçu  ce  volume;  ils  ont  en  même  temps  en- 
tendu une  curieuse  communication  de  notre  excellent  collaborateur  M. 
Henri  Stein,  qui  est  le  secrétaire  et  l'âme  de  la  Société  dont  il  a  été 
le  fondateur,  sur  la  Famille  Plantin  à  Paris;  nous  espérons  que  M.  Stein 
ne  tardera  pas  à  donner  au  public  cette  notice  sur  le  gendre  de  Plan- 
tin qu'il  représenta  —  assez  mal  d'ailleurs  —  à  Paris,  et  sur  la  vie 
duquel  il  a  réuni  tout  un  ensemble  de  documents. 

Bibliothèque  de  la  Compagnie  de  Jésus.  — ■  Nos  lecteurs  connais- 
sent le  vaste  ouvrage  entrepris  jadis  sous  le  titre  de  Bibliothèque  de 
la  Compagnie  de  Jésus  par  les  PP.  Augustin  et  Aloys  de  Backer, 
continus',  complété  et  publié  en  neuf  gros  volumes  in-4  par  le 
R.  P.  Carlos  Sommervogel,  dont  le.  nom  est  demeuré  cher  à  cette 
Revue  qui,  pendant  longtemps,  a  eu  l'honneur  de  le  compter  parmi  les 
membres  de  son  Comité  de  rédaction.  Une  œuvre  de  ce  genre  «  ne  peut 
jamais  prétendre  à  la  perfection  »,  et  «  il  est  impossible,  dit  fort  jus- 
tement le  p.  Ernest- M.  Rivière,  qu'à  travers  les  vingt  mille  colonnes  de 
cet  immense  répertoire,  plus  d'une  lacune  ne  se  soit  glissée,  plus  d'une 
erreur  n'ait  été  commise  ».  Aussi,  tandis  que  le  P.  Pierre  Bliard,  chargé 
de  continuer  l'œuvre  du  P.  Sommervogel,  dont  il  a  doté  la  première  par- 
tie [Bibliographie]  d'un  volume  de  tables,  s'attache  à  mettre  sur  pied 
la  seconde  partie  IHisioire)  qui  comprend  la  refonte  de  l'ouvrage  si  in- 
complet et  pourtant  si  utile  du  P.  (..arayon,  le  P.  Ernest-M.  Ri  ière 
s'est  proposé,  sans  aucunement  empiéter  s  r  le  domaine  de  son  confrère, 
de  nous  donner  dans  une  série  de  fascicules  des  Corrections  et  additions 
à  la  <f  Bibliothèque  de  la  Compagnie  de  Jésus  »,  supplément  au  «  De  Backer- 
Sommervogel  »,  Le   premier   fascicule    (Toulouse,    chez  l'auteur,    1,    rue 


—  373  — 

Bop.lbonne,  1911,  in-4  de  xi  p.  et  3Scol.l  nous  retrace,  clans  son  Intro- 
d'iotin,  l'histoire  de  la  biblio'rraohie  des  PP.  j'^sntos  depuis  Pibadeneira 
jus{'i'à  nos  jours.  Suiveat  easiite  quelques  indications  relatives  à  des 
anonvmes*ou  pse'idonvmes  oublif'-s  par  le  P.  Sommervogel  dans  son 
t.  IX  et  des  notices  reotifioati^-es  et  complémentaires  sur  plus  de  120  écri- 
vains de  la  Compai^aie;  le  plus  souvent,  les  écrits  cités  par  le  P.  Ri-ière 
sont  décrits  par  lui  de  visu.  Il  est  fort  snihaitable  que  l'auteur  trouve 
un  nombre  de  souscripteurs  suffisants  pour  lui  permettre  de  poursuivre 
au.ssi  rapidement  que  possible  une  œuvre  aussi  utile. 

Bibliothèque  de  l'Institut  catholique  de  Paris.  • —  Defuis  qu» 
^I.  l'abbé  Alarcel  Lan<?lois  a  pris  la  direction  de  la  bibliothèque  de  l'Ins- 
titut catholiqne  de  Paris,  il  n'a  non  nés;fliî?é  pour  la  perfectionner  et  pour 
en  faciliter  l'usage.  Fréquentée  annuellement  par  environ  500  lecteurs,  dont 
les  demandes  de  communications  tant  sur  place  qu'au  dehors  ont  dépassé 
du  15  octobre  1010  au  rîl  mai  1911  le  chiffre  de  2fi.000  —  et  dans  ce 
chiffre  ne  rentrent  pas  les  ouvraîïes  pris  directement  par  les  lecteurs 
dans  les  sa'les  de'tra-ail  feUes  contiennent  environ  50.000  volumes)  -■ 
la  bibliothèque  de  l'Institut  catholique  est  un  centre  intellectuel  qui 
n'est  pas  négligeable.  Nous  signalerons  donc  à  nos  lecteurs  le  très  inté- 
ressant guide  que  vient  de  publier  M.  Marcel  Langlois  :  La  BihlioiMque 
de  V Institut  catholique  de  Paris.  I.  Renseignements  préliminaires  (Paris, 
74,  rue  de  Vuugirard,  s.  d.,  in-16  de  108  p.).  Ils  v  trouveront  des  ren- 
seignements nrécis  sur  la  topographie  des  salles  de  tra 'ail,  sur  l'orien- 
tation des  recherches,  sur  les  usages  adoptés,  sur  le  règlement  en  vigueitr, 
S'ir  la  nature,  l'imnortance  et  la  provenance  des  collections,  sur  les  cata- 
log'ies  et  classements.  Des  listes  des  périodiques  et  recueils  reçus  par  la 
bibliothèque,  de  quelques  incunables  ot  manuscrits  qu'elle  possède  sont  join- 
tes à  ce  fascicule.  En  môme  temns  qu'il  sera  précieux  à  ceux  qui  fré- 
quentent la  bibliothèque,  nous  souhaitons  au'il  tombe  entre  beaucoup  de 
mains  et  qu'il  insnire  à  de  nombreux  catholiques  l'idée  d'enrichir  — • 
nous  ne  disons  pas  simnlement  de  grossir  —  cet  instrument  de  travail 
destiné  aux  catholiques  parisiens 

Paris.  ■ — •  Sous  ce  titre  :  Les  Aventures  de  deux  splendides  livres  dlieu- 
es  ayant  appartenu  au  duc  Jean  de  Berrt/  (Paris,  1911,  in-4  de  29  p. 
Extrait  de  la  Revue  de  Part  ancien  et  moderne'^,  M.  le  comte  Paul  Dur- 
rieu  nous  donne  une  de  ces  monogranhies  d'histoire  de  l'art,  richement 
illustrées  d'après  les  monuments  nriginaux,  qui  sont  devenues  le  princi- 
pal  objet   de  son   activité  scientifique. 

—  Toujours  fidèle  à  ses  belles  et  curieuses  recherches  de  r.jl'.dore, 
do  récits  et  de  traditions  comparés,  M.  Emmanuel  Cosquin  a  enrichi  son 
œuvre  à  cet  égard  d'un  nouveau  travail  :  Le  Cow^e  du  Chat  et  de  la  Chan- 
delle dans  l'Europe  du  moyen  âge  et  en  0''ient  (Paris.  Champion,  1912,  in-8 
de  111  p.    Extrait   de  la  Homania,    t.  XL,   juillet  et  octobre  1911). 

— •  Était-ce  un  Mercure,  un  dieu  Terme  ou  un  Esculape,  était-ce  une 
effigie  de  Onillaume  d' Vu^ergne,  de  saint  Christophe  ou  de  N.-S.  Jésus- 
Chrish.  cette  vieille  statue  énigmatiaue  qui.  jusque  dans  la  première 
moitié  du  xviTie  siècle  (e^'actement  jusqu'en  1747),  décorait  le  parvis 
Notre-Dame?  T'est  la  nuestion  qu'après  tant  d'autres  s'est  posée  M.  A. 
L'Esnrit  et  qu'il  a  étudiée  dans  son  tra-'-ail  intitulé  :  Le  Jeûneur  de 
Notre-Dame  (Paris,  Champion,  1912,  inrS  de  80  p.,  a^ec  fijL.  Extrait 
du  Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  IV^  arrondissement 
de  Paris,  «  la  Cité  »).  L'auteur,  avec  beaucoup  de  patience  et  une  cer- 


—  374  — 

taine  compétence  à  laquelle,  cependant,  nous  aurions  vodlu  voir  se 
joiiidre'une  critique  plus  serrée,  a  réuni  tous  les  renseignements  et  les 
nuiindres  indications*^ qu'il  a  pu  rencontrer  dans  les  historiens  de  Paris, 
aiiisi  que  dans  les  séries' icono<,Taphiqu es  se  rapportant  à  son  sujet.  Ses 
recherches  et  ses  comparaisons  l'ont  conduit  à  adopter  l'opinion  de 
Tabbé  Leb'-uf  qui,  dans  la  statue  dite  du  «  Vendeur  de  gris  »,  voyait  une 
roprésentati"'n  du  Christ.  Nou.s  souscrivons  volontiers  à  cette  conclusion 
et  il  paraît  non  douteux  ([ue  tous  les  lecteurs  de  l'intéressante  brochure  de 
M.  I/Esprit  ne  s'y  rallient  de  même,  rejetant  une  bonne  fois  toutes  les 
autres  légendes  que  les  croyances  populaires  avaient  assignées  à  la  statue 
de  «  M.  Legris  ». 

—  Au  même  M.  A.  1, 'Esprit  l'on  doit  l'établissement  des  Tables  dccen- 
nnles  (janvier  1902-décembre  1911)  du  Bulletin  trimestriel  de  la  Société 
historique  et  archéologique  du  IV^  arrondissement  de  Paris,  «  la  Cité  » 
(Paris,  Champion,  1912,  gr.  in-8  de  54  p.).  La  brochure  se  compose  ainsi  : 

I.  Table  des  matières  des  six  premiers  volumes,  disposées  par  volume. 

II.  Index  des  auteurs.  III.  Index  alphabétique  des 'principaux  sujets 
traités.  IV.  Illustrations  (armoiries,  numismatiques,  enseignes,  hôtels, 
maisons,  monuments,  plans,  portraits  et  vues).  Ce  travail  rendra  les  recher- 
ches très  faciles  dans  les  diA-ers  tomes  de  cette  collection,  qui  nous  semble 
a  priori  très  intéressante. 

—  Entre  autres  conceptions  gigantesqr.es  de  Napoléon  I^"",  dont  sa 
chute  empêcha  ou  arrêta  l'exécution,  figurait  un  magnifique  palais  à  bâtir 
prtur  le  roi  de  Rome  sur  l'espace  occupé  aujourd'hui  en  partie  par  les 
bUiments  et  jardins  du  Trocadéro.  M.  Paul  iMarmottan,  président  de  la 
Société  historique  d'Auteui^-Pass-,  a  c.-imposé  sur  ce  projet,  son  commen- 
cement d'exécution  et  ses  suites,  une  intéressante  notice,  appuyée  de  la 
publication  d'un  dossier  recueilli  par  lui  aux  Archives  nationales  et  qui 
«  renferme  la  plus  grande  partie  des  lettres  de  Fontaine,  l'architecte 
d'^l'Empçivur,  au  baron  Costaz,  intendant  des  bâtiments  de  la  Couronne, 
relatives  aux  achats  de  maisons  et  terrains  à  Chaillot,  à  partir  de 
1811,  pour  l'érection  du  palais  ».  Ce  travail  offre  un  véritable 
intérêt  pour  l'histoire  de  Paris  et  l'histoire  administrative  du  premier 
Empire  :  Le  Palais  du  Roi  de  Rome  à  Chaillot  (Paris,  Chéronnet, 
1912,  in-8  de  80  p.,  avec  un  portrait  de  Fontaine  et  divers  plans.  Extrait 
du  Bulletin  de  la  Société  historique  d' Auteuil-Passy). 

— •  Rome  est  au  Pape.  Vient  de  paraître,  sots  ce  titre,  une  bro- 
chure composée  d'une  quarantaine  de  dissertations  en  faveur  du  pouvoir 
temporel,  extraites  des  œuvres  de  Louis  Veuillot  (Paris,  Lethielleux, 
1911,  petit  in-12  de  127  p.  —  Prix:  0  fr.  60.)  Lesévénements  de  1870 
donnent  à  ces  pages  un  intérêt  partiellement  rétrospectif.  Les  catholi 
ques  n'en  liront  pas  moins  avec  émotion  les  réflexions  du  grand  écri- 
vain qui  sut  traduire  dans  une  langue  vibrante  les  élans  de  la  foi  si 
vive  dont  il  était  animé.  M.  Cerceau,  qui  a  composé  ce  recueil,  l'a  fait 
précéder  d'une  Préface  oii  11  maintient  les  imprescriptibles  revendications 
du  Saint-Siège. 

—  Les  Catholiques  au  pouvoir  et  la  liberté.  Le  Fait  belge,  est  le  titre  d'un 
opuscule  dans  lequel  M.  Manuol  Lefranc  réfute  la  thèse  de  l'intolérance 
d'\s  catholiques  et  donne  comme  prouve  do  sa  fausseté  le  spectacle  que 
"  >us  offrent  les  catholiques  au  pouvoir  en  Belgique  d'^pnis  plus  d'un  quart 
d  ■  siècle.  ^Paris.  Maison  de  la  Bonne  presse,  s.  d.,  in-12  de  v-41  p.  —  Prix  : 
0  fr.  25). 


—  375  — 

■ —  TTn  discours  crue  M.  Louis  Passy  a  p''ononcé  le  22  mars  1911  a  été  édité 
«m  une  brochure  intitulée  :  Cent  cinquanVème  Anniversaire  de  la  Société 
nationale  d'agriculture  de  France  fPari.^,  typ.  P.  Renouard,  petit  in-8  de 
;'.0  p.^.  C'ist  un  br.f  mai';  excellent  historique  de  la  Société  depuis  sa 
création  fl^r  mars  1761^  jusqu'à  nos  jours. 

—  Le  même  M.  Loui  ;  Passy  a  fort  bim  retracé  la  vie  et  rappelé  les  œu- 
vres du  grand  savant  que  fut  Albert  de  Lapparent.  Sa  Notice  sur  la  vie  et 
les  travaux  de  Albert  de  Lapparent  (Paris,  typ.  P.  Renouard,  petit  in-8  de 
43  p.),  sera  lue  avec  agrément  par  tout  le  monde. 

—  Nous  signalerons  simplement  aux  amateurs  une  nouvelle  brochure  sur 
ce  qu'il  est  convenu  d'appeler  «  la  question  Louis  XVII  »  :  La  Légende  de 
Naundorff.  Essai  de  critique  et  d'histoire  en  réponse  à  M.  le  docteur  T s chirch 
par  MM.  Osmond  et  Henri  Provins  (Paris,  Daragon,  1912,  in-8  de  100  p.  — • 
Prix  :  2  fr.  .50).  C'est  encore,  si  l'on  peut  ainsi  dire,  une  lance  rompue  en 
faveur  de  Naundorff  qui,  pour  l?s  auteurs,  était  bi^n  le  fils  de  Louis  XVI 
évadé  du  T' mple. 

—  Les  Boy  Scouts,  tel  <>st  le  titre  d'un  travail  que  M.  Paul  Vuibert  a 
tiré  à  part  df-  la  revue  V Éducation  (Paris,  Vuibert,  1911,  gr.  in-8  de  22  p., 
avec  5  pi.  hors  texte.  —  Prix  :  0  fr.  75).  Cette  luxueuse  publication  nous 
apprend  comment  a  été  formée  en  Angleterre  la  singulière  organisation 
connue  sous  le  nom  de  «  Boy  Scouts  »  dont  30,000  de  ses  membres  ont  été 
passé.=  en  revue,  par  Georges  V,  le  4  juillet  dernier.  Elle  nous  renseigne 
égal^m'^nt  sur  tous  les  détails  de  la  vie  et  sur  les  exercices  des  enfants 
embrigadés,  lesquels  promi^ttent  de  faire  plus  tard  de  bons  soldats  que  nos 
voisins  d'Outre-Manche  sauront  apprécier. 

—  Préoccupé,  après  tant  d'autres,  de  faire  régner  la  paix  universelle 
entre  les  nations,  M.  Casimir  Macieje\Aski  s'attache  à  faire  sortir  cette 
théorie  généreuse  du  domaine  de  l'utopie.  Il  s'efforce  de  vaincre  l'cbstacle 
qui  l'y  a  jusqu'à  présent  maintenue,  en  traçant  le  plan  d'organisation 
d'une  armée  internationale,  à  qui  incomberait  la  charge  d'assurer  au 
besoin  l'exécution  des  sentences  d'arbitrage  {La  Solution  du  problème 
sur  la  paix  universelle.  Paris,  Giard  et  Prière,  1911,  in-18  de  12  p.)- 

—  M.  ]\Iax  de  Nansoutv  entreprend  la  publication  d'une  nouvelle  série 
&' Actualités  scientifiques  (Pa,ris,  Boivin,  s.  d.,  1912,  in-iô  de  348  p. — 
Prix  :  3  francs'!.  Dans  les  68  articles  que  l'auteur  a  écrits  avec 
son  talent  habituel  de  A-ulgarisateur,"  la  majorité  est  évidemment 
consacrée  à  des  nouveautés  scientifiques,  mais  il  n'a  pas  craint  de 
rappeler  des  connaissances  anciennes  lorsque  des  applications  récentes 
leur  donnent  un  regain  d'actualité. 

Anjou. —  Jacques  CatJwlineau,  le  saint  de  V  Anjou  (Il  ^9-1793  )  (Paris, Bloud, 
1911,  in-18  de  63  p.  Prix  :  0  fr.  60)  est  une  des  plus  nobles  et  des  plus 
sympathiques  figuras  de  cette  épopée  que  fut  le  guerre  de  Vendée  :  elle 
valait  d'être  popularirée  dans  un  p^tit  livre  moins  imposant  que  le  grand 
ouvrage  commencé  par  les  abbés  Deniau,  continué  par  feu  Dom  Chamard  et 
terminé,  récemment,  par  les  seins  de  M.  l'abbé  Uzureau.  C'est  la  tâche  que 
s'est  donnée  M.  l'abbé  Charpentier,  professeur  au  collège  de  Beaupréau, 
en  plein  pays  des  Maugos,  où  chaque  village  rappelle  les  prouesses  de  ces 
soldats-paysans,  soulevés  pour  défendre  leurs  croyances;  sa  profonde 
connaissance  des  événements  de  1793  lui  a  permis  do  dire,  en  quelques 
pages  accessibles  à  tous,  ce  que  fut  cet  homme  de  guerre,  loué  par  Napo- 
léon, cet  humble  artisan,  que  ses  vertlis  firent  appeler  «  le  saint  de  l'An- 
jou »_  par  ses  contemporains. 


-  ^76  - 

x\uNis.  —  ivi.  Geoi^es  Mrsset,  ai-cbiviste-paléographe,  bibliothécaire  de 
la  ville  de  la  Rochelle,  a  mis  en  sorscription  che?,  l'éditeiîr  A.  Forcher 
(1,  rue  du  Palais,  à  la  Ivochellel  un  important  ouvrage  :  La  Bonne 
Ville  de  La  Bochclle  du  présent  au  passé.  Ce  travail,  dont  le  nom  de 
l'auteur  garantit  la  valeur  et  l'intérot,  formera  un  beau  volume  de  luxe 
grana  in-'»,  ilb  stré  d'environ  160  gravures  en  phototvpie  dans  le  texte 
et  hors  texte  d'après  les  procédés  de  la  «  Sadag  »  de  Genève.  Le  prix  de 
souscription  est  de  25  francs.  A  la  mise  en  vente  il  sera  porté  à  30  francs. 

Bourgogne.  —  Vient  d'être  mis  en  distribution  le  tome  XXX1X« 
de  la  nouvelle  série  des  M/moires  de  la  Société  éduenne  (Antun,  imp. 
Dejussieu  et  Pemas-,  1911,  Jn-8  de  xxtv-^IF!  p.,  avec  2  planches  et  ^  fig.). 
A  tous  les  points  de  vue,  ce  volume  retiendra  l'attention  des  historiens 
et  des  érudits.  L'indication  des  tra  'aux  dont  il  se  compose  le  prou-i-era 
sans  conteste  :  Une  Fille  de  France  reine  de  Navarre,  à  Uchon,  d'après 
une  enquête  de  1378,  par  M.  A.  de  Charmasse  (p.  1-22);  —  Les  Députés 
de  Saône- et- Loire  aux  Assemblées  de  la  Révolution  (1789-1799).  Conseil 
des  Anciens  (suite  et  fln),  par  M.  P.  Montarlot  (p.  23-107);  —  Catalogue 
des  incunables  de  la  Bibliothèque  publique  d' Autun,  par  MM.  C.  Boëll  et 
André  Gillot  (p.  109-300):  —  Note  sur  l'église  de  Saint- Germain-sur-Cou- 
ches,  par  M.  Georges  Valat  (p.  301-320,  avec  une  planche  et  4  fig.);  — 
Note  Sur  une  inscription  votive  à  la  déesse  Tutela,  gravée  sur  une  hase 
de  statue  trouvée  à  Autun,  par  M.  R.  Gadant  (p.  321-331,  a-ec  une  plan- 
che); —  Note  sur  un  petit  bronze  d'Hélène  et  un  aureus  de  Dioclétien,  par 
M.  de  Romis^.owski  (p.  333-336);  —  Le  Docteur  François- Xavier  Gillot, 
notice  biographique,  nar  AL  \.  de  Charmasse  (p.  337-3^'iS).  A  noter  enfin 
di -ers  mélaTî'^^^  d'hi  ■toi-'.>,  d'a"d\éolog!.'!,  de  numismatique  et  de  biblio- 
graphie, signés  de  sinfioles  initiales  (p.  349-363),  sa-'oir  :  Document  inédit 
concernant  le  château  ducal  de  Montcenis;  — ■  Indiscrétion  sur  le  Pélican 
de  la  fontaine  Saint- Ladre;  —  Une  intéressante  Médaille  de  Constance  II \ 
■ —  La  Sécular'sation  de  l'état-civil  à  Autun  le  2  novembre  1792;  —  Les 
Œuvres  de  l'abbé  Bredault;  —  Un  Prieur  ignoré  de  Saint- Sernin-du- Bois  \ 
■ —  Jean  de  Torcy,  seigneur  de  Mona.ji  et  d'Ode. 

Dauphiné.  —  Les  n°^  3  et  4,  juillet  et  décembre  1910,  du  Bulletin 
de  la  Société  dauphinoise  d'ethnologie  et  d'anthropologie,  nui  terminent  le 
tome  XVll^  de  la  collection,  nous  arri  -ent  en  un  se^d  fascicule fc renoble, 
imp.  Allier,  1911,  in-f^  paginé  75  à  2*^0  p.,  a^-ec  gra-.).  Pauf  les  tr^is  nre- 
mières  pages  remédies  nar  des  sommaires  de  séances  de  la  Société,  tout 
le  reste  du  fascicule  est  occupé  par  une  monogranhie  importante,  modos- 
tement  intitulée  :  Notes  historiques  et  archéolo giqii.es  sur  Beauvoir  en 
Royans,  par  M.  Aug.  l^a^'ot.  Ce  tra^-ail,  l'un  des  ulus  intéressants  que 
le  Bulletin  ait  publiés,  est  di-isé  en  huit  chapitres  :  1.  Préface.  Temps 
préhistoriques.  T^es  Gadois  et  les  Romains,  etc.  IL  Le  Château  delphinal. 
ni.  Les  Guerres  de  religion.  IV.  De  la  Ré-obition  à  nos  jours.  V.  La 
Paroisse.  VI.  Le  ChAteau  actuel.  VIL  Famille  de  P>eaumont.  VIII.  Les 
Carmes.  .Cette  monograuhie  est  illustrée  de  pb-sicrs  belles  planches 
(portraits  et  vues^  et  d'un  nlan  de  la  localité-  de  pb'S,  l'a^'teur  a  re- 
produit, avec  mi'sioue  notée  (p.  159-170),  plusieurs  des  anciennes  chan- 
sons en  faveur  autrefois  à  Beauvoir. 

Fra\che-Comtk.  —  M.  ^enri  Cordier  est  l'auteur  d'un  petit  liA-re  bien 
écrit  et  qui  ré-'c-le  un  >-éritable  taleut  d'obser-ation  :  Au  Pays  des  .sapins. 
Le  Sapin.  La  Montagne  {Fontarliev,    imp.  Emile  Thomas,  in-12de  168  p.). 


En  une  série  d'agréables  esquisses,  on  pnétianes.  on  spirituelles,  on  d'al- 
lure sériei'se  et  de  sens  positif,  V.  V.  Tordier  présente  de  jolies  descrip- 
tions s  h-estrcs  et  donne  d'intéressants  détails  d'histoire  nat'.  relie,  on 
bien  il  fournit  des  rer!seit,'nemer!ts  plrs  intéressants  encore  sur  vn  certain 
nombre  d'industries  de  la  région  dont  il  s'occupe:  il. fait  aussi  de  cu- 
rienx  tableaux  de  mneiTs  et  signale  di  ers  usages  loca""^:  «  le  rhalet 
de  fromagerie  »  et  «  les  Fermes  de  la  montagne  -  font  l'objet  de  denx 
notices  pb  s  importantes  que  les  autres  et  ani  retiendront  l'attention; 
qnelnues  légendes  et  ])1usieurs  "ienv  contes  montagnards  n'ont  point  été 
otibliés  :  ces  derniers  s'Ttou.t  méritent  d'être  signalés  anx  philologues  car 
ils  sont  rapportés  en  patois,  a-'-ec  traduction  française 

—  Sous  le  titre  de  Smiveinrs  lùtprrires,  M.  Th.  Tburiet  a  publié  dans 
la  Pevue  idéaliste  et  fait  ers'ite  tirer  à  part  nne  charmante  causerie 
oïl  il  est  tour  à  tour  nuestion  de  la  vicomtesse  de  Hironde.  de  I  amartine, 
Louis  de  Rcnchaud,  Xa-'-ier  T\''armier,  Féli-  .Teantet  et  Fdouard  Trenier 
(Besançon,  imp.  Podi-ers,  petit  in-16  de  16  p.^.  Fa^f  la  vicomtesse  de 
Gironde,  sœur  de  Louis  de  Ronchaud,  tous  les  personnages  sus-nommés 
sont  connus,  plus  en  m<  ins,  comme  poètes,  et  l'auteur,  à  propos  d'i:ne 
visite  qu'il  fit  autrefois  à  M^^^  de  Gironde,  qui  haJiitait  à  Paint- [.npicin^ 
près  de  Saint-flaude  du  Jura,  nous  raconte  de  menus  faits  et  nous  rap 
pelle  des  poésies  charmantes  de  X.  IV^armier,  T^!.  Grenier  et  T-.  de  Fon'" 
chaud.  Quant  à  la  sœur  de  ce  dernier,  la  "icomtesse  de  Gironde,  \T.  Thu" 
riet  nous  la  présente  galamment  son.s  un  ionr  fort  s  ^mpathiai'e.  H  finit 
par  nous  donner  à  son  to^r  me  fort  jf.lie  poésie  composée  nar  b'i  à 
Turin,  le  S.  octobre  1*^07,  intit'dée  :  Verft  IHd-'nl,  et  dédiée  à  M™^  Tbu- 
riet. Il  serait  à  désirer  que  l'auteiir  nous  r  ffrît  quelque  jo^r  des  Smn'evirs 
littpraires  pb's  étend''S.  A  en  juger  par  ceux  consignés  dans  cette  pla- 
quette, ils  seraient  bien  intéressants 

—  Un  écri  -ain  qui  signe  Pierre  i^elacomté  (un  pseudonyme,  certaine- 
ment, qui  pourrait  bien  aussi  Aoiler  un  ecclésiastique  lettré  et  artiste) 
vient  de  publier  dans  la  collection  des  Contemporiins  une  biogra''>Me  de 
Gustave  Courbet,  peir'tre  (1819-18771  (Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse, 
s.  d.,  191'.',  gr.  in-P  de  16  p.,  a^ec  5  reproductions  de  tableaux).  L'au- 
teur a  parfaitement  saisi  !a  rb^  sionomie  du  ma'tn-  d'Ornans.  qu'il  vul- 
gariseainsi,  plaoa'">t  en  é.-,al  relief  les  ai'aMtés  etlesdéfa^'ts  du  personrace. 
Du  st'  le  et  de  l'esnrit,  de  l'impartialité  et  de  la  vigue^T,  voilà  ce  qui 
recommande  aux  amateurs  cette  nouvelle  et  précise  bi  «graphie  de  Gus- 
tave Courbet. 

TtE-DE-FPANCE.  — •  M.  l'abbé  Fritsch,  curé  d«  Villo-d'Avrav,  public  un 
BuVetin  paroissial  dans  lequel  il  con-^sacre  quelques  pagos  à  l'hi'^^toire 
localo.  Tl  vient  do  les  réunir  en  un  p'^tit  volumo  (Vori^^aillos,  imp  Li'bon, 
in-12  de  82  p.),  intitulé  :  La  Rhohttion  française  dans  le  canton  de 
Sèvres.  Ce  travail  représente  une  g^and'^  somme  do  rochorchos  faites  dans 
les  archives  paroisfialcs  de  la  région;  dps  détails  pittorcave.^  et  même 
nouveaux  en  font  une  lecture  agréable  pour  tous  ceux'  qui  s'intéressent  à 
l'histoire  d^t  la  Révolution  dans  les  environs  de  Paris. 

Gascogne.  —  M.  le  chanoine  Pantin  a  rech'  rché  dans  les  archives  de 
Tarbes  les  fouvonirsse  rapportant  à  la  Terreur  blanche.  On  y  voit  qu'en 
1815  un  préfet  qui  voulait  faire  du  ?.èle  chercha  à  se  signaler  en  démas- 
quant quelque  somb"e  conspiration.  A  défaut  d>^  conspiratours,  il  pour- 
chassa un  ehansonnier  qui  s'était  amu;é  à  ses  dépens.  A  Paris,  on  ne  le 
prit  pas  très  au  sérieux  et  en  1819  on  lui  donna  un  successeur.  Cette  petite 


—  378  — 

histoire  ost  racontée  très  agréablement  dans  une  plaquette  de  44  pages 
iTarbos,  imp.  Lesbordes).  Elle  avait  parii  d'abord  dans  la /?f(7/e  ^/r^ //a;/<es- 
Pijrcnces. 

Lorraine.  —  Une  nouvelle  série  de  Proverbes  et  dietonf^  r^cv^'Uis  dans 
le  dr parlement  de  l'Aube  par  M.  LoiJs  Morin  vient  de  para  tre  ^Iroves, 
Grande  Imprimerie,  1912,  in-8  de  28  p.  à  2  colonnes'.  M  Loui.'-  Morin  a 
fait  entrer  dans  son  recueil  tous  les  proverbes  que  lui  ont  révélés  les 
conversations  tenues  dans  les  milieux  les  plus  divers  ou  qu'il  a 
rencontrés  au  cours  de  ses  lectures.  «  Sans  doute,  déclare-t-il,  la  collec- 
tion n'est  pas  complète,  mais  elle  ne  saurait  l'être;  il  en  traîne  beaucoup 
d'autres  dans  le  langage  des  gens  de  campagne  ».  Cette  intéressante  bro- 
chure ne  cite  pas  moins  de  11G4  proverbes,  répartis  en  dix  divisions, 
plus  un  supplément  important.  Et,  bien  que  la  plupart  d'entre  eux  se 
retrouvent  dans  toutes  les  provinces  françaises,  ou  à  peu  pKs,  la  pré- 
sente oontributiin  au  folk-lore  lorrain  mérite  d'être  signalée  ici  et  son 
auteur  loué  pour  la  persévérance  qu'il  a  mise  à  T-emplir  la  tâche  qu'il  s'est 
miposée. 

Poitou.  — ■  11  nous  paraît  à  propos  de  signaler  comme  un  document 
intéressant  à  divers  titres  pour  l'histoire  dos  idées,  la  notice  intiti'lée  : 
Fête  de  la  Croix  de  Charette  à  la  Chabotterie  (6  août  1911).  Cette  brochure 
(Fontenay-le-Comte,  imprimerie  Henri  Lussai'd,  1911,  in-8  de  77  p.,  avec 
grav.  Extrait  de  la  Revue  du  Bas-Poitou)  est  divisée  en  deux  parties  : 
I.  La  Fête  religieuse.  II.  La  Fête  rovaliste.  Elle  contient,  outre  le  récit 
de  la  fête,  plusieurs  discours  et  plusieurs  pièces  de  vers. 

Vendômois.  —  Quoique  divisé  en  quatre  trimestres,  le  tome  L  du 
Bulletin  de  la  Société  archéologique,  scientifique  et  littéraire  du  Vendômois 
n'en  forme  pas  moins  un  volume  compact,  à  pagination  continue  (Ven- 
dôme, imp.  Launav,  1911,  in-8  de  348  p.,  avec  .3  planches  et  5  fig.). 
Nous  allons  mentionner  les  divers  mémoires  que  l'on  y  trouve,  en  sui- 
vant l'ordre  trimestriel.  1^^"  trimestre  1911  :  Les  Peintures  murales  de 
Véglise  de  Lavardin,'pdX  M.  l'abbé  Pilté  (p.  12-31,  avec  3  planches);  — 
La  Pluie  à  Vendôme  pendant  la  période  décennale  1901  à  1910,  par  M. 
Georges  Renault  (p.  32-43);  —  L'Inscription  du  Cambris  d'Artins,  par 
M.  P.  Clément  (p.  44-46,  avec  1  fig.);  — ■  Histoire  du  collège  de  Vendôme, 
2e  partie.  Le  Collège  de  1792  à  1847,  par  M.  G.  Bonhoure  (p.  47-76);  — 
Bibliographie  de  Loir-et-Cher,  1910,  par  M.  P.  Dufay  (p.  77-90).  -^  2^  tri- 
mestre :  Notice  sur  la  chapelle  du  prieuré  des  Essarts,  par  M.  P.  Clément 
(p.  99-109,  avec  3  fig.);  —  Vendôme,  poème,  par  M.  Edmond  Rocher 
(p.  110-112);  — •  Note  sur  une  pierre  molaire  à  rigole  du  Vendômois,  par 
^I.  P.  Clément  (p.  113-115,  avec  une  fig.);  —  Histoire  du  collège  de  Ven- 
dôme, 2^  partie  (suite).  Le  Collège  de  1792  à  1847,  par  M.  G.  Bonhoure, 
(p.  116-163).  —  3^  trimestre  :  Essai  sur  l'histoire  des  comtes  et  ducs  de 
Vendôme  de  la  maison  de  Bourbon.  Louis  de  Bourbon  {\?>9?.-ii^t6],  V^'pa.T- 
tie,  par  M.  L.-A.  Hallopeau  (p.  181-232).  —  4*^  trimestre  :  Le  Compen- 
dium  de  Pierre  Bordier,  de  Lancé;  quarante  années  d'observations  météoro- 
logiques (1741-1781),  par  M.  Jean  Martellière  (p.  245-281);  —  La  Fa- 
mille de  Lardière  et  son  arbre  généalogique,  par  M.  R.  de  Saint- Venant 
(p.  282-297);  —  Les  Lacunes  de  la  Chronique  du  chanoine  Garaull,  par 
M.  Jean  Martellière  (p.  298-302);  —  Le  Lycée  de  Vendôme  de  1847  ^^à  1870, 
par  M.  G.  Bonhoure  (p.  303-339). 


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Belgique.  —  Le  premier  fascicule  du  Catalogue  alphabétique  des  livres, 
brochures  et  cartes  de  la  Bibliothrque  de  V Observatoire  royal  de  Belgique 
(Bruxelles,  imp.  Hayez,  1910,  in-.S  de  192  p.)  est  formé  de  1914  fiches. 
Celles-ci,  préparées  et  mises  en  ordre  par  le  bibliothécaire  M.  A.  follard, 
contiennent  toutes  les  indications  d'i  sage,  clairement  rédigées  et  dispo- 
sées de  la  façon  la  plus  heurevse.  Les  recherches  seront  faciles  dans  ce 
catalogue,  qui  n'a  pas  été  mis  dans  le  commerce;  il  a  été  envoyé  gra- 
cieusement à  tous  les  grands  établissements  scientifiques.  Nous  savons 
que  la  direction  de  l'Observatoire,  à  Uccle,  est  toute  disposée  à  réparer 
les  oublis  dans  les  limites  imposées  par  un  tirage  assez  restreint.  Tout  le 
monde  reconnaît  l'importance  des  catalogues  scientifiques  et  leurs  auteurs 
sont  assurés  de  la  reconnaissance  des  savants;  mais  il  ne  suffit  pas 
qu'un  livre  existe,  il  faut  l'avoir  à  sa  disposition.  L'achat  par  ses  propres 
deniers  n'est  pas  toujours  possible;  on  doit  alors  solliciter  la  bienveillance 
de  l'administration  à  laquelle  on  appartient  (n'insistons  pas).  L'Observa- 
toire de  Bruxelles,  par  son  geste  généreux,  a  causé  aux  savants  un  plaisir 
Sàus  mélange. 

Espagne.  —  La  Vie  de  sainte  Claire  d'Assise,  par  le  R.  P.  Léopold 
de  Chérancé,  des  Frères  mineurs  capucins,  a  obtenu  un  assez  légitime 
succès  sous  sa  forme  française  pov.r  que  l'on  puisse  espérer  qu'elle  ne 
sera  pas  moins  goûtée  sous  le  vêtement  espagnol  que  lui  a  donné  une 
religieuse  Clarisse,  dont  la  modestie  garde  l'anonyme  :  Santa.  Clora  de  Asis, 
traduccion  del  froncés  (Barcelona,  impr.  de  Francisco  J.  Altés  Alabart; 
librairie  Eugenio  Subirana,  1911,  in-16  de  237  p.).  Sans  revenir  sur  ce 
que  nous  avons  dit  de  l'ouvrage  lors  de  sa  première  publication  {Poly- 
hihlion  de  mai  1902,  t.  XCIV,  p.  420),  œuvre  d'édification  et  sans  allure 
scientifique,  mais  qui  n'en  repose  pas  moins  sur  une  étude  attentive  et 
raisonnée  des  sources,  nous  dirons  que  la  traductrice  espagnole  s'est  fort 
bien  acquittée  de  sa  tâche;  tout  en  respectant  et  rendant  fidèlement  le 
texte  du  P.  Léopold,  elle  n'a  pas  hésité,  le  cas  échéant,  à  proposer  quel- 
q:ies  rectifications  :  c'est  ainsi  cfn'elle  indique  (p.  10,  n.  1)  que  l'opinion 
a'îtuellement  la  plus  autorisée  sur  le  Spéculum  perfectiouis  n'est  pas  celle 
qu'a  adoptée  le  P.  Léopold;  c'est  ainsi  qu'elle  conteste  (p.  63,  n.  1)  ce 
qui  est  dit  du  rôle  d'Innocent  III.  On  ne  s'étonnera  pas  qu'elle  ait  cru 
devoir  compléter  et  préciser  l'ou/rage  français  en  ce  qui  regarde  les  cla- 
risses  espagnoles;  elle  a  consacré  à  ce  sujet  tout  un  appendice,  où  elle 
revendique  pour  l'Espagne  l'honneur  d'avcir  eu  des  filles  de  sainte  Claire 
(Burgos,  1218)  avant  la  France  (Reims,  1220).  Comme  on  le  voit,  l'édition 
espagnole  du  livre  du  P.  Léopold  de  Chérancé  a  son  intérêt  propre.  Il 
V  a  des  fautes  d'impression  facilement  réparables  dans  une  nouvelle  édi- 
tion que  nous  souhaitons  prochaine:  M.  Sabatier  est  écrit  Sebatier,  p.  168, 
n.  2;  Gozza  Luzzi  (p.  63,  n.  3)  est  mis  pour  Cozza;  Mgr  Richard  est 
défiguré  plusieurs  fois  en  Ricard  et  Wadding  en  Wading. 

Gr^ce.  —  Ce  n'est  pas  seulement  ^nous  l'avons  déjà  constaté  à  plus 
d'une  reprise)  de  la  France  que  s'occupe  la  Société  de  spéléologie;  elle 
étudie  aussi  avec  un  soin  louable  les  «  abîmes  »  des  contrées  étrangères, 
tantôt  en  faisant  connaître  les  résultats  essentiels  des  recherches  des 
spéléologues  nationaux,  tantôt  en  publiant  sur  eux  des  mémoires  origi- 
naux. Tel  est  le  cas  pour  le  tra^-ail  de  M.  N.-A.  Sidéridès  sur  les  Kata- 
vothres  de  Grèce  [Spelunca.  Bulletin  et  Mémoires  de  la  Société  de  spéléo- 
logie, nO"  63  et  64.  Paris,  au  siège  de  la  Société,  1911,  in-8  de  76  p. 
avec  34  fig.  et  4  planches)  dans  lequel  on  trouvera  un  intéressant  exposé 


—  380  — 

d'ensemble  de  l'état  précis  des  connaissances  actuelles  sur  les  gouffres 
abs>rbaits  (tel  est  le  seis  ecaot  du  mot  grec  Katavothres]  de  la  partie 
méri  lima'e  de  la  péai  is  île  balkanique.  Rie:i  d'étonnant,  par  siite  de  la 
nat  ire  gé  ologipie  du  pa-s,  à  ce  que  ces  gouffres  v  soient  très  nombreux; 
riei  d'étonnant  non  plus,  par  s  lite  de  la  coatemporanéité  des  recherches, 
à  ce  qu'i'â  S)ient  encore  à  peine  e^pl  >rés.  Aussi  n'est-ce  qu'un  commen- 
cemeitd'iiformationquedonneM.  Sidéridèss  irle'îrnipedes  Kata -othres 
du  pourtour  ,du  lac  Copaïs  et  sur  celui  des  alentours-  de  Trip()lit:^a 
en  Vroalie;  c'est  pe  i,  dira-t-on.  Sans  doute,  et  néanmoins  ce  peu  est 
déjà  beaucoup. 

Italie.  —  A  récemment  paru  :  La  Lisistrata  di  Aristofane,  tradotta 
in'  versi  italiani  da  Augusto  Franf'hetti,  con  Introduzione  e  note  di  Do- 
menico  Comparetti  (ilittà  di  Castello,  Lapi,  1911,  in-16  cartonné  de 
xxxrv-110  p.).  i^es  noms  du  traducteur  et  du  commentateur  suffisent 
pour  recommander  àut  érudits  cette  version  italienne  d'une  des  comédies 
les  plus  effrontées  d'Aristophane.  -j 

Suisse.  —  Les  Sociétés  s-ùsses  d'histoire  naturelle  manifestent  tou- 
jours la  plus  grande  acti  -ité  scientifique.  Le  Bulletin  de  la  Société  fri- 
bourgeoise  des  sciences  naturelles  (Compte  rendu  1909-1910,  vol.  XVIH. 
Fribo'Tg,  Fragnière,  1910,  in-16  de  116  p.,  a-'-ec  1  portrait  et  5  graphi- 
ques^ contient  plusieurs  ét''des  sur  des  sujets  variés.  Nous  citerons  de 
M.  H.  Breuil  :  Un  nouvel  Homme  fossile  quaternaire;  du  D''  de  Gandolfi  : 
La  Chasse  au  Balaenoptera  rostrata;  du  D*"  F.  L.  Kohhraush  :  Le  Ra- 
dium:  Sur  rOrigine  des  cirques  glaciaires,  du  D'  G.   Michel,   etc. 

Maroc  —  Au  Cong'às  di  l'Vf'ïqi^  du  no^'d  qui  s'est  t^nu  à  Alg^r  au 
moi^.  d'octobre  190R,  M.  Ch.  Flené-Loclerc  a  adressé  plusieurs  communica- 
tion^  relati.--^s  au  Marcc.  Si  qudques-unes  do  ces  notes  (l'Action  française 
au-delà  d^  l'extrêm"'-sud  marocain  en  particuli?r)  n'ont  plus  guère  qu'un 
intérêt  hi^^orique,  il  en  va  autrommt  dos  autres,  en  particuli'^r  de  colles 
qui  ont  trait  aux  movpns  do  dévcloppeT*  la  situation  économique  de  la 
France  au  Maroc,  à  la  sitaotion  religieuse  du  pays,  au  commerce  de  Mélilla. 
A  signaler  encore,  au  point  ae  xuf  st'^ictHmmt  géographique,  un  travail 
sur  Irts  régions  nord  et  sud  de  la  frontière  algéro-marocainfi.  Il  y  a  là,  au 
total,  un  ensrrinblo  de  courtes  études  q-ii,  comm^  les  autres  publications  de 
M.  Ch.  R'^né-Leclerc,  Stnt  pleinos  do  faits;  aussi  convonait-il  d'm  .'signaler 
ici  la  réuni(m  en  un  m^m  •  fascicule  (Congrès  de  /'  Afrique  da  nord.  Paris, 
octob.e  1908.  Tanger,  impiim'^ria-librairia  marocaine,  gr.  in-8  de  6-|-10 
+  5  +  3-1-13-1-6  p.). 

États- Uxis.  —  Dans  une  récente  li-raison  de  Spelunca,  M.  E.-A. 
■Martel  a  présenté  un  bref  aperçu  d'ensemble  des  plus  récents  Water- 
Suppli)  and  Irrigation  Papers  du  Goological  Surrey;  il  a  ainsi  montré, 
non  d'ailleurs  sans  énoncer  quelques  réser  -es,  comment  rhvdrologie  sou- 
terraine est  étudiée  et  comprise  aux  États-Unis,  et  quelle  mine  de  ren- 
seignements pratiques  et  scientifiques  de  la  plus  haute  valeur  et  du  plus 
p'-issant  intérH  constituent  les  fascicules  de  cette  série  de  monographies, 
accompagnées  de  cartes  et  d'i'l-  strations  admirables  iV Hydrologie  sou- 
terraine aux  Èuw^-Unis.  Sp''lunca.  Bulletin  et  M  moires  de  la  Société  de 
sp'U'ologie,  n°  59,  Paris,  au  siège  de  la  Société,  1910,  in-8  de  34  p.). 

Publications  nouvelles.  —  Histoire  des  dogmes  dans  ^antiquité  chré- 
tienne, par  J.  Tixeront.  T.  III.  La  Fin  de  l'âge  patristique  (in-12,  Lecof- 


—  381  - 

fre,  Gabalda).  —  Le  Dogme,  source  d'unité  et  de  sainteté  dans  VÉglise, 
par  b.-A.  de  Poulpiquet  (iu-16,  Lluud).  —  Entntiens  sur  VLucharistie, 
par  Mgr  de  bibergues  \iii-i6,  J.  de  cigord).  —  Lettres  à  un  étudiant  sur 
La  sainte  LucharLstie,  par  L.  Labauclie  (in- 12,  Bluud).  —  Liéments  d'apo- 
logétique. 111.  Objections  et  problèmes,  par  J.-L.  de  la  Paquerie  (iii-16,' 
Bloudj.  —  La  Marque  du  véritable  Anneau,  par  le  l/""  A.  von  Kuville; 
trad.  de  l'allemand  par  u.-G.  Lape^,  re  et  P.  û^ai-ry  (iu-J6,  Leauchesue). 
■ —  Lettres  spirituelles  de  Sebastien  Zamet,  cvéque~duc  de  Langres,  pair  de 
France,  publiées  avec  une  lutruductiun  et  des  notes  par  L.-I\.  Prunel, 
et  précédées  des  Avis  spir'tuels  du  même  prélat  (in-b,  A.  Picard  et  lils). 

—  Nouveaux  Mtlanges  oratoires,  par  M.  d'iiulst.  X.  Retraites  (in-S,  J. 
de  Gigordj.  —  Traité  de  la  paix  de  l'âme  (source  du  combat  spirituel), 
par  le  P.  J.  Bonilla;  trad.  française  par  le  P.  Lbald  d'Alençon  (in-18, 
J.  de  Gigord).- —  La  Vie  mciUeure  par  la  prière,  par  P.  Ladet  (in-16, 
Bloud).  —  Le  Mois  de  Marie,  par  Mgr  LadoJle  (in-'16,  Lecullre,  Ga- 
balda). —  Le  Cœur  vaillant,  par  l'abbé  L.  Lenfant  (petit  iii-lb,  J.  de 
Gigord).  —  La  Lurete  du  cœur,  par  l'abbé  L.  Leulant  (])etit  in-18,  J.  de 
Gigurd).  — ■  La  Royauté  du  cœur,  i>ar  l'abbé  L.  Lenlai^t  {]jetit  in-18,  J. 
de  Gigord i. —  Prière  et  silence;  simples  miditations  pour  chaque  jour  du 
mois,  par  V\'.  Monod  (in-16,  lischbacher).  —  Étude  critique  sur  la  tutelle 
des  mineurs  en  droit  comparé,  par  K.  de  la  Grasserie  (in-12,Libr.  génér. 
de  droit  et  de  jurisprudence).  —  Comment,  avec  la  loi,  la  femme  peut 
protéger  ses  biens,  sa  fortune,  son  libre  salaire,  les  produits  de  son  travail, 
ses  épargnes,  sa  famille,  par  C.  Guillard  (in-8,  Giard  et  Brière).  —  La 
Crise  du  libéralisme  en  matière  d'assistance,  par  G.  belprat  (in-8,  Giard 
et  Brière).  —  La  Philosophie  du  langage,  par  A.  Dauzat  (in-18,  1-lamma- 
rion).  —  Les  Concepts  de  la  raison  et  les  lois  de  l'univers,  par  E.  de  Ro- 
berty  (in-16,  Alcan).  —  Identité  et  réalité,  par  E.  Me\  erson  (in-8,  Alcan). 

—  Initiation  philosophique,  par  E.  Faguet  (in-16,  Hachette),  —  Mtlan- 
ges de  philosophie  relativistc,  contribution  à  la  culture  philosophique,  par 
G.  Simmel;  trad.  de  l'allemand  par  M"^  A.  Guillain  (in-8,  Alcan).  — 
Comment  vivre?  Pourquoi  vivre?  par  l'abbé  J.  Airaudi  (in-12,  J.  de  Gi- 
gord). —  Arthur  Schopenhauer,  par  E.  Seillière  (in-16,  Bloud).  —  Une 
Grave  Question  de  l'éducation  des  jeunes  filles.  La  Chasteté,  par  F.  Har- 
mel  (in-16,  Perrin).  —  Esquisse  d'une  éducation  de  l'attention,  par  J.-J. 
Van  Biervliet  (in-16,  Alcan).  —  Enseignement  de  Léonce  Couture  (gr. 
in-8,  Toulouse,  Privât;  Paris,  Champion).  —  Neutralité  et  monopole  de 
l'enseignement,  suivi  de  l'état  actuel  de  l'enseignement  du  latin,  par  V. 
Basch,  L.  Blum,  A.  Croiset,  G.  Lansor,  D.  Parodi,  T.  Reinach,  F.  Lévy- 
Wogue  et  R.  Pichon  (in-8,  cartonné,  Alcan).  —  Le  Bilan  du  protection- 
nisme en  France,  par  G.  Schelle  (in-18  cartonné.  Alcan). —  L'Appro- 
priation du  sol.  Essai  sur  le  passage  de  la  propriété  collective  à  la  pro- 
priété privée,  par  P.  Lacombe  (in-8,  Colin).  —  Le  Prolétariat  interna- 
tional. Etude  de  psychologie  sociale,  par  R.  Broda  et  J.  Deutsch  (in-18, 
Giard  et  Brière).  —  Les  Produits  coloniaux;  origines,  production,  com- 
merce, par  G.  Capus  et  D.  Bois  (in-18  cartonné,  Colin).  — Forme,  puissance 
et  stabilité  des  poissons,  par  F.  Houssay  (gr.  in-8,  Hermann).  —  Pro- 
priétés optiques  des  muscles,  par  F.  Vlès  (gr.  in-8,  Hermann).  —  Notions 
fondamentales  d'analyse  qualitative,  par  V.  Thomas  et  D.  Gauthier  (in-8, 
Gauthier-Villars).  —  Cours  de  mathématiques  supérieures  à  l'usage  des 
candidats  à  la  licence  es  sciences  physiques,  par  l'abbé  E.  rtoflaes  (in-8, 
Gauthier-Villars).  —   Géométrie  rationnelle,  traité  élémentaire  de  la  science 


—  302  — 

de  Vespace,  par  le  D"^  G;-B.  Halsted;  trad.  française  par  P.  Barbarin  (in-8, 
Gauthier- Villars).  —  Etudes  techniques  sur  Variation,  par  A  via  (in-8,  Vi- 
vieai).  —  Petits  Modèles  d'aéroplanes.  Historique.  Théorie  élémentaire. 
Constructions  et  expériences,  par  E.-H.  Dollfus  (in-8,  Vivien).  —  Voca- 
'  bulaire  de  V aviateur  constructeur  (in-12,  Vivien).  —  L'Officier.  Le  Haut 
Conimandemeni  el  ses  aides  en  Allemagne,  par  J.  Poirier  (in-12,  C.hapelotj. 

—  La  Musique  d'église,  par  le  D""  K.  Veinmann;  trad.  de  l'allemand  par 
P.  Landorniy  (in-16,  Delaplane).  ■ —  L'Année  musicale,  publiée  par  M. 
Brenet,  jM.  Chantavoine,  J.  Laloy  et  L.  de  la  Laurencie  (in-8,  Alcan).  — 
Le  Cycle  des  hymnes  de  l'Egliae  en  vers  français  et  les  poèmes  religieux 
des  Philippins  de  Rouen,  par  E.  Montier  (in-16,  Bloud). —  Vers  Dieu. 
La  Nature,  l'amour,  la  douleur,  la  foi,  par  A.  Pajsant  (in-8,  Jouve).  ■ — 
La  Vaine  Chanson,  par  C.  Régismanset  (in-18,  Messein).  —  Le  Vent  du 
soir,  par  A.  Derzac  (in-16,  Messein).  —  L'Aurore  du  soir.  Ariel  esclave, 
par  L.  Mandin  (in-16,  Mercure  de  France).  —  Lueurs,  par  P.-C.  Jablons- 
ki  (in-16,  Figuière).  —  Grimaces  et  fantaisies,  par  H.  Frenay-Cid 
(in-16.  Édition  du  Beffroi).  —  La  Sage  Ardeur,  par  H.  de  Lisle  (in-12, 
Édition  du  Beffroi).  —  Les  Deux  Cahiers,  par  P.  Acker  (in-16,  Plon- 
Nourrit).  —  Nadjié.  La  Petite  Hanoum,  par  É.  Edwards  (in-16,  Plor.- 
Nourrit).  —  Monsieur  de  Nugbo,  philosophe,  par  G.  Truc  (in-16,  Perrin). 

—  Le  Merveilleux  Voyage  de  Nils  Holgersson  à  travers  la  Suède,  par  S 
Lagerlôf;  trad.  du  suédois  par  T.  Hammar  (in-16,  Perrin).  ■ —  Les  Ins- 
tincts galants,  par  M.  Olivier  (in-18,  l.emerre).  —  Le  Mariage  de  Lord 
Loveland,  par  Williamson;  trad.  en  anglais  par  L.  d'Arvers  (in-16,  Ha- 
chette). • —  La  Ville  folle,  par  II.  Rainaldy  (in-18,  Albin  Michel).  — 
Dernières  Enquêtes  du  prestigieux  Héwitt,  par  A.  Morrison;  adaptation 
française  par  A.  Savine  (in-18.  Stock).  —  Chez  les  Américains,  par  R. 
Kipling;  trad.  par  A.  Savine  (in-16,  Stock).  —  Scènes  de  la  vie  de  Bohème, 
par  H.  Murger.  Nouvelle  édition  re\ue,  corrigée  et  augmentée,  précédée 
d'une  notice  biographique  sur  l'auteur  et  suivie  de  notes  par  P.  Ginisty 
(in-18,  Garnier).  —  Nos  enfants  quand  ils  jouent,  par  O.  Guibaud  (in-16, 
Messein).  —  L'Illustre  Athanase  Bonsang,  par  R.  des  Pomeys  (in-S,  Fi- 
guière). —  L'Inceste  légitime,  par  A.  Segré  (in-1 6,  Figuière).  —  L'Of- 
frande au  mystère,  par  P.  Fons  (in-12  carré,  Sansot).  —  L'Orgie  gauloise, 
par  L.  Gastine  (in-16  carré,  Ducrocq).  —  La  Voie  mauvaise,  par  H. 
Baraude  (in-16,  Roger  et  Chernoviz).  — •  Les  Trente-six  Situations  dra- 
matiques, par  G.  Polti  (iri-16,  Mercure  de  France).  —  Le  Roman  de  la  . 
famille  frajiçaise,  essai  sur  l'œuvre  de  M.  Henry  Bordeaux,  par  J.  Fer- 
chat  (in-16,  Plon-NouTrit).  —  Essais  de  littérature  et  d'esthétique,  1877- 
1885,  par  O.  Wilde;  trad.  par  A.  Savine  f in-1 8,  Stock).  —  Brelan  de 
dames,  par  R.  de  Montesquiou  (in-16,  Fontemoing).  —  La  Mer  et  les 
poètes  anglais,  par  J.  Douady  (in-16,  Hachette).  ■ —  Le  Roman  anglais 
contemporain,  par  F.  Roz  (in-16,  Hachette).  —  Edgar  Poe,  par  E.  Lau- 
vrière  (in-16,  Bloud).  ^ — -  Les^Frères  Grimm,  leur  œuvre  de  jeunesse,  par 
E.  Tonnelat  (gr.  in-8.  Colin).  —  Les  Contes  des  frères  Grimm.  Étude  sur 
la  composition  et  le  style  du  recueil  des  «  Kinder-und  Hausmàrcheii  »  par 
E.  Tonnelat  (gr.  in-8,  Colin).  —  Novalis,  par  H.  Lichtenberger  (in-16, 
Bloud).  —  Pages  choisies  de  A.  Her/.en,  annotées  par  M.  Delines  (in-16. 
Mercure  de  France^.  —  La  Littérature  tchèque  contemporaine,  par  H.  Je- 
linek (in-16.  Mercure  de  France).  —  Foules  de  Jérusalem  et  solitudes  de 
Judée,  par  H.  Guerlin  (in-12  cartonné,  Tours,  Marne).  —  Le  Livre  de  la 
route,  par  J.  Joergensen;  trad.  du  danois  par  T.  de  Wyzewa  (petit  in-8, 


—  3$3  - 

Perrin).  —  Eusèb'e.  Histoire  ecclésiastique.  Livres  I-VIII;  texte  grec  et 
trad.  française  par  E.  Grapin  (2  vol.  in-12,  A.  Picard  et  fils).  —  Les 
Saints.  Saint  Ccsaire,  470-543,  par  l'abbé  M.  Lhaillan  (in-12,  Lecofîre, 
Gabalda).  —  Saint  Benoit,  sa  vie,  sa  règle,  sa  doctrine  spirituelle,  par 
D.  B.  Maréchaux  (in-16,  Beauchesue).  —  Chronologie  des  archevêques, 
évêques  et  abbés  de  l^ ancienne  province  ecclésiastique  d'Auch  et  des  diocèses 
de  Condom  et  de  Lombez,  loÛO-1801,  publiée  par  l'abbé  A.  Clergeac  (in-8, 
Champion).  —  La  Bienheureuse  Bonne  d^ Armagnac  (1434-1457),  avec  un 
aperçu  historique  sur  la  vie  et  Vinjluejice  de  sainte  Colette,  par  G.  Davai 
(in-16,  Bloud).  —  Luther  et  le  luthéranisme,  par  H.  Denifle;  trad.  de 
l'allemand  par  J.  Paquier  (2  vol.  in-12,  A.  Picard  et  fils).  —  L'An- 
cienne France.  Le  Bai,  par  F.  l'unck-Brentano  (in-8,  Hachette).  — 
Jeanne  d'Arc,  1429-1431;  l'itinéraire  d'une  sainte,  scènes  d'histoire,  notes 
et  éclaircissements,  par  E.  Roupain  (in-16,  Casterman).  ■ —  Le  Vieux 
Montmartre,  par  A.  Warnod  (in  18,  Figuière.) —  Sébastien  Zamet,  cvêque- 
duc  de  Langres,  pair  de  France,  1588-1655.  Sa  vie  et  ses  œuvres.  Les 
Origines  du  jansénisme,  par  L.-N.  Prunel  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  — 
Les  Grands  Ecrivains  de  la  France.  Mémoires  de  Saint-Simon,  nouvelle 
édition,  avec  notes  et  appendices  par  A.  de  Bcislisle,  L.  Lecestre  et  J. 
de  Boislisle.  T.  XXIV  (in-8,  Hachette).  — •  D' Artagnan,  capitaine  des 
mousquetaires  du  Boi,  par  C.  Samaran  (in-18,  Calmann-Lévy).  —  Une 
Grande  Dame  de  la  Cour  de  Louis  XV.  La  Duchesse  d' Aiguillon,  1726- 
1796,  par  P.  d'Estrée  et  A.  Gallet  (in-8,  Émile-Paul).  —  Histoire  de  la 
charité.  T.  IV.  Les  Temps  modernes  du  xvi®  au  xix^  siècle,  par  L.  Lalle- 
raand.  2«  partie.  Europe  (suite)  (gr.  in-8,  A.  Picard,  et  fils).  —  Lé- 
gendes et  curiosHés  de  l'histoire,  par  le  D'  Cabanes  (in-18  carré,  Albin 
Michel).  —  Histoire  de  la  Bévolution  jrançaise,  par  T.  Carlyle  (3  vol. 
in-16,  Alcan).  —  Le  Gouvernement  révolutionnaire  (10  août  17,92-4  bru- 
maire an  IV),  par  p.  Mautouchet  (gr.  in-8,  Cornély).  —  Les  Beclus  de 
Toulouse  sous  la  Terreur.  Begistres  officiels  concernant  les  citoyens  empri- 
sonnés comme  suspects,  publiés  et  annotés  par  le  baron  R.  de  Bouglon. 
3^  fasc.  Les  Citoyennes  recluses  dajis  la  ci-devant  maison  de  Saint-Sernin 
(gr.  in-8,  Toulouse,  Privât).  —  Napoléon  I^^,  son  œuvre  au  dedans  et  au 
dehors,  par  J.  Dontenvilîe  (ia-18,  Jouve).  — ■  Delphine  de  Sabran,  mar- 
quise de  Custine,  par  G.  MaugraB  et  le  comte  P.  de  Croze-Lemercier 
(in-8,  Plon-Nourrit).  —  1812.  La  Guerre  de  Bussie,  notes  et  documents, 
par  A.  Chuquet  (in-8,  Fontemoing).  —  La  Police  politique,  chronique 
des  temps  de  la  Bestauration,  1815-1820,  par  E.  Daudet  (in-8,  Plon-Nour- 
rit).  —  La  Censure  en  1820  et  1821.  Étude  sur  la  presse  politique  et  la 
résistance  libérale,  par  A.  Crémieux  (gr.  in-8,  Cornély).  —  La  Bévolution 
de  Février,  étude  critique  sur  les  fournées  des  21,  22,  23  et  24  février  1848, 
par  A.  Crémieux  (gr.  in-8,  Cornély).  —  La  Propagande  bonapartiste  en 
1848,  par  Robert-Pimienta  (in-8,  Cornély).  ■ —  Les  Saints.  La  Vénérable 
Emilie  de  Bodat  (j 787-1852),  par  Mgr  .J.-F.-E.  Ricard  (in-12,  Lecoffre, 
Gabalda).  —  Frédéric  Ozanam  d'après  sa  correspondance,  par  Mgr  Bau- 
nard  (in-8,  J.  de  Gigord).  —  Lacordaire,  d'après  des  documents  inédits, 
son  œuvre,  sa  survie  et  son  actualité,  par  l'abbé  L.  Pauthe  (in-8,  Lecofîre, 
Gabalda).  —  Lacordaire,  door  E.  J.  B.  Jansen  (2  vol.  in-8,  Bruges,  Des- 
clée.  de  Brouwer).  —  Les  Origines  de  la  guerre  de  1870.  La  Candidature 
Hohenzollern,  1868-1870,  par  P.  Lehautcourt  (général  Palat)  (in-8,  Ber- 
.  ger-Levrault).  —  Alfred  de  Vigny,  ses  amitiés,  son  rôle  littéraire,  par  E. 
Dupuy.  T.  II.    (in-18,  Société  française  d'imp.  et  de  librairie).  —  Vie  de 


—  364  —  • 

Mgr  iVHulst,  par  Mgr  A.  Baiidrillart.  T.  I  (in-8,  J.  de  Gigord).  —  Fem 
mes  (rautrefois,  hommes  d^ aujourd'hui,  par  le  comte  d'Haussonville  (petit 
iu-8,  Pcrria).  —  Parmi  les  cyprès  et  les  lauriers,  par  le  marquis  de  Ségur 
iin-8,  EmilcPaul).  —  Sites  et  personnages,  par  E.  Pilon  (in-18,  Grasset). 
—  Les  Reliques  et  les  images  légendaires,  par  P.  Saint\  \'es  (in-16,  Mercitre 
de  France).  —  Ce  qu'on  a  fait  de  l'Eglise,  (tude  d' histoire irelipieuse,  avec 
une  humble  shpplique  à  Sa  Sainteté  le  pape  'Pie  X,  par  //^(in-lG, 
Alcan).  —  Lettres  à  la  Croix.  Le  Christ  régnant  (in-li',  Jouve).  —  La 
Lutte  scolaire  en  France  au  dix-neùcième  siècle,  par  F.  Buisson,  L.  Cahen, 
A.  Dessoye,  E.  Fournière,  G.  Latreille,  R.  Lebey,  R.  Lévy,  C".  Seignobos, 
G.  Schmidt,  J.  TcheraofT,  E.  Toutey  (in-8  cartonné,  Alcan).  —  Quelques 
œuvfes  et  quelques  ouvriers,  par  E.  Lamy  (iu-16,  Blond).  —  Ce  que  je 
peux  dire,  par  A.  Me.  er  (iu-16,  Plon-Nourrit).  —  Petits  Mémoires,  par 
E.  Gebliart  (in-IG,  BloudV  —  La  Politique  de  l'équilibre  VJ07-i9]\,  par 
G.  Ilanotaux  (in-lC,  Plon-Nourrit).  —  Cronica  oficial  de  las  fiestas  del 
primer  centenario  de  la  independencia  de  Mexico,  publicada  bajo  la  direc- 
cion  de  G.  Garcia  (in-folio,  Mexico,  Mvser.  nacional).^ — •  Segells  del  temps  de' 
Jaume  I,  pw  Ferrân  de  Sagarra  (gr.  in-8,  Barcelona,  Atés).  — •  Essai 
de  bibliographie  pour  servir  à  l'Jiistoire  de  l'empire  ottoman.  Fasc.  I.  Reli- 
gion. Mœurs  et  coutumes,  par  G.  Auboyneau  et  A.  Fevret  (in-8,  Leroux). 

'ViSENOT. 


Le  Gérant  :  CHAPUIS. 


Imprimerie  polyglotte  Fn.  Simon,  Rennes. 


POLYBIBLION 

REVUE  RITILIOGUAPIIIÛLE  UNIVERSELLE 


PHILOSOPHIE 

Philosopiite  chnérale.  —  Psychologie.  —  1.  Criteriologia  scholastica,  auctoribus 
coHogit  Ai-Piiojvsus  M*  Ribo  et  Balbuf.na.  Barcinone,  Subirana,  1911,  in-16  de 
109  p.,  2  fr.  —  2.  La  Psychologie  par  !es  textf^x,  par  J.-F.  Renaui.d  et  M.  MAtnK. 
Pa'is,  Alcan,  '.911,  in-18  cartonné  de  yi-296  p.,  2  fr.  50. —  3.  Aile  jonti  delta 
vit'!,  d."  D""  WiLi-TAM  Mac.ke.n7.if.  Genova,  P'Tmiggini,  1912,  gv.  in-8  de  387  p., 
avec  ()  pi.  —  4.  Précis  de  psychologie,  par  Hermann  Ebbinghaus;  trad.  sur  la 
2"  éd.  allemande  par  G.  Raphaël  et  revu  «ur  la  3«  éd.  allemande  par  le  D'' 
(f.  Revmilt  d'ALONisES.  Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  vi  322  p.,  avec  If.  fig., 
5  fr.  —  5.  Identité  e*  réalité,  par  Emile  Meykrson.  2«éd.  Paris,  Alcan,  19:2,  in-8 
de  XTX  542  p.,  10  fr.  —  G.  Les  Concepts  de  la  raison  et  les  lois  de  Cunivers,  par 
Eugène  de  Robfrty.  Paris,  Alcan,  '9' 2,  in-16  de  179  p.,  2  '"r.  50.  —  1.  Le 
Sens  et  la  valeur  de  la  vie,  par  Rudolf  Eucken;  trad.  de  l'allemand  par  Marie- 
Anne  HuLLET  et  Alfred  Leicht.  Paris,  Alcan,  1912,  in-16  de  vin-202  p., 
2  fr.  50.  —8.  la  Destinée  de  V h mim.',  par  C,  Piat.  2«  éd.  Paris,  Alcan,  1912, 
in-8  de  vii-248  p.,  5  fr.  —  9.  Y  a-t-il  un  Dieu?  Y  a-t-il  une  sur«ie  de  l'âme  après 
la  mort?  par  Hr.  ^^  Hugon.  Pan';,  T  v  ni,  ''9'2,  in-16  de  vii-207  p.,  2  tr.  —  10. 
Prescienct  divin,  et  liberté  humaine,  par  l'abbé  L.  Cristiani  (Collection  Science  et 
Religion).  Paris,  Ploud,  19^2,  in-16  de  72  ;j  ,  0  fr.  60.  —  11.  Œuvres  philoso- 
phiques choisies  de  David  Hume;  trad.  de  l'anglais  p;  r  Maxime  David.  1.  Essai 
sur  l'entendement  humain.  Dialogues  sur  la  religion  naturelle.  Paris,  Alc.nn,  1912, 
in-8  de  xx\n-^04  p.,  5  fr.  —  12.  Mélanges  de  philosophie  relati'nsle,  contribution 
à  la  culture  philo'iophique,  par  G.  Rimmfl;  t"ad.  de  l'allemand  par  M""  A.  Guil- 
LAiN.  Paris,  Alcrn,  1912,  in-8  de  vt-268  p.,  5  fr. 

Morale  et  Sociologie.  —  13.  Morale  et  moralité,  essai  sur  Vintutiion  morale,  par 
Paul  Solli-^r.  Paris,  Alcan,  1912,  in-16  de  20'i  p.,  2  tr.  50.  —  14.  La  Morale  et 
l'intérêt  daiis  les  rapports  individuels  et  internationaux,  p"r  J.  Novico%v.  Paris, 
Alcan,  19'2,  in-8  de  243  p.,  6  fr,  —  15.  Im  Morale  par  FÉt^f,  par  André  Mar- 
cE^ON.  Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  vi-S04  p.,  5  fr.  —  16.  Études  de  morale,  par 
F.  Rauh.  Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  xxv-50'^  p.,  10  fr.  —  17.  L'Action  crimi- 
nelle, étude  de  philosophie  pratique,  par  Henri  Uitin.  Paris,  Alcan,  19'2,  in-8  de 
268  p.,  5  fr.  —  18.  Ce  qu'il  faudra  toujours,  par  C.  Wagner.  Paris,  Colin,  1912, 
in-18  de  ni-'"9"'  p.,  3  fr.  50.  —  19.  Posit'V'sme  et  catholicisme,  à  propos  de  n  l'Action 
française  »,  p  T  L.  Laberthonmère.   Paris,  Ploud,  1911,  in-16  de  430  p.,  3  fr.  50. 

Histoire  et  HniTiQUE.  —  20.  Initiation  philosophique,  par  Emile  Faguet.  Paris. 
Hachette,  1912,  in-16  de  172  p.,  2  fr.  —  21.  Etudes  de  philosophie  ancienne  et  de 
philosophie  moderne,  par  V.  Brochard,  recueillies  et  précédées  d'une  Introduc- 
tion par  V.  Drlbos.  Paris,  Alcan,  ^912,  in-8  de  xxvtii-560  p.,  10  fr.  —  22. 
Les'  Grands  Philoso-jhes.  Moînonide,  nar  Louis-Germain  Lévy.  Ppris,  Alcan,  1912, 
în-8  de  ''SG  p.,  5  fr.  —  23.  La  Paix  dans  'a  vérité _  étude  sur  la  personnalité  de 
saint  Thomas  d'Aquin,  par  Bernard  Allô.  (Collection  Science  et  Religion.) 
Pari-;.  Bloud,  1911,  in-16  de  63  p..  O'r.  PO.  — 24.  Malebranche.  pir  J.  Martin. 
{V.c\\]9,e.ih-\n  Science  et  Religion).  Paris,  Blond,  1911,  in-16  de  64  p.,  0  fr.  60.  —25. 
Berhele'i,  par  J^.an  Didier.  (C/)llection  Science  et  Religior).  Paris,  .Ploud,  1911, 
în-16  de  71  p.,  0  fr.  60.  —  26.  Condillac.  par  Jean  Didier  (Collection  Science  et 
Religior)  Paris,  Ploud,  19' 1.  in-16  de  64  p.,  0  fr.  60.  —  27.  Pierre  Leroux,  par 
J.-Fi.  Fidao-Justiniani  (Collection  Science  et  Religion).  Paris,  Floud,  1912,  in- 
16  de  64  p..  0  fr.  60.  —  28.  Guyau.  par  Paul  Arohambault.  (Collection  Science 
tt  Religior).  Paris,  Blond,  1911,  in-ifi  de  63  p.,  0  fr.  60.  —  "9.  Léon  Ollé-La- 
prun,,  par  George  Fonsegrive  (Collection  Science  et  Relisior).  P-^ris,  Blond, 
1911.  in-16  de  64  p.,  0  fr.  60.  ■ —  30.    Le  Problème  religieux  dans  la  philosophie  de 

Mai  1912.  T-  CXXIV.  25. 


—    386  — 

Vaction  M.  (Maurice  Blonde!  et  le  P.  Laberthonnicrr),  par  Tu.  Cremer.  Parii^, 
Mr-an,  1911,  in-8  de  xn-112  p.,  3  U\  —  31.  Essais  sur  la  sensibilité  contempo- 
raine, p-r  Rai'iiaE-.  Cm.  Paris,  Falque,  1912,  in-16  de  209  p.,  3  fr.  Ll.  #■ 

Philosophie  générale.  —  Psychologie.  —  1.  i^orsqu'on  vient 
de  lire  quelque  logistique  ou  quelque  critique  accommodées  au  goût 
du  join",  il  semble  qu'on  respire  dans  un  air  pur  ou  qu'on  se  baigne 
dans  une  eau  limpide  en  ravivant  son  esprit  dans  la  clarté  et  la  santé 
de  qi  elque  livre  d'antique  doctrine,  tel  que  la  Criferiologia  scolastica 
de  Ri;  ô.  On  s'y  convainc  qu'il  y  a  une  vérité;  que  l'âme  peut  l'at- 
teindre par  l'expérience,  la  raison  et  la  foi;  que  des  gignes  et  des 
moyens  lui  sont  offerts  pour  la  distinguer  de  l'erreur;  que  par  sou 
évidence  immédiate  ou  médiate,  intrinsèque  ou  extrinsèque,  elle 
produit  en  nous  la. certitude;  on  écarte  alors  les  fantômes  du  phéno- 
ménisme,  du  subjectivisnie,  du  scepticisme,  et  on  remercie  les 
guides  prudents  et  sages  qui  dirigent  nos  pas  à  travers  ces  spectres 
inconsistants  et  sinistres. 

2.  —  De  même  qu'on  n'enseigne  guère  la  minéralogie  sans  des  col- 
lections dans  lesquelles  sont  rangés  des  fragments  de  granit,  de  schiste, 
de  quartz,  ou  l'entomologie,  sans  des  plaques  de  liège  sur  lesquelles 
sont  piqués  des  insectes,  de  même  la  psychologie  est  illustrée  et  con- 
firmée par  les  faits  de  conscience  en  lesquels  se  réalisent  ses  lois. 
C'est  pour  aider  à  ces  rapprochements  entre  les  choses  et  les  concepts, 
que  Mesdemoiselles  Renauld  et  Maire  ont  recueilli  des  textes  signi- 
ficatifs où  s'expriment  des  sentiments,  des  émotions,  des  passions, 
où  se  développent  des  idées,  des  raisonnements,  des  hypothèses,  où 
se  formulent  des  indications,  où  se  précisent  des  méthodes,  qui  décri- 
vent, traduisent  ou  dirigent  la  vie  affective  et  la  vie  intellectuelle. 
Les  extraits,  empruntés  à  toutes  les  littératures,  sont  variés,  et  géné- 
ralement bien  choisis.  Il  fallait  s'attendre  —  puisque  la  Psychologie 
par  les  textes  Q^l  àe^imée.  aux  lycées  de  jeunes  filles  —  que  l'esprit 
de  ce  livre  soit  laïque.  Dans  la  bibliographie  figurent  des  ouvrages 
de  Renan,  de  Taine,  de  G.  Sand,  dont  nous  ne  conseillerions  pas  la 
lecture  à  des  élèves.  Mais,  entre  Kant  et  Darwin,  les  jeunes  psycho- 
logues sont  invitées  à  consulter  V Imitation  de  Jésus-Christ,  et  ceci 
sera  peut-être  le  correctif  de  cela.  Remercions  les  auteurs  de  leur 
éclectisme. 

3.  —  Allé  jonti  délia  vita,  par  M.  William  Mackenzie,  com- 
prend six  chapitres  :  I.  La  génération  elte.nante,  par  laquelle  la 
nature  recherche,  fixe,  conserve  et  consacre  la  forme  individuelle 
sous  laquelle  apparaissent  d'abord  les  êtres  vivants.  IL  A  la  recherche 
de  la  personne;  les  individus  se  groupent  entre  eux;  à  mesure  qu'ils 
s'élèvent  dans  la  hiérarchie,  ils  forment  des  synthèses,  véritables 
colonies  dont  l'unité  est  artificielle.  III.  L'Unité  biologique;  elle  est 


—  387  — 

due  H  rélément  psychique,  idée  directrice,  qui  ordonne  les  manifes- 
tations et  les  phénomènes  suivant  un  processus  logique.  IV.  Énergie 
psychique  et  téléologique;  les  idées  se  concentrent  et  se  condensent 
dans  le  foyer  de  la  conscience  d'où  elles  semblent  .irradier  vers  une 
fin  à  laquelle  les  organismes  empruntent  et  doivent  leur  harmonie, 
V.  La  Morale  de  la  nature;  partout  sont  épars  et  visibles  des  élé- 
ments éthiques  qui  se  dégagent  de  la  masse  qui  les  contient,  se  puri- 
fient et  se  perfectionnent  progressivement,  Vï.  Vie  et  esthétique  des 
abîmes.  Des  germes  de  beauté  sommeillent  dans  les  régions  les  plus 
inférieures  de  l'univers;  ils  se  développent  par  un  progrès  incessant  et 
s'élèvent  jusqu'aux  sphères  seremes  et  splendides  de  l'art.  Donc  la 
nature  est  la  mystérieuse  source  d'où  jaillissent  la  vie,  la  pense  e,  la 
volonté,  le  vrai,  le  bien  et  le  beau.  Quatre  planches  merveilleusement 
coloriées  et  deux  autres  dessinées  en  noir  fournissent  des  preuves 
expérimentales  de  cette  thèse  étay.ée  par  un  appareil  scientifique, 
dont  le  seul  défaut  est  d'être  absolument  inefficace;  nulle  part  n'est 
expliqué  le  passage  de  la  matière  à  la  vie,  de  la  vie  à  la  pensée. 
Le  talent  et  le  style  brillant  et  imagé  de  M.  W.  Mackenzie  sont 
impuissants  à  opérer  cette  transformation.  La  biologie  peut  nous 
montrer,  peut-être,  comment  les  espèces  évoluent,  mais  elle  ne 
réussira  jamais  à  éliminer  l'Intelligence  souveraine  et  à  expliquer, 
sans  Elle,  l'œuvre  de  Dieu. 

4,  —  Depuis  la  première  édition  du  Précis  de  psychologie  d'ELbin- 
ghaus,  dont  il  a  été  rendu  compte  ici  même,  le  professeur  de  l'Uni- 
versité de  Halle  est  mort.  Son  livre  n'est  assure  ment  pas  négligeable, 
car  il  sait  observer,  classer  et  analyser  les  faits,  mais  ses  idées  sur 
la  liberté,  la  religion  et  autres  sujets  très  importants  sont  arbi- 
traires et  pernicieuses.  Ce  Précis  de  psychologie  se  fonde  sur  une  mé- 
taphysique très  erronée.  La  bibliographie  de  chaque  chapitre  fournit 
d'utiles  indications. 

5,  —  Je  suis  bien  aise  que  la  deuxième  édition  de  l'ouvrage  de 
M,  Emile  Meyerson  :  Identité  et  réalité,  me  permette  d'insister  sur 
la  valeur  exceptionnelle  de  cet  essai  de  conciliation  entre  l'expé- 
rience et  lintelligence.  Tout  système  cosmologique  devra  tenir  compte 
des  théories  scientifiques  commentées  et  discutées  par  un  penseur 
très  informé  des  tendances  contemporaines,  d'un  esprit  libre  et  péné- 
trant. On  trouvera,  dans  ces  pages,  un  préservatif  et  un  correctif 
contre  les  excès  de  l'intuitionnisme,  du  relativisme  et  de  l'idéalisme. 
Nous  regrettons  seulement  que  l'auteur  n'ait  point  déduit  ou  indiqué 
les  conclusions  métaphysiques  que  sa  critique  laisse  entrevoir,  auto- 
rise et  prépare. 

6,  —  «  Les  rapports  intercérébraux  qui  forment  l'essence  du  phé- 
nomène social,    modifient  la   Pérf'b^al't'i  nroanmnp   ot^  Iv?]   pCT'ni--vt?,2it 


—  388  — 

d'atteindre  des  idées  générales,  de  produire  des  concepts,  au  lieu  de 
s'arrêter   aux   images   et   aux    représentations   concrètes.    Le   terme 
sur-organique  n'a  pas  d'autre  signification...  »  Tel  est  l'énoncé  d'une 
des  thèses  les  plus  importantes  du    néopositivisme.  Si  ce  verbiage 
veut  dire  quelque  chose,  il  signifie  que  la  socic'té  rend  les  hommes 
capables  de   penser  et   de  connaître;  cela  expliquerait  sans  doute 
l'évolution  des  concepts  et  la  relativité  des  lois.  Seulement,  on  est 
poussé  à  demander  pourquoi  ces  «  rapports  intercérf'braux  »  n'ont 
pas  permis  aux  abeilles,  aux  castors  et  aux  fourmis  de  concevoir  des 
idées  générales  et  de  formuler  des  règles  traduisant  des  rapports 
constants  entre  les  choses?  Sans  doute  parce  que  «  leurs  cerveaux  » 
ne  sont  pas  habités  et  aninv'S,  comme  le  cerveau  humain,  par  un 
principe  simple  et  spirituel.  Lo  «  surorganique  »  ne  dérive  pas  du 
•    social    »,    mais    bien    plutôt    le    conditionne  et  le    produit.  Cette 
observation    enlève    toute    base    solide    aux  thèses  soutenues  par 
M.  de  Koberty,  dans  son  livre  ^qui  exprime  quelques  considf  rations 
justes  ou  ingénieuses)  :  Les  Concepts  de  la  raison  et  les  lois  de  l'uni- 
vers. 

7.  —  Le  Sens  et  la  valeur  de  la  vie,  par  M.  R.  Eucken.  Au  cours  des 
siècles,  plusieurs  solutions  ont    été  données  de  ce  problème  inévi- 
table et  angoissant.  «  La  perfection  et  le  bonheur  de  l'homme  con- 
sistent à  procurer  la  gloire  de  Dieu  »,  dit  la  religion.  Mais,  par  suite  des 
négations,  des  doutes,  et  aussi  des  aspirations  humaines,  «  la  religion 
ne  peut  plus  donner  un  appui  solide  à  l'homme,  ne  peut  pas  gou- 
verner la  vie,  ni  déterminer  son  sens  et  sa  valeur.  )>«  Le  système  de 
l'idéalisme  immanent,  avec  l'art  et  la  science,  n'est  pas  moins  (branlé 
aujourd'hui  que  celui  de  la  religion.  »  Le  naturalisme,  refusant  de 
reconnaître  à  l'homme  toute  qualité  spirituelle,  l'abaisse  au  rang 
d'une  chose  infime.  La  civilisation  sociale  ne  peut  vaincre   la  misère 
et  le  chagrin;  la  civilisation  individuelle  propose  à  notre  activité  des 
buts  irréalisables  et  incapables  de  nous  satisfaire.  Voici  le  terrain 
nettement  et  complètement  déblayé.  Mais  «l'idée  que  l'esprit,  inséré 
dans  la  nature,  est  véritablement  créateur  d'énergie  et  puise  en  lui 
la  force  de  hausser  toutes  choses,  de  se  hausser  lui-même,  pour  ainsi 
dire,  à  des  degrés  croissants  de  spiritualitt'  est  le  leit  motiv  de  ce  livre.  » 
Vous  avez  compris,  sans  doute,  cette  phrase  en  laquelle  M.  Bergson 
résume  la  théorie  d'Eucken?  Alors,  je  vous  conseille  de  vous  en  tenir 
là;  car  si  vous  essayez  de  m^'diter  la  seconde  partie  de  cet  ouvrage, 
vous  y  trouverez  l'éloge  de  la  vie  autonome,  de  la  vie  intérieure,  de 
la  vie  progressive,  de  la  vie  d'ensemble  opposce  à  la  vie  fragmen- 
taire et  dispersée;  et  vous  constaterez  que  tout  cela  est  nettement 
exprimé  et  prescrit  par  la  morale  chrétienne,  sans  les  confusions,  les 
obscurités,  les  contradictions,  les...  naïvetés  qui  déparent  la  pensée 


—  389  - 

quelquefois  profonde  et  toujours  nébuleuse  de  M.  Eucken,  qui  n'a  pas 
de  sens  en  dehors  du  panthéisme  contre  lequel,  cependant,  protes- 
terait peut-être  ce  philosophe. 

8.  —  La  Destinée  de  l  liowme,  par  M.  C.  Piat,  est  la  réédition  d'une 
excellente  étude.  Précisément,  à  propos  de  l'immortalité  de  l'âme, 
Eucken  affirme  :  «  La  question  conserve  trop,  beaucoup  trop  d'obs- 
curité pour  pouvoir  prendre  place  au  premier  plan  de  notre  vie...  )>, 
comme  si  toute  notre  vie  n'était  point  orientée,  dominée  et  gouvernée 
par  cette  croyance  ou  par  sa  négation  !  Le  savant  professeur  de  l'Ins- 
titut catholique  de  Paris  décèle  les  germes  d'une  vie  immortelle  dans 
la  qualité  et  1  intensité  des  faits  psychologiques,  dans  la  nature 
propre  et  dans  la  vie  spécifique  de  l'esprit.  11  écarte  quelques  preuves 
fondées  sur  la  simplicité  de  l'âme  et  leur  préfère  les  aspirations  et  les 
anticipations  de  la  pensée,  de  l'amour  et  de  l'action.  On  sait  qu'il  a 
heureusement  et  brillamment  développé  l'argument  tiré  de  la  loi 
de  finalité.  Cette  nouvelle  édition  est  complétée  par  des  notes  impor- 
tantes; nous  signalerons  celle  de  la  page  136  qui  met  au  point, 
d'après  de  récents  travaux,  la  théorie  des  localisations  cérébrales. 

9.  —  Y  a-l-il  un.  Dieu?  Y  a-i-il  une  survie  de  lame  après  la  rnort^ 
Tel  est  le  titre  du  livre  de  M.  H.  Hugon,  illustration  et  développe- 
ment de  la  preuve  de  l'existence  de  Dieu  et  de  l'immortalité  de 
l'âme  tirée  du  consentement  de  tous  les  peuples.  Cet  accord  pro- 
vient de  la  raison  qui  démontre  ces  vérités  et  de  la  douleur  qui  les 
postule.  L'auteur  fait  défiler  tous  les  peuples  et  constate  qu'ils  ont 
tous  plus  ou  moins  obéi  à  l'exhortation  du  psalmiste  :  «  Laudate 
Dominum  omnes  génies  ».  —  Ces  pages  de  lecture  facile  sont  de  nature 
à  fortifier  et  à  éclairer  les  âmes  de  bonne  volonté. 

10.  —  Prescience  divine  et  liberté  humaine,  par  M.  l'abbé  L.  Cris- 
tiani.  La  question  posée  en  cet  opuscule  n'est  pas  nouvelle,  mais 
elle  est  présentée  d'une  manière  personnelle  et  bien  résolue.  L'idée 
de  valeur  exige  l'idée  de  Dieu.  Dieu  est  nécessairement  éternel.  11  a 
créé  1  homme  libre.  La  prévision  de  nos  actes  est  une  propriété  essen- 
tielle de  1  Intelligence  infinie.  Cette  prescience  peut  s'expliquer  parla 
connaissance  des  décrets  divins  ou  par  la  vision  des  actes  contingents 
des  créatures.  La  théorie  bergsonnienne  d'une  durée  inhérente  aux 
événements  et  constitutive  des  êtres  n'empêche  pas  une  science 
éternelle  qui  la  conçoit  idéalement  de  l'embrasser  simultanément. 
M.  Cristiani  se  meut  avec  aisance  parmi  ces  notions  abstraites  qu'il 
expose  avec  élégance. 

11.  —  Je  ne  sais  s'il  est  aucun  philosophe  qui  doive  porter,  à  égal 
degré,  la  responsabilité  des  théories  les  plus  néfastes  que  l'auteur  du 
Traité  de  la  nature  humaine.  Le  positivisme  est  contenu  tout  entier 
dans  sa  négation  de  l'idée  de  cause,  l'idéalisme  dans  ses  attaques 


—  390  — 

contre  la  substance,  l'incrédulité  dans  son  naturalisme  religieux,  le 
scepticisme  dans  sa  théorie  de  la  connaissance.  Mais  on  réfute  trop 
souvent  ses  idées  sans  les  connaître.  Ses  œuvres  psychologiques, 
traduites,  il  y  a  trente-cinq  ans,  par  pillon,  ne  sont  guère  répandues 
et  ses  œuvres  économiques,  plus  récemment  traduites  par  Fromentin, 
n'int 'ressent  qu'indirectement  les  philosophes.  M.  Maxime  David 
nous  donne  le  premier  volume  des  Œuvres  philosophiques  choisies  de 
Vessayist  anglais;  il  comprend  son  Essai  sur  l'entendement  humain 
et  ses  Dialogues  sur  la  religion  naturelle.  Le  traducteur  s'est  efforcé 
de  rendre  très  exactement  la  pensée  de  Hume;  son  livre  est  précédé 
d'une  préface  de  M.  LévyBruhl,  qui  est  lui-même  un  ennemi  déclaré 
de  la  m  taphysique. 

12. —  Les  Mélanges  de  philosophie  relatii>iste  sont  un  recueil  de  frag- 
ments découpés  en  divers  ouvrages  du  professeur  de  philosophie  à 
l'Université  de  Berlin,  G.  Simmel.  Parmi  ces  extraits,  les  uns  se 
rapportent  à  la  métaphysique  (de  l'essence  de  la  philosophie;  méta- 
physique de  la  mort;  les  formes  de  l'individualisme;  sur  la  notion  de 
valeur),  d'autres  à  la  psychologie  (■  ociologie  des  sens;  la  philosophie 
de  l  aventure),  ou  à  l'esthétique  (le  Christianisme  et  l'art;  le  Réa- 
lisme en  art;  l'aspect  des  ruines;  Venise;  l'œuvre  de  Rodin),  ou  à  la 
sociologie  et  à  la  religion  (la  Religion  et  les  contrastes  de  la  vie;  le 
Matérialisme  historique;  la  Responsabilité  juridique),  ou  enfin  à  la 
critique  (le  But  de  la  vie  dans  les  philosophies  de  Schopenhauer  et  de 
Nietzsche).  L'auteur  se  tient  en  dehors  et  à  côté  des  systèmes, 
attentif  à  saisir  et  préoccupé  de  montrer  les  aspects  suggesti  s  des 
questions,  à  dégager  les  conclusions  qui  en  dérivent,  à  noter  les 
réflexions  qu'elles  inspirent  et  les  antinomies  qu'elles  récèlent.  M.  Sim- 
mel semble  se  rattacher  au  kantisme  à  travers  Hegel.  C'est  un  esprit 
distingué  et  perspicace  dont  la  faiblesse  est  de  ne  savoir  ou  vouloir 
se  fixer  à  aucune  affirmation  précise  et  solide.-  Ces  pages  choisies  sont 
traduites  par  M"^  Guillain  dans  une  langue  claire  et  attrayante. 

Morale  et  Sociologie. —  13. —  Le  domaine  moral  est  indéterminé, 
car  les  actes  considérés  comme  moraux  sont  diversement  appréciés  et 
qualifiés,  suivant  qu'on  les  juge  au  point  de  vue  légal,  social,  profes- 
sionnel ou  naturel.  Cela  vient  de  ce  que  la  règle  objective  est  instable, 
imparfaite,  relative,  transitoire,  arbitraire,  l'ensenible  des  rapports 
qui  relient  les  hommes  entre  eux  étant  variable  comme  ces  rapports 
eux-mêmes.  Il  ne  faut  donc  pas  essayer  de  formuler  un  système  de 
morale  théorique:  la  biologie  n'en  contient  pas  les  germes,  la  socio- 
logie n'en  explique  pas  les  préceptes,  la  métaphysique  n'en  démontre 
pas  les  principes,  la  religion  n'en  justifie  pas  les  obligations,  11  n'y  a 
que  des  devoirs  envers  Dieu;  or  l'expérience,  la  raison,  le  sertinient 
ne   découvrent  aucune  manière  d'agir  nécessaire  et  immuable;  le 


—  391  — 

problème  moral  t^st  donc  insoluble.  Heureusement,  nous  pouvons 
recourir  à  la  moralité,  «  tendance  à  percevoir  intuitivement  ou  à 
rechercher  par  réflexion  les  rapports  exacts  des  hommes  entre  eux, 
et,  une  foie  ceux-ci  perçus,  reconnus  et  déterminés,  à  sentir  le  besoin 
d'y  conformer  le  mieux  possible  ses  actes  »  (p.  96).  La  moralité  est 
fonction  de  la  constitution  même  de  Ihomme.  Les  racines  de  la  mo- 
ralité sont  des  émotions  de  la  sensibilité  qui  deviennent  des  règles  de 
conduite  lorsque  s'y  joignent  les  éléments  d'obligation  et  la  cons- 
cience de  la  fixité  et  de  la  généralité  des  règles  qui  en  dérivent.  Les 
deux  grandes  classes  de  nos  devoirs  auxquels  tous  les  autres  se  rap- 
prochent sont  l'assistance  et  la  justice.  Tel  est  le  résumé  de  Morale 
et  moralité  par  M.  SoUier.  Pareil  système  (exposé,  du  reste,  avec  ta- 
lent, mais  non  sans  recours  à  des  notions  métaphysiques  partout 
supposées)  est  la  négation  absolue  de  la  morale,  qui  (!st  non  pas  la 
constatation  de  ce  que  nous  faisons,  mais  la  justification  de  ce  que 
nous  devons  "  faire. 

14.  —  La  morale  n'a  qu'une  base  solide  :  l'intérêt;  l'altruisme  n'est 
qu'un  égoïsme  déguisé;  une  action  est  rr.auvaise,  uniquement  parce 
que  contraire  à  celui  qui  la  commet.  C'est  la  science  sociale  qui  nous 
permet  de  distinguer  les  actions  bienfaisantes  des  actions  malfai- 
santes. Le  devoir  essentiel  est  de  ne  pas  attaquer,  ce  qui  abolit  le 
droit  de  défense,  et,  par  conséquent,  toute  possibilité  de  conflit. 
L'intérêt  se  confond  ainsi  avec  la  justice  qui  constitue  la  paix  entre 
les  citoyens  d'un  n^ême  État,  les  diverses  nations  entre  elles  et  enfin 
tous  les  membres  de  la  grande  famille  humaine;  le  triomphe  de  la 
morale  est  identique  à  la  fédération  du  genre  humain.  Ces  idées  sont 
développées  dans  le  livre  de  M.  Novicow  :  La  Morale  et  l'intérêt  dans 
les  rapports  individuels  et  internationaux.  L'auteur  se  défend  d'être 
matérialiste,  et  il  faut  lui  donner  acte  de  sa  protestation;  cependant 
il  est  difficile  de  ne  pas  infliger  cette  épithète  à  une  morale  purement 
utilitaire. 

15.  —  On  peut  dénier  à  l'État  la  fonction  d'enseigner,  et  plus  d'un 
excellent  esprit  la  lui  conteste;  mais,  s'il  s'arroge  ce  droit,  il  est  in- 
dispensable qu'il  enseigne  une  morale.  Jusqu'à  présent,  il  n'a  guère 
réussi  dans  l'accomplissement  de  cette  tâche.  M.  André  Marceron, 
dans  son  livre  intitulé  :  La  Morale  par  l'Etat,  prétend  lui  fournir 
les  moyens  de  s'en  acquitter.  L'État  ne  peut  prendre  pour  base  le» 
croyances  religieuses,  puisqu'il  aime  à  se  dire  athée,  ni  les  principes 
métaphysiques,  car  de  quel  droit  choisirait-il  entre  les  systèmes?  ni 
les  th'ories  scientifiques  qui  supposent  des  postulats  m<^taphysiques; 
restent  les  bases  sociologiques  dont  il  faut  éliminer  tous  les  éléments 
qu'elles  pourraient  emprunter  à  la  croyance,  à  la  niHaphysique  et  à 
la  science.  On  ne  voit  guère  que  la  loi,  le  respect  de  la  loi,  la  sou- 


—  392  — 

mission  à  la  loi  sur  laquelle  il  soit  permis  de  s'appuyer.  La  deu- 
xième partie  (riche  en  observations  justes  et  en  sages  conseils)  montre 
comment  il  faut  appliquer,  pour  atteindre  ce  but,  les  méthodes 
pédagogiques.  Naturellement,  cette  «  morale  »  autorisera  beaucoup 
de  vices,  notamment  l'orgueil,  la  luxure  et  presque  tous  les  péchés 
capitaux,  car  la  loi  et  la  morale  ne  se  ressemblent  guère  plus  que 
le  chien  constellation  et  le  chien  animal  aboyant.  C'est  qu  en  effet, 
l'Etat  est  incompétent  en  cette  matière  et  ne  peut  rien  «  enseigner  »; 
il  doit  se  borner  à  réprimer  les  actes  extérieurs  incompatibles  avec 
l'ordre  social.         ^> 

16.  —  Des  disciples  et  des  admirateurs  de  F.  Hauh  ont  recueilli, 
sous  le  titre  d'Études  de  morale,  des  leçons  données  par  ce  philosophe 
à  l'École  normale  supérieure  :  Critique  des  théories  morales;  ni  la  bio- 
logie, ni  l'histoire,  ni  la  raison,  ni  le  sentiment  ne  peuvent  édicter  une 
règle  de  conduite,  théoriquement  justifiable  ou  pratiquement  efficace. 
La  croyance  morale  consiste  dans  une  affirmation  de  valeurs  incom- 
mensurables, dépendant  elle-même  des  résultats  modifiables  et  pro- 
gressifs d'une  enquête  perpétuelle  sur  les  conditions,  les  rapports  et 
les  conséquences  de  nos  actions.  La  Patrie  :  elle  est  une  réalité  exigée 
par  le  développement  individuel  et  la  division  du  travail  social; 
elle  fait  naître  un  sentiment  qui  se  combine  avec  des  croyances  reli- 
gieuses, des  formes  de  gouvernement,  des  préoccupations  écono- 
miques, des  éléments  ethnographiques  et  géographiques,  des  intérêts 
particuliers  et  internationaux.  La  Justice  :  tous  la  veulent  et  l'exi- 
gent; presque  personne  ne  la  définit  de  la  même  manière.  Pour 
choisir  entre  les  tendances  sociales,  il  nous  faut  faire  appel  à  la  cons- 
cience individuelle.  La  philosophie  n'a  rien  à  faire  en  ces  questions; 
la  tâche  du  philosophe  consiste  à  démontrer  son  impuissance.  Ques- 
tions de  philosophie  morale.  Qu'est-ce  que  la  certitude  morale?  Quel 
est  son  contenu  et  son  objet?  Quelle  valeur  faut-il  lui  attribuer?  La 
seule  conclusion  qu'autorise  l'expérience,  éclairée  par  la  réflexion, 
c'est  qu'il  y  a  de  l'ordre  dans  la  nature  ccmme  dans  nos  pensées. 
F.  Rauh  se  révèle  tout  entier  dans  ce  livre  posthume,  avec  la  péné- 
tration aiguë,  l'inquiétante  souplesse,  l'apparente  mod»  ration,  le  maté- 
rialisme idéaliste  qui  caractérisent  la  race  juive,  dont  il  fut  l'un  des 
types  les  plus  représentatifs  et  l'un  des  penseurs  les  plus  dissolvants; 
l'ombre  délétère  de  1'  «  Affaire  »  plane  sur  les  pages  de  ce  livre  et 
détermine  les  aspects  et  les  contours  des  questions  qui  y  sont  trai- 
tées. 

17.  —  Si  l'on  s'en  tient  à  l'historique  de  la  pénalité,  on  peut  se  con- 
vaincre que  les  actes  donnant  lieu  aux  peines  administrées  par  les 
juridictions  répressives  sont  loin  d'être  fixés  par  le  droit  criminel, 
essentiellement  variable  et  évolutif.   Pourtant  être  criminel,  c'est 


A 


—  393  — 

désobéir  à  la  loi  pénale.  Les  causes  du  crime  sont  des  mobiles  ou  des 
motifs  provenant  de  la  sensibilité,  de  Tintelligence,  de  Timagination, 
des  tendances  individuelles  et  des  impulsions  sociales.  Les  remèdes, 
ou  plutôt  le  remède,  c'est  l'association  dont  l'influence,  les  sympa- 
thies, 1(!S  secours  réprimeront  ou  empêcheront  les  instincts  désor- 
donnés, favoriseront  les  inclinations  honnêtes.  Il  y  a  beaucoup  à 
prendre  dans  le  livre  de  M.  Urtin  :  L'Action  crimiiidle,  quoique  sa 
définition  du  crime  soit  uîi  cercle  vicieux,  car  c'est  parce  qu'un  acte 
est  considéré  eorame  criminel  que  la  loi  le  punit,  et  non  parce  qu'il 
est  puni  qu'il  doit  être  tenu  pour  criminel.  Le  chapitre  intitulé  :  Le 
Criminel  supérieur  nous  offre  des  affirmations  telles  que  celle-ci  :  «  Le 
jour  où  l'apôtre  de  philosophe  devient  acteur,  de  penseur  devient 
agissant,  il  devient  aussi  criminel  «  (p.  19')).  Cela  dépend  do  sa  «  phi- 
losophie »  et  de  sa  «  pensée  ».  Le  principe  des  erreurs  de  M.  Urtin,  qui 
semble  être  un  esprit  judicieux  et  délié,  c'est  sa  confiance  en  M.  Durk- 
heira,  sociologue  surfait  et  néfaste. 

18.  —  Ce  qu'il  faudra  toujours,  par  M.  C  Wagner.  Il  faudra  toujours 
croire  à  la  valeur  de  la  vie  des  choses  et  des  êtres,  se  proposer  un 
idéal,  l'embellir  par  la  poésie,  chercher  à  l'atteindre  par  une  volonté 
énergique,  capable  d'initiative,  de  sacrifice  et  même  d'héroïsme, 
savoir  attendre  et  savoir  souffrir,  contracter  de  bonnes  habitudes  et 
conserver  sa  bonne  humeur,  être  fidèle  à  ses  convictions  et  docile 
aux  inspirations  que  le  génie  répand  dans  les  âmes;  enfin,  il  nous  faut 
un  Dieu  plus  vivant  que  nous,  qui  nous  apprenne  à  vivre,  à  aimer 
et  à  mourir.  Des  âmes  généreuses  et  délicates  se  déclarent  ravies  des 
ouvrages  de  M.  le  pasteur  Wagner;  elles  le  déclarent  pénétrant, 
émouvant  et  éloquent;  il  est  incontestable  qu'il  est  préoccupé  d'éle- 
ver les  âmes,  de  leur  donner  le  goût  de  la  réflexion  et  de  la  vie 
intérieure.  Mais  pourquoi  est-il  si  imprécis  et  si  vague,  si  ennemi  des 
formules  et  des  dogmes?  Cette  prétendue  largeur  d'esprit,  cet  indiffé- 
rentisme  doctrinal  s'adaptent  mal  aux  prescriptions  morales  dont  on 
ne  saisit  le  principe,  la  raison,  ni  le  motif. 

19.  —  M.  Laberthonnière,  dans  son  livre  :  Positivisme  et  catholi- 
cisme, s'en  prend  aux  doctrines  de  l'Action  française.  Il  dénonce, 
dans  une  première  partie,  l'alliance  entre  les  positivistes,  tels  que  M. 
Maurras,  et  les  catholiques  qui  consentent  à  s'unir  à  lui  et  à  ceux 
qui  lui  ressemblent  pour  rétablir  l'ordre  social  et  la  monarchie.  Il 
condamne,  comme  étant  immorale  et  antichrétienne,  la  recherche  des 
résultats  et  s'efforce  de  démontrer  qu'on  ne  peut  accepter  l'appui  des 
agnostiques  et  des  incrédules  sans  être  leur  dupe  et  leur  complice. 
Il  développe  et  défend  ses  idées  —  un  peu  longuement  peut-être  — 
avec  son  talent  souple  et  fin.  Mais  que  répondrait  il  à  ceux  qui  lui 
diraient  :  «  L'Action  française  n'exclut  pas  les  vrais  catholiques,  tels 


—  394  — 

que  MM.  Dimier,  de  Vezins,  de  Boisfleury,  Léon  Daudet  et  un  grand 
nombre  d'autres  intrépides  et  vigoureux  lutteurs.  Nous  déplorons  de 
toutes  nos  forces  l'incroyance  de  M.  Charles  Maurras,  en  qui  nous 
admirons  une  pénétrante,  profonde  et  cohérente  doctrine, en  matière 
sociale  et  politique;  mais,  considérant  la  République  comme  la  cause 
ou  la  condition  de  tous  les  maux  dont  souffre  notre  pays,  nous  somme» 
reconnaissants  à  tous  ceux  qui  s'efforcent  de  la  renverser,  et  nous  nous 
garderions  bien  de  repousser  les  Français  clairvoyants  et  désintéressés 
qui  s'unissent  à  nous  pour  accomplir  cette  œuvre  nécessaire  de  salut 
public,  d'honnêteté  et  même  de  salubrité.  Nous  regrettons  qu'il  y  ait 
des  monarchistes  incrédules  (ce  qui  est  une  inconséquence,  dont  nous 
espérons  que  leur  bon  sens,  éclairé  et  secouru  par  la  grâce  de  Dieu,  leg 
délivrera),  mais  nous  constatons  qu'il  y  a  un  certain noiubre  de  démo- 
crates qui  sont  dans  le  même  cas,  et  cela  n'empêche  pas  un  trop 
grand  nombre  de  catholiques  de  se  dire  et  d'être  encore  républi- 
cains ». 

Histoire  et  Critique. — 20. — M.  Emile  Fagu et  a  entrepris  de 
résumer  en  170  pages  toute  l'histoire  de  la  pensée  humaine;  il  y  a 
réussi,  bien  qu'il  ne  parût  pas  prédestiné  à  cette  tâche.  A  quoi 
M.  Faguet  ne  réussit-il  pas?  Une  fo's  de  plus,  nous  avons  pu  appré- 
cier sa  remarquable  intelligence  et  sa  prodigieuse  culture.  Mais  ce 
petit  livre  mérite-t-il  bien  son  titre  :  Initiation  philosophique'^  Serait- 
on  initié  aux  mathématiques,  à  la  physique  ou  à  la  médecine  par 
l'histoire  des  mathématiciens,  des  physiciens  et  des  médecins?  Un 
exposé  doctrinal  préalable  est  indispensable,  surtout  si  on  prétend 
juger  les  doctrines,  et  M.  Faguet  ne  peut  se  défendre  de  les  apprécier, 
plusieurs  chapitres  sont  excellents,  mais  on  rencontre  assez  souvent 
des  assert  ons  contestables,  regrettables  et  même  détestables  (par 
exemple,  dans  le  chapitre  XI,  le  Christianisme).  Les  pages  consacrée! 
à  saint  Thomas  d'Aquin  accusent  un  louable  souci  d'impartialité, 
mais  la  manière  dont  le  grand  docteur  a  compris  l'union  de  la  raison 
et  de  la  foi  n'est  point  conforme  à  celle  que  lui  attribue  M.  Faguet.  «  La 
foi  est  un  acte  de  volonté  que  Dieu  soutient.  »  Oui,  mais  avant  tout 
un  acte  de  l'intelligence  convaincue,  par  des  motifs  rationnels,  qu'elle 
doit  croire.  «  Non  crederern  nisi  viderem  esse  credendum,  »  a  dit  saint 
Th  mas.  On  peut  constater  des  om'ssions,  celle  de  Gratry,  par 
exemole.  Les  philosophes  vivants  les  plus  célèbres  sont  :  «MM.  Fouil- 
lée, Th'odule  Ribot,  Liard,  Durkheini,  Izoïilet,  Berf^son  ».  Liard  est  un 
fonctionnaire;  Durkhe'm  un  malfaiteur  intellectuel;  Izoulet  est  trèi 
négligeable.  Est-ce  que  Lachelier,  Boutroux  ou  Delbos,  par  exemple, 
ne  font  pas  une  autre  figure  parmi  les  penseurs  de  notre  temps?  Je 
n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que  ce  livre  est  clairement  et  vivement  écrit; 
c'est  parce  qu'il  peut  rendre  de  réels  services  que  j'ai  cru  bon  d'in- 
diquer quelques-uns  de  ses  défauts. 


i-—  395  — 

21.  —  Études  de  philosophie  ancienne  et  de  philosophie  moderne,  par 
M.  V.  Rrochard.  Zenon  d'Élée,  Protagoras  et  Dt  mocrite,  Sociale, 
Platon,  les  stoïciens,  Épicure,  avant  le  christianiEme;  Bacon,  Des- 
cartes, Spinoza,  Stuart  Mill  parmi  les  modernes,  tels  sont  les  philo- 
sophes dont  le  regretté  professeur  a  étudié  certaines  œuvres  ou 
quelques  points  de  doctrine.  Sa  méthode  est  conforme  à  toutes  les 
règles  de  la  plus  exacte  critique  :  étude  attentive  des  textes,  compa- 
raison avec  les  autres  ouvrages  du  philosophe  étudié,  lecture  des 
commentaires  dont  ils  furent  l'objet,  en  France  et  à  l'étranger.  Mais 
il  y  a  joint  des  hypothèses,  souvent  suggestives,  parfois  aventureu- 
ses; en  certaines  occasions,  il  a  émis  des  opinions  audacieuses  et  très 
contestables.  Il  s'efforce  de  démontrer  que  Spinoza  n'est  point  pan- 
th'Mste;  on  prouverait  plus  aisément  qu'Helvétius  et  M.  Le  Dantec  ne 
sont  pas  matérialistes.  Malgré  son  souci  de  conserver  une  entière 
liberté  d'esprit,  il  est  influencé  par  un  certain  nombre  d'idées  pré- 
conçues; c'est  ainsi  qu'il  n'a  pas  ccmpris  grand'chcse  à  la  notion 
juive  de  Dieu.  Des  études  sur  la  croyance  et  la  morale  complètent  cet 
ensemble;  le  livre  se  termine  par  une  notice,  lue  à  l'Académie  des 
sciences  morales,  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  Fr.  Bouillier.  Il  est  pré- 
cédé par  une  lucide  et  compréhensive  Introduction,  due  à  M.  V. 
Delbos  et  écrite  avec  une  amicale  sympathie. 

22.  —  L'ouvr;ige  de  M.  Lévy  sur  Maïmonide,  débute  par  un  chapitre 
sur  la  vie  et  les  œuvres  du  philosophe  de  Cordoue;  suit  une  vue* 
d'ensemble  sur  sa  philosophie  et  la  détermination  de  ses  opinions 
particulières  sur  l'Être  et  le  devenir,  l'âme,  Dieu,  la  morale.  L'in- 
fluence qu'il  a  exercée  est  marquée  en  traits  précis  et  une  riche  biblio- 
graphie permet  de  vérifier,  d'expliquer  et  de  compléter  les  affirma- 
tions de  l'auteur.  U  semble  que  Maïmonide  ait  rempli,  à  l'égard  de 
la  théologie  juive  telle  qu'elle  est  exposi'e  dans  le  Tabnud,  un  rôle 
analogue  à  celui  de  saint  Thomas  d'Aquin  par  rapport  à  la  dog- 
matique chrétienne.  Les  idées  d'Aristote,  unies  aux  spéculations 
néoplatoniciennes,  lui  fournirent  l'armature  de  son  système,  parfois 
assez  confus.  Il  s'écarte,  néanmoins,  assez  rarement  des  croyances 
bibliques,  mais  il  lei^  interprète  quelquefois  dans  un  sens  rationaliste. 
On  connaît  sa  théorie  fameuse  sur  l'apostasie  apparente  et  extérieure, 
qu'il  ne  craint  pas  de  déclarer  légitime  et  de  louer  comme  un  acte  de 
prudence  vertueuse.  L'œuvre  consciencieuse  et  érudite  de  M.  Lévy 
est  une  importante  et  intéressante  contribution  à  l'histoire  de  la 
philosophie  médiévale  et  il  se  pourrait  qu'elle  nous  aidât  à  mieux 
comprendre  en  quoi  consiste  le  judaïsme  «  libéral  »,  dont  il  fut,  sans 
doute,  l'un  des  précurseurs. 

23.  —  Dans  la  collection   Science  et  Religion,  le  R.  P.  Aîlo  publie 
une  brochure  :  La  Paix  dans  la  vérité,  reproduction  d'un  éloge  de 


—  39fi  — 

saint  Thomas  d'Aquin,  «  type  excellent  de  la  liberté  et  de  la  paix  que 
donne  la  vérité  ainice  v.  Le  calme  de  sa  vie  est  le  signe  de  sa  victoire 
s\ir  le  doute  et  l'égoïsme.  11  n'a  jamais  été  soumis  qu'à  la  vérité  : 
son  culte  pour  la  tradition  et  son  respect  pour  Aristote  s'allient  à  son 
indépendance  à  l'égard  des  préjugés  du  passé  et  des  courants  d'idées 
de  son  temps;  toutes  les  théories  justifiées  et  toutes  les  expériences 
vérifiées  et  contrôlées  s'adaptent  aux  grandes  lignes  de  son  système 
et  y  trouvent  des  points  d'attache.  Mais  la  vérité,  qu'il  poursuit  d'un 
amour  ardent,  n'est  pas  une  froide  abstraction  :  c'est  la  vérité  éter- 
nelle et  vivante  qui  rend  le  monde  intelligible  et  l'esprit  capable  de 
comprendre,  la  vérité  principe  d'ordre  et  d'harmonie,  souverain  bien 
et  beauté  radieuse  à  laquelle  saint  Thomas  s'unit  par  son  admirable 
sainteté.  Pensées  justes,  parfois  personnelles,  exprimées  dans  une 
langue  limpide  et  attrayante,  avec  une  émotion  qui  fait  pénétrer 
jusqu'au  co.^ur  les  leçons  intellectuelles  et  morales  que  renferme 
cette  brochure;  tout  cela  est  très  propre  à  nous  révéler  l'esprit  qui 
anime  l'œuvre  incomparable  du  Docteur  angélique. 

24.  —  Après  une  substantielle  Préface  où  sont  condensés  d'inté- 
ressants travaux,  M.  J.  Martin  expose,  en  deux  parties  (Dieu,  le 
Monde),  la  philosophie  du  génial  oratorien  Malebranche,  par  des 
extraits  de  ses  œuvres  diligemment  choisis  :  Dieu,  ses  attributs, 
l'acte  créateur,  le  concours  divin;  l'univers,  sa  conception  optimiste, 

'son  essence;  l'âme  et  le  corps,  la  théorie  de  la  connaissance,  la  vo- 
lonté, la  croyance  et  l'erreur,  toutes  ces  questions  reçoivent  des 
solutions  originales  qui  invitent  à  réfléchir.  «  Pulchra.  noça,  falsa  », 
disait  Bossuet.  M.  J.  Martin  ne  souscrirait  pas,  sans  doute,  à  cette 
appréciation;  il  défend  ingénieusement  et  avec  ferveur  l'illustre 
métaphysicien,  qui  fut,  en  t^ffet,  un  homme  de  génie  et  un  admirable 
écrivain,  mais  qui  commit  de  nombreuses  et  graves  erreurs. 

25.  —  Si  l'idéalisme  est  vrai,  l'auteur  de  Siris  est  un  des  plus  grands 
penseurs  qui  aient  vécu.  A  ses  yeux,  les  choses  ne  sont  que  des  faits 
de  conscience;  les  figures  visibles  ne  sont  que  des  signes;  les  idées 
générales  sont  des  mots;  la  matière  n'existe  pas;  mais  Dieu  existe  et 
l'âme  est  immortelle.  Dans  son  opuscule  sur  Berkelej/,  M.  .Jean  Didier 
rend  visibles  les  liens  qui  rattachent  entre  elles  les  différentes  parties 
de  ce  système.  Son  petit  livre  est  lucide  et  bien  composé;  des  remar- 
ques critiques  sont  insérées  dans  un  exposé  qui  n'en  demeure  pas 
moins  objectif.  Malgré  ses  intentions,  l'évêque  anglican  de  Cloyne 
ouvre  la  voie  au  rationalisme  par  sa  notion  de  la  religion,  en  même 
temps  que  ses  théories  philosophiques  aboutissent,  malgré  lui,  au 
scepticisme. 

26.  —  Après  une  biographie  de  ce  singulier  abbé,  Condilac, 
qui  fut    prêtre  et  ne  célébra  'peut-être  la  messe  qu'une  seule  fois. 


—  397  - 

M.  Jean  Didier  nous  fait  connaître  ses  opinions  et  ses  œuvres. 
L'interprétation  qu'il  en  donne  est  personnelle  :  il  n'aurait  pas  mé- 
connu, d'après  lui,  l'activité  de  l'esprit  :  «  nous  recevons  la  sensation 
et  faisons  tout  le  reste.  »  Condillac  a  réagi  contre  l'innéisme  de  Des- 
cartes; son  Traité  des  sensations  a  préparé  Xo.  Critique  de  la  raison 
pure,  et  la  Philosophie  positive.  Sur  l'enseignement,  sur  le  langage,  sur 
l'histoire,  il  a  émis  des  id('es  neuves  et  fourni  à  la  pensée  moderne  des 
directions  et  des  méthodes.  «  Il  mérite  mieux  que  d'être  le  grand 
maître  sensualiste  de  l'idéologie.  »  Cette  thèse,  soutenue  avec  talent, 
ne  nous  a  pas  convaincu  que  Cbndillac  n'ait  essayé  de  réduire  la  science 
et  la  morale  à  «  la  sensation  transformée  »;  mais  il  faudra  en  tenir 
compte  en  examinant  l'œuvre  de  ce  remarquable  analyste. 

27.  —  Ce  que  j'ai  pu  lire  de  Pierre  Leroux  m'a  laissé  une  profonde 
et  durable  impression  d'ennui;  après  tout,  il  y  a  peut-être  de  ma 
faute;  je  me  souviens  qu'il  dressa,  contre  l'éclectisme  de  Cousin,  des 
objections  parfois  assez  redoutables.  Plotin,  la  philosophie  allemande, 
Saint-Simon  et  quelques  autres  sources  ont  mêlé  leurs  spéculations 
dans  son  œuvre  hétérogène.  Il  ne  manquait  pas  d'érudition,  mais  il 
était  dépourvu  de  méthode;  cependant  il  poussa  assez  vigoureuse- 
ment sa  pensée,  diversement  orientée  vers  l'intuitionnisme  de  Berg- 
son et  le  solidarisme  de  M.  Bourgeois.  Il  serait  le  précurseur  des  catho- 
liques «  sociaux  »  par  sa  louable  préoccupation  de  diminuer  la  misère 
et  d'améliorer  le  sort  des  humbles.  Sympathiques  ou  antipathiques  à 
ses  idées,  nous  les  trouverons,  du  moins,  résumées  avec  un  soin  atten- 
tif et  une  verve  spirituelle  dans  l'utile  et  agréable  brochure  de  M.  J.- 
E.  Fidao-Justiniani,  intitulée  :  Pierre  Leroux. 

28.  —  «  Si  Guyau,  médiocre  inventeur,  n'eut,  en  somme,  que  peu 
d'idées,  il  sut,  du  moins,  leur  donner  un  relief  et  une  vie  extraor- 
dinaires. »  On  ne  peut    qu'adhérer  à  cette    conclusion    du    Guyau, 
de  M.  pierre  Archambault.  En  sa  brève  et  douloureuse  existence,  ce 
jeune  et  émouvant  penseur,  mort  à  33  ans,  a  abordé  d'anxieux  pro- 
blèmes. Après  des  travaux  d  histoire  et  de  critique  sur  Épictète, 
Épicure,  la  morale  anglaise  contemporaine,  il  s'efforça  de  d-' terminer 
les  rapports  entre  l'art  et  la  vie  sociale,  il  essaya  de  construire  une 
morale  sans  obligation  ni  sanction,  il  conçut  la  théorie  d'une  religion 
sans  Dieu.  En  ses  livres  de  prose  comme  dans  les  Vers  d'un  philosophe, 
il  trouva,  pour  exprimer  ses  pensées  et  ses  sentiments,  de  vives  et 
splendides  images.  M.  Archambault  est  un  guide  clairvoyant  et  expé- 
rimenté, qui  nous  dirige  à  travers  cette  œuvre,  si  résolument  anti- 
chrétienne par  l'esprit  qui  l'anime,  mais  qui  nous  fait  pénétrer  dans 
un   cœur   triste    et    tourmenté,    auquel    la   foi  aurait  versé  l'espé- 
rance et  la  paix.  L'auteur  de  cet  intéressant  opuscule  n'a  peut-être 
pas  assez  dit  que  V Irréligion  de  l'avenir  est  un  des  livres  les  plus 
désolants  et  les  plus  mauvais  du  xix^  siècle. 


—  398  — 

29. —  L'étude  de  M.  G.  Fonsegrive  sur  Léon  Ollé-Laprune  comprend 
deux  parties  :  l'Homme  et  le  Penseur.  L'homme,  par  sa  droiture,  sa 
haute  conscience,  sa  bonté,  sa  loyauté,  son  influence,  mérite  le  res- 
pect affectueux,  la  gratitude  attendrie  des  catholiques.  Le  penseur  a 
su  montrer  tout  ce  qu'il  y  a  de  christianisme  latent  et  vivant  dans 
l'âme  humaine  et  dans  la  pensée  philosophique.  Il  fut,  à  sa  manière, 
un  apologiste  de  la  religion  de  Jésus,  en  montrant  qu'elle  rejoint, 
complète  et  enrichit  les  conceptions  du  monde  et  de  la  vie,  satis- 
faisantes pour  la  raison,  qu'elle  formule  les  devoirs  qui  s'imposent  à  la 
volonti\  quelle  agrandit  et  réjouit  le  cœur  par  l'amour  pur  et  vrai 
dont  elle  exalte  et  propage  le  règne  bienfaisant.  On  est  parfois  tenté 
de  dOsirer  une  analyse  plus  méthodique  des  ouvrages  que  M.  Ollé- 
Laprune  nous  a  laissés,  mais  nul  ne  pouvait  en  parler  mieux,  avec 
une  intelligence  plus  avertie  et  un  accent  plus  pénétrant,  que  son  très 
distingué  disciple.      > 

30.  —  Il  faut' se  garder  de  confondre  la  méthode  avec  la  doctrine  de 
l'immanence.  Celle-ci  pourrait  prendre  pour  symbole  le  serpent  qui 
se  mord  la  queue;  celle-là  prétend  chercher  et  trouver  dans  les  aspi- 
rations de  l'âme  humaine,  dans  ses  besoins  et  ses  tendances,  l'exi- 
gence morale  d'une  réalité  transcendante,  «  indispensable  et  inacces- 
sible à  1  homme.  »  M.  Cremer,  dans  son  livre  :  Le  Problème  religieux 
dans  la  philosophie  de  l'action,  décrit  la  méthode  d'après  les  ouvrages 
de  MM.  Blondel  et  Laberthonnière  ;  je  ne  suis  pas  certain  qu'ils  se 
reconnaissent  dans  son  analyse,  aussi  bien,  n'est-il  pas  toujours  aisé 
de  saisir  leur  système  complexe  en  toutes  ses  nuances.  L'Action  est 
un  beau  livre  dont  la  portée  est  indépendante  des  chemins  par  les- 
quels son  auteur  veut  nous  conduire;  M.  Cremer,  pasteur  de  l'Église 
réforme,  se  flatte  d'y  découvrir  des  assertions  favorables  à  lindi- 
vidualisme  religieux.  Rien  n'est  plus  opposé  aux  convictions  de 
l'universitaire  et  de  l'oratorien,  partisans  de  l'apologétique  intrin- 
sèque, mais  rien  n'est  plus  propre  à  mettre  en  lumière  les  lacunes 
et  les  dangers  de  ce  système.  La  méthode  d'immanence  nous  semble 
accul  e  à  ce  dilemme  :  ou  bien  elle  nous  présente  le  surnaturel  comme 
un  surcroît  indispensable  exigé  par  la  nature  humaine,  et  alors  il 
n'est  plus  un  don  gratuit  de  Dieu;  ou  elle  est  impuissante  à  démon- 
trer sa  nécessité,  et  alors  elle  est  inefficace.  La  brochure  de  M.  Cre- 
mer est  le  fruit  d'une  étude  réfléchie  et  elle  est  suivie  d'une  biblio- 
graphie qui  rendra  de  très  grands  services  à  ceux  qui  veulent  suivre 
de  prés  les  évolutions  de  la  philosophie  de  1  immanence. 

31.  —  M.  R.  Cor  s'est  préoccupé  des  impressions  qui  exaltent  la 
sensibilité  des  hommes  de  notre  temps  :  telles  ou  telles  œuvres  les 
font  naître  et  les  insinuent  dans  les  âmes  qu'elles  remuent  et  peu- 
vent transformer.  Nietzsche,  il  y  a  quinze  ans.  asita  les  inquiétudes 


—    399  — 

de  nos  contemporains,  en  proposant  à  leur  activité  l'acquisition, 
l'exercice  et  le  triomphe  de  la  volonté  de  puissance;  Bergson  inaugura 
une  réaction  contre  l'intelligence,  au  nom  de  l'instinct,  contre  la 
raison,  au  nom  de  la  vie  :  c'est  l'intuition  qui  nous  met  en  contact 
avec  la  profonde  et  fuyante  réalité.  Enfin  Claude  Debussy  demanda 
à  la  musique  le  pouvoir  de  suggérer  l'inexprimable,  d'exprimer  l'inef- 
fable. Nietzsche  est  un  poète,  «  un  franc-tireur  de  la  philosophie  »; 
M.  Bergson  aboutit  «  à  la  liquéfaction  de  l'intelligence  »;  les  œuvres 
de  M.  Claude  Debussy  sont  «  des  notes,  des  sons,  mais  ce  n'est  pas  de 
la  musique.  «  Mais  M.  Bazaillas  «  inaugure  une  philosophie  dont  on 
chercherait  vainement  le  modèle...  il  nous  fait  pénétrer  au  cœur  de 
la  sensibilité  par  les  avenues  les  plus  secrètes.  »  Tout  cela,  avec  beau- 
coup d'autres  assertions,  est  développé  dans  les  Essais  sur  la  sensi- 
bilité contemporaine ,  livre  abondant  en  paradoxes,  piquant  et  agressif, 
contenant  des  considérations  judicieuses,  mais  déparé  par  des  atta- 
ques inintelligentes  contre  le  christianisme. 

Louis    Maison  neuve. 

SCIENCES  CHIMIQUES.  —  SCIENCES  MATHÉMATIQUES 

Chimie.  — ■  1.  Traité  de  chimie  générale,  p;;r  W.  Ner\st:  trad.  de  1';  llemuid  par 
A.  CoRvisY.  2"  partie.  Tran^^formation  de  la  matière  et  de  Crnergie.  Pari«,  Hrrrmnn, 
1912,  gr.  in-8  de  422  p.,  10  fr.  —  2,  Trati  "omplet  d'analt/se  rhim  qw  appliquée 
aux  e^sntu  indiKtrieh.  par  J.  PosT  et  B.  Neumanj:  trad.  de  l'allpinand  et  a\ig- 
ment^  de  nom'ireiises  additions  par  G.  Chenu  et  M.  Pellet.  T.  lU,  fa"^c.  I, 
2'=  él.  P  ris,  Hermmn,  1912,  in-8  de  468  p.  et  56  fig.,  15  fr.  —  3.  Notions 
fondamentales  d'analyse  qualitative,  p'iP  V.  Thomas  et  D.  Gauthier.  Paris, 
Gauthier-^'illars,  1912,  in-8  de  vii-331  p.  et  91  fig.  et  1   pi.,  10  fr. 

Mathématiques.  —  4.  Leçons  sur  les  hypothèses  cosmogoniques,  pnr  H.  Poincaré, 
rédigt^es  pnr  Hen'ri  Vergnk.  Paris,  Hermtnn,  1911,  gr.  in-8  de  xxv--9'i  p.  et 
i3  fig.,  12  fr.  —  5.  Introduction  à  la  théorie  des  équations  intégrales  p  '■  TkA-JAn 
LAtEsco.  ParÏF,  Hermann,  1912,  g.  in-8  de  vi -152  p.,  4  fr.  —  6.  I  Éjuationde 
Frcdholm  et  ses  applications  à  la  phtisique  matw^matiq'ie,  par  H.-R.  II  .vwood  et 
>T.  Fréchet.  Paris,  Hermann,  1912,  gr.  in-8  de  m-165  p.,  5  tr.  —  7.  Leçons 
sj(i  les  principes  de  l'analyse,  par  R.  d'Adhémar.  T.  !.  Paris,  Gauthier-Vil!  rs, 
1912,  gr.  in-8  de  vi-324  p.,  et  27  fig.,  10  fr.  —  8.  Le  Calcul  des  probabilités  et 
ses  applications,  par  E.  Carvallo.  Paris,  Gauthier- Villars,  1912,  gr.  in-8  de 
IX- 169  p.  et  15  fi?.,  6  fr.  50.  —  9.  Cours  de  mathématiques  supériewes  à  l'usage 
des  candidats  à  la  licence  ès-sciences  phrisique<t.  pi"^  l'abbé  E.  Stoffaes.  3^  éd. 
Paris,  Gauthier-Villirs.  1911,  2  vol.  in-8  de  x-.'.9>  p.,  et  114  tig.  et  v-362  p. 
175  Mg. ,  20  fr.  —  10.  Géométrie  rationnelle.  Traité  élénientaire  de  la  science  et  de 
l'espace,  par  George  Bruce  Halsted;  trad.  de  l'anglais  par  Paul  Barbarin. 
Paris,  Gauthier-Villars,  1911,  in-8  de  iv-296  p.  et  1S4  fig.,  7  fr.  ro.  —  11.  Me- 
sure des  angles.  Hyperboles  éloilées  et  développante,  par  le  commandant  D. 
Gautier.  Paris,  Gauthier- Vill.irs.  1912.  in-8  de  84  p.  et  14  fig.,  2  fr.  —  12. 
Essai  de  géom-^trie  analytique  modulaire  à  dcw  di-nen^^ions,  par  Gabriel  Ar- 
Noux.  Paris,  Gauthier-Villars,  1911,  gr.  in-8  de  xi-159  p.,  avec  de  nora'ir.  fig., 
6  fr. 

Philosophie.  —  Histoire. —  13.  La  Grammaire  de  la  science.  La  Pfyn'qup.p  r  Karl 
Pearson;  trad.  de  l'anglais  par  Lucien  March.  Paris,  Alcan,  19:2,  in-^  car- 
tonné de  xx-507  p.,  9  fr.  —  14.  Science  et  Philo<!ophie,  p^v  Jules  T/»  if il  ;ry. 
Paris,  Alcan,  1912,  in-16  de  xvi-336  p.,  3  fr.   50.  —  15.  Grandeur  et  figure  de  la 


—  400  — 

terre,  pnr  J.-B.-.T.  Delambre,  ;'.up;mpiité  de  noies  et  cartes,  pnr  G.  Bigouiidan. 
Paris,  GautliierVillars,  19'?,  g\  in-8  de  viii-'iOt  p.  et  31  fis:,  et  carte?, 15  fr. 
—  16.  L'Œi.ç-e  s  ientifique  (le  Blais-e  Pascal.  Bibliographie  rritique  et  an.ahise  de 
tous  les  ouvrages  qui  s'y  rapportent,  par  Ai-pert  Maire.  Paris,  llermann,  1912, 
in-8  de  xxxi-184  p.,  avec  portriiit,  5  fr. 
■Sciences  appliquées.  —  17.  La  Tclé graphie  sans  iil,  par  Lit.ie'^'  Fourxier.  Paris,  ■ 
Garnier,  1912,  in-18  de  xu-195  p.  et  9'  fi^.,  2  fr.  —  18.  /.  É  rrtricité  à  la  mai- 
son, par  }T.  DE  GuAFFiGNY.  Paris,  Larousse,  s.  d.,  in-8  de  liO  p.  et  100  ■\g.. 
1  fr.  —  19,  Guide  du  chauffeur  d'automobiles,  par  M.  Zerolo.  l'aris,  Garnier. 
1911,  in-18  de  329  p.  et  iv:fig  ,3  fr. 

Chimie.  —  1.  —  Nous  avons  étudie  à  fond  d'abord  le  premier 
volume  du  Traité  de  chimie  générale  de  M.  W.  Nernst  (Cf.  Polybi- 
blion  d'avril  1911,  t.  CXXI,  p.  269-270),  puis  le  second.  En  termi- 
nant ce  travail,  nous  nous  ft'licitcns  du  long  temps  que  nous  y  avons 
consacré  :  nos  idées  se  sont  précisées  sur  bien  des  points,  ne  s  connais- 
sances se  sont  largement  étendues.  Dans  les  lois  de  la  chimie  phy- 
sique, M.  W.  ^^ernst  distingue  très  nettement  :  celles  que  l'en  doit 
considérer  ccmme  définitivement  acquises,  dans  1  état  actuel  de  la 
science;  celles  qui  sont  probables;  celles  qui  sont  douteuses.  Pour  les 
premières,  il  décrit  l'expérience  la  plus  propre  à  en  faire  sentir  toute 
la  portée.  Pour  les  secondes,  il  cite  fréquemment  plusieurs  expé- 
riences, car  il  tient  toujours  à  indiquer  dans  quelle  voie  il  faut  s  en- 
gager pour  essayer  de  préciser  les  lois  en  vue;  la  multiplicité  des 
indications  données,  toujours  classées  d'après  leur  importance  pré- 
sumée, sera  très  vivement  appréciée  des  chercheurs. Quant  aux  troi- 
sièmes, ou  bien  il  emploie  la  méthode  précédente,  ou  bien  il  cite  les 
travaux  actuels  en  les  accompagnant  de  très  sobres  réflexions.  Entre 
temps,  il  détruit  les  erreurs  qu'une  étude  insuffisante  des  lois  de  la 
chimie  physique  avait  introduites;  faut-il  lui  reprocher  de  le  faire 
parfois  un  peu  durement?  Qu'on  lise  ce  qu'il  dit  des  cryohydrates, 
et  l'on  jugera.  L'emploi  des  mathématiques  est  réduit  au  strict  mi- 
nimum. Une  notion  précise  de  la  différentielle  suffit,  car,  pour  les 
intégrales,  les  étudiants  trouveront  toujours  un  camarade  qui  les 
leur  expliquera.  Sur  ce  que  contient  ce  volume,  nous  serons  bref. 
D'abord  nous  trouvons  deux  parties  capitales  :  d'une  part,  les  trans- 
formations de  la  matière,  c'est-à-dire  la  statique  et  la  cinétique  chi- 
mique; d'autre  part,  les  transfornîations  de  l'énergie,  c'est  à-dire 
toute  la  theriuochimie.  I/électrochiinie  comprend  les  théories  ther- 
modynamiques et  osmotiques.  Actuellement  l'existence  des  ions  est 
contestée;  M.W.  Nernst  s'appuye  sur  leur  réalité,  les  conclusions  qu'il 
en  tire  me  paraissent  difficilement  attaquables,  les  défenseurs  des  ions 
feront  bien  de  le  consulter.  Le  peu  que  nous  savons  sur  la  photo- 
chimie tennine  l'ouvrage.  Une  logique  division  des  sujets  traités,  une 
rédaction  claire  et  précise  quoique  concise^  le  renvoi  aux  sources, 
chaque  fois  que  cela  est  nécessaire,  facilitent  l'étude  de  ce  traité,  tout 
à  fait  de  premier  ordre  à  tous  les  points  de  vue. 


—  -'^^  — 

2.  —  Le  troifiième  et  dernier  volume  du  Traité  complet  d'analyse 
chimique  ne  formera  que  deux  fascicules.  11  ne  s'en  faut  point  étonner 
si  l'on  considère  l'étendue  considérable  du  premier.  M.  P.  Wagner 
(Darmstadt)  s'occupe  des  engrais  commerciaux,  amendements  et  fu- 
miers, puis  de  la  terre  arable  et  des  produits  agricoles.  Malgré  l'excel- 
lence des  méthodes  indiquées  dans  l'édition  allemande,  les  traduc- 
teurs ont  fait  de  nombreuses  additions  pour  montrer  toutes  les  métho- 
des du  comité  des  stations  agronomiques  françaises.  L'analyse  des 
produits  agricoles  contient  le  dosage  de  l'acide  phosphorique,  de  la 
potasse  et  de  l'azote,  c'est-à-dire  des  éléments  que  les  engrais  doi- 
vent restituer  au  sol.  M.  Nussbaum  (Hanovre)  a  passé  une  sérieuse 
revue  des  impuretés  de  toute  nature  que  peut  contenir  Vair.  M.  Helle 
(Charlottenbourg)  donne  d'excellunts  tableaux  'des  propriétés  phy- 
siques caractérisant  les  huiles  essentielles  et  des  réactions  décelant  les 
fraudes  les  plus  usuelles,  le  tout  n'étant  d'ailleurs  que  le  complément 
des  méthodes  de  dosages.  M.  Philip  (Stuttgart)  a  étudié  très  à  fond 
le  cuir  et  matières  tannantes.  Nous  avons  constaté  trop  souvent  en 
France  que,  dans  des  tanneries  d'importance  moyenne  et  dans  des 
fabriques  d'extraits,  il  n'y  avait  aucun  contrôle  chimique.  Nous  sou- 
haitons que  la  lecture  de  ce  fascicule  qui  montre  si  bien  le  rôle  favo- 
rable ou  défavorable  de  certains  éléments  chimiques,  tout  en  en  indi- 
quant un  dosage  facile,  fasso  changer  cet  état  de  choses.   Pour  le 
caoutchouc  et  la  gutta  percha,  la  France  est  au  contraire  très  bien 
organisée;  aussi,  nombreux  seront  les  chimistes  qui  chercheront  s'ils 
ne  peuvent  trouver  des  renseigïiemt-nts  nouveaux  dans  l'article  do 
M.  H erbst  (Vienne),  ainsi  que  dans  les  nombreuses  additions  introduites 
par  les  traducteurs.  Des  événements  récents  ont  attiré  l'attention  de 
nombreux  chimistes  sur  les  matières  explosives.  Nous  recomiuandons 
tout  spécialement  l'article  de  M.  Kast  (Berlin)  ;  il  doit  servir  de  base 
à  toute  étude,  sans  exception,  sur  les  explosifs.  Nous  n'a^  ons  rien  à 
dire  sur  les  articles  «  Colle  »  et  Tabac,  par  M.  Kissling  (Rrcme),  sinon 
que  les  traducteurs  ont  ajouté  le  dosage  de  la  nicotine  dans  ses  jus; 
quoique,  en  France,  ce  produit  soit  vendu  par  l'État,  il  n'est  peut- 
être  pas  inutile  de  le  contrôler. 

3.  —  Il  y  a  deux  manières  d'étudier  l'analyse  chimique  suivant  que 
l'on  poursuit  la  préparation  d'un  certificat  de  chimie  dans  une  Uni- 
versité, ou  que  l'on  se  destine  à  la  profession  de  chimiste.  Dan;-  le 
premier  cas,  l'étude  se  fait  rapidement  dans  un  cycle  de  questions 
très  limité;  dans  le  second,  il  faut  des  années  de  laboratoire  et  une 
étude  approfondie.  C'est  pour  faciliter  celle-ci  aux  débutants  que 
MM.  ThoRas  et  Gauthier  ont  écrit  les  Notions  fondamentales  d'ana- 
lyse qualitative.  Ils  ont  désiré  les  guider  jusque  dans  les  moi  dres 
détails,  ce  qui  a  amené  les  auteurs  à  parler  un  peu  longuement  des 
Mai  1912.  T.  CXXIV.  26. 


—  402  — 

appareils  les  plus  usités  dans  les  iLéthodes  d'analyse.  Les  caractères 
des  bases  et  des  acides  signalent  les  réactions  spéciales  à  un  cL'ni«nt 
déterminé.  Là  encore  la  rédaction  est  trop  longue,  elle  est  remplie  de 
phrases  absolument  inutiles.  L'n  primaire,  mal  instruit,  peut  seul  nous 
dire  :  •  En  sa  qualité  de  métal  précieux,  l'or  ne  s'oxyde  pas  à  l'air 
quelle  que  soit  la  tempért-ture.  »  L'analyse  proprement  dite  occupe 
70  bonnts  pages.  Cette  partie  est  plus  concise  et  la  marche  métho- 
dique indiquée  est  à  recommander.  La  note  sur  les  impuretés  des 
réactifs,  commercialement  purs,  rendra  de  grands  services.  Cet  ou- 
vrage ayant  deux  auteurs,  il  semblerait  à  la  lecture  qu'ils  n'ont  pas 
collaboré,  mais  écrit  chacun  une  partie.  Nous  ne  voulons  pas  savoir 
si  cela  est  vrai,  car  nous  serions  obligé  de  réserver  à  l'un  d'entre  eux 
tout  le  bon  de  nos  impressions. 

Matmémattques.  —  4.  —  Dans  ses  Leçons  sur  les  hypothèses  cos- 
mogoniques,  M.  Poincaré  envisage  d'abord  celles  faites  par  Kant. 
Laplace,  Paye,  M.  da  Ligondès,  M.  Sée,  ?ir  G.  H.  Darwin.  Chacune 
d'entre  elles  est  analysée  et  décon. posée  en  ses  éléments  par  le  savant 
académicien.  Après  avoir  examiné  si  elle  ne  contient  pas  d'éléments 
supeiflus,  il  rappelle  les  conséquences  qu'elle  entraîne.  Sauf  sur  cer- 
tains poi  ts  d'astronomie  stellaire,  ces  hypothèses  envisagent  près 
que  exclusivement  la  constitution  du  système  solaire.  M.Poincaré  ne 
s'est,  pas  contenté  d'exposer  les  résultats  acquis;  dans  tous  les  cas, 
il  complète,  par  ses  propres  calculs,  les  conséquences  que  l'on  peut 
tirer  pour  1  explication  des  phénomènes  astronomiques  inconnus  au 
moment  où  la  théorie  a  été  établie.  vS'il  n'y  a  pas  concordance,  si  un 
fait  nouveau  ne  peut  être  expliqué,  M.  Poincaré  recherche  si  une  légère 
modification  de  forme,  mais  ne  touchant  pas  au  fond,  ne  peut 
étendre  la  validité  de  1  hypothèse. Un  attrait,  et  non  des  moindres  de 
cet  ouvrage,  est  lindieation  des  points  cpmmuns  àcertaines  hypothèses; 
points  comuiuns  apparaissant  seulement  lorsque  l'esprit  subtil 
d'analyse  de  lauteur  les  a  fait  sortir  de  leur  obscurité.  De  l'étude 
des  sept  premiers  chapitres  ressort  la  conclusion  indiquée  par  M.  Poin- 
caré dans  sa  Préface  :  actuellement,  il  n'y  a  aucune  hypothèse  suf- 
fisamment satisfaisante,  cependant  celle  de  Laplace  pare  presque  à 
tout.  Les  origines  des  chaleurs  solaire  et  terrestre  nous  font  surtout 
connaître  la  grande  incertitude  qui  règne  sur  la  question;  aucune 
des  hypothèses  ne  semble  très  admissible.  La  spectroscopie  a  permis 
à  MM.  Norman,  Lokyer  et  Schuster  de  faire  de  très  intr'ressantes 
suppositioiis  sur  le  monde  stellaire.  La  th^^orie  de  M.Arrhenius  inté 
ressera  viv^îment  les  adeptes  de  la  croyance  que  le  monde  ne  finira 
pas  dans  une  température  uniforme.  M.  Poincaré  consacre  une  bonne 
critiqi.e  aux  travaux  de  Al.  Belot,  oui  n'a  pas  su  tirer  tout  le  parti 
possible  de  ses  excellentes  idées.  M.  Poincaré  a  complètement  laissé 


—  ws  — 

de  côté  les  questions  religieuses  ou  philosophi((ues.  il  a  écrit  une 
critique  purement  mathématique  sur  la  question  des  hypothèses 
cosmogoniques;  son  livre  est  digne  de  sa  science  approfondie, 
c'est  de  plus  un  bon  instrument  de  tiavail. 

5.  —  Pendant  longtemps  les  équations  fonctionnelles  n'ont  été  étu- 
diées que  sur  des  cas  isolés.  Les  travaux  d'ensemble  de  M.  Volterra 
sur  une  catégorie  spéciale  de  ces  équations  et  surtout  l'équation  de 
M.  Fredholm,  qui  rend  tant  de  services,  ont  attiré  l'attention  des 
mathématiciens  sur  la  fécondité  des  nouvelles  méthodes.  Sans  pré- 
tendre que  toute  la  théorie  des  fonctions  va  en  être  bouleversée,  on 
est  en  droit  de  s'attendre  à  des  découvertes  heureuses.  Aussi  nom- 
breux sont  les  jeunes  (  et  vieux)  mathématiciens  désirant  s'assimiler 
les  travaux  df  M.  Volterra  et  de  M. Fredholm.  L'Introduction  à  la 
théorie  des  équations  intégrales  est  parfaite  à  ce  point  de  vue.  M.  La- 
lesco,par  ses  recherches  personnelles,  a  étudié  à  fond  tous  les  travaux 
antérieurs  sur  le  sujet;  ceci  lui  a  tout  d'abord  permis  d'augmenter 
d'une  façon  notable  l'état  actuel  de  la  science  sur  ce  point.  De  plus,  il 
n'a  pas  voulu  que  ce  travail  préparatoire  profitât  uniquement  à 
lui;  il  l'a  condensé  sous  une  forme  didactique  excellente;  souvent,  il 
a  été  amené  à  substituer  aux  démonstrations  primitives  des  inven- 
teurs des  démonstrations  personnelles  plus  simples  ou  plus  métho- 
diques. I./étude  de  la  théorie  des  équations  intégrales  peut  être  abordée 
avec  un  bagage  de  connaissances  mathématiques  assez  réduit. 
M.  Lalesco  a  laissé  systématiquement  de  côté  les  nombreuses  et  im- 
portantes applications  à  la  physique  mathématique;  la  copieuse  biblio- 
graphie elle-même  ne  se  rapporte  qu'à  la  théorie.  , 

6.  — ■  MM.  Heywood  et  Fréchet,  ayant,  eux  aussi,  fait  de  remar- 
quables travaux  personnels  sur  l'équation  de  Fredholm  ont  écrit  un 
petit  traité  didactique  :  L' Equation  de  Fredholm  et  ses  applications  à 
la  physique  mathématique.  C'est,  comme  l'ouvrage  précédent,  une  nier- 
veille  de  clarté  et  de  précision.  Dans  un  premier  chapitre,  les  auteurs 
exposent  tous  les  problèmes  de  physique  dont  la  solution  dépend 
d'une  équation  de  Fredholm;  nous  renonçons  à  les  énumérer,  car 
pas  une  branche  de  la  physique  n'est  négligée.  Le  second  chapitre 
est  consacré  à  l'étude  même  de  l'équation  de  Fredholm,  non  pas  au 
point  de  vue  théorique  général,  mais  surtout  dans  un  but  utilitaire. 
Le  dernier  chapitre  donne  la  solution  des  problèmes  posés  dans  le 
premier.  Alors  on  se  rend  compte  de  la  merveilleuse  fécondité  de  ce 
nouvel  instrument  d'investigation,  et  nous  ne  concevons  pas  que  les 
mathématiciens  ayant  étudié  l'ouvrage  de  M.  Lalesco  s'abstiennent 
de  lire  celui  de  MM.  Heywood  et  Fréchet.  Mais  la  réciproque  n'est 
pas  vraie.  Nous  connaissons  un  grand  nombre  de  professeurs,  ingé- 
nieurs, qui,  sans  vouloir  faire  de  travaux  personnels,  sont  curieux  de 


—  404  — 

nouveaux  développements  de  la  science.  A  ceux-là,  nous  disons -.lisez 
l'ouvrage  de  HM.  Heywood  et  Fréchet,  vous  y  prendrez  un  plaisir 
extrême. 

7.  —  «  Mes  Leçons  sur  les  principes  de  l'analyse,  dit  M.  R.  d'Adhé- 
mar,  ne  sont  pas  des  réflexions  sur  les  premiers  principes  de  la  science 
mathématique,  mais  des  explications  sur  les  questions  principales  ou 
fondamentales  «.  Cette  appréciation  est  exacte,  mais  ne  montre  pas 
l'utilité  de  cette  importante  publication.  Deux  idées  difft' rentes,  mais 
qui  cependant  devaient  être  réunies,  lui  ont  désigné  les  sujets  de  ses 
leçons.  D'une  part,  dans  ces  dernières  années,  des  notions  et  des  dé- 
monstrations classiques  se  sont  modifiées  sous  l'influence  de  la  pré- 
cision toujours  plus  grande  demandée  à  la  mathématique.  D'autre 
part,  des  théories  nouvelles  sont  en  train  de  devenir  classiques,  soit  à 
cause  de  leur  valeur  propre,  soit  à  cause  de  leur  répercussion  sur  les 
anciennes  théories.  M.  d'Adhémar  pst  à  la  fois  un  érudit  très  in- 
formé et  un  professeur  dévoué  (nous  laissons  de  côté  le  savant 
dont  le  rôle  est  moindre  dans  ce  livre);  il  a  fait  un  choix  judicieux" 
des  questions  devant  être  exposées  sous  une  foi  me  nouvelle  aux  étu- 
diants en  analyse;  son  ouvrage  est  donc  le  con.plén^ent  naturel  et 
indispensable  de  tous  les  traités  d'analyse  actuellement  en  usage.  Les 
critiques  pouvait  lui  être  adressées  sont  de  deux  classes:  n'a-t-il  pas 
rappelé  des  questions  trop  connues;  a-t-il  été  assez  loin  dans  l'ex- 
posé des  méthodes  nouvelles  ?  Pour  le  premier  point,  nous  verrions 
peut-être  quelques  alinéas  à  supprimer  au  début  de  presque  tous  les 
chapitres,  pour  le  second,  surtout  en  ce  qui  regarde  le  calcul  inté- 
gral, nous  disons  :  c'est  très  bien.  La  rédaction,  vulgairement  le 
français,  dans  ce  livre  est  bien  plus  claire  que  dans  les  autres  ouvrages 
de  M.  d'Adhémar;  en  particulier,  il  précise  d'ime  façon  parfaite  la 
définition  des  mots  dont  l'introduction  est  récente  en  analyse.  Ce 
volume  s'occupe  des  séries,  des  déterminants,  des  intégrales  siuiples 
et  multiples,  des  intégrales  curvilignes  et  de  surface,  des  potentiels, 
des  équations  différentielles,  intégrales  et  fonctionnelles.  Un  second 
volume  contiendra  la  suite  des  précieux  documents  que  l'auteur  niet, 
sous  une  forme  aussi  simple  que  possible, à  la  disposition  des  étudiants. 
Les  professeurs,  ingénieurs,  etc.,  qui  continuent  à  s'intéresser  au  déve- 
loppement delà  science,  seront  heureux  de  prendre  connaissance  de 
l'ouvrage  de  M.  d'Adhémar. 

8.  —  Peut-on  comprendre  les  principes  du  calcul  des  probabilités, 
en  saisir  la  portée  et  les  appliquer  à  la  statistique  sans  être  mathé- 
maticien? Tel  est  le  triple  problème  que  s'est  posé  M.  F.  Carvallo  et 
qu'il  a  brillamment  et  pratiquement  résolu  dans  le  Calcul  des  pro- 
babilités et  ses  applications.  N'être  pas  mathématicien  signifie,  pour 
M.  Carvallo,  posséder  très  bien  les  matières  de  notre  enseignement 


—  405  — 

secondaire  scientifique,  la  classe  de  mathématiques  spéciales  excep- 
tée. C'est  le  cas,  nous  le  savons,  de  la  grande  majorité  des  candidats 
aux  fonctions  publiques  ou  priv(  es  qui  exigent,  à  lexamen  d'admis- 
sion, des  connaissances  sur  le  calcul  des  probabilités.  M.  Carvallo 
légitime  les  principes  par  un  choix  d'exemples  simples  et  clairs  met- 
tant en  relief  tout  ce  que  contient  chaque  principe;  cela  l'a  amené  à 
supprimer  la  théorie  des  jeux,  utile  seulement  aux  mathématiciens. 
Ija  méthode  de  la  statistique  est  traitée  de  la  même  manière;  après 
l'avoir  étudiée,  on  est  capable  de  faire  les  travaux  confiés  aux  débu- 
tants par  les  administrations.  Mais  pour  arriver  à  ce  résultat,  M.Car- 
vallo  a  introduit  des  éléments  nouveaux  :  la  courbe  de  l'intégrale  do 
Rernoulli  substituée  à  la  dérivée,  l'écart  étalon  remplaçant  l'écart 
total.  Pour  l'ajustement  des  écarts,  après  avoir  réduit  le  problème  à 
sa  forme  la  plus  simple,  M.  Carvallo  donne  quelques  démonstrations 
mathématiques,  parce  que,  sous  cette  forme,  ulles  sont  facilement 
compréhensibles.  Les  limites  du  calcul  des  probabilités  et  les  abus 
qu'on  en  a  faits  sont  des  questions  à  méditer.  En  dehors  des  personnes 
pom'  lesquelles  cet  excellent  ouvrage  a  été  écrit,  nous  en  conseillons 
la  lecture  aux  philosophes  ainiant  parler  du  calcul  des  probabilités. 
M.  Carvallo  est  très  connu  pour  la  clarté  avec  laquelle  il  expose  les 
sujets  qu'il  traite,  son  nouvel  écrit  confirme  cette  opinion. 

9.  —  Dans  les  temps  où  nos  Universités  dédaignaient  l'enseigne- 
ment des  mathématiques  générales,  les  étudiants,  empêchés  de  suivre 
un  cours  de  mathématiques  spéciales,  n'avaient  pour  acquérir  les 
connaissances  nécessaires  au  futur  physicien  que  l'excellent  Cours  de 
mathématiques  supérieures  de  M.  l'abbé  Stoffaes.Toutes  les  Universités 
donnent  maintenant  cet  enseignement  préparatoire.  Plusieurs  pro- 
fesseurs, distingués  ont  publié  de  très  bons  manuels.  Sous  ces  deux 
formes,  l'enseignement  des  mathématiques  supérieures  garde  un  ca- 
ractère essentiellement  pratique.  Mais  le  développement  de  la  phy- 
sique, le  plus  grand  rôle  joué  par  les  mathématiques  et  aussi  le  relè- 
vement du  niveau  intellectuel  des  étudiants  rendaient  la  première 
rédaction  de  M.  Stoffaes  insuffisante. Une  seconde  édition,  vite  épuisée, 
a  permis  à  l'auteur  de  refaire  entièrement  son  livre,  qui  satisfait  à  tous 
les  desiderata  de  l'heure  présente.  Tout  en  adoptant  une  forme 
didactique  parfaite,  Fauteur  n'a  pas  voulu  s'astreindre  à  une  division 
rigoureuse  en  trois  parties  :  compléments  d'algèbre,  géométrie  ana- 
lytique, analyse.  Il  a  gradué  l'effort  demandé  à  l'étudiant.  C'est 
ainsi  qu'il  a  intercalé  les  différentielles  et  intégrales  entre  les  pre- 
mières notions  d'analytique  et  les  courbes  et  surfaces,  réser- 
vant les  équations  différentielles  pour  la  fin.  Ce  livre  n'étant 
pas  destiné  à  former  des  mathématiciens,  sur  certains  points  trop 
longs  à  préciser,   M.    l'abbé    Stoffaes   se  contente    de  donner  des 


-  40(>  — 

indications.  Ce  proccdô  est  admis  par  tout  le  monde.  Par  exemple, 
la  génération  des  équations  différentielles  suffit  à  faire  ccmprendre  le 
nombre  des  constantes  figurant  dans  l'intégrale  générale.  Apparte- 
nant, comme  l'auteur,  à  l'enseignement  supérieur  libre,  nous  ne  pou- 
vons dire  que  son  cours  est  le  meilleur  de  ceux  parus.  D'ailleurs,  les 
(étudiants  savent  trouver  ce  qui  leur  convient.  Nous  leur  demandons 
de  ne  pas  perdre  leur  temps  à  discuter  si  Rouasse  est  supérieur  à 
Stoffaes.  Ces  deux  auteurs  partent  de  concepts  différents,  chacun 
choisit  celui  qui  s'adapte  le  mieux  à  Sa  tournure  d'esprit.  Les  futurs 
physiciens  ne  seront  pas  seuls  à  utiliser  cet  excellent  ouvrage  :  tous 
ceux  qui  ont  le  besoin  ou  la  curiosité  de  s'initier  aux  mathématiques 
supérieures  peuvent  le  prendre  comme  un  guide  sûr. 

10.  —  M.  HilLert,  dans  ses  célèbres  Grundlogen,  a  précisé  les  axio- 
mes nécessaires  et  suffisants  pour  établir  la  géométrie,  en  ne  prenant 
que  des  concepts  purs  —  par  lui  formulés  —  sans  jamais  faire 
appel  à  des  notions  expérimentales.  Quoique  nous  piquant  d'avoir 
une  certaine  connaissance  de  la  langue  allemande,  nous  n'avons 
jamais  pu  aller  jusqu'au  fond  des  pensées  que  M.  Hilbert  formule 
dans  ses  travaux  originaux.  Nous  ne  sommes  pas  seul  dans  ce  cas. 
Une  grande  reconnaissance  ira  à  M.  Barbarin  pour  avoir  traduit 
l'ouvrage  de  H.  Halsted  :  Géométrie  rationnelle.  A  cela,  il  y  aura  une 
double  raison.  M.  Halsted  nous  fait  connaître  les  concepts  et  axiomes 
d'Hilbert  et,  se  basantsur  eux,  a  rédigé  une  géométrie  élémentaire.Cette 
géométrie  peut-elle  s'enseigner  aux  écoliers?  L'expérience  seule  don- 
nera une  réponse  certaine;  après  mûre  réflexion,  nous  croyons  fer- 
mement qu'elle  sera  :  oui.  Il  faudrait  changer  un  peu  la  terminologie 
de  l'auteur.  Nous  dirions,  par  exemple:  un  point  et  une  droite  sont 
deux  éléments  tels  que  :  Axiome  I,  1,  deux  points  distincts  A  et  B 
déterminent  toujours  une  droite  a.  Ceci  posé,  nous  constatons  que  les 
axiomes  d'association,"  d'ordre  et'  de  congruence  sont  très  facile- 
ment assimilables.  Si,  maintenant,  nous  considérons  l'ensemble  du 
livre,  nous  concluons  que  cette  géométrie  est  infiniment  plus  simple 
que  toutes  les  géométries  classiques.  Nous  attirons  l'attention  des  pro- 
fesseurs sur  les  problèmes  de  construction  faite  par  la  droite  et  le  trans- 
porteur; les  solutions,  graphiquement  préférables  à  celles  actuellement 
enseignées  peuvent  être,  dès  à  présent,  introduites  dans  1  er.seigne- 
ment.  Il  en  est  de  même  du  calcul  segmentaire  et  de  la  théorie  des 
proportions  faite  sans  avoir  recouis  à  l'idée  de  continuité.  Sur  deux 
points  nous  n'avons  pas  été  satisfait.  Étant  resté  dans  l'abstrac- 
tion, nous  n'avons  pas  pu  comprendre  (p.  55)  qu'une  règle  nous  donne 
la  représentation  physique  d  une  droite;  ce  qui  est  plus  grave,  et 
nous  ne  l'admettons  pas,c'est  la  correspondance  d'un  segment  à  un  arc 
(p.  149)  servant  à  définir  la  longueur  de  l'arc.  Ce  volume  suscitera  de 


.  -  407  — 

nombreuses  discussions.  Par  exemple,  pour  l'axiome  de  Cavaleri 
(p.  206),  on  dira  :  mais,  par  des  considérations  de  limite, il  se  démontre; 
pour  nous,  nous  préférons  carrément  un  axiome  aux  démonstrations 
superficielles  actuellement  employées. 

11.  —  La  trisection  de  l'angle,  et  en  général  sa  division  en  parties 
quelconques  ne  so  t  pas  possibles  géométriquement,  si  l'on  entend  par 
ce  "mot  :  des  constructions  effectuées  avec  la  règle  et  le  compas.  Le 
corn*  Gautier  s'est  demandé  si,  en  construisant  des  courbes  spéciales, 
on  ne  pourrait  pas  arriver  à  solutionner  cette  question  avec  une  ap- 
proximation comparable  à  celle  obtenue  dans  les  constructions  géo- 
métriques. Il  résoud  d'une  manière  très  satisfaisante  le  problème  dans 
son  livre  :  Mesure  des  angles.  Hyperboles  étoilées  et  développante.  Une 
hyperbole  étoilée  est  le  lieu  des  points  tels  que,  dans  le  triangle  formé 
par  un  de  ses  points  et  les  deux  foyers,  les  angles  à  la  base  sont  dans 
un  rapport  don  né. L'étude  approfondie  faite  par  l'auteur  l'a  amené 
à  remplacer  les  diverses  hyperboles  étoilées  par  une  courbe  unique  : 
l'hyperbole  développante.  Le  com^  Gautier  démontre  que  cette  courbe, 
soigneusement  construite,  constitue  un  abaque  permettant  de  cons- 
truire les  sou  s- multiples  d'un  angle.  Il  regrette,  avec  nous,  de  n'avoir 
pu  établir  un  appareil  dessinant  exactemeiit  cette  courbe;  il  aurait  été 
intéressant  de  savoir  si  elle  est  une  courbe  cinématique  simple.  No- 
tons, en  plus,  que  cette,  courbe  donne  incidemment  la  résolution  du 
problème,  dit  de  la  quadrature  du  cercle.  L'auteur  de  cet  intéressant 
travail  compte  poursuivre  ses  travaux;  il  serait  à  désirer  qu'il  les 
étendît  à  toutes  les  constructions  géométriques  pouvant  s'effectuer 
à  l'aide  des  courbes  cinématiques. 

12.  —  Nous  pourrions  définir  V Essai  de  géométrie  unahjiique  modu- 
laire à  deux  dimensions  l'application  de  la  géométrie  analytique  à  la 
théorie  des  nombres.  Au  premier  abord  ce  rapprochement  parait 
fantastique.  Mais  la  Préface  seule  de  M.  Arnoux  montre  tant  de  con- 
nexions entre  les  propriétés  des  éléments  géométriques  d'une  courbe 
(tangente,  normale,  foyer,  etc.),  et  la  distribution  des  congruences 
relatives  à  un  module,  que  nous  avons  abordé  avec  confiance  la  lec- 
ture de  ce  livre.  Nous  avons  vite  compris  que  MM.  Laisant  etTarry, 
séduits  par  la  nouveauté  et  l'intérêt  du  sujet,  aient  apporté  leur  dis- 
crète mais  précieuse  collaboration  à  M.  Arnoux.  Le  résultat  principal 
de  ce  travail  est  de  pouvoir  présenter  sous  une  forme  concrète,  tom- 
bant sous  le  sens  de  la  vue,  des  propriétés  arithmétiques  connues 
seulemert,  jusqu'à  présent,  sous  une  forme  abstraite.  Cet  ouvrage 
ne  peut  être  étudié  que  si  l'on  possède  partiellement  les  travaux 
antérieurs  de  M.  Arnoux;  le  sujet  n'est  pas  épuisé;  il  nous  semble 
qu'il  peut  conduire  à  des  applications  classiques,  détruisant  ainsi  le 
grand  argument  des  adversaires  de  M.  Arnoux. 


—  408  — 

Philosophie.  —  Histoire.  —  13.  —  La  science  ne  fait  pas  con- 
naître la  cause  des  phénomènes,  la  science  ne  les  explique  pas;  l'homme 
les  étudie,  il  en  fait  la  self-critique,  puis  il  énonce  hypothèses  et  lois. 
L'hypothèse  sert  à  grouper  les  faits,  la  loi  scientifique  n'est  pas  une 
vérité,  c'est  une  règle  permettant  de  prévoir, et, s'il  y  a  lieu, de  calculer 
les  phénomènes  analogues  à  ceux  qui  ont  servi  à  établir  la  loi.  Le 
champ  des  investigations  humaines  s'étendant,  des  faits  nouveaux 
obligent  à  modifier  hypothèses  et  lois.  Telles  sont  les  idées  qu'expose 
M.  Pcarson  dans  la  Grammaire  de  la  science.  Ces  idées  sont  actuel- 
lement admises,  d'une  façon  générale,  dans  l'enseignement  supé- 
rieur; elles  pénètrent  dans  l'enseignement  secondaire;  seuls  les  pri- 
maires ne  peuvent  séparer  les  mots  science  et  vérité.  Il  est  donc  bon 
que  ces  notions  soient  fréquemment  mises  au  jour,  il  est  particuliè- 
rement intéressant  de  les  voir  répétées  par  un  précurseur  comme  le  fut 
M.  Pearson.  Tout  le  premier,  il  reconnaît  que  sa  rédaction  est 
longue  ;  cependant  on  lui  saura  gré  de  ses  nombreuses  citations 
d'autres  auteurs.  Néanmoins,  il  aurait  pu  rayer  Darwin  dont  la 
méthode  critique  est  fort  controversée  actuellement.  Après  ces  géné- 
ralités, M.  Pearson  étudie  comment  des  perceptions  humaines  sont 
sortis  les  concepts  scientifiques.  L'espace  et  le  temps,  notions  fonda- 
mentales, sont  particulièrement  difficiles  à  être  bien  définis;  les  expli- 
cations de  l'auteur  n'ont  pas  éclairci  nos  idées.  Par  contre,  la 
géométrie  du  mouvement,  la  matière,  les  lois  du  mouvement  sont 
traitées  dans  des  chapitres  qui  jettent  une  vive  lumière  sur  la  nature 
intime  de  nos  concepts  actuels.  Ces  divers  sujets  forment  la  base 
de  la  Physique,  ce  qui  explique  le  sous-titre  choisi.  L'auteur  se 
préoccupe  enfin  des  idées  modernes  sur  la  physique  et  de  la  crise  qu'elle 
subit.  Cette  crise  est  toute  naturelle,  la  multiplicité  des  faits  nou- 
veaux a  rendu  incomplets  les  concepts  jusqu'alors  suffisants.  Mais 
dans  tout  le  courant  de  son  excellent  ouvrage,  M.  Pearson  nous  a 
montré  l'évolution  constante  de  ceux-ci,  embrassant  un  champ 
toujours  plus  grand.  Les  sages  conseils  de  self-critique  qu'il  donne 
permettront  aux  chercheurs  de  solutionner  plus  rapidement  les  ques- 
tions en  suspens. 

14.  —  En  réunissant  dans  le  volume  :  Science  et  Philosophie,  les 
principaux  articles  ou  études  que  J.  Tannery  aimait  à  consacrer  à  de 
profondes  réflexions  sur  les  principes  des  mathématiques  ou  sur  le 
rôle  des  math^^matiques  dans  l'enseignement,  M.  Borel,  tout  en  ren- 
dant un  superbe  hommage  à  son  vénéré  maître,  a  fait  cependant 
encore  plus  :  il  a  rendu  accessible  l'étude  des  idées  de  Tannery. 
Cet  illustre  savant  réfléchissait  longuement  sur  une  question  avant 
de  faire  connaître  son  opinion;  souvent  même  celle-ci  ne  voyait  le^ 
jour  que  dans  ses  précieux  comptes  rendus  d'ouvrages  niathémati- 


•  —  40v^  — 

ques,  elle  surgissait  de  la  discussion  et  faisait  sortir  Tannery  de  sa 
trop  grande  réserve.  On  aurait  désiré  le  voir  publier  plus  encore  sur 
les  principes  de  l'arithmétique,  de  l'algèbre  et  de  la  géométrie;  il  faut 
connaître  les  idées  de  Tannery  sur  ces  sujets  si  Ton  veut  soi-même 
en  aborder  l'étude.  Autant  que  nous  avons  pu  le  vérifier,  M.  Borel  n'a 
rien  omis  d'important  en  sélectionnant  les  articles  réunis  dans  le 
présent  volume.  Cette  partie  du  livre  restera  éternellement  vivante. 
Certaines  questions  d'enseignement  ont  vieilli,  leur  manque  d'actua- 
lité tient  à  ce  que  les  idées  de  Tannery  ont  été  adoptées;  il  reste 
cependant  intéressant  de  connaître  sous  quelle  forme,  pleine  de  bon 
sens,  elles  se  sont  produites.  Tannery  a  été  avant  tout  un  éduca- 
teur cherchant  à  former  les  intelligences,  la  mort  n'a  pas  arrêté  son 
œuvre,  ce  livre  inspirera  encore  de  bonnes  et  excellentes  idées. 

15.  —  Depuis  environ  cent  ans,  le  manuscrit  de  Delambre  :  Gran- 
deur et  figure  de  la  terre  était  resté  inédit.  Il  fallait  qu'un  savant 
absolument  désintéressé  le  revisât,  la  rédaction  en  étant  fort  négligée, 
y  ajoutât  des  cartes  qui  manquaient  totalement,  des  éclaircissements, 
sous  forme  de  notes  :  M.  Bigourdan  s'est  chargé  de  ce  travail  et  s'en 
est  parfaitement  acquitté.  Il  fallait  aussi  (les  publications  de  ce 
genre  ne  couvrant  pas  leurs  frjiis,  malgré  leur  haut  intérêt)  trouver 
une  combinaison  économique  ;  M.  Poincaré,  en  publiant  une  grande 
partie  de  ce  traite  dans  le  Bulletin  astronomique,  a  résolu  la  ques- 
tion. Les  premiers  chapitres  de  ce  livre  sont  consacrés  à  une  critique, 
sévère  mais  juste,  des  travaux  qui  ont  précédé  ceux  de  Delambre. 
Viennent  ensuite  les  travaux  propres  de  Delambre  sur  la  mesure  de 
la  méridienne.  Ceux-ci  ont  servi  à  l'établissement  de  la  base  du  sys- 
tème métrique.  Delambre  a  exposé  le  détail  de  ses  opérations,  les  dif- 
ficultés d'opérer  suscitées  par  les  troubles  qui  agitaient  alors  la  France. 
C'est  un  vrai  journal,  bien  vivant,  de  son  existence  à  cette  époque. 
Il  nous  révèle  le  soin  jaloux  avec  lequel  Méchain  dissimule  ses  registres 
d'observation  pour  les  soustraire  à  la  commission  de  contrôle,  ce- 
lui-ci voulant  ainsi  se  réserver  toute  la  gloire  sises  résultats  avaient 
donné  les  nombres  définitivement  adoptés.  C'est  un  des  derniers 
exemples  de  jalousie  scientifique  que  les  historiens  auront  à  étudier^ 
Les  savants,  maintenant,  se  contentent  de  satisfaire  leurs  rancunes 
politico-religieuses.  Cela  vaut-il  mieux  ?  Enfin  Delambre  expose, 
toujours  avec  son  même  esprit  de  critique  impartiale,  les  mesures 
du  méridien  qui  ont  été  faites  de  1800  jusqu'au  moment  où  il  y  a 
cessé  de  travailler.  Les  astronomes,  géodésiens  et  historiens  auront 
fréquemment  à  consulter  cet  ouvrage;  MM.  Poincaré  et  Bigourdan 
seront  assurés  de  leur  reconnaissance  :  seul  avantage  qu'ils  tireront 
de  cette  publication. 

16.  —  L'Œuvre  scientifique  de  Biaise  Pascal.  Bibliographie,  est  la 


—  410  — 

réunion  de  fiches  savamment  établies  et  logiquement  classées.  Elles 
signalent  trois  espèces  d'ouvrages  :  1°  les  publications  directes  de 
Pascal;  2°  les  œuvres  des  savants  qui  ont  discuté  ou  analyse  les  tra- 
vaux de  Pascal;  3°  les  ouvrages  qui,  à  tout  autre  titre,  ont  cité  Pas- 
cal. En  un  mot,  sont  réunis  tous  les  documents  nécessaires  pour  entre- 
prendre un  grand  travail  d'ensemble  sur  l'œuvre  scientifique  de  Pascal. 
Or  telle  n'est  point  l'intention  de  M.  A.  Maire  :  on  nous  en  a  donné 
l'assurance  formelle.  M.  Duhem,  qui  a  écrit  pour  ce  livre  une  charmante 
et  très  intéressante  Préface,  ne  paraît  pas  disposé  à  commencer,  pour 
le  moment,  pareil  travail.  Cependant,  les  admirateurs  de  Pascal  sont 
nombreux;  maintenant  que  la  besogne  ingrate  est  toute  faite,  nous 
attendons  de  quelques-uns  d'entre  eux  la  publication  de  plusieurs 
belles  études  sur  Pascal.  L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
a  accordé  à  M.  Maire  une  partie  du  prix  Brunet,  récompense  juste  de 
son  travail  désintéressé. 

Sciences  appliquées.  —  17.  —  Avec  une  rapidité  surprenante,  les 
appareils  de  la  Télégraphie  sans  fil  se  sont  modifiés  et  perfectionnés. 
M.  Fournier  s'est  imposé  la  lourde  tâche  de  faire  connaître  au  grand 
public  les  installations  actuelles.  Sauf  en  ce  qui  concerne  les  antennes 
horizontales  placées  près  du  sol,  qui  rendent  de  si  grands  services  aux 
Italiens  en  Tripolitaine,  il  nous  paraît  n'avoir  rien  oul>lié.  Comme  il 
voulait  faire  un  livre  aussi  scientifique  que  possible,  il  a  commencé 
par  rappeler  les  principes  sur  lesquels  est  fondée  la  télégrapjiie  sans 
fil.  Il  a  su  être  à  la  fois  très  précis  et  très  compréhensible.  M.  Fournier 
montre  l'importance  du  problème  de  la  direction  des  ondes,  actuel- 
lement insuffisamment  résolu;  il  fait  connaître  les  divers  essais  de 
téléphonie  sans  fil  et  les  ren)arquables  travaux  de  Branly  sur  la 
télémécanique. 

18.  —  Trop  bien  fait,  tel  est  le  reproche  que  nous  adressons  à 
l'Électricité  à  la  maison.  M.  de  Graffigny  a  mis  une  telle  précision  et  une 
telle  concision  dans  s?  rédaction  qu'il  faut  lire  ce  livre  avec  une 
attention  ne  se  démentant  pas  une  seconde.  Le  grand  public  est-il 
capable  de  cet  effort  ?  Il  lui  est  facilité  pourtant  par  une  impression 
parfaite  accompagnée  de  figures  excellentes.  D'autre  part,  celui  qui 
s'assimilera  ce  livre  possédera  un  fond  sérieux  sur  toutes  les  questions 
traitées  :  les  moyens  de  produire  l'électricité  chez  soi,  l'éclairage 
électrique  domestique,  les  sonnettes  électriques  et  appareils  aver- 
tisseurs, les  téléphones  et  allumoirs.  L'auteur  ne  se  préoccupe  point 
de  décrire  tous  les  appartriils  tendant  vers  un  même  but,  il  en  choisit 
un  et  se  préoccupe  siu'tout  d'une  bonne  installation,  d'un  parfait 
fonctionnement.  Les  principales  applications,  telles  que  :  petit» 
moteurs,  chauffage  d'appareils  domestiques,  etc.,  forment  un  dernier 
chapitre  fort  intéressant.  En  résumé;  excellent  guide  pour  apprendre 


-  411  — 

tout  ce  que  Ton  peut  faire  d'installation  ékctrique  dans  une  maison, 
tout  en  étant  son  propre  producteur  d'électricité. 

19.  —  Pour  profiter  entièrement  des  excellents  conseils  que  donne 
M.  Zérolo  dans  le  Guide  du  chauffeur  d'automobiles,  il  faut,  au  préa- 
lable, avoir  fait  un  léger  apprentissage  dans  un  atelier  de  mécani- 
ciens. Cela  seul  permet  de  remédier  aux  pannes  dont  il  indique  la 
recherche  méthodique  et  d'effectuer  les  petites  réparations.  Pour  ce 
qui  concerne  l'automobile,  le  manuel  de  M.  Zérolo  suffit  largement 
pour  apprendre  à  le  connaître  dans  ses  moindres  détails  :  du  moteur 
au  châssis  et  de  l'entretien  à  la  conduite.  Il  étudie  chacun  des 
éléments  en  lui-même,  il  présente  tous  les  types  fondamentaux,  il 
ne  laisse  de  côté  que  quelques  dispositions  très  secondaires  variant 
d'un  constructeur  à  l'autre.  Par  suite,  après  avoir  étudié  ce  livre,  on 
peut  rapidement  se  familiariser  avec  une  automobile  de  marque  quel- 
conque et  apprendre  à  s'en  servir  dans  les  meilleures  conditions.  Les 
propriétaires  d'automobiles  et  les  chauffeurs  feront  certes  leur  profit 
de  ce  livre;  mais  de  plus,  comme  M.  Tout  le  monde  s'intéresse  à 
l'automobile,  nous  lui  signalons  très  paiticulièien  ent  ce  livre  pour 
qu'il  y  puise  facilement  des  connaissances  sérieuses  sur  son  véhicule 
favori.  E.   Chailan. 

HAGIOGRAPHIE     ET     BIOGRAPHIE   ECCLÉSIASTIQUE 

1.  Madame  Sainrte  .-Inné  et  son  culte  au  mouen  âse,  par  Paul— V.  Tharland.  T.  I. 
P^-ns.  A.  Pica.d  et  fils,  1911,  gr,  in-8  de  349  p.,  8  tr.  —  2.  Sainte  Brigitt:  de 
Sièle.  Sa  vie,  sa  révélations  et  son  a'uvre,  par  la  comtesse  de  Fi.a'vigny.  S''  éd., 
revue  et  p.ugmenti^e.  Paris,  Oiidin,  19'0,  petit  in-8  de  xiii-775  p.,  5  <'r.  —  3. 
Saint-  Frani ois- Xavier,  par  A.  Bbou.  Paris,  Beau^hesne.  191?,  2  vol.  in-8  de 
xvi-44.5  et  487  p.,  12  fr.  — ■  '•.  Un  Apôtre  du  pans  wallon  au  temp'^  de  In  R  forme. 
Le  P.  Bernard  Olivier,  S  J.  p-.r  le  P  Patjt.  Debuchy.  Lille,  Girard,  '9  1,  in-8 
de  180  p.,  2  fr.  —  5.  «  Les  Saints.  »  Saint  Charles  Borromée,  par  Léonce  Ce- 
LiER.  P;  ns,  Leco'fre,  Gabaldr-, '9'?,in-12dexii-207  p.,  2  fr.  —  6.  «  Les  Saints-o. 
La  Bienheureuse  Margw  rite  AIarie,p^.rV.gr  Dv.M^ywiî).  Paris.  LecfT'e,  Gahalda, 
1912,  in-12  de  233  p.,  2  fr.  —  7.  Les  Martyrs,  par  le  R.  P.  Dom  H.  Leclercq.  - 
T.  XI.  La  Bévolution  (1 791-1 79'i1.  Paris,  Oudin,  1911,  in-8  de  cxxiv-521  p., 
4  fr.  50.  —  8.  La  Mère  Marceline  de  Chamerlat,  3"  supérieure  générale  de  la  Misé- 
ricorde de  Billom  (1786-1867),  par  le  P.  J.-B.  Couderc.  Paris,  Téqui,  191?.  in-8 
de  .t95  p.,  a'^'ec  portrait  et  4  planches,  5  fr.  —  9.  Ames  chrétiennes.  Le  Père  de 
Vcl'oger,  s. .s  frères,  ses  sœurs,  d'après  l  ur  cor>etpondance,  publié  par  Gervatne 
de  VAk-oGER.  Paris,  Bloud,  1911,  in-16  de  x-310  p.,  3  fr.  50.  —  10.  le  Car- 
dinal Vaughan,  par  Paul  Thureau-Danchv.  Paris,  Ploud,  1911,  in-16  de  127 
p.,  1  tr.  ?0.  —  11.  Une  A  ne  béni'dictine.  Dom  Pie  de  Hemptinne,  moine  de  fab-^ 
baye  de  Mnredsous  (1880-i907).  2»  éd.  Paris,  Lethielleiix,  1912,  in-12  de  357  p., 
avec  portrfit,  3  fr.  50.  —  12.  M.  l'abbé  Nicolas  Couturier,  organiste  de  la  cnhé- 
drale  de  Langres  et  directeur  de  l'école  musicale  de  la  n>cîtrise  (1840  '9'  1),  notes  et 
souvenirs,  par  L.  Ne  Et  et  R.  Roussel.  Langres,  imp.  Lepitre- Jobard,  1911, 
in-16  de  vi-140  p.,  1  fr.  75.  —  1?.  Saint  Benoit.  Sa  vie,  sa  rèile,  sa  doctrine 
spiritu'lle,  par  le  R.  P.  D.  Be  nard  Ma-échai^x.  Paris,  Eeauchesne,  1911,  ia- 
16  de  viii-197  p.,  2  fr.  —  14.  -  Les  Saints.  «  Saint  Cé'^aire  r470-543\  par  l'abbé 
M.  Chatllan.  Pari»:,  î.ecoffre.  Oabalda,  1*^12,  in-12  de  vni-2;^7  p.,  2  ir.  —  15. 
«  Les  Saints.  -.  La  Vnêrahlr  Énilie  de  Bodat  (1787-1852^,  par  r.gr  J. -F. -Ernest 
Ricard,  Paris,  Lecoffre,  Gib.Jda,  l'M2,  in-12  de  xv-2lu  p.,  2  fr. 


-  412  ~ 

1.  —  Le  litre  du  livre  du  R.  P.  Cbarland  :  Madcmie  Sdincte  Anne  ei 
son  culte  au  moyen  âge,  bien  que  d'un  archaïsme  un  peu  singulier, 
marque  précisément  l'objet  de  cet  ouvrage  de  longue  haleine.  Celui- 
ci  suppose  des  lectures  considérables;  les  documents  y  sont  nom- 
breux et  on  s'attend,  dès  le  début,  à  an  vrai  travail  d'érudition. 
Mais  on  est  tôt  convaincu  qu'on  ne  peut  guère  le  classer  ni  dans  le 
genre  érudition  pure,  ni  dans  celui  d'une  vulgarisation  sans  prétention 
à  la  science  historique.  Pour  le  premier  genre,  il  y  a  trop  de  phra- 
séologie, de  végétations,  pour  le  moins  inutiles;  pour  le  ranger  dans  le 
second,  il  y  a  trop  de  documents  cites  souvent  intégralement,  r-n 
latin,  en  anglais,  même  en  grec.  Le  livre,  d'après  l'auteur,  paraît 
traiter  un  sujet  jusqu'ici  presque  inexploité.  C'est  peut-être  beaucoup 
dire.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  esprits  qu  interesse  ce  beau  et  vaste  sujet 
ne  perdront  pas  leur  temps  à  lire  attentivement  ce  premier  tome.  La 
thèse  que  tend  à  établir  le  P.  Charland  est  celle-ci  :  le  culte  de  sainte 
Anne  est  très  ancien;  il  a  toujours  été,  il  est  encore,  dans  une  large 
mesure,  imiversel,  coi'nme  l'Église  elle-iuême.  Il  reconnaît  lui-même 
l'antiquité  fort  discutée  du  culte  de  h  mère  de  la  Sainte  Vierge  :  brave- 
ment il  s'attache  à  la  prouver.  Ce  culte  aurait  commencé  en  Orient  et 
se  serait  ensuite  développé  en  Occident  où  les  Bollandistes  n'ont 
rencontré  «  la  première  trace  d'une  fête  particulière  en  l'honneur  de 
sainte  Anng  qu'en  1378,  en  Angleterre;  l'institution  de  cette  solen 
nité  y  fut  demandée  par  les  prélats  de  cette  nation  ».  Ce  n'est  certes 
pas  une  bien  haute  antiquité.  Dans  le  Dictionnaire  d'archéologie  et 
de  liturgie^  publié  sous  la  direction  de  Dom  Cabrol,  art.  «  Anne  ^>,  ne 
lit-on  pas  :  «  Avant  1382,  la  fête  de  sainte  Anne  en  Occident  n'ap- 
paraît sur  aucun  calendrier....  le  culte  de  sainte  Anne  en  Occident  ne 
peut  rciuonter  moins  haut  que  le  viii*^  siècle  ».  Le  tome  I  n'est  encore 
qu'un  chapitre  préliminaire  Se  subdivisant  en  articles.  En  voici  le 
sommaire  :  La  Fête  liturgique  de  sainte  Anne,  son  culte  en  Orient 
(monuments  littéraires,  fêtes  et  liturgie,  les  livres  qui  témoignent 
de  ces  fêtes  et  de  la  liturgie;  nombre  et  solennité  de  ces  fêtes).  Les 
auteurs  qui  se  livrent  à  l'étude  de  l'histoire  liturgique  auront,  dans 
ce  premier  volume,  une  mine  de  matériaux  précieux  et  le  vaillant  cher- 
cheur de  documents  n'aurait  qu'à  gagner  à  continuer  son  important 
ouvrage  dans  la  manière  émdite. 

2.  —  La  publication  de  la  troisième  édition  de  Sainte  Brigitte  de 
Suède  par  M™e  la  comtesse  deFlavigny  nous  fait  constater  le  remar- 
quable succès  d'un  ouvrage  assez  spécial.  La  première  parut  en  1892 
et  «  l'érudition  s'y  unit  à  l'élévation  des  pensées  et  à  la  noblesse  du 
style  »;  la  deuxième,  en  1906,  avec  des  modifications  considérable» 
sur  l'histoire  générale  de  la  Suède,  d'après  les  meilleurs  historiens 
suédois  et  sur  sainte  Brigitte  elle-même,  d'après  les  ouvrages  publiés 


-  113  — 

<lepuis  1S91,  actuellement  à  la  Bibliothèque  royale  de  Stockholm. 
L'cditi  on  qui  nous  occupe  diffère  peu  de  la  deuxième.  Cependant 
l'auteur  y  a  tenu  compte  de  quelques  critiques  et  y  a  fait  entrer  des 
ékments  nouveaux  et  recueillis  dans  des  ouvrages  suédois  récents 
et  dans  des  pièces  d'archives  mises  au  jour  de  1905  à  1909,  par  le 
D""  Robert  Geete.  Y  sont  signaL'es  notamment  la  vêture  de  deux 
brigittins  anglais  comme  aussi  la  béatification  de  deux  brigittincs 
françaises.  C'est  un  livre  de  haute  spiritualité,  de  littérature  distin- 
guée, aussi  bien  que  4e  documentation  très  fouillée. 

3.  —  Sainte  Brigitte  exerça  son  apostolat  à  la  cour  de  Suède  et  à 
la  cour  des  Papes;  celui  de  Saint  François- Xavier  eut  pour  théâtre 
les  régions  sauvages  des  Indes.  Bien  que  ce  soit  une  figure  de  saint 
bien  connue,  le  livre  de  M.  A.  Brou  jouit  d'une  particulière  oppor- 
tunité. Son  héros  n'a  pas  manqué  de  biographes  de  valeur,  depuis  les 
ouvrages  de  Torsellini,  de  Luca,  de  Bartoli  établis  sur  pièces  authen- 
tiques, œuvres  sérieuses  auxquelles  certaines  retouches  devaient  être 
néanmoins  apportées  pour  avoir  le  fidèle  portrait  du  saint.  Les  plus 
-nécessaires  ont  été  faites,  ces  derniers  temps,  par  le  P.  L.-M.  Cros, 
dans  son  remarquable  travail  :  «  Saint  François  de  Xavier,  son  pays, 
sa  famille,  sa  vie.  Documents  nouveaux  »,  paru  en  1894.  Le  présent 
auteur  n'y  a  presque  rien  ajouté;  il  s'est  spécialement  occupé  du  «  ca- 
dre »  et  l'a  constitué  en  s'inspirant  des  nombreux  ouvrages  publiés 
sur  le  même  sujet;  il  a  consulté  longuement  les  missionnaires  des 
pays  évangélisés  par  l'apôtre  des  Indes  et  du  .lapon.  Grâce  à  leurs 
commentaires,  il  a,  plus  d'une  fois,  pu  éviter,  dans  la  lecture  des 
textes,  ces  contresens  qui  respectent  la  lettre  et  faussent  l'esprit. 
Malgré  quelques  défectuosités  inévitables,  ce  récit  mettra  saint  Fran- 
çois-Xavier dans  un  cadre  politique,  géographique  et  moral  plus 
précis  que  les  précédents.  Sur  ce  fond  détaillé,  la  physionomie  du 
célèbre  jésuite  ressort  moins  hiératique,  moins  déclamatoire  que  dans 
Bouhours  et  ses  émjiles,  mais  plus  vivante  et  plus  réelle.  —  Une 
bibliographie  critique  ouvre  le  tome  I  (p.  vii-xvi).  A  la  fin  du 
tome  II,  notons  quelques  appendices  fort  intéressants  :  A.  Sur  le 
nombre  des  conversions  opérées  par  saint  François- Xavier;  B.  Sur 
les  miracles  de  saint  François- Xavier  ;  C.  Sur  la  date  de  la  mort  du 
saint  tou  ours  discutée;  un  Index  chronologique  bien  utile;  im 
Index  analytique  non  moins  utile  pour  les  chercheurs.  Cet  ouvrage, 
nous  en  sommes  persuadé,  prendra  rang  parmi  les  meilleurs  sur  le 
saint  apôtre  des  Indes,  où  il  brillera  par  une  sobriété  de  style  clas- 
sique, une  parfaite  et  abondante  mise  en  œuvre  des  sources. 

4.  —  Bien  que  le  P.  Bernard  Olivier,  tel  que  nous  le  révèle  le  P. 
Paul  Debuchy,  jouisse  d'une  notoriété  moins  étendue  que  celle  de 
son  illustre  frère  en  religion,  il  fut  néanmoins  l'une  des  gloires  du 


—  414  - 

pays  wallon  où  il  naquit.  Il  prêcha  avec  un  étonnant  succès  dans  le 
Tournaisis  et  la  Flandre  française.  Comme  il  vécut  à  l'époque  de  la 
diffusion  du  protestantisme  et  s'employa  à  le  combattre,  son  histoire 
apporte  une  contribution  notable  à  l'étude  de  la  Réforme  en  ces 
contrées.  C'est  grâce  à  sa  correspondance  récemment  publiée  que 
sa  vie  a  pu  être  racontée  avec  quelque  détail,  à  quatre  siècles  de 
distance.  Sans  parler  de  l'intérêt  qui  s'attache  aux  débuts  de  la  Com- 
pagnie de  Jésus  en  Belgique,  il  y  a  là,  pour  l'histoire  générale  des  Pays- 
Bas  et  spécialement  pour  1  histoire  locale  d'Antoing,  de  Tournai,  de 
Lille,  de  Tourcoing,  etc.,  des  indications  curieuses  et  des  pages  pitto- 
resques. 

5.  —  La  Réforme  eut,  en  Italie,  pour  ardent  adversaire  le  grand 
archevêque  de  Milan.  Outre  qu'il  fut  appelé  par  ses  contemporains 
le  restaurateur  de  la  piété,  il  fut  le  théologien  qui  contribua  tant  à 
l'heureux  achèvement  du  concile  de  Trente.  Saint  Chades  Borromée, 
adopté  pour  patron  partant  d'églises,  de  diocèses,  de  séminaires,  de 
communautés,  chose  étrange,  n'avait  point  encore  parmi  nous  de 
biographie  à  la  fois  savante  et  accessible,  édifiante  et  sûre.  M.  Léonce 
Celier  vient  de  bombler  cette  regrettable  lacune.  Son  livre  est  écrit 
avec  méthode,  avec  une  connaissance  exacte  des  sources  et  avec  cet 
agrément  austère  de  style  qui  convient  à  pareil  portrait. 

"6.  — A  la  différence  du  saint  archevêque  de  Milan,  la  Bienheureuse 
Marguerite- Marie  a  fait  naître  des  livres  d'une  grande  abondance; 
elle  vient  de  susciter  un  nouvel  historien  en  la  personne  de  Mgr  Dc- 
mimuid.  Son  volume,  qui  appartient  à  la  collection  «les  Saints»  où  les 
vrais  petits  chefs-d'œuvre  ne  se  comptent  plus,  a  l'étendue  nécessaire 
à  l'exposé  d'une  telle  vie.  Il  considère  l'éducation,  la  vocation,  le  . 
noviciat,  la  profession,  les  grandes  révélations,  les  épreuves,  le 
triomphe  de  la  Bienheureuse.  Tous  les  problèmes  délicats  de  cette 
existence  extraordinaire  y  sont  examinés  et  résolus  avec  compétence 
et  avec  un  mélange  heureux  de  finesse  et  d'émotion. 

7.  —  Le  nouveau  volume  de  Dom  Leclercq  a  pour  objet  la  Révo- 
lution, que  contient  déjà  à  l'état  virtuel  l'époque  de  l'apôtre  du 
Sacré-Caur.  Ce  tome  XI  des  Martyrs  ne  renferme  que  la  moitié  des 
actes  rassemblas  pour  cette  période;  un  autre  lui  sera  consacré.  C'est 
la  môme  variété  dans  l'unité,  la  même  méthode  critique,  les  mênxes 
recherches  étendues  et  quelquefois  aussi  la  môme  exubérance  de  consi- 
dérations d'à  côté  et...  de  style,  que  dans  les  dix  précédents  volumes. 
Une  Introduction  de  124  pages  esquisse  l'histoire  des  progrès  de  l'irré- 
ligion en  France;  les  faits  y  ont  plu"  de  place  que  les  raisonnements  et  ils 
montrent  la  décadence  de  l'esprit  chrétien  préparant  les  excès  de  cette 
tragédie  sanguinaire  dont  un  roi,  des  évoques,  des  prêtres,  des  fidèles, 
des  femmes,  des  enfants  furent  les  nobles  et  innocentes  victimes.  In- 


—  415  - 

terrogatoires,  lettres  écrites  quelques  heures  avant  l'échalaud,  testa- 
ments, recommandations  orales,  récits  de  quelques  survivants,  toutes 
pièces  dignes  de  ces  martyrs  des  premiers  siècles  auxquels  n'ont  rien 
à  envier  les  héros  chrétiens  de  la  Révolution.  Ils  sont  une  démons- 
tration éclatante  de  ce  que  l'impiété  du  xviir®  siècle  avait  laissé 
encore  de  forces  morales  intactes  qui  ne  demandaient  qu'à  se  révéler. 
On  aurait  peut-être  pu  désirer  que  chaque  diocèse  de  France  fût 
représenté  par  le  nom  d'une  ou  de  plusieurs  victimes  illustres,  mais 
deux  gros  volumes  n'y  auraient  point  suffi.  11  a  donc  fallu  se  borner. 
Souhaitons  que  ce  recueil  inspire  la  pensée  d'une  œuvre  plus  vaste 
dans  laquelle  figureraient  tous  ceux  qu'on  a  été  obligé  ici  de  retran- 
cher. Ce  serait  une  des  pages  les  plus  glorieuses  de  l'histoire  de  l'Église 
de  France. 

8.  —  La  Mère  Marceline  de  Chamerlat,  du  R.  P.  Couderc,  est  une 
fleur  de  grâce  céleste  qui  s'épanouit  au  sein  de  la  tempête  révolution- 
naire, à  Biîlom,  diocèse  de  Clermont,  cette  terre  qui  engendra  tant 
d'âmes  fortes.  L'histoire  de  sa  belle  vie  est  aussi  celle  de  la  congré- 
gation de  la  Miséricorde  de  Billom.  On  l'y  suit  et  admire  dans  sa 
courte  vie  du  monde,  dans  sa  longue  et  féconde  vie  religieuse  :  l'entrée 
à  la  Miséricorde  vers  1812,  sa  profession  (1814),  sa  supériorité  à  Mois- 
sat,  son  généralat  (1817),  la'  transformation  heureuse  de  son  ordre 
sous  son  habile  direction,  les  fondations  nouvelles.  On  remarque 
surtout  ses  vertus  intimes  et  cachées  par  une  jalouse  humilité,  ses 
qualités  merveilleuses  dans  l'administration  de  sa  congrégation,  la 
conduite  surnaturelle  de  ses  filles  et  la  réédition  complète  et  très 
sage  de  la  règle  statutaire.  Elle  fut  l'ornement  et  la  providence  de  son 
ordre  pendant  plus  de  cinquante  ans.  Ses  saints  exemples,  son  humi- 
lité, son  esprit  de  foi  confiante,  sa  bonté  de  cœur,  son  zèle  pour 
l'éducation  chrétienne  des  enfants  et  toutes  les  œuvres  de  charité, 
conviennent  plus  particulièrement  à  notre  époque  où  nous  souffrons 
cruellement  des  attaques  des  ennemis  de  l'Église. 

9.— Avec  le  Père  de  Valroger^  nous  quittons  le  cloître  pour  pénétrer 
dans  un  foyer  très  chrétien,  sorte  de  séminaire  pour  la  vie  religieuse. 
Grâce  à  cette  correspondance  de  famille,  nous  y  contemplons  d'abord 
ce  prêtre  aussi  modeste  que  savant,  zélé  défenseur  de  l'Église,  ce  P. 
de  Valroger  qui  fut,  avec  le  P.  Petetot  et  le  P.  Gratry,  un  des  initia- 
teurs de  la  restauration  de  l'Oratoire  en  France  au  xix^  siècle.  Ce 
livre  retrace  sa  vocation,  ses  travaux,  ses  luttes  contre  le  rationalisme, 
dans  sa  correspondance  avec  son  frère  aîné,  l'abbé  Achille  de  Valro- 
ger, le  doux  sulpicien  qui  travailla  dans  l'ombre  à  la  formation  de  tant 
de  générations  de  prêtres;  puis  apparaît  la  figure  de  leur  sœur  aînée, 
Félicie,  religieuse  de  la  Visitation  à  Caen;  enfin  c'est  celle  de  la  plus 
jeune,  Adèle,  un  ange  de  piété  et  de  dévoû ment,  qui  consacra  sa  vie 


—  416  — 

aux  pauvres,  aux  petites  filles  orphelines  abandonnées;  elle  en  éleva 
plus  de  quinze  cents  à  l'ouvroir  de  Notre-Dame  fondé  par  elle  à  Caen. 
Cette  lecture  laisse  à  l'âme  le  parfum  de  ces  vertus  voiles  qui  se 
trahissent  dans  la  simplicité  et  1  abandon  de  ces  lettres  de  famille. 

10.  —  Du  retour  de  l'Angleterre  de  la  Réforme  au  catholicisme 
au  XI x^  siècle,  les  cardinaux  Newman  et  Manning  furent  les  coura- 
geux champions.  Ils  ferment  l'âge  héroïque  de  cette  évolution  reli- 
gieuse. Toutefois,  pour  être  d'un  intérêt  moins  saisissant,  l'époque 
qui  suivit  la  mort  des  deux  grands  convertis  mérite  d'être  connue 
dans  la  personne  surtout  du  Cardinal  Vaughan,  successeur  de  Man- 
ning sur  le  siège  de  Westminster.  M.  Paul  Thureau-Dangin  s'est 
inspiré,  pour  en  reconstituer  la  figure,  d'un  volume  récent  de  Snead 
Cox  :  Life  of  cardinal  Vaughan  (2  vol.  Londres,  Heibert  and 
Daniel).  Cette  biographie  anglaise  est  composée  à  la  manière  de  nos 
voisins  d'Outre-Manche,  à  savoir  sur  les  papiers  communiqués  par  la 
famille  et  les  amis.  Gons'qutmment  elle  est  exacte,  sincère,  simple 
de  ton,  impartiale.  Celle  de  M.  Thureau-Dangin,  dont  les  travaux 
sur  la  renaissance  religieuse  de  l'Angleterre  sont  si  appréciés,  possède 
ces  caractères  et  offre  tous  les  éléments  nous  permettant  de  nous 
figurer  le  cardinal  Vaughan  qui  joua  un  rôle  important,  quoique  de 
second  plan,  dans  l'Eglise  catholique  en  Angleterre. 

11.  —  Le  cardinal  Vaughan  fut  un  homme  d'action;  Dom  Pie  de 
Hemptinne  eut  une  âme  d  ascète.  Bien  que  débutant  éducateur,  il 
eut  de  frappantes  intuitions  dans  la  grande  œuvre  de  la  culture 
morale  de  l'enfant.  Sa  vie  fut  trop  courte,  mais  très  harmonieuse  et 
très  remplie.  Ce  livre  doit  être  médité  lentement. Rien  n'y  ressemble 
à  la  pauvreté  verbeuse  de  certains  hagiographes  trop  nombreux,  à 
la  banalité  sentimentale  de  recueils  analogues,  ni  dans  l'Introduc- 
tion biographique  écrite  avec  une  simplicité  discrète,  une  émotion  con- 
tenue, ni  dans  les  notes  spirituelles  de  D.  Pie  de  Hemptinne.A  dire 
vrai,  le  cœur  de  ce  jeune  moine  est  plus  ardent  que  son  intelligence 
n'est  vive;  il  éprouve  une  certaine  peine  à  exprimer  exactement  ce 
qu'il  pense  et  ce  qu'il  ressent.  Il  ne  faut  pas  le  regretter,  car  cette 
imperfection  aide  à  mieux  saisir  la  solidité,  à  sonder  plus  profon- 
dément les  richesses  de  sa  vie  intérieure.  Ses  phrases  paraissent  tout 
ordinaires,  mais  à  la  réflexion  on  y  trouve  quelque  chose  de  très  péné- 
trant et  de  très  sûr  qui  nous  fait  sentir  que  l'expression  est  bien  au 
dessous  de  l'expérience  elle-même.  La  ligne  d'ascension  de  cette 
âme  est  nettement  dessinée  par  le  biographe  et  correspond  à  ce  que 
nous  savons  du  vrai  mysticisme.  Aussi  ce  livre  est-il  plein  d'attrait 
et  de  lumière. 

12.  —  Il  fut  également  une  âme  toute  d'harmonie,  spirituelle  et 
musicale,  ce  bon  Abbé  Nicolas  Couturier,  dont  la  vie  est  décrite  par 


—  417  — 

MM.  Nool  et  Roussel,  ses  élèves  et  ses  amis.  Il  y  aurait  abondante 
matière  sur  ce  bon  prêtre,  sur  cet  artiste  éminent.  Modestement 
l'auteui"  n'a  voulu  que  grouper  quelques  notes  pour  dessiner  cette 
belle  physionomie,  à  larges  traits.  En  Nicolas  Couturier,  le  prêtre 
prime  tout,  et  c'est  pour  ce  motif  que  le  prêtre,  dans  ces  pages,  occupe 
la  plus  grande  place.  Cette  biographie  est  surtout  lœuvre  des  con- 
disciples, des  élèves  et  des  amis  de  l'excellent  organiste  dont  les  sou- 
venirs disséminés  ont  été  réunis.  C'est  un  prêtre  musicien,  l'abbé 
Noël,  qui  s'est  occupé  de  l'artiste,  dont  il  fut  l'élève  et  le  collègue. 
Sans  recherche  littéraire,  cette  brochure  retrace  le  vrai  portrait 
d'un  prêtre  qui,  par  tous  ceux  qui  le  connurent,  fut  estimé  et  pleuré. 

13.  —  C'est  à  la  dernière  heure  que  nous  avons  reçu,  avec  le  volume 
sur  Saint  Benoît.  Sa  vie,  sa  règle,  sa  doctrine  spirituelle,  par  le   R.  P, 
D.  Bernard  Maréchaux,  les  ouvrages  suivants.  Ce  n'est  point  œuvre 
d'érudition,  mais  simplement  d'édification  qu'a   voulu   faire  l'abbé 
de  Sainte-Françoise  Romaine.  Il  s'est  contenté  de  traduire  les  pages 
que  saint  Grégoire-le- Grand  a  consacrées  au  Patriarche  des  moines 
d'Occident,  au  deuxième  livre  de  ses  «  Dialogues»,  en  y  ajoutant  seu- 
lement  quelques  explications  pour  marquer  la  haute   portée   des 
enseignements  qui  se  dégagent  de  cette  vie  merveilleuse  :  la  sainteté 
admirable  du  jeune  patricien  romain  qui  brille,  avec  une  progression 
ininterrompue,   jusqu'à  sa  bienheureuse  mort.   Saint   Grégoire   fut 
presque  le  contemporain  de  son  héros;  il  put  donc  recueillir  bon 
nombre  de  témoignages  de  la  bouche  d'hommes  graves  et  religieux 
qui  avaient  vécu  avec    saint  Benoît;  il  cite  leurs  noms  et  indique 
leurs  fonctions,  les  sources  les  plus  sûres.  —  Les  fresques  de  Luca  Signo- 
relli  et  du  Sodoma  qui  décorent  le  cloître  de  Mont-Olivet-Majeur, 
près  de  Sienne,  jouissent  d'une  grande  renommée  et  sont  comme  un 
poème  savoureux   d'un   haut  intérêt.   L'auteur  y  renvoie,   chaque 
fois  qu'il  relate  un  fait  s'y  trouvant  reproduit.  Ce  livre  est   donc  en 
même  temps  une  sorte  de  guide  pour  les  pèlerins  d'art  au  berceau 
de  la  congrégation  bénédictine  olivétaine.  —  A  la  vie  de  saint  Benoît 
sont  ajoutées  deux  études    sur  la  règle  composée  par  le  saint  et  en 
donnent  une  vue  d'ensemble.  La  première  est  historique;  la  seconde 
ascétique.  Celle-là  s'occupe  de  la  composition  de  la  règle  bénédictine 
en  la  comparant  avec  les  règles  basiliennes;  celle-ci  se  renferme  dans 
le  chapitre  de  l'humilité  qui  fut  incontestablement  le  fond  de  la 
pensée  de  saint  Benoît  sur  la  vie  intérieure.  Cet  ouvrage  contribuera 
à  faire  connaître  à  beaucoup  «  la  grande,  forte,  belle  et  suave  physio- 
nomie historique  du  Patriarche  des  moines  d'Occident  ». 

14.  —  Saint  Césaire,  évêque  d'Arles,  fut  pareillement  un    moine 
humble  et  savant,   contemporain    de  saint  Benoît,   de  la  fameuse 
abbaye  de  Lérins;  puis  ce  fut  un  théologien,  un  canoniste  de  pre- 
Mai  1912.  T.  CXXIV.  27. 


—  418  — 

mier  ordre,  un  artisan  de  l'unité  morale  et  religieuse  de  la  Gaule 
émancipée  du  joug  des  Barbares  et  des  superstitions  celtiques  comme 
de  celles  de  l'empire  romain.  Peu  de  prélats,  peu  d'apôtres  ont  mieux 
travaillé  que  lui  à  resserrer  le  lien  qui  unit  l'Église  de  France  au 
Saint-Siège  et  à  faire  mûrir  les  fruits  d'une  culture  dont  nous  vivons 
encore  heureusement.  En  un  style  facile  et  vivant,  M.  l'abbé  Chaillan 
fait  revivre  une  des  parties  les  plus  intéressantes  de  nos  origines,  à 
la  fois  nationales  et  religieuses.  Ainsi  que  le  Bienheureux  Urbain  V, 
pape  français  de  la  Provence,  objet  d'un  premier  travail  apprécié  du 
même  auteur,  saint  Césaire  d'Arles  appartient  à  cette  tradition- 
nelle et  poétique  Provence  à  laquelle  M.  Chaillan  est  attaché  par  les 
liens  de  son  ministère  sacré,  aussi  bien  que  par  son  amour  informé 
de  la  petite  patrie  provençale  et  de  sa  riche  histoire. 

15.  —  A  l'autre  extrémité  de  notre  histoire,  vers  la  période  révo- 
lutionnaire, rayonna  la  belle  physionomie  delà  Vénérable  Mère  Emilie 
de  Rodai.  Assurément,  elle  est  une  des  plus  admirables  femmes,  une 
des  plus  généreuses  ouvrières  de  l'apostolat  catholique  qui  aient 
été  données  à  la  France,  entre  la  fin  du  xviii^  siècle  et  le  milieu  du 
siècle  dernier.  On  ne  trouvera  pas  seulement  dans  cette  vie,  écrite  avec 
agrément  par  Mgr  Ricard,  le  portrait  spirituel  de  la  religieuse  et  la 
description  des  merveilleuses  œuvres  que  l'amour  de  Dieu  et  la  pas- 
sion des  âmes  savent  inspirer,  mais  encore  l'image  d'un  foyer  chré- 
tien et  celle  de  la  jeune  fille  qui,  sous  l'impulsion  de  la  grâce,  sait 
s'élever  du  milieu  de  délicats  dangers  jusqu'aux  célestes  hauteurs. 
A  travers  ces  pages  prenantes,  on  sent  que  Mgr  l'archevêque  d'Auch, 
tout  en  restant  d'une  exactitude  documentaire,  a  voulu  faire  par- 
tager à  ses  lecteurs,  pour  la  sainte,  sa  tendre  admiration.  On  peut, 
en  toute  vérité,  lui  appliquer  ce  beau  mot  de  Lacordaire  :  «  La  sain- 
teté, c'est  l'amour  de  Dieu  et  des  âmes  poussé  jusqu'à  une  sublime 
extravagance.    »  Louis    Robert. 

THÉOLOGIE 

TSceolospia  Bii»rali»,  auclore  Augustino  Lehukuhl.  Editio  undecima. 
l-ribiryi  Brisyoviae,  HerJer,  1910,  2  vol.  gr.  in-8  de  xix-90fl,  xv-950  p.  — 
Prix  :  25  fr. 

Le  R.  P.  Lehmkuhl  s'est  acquis  dans  les  questions  morales  une 
telle  autorité,  qu'une  publication  signée  de  son  nom  est  toujours 
favorablement  accueillie.  Pour  présenter  celle-ci  —  c'est  la  onzième 
édition  de  sa  «Théologie  morale  »,  répandue  en  une  quinzaine  d'années 
à  quelque  quarante  mille  exemplaires  —  nous  ne  pouvons  mieux 
faire  que  de  traduire  quelques  lignes  de  la  Préface.  Elles  précisent  les 
améliorations   réalisées. 


—  419  — 

Après  avoir  rappelé  le  soin  avec  lequel  il  s'est  constamment  efforcé 
de  tenir  son  ouvrage  au  courant  des  derniers  décrets  de  Rome,  le 
R.  p.  ajoute  :  «  Jamais,  cependant,  je  n'avais  entrepris  de  remanier 
à  fond  mon  travail.  Dans  ces  derniers  temps  toutefois,  d'une  part, 
dans  les  questions  de  discipline  qui  touchent  particulièrement  la 
théologie  morale  et  le  rôle  du  confesseur,  les  lois  ecclésiastiques  ont 
8ubi  des  modifications  si  nombreuses  et  si  importantes,  de  l'autre, 
les  conditions  de  la  vie  sociale  et  l'étude  des  sciences  théologiques 
ont  subi  de  telles  vicissitudes,  que  j'en  suis  venu  à  méditer 
sérieusement  une  refonte  entière  et  comme  une  composition 
nouvelle  de  cette  Théologie  morale.  La  tenue  générale  du  livre 
et  l'ordonnance  de  l'ensemble  sont  demeurées  identiques;  mais,  dana 
le  détail  des  parties,  l'ordre  des  questions  a  été  modifié,  la  matière 
augmentée  et  traitée  avec  plus  de  soin.  Parmi  les  innovations,  je 
note  un  petit  nombre  des  plus  importantes  :  dans  le  tome  I,  tout 
le  chapitre  De  fine]  comme  additions  :  les  obstacles  au  libre  arbitre, 
des  péchés  tant  mortels  que  véniels,  de  nouveaux  chapitres  sur  le 
contrat  de  travail,  sur  les  différentes  espèces  de  monopole,  sur  les 
diverses  assurances;  dans  le  tome  II  ont  été  faites  bien  des  additions 
concernant  la  notion  et  l'efficacité  des  sacrements,  la  sainte  com- 
munion et  sa  fréquence,  l'application  du  Saint  Sacrifice  et  les  hono- 
raires de  messe,  l'Extrême- Onction,  les  fiançailles,  le  nipriage  et  leur 
forme  nouvelle.  Il  devenait  nécessaire  de  modifier  complètement  la 
numérotation;  mais,  afin  que  cette  édition  pût  demeurer  en  usage 
concurremment  avec  les  précédentes,  et  leur  être  comparée,  je  me  suis 
résolu  à  établir  une  table  de  concordance  indiquant  les  relations 
des  numéros  de  cette  édition  avec  ceux  des  éditions  antérieures  ». 

On  voit  l'intérêt  du  nouveau  texte.  Le  R.  P.  Lehmkuhl  y  garde 
tout  l'avantage  d'une  pensée  lumineuse,  très  mûrie;  il  y  ajoute  celui 
d'un  exposé  plus  méthodique.  Les  principes  sont  mieux  discutés, 
mieux  établis;  les  théologiens  spéculatifs,  eux-mêmes,  en  aborderont 
avec  fruit  l'étude.  L'on  n'a  pas  sous  les  yeux  une  collection  de  solu- 
tions pratiques,  mais  une  vraie  «  Somme  de  théologie  morale  ».  Par 
un  mérite  peu  commun,  attentif  à  traiter  les  «  cas-limites  »  qui 
éclairent  les  derniers  aboutissements  des  principes,  le  R.  P.  ne  l'est 
pas  moins  à  rappeler  les  règles  de  l'ascèse  et  de  la  perfection  chré- 
tiennes. La  première  science,  non  sans  danger  grave,  pourrait  former 
des  logiciens  abstraits  et  des  casuistes  ;  l'union  des  deux  assure  seule 
la  prudence  morale,  indispensable  au  vrai  directeur  de  conscience. 

H.  GisoRS. 


-  420  — 

L.e  liibérallame  ««t  un  pècké,  guivi  delà  Utlre  ptslormUda  évéques 
de  VÉqnaleur  tur  le  lihéralisme,  par  Don  FÉLIX  Sarda  Y  Salvany  ;  Irad.  de 
l'espagool  par  M"«  U  marquise  db  Tristany.  Nouvelle  édilion.  Pari», 
Téqui,  lato,  in-12  do  xxvii-31S  p.  —  Prix  ;  'i  fr.  50. 

Cette  édition  reproduit  sans  changement  les  éditions  antérieures. 
La  Préface  actuelle  a  modifié  seulement  «  il  y  a  quelques  mois  «  en 
«  il  y  a  quelques  années  ».  Quelques  assertions  appelaient  cependant, 
soit  dans  la  Préface,  soit  dans  le  corps  du  livre,  un  mot  de  rectifica- 
tion ou  des  éclaircissements  historiques. 

A  part  ces  détails,  le  célèbre  ouvrage  n'a  rien  perdu  de  son  oppor- 
tunité. L'application  des  principes  qu'il  émet  est  affaire  de  prudence, 
suivant  les  temps  et  les  lieux,  mais  il  y  aura  toujours  profit  à  relire 
ces  pages  inspirées  par  un  sens  très  droit  et  par  les  règles  élémen- 
taires de  la  saine  théologie.  H.  Grs. 


Ap^losètique  elirétienne,  par  Anatole  Moulard  et  Francis  Vin- 
cent. 13»  edit.  Paris,  Bloud,  1910,  in-10  ûa  HOl  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Un  manuel  qui  atteint  sa  treizième  édition  peut  déjà  se  passer  des 
approbations  banales.  Il  lui  est  plus  difficile  d'échapper  à  la  criti- 
que, s'il  aborde  des  questions  aussi  délicates  que  celles  de  l'apolo- 
gétique, où  l'on  erre  aussi  bien  à  minimiser  le  dogme  qu'à  le  majorer 
indûment.  Ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  tendances  n'est  proprement  le 
fait  des  auteurs  de  cette  Apologétique  —  et  c'est  leur  éloge;  — 
toutefois  les  théologiens  avertis  souhaiteront  encore  de  ci  de  là  quel- 
ques précisions.  Il  n'est  exact  de  dire  que  la  doctrine  de  l'évolu- 
tion «  n'a  pas  de  rapports  avec  la  foi  »,  que  si  on  lui  assigne,  comme 
les  auteurs  le  font  d'ailleurs,  de  notables  restrictions  (p.  48).  L'univer- 
salité du  déluge,  bien  que  chose  scientifique,  ne  serait  nullement  ques- 
tion libre,  si  l'universalité  morale  des  Pères  l'avaient  tenue  comme  un 
fait  révélé,  donc  de  foi  (p.  94).  La  preuve  par  l'obligation  morale 
(p.  9)  semble  insuffisante.  Beaucoup  se  refuseront  à  identifier  la  con- 
venance d'un  acte  pour  la  nature  raisonnable  —  convenance  inéluc- 
tablement sentie  —  avec  l'obligation  formelle  de  le  poser  ou  de 
l'omettre.  L'existence  de  la  loi  n'est  donc  pas  un  fait  indéniable, 
avant  qu'on  ait  prouvé  l'autorité  personnelle  qui  fait  d'une  conve- 
nance ou  d'une  exigence  impersonnelle  une  loi  :  c'est  Dieu.  Il  est 
impossible  de  ne  voir  dans  les  sauvages  que  des  «  rétrogrades  »  (p.  79). 
Leur  cas  est  beaucoup  plus  complexe,  mélange  d'enfance  et  de  sénilité. 
L'exposition  des  théories  de  M.  Bergson  est  peu  fidèle  (p.  30).  On  ne 
peut  non  plus  affirmer  catégoriquement  qu'Aristote  ait  cru  à  «  un 
monde  éternel  non  créé  »,  puisque  explicitement  il  déclare  insoluble 
le  problème  de  l'éternité  du  monde,  plusieurs  des  dates  proposées 
pour  les  témoins  des  évangiles  sont  incorrectes  (Valentin,  Basilide), 


~  421  — 

ou  trop  catégoriques  (Justin,  Celse)  (p.  148  sq.).  On  attendrait  (p.  131, 
265),  à  propos  de  l'indifférentisme,  quelques  indications  sur  le  protes- 
tantisme libéral  et  le  symbolofidéisme  où  il  règne  en  maître...  De 
manière  générale,  on  souhaiterait  qu'aucune  citation  d'adversaires  ne 
soit  donnée  sans  références  très  précises.  C'est  un  gros  surcroît  de 
travail  pour  les  auteurs,  mais  très  utile  au  lecteur,  et  qui  amènera 
souvent  l'écrivain  à  mieux  représenter  les  théories  qu'il  réfute. 

Vu  la  multitude  des  problèmes  traités,  on  pourrait  allonger  la  liste 
de  ces  desiderata,  sans  nuire,  près  des  lecteurs  judicieux,  à  la 
réputation  de  ce  livre.  Tel  quel,  il  est  certainement  de  grand  mérite 
et  l'un  des  meilleurs  que  nous  ayons  en  ce  genre.  H.  Gisors. 


Ln  Morale  <l'«pré«  salut  Tliomas  et  1««  tlié#l«giens  aro- 

iRStiqueS-  Mémento  théorique  et  yinde  btb'.iogiapitique,  par  A.  DB  LA  HàBKB. 
Paris,  Beauchesne,  1911,  in-8  de  xxvii-l5l  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Cet  ouvrage  contient  cinq  études  sur  les  questions  capitales  de  la 
morale  et  du  droit  :  I.  Existence  de  la  moralité  ;  sa  nature  et  ses 
éléments  essentiels;  II.  Du  Bien  et  de  la  fin;  bien  absolu,  bien  rela- 
tif; III.  Les  Lois  divines  :  loi  éternelle,  loi  naturelle;  IV.  La  Cons- 
cience et  la  connaissance  des  actions  singulières;  V.  Les  Lois  humai- 
nes et  les  droits  correspondants.  Sur  chaque  sujet,  après  délimita- 
tion du  problème,  se  trouvent  indiquées  les  thèses  principales  de 
l'école,  leurs  dépendances  et  leurs  corollaires,  le  tout  appuyé  de  réfé- 
rences abondantes  à  saint  Thomas  et  aux  maîtres  de  la  scolastique. 

Ce  n'est  pas  un  livre  fait,  c'est  un  mémento  et  un  «  guide  biblio- 
graphique »;  mais  la  haute  compétence  de  celui  qui  condense  dans  ces 
notes  brèves  le  résultat  de  longues  réflexions  et  de  longues  années 
d'expérience,  en  fait  un  manuel  des  plus  précieux  non  seulement  pour 
les  étudiants  ecclésiastiques,  mais  pour  les  écrivains  (sociologues  ou 
juristes)  qui  souhaitent  une  orientation  autorisée  dans  un  monde  de 
pensée  dont  ils  pressentent  la  richesse,  sans  oser  affronter  l'aridité 
de  ses  sentiers.  Parmi  les  meilleures  pages  on  notera  celles  qui  éclai- 
rent les  problèmes  de  la  loi  naturelle  (p.  64  sq.),  le  passage  des  prin- 
cipes généraux  (innés,  au  sens  large  du  mot,  p.  73  sq.)  aux  jugements 
que  la  conscience  édicté  dans  les  cas  particuliers  (p.  101  sq.),les  lois 
humaines  (p.  128  sq.). 

L'auteur  fait  espérer  la  publication  d'une  nouvelle  série  d'études. 
En  formant  le  vœu,  pour  l'utilité  de  beaucoup,  que  ce  projet  soit 
promptement  réalisé,  on  souhaiterait  que  de  ci,  de  là,  la  rédaction  soit 
plus  coulante.  Pour  être  ainsi  condensé,  le  texte  doit  être  clair  à 
l'excès;  les  références,  reliées  aux  yeux  de  l'auteur  par  un  lien  im- 
plicite évident,  doivent  être  réunies,  pour  la  commodité  du  lecteur, 
par  des  transitions  explicites.  Un  effort  minime  pour  que  tout  para- 


--  4Î2  — 

graphe  se  compose  de  phrases  continues  ajouterait  beaucoup  à  la 
clarté. 

plus  d'idées  que  de  mots,  plus  d'utilité  que  d'éclat,  c'est  un  éloge 
bien  mérité  par  ce  livre  et  dont  un  recenseur  est  sûr  de  n'avoir  pas  à 
fatiguer  sa  plume.  H.  Gisors. 

JURISPRUDENCE 

Ei08  Esponsalesy  el  matri^nonio  segiin  la  noTisinaa  disci- 
plina, comtnt'irio  camjnic)  morai  aohie  el  décrets  a  Ne  Temere  »,  por  «l 
R.  P.  Juan  B.  Fbbkeres.  Quintaedicion.  Madrid,  «  Hazôiiy  Fe  ».  1911,  in-16 
de  460  p.  -  Prix  :  3  fr.  50. 

JLa  Curia  roinaiia  segiiu  la  iiovisiuia  disciplina  decre- 
tada  poi*  Pio  X..  Comenlario  canotiico  e  historico  sobre  fa  Cons.  4  Sa- 
pienti  consilio  »,  por  el  R,  P.  Juan  Fekrkkes-  Seiîunda  ediciôu.  Madrid, 
0.  Razon  y  Fe  »,  1911,  in-16  de  xc-.5"o  p.  —  Prix  :  6  fr. 

Ces  deux  volumes  du  savant  canoniste  espagnol  sont  consacrés 
à  deux  récentes  innovations,  très  importantes,  décrétées  par  Pie  X. 
La  première  est  la  réforme  des  lois  qui  concernent  la  célébration 
des  fiançailles  et  du  mariage  par  le  décret  Ne  Temere;  la  seconde, 
la  réorganisation  de  la  Curie  romaine,  par  la  constitution  6'a/?ie«^)J 
consilio,  avec  les  règlements  annexes. 

—  Dans  le  premier  volume,  après  avoir  montré  les  inconvé- 
nients qu'entraînait  l'ancienne  jurisprudence,  et  justifié  ainsi  la 
nouvelle  discipline,  l'auteur  étudie  successivement  les  articles  du 
décret  Ne  Temere;  deux  sections  distinctes  traitent  des  fiançailles, 
puis  du  mariage;  une  troisième  s'occupe  des  actes  du  Saint-Siège 
qui  sont  venus  compléter  et  préciser  la  loi;  enfin  une  quatrième 
est  consacrée  à  une  série  d'applications  pratiques,  sous  forme  de 
casus.     » 

—  Le  traité  de  la  Curie  romaine  se  divise  en  deux  parties  :  la  pre- 
mière, historique ,  retrace  brièvement  l'évolution  des  divers  organes 
de  la  Curie  jusqu'à  ce  jour,  et  notamment  des  Congrégations  cardi- 
nalices ;  la  seconde,  dispositive,  expose  la  nouvelle  organisation  des 
Congrégations,  offices  et  tribunaux,  dont  l'ensemble  constitue  la 
Curie,  d'après  la  nouvelle  organisation.  Chaque  organe  est  l'objet 
d'une  étude  spéciale,  où  sont  indiqués  sa  compétence,  ses  éléments, 
les  vicissitudes  qui  l'ont  conduit  jusqu'à  l'état  actuel,  et  les  change- 
ments qui  viennent  d'y  être  introduits.  L'auteur  termine  par  trois 
chapitres  complémentaires  :  sur  la  promulgation  des  lois, sur  la  valeur 
des  actes  et  décisions  des  divers  organes  de  la  Curie,  enfin  sur  les 
formules  employées  par  les  congrégations,  offices  et  tribunaux 
romains. 

A  l'occasion,  le  P.  Ferreres  insiste  particulièrement  sur  ce  qui 


—  423  — 

peut  offrir  un  intérêt  spécial  pour  l'Espagne.  Ces  volumes,  clairs, 
bien  ordonnés,  d'ailleurs  très  bien  documentés,  méritent  bien  l'ac- 
cueil particulièrement  favorable  que  leur  a  fait  le  public  ecclésias- 
tique   espagnol.  A.    Boudinhon. 

SCIENCES    ET    ARTS 

Peut-on  croire  sans  être  «in  intbécilc?   par  Henri  Dsspkbz. 
Paris,  Librairie  des  Saints-Pères,  s.  d.,  in-12  de  X[-3'i3  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

«  Ceux  qui  croient  en  Dieu  sont  des  imbéciles  ».  Cette  déclaration 
brutale,  prononcée,  il  y  a  quelques  années,  par  un  instituteur  de  la 
Côte-d'Or,  devant  ses  élèves,  provoqua,  on  se  le  rappelle,  un  grand 
scandale.  M.  Henri  Desprez  fait  au  coupable  l'honneur  de  discuter 
son  affirmation,  quelque  ridicule  et  prétentieuse  qu'elle  paraisse.  Sa 
réponse,  fondée  sur  les  arguments  les  plus  simples  et  des  observations 
de  grand  sens  qu'il  expose  avec  une  extrême  clarté,  donnera  pleine 
satisfaction  aux  lecteurs  les  plus  exigeants.  Dans  une  série  d'  «  ap- 
pendices »,  M.  Henri  Desprez  passe  ensuite  en  revue  les  principaux 
thèmes  des  griefs  fulminés  contre  l'Église  :  Galilée,  Etienne  Dolet, 
Giordano  Bruno,  le  chevalier  de  la  Barre,  Ferrer,  le  massacre  de 
Vassy,  la  Saint-Barthélémy,  la  Révocation  de  l'édit  de  Nantes,  etc.  Cet 
excellent  livre,  de  lecture  facile,  sera  d'un  usage  précieux  pour  la 
propagande.  0.  H. 

L<e    Vieillard.    L>n   Vie    montante.     Pensées  du    soir,    par 

Mgr  Baunard.  Paris,  J.  de  Gigord,  lyn,  in-8  de  vin-523  p.  —  Prix  :  5  fr. 

De  ce  livre  très  riche  de  réflexions  personnelles  et  de  citations 
intéressantes,  écrit  par  un  octogénaire  qui  a  conservé  l'esprit  alerte  et 
le  cœur  aimant,  on  pourrait  presque  dire  qu'il   contient  deux  livres, 
à  chacun  desquels  conviendrait  l'un  des  sous-titres.  Pensées  du  soir, 
ce  sont  celles  que  l'éminent  recteur  honoraire  de  l'Université  catho- 
lique de  Lille  dégage  du  mouvement  dos  faits  et  des  systèmes  qu'il  a 
vu  se  succéder,  dressant  le  bilan  des  progrès,  se  demandant  s'ils  ont 
accru  le  bonheur,  opposant  aux  philosophies  négatives  des  agnosti- 
ques les  fortes  certitudes  des  grands  croyants,  montrant  la  transcen- 
dance et  la  vitalité  de  l'Église,  malgré  la  dureté  de  l'épreuve  qu'elle 
subit  en  France,  et  que  l'on  sent  être  la  grande  tristesse  de  ce  géné- 
reux apôtre.  Parler,  pour  les  vieillards,  de  vie  montante,  cela  semble 
une  ironie.  Mais  cette  merveille  peut  devenir  une  réalité.  On  verra, 
,  en  ces  pages  réconfortantes,    comment,    même    en    cette    période 
où    les   forces    fléchissent    et    où   se   multiplient    les     signes    dm 
déclin,   l'âme   du   chrétien   peut   encore   progresser  et  s'élever,   car 
Mgr  Baunard  ne  se  borne  pas  a  enseigner  l'art  de  vieillir  avec  bonn» 


—  424  — 

grâce  et  avec  un  visage  serein,  connue  aurait  pu  tenter  de  faire  un 
sage  antique.  Les  souverains  viatiques  qu'il  propose,  il  les  a  trouvés 
dans  les  dogmes  et  les  sacrements  de  l'Eglise  catholique,  dans  l'amour 
tendre  et  confiant  de  Jésus-Christ.  Oh  !  la  belle  vieillesse  dont  il  trace 
ainsi  le  tableau,  un  peu  bien  optimiste,  si  celle-ci  n'avait  pas  été 
préparée  par  une  belle  vie.  Mais,  même  dans  ce  cas,  la  vieillesse 
pourrait  aider  à  monter,  parce  qu'elle  est  détachante  de  bien  des 
choses  inférieures,  et  parce  qu'elle  apporte  bien  des  occasions  d'ex- 
pier. En  somme,  de  cet  ouvrage  qui  met  sans  cesse  en  vue  de  la  mort, 
c'est  une  impression  pénétrante  de  joie  qui  nous  vient.  Le  pieux  et 
poétique  auteur  fait  voir  la  vieillesse  comme  le  Samedi  saint  de  la  vie, 
îe  Samedi  saint,  c'est-à-dire  le  jour  où  déjà  l'on  entend  tinter  les 
cloches  de   Pâques.  Baron   Angot   des   Rotours. 


Ce  Cflue  FéBcl«u  dirait  au  ILH.^  siècle  «ur  réducatton  de« 
filles,  par  L.-B.  Daguirbb.  Paris,  Beauchesne,  1911,  in-16  de  335  p.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

Un  bon  livre,  mais  assez  difficile  à  analyser,  parce  qu'il  ne  com- 
porte ni  tables,  ni  titres  de  chapitres,  ni  résumé  des  sujets  traités. 
C'est  une  suite  de  dialogues  entre  une  maîtresse  clirétienne  et  ses  élè- 
ves, qui  se  réunissent  périodiquement  pour  lire  et  commenter  le  livre 
de  Fénelon  sur  V Éducation  des  filles,  en.  marge  duquel  elles  compo- 
sent ensemble  comme  un  nouveau  traité  d'éducation  adapté  aux 
habitudes  d'aujourd'hui,  mais  toujours  inspiré  par  cette  haute  raison 
qui  a  sa  source  et  sa  sauvegarde  dans  les  enseignements  de  la  reli- 
gion. L'auteur  a  beaucoup  lu,  et  elle  use  très  judicieusement  de  ses 
lectures;  elle  a  de  l'expérience,  dont  elle  fait  profiter  ses  jeunes  inter- 
locutrices, et  elle  a  le  courage  de  résister  aux  engouements  du  jour 
qui  ont  si  fâcheusement  orienté,  dans  des  voies  qui  ne  sont  pas  faites 
pour  elles,  tant  de  jeunes  filles  d'aujourd'hui.  Et  de  ces  dialogues, 
tout  empreints  d'une  forte  sagesse  chrétienne,  jaillissent,  dégagés  de 
toute  aridité  didactique,  ime  foule  d'excellents  conseils,  qui  visent 
non  seulement  le  présent,  mais  l'avenir,  non  seulement  les  jeunes 
filles  qui  écoutent  et  répondent,  mais  les  mères  chrétiennes  qu'elles 
deviendront,  et  qui  y  trouveront  une  voie  très  sûre  pour  la  bonne 
conduite  de  leur  vie. 

Ce  livre  est  revêtu  des  approbations  d'autorités  ecclésiastiques  res- 
pectables et  compétentes,  et  je  puis  donc,  en  toute  sûreté  de 
conscience,  le  recommander  à  nos  lectrices  :  «  Le  plus  grand  nombre 
y  apprendra  beaucoup;  les  autres  y  trouveront  une  confirmation 
de  vues  justes  qu'elles  avaient  déjà  »  :  toutes  en  tireront  un  sérieux 
profit.  .  p.  Talon. 


IVos  Filles.  Diailasuca  mur  l'ètfucativn,  par  E.  Vbscu  db  Kbbb- 
VBN.  Lyon  et  Paris,  Ville,  1911,  iri-16  de  283  p.  —  Prii  :  2  fr.  50. 

L'auteur  de  ce  livre  m'est  tout  à  fait  inconnu  :  sans  doute  est-ce 
un  début;  mais  le  début  est  réussi,  car  le  livre  est  charmant.  Son 
seul  défaut  est  un  titre  un  peu  rébarbatif,  qui  semble  annoncer  un 
livre  didactique  sous  forme  de  dialogues,  alors  que  c'est  plutôt  un 
roman  dialogué,  finement  observé,  vivement  mené,  et  qui,  comme 
tout  roman  qui  se  respecte,  aboutit  à  un  gentil  mariage.  Nous  som- 
mes chez  M™^  de  Montguyon,  tantôt  à  la  campagne,  tantôt  à  Pa- 
ris, et  il  y  a  autour  d'elle  des  nièces,  des  neveux,  des  petites  filles, 
un  frère,  le  général,  et  l'on  cause  et  l'on  vit  de  la  vie  du  monde,  et 
de  ces  causeries  sans  pédantisme  et  de  ces  incidents  pittoresques 
jaillissent  d'excellentes  leçons.  Parents  et  enfants,  le  féminisme,  le 
tact,  les  domestiques,  la  vocation,  le  mariage,  et  dix  autres  sujets 
éminemment  pratiques  sont  traités  là,  sans  que  jamais  cela  ait  l'air 
d'un  enseignement.  Très  aimable  façon  d'apprendre  aux  jeunes  gens 
et  aux  jeunes  filles  à  bien  conduire  leur  vie  d'après  les  règles  de  la 
morale  chrétienne  et  les  convenances  mondaines,  non  celles  qui  sont 
le  produit  variable  de  la  mode,  mais  celles  qui  s'inspirent  du  bon 
sens  et  du  bon  goût,  et  distinguent  ce  qu'on  appelait  autrefois  les 
honnêtes  gens.  Il  n'y  a  là,  sauf  une  exception,  que  des  person- 
nages sympathiques,  en  compagnie  desquels  il  est  agréable  de  se 
former  à  l'art  délicat  de  bien  vivre.  Je  convie  nos  jeunes  lectrices  à 
goûter  ce  plaisir,  qui  ne  leur  sera  pas  sans  profit.  La  plupart,  j'en 
suis  bien  sûr,  n'ont  pas  besoin  de  ces  leçons;  mais  qui,  même  parmi 
les  personnes  bien  élevées,  n'a  pas  ses  petits  travers,  ses  petits  dé- 
fauts, ses  petites  illusions  ou  ses  petits  préjugés?  C'est  à  redresser,  à 
corriger  toutes  ces  petites  imperfections  que  servira  ce  bon  petit 
livre  :  but  modeste  peut-être,  mais  que  nous  avons  le  devoir  de 
viser,  ne  fût-ce  que  pour  nous  rendre  agréables  aux  autres,  et  qu'il 
est  toujours  louable  d'atteindre.  Je  fais  mes  sincères  compliments 
à  M.  ou  à  M'"^  Vesco  de  Kereven,  lauréat  de  l'Institut.     P.  Talon. 


fti'EdacatioM  joyease.Ë'n  vacancei,  en  familif,  parHEWRi  Chantavoinb. 
P*rie,  Hachetle,  1910,  in-16  de  xi-197  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Il  s'agit  ici  surtout  de  l'éducation  par  la  famille,  soit  en  vacances, 
soit  dans  le  cours  ordinaire  de  la  vie.  L'auteur  estime  que  l'éducation 
d'autrefois  était  trop  austère  et  que  le  père,  lointain  et  glacé,  demeu- 
rait toujours  le  tuteur  et  le  maître  de  ses  fils,  rarement  leur  ami. Histo- 
riquement, je  crois  que  c'est  très  contestable,  et  j'estime  que  si  le  res- 
pect était  beaucoup  plus  grand  qu'aujourd'hui  dans  les  familles,  la 
joie  n'en  était  pas  non  plus  absente  et  que  sans  doute  elle  y  était  de 


—  426  — 

qualité  plus  saine  que  les  joies  d'aujourd'hui,  trop  souvent  exclu- 
sives des    convenances  et  du  respect.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'auteur  pro- 
fesse   qu'aujourd'hui    il   faut  l'éducation   joyeuse.    J'avoue   que  cet 
adjectif  me  semble  assez  mal  choisi  pour  caractériser  une  bonne 
éducation,  où  l'on  peut  apporter  sans  doute  de  la  bonne  humeur,  à 
condition  pourtant  que  la  fermeté  et  parfois  même  la  sévérité  n'en 
soient  pas  absentes. L'homme  ne  naît  pas  bon,  quoi  qu'en  ait  dit  Rous- 
seau, et  c'est  pourquoi    il  est  nécessaire  avant    tout  que  l'éducation 
s'applique  à  redresser  ses  défauts  et  à  corriger  ses  vices  et  ses  travers, 
ce  qui  n'est  pas  généralement  une  œuvre  de  liesse.  M.  Chantavoine 
me  paraît  singulièrement  optimiste  :  il  voit  tout  en  rose,  à  travers 
des  lunettes  qui  décolorent  beaucoup  de  gris  et  beaucoup  de  noirs. 
Donc,  en  vacances,  pas  de  devoirs  à  faire;  c'est  le  vieux  système, 
et  il  faut  y  renoncer  :  la  liberté,  la  contemplation  de  la  nature,  les 
promenades  à  travers  champs,  sur  la  lande  et  dans  les  bois,  les  pique- 
nique  dans  les  auberges  champêtres,  les  vagabondages  sur  la  route, 
que  de  bonnes  occasions  de  se  former  le  cœur  et  l'esprit  dans  des 
leçons  de  choses  qui  valent  bien  mieux  que  les  livres  !  On  y  apprend 
la  géographie,  l'histoire  naturelle,  on  s'y  forme  le  goût,  bref  on  y 
prend  toutes  ces  bonnes  leçons  pratiques,  dont  la  nature  est  prodigue 
à  qui  sait  la  regarder.  Je  n'en  disconviens  pas,  mais  tout  de  même 
on  n'apprend  pas  tout  dans  les  promenades  de  vacances,  et  il  est  même 
des  choses  qu'on  est  exposé  à  y  oublier  ;  c'est  pourquoi  les  devoirs  de 
vacances  doivent  garder  au  moins  une  part  de  la  place  que  la  sagesse 
de  nos  pères  leur  avait  donnée. 

Le  second  livre  :  En  famille,  traite  de  la  famille  moderne,  du  res- 
pect et  de  l'amitié,  de  l'absence,  de  l'indépendance,  des  amis,  des 
idées  du  monde,  des  goûts  et  des  plaisirs,  des  entretiens,  et  j'estime 
que  l'auteur  y  fait  la  part  trop  large  aux  fils,  trop  étroite  aux  pères. 
Bien  entendu,  dans  tout  cela,  il  n'est  pas  question  de  religion  ;  il 
me  semble  pourtant  qu'elle  méritait  de  ne  pas  être  oubliée,  ne  fût-ce 
que  pour  donner  un  peu  de  sérieux  à  l'éducation  joyeuse.  On  dirait 
vraiment  que  ce  n'est  là  qu'un  art  d'agrément  qu'on  peut  négliger 
sans  dommage,  alors  qu'elle  nous  apparaît,  à  nous,  comme  le  facteur  le 
plus  important  et  le  plus  nécessaire  de  la  bonne  éducation  de  l'âme 
et  du  cœur. 

Bref,  il  manque  bien  des  choses  à  ce  livre  pour  être  un  bon  livre 
d'éducation.  A  ne  le  juger  que  du  point  de  vue  littéraire,  c'est  d'ail- 
leurs un  livre  charmant  :  l'auteur  a  une  jolie  plume,  légère,  brillante, 
poétique,  et  dont  il  se  sert  fort  bien.  P.  Talon. 


—  427  — 

CharlcH  mrodier  naturnliste.  $<rs  œuvres  d'histoire  nalurelle  publiées 
et  inédites,  par  le  D'  Ant.Magnin.  Paris,  llermann,  19lt,  iu-j3  de  x-347  p., 
avec  un  portrait  hors  texte,  une  carte,  une  vue,  nn  plan  et  quelques 
figures  dans  le  texte.  —  Prix  :  5  fr.  BO. 

Avant  M.  A.  Magnin,  nul,  je  crois,  —  sauf,  dans  une  certaine  me- 
sure, le  Di"  Fabre  (de  Commentry)  —  ne  s'était  avisé  que  Charles 
Nodier  pût  faire  figure  de  vrai  savant.  Nodier  était  connu,  certes, 
«omme  Bibliographe  et  philologue  et  aussi  et  surtout  comme  con- 
teur, brillant  conteur,  mais  comme  savant  !...  A  la  vérité  l'on  n'igno- 
rait pas  que,  dans  son  bagage  littéraire,  très  varié,  l'on  pouvait 
trouver  quelques  études  relatives  à  l'entomologie,  chère  à  ses  jeunes 
ans;  l'on  concédait  volontiers,  de  même,  qu'il  fut  un  amateur  distin- 
gué en  botanique.  Mais  c'était  tout,  ou  à  peu  près. 

Or,  voici  un  livre  abondamment  documenté,  précédé  d'une  Préface 
aussi  fine  que  judicieuse  de  M.  L.  Bouvier,  membre  de  l'Institut  et 
professeur  au  Muséum,  —  qui  entend  faire  restituer  à  Nodier  la  place 
que  son  auteur  estime  lui  appartenir  dans  l'ordre  scientifique.  Et  donc, 
M.  Magnin  nous  présente  le  gracieux  écrivain  qui  nous  a  dotés  de 
Trilby,  de  la  Fée  aux  miettes,  etc.,  etc.,  l'historien  fantaisiste  qui  a 
écrit  des  Souvenirs  de  la  Révolution  et  de  V Empire,  sous  les  espèces  et 
réalités  de  l'entomologiste,  du  zoologue,  du  botaniste,  du  minéralo- 
giste et  du  physiologiste. 

Qui  l'eût  cru?  Et  pourtant,  en  y  regardant  de  près,  la  thèse  du 
doyen  de  la  Faculté  des  sciences  de  Besançon  semble  devoir  rallier  à 
ses  conclusions  nombre  de  personnes  insuffisamment  renseignées 
jusqu'à  présent.  Il  est  même  permis  de  croire  que  si  le  D'"  Baudin  (de 
Besançon)  était  encore  de  ce  monde,  l'œuvre  de  M.  le  D^"  Magnin 
ébranlerait,  pour  le  moins,  l'opinion  émise  par  ledit  M.  Baudin  de- 
Tant  l'Académie  de  Besançon,  que  Nodier  ne  saurait  être  considéré 
comme  «  un  naturaliste  au  sens  élevé  et  véritablement  scientifique 
du  mot  ». 

Je  trouve  aux  pages  195-198  du  présent  volume  les  lignes  suivantes 
qui  résument  clairement,  avec  quelques  critiques,  les  titres  scientifi- 
ques de  Charles  Nodier  :  «  Nodier,  expose  M.  Magnin,  cultive  les  scien- 
ces naturelles,  particulièrement  l'entomologie  et  la  botanique,  de 
1794  à  1814,  puis,  par  intermittence,  jusqu'en  1820;  il  les  étudie 
théoriquement  et  pratiquement,  réunissant  des  collections  de  plantes 
et  d'insectes,  composant  des  ouvrages,  les  uns  publiés,  les  autres 
restés  manuscrits  ou  inachevés;  il  professe  l'histoire  naturelle  pen- 
dant plusieurs  années  (1807  à  1810)  [à  Dole],  avec  un  succès  assez 
brillant  pour  qu'on  lui  offre  ime  chaire  dans  l'Université  et  pour 
qu'il  ait  pu  prétendre  à  la  place  de  professeur  des  sciences  naturelle* 
à  la  Faculté  des  sciences  de  Besançon,  lors  de  sa  fondation  (1811); 
plus  tard,  Nodier  ne  délaisse  pas  complètement  les  sciences  dont  il 


—  428  — 

s'était  occupé  avec  passion  pendant  la  première  partie  de  sa  vie;  il 
saisit  toutes  les  occasions  d'y  revenir;  un  voyage  en  Ecosse,  où  il 
allait  vérifier  une  question  de  géographie  botanique  et  zoologique,  lui 
permet  de  faire  quelques  observations  intéressantes  sur  la  flore  et 
la  faune  de  cette  contrée  :  il  publie,  presque  jusqu'à  la  fin  de  sa 
vie,  des  Essais,  où  il  utilise  les  connaissances  très  étendues  qu'il 
possédait  en  histoire  naturelle,  par  exemple  à  propos  des  Sphinx  de 
J.  Bauhin  et  des  Scarabées  des  hiéroglyphes;  quant  à  ses  deux 
publications  entomologiques  principales,  la  Bibliographie  [entomo- 
logique,  parue  en  l'an  IX],  bien  qu'elle  ait  été  l'objet  de  critiques  assez 
justifiées,  n'est  cependant  pas  sans  valeur  et  sa  Dissertation  [sur 
l'usage  des  antennes  dans  les  insectes  et  sur  l'organe  de  l'ouïe  dans  les 
mêmes  animaux,  publiée  en  l'an  VI]  expose  très  judicieusement,  avec 
les  seuls  arguments  qu'on  pouvait  donner  à  cette  époque,  des  théories 
actuellement  adoptées  par  les  biologistes....  Nodier  a  été,  surtout  en 
science,  un  observateur  assurément  consciencieux,  mais  entraîné 
bientôt  à  côté  par  la  folle  du  logis;  c'était  un  savant  doublé  d'un  poète, 
et  un  savant  dans  le  sens  le  plus  large  du  mot...  Mais  sa  science  était 
superficielle,  n'ayant  jamais  eu  la  patience  d'approfondir  les  sujets 
que  son  esprit  chercheur  lui  avait  fait  découvrir.  Ce  qui  a  manqué,  en 
effet,  à  Nodier,  pour  devenir  un  grand  naturaliste,  c'est  le  temps,  la 
persévérance,  la  continuité  du  travail  qui  lui  auraient  permis  d'en- 
treprendre des  œuvres  importantes  comme  la  Flore  du  Jura,  en  germe . 
dans  son  esprit,  et  d'achever  les  ouvrages  d'une  véritable  valeur  scien- 
tifique dans  lesquels  il  avait  réuni  toutes  ses  observations  sur  les 
insectes,  comme  les  Harmonies  de  la  botanique  et  de  l'entomologie  et 
le  Muséum  entomologicum,  qu'il  laissa  presque  terminés;  on  n'eût 
pas  alors  discuté  sa  valeur  comme  naturaliste  ». 

Ces  dernières  lignes  ne  préjugent-elles  pas  un  peu  les  choses?  M. 
Magnin  ayant  vainement  recherché  partout  les  manuscrits  des  ou- 
vrages non  publiés  et  ne  les  ayant  pas  trouvés,  il  me  paraît  bien 
difficile  de  leur  accorder  à  priori  une  «  véritable  valeur  scienti- 
fique ». 

Ce  n'est  assurément  pas  cette  simple  remarque  qui  réduira 
d'une  façon  quelconque  le  mérite  de  cet  ouvrage  nullement  rébarbatif, 
mais,  au  contraire,  intéressant  au  plus  haut  point.  L'auteur,  qui  a 
•relevé  les  traces  de  son  personnage  dans  tous  les  lieux  où,  en  Fran- 
che-Comté principalement,  il  a  séjourné,  nous  le  montre  vivant  et 
agissant,  et  les  détails  qu'il  nous  fournit  à  ce  propos  sont  très  précis, 
nouveaux  même  parfois. 

En  somme,  livre  curieux,  attachant,  ingénieux,  qui  procure  plus 
d'une  surprise  et  a  dû  coûter  à  son  auteur  des  recherches  considérables 
dont  il  nous  fait  profiter  aujourd'hui.  E.-A.  Chapuis. 


—  429  — 

J«an-Heiiri  Fabre  rentemologiste^  raeonté  p»r  lui-nténie, 

(1993-1919),  par  Augustin  Kabrb.  Lyoa  et  i*aris,  Viite,  s.  d.,  2  vol. 
in-16  paginés  xni-529,  avec  13  gravure*  hors  texte.  —  Prix  :  h  fr. 

Co  livre  a  été  écrit  à  roccasion  des  fêtes  de  Sérignan  organisées 
pour  célébrer  le  jubilé  scientifique  de  J.-H.  Fabre,  le  3  avril  1910. 
L'auteur,  un  compatriote  et  parent  du  savant  entomologiste,  a  con- 
sidéré comme  un  devoir  patriotique  et  religieux  de  joindre  son  écho 
à  tant  de  voix  qui  lui  apportèrent  alors,  de  tous  les  points  du  monde 
civilisé,  les  plus  chaleureux  témoignages  d'admiration. 

L'auteur  s'efface  devant  son  héros;  il  s'est  appliqué  à  coordonner, 
dans  une  œuvre  d'ensemble,  d'une  lecture  attrayante  et  conscien- 
cieuse, les  données  biographiques  et  les  plus  beaux  écrits  de  Fabre, 
pour  mettre  en  relief  sa  vie  et  son  œuvre.  Il  a  réussi  à  faire  un  livre 
d'un  puissant  intérêt  fait  de  science  aimable  et  de  poésie,  comme  les 
dix  volumes  des  Souvenirs  entomologiques  dont  il  est  en  grande  partie 
extrait.  D.  B. 

lia  Tmite  domestique,  par  H.-L.-A.  Blanghon.  Paris,  LaTeur,  s.  d., 
in-8  de  viti-23'4  p.,  avec  43  illustrations.  —  Prix  :  5  fr. 

La  pisciculture,  entreprise  d'une  manière  rationnelle,  peut  cons- 
tituer une  opération  lucrative,  malgré  les  aléas  qu'elle  comporte. 
M.  Blanchon,  a,ncien  directeur  de  la  station  agricole  d'Étoile,  s'en 
porte  garant  et  il  donne  dans  son  livre  les  raisons  qui  ont  fait  échouer 
les  nombreuses  tentatives  d'élevage  du  poisson,  qui  soulevèrent  au 
début  tant  d'enthousiasme  en  France. 

Mais,  pour  le  peuplement  des  eaux,  il  convient  d'abord  de  choisir 
les  espèces  convenables,  savoir  conduire  l'élevage,  nourrir  les  jeunes, 
les  surveiller  et  les  nourrir  économiquement  jusqu'à  ce  qu'ils  aient 
atteint  la  taille  marchande,  de  manière  à  ce  que  leur  prix  de  vente 
laisse  un  bénéfice  suffisant. 

Parmi  les  espèces  à  élever,  il  cite  trois  salmonidés  qui  supportent 
l'élevage  intensif  :  la  truite  commune  et  ses  variétés,  qui  est  indigène; 
la  truite  arc-en-ciel  et  le  saumon  de  fontaine,  d'origine  américaine. 

La  truite  arc-en-ciel,  de  la  Californie,  n'est  connue  en  France  que 
depuis  1879.  Son  introduction  et  sa  propagation  sont  dues  à  la  So- 
ciété nationale  d'acclimatation  de  France.  Elle  est  beaucoup  plus 
féconde  que  ses  congénères,  a  une  rapidité  de  croissance  plus  grande 
et  elle  peut  être  introduite  dans  presque  toutes  nos  rivières  de  France 
grâce  à  la  qualité  qu'elle  possède  de  pouvoir  supporter,  sans  souf- 
frir, une  température  relativement  élevée,  atteignant  jusqu'à  25  de- 
grés. Elle  possède  en  outre  au  plus  haut  point  toutes  les  qualités 
des  autres  truites.  Le  saumon  de  fontaine  est  originak-e  des  fleuves  et 
rivières  du  nord-est    de  l'Amérique    septentrionale  ;  on  le  connaît 


--  430  — 

aussi  sous  le  nom  de  saumon  de  la  Californie.  Ses  mœurs  sont  à  peu 
près  analogues  à  celles  de  la  truite  et  il  réussit  parfaitement  en 
Europe.  C'est  une  heureuse  acquisition  pour  les  eaux  très  froides  dans 
lesquelles  seules  il  prospère.  Sa  chair  est  tantôt  saumonée,  tantôt 
jaune  paille  ou  absolument  blanche,  excellente  lorsque  le  poisson  est 
jeune,  mais  elle  perd  de  ses  qualités  lorsque  les  poissons  sont  âgés 
de  cinq  à  six  ans. 

Tels  sont  les  poissons  dont  M.  Blanchon  recommande  l'élevage,  en 
donnant  les  conseils  les  plus  autorisés  pour  le  mener  à  bonne  fin. 

D.  B. 


lia  roMMaîssance  du  bétail,  par  J.  Ginies.  Paris,  Amat,  1912,  in-i2 
de  xix-332  p.,  illustre.  —  Prix  :  3  fr. 

L'appréciation  du  bétail  autrefois  empirique  et  intuitive  est  de- 
venue scientifique  et  raisonnée.  Elle  ne  peut  être  infaillible,  en  rai- 
son des  facteurs  nombreux  qui  échappent  à  l'examen;  cependant, 
grâce  aux  lois  générales  qu'il  a  été  possible  de  formuler  à  la  suite  d'ob- 
servations longuement  répétées,  il  est  possible  de  bien  choisir  les 
chevaux,  les  bovins,  les  moutons  et  les  porcs. 

M.  Ginies,  répétiteur  à  l'École  de  Grignon,  lauréat  de  la  Société 
centrale  de  médecine  vétérinaire,  sous  une  forme  claire  et  concrète, 
expose  dans  son  livre,  d'une  manière  très  méthodique,  les  questions 
dont  la  connaissance  est  indispensable  aux  agriculteurs.  La  sélection 
des  reproducteurs,  le  choix  des  individus,  l'appréciation  de  l'âge,  des 
formes  corporelles  et  de  l'intégrité  organique,  les  défectuosités  :  tares, 
vices  rédhibitoires,  infirmités,  sont  étudiés  tour  à  tour.  Son  travail 
est  adapté  aux  exigences  des  écoles  d'agriculture  et  renferme  les 
choses    qu'il   est   nécessaire   de   savoir.  D.    B. 


L'Origine  dualiste  des  mondes.  iCssai  de  cosiu«g»nie  tour- 
b  lloainafre,  par  E.  Belot.  Pari?,  Gaulhier-Villars,  1911,  ^r.  in-8  de 
xl-250  p.  —  Prix  :  10  fr. 

Pour  M.  Belot,  l'univers  ne  proviendrait  pas  d'une  primitive  masse 
nébuleuse  unique  et  amorphe,  mais  bien  du  conflit  de  deux  masses 
nébuleuses.  L'une  serait  amorphe,  étale,  disposée  en  ime  nappe  paral- 
lèle à  notice  écliptique  et  douée  d'un  mouvement  de  translation  rela- 
tivement faible  ;  l'autre  aurait  la  forme  d'un  immense  tube  animé 
d'un  double  mouvement  :  un  mouvement  tourbillonnaire  autour  de 
son  axe,  et  un  mouvement  de  translation  suivant  la  direction  de 
l'apex  (dans  la  constellation  d'Hercule)  à  l'énorme  vitesse  de  75.000 
kilomètres  par  seconde,  soit  le  quart  de  la  vitesse  de  la  lumière.  Au 
contact  de  la  nappe  nébuleuse  amorphe  et  sous  l'empire  du  choc  en 


—  431  — 

résultant,  le  tube-tourbillon  entre  en  vibration,  par  suite  de  quoi  sa 
longueur  se  partage  en  renflements  ou  veîitres  séparés  par  des  nœuds  ou 
points  resserrés,  également  distants  les  uns  des  autres. 

A  chaque  renflement  résultant  de  la  vibration,  une  couche  de  la 
matière  tourbillonnante  s'épand  en  une  nappe  de  forme  évasée 
rappelant  la  forme  d'une  tulipe  et  concentrique  au  tube-tourbillon. 
Par  un  processus  mathématique  dont  l'exposé  ne  saurait  trouver  place 
ici,  les  profils  de  ces  nappes  rencontrent  un  plan  parallèle  à  l'éclip- 
tique  en  des  distances  qui  suivent  la  loi  empirique  dite  de  Bode 
(quoique  découverte  en  1741  par  Christian  Wolf).  Grâce  à  la  diffé- 
rence de  vitesse  entre  les  mouvements  du  tube-tourbillon  et  de  la 
masse  amorphe,  d'où  résulte  une  dissymétrie  dans  le  plan  de  l'anneau 
ainsi  formé,  est  entraînée  la  formation  unilatérale  des  tourbillons 
secondaires  ou  planétaires.  De  même  pour  les  satellites.  Les  planètes 
auraient  donc  été  formées  simultanément,  chacune  ayant  absorbé 
presque  toute  la  matière  de  la  nappe  lui  ayant  donné  naissance.  Les 
comètes,  les  étoiles  filantes,  les  bolides,  comme  les  planètes  télesco- 
piques,  proviendraient  du  résidu  de  matière  restant  après  la  for- 
mation des  planètes. 

Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  qu'on  raisonne  ici  sur  des  chiffres 
d'ordre  cosmique.  La  dimension  transversale  de  la  nébuleuse  origi- 
naire dépasserait  considérablement  le  diamètre  de  l'orbite  de  la 
planète  Neptune,  déjà  distante  de  30  fois  la  longueur  du  rayon  de 
l'orbite  terrestre  (soit  près  de  4  milliards  et  demi  de  kilomètres). 
Cette  dimension  transversale  serait  égale  à  81  fois  la  distance  du 
Soleil  à  la  Terre  (soit  plus  de  douze  milliards  de  kilomètres). 

Quant  à  la  formation  du  Soleil,  qui  serait  postérieure  à  celle  des 
planètes,  elle  résulterait  de  la  condensation  progressive  de  deux  traî- 
nées s'étendant  suivant  la  direction  d'apex  à  antiapex  après  la  tra- 
versée de  la  nébuleuse  amorphe;  la  masse  solaire  aurait  alors  subi, 
sur  une  beaucoup  plus  grande  échelle,  toute  la  série  de  phénomènes 
ayant  donné  naissance  aux  planètes  et  aux  satellites. 

Voilà,  très  sommairement  résumée  et  exprimée  autant  que  possible 
en  langage  ordinaire,  la  nouvelle  cosmogonie  proposée  par  M.  Belot. 
Ajoutons  que  l'argumentation  de  l'auteur,  habitué  à  se  jouer  dans  les 
plus  hautes  spéculations  de  la  mathématique,  est  toujours  appuyée 
sur  des  chiffres  ;  que,  dans  sa  théorie,  rien  n'est,  comme  dans 
celle  de  Laplace,  abandonné  au  hasard;  qu'elle  résulte  d'une  combi- 
naison des  vues  tourbillonnaires  de  Descartes  avec  les  lois  newton- 
niennes  de  la  gravitation,  lesquelles  ne  devaient  entrer  en  jeu  qu'après 
la  préparation  de  la  matière  cosmique  par  les  précédentes;  qu'enfin 
l'auteur  trouve  dans  l'apparition  des  étoiles  dites  Novœ  —  lesquelles 
sont  pour  lui  le  résultat  de  chocs  de  matériaux  se  rencontrant  obli- 


—   432  — 

quement  avec  des  vitesses  inégales,  et  le  germe  de  nouveaux  système» 
solaires  dans  les  lointains  de  l'infini  —  l'éclatante  confirmation  de 
son  système  cosmogonique. 

Une  observation  pour  finir  :  l'auteur  annonce,  dans  son  Introduc- 
tion, l'intention  d'atteindre  deux  catégories  de  lecteurs  :  les  savants, 
les  professionnels  d'une  part,  et  de  l'autre  tous  les  esprits  simplement 
cultivés.  Or  on  se  demande  si,  devant  ces  pages,  hérissées  de  formules 
algébriques,  d'équations  exponentielles,  de  courbes  logarithmiques 
et  de  calculs  d'intégrales,  les  esprits  cultivés,  sans  être  des  profession- 
nels de  la  haute   mathématique,  pourront    aisément  s'y  reconnaître. 

C.   HE    KiRWAN. 


LITTÉRATURE 


lift  Métrique  BAcrée  de»  ^aree»  et  des  R«aB«lns,  par  E.  Cùzaro. 
Paris,  G.  KliQcksieck,  19M,  io-lô  cartonné  de;  vin-538  p.  —  Prix  :  8  fr. 

Aviez-vous  pensé  que  les  anciens,  dans  leurs  traités  de  métrique, 
n'avaient  d'autre  but  que  de  nous  tenir  dans  les  ténèbres  et  l'igno- 
rance? C'est  la  conclusion  à  laquelle  arrive  M.  Cézard  dans  son  traité 
sur  la  Métrique  sacrée  chez  les  Grecs  et  les  Romains.  11  distingue,  en 
effet,  deux  sortes  de  métriques  :  l'une,  enseignant  l'erreur,  avait  été 
composée,  dit-il,  dans  l'intention  expresse  de  cacher  la  connaissance 
des  rythmes,  elle  était  destinée  aux  profanes;  l'autre,  enseignant  la 
vérité,  mais  tenue  secrète  et  sacrée,  était  révélée  dans  les  mystères 
de  Cérès;  elle  était  réservée  aux  poètes  et  aux  initiés.  Ainsi,  en  poésie, 
comme  en  philosophie,  il  y  aurait  eu  un  enseignement  ésotérique,  et 
un   enseignement   exotérique.    Jusqu'à  présont,   on   croyait   que  les 
mystères  d'Eleusis  avaient  trait  beaucoup  plus  aux  idées  religieuses 
qu'aux  lois  de  la  métrique.   Il  n'est  pas  impossible  cependant  d'y 
trouver  l'origine  du  langage  rythmé.  Il  est  certain  qu'à  Eleusis,  il  y 
avait  des  processions  sacrées,  des  chœurs  chantaient,  et  ces  chants 
étaient  mesurés  par  la  marche  :  de  là,  la  strophe,  l'anti-strophe  et 
l'épode,  telles  que  nous  les  connaîtrons  plus  tard  dans  les  tragédies 
d'Eschyle  ou  de  Sophocle.  On  peut  donc  soutenir  jusqu'à  un  certain 
point  que  les  mystères  d'Eleusis  furent  le  berceau  de  la  métrique.  11 
est  une  autre  trouvaille  de  M.  Cézard  sur  l'origine  du  dimètre.  Tout 
le  monde  reconnaît  que  le  dimètre  est  l'élément  fondamental  de  la 
versification  grecque  et  latine,  mais  qu'il  ait  son  origine,  comme  le 
prétend  l'auteur,  dans  la  conformation  du  cerveau,  les  deux  hémisphè- 
res cérébraux  exigeant  chacun  un  pied,  il  y  a  bien  là  de  quoi  étonner 
même  les  gens  les  mieux  avertis. 

D'une  manière  générale,  on  est  dérouté  par  les  méthodes  nouvelles. 
Pour  ma  part,  j'accepterais  volontiers  les  théories  des  métriciens 


—  433  — 

modernes,  si  on  les  appuyait  sur  des  faits  et  des  preuves.  Quand  on 
me  vient  parler  des  réformes  d'Orphée,  je  voudrais  au  moins  voir 
un  vers  d'Orphée,  car  les  poésies  et  fragments  poétiques,  qui  existent 
encore  sous  son  nom,  ne  sont  pas  de  lui,  et  ont  été  fabriqués  à  une 
époque  beaucoup  plus  rapprochée  de  nous.  Comment  donc  la  critique 
moderne  ose-t-elle  discuter,  avec  tant  d'assurance,  de  la  métrique 
d'Olen,  de  Phémonoé,  de  Linos  et  d'Orphée,  alors  que  nous  ne  sommes 
pas  bien  sûrs  que  ces  personnages  aient  jamais  existé  en  dehors  de 
l'imagination  des  Grecs?  Qui  se  doutait  jusqu'à  présent  qu'Orphée 
fut  l'inventeur  de  l'iambe?  Tout  le  monde  croyait  que  c'était  Archi- 
loque.  On  va  plus  loin,  on  affirme  que  ce  même  Orphée  avait  imposé 
six  règles  au  genre  iambique,  et  on  vous  explique  ces  six  règles  par 
des  exemples  empruntés...  à  Orphée,  pensez- vous;  non,  mais  à  Aris- 
tophane, à  Sophocle  et  à  Platon  (frag.  183).  C'est  vraiment  chercher 
trop  loin  les  difficultés,  pour  avoir  le  plaisir  de  donner  des  solutions 
nouvelles. 

J'aime  mieux  la  seconde  partie  de  ce  volume.  Elle  comprend  une 
étude  solide  sur  la  métrique  de  Pindare,  sur  celle  des  vieux  poètes  la- 
tins, Névius,  Ennius  et  Plaute,  et  particulièrement  sur  le  vers  satur- 
nien. Enfin,  je  signalerai  à  l'attention  du  lecteur  des  vues  ingé- 
nieuses sur  la  versification  de  Virgile,  d'Horace  et  de  Sénèque,  et, 
pour  terminer,  le  court  mais  substantiel  chapitre  sur  l'origine  du 
décasyllabe  français  et  de  l'alexandrin,  où  M.  Cézard  reconnaît 
avec  tout  le  monde  les  sources  grecque  et  latine  :  Graeco  fonte  ca- 
dant,  parce  detorta.  ^^  L.  Mensch. 


Lia    Question   de   1a    laiiffue   auxiliaire   internationale, 

par  Gustave   GAUrHBROT.    Paris,    Hacheite,   1910,   ia-16  de   x-318   p.    — 
Prix  :  3  fr.  50. 

La  Réforme  de  la  prononciation  latine,  par  Camille  Gouil- 
LAULT.  Paris,  B'oud,  1910,  in-16  de  xiii-174  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

De  toutes  les  langues  universelles  inventées  dans  les  temps  moder- 
nes, l'espéranto  du  D^"  Zamenhof  est  incontestablement  celle  qui  a 
réuni  le  plus  grand  nombre  de  partisans.  Toutefois,  elle  a  beaucoup 
d'adversaires  qui  la  combattent  et  il  ne  manque  pas  de  gens  scep- 
tiques qui,  ne  croyemt  nullement  à  sa  durée,  lui  prédisent  le  sort  qu'ont 
eu  le  solrésol,  le  volapiik,  etc.  C'est  pour  réfuter  ceux-là  et  rassurer 
ceux-ci  que  le  distingué  professeur  de  l'Institut  catholique  a  écrit  un 
livre  d'une  grande  clarté  de  style  et  plein  d'érudition.  Personne  ne 
pouvait  mieux  que  lui  faire  un  tableau  saisissant  de  cette  extension 
des  relations  internationales  que  semble  exiger  la  création  d'un  idiome 
qui  soit  commun  à  toute  l'humanité;  personne  ne  pouvait  démontrer 
Mai  1912.  T.  CXXIY.  28. 


—  434  - 

plus  habilement  que  l'espéranto  a  toutes  les  qualités  requises  pour 
devenir  cette  langue  auxiliaire.  Bref,  si  un  plaidoyer  en  faveur  de 
ce  dernier  doit  augmenter  le  nombre  de  ses  adeptes,  c'est  certaine- 
ment celui  qui  est  dû  à  la  plume  du  savant  professeur.  Toutefois, 
quand  on  aura  lu  le  dernier  chapitre  sur  le  «  schisme  idiste  »,  on  aura 
fe  droit  de  craindre  que  l'avenir  d'une  langue  auxiliaire  artificielle  ne 
soit  pas  assuré,  puisque,  avant  même  que  son  emploi  ne  soit  devenu 
universel,  quelques-uns  de  ses  partisans  en  ont  déjà  créé  une  autre 
destinée  à  la  remplacer.  Après  l'ido,  ne  verrons-nous  pas  d'autres 
réformateurs  inventer  encore  d'autres  systèmes  analogues,  meilleurs 
à  leur  avis? 

—  Pendant  qu'on  s'efforce  de  façonner  de  toutes  pièces  un  idiome 
facilitant  les  relations  internationales,  on  oublie  trop  que  le  latin, 
étant  la  langue  officielle  de  l'Eglise,  est,  par  cela  même,  «  catholique  » 
comme  celle-ci,  c'est-à-dire  universel.  Il  faudrait  peu  de  chose,  une 
simple  réforme  dans  la  manière  de  le  prononcer,  pour  le  transformer 
en  un  organe  servant  à  rapprocher  les  hommes  instruits  des  diffé- 
rentes nations.  Chose  curieuse  à  remarquer,  c'est  au  moment  où 
l'étude  du  latin  est  délaissée  dans  les  établissements  d'instruction 
publique  relevant  de  l'Université,  que  des  érudits  chrétiens,  désireux 
de  concourir  à  la  restauration  du  chant  grégorien  entreprise  par  le 
Souverain  Pontife,  et  constatant  avec  raison  que  cette  restauration 
est  intimement  liée  à  la  question  de  la  prononciation  de  la  langue 
sacrée,  ont  pris  à  tâche  de  provoquer  une  réforme  dans  cette  pronon- 
ciation, c'est-à-dire  de  la  rendre  correcte  et  une.  M.  Camille  Couillault 
s'est  placé  au  premier  rang  parmi  ces  réformateurs.  Son  livre  très 
savant,  très  clair,  très  concis,  contient  un  exposé  théorique  delà  ques- 
tion qui  se  distingue  par  une  remarquable  hauteur  de  vue  et  présente 
ensuite  une  étude  complète  des  moyens  pratiques  d'en  résoudre  les 
difficultés.  Ce  volume,  qui  a  reçu  un  excellent  accueil  au  Vatican,  ce 
qui  constitue  pour  lui  une  très  appréciable  recommandation,  s'adresse 
à  tous  les  catholiques  qui  hâtent  de  leurs  vœux  la  réalisation  de 
l'œuvre  réformatrice  du  chant  grégorien,  ainsi  qu'à  tous  les  érudits 
qui  ont  conservé  le  culte  des  études  latines.  Il  devrait  surtout  être  lu 
et  relu  par  tous  les  ecclésiastiques  dont  le  devoir  est  de  travailler  au 
renouveau  de  la  liturgie  et  à  la  résurrection  du  véritable  plain-chant. 
Une  légère  critique  de  détail  avant  de  terminer.  A  la  page  152,  M. 
Couillault  réclame  que  la  forme  coelum  ne  soit  pas  maintenue  dans 
les  futures  éditions  officielles  des  livres  liturgiques  et  soit  remplacée 
par  la  forme  correcte  caeliim.  Est-il  donc  bien  certain  que  cette 
dernière  soit  la  meilleure?  Des  philologues  autorisés  hésitent  entre 
l'une  et  l'autre,  déclarant  que  l'origine  du  mot  est  incertaine.  Pour 
ma  part,  je  considère  coelum  bien  préférable  à  caelum,  car  je  crois 


:^ 


—  435  — 

ce  ternie  apparenté  au  grec  /tolloç,   «  creux  »,  le  ciel  se  i^résentant 
à  nos  regards  sous  la  forme  d'une  demi-sphère  concave. 

LÉON     Cl.lt.NET. 


Correspondance  de  GÉRARD  Dii  Nkrval  (i830-t*i55),  avec  une 
ItiTodiiciion  et  «les  noies  par  Julbs  Marsan.  Haris,  Mercure  de  France, 
1911,  iii-ltj  de  343  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Publication  bien  faite  d'une  Correspondance  sans  intérêt.  11  n'y  a 
là  ni  lettres  d'amitié  ou  d'amour  qui  vaillent  par  la  qualité  de  l'âme; 
ni  causeries,  indiscrétions,  ou  jugements  sur  les  hommes  et  les  choses 
de  l'époque  (aucun  écho  des  grands  événements  politiques  ou  litté- 
raires), ni  lettres  de  voyage,  riches  d'impressions  toute  neuves,  de 
descriptions,  de  récits.  Quoique  la  plupart  de  ces  14.3  numéros  soient 
datés  de  Strasbourg,  Munich,  Vienne,  Constantinople,  Beyrouth, 
Malte,  etc.,  le  pauvre  Gérard  Labrunie  ayant  été  un  grand  vagabond, 
il  réservait  tout  pour  les  articles  de  revue  qui  lui  avaient,  comme  il 
dit  quelque  part,  créé  une  spécialité,  et  n'écrivait  guère  à  son  père 
ou  à  ses  amis  que  pour  donner  son  itinéraire,  les  adresses  où  il  fallait 
lui  envoyer  de  l'argent,  annoncer  aux  directeurs  ou  aux  libraires 
sa  copie  et  en  demander  des  nouvelles...  D'autres  sont  de  simples 
billets  pour  des  places  de  théâtre,  des  rendez- vous,  des  remerciements. 
Quelques-uns,  datés,  à  diverses  reprises,  de  Passy  et  de  la  maison  du 
docteur  Blanche  portent  la  marque  sans  éclat  des  troubles  qui  fêlè- 
rent et  puis  finalement  brisèrent  tout  à  fait  cette  tête  romantique. 
Il  n'y  en  a  pas  plus  d'une  douzaine  qui  aient  quelque  agrément  litté- 
raire. Dans  le  reste,  et  dans  les  notes  très  précises  de  M.  Marsan, 
peut-être  les  historiens  un  peu  minutieux  de  la  génération  de  1830 
trouveront-ils  à  glaner  quelques  renseignements,  quelques  références, 
quelques  dates.  Mais,  même  à  ce  point  de  vue  documentaire,  il  ne 
semble  pas  que  tout  cela  ait  grande  importance.     Gabriel  Audiat. 


liC    Faust    «le    Qoeths.    E'isai    de    critique    impersonnelle,    par    Ernbst 
LiCHTENBtiRGiiR.  Paris,  Alcau,  1911,  iii-lo  de  xi-223  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

M.  Ernest  Lichtenberger,  notre  ancien  maître  à  la  Sorbonne,  a,  sinon 
inventé,  du  moins  mis  à  la  mode  chez  nous,  la  critique  imperson- 
nelle. Je  sais  bien  que  certains  disciples  ont  abusé  de  la  méthode,  en 
ce  sens  que,  par  modestie  sans  doute,  ils  effacent  leur  personnalité 
devant  les  opinions  d'autrui  et  réduisent  leur  critique  à  une  fasti- 
dieuse nomenclature,  à  une  sorte  de  bibliographie  vide  des  exégètes 
et  des  commentateurs,  sans  se  permettre,  pour  ne  pas  influencer  le 
lecteur,  de  tirer  une  conclusion  personnelle  de  tous  les  documents 
qu'ils  apportent.  11  suffit  de  lire  l'Esquisse  sur  la  méthode  de  critique 
impersonnelle  que  M.  Lichtenberger  a  donnée  dans  la  Revue  germa- 


-  436  - 

nique  de  1905,  et  plus  encore  son  Etude  sur  quelques  scènes  du  Faust 
de  Goethe,  parue  chez  Hachette,  pour  se  convaincre  que  les  disci- 
ples ont  exagéré  le  système  et  que  le  maître  n'entendait  pas  abdi- 
quer toute  personnalité  devant  la  cohue  des  jugements  humains. 
L'étude  qu'il  vient  de  publier  sur  le  Faust  de  Gœthe,  étude  substan- 
tielle et  condensée  en  im  petit  nombre  de  pages,  en  est  une  nouvelle 
preuve.  Certes,  comme  il  le  dit  excellemment,  cen'est  pas  lui  qui  veut 
supprimer  la  greffe  d'un  développement  personnel  sur  l'exposé  im- 
personnel des  réponses  typiques  de  l'humanité;  rien  n'empêche  en 
effet  un  bon  rapporteur  de  se  montrer  en  même  temps  excellent  cri- 
tique. L'idéal  de  la  méthode  est  de  transformer  le  critique  en 
rapporteur  de  l'humanité.  La  critique  impersonnelle  ainsi  entendue 
ne  se  limite  pas  au  domaine  de  la  littérature,  mais  peut  aussi  bien 
s'étendre  à  l'histoire,  à  la  religion,  à  la  morale,  à  la  politique,  en 
im  mot  à  tous  les  grands  problèmes  qui  intéressent  l'humanité. 

Les  limites  étroites  qui  me  sont  fixées  ne  me  permettent  pas  de 
passer  en. revue  les  trois  livres  qui  constituent  cette  étude  :  1°  Le 
poème  avec  l'analyse  générale  de  l'action  et  des  caractères;  2^  La 
genèse  du  poème:  Urîaust,  fragment  de  1790,  tragédie  de  1808,  le 
second  Faust  ;  3°  L'esprit  et  le  symbolisme  du  poème  :  Faust 
est  une  confession  de  Gœthe,  l'expression  de  l'esprit  allemand,  et  le 
réprésentant  de  l'homme  en  général.  Beaucoup  de  lecteurs  regrette- 
ront aA^ec  moi  que  l'auteur  n'ait  pas  donné  suite  à  sa  première  idée 
qiii  était  de  publier  cette  étude  avec  tout  l'appareil  des  notes  qui 
devaient  l'éclairer  et  la  nuancer.  Il  est  certain  que  toute  l'œuvre  au- 
rait gagné  de  ce  fait  en  coloris,  en  amusante  bigarrure  de  témoi- 
gnages insolemment  individuels.  Nous  attendons  avec  confiance  ce 
complément  de  l'œuvre,  ou  plutôt  cette  œuvre  nouvelle  avec  un  déve- 
loppement plus  large  sur  l'influence  du  Faust  à  travers  la  littéra- 
ture et  l'art,  qui  est  seulement  indiquée  dans  un  appendice.  Per- 
sonne n'est  mieux  placé  que  M.  Lichtenberger  pour  montrer  comment 
«  cette  œuvre  a  exercé  en  tous  sens  une  action  infinie,  mais  contra- 
dictoire, maudite  par  quelques-uns,  adorée  d'un  grand  nombre,  sans 
cesse  ballottée  de  l'admiration  à  la  satire  et  de  la  haine  à  l'amour  ». 

L.  Mensch. 

Ii'liifl«ienee  de  Oîambattista  Iflariuo  sur  la  littérature 
irançaise,  par  Ch.  W.  Cab-ïbn.  Paris,  Ilachelte,  1904,  iu-8  de  162  p.— 
Prix  :  -i  fr.      l 

'  Daté  de  1904.  ce  petit  volume  n'est  arrivé  dans  mes  mains  qu'à  la 
fin  de  1911.  Ce  n'est  donc  pas  le  Polyhihlion  qui  a  la  faute  d'un 
tel  retard.  Mais  il  sied  d'être  hospitalier  et  courtois  à  un  Améri- 
cain, qui  est  venu  on  France  briguer  le  titre  de  docteur  de  l'Uni- 


—  4o7  — 

versité  de  Grenoble  et  qui  a  écrit  en  un  français  a  peu  près  correct  un 
mémoire  sur  un  poète  italien  tout  rempli  de  citations  italiennes, 
mais  très  favorable  au  génie  français  :  on  n'est  pas  plus  cosmopo- 
lite. Seulement,  si  c'est  par  cet  ouvrage  que  M.  Cabeen  a  conquis 
aussi  la  chaire  de  professeur  de  langues  et  littératures  roAianes  à 
l'Université  de  Syracuse  (New  York),  disons  à  la  gloire  des  pays 
latins  et  de  notre  vieilleFrance,  qu'à  peine  cette  compilation  rapide  où 
défilent  après  une  très  sommaire  notice  biographique  sur  Marino  et 
une  froide  analyse  de  VAdone,  quelques  banalités  sur  l'Hôtel  de 
Rambouillet,  puis  des  notules,  avec  citations  quelconques,  sur  Bal 
zac,  Voiture,  Chapelain,  Théophile  et  Saint-Amant,  serait-elle  ac- 
ceptée chez  nous  d'un  élève,  jamais  d'un  maître.  Nulle  part  ni  de 
personne  l'ordre  français  n'admettrait  un  tel  décousu,  qui  laisse  en 
l'air  les  diverses  fiches  remplies,  et  qui  n'apporte  à  la  solution  de  la 
question  posée  (l'influence  de  Marino  sur  la  littérature  française)  à 
peu  près  que  des  éléments  négatifs  ou  contradictoires,  puisque  «  Voi- 
ture et  Théophile  n'en  disent  rien  »,  -que  «  Balzac  ne  l'a  probable- 
ment pas  connu  »,  tandis  que  Saint-Amant  a  au  moins  imité  un 
do  ses  madrigaux,  que  Chapelain  a  préfacé  VAdone  avec  une  admi- 
ration sans  réserve,  que  Théophile  a  traité  comme  lui  le  sujet  de 
Pyrame  et  Thi^hè.  et,  pense  sans  le  prouver  M.  Cabeen,  en  lui  em- 
pruntant quelques  scènes.  Le  sujet  reste  à  traiter  tout  entier,  et 
avec  une  autre  méthode.  La  seule  utilité  de  la  publication 
présente  me  parait  de  pouvoir  en  donner  à  quelqu'un  de  chez  nous 
l'idée.  Gabriel  ArniAT. 


HISTOIRE 


Tacite.  Traduction  nouvelle,  mise  au  courant  des  travaux  récents  de  la 
rihiloli'gie,  par  L.  Loiseau.  T.  II.  Paris,  Garnier,  1908,  in-18  de  56.!  p.  — 
Prix  :  3  fr. 

Fidèle  aux  traditions  do  la  vieille  magistrature  —  hâtons-nous 
d'employer  une  formule  qui  bientôt,  hélas  !  n'aura  plus  de  sens,  — 
M.  le  premier  président  honoraire  Loiseau  consacre  à  la  traduction 
les  loisirs  d'une  studieuse  retraite.  On  a  déjà  signalé,  dans  cette 
Revue,  le  tome  premier  de  son  Tacite,  qui  contenait  les  Ann,ales.  Le 
nom  du  préfacier  était  pour  le  lecteur  une  garantie.  Le  tome  second 
et  dernier  contient  le  Dialogue  su?-  les  orateurs,  la  Vie  d'Agriçola,  les 
Mœurs  des  Germains  et  les  cinq  livres  des  Histoires.  Écrite  avec  fer- 
meté en  une  langue  correcte  et  d'un  style  net,  cette  traduction  se 
lit  avec  agrément  et  nous  a  paru  généralement  exacte.  De  brèves 
notes  au  bas  des  pages  fournissent  les  éclaircissements  indispensa- 
bles. A.  B. 


—  438  — 

Hiiifoire  partiale,  histoire  Yrnie,  par  Jhan  Guiraud.  II.  Moyen 
,},)€.  lifiiai^s'fDCt.'.  lié  forint,  l'iiris,  BeaucheMie,  1912.  in-16  dt;  XVl-467  p. — 
P.-ix   :  3  fr.  5u. 

C'est  avec  une  viritablo  joie  que  nous  avons  vu  paraître  le  tome  II 
de  cet  ouvrage;  c'est  avec  un  intérêt  soutenu  jusqu'au  bout  que  nous 
lavons  lu.  Nous  avons  déjà  dit  (t.  CXXI,  p.  174-175)  le  but  que  se 
proposait  M.  Guiraud,  nous  avons  dit  combien  ce  livre,  vrai  manuel 
d'apologétique  historique,  outre  son  importance  dans  la  question  des 
manuels  soclaires  offrait  de  ressources  aux  conférenciers.  Nous 
n'avons  donc  aujourd'hui  qu'à  exposer  «ce  que  contient  ce  nouveau 
volume.  Dans  son  Introduction,  l'auteur  se  défend  tout  d'abord 
d'avoir  voulu  faire  une  guerre  sans  pitié  aux  instituteurs;  fils  d'ins- 
tituteur lui-même,  ayant  conservé  pour  la  mémoire  de  son  père  le 
culte  le  plus  noble,  loin  d'être  l'ennemi  des  instituteurs,  il  se  montre 
leur  ami,  n'attaquant  que  ceux  qui  manquent  à  leur  devoir  d'éduca- 
teurs et  mettant  les  autres  en  garde  contre  les  mensonges  et  les 
erreurs  de  manuels  justement  condamnés  par  les  évêques. 

Si  M.  Guiraud  revient  sur  le  moyen  âge,  dont  il  s'était  déjà  large- 
ment occupé  dans  son  premier  volume  (un  grand  tiers  de  ce  tome  II  est 
consacré  à  cette  période),  c'est  pour  montrer,  dans  une  série  de  cha- 
pitres solides  et  bien  documentés,  que  le  moyen  âge  n'est  pas  cette 
période  de  torpeur  intellectuelle  que  quelques-uns  prétendent  y  voir,  que 
les  sciences  notamment  n'ont  pas  cessé  d'y  être  cultivées  et  qu'il  a 
apporté  son  contingent  de  découvertes  scientifiques;  que  ni  sa  litté- 
rature ni  surtout  ses  arts  ne  sont  à  dédaigner;  que  la  connaissance 
du  monde  n'y  a  pas  été  aussi  nulle  ni  aussi  réduite  que  le  font  croire  les 
auteurs  des  manuels. 

Les  onze  chapitres  entre  lesquels  se  partage  le  reste  du  volume^ 
traitent  de  la  Renaissance,  dans  laquelle  M.  Guiraud  fait  voir  un  mou- 
vement chrétien  fort  remarquable  à  côté  des  tendances  païennes 
exaltées  par  quelques  auteurs;  du  rôle  de  l'Eglise  dans  les  origines 
de  l'imprimerie  dont  on  ne  saurait,  sans  ignorance  ou  mauvaise  foi, 
la  travestir  en  ennemie;  d'Etienne  Dolet,  dont  la  légende  est  une 
fois  de  plus  détruite  de  main  de  maître;  des  campagnes  au  xv®  et 
au  xvi^  siècle  ;  de  la  réforme  pour  laquelle  les  auteurs  de  manuels 
montrent  une  partialité  explicable  en  partie  par  la  mentalité  protes- 
tante de  tant  de  chefs  de  l'enseignement;  de  la  réforme  catholique 
Hvant  Luther;  des  doctrines  de  la  Réforme  et  notamment  de  l'into- 
lérance violente  des  chefs  de  ce  mouvement,  bien  qu'il  soit  de  mode 
de  faire  d'eux  les  apôtres  de  la  tolérance;  du  vandalisme  protestant 
du  xvi^  siècle;  de  la  responsabilité  des  guéries  de  religion  que 
M.  Guiraud  prouve  justement  incomber  aux  protestants  bien  plus 
qu'aux  catholiques;    de    Coligny,    cette    vaine  idole  qu'il  détrône 


-  439  -^ 

tUi  piédestal  qu'on  lui  a  élevé;  de  la  Saint-Barthélémy  enfin  que, 
sans  l'excuser  naturellement,  l'auteur  établit  avoir  été  un  crime  non 
rf'ligieux  maia  politique. 

Ce  n'est  pas  seulement  aux  manuels  condamnés  que  le  livre  de  M. 
Guiraud  servira  de  contrepoison  et  de  complément  rectificatif;  il 
aidera  bien  des  lecteurs  à  réparer  les  lacunes  et  à  rectifier  les  erreurs 
de  plus  d'un  livre  d'histoire;  et  par  là  il  mérite  une  bonne  place 
dans  toute  bibliothèque  sérieuse.  Son  succès  est  déjà  considérable; 
nous  ne  pouvons  que  souhaiter  qu'il  le  devienne  plus  encore;  ce  sera 
tout  profit  pour  l'intelligence  des  temps  passés.  E.-G.  Ledos. 


lie»  Origines  de  la  ci^ilisatiou  moderne,  par  GoD^FRoro 
KuRTH.  (?  t!<iilion.  Bruxelles,  Dewil,  1912,  2  vol.  in-8  de  xxx-34Û  et  304  p. 
-  Prix  :  8  fr. 

Cest  en  188i)  que  M.  Godefroid  Kurth  a  donné  pour  la  première 
fois  les  Origines  de  la  civilisation  moderne,  et  six  éditions  successives, 
<tont  quatre  se  pressent  dans  le  court  espace  de  douze  années  (1886- 
1898),  attestent  le  succès  constant  de  ce  livre  et  la  faveur  dont  il 
jouit  auprès  du  public. C'est  que,  en  même  temps  que  l'auteur  s'est  ef- 
forcé de  tenir  son  livre  au  courant  des  plus  récents  travaux  ot  qu'il  n'a 
jamais  négligé  d'appuyer  sur  une  érudition  vaste  et  solide  son  exposé 
des  faits,  il  a  su  dissimuler  tout  cet  appareil  scientifique  sous  le 
manteau  d'une  éloquence  brillante  et  chaleureuse;  les  faits  s'animent 
et  les  pensées  se  pressent  sous  sa  plume.  Même  si  l'érudition  vient 
contester  tel  détail,  l'ensemble  demeure  vrai,  et  ce  magnifique 
tableau  du  déclin  de  la  civilisation  antique  et  de  la  naissance,  au 
milieu  de  ses  ruines,  de  la  société  médiévale,  formée  et  soutenue  par 
l'Église  catholique,  jusqu'à  l'apogée  du  régime  carolingien,  nous 
paraît  une  de  ces  ceuvres  durables  dignes  de  retenir  l'attention  même 
de  la  postérité. 

Sans  entrer  dans  une  longue  analyse  de  l'ouvrage  qui  a  été  présenté 
autrefois  à  nos  lecteurs  (t.  XLVll,  p.  524  et  suiv.),  nous  rappel- 
lerons que  les  treize  chapitres  qui  en  forment  la  charpente  sont  inti- 
tulés :  1.  L'Empire  romain  ;  If.  Le  Monde  germanique;  III.  L'Église; 
IV.  La  Chute  de  l'empire  romain  en  Occident;  V.  Progrès  de  l'Église; 
VI.  Byzance;  VII.  Les  Royaumes  anciens;  VIII.  Naissance  des 
sociétés  catholiques;  IX.  La  Société  barbare  au  vi*'  siècle;  X-XI. 
Action  de  l'Église;  XIL  Les  Carolingiens;  XIII.  Charlemagne. 

Vis-à-vis  de  la  cinquième  édition  parue  en  1903,  celle-ci  ne  présente 
que  peu  de  modifications  dans  le  texte  du  livre.  La  bibliographie 
cependant  a  été  mise  au  courant  et  la  disposition  en  a  été  changée 
d'une  manière  heureuse  :   au  lieu  d'être  groupée  tout  entière  à  la 


—  440  — 

fiii  de  louvrage,  elle  a  été  répartie  entre  les  divers  chapitres  qu'elle 
termine.  Une  modification  moins  heureuse  et  dont  nous  ne  saisis- 
sons pas  bien  les  motifs  a  fait  retrancher  de  cette  bibliographie  l'indi- 
cation des  travaux  modernes  qui  figuraient  à  côté  des  sources 
dans  les  précédents  volumes. 

Par  contre,  M,  Kurth  a  joint,  sous  forme  d'appendice  à  son 
deuxième  volume,  la  reproduction  de  la  vigoureuse  réponse  faite  par 
lui  aux  critiques  pédantes  de  M.  Seignobos  et  dont  la  Revue  des  ques- 
tions historiques  avait  eu  la  primeur  en  1900. 

Le  livre  qui  aboutit,  comme  celui  qu'Ozanam  avait  jadis  rêvé,  à 
une  apologie  de  l'Église  chrétienne,  véritable  fondatrice  de  la  civi- 
lisation moderne,  a  sa  place  marquée  dans  toute  bibliothèque  catho- 
lique. E.-G.    L. 

•Vubilés   d'Italie,  par  Hbnby  Cochin.  Parif=,  Plon-Nourril,  1911,  in-16 
de  xiv-299  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

C'est  moins  en  recueil  d'études  historiques,  de  l'aveu  même  de 
l'auteur,  qu'en  album  de  souvenirs  et  d'impressions  autobiogra- 
phiques, qu'il  faut  considérer  ce  charmant  volume.  Il  comprend 
quatre  parties,  entre  lesquelles,  pour  l'intérêt,  le  charme  et  la  grâce, 
pour  l'ardente  et  contagieuse  sympathie  aux  choses  italiennes,  il 
serait  bien  difficile  de  choisir.  Toutes  ont  été  inspirées  à  l'écrivain, 
érudit  et  disert,  par  le  retour  de  dates  mémorables  :  sixième  cente- 
naire de  V Attentat  d'Anagni,  sixième  centenaire  de  Pétrarque,  cinquième 
de  Masaccio,  noces  d'argent  du  professeur  Novati  avec  la  cience.  Ces 
dates  ont  été,  pour  l'auteur,  des  fêtes,  et  c'est  surtout  pour  épancher 
son  cœur  qu'il  les  a  commémorées.  Il  a  une  façon  si  délicate  et  si 
persuasive  de  présenter  ses  admirations  et  ses  amitiés  que  le  lec- 
teur ne  tarde  guère  à  les  partager.  Pétrarque  et  Masaccio  nous  appa- 
raissent plus  familiers,  plus  voisins.  Sur  Boniface  VIII,  — ce  terrible 
batailleur,  alliant  la  spiritualité  à  la  violence,  tremblant  devant  son 
médecin,  le  mystérieux  Arnaud  de  Villeneuve,  —  il  a  buriné  une 
belle  série  d'eaux  fortes.  Et  quelle  effigie  au.stère  et  aimable  à  la  fois, 
et  combien  ressemblante,  il  nous  donne  de  ce  Francesco  Novati, 
à  la  fois  critique,  historien,  philologue  et  professeur,  honneur  de 
Crémone  et  de  la  science  lombarde  1  Tous  les  amis  de  cet  infatigable 
travailleur,  de  ce  maître  éminent,  doivent  des  remerciements  à  M. 
Cochin.  (Et  ceux  qui  liront  ce  volume  au  point  de  vue  strictement 
historique  sont  prévenus  qu'il  est  tout  plein  de  la  plus  exacte  érudi- 
tion, qu'il  est  riche  d'idées  originales,  et  qu'il  y  a  beaucoup  à  y 
apprendre.)  L.-G.    Pélissier. 


—  441  — 

IjCs  liettres  de  Jelianue  d^^lLre  et  la  prétendue  abfuration 
«lc>^Rint-Ouen,  parlt-comi-G.  deMalkiSsYB.  Paris,  Maison  de  \h  Bonae 
Pns.-e,  s.  ().,  in-lo  de  108  p.,  avec  1  pi.  ei  5  fac-similé-.  —  Prix  :  0  l"r.  25. 

Die   Fal«clte  Junglraii   von  Orléans,    1436  59,  von  Hans 

PhUTZ.   Vurgelvayen  ain  1.  Juii  19n.  Munich,   J.   Rolu,  1911,  ii-8  de  48  p. 
Exrail  des    Silzuniisbericlile  der   Kœntglich  'iayerischen  Akademie  der  Wis- 
Sfuschaflen.  Ptiilosop/iisk-^hilologische  and  hislorische  Klnsse    Jahrgang  1911, 
10  Abhan<llunt;). 

Jeanne  «l'Are.  1499>I43I  .  L'Itinéraire  d'une  sainte.  —  Scènes  d^his- 
tove.  —  iXoieK  et  éclairrisstmpfts,  par  EuG.  Roupain.  Tournai  et  Paris, 
Casierman,  iyi2,  in-t6  de  '/79  p.  —  prix  :  2  fr.  50. 

La  famille  de  Maleissye,  issue  de  Charles  du  Lys,  petit-neveu  de 
Jeanne  d'Arc,  conserve  dans  ses  archives  les  originaux,  certainement 
authentiques,  de  trois  lettres  de  l'héroïque  vierge,  adressées  au-Y 
habitants  de  Reims  le  6  août  1429,  les  16  et  28  mars  1430.  Le  texte, 
plusieurs  fois  reproduit,  en  est  bien  connu.  Mais  une  étude  patiente 
et  minutieuse  de  leur  graphie,  de  celle  notamment  du  mot  Je- 
hanne,  qui  leur  sert  de  signature;  la  comparaison  de  ces  lettres 
avec  deux  autres,  celle  qui  fut  envoyée  au  duc  de  Bourgogne  le  17 
juillet  1429  et  qui  est  conservée  aux  Archives  du  département  du 
Nord,  et  celle  que  reçurent  les  habitants  de  la  ville  de  Riom, 
'  qui  la  conserve  dans  ses  archives  municipales,  lettre  datée  du  9 
novembre  1429;  enfin  diverses  circonstances  de  la  carrière  de  Jeanne 
et  divers  textes  des  deux  Procès,  interprétés  d'une  façon  nouvelle, 
ont  conduit  M.  le  comte  C.  de  Maleissye  à  des  conclusions  exposées 
avec  talent  et  avec  verve  dans  un  mémoire  intitulé  :  Les  Lettres 
de  Jehanne  d'Arc  et  la  prétendue  abjuration  de  Saint-Ouen,  où  l'on 
trouve  aussi  des  considérations  pleines  d'esprit  et  de  cœur  sur  le 
caractère,  la  mission,  l'œuvre  de  l'héroïque  vierge.  Les  conclusions 
spéciales  de  l'auteur  sont  celles-ci.  Jeanne,  qui  ne  savait  ni  A  ni  B, 
selon  sa  propre  expression,  lors  de  l'examen  de  Poitiers,  a  profité 
des  douloureux  loisirs  qui  lui  furent  imposés  après  l'échec  sous  Paris 
pour  apprendre,  non  seulement  à  tracer  machinalement  et  lisible- 
ment sa  signature,  mais  à  lire  et  à  écrire,  et  elle  avait  cette  con- 
naissance lors  du  procès  de  Rouen.  L'auteur  tire  de  là  des  consé- 
quences importantes,  notamment  en  ce  qui  concerne  la  prétendue 
abjuration  faite  au  cimetière  Saint-Ouen.  Telle  est  la  thèse  de  M.  le 
comte  de  Maleissye.  L'examen  des  arguments  sur  lesquels  elle  s'ap- 
puie demanderait  plus  de  temps  et  d'espace  que  nous  n'en  pouvons 
avoir  maintenant  à  notre  disposition.  Nous  devons  donc  nous  bor- 
ner à  donner  ici  notre  impression  générale.  Nous  le  ferons  en  toute 
franchise,  M.  le  comte  de  Maleissye  ne  nous  a  pas  convaincu.  Son 
argumentation  nous  a  semblé  plus  ingénieuse  que  décisive.La  méthode 
de  discussion  critique  appliquée  par  lui  à  divers  textes  des  deux 
Procès  est,  selon  nous,  défectueuse,  non  exempte  d'illusion  et  de  parti- 


-  442  — 

pris.  Il  suit  de  cette  impression  que  nous  considérerions  comme  une 
imprudence  de  tenir  pour  acquises  et  d'adopter  telles  quelles  et  sans 
pî'is  ample  informé  les  solutions  et  interprétations  qu'il  nous  pro- 
pose. C'est  donc  seulement  à  titre  de  «  mémoire  à  consulter  »  que 
son  travail  nous  paraît  intéressant  et  pourra  être  utile.  Ajoutons 
toutefois  que,  pour  le  caractère  généralement  frauduleux  de  la  scène 
de  Saint-Ouen,  notre  a  vis,  comme  il  veut  bien  le  rappeler,  est  con- 
forme au  sien.  Nous  sommes  heureux  aussi  de  reconnaître  et  de  dire 
que  l'idée  qu'il  a  du  caractère  et  de  la  mission  de  Jeanne  d'Arc  est 
parfaitement  juste  et  qu'il  l'exprime  en  excellents  termes  :  «  En 
toutes  les  occurrences,  Jehanne  (nous  n'aimons  pas  cette  orthographe 
archaïque)  reste  tellement  française  de  vivacité,  de  cœur  et  d'esprit, 
que  par  toutes  ses  fibres  on  la  sent  une  des  nôtres.  Si  elle  élève  la 
nature  humaine,  elle  reste  cependant  hvmiaine.  Elle  est  au-dessus 
de  nous,  mais  nous  la  touchons,  nous  la  comorenons.  De  là  vient 
qu'elle  est  la  sainte  charmante,  séduisante,  aimée  de  tous;  elle  est 
la  Française  par  excellence...  11  était  réservé  à  notre  siècle  de  cri- 
tique et  de  positivisme  de  vouloir  approfondir  la  mission  de  Jehanne. 
Or,  plus  on  examine  sa  vie  et  plus  on  l'analyse;  plus  on  étudie  ses 
pensées  et  plus  on  scrute  son  âme,  plus  on  arrive  à  trouver  que  sa 
hauteur  morale  l'élève  encore  au-dessus  des  grandes  choses  qu'elle  a 
faites...  L'Église  seule,  en  plaçant  Jehanne  sur  les  autels,  apporte 
une  explication  qui  satisfasse  pleinement  la  science  et  la  raison.  »  On 
ne  peut  mieux  dire. 

—  La  gloire  de  plus  en  plus  rayonnante  de  l'héroïque  vierge,  exci- 
tant l'attention  sur  tout  ce  qui  se  rapporte  de  plus  ou  moins  près 
à  son  histoire,  amène  et  amènera  sans  doute  de  jour  en  jour  davan- 
tage des  recherches  et  des  études  nouvelles,  non  seulement  en  France, 
mais  dans  tout  le  monde  chrétien  et  civilisé.  Ce  n'est  pas  à  Jeanne 
elle-même,  c'est  à  l'aventurière  qui,  plusieurs  années  après  sa  mort, 
osa  usurper  son  nom,  c'est  à  la  fausse  Piicelle  d'Orléans  qu'un  érudit 
allemand,  déjà  connu  par  ses  travaux  sur  les  ordres  du  Temple  et 
de  l'Hôpital  et  sur  Jacques  Cœur,  M.  Hans  Prutz,  a  consacré  un 
travail,  communiqué  à  l'Académie  royale  des  sciences  de  Bavière  le 
!*''■  juillet  de  l'an  dernier.  Nous  l'avons  lu  avec  intérêt  et  y  avons 
remarqué  les  qualités  et  aussi  les  défauts  assez  habituels  à  l'érudition 
et  à  la  critique  allemandes.  La  qualité  principale,  c'est  le  souci  de  ne 
pas  s'en  tenir  à  un  regard  superficiel  jeté  siir  les  faits,  mais  détacher 
d'en  pénétrer  le  caractère  intime  et  la  raison  d'être,  d'en  rechercher 
les  causes,  de  les  relier  l'un  à  l'autre  dans  l'ordre  vrai  de  leurs 
rapports  el  dans  leur  exacte  chronologie.  Le  principal  défaut,  c'est 
de  faire  usage  à  cet  effet  d'une  méthode  trop  conjecturale,  visant 
trop  à  la  nouveauté  trop  prompte  à  suspecter  et  à  rejeter  tel  ou  tel 


—  443  - 

texte  et  telle  ou  telle  conclusion  que  l'on  en  a  jusqu'à  présent  tirée. 
11  sera  bon  de  tenir  compte  des  recherches  et  des  observations  de 
M.  Prutz,  mais  il  serait  peu  prudent  de  se  ranger  à  toutes  ses  vues. 
Par  exemple,  pour  notre  part,  nous  tenons  pour  inadmissible  le 
rejet  du  double  témoignage  de  Pierre  Sala  relativement  à  la  vraie 
et  à  la  fausse  Jeanne  et  au  fameuK  secret  du  Roi.  L'argumentation  de 
M.  Prutz  à  cet  égard  est  très  contestable  et  s'inspire,  sans  s'en  dou- 
ter probablement,  du  préjugé  rationaliste,  qui,  comme  le  préjugé 
fidéiste,  d'autre  part,  a  trop  souvent  pour  effet  d'altérer  la  rectitude 
du  jugement  critique  à  notre  époque.  Nous  signalerons  dans  son  tra- 
vail une  erreur  de  fait  et  une  omission,  toutes  deux  d'ailleurs  très 
excusables,  La  première,  où  sont  tombés,  à  la  suite  de  Quicherat, 
tous  les  historiens  de  Jeanne  d'Arc  et  nous-même  avec  eux  jusqu'à 
la  dernière  revision  de  notre  livre,  c'est  l'identification  avec  Ulrich 
de  Wurtemberg  du  jeune  gentilhomme  dont  la  fausse  Jeanne  gagna 
la  confiance  durant  son  séjour  dans  la  ville  d'Arlon.  11  s'agit  en  réalité 
du  fils  du  comte  de  Virneburg.  Virneburg  est  un  village  du  pays 
rhénan,  qui  fait  aujourd'hui  partie  de  la  circonscription  de  Coblenz 
et  du  cercle  d'Adenau.  L'omission  est  celle  d'un  curieux  passage  de 
l'information  ouverte,  au  mois  de  novembre  1476,  à  Faveresse  et  à 
Sermaize,  prévôté  de  Vitry,  en  Champagne,  pour  constater  la  filiation 
d'un  descendant  de  Jean  de  Vouthon,  frère  d'Isabelle  Romce.  On 
y  constate  la  venue  à  Sermaize,  vers  1452,  d'une  «  jeune  femme,  se 
disant  être  Jeanne  la  Pucelle  »,  qui  fut  bien  accueillie  et  fit  même  une 
partie  de  paume  avec  le  curé  du  village.  11  va  sans  dire  qu'elle  mentait 
impudemment.  Le  texte  de  cette  enquête  a  été  publié  par  MM.  de 
Bouteiller  et  de  Braux  dans  leurs  Nouvelles  Recherches  sur  la  famille 
de  Jeanne  d'Arc  (Orléans,  Herluison,  1879,  in-8,  p.  10,  11). 

—  D'un  tout  autre  genre  que  les  dissertations  de  M.  le  comte  de 
Maleissye  et  de  M.  Hans  Prutz  est  le  volume  un  peu  composite  de 
M.  Eug.  Roupain  :  Jeanne  d'Arc,  1429-1431,  formé  de  trois  parties 
distinctes  :  U Itinéraire  d'une  sainte.  —  Scènes  d'histoire.  —  Notes  et 
éclaircissements.  La  première  est  un  mélange  d'exposition  historique 
et  de  réflexions  diverses,  religieuses,  patriotiques  et  polémiques. 
«  C'est  l'itinéraire  de  Jeanne  d'Arc,  nous  dit  l'auteur.  Nous  en  refe- 
rons, une  à  une,  les  étapes;  recueillant  ici  des  détails  chronologiques 
précis;  faisart  là  des  réflexions  utiles  pour  venger,  histoire  en  main, 
l'honneur  de  Dieu  et  de  l'Église,  maladroitement  ou  haineusement 
engagé  dans  cette  querelle.  Si  modeste  que  soit  l'effort,  il  aura  son 
prix.  Aucun  n'est  inutile  quand  il  s'agit  de  répondre  aux  attaques 
insidieuses  et  aux  mensonges  passionnés  des  détracteurs  de  Jeanne 
d'Arc.  Le  seul  reproche  que  pourrait  encourir  un  jeune  Français,  à 
l'heure  qu'il  est  (et  Dieu  nous  en  préserve),  serait  de  n'avoir  pas,  sou» 


—    444    —  :.  . 

le  virginal  regard  de  cette  fille  au  grand  ccvur,  le  courage  de  smb- 
truire  et  de  s'édifier  auprès  d'elle  en  vue  des  combats  et  de  l'action  ». 
L'information  de  l'auteur  est  étendue  et  variée,  son  sens  juste,  son 
style  élégant  avec  un  peu  d'excès  de  rhétorique.  —  La  seconde  par- 
tie :  Scènes  d'histoire,  est  une  composition  dramatique  en  trois  actes 
avec  prologue,  destinée,  ce  semble,  aux  représentations  de  collèges 
ou  de  patronages.  Elle  a  le  grand  mérite  d'être  écrite  en  prose,  c'est- 
à-dire  qu'elle  évite  une  grosse  pierre  d'achoppement  en  pareille  ma- 
tière. Nous  la  signalons  à  qui  de  droit,  en  laissant  aux  intéressés 
le  soin  d'en  apprécier,  eu  égard  à  son  objet,  la  valeur  pratique.  ■ — 
La  troisième  partie  :  Notes  et  éclaircisseme?its ,  se  compose  de  mor- 
ceaux détachés,  dont  la  plupart  semblent  être  des  articles  publiés 
antérieurement  dans  des  journaux  ou  recueils  périodiques,  et  que 
l'auteur  n'a  pas  eu  tort  de  reproduire.  On  y  remarque  les  mêmes 
qualités  que  dans  l'Itinéraire.  Nous  signalons  en  particulier  l'étude 
intitulée  :  Jeanne  d'Arc  et  sa  mission  nationale,  où  l'on  trouve  de 
très  bonnes  observations  avec  une  nuance  un  peu  excessive  d'intran- 
sigeance. L'impression  d'ensemble  qui  nous  reste  de  ce  volume,  c'est 
qu'avec  un  peu  de  jeunesse  encore  et  d'inexpérience  il  n'en  est  pas 
moins  une  bonne  promesse  pour  l'avenir.  Il  y  a  là,  ce  nous  semble, 
l'étoffe  d'un  penseur  et  d'un  écrivain.  Marius  Sepet. 


Busry  d'Amboise  et  .^Badame  «le  Monisoreau,  d'après  des 
docinut^nis  inédits,  par  Léo  Mouton.  Paris,  Hachette,  191!?,  jn-8  de  vi-358  p., 
avec  'i  planches  hors  texte  et  1  fac-similé.  —  Prix  ;  7  fr.  50. 

C'est  un  honneur  pour  Alexandre  Dumas  et  un  hommage  à  l'in- 
fluence exercée  par  ses  romans  que  la  peine  que  se  donnent  des 
historiens  pour  étudier  à  la  lumière  des  documents  historiques  les 
personnages  immortalisés  par  sa  plume.  Après  les  Trois  Mousque- 
taires, qui  naguère  ont  excité  la  verve  de  sagaces  historiens,  voici 
la  Dame  de  Montsoreau  et  son  mari  et  son  amant  auxquels  M.  Léo 
Mouton  consacre  un  volume  plein  de  recherches  érudites.   / 

Ici  encore,  la  réalité  historique  apparaît  assez  différente  de  l'his- 
toire. Ce  n'est  pas  que,  malgré  la  chasse  qu'il  a  faite  avec  passion 
aux  documents,  M.  Mouton  soit  arrivé  à  faire  la  pleine  lumière  sur 
l'épisode  qui  sert  de  fond  au  roman,  ni  sur  les  personnages  qui  en 
sont  les  acteurs  principaux  :  la  culpabilité  de  Françoise  de  Maridort 
demeure  prcjblématique;  sa  figure  même  reste  dans  la  pénombre;  il 
ne  semble  i)as  cependant  qu'elle  ait  été  aussi  candide  que  la  peint  le 
romancier;  dame  d'honneur  de  Catherine  de  Médicis,  mêlée  par  con- 
séquent à  l'escadron  volant  trop  fameux,  courtisée  ajwés  la  mort  de 
son  premier  mari  par  deux  cavaliers  qui  s'égorgent  pour  l'amour 
d'elle,  elle  n'est  pas  à  l'abri  de  tout  soupçon.  Et  cependant,  en  dépit 


—   440  — 

du  tragique  épisode  auquel  est  mêlé  Bussy  d'Amboise,  rien  ne  semble 
troubler  la  bonne  harmonie  entre  elle  et  son  second  mari,  le  comte 
de  Montsoreau. 

Si  celui-ci  venge  un  peu  brutalement  son  honneur  dans  le  sang 
d'un  rival  qu'il  attire  dans  un  guet-apens,  il  nous  apparaît  néan- 
moins, dans  le  livre  de  M.  Mouton,  comme  un  homme  un  peu  terne, 
paisible  de  nature,  mais  accomplissant  avec  sérénité  des  actes  de 
cruauté,  quand  il  y  croit  engagé  son  devoir  ou  son  honneur, 

La  figure  de  Bussy,  libertin,  bretteur,  vantard,  d'un  orgueil  insup- 
portable, d'une  brutale  insolence,  ne  sort  pas  sympathique  de  l'exa- 
men auquel  l'a  soumise  la  critique  de  M.  Mouton.  Dans  sa  vie, 
d'ailleurs,  et  dans  son  personnage,  plus  d'un  trait  demeure  obscur, 
plus  d'un  point  inexpliqué  :  la  raison,  par  exemple,  de  l'influence  qu'il 
exerça  sur  le  duc  d'Anjou,  frère  de  Henri  III. 

Si  le  livre  <ïue  nous  annonçons  ici  ne  répond  pas  à  tous  les  points 
d'interrogf-^ion,  il  n'en  est  pas  moins  d'une  lecture  instructive  et 
même  ami^^^iits.  Il  nous  offre  des  tableaux  de  mœurs  de  la  fin  du 
xvi^  siècle  1^^  ^''^^  ^^^^  V^^^  pour  l'historien  et  qui  donnent  au  livre 
un  caractè^^  ^^  ^'^^-  ^^^  esprits  sévères  jugeront  peut-être  que  tel  ou 
tel  morce'^u  (le  récit  du  voyage  de  Pologne,  après  le  départ  de 
l^uosy.  iJ^ï"  exemple)  forme  une  digression  inutile  à  la  marche  de 
l'action  et  à  la  connaissance  des  héros  du  drame;  mais  la  plupart 
des  lecteurs  s'amuseront  à  ces  pages  le  plus  souvent  pittoresques  et  y 
prendront  un  plaisir  auquel  n'a  pas  échappé,  semble-t-il,  l'auteur  môme 
de  l'ouvrage. 

Deux  portraits  de  Bussy  d'Amboise,  une  vue  du  château  de  Mont- 
soreau, une  autre  du  château  de  la  Coutanciêre,  théâtre  du  drame 
sanglant,  un  facsimilé  de  l'écriture  de  Françoise  de  Maridort  ajou- 
tent à  l'intérêt  de  ce  volume  qui  nous  apporte  sur  l'histoire  politique 
et  sociale  de  l'époque  plus  d'un  renseignement  inédit.     E.-G.  L. 


Canons    |»ri8   à    l'ennemi    dan»   la    guerre    patriotique 

(ISI9.)  [Oroudia  olbd\ia  ou  n^}n'iutéHt  v  ntéchésCvennouinu  voînou.],  par 
le  gré'iéral-miijor  V.  A.  Pétrov.  Moscou,  (yp.  sjnodale,  1911,  ia-foiio  de 
X-t24p. 

Voici  un  des  premiers  ouvrages  suscités  en  Russie  par  l'anniver- 
saire prochain  de  la  guerre  de  1812.  Le  général  Pétrov,  sur  mandat  du 
comité  organisateur  du  Musée  de  1812,  à  Moscou,  publie  avec  une 
Introduction  (traduite  en  français)  et  avec  une  étude  technique  et 
des  documents  d'archives,  la  liste  nominale  et  signaletique  des  875 
canons  de  toutes  nationalités,  perdus  par  l'armée  de  Napoléon.  Ces 
canons  sont  déposés  dans  la  cour  de  l'Arsenal  au  Kremlin.  Reprenant 
une  ancienne  idée  que  l'empereur  Alexandre  î®""  ne  fit  pas  réaliser 


pour  quelques  bonnes  raisons,  —  dont  peut-être  une  raison  de  bon 
goût,  —  le  comité  organisateur  est  favorable  à  un  projet  dans 
lequel  ces  canons  serviraient  à  former  deux  colonnes  commémora- 
tives.  Les  deux  colonnes  seraient  érigées  près  de  la  cathédrale  du 
Sauveur,  l'une  formée  de  canons  français,  l'autre  de  canons  étrangers. 
On  choisirait  pour  le  Musée  de  1812  une  quarantaine  de  canons,  les 
plus  intéressants  par  les  fonderies  d'où  ils  proviennent  et  par  leurs 
chiffres,  leurs  armoiries  ou  leurs  devises.  Les  projets  de  1812,  comme 
celui  d'aujourd'hui,  ont  tous  pour  couronnement  l'aigle  à  deux 
têtes,  symbolisant  la  Russie,  tandis  que  l'ennemi  est  symbolisé  par 
un  serpent.  Le  projet  de  1812,  qu'Alexandre  I^i-  rejeta,  ne  semblera-t- 
il  pas,  sur  un  point,  plus  noble  que  celui  que  l'on  forme  aujourd'hui? 
En  1812,  l'aigle  étouffait  le  serpent  dans  ses  serres;  en  1912,  il  le 
tiendrait  dans  son  bec  !  C'est  là  un  geste  de  héron,  héron  dont,  à  la 
vérité,  un  bon  «  serpent  »  pourrait  se  juger  offensé.  L'ouvrage  du 
général  Pétrov  est  orné  de  planches,  de  figures  et  d'un  très  grand 
nombre  de  reproductions  de  chiffres  impériaux  et  royaux.  Je  ne 
dirai  pas  quel  rêve  intense  c'est  de  lire  seulement  tous  les  beaux 
noms   de   vieux   canons  qui    sont   transcrits  dans   ce  livre... 

Denis    ïIoche. 

Archives^  campanaires  «le  Picarilie,  par  Joseph  Bertkblé.  T.  I. 
Abbevii  e,  l'aillaii;  Montpellier,  Louis  Valal,  1911,  m-s  de 'j89  p.  et  8  pi. 
(-xtrHJi  ies  Mémoires  de  la  Sociélé  d/émulation  d'Abbeville,  l.  XXllI/.  — 
Prix  :  5  fr. 

Parmi  les  objets  auxquels  s'est  appliquée  l'activité  scientifique  de 
M.  Joseph  Berthelé,  l'archéologie  campanaire,  l'étude  des  cloches  et 
de  tout  ce  qui  s'y  rapporte,  tient  depuis  vingt-cinq  ans  une  place 
considérable.  Il  vient,  une  fois  de  plus,  d'attester  sa  maîtrise  en  ce 
genre  par  le  volume  qui  contient  le  commencement  de  son  étude 
approfondie  des  Archives  campanatres  de  Picardie.  II  s'agit  surtout 
de  quatre  dépôts  d'archives  conservés  en  pays  picard  :  '<  le  premier, 
appartenant  à  la  fonderie  de  cloches,  toujours  existante  et  toujours 
renommée,  de  Carrépuits,  les  trois  autres  provenant  des  fonderies 
de  cloches,  successivement  disparues,  de  Roisel,  de  Solente  et  d'A- 
miens... Les  documents  qui  y  sont  conservés  se  rapportent  non  seu- 
lement à  la  Picardie  proprement  dite,  mais  encore  aux  diverses 
provinces  circonvoisines.  Les  amateurs  de  l'histoire  locale  des  divers 
départements  du  nord  de  la  France  (Somme,  Oise,  Aisne,  Pas-de- 
Calais,  Nord,  etc.)  trouveront  dans  cet  inventaire  des  détails  précis, 
que  l'on  rechercherait  en  vain  ailleurs,  sur  les  cloches  d'un  grand 
nombre  de  communes  et  de  paroisses.  Nos  confrères  en  campanogra- 
phie  y  recueilleront,  en  outre,  quantité  de  particularités  instructives 
sur  l'artistique  industrie  de  la  fonte  des  cloches,  en  campagne  et  en 


~  447  — 

fonderie,  anténeuremenl  aux  temps  actuels...  Nous  avons  relevé 
çà  et  là  sur  les  prix  du  travail,  les  conditions  financières  des  asso- 
ciations, la  valeur  des  marchandises,  etc.,  des  détails  caractéristiques 
susceptibles  d'être  utiles  non  seulement  aux  campanographes,  mais 
encore  aux  érudits,  aujourd'hui  de  plus  en  plus  nombreux,  qui  se 
préoccupent  de  l'histoire  économique  de  l'ancienne  France  ».  La 
matière  contenue  dans  ce  volume,  illustré  de  huit  belles  planches,  a 
été  répartie  ainsi  qu'il  suit  :  Introduction.  —  Première  partie.  Bio- 
graphie des  fondeurs  (xvii'^-xx^  siècles).  Chapitre  1.  Les  Cavillier, 
fondeurs  de  cloches.  11.  Les  Gorlier,  fondeurs  de  cloches.  — Deuxième 
partie.  Archives  des  fondeurs.  Chapitre  I.  Les  Archives  des  Cavillier. 
II.  Les  Archives  des  Gorlier.  — Troisième  partie.  Historique  des  cloches. 
Chapitre  I.  Département  de  la  Somme  (arrondissements  d'Amiens. 
Abbeville  Doullens,  Montdidier,  Peronne).  ■ — Ajoutons  que  ce  volume 
a  été  distribué,  à  titre  d'équivalence,  aux  souscripteurs  du  recueil 
périodique  trimestriel  fondé  par  M.  Berthelé  :  Ephemeris  campano- 
graphica.  Ils  ont  reçu,  en  outre,  le  fascicule  VII  de  ce  recueil  où 
l'on  remarque,  entre  beaucoup  d'autres,  de  curieux  détails  de  «  mu- 
sicographie campanaire  ».  M.  S. 

<|^ueli|iies  œii^'i't^s  et  qu«lqa«e  ouvriri**,   par  ëtibnnb  Lamv. 
Parir,  B  ou<l,  1911.  in-16df  -289  -•—  Prix  :  3  fr.  50. 

Articles  des  Débats,  du  Correspondant,  discours  prononcés  dans  de 
grandes  réunions  publiques,  à  des  assemblées  de  bienfaisance,  à  la 
Société  de  géographie,  aux  collèges  de  Sorèze,  de  Juilly  et  de  Stanis- 
las, —  voilà  les  cadres  successifs  des  sujets  abordes  par  M.  Etienne 
Lamy  et  traites  par  lui  avec  sa  hauteur  d'âme  et  son  lyrisme  philoso- 
phique habituel;  il  plane  facilement  au-dessus  des  intelligences  et 
leur  distribue  la  manne  de  sa  parole,  souvent  un  peu  chimérique, 
toujours  admirable  de  beauté  morale,  faite  de  conviction.  Personne 
n'attaquera  la  sincérité  de  ses  opinions  politiques  dont  certains  con 
testent  la  possibilité  pratique  ;  tous  applaudiront  ses  conseils  à  la 
«  jeunesse  contemporaine  »  quand  il  lui  dicte  son  «  devoir  public  »; 
quand  il  retrace  avec  émotion  les  services  rendus  par  l'Office  central 
des  institutions  charitables,  et  ceux  de  l'Hospice  français  à  Jûusa 
lem.  Ln  charme  très  pénétrant,  presque  subtil,  se  dégage  des  pages 
consacrées  au  duc  d'Audiffret  Pasquier  (figure  certainement  embel- 
lie) et  à  Albert  de  Lapparent,  dont  les  rares  vertus  et  les  mérites 
distingues  ne  rencontreront  que  des  admirateurs.  Tout  cet  ensemble 
enveloppe  le  lecteur  d'une  atmosphère  d'honnêteté  et  cte  noblesse  qui 
fait  de  ce  recueil  un  livre  reposant  dans  nos  luttes,  et  d'une  foi  me 
littéraire  charmante  en  ces  temps  mauvais  d'abaissement  intellec- 
tuel. C'est  l'écho  d'un  noble  cœur.  G. 


^  448  — 

I^a  Monareliie,  son  droit,  «a  eonstitution,  «on  programnie, 

par    Louis    Pabisbt.    Paris,    Librairie   des   Sainls-Pèrts,    19l(i,   iu-8  de 
1-4 'lO  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Les  ennemis  les  plus  avérés  de  l'idée  monarchique  ne  peuvent  guère 
se  refuser  à  reconnaître  qu'elle  jouit  depuis  quelques  années  d'un 
regain  de  faveur.  Passé  le  t^mps  où  de  braves  républicains,  munis  pour 
tout  bagage  intellectuel  des  opinions  courantes,  foudroyaient  à  bon 
compte  leur  contradicteur  royaliste,  en  lui  reprochant  de  s'attarder 
à   des   conceptions   surannées!   La  vaillante   phalange   de  l'Action 
française  a  remis  en  honneur  des  doctrines  qui  sont  à  la  fois  jeunes  et 
vieilles,  parce  qu'il  n'y  a  ni  jeunesse  ni  vieillesse  pour  la  vérité.  Le 
livre  de  M.  Pariset  est  lui  aussi  un  témoignage  de  ce  renouveau  qui, 
pour  peu  qu'il  persiste,  fera  changer  de  camp  l'armée  des  rétrogrades. 
Or,  si  cet  ouvrage  aboutit  à  la  même  conclusion    que   l'école  de  M. 
Maurras,  il  ne  s'y  rattache  en  aucune   manière.  Tandis  que  Y  Action 
française  procède  par  induction,  basant  ses  solutions  sur  l'expérience, 
M.  Pariset  emploie  la  méthode  inverse  et  affirme  des  principes,  d'où  il 
déduit  des  conséquences  par  voie  de  raisonnement. 
Tout  d'abord,  dit-il,  il  y  a  une  vérité  politique,  un  gouvernement  de 
'  droit,  produit  naturel  des  circonstances  historiques.  Huit  siècles  de 
nos  annales  proclament  qu'en  France,  ce  gouvernement  est  celui  de 
la  dynastie  capétienne,  fondatrice  de  la  patrie.  La  Révolution,  pense 
notre  auteur,  est  l'œuvre  directe  et  personnelle  de  Satan.  Elle  a  tout 
promis  à  la  France,  et  elle  n'a  semé  que  des  ruines.  Il  faut  rétablir  la 
monarchie,    non  pas  une  monarchie  parlementaire,  essai  de  conci- 
liation impossible  entre  la  souveraineté  du  peuple  et  le  droit  royal. 
Il  faut  que  le  Roi  règne  et  gouverne.  Il  gouvernera  avec  le  concours 
d'une  Chambre  élue  au  suffrage  universel  et  d'un  Sénat  formé  d'un 
noyau  primitif  de  membres  nommés  par  le  Roi,  mais  se  recrutant 
ensuite  par  cooptation. 

La  seconde  moitié  du  volume  contient  l'exposé  détaillé  d'un  pro- 
gramme monarchique.  Il  serait  difficile  d'être  toujours  d'accord  avec 
l'auteur  sur  tous  les  détails  d'un  plan  qui  touche  à  tant  de  sujets. 
Disons  qu'une  des  idées  auxquelles  M.  Pariset  s'attache  le  plus 
fortement  est  celle  de  la  décentralisation  administrative,  qu'il  sou- 
haite de  voir  s'opérer  dans  le  cadre  du  département,  la  reconstitu- 
tion de  provinces  à  rayon  étendu  lui  apparaissant  comme  un  danger 
possible  pour  l'unité  nationale.  Je  ne  puis  que  conseiller  la  lecture  de 
ce  livre  où  tous,  amis  et  adversaires  de  l'auteur,  trouveront  ample 
matière  à  d'utiles  réflexions.     ^'^':\    u  H.  Rubat  du  Mérac. 


lie  Prorée  de  la  démocratie,  par  Georges  Guy-Grand.  Paris,  Co- 
lin, 1911,  in-18  de  327  p.  —  Prix  :  3  fr.  50.  .y\  |  ^  jJ 

,    <:  Qui  veut  trop  prouver  ne  prouve  rien,  «  dit  un  vieux  proverbe 


—  449  — 

français  qui  remonte  à  l'époque  où  le  bon  sens  avait  gardé  quelque 
empire  sur  la  philosophie  française.  M.  Guy-Grand  aurait  pu  le  placer 
en  épigraphe  au  frontispice  d'un  ouvrage  qui  est  une  revanche  atten- 
due du  bon  sens  contre  un  fatras  de  paradoxes  sous  lesquels  deux 
bandes  d'ours,  des  blancs  et  des  rouges,  ont  entrepris  d'écraser  ce 
qu'ils  appellent  la  démocratie,  en  ayant  bien  soin  de  donner  à  ce 
mot  et  aux  conséquences  qu'ils  en  tirent  un  sens  qui  permette  des 
réfutations  faciles  et  des  épigrammes  savoureuses. 

L'état  démocratique  est  aujourd'hui  battu  en  brèche  par  deux 
écoles  :  l'une  d'extrême  droite  qui  prétend  lui  opposer  le  régime 
monarchique,  l'autre  d'extrême  gauche  qui  prétend  lui  opposer  le 
régime  syndicaliste.  Ces  deux  écoles  s'unissent  dans  un  mépris  com- 
mun de  l'individu  et  prétendent  procéder  d'un  positivisme  scienti- 
fique. Nous  ne  croyons  pas  qu'il  ait  jamais  été  fait  un  exposé  plus 
clair  de  leurs  doctrines  et  qu'on  en  trouve  ailleurs  une  réfutation 
plus  honnête  et  plus  serrée.  Il  est  impossible  d'entreprendre  même 
un  résumé  de  ce  «procès  de  la  démocratie  »,  car  le  livre  que  nous 
analysons  n'est  lui-même  qu'un  résumé  aussi  bien  des  idées  qu'il 
combat  que  de  celles  qu'il  défend.  Son  principal  mérite  consiste,  à 
notre  avis,  à  réagir  vigoureusement  contre  la  maladie  décadente  de 
l'idéologie,  à  ramener  à  ses  justes  limites  la  place  de  la  philosophie 
dans  la  politique,  et  à  exposer  que  la  démocratie  moderne  n'est  qu'un 
état  fort  naturel  de  l'évolution  de  l'humanité  sans  aucune  incompa- 
tibilité avec  une  large  et  légitime  part  de  traditionalisme.  Nul  ne 
s'étonnera,  parmi  les  lecteurs  de  cette  Revue,  que  nous  félicitions  M. 
Guy-Grand  de  la  réfutation  qu'il  nous  apporte  du  syndicalisme  révolu- 
tionnaire. Nous  ne  le  félicitons  pas  moins  de  la  réfutation  qu'il  apporte 
des  théories  d'extrême  droite.  Le  propre  de  la  politique  est  de  ne  souf- 
frir les  conséquences  extrêmes  d'aucun  système,  et  celles  du  système 
autoritaire  ne  le  cèdent  pas  en  absurdité  à  celles  du  système  libéral. 
Malheureusement,  quand  M.  Guy-Grand  combat  les  théories  d'ex- 
trême droite  et  en  triomphe,  c'est  de  la  doctrine  monarchique  qu'il 
croit  triompher.    Il  faut  avouer  que  pour  un  républicain  c'est  de 
bonne  guerre  et  qu'on  ne  peut  pas  trop  lui  en  vouloir  quand  on  est 
obligé  de  constater  que  les  héritiers  intellectuels  ô^s  ultras  de  la  Res- 
tauration revendiquent  bruyamment  pour  eux  seuls  la  qualité  de 
monarchistes  et  s'efforcent  de  creuser  un  fossé  infranchissable  entre 
la  monarchie  et  la  démocratie.  S'ils  avaient  raison,  M.  Guy- Grand 
aussi  aurait  raison  et  il  aurait  beau  jeu  à  démontrer  l'impossibilité 
actuelle  de  la  monarchie.  Mais  il  est  permis  de  penser  que  son  pos- 
tulat manque  de  base  et  que  la  doctrine  monarchique  n'est  pas  aussi 
incompatible    qu'il  le   pense   avec  l'état   démocratique. 

La  Monarchie  n'est  ni  un  système  philosophique  ni  un  ensemble 
Mai  1912.  T.  CXXIV.  29. 


—  450  - 

de  formules  fixées  sur  d'indélébiles  Tables  de  la  loi  ;  c'est  une  insti- 
tution admirablement  souple  et  son  mérite  consista  précisément  à 
pouvoir  s'adapter  aux  états  sociaux  et  politiques  les  plus  divers,  en 
apportant  toujours  aux  nations  qui  l'adoptent  le  bénéfice  de  la  conti- 
nuité qui  en  est  l'essence.  Loin  d'être  incompatible  avec  la  démocra- 
tie, elle  est  au  contraire  plus  nécessaire  à  une  nation  démocratique  qu'à 
toute  autre.  Aussi  nous  semble-t-il  qu'il  reste  à  M.  Guy- Grand  un 
chapitre  à  écrire  :  ce  serait  la  critique  non  pas  de  la  Monarchie  telle 
qu'elle  est  rêvée  par  les  «  romantiques  »,  les  «  Germains  »  et  les 
«  panthéistes  »  (ce  sont  ses  propres  expressions,  p.  293)  de  l'école 
à  laquelle  ii  s'attaque,  mais  de  la  monarchie  moderne  apportant  à 
la  démocratie,  considérée  comme  un  état  social  nécessaire  à  notre 
époque,  le  bienfait  d'une  institution  héréditaire  et  soustraite  à  l'élec- 
tion. L'Europe  en  fournit  plus  d'un  exemple  et  elle  a  existé  en  France. 
M.  Guy-Grand  n'aurait  pas  de  peine  à  constater  les  bienfaits  d'un  tel 
régime  et  sa  haute  équité  n'hésiterait  pas  à  rattacher  à  la  vertu  de 
l'institution  monarchique  la  plus  grande  part  de  ces  bienfaits.  En 
sollicitant  pour  la  Monarchie  ainsi  comprise  la  critique  avisée  et  pro- 
fonde qui  viendrait  sous  sa  plume,  l'espoir  ne  nous  paraît  point  ab- 
surde de  trouver  un  jour  dans  cette  critique  autre  chose  qu'une  réfu- 
tation. La  profondeur,  l'érudition,  le  bon  sens  (qu'on  nous  excuse 
de  répéter  encore  cette  expression),  qui  régnent  dans  les  pages  que 
nous  venons  de  lire  et  que  nous  voudrions  voir  dans  les  mains  de 
tous  les  honnêtes  gens  qui  se  préoccupent  de  l'avenir  du  pays,  en  sont 
pour  nous  un  gage  que  nous  retenons  précieusement. 

Eugène  Godefroy. 

Ce  qu'on  a  fait  de  l'Église.  Paris,  Alcan,  1912,  in-16  de  xxiii-554  p.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  livre  résume  les  doléances  d'un  groupe  de  modernistes  qui  ne  se 
sont  pas  résignés  à  la  condanmation  portée  contre  eux. 

L'ouvrage  est  anonyme  :  «  Les  auteurs,  lisons-nous  dans  l'Avant- 
Propos,  n'ont  point  voulu  se  nommer,  d'abord  parce  qu'ils  sont  trop 
nombreux,  car,  si  quelques-uns  seulement  savent  comment  fut  fait 
l'ouvrage,  beaucoyp  lui  ont  apporté  un  concouis  plus  ou  moins  effec- 
tif ».  Cette  explication  est  un  peu  embrouillée  et,  à  celui  qui  deman- 
derait s'il  est  bien  courageux  d'éluder  les  responsabilités  de  ce  qu'on 
écrit,  il  est  répondu  (p.  i)  :  «  Si  l'œuvre  vaut  par  elle-même,  ce  n'est 
pas  notre  signature  qui  pourrait  en  augmenter  ou  en  diminuer  la 
valeur  »  (!)  Donc,  les  auteurs  restent  masqués  :  «  ils  sont  assurés... 
que  tant  qu'il  leiu'  plaira  de  ne  point  révéler  leurs  noms,  ces  noms 
resteront  inconnus  »  (p.  535).  Chacun  appréciera  cette  attitude 
comme  il  l'entendra. 


—  451  — 

Ce  pamphlet  rappelle,  par  sa  composition,  les  récriminations  cha- 
grines des  jansénistes  et  des  constitutionnels  contre  le  Pape  et  l'Eglise 
de  Rome.  On  y  trouve  quelques  faits  substantiellement  exacts,  mais 
défigurés  par  des  interprétations  tendancieuses,  des  allégations  dé- 
pourvues de  preuves,  des  textes  tronqués  ou"  mal  entendus,  pas  mal 
d'injures,  beaucoup  de  lieux  communs  qui  trament  dans  la  littéra- 
ture protestante  et  des  commérages  dépourvus  de  toute  portée. 

L'&rchevêque  de  Paris  a  interdit  dans  son  diocèse  la  lecture  de  ce 
livre,  qui  pourrait  pervertir  certains  esprits,  et  plusieurs  évêques  de 
France  se  sont  associés  à  cette  condamnation  qui  oblige  même  les 
fidèles  ayant  la  permission  générale  de  lire  les  livres  qui  sont  à 
l'index. 

Les  auteurs  inconnus  ne  perdent  pas  une  occasion  d'affirmer  qu'ils 
entendent  rester  membres  de  l'Église  et  que  leur  foi  demeure  intacte. 
J'aime  à  penser  qu'ils  seront  conséquents  avec  ces  édifiantes  décla- 
rations et  que  lorsque  sera  passée  la  mauvaise  humeur  qui  leur  a 
dicté  cette  publication  peu  compatible  avec  la  qualité  de  catholi- 
ques, ils  rentreront  en  eux-mêmes  et  s'honoreront,  en  réparant  spon- 
tanément le  scandale  qu'ils  ont  donné.  C'est  alors  seulement  qu'on 
aura  le  droit  de  leur  reconnaître  le  titre  de  fils  soumis  de  l'Église. 

p.    PiSANI. 


Combate  d'hier  et  d'aujourd'hui,  parle  comte  Albbbt  db  Mun. 
3^  série,  1908.  Paris,  Lelhielicux,  s.d.  [1912!,  iietil  iD-8de348p.—  Prix:  -i  fr. 

En  rassemblant  les  divers  articles  publiés  par  lui,  en  1908,  dans  la 
presse,  M.  de  Mun  les  a  groupés  sous  trois  titres  qui  disent  bien  sa 
pensée  et  caractérisent  la  noblesse  de  son  apostolat  :  Pour  Dieu,  pour 
la  France,  pour  le  peuple.  —  Dans  la  première  partie,  il  aborde  la 
«  vie  catholique  »,  la  «  bataille  scolaire  «,  la  «  défense  religieuse  ».  — 
Dans  la  seconde,  il  nous  conduit  «  au  Maroc  »;  puis  jetant  des  «regards 
en  arrière  «(pèlerinage  de  soldat  ;  /acriwîae  rerum;  la  volonté  de  vaincre), 
il  affirme  sa  foi  en  la  «  patrie  ».  —  Dans  la  troisième,  il  aborde  cer- 
taines «  réformes  »  qu'il  estime  nécessaires,  notamment  à  propos  de 
l'apprentissage,  à  propos  des  petits  marmitons,  à  propos  du  bâti- 
ment, et  montre  qu'à  défaut  de  les  réaliser  quand  il  en  est  temps 
encore,  grand  temps,  on  court  à  la  révolution  sociale.  Deux  de  ces 
chapitres  sont  à  méditer  particulièrement  dans  leur  forme  éloquente  et 
précise  :  «  La  Charge  du  nom  »  et  «  la  Paix  du  gendarme  ». 

Il  est  superflu  d'insister  sur  la  valeur  morale  des  idées  et  le  charme 
de  leur  expression.  Ce  volume  manifeste  encore  plus  l'assurance  lit- 
téraire de  la  plume  du  grand  orateur  catholique,  et  aujourd'hui 
qu'il  vient  de  reprendre  la  parole  avec  éclat  au  Parlement,  à  l'Aca- 


—  452  — 

demie,  dans  les  congrès,  il  faut  cependant  souhaiter  qu'il  n'abandonne 
pas  son  rôle  de  «  journaliste  »,  où  il  est  passé  maître,     G.   de  G. 

liCS  Ijivres  qui  s'imposent.  lie  chrétienne.  Vie  sociale.  Vie  civique, 
par  Frédéric  Duval.  Paris.  Beauchesne,  1912,  io-8  de  xxxv-707  p.  — 
Prix  :  6  fr. 

M.  Frédéric  Duval  est  un  chrétien  fervent,  animé  du  zèle  de  l'apos- 
tolat. Il  est,  de  plus,  attaché  d'esprit  et  de  cœur  à  un  groupe  infi- 
niment respectable,  celui  des  «  catholiques'  sociaux  ».  C'est  à  ce 
double  point  de  vue  qu'il  s'est  placé  pour  composer  son  ouvrage  :  Les 
Livres  qui  s'imposent,  dont  l'objet  est  d'assembler,  d'instruire  et 
d'armer  les  chrétiens  d'élite,  les  jeunes  gens  surtout,  qui  se  sentent 
appelés  à  consacrer  leurs  efforts  à  la  régénération  de  la  société,  en 
premier  lieu  de  la  société  française.  11  s'agit  ici  tout  à  la  fois  d'un 
répertoire  bibliographique  et  d'une  sorte  de  manuel  doctrinal,  où  se 
fondent,  dans  l'unité  complexe  d'un  mélange  intéressant  et  original,  les 
indications  techniques,  les  instructions  théoriques  et  les  exhortations 
chaleureuses.  Les  unes  et  les  autres  sont  réparties  dans  le  cadre  sui- 
vant :  Première  partie  :  La  Vie  chrétienne.  Chapitre  I.  La  Bonne 
Route.  II.  La  Foi  catholique  (Les  sources  de  la  doctrine.  —  Exposés 
de  la  doctrine  chrétienne.  —  La  pensée  chrétienne  à  travers  les 
siècles.  —  La  philosophie  chrétienne.  —  Le  sens  catholique  et  la 
pensée  contemporaine).  III.  L'Église,  gardienne  de  la  foi  (Constitu- 
tion et  organisation  de  l'Église.  —  Histoire  générale  de  l'Église.  — 
A  travers  l'histoire  de  l'Église.  —  L'Église  contemporaine.  —  Des 
progrès  de  l'Église.  —  L'Église  et  le  monde).  IV.  La  Défense  de  la 
foi  (Apologie  générale  du  christianisme.  —  Quelques  objections 
importantes  contre  la  foi. —  La  foi  et  les  erreurs  modernes).  V.  Des 
Conséquences  de  la  foi  (La  piété.  —  La  prière.  —  Le  culte.  —  La 
vie  chrétienne.  —  H  faut  être  apôtre).  VI.  L'Apostolat.  Comment 
s'y  préparer  (Considérations  générales  sur  l'apostolat.  —  De  quel- 
ques'^vertus  naturelles  nécessaires  à  l'homme  d'action.  —  De  la 
méthode  dans  la  vie,  dans  l'étude,  dans  l'action.  —  Et  maintenant 
que  faire?)  VIL  L'Action  religieuse  (La  situation  du  catholicisme 
en  France.  —  Les  adversaires  du  catholicisme.  —  La  conquête  des 
âmes).  —  Deuxième  partie  :  La  Vie  sociale.  Chapitre  I.  Comment 
s'orienter  (Les  principes  fondamentaux  du  droit  social).  II.  La  Doc- 
trine sociale  de  rÉglise^(La  solution  chrétienne  du  problème  social. 

—  Les  sources  de  la  doctrine  catholique  sociale.  —  Histoire  des  doc- 
trines catholiques  sociales.  —  Les  maîtres  de  la  pensée  catholique 
sociale.  —  Un  exposé  doctrinal  et  pratique  de  la  doctrine  catholique 
sociale.  — A  travers  le  catholicisme  social.  —  Les  doctrines  socialistes. 

—  Comment  se  tenir  au  courant). ^III.  La  Famille  JComment  on 


—  453  — 

reut  détruire  la  famille.  —  Comment  restaurer  la  famille.  —  Le 
mariage.  —  La  femme.  • —  L'enfant.  —  La  famille  et  l'enfant  dans 
l'éducation.  —  La   prolongation   de  la   famille).    IV.  La  Profession. 
(L'organisation  du  travail.  —  Le  mouvement  syndical.  —  Des  amé- 
liorations  que  le    syndicat,    secondé   par  l'État,    peut   apporter  au 
régime  du  travail.  —  La  législation  sociale  :  ce  qu'elle  a  fait  et  ce  qui 
reste  à  faire).  V.  L'Action  sociale  (Les  règles  de  l'action  sociale.  — 
Œuvres  d'organisation  sociale.  —  Œuvres  de  bienfaisance  sociale.  — 
L'action  du  catholicisme  social  en  France  et  à  l'étranger).  —  Troi- 
sième partie.  La  Vie  civique.  Chapitre  I.  Où  trouver  les  éléments  du 
droit  public.  II.  De  la  Constitution  des  États  dans  la  chrétienté  res- 
taurée (L'individu  libre  dans  la  société  organisée.  —  Comment  conci- 
lier les  droits  du  pouvoir  avec  les  droits  de  l'homme  et  avec  les  droits 
de  l'Église.  —  Le  droit  public  chrétien,  seul,  peut  réaliser  les  har- 
monies civiques).  III.  La  France  et  ses  institutions  (L'histoire  fait 
aimer  la  Patrie.  —  Les  origines  de  nos  institutions.  —  Les  institu- 
tions publiques  de  la  France  et  les  réformes  nécessaires).  IV.  L'Action 
civique  (L'opinion  publique.  —  Comment  le  peuple  exerce  sa  souve- 
raineté. —  L'action  publique  des  représentants  du  peuple.  —  La 
prospérité  publique).  V.  L'Ordre  international.  —  Conclusion.  —  Les 
indications    bibliographiques   très    abondantes    contenues    dans   cet 
ample  cadre  et  qui  font  l'utilité  pratique  du  livre  ont  l'exactitude  et 
la  précision  que  l'on  devait  attendre  d'un  ancien  élève  de  l'École  des 
chartes.   Pour  les  ouvrages  les  plus  importants,  M.  Duval  en  fait 
ressortir  la  matière  par  une  table  sommaire  et  il  en  donne  même 
quelques  extraits.  Une  Table  alphabétique  générale  et  analytique  très 
détaillée  résume  ce  vaste  répertoire  de  faits  et  d'idées.  Enfin,  complé- 
ment fort  judicieux  et  d'un  grand  usage,  on  trouve  à  la  fin  du  volume 
les  Adresses  des  éditeurs,  libraires  et  imprimeurs  cités  dans  cet  ouvrage. 
On  ne  peut  mettre  en  doute  la  valeur  et  le  mérite  de  ce  grand  travail 
honoré  de  hautes  approbations.  Il  est  permis,  à  la  vérité,  de  ne  pas 
être  toujours  en  parfait  accord  avec  l'auteur.  Pour  notre  part,  catho- 
lique tout  court,  docile  aux  enseignements  du  Saint-Siège,  mais  n'ap- 
partenant à  aucun  groupe,  à  aucune  nuance,  du  moins  en  matière 
d'économie  politique  ou  sociale,  et  très  soucieux,  dans  les  questions 
libres,  de  notre  indépendance  comme  de  celle  d'autrui,  nous  aurions, 
dans  un  examen  plus  détaillé,  quelques  réserves,  quelques  restrictions 
à  faire  sur  telle  ou  telle  des  indications,  des  instructions,  des  exhorta- 
tions de  M.  Duval,  mais  en  ajoutant  que,  dans  les  limites  de  son 
point  de  vue  et  même  au-delà,  il  montre  une  grande  largeur  d'esprit. 
Considéré  dans  son  ensemble,  son  livre  est  de  ceux  dont  tout  le  monde 
peut  tirer  profit  et  dont,  par  conscquent,  on  peut  dire,  au  moins 
relativement  et  dans  une  certaine  mesure,  qu'ils  s'imposent.  Il  est  aussi 


—  454  — 

de  ceux  qui,  non  seulement  dans  leurs  quplités  mais  jusque  dans 
leur?  défauts,  par  exemple  quelques  exubérances  de  pensée  ou  de  style, 
font   honneur  à  leur  auti  ur.  M.   S. 


A  Cuidc  to  Books  on  Ireland,  edited  by  Stephen  J.  Brown. 
ParL  I.  Dublin,  Ilodges  Figgis  ;  Londc.n,  Loigujaiis,  Green,  petit  in-8 
cartonné  de  xviii-372  p.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

L'auteur  nous  prévient  dans  sa  Préface  que  son  livre  n'est  pas  une 
œuvre  de  bibliographie  technique,  mais,  comme  le  titre  l'annonce 
aveo  précision,  un  guide  dans  les  livres  écrits  sur  l'Irlande.  C'est  un 
grand  mérite,  car  il  sera  vraiment  un  guide  et  un  conseiller  pour  ceux 
qui  veulent  étudier  les  choses  irlandaises,  ou  qui,  les  étudiant  déjà, 
désirent  savoir  où  chercher  et  trouver  des  renseignements.  L'auteur 
exclut  les  ouvrages  écrits  en  gaélique  ou  langue  irlandaise  :  ce  serait 
en  effet  un  autre  ouvrage,  et  très  étendu  :  il  ne  prend  que  les  ouvra- 
ges écrits  en  langue  anglaise,  et  lorsqu'il  dit  Irish  dialecl,  il  faut  com- 
prendre par  là  le  dialecte  de  l'anglais  parlé  en  Irlande,  et  générale- 
ment V  Irish  brogue. 

L'ouvrage  comprendra  trois  volumes,  et  ce  qui  concerne  la  géogra- 
phie et  l'histoire  de  l'Irlande  sera  la  matière  d'un  prochain  volume. 
Le  premier  est  surtout  consacré  à  la  littérature  et  il  est  réparti  entre 
plusieurs  sections:!.  Collections  générales;  II.  Littérature  en  prose; 
III.  Poésie;  IV.  Musique;  V.  Théâtre.  Le  R.  P.  Brown  a  eu  l'avantage 
de  précieuses  collaborations  qu'il  reconnaît  dans  sa  Préface;  et  la 
section  «  Théâtre  »  est  tout  entière  l'œuvre  d'un  de  ces  collabora- 
teurs, M.  J.  Holloway  :  on  s'étonnerait,  en  effet,  qu'un  auteur  dont 
le  nom  est  suivi  du  signe  S.  J.,  fût  au  courant  de  cette  littérature. 

Les  ouvrages  sont  classés  par  ordre  chronologique  dans  chaque  sec- 
tion, et  chaque  titre  est  accompagné  de  quelques  lignes  sur  l'auteur  et 
le  livre,  son  sujet  et  son  mérite  :  c'est  ce  qui  fait  l'originalité  et  l'uti- 
iité  de  ce  «  guide  ».  Comme  il  arrive  toujours  avec  les  ouvrages  de  ce 
genre,  où  les  meilleurs  ne  peuvent  être  parfaits,  on  signalera  sans 
doute  quelques  omissions  à  l'auteur,  et  nous  voudrions  que  ce  fût 
l'occasion  d'une  nouvelle  édition.  Dans  la  première  section,  nous 
sommes  étonné  de  ne  pas  trouver  les  Transactions  oj  the  Ossianic 
Society  (6  volumes  in-8,  1854-1861),  qui,  par  leurs  traductions  de 
poèmes  irlandais,  méritent  aussi  bien  d'être  signalées  que  la  Mins- 
trelsy  de  Hardiman.  —  A  propos  de  Standish  O'Grady  (p.  37),  il  con- 
viendrait de  dire  qu'il  ne  doit  pas  être  confondu  (comme  cela  arrive 
quelquefois)  avec  son  presque  homonyme,  distingué  seulement  par 
une  initiale,  Standish  H.  O'Grady.  Et  pourquoi  passer  sous  silence 
les  deux  grands  ouvrages  de  ce  dernier,  la  Silva  Gadelica,  et  le  cata- 
logue  des   manuscrits    irlandais   du   British   Muséum?    A    Dublin, 


—    'iJD   — 

on  ne  sait  peut-être  pas  quel  retentissement  a  eu  chez  nous  le  drame 
de  Boucicault,  Arrah-na-Pogiie  (p.  196),  si  célèbre,  non  seulement  en 
Irlande,  mais  aussi  en  Grande-Bretagne.  Ce  drame,  traduit  en  fran- 
çais sous  le  nom  de  Jean-la- Poste,  a  eu,  en  son  temps,  un  très  grand 
succès  sur  un  de  nos  théâtres  populaires  du  boulevard;  et  cette  tra- 
duction a  été  publiée  en  un  petit  volume  in-12  en  1866. 

Ce  guide  est  accompagné  d'une  série  de  tables,  car  chaque  section 
a  son  index  particulier  :  la  section  du  théâtre  en  a  même  trois,  par 
noms  d'auteurs,  par  titres  des  pièces  et  par  sujets  traités  dans  les 
pièces.  C'est  une  richesse  un  peu  embarrassante,  car  si  on  ne  sait  pas 
qu'un  auteur  est  prosateur  ou  poète  ou  musicien  ou  dramaturge, il  faut 
chercher  successivement  dans  plusieurs  tables.  Il  est  probable  que 
l'ouvrage  achevé  se  terminera  par  une  table  alphabétique. 

Nous  ne  pouvons,  dans  un  si  court  compte  rendu,  rendre  justice  à 
tout  ce  que  donne  ce  guide,  et  il  nous  faut  seulement  signaler  les 
quarante  pages  consacrées  à  la  musique  si  originale  etsi  pénétrante 
dont  le  peuple  irlandais  a  conservé  la  tradition  dans  ses  mélodies 
populaires  et  dans  le  jeu  de  ses  harpistes.  La  littérature  dramatique 
de  l'Irlande  devrait  aussi  nous  arrêter,  car  la  vive  imagination  de» 
Irlandais  y  a  répandu  la  vie.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  parler 
politique;  mais  ce  guide  dans  la  littérature  de  l'Irlande  par  le 
R.  p.  Brown  montre  bien  que  Dublin  est  vraiment  la  capitale 
d'une   nation.  H.    Gaidoz. 


BULLETIN 

A  Szenté  avatÀs  (La  Camnisation  des  saints),  par  Ë.  HUSZÂR.  Budapest, 
Szent  Islvâ'i  Târsulat,  1911,  in-12  de  54  p.  —  Prix  :  1  fr.  05. 

A  l.éick  (L'Ame),  par  le  D"-  J.  Trikàl.  Budapest,  Szent  Islvân  Târsulat, 
1911,  in-12  de  92  p.  —  Prix  :  1  fr.  ng. 

A  Kôzépkor  Bïelieme  (L'Esprit  du  moyen  âge),  par  le  D^  A.  KîSS.  Buda- 
pest, Szent  Istvàn  Târsulat,  1911,  in-12  de  80  p.  —  Prix  :  1  fr.  05. 

Vaaârnapok  a  Xâtraban  {Dimanches  dans  les  monls  de  Tdlra),  par  le  D' 
A.  ZuBRiGZKY.  Budapest,  Szent  Istvâa  Târsulat,  1911,  m-12  de  89  p.  — 
Prix  :  1  fr.  05. 

A  vallàs  lêlektann  {La  Psiictiologie  de  la  religion),  par  le  D'  Ch.  WlBDBR- 
MANN.  Budapest,  Szent  Istv'ân  Târsulat,  191 1,  in-12  de  82  p.  —  Prix  :  1  fr.  05. 

Ces  cinq  volumes  font  partie  de  la  collection  publiée  par  la  Société  de 
Saint-Étienne. 

—  Les  quelques  pages  que  M.  E.  Huszâr  écrit  sur  la  Canonisation  des  saints 
pourraient  servii*  d'introduction  à  plus  d'un  ouvrage  hagiographique;  il 
résume  ce  que  le  lecteur  a  b?vSoin  do  connaître  pour  bien  comprendre  ce  que 
sont  les  saints,  ces  grands  hommes  que  l'Église  place  sur  les  autels.  L'au- 
teur remonte  à  l'origine  même  de  l'Église  catholique  et  montre  comment,  à 
travers  les  siècles,  se  sont  développées  les  formalités  dont  Rome  entoure 
la  proclamation  d'un  bienheureux,  puis  d'un  saint.  Des  chapitres  spéciaux 


—  456  — 

tont  consacrés  au  rôlo  que  jouent  les  saints  dans  notre  vie  spirituelle,  aux 
reliques  et  aux  tableaux,  images,  etc.  M.  E.  Huszâr  a  terni  à  ce  que  son 
petit  livre  soit  bien  documenté,  ce  qui  n'en  rend  pas  la  lecture  plus  dif- 
ficile. 

—  Si  l'ânae  n'existe  pas.  il  n'y  a  pas  d'éternité,  dit  l'auteur  de  VAm^,  et 
alors  à  quoi  bon  le  renoncement,  pourquoi  dompter  ses  passions?  C'est  en 
Rongeant  au  grand  nombre  de  vertus  qui  sont  restées  sans  utilité,  paraly- 
sées par  cette  pensée  amère,  que  le  D''  Trikâl  a  écrit  sur  l'âme  un  petit 
traité  divisé  en  deux  parties.  La  première  est  consacrée  à  la  considération 
de  la  nature  et  à  la  vie  de  l'âme.  La  seconde  partie  traite  de  l'âme  comme 
point  d'appui  du  corps  et  comme  base  essentielle  do  la  pensée  et  de  l'indi- 
vidualité. Ces  quelques  pages  sont  écrites  au  point  de  vue  historique,  psy- 
chologique et  logique,  par  un  auteur  connaissant  bien  son  sujet. 

—  L'Esprit  du  moi/en  âge  est  un  résumé  fort  intéressant  de  l'esprit  qui 
animait  les  peuples  durant  ces  siècles  qui  furent  la  lente  préparation  de 
notre  époque.  Au  commencement  du  moyen  âge,  à  l'époque  de  la  migra- 
tion des  peuples,  c'est  la  rudesse  qui  domine  et  il  faut  les  longs  et  persévé- 
rants efforts  des  religieux  pour  amener,  peu  à  peu,  les  peuples  qu'ils  évan- 
gélisent  à  une  compréhension  plus  élevée  de  la  vie.  Leurs  efforts  aboutirent 
à  la  belle  floraison  d'œuvres  littéraires  et  artistiques  dont  on  a  longtemps 
méconnu  la  valeur.  Pour  composer  son  travail,  le  D'"  A-  Kiss  a  consulté 
surtout  les  auteurs  français,  allemands  et  anglai'^. 

—  Un  séjour  dans  les  Karpathes,  où  le  professeur  D""  A.  Zubriczky,  après 
une  année  d'enseignement,  allait  chercher  un  peu  de  repos,  a  été  l'occasion 
pour  cet  orateur  sacré  de  prononcer  trois  bons  sermons  :  Jésus  et  la 
Nature,  Prière  et  Messe,  Autels  à  volets.  S'inspirant  du  spectacle  gran- 
diose de  la  nature  dans  ses  plus  imposantes  manifestations,  il  laisse 
parler  son  cœur  et  fait  partager  à  ses  auditeurs  son  admiration  pour  le 
Créateur  de  tant  d'œuvres  superbes,  à  côté  desquelles  on  passe  trop 
souvent  avec  indifférence.  Ces  sermons  des  Dimanches  dans  les  monts  de 
Tdtra,  tout  embaumés  du  parfum  salubre  des  Karpathes,  semblent  une 
apologie  de  la  nature,  mais  une  apologie  parlant  au  cœur. 

—  La  Psychologie  de  la  religion,  vaste  et  important  sujet,  que  le  D*'  Ch. 
Wiedermann  a  résumé  en  quelques  pages.  Il  y  démontre  que  le  besoin  le 
plus  essentiel  de  l'âme  humaine  est  de  connaître  le  but  de  la  vie;  alors 
seulement  l'homme  peut  trouver  les  règles  vitales  qui  donnent  au  cœur  la 
paix  et  le  bonheur.  L'autevir  démontre  l'inanité  des  doctrines  qui  jettent  le 
trouble  dans  tant  d'esprits  contemporains,  tandis  que  la  vérité  éclate  aux 
yeux  de  tous  ceux  qui  la  cherchent  avec  bonne  foi  et  bonne  volonté. 

i  ,  E.    H. 

Kl  Secreto  dei  éxito  >  plàlicas  de  quince  miniitos  con  los  jovenes  de  quince  a 
■  veinte  anos,  por  el  P.  Ramon  Buiz  Amado.  Madrid,  «  Razôn  y  Fe  »,  19!0, 
in-12  de  312  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Combien  je  voudrais  que  le  livre  dont  j'ai  à  rendre  compte  ici  fût  connu 
et  traduit  dans  toutes  les  langues  du  monde  prétendu  civilisé  !  Plus  que 
jamais,  l'œuvre  de  l'éducation  de  la  jeunesse  est  l'œuvre  capitale,  celle 
dont  dépend  l'avenir  de  la  société.  Plus  que  jamais  la  jeunesse,  grisée 
par  les  souffles  pernicieux  de  l'esprit  nouveau,  du  modernisme,  de  l'éman- 
cipation, comme  on  voudra  l'appeler,  et  grâce  à  la  faiblesse  ou  à  l'aveu- 
glement des  familles,  tend  à  suivre  une  ligne  de  conduite  qui  lui  fait 
prendre  la  vie  de  travers,  se  laisse  entraîner  par  un  snobisme   dangereux 


—  /i57  — 

sur  une  pente  où  il  sera  bientôt  impossible  de  l'arrêter,  à  moins  qu'on 
ne  l'éclairé  et  qu'on  ne  la  convainque.  Les  trente-deux  articles  ou  cha- 
pitres dont  se  compose  le  livre  du  P.  Ramôn  Ruiz  Amado  devraient  être 
cités  tout  au  long,  car  un  simple  compte  rendu  ne  suffît  pas  à  donner 
l'idée  exacte  de  l'importance  pratique  d'un  tel  effort  d'apostolat.  Espé- 
rons qu'il  se  trouvera  en  France  un  autre  apôtre  de  la  jeunesse, qui  fera  pas- 
ser en  notre  langue  les  solides  vérités  que  le  religieux  espagnol  expose  d'une 
façon  si  pittoresque  et  si  précise  tout  ensemble.  Les  jeunes  gens  y  appren- 
dront la  différence  qu'il  y  a  entre  «être  homme  «et  «faire  l'homme  »  ;  ils 
sauront  s'orienter  dans  le  chemin  de  la  vie,  et,  dans  la  poursuite  de  la 
noblesse  et  de  l'honneur,  ils  ne  se  laisseront  plus  séduiie  par  ce  qui  brille, 
mais  par  ce  qui  est  éternellement  vrai.  G.  Bernard. 


SiMi'   la  destinée   de  quelque*  manuxerlts  ancien*.    Contribution  it 
i*iiistoire  de  Fabrl  de  i»elfe«c,  par  Camillb  Pitollet.  Paris, Champion. 

1910,  gr.  in-8  de  15  p.  à  2  colonaes.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Excellente  étude  sur  un  épisode  des  relations  de  Peiresc  et  de  Lucas 
Holstenius  :  la  donation  des  manuscrits  de  Paciuspar  l'érudit  aixois  au 
bibliothécaire  de  laVaticane;  sur  les  négociations  à  cet  effet  entre  Peiresc 
et  le  vieux  jurisconsulte  :  sur  le  transport  de  ces  manuscrits  de  Valence 
à  Boisgency  et  de  là.  après  démarches  infructueuses  auprès  de  plusieurs 
voyageurs,  à  Rome;  sur  l'histoire  postholsténienne  de  ces  manuscrits 
paciopeir<  sciens,  légués  par  Holstenius  à  la  ville  de  Hambourg.  M.  Pi- 
tollet étudie  savamment  les  doutes  que  peut  suggérev  la  façon  dont  s'effec- 
tua le  legs,  doutes  que  réduit  à  néant  la  bonne  foi  du  cardinal  Barberini, 
prouvée  par  sa  correspondance  avec  le  çloriosus  senatus  Hammoniae  et  par 
le  fait  que  29  des  31  manuscrits  légués  sont  arrivés  et  figurent  encore 
à  la  Bibliothèque  de  la  grande  ville  libre.  M.  Pitollet  en  a  retrouvé  et 
identifié  plusieurs  (cod.  ms.,  philol.  91  (xvi^  s.),  90  (xvii^  s.),  32  ou  31 
(xvie  s_)^  23  (xvie  s.),  35  (xvi^  s.  1580),  25  et  26  (xvi^  s.),  comme  prove- 
nant de  Pacius  et  de  Peiresc.  11  y  a  là  une  précieuse  contribution  à  l'his- 
toire de  la  paléographie  grecque  et  de  l'hellénisme  de  la  Renaissance,  et 
à  celle  de  ce  fécond,  bienfaisant  et  universel  génie  que  fut  Peiresc.         v  ■. 

Mais  c'est  vraiment  trahir  M.  Pitollet  que  présenter  avec  une  telle 
sécheresse  les  résultats  de  son  étude;  elle  n'est  pas  moins  intéressante, 
moins  vivante,  je  dirai  moins  amusante  par  les  innombrables  incidentes, 
digressions,  citations  et  allusions  qu'il  sème  sur  la  trame  serrée  de  son 
discours.  Dans  des  périodes  aussi  surchargées,  mais  mieux  remplies,  que 
la  célèbre  phrase  patinienne  du  chapeau,  il  introduit  des  documents  tout 
entiers,  amorce  des  polémiques  savoureuses,  allonge  de  ci  de  là  de  cruels 
coups  de  griffes,  d'ailleurs  désintéressés,  et  qui  n'en  marquent  que  mieux. 
Son  érudition  est  polyglotte,  polymathique  et  prodigieuse  :  résiste- t-il 
toujours  suffisamment  au  plaisir  de  l'étaler?—  Une  pareille  dissertation, 
bourrée  de  noms  propres,  de  titres  d'ouvrages,  de  citations,  de  rensei- 
gnements entassés,  véritable  «  bouillon  Liebig  «  d'érudition  est  peut  être 
un  peu  difficile  à  lire  pour  les  dilettantes  raffinés;  mais  qu'on  y  est  large- 
ment payé  de  sa  peine  par  tout  ce  qu'on  y  apprend  de  neuf  et  de  solide  ! 

L.-G.      PÉLISSIER. 

Dom  Guéran^ec  et  Madame  Durand.  Souvenirs  monastiques  diaprés  la 
correspondance  de  Vabbé  de  Solesmes,  par  le  R.  P.  Dom  ALPHONSE  GuÉPiN. 
Paris,  Oudin,  1911,  in-8  de  86  p.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Dom  Théophile  Berengier,  bénédictin,  ami  de  Dom  Guéranger,  avait 


—  458  — 

une  sœur,  M'"^  Durand,  qui  fut  la  fille  spirituelle  de  l'abbé  de  Solesmes. 
Chaque  année,  elle  venait  de  Marseille  faire  un  séjoiir  dans  la  Sarthe, 
auprès  de  l'abbaye,  et,  dans  l'intervalle,  des  lettres  tenaient  son  conseiller 
au  courant  de  son  âme.  Dans  cette  correspondance,  l'illustre  moine  lais- 
sait parler  familièrement  son  cœur  en  toute  confiance.  M™''  Durand, 
chrétienne  zélée,  généreuse  et  riche,  fut  une  bienfaitrice  insigne  des  bénédic- 
tins français,  dont  le  développement  moral  s'accomplit  au  milieu  de 
grandes  difïicultés  financières.  Les  lettres  dont  nous  parlons  (échelon- 
nées du  10  novembre  1852  au  mardi  de  Pâques  1867)  sont  curieuses  pour 
l'histoire  religieuse  du  temps  par  leurs  confidences,  leurs  détails,  leurs 
réflexions;  signalons  des  jugements  sur  Chateaubriand  et  Mathieu  de 
Montmorency  (p.  26);  M"^^  Swetchine  et  son  biographe  (p.  27);Mon- 
talembert  et  les  Moines  d'Occident  (28);  Lacordaire  et  la  vie  de  Sainte- 
Madeleine  (30);  le  P.  Faber  (35  et  36).  Une  notice  intime  sur  M"e  Bru- 
gères  (p.  66),  qui  devint  la  première  abbesse  des  bénédictines  de  Sainte- 
Cécile,  termine  ces  pages  écrites  sans  prétention,  mais  avec  un  respect 
filial,  par  Dom  Guépin.  G. 

reilfe  Hi»t«lrc.   d'nno    Am«-,   par  Andïé   Chaery.  Paris,  Fion-Nonrrit 
s.  (i.  in-16  de  vii-237  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Cette  Petite  Histoire  d'une  âme  est-elle  bien  le  journal  authentique  d'un 
jeune  homme  emporté  par  la  mort  après  plusieurs  années  de  souffrance, 
ou  n'est-elle  qu'un  cadre  ingénieux,  une  sorte  de  roman  psychologique,  où 
l'auteur  a  raconté  l'évolution  de  son  âmo,  du  scepticisme  mondain  de  sa 
Jeunesse  aux  sommets  radieux  de  la  foi,  retrouvés  par  le  moyen  de  l'é- 
preuve et  de  la  douleur?  Si  la  première  hypothèse  est  exacte,  il  est  clair 
que  nous  avons  affaire  à  une  grande  âmo  à  qui  son  attitude  héroïque  devant 
la  mort  donne  une  vvaie  figure  de  saint.  Peu  de  vies  de  saints  même,  car 
il  s'y  glisse  toujours  un  peu  d'humanité,  donnent  ce  spectacle  d'une  rési- 
gnation, d'une  patience,  d'ime  grandeur  d'âme  à  ce  point  héroïques,  et  de 
ce  désir  de  la  mort,  où  ne  reste  plus  aucune  trace,  tant  il  est  surnaturalisé, 
de  crainte  ni  de  regrets.  C'est,  dans  toute  sa  beauté  tragique  et  sereine, 
le  triomphe  de  la  foi  et  de  l'espérance  chrétiennes.  Heureux  le  jeune  saint 
qui  a  subi  à  ce  degré  l'empreinte  de  Dieu  jusqu'à  monter  à  ces  hauteurs, 
où  seules  les  âmes  héroïques  et  vraiment  choisies  de  Dieu  peuvent  atteindre. 
Si,  au  lieu  d'être  l'histoire  d'une  vie,  le  livre  n'est  qu'une  fiction,  il  fait  tout 
de  même  grand  honneur  à  l'auteur,  qui  y  a  mis  le  meilleur  de  son  âme. 
Lelivreest  divisé  en  trois  étapes  :  la  première:  Inquiétudes  et  luttes  morales, 
c'est  comme  le  premier  appel  du  Maître  divin  combattu  par  les  assauts 
tentateurs,  dont,  sur  le  mont  de  la  Quarantaine,  le  Sauveur  lui-même 
voulut  subir  l'épreuve;  la  seconde  étape  :  Temps  d'épreuve  et  de  crise,  c'est 
le  mont  des  Oliviers  où  le  pauvre  martyr  est  comme  crucifié  par  le  mal- 
heur; la  troisième  étape  enfin,  c'est  en  quelque  sorte  le  Thabor,  l'Ascension 
spirituelle  jusqu'à  la  mort,  où,  après  une  montée  moins  âpre,  mais  bien  péni- 
ble encore,  la  jeune  âme,  surélevée  de  jour  en  jour  par  la  grâce  plus  pres- 
sante, \oit  resplendir  la  pleine  lumière,  aurore  du  magnifique  réveil  qui 
l'attend  par  delà  la  tombe.  Livre  vraiment  tragique  et  émouvant,  mélan- 
colique et  triste  parfois,  mais  avec  des  ressauts  de  foi  qui  le  font  tout  de 
suite  remonter  vers  les  hauteurs  de  la  paix  et  de  l'espérance  chrétiennes. 
C'est  de  l'apologétique  vécue,  la  forme  la  plus  efficace  de  l'apologétique, 
parce  que,  sans  négliger  les  raisons  rationnelles,  si  je  puis  dire,  elle  atteint 
surtout  l'âme  et  le  cœur.    Livre  de    jeune,  tout  au  moins  dans  sa  forme,  et 


-  459  — 

qui  fera  du  bien  à  la  jeunesse.  Si  l'auteur  est  mort  vraiment,  il  faut  le 
regretter,  sous  cette  réserve  du  moins  que  l'analyse  de  sa  vie  nous  laisse 
un  magnifique  exemple.  S'il  vit  encore,  nul  doute  qu'il  ne  nous  donne  de 
beaux  livres,  qu'il  me  sera  agréable  de  lire  et  de  recommander  à  nos  lec- 
teurs. P.    Talon. 

Le»    Catholiques    au    pouvoir.     l^'Œuvre    Moelale    d»    l'État    l>elg(e 

{188^-1»!*),  par  Georges  Goyau.  Paris,  J.  de  Gigord,  1912,  ia-18  de 
32  p.  [l'ublications  de  la  Société  bibliographique).  —  Pi'ix  :  0  fr.  23. 

En  1884,  à  l'époque  où  les  catholiques  prirent  le  pouvoir,  une  crise  écono- 
mique aigiie  sévissait  en  Belgique.  Les  principes  de  l'école  libérale,  dont 
l'action  gouvernementale  s'était  inspirée  jusqu'alors,  y  avaient  une  large 
part  de  responsabilité.  Dès  1886,  le  président  du  conseil,  M.  Bernaert, 
traçait  un  programme  de  réformes,  dont  l'exécution  s'est  poursuivie 
pendant  un  quart  de  siècle.  Une  série  de  lois,  patiemment  mûries  et  éla- 
borées avec  le  concours  des  intéressés,  ont  organisé  la  protection  et  le 
relèxement  des  ouvriers  de  l'industrie,  des  paysans  et  des  classes  urbaines 
adonnées  à  l'exercice  des  petits  métiers.  Une  prospérité  matérielle  sans 
exemple  a  récompensé  ces  efforts.  M.  Georges  Goyau  termine  son  .étude 
si  documentée  par  un  hommage  ému  au  gouvernement  belge,  «  qui  ne  se 
contenta  point,  dit  il  éloquemment,  d'être  catholique  d'étiquette,  mais  qui 
sut  faire  passer  dans  les  lois  quelques-unes  des  exigences  sociales  du  catho- 
licisme, et  qui,  pour  ne  pas  s'être  désintéressé  du  règne  de  Dieu  et  de  la 
ju.stice,  obtint  le  reste  par  surcroît.  »  H.  Rubat  du  Mérac. 


Entretiens    divers    de    la    ménagère,    par    M™«   M.-B.-G.    VaSSE.    Paris, 

Bloud,  s.  d.  [1911],  in-16  carré  de  152  p.,  avec  nombr.  flg.  —  Prix  :  2  fr. 

Voici  im  bon,  un  excellent  petit  livre,  qui  mérite  d'être  chaudement 
recommandé.  Il  comprend  cinq  parties  ayant  nécessité  quiantité  de  subdi- 
visions, savoir  :  I.  Ménage:  Entretien  des  métaux,  meubles.  II.  Blanchissage  : 
Entretien  du  linge  de  maison.  III.  Raccommodage  :  Entretien  du  linge  de 
maiso?i.  IV.  Entretien  du  linge  de  corps  et  vêtements.  V.  Cuisine  populaire, 

La  Préface,  sous  forme  de  lettre  à  l'auteur,  signée  de  M"^*^  la  comtesse 
de  Diesbach,  présente  ainsi  le  volume  :  «  Toutes  deux  nous  visons  à  l'amé- 
lioration de  la  classe  i>uvrière  et  nous  pensons  qu'il  est  inutile  de  tenter 
de  l'obtenir  sans  le  concours  de  la  femme,  compagne  de  l'homme,  maî- 
tresse du  logis,  éducatrice  des  enfants...  Nous  allons  à  elle  quand  elle  vient 
de  quitter  l'école  et  nous  lui  rappelons  qu'au  logis  voici  le  moment  venu 
de  prendre  sa  part  des  travaux  quotidiens  :  faire  la  soupe  du  père,  aider 
la  mère  au  nettoyage  de  la  maison,  au  lavage  du  linge  de  la  maisonnée; 
apprendre  à  bien  raccommoder  pour  économiser  en  même  temps;  faire  du 
neuf  avec  du  vieux;  soigner  les  petits;  et  tant  d'autres  travaux  d'apparence 
bien  humble,  mais  tous  grands,  si  la  pensée  du  devoir  est  là  pour  les  assai- 
sonner. Et  vous  avez  vu  juste  en  pensant  qu'il  fallait  que  la  méthode 
intuitive  soit  employée  pour  captiver  ces  petites  intelligences  facilement 
distraites  «. 

Cette  «  méthode  intuitive  «  est  appliquée  ici  grâce  aux  indications  pra- 
tiques de  toute  espèce,  éclairées  par  des  gravures  aussi  nombreuses  que 
simples.  —  Un  dernier  détail,  qui  a  sa  valeur  :  chaque  subdivision  des 
chapitres  se  termine  par  un  précepte  ou  religieux,  ou  moral,  ou  utilitaire, 
imprimé  en  caractères  gras  afin  de  forcer  l'attention.   Il  n'en  est  pas  u« 


-  460  -^ 

seul  qui  ne  doive  être  médité  par  les  ménagères,  surtout  par  celles  aux- 
quelles manque  encore  l'expérience.  Et  les  intéressées  me  pardonneront 
d'en  citer  au  moins  un  qui  m'a  d'autant  plus  frappé  qu'il  est  préconisé 
par  une  femme  :  «  La  bonne  ménagère  doit  être  aimable.  Le  meilleur  repas 
est  détestable  avec  une  femme  grincheuse  >'  (p.  147). 

E.-A.  Chapuis. 


CHRONIQUE 

NÉCROLOGIE.  —  M.  Gabriel-Jacques-Jean  Mokod,  l'historien  univer- 
sellement connu,  membre  d'une  famille  protestante  qui  a  produit  un  grand 
Bombre  de  théologiens,  de  philosophes  et  d'orateurs,  est  mort  à  Versailles, 
le  11  avril,  à  68  ans.  Ké  à  Ingouville,  près  du  Havre,  le  7  mai  1844,  il 
fit  ses  premières  études  dans  cette  dernière  ville  et  vint  les  terminer  à 
Paris  aux  lycées  Bonaparte  et  Louis-le-Grand.  En  1862,  il  entra  à  l'École 
normale  et  fut  reçu  agrégé  d'histoire  en  1865,  après  quoi  il  alla  accomplir 
un  stage  à  l'Université  de  Berlin,  puis  à  celle  de  Gœtingue.  A  son  retour 
d'Allemagne,  il  devint  répétiteur  d'histoire  et  ensuite  directeur  adjoint 
à  l'École  des  hautes  études,  puis  maître  de  conférences  d'histoire  à  l'Ecole 
normale.  Plus  tard,  il  fut  nommé  professeur  d'hùstoire  de  la  civilisation 
du  moyen  âge  à  l'Université  de  Paris  et  obtint  finalement  une  chaire  au 
Collège  de  France.  Partisan  d'une  critique  historique  sévère  et  froide 
et  de  méthodes  rigoureuses  qu'il  avait  rapportées  d'Allemagne  et  qui  ne 
r empêchaient  pas,  par  une  contradiction  étrange,  de  professer  un 
véritable  culte  pour  Renan  et  Michelet,  M.  CTabriel  Monod  a  publié 
de  nombreux  ouvrages.  Voici  la  liste  de  ceux  qui  nous  sont  connus  : 
Études  critiques  sur  les  sources  de  Vhist.oire  mérovingienne  (Paris,  1872, 
in-8);  - —  Allemands  et  Français.  Souvenirs  de  campagne.  Metz,  Sedan, 
la  Loire  (Paris,  1872,  ip-r2;  2^  édit.  en  1875);  —  Jules  Michelet  (Paris, 
1875,  in-12);  —  De  la  possibilité  d'une  réforme  de  renseignement  supérieur 
(Paris,  1876,  in-8V,  —  Les  Beaux- Arts  à  l'Exposition  universelle  (Paris, 
1879,  in-8);  —  Etudes  critiques  sur  les  sources  de  l'histoire  mérovingienne, 
2^  partie  :  Compilation  dite  de  «  Frédégaire  «  (Paris,  1885,  gr.  in-8);  — 
Récits  et  biographies  historiques,  petite  histoire  universelle  (Paris.  1882, 
in-12),  avec  G.  Dhombres;  —  Histoire  de  France  depuis  les  origines  jusqu'à 
Louis  XI  (Paris,  1885,  in-12),  avec  Paul  Bondois;  —  Bibliographie  de 
Vhistoire  de  France,  catalogue  méthodique  et  chronologique  des  sources  et  des 
ouvrages  relatifs  à  l'histoire  de  France  depuis  les  origines  jusqu'en  1789 
(Paris,  1888,  in-8);  • —  Histoire  de  France  depuis  Charles  VIII  jusqu'en 
1815  (Paris,  1891,  in-12),  avec  Louis  Bougier;  —  Histoire  de  l'Europe 
et  en  particulier  de  la  France  de  ?,9 5  à  1270  (Paris,  1891.  in-12),*  avec 
Charles  Bémont;  - —  Scènes  et  biographies  historiques  des  temps  anciens 
et  modernes  pour  la  classe  préparatoire  des  lycées  (Paris,  1893,  in-12),  avec 
G.  Dhombres;  ■ — ■  Histoire  générale  rédigée  conformément  au  programme 
des  écoles  normales  primaires  (Paris,  1894,  in-12),  avec  Edouard  Driault; 
—  Précis  d'histoire  de  l'Europe  et  en  particulier  de  la  France  (Paris,  1897, 
in-12),  avec  le  même;  ■ —  Portraits  et  souvenirs.  Victor  Hugo,  Michelet, 
Fustel  de  Coulanges,  V.  Duruy,  etc.  (Paris,  1897,  in-12);  —  Etudes  criti- 
ques sur  les  sources  de  l'histoire  carolingienne  (Paris,  1898,  gr.  in-8);  — 
Les  Maîtres  de  l'histoire,  Renan.  Tainc,  Michelet  (Paris.  1898,  in-121. 
ouvrage  cour<jnné   par  l'Académie  française;  —  Souvenirs  d'adolescence. 


—  461  — 

Mes  relations  avec  Mgr  Dupanloup  (Paris,  1903,  in-16);  —  Afi"®  Edmond 
de  Pressensé.  Souveniri  et  lettres  inHites  (Paris,  1904,  in-16);  —  Jules 
Michelet.  Études  sur  sa  vie  et  ses  œuvres  avec  des  -fragments  inédits  (Paris, 
1905,  in-12)",  ■ —  La  Chaire  d'histoire  au  Collège  de  France  (Paris,  1906, 
in-i2);  — -  Les  Débuts  d'' Alphonse  Peyrat  dans  la  critique  historique  (Paris, 
1908,  in-8^;  —  Les  Jubilés  de  Genève  (Paris,  1909,  in-8).  M.  Gabriel 
Monod  a  donné  en  outre  de  nombreux  articles  au  Temps,  au  Journal 
des  Débats,  à  la  Revue  Bleue,  à  la  Revue  internationale  de  l'enseignement, 
à  la  Revue  des  Deux  Mondes,  à  la  Revue  de  Paris,  à  la  Revue,  à  la  Revue 
universitaire  et,enlin,  il  a  exercé  une  grande  influence  à  l'aide  de  la  Revue 
critique,  dont  il  était  le  directeur,  et  de  la  Revue  historique,  qu'il  avait 
fondée. 

• —  Dans  les  premiers  jours  d'a\ril,  est  mort  à  Paris,  à  82  ans,  M.  Victor 
Cucheval-Clarigny.  Cet  universitaire  distingué,  ancien  élève  de  l'École 
normale,  était  né  à  Rennes  en  1830.  Il  avait  vu  de  nombreuses  généra- 
tions d'écoliers  autour  des  chaires  qu'il  occupa  successivement,  principa- 
lement dans  les  lycées  Saint-Louis  et  Condorcet  à  Paris.  Et  c'est  en 
grande  partie  pour  eux  qu'il  avait  publié  la  plupart  des  ou^  rages  dont 
il  est  l'auteur,  parmi  lesquels  nous  citerons  :  Etudes  <?ur  les  tribunaux 
athéniens  et  les  plaidoyers  civils  de  Démosthène,  thèse  présentée  à  la  Fa- 
culté des  lettres  de  Paris  (Paris,  1863,  in-8); —  De  Sancti  Aviti,  Viennae 
episcopi  operibus  commentarium,  thèse  pour  le  doctorat  (Paris,  1863, 
in-8);  — ■  Analyse  et  extraits  des  traités  de  rhétorique  de  Cicéron  (Paris, 
1875,  in-16);  —  Histoire  de  Véloquence  latine,  depuis  l'origine  de  Rome 
jusqu'à  Cicéron,  d'après  les  notes  de  M.  Adolphe  Berger  (Paris,  1872,  2  vol. 
in-8  et  in  12);  — •  Choix  de  lettres  de  Cicéron,  texte  latin  avec  une  Intro- 
duction, des  analyses  et  des  notes  (Paris,  188L  in-î6); —  Histoire  de  Vélo- 
quertce  romaine  depuis  la  mort  de  Cicéron  jusqu'à  l'avènement  de  l'empereur 
Hadrien,  ^3  avant  J.-C.-117  après  J.-C.  (Paris,  1893,  2  volumes,  in-8)  ; — 
Cicéron  orateur.  Analyse  et  critique  des  discours  de  Cicéron  (Paris,  1901, 
2  vol.  in-12). 

— ■  Le  R.  P.  Albert  Poncelet,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  est  mort  à 
la  fm  de  janvier,  à  Montpellier,  à  61  ans.  Sa  disparition  cause  un  grand 
vide  dans  le  monde  savant  et  principalement  dans  la  Société  des  Bollan- 
distes.  Né  à  Liège  le  30  août  1851,  il  fit  ses  études  au  collège  de  Saint- 
Servais  et,   en   1878,  il  entra  dans  la  Compagnie  de  Jésus  au  noviciat 
d'Arlf^n.   Son  cours  de  philosophie  terminé,  il  fut  envoyé,   en  1885,  au 
collège  Saint-Michel,  à  Bruxelles,  comme  professeur  de  grammaire.  C'est 
là  que,  les  dons  remarquables  de  son  intelligence  et  sa  puissance  de  travail 
ayant  été  remarqués  par  le  P.  Ch.  de  Smedt,  alors  président  de  la  So- 
ciété des  Bollandistes,  il  fut  adjoint  comme  auxiliaire  aux  Pères  de  cette 
Société  et  commença  à  faire  paraître  quelques  essais  hagiographiques  pleins 
de  promesses.  De  1889  à  1892,  il  fit  à  Louvain  ses  études  théologiques 
et  les  couronna  par  une  soutenance  publique  de  thèses  «  ex  universa 
theologia  »  qui  fut  des  plus  brillantes.  11  avait  été  ordonné  prêtre  en  1891 
et  se  trouvait  par  conséquent  entièrement  libre  pour  la  tâche  qui  lui 
était  réservée.  De  retour  à  Bruxelles,  il  reprenait  immédiatement  au  mi- 
lieu des  Bollandistes  une  place  qu'il  ne  devait  plus  quitter  et  commen- 
çait cette  vie  de  travail  infatigable  dont  le  résultat  est  une  œuvre  aussi 
considérable  par  l'étendue  que  par  la  solidité,  et  à  laquelle  l'hagiographie 
est  redevable  de  progrès  immenses.  Elle  est  représentée  principalement 
par  les  nombreuses  études  critiques  et  les  éditions  de  textes  qu'il  a  pu- 
bliées dans  la  collection  des  Analecta  Bollandiana  et  par  deux  volumes 


—  462  — 

des  Acta  Sanclonmi  auxquels  il  a  collaboré.  C'est  à  lui  qu'où  doit  l'impor- 
taute  Bihliotheca  hagiographica  lalina,  que  le  P.  de  Smedt,  déjà  vaincu 
par  l'âge,  n'avait  pu  qu'ébaucher.  Enfin,  il  avait  entrepris  de  rédiger  à 
lui  seul  un  tome  des  Acta  Sanctomm  Belgii,  dont  la  publication  avait  été 
interrompue  en  1794.  C'est  au  cours  d'un  voyage  entrepris  pour  aller  con 
sulter  des  documents  à  l'étranger,  afin  de  compléter  ce  travail,  qu'il  fut 
atteint  à  Montpellier  du  mal  auquel  il  a  succombé.  On  doit  également  au 
P.  Poncelet  le  volume  suivant  :  Annales  de  Vabbayc  de  Saint- Ghisla in 
(Mons,  1897,  in-8),  en  collaboration  avec  Dom  Pierre  Baudrv  et  Dom  Au- 
gustin Durot. 

- —  Mgr  VON  Albekt,  archevêque  de  Bamberg  (Allemagne),  est  mort 
dans  sa  ville  épiscopale,  le  23  avril,  à  60  ans.  Né  à  Miimmerstadt,  dans 
le  diocèse  de  Wur; bourg,  en  1852,  il  fut  ordonné  prêtre  en  1875.  Il  ensei- 
gnait brillamment  la  théologie  à  l'Université  de  Wurzbourg,  lorsque,  à  la 
mort  de  Mgr  von  Schork,  il  fut  nommé  à  l'archevêché  de  Bamberg.  Mgr 
von  Schork,  qui  était  un  des  principaux  représentants  du  thomisme  en 
Allemagne,  a  publié  entre  autres  importants  ouvrages  :  Z' ^/««é  de  V être 
dans  le  Christ  d'âpres  saint  Thomas  et  Des  Attributs  divins  et  de  ta 
béatitude. 

—  M.  Giovanni  Pascoli,  que  les  Italiens  considèrent,  à  juste  titre, 
comme  un  de  leurs  meilleurs  poètes  contemporains,  est  mort  à  Bologne, 
au  commencement  d'avril,  à  56  ans.  Né  en  1855,  à  San  Mauro  de  Ro- 
magne,  il  enseigna  la  grammaire  grecque  et  latine  aux  Universités  de  Mes- 
sine et  de  Pise,  puis  remplaça  brillamment  son  émule  Giosuè  Carducci 
dans  la  chaire  de  littérature  italienne  à  l'Université  de  Bologne.  Comme 
ce  dernier,  il  avait  des  goûts  profondément  classiques.  Il  connaissait  mer- 
veilleusement trois  langues,  la  sienne  d'abord,  celle  des  Hellènes,  comme 
le  prou\  e  sa  traduction  de  V Iliade,  et  celle  de  Virgile  qui  lui  a  inspiré 
des  poèmes  délicat«;  et  parfaits  de  forme,  qui  ont  été  plusieurs  fois  cou- 
ronnés au  concours  international  d'Amsterdam. Ses  compositions  italiennes 
le  plus  appréciées  sont  celles  où  il  décrit  excellemment  la  vie  des  habi- 
tants de  la  campagne.  Nous  citerons  parmi  ses  œuvres  :  Versi  per  nozze 
;'1887);  —  Nelle  nozze  di  Ida  (1895);  —  Epos  (1897);  —  //  Burgeo 
<Pietro  Angeli)  (1897^;  —  Poewetti  (1898);  —  Minerva  Oscura;  Prole- 
gomeni  (1898);  —  Myricae  (1899),  plusieurs  fois  réimprimé;  —  Lira  ro- 
mana  (1899),  chants  pour  les  écoles;  —  La  Ginestra;  Pacel  (1899);  — 
Poemi  canviviali  (1906);  —  Le  Odi  e  gVinni  (1906),  etc.  On  remarque 
également  sa  poésie  Giorno  dei  morti,  inspirée  par  la  mort  de  son  père, 
qu'une  vengeance  politique  avait  fait  assassiner. 

—  Un  autre  Italien  distingué,  le  savant  physicien  Antonio Pacinotti, 
est  mort  à  Venise,  à  la  fin  de  mars,  à  71  ans.  Né  à  Pise  le  17  juin  1841, 
il  prit  part  en  1859  à  la  campagne  pour  l'indépendance  italienne,  puis 
fut  successivement  professeur  de  physique  technologique  à  l'Université 
de  Pise,  assistant  à  la  chaire  d'astronomie  de  l'Institut  des  études  supé- 
rieures de  Florence,  professeur  au  collège  «  Cicognini  »  de  Prato,  puis  à 
l'Institut  technique  de  Bologne,  ensuite  à  l'Université  de  Clagliari.  et  enfin 
professeur  de  physique  à  l'Université  de  Venise.  Il  était  membre  de  la 
Société  royale  de  Naples,  de  la  Société  italienne  des  .sciences,  de  l'Acadé- 
mie des  sciences  de  Turin,  de  l'Academia  des  Lincei  et  de  l'Institution 
des  ingénieurs  électriciens  de  Londres.  Les  ouvrages  publiés  par  cet  émi- 
nent  physicien  sont  nombreux.  Nous  citerons  seulement  les  suivants 
Nozioni  sperimentali  del  moi'itnento  dei  corpi  (1869);  —  SuUa  utilizzazione 
fisica   del  calor  solare  (1870);  —  Correnti   indotti  con   circuito   magnetico 


—  463  — 

chiuso  (1872);  —  Sulla  disperzione  délie  cariche  elettriche  operata  dalVaria 
(1872);  —  Sopra  una  cassa  di  assortiinento  perla  pUa  alla  Bunsen  fi  873); 
—  Descr'zione  del  Gomitolo  elettro-magnetico  e  suo  usa  nellc  macchlne  ma- 
gneto-elettriche  (1874i;  —  Cenni  fnH'  hif^toria  délie  macchine  motrici  (1875- 
1876);  '—  Cenni  delVhistoria  deWasironomia  (1878-1879); —  Qualque  rag- 
guaglio  sopra  una  macchina  magneto-elettrico  costruita  con  volano  elcttro- 
magnetico  (1881);  —  Lettera  ai  signori  giurati  deWesposizione  di  elelticità 
di  Torino  (1884);  —  Sulla  fermentazione  del  vino  in  Uni  a  condutlurn 
(1886);  —  Lezioni  di  idrauliea  rurale  (1892);  • —  Sulla  perenniià  délia 
memoria  del  Gahleo  in  Pisa  (1893);  —  Circa  alcuni  modelli  di  carro  viole 
elettro-magnetico  (1904),  etc. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Georges  Acker,  jorurnaliste, 
qui,  depuis  25  ans,  appartenait  à  la  rédaction  de  la  Lanterne  et  qui  était 
président  de  l'Association  des  nouvellistes  parisiens,  mort  au  commence- 
ment d'avril;  — ■  Maurice  Bonvoisin,  dessinateur  caricaturiste,  qui  four- 
nissait à  diverses  revue?  d'intéressantes  illustrations  sous  le  nom  de 
Mars,  mort  accidentellement  à  Monaco,  au  commennement  d'avril;  — ■ 
Eugène-Henri  Brisson,  député,  président  de  la  Chambre,  depuis  longtemps 
le  chef  du  parti  radical  en  France,  lequel  avait  collaboré  au  Temps  et  à 
l'Avenir  national  et  avait  fondé,  en  1868,  avec  MM.  Challemel-Lacour  et 
Allain-Targé,  la  Revue  politique  supprimée  à  la  fin  de  la  même  année,  mort 
à  Paris,  le  14  avril,  à  77  ans;  —  Paul  Brousse,  avcien  député,  ancien 
président  du  conseil  municipal  de  Paris,  un  des  principaux  promoteurs 
du  socialisme  en  France,  mort  à  Paris  au  commencement  d'avril,  lequel 
avait  fondé,  avec  Jules  Guesde,  le  journal  le  Parti  ouvrier  et  écrit  un 
volume  :  Co«s«/.ff«  et  Empire  (Paris,  1905',  in-8)  pour  la  collection  publiée 
par  M.  J.  Jaurès  sous  le  titre  à' Histoire  socialiste;  —F.  Caudrelier,  journa- 
liste, correspondant  du  Temps  à  Vienne,  mort  le  5  avril,  à  27  ans;  — • 
Louis  Fabre,  publiciste  et  journaliste,  ancien  rédacteur  au  Journal  et  au 
Petit  Parisien,  mort  le  16  avril,  à  Neuilly-les-Boi»  (Indre),  à  33  ans;  — 
Georges  Fillion,  journaliste  parisien,  directeur  des  services  télégraphiques 
de  l'Agence  Havas,  à  laquelle  il  était  attaché  depuis  une  trentaine  d'an- 
nées et  pour  laquelle  il  avait  fait  les  campagnes  du  Tonkin  et  serbo- 
bulgare,  mort  à  Paris,  au  commencement  d'avril,  à  56  ans;  ■ —  Gringau, 
architecte,  correspondant  de  plusieurs  journaux  parisiens,  tué  dans  le  der- 
nier soulèvement  des  Marocains  à  Fez;  —  Jehan,  journaliste,  directeur 
du  Progressiste  et  rédacteur  en  chef  du  Courrier  de  V  Allier,  mort  à  Paris, 
au  commencement  du  moi^  d'avril;  —  le  docteur  Lande,  professeur 
à  la  Faculté  de  médecine,  mort  subitement  à  Paris,  au  milieu  d'avril;  — 
Bertrand  Le  Beau,  journaliste  breton,  directeur  de  l'Avenir  du  Morbihan, 
mort  à.  la  fin  de  mars,  à  Vannes,  à  68  ans;  —  Charles  Leclercq,  publi- 
ciste, l'un  des  fondateurs  de  la  Bévue  Blanche  et  auteur  d'un  volume  de 
poésies  :  Ce  furent  des  chansons^  paru  sous  le  pseudonyme  de  Claude  Cohel, 
mort  subitement  à  Paris,  à  la  fin  d'avril,  à  45  ans; —  Eugène  Lederlin, 
ancien  professeur  de  droit  romain  à  l'Université  de  Strasbourg,  ville  où 
il  était  né,  doyen  honoraire  de  la  Faculté  de  droit  de  Nancy,  mort  au 
commencement  d'avril,  à  81  ans,  lequel  est  l'auteur  de  :  Notice  sur  le 
code  de  procédure  civile  pour  Vempire  d' Allemagne  (Paris,  1885,  in-8)  et 
a  donné,  avec  E.  Glasson  et  F.-R.  Dareste,  une  traduction  avec  annota- 
tions du  Code  de  procédure  civile  pour  Vempire  d'Allemagne  (Paris,  1887, 
)n-8);  —  Henry  Lucien  Brun,  un  admirable  chrétien,  fils  de  l'illustre 
sénateur  de  ce  nom,  mort  à  Lyon, au  commencement  d'avril,  à  39  ans, 
lequel    dirigeait    la    Revue    catholique  des    institutions  et    du  droit,   avait 


1 


—  464  — 

organisé  les  Congrès  des  juriscoiisulles  catholiques,  présidait  la  Société 
d'études  historiques  et  littéraires  de  Lyon  et  avait  publié  un  voluni,e  :  De  la 
Condition  des  juifs  en  France  depuis  1789  (Lyon,  1901,  in-8),  réimprimé 
en  1901;  — Pillet,  professeur  à  l'École  polytechnique,  mort  à  Paris,  au 
commencement  d'avril;  —  l'abbé  Poplinaux, chanoine  honoraire  de  Poi- 
tiers, mort  au  commencement  d'avril  à  83  ans,  lequel  avait  publié  sous 
l'Empire,  alors  qu'il  était  vicaire  à  Parthenay,  une  brochure  qui  le  fit 
poursuivre  par  le  gouvernement;  —  le  R.  P.  Rousselin,  religieux  de 
l'ordre  des  Frères  Prêcheurs,  ancien  régent  des  études  du  collège  d'Arcueil 
en  1871,  qui  avait  eu  la  chance  d'échapper  aux  balles  des  communards, 
ancien  prieur  du  collège  Saint- Charles,  à  Saint-Brieuc,  et  ancien  professeur 
de  philosophie  au  collège  Saint- Edme  à  Arcachon,  mort  en  exil,  au  milieu 
d^avri),  au  collège  Captier,  à  Saint-Sébastien  (Espagne);  —  le  D""  Schnei- 
der, médecin  attaché  à  la  direction  du  service  de  santé  au  ministère 
de  la  guerre,  professeur  agrégé  libre  au  Val-de-Grâce,  mort  dernièrement 
à  Paris;  —  Charles  Sellier,  conservateur  du  Musée  Carnavalet,  à  Paris, 
inspecteur  des  fouilles  archéologiques  et  secrétaii-e  de  la  Commission  du 
Vieux-Paris,  mort  à  Paris,  au  milieu  d'aVril;  —  le  chanoine  Soulié, 
ancien  supérieur  du  grand  séminaire  de  Montauban,  président  de  l'Aca- 
démie des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Montauban,  mort  dernière- 
ment à  Montauban;  —  Jacques- Charles  Wiggishoff,  qui.  sous  les  pseu- 
donymes de  J.-C.  Wig  et  de  César  Birotteau,  a  publié  de  nombreuses 
notices  et  notes  dans  V  Intermédia  ire  des  chercheurs  et  curieux,  mort  à  Pa- 
ris,  le  2    avril,    dans  sa   70*^   année. 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  le  R.  P.  Victor  Andrès. 
de  la  Compagnie  de  Jésus,  ancien  professeur  aux  collèges  de  Notre-Dame 
à  Tournai  et  de  Saint- François-Xavier  à  Verviers,  mortle  31  mai,  à37ans; 

—  Dr.  Alexander  Berendts,  processeur  d'histoire  de  l'Église  à  l'Univer- 
sité de  Dorpat  (Russie),  mort  le  10  mars,  à  49  ans,  après  avoir  publié  : 
Die  hanschriftliche  Ueberlieferung  der  Zocharias  und  Johannes  Apokryphen. 
Ueber  die  Bibliotheken  der  Meteorischen  und  Ossa  Olympischen  Kloester 
(Leipzig,  1904,  in-8),  etc.;  ■ —  le  major  Archibald  Butt,  aide  de  camp 
du  Président  des  États- Unis, lequel  avait  appartenu  à  la  presse  américaine, 
mortle  14  avril,  dans  le  naufrage  du  «  Titanic  «;  ■ —  Auguste  Daiche, 
ancien  professeur  au  collège  Notre-Dame  de  la  Paix,  mort  à  Rivière  (Bel- 
gique), le  9  mars,  à  l'âge  de  60  ans;  —  Dr.  Faerber,  professeur  de 
mathématiques  à  l'École  royale  supérieure  de  Berlin,  mort  en  cette  ville 
à  la  fin  de  mars;  - —  M™®  Anna  Filossofowa,  femme  de  lettres  russe, 
connue  par  ses  publications  en  faveur  du  féminisme,  morte  le  30  mars 
à  Venise,  à  75  ans;  —  le  Frère  Firmatus,  directeuï  de  l'Institut  des 
Frères  des  écoles  chrétiennes,  ancien  directeur  des  collèges  de  Saint- Amand 
à  Gand,  et  de  Saint-Trond.  mort  subitement  à  Anvers,  le  14  avril;  — ■ 
Dr.  Richard  Frommel,  ancien  professeur  de  gynécologie  et  directeur  de 
la  clinique  des  femmes  à  l'Université  allemande  d'Erlangen,  mort  à  Ber- 
lin, au  commencement  d'avril;- —  Justin  Mac  Carthy,  le  patriote  irlan- 
dais, qui  débuta  dans  le  journalisme  à  Liverpool  et  a  publié  quelques  ro- 
mans et  divers  travaux  d'histoire  dont  le  plus  important  est  \  Histoire 
de  notre  temps,  (jui  s'arrête  à  l'avènement  'd'Edouard  VII,  mort  en  avril; 

—  Fedor  Marti  us,  écrivain  allemand,  auteur  d'ouvragés  théologiq-ues. 
mort  à  Halle-sur-la-Saale,  le  28  mars,  à  97  ans;  —  Dr.  Wilhelm  Munch, 
prof esseur  de  pédagogie  à  Berlin,  mort  en  cette  ville,  le  26  mars,  à  69  ans; 

—  Edward  W.  B.  Nicholson,  bibliothécaire  de  la  Bibliothèque  Bodlé- 
\ienae,  ancien  directeur  de  la  «  Loridon  Institution  »,  auteur  de  différents 


—  465  — 

ouvrages:  Keltic  Researches,  New  Testament  and  Bibliographical  Studies,  etc., 
mort  à  la  fin  de  mars,  à  64  ans;  —  Botho  von  Pressenthin,  romancier 
allemand,  connu  sous  le  pseudonyme  de  Althagel,  mort  à  Berlin,  au  com- 
mencement d'avril,  à  72  ans;  —  M^e  Li^a  Ram  an  n,  femme  de  lettres 
allemande,  mo^rte  à  Munich,  à  la  fin  de  mars,  à  79  ans,  laquelle  a  écrit 
une  biographie  du  musicien  Lis/.t;  —  M™e  Emily  Soldene,  actrice  an- 
glaise connue,  qui  a  écrit  :  My  Theatrical  and  Mus'cal  Recollections  (1897, 
in-8),  morte  le  8  avril,  à  68  ans;  — •  W.  Stead,  journaliste  anglais,  une 
des  victimes  du  naufrage  du  «  Titanic  »,  lequel  s'était  fait,  au  nom  d'un 
puritanisme  e^  agéré,  le  censeur  des  mœurs  publiques  et  avait  donné  pen- 
dant de  nombrei  ses  années  des  preuves  de  son  manque  de  jugement  et 
de  son  exubérance  de  langage  dans  divers  périodiques,  d'abord  dans  un 
journal  radical  de  Darlington,  dont  il  était  le  directeur,  puis  à  la  Pall 
Mail  Gazette  et  à  la  Review  of  Reviews;  —  Dr.  August  Thon,  professeur 
de  droit  romain  à  l'Université  allemande  de  Iéna,.mort  en  cette  ville,  le 
28  mars,  à  74  ans;  —  Albert  Traeger,  poète  allemand,  mort  à  Berlin, 
le  26  mars,  à  82  ans,  dont  nous  citerons  Gedichte  (Leip.ig,  1856,  in-i6), 
volume  pli  sieurs  fois  réimprimé;  —  Henry  Trotter,  poète  anglais, 
auteur  de  chants  devenus  populaires,  tels  que  :  The  Deathless  Arrjy,  As- 
thore,  Love  ran.  Wait,  etc.,  mort  au  commencement  d'avril,  à  Fulham;  — 
le  chanoine  Van  Lede,  ancien  professeur  aux  collèges  Saint-Loris  de  Bru- 
ges, de  Saint-Trond,  et  de  Saint-Amand  de  Courtrai,  ancien  principal  du 
collège  de  Poperirghe,  mort  à  Bruges,  au  commencement  d'avril,  à  85  ans. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 
—  Le  21  a  ril,  M.  H.  Cordier  donne  connaissance  de  deux  lettres  de  M.  de 
Gironcourt,  annonçant  les  résultats  obtenus  par  la  mission  dont  il  est  chargé 
dans  le  nord  de  l'Afrique.  —  M.  P.  Girard  lit  une  lettre  de  M.  Arvauito- 
poulo  relati  -e  à  la  décou\  erte  près  de  Volo  en  Thessalie  de  stèles  funéraires 
d'un  trs's  ha^'t  intérêt.  — ■  M.  G.  Perrot  fait  connaître  une  étude  de  M.  René 
Vallois  S'  r  l'architecture  hellénistique  de  I  )elphes.  —  M.  Jérôme  Carcopino 
lit  un  tra-ail  si  rie  rôle  donné  par  Virgile  à  la  ville  d'Ostie  dans  son  Enéide, 
rôle  S'ibord  mné  à  son  désir  de  flatter  Auguste,  et  à  sa  préoccupation  de 
rattacher  l'Enéide  à  l'Iliade.  —  Le  19,  M.  Gagnât  communique,  au  nom 
de  M.  MerMn,  le  texte  d'une  inscription  récemment  découverte  en  Tunisie 
par  des  officiers  français,  qui  révèle  le  nom  d'un  gouverneur  romain  in- 
connu et  précise  les  frontières  de  la  province.  —  M.  René  Pichon  donne 
lecture  d''m  tra.'ail  s^ir  l'épisode  d'Amata  dans  l'Enéide,  allusion  au  culte 
de  Bacchus.  —  M.  l'abbé  Lejay  recherche  les  origines  de  la  préposition 
Absque.  —  M.  Havet  indique  une  correction  dans  un  vers  de  r'atuHe  et 
propose  de  lire  alpe  au  lieu  de  valde.  —  Le  26,  M.  Prou  lit  une  lettre  de 
M.  L.  Lambeau  au  sujet  de  la  découverte  de  l'épitaphe  de  M.  Fsprit  Rous- 
set,  secrétaire  de  l'Académie  des  inscriptions,  inhumé  à  Vaugirard.  —  Le 
P.  Scheil  décrit  le  matériel  d'un  armurier  babylonien  au  xx^  siècle  avant 
J.-C.  d'aprrs  des  textes  authentiques.  —  M.  Heuzey  signale  l'importance 
de  cette  commui  ication.  —  M.  Potier  précise:  en  ce  qui  concerne  l'usage 
du  bron-e  à  cette  époque  reculée.  —  M.  Foucart  explique  le  sens  de  la 
cérémonie  fondamentale  d'Eleusis,  l'union  du  prêtre  et  de  la  prêtresse, 
symbf>lisant  celle  de  Zeus  et  de  Choré. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 

—  Le  13  aA  ril,  M.  L.   Renault  prononce  l'éloge  funèbre  de  M.  Gabriel  Monod 

décédé  le  10  du  même  mois.  —  Le  21,  M.  Colson  donne  lecture  d'un  tra-ail 

«Pur  l'avancement  des  fonctionnaires  et  la  discipline  qu'ils  doi  -eut  observer. 

Mai  1912.  T.  CXXIV.  30. 


—  466  — 

-  -  Le  27,  M.  Maurice   Bellom  lit  un  mémoire  sur  la  nouvelle  forme  des 
assurances  en  Allemagne.  •        « 

Prix.  —  L'Académie  française  a  décerné  les  prix  suivants  dans  sa  séance 
du  26  avril  1912  : 

Prix  Gobert  (10.000  fr.).  —  1"  prix  (9.000  fr.),  à  M.  Louis  Madelin  :  La 
Révolution;  2*^  prix  (  1.000  fr.),  à  M.  Pierre  Champion  :  Vie  de  Charles  d'Or- 
léans (i;i9'i-146")). 

Prix  Thérouanne  (4.000  fr.).  —  1.000  fr.  à  M.  Charles  Bost  :  L»s  Pridi- 
cants  protestants  des  Cévennes  et  du  Bas-Languedoc  (1684-1700)  ;—  1.000  fr. 
à  M.  Georges  Collas  :  Jean  Chapelain  (1595-1674);  —  1.000  fr.  à  M.  Léon 
Hadiguet  :  U Acte  additionnel  aux  constitutions  de  l'empire  du  22  avril  1815  ; 

—  1.000  fr.  à  M.  Jacques  Rambaud  :  Naples  sous  Joseph  Bonaparte  (1806- 
1808). 

Prix  supplémentaires  donnés  sur  les  fonds  libres  d'une  fondation  histo- 
rique. —  500  fr.  à  M.  le  lieutenant-colonel  Dulac  :  Les  Levées  départemen- 
tales dans  r Allier  sous  la  Révolution  (1791-1796);  —  500  fr.  à  M.  J.  Sil- 
vestre  :  Les  Brûlots  anglais  en  rade  de  Vile  d'Aix  (1809). 

Prix  Jean- Jacques  Berger  (15.000  fr.),  à  une  œuvre  concernant  la  ville 
de  Paris.  —  10.000  fr.  à  M.  L.  de  Lanzac  de  Laborie  :  Paris  sous  Napo- 
léon I^^  :  la  Religion,  Assistance  et  Bienfaisance,  Approvisionnement,  le 
Monde  des  affaires  et  du  travail,  le  Théâtre  français;  —  1.000  fr.  à  M.  l'abbé 
Balloche  :  Église  Saint- Merry  de  Paris.  Histoire  de  la  paroise  et  de  la  collégiale 
(700-1910);  —  1.000  fr.  à  M.  Jacques  Pannier  :  UÈglise  réformée  de  Paris 
sous  Henri  IV;  —  500  fr.  à  M.  Hubert  Bourgin  :  L'Industrie  de  la  boucherie 
à  Paris  pendant  la  Révolution;  —  500  fr.  à  M.  Paul  Fciirnier  :  Le  Ro- 
man de  Paris  d'après  les  documents  et  renseignements  fournir  par  Victorien 
Sardou;  —  500  fr.  à  M.  l'abbé  Jean  Gaston  :  Les  Images  des  confréries 
parisiennes  avant  la  Révolution  :  Saint  Hippolyte,  le  Couvent  des  bénédic- 
tines anglaises  du  Champ- de-V Alouette;  —  500  fr.  à  M.  Charles  Magny  : 
La  Beauté  de  Paris;  —  500  fr.  à  M.  Adrien  Varloy  :  Un  Échevin  de  Paris 
eu  xiii*'  siècle  .  Michel  Martel;  —  500  fr.  à  M.  A.  Vidier  :  Le  Trésor  de  la 
Sainte-Chapelle  :  Inventaires  et  documents. 

Prix  Bordin  (3.000  fr.).  —  1.000  fr.  à  M.  A.  Jeanroy  :  Giosué  Carducci, 
l'homme  et  le  poète;  —  500  fr.  à  M.  H.  Bernardin  :  L'Abbé  Frifillis;  — 
500  fr.  à  M.  H.  Loiseau  :  L' Évolution  morale  de  Gœthe  :  les  Années  de 
libre  formation  (1749-1794);  —  500  fr.  à  M.  Emile  Magne:  Voiture  et  les 
origines  de  l'hôtel  de  Rambouillet  (i591-i635);  Voiture  et  les  années  de  gloire 
de  l'hôtel  de  Rambouillet  (1635-1648);—  500  fr.  à  M.  Auguste  Rochette  : 
L' Alexandrin  chez  Victor  Hugo. 

Prix  Marcelin  Guérin  (5.000  fr.).  —  1.000  fr.  à  M.  le  commandant  d'Ol- 
lone  :  Les  Derniers  Barbares  :  Chine,  Tibet,  Mongolie;  —  750  fr.  à  M.  Char- 
ges Legras  :  La  Grande  Attente;  —  750  fr.  à  M.  Henry  Moisset  :  L'Esprit 
public  en  Allemagne  vingt  ans  après  Bismarck;  —  500  fr.à  M.  le  capitaine 
Deschamps  :  De  Bordeaux  au  Tchad  par  Brazzaville; —  500  fr.  à  M.  Jean 
H arman d  :  Madame  de  Genlis,  sa  vie  intime  et  politique  (1745-1830);  — 
500  fr.  à  M.  J.  Segond  :  La  Prière,  essai  de  psychologie  religieuse;  —  500  fr.  à 
M.  André  Tibal  :  Hebbel,  sa  vie  et  ses  œuvres  (1813  à  1845);  —  500  fr.  a 
M.  Voyslav  Myovanovitch  :  La  «  Guzla  »  de  Prosper  Mérimée. 

L'Exposition  de  la  sECTroN  des  cartes  de  la  Bibliothi-que  natio- 
nale. —  C'est  une  heuretse  initiative  qu'a  prise  M  Léon  Vallée,  conser- 
vateur-adjoint chaîné  de  la  section  des  cartes  et  plans  à  la  Bibliothèque 
nationale,  de    grouper  dans  une    exposition  ouverte  au  public  tous  lés 


—  467  — 

jours  depuis  le  lundi  V.i  mai,  quelques  documents  qui  permettront  d'ap- 
précier la  richesse  et  la  variété  des  pièces  conservées  dans  cotte  section, 
qui  seront  une  invitation  aux  tra  .'ailleurs  à  mettre  plus  largement  à  profit 
les  ressources  offertes  à  sa  curiosité  et  qui,  espérons-le  du  moins,  enga.^eront 
les  pouvoirs  publics,  selon  le  vœu  de  M.  Vallée,  à  se  montrer  moins  parci- 
monieux et  à  moins  marchander  à  ce  grand  dépôt  les  crédits  qui  lui  sont 
nécessaires  pour  assurer  le  bon  entretien  et  l'accroissement  normal  de 
ses  collections.  Ce  n'est  pas  en  effet  avec  les  humbles  sommes  mises  à  sa 
dispositi  m  que  la  section  des  cartes  et  plans  peut  acheter  les  nouvelles  pu- 
blications dont  l'absence  est  presque  une  honte  et  rechercher  en  même 
temps  quelques-unes  des  pièces  anciennes  qui  manquent  dans  nos  collec- 
tions et  que  nous  voyons  avec  regret  prendre  trop  sou\  ent  le  chemin  de 
l'étranger.  M.  Vallée  s'est  laissé  gi  ider  dans  le  chcix,  assez  délicat,  des 
pièces  e  .posées  par  le  désir  d'iaitier  le  public  à  ce  qu'il  peut  prétendre 
trouver  à  la  section  (il  a  éliminé  délibérément  '<  ce  que  l'on  sait  devoir 
trouver  che-'.  nous,  c'est-à-dire  les  cartes  d'état-major,  les  hvdrographies  », 
etc.>,  et  a-  ssi  par  des  nécessités  matérielles  :  les  Aitrines  et  les  cadres  dont 
il  disposait  ne  lui  ont  i^as  permis  de  faire  rentrer  dans  cette  exposition  tout 
ce  qu'il  aurait  voulu.  Ce  sont  ai  ssi  sans  doute  des  considérations  topogra- 
phiques qui  ont  déterminé  le  classement  des  pièces  exposées,  qui  n'est  pas 
le  classement  logique  :  cet  apparent  manque  d'ordre  a  du  moins  pour  résul- 
tat d'offrir  au  visiteur  une  variété  amusante  et  attrayante.  Le  catalogue  qui 
se  termine  par  une  double  talile  alphabétique  et  méthodique  (par  ordre 
alphabétique  de  rubriques)  facilite  les  recherches  du  tra\ailleur  et  lui  per- 
met de  retrouver  aisément  ce  qui  l'intéresse.  Parmi  les  objets  exposés,  on 
notera  tout  d'abord  une  belle  série  de  pcrtulans  (plus  de  quarante), dont  le 
plis  ancien  est  le  fameux  portulan  de  la  Méditerranée  dressé  en  1380  par 
Soleri  et  parmi  lesquels  ce  n'est  pas  l'un  des  moins  intéressants  que  ïa 
carte  du  Nouveau  Monde  dressée  en  1504  par  Jacques  de  Vaulx  et  acquise 
récemment  par  les  soins  de  M.  de  la  J\oncière.  Onze  globes  terrestres  s'éche- 
lonnent du  xv«aii  xix*^  siècle,  en  commençant  par  celui  de  Martin  Behaim 
en  1492.  Parmi  les  autres  objets  qui,  dans  un  examen  rapide,  nous  ont 
frappé,  soit  par  leur  intérêt  scientilique,  soit  par  leur  caractère  de  curiosité, 
nous  citerons  un  peu  au  hasard  les  cartes  polyglottes  de  Gottiried  Henîselius, 
r  istrolabiuni  planiim  in  tabulis  ascendens  de  Joh-.\ngeli,  une  carte  manus 
crite  de  la  mer  Caspienne  établie  par  ordre  de  Pierre  le  Grand  et  donnée 
par  lui  à  la  Biulii  thèque,  un  exemplaire  de  dédicace  à  Grégoire  du  plan  de 
la  Bastille  {.ar  le  patriote  Palloy,  une  carte  dressée  par  Louis  XV  (Fleuves 
d'Europe^  et  deux  autres  dressées  par  Louis  XVI  I  environs  de  Ciherbourg, 
environs  de  Versailles),  un  dessin  du  bombardement  de  Tripoli  en  1728, 
auquel  les  récents  événements  donnent  une  piquante  actualité.  Le  cata- 
logue dressé  par  M.  Léon  Vallée  lui-même  et  qui  a  paru  dans  la  Revue  des 
bibliothèques,  janvier-mars  191^,  a  pour  titre  :  Bibliothèque  nationale. 
I^otice  des  documents  exposés  à  la  section  des  caries  (Paris,  Champion,  1912, 
in-8  de  65  p.). 

L'Abbé  Ulysse  Chevalier.  —  La  nomination  de  M.  le  chanoine 
Ul\  sse  i  he  aller  comme  membre  libre  de  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres  a  suggéré  à  ses  amis  la  pensée  de  célébrer  cet  événement 
heureux  en  offrant  au  nouvel  académicien  son  buste  en  marbre  et  un  vo- 
lume contenant  la  bibliographie  d>)  ses  œuvres,  drespée  par  Mg*'  Charles 
Bellet.  Les  travaux  de  M.  le  chanoine  Chevalier  honorent  asse.  la  science 
tout  court  et  la  science  catholique  en  particulier  pour  que  l'on  puisse  penser 


—  468  _ 

qu'au  groupe  d'amis  qui  ont  pris  l'initiative  de  cet  hommage  se  joindront 
de  nombreux  souscripteurs.  Le  Polybiblion,  qui  ne  saurait  ovblier  la  pré- 
cieuse collaboration  dont  l'a  honoré  M.  le  ch-moine  Ulysse  ^he^-aIier, 
t^spère  bien  que  beaucoup  de  ses  lecteurs  s'associeront  à  cette  marifes- 
tation.  Les  souscriptions,  qui  donnent  droit  à  la  réception  de  la  biblio- 
graphie, sont  centralisées  par  M.  Gaillard,  avoiié,  à  Valence  (Drf  me^. 

Paris.  —  Nous  mentionnons  ici  a-v-ec  un  véritable  plaisir  un  petit  livre 
aussi  utile  que  curieux,  et  parfois  même  amusant  :  c'est  le  Dictionnaire 
de  V imprimerie  et  des  arts  graphiques  en  général,  que  MM.  E.  F  esormes, 
ex-directeur  technique  à  l'École  Gutenberg,  et  Arnold  Muller,  directeur 
de  la  Bévue  des  industries  du  livre,  viennent  de  faire  paraître  (Paris, 
imp.  des  Beaux- Arts,  36,  rue  de  Seine,  1912,  petit  in-16  de  311  p.  — 
Prix  :  3  fr.  50).  —  La  courte  Préface  de  l'éditeur  nous  assi  re  oi'e  «  l'im- 
primerie et  les  arts  graphiques  en  général...  n'avaient  pas  de  Fictionnaire 
vraiment  digne  de  ce  nom  »  et  que  ce  volume  «  comblera  cette  lacune  ». 
Un  certain  nombre  de  mots  ou  d'expressions  très  connus  et  qi.i  ne  s'ap- 
pliquent pas  exclusivement  à  l'indi  strie  du  livre  ont  trouvé  îà  une  place 
peu  nécessaire;  mais  enfin  nous  aurions  mauvaise  grâce  à  nous  plaindre 
d'une  surabondance.  La  Préface  sus-indiquée  déclare  que  «  les  saA-ants, 
les  hommes  de  lettres,  les  bibliophiles  et  les  bibliographes,  les  collection- 
neurs de  li'res  et  les  amateirs  studieux,  les  imprimeurs,  les  correcteurs, 
les  '  techniciens,  etc..  ont  intértt  à  consulter  ce  Dictionnaire  ".  —  Rien 
n'est  plus  juste;  aussi  lui  souhaitons-nous  plein  succès. 

—  Signalons  Une  nouvelle  <•  Histoire  ancienne  de  V Église  »  par  M.  le 
(.hanoine Marchand  (Paris,  Ou din.  1911,  in-12  de  165  p.  —  Prix  :  1  fr.  50) 
et  VHistoire  ancienne  de  l'Église  de  Mgr  Duchesne  considérée  par  rapport 
à  la  foi  catholique,  par  le  R.  P.  Joseph  Chiaudano,  seule  traduction  fran- 
çaise autorisée  (Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.  (1912),  in-12  de 
33  p.  —  Prix  :  0  fr.  15). 

—  L'excellente  collection  des  Cotitemporains  vient  de  s'aigmentér  de 
deux  nouveaux  volumes  :  ce  sont  les  tomes  XXXIX^  et  XL*^  (Paris, 
Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.  (1912),  2  vol.  gr.  in-8,  illustrés  d'un 
grand  nombre  de  portraits,  de  grav.  et  de  cartes.  ^  Prix  de  chaque  vol.  : 
2  fr.).  Comme  d'habitiide,  chaque  volume  est  formé  de  25  biographies 
de  16  pages.  Nous  allons  indiquer  les  personnages  dont  il  est  question. 
Tome  XXXIX  :  Louise  d'Orléans,  reine  des  Belges;  Princesse  Hélène  de 
Mecklem bourg- Schci'er in.  duchesse  d^ Orléans  et  Eugène  Mage,  explorateur, 
par  M.  J.  Bouillat;  ■ —  Maréchal  Soult,  duc  de  Dalmatie;  Général  Lasalle; 
Frédéric-  Guillaume  II,  roi  de  Prusse  ;  Frédéric-  Guillaume  III,  roi  de  Prusse  ; 
Frédéric- Guillaume  IV,  roi  de  Prusse;  Guillaume  I",  roi  de  Prusse,  empe- 
reur d' Allemagne  et  Général  Leclerc,  capitaine  général  de  Saint-Domingue, 
beau-frère  de  Napoléon,  par  M.  Georges  Pigault:  —  J.-B.  Dumas,  chimiste 
français,  et  Antoine  d' Abbadie,  explorateur,  par  M.  A.  Acloque; —  Général 
de  Miollis.  gouverneur  de  B  n'e.T•ovlsl.^e  com*  L.  Auger;  —  Jean-Baptiste 
Laborde,  industriel  et  consul  de  France  à  Madagascar,  et  Badama  II,  roi 
de  Madagascar,  par  M.  Pierre  de  la  Pevèze;  — Etienne  Cabet,  théoricien 
du  communisme,  fondateur  d'Icarie  et  Duroc,  duc  de  Frioul,  grand  mare' 
chai  du  palais  impérial,  par  M.  Francis  Normand;  —  Edouard  Jenner, 
inventeur  de  la  vaccine,  par  M  Le  Gabale;  —  Pozzo  di  Borgo,  homme 
politique  et  Mathieu  de  Montmorency,  par  M.  Pierre  Roissy  ;  — ■  Cardinal 
Mossaia,  capucin,  apôtre  de  V Ethiopie,  par  M.  J.  Lavenue;  —  Dominique 
Larrey.  chirurgien  en  clief  de  la    Grande  Armée,  par  M.   CharleiS  Framée;  — 


1 


—  4G9  — 

Pierre-Marie  Bossan,  architecte,  par  M.  E.  Quincieu;  —  Dom  Pedro  V, 
Dom  Luis  /«•",  rois  de  Portugal,  et  Dom  Carlos  /e'',  roi  de  Portugal,  par 
M.  Jean  Saison.  —  Tome  XL  :  Princesse  Marie  d'OrU'ans,  duchesse 
de  Wurtemberg  et  Adélaïde  d'Orléans,  VÈgérie  de  Louis-Philippe, 
par  M.  .1.  Bouillat;  —  Clément- Auguste  de  Droste-Vischering,  arche- 
vêque de  Cologne;  Jules  Grévy,  président  de  la  République  française; 
Hippolyte  et  Sadi  Carnot;  Auguste  et  Jean  Casimir- Périer;  Félix 
Faure,  président  de  la  République  française;  Jules-Eugène  Lenepveu,  peintre 
français;  Charles  Chesnelong,  homme  politique;  Lucien-Brun  Jiomme  politique 
français,  par  M.  Georges  Rigault;  —  Savary,  duc  de  Rovigo,  aide  de  camp 
de  Napolton,  ministre  de  la  police  générale;  Pichegru,  général  de  la  Révo- 
lution, conquérant  de  la  Hollande,  par  M.  F.  Normand;  —  Alexandre  de 
Lamothe,  littérateur  français;  Jean- Gabriel  Peltier,  journaliste  français,  par 
M.  E.  Leterrier;  —  La  Vénérable  Servante  de  Dieu  Anna-Maria  Taigi; 
Sœur  Thérèse  de  V Enfant- Jésus,  carnulite,  et  la  Bienheureuse  Jeanne  Bil- 
liart,  fondatrice  de  la  Congrégation  des  Sœurs  de  Notre-Dame,  par  M"^*^  la 
comtesse  de  Courson;  —  Le  Vénérable  P.  François  Libermann,  fondateur 
des  missionnaires  du  Saint-Cœur  de  Marie,  rénovateur  de  la  Congrégation 
du  Saint-Esprit  et  créateur  des  missions  d''  Afrique  au  xix''  siècle,  par  M.  Phi- 
lippe KiefTer;  —  Jacques- René  Hébert,  le  père  Duchesne,  par  M.  H.  de  Ruffy  ; 
—  Le  P  Fissiaux,  fondateur  de  la  Société  de  Saint- Pierre-ès-Liens,  par 
M.  P.  Aillaud;  —  Général  Foy,  par  M.  Maurice  Lanthenay;  —  Tronson- 
Ducoudray,  défenseur  de  la  reine  Marie- Antoinette,  par  M.  Fiercceur;  • — • 
Chauveau- La  garde,  défenseur  de  la  reine  Marie-  Antoinette,  par  M.  R  Toiir- 
naJre;. —  Le  Capitaine  Coignet,  par  M.  Pierre  Benoît;  —  Louis  Galvani, 
physicien  italien,  par  M     \.  Acloque. 

—  Dans  notre  livraison  de  décembre  1902  (t.  XCV,  p.  494),  nous  avons 
rendu  compte  d'un  ouvragt  ie  M  /ules  Mazé,  intitulé  :  Les  Etapes  hé- 
roïques. C'était  un  bel  in-folio  éiité  en  vue  des  étrennes,  mais  qui,  en  rai- 
son de  son  prix,  n'était  pas  acces.«"".jîe  à  toutes  les  bourses.  11  n'en  sera 
plus  ainsi,  car  la  maison  Marne  a  eu  l'excellente  idée  de  publier  de  ce  livre 
une  nouvelle  édition  qui  pourra  très  a^-antageusement  être  adoptée  comme 
récompense  scolaire  (in-12  de  320  p.,  illustré.  —  Prix,  cartonné  :  1  fr.  50). 
Rappelons  d'ailleurs  que  les  «  étapes  héroïques  »  dont  il  s'agit  s'appellent  : 
la  charge  de  Reichshofïen,  la  défense  de  Ba-.eilles.  la  dernière  cartouche, 
les  charges  de  Floing  et  l'ossuai'e  de  Ba-eilles.  Inutile  d'ajouter  que  ces 
pages  sont  vibrantes  du  pli  s  pur  et  du  plus  ardent  patriotisme.  M.  Mazé 
a  publié  sur  «  l'Année  terrible  »  une  série  de  4  volumes,  dont  ceh  i-ci 
n'est  que  le  premier  :  nous  espérons  bien  les  voir  tous  figurer  dans  cette 
même  collection  à  l  fr.  .50  connue  sous  la  dénomination  générique  :  Pour 
tous. 

■ — •  M.  Eugène  Morel  vient  de  publier  sous  le  titre  :  Association  des 
bibliothécaires  français.  Bibliothèques,  livres  ft  libraires  (Paris,  Marcel  Ri- 
vière, 1912,  in-8  de  vi-275  p. —  Prix:5fr.]  la  plus  grande  partie  (treize 
sur  dix-neuf)  des  conférences  organisées  par  son  initiati^;e  pendant  l'année 
scolaire  1910-1911  'à  l'École  des  haïtes  études  sociales  pour  donner  aux 
étudiants,  aux  bibliothécaires  et  au  p\  blic  des  notions  exactes  sur  l'orga- 
nisation des  bibliothèques  et  le  moA  en  de  s'en  senir.  Les  trei  e  conféren- 
ces pvbliées  ont  pour  auteurs  et  pour  titres  :  MM.  Henry  Martin  :  Les  Bi- 
bliothèques et  le  public  (p.  1-15);  Charles  Sutrac  :  Comment  se  sen-ir  des 
bibliothèques  (p.  17-33)?  H.  La  Fontaine  :  L'Institut  international  de 
bibliographie  et  de  documentation  (p.  35-46):  P.  Otlet  :  L'Avenir  du  livre 


—  470  — 

et  (le  la  bibliographie  (p.  i7-74);  nous  avons  déjà  signalé  cette  conférence 
qui  a  été  tirée  à  part;  A.  Vidier  :  Les  Grandes  Bibliothèques.  Bibliothèque 
nationale,  Arsenal.  Ma/.arine,  Sainte-Geneviève  (p.  77-lfO);  J.  I  enil  er  : 
Les  Bibliothiqes  scientifiques  (p.  101-112);  Jean  Gai  tier  :  Les  EibUo- 
thèqves  de  droit  et  de  sciences  sociales  (p.  113-127);  Ihéodore-Fax  1  \  ibert  : 
Les  Bibliothèques  commerciales  (p.  129-134)  ;  Henri  Michel  :  l  es  ribliothc- 
ques  municipales  (p.  137-173)  :  Camille  Bloch  :  Le  Prêt  entre  bibliothèques 
et  les  catalogi.es  collectifs  en  Suisse  (p.  1  77-196)  ;  Eugène  More)  :  La  Librai- 
rie publique  en  Anglet'  rro  et  aux  États-Unis  (p  197-220);  Henri  Bourre- 
lier :  La  Lib'a'rie  classq  e  et  le  livre  d'v-^nscigncmsnt  (p.  223-243)  ;  Alfred 
Humblot  :  L'Édition  littéraire  au  xix*^  siècle  (p.  245-274). 

—  Le  Bulletin  de  VIfi.-ttut  catholique  de  Paris,  pov.r  rendre  hommage 
à  la  mémoire  du  très  regretté  M.  Jules  C  auvière,  l'éminei.t  professeir  de 
droit  criminel  enlevé  si  criellement  et  d'une  fa«,on  si  peu  atterdte  le 
30  janvier  dernier,  a  inséré  dans  son  numéro  du  25  février  la  notice  pu- 
bliée dans  V Univers  par  M.  Fenri  Tai  dière  et  les  discoirs  prononcés  aux 
obsèques  par  Mgr  Alfred  Eaudrillart  et  par  MM.  Jules  Jamet.  au  nom  de 
la  Faculté  de  droit,  et  Henri  Lévêque,  au  nom  des  éti  diar  ts.  Un  tirage 
à  part,* que  seront  heureux  de  conserver  les  amis  du  regretté  professeur, 
réunit  ces  articles  qui  font  revivre  sa  physionomie  si  s^  mpathiqi  e  et  sa 
personnalité  si  honorable  :  M.  Jules  Cauvière  (Paris,  impr.  Levé,  s.  d., 
in-8  de  7  p.). 

— •  Ce  n'est  pas  une  petite  affaire  de  dépouiller  périodiquement  les  nom- 
breux volumes  dus  aux  Sociétés  savantes  françaises;  nous  ne  l'apprenons 
à  personne  :  on  n'a  d'ailleurs,  pour  s'en  rendre  compte,  qu'à  parcourir 
la  dernière  Bibliographie  annuelle  des  travaux  historiques  et  archéologiques 
publiés  par  les  Sociétés  savantes  de  la  France,  dressée,  sous  les  auspices 
du  ministère  de  l'instruction  publique,  par  MM.  Robert  de  Laste;  rie 
avec  la  collaboration  de  M.  Alexandre  Vidier  (1907-1908)  (Paris,  1  eroux, 
1910,  in-4  de  207  p.  à  2  colonnes^  Ce  consciencieux  inventaire  s'applique 
à  4277  articles  numérotés  de  28019  à  32295.  Et  non  seulement  les  auteurs 
ont  passé  en  revue  tous  les  recueils  des  sociétés  de  la  France  métropoli- 
taine, mais  aussi  ceux  de  ses  grandes  colonies  d'Algérie,  Tunisie,  Indo- 
Chine  et  des  instituts  français  à  l'étranger.  Précieux  répertoire  pour  les 
travailleurs. 

Artois.  —  L'Académie  des  sciences,  lettres  et  arts  d'Arras  er  est  an 
tome  XL II  de  la  2^  série  de  ses  Mémoires  (Arras,  imp.  F.  Guyot,  1911, 
in-8  de  472  p.,  avec  une  planche).  Un  très  important  travail  ou,  plis  exac- 
tement, la  fin  de  ce  travail,  ouvre  le  volume  dont  il  occupe  à  peu  près 
la  moitié;  intitulé  :  La  Seconde  Restauration  dans  le  Pas-de-Calais  (1815- 
18301;  il  a  pour  auteur  M.  le  comte  Gustave  de  Hauteclocque  (p.  7-208, 
plus  13  p.  numérotées  208   a-208  m).  Notons  tout  de  suite  que  les  con- 
frères de  M    de  ']  auteclocque,  «  pour  fêter  ses  quarante  années  de  présence 
à  la  Compagnie  «,  lui  ont  ofTert  une  plaquette  d'argent,  a^ec  cette  inscrip- 
tion :  "  L'Académi?  reconnaissante  à  M.  le  comte  de  Hauteclocque,  1871- 
1911   1).  pris  le  président,  M.  Acremant,  lui  a  adressé  une  alloci  tion  où 
il  rappelle  brièvement  l'œuvre  historique  générale  de  son  honoré  confrère. 
La  poésie,  enfin,  s'en  est  mt'ée  et  d'une  façon  point  du  tori.t  banale  : 
c'est  le  secrétaire  général,  M.  le  baron  Cavrois  de  Saternault,  qii  s'est 
chargé,  en  de  jolis  vers,  de  complimenter  M.  de  Hauteclocque.  Excellent 
exemple  à  suivre,  à  l'occasion,  par  les  ai  très  sociétés  savantes.  —  Men- 
tionnons les  autres  études  avant  trouvé  place  dans  ce  volume  :  Le  Cos- 


—  471  — 

tiimedes  cchevirij  'TArras,  par  M.  Ed  Morel  (p.  214-255.  avec  une  planche); 
--  Une  Commune  modèle  dans  la  lutte  contre  V alcoolisme,  par  M.  J.  Sion 
(p.  269-278);  —  Accord  entre  le  duc  de  Bourgogne,  Eudes  IV  a  le  comte 
de  Flandre,  Louis  de  Nèvers,  au  sujet  de  diverses  terres  situées  en  Artois 
i Paris,  Val  des  Écoliers,  30  fuin  1341),  par  M.  Louis  Caillet  (p.  279-289); 
—  Legs  de  Mahaut  d'Artois  aux  pauvres  de  Salins,  diaprés  un  document 
de  1484  (17  décembre),  par  M.  Louis  Caillet  (p.  290-293);  —  Discours  de 
réception  de  M.  y abhé  Charles  Guillcmant  (sur  Louis- Jules- Elisée  baron 
Cavrois  de  Saternault^  (p.  301-321);  ■ —  Réponse  à  ce  discours  par  M  le 
chanoine  Rambure,  suivie  d'une  Bibliographie  des  œuvres  de  M.  le  baron 
Cavrois  de  Saternauk- {p.  322-342);  —  Discours  de  réception  de  M.  le  D"^ 
A-  Lestocquoy  (sur  M.  Victor  Barbier  (p.  343-364);  —  Réponse  à  ce  dis- 
cours, par  M.  G.  Acremant  (p.  365-375);  —  Discours  de  réception  de  M.  F. 
Leprince-Ringuet  (sur  Mgr  Doublet)  (p.  426-441);  —  Réponse  à  ce  dis- 
cours par  M.  l'abbé  Rohart  (p.  442-450). 

Bourgogne.  —  En  août  1911,  l'Association  française  pour  l'avance- 
nxent  des  sciences  a  tenu  à  Dijon  sa  40<'  session.  Préparé  avec  soin  par 
un  Comité  local,  ce  congrès  a  élevé  à  la  ville  de  Dijon  et  au  départe- 
ment de  la  Côte- d'Or  principalement   tout  en  faisant  une  part  à  certaines 
autres  parties  de  l'ancienne  province  de  Bourgogne,  un  monument  scien- 
tifique, historique  et  artistique  qui  mérite  d'être  ici  décrit,  car  il  re.<?tera  : 
Dijon  et  la  Côte-d'Or  en   1911   (Dijon,  imp.   Jacquot,  3  vol.    in-8  de  580, 
465  et  436  p.,  illustré  d'un  grand  nombre  de  cartes  et  de  gravures  dans 
le  texte  et  hors  texte.  —  Prix  :  20  francs).  Nous  allons  donc  mentionner, 
de  façon  brève,  la  place  nous  étant  mesurée,  les  divers  travaux  ayant 
concouru  à  la  formation  de  ce?  trois  beaux  volumes  :  Tome  L  Les  Régions 
naturelles  de  la   Côte-d'Or  (géographie  physique  et   humaine),   par  M.    A. 
Mairey  (p.  1-36);  —  Le  Site  et  la  croissance  de  Dijon,  par  M.  H.   Hauser 
(p.  37-60);  —  Esquisse  géologique  de  la  Côte-d'Or,  par  M.   L.   Collot  (p.  61- 
100);  —   Gouffres  et  cavernes   de  la   Côt/'-d''Or,   par  MM.   G.  Curtel   et  C. 
Drioton  (p.  101-122);  —  Le  Climat  de  Dijon  et  de  la  Côte-d'Or,  par  M.   J. 
Roux  (p.  123-136);  —  La  Flore  de  la  Côte-d'Or,  par  M.   J.  d'Arbaumont 
(p.  137-146);  —  La  Vulgarisation  des  connaissances  pratiques  sur  les  cham- 
pignons, par  M.  M.  Barbier  (p.   147-158);  —  La  Faune  de  la  Côte-d'Or, 
par  M.  P.  Paris  (p.  159-188);  ■ —  V  Agriculture  de  la  Côte-d'Or.  par  M.  J. 
Guicherd  (p.  189-250);  —  Le  Bétail  de  la  Côte-d'Or,  par  MM.  J.  Gilicherd 
et  L.   Lapri'gne  (p.  251-306)  ;  —  U Arboriculture  et  Vhorticulture  de  la  Côte- 
d'Or,   par  M.   J.    Vercier  (p.   307-316);  —  Les   Territoires  sylvo- pastoraux 
du  département  de  la  Côte-d'Or,  par  M.  L.-A.   Fabre  (p.  317-332);  ■ —  Les 
Vignobles  de  la  Haute-Bourgogne,  par  M.  J.  Gliicherd  (p.  333-360);  —  La 
Vinification  en   Bourgogne,  par  M.  G.   Curtel  (p.  361-392);  —  Caractères 
et  classification  des  vins  de  Bourgogne,  par  M.   L.  Mathieu  (p.  393-402); 
■ —  L'Art  de  consommer  les  vins  de  Bourgogne,  par  M.  L.  Mathieu  (p.  403- 
410);  —  Le  Commerce  de  la  Côte-d'Or,  par  M.   G.  Martin  (p.  411-442);  — 
L'Industrie  de  la  Côte-d'Or.  par  M.  A.  Berthiot  (p.  443-554)  ;  —  L' Industrie 
électrique   en   Bourgogne,    par   M.    le   colonel    Boulenger  (p.    555-577).  — 
Tome  11.  Aperçu  du  passé  historique  et  artistique  de  la  Bourgogne,   par  MM. 
.L  Calmette  et  H.  Drouot  (p.  1-102);  —  La  Côte-d'Or  monumental'',  par 
M,   H.   Chabeuf  (p.  103-171);  —  Le  Musée  de  Dijon,  par  le  même  (p.  172- 
192);  —  Les   Temps  préhistoriques  et  protohistoriques  dans  la   Côte-d'Or, 
par  MM.  C.  Drioton  et  A.  Moingeon  (p.  193-212);  —  Alesia.  Les  Fouilles 
de  la  Société  de-^  sciences  de  Semur,  par  M.   J.   Toutain    (p.  212-244):  — • 


—  472  — 

Alesia.  Les  Fouilles  de  la  Croix-Saint-Charles,  par  MM,  le  vom*  Esperandieu 
et  le  docteur  Épery  (p.  245-257);  ■ —  Verlilluni.  Les  Fouilles  de  la  Société 
archéologique  et  historique  du  Châtillonnais,  par  M.  H  Lorimy  (p  258- 
274);  —  Le  Castrum  divionense,  par  M.  C.  Drioton  (p.  275-282);  — 
Beaune  historique  et  archéologique,  par  M.  l'abbé  Voillery  (p.  283-302);  — 
Les  Archives  de  la  Côte-d'Or,  par  M.  F.  Claudon  (p.  303-483);  —  La 
Bibliothèque  publique  de  Dijon,  par  M.  C  Oursel  (p.  434-458);  —  Les 
Archives  municipales,  par  le  même  (p.  458-463).  —  T.  III.  En  tête, 
quoique  devant  être  reportée  au  tome  I,  selon  un  <  Avis  au  relietir  », 
une  Ode  à  la  Bourgogne,  par  M.  Stéphen  Liégeard  (p.  i-vi)  ;  —  Les  Voies 
de  communication  de  la  Côte-d'Or,  par  M.  F.  Galliot  (p.  1-14); —  Dijon 
centre  de  communications,  par  M.  L.  Eisenmann  (p.  15-46);  —  Le  Tou- 
risme en  Bourgogne,  par  M.  .1.  Legras  (p.  47-59);  —  L'Horizon  de  Dijon, 
par  M.  le  D*"  V.  Michaut  (p.  60-62);  —  La  Manufacture  des  tabacs  de 
Dijon,  par  M.  de  GeofTroy  (p.  63-74);  —  La-  Poudrerie  nationale  de  Von- 
ges  [Côte-d'Or],  par  M.  E.  Rogez  (p.  75-112);  —  Les  Collections  d'his- 
toire naturelle  (à  Dijon,  Semur  et  Larrey-les-Dijon),  par  MM.  L.  Collet, 
A.  Bréon,  E.  David,  J.  Guicherd  et  l'abbé  F.  Gérard  (p.  11.3-136);  — 
Les  Sociétés  savantes,  par  MM.  A.  Cornereau,  J.  Calmette,  C  Jourdin, 
A.  Baudot,  l'abbé  P.  Voillery,  G.  Testart,  A.  Lorimy  et  H.  Guimard 
(p.  137-158);  —  Les  Associations  agricoles,  par  M.  J.  Guicherd  (p.  159- 
170);  —  Les  Savants  bourguignons,  par  M.  A.  Hurion  (p.  171-194):  — 
L^ Enseignement  supérieur  en  Bourgogne.  L'Université  de  Dijon,  par  MM.  E. 
Bailly,  G.  Curtel,  E.  Topsent,  Lambert  et  Boirac  (p.  195-226);  —  L'En- 
seignement secondaire  et  primaire.  L' Enseignement  professionnel,  par  MM. 
Bourlier,  M.  Honnet,  F.  Chollet,  Galliot  et  J.  Guicherd  (p.  227-266):  — 
L'Enseignement  des  beaux-arts  à  Dijon,  par  MM.  E.  Boutellier  et  A.  Lé- 
vêque  (p.  267-278);  — ■  Démographie.  Assistance  publique.  Hospitalisation. 
Protection  de  l'enfance,  par  MM  J.  Guicherd  et  E.  Brulet  (p.  279-310);  — 
L* Assistance  privée  à  Dijon.  La  Mutualité  dans  le  d'partement.  Les  Grou- 
pements parisiens  des  originaires  de  la  Côte-d'Or,  par  MM.  M.  Deslandres, 
J  Guicherd  et  P.  Perrenet  (p.  311-332);  —  L'Hygiène  à  Dijon,  par  M,  G. 
Zipfel  (p.  333-358);  —  Hygiène  de  l'alimentation,  par  M.  A.  Carreau 
(p.   359-394);  —  Les  Eaux  de  Dijon,  par  M.  G.  Curtel  (p.   395-422). 

Bretagne.  —  Malgré  des  dissensions  qui  se  sont  prodvites  à  un  récent 
congrès,  l'Union  régional iste  bretonne  continue  son  œuvre  sors  la  direc- 
tion de  M.  le  marquis  de  l'Estourbeillon,  avec  de  vaillants  collaborateurs. 
Son  almanach  de  1912  a  paru,  comme  le  précédent,  chez  M.  Francis 
Simon,  à  Rennes  (in-18  de  138  p.  — Prix  :  0  fr.  20).  11  s'ouvre  par  un 
beau  portrait  de  feu  A.  de  la  Borderie,  l'historien  national  de  la  Breta- 
gne, et  par  un  érudit  calendrier,  tiré  de  l'hagiographie  bretonne  et  rédigé 
par  M.  le  comte  B.  de  Laigue.  A  côté  d'articles  sur  l'organisation  et 
l'activité  de  l'Union  régionaliste,  il  ofîre  tout  un  bouquet  de  poésies,  les 
unes  en  français  et  les  autres  en  breton.  On  sait  que,  depuis  Erizeux 
jusqu  à  notre  contemporain,  M.  Tiercelin  (dont  le  nom  reparaît  dans  ce 
petit  volume),  la  Bretagne  a  été  une  terre  de  poé.sie  et  de  poètes. 

—  Pour  son  étude:  Yvignac  autrefois  (Saint-Brieuc,imp.Saint-Gi  iliaume, 
1911,  in-8  de  40  p.),  M.AL'^masson  a  emprunté  ses  documents  à  l'abbé  Le- 
sage,  qui  a  laissé  des  manuscrits  fort  curieux.  Il  traite,  dans  une  première 
partie,  de  l'histoire  religieuse  d'Yvignac,  de  son  histoire  civi'e  dans  une 
seconde,  de  ses  ordres  religieux  dans  une  troisième  et,  enfin,  dans  une 
quatrième.   d'Yvignac   à  la  veille  de  la  Révolution.   Un  supplément  et 


—  473  — 

des  pièces  justificatives  achèvent  de  donner  à  cette  brochure  une  impor- 
tance qui,  pour  être  modeste,  n'en  est  pas  moins  réelle,  et  l'on  ne  peut 
que  souhaiter  de  voir  se  multiplier  les  monographies  de  ce  genre. 

Franche-Comté.  —  Sous  le  titre  :  Un  Franc-Comtois  éditeur  et  mar- 
chand d'estampée  à  Rome  au  xvi"  sièrle,  Antoine  Lajrery  (1512  1577) 
(Besançon,  imp.  Dodivers,  1911,  in-8  de  73  p.,  avec  5  planches),  M.  le 
D""  F.  Roland  évoque  une  physionomie  bien  oubliée  et  dont  le  souvenir 
n'est  guère  consen'é  que  par  de  trêves  notices,  éparses  dans  les  diction- 
naires biographiques  et  renfermant  des  erreurs  rectifiées  ici.  Antoine 
Lafrery  n'est  pas  né  à  Salins,  mais  à  Orgelet.  M.  J.  Gauthier  avait  déjà 
noté  ce  fait,  mais  sans  dire  sur  quoi  il  s'appuyait;  or,  M.  Roland  fournit 
ses  preuves. Et  puis,  s'appelait-il  Lafrery,  ou  Frère,  ou  Lafrère?  L'auteur 
examine  la  question,  mais  faute  de  document  certain,  il  la  laisse  en  sus- 
pens. 11  suit  cet  éditeur  d'art  depuis  son  départ  de  Franche-Comté  pour 
la  Ville  éternelle  (vers  1540)  jusqu'à  sa  mort  (20  juillet  1577),  le  mon- 
trant d'abord  employé  chez  un  marchand  d'estampes,  puis  marchand  à 
son  compte,  as.socié  ensuite  avec  son  ancien  patron  et,  finalement,  deve- 
nant l'un  des  plus  riches  et  des  plus  estimés  libraires  d'Europe.  Lafrery 
a  édité  beaucoup  de  gravures;  iî  a  publié  avssi  un  recueil  de  cartes  connu 
sous  le  titre  :  Atlas  Lafrery,  et  M.  F.  Roland  nous  donne  sur  cet  en.sembie 
considérable  d'intéressants  détails.  La  présente  étude  avait  d'abord  paru 
dans  les  Mémoires  de  la  Société  d'imulation  du  Doubs.  mais  sans  aucune 
planche;  l'on  en  peut  admirer  5  dans  le  tirage  à  part  ;  l'une,  entre  au- 
tres, est  la  reproduction  d'une  carte  de  Franche-Comté  et  Savoie,  datée  de 
1564,  qui  serait  la  plus  ancienne  des  cartes  concernant  le  Comté  de  Bour- 
gogne. Travail  curieux,  bien  conduit  et  judicieusement  documenté. 

—  Dans  Un  Artiste  comtois  à  la  Cour  de  Chine  au  xviii'^  siècle,  le  Frère 
Attiret  (1702-1768)  (Besançon,  imp.  Dodivers,  1912,  in-8  de  26  p  Extrait 
des  Mcmoirea  de  la  Société  ^émulation  du  Doubs),  M.  Georges  Ga^.ier 
s'est  attaché  à  un  personnage  plus  réputé.  Né  à  Dole,  le. 31  juillet  1702, 
Jean-r  ésiré  Attiret,  fils  de  peintre  et  peintre  lui-même,  connut  le  succès 
avant  d'entrer  dans  la  Compagnie  de  Jésus,  qui  ne  tarda  pas  à  l'envoyer 
en  Chine  auprès  de  l'empereur  Kien-Long  (1738).  Il  est  à  remarquer  que 
ce  monarque  avait  déjà  à  son  ser/ice  plusieurs  artistes  européens,  tous 
jésuites,  mais  pas  Français.  Attiret  réussit  pleinement  auprès  du  con- 
quérant chinois,  mais  non  sans  passer  par  des  épreuves  qu'il  raconte  de 
façon  originale  en  des  lettres  retrouvées  par  M.  Gazier  dans  le  journai 
bisontin  le  Franc-Comtois  de  1843  et  dans  les  Lettres  édifiantes  écrites  des 
Missions.  Après  une  existence  bien  remplie,  il  mourut  à  Pékin  le  8  dé- 
cembre 1768  et  ses  obsèques  furent  célébrées  aux  frais  de  l'Empereur. 
Nul  ne  devra  écrire  désormais  sur  Jean-Denis  Attiret  sans  consulter  cette 
brochure. 

—  Encore  des  artistes.  Il  s'agit  cette  fois  des  Deux  Peintres  Cariage, 
que  nous  présente  M.  Georges  Blondeau  (Vesoul,  Louis  Bon,  1911,  in-8 
de  29  p.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts 
de  la  Haute-Saône).  Tous  deux  étaient  originaires  de  Vesoul.  Le  premier, 
Claude-Basile  (1798-1875),  père  de  onze  enfants,  se  trouva  dans  la  né- 
cessité, pour  faire  vi  -re  une  si  nombreuse  famille,  de  se  consacrer  surtout 
au  pr.fessorat  dans  sa  petite  ville  natale.  H  exécuta  cependant  pour  des 
églises  du  diocèse  de  Besançon  et  des  départements  de  la  Haute  Marne 
et  des  Vosges  des  tableaux  religieux  qui,  sans  être  des  chefs-d'œuvre, 
«  ont  en  général  une  grande  allure,  un  style  noble,  un  dessin  correct,  un 


—  474  - 

aspect  décoratif  satisfaisant  ».  Le  second,  Claude-Paul,  fils  aîré  du  pré- 
cédent, naqvit  en  1S36  et  moi' rut  à  Paris,  perdart  le  si(ge  de  1870. 
Él^vedeCércme,  il  obtint  quelci  es  sv  cet  s  aux  ?  alors:  l'vre  de  ses  toiles  fut 
même  achetée  par  l'État:  aussi  n'est-il  pas  téméraire  de  perser  qu'en 
travaillant  cet  artiste  aurait  fini  par  s'affirmer,  si  la  mort  ne  l'avait  pré- 
maturément frappé  à  l'tge  de  35  ans. 

—  Un  Paquet  de  vieilles  lettres,  1799-1802,  e'^i  le  titre  d'une  brochure 
tirée  à  cent  exemplaires  numérotés  (Montbéliard,  imp.  montbéliardaise, 
1912,  in-8  de  46  p.)*et  formée  de  treize  lettres  publiées,  a^-er  une  Intro- 
duction et  des  notes  explicati-es,  par  M.  Léon  Sahlcr.  L'avteur  de  ces 
lettres,  Georges- Frédéric  Méquillet,  était  ministre  protestant  à  Héricourtau 
moment  de  la  Révolution,  qu'il  devait  tra^-erser  sans  trop  d'enni  is.M.Sahler 
nous  apprend,  entre  autres  chose?,  que  Méquillet  «  reçut  chez  lui  et  nour- 
rit à  sa  table  des  prêtres  catholiques  insermentés  venant  visiter  leurs 
ouaiHes  et  qu'on  ne  songeait  jamais  à  découvrir  dans  la  maison  du  pas- 
teur >\  Voilà,  certes,  un  fait  tout  à  sa  louarge,  car  il  prouve  une  grande 
bonté  d'âme  et  une  réelle  générosité.  Les  lettres  ici  reprodi  ites  s'échelon- 
nent entre  le  22  gei'minal  an  VI 11  et  le  20  vente  se  an  X.  /dressées  aux 
fils  du  signataire,  qui  apprenaient  le  commerce  à  Strasbourg,  elles  font 
pénétrer  dans  la  vio  privée  d'un  brave  homme  qui  aime  beaucoup  ses 
enfants  et  leur  prodigue  les  bons  conseils.  Cette  piblication,  complétée 
par  l'inventaire  mini  tieux  de  l'apport  en  mariage  de  la  mère  de  Georges- 
Frédéric  Méquillet,  servira  utilement,  par  certains  côtés,  à  l'histoire  des 
mœurs  dans  le  pays  de  Montbéliard,  tout  nouvellement  réuni  à  la  France, 
à  la  fin  du  xyiii^  siècle  et  au  commencement  du  xix^. 

—  Le  fin  lettré,  l'érudit  et  l'homme  d'esprit  se  manifestent  dans  le 
discours  que  M.  Léonce  Pingaud  a  prononcé,  le  1er  fé-rjer  dernier,  à 
l'Académie  de  Be.sançon,  en  prenant  la  présidence  de  la  docte  compagnie. 
Ce  discours,  inséré  dans  le  premier  fascicule  du  recueil  académique  pour 
1912,  est  intitulé  :  Besançon  et  les  romanciers  du  xix^  siècle  (tirage  à 
part.  Besancon,  imp.  Jacques  et  Demontrond,  1912,  in-8  de  23  p.K  Les 
romanciers  dont  il  s'agit  ne  sont  pas  les  premiers  venus:  ils  s'appellent  : 
Stendhal,  Bah-ac,  Richepin.  Tous  trois  ont  parlé  de  la  capitale  de  la 
Franche- Comté,  à  des  époques  diverses,  en  des  œuvr<s  conmus:  Stendhal 
dans  le  Rouge  et  le  Noir,  Balzac  dans  Albert  Savarus,  et  M.  Richepin, 
depuis  membre  de  l'Académie  française,  dans  ses  deux  nouvelles  :  iSœur 
Doctrouvé  et  Césarine.  Les  détails  que  nous  donne  l'auteur  sont  savoureux 
sous  plus  d'un  rapport  et  sa  jolie  étude  débute  et  s'achète,  avec  un  à-pro- 
pos réussi,  par  des  lignes  agréablement  ironiques  à  l'adresse  des  «  ano- 
nymes chargés  de  tenir  à  jour  l'index  des  rues  de  Besançon  »,  qui  dé- 
baptisent et  rebaptisent  les  voies  de  la  cité  de  la  façon  la  pli  s  saugrenue. 
A  noter  spécialement  deux  appendices  :  le  premier  apprendra  des  choses 
ignorées,  ou  peu  s'en  faut,  aux  stendhaliens:  qiiant  au  second,  il  mon- 
trera aux  bahaciens  que  Weiss,  le  bibliothécaire  bisontin,  a^ait  fort  bien 
jugé  le  grand  Honoré  pour  ne  l'avoir  vu  et  entendu  qu'une  seile  fois. 
D'antre  part,  on  verra  que  le  m.aître,  si  loquace  et  vantard  qu'il  fût, 
s'était  bien  gardé  de  révéler  à  Besançon,  où  d'ailleurs  il  ne  faisait  que 
passer,  le  véritable  objet  de  son  voyage  à  Neuchâtel  (premier  rerde  .-vous 
avec  M™*'  Hanska,  «  l'Étrangère  »)  :  il  avait  même  eu  le  génie,  lui,  si 
durement  traqué  par  ses  créanciers,  d'expliquer  qu'il  se  rei  dait  en  Suisse 
afin  de  rét^ler  des  questions  d'intérêt  avec  «  des  débitei  rs  en  retard  ». 
Oh!  les  débiteurs  de  Balzac...  rara  avis\  M.  L    Pingaud,  qui  savait  sans 


—  475  — 

doute  à  quai  s'en  tenir,  n'a  pas  jugé  opportun  d'aborder,  même  som- 
mairement pour  rectifier  W'eiss,  cette  histoire  malédifiante  :  de  taçon  très 
discrète,  il  s'exprime  ainsi  :  «  Il  se  rendait  à  Neuohâtel  pour  traiter 
quelqu'une  de  ces  affaires  qui  se  partageaient  son  temps  avec  la  littéra- 
ture ».  Délicieux,  en  vérité  :  glissez,  mortel,  n'appujez  pas  !  h^'j 

Ile-de-France.  —  La  Société  archéologique,  historique  et  scientifique 
de  Soissons  vient  de  distribrer  le  tome  XVI  de  son  Bulletin  (S^  série, 
1909)  (Soissons,  imp.  Nougarède,  1912,  in-8  de  194  +  33  p.  avec  2  planches). 
A  travers  ce  volume,  nous  trouvons  à  signaler  :  Le  Fief  de  la  Barre  et 
le  Fief  champêtre,  par  M.  Firino  (p.  11-21)  ;  —  Adrien  de  Warel  [xvn^  siè- 
clel,  par  le  même  (p  21-37); —  Lettre  d^un  chanoine  soissonnais  du  w^  siè- 
cle, communication  de  M.  F.  Blanchard  'p.  52-54);  —  Les  Sipultures  de 
Barbonval,  par  le  même  (p.  60-64);  —  Un  Officier  retraité  à  Vailly  en 
1112,  par  M.  R.  Firino  (p.  70-75);  —  Lettre  de  ré/7iission  accordée  à  Sois- 
sonnais  en  1359,  communication  de  M.  Félix  Brun;  t —  Denis  de  Warel 
de  Beauvoir,  par  M.  R.  Firino  (p.  86-105,  avec  portrait); —  V Enceinte 
de  Saint- Pierre-en-Chastres,  oppidum  des  Suessiones,  par  M.  Vauvillé  (p. 
107-109);  —  Un  Episode  de  Vhistoire  de  Fontenoy  en  1652,  par  M.  R. 
Firino  (p.  113-115);  —  Sébastien  Mamerot,  écrii'ain  soissonnais  du  xv«  siè- 
cle, par  M.  Félix  Brun  (p.  122-136,  avec  1  planche);  —  Deux  Manuscrits 
soissonnais  datant  des  premières  années  qui  suivirent  la  révolution  de  1830, 
par  M.  Lecer  (p.  143-151);  —  Recherches  historiques  sur  la  navigation 
de  la  Vesle,  par  M.  E.  Bouchel  (p.  155-165);  —  Notes  pour  servir  à  Vhis- 
toire des  receveurs   généraux  de  la  généralité   de   Soissons,   par  M.   Firino 

(p.  166-194)..  '_'  :,'^2\rh\    [.    A    'l'.' 

Lorraine.  —  Nous  recevons  les  Tables  alphabétiques  et  méthodiques 
des  Annales  de  VEh  [tomes  XI  à  XVIL  1897-1904)  et  des  Annales  de 
VEn  (t  du  Nord  (tomes  I  à  V,  1905-1909),  dressées  par  M.  Robert  Pari- 
set  (Nancy  et  Paris,  Berger-Le-rai'lt,  1911,  in-8  de  75  p. — ^Prix  :  3  fr.) 
Nov.s  ey  tra.}' ons  de  V  Avertissemeit  ^]&cé  en  tête  les  indications  si.irantes  : 
■i  La  présente  table  est  di  isée  en  cinq  parties.  Dans  chacune  de  ces 
parties  ou  de  leurs  subdi  isions,  nous  avons  toujoi  rs  établi  au  moins 
deux  séries,  l'une  consacrée  à  l'Est,  l'autre  au  Nord.  la  première  partie 
contient,  classés  dans  l'ordre  alphabétique,  les  noms  de  tous  les  collabo- 
rateurs des  Annales,  avec  l'indication,  pour  chacun  de  ceux-ci.  des  arti- 
cles, puis  des  comptes  rendus  qu'il  a  rédigés...  On  trouve  dans  la  deuxième 
table,  pour  laquelle  nous  avons  adopté  l'ordre  méthodique...  to\  s  les 
articles  publiés...  Les  revues  analysées  dans  les  Annales  font  l'objet  de 
la  troisième  table...  C'est  aux  comptes  rendus  qu'est  consacrée  la  qua- 
trième table...  Les  divisions  y  sort  à  peu  près  les  marnes  ave  dans  la 
deu>  ième,  sauf  que  nous  avons  distingué  les  comptes  rendi  s  des  travaux 
relatifs  à  l'Alsace  de  ceux  qui  regardent  la  Lorraine...  Enfin  la  der- 
nière tab-e,  qui  s'occupe  de  la  chronique,  renvoie  aux  notes  dont  les  Uni- 
versités de  Nancy  et  de  Lille,  les  archives,  les  musées,  etc.  ont  été  l'objet  ». 
Très  utile  instrument  de  travail. 

Normandie.  —  Pars  les  premiers  temps  de  sa  carrière  sciertifique  et 
dès  l'époque  qu'il  suivait  encordes  cours  de  l'École  des  chartes.  M.  Léo- 
pold  T  eMsle  a  donné  au  Journal  de  Valognes  des  mémoires  historiques 
qui  n'a  ant  pas  été  tirés  à  part,  sont  demeurés  inaccessibles  à  la  plu- 
part des  curi(^ux  et  qui  avaient  même  échappé  d'abord  aux  recherches 
sagaces  de  M.  Paul  Lacombe.   M.   Xavier  Delùsle.   le  frère  du   regretté 


—  476  — 

maître  de  l'érudition  française,  a  retrouvé  une  collection  du  Journal  de 
Valognes  et  il  a  donné  à  V Annuaire  de  la  Manche  pour  1912  avec  le  mé- 
moire s  -r  le  Bienheureux  Thomas  Hélie  de  Biville,  déjà  connu  parce  qu'il 
avait  été  réimprimé,  deux  notes  relatives  à  l'histoire  de  Valognes  sous 
la  Révolution  ;  Mémoire  sur  le  Bienheureux  Thomas  Hélie  de  Biville  Fête 
civique  du  13  t)iai  1792.  Election  des  curés  du  district  de  Valognes  (mai 
1791)  (Saint-Lô,  imp.  de  Tuai,  1912,  in-8  de  38  p.). 

Allemagne.  —  La  réduction  par  le  tnotu  proprio  :  Suprend  disciplinas 
du  2  juillet  1911  des  jours  fériés  obligatoires  a  prodi.it  dans  certains  mi- 
lieux, notamment  en  Autriche-Hongrie,  une  agitation  dont  le  caractère 
quelque  peu  factice  nous  est  dénoncé  par  le  P.  Michael  Gatterer,  S.  J.  : 
Wozu  die  Feiertage  vermindern?  Kurze  Wiirdigung  der  pâpstl.chen  Festtag- 
ordnung  (Klagenfurt,  S.  Josef-Vereins-Buchhandlung,  1912,  in-16  de  19  p.). 
Il  est  étrange  de  constater  que  des  journaux  qui  font  profession  de  ne 
pas  se  soi;  cier  delà  religion  soient  au  premier  rang  de  ceux  qui  protestent. 
Le  p.  Gatterer  n'a  pas  de  peine  à  montrer  la  sagesse  de  la  décision  pon- 
tificale, qui  ne  -supprime  pas  les  jours  fériés,  mais  qui,  en  supprimant 
l'oblij^ation  qui  y  était  attachée,  diminue  les  occasions  de  violer  cette 
obligation  et  invite  les  fidèles  à  un  respect  plus  exact  du  repos  du  diman- 
che et  des  autres  jours  fériés. 

Italie. —  On  a  attribué  aux  premières  années  du  xi'^  siècle  la  rédaction 
des  Consuetudines  farfenses.  Dans  un  petit  mémoire  présenté  au  Congrès  du 
millénaire  de  Cluny  (Extrait  du  volume  du  Congrès  :  Note  sur  la  date  de 
rédaction  des  coutumes  de  Cluny  dites  de  Farfa.  Mâcon,  impr.  Protat,  1911, 
in-8  de  4  p.),  M.  Victor  Mortet  établit  que  ce  texte  monastique  a  été 
rédigé  entre  1039  et  1049  et  que  le  rédacteur,  le  moine  Jean,  du  monas- 
tère de  Saint-Sauveur  dans  les  Fouilles,  n'a  fait  que  transcrire  les  statuts 
clunisiens. 

—  M.  Paul  Vulliaud  a  «prononcé»  le  9  janvier  1911,  à  l'Univer- 
sité nouvelle  de  Bruxelles  et  au  cours  de  littérature  méditerranéenne  (?)  de 
M.  Canudo,  une  conférence  sur  l'Humanisme  au  xv^  siècle  italien  (Paris, 
Figuière,  1911,  in-16  de  31  p.).  Nous  n'avons  pas  compris  grand'chose 
à  ces  vues  nuageuses  exprimées  avec  grandiloquence.  (Est-ce  que,  vrai- 
ment, Nicolas  de  Cusa  «  domine  de  sa  lumière  immortelle  toute  la  pensée 
et  la  science  moderne  »?)  L'auteur  regrette  de  ne  pas  pouvoir  nous  con- 
duire «  au  sein  de  cette  science  cabalistique  ».  Cette  ligne  (p.  30)  suffit 
à  éclairer  le  vrai  sens  de  cette  br^ichure  esotérique. 

—  M.  Giorgio  del  Vecchio,  professeur  à  l'Université  de  Messine,  a 
fait  tirer  à  part  de  la  Cultura  contemp  iranea,  a.  II,  n°  4,  (Ortona  a  Mare 
officine  grafiche  V.  Bonanni,  1910,  in-8  de  7  p.)  un  compte  rendu  très 
sévère  qu'il  a  publié  sur  un  article  de  Rodari  Burlamachi  et  Bousseau, 
parudansla  Bivista  filosofica  en  i90S.  L'idée  d'étudier  l'influence  de  Bur- 
lamachi sir  Rousseau  était  excellente,  l'étude  est  manquée;  le  critique 
montre  que  M.  Rodari  a  étudié  les  détails  des  deux  œuvres,  mais  qu'il 
n'a  rien  compris  à  l'influence  générale  de  Burlamachi  sur  Rousseau. 
«  à  leur  po.silion  respective  et  à  leur  importance  historique;  rien  n'aiitnrise 
à  croire  que  Burlamachi  ait  eu  une  part  essentielle  et  prépondérante 
dans  la  formation  de  la  pensée  de  Rousseau  ».  La  cause  paraît  entendue 
et  la  thèse  de  Rodari  insoutenable. 

Chine.  —  Le  Calendrier- Annuaire  pour  1912  de  V Observatoire  de  Zi- 
ka-Wei  (Chang-Haï,   imp.    de  la  Mission  catholique;  1911.  .in-18  de  tv- 


—  177  ~ 

172  p.,  avec  30  planches,  dont  12  cartes  astronomiques  et  un  appendice 
de  71  p.),  construit  sur  le  même  plan  que  ceux  des  neuf  années  précé- 
dentes, diffère  par  un  certain  nombre  de' détails  de  celui  de  1911.  (Voir 
Polybiblion  de  juillet  1911,  t.  CXXII,  p.  921.  Ainsi  n'y  figi  rent  plis  les 
bureaux  de  poste,  les  obserx-ations  pluviométriqi  es  et  les  chemins  de  fer 
de  l'ex-Céleste  Empire.  En  revanche,  on  y  a  ajouté,  concernant  2 i-ka-M'eï, 
les  éléments  magnétiques,  la  description  du  Jardin  botanique  de  cette 
localité  et  la  mesure  de  la  variabilité  annuelle,  diurne  et  semidiurne  de 
rinsolati'>n.  La  visibilité  au  sommet  de  la  coline  Zô-Sè  où  s'élève  l'ob- 
servatoire; une  note  d'une  trentaine  de  pages  avec  vue,  plans  et  tableaux 
à  l'appui,  si  r  la  situation,  l'étendue  et  le  climat  de  N.-D.  des^Pins,  rési- 
dence centrale  de  la  mission  de  M.  ngolie  orientale  par  41o23'lat.  N.  et 
12()o2Ç)m  long.  E.  G.,  sont  au  nombre  des  innovations  apportées  au  Calen- 
drier-Annuaire de  1912.  Dansl'Appendioe,  relcons  également  des  tableaux 
donnant  la  longueur  de  l'ombre  à  midi  vrai,  suivant  les  I^itit^des,  et  la 
•  concordance  des  années  1804  à  1923,  ainsi  que  celle  des  lunes  et  des  mois, 
[je  Calendrier-  Annuaire  mentionne  l'éclipsé  de  soleil  du  17  avril,  invisible 
on  Chine,  une  autre  éclipse  du  même  astre,  du  19  octobre,  visible  seu- 
lement dans  l'hémisphère  sud,  et  deux  éclipses  partielles  de  lune. 

Brésil.  —  Nombreux  sont  les  articles  vraiment  intéressants  groupés 
dans  le  tome  XV  (1910)  de  la  Revista  da  Academia  Cearense  (Cearà- 
l'ortale'.a, .  typ.  Minerva,  1910,  in-8  de  229  p.);  nous  n'en  signalerons 
(pie  quelques-uns.  C'est  une  nouvelle  série  de  dates  et  de  faits  relatifs  à 
r  histoire  de  Cearâ,  classés  dans  l'ordre  chronologique  par  le  baron  de 
Studart  de  1638  à  1700,  et,  du  même  auteur  dans  un  tout  aiître  genre, 
nue  bien  curie  se  collection  d'usages  et  superstitions  cearaises,  au  nom- 
bre de  335;  cette  publication,  qui  sera  continuée,  fera  la  joie  des  folk- 
Inristes.A  sigaaler,  au  point  de  vue  géographique,  les  deux  articles  du 
if  Moura  Brasil  sur  la  sécheresse  et  l'agriculture  en  Cearà  et  de  M.  Mil- 
ton  Underdos^n  S'ir  la  région  semi-aride  de  l'ouest  des  États-Unis.  Enfin, 
n'oublions  pas  de  dire  que  le  volume  s'ouvre  par  une  intéressante  notice 
du  baron  de  Vasconcellos  S'ir  les  rapports  du  duc  de  Palmeîla,  Dom 
Pedro  de  Souza  Holstein,  et  de  M^e  de  Staël. 

—  A  côté  de  ce  volume,  il  convient  de  mentionner  le  tome  LXXII  de  la 
Revista  do  Instituto  historico  e  geographico  brazileiro  pour  ''intérêt  des  étu- 
des qu'il  contient.  Études  en  grande  partie  régionales,  c'est-à-dire  bré- 
siliennes, et  dont  la  plupart  se  rapportent  à  l'histoire  de  la  géographie  du 
pa^s;  tel  est  le  cas  pour  le  travail  de  M.  Alfredo  de  Carva^ho  sur  ce 
I  globe- trotter  »du  xvii"  siècle  que  fut  François  Correal  et  sur  ses  impres- 
sions de  voyage  an  Brésil  entre  1685  et  1690,  —  pour  celui  de  M.  Or  -ille 
A.  Derbv  S"r  l'itinéraire  sui-i  en  1553  par  l'expédition  de  Francisco 
Bruza  de  Fsninhosa  jusqu'au  Fâo  Francisco,  —  pour  celui  de  M.  Eduardo 
Peixoto  intit"Jé  :  «  Sur  les  chemins  de  l'or  ».  A  côté  de  ces  intéressantes 
monographies,  faisons  une  place  à  part  an  journal  incomplet  d'un  voyage 
sur  le  haut  Nil  rédigé  en  français,  en  1876,  par  l'empereur  D.  Pedro  II 
et  traduit  en  portugais  par  le  Y)^  Affonso  d'Escragnolle  Taunav,  et  si- 
gnalons une  intéressante  notice  ethnographico-historique  sur  les  Malès, 
due  au  P.  Etienne  Ignace  Bra^'il,  une  biographie  de  José  Filiciano  Fer- 
nandes  Pinheiro,  comte  de  S.  Leopoldo,  le  premier  président  de  l'Institut 
historique  du  Brésil;  enfin  de  courtes  notes  sur  de  récentes  contributions 
à  la  cartographie  du  Brésil  (Rio  de  Janeiro,  imp.  nationale,  1910,  in-8 
de  441  p.,  1  carte  et  1  planche). 


I 


—  478  -« 

Publications  nouvelles.  —  Christus.  Manuel  d'histoire  des  religions, 
par  J.  Huby  (in-16,  cartonné,  Beauchesne).  —  Jésus  de  Nazareth,  histoire 
de  sa  vie  racontée  aux  enfants,  par  la  vénérée  Mère  Marie  Loyola,  pi  bliée 
par  le  R.  P.  Thurston;  trad.  française  par  M.  Bertha  (in-16,  \itte).  — 
Le  Discours  de  Jésus  sur  la  montagne,  par  l'abbé  S.  Garaber(ln-12,  Le- 
thielleux).  —  Palladius.  Histoire  lausiaque.  Vies  d''ascètes  et  de  Pères  du 
désert.  Texte  grec,  Introduction  et  trad.  française  par  A-  Lucot  (in-16. 
A.  picard  et  fils).  —  La  Sainte  Messe,  notes  sur  sa  liturgie,  par  D.  E- 
Vandeur  (in- 12,  Abbaye  de  Maredsous,  Belgique).  —  Le  Psalterium  hre- 
i'iari  romani  et  les  nouvelles  rubriques,  par  A.  Boudinhon  (in- 18,  Lethiel- 
leux).  —  Les  Meilleures  Pages  de  Lacordaire,  avec  Introduction  par  P. 
Agnius  (in-16,  Tourcoing,  Duvivier;  Paris.  Amat).  —  Œuvres  choisies 
oratoires  et  pastorales,  par  Mgr  Touchet.  T.  VII  et  VIII  (2  vol.  in-12,  Le- 
thielleux).  - —  La  Famille  chrétienne  et  la  Sainte  Famille.  Le  Manage 
chrétien,  par  V.  Vieille  (in- 18,  Vitte).  —  Allez  à  Marie,  par  l'auteir  des 
«  Paillettes  d'or  »  (petit  in-18,  Avignon,  Aubanel).  ■ —  Notre-Dame  d'Ars, 
ou  Méditations  sur  la  Sainte  Vierge,  tirées  des  écrits  et  de  la  vie  du  bienheu- 
reux J.-M.  Vianney,  par  l'abbé  H.  Convert  (in-32,  Vitte)  —  Conseils 
de  direction  spirituelle,  par  P.  Lejeune  (in-16,  Lethielleux).  —  Vivre  ou 
se  laisser  vivre?  Conseils  aux  jeunes  gens,  par  P.  Saint-Quay  (m-16,  Téqi  i). 

—  Les  Faux  Marchés  éi  terme  sur  marchandises  et  sur  valeurs  mobilières, 
ou  V Escroquerie  au  contrat  direct,  par  H.  Petellat  (in-16,  Librairie  géné- 
rale de  droit  et  de  jurisprudence).  —  Esquisse  d'une  philosophie  de  la 
nature,  par  A.  Joussain  (in-16,  Alcan).  —  Fragments  sur  l'histoire  de  la 
philosophie,  par  A.  Schopenhauer;  trad.  française  par  A.  Eietrich  (in-16, 
Alcan).  —  Le  Mirage  de  la  vertu,  par  A.  Ba^  et  (in-16,  Colin).  —  La 
Morale  républicaine^  par  F.  Martin  (in-8,  Alcan).  —  Pensées  des  autres, 
par  E.  Le  Berquier  (in-16.  Hachette).  —  Mon  Filleul  au  «  Jardin  d'en- 
fants »,  par  F.  Klein  (in-18.  Colin).  —  Billets  à  ma  filleule,  par  Berthem- 
Bontoux  (in-l(j,  Bloud).  —  Essqi  de  transformation  sociale.  Richesse  fictive 
ou  richesse  vermine.  Parasitisme  social,  par  J.-M.-L.  Reuta  (m-8,  Jouve). 

—  Les  Classes  moyennes,  étude  sur  le  parasitisme  social,  par  G.  Ceherme 
(in-16,  Perrin).  —  Les  Foyers  nouveaux,  par  le  D'  R.  ColMn  (in-16,  Bloi;d). 

—  La  Suisse  au  xx®  siècle,  étude  écononiiq  is  et  sociale,  par  P.  Clerget. 
2^  éd.  revue,  mise  à  jour  et  augmentée  (in-18,  Colin).  —  Les  Abeilles  et 
leurs  ruches,  par  P.  Lemaire  (in-16,  Bloud).  —  I^a  Question  agraire  et 
le  Socialisme  en  France,  par  Compère-Morel  (in-8,  Rivière),  —  L'Idée  de 
Dieu  dans  les  sciences  contemporaines.  Les  Merveilles  du  corps  humain, 
par  les  D''»  L.  et  P.  Murât  (in-16,  Téqui).  —  La  Cellule,  son  origine,  par  le 
D''  abbé  Maumus(gr.  in-8  à2  col.  Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  L'Evo- 
lution de  la  France'  agricole,  par  II.  Augé-Laribé  (in-18.  Colin).  —  Ana- 
tomie  et  physiologie  végétales,  par  L.-J.  E  albis  (in- "12,  cartonné,  J.  de 
Gigord).  —  Trigonométrie,  classes  de  première  C.  D.  et  de  mathématiques 
A.  B.,  par  P.  Camman  et  A.  Grignon  (in-16,  cartonné,  J.  de  Gigord).  — 
Volcans  et  tremblements  de  terre,  par  A.  de  Lapparent  (in-8,  Bloud).  — 
Idées  et  commentaires,  de  J.-J.  Nin  (in-4,  Fischbacher).  —  Introduction 
à  l'esthétique,  par  Ch.  Lalo  (in-18,  A.  Colin).  —  Le  Charme  d^  Florence, 
par  M.  Brillant  (in-16,  Bloud).  ■ —  Documents  inédits  sur  le  *  Faust  )^  de 
Gounod,  par  A.  Soubies  et  H.  de  Curion  (gr.  in-8,  Fischbacher).  — 
Grammaire  de  la  diction  française,  par  G.  Le  Roy  (in-18,  cartonné,  Pela- 
plane).  —  De  l'Enseignement  du  français,  par  E.  Bouchendliomme  (in-18, 
Colin).  ■ —   Poètes  français.   Première  Anthologie  d<f  la  Renaissance  contrm- 


-  479  — 

poraine  (gr.  in-8,  «  La  Renaissance  contemporaine  »).  —  Mes  Dernières 
Fleurs,  par  J.  Bellanger  (in-16,  Lemerre).  —  Quelques  vers,  par  H.  Thé- 
denat  (petit  in-8,  JouveK  —  Vers  Dieu;  la  nature,  Vamour,  la  douleur, 
la  foi,  par  A.  Passant  (in-16,  Jouve).  —  Heures  de  France  et  d'exil,  par 
A.  Do.>sié  (petit  in-8,  Jouve).  - —  Les  Alouettes,  par  T.  Botrel  (in-16, 
Bloud).  —  Au  cœur  de  Vidée,  par  R.  Jacquet  (in-16,  Bloud).  —  Le  Poème 
de  ma  vie.  2^  partie.  Ma  Philosophie,  par  L.  Duc  (in-16:  imp.  libr.  de 
"  La  Prt  vil. ce  »).  —  Et  V Amour  dispose,  par  A.  Alanic  '|in-16,  Plon-Kourrit). 
—  Les  Petites  Ama,  par  H.  de  Vismes  (in-16,  Plon-NourritK  —  Le  Ter- 
roriste, parM""^  V.  Dmitriev;  trad.  du  russe  par  G.  Savitch  et  E.  Jaubert 
(in-16,  Plon-Nourrit).  —  U Imperturbable  Silence,  récit  d'un  infirme,  par  G. 
Stenger  (ni-16,  Perrin).  —  Dans  le  désert,  par  G.  Deledda:  trad.  de  l'ita- 
lien par  M.  Hebs  (in-16,  Hachette).  —  Contes  provençaux,  dar  J.  Rou- 
manille,  texte  provenra'  et  trad.  française  'in-16,  carré,  Bloud).  —  Contes 
sur  vdin,  par  Pierre-Gauthiez  (in-16,  Bloud).  —  Sur  les  tôles  blondes, 
par  G.  de  Las  (in-ir;,  LethielleuxK  —  La  Lune  rousse,  par  ChanapoJ 
(in-12  cartonné.  Tours,  Marne).  - —  Fille  de  Chouans,  par  M.  Delly  (in-18, 
Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  La  Maîtresse  de  piano,  par  F.  O'Noll 
(in-18,  Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  Sous  les  palmes  de  Bénarès,  par 
M.  Afïre  (in-18,  Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  Chroniques  de  la  Vendée 
militaire.  Les  Aventures  du  bonhomme  Quatorze,  par  A  de  Brem  (in-16. 
Tours,  Cattier).  —  Pages  de  critique  et  de  doctrine,  par  P.  Bourget  (2  vol. 
in-16,  Plon-Nourrit).  • —  La  Vérité  psychologique  et  morale  dans  les  romans 
dp  M.  P.  Bourget,  par  F.-J.  Lardeur  (in-16,  Fontemoingl.  —  Les  Trou- 
badours cantaliens,  xn^-xx®  siècles,  par  le  duc  de  la  Salle  de  Rochemaure 
(2  volumes  in-16  carré,  Bloud).  —  Vlmitation  espagnole  en  France.  Le-i 
Modèles  castillans  de  nos  grands  écrivains  français,  études  et  analyse,  par 
l'abbé  G.  Bernard  (in-16,  Tourcoing,  Duvivier-  Paris,  Ficker).  —  Quelques 
auteurs  et  quelques  pièces,  essai  de  critique  dramatique,  par  C.-M.  Noël 
(in-16,  Messein).  —  A  travers  V  Afrique,  par  le  Meut. -colonel  Baratier  (in-16. 
Perrin).  —  Souvenirs  de  famille.  Voyages.  Agriculture  (1175-1912),  par 
Regnault  de  Beaucaron  (2  vol.  in-8,  Plon-Nourritl  —  Histoire  de  Vln- 
quisition  en  France,  par  T.  de  Cauzons.  T.  II  (in-8,  Bloud).  ■ —  Les  Par- 
lementaires français  au  xvi*^  siècle.  T.  II.  fasc  II.  Parlement  de  Toulouse, 
par  F.  ^  indrv  (in-8,  Champion).  —  Correspondance  du  chevalier  de  Srvigné 
et  de  Christine  de  France,  duchesse  de  Savoie^  publiée  pour  la  Société  de 
V histoire  de  France,  par  J.  Lemoine  et  F.  Saulnier  ^in-8,  Laurens).  — 
Histoire  des  relations  de  la  Russie  avec  la  Chine  sous  Pierre  le  Grand 
(1689-1730),  par  G.  Cahen  (in-8,  Alcan).  —  Le  Livre  de  comptes  de  la  caravane 
russe  à  Pékin  en  1727-1728,  texte,  trad.,  commentaire  par  G.  Cahen  (in-8, 
Alcan).- — Le  Procès  du  Neuf  Thermidor,  par  A.  Godard  (in-16,  Bloud)  — 
L'Intervention  de  l  Autriche  {décembre  I8i2-mai  1813),  parle  V**'  J.  d'Ussel 
nn-8,  Plon-NourritK  ■ —  Lettres  et  documents  pour  servir  à  Vhistoire  de 
Joachim  Murât  \']61-\815,  publiés  par  S.  A.  le  prince  Murât.  T  VI  (in-8, 
Plon-Noirrit^  —  Les  Etats-Unis  de  1789  à  1912,  par  L.  Cons  (in-16 
Nouvelle  Librairie  nationale).  —  Chateaubriand,  par  J.  Lemaître  (in-18, 
Calmann-Lé  -y).  —  L'Expérience  religieuse  de  Chateaubriand,  par  A.  Pons 
(in-12,  Lethielleux).  —  Trots  idées  politiques.  Chateaubriand,  Michelet, 
Sainte  Beuve,  par  C.  Maurras  (petit  in-8.  Champion).  —  Le  Maréchal 
Niel  (1802-1869),  par  le  com<  J.  de  la  Tour  (in-12.  Chapelet).  —  Feuil- 
lets de  la  vie  militaire  sous  le  second  Empire,  1855-1870,  par  le  marquis 
de  la  Tour  du  Pin  la  Charce(in-8,  "Nouvelle  Librairie  nationale).  —  Saint- 


—  480  — 

Gilles,  sa  légende,  son  abbaye,  ses  coutumes,  par  J.  Charles-Roux  (in-16 
carré,  Bloud).  —  Aux  Portes  de  Paris,  par  C.  Leroux-Cesbron  (petit  in-8, 
Émile-Paul).  —  Le  Miracle  permanent  d' Andria.  Une  grosse  Epine  de  la 
couronne  du  Christ  rougissante  de  sang  et  fewissante,  par  L.  Cavène  (gr. 
in  8,  Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  U Abbé  Beraud,  ancien  curé  de 
Blanzy  et  de  Montccau-les- Mines,  fondateur  d^ orphelinats,  par  l'abbé  J.-B. 
Cbaillet  (in-12,  Vitte).  • — ■  Autour  des  directions  de  Pie  X.  Un  Episode 
personnel,  par  J.  Rocafort  (in  12,  Victorien).  — ■  L'Ignorance  religieuse  au 
xx^  siècle.  Faits.  Causes.  Conséquences.  Remèdes,  par  l'abbé  E.  Terrasse 
(in-12,  Lethielleux)  —  Le  Patriotisme  en  France  et  à  V étranger,  par  P 
Pilant  (in-16,  Perrin).  —  5'owpenirs,  par  E.  Lavisse  (in-18,  Calmann-Lévy). 
r—  Une  Educairice.  M'ie  Dissard,  par  M.  Mayet  (in-16  Vitte).  —  Paleo- 
grafia  greca  e  latina,  di  E.  M.  Thompson  ;  trad  dall'inglese  con 
aggiunte  e  note  di  G.  Fumagalli  (petit  in-16  cartonné,  Mi^ano,  Hoepii).  — 
Bibliographie  lorraine  (1910-1911).  Revue  du  mouvement  inteVectuel,  artis 
tique  et  économique  de  la  région  (in-8.  Berger-Levrault).  Visenot. 


Le  Gérant  :  CHAPUIS. 


Imprimerie  polyglotte  Fb.  Simon.  Rennes. 


I 


POLYBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 


JURISPRUDENCE 

Dr.oiT  i;ivii..  —  1.  Traité  de  droit,  civil  comporî-,  par  Tlr.NF.ST  Roohin.  Les  Sun- 
cessions,  in.  La  Surcession  testamentaire.  Paris,  Librairie  jrénérale  de  droit  et 
de  jurisprudence,  1912,  in-8  de  111-560  p.,  10  fr.  —  2.  Étude  critique  de  la 
tutelle  des  mineurs  en  droit  comparé,  p;ir  R\oul  iie  i.a  GraS-Strif..  Pari?,  la- 
Lrairie  géru^ralp  de  dri)it  et  de  jurisprudence,  1912,  in-8  de  223  p.,  4  fr.  — 
3.  De  la  Commune  Renommée  dans  ses  rapports  aven  la  tl'éorie  des  preuves,  par 
MxuRiCF.  Picard.  Paris,  Librairie  générale  de  droit  el  de  jurisprudence,  1912, 
gr.  in-8  de  vu- 155  p.,  4  fr.  —  4.  Différends  et  procèt  entre  locataires,  par  Gas- 
ton Courtois.  Paris,  Garnier,  1911,  in-16  de  488  p.,  3  fr.  50.  —  :->.  Les  Droits 
de  la  famme,  par  Marcueritf.  Martin.  Pari?,  Marcel  Rivinre,  1912,  in-12  de 
131  p.,  2  fr.  —  6.  La  Femme  en  ftoumanic,  sa  condition  juridique  et  sociale 
dans  le  passé  et  le  présent,  par  Aif.xandrk  A.  C.  Stourdïa.  Paris,  Giard  et 
Brière,  1911,  in-16  de  158  p.,  2  fr.  50.  —  7.  L'Évolution  et  la  femme,  par 
M'""  Lydif.  Mautiai..  Pari?,  Giard  et  Brière,  1911,  gr.  in-8  de  31  p.,  1  fr.  50, 
—  8.  Comment,  avec  la  loi,  la  femme  peut  protéger  ses  biens,  sa  fortune,  son 
lihre  salaire,  les  produits  de  son  travail,  ses  épargnes,  sa  famille,  manuel  popu- 
laire par  Camili.f  GriLi.AîtD.  Paris,  Oiird  et  Bricre,  1911,  in-8  de  i'IS  p., 
1  fr.   7". 

Droit  commercial  f.t  maritime.  —  9.  Les  Lois  commerciales  de  Punivers,  com- 
prenant l'ensemble  des  te  ctes  relatifs  au  droit  commercial,  aven  références  au  droit 
civil,  aux  lois  d'organisation  iudiciaire  et  à  la  orocédure  ;  textes  originaux  et 
commentaires  avec  traduction  franrai<;e  en  regard,  par  de  nombreux  collaborateurs 
de  tous  pays.  Élitiim  française  sou?  la  direction  de  Chari.es  Lyo\-Caen, 
Paui,  C.arpentier,  Fernamd  Dacuin  et  Henri  Pivudhomme.  t.  IV.  5n:.ç(/,  par 
Rodrigo  Octawo  de  La^gcard  Menezes.  Traduction  française  p:ir  Paui. 
GouLF.  T.  VI.  Chili,  Paraguaii,  par  .IuLio  Puilippi,  Arturo  Fernando  Pra- 
DEL,  A.  ScHULEu.  Trad.  franc,  par  Paul  Goulf  et  Henri  Prudhomme.  ï. 
XXIII.  Suède,  Norvège,  pir  Adolf  \srR0M,  Edward  H'amhro,  Erns  Kallen- 
ber:;.  Trad.  franc,  p.ar  L.  Beauchet.  T.  XXIV.  Dancnarl-,  par  Kri.and  Tyi;- 
jK.R(i.  Trad.  franc,  par  l..  Beauchet.  T.  XXV.  Scandinavie,  par  Adolf  As- 
trom,  Edwapd  Hambro,  Erl\nd  TyBjERG.  Trad.  franc,  par  L.  Beauchet. 
T.  XXVIII.  L'at/s-has,  Colonies  néerlandaises,  par  Martinus  Van  Regteren- 
Altena,  Fr.  Cornelis  Hekmeyer.  Trad.  franc,  par  H.  de  Hoon,  F.  de  Pel- 
semacker,  Louis  Dosfel.  T.  XXXV.  Russie,  Pologne,  par  H.-O.  Klibanski, 
0-Ja.  Pergamainte,  A.-V.  Invadikij.  Trad.  franc,  par  P.  M\liieux.  Paris, 
Librairie  générale  de  droit  et  de  jurisprudence,  1911,  7  vol.  gr.  in-8  de  242, 
216  +  32,  xYi-171  +  206,  186,  252  et  167  +  148  p.  Prix  de  sous- 
cription à  l'ouvrage  complet  :  broché  1720  fr.,  relié  1800  fr.  ;  chaque  vol.  sépa- 
rément: broché  52  fr.,  relié  55  fr.  —  10.  Des  Sociétés  commerciales,  guide  pra- 
tique et  formulaire,  par  A.  Pottier.  2'^  éd.,  Paris,  Librairie  générale  de  droit 
et  de  jurisprudence,  1912,  gr.  in-8  de  574  p.,  12  fr.  —  11.  Traité  de  droit  mari- 
time, par  Daniel  Dan.ion.  T.  II.  Capitaines,  responsabilités,  affrètement.  Paris, 
Librairie  générale  de  droit  et  de  jurisprudence,   1912,  in-8  de   797  p.,  9  fr. 

Droit  pénal.  — •  12.  Traité  de  droit  pénal  allemand,  par  le  D""  Franz  von  Liszt; 
trad.  par  René  Lobstein.  T.  I.  Introduction.  Partie  générale.  Paris,  Giard  et 
Bri''-re,  1911,  in-8  de  xiv-447  p.,  10  fr.  —  13.  Principios  fundamentales  del 
derecho  pénal,  por  el  P.  Victor  Cathrein.  Traducido  del  aleman  por  el  P. 
JosÉ-M»  S.  DE  Tejada.  Barcelona,  Giistavo  Gili,  1911,  in-12  de  276  p.,  3  fr. 
— ■  14.  Le  Fondement  de  la  responsabilité  pénale,  par  Henri  LTrtin.  Paris,  Alcan, 
1911,   in-y   de    105   p.,  2.  fr.  50. 

Juin   1912.  T.  CXXIV.  31» 


—  482  — 

Droit  m'hlic.  et  fiscal.  —  15.  De  la  l  onction  et  dcx  jui idicltoiis  de  cassation 
en  Icsi.^'ation  comparée,  par  Raoll  de  la  Gr.AssicniF..  Paris.  Librairie  générale 
de  droit  et  de  jurisprudence,  l'JlI,  in-8  de  130  p.,  3  fr.  —  ir..  Le  Statut  des 
iùnctionnaires.  L'Ai-ancement.  son  organisation,  ses  sarant/cs,  |);ir  Charles  OroR- 
oiN.  Paris,  Librairie  générale  de  droit  et  de  juri^tirudence.  1912,  gr.  in-8  de 
930  p.,  15  fr.  —  i'j.  Manuel- iorniulaire  de  l'eniegi.^tiement,  des  domaines  et  du 
timbre,  suivi  d'un  précis  de  manutention  et  de  coDijitabilitc,  par  Jules  Castillon. 
f)'  éd.  Paris,  Librairie  générale  de  droit  et  de  .jurisprudence,  1912,  gr.  in-8  de 
1038  p. ,12rr.  —  18.  Les  Cojfres-iorts  et  le  fisr,  p,(V  c.n.  Ij.scqur.  Paris,  Blond, 
1911,  in- 11)  de   'i25  p.,  3  fr.   50. 

Droit  civil.  —  1.  —  L'étude  du  droit  civil  comparé,  présentée 
dans  l'ordre  systématique  des  questions  et  des  solutions,  est  une 
science  qu'on  peut  dire  à  son  début,  juiisqu'elle  n'a  encore  été 
professée  avec  quelque  ampleur  que  par  un  savant  maître  de  1  Uni- 
versité de  Lausanne,  M.  Ernest  Roguin.  Elle  pourrait  remplir 
facilement  de  très  nombreux  volumes.  M.  Hogiiiu  en  a  déjà  consa- 
cré un  a\l^  Mariage,  un  autre  au  Régintr  inairimonial,  deux  aux 
Successions  ab  intestat.  Abordant  maintenant,  après  une  interruption 
de  trois  ans,  la  matière  de  la  Succession  testamentaire,  il  estime 
que  trois  nouveaux  volumes  lui  seront  nécessaires  pour  traiter  ce 
sujet.  Le  premier  tome  qui  vient  de  paraitie  (l'auteur  annonce 
d'ailleurs  que  les  deux  autres  le  suivront  de  près)  contient  tout 
d'abord  un  aperçu  liistorique  sur  les  formes  primitives  de  la  trans- 
mission volontaire  de  l'héritage,  adoption,  mancipation  romaine, 
treuhand  germanique,  thinx  lombard,  affatomie  franque,  puis  une 
assez  longue  étude  sur  les  origines  et  le  di-veloppcment  du  testa- 
ment à  Rome.  M.  Roguin  a  jugé  utile  de  résumer  ici  les  récentes 
controverses  de  quelques  professeurs  italiens,  français  et  allemands. 
Sans  méconnaître  Timportance  considérable  du  droit  romain  en 
matière  de  testament,  il  nous  paraît  que  la  question  de  savoir  à 
quelle  époque  précise  le  testament  per  œs  et  librdni  naquit  de  la 
mancipation  n'intéresse  que  très  indirectement  le  droit  comparé. 
S'étant  attardé  un  peu  trop,  à  notre  avis,  sur  ce  problème  archaï- 
que, M.  Roguin  ne  dit  absolument  rien  de  l'évolution  du  testament 
au  moyen  âge  et  dans  les  derniers  siècles,  sujet  qui,  pourtant,  au- 
rait mieux  mérité  de  fixer  son  attGnti(in  qiie  la  vieille  loi  des 
Douze  Tables.  Il  passe  immédiatement  à  l'examen  des  règles  mo- 
dernes sur  le  droit  ou  la  capacité  de  disposer  ou  de  recevoir  par 
testament.  Comme  nous  avons  pu  déjà  le  lemarquer  en  rendant 
compte  de  ses  précédents  volumes,  l'éminent  professeur,  bien  que 
protestant,  a  l'esprit  trop  élevé  et  trop  juridique  pour  se  laisser 
aller  aux  prnjugés  anticléricaux  contre  la  mainmorte  et  les  congré- 
gations. Il  constate  que  les  incapacités  dont  la  loi  française  de 
1901  a  frappé  les  congréganistes  n'ont  été  que  des  procédés  dé- 
tournés et   peu  loyaux   de   confiscation.  Pour   (fudicr    les   diverses 


-  483  - 

formes  de  testament  admises  par  les  législations  actuelles,  M.  Ro- 
guin  classe  les  systèmes  législatifs  en  commençant  par  les  plus 
rigides  et  en  finissant  par  les  plus  perfectionnés.  11  cite  d'abora 
les  lois  qui  ne  connaissent  qu'une  ou  plusieurs  formes  emportant 
une  certaine  divulgation  du  contenu  du  testament.  Il  énumère 
ensuite  les  codes  qui  comportent  les  formes  mystiques,  ayant  pour 
efîet  d'assurer  le  secret  de  l'acte.  Puis  viennent  les  systèmes  légis- 
latifs caractérisés  par  l'existence  du  testament  olographe  et,  enfin, 
les  deux  seules  législations,  celles  de  l'Autriche  et  de  la  Louisiane, 
qui  consacrent  chacune  toutes  les  principales  formes  modernep  du 
testament.  Deux  conclusions  résultent  de  cette  étude  :  l'une  est 
l'extension  du  testament  olographe,  qui  a  fini  notamment  par  être 
admis  dans  le  code  allemand  et  que  le  code  suisse  a  généralisé 
dans  toute  la  Confédération;  l'autre,  moins  accentuée  toutefois^ 
est  le  progrès  de  l'acte  public  notarié,  qui  a  été  introduit  on  Au- 
triche en  1871  et  qui  est  aussi  une  des  deux  formes  publiques 
autorisées  par  le  code  allemand.  Notre  code  français  aurait  encore 
plus  d'un  progrès  à  faire  dans  l'atténuation  de  certains  excès  de 
formalisme.  Ainsi  le  code  civil  suisse  a  sagement  agi  en  n'exigeant 
pas  une  dictée  de  la  part  du  testateur,  en  se  bornant  à  prescrire 
que  le  disposant  «  indique  ses  volontés  à  l'officier  public  ».  Il  con- 
viendrait aussi  de  renoncer  à  ce  long  cortège  de  témoins  appelés 
en  certains  cas  et  qui  n'est  qu'une  survivance  malheureuse  du 
droit  romain.  M.  Roguin  traite  encore,  dans  le  présent  volume, 
du  contenu  des  testaments,  c'est-à-dire  des  diverses  dispositions 
qui  peuvent  s'y  rencontrer  :  dispositions  générales  ou  legs  univer- 
sels   et    à    titre  universel    et    dispositions  à  titre  particulier. 

2.  —  U Etude  critique  sur  la  tutelle  des  mineurs  en  droit  comparé, 
par  M.  Raoul  de  la  Grasserie,  n'est  pas  seulement  un  résumé  des 
législations  sur  la  tutelle;  c'est  aussi  un  examen  approfondi  des 
différents  systèmes  de  protection  des  mineurs,  et  cette  numogra- 
phie  est  d'autant  plus  intéressante  qu'elle  émane  d'un  jurisconsulte 
qui,  dans  l'exercice  des  fonctions  judiciaires,  a  pu  apprécier  le  fort 
et  le  faible  de  nos  lois  en  cette  matière.  Dans  une  première  })artie, 
M.  de  la  Grasserie  expose  les  législations,  y  compris  le  code  fran- 
çais, dans  leurs  dispositions  essentielles;  il  les  classe  suivant  leurs 
affinités,  principalement  ethniques.  Ce  sont  d'abord  le  droit  romain, 
auquel  toutes  ont  emprunté  quelque  chose,  puis  le  groupe  des 
législations  néo-latines,  le  groupe  germanique,  le  groupe  anglo- 
américain  et  le  groupe  slave.  Cette  constatation  faite,  il  comjîare, 
dans  une  seconde  partie,  ces  diverses  législations,  en  fait  ressortir 
les  ressemblances  et  les  différences  et  essaie  d'en  déduire  des  prin- 
cipes directeurs.  Dans   la   dernière   partie,    il  soumet    à   une  étude 


—  484  — 

critique  la  loi  française,  en  signale  les  défauts  et  les  lacunes,  et 
recherche  les  améliorations  à  y  apporter.  Il  montre  la  nécessité 
qu'il  y  aurait  de  protéger  plus  efficacement  les  mineurs  à  l'égard 
des  tiers,  à  l'égard  du  tuteur  et  à  l'égard  d'eux-mêmes.  Le  moyen 
d'obtenir  ce  résultat  serait,  suivant  lui,  de  combiner  l'organisation 
de  la  tutelle  propre  aux  peuples  latins,  caractérisée  notamment 
par  le  conseil  de  famille  et  le  subrogé-tuteur,  avec  l'institution 
d'une  autorité  tutélaire  indépendante  de  la  famille,  comme  celle 
qu'ont  adoptée  les  peuples  germaniques.  Le  code  devrait  édicter 
que  le  subrogé-tuteur  recevra  périodiquement  les  comptes  du 
tuteur  et  les  contrôlera;  que  certains  actes  graves  et  préalable- 
ment autorisés  seront  faits  par  le  tuteur  et  le  subrogé-tuteur  réu- 
nis. Dans  l'état  actuel,  le  subrogé-tuteur  n'est  guère  qu'un  person- 
nage de  luxe.  Il  y  aurait  lieu  aussi  de  ne  laisser  toucher  par  le 
tuteur  que  les  revenus  du  mineur;  les  capitaux  devraient  être 
versés  directement  à  une  caisse  publique.  Enfin,  l'homologation 
des  décisions  du  conseil  de  famille,  dans  les  cas  où  elle  est  requise, 
devrait  être  donnée,  non  par  le  tribunal,  qui  est  rarement  à  même 
de  statuer  en  connaissance  de  cause,  mais  par  un  conseil  tutélaire, 
composé  d'hommes  compétents  et  qui  serait  chargé  de  surveiller 
et  de  contrôler  les  tutelles  de  sa  circonscription. 

3.  —  La  renaissance  des  études  philosophiques,  qui  s'affirme 
depuis  quelques  années,  ne  peut  manquer  d'avoir  un  retentisse- 
ment dans  le  domaine  du  droit.  Nous  croyons  en  trouver  l'indice 
dans  une  remarquable  dissertation  d'un  jeune  jurisconsulte,  M.  Mau- 
rice picard,  sur  la  Commune  Renommée  dans  ses  rapports  avec  la 
théorie  des  preuves.  On  sait  que  la  preuve  par  commune  renommée 
est  autorisée  exceptionnellement  par  la  loi  au  profit  de  la  femme 
commune,  lorsque  le  mari  n'a  pas  fait  inventaire  d'un  mobilier 
à  elle  échu;  au  profit  aussi  des  héritiers  de  l'époux  prédécédé, 
lorsque  l'époux  survivant  n'a  pas  fait  constater  par  inventaire  la 
consistance  des  effets  communs.  Cette  preuve  exorbitante  est  une 
sorte  de  sanction  de  l'obligation  de  faire  inventaire.  En  pratique, 
elle  est  peu  fréquente.  L'analyse  à  laquelle  M.  Maurice  Picard  l'a 
soumise  est  intéressante  surtout  par  les  recherches  auxquelles  elle 
l'a  conduit  sur  les  différents  moyens  de  preuve  judiciaire.  M.  Picard 
montre  que  presque  toujours  le  juge  doit  se  contenter,  pour  former 
sa  conviction,  d'une  simple  probabilité.  Rarement,  le  fait  même  sur 
lequel  porte  le  débat  peut  être  établi  par  une  preuve  directe.  Lie 
caractère  distinctif  de  la  preuve  par  commune  renommée  n'est  pas 
d'être  une  preuve  indire(îte;  c'est  plutôt  d'être  une  preuve  tirée 
de  l'opinion  publique.  En  cela  elle  est  très  exceptionnelle,  car  gé- 
néralement il  est  interdit  au  juge  de  se  baser  sur  l'opinion,  dont 
la  force'  probante    est    presque  toujours    très  douteuse. 


—  485  — . 

4.  —  L'hostilité  entre  propriétaires  et  locataires  est,  pour  ainsi 
dire,  à  l'état  permanent.  Mais  l'accord  ne  règne  pas  toujours  non 
plus  entre  les  occupants  d'un  même  immeuble.  Nombreuses  et  piême 
innombrables  sont  les  occasions  de  conflits  entre  voisins  du  palier  ou  de 
l'étage.  D'une  discussion  à  un  procès  il  n'y  a  qu'un  pas,  et  ce  pas  est 
souvent  franchi.  C'est  aux  affaires  de  ce  genre,  dont  quelques-unes  sont 
très  amusantes,  que  M.  Gaston  Courtois,  avocat  à  la  Cour  d'appel,  a 
consacré  un  volume,  intitulé  :  Différends  et  procès  entre  locataires. 
Il  y  passe  en  revue  les  causes  diverses  de  ces  conflits,  telles  que 
les  bruits  insolites,  les  infiltrations  d'eau,  l'abus  de  la  musique, 
les  mauvaises  odeurs,  les  méfaits  des  animaux,  la  méchanceté  des 
concierges  et  des  domestiques,  la  vie  scandaleuse  de  certaines  per- 
sonnes, les  infractions  à  la  clause  d'habitation  bourgeoise,  l'intro- 
duction dans  une  même  maison  de  locataires  ex(Vçant  des  profes- 
sions similaires,  l'emplacement  des  enseignes  sur  les  façades,  etc. 
Sur  toutes  ces  questions,  il  y  a  des  jugements  de  juges  de  paix  et 
de  tribunaux,  des  arrêts  de  Cours  d'appel  et  aussi  des  arrêts  de  la 
Cour  de  cassation.  M.  Gaston  Courtois  a  relevé  avec  soin  toutes 
ces  décisions;  il  les  commente  et  en  dégage  les  règles  qui  les  ont 
inspirées.  Son  livre  est  un  vrai  manuel  des  propriétaires  et  des 
locataires,    sans  parler  des   concierges   qui  trouveraient   bien   aussi 

quelque  chose  à  y  apprendre. 

5.  —  Et  maintenant  nous  signalerons  • —  brièvement  —  quelques 
petits  ouvrages  sur  un  sujet  qui  reste  à  l'ordre  du  jour  et  continue 
de  passionner  bien  des  cœurs  sensibles:  la  condition  juridique  des 
femmes.  —  Voici  d'abord  un  nouveau  manifeste  féministe  :  Les 
Droits  de  la  femme,  par  M"ie  Marguerite  Martin. L'auteur  y  exprime, 
non  sans  éloquence,  les  revendications  du  féminisme  et  aussi  ses 
illusions.  Que  l'on  supprime  l'article  du  code  qui  dit  que  la  femme 
doit  obéissance  à  son  mari,  et  alors  tout  ira  bien  dans  le  mariage. 
Que  l'on  accorde  le  droit  de  vote  aux  femmes,  et  tout  ira  bien 
dans  la  nation.  Cet  excès  de  confiance  étonne  d'autant  plus  de  la 
part  de  M""^  Marguerite  Martin  qu'elle  est  bien,  elle-même,  un 
peu  «  misogyne  ».  Voici,  par  exemple,  ce  qu'elle  dit  des  personnes 
de  son  sexe  sur  un  chapitre  qui  n'est  pas  celui  qui  les  touche  le 
moins  :  c.  Leur  toilette  est  un  défi  jeté  aux  lois  les  plus  élémen- 
taires de  l'hygiène,  de  l'esthétique  et  parfois  même  de  la  morale. 
Elles  font  percer  leurs  oreilles  pour  y  suspendre  des  objets  qui 
brillent;  elles  surchargent  leurs  membres  de  bijoux,  souvent  aiïreux, 
qui  n'ont  pas  d'autre  mérite  que  de  coûter. fort  cher;  elles  com- 
priment leur  corps  dans  un  corset  trop  étroit,  leurs  pieds  dans  des 
bottines  ridiculement  longues  et  pointues,  etc.  »  Tout  cela  est-il 
encore  la  faute  du  code?...  Soyons  sérieux.  Le  féminisme  de  M™^ 


—   \SCy    — 

Marguerite  Martin  l'ost,  du  reste,  plus  qu'il  ne  paraît;  c'est  le  fé- 
minisni'''  laïque,  qui  a  partie  liée  avec  le  socialisme  et  qui  compte 
sur  le  syndicalisme  pour  arriver  à  ses  fins.  Avis  aux  âmes  candides 
qui  se   plaisent  à  flirter  avec  lui. 

6.  —  Dans  son  livre  :  La  Femme  en  Roumanie,  M.  Alexandre 
Stourdza  sacrifie,  lui  aussi,  à  la  mode  féministe.  Il  fait  d'abord  un 
tableau  assez  noir  de  la  condition  ancienne  des  femmes  roumaines: 
«  une  soumission  aveugle  au  mari,  aucune  vie  intellectuelle  ».  Mais, 
parlant  des  femmes  françaises  d'avant  1789,  M.  Stourdza  ne  les 
suppose  pas  moins  déshéritées  :  «  L'éducation  des  femmes  était 
nulle;  comme  conséquence  nécessaire,  leur  position  dans  la  cité 
était  retombée  au  plus  bas  degré;  elles  y  occupaient  la  place  qtie 
leur  assignaient  dans  l'antiquité  les  civilisations  de  la  Grèce  et  de 
l'Orient...  Presque  tous  les  métiers  leur  étaient  fermés  ».  Quand 
on  comprend  l'histoire  de  cette  façon,  on  ne  peut  manquer  de  glo- 
rifier 89  et  même  le  code  civil"  En  ce  qui  concerne  les  droits  tle 
la  femme,  le  code  roumain  de  1865  ne  diffère  pas  du  code  Tran- 
çais.  Aujourd'hui  donc,  la  femme,  en  Roumanie,  peut  acquérir  une 
instruction,  une  éducation,  un  métier  égaux  à  ceux  des  hommes; 
elle  peut  exercer  quelques  professions  libérales,  excepté  celles  d'a- 
vocat, de  magistrat,  la  carrière  militaire  ou  diplomatique;  elle  a 
le  droit  personnel  du  produit  de  son  travail,  sauf  le  cas  où  elle 
est  mariée...  M!  Stourdza,  tout  en  se  déclarant  partisan  de  tous 
les  articles  du  programme  féministe,  qu'il  fixe  à  douze,  comme 
ceux  du  Symbole,  se  montre  pourtant  modéré;  il  se  contenterait, 
pour  le  moment,  de  trois  améliorations  :  il  demande  que  la  femme 
mariée  ait  la  libre  disposition  de  ses  salaires;  que  les  femmes  puis- 
sent être  avocats  et  qu'elles  puissent  faire  partie  des  commissions 
d'arbitres  dans  les  corporations  d'arts  et  métiers. 

7.  —  Ces  revendications  modestes  ne  suffiraient  certainement  pas 
à  M'^^e  Lydie  Martial.  Dans  une  communication  sur  l'Évolution  de 
la  femme,  faite  à  la  Société  de  sociologie  de  Paris,  elle  proclame 
que  «  c'est  le  féminin  qui  porte  en  lui  la  puissance  libératrice  du 
couple  ».  Elle  pense  tout  autrement  que  M.  Stourdza  sur  les  femmes 
françaises  d'avant  1789  :  «  C'est,  dit-elle,  dans  les  salons  de  femmes 
supérieurement  élevées  et  cultivées  que  se  prépara  au  xyiu^  siècle 
l'ère  de  la  liberté  ».  '  Et  maintenant  la  femme  doit  avoir  conscience 
de  la  part  qu'elle  doit  prendre  dans  la  direction  des  affaires  muni- 
cipaleà  et  des  affaires  de  l'État.  «  L'ingérence  de  la  femme  doit  y 
faire  prévaloir  surtont  la  vérité  des  lois  de  la  ^ie  et  de  la  nature 
qui  ont  été  violées  jusqu'à  ce  jour,  justement  parce  qu'elle  n'avait 
pas  le  droit  de  les  faire  respecter.  Il  n'est  que  temps  que  la  femme 
apprenne  à  vouloir  qu'elles  le  soient  désoi'mais  ». 


—  487  ^ 

S".  —  Avec  M.  Camille  Gaillard,  nous  passons  à  un  féminisme 
moins  ambitieux,  mais  plus  pratique.  Comment,  avec  la  loi,  la  femme 
peut  protéger  ses  biens,  sa  fortune,  son  libre  salaire,  les  produits  de 
son  travail,  ses  épargnes,  sa  famille,  tel  est  le  titre  d'un  manuel 
populaire,  bien  conçu,  très  clair,  à  la  portée  de  tous  et  qui,  d'ailleurs, 
n'a  rien  d'hostile  pour  les  maris,  car,  comme  le  dit  M.  Gaillard,  «  sau 
vegarder  les  biens  de  la  femme,  c'est  consolider  l'une  des  bases 
les  plus  sérieuses  de  l'association  conjugale  pour  le  plus  grand 
avantage  de  la  famille  ».  L'auteur  explique  ce  qu'il  y  a  lieu  de 
faire  d'abord  avant  le  mariage,  en  quoi  un  contrat  de  mariage  peut 
être  utile,  quels  sont  les  avantages  et  les  inconvénients  des  dif- 
férents régimes  matrimoniaux.  Se  plaçant  ensuite  pendant  le  mariage, 
il  signale  les  dangers  auxquels  est  exposé  le  bien  de  la  femme  et 
indique  les  moyens  de  les  prévenir  ou  d'y  remédier.  Après  le  ma- 
riage, quand  la  communauté  est  dissoute,  la  femme  peut  avoir  aussi 
des  dispositions  à  prendre,  et  le  manuel  de  ^I.  Gaillard  ne  manque 
pas  de  l'en  avertir.  On  y  trouve  de  plus  d'excellents  conseils  sur 
l'opportunité  d£  constituer  un  bien  de  famille,  et  l'explication  de 
la  loi  du  13  juillet  1907  relative  aux  droits  de  la  femme  mariée 
sur  le  produit  de  son  travail. 

Droit  commercial  et  maritime.  —  9.  —  Sous  le  titre  :  Les 
Lois  commerciales  de  l'univers,  la  Librairie  générale  de  droit  et  de 
jurisprudence  a  commencé  de  publier  un  recueil  qui,  comme  son 
titre  l'indique,  doit  comprendre  l'enâemble  des  codes  et  des  lois 
qui  régissent  le  commerce  dans  tous  les  pays  civilisés.  Ce  recueil 
paraît  sous  la  direction  de  MM.  Ch.  Lyon-Caen,  membre  de  l'Ins- 
titut; Paul  Carpentier,  bâtonnier  des  avocats  de  Lille;  Fernand 
Daguin,  secrétaire  général  de  la  Société  de  législation  comparée, 
et  Henri  Prudhomme,  juge  au  tribunal  civil  de  Lille.  Les  lois  y 
sont  publiées  dans"  leur  langue  originale  et  avec  la  traduction 
française  en  regard.  Elles  sont  de  plus  expliquées  et  commentées 
par  des  Introductions  et  des  annotations  dont  les  auteurs  appar- 
tiennent généralement  à  la  même  nationalité  que  ces  lois.  L'ou- 
vrage sera  complet  en  40  volumes,  dont  7  ont  déjà  paru;  ce  sont 
les  tomes  IV.  Brésil;  VI.  Chili  et  Paraguay;  XXIII.  Suède  et  Nor- 
vège; XXIV.  Danemark;  XXV.  États  Scandinaves;  XXVIIÏ.  Pays- 
Bas  et  Colonies  néerlandaises;  XXXV.  Russie  et  Pologne;  XXXIX. 
Italie  et  Roumanie.  On  annonce  que  les  autres  volumes  suivront 
rapidement  et  que  l'ouvrage  sera  tenu  au  courant  par  des  supplé- 
ments annuels.  Une  publication  de  ce  genre  serait  utile  dans  toutes 
les  branches  du  droit;  elle  a  surtout  sa  raison  d'être  pour  le  droit 
commercial,  qui  est  la  partie  la  plus  internationale  du  droit  privé. 
Dans  la  savante,   mais  courte   Introduction  écrite  pour  ce  recueil 


—  488  — 

M.  Lyon-Caen  rappelle  que  les  lois  commerciales  se  sont,  pour  la 
plupart,  développées  dans  les  villes  d'Italie,  au  xi^  et  au  xii^  siè- 
cle. De  l'Italie  elles  se  répandirent  assez  rapidement  dans  les 
autres  pays  de  l'Europe,  parce  que  les  Italiens,  ou,  comme  on  disait 
autrefois,  les  Lombards,  se  rendaient  dans  les  grandes  foires  pour  y 
exercer  le  commerce  de  banque.  Les  règles  du  commerce  furent  ainsi 
à  peu  près  les  mêmes  partout  tant  qu'elles  ne  furent  pas  codifiées. 
C'est  plutôt  à  partir  de  leur  codification,  dont  la  France  a  donné 
l'exemple  au  xvii^  siècle,  que  des  diversités  s'y  sont  introduites. 
Les  avantages  considérables  que  présenterait  leur  uniformité  ont 
souvent  fait  émettre  le  vœu  de  l'adoption  d'un  code  de  commerce 
commun  à  tous  les  États.  Mais  c'est  là,  suivant  M.  Lyon-Caen, 
un  vœu  chimérique,  au  moins  pour  le  temps  présent.  «  Les  pré- 
jugés et  les  amours-propres  nationaux  sont  très  tenaces,  même  en 
des  matières  qui  ne  touchent  en  rien  aux  mœurs,  à  l'organisation 
de  la  famille  et  de  la*  propriété,  ni  à  la  religion  de  chaque  pays  ». 
A  défaut  de  ce  code  universel  irréalisable,  une  collection  comme 
celle  dont  il  s'agit  ici  permettra  aux  importateurs  et  aux  expor- 
tateurs, aux  armateurs,  aux  représentants  des  compagnies  de  navi- 
gation, à  tous  les  négociants  enfin  qui  ont  des  relations  à  l'étranger, 
de  connaître  exactement  les  dispositions  législatives,  les  coutumes, 
la  procédure  des  divers  pays  où  s'étendent  leurs  affaires;  elle  sera 
également  très  utile  aux  Chambres  de  commerce,  aux  juges  consu- 
laires, aux  hommes  de  loi,  à  tous  ceux  qui  ont  à  consulter  ou  à 
appliquer  les  lois  commerciales;  elle  pourra  enfin  grandement  con- 
tribuer au  progrès  du  droit,  en  procurant  aux  hommes  d'étude 
et  aux  législateurs  les  moyens  de  comparer  les  lois  des  différentes 
nations  et   de  travailler  à  leur  perfectionnement. 

10,  —  Les  sociétés  sont  aujourd'hui  le  principal  organisme  par 
lequel  se  développent  l'industrie  et  le  commerce;  elles  se  multi- 
plient de  plus  en  plus;  tous  les  jours  il  en  naît  de  nouvelles  et 
beaucoup  de  personnes  se  trouvent  ainsi  dans  la  nécessité  de  s'ini- 
tier à  leur  fonctionnement.  C'est  surtout  en  vue  des  gens  d'affaires 
peu  au  courtmt  du  droit  que  M.  Pottier  a  composé  son  traité 
Des  Sociétés  commerciales.  Nous  en  avons  déjà  signalé  la  première 
édition  (Voir  Polybiblion,  novembre  1906,  tome  CVII,p.  386)  et, 
comme  nous  l'avions  prévu,  le  public  a  fait  bon  accueil  à  ce  livre 
véritablement  pratique.  Après  avoir  exposé  les  principes  généraux, 
l'auteur  traite  successivement  de  la  société  en  nom  collectif,  de  la 
commandite  simple,  de  l'association  en  participation,  de  la  com- 
mandite par  actions,  de  la  société  anonyme,  de  la  société  à  capital 
variable,  et  il  a  adopté  une  méthode  très  favorable  à  la  clarté 
et  à  la  facilité    des    recherches    :  elle    consiste    à  suivre    le  même 


_  48!^  — 

ordre  dans  l'étude  de  chaque  espèce  de  société,  à  reproduire  pour 
chacune  les  mêmes  questions,  en  renvoyant  aux  explications  déjà 
données  dans  les  parties  précédentes  quand  les  règles  sont  les  mê- 
mes. Chaque  partie  est  suivie  de  formules,  accompagnées  d'anno- 
tations. Toutes  les  lois  citées  dans  le  corps  de  l'ouvrage  sont  re- 
produites à  la  fin  du  volume.  La  plus  récente  des  lois  qui  intéres- 
sent les  sociétés  commerciales  est  celle  du  30  janvier  1907,  qui 
a  prescrit,  avant  toute  émission  d'actions  ou  d'obligations,  l'insertion 
d'une  notice  dans  un  bulletin  annexe  du  Journal  officiel  :  loi  inu- 
tile, loi  de  paperasserie,  «  qui  n'a  eu  d'autre  résultat,  dit  M.  Pot- 
tier,  que  de  procurer  des  recettes  au  Journal  officiel  et  des  remises 
à  un  courtier  ». 

11.  —  Lors  de  l'apparition  du  premier  volume  du  nouveau 
Traité  de  droit  maritime,  de  M.  Daniel  Danjon,  professeur  à  l'Uni- 
versité de  Caen,  nous  avons  déjà  constaté  le  grand  mérite  de  cet 
ouvrage  et  le  talent  spécial  de  l'auteur  à  mettre  de  l'intérêt  dans 
la  discussion  des  questions  les  plus  ardues  (voir  Polybiblion,  juin 
1911,  tome  CXXI,  p.  487).  Le  second  volume,  qui  vient  de  pa- 
raître, justifie  pleinement  nos  premières  appréciations.  Il  comprend 
l'étude  des  fonctions  du  capitaine,  des  responsabilités  concernant 
l'équipage,  de  l'affrètement  et  des  obligations  du  fréteur.  Au  sujet 
du  capitaine,  M.  Danjon  réfute  la  théorie  d'après  laquelle  il  serait, 
à  certains  points  de  vue,  le  mandataire  des  chargeurs;  il  montre 
que,  dans  la  réalité,  le  capitaine  n'est  que  l'agent  de  l'armateur. 
Les  difficultés  que  soulève  la  responsabilité  du  capitaine  envers 
l'armateur,  par  rapport  aux  actes  des  gens  de  l'équipage,  par  rap- 
port au  pilote  et  à  l'égard  du  propriétaire  du  navire,  sont  traitées 
avec  un  sens  juridique  très  sûr.  En  ce  qui  concerne  l'affrètement, 
M.  Danjon  montre  qu'il  faut  se  garder  de  confondre  sous  ce  nom 
trois  contrats  différents,  le  louage  du  navire,  ce  louage  accompa- 
gné de  la  sous-location  des  services  de  l'équipage,  et  enfin  un  con- 
trat de  transport.  Quand  il  a  pour  objet  direct,  comme  dans  la 
plupart  des  cas,  un  transport  de  marchandises  à  effectuer  par  les 
soins  du  fréteur,  l'affrètement  n'est  qu'un  contrat  de  transport; 
c'est  la  conception  admise  aujourd'hui  sans  difficulté  en  Angleterre, 
en  Hollande  et  en  Allemagne.  Si  les  trois  genres  d'affrètement* 
engendrent  des  obligations  communes,  chacun  d'eux  impose  aussi 
au  fréteur  certaines  obligations  spéciales  qu'il  importe  de  démêler. 
Signalons  encore,  dans  le  volume  de  M.  Danjon,  une  étude  très 
fine  de  la  force  majeure  et  du  cas  fortuit,  et  l'examen  approfondi 
de  la  question  de  validité  des  clauses  de  non-responsabilité,  qui  a 
suscité  tant  de  controverses  dans  la  doctrine  et  dans  la  jurispru- 
dence. 


—  490  — 

Droit  pénal.  —  12.  —  Le  Traité  de  droit  pénal  allemand^  du 
docteur  von  Liszt,  professeur  à  l'Université  de  Berlin,  est  un  livre 
classique  en  Allemagne.  Toutes  les  questions  théoriques  sur  le 
droit  criminel  y  sont  étudiées,  tant  au  point  de  vue  général  que 
d'après  les  dispositions  du  code  pénal  de  l'Empire,  en  vigueur 
depuis  1871  et  qu'il  est  question  de  réformer.  De  plus,  ce  livre 
fournit  sur  chaque  question  des  notions  d'histoire  du  droit  et  des 
■renseignements  bibliographiques.  L'excellente  traduction  qu'en 
vient  de  publier  M  René  Lobstein  dans  la  Bibliothèque  interna- 
tionale de  droit  privé  et  de  droit  criminel,  d'après  la  dix-septième 
édition  allemande,  contribuera  à  faire  mieux  connaître  en  France 
l'œuvre  capitale  du  savant  professeur  de  Berlin.  Comme  le  remar- 
que fort  bien  M.  Garçon,  professeur  à  l'Université  de  Paris,  dans 
la  Préface  de  cette  traduction,  les  différences  que  l'on  peut  signaler 
entre  les  lois  criminelles  des  différents  peuples  ne  doivent  pourtant 
pas  faire  oublier  qu'en  définitive  les  mêmes  principes  se  retrouvent 
dans  les  codes  de  toutes  les  nations  civilisées.  L'application  du  droit 
répressif  soulève  aussi,  dans  tous  les  pays,  non  seulement  les  mê- 
mes problèmes  sociaux,  mais  encore  les  mêmes  difficultés  juridi- 
ques. Toutefois,  l'on  ne  peut  nier  qu'en  examinant  ces  questions 
et  pour  arriver  souvent  aux  mêmes  solutions  que  nous,  les  Alle- 
mands procèdent  autrement  et  emploient  une  méthode  qui  nous 
déconcerte  un  peu.  Ils  sont  abstraits  et  raisonnent  sur  de  purs 
concepts,  ils  distinguent  et  sous-distinguent,  tout  en  restant  dans 
l'idée  pure,  nous,  au  contraire,  nous  préférons  la  marche  sur  un 
terrain  plus  concret,  nous  aimons  voir  clairement  les  espèces  et 
les  applications  pratiques.  La  lecture  du  Traité  de  droit  pénal,  du 
professeur  von  Liszt,  permet  de  faire  des  comparaisons  intéressantes 
entre  ces  deux  manières  de  procéder,  qui  tiennent  sans  doute  à  la 
dilTérence  du  génie  germanique  et  du  génie  latin,  et  encore  plus  peut- 
être  à  la  divergence  des  idées  philosophiques  en  vogue  chez  les 
deux  peuples. 

13.  —  De  l'ouvrage  du  docteur  Liszt,  il  convient  de  rapprocher 
l'excellente  étude  philosophique  et  juridique  du  R.  P.  Victor  Ca- 
threin  sur  les  principes  du  droit  pénal.  Elle  n'a  pas  été,  que  nous 
sachions,  traduite  en  français,  mais  }e  R.  P.  José-Maria  S.  de. 
Tejada  en  a  donné  une  traduction  en  espagnol:  Principios  fiinda- 
mentales  del  derecho  pénal.  Le  R.  P.  Cathrein  s'en  prend  précisé- 
ment, dans  ce  travail,  aux  théories  de  l'école  sociologico-criminelle, 
dont  le  professeur  von  Liszt  est,  suivant  lui,  le  principal  repré- 
sentant. Il  démontre  que  les  idées  déterministes  dont  s'inspirent 
les  tenants  de  cette  école  les  conduisent  à  la  déformation  des  prin- 
cipes  du   droit  pénal   sur  la   responsabilité,  sur  l'imputabilité,   sur 


—  491  — 

les  notions  de  faute  et  de  peine,  sur  le  droit  de  punir.  Pour  qui 
nie  le  libre  arbitre,  il  n'y  a  plus  do  différence  essentielle  entre 
l'insensé  et  le  coupable;  la  peine  n'est  plus  qu'une  mesure  de  sé- 
curité que  la  société  doit  prendre  contre  les  méchants  comme 
contre  les  bêtes  sauvages;  le  juge  ne  peut  avoir  d'autre  rôle  que 
de  constater  l'acte  criminel  ;  l'appréciation  de  la  peine  doit  être 
laissée  à  ceux  qui  ont  la  charge  d'exécuter  le  jugement.  Par  une 
contradiction  qui  ne  manque  pas  d'ironie,  comme  le  remarque  le 
P.  Cathrein,  ce  sont  des  libéraux  qui  prétendent,  au  nom  de  la 
science,  faire  prévaloir  ces  doctrines  si  contraires  à  la  liberté  hu- 
maine. 

14.  —  Dans  une  dissertation  sur  le  Fondement  de  la  responsa- 
bilité pénale,  M.  Henri  Urtin,  docteur  es  lettres,  paraît  s'être  donné 
pour  but  de  concilier  toutes  les  écoles,  d'établir  une  théorie  qui 
puisse  être  acceptée,  au  moins  pratiquement,  par  les  partisans  du 
libre  arbitre  et  par  les  déterministes.  Contre  les  uns,  il  insiste  sur 
la  difficulté  pour  le  juge  humain  d'apprécier  le  plus  ou  moins  de 
moralité,  le  plus  ou  moins  de  responsabilité  du  délinquant.  Contre 
les  autres,  ceux  qui  ne  veulent  se  préoccuper  que  de  l'intérêt  de 
la  société  à  se  préserver  des  criminels,  il  soutient  que  ce  n'est 
pas  assez  de  garantir  la  société,  qu'il  faut  aussi  l'indenmiser  du 
dommage  que  le  crime  lui  causé.  Cette  seconde  idée  est  juste;  elle 
ne  suffit  pas,  à  notre  avis,  pour  motiver  la  pénalité,  qui  suppose 
avant  tout  une  faute,  mais  elle  conduit  M.  Urtin  à  cette  conclu- 
sion pratique,  à  savoir  que  la  répression  doit,  autant  que  possible, 
être  organisée  de  manière  que  le  délinquant  soit  obligé  de  réparer 
par  son  travail  le  mal  qu'il  a  causé.  Est-ce  à  dire  qu'il  faille  pour 
cela  renoncer  à  essayer,  en  la  pei  sonne  du  coupable,  «  de  dou- 
teuses corrections  ou  de  chimériques  amendements  »?  Non,  certes, 
et  c'est  ici  que  M.  Urtin  nous  paraît  dans  Terreur  :  le  principal 
but  de  la  pénalité  n'est  pas  de  réparer  le  crime  ;  autrement  il 
suffirait  de  revenir  au  système  de  la  composition  des  temps  barbares; 
la  société  a  surtout  intérêt  à  prévenir  le  crime,  à  Tempêcher  de 
naître,  à  préserver  l'innocent,  et  c'est  pourquoi  elle  s'efforce  d'ob- 
tenir ce  résultat  en  frappant  le  coupable  d'une  peine  qui  doit 
tendre  à  Tempêcher  de  récidiver  et  à  décourager  ceux  qui  seraient 
tentés  de  l'imiter.  La  peine  doit  donc  être  expiatoire,  moralisatrice 
et  exemplaire. 

Droit  public  et  fiscal.  —  15.  —  Aux  nombreux  travaux  que 
l'on  doit  déjà  à  sa  veine  féconde  et  à  sa  science  éprouvée,  M.  Raoul 
de  la  Grasserie  vient  d'e^jouier  une  étude  De  la  Fonction  et  des  juri- 
dictions de  cassation  en  législation  comparée.  La  Cour  de  cassation  est 
une  institution  française  d'origine,  que  beaucoup  de  peuples  nous  ont 


—  492  — 

empruntée.  On  sait  qu'elle  a  été  établie  sur  le  modèle  de  l'ancien 
Conseil  des  parties,  qui  était  une  section  du  Conseil  du  Roi;  elle 
est  même  encore  régie,  pour  la  procédure,  par  une  ordonnance  de 
1738,  œuvre  du  chancelier  d'Aguesseau.  Des  cours  suprêmes,  plus 
ou  moins  analogues,  existent  dans  la  plupart  des  pays  civilisés^ 
en  Autriche,  Belgique^,  Bulgarie,  Espagne,  Italie,  Portugal,  Grèce, 
Roumanie,  Hollande,  Suisse,  Suède,  Hongrie,  Russie,  États-Unis. 
Par  l'étude  comparative  de  ces  hautes  juridictions,  M.  de  la  Gras- 
serie  aboutit  à  des  conclusions  très  intéressantes  :  les  unes  cons- 
titueraient d'heureuses  réformes  dans  l'organisation  actuelle  de  la 
Cour;  d'autres  tendraient  à  augmenter  notablement  ses  attributions. 
Elle  devrait,  suivant  lui,  avoir  compétence  :  1°  pour  casser  les  actes 
administratifs  contraires  à  la  loi;  2°  pour  casser  les  lois  contraires 
à  la  constitution;  3°  pour  casser  les  lois  contraires  aux  droits  na- 
turels ou  contractuels  des  citoyens  vis-à-vis  de  la  société.  L'éminent 
magistrat  propose  de  confier  aussi  à  cette  cour  le  droit  de  vérifier 
les  pouvoirs  des  membres  du  Parlement.  11  voudrait  enfin  qu'elle 
fût  substituée  au  Sénat  comme  haute  Cour  de  justice,  pour  faire 
disparaître  de  notre  constitution  cette  parodie  judiciaire  d'une 
assemblée  politique  qui  est  à  la  fois  juge  et  partie.  Mais,  avant 
d'étendre  à  ce  point  les  attributions  de  la  Cour  de  cassation,  il 
serait  de  toute  nécessité  de  changer  son  mode  de  recrutement. 
La  nomination  de  ses  membres  n'est  maintenant  soumise  à  aucune 
condition  ni  d'ancienneté,  ni  de  fonctions  antérieures,  ni  de  pré- 
sentation; tout  dépend  de  l'arbitraire  du  pouvoir  exécutif.  Suivant 
M.  de  la  Grasserie,  l'intervention  du  gouvernement  devrait  être 
supprimée;  les  membres  de  la  Cour  devraient  être  élus  tour  à  tour 
par  la  magistrature,  par  le  barreau,  par  les  Facultés  de  droit,  par 
le  notariat  et  par  le  Conseil  d'État, 

16,  —  Un  gros  volume  de  M.  Charles  Georgin,  qui  paraît  être 
une  thèse  de  doctorat,  est  consacré  à  la  grosse  question  du  Statut 
des  fonctionnaires.  U Avancement,  son  oj-ganisation,  ses  garanties. 
«  Un  régime  de  démocratie,  a  écrit  un  philosophe  officiel,  M.  Fouil- 
lée, doit  tout  accorder  au  mérite  et  rien  à  la  faveur  ».  Voilà  le 
principe,  et  voici  maintenant  son  application  :  «  L'avancement  des 
officiers  est  livré  à  l'arbitraire  et  à  la  fantaisie  »  (Messimy). 
«  L'avancement  dans  les  carrières  diplomatiques  et  consulaires  est 
livré  à  l'arbitraire  le  plus  absolu...  Le  favoritisme  cynique,  le  né- 
potisme effréné,  est  une  des  plaies  de  ce  régime  »,  (Deschanel). 
«  1}  s'est  glissé  dans  la  République  des  mœurs  tristes  et  dégra- 
dantes ».  (Ribot),  «  Comment  s'étonner,  quand  l'arbitraire  est  en 
haut,  comment  s'étonner,  lorsque  le  personnel  ne  se  sent  plus  pro- 
tégé, qu'il    trouve  plus   digne    et    plus    efficace  de  se   grouper,  de 


i 


-:493- 

s'associer  et  d'assurer  ainsi  le  respect  de  ses  droits  »?  (Steeg). 
M.  Steeg  parlait  ainsi  pendant  les  jours  difficiles  de  la  grève  des 
postiers,  et  la  Chambre,  alors,  à  l'unanimité,  affirmait  «  sa  réso- 
lution de  donner  aux  fonctionnaires  un  statut  légal  ».  Trois  ans 
ont  paësé  depuis.  On  parle  toujours  du  statut  légal.  Viendra-t-il  ? 
Que  sera-t-il?  Comment  réglera-t-il  l'avancement?  Quelle  part  devra 
être  faite  à  l'ancienneté?  Quelle  part  au  choix?  Dans  quelle  mesure 
aura-t-on  recours  aux  examens  et  aux  concours?  Quelles  seront 
les  garanties  assurées  aux  fonctionnaires,  garanties  administratives 
et  recours  contentieux?  M.  Charles  Georgin  étudie  consciencieuse- 
ment toutes  ces  questions.  Ancien  chef  adjoint  du  cabinet  du  mi- 
nistre du  travail,  il  est  bien  documenté  sur  les  pratiques  adminis- 
tratives actuelles;  il  bs  juge  avec  indépendance  et  l'on  ne  peut 
qu'applaudir  à  sa  conclusion,  qui  est  celle-ci  :  «  Il  n'a  que  trop 
duré,  le  scandale  d'une  fonction  publique  distribuée  comme  si  elle 
existait  en  vue.  de  conserver  aux  parlementaires  la  clientèle  des 
électeurs  et  aux  gouvernants  la  clientèle  des  élus  ». 

17.  —  Les  lois  fiscales  changent  si  souvent  en  France  (non  pour 
s'adoucir,  hélas)  !  que  les  ouvrages  qui  en  traitent  seraient  vite 
démodés  si  leurs  auteurs  ne  prenaient  soin  de  les  remettre  au  cou- 
rant. C'est  ce  que  vient  de  faire,  une  fois  de  plus,  M.  Jules  Cas- 
tillon  pour  son  excellent  Manuel- formulaire  de  l'enregistrement,  des 
domaines  et  du  timbre.  La  sixième  édition,  qui  succède  de  près  à 
là  cinquième,  comprend  cent  pages  de  plus  que  celle-ci,  et  la  ma- 
jeure partie  de  cette  augmentation  porte  sur  l'article  des  succes- 
sions. Outre  des  barèmes  pour  l'application  des  nouveaux  tarifs 
progressifs  promulgués  en  1910,  cet  article  s'est  accru,  comme 
tous  les  autres  de  l'ouvrage  d'ailleurs,  des  instructions  les  plus 
récentes  de  l'Administration  de  l'enregistrement  et  des  dernières 
décisions  de  la  jurisprudence  Nous  y  remarquons  notamment 
l'analyse  des  solutions  divergentes  données  par  la  régie  et  par 
des  tribunaux  sur  l'interprétation  de  la  loi  de  1908  relativ  e  à  l'éva- 
luation du  revenu  des  immeubles.  Le  livre  de  M.  Castillon  n'est, 
il  est  vrai,  qu'un  manuel;  mais,  dans  une  matière  aussi  hérissée 
de  difficultés  que  celle  de  l'enregistrement,  ce  manuel,  qui,  du 
reste,  renvoie  aux  répertoires  de  jurisprudence  et  aux  ouvrages  de 
doctrine,  nous  semble  un  fil  conducteur  presque  indispensable  à 
quiconque  se  trouve  dans  l'obligation  de  pénétrer  dans  les  dédales 
du  droit  fiscal. 

18.  —  M.  Ch.  Lescœur,  professeur  à  la  Faculté  libre  de  droit 
de  Paris,  a  recherché,  il  y  a  quelques  années,  Pourquoi -mt  comment 
on  fraude  le  fisc.  Le  spirituel  volume  qu'il  a  publié  sous  ce  titre 
et  qui,  par  parenthèse  a  bien  fait  son  chemin,  vient  d'être  suivi 


—  49/i  — 

il  11  II  sceund,    non   moins    inti'iessanl    :  Les  Coffres-forts  et   le.   fisc. 
Au   vioux   coffre-forl   de  nos   pères  on   préft'rait,   dans  ces  deniiers 
tenips,  le  dépôt  dos  fonds  et  des  titres  dans  les  banques;  on  était 
ainsi  dispensé  de  surveiller  les  tirages  et  de  détacher  les  coupons 
do  ses  valeurs.   Mais  le   fisc,   toujours. aux  aguets,   y  a  trouvé  son 
«oinple;  une  loi  lui  a  donné  le  droit  de  se  faire  communiquer  les 
iivi'cs  des  sociétés  de  crédit,  et  ainsi  tout  ce  qui  y  est  inscrit  ne 
peut    plus  lui  échapper.    Alors    a    commencé   la   grande  hégire  des 
capitaux    vers    les    banques    étrangères.  Ah  !  les    banques    suisses, 
quelle  chandelle  elles  doivent  à  nos  législateurs!  pour  se  défendre, 
nos  banques  françaises    ont    imaginé   les    côfTres-forts    à   comparti- 
ments, qu'elles    louent    à    leurs  clients.  Là,    du    moins,    les  titres 
peuvent   encore   rester  à  l'abri  de   l'œil   inquisiteur   des   agents   de 
l'enregistrement.  Mais,  attendez  un  peu,  le  dernier  mot  n'est  pas  dit. 
Tels  do  nos  députés  n'ont  pas  de  plus  grand  souci  que  de  dépister 
les  ruses   des   capitalistes;  sur   ce   chapitre,  les   propositions  succè- 
dent aux  propositions.  L'un  veut  que  le  juge  de  paix  vienne  mettre 
les  scellés  après  le  décès  de  quiconque  est  soupçonné  d'avoir  quel- 
ques économies;  l'autre  prétend  imposer  aux  héritiers  un  en^oi  en 
possession  spécial  pour  les  titres   déposés   à    l'étranger,    sous  ;)oine 
de  voir  ces  titres  attribués   par  la  loi   aux   héritiers  subséquents... 
M.  Lescœur  expose    et  •  discute,    scientifiquement    et    plaisamment, 
toutes   ces  idées,  plus  ou  moins  saugrenues,  de  parlementaires  aux 
abois.    Elles  seront    peut-être    bientôt  des   lois,  mais  il    est    [«unis 
d'en    rire...,  on    attendant    qu'on    en    pleure. 

Maurice  Lambert. 


OUVRAGES    POUR    LA    JEUNESSE 

Romans,   co.ntes  et  nouvelles.  —  1.   Maison  hanlte.  par  Marv.\w.   J'aris,   Ha- 
chette, s.   d.,  in-H",  allongé  de  322  p.,  illustrations  d'après  Casimacker,  3fi.  .^0. 

—  2.  Pendant  la  l'erreur,  par  L.  d'Oper.n'V.  Paris,  Union,  s.  d.,  in-8  de  vi- 
277  p.,  3  fr,  —  3.  l.a  Violoniste,  par  Marthe  IjAChf.S]-,.  Paris,  Henri  Gautier, 
s.  d.,  in-12  de  309  p.,  3  fr,  —  ■'i.  Mémoires  d'un  piètre  d'hier,  par  E.  Dfs- 
.siAUX.  Paris,  Téqui,  1911,  iii-12  do  355  p.,  3  fr,  —  5.  Les  Chemin<t  tortueux, 
par  PAULMiM\NnE.  Paris,  Henri  Gautier,  s.  d.,  in-12  de  319  p.,  3  fr.  —  fi. 
Catherine  Aubier,  par  Yvette  Pro&t.   Paris,  Colin,  1912,  in-18  de  275  p.,  3  fr.  .''tO. 

—  7.  Les  Demoiselles  du  A' o'él- Fleuri,  par  Planche  Lecrand.  Paris,  Hachette, 
s.  d.,  in-1fi  allo'nj^'é  de  393  p.,  illustrations  d'apr''s  (^^asimacker  et  Mahut,  3  fr.  .^0. 

—  ■  8.  Une  Dette,  par  O.  1,av\».ette.  Paris,  Henri  Ga\ilier,  s.  d.,  in-12  de  318 
p.,  3  fr.  —  9.  ./>  Mysttie  de  Hoche  brune,  par  M'""  Giu'.ron  he  ia  Bruyi-be. 
Paris,  Haton,  s.  d.,  in-18  de  287  p.,3fr,  —  10.  Cousine  Sans-Ccne,  par  Rocer 
Dombre.  Paris,  Colin,  s.  d.,  in-18  de  359  j).,  3  fr.  50.  —  11,  Les  Neceux  de 
tar.te  Lielphine,  par  A.  nr  PiTTEiins.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-12  de  2'i'i  p., 
2  fr.  50.  , —  12.  Les  plus  telles  Histoires  à  faire  lire  aux  enfants,  contes,  trans- 
crits par  Maurice  Poichor.  Paris,  Colin,  1911,  in-32  de  213  p.,  1  fr.  25.  — 
13.  La  Princesse  M antza,  pur  Pf.i\c\  .1.  J!i>,ehneu;  trad.  de  l'anglais  par  Pierre 
\ozA\.    Paris,    Hennuyer,    s.    d..  in-IK    de    35'   p.,    3    fr.   50.  —  14.    Le   Galon  ^ 


b 


—  495  — 

d'nr^  par  Lucie  des  AnF.r.  Paris,  Haton,  f.  d.,  in-18  de  251  p.,  2  fr.  —  !'>. 
Double  Conquête,  par  Dupin  de  SAiNT-A.NPRr.  Paris,  Hetzel,  i«-16  de  338  p., 
illustr.  de  P.  Destez,  3  fr,  —  16.  La  Colonhe  de  Jiudsay-Mnnor,  pnr  M.  Dflly, 
Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  gr.  in-8  de  109  p.  à  2  colonnes,  illustr. 
de  Jordic,  1  fr,  —  17.  Les  Aubrpine.^,  par  Michel  Auvray.  Paris,  Haton, 
p.  d.,  in-8  de  222  p.;  2  fr.  —  18.  Latiniste,  par  Louis  Villarceau.  Paris, 
Œuvre  d'Auteuil,  s.  d.,  iri-l8  de  28f.  p.,  3  fr.  50.  —  19.  Sur  le  sable,  par 
Marie  Le  Mière.  Paris,  Henri  Gautier,  s.  d.,  in-12  de  320  p.,  3  fr.  —  20. 
Feux  jollct^,  par  Henry  Risif.r.  Paris,  Henri  Cautier,  s.  d.,  ir,-12  de  318  p., 
3  fr.  —  21.  Sans  luruère.  p;ir  Jules  Pravieux.  Paris,  Lethieljeu\-,  s.  d.,  in-12 
de  205  p.,  1  fr.  —  22.  La  Fée  du  la/  Andrr,  par  M.  de  Harcoët.  Pari:;, 
Beauchesne,  1911,  in-16  de  310  p.,  3  fr.  —  23.  Saint-E'xupne-les-Chnsses,  par 
Frédéric  Plessis.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Bresse,  gr.  in-8  de  100  p.  à 
2  colonnes,  illustr.  de  .1.  M.  Jireton,  1  fr.  —  2'i.  Mes  Vacanms.  par  Albert 
CiM.    Ppris,    Hachette,    1912,  in-8    de  187  p.,  illustr.    de  ^o  gravures,  1  fr.  10. 

—  25.  Sur  les  têtes  blondes,  par  Oeorces  de  Lys,  Priris,  Lethielleuv,  s.  d., 
in-12  de  219  p.,  1  fr.  —  2f..  Hommes  et  choses  du  '-ieux  temps,  par  Maurice 
Maindron.  Tours,  Marne,  s.  d.,  in-12  de  317  p.,  cartonné,  illustrations  de  O. 
Huillonnet  rt  1  ix,  1  f»-.  50.  —  27.  Tes  Corrpaqnons  de  l'Allimire,  par  .Jean 
Guétary,  Tours,  Marne,  s.  d.,  in-12  de  'tO''  p.,  illustrations  (^'Edouard  Zier, 
cartonne,  1  fr.  50.  —  28.  La  Lune  rviisse,  par  (Iiiampoj..  Tours,  Manie,  =.  d., 
in-12  de  29'*  |>.,  illustration'^  de  René  Lelong,  cartonné,  1  fr.  50.  —  29.  l.eif 
Contes  de  Vépce,  i)ar  Henry  de  Brisav.  Tours,  Marne,  s.  ri.,  in-12  de  277  p., 
illustrations  de  K.  Giraudat.  O.  Guilionni>t,  Lionel  P.oyer  et  II.  Ziev,  c.artonné, 
î  fr.  50.  —  30.  La  I- die  du  bojard  [Kircha  le  Zaporo^),  \^&vVkv\.  Yalp.  Tours, 
Maine,  «.  d.,  in-1'2  de  30'.  p.,  illnitralions  de  0.  Lhuer,  cartonU'S  '.  fr.  50.  -- 
31.  Le  Bonheur  de  Sirrone,  par  Georces  P.eaume.  Tours,  Marne,  s.  d.,  in-12 
de  308  p.",  illustrations  de  P.  Loubère,  cartonné,  1  fr.  50.  —  32.  La  Roche- 
qui-tue,  par  Pierre  Maei.  Tours,  Marne,  s.  d.,  in-12  de  400  p.,  illustr.  de 
Georges  Scott,  cartonné,  1  'r.  50.  —  33.  L'Éloile-du-Parifiqur,  par  Georges 
Pkioe.  Tours,  Marne,  s.  d.,  iril2  de  348  p.,  illu'^tr.  de  Jordic,  cartonné,  1  fr.  50. 

—  34.  Le*  I>eux  Antoinette,  par  FlR^EST  Daudet.  Tours,  Marne,  s.  d.,  in-12 
de  303  p.,  illustrations  de  G.  Dutriac,  cartonné,  1  fr.  50.  —  35.  Luric,  par 
Gar.iielle  d'Arvoi!.  Tours,  Alauie,  s.  d.,  in-12  de  314  p.,  illustrations  de  Guydo, 
cartonne,  1  fr.  50.  —  3t>.  La  Re\>anche  du  passé,  par  L.  Oi.iyiero.  Tours,  Marne, 
s.  d.,  in-12  de  298  p.,  illustrations  de  L.  Bailly,  cartonné,  1  ir.  50.  —  37. 
Le  Château  de  la  vieillesse,  par  Guy  Chantepleure.  Tours,  Maine,  s.  d.,  in  12 
de  372  p.,  illustrations  de  Lucien  Métivet,  cartonné,  1  fr.  50. —  38.  Collier- 
d'Or,  par  Dais  1  ET,  L\umonmer.  Tours,  Marne,  s.  d.,  in-l.'  de  319  p.,  illustr. 
de  M.  Pille,  cartonné,  1  fr.  50.  —  39.  Fille  de  preux,  par  Jean  Guétary. 
Tours,  Marne,  s.  d.,  in-12  de  318  p.,  illustr,  de  L.-Ed,  Fournier,  cartonné, 
1  fr,  50,  --  -lO.  La  Demomelle  blanche,  par  Charles  Folky.  Tours,  Marne,  s.  d. , 
in  r.'  de  318  p.,  illustrations  de  G.  L>utriac,  cartonne,  1  fr.  50.  —  41.  Le  R<i- 
man  de  Vouvriére,  par  CuAEf.ES  de  Vitis.  Tours,  Marne,  s.  d.,  in-12  de  460  p., 
illustrations  de  Ed.  Zier,  cartonné,  1  fr.  50.  —  42.  Les  Ctfnquéranti  de  l'air, 
par  Georges  de  Lys.  Tours,  Marne,  s.  d.,  in-12  de  291  p.,  illustrations  de  A. 
Robida,  cartonné,  1  fr.  50.  —  43.  le  Reperd  du  tour  du  monde,  par  Léo.\ 
Berthaut.  Tours,  Marne,  s.  d.,  in-12  de  320  p.,  illustrations  de  A.  Piobida, 
cartonné,   1   fr.   50. 

Pièces  de  théâtre.  —  i.  la  Passit)n  de  Notre-Seigneur  Jcsus-Ckrist,  drame- 
m\ stère  en  6  actes  et  23  tubleaui,  par  l'abbé  Joseph  Ocer.  Paris,  Raton, 
1911,  in-8  de  125  p.,  2  fr,  —  2.  Les  Chrétiens  aux  lionsl  drame  en  3  actes 
et  épilogue,  par  Jehan  Grech.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-16  de  108  p.,  1  fr.  — 
3.  La  Rose  de  Jé/usalêm,  mélodrame  en  2  actes,  avec  prologue  et  épilogue, 
par  Cahîtas.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-18  de  69  p.,  1  fr.  —  4.  Catdinette  et  Li- 
bellule, opérette  dramatique  en  3  actes,  par  Jehan  Grech,  Paris,  Haton,  s,  d., 
in-l  S  de  88  p.,  1  fr.  —  5.  Au  temps  de  la  ganotte,  opérette  en  2  actes,  pur 
Ch.  Le  Roy-Villa:hs.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-12  de  70  p.,  1  fr.  —^  6.  Miss 
Aéroplane,  comédie  en  2  acte.s,  par  Jacques  d'Aes.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-18 


—  496  — 

de  70  p.,  1  fr.  —  7.  Une  Altesse  en  sabofs,  opi'rett.e  en  2  aites,  pur  i..h.  Le 
RoY-ViLT.AP.s.  Paris,  Haton,  p.  d.,  in-18  de  69  p.,  1  fr.  —  8.  Une  dure  Leçon, 
dialogue  comique,  par  J.  Bréi.ivf.t.  Paris,  Halon,  '^.  d.,  in- 18  de  12  p.,  0  fr.  50. 
—  9.  La  Femme  bavarde,  luonoinguo  par  j.  Bh^livet.  Paris,  Haton,  s.  d., 
iu-lL'  do  7  p.  — ■  10.  Ambition]  par  \.  jiKii.w.  Paris,  Savante,  s.  d.,  in-8  de 
'iO  p.,   1   fr. 

Romans,  contes  et  nouvelles.  ■ —  1.  —  L'étrange  villa  ita- 
lienne, perdue  dans  les  landes  bretonnes,  n'est  pas  une  Maison 
hantée  par  des  esprits  ou  dos  fantômes;  elle  est  enveloppée  d'une 
atmosphère  de  souvenirs  douloureux  :  espérances  déçues  et  deuils 
cruels.  Chantai  Dalryn  devient  le  bon  génie  de  la  Maison  hantée, 
comme  aussi  la  providence  de  ceux  qui  l'entourent.  Dans  ce  volume, 
Mme  Maryan  décrit,  avec  sa  délicatesse  accoutumée,  les  sites  d'Ita- 
lie et  de  Bretagne,  où  se  déroulent  son  histoire  et  le  monde  des  âmes, 
plus  intéressant  encore,  dans  lequel  son  héroïne,  nature  généreuse 
et  intuitive,  exerce  une  influence  heureuse  pour  tous.  La  note  reli- 
gievise  dont  le  volume  est  pénétré  n'est  ni  agressive  ni  en- 
nuyeuse et  les  leçons  de  courage  et  de  renoncement  qui  ressortent 
tout  naturellement  du  récit  ne  sont  jamais  présentées  sous  forme 
de  sermons. 

2.  —  L'auteur  de  Pendant  la  Terreur,  M.  L.  d'Oberny,  en  se 
servant  d'ouvrages  récemment  parus  sur  cet  émouvant  sujet,  a  com- 
posé un  récit  où  se  meuvent  des  personnages  véritables,  auxquels 
il  a  donné  la  physionomie  que  leur  reconnaît  l'histoire  :  la  famille 
royale,  la  courageuse  Anglaise  Madame  Atkins,  la  servante  Rosalie 
Lamarlière,  le  concierge  Richard,  Rougeville  le  chevalier  de  l'Œil- 
let, etc.,  y  apparaissent  tour  à  tour.  Le  livre  est  écrit  avec  facilité, 
il  a  l'avantage  de  rappeler,  sous  la  forme  d'un  roman,  des  faits 
réels  qui  sont  présentés  sous  leur  vrai  jour  et,  à  ce  point  de  vue, 
il  est  à  recommander.  Rien  n'est  inutile  de  ce  qui  contribue  à  pein- 
dre sous  son  aspect  exact  cette  Révolution  dont  les  manuels  officiels 
dénaturent  de  parti  pris  le  caractère,  et  ce  volume  sera  sûrement 
lu  avec  profit  et  intérêt  par  les  jeunes  gens  auxquels  il  est  destiné. 

3.  —  La  Violoniste,  qui  donne  son  nom  au  volume,  est  une  jeune 
fille  d'origine  française  et  d'éducation  italienne  dont  le  père  a  aban- 
donné sa  famille  pour  suivre  sa  vocation  musicale.  Il  meurt  et 
Carlotta  revient  auprès  de  sa  famille  de  France;  mais,  quand  celle-ci 
est  ruinée,  elle  reprend  sa  vie  d'artiste  pour  lui  venir  en  aide. 
Tyrannisée  par  une  Américaine  milliardaire,  qui  use  de  son  talent 
comme  d'un  jouet  de  prix,  Carlotta  sauve  les  enfants  de  sa  protec- 
trice d'une  mort  atroce  et  celle-ci,  attendrie  et  reconnaissante,  lui 
attribue  une  dot  qui  lui  permet  d'épouser  l'homme  de  son  choix. 
Ce  roman  de  M"^^  Marthe  Lachèse  est  écrit  avec  facilité,  mais 
le  style  manque  parfois  de  vigueur;  la  note  religieuse  est  juste  et 


r»;iv<MiL(!.  Notons  (IjinB  les  iioniB  et  LiLn'S  ;iii^liii>s  (jiicl()U(!.s  Icj^ùrcs 
erreurs,  qui  passtiront  probablemont  inupricucH  de  I;i  plupjiil  des 
lecteurs  françuiB. 

'\.  —  L'auteur  tlu  livre  intitulé  :  Méinoire.s  d'un  prélre  d'hier, 
M.  K.  I)(!ssiaux,  nous  dit,  dans  sa  Préface,  que  ces  Mémoires  sont 
l'aiitobiogi'aphir  d'un  de  ses  amis,  mort  depuis  peu,  (it  il  ajoute 
(juo  son  but,  en  les  publiant,  est  d'fincourager  d'autres  ecclésias- 
tiques dans  leui'  ministère  parfois  épin(!ux.  Le  piètre,  auteur  pré- 
sumé <lu  récit,  est  llls  d'ouvrier  et  passe  sa  vie  dans  une  cure 
de  village.  11  raconte  sa  vio  assez  uniforme,  ses  peines,  8(î8  joies, 
ses  déceptions;  tout  cela  est  très  simple  et  beaucoup  de  vies  de 
prêtr<îs  doiviMit  ressi  nd)ler  h  celle-ci.  Signalons  surtout  dans  ces 
|)ages  le  souci  de  toujc^urs  faire  mieux,  tendance  qui  donne  aux 
plus  petites  choses  une  réelle  grandeur. 

f),  —  (Vest  en  suivant  Iva  Oicmins  lortueux  (pi'Albei't  l'iSSartier 
de  Précigny,  jeune  magistrat,  anivisie  dans  l'âme,  assure  sa  carrière 
et  brise  son  foyer.  Quand  elle  s'aperçoit  que,  par  ambition,  son 
mari  s'est  fait  délat<iur  <!t  qu'il  (ist  devenu  l'instrument  des  Loges, 
sa  femme  le  quitte  pour  élever  ses  ihnw  fils  dans  les  traditions  que 
renie  leur  père.  Les  Chemins  tortueux  n(!  piofiUnt  pas  à  la  longue 
à  Kssarticr,  car  il  est  assassiné  mystérieusement  au  monuMit  où  il 
Songe  à  divorcer  pour  épousci'  une  milliardaire,  dont  la  foitune 
servira  ses  rêves  ambitieux.  Le  meurtrier  lesln  introuvable  et  les 
s(nipçons  s'arrêtent  sur  Michel,  b;  fils  cadet  d<î  la  vi(;tini(!,  qui  est 
v(înu  1(!  voir  pour  piotiîstei'  contre  le  pjojet  de  divorce.  Michel  est 
arrêté;  mais,  en  temps  opportun,  l<i  vrai  coupable  se  découvre:  c'est 
un  aventurier  yankee  qui,  voulant  lui  aussi  é])Ouser  la  milliardaire, 
trouve  tout  sinq)le  de  supprimer  soji  rival.  Après  avoir  fait  des 
aveux,  l'assassin  se  suicide  et  Michel  est  pleinement  innocenté. 
L'ouvrage  de  M.  P.  Mimandc,  suitout  l'épisode  de  l'amîstation, 
est  bien  mené,  dans  un  esprit  (ixcc^llent,  mais  le  style  de  l'auteur 
gagnerait   à   être   parfois    plus  simple. 

6.  —  La  donnée  de  Catherine.  Aubier,  par  M""'  Yv(;tte  Prost, 
est  à  la  fois  actuelle  et  morale,  puisque  l'héroïjie  du  roma/i,  petite 
paysanne,  renonce  à  entrer  à  l'École  de  Sèvres  en  vue  de  devenir 
institutrice,  et,  malgré  ses  brevets,  n^prend,  par  des  motifs  très 
louables,  son  humble  tAch(!  de  «  terri«iinie  »,  Le  style  de  l'auteur 
est  al(!rtc  et  clair;  il  révèb;  une  <;(!rtain(!  coimaissance  do  l'âme 
enfantine  et  il  ne  manque  pas  d'un»;  pointe  d'humour,  qui  le  relève 
agréablement.  Pourquoi  faut-il  ajouter  un  correctif  à  (îet  éloge? 
La  not(!  d(;  (m;  livr<î  bien  écrit  et,  à  certains  points  d(î  vue.  bien 
pensé,  (!st  absolument  laïque;  l'auteur  représente  comme  suffisant 
pour  former  les  âmes  d'enfants  les  leçons  de  nKtrale  d'une  institu- 
JuiN  1912  T.  CXXIV.  32. 


—  498  — 

trice  philosophe  qui  est  une  «  sainte  »  laïque,  tandis  que  le  cuii', 
qui  seul  incarne  l'élément  religieux,  apparaît  sous  un  aspect  plutôt 
déplaisant.  Qu'il  y  ait  des  curés  bourrus  et  vulgaires  nul  ne  le 
nierai;  mais  représenter  à  des  lecteurs  très  jeunes  un  prêtre  désa- 
gréable en  face  d'une  laïque  d'une  rare  élévation  d'âme,  n'est 
peut-être  pas  très  heureux.  Cette  réserve  faite,  le  volume,  répé- 
tons-le, est  bien  écrit  et  les  paysans  y  sont  bien  vivants,  plus 
naturels  peut-être  que  l'institutrice  pédagogue  et  philosophe,  dont 
les  dissertations  paraissent  quelquefois  bien  abstraites  pour  des 
cerveaux  campagnards. 

7.  —  Les  Demoiselles  du  Noël- Fleuri  ont  des  allures  de  personna- 
ges de  légendes.  La  cadette,  Myrtille,  épouse  son  cousin  Stephen, 
négociant  très  riche;  elle  meurt  laissant  deux  filles  jumelles,  après 
avoir  exigé  de  sa  demi-sœur  Anne  la  promesse  d'épouser  à  son  tour 
Stephen  pour  élever  les  orphelines.  Anne,  qu'on  nous  représente 
cependant  comme  indépendante,  intelligente  et  volontaire,  sous- 
crit à  ce  pacte  bizarre;  elle  épouse  Stephen  sans  amour,  pour 
obéir  à  la  morte,  puis  se  met  à  l'aimer  et  s'en  fait  des  scrupules, 
au  milieu  desquels  elle  se  débat  péniblement.  Avant  qu'elle  n'ait 
trouvé  à  ses  tourments  la  seule  solution  raisonnable,  celle  d'ai- 
mer pour  tout  de  bon  l'infortuné  Stephen  qui  l'adore,  celui-ci 
meurt.  On  le  voit,  ce  roman  de  M™^  Blanche  Legrand  est  plutôt 
triste;  mais  on  peut  en  louer  la  note  religieuse,  les  jolies  descrip- 
tions du  Haut  Jura  et  y  relever  aussi  quelques  types  de  paysans 
qui  ne  sont  pas  sans  saveur. 

8.  —  Line  Maubert,  fille  d'un  riche  banquier  de  Lyon,  est  au 
moment  de  faire  un  mariage  selon  son  cœur  quand  elle  découvre 
que  son  père  a  Uiie  Dette,  que  le  sacrifice  de  sa  fortune  tout  entière 
pourrait  seule  acquitter.  En  elïet,  cette  fortune  appartient  à  une 
pauvresse,  à  qui  ses  malheurs  financiers  ont  fait  perdre  la  raison. 
AL  Maubert  refuse  toute  réparation;  alors  Line  le  quitte,  rompt 
son  mariage  et.  se  dévoue  aux  pauvres  et  aux  malades  dans  une 
pens'Je  d'expiation.  Les  prières  qu'elle  adresse  à  Dieu  sont  enten- 
dues puisqu'elle  recueille  de  son  père  mourant  l'aveu  de  sa  faute 
et  qu  il  l'autorise  à  la  réparer  pour  lui.  11  semble  que  Line  n"a 
plus  alors  qu'à  épouser  son  ancien  fiancé  qui,  au  courant  de  tout, 
désire  ardemment  reprendre  les  projets  de  jadis;  mais  elle  a  décidé 
de  continuer  sa  mission  d'expiation  et  l'on  devine  que  Jean  Marest 
fera,  comme  elle,  le  sacrifice  de  son  bonheur  personnel  à  la  cause 
de  la  charité.  Le  style  de  l'auteur,  M.  0.  Laval ette,  est  facile; 
l'analyse  que  nous  venons  de  faire  de  son  récit  donne  la  mesure 
de  ses  sentiments  religieux. 

9.  —  Moins  tragique  est  le  Mystère  de  Rochebrune ,  bien  qu'il   y 


—  400  — 

soit  question  de  brigands.  La  petite  Italienne  Gaétana,  trouvée  et 
adoptée  par  une  famille  française,  découvre  que  son  véritable  père 
a  été,  malgré  lui,  affilié  à  une  bande  de  brigands.  Mais  cet  homme, 
plus  faible  que  pervers,  expie  par  un  acte  de  courage  son  erreur 
passée  et  Gaétana,  rendue  à  son  pays,  y  /ait  un  mariage  heureux. 
De  jolies  descriptions  du  Midi  agrémentent  ce  nouveau  roman  de 
Mme  Chéron  de  la  Bruyère,  où  la  note  morale  n'est  jamais  en- 
nuyeuse  et   où  la  pensée  religieuse   est   discrète  et  juste. 

10.  —  Cousine  Sans-Gêne  est  une  histoire  assez  invraisemblable, 
mais  joliment  contée  par  M'"^'  Roger  Dombre.  Renée  de  Bercueil, 
la  «  cousine  Sans-Gêne  »,  accepte,  puis  abandonne  son  héritage 
avec  une  rare  désinvolture.  Par  lassitude  de  la  campagne,  elle  re- 
vient à  Paris,  laissant  son  château  de  Provence,  «  la  Maraude  », 
à  son  cousin  Hugues  do  M(M*gallec.  Celui-ci  est  non  moir.s  géné- 
reux et,  d'accord  ave<-  Renée,  le  million  et  demi  dont  il  a  hérité, 
conjointement  avec  sa  «  cousine  Sans-Gêne  »,  est  partagé  entre 
une  tribu  de  cousins  et  de  cousines,  très  méritants  du  reste ,  dont 
les  uns  sont  épousés,  les  autres  dotés  par  ces  millionnaires"  peu 
ordinaires.  De  charmantes  descriptions  de  la  Provence  agrémen- 
tent ces*  pages  écrites  avec  entrain. 

11.  —  Les  Neveux  de  tante  Delphine  offrent  plutôt  une  série  de 
scènes  enfantines  qu'un  ouvrage  suivi.  11  convient  aux  petits  lec- 
teurs de  sept  et  de  huit  ans;  les  dialogues  sont  très  vivants,  le 
style  simple,  et  un  esprit  religieux  approprié  aux  petits  a  inspiré 
l'auteur,  M'"®  A.  de  Pitteurs. 

12.  —  Voici  encore  un  livre  destiné  aux  petits  :  Les  plus  belles 
Histoires  à  faire  lire  aux  enfants.  M.  Bouchor  explique,  dans  sa 
Préface,  la  pensée  qu'il  a  eue  de  recueillir  les  contes  les  plus  beaux, 
en  les  accompagnant  de  notes  et  de  commentaires.  A  côté  du  Petit 
Poucet,  du  CJiaperon-Rouge,  de  CendriUon,  de  Biquet  à  la  houpe  et 
autres  vieilles  connaissances,  nous  avons  quelques  contes  moins 
Connus  venus  de  Provence  et  même  de  Corse.  Les  commentaires 
qui  accompagnent  ces  contes  S(int  simples  et  clairs,  comme  il  con- 
vient pour  les  enfants,  mais  on  regrette  de  n'y  trouver  qu'une 
morale  purement  laïque  et  sociale;  une  note  religieuse,  si  discrète 
qu'on  la  suppose,  y  aurait  une  place  tout  indiquée  puisqu'il 
s'agit  de  dégager  les  leçons  de  morale  qui  se  cachent  sous  un  récit 
amusant. 

13.  —  Un  jeune  Anglais,  Desmond  Ellery,  victime  d'une  atroce 
injustice,  quitte  son  pays'  et  va  chercher  l'emploi  de  son  énergie 
dans  le  petit  royaume  de  Wallerie,  dont  les  puissances  européennes 
se  disputent  le  protectorat.  Il  s'y  fait  le  champion  de  la  Princesse 
Mariiza,  dépossédée  de  son  trône  p?,r  le  roi  Fenlinfind;  mais  après 


-  ÔOO  — 

mille  aventures  dramatiques  dont  il  sort  sain  et  sauf,  par  une 
espèce  de  miracle,  Ellery  est  foîcé  d'abandonner  son  entreprise  et, 
comme  tout  bon  roman,  celui-ci  se  teimine  par  un  mariage.  La 
princesse  renonce  à  une  couronne  qui  ne  paraît  pas,  tant  s'en  faut, 
une  couronne  de  roses,  rentre  dans  la  vie  privc'e  et  épouse  le  capi- 
taine qui  l'a  si  vaillamment  servie.  Ce  rcman  de  M.  Peicy  J.  Breb- 
ner,  traduit  de  l'anglais  par  M.  Piene  Nozan,  est  parfaitement 
moral  et  assez  mouvementé  pour  plaire  aux  jeunes  lecteurs  -avides 
d'aventures  périlleuses,  car  les  sauvetages,  les  ccmplots,  lesguets-à- 
pens  s'y  enchaînent   de  façon  à  captiver  leur  attention. 

14.  —  Dajis  le  Galon  d'or,  certains  aspects  de  la  question  so- 
ciale sont  traités  par  M'"^  Lucie  des  Ages  sous  une  forme  familière 
bien  faite  pour  être  comprise  par  les  jeur.es.  Ce  récit  leur  fait  con- 
naître aussi  quelques-unes  des  œuvres  si  nombreuses  établies  à  Pa- 
ris pour  moraliser  les  enfants  de  la  classe  ouvrière  :  patronages, 
colonies  de  vacances,  etc.  Sans  ces  œuvres,  le  petit  Marcel  serai't 
un  anarchiste  et  un  apache.  Ces  choses  sont  dites,  non  pas  sous  la 
forme  d'un  sermon,  mais  avec  simplicité  et  entrain,  de  façon  à 
intéresser  les  enfants  de  huit  à  dix  ans,  pour  qui  le  volume  est 
écrit. 

15.  —  L'héroïne  de  Double  Conquête  est  une  jeune  Parisienne 
que  la  santé  de  son  demi- frère,  le  petit  Roger,  oblige  à  habiter 
à  Orthez  chez  la  grand'mère  de  l'enfant.  Les  débuts  de  Marianne 
Mercier  sont  difficiles,  mais  la  jolie  Parisienne  a  de  la  tête  et  du 
cœur;  elle  fait  la  conquête  de  sa  revêche  hôtesse  et  aussi  celle, 
beaucoup  moins  difficile,  d'un  jeune  médecin,  le  D'"  É'iie  Perrier, 
qu'elle  épouse  pour  leur  mutuel  bonheur.  Le  volume  de  M.  Dupin 
de  Saint- André  est  écrit  avec  agrément,  et  la  bonne  humeur  avec 
laquelle  Marianne  fait  face  aux  difficultés,  petites  et  grandes,  de 
la  vie  de  province,  potinière  et  critique,  la  rend  tout  à  fait  sym- 
pathique. 

16.  —  La  Colombe  de  Budsay-Manor,  par  M.  Delly,  histoire  plus 
dramatique  que  vraisemblable,  est  inspirée  par  un  excellent  esprit. 
La  «  colombe  »,  petite  âme  irrocente,  rachète  par  sa  mort  les 
fautes  de  ses  aïeux  et  â('U^  ne  la  malédiction  qui  pesait  sur  sa 
race. 

17.  —  Dans  les  Aubépines,  nous  avons  l'histoire  très  simple,  racon- 
tée dans  un  style  assez  ordiraiie,  d'ure  jeune  fille  orpheline  qui, 
transplantée  dans  un  mib'eu  sntiielipieux,  réussit,  peu  à  peu,  à  con- 
soler, à  secourir  et  surtr i  t  à  améliorer  son  entourage;  comme  on 
le  voit,  les  sentiments  qui  ort  ir spire  M.  Michel  Auvray  sont  très 
louables. 

18    —  Non  moins  vive  est  la  note  religieuse  de  Zo^mwte.  M.  Louis 


—  501  — 

Villarceau  évoque  la  vie  d'un  petit  séminaire  il  y  a  quelque  vingt- 
cinq  ans.  Il  règne  dans  ces  pages  un  souffle  honnête  et  chrétien, 
et,  à  travers  des  souvenirs  de  collège,  sont  semées  des  idées  justes 
sur  l'éducation  morale  et  classique  de  la  jeunesse.  Mais  ce  livre 
n'est  pas  à  proprement  parler  un  roman,  c'est  plutôt  une  se  rie 
des  réminiscences  de  la  vie  de  collège,  dont  l'auteur  semble  avoir 
gardé  le  meilleur  souvenir. 

19.  —  Lucien  Valdanne,  savant  orgueilleux  et  incroyant,  se  trouve 
avoir  bâti  Sur  le  sable  une  carrière  qu'il  a  voulu  diriger  par  ses 
seules  lumières,  en  dehors  des  influences  religieuses  qu'il  méprise 
profondément.  L'échec  de  son  ambition,  une  peine  de  cœur,  une 
trahison  qui  menace  son  honneur  de  patriote,  en  détruisant  ses 
rêves  orgueilleux,  ouvrent  cette  âme  hautaine  à  la  vérité  éternelle 
qui  seule  donne  à  la  vie  son  véritable  sens.  Sa  sœur  Monique, 
élevée  comme  lui  sans  religion,  est  amenée  au  même  but  par  un 
autre  genre  d'épreuves.  La  pensée  qui  a  inspiré  W^^  Marie  Le 
Mière  est  élevée  et  chrétienne,  son  style  est  facile;  l'épisode  de 
Gladys,  la  «reine  de  l'or  »,  serait  peut-être  invraisemblable  s'il  ne 
s'agissait  pas  d'une  Américaine  millionnaire,  à  qui  l'on  peut  sup- 
poser toutes  les  originalités. 

20.  —  Les  /'ewa; /o/Ze/5  que  poursuivent  les  héros  de  M.  Henry  Bister 
les  entraînent  vers  la  ruine  physique  et  morale.  Etienne  et  Guil- 
lemette  de  Verchamps,  issus  d'une  race  illustre,  mais  pauvre,  rê- 
vent surtout  une  vie  facile;  Claude  Dartigue,  la  petite  bourgeoise 
honnête,  dont  les  écus  redorent  leur  blason,  est  aussi  ambitieuse 
qu'eux,  à  sa  façon,  et,  en  poursuivant  le  «  feu  follet  »  d'un  ma- 
riage aristocratique,  elle  ne  rencontre  que  déceptions.  Le  plus  an- 
tipathique comme  le  plus  conséquent  des  personnages,  est  Louis 
Berthier,  le  fiancé  éconduit  de  Guillemette,  qui  d'un  obscur  méde- 
cin devient  ambassadeur  de  la  République.  C'est  le  seul  dont  les 
rêves  se  réalisent.  Il  manque  à  ce  volume,  parfaitement  hornête, 
une  note  religieuse  et  un  idéal  plus  élevé. 

2L  —  Dans  Sans  lumière,  M.  Julien  Pravieux  raconte  l'histoire, 
peut-être  un  peu  poussée  au  noir,  mais  intéressante  et  bonne  à 
répandre,  d'une  paroisse  d'où  un  curé  doit  s'éloigner,  par  la  faute 
des  habitants.  La  condition  lamentable  de  ce  village  «  sans  lu- 
mière »  est  décrite  dans  un  style  poignant  :  les  crimes  s'y  multi- 
plient, les  mauvaises  passions  y  dominent,  la  misère  matérielle  y 
grandit  de  pair  avec  la  détresse  morale.  En  somme,  nous  avons  ici 
un  bon  livre  d'actualité  qui,  sous  la  forme  d'un  récit  fictif,  touche 
à  une  question  brûlante  :  l'influence  moralisatrice  et  civilisatrice 
du  prêtre  au  xx^  siècle. 

22.  —  La  Fée  du  Va]  André  a  également  une  note  actuelle,  car 


—  502  - 

l'auteur  y  traite  la  question  sociale,  sous  la  forme  d'un  roman. 
11  nous  montre  des  types  de  grévistes  révolutionnaires,  d'indus- 
triels riches  et  bien  intentionnés  et  aussi  un  marquis,  trop  arriéré 
d'idées  pour  être  vraisemblable;  on  aimerait  voir  personnifier  au- 
trement la  vieille  aristocratie,  dans  un  volume  où  il  y  a  tant  d'idées 
bonnes  et  saines.  Au  milieu  de  ce  monde  varié,  M^^^  de  Trémazan, 
la  «  fée  »,  exerce  une  influence  bienfaisante.  Cette  influence  devien- 
dra encore  plus  puissante  quand,  par  son  mariage  avec  l'indus- 
triel René  Darney,  la  jeune  fille  acquerra  droit  de  cité  dans  le 
monde  des  ouvriers,  et  travaillera,  de  concert  avec  son  mari,  à  leur 
régénération  sociale,  dans  le  sens  chrétien  du  mot,  le  seul  vrai. 
L'auteur,  M"^^  de  Harcoët,  a  dédié  son  livre  au  comte  Albert  de 
Mun,   dont  les  idées  généreuses  sont  reflétées  dans  ses  pages. 

23.  —  Saint-Exupère-les-Châsses,  par  M.  F.  Plessis,  a  pour  théâtre 
la  Basse-Normandie;  l'esprit  en  est  bon  et  la  note  religieuse  y  do- 
mine: mais  il  ne  faut  pas  y  chercher  des  aventures  bien  sensation- 
nelles. C'est,  en  somme,  l'histoire  de  deux  sœurs,  Marie-Armande, 
ambitieuse  et  coquette,  qui  affiche  une  philosophie  antireligieuse, 
et  Marie-Claire,  très  ferme  et  très  douce,  modeste  et  pieuse.  La 
première  fait  pas  mal  de  bruit  et  peu  de  bien,  la  seconde  exerce 
sur  son  entourage  une  influence  où  son  exemple,  encore  plus  que 
ses  paroles,  joue  le  principal  rôle.  Autour  des  deux  sœurs  se  meu- 
vent quantité  de  personnages  secondaires  :  paysans  normands, 
châtelains,  bourgeois,  instituteurs  et  curés,  assez  vivants  pour  avoir 
été  croqués  d'après  nature. 

24.  ■ —  Le  volume  de  M.  Albert  Cim  intitulé  :  Mes  Vacances^ 
est  un  recueil  d'histoires  écrites  dans  un  style  facile,  coulant, 
tour  à  tour  gai  ou  ému;  il  convient  aux  enfants  de  sept  à  huit  ans. 

25.  —  On  connaît  l'esprit  chrétien,  le  style  élégant  et  aisé  de 
M.  Georges  de  Lys;  son  nouveau  volume  :  Sur  les  têtes  blondes  i^os- 
sède  les  mêmes  qualités  morales  et  littéraires  que  ses  précédents 
ouvrages.  La  figure  de  son  héroïne,  Anne  Duguay,  est  douloureuse; 
sa  vie  est  brisée  par  l'accusation  injuste  portée  contre  son  frère, 
brillant  officier,  dont  elle  a  admis,  trop  facilement  peut-être,  la 
culpabilité  rt,  pour  ne  pas  révéler  sa  triste  histoire,  elle  repousse  la 
main  d'un  jeune  homme  qui  l'aime,  plus  tard,  l'innocence  de  René 
Duguay  est  reconnue  et  le  condamné  d'hier  est  réhabilité  d'une 
façon  éclatante,  mais  il  est  trop  tard  pour  sauver  la  vie  du  jeune 
officier,  miné  par  le  chagrin,  et  pour  rendre  à  sa  sœur  le  bonheur 
qu'elle  a  sacrifié.  Elle  s'en  console  en  déversant  Sur  les  têtes 
blondes  des  enfants  du  peuple,  le  besoin  de  dévouement  qui  est 
dans  sa  nature. 

26.  —  Dans   le^  volume  intitulé    :    Hommes   et    choses   du  vieux 


—  503  — 

temps,  M.  Maurice  Maindron  étudie  quelques  épisodes  historiques 
peu  ou  mal  connus;  il  le  fait  avec  un  sens  juste  et  dans  un  styl(( 
sobre  et  coloré,  qui  rend  la  lecture,  de  ce  petit  livre  aussi  intéres- 
sante qu'instructive.  Un  des  chapitres  les  plus  attrayants  est  celui 
que  l'auteur  consacre  au  maréchal  de  Guébriant,  héros  modeste 
et  peu  connu,  dont  le  duc  d'Aumale  a  dit  :  «  qu'il  ne  fit  que  le 
bien  et  ne  pratiqua  que  le  devoir  ». 

27.  —  Avec  les  Compagnons  de  l'Alliance,  M.  Jean  Guétary  met 
en  scène  le  chevalier  de  Maison-Rouge  ou,  plus  exactement,  de 
Rougeville,  qui,  après  avoir  tenté  de  délivrer  Marie-Antoinette  de 
la  Conciergerie,  fut  fusillé  à  Reims,  en  1814,  par  les  ordres  de  Na- 
poléon. Si  le  principal  personnage  de  ce  roman  a  réellement  existé, 
d'autres  épisodes  sont  imaginaires,  mais  ils  forment  un  ensemble 
intéressant,  bien  écrit,   dans  un  excellent  esprit. 

28.  —  La  Lune  rousse  est  ici  le  contraire  de  la  lune  de  miel. 
M.  et  M""^  Jupin  ne  rappellent  que  par  leur  âge  Philémon  et  Bau- 
cis,  et  le  peu  de  fusion  qui  existe  dans  cet  antique  ménage  est 
pour  leur  petite-fiUe  Marguerite  une  utile  «  leçon  de  choses  »: 
elle  jure  de  n'épouser  qu'un  homme  qu'elle  aimera  et  elle  tient 
parole.  On  nous  fait  même  pressentir  que  ses  heureuses  fiançailles 
inaugureront  chez  ses  grands- parents  une  ère  meilleure  et  que, 
chez  eux,  la  lune  rousse  pourrait  bien  devenir  une  véritable  lune 
de  miel.  Ce  récit  conté  dans  un  style  gai,  vif,  alerte,  aura  un 
succès  pour  le  moins  égal  aux  autres  ouvrages  de  l'auteur  popu- 
laire qu'est  M.  Champol. 

29.  —  Les  Contes  de  l'épée,  de  M.  de  Brisay,  sont  de  courtes 
histoires  de  guerre,  racontées  avec  simplicité  et  entrain.  Elles  se 
passent  à  des  époques  et  dans  des  lifeux  très  difTérents;  mais  les 
plus  émouvantes  ont  pour  théâtre  l'a  presqu'île  de  Quiberon,  de 
tragique    m  moire. 

30.  —  Dans  la  Fille  du  boijard,  M.  Paul  Yalb  prend  pour  cadre 
de  son  roman  la  guerre  civile  qui,  au  commencement  du  xvii®  siè- 
cle, bouleversa  la  Russie.  L'histoire  est  dramatique,  mouvementée, 
parfaitement  morale,  mais  peut-être  un  peu  confuse,  tant  les  per- 
sonnages  y   sont  nombreux    et   les    épisodes  multipliés. 

31.  —  Par  contraste,  le  Bonheur  de  Simone,  par  M.  G.  Beaume, 
est  une  histoire  contemporaine  dont  l'intérieur  d'un  percepteur  de 
province  est  le  cadre  terre  à  terre.  Ce  percepteur,  M.  Chably,  se 
laisse  entraîner  à  des  spéculations  de  bourse,  à  l'instigation  d'un 
riche  industriel  qui,  furieux  des  pertes  subies,  dénonce  son  malheu- 
reux complice;  celui-ci  perd  sa  place;  mais,  à  la  fin,  tout  s'arrange, 
et  Simone  épouse  le  fils  de  son  ennemi  qui,  honteux  de  sa  dureté 
passée,  se  décide  à  l'accueillir   comme    sa    fille. 


—  504  -~ 

32.  —  plus  mouvementé  est  le  roman  de  M,  Pierre  Maël 
intitulé  :  La  Roche-gui-tue  :  c'est  l'histoire  d'une  morte  vivante, 
de  Chouans,  de  contrebandiers,  de  Bleus,  et  elle  se  déroule  en  Bre- 
tagne, en  pleine  Terreur.  Les  jeunes  lecteurs  en  aimeront  les  péri- 
péties dramatiques  et  aussi  les  illustrations  vraiment  jolies  et  pit- 
toresques. 

33.  —  L' Étoile-du- Pacifique,  bateau  gigantesque,  lancé  à  la  Seyne, 
près  de  Toulon,  sera  une  station  flottante  fixe  qui,  à  l'aide  de  la 
télégraphie  sans  fil,  se  tiendra  en  communication  avec  les  vais- 
seaux en  marche  comme  avec  la  terre  ferme.  L' Étoile-du- Pacifique 
rencontre  dans  l'accomplissement  de  sa  tâche  des  difficultés  et  des 
dangers  qui  sont  racontés  par  M.  Georges  Price  avec  une  abondance 
de  détails  techniques  et  un  entrain  qui  rappellent  les  ouvrages  de 
Jules  Verne,  délices  des  générations  précédentes;  celle  d'aujourd'hui 
accueillera  avec  non  moins  de  plaisir  ce  volume,  auquel  le  récent 
et  tragique  naufrage  du  Titanic,  autre  vaisseau  gigantesque,  donne 
une  sorte  d'actualité. 

34.  —  Les  Deux  Antoinette,  par  M.  Ernest  Daudet,  est  l'histoire 
ingénieuse  et  bien  contée  d'une  substitution  d'enfants.  Une  petite 
fille,  élevée  par  un  chef  de  gare  de  province,  qui  l'a  recueillie 
des  mains  de  sa  mère  mourante,  se  trouve  être  la  fille  d'un  mil- 
lionnaire, tandis  que  la  fille  supposée  de  celui-ci  est  l'enfant  d'une 
pauvre  couturière.  Les  deux  Antoinette,  la  vraie  et  la  fausse,  ont 
des  qualités  qui  leur  sont  communes,  grâce  auxquelles  la  vraie 
Antoinette  rentre  dans  ses  droits  sans  léser  ceux  de  son  homonyme. 

35.  —  L'ouvrage  de  M™^  Gabrielle  d'Arvor  :  Lucie,  a  été  cou- 
ronné par  l'Académie  française;  les  sentiments  en  sont  excellents, 
le  style  en  est  aisé  et  certaines  descriptions,  celle,  par  exemple, 
de  l'inondation  de  la  Gai^onne,  ont  de  la  vie.  Lucie,  jolie,  ambi- 
tieuse et  frivole,  est  une  des  victimes  de  cette  catastrophe  qui  lui 
enlève  ses  parents  et  sa  fortune,  mais  qui  lui  apporte,  à  ce  prix, 
un  sens  plus  vrai  de  la  vie  et  de  ses  devoirs.  La  leçon  est  dure, 
mais  on  peut  espérer  que,  sous  ses  dehors  cruels,  elle  cache  le 
secret  d'un  plus  solide  bonheur. 

36.  37,  38,  39,  40,  41,  42  et  43.  —  Les  ouvrages  compris  sous 
ces  huit  numéros  ont  tous  fait  l'objet  de  comptes  rendus  à  l'épo- 
que où  ils  ont  paru  pour  la  première  fois  comnif  livres  d'étren- 
nes,  en  des  éditions  luxueuses  et  de  grand  format  et  de  prix  trop 
élevés  pour  être  généralement  utilisés  comme  récompenses  scolaires 
ou  pour  être  placés  dans  des  bibliothèques  populaires.  Mais,  depuis, 
la  librairie  Mame  nous  a  donné  de  ces  mêmes  ouvrages  ime  édition 
nouvelle,  de  format  in-12,  d'un  bon  marché  remarquable.  Ils  pour- 
ront donc,  avantageusement,  servir  à  ce  double  usage.  Ne  pouvant 


'^  505  — 

revenir  sur  leur  contenu,  nous  devons  nous  borner  à  renvoyer  aux 
articles  déjà  publiés  et  que  l'on  trouvera  comme  il  suit  dans  le 
Polyhihlion  :  36.  La  Revanche  du  passé,  par  M.  L.  Oliviero  (juin 
1910,  t.  CXVIII,  p.  505-506);  37.  Le  Château  de  la  vieillesse,  par 
M.  Guy  Chantepleure  (décembre  1900,  t.  LXXXIX,  p.  506);  38. 
Collier  d'Or,  par  M.  Daniel  Laumonier  (décembre  1901,  t.  XCII, 
p.  498-499);  39.  Fille  de  preux,  par  M.  Jean  Guetary  (décembre 
1903,  t.  XCVIII,  p.  493);  40.  La  Demoiselle  blanche,  par  M.  Charles 
Foley  (décembre  1905,  t.  CIV,  p.  502);  41.  Le  Roman  de  l'ouvrière, 
par  M.  Charles  de  Vitis  (décembre  1908,  t.  CXIII,  p.  496);  42. 
Les  Conquérants  de  l'air,  par  M.  Georges  de  Lys  (décembre  1910, 
t.  CXIX,  p.  503,  504);  43.  Le  Record  du  tour  du  monde,  par 
M.  Léon  Berthaut  (décembre  1911,  t.  CXXII,  p.  491,  492).  Cette 
édition,  élégamment  cartonnée  et  dont  le  succès  n'est  pas  douteux, 
est  ornée  d'un  certain  nombre  de  jolies  gravures  qui  illustraient 
l'édition  de  luxe. 

Pièces  de  théâtre.  —  1.  — La  Passion  de  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ,  par  M.  l'abbé  Joseph  Oger,  est  un  drame-mystère  en  vers, 
en  6  actes  et  23  tableaux;  dans  sa  Préface,  1  auteur  déclare  qu'il 
a  suivi  pas  à  pas  l'Évangile,  se  faisant  un  devoir  d'éviter  les 
inventions  romanesques  qui  déparent  toujours  le  plus  auguste  des 
drames.  Il  y  donne,  en  même  temps,  des  explications  pratiques 
pour  faciliter  aux  directeurs  des  œuvres  catholiques  la  représen- 
tation d'une  pièce  à  laquelle  l'autorité  ecclésiastique  a  donné  son 
approbation  et  qui  ne  peut  impressionner  que  favorablement  l'au- 
ditoire auquel  elle  est  destinée. 

2.  —  On  pourrait  en  dire  autant  du  drame  :  Les  Chrétiens  aux 
lions,  composé  pour  les  jeunes  gens  par  M.  Jehan  Grech  et  dont 
les  17  rôles  sont  tous  des  rôles  d'hommes.  L'action  se  passe  à 
Rome  au  m®  siècle  et  rappelle  l'époque  héroïque  de  l'Église  nais- 
sante. 

3.  —  La  Rose  de  Jérusalem,  mélodrame  en  2  actes  avec  prologue 
et  épilogue,  par  M.  Caritas,  a  12  rôles,  tous  pouvant  être  remplis 
par  des  femmes.  L'action  se  passe  aux  temps  des  croisades  et  l'hé- 
roïne est  une  jeune  chrétienne  qui,  tombée  aux  mains  des  infidèles, 
et  élevée  dans  leur  culte,  reconnaît  enfin  sa  vraie  mère  et  embrasse 
la  foi  catholique. 

4.  —  Catelinette  et  Libellule,  les  deux  jeunes  Caraïbes,  qui  donnent 
leur  nom  à  la  pièce  de  M.  Jehan  Grech,  sont  amenées  à  la  cour 
de  Louis  XIV,  où,  grâce  à  la  protection  de  la  Reine,  elles  sont 
élevées  en  bonnes  chrétiennes  et  en  bonnes  Françaises.  Cette  opé- 
rette dramatique  compte  plus  de  20  rôles,  tous  de  femmes,  et, 
parmi  les  personnages,  paraissent  les  deux  Reines  et  la  future  Ma- 
dame de  Maintenon. 


—  505  — 

5.  —  Au  temps  de  la  gavotte,  opérette  en  deux  actes  pour  jeunes 
filles,  est  dans  une  note  plutôt  gaie;  elle  renferme  13  rôles,  qui 
sont  tous  des  rôles  de  femmes.  Une  partition  musicale  complète 
cette  pièce   de  M.  Ch.  Le  Roy  Villars. 

6.  —  Miss  Aéroplane,  comédie  en  deux  actes,  est  écrite  pour 
les  jeunes  filles  et  renferme  6  rôles  féminins.  L'action  se  passe  à 
Chicago;  l'héroïne,  fille  d'aviateur,  devient  aviatrice  à  son  tour, 
pour  les  besoins  de  la  pièce  de  M.  Jacques  d'Ars;  mais  elle  tombe 
dans  un  lac  et  n'est  sauvée  de  la  mort  que  par  le  dévouement, 
d'une  petite  servante  noire  qu'elle  a  jadis  protégée  contre  les  ta- 
quineries  de   ses   compagnes.  * 

7.  —  Une  Altesse  en  sabotsl  par  M.  Ch.  Le  Roy- Villars,  est  la 
contre-partie  de  Au  temps  de  la  gavotte,  écrite  pour  jeunes  gens. 
Il  y  a  aussi  13  rôles,  tous  masculins. 

8.  —  Une  dure  Leçon,  par  M .  J .  Brélivet,  est  un  dialogue  co- 
mique destiné  aux  jeunes  gens,  avec  deux  rôles  tenus  par  un  Fran- 
çais et   par  un  Anglais. 

9.  —  La  Femme  bavarde,  du  même  auteur,  est  un  monologue 
assez  drôle  et  pas  trop  long. 

10.  —  Avec  Ambitionl  nous  rentrons  dans  la  série  des  pièces 
historiques.  Celle-ci  renferme  7  rôles  d'hommes;  le  héros  en  est 
Crispinus  qui,  sous  le  règne  de  Julien  l'Apostat,  se  trouve  aux 
prises  avec  les  mêmes  difficultés  que  doivent  affronter  de  nos  jours 
les  parents  soucieux  de  l'âme  de  leurs  enfants;  cette  similitude 
donne  à  la  pièce  un  certain  caractère.  Comme  les  sectaires  du 
xx«  siècle,  l'Empereur  philosophe  voulait  moins  tueries  corps  qu'ac- 
caparer les  intelligences   et  les   âmes. 

Comtesse  de  Courson. 


THÉOLOGIE 


L.'Évan$;ile  et  le  temps  présent,  par  l'abbé  Élie  Pebbin.  Nouvelle 
édition.  Paris,   Tequi,  1910,  in  12  de  xi-372  p.  —  Prix  :  3  fr.  50,X)-^af 

Sur  l'évangile  de  chaque  dimanche,  l'auteur  formule  quelques 
réflexions  courtes  et  suggestives.  Le  titre  de  son  livre  avertit  assez 
qu'il  entend  ne  rien  proposer  à  ses  lecteurs  qui  ne  les  touche  de 
près,  et  ce  n'est  pas  un  médiocre  mérite  d'y  avoir  atteint.  A  vrai 
dire,  le  lien  qui  rattache  au  texte  sacré  les  applications  proposées 
n'est  pas  toujours  très  strict.  Ceux  qui  pensent  que  l'Évangile  est 
de  tous  les  temps  se  persuadent  que  c'est  l'idée  même  du  Christ 
et  la  moelle  de  sa  prédication  qui  ne  vieillit  pas  et  qu'une  médi- 
tation un  peu  profonde    suffit    à   la  dégager    toujours    séduisante. 


—  507  — 

Seul,  le  superficialismc  lasse  le  «  temps  présent  »,  ou  plutôt  il 
lasse  à  tour  de  rôle  toute  époque  qui  ne  reconnaît  ni  sa  vive  image, 
ni  ses  besoins  profonds,  dans  les  banalités  qu'on  lui  sert.  M.  l'abbé 
Perrin  avait,  ce  semble,  les  dons  requis  pour  être  en  ce  sens  plus 
«  évangélique  »  encore.  Son  ouvrage  est  vivant,  d'une  morale  sûre, 
pratique,   intéressante.    Il  méritait  une  réédition.         H  •  Grs. 


SCIENCES    ET    ARTS 

Knseignemenl,    par   Léonce   Couture    Pnris,  Champion  ;   Toulouse, 
Privât,  lyil,  in-«  de  xxx  10(i4  p.  —  Prix:  10  fr. 

Personne  n"a  oublié,  ici,  les  comptes  rendus  dans  lesquels  M.  Léonce 
Couture  faisait  connaître  aux  lecteurs  du  Polyhihlion  les  nouveaux 
ouvrages  de  philosophie.  On  admirait  sa  compréhension,  la  largeur 
d'esprit  jointe  à  la  sûreté  de  la  doctrine,  l'étendue  et  la  variété 
de  l'information.  On  sait  que  notre  éminent  collaborateur  était 
doyen  de  la  Faculté  libre  des  lettres  à  l'Institut  catholique  de 
Toulouse.  Assistant  à  l'une  de  ses  leçons,  le  cardinal  Mathieu  s'é- 
criait :  «  Quel  dommage  que  M.  l'abbé  Couture  ait  jeté  sa  pous- 
sière d'or  sur  tant  de  petits  chemins  !  »  Et,  en  effet,  l'auteur  d'in- 
nombrables articles,  remarquables  à  divers  titres,  non  seulement 
n'a  jamais  déployé  sa  maîtrise  en  composant  un  livre,  mais  encore 
ne  s'est  jamais  soucié  de  recueillir  et  de  publier  les  études  éparses, 
ici  ou  là. 

Un  de  ses  fervents  disciples,  ami  très  fidèle,  admirateur  très 
éclairé,  M.  le  vicaire  général  Laclavère,  n'a  pas  consenti  à  laisser 
perdre  ces  pages  précieuses.  Sous  le  titre  :  Enseignement,  il  nous 
donne  un  gros  volume  d'un  riche  contenu  :  philosophie  et  théologie, 
études  latines,  grammaire  et  littérature  françaises,  grammaire  et 
littérature  provençales,  littérature  étrangère,  rapports,  allocutions 
lettres,  préfaces. 

Sans  essayer  de  résumer  tous  ces  travaux  en  lesquels  l'érudition 
la  plus  vaste  et  la  plus  précise  s'allient  à  la  vivacité  et  à  la  lim- 
pidité de  la  pensée,  indiquons  quelques-uns  des  sujets  abordés  ou 
traités  par  ce  véritable  maître.  En  1888,  il  lisait  au  Congrès  de 
bibliographie  un  rapport  sur  vingt  années  de  philosophie  française 
et  il  lui  suffisait  de  quelques  traits  pour  esquisser  les  systèmes  et 
apprécier  les  penseurs,  avec  une  admirable  et  heureuse  justesse. 
L'année  suivante,  en  son  commentaire  d'un  fragment  de  Pascal 
sur  l'Eucharistie,  il  se  bornait  à  quelques  pages,  modèle  de  cri- 
tique textuelle  et  d'ingénieuse  restitution  pour  montrer  sa  par- 
faite connaissance  de  la  philosophie  cartésienne,  sa  documentation 


-  508  - 

théologique,  la  solidité  et  l'originalité  de  son  exégèse.  Les  huma- 
nistes savent  avec  quelle  compétence  et  quelle  sagacité  il  déter- 
mina les  lois  du  Cursus,  ou  rythme  prosaïque,  dans  la  liturgie  et 
dans  la  littérature  de  l'église  latine,  du  iii^  siècle  à  la  Renaissance. 
Mais  la  finesse  exquise  du  lettré  n'était  alourdie  ni  gênée 
par  l'énorme  bagage  philologique  qu'il  portait  si  allègrement  :  de 
Montaigne  à  Victor  Hugo,  de  Joinville  à  Sainte-Beuve,  il  savait 
découvrir  quelque  coin  inexploré  de  notre  histoire  nationale  ou  ra- 
jeunir une  question  qui  semblait  épuisée  et  dont  il  nous  révélait 
des  aspects  inattendus.  —  Les  romanisants  trouvaient  en  lui  un 
guide  lumineux,  dont  le  culte  pieux  était  dégagé  de  toute  supers- 
tition- et  qui  ne  choquait  point  les  hommes  de  sens,  de  mesure  et 
de  goût,  par  cette  absence  de  perspective,  si  souvent  nuisible  au 
succès  et  au  progrès  des  études  romanes  et  si  fréquente  chez  les  spé- 
cialistes aveuglément  épris  des  prétendues  beautés  qu'ils  croient 
avoir  découvertes. 

Cependant,  les  fragments  les  mieux  liés  qui  nous  aient  été  conser 
vés  sont  ceux  qui  se  rapportent  à  l'histoire  de  la  littérature  ita- 
lienne. Les  leçons  sur  Dante,  Pétrarque,  le  Tasse,  la  Renaissance 
italienne  sont  les  morceaux  achevés  d'un  harmonieux  édifice.  Sur 
de  fermes  substructions  historiques  s'élèvent  des  œuvres  d'art,  à 
la  fois  savantes,  amples  et  gracieuses.  La  psychologie  des  hommes 
de  génie,  la  critique  de  leurs  ouvrages,  les  détails  caractéristiques 
de  leur  biographie,  les  influences  qu'ils  ont  subies,  acceptées,  re- 
cherchées ou  exercées,  tout  cela  se  présente  et  se  développe  quand 
il  faut,  vivifié  par  des  idées  générales,  éclairé  par  des  hypothèses 
parfois  hardies,   jamais  aventureuses,   toujours  fondées. 

Comme  il  était  convaincu  que,  sans  agrément,  il  n'y  a  pas  de 
littérature,  Léonce  Couture  ne  s'embarrassait  point  du  fouillis  et 
du  fatras  que  certains  voudraient  nous  faire  prendre  pour  la 
«  science  »  et  ne  croyait  pas  qu'il  y  eût  aucun  mérite  à  proposer 
des  énigmes  en  des  phrases  enchevêtrées  ou  difformes.  C'était  un 
écrivain  de  race,  toujours  sobre  et  clair,  d'une  élégante  distinction. 
La  implicite  et  la  douceur  de  sa  nature  s'expriment  par  son  "tyle 
accueillant  et  attrayant,  et  c'est  bien  lui  qui  revit  dans  son  œuvre 
avec   son   talent,   sa   science,   son  art  et  sa  foi. 

Louis  Maisonneuve. 

Dieu  et  Seienee,  Ess'^is  de  psychologie  des  sciences,  par  ÉL'E  db  Cygn. 
2«  édition.  Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  xin-487  p.,  avec  2  planches  et  por- 
trait. —  Prix  :  7  fr.  oO. 

A  la  suite  d'une  préface  et  d'une  Introduction  générales  où  sont 
exposés  l'esprit,  le  point  de  départ  et  le  but  de  l'auteur,  cet  ou- 


—  509  — 

vrage,   dont   nous   avons   analysé  la  1''^  édition   en   mai    1910    (t. 
CXVIII,  p.  424),  est  divisé  en  quatre  parties. 

Dans  la  première  :  Temps  et  espace,  M.  de  Cyon,  renvoyant, 
au  domaine  de  l'irréel  et  de  l'imaginaire  les  gcométries  non-eucli- 
diennes ainsi  que  la  conception  toute  subjectiviste  de  Kant  sur 
l'espace,  s'efforce  d'établir  que  la  géométrie  d'Euclide,  la  seule 
pratiquement   vraie,  reposerait   sur   des   bases   physiologiques. 

Le  rôle  physiologique  des  sensations  et,  partant,  de  leurs  organes 
dans  les  concepts  d'espace  et  de  temps,  bien  que  d'ailleurs  indis- 
pensable, est  cependant  secondaire.  Appuyée  sur  les  images,  l'intel- 
ligence seule  abstrait  et  généralise.  Or  les  idées  d'espace  et  de 
temps  sont  essentiellement  abstraites  et  générales. 

Dans  sa  seconde  partie  :  Corps,  âme  et  esprit,  M.  de  Cyon  établit 
une  distinction  bizarre  et  toute  artificielle  entre  Vâme  et  V esprit; 
ce  dernier  seul  étant  impérissable,  et  l'âme,  sorte  de  résultante  du 
cerveau,  devant  périr  avec  lui.  Le  savant  auteur  prend  sans  doute 
pour  l'âme  elle-même  l'ensemble  des  facultés  inférieures  ou  mixtes 
à  l'aide  desquelles  l'âme,  appuyée  sur  les  images,  met  en  œuvre 
ses  facultés  supérieures;  mais  cet  ensemble  n'est  pas  l'âme,  il  n'est 
que  le  résultat  de  son  contact  avec  l'oiganisme,  son  point  de  jonc- 
tion avec  lui. 

Avec  la  troisième  partie,  nous  entrons  dans  un  ordre  d'idées 
différent.  Il  s'agit  (ï Evolution  et  transformisme.  La  doctrine  dar- 
winiste  que  l'auteur  a  principalement  en  vue  et  les  théories  fantai- 
sistes de  Hseckel  sont  aujourd'hui,  la  première  assez  abandonnée 
et  les  secondes  trop  décriées,  pour  qu'il  y  ait  lieu  d'y  insister.  L'au- 
teur en  a  brillamment    mais    facilement    raison. 

Dieu  et  l'homme  ou  Science,  religion  et  morale,  titres  de  la  qua- 
trième partie,  assez  brève  d'ailleurs,  semblent  bien  être  la  conclu- 
sion g'nérale  de  l'ouvrage.  Par  le  rapprochement  de  la  philosophie 
avec  la  science  se  fera  le  rapprochement  plus  désirable  encore  de 
l'une  et  de  l'autre  avec  la  religion,  au  plus  grand  profit  de  toutes 
trois. 

Par  une  distraction  de  l'éditeur,  on  a  donné  à  la  table  des  ma- 
tières de  la  2^  édition  la  pagination  se  rapportant  à  la  première. 
En  sorte  qu'aucune  des  indications  de  la  tsble  quant  aux  pages 
n'est  exacte.  C.    de    Kirwan. 

Le  IBégioimlieiiiie,  par  J.  Charlbs-Brun.  Paris,  Bloud,  1911,  in-16  carré 
de  289  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Si  l'auteur  de  ce  livre  n'a  pas  inventé  le  terme  régionalisme,  lequel 
fut  fore^é,  vers  1874,  par  un  érudit  provençal,  M.  de  Berluc-Perussis, 
qui  d'ailleurs  ne  s'en  montrait  pas  extraordinairement  féru,  c'est  bien 


—  510  — 

M.  Charles-Brun  qui  a  été  le  plus  actif  propagateur  et  qui  a,  plus  que 
personne,  contribué  à  la  fortune  de  ce  mot  que  l'on  emploie  aujour- 
d'hui à  tout  propos.  Je  serais  personnellement  tenté  de  lui  reprocher 
d'être  trop  neutre,  imprécis,  et  insuffisamment  traditionnel.  Mais  tel 
qu'il  est,  il  est  commode,  difficile  à  remplacer,  et  l'on  verra,  en  lisant 
ce  volume,  qu'il  sert  à  faire  circuler  et  progresser  beaucoup  d'idées 
fécondes  et  justes.  Du  premier  chapitre.  Critique  des  excès  de  la  centra- 
lisation française,  à  la  conclusion  et  aux  appendices,  dont  l' un  des 
plus  curieux  est  un  relevé  des  divers  projets  de  division  régionale  de 
la  France,  en  passant  par  le  Régionalisme  administratif ,  le  Régiona- 
lisme intellectuel,  le  Régionalisme  économique  et  social,  ce  que  le  brillant 
dél.  gué  général  de  la  Fédération  régionaliste  dégage,  suscite  et  avive 
c'est  le  sens  des  diversités  françaises  et  des  conséquences  qu'il  con- 
vieiit  d'en  tirer  pour  toute  l'économie  de  la  vie  nationale.  On  aperçoit 
quel  est  1  intérêt  vital  et  quelle  est  l'ampleur  des  problèmes  qu'il  aborde. 
Mais  il  se  garde  des  vagues  déclamations  :  il  apporte  une  documenta- 
tion abondante  et  sûre.  Baron  Angot  des   Rotours. 


Réalisations  dèmoeratiques,  par  A.  Ghaboseau.  Paris,  Giard    et 
Bi  ère,  1910,  iii-l«  d.-  146  p.  —  Prix  :  2  fr. 

Ces  quelques  pages  contiennent  un  projet  complet  de  réorganisa- 
tion ou  de  «  chambardement  »  de  la  France,  comme  on  voudra  dire  : 
organisation  du  vote  par  procuration  et  par  correspondance,  élec- 
torat  des  militaires  et  des  femmes  dont  le  bienfait  sera  assuré  par 
l'élite  «  dès  maintenant  si  nombreuse  que  constituent  les  adhérentes 
des  comités  socialistes,  des  sections  de  la  Ligue  des  droits  de  l'homme, 
des  groupes  de  libre-pensée,  des  Loges  mixtes  et  des  Loges  d'adoption, 
etc.,  etc.  »,  éligibilité  des  fonctionnaires,  scrutin  de  liste  avec 
représentation  proportionnelle,  organisation  d'un  conseil  national  des 
colonies,  suppression  des  arrondissements  et  des  départements,  orga- 
nisation des  provinces  avec  conseils  généraux  sans  préfets,  autonomie 
des  arrondissements  de  Paris,  renouvellement  du  Parlement  par 
tiers,  (  lection  du  Sénat  au  suffrage  universel,  organisation  d'un  con- 
seil national  du  travail  et  d'un  conseil  national  des  femmes,  refonte 
de  toute  l'organisation  judiciaire,  élection  des  magistrats  par  un 
collège  spr'cial,  organisation  d'un  nouveau  collège  électoral  pour  l'élec- 
tion du  Président  de  la  Piépublique,  organisation  du  référendum,  etc., 
etc.  Tout  n'est  pas  à  rejeter  dans  ces  vastes  projets.  Mais  ils  partici- 
pent tous,  même  les  moins  mauvais,  d'une  maladie  qui  sévit  à  notre 
époque  dans  tous  les  partis  ,  à  droite  comme  à  gauche,  et  qui  est 
l'ignorance  profonde  et  dédaigneuse  des  raisons  historiques  de  l'exis- 
tence d^^s  in^titut'on?  Tue  l'on  critique.  Cette  br^^chure  pourrait  être 


—  511  — 

la  conclusion  d'une  vaste  étude  sur  l'organisation  politique  et  admi- 
nistrative de  la  France.  Telle  qu'elle  se  présente,  elle  échappe  à  toute 
discussion.  Eugène    Godefroy. 

LITTÉRATURE 

lia   l*rononciati*n  du   latin,  manuel  pratique,  par  Algidb  Macs. 
Paris,  G.  Kliucksieck,  1911,  petit  in-12  cartonné  de  148  p.  —  Prix  :  2  fr. 

11  paraît  que  nous  sommes  le  seul  peuple  en  Europe  qui  accentue 
le  latin  d'une  façon  barbare.  Bien  que  notre  langue  soit  fille  du  latin, 
bien  que  la  persistance  de  l'accent  tonique  soit  la  loi  fondamentale  de 
sa  dérivation,  nous  n'avons  pas  l'air  de  nous  douter  qu'il  existe  un 
accent  en  latin;  en  tout  cas,  nous  prononçons  le  latin,  comme  si  cet 
accent  n'existait  pas.  \oici  plus  de  dix  ans  que  le  conseil  supérieur  de 
l'instruction  publique  a  émis  le  vœu  «  qu'on  introduisît  dans  les  classes 
de  l'enseignement  secondaire  une  prononciation  plus  correcte,  qui 
tienne  compte  de  l'accent  tonique» et  qui  donne  aux  lettres  leur  valeur 
latine.  »  Le  petit  livre  de  M.  Macé  vient  donc  à  son  heure  pour 
transformer  notre  prononciation  si  défectueuse,  d'autant  plus  que 
l'auteur,  pour  n'effrayer  personne,  n'a  pas  hérissé  son  manuel  de  dis- 
cussions savantes.  11  a  condensé  en  cinq  lignes  les  rectifications  qu'il 
faut  faire  à  notre  prononciation  des  consonnes  et  des  voyelles,  en 
deux  lignes  la  règle  générale  de  l'accentuation,  en  17  pages  toute 
la  prosodie  nécessaire  pour  bien  accentuer. 

Je  recommande  au  lecteur  les  quelques  pages  d'introduction  sur 
l'essence  de  l'accent  latin.  Dans  une  discussion  lumineuse,  où  il  com- 
mente et  explique  Za  Théorie  générale  de  r accentuation  latine  de  notre 
ancien  maître,  M.  Henri  Weil,  l'auteur  établit  que  l'accent  latin 
n'est  pas  mi  accent  de  hauteur,  c'est-à-dire  un  accent  musical,  comme 
il  l'était  dans  le  grec  ancien,  mais  plutôt  un  accent  d'intensité  comme 
il  l'est  resté  dans  toutes  les  langues  modernes,  et  particulièrement 
dans  les  langues  novo-latines,  excepté  la  nôtre.  Dans  la  conclusion, 
M.  Macé  expose  quelques  règles  pratiques  pour  préparer  l'introduc- 
tion de  la  réforme  dans  nos  classes;  enfin  il  ajoute  à  son  petit  livre  un 
index  intéressant  qui  permet  de  déterminer  la  place  de  l'accent  pour 
tous  les  mots,  même  rares.  Je  souhaite  que  ce  traité,  où  les  idées  scien- 
tifiques s'allient  si  harmonieusement  aux  vues  pratiques,  obtienne 
dans  nos  classes  tout  le  succès  qu'il  mérite,  mais  la  routine  est  si 
forte.  !  h.  Mensch. 

[lies  Chelw-tf'œiivre  de  la  littérature  grecque,  par  Chablbs 
Navarhb  et  Albert  Valbntin.  Paris,  Hachette,  1911,  in-16  de  vu-8:^3  p. 
—  Prix  :  o  fr. 

Les  amis  l  s  lettres  antiques  n.G  peuvent  que  àc  réjOUir  de  tous  ma 


.--   VjU  — 

efforts  tentés  pour  en  faciliter  l't'tude  et  en  répandre  le  goût.  Les  au- 
teurs de  cette  nouvelle  anthologie  ne  se  sont  d'aillcuis  nullement 
proposé  de  rédiger  une  histoire  littéraire  suivie  et  complète  :«  Nous 
avons  évité  volontairement,  écrivent-ils  (p.  6),  de  donner  une  trop 
grande  place  à  des  notices  biographiques  et  critiques  qui  seraient  dé- 
placées dans  un  ouvrage  de  large  vulgarisation...  L'essentiel,  selon 
nous,  est  que  le  lecteur  entre  immédiatement  et  directement  en  con- 
tact avec  l'homme  et  avec  l'œuvre  ». 

Dans  les  compilations  de  cette  nature,  le  choix  des  morceaux  a 
toujours  un  caractère  plus  ou  moins  arbitraire.  Tout  en  approuvant 
d'une  manière  générale  celui  qu'on  nous  présente  ici,  j'aurais  au 
moins  un  regret  à  exprimer.  C'est  une  vérité  aujourd'hui  reconnue 
qu'au  iv^  siècle  de  notre  ère  il  y  eut,  après  une  période  de  déca- 
dence, un  véritable  renouveau  du  génie  hellénique.  Alors,  dans  l'élo- 
quence et  les  lettres,  la  sève  féconde  du  christianisme  produisit  ces 
brillants  génies,  les  Athanase,  les  Grégoire,  les  Basile,  les  Chrysos- 
tome,  auxquels  Villemain  ne  découvrait  de  rivaux  que  parmi  les 
orateurs  sacrés  du  règne  de  Louis  XIV.  Pourquoi  les  avoir  systé- 
matiquement écartés,  alors  surtout  qu'on  n'hésitait  pas  à  accorder 
cinquante  pages  à  ce  sceptique  étrange,  aux  parfums  «  capiteux  »,  qui 
a  nom  Lucien? 

J'ajoute  deux  observations  relatives  à  «  réconomie  »  de  cette 
publication.  La  première,  c'est  que  professeurs  et  érudits  eussent  été 
plus  satisfaits  si  chaque  extrait  eût  été  suivi  d'une  référence  exacte 
au  texte  original.  Et  voici  la  seconde  :  on  ne  peut  que  louer  les  au- 
teurs d'avoir  placé  un  titre  en  tête  de  chacun  de  ces  divers  frag- 
ments di' tachés;  ces  titres  étaient  tout  naturellement  destinés  à  être 
reproduits  dans  la  table  des  matières.  Or,  sans  aucune  raison 
apparente,  un  bon  nombre  d  é;  rivains  n'y  figurent  que  par  leur  nom. 

Enfin,  il  me  semble  que  Platon  serait  en  droit  de  formuler  une  récla- 
mation personnelle.  Sous  sa  rubrique  on  trouye,  c'est  vrai,  quelques 
très  belles  pages  groupées  sous  la  qualification  assez  vague  de  «  My- 
thes et  récits  »;  mais  tout  ce  qui  est  emprunté  à  V Apologie,  au  Cri- 
ton  et  au  Phédon  est  porté,  si  l'on  me  permet  ette  expression,  au 
compte  de  Socrate  :  à  peu  près  ce  quc  icrtit  un  historien  qui 
attribuerait  à  Catilina  la  nfuuition  si  remarquable  dont  il  a  fourni 
la  matière  à  son  célèbre  biographe  romain.  C   Huit. 


De    1»    l?*étliode  litléraire.    Joumnl  d\m  pmfefssenr  df  la  dasse  de 
pr^rnin" .  i.;ii  J.  HÉZA.RD.  P;iris.  V  libt^rf,,  l'Ml,  in-16  de  73S  p.—  Prix  :  3  fr.  50. 

Un  peu  étrange  de  prime  abord  et  d'aspect  bien  touffu,  mais  inté- 
ressant et  utile,  et  plein  de  suc,  est  ce  journal  de  sa  classe  de  pre- 


—  513  — 

niière  que  publie  M.  Bézard,  professeur  au  lycée  de  Versailles  :  jour- 
nal très  métlKjdiquement  arrangé  suivant  un  plan  personnel,  mais 
qui"  a  la  chronologie  pour  base,  et  où  se  sont  condensi's,  on  nous 
l'avoue  et  c'est  visible,  les  travaux,  les  exercices,  les  leçons  de  plu- 
sieurs années  d'enseignement.  Journal  un  peu  factice  donc,  mais 
qui,  par  la  variété  des  chapitres  :  lectures  de  textes,  analyses  avec 
notes  à  prendre  et  fiches  à  remplir,  explications  écrites  ou  orales 
d'un  beau  morceau  (17  pages  sur  une  fable  de  La  Fontaine;  12 
pages  sur  30  vers  d'Oreste  ù  apprendre),  plans  de  devoirs,  lettres, 
dissertations,  critique  et  refonte  de  ces  devoirs,  etc.,  etc.,  par  tout 
ce  qu'il  y  a  dans  ces  700  pages  de  causerie  —  et  un  peu  de  bavar 
dage  —  entre  le  maître  et  ses  élèves,  donne  assez  bien  l'idée  de  ce 
qu'est  une  classe  de  M.  Bézard,  et  le  modèle  de  ce  que  peut  être 
aujourd'hui  une  classe  de  première  ou  même  de  première  supé- 
rieure, où  le  professeur,  tout  en  étant  soucieux  de  l'examen,  cherche 
de  son  mieux  à  conjurer  la  «  crise  du  français  »,  à  diriger  la  curio- 
sité de  ses  élèves,  à  féconder  d'idées  g-énérales  leur  esprit,  à  former 
leur  goût  et  leur  style.  Et  l'on  peut  bien  penser  qu'il  a,  voulant  nous 
cinématographier  une  classe  modèle,  triché  un  peu,  car  ses  élèves 
se  montrent,  et  dès  le  début  de  l'année,  d'une  information  et  d'une 
puissance  de  lecture  peu  vraisemblables  (il  y  en  a  un  qui  cite  du 
saint  Prosper  !).  L'on  peut  trouver  qu'il  est,  en  leur  distribuant  les 
ouvrages  à  lire,  un  peu  large.  Et  quoique  ses  idées  soient  généralement, 
comme  il  convient,  d'une  bonne  sagesse  traditionnelle  et  moyenne, 
ou  à  cause  de  cela  même,  on  en  pourrait  sans  doute  discuter  plus 
d'une,  penser  qu'il  aime  un  peu  trop  universitairement  les  Provin- 
ciales, et  fait  selon  la  mode  du  jour  la  place  bien  grande  à  Diderot, 
à  Montesquieu,  à  l'Encyclopédie,  au  xviii^  siècle... 

Mais  il  ne  s'agit  pas  pour  les  jeunes  maîtres,  ou  même  les  professeurs 
déjà  mûrs,  mais  isolés,  perdus  dans  des  collèges  de  province,  et  à  qui 
cet  ouvrage  sera  très  profitable,  de  «  refaire  «  la  classe  de  M.  Bézard, 
et  de  suivre  pas  à  pas  son  journal  de  bord.  11  s'agit  qu'ils  trouveront 
là  une  méthode  appliquée,  dont  ils  pourront  s'inspirer,  et  l'indica- 
tion très  utile  de  bibliographies  bien  au  courant,  de  lectures,  de 
rapprochements  à  faire  ou  à  faire  faire,  de  sujets  à  traiter,  et  des 
types  d'explications  ou  de  devoirs,  très  classiques  en  leur  fond,  mais 
bien  rajeunis  par  les  aperçus  d'un  professeur  très  convaincu,  très 
consciencieux,  très  bien  informé,  qui  va  encore  entendre  pour  les  rap- 
porter à  ses  élèves  des  leçons  à  la  Sorbonne,  mais  qui  leur  rapporte 
aussi  un  feuilleton  de  M.  Ad.  Brisson  ou  des  traits  de  Chantecler  et 
de   la  Barricade.  Gabriel  Audiat. 


Juin  1912.  T.  CXXIV.  T. 3. 


-  514  — 

Ii*Art  de  liie,  par   Emile   Fagubt.    Paris,  Hachette,  1912,   in-16  de  iv- 
166  p.  —  Prix  :  2  fr. 

Sans  doute,  l'auteur  nous  trace  une  mcthcde  de  lecture  inspirc'e 
parl'expôrience  d'un  homme  averti,  mais  qv.elqie  peu  roy('e  ders 
des  détails,  intéressants  d'ailleurs,  de  critique,  de  philc^cphie,  de 
psychologie.  L'étude  de  ce  manuel  est  ardue  :  pour  le  bien  com- 
prendre,   il    faut   le   lire    plusieurs  fois. 

Le  style  de  l'honorable  académicien  est  loin  d'être  quelconque; 
il  décèle  un  tempérament;  mais,  d'autre  part,  ce  style  est-il  toujours 
pur  et  parfaitement  limpide?  J'ai  le  regret  d'opiner  pour  la  néga- 
tive. Qui  donc,  par  exemple,  admirera  ceci  :  «  'Tant  y  a  qu'il  existe 
des  pièces...  »  (p.  48).  —  Autre  chose  (p.  102-103)  :  «  Boileau  est 
un  exemple  à  l'appui  de  la  théorie,  Racine  contre  ».  S'il  existe  une 
majorité  pour  trouver  élégante  cette  manière  de  s'exprimer,  c'est 
que,  alors,  je  ne  suis  pas  dans  le  mouvement.  ■ —  Que  penser  aussi 
de  cette  phrase  :  «  C'est  bien  travailler  à  me  mettre  dans  l'impos- 
sibilité d'être  touché  directement,  et  c'est-à-dire  c'est  bien  travailler 
b  me  rendre  incapable  de  jouissance  »  ?  (p.  134).  —  \^oici,  enfin, 
qui  n'est  peut-être  point  banal,  mais  que  je  ne  prise  guère  :  «  Qui 
est-ce  qui  a  une  personnalité?  Ils  sont  tqx es  qui  en  ont  une  »  (p.  148). 

M.  Faguet,  à  coup  sûr,  appartient  à  cette  rare  espèce.  Je  suis 
persuadé  qu'il  écrirait  parfaitement,  c'est-à-dire  simplement,  s'il  le 
voulait;  mais  peut-être  craindrait-il,  bien  à  tort  selon  nous,  de 
diminuer  son  originalité,  qualité  que  personne  ne  songe  à  lui 
contester. 

Ces  observations  ne  m'empêcheront  pas  de  reconnaître  et  de 
déclarer  que  le  gracieux  petit  volume  de  M.  Faguet  déborde  d'idées 
judicieuses  le  plus  souvent  et  d'aperçus  ingénieux,  de  bons  conseils 
aussi  quand  il  nous  parle  de  livres  d'idées  ou  de  sentiment,  des 
pièces  de  théâtre  ou  des  poètes,  des  écrivains  obscurs  et  des  mau- 
vais auteurs,  des  ennemis  de  la  lecture  et  de  la  lecture  des  criti- 
ques. Ouvrage  à  lire  lentement,  très  lentement  ■ —  car  la  pensée 
de  l'auteur  n'est  pas  toujours  facile  à  saisir  —  et  à  garder  dans  sa 
bibliothèque  pour  y  recourir  à  l'occasion;  et  l'cccasicn  sera  fré- 
quente. "  E.-A.  Chapuis. 

JPouclifeine,  par  Emile  Haumant.   Pari?,   Bloud,   1911,   in  16  de  232  p., 
avec  2  porlrails.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Voici  un  bon  petit  livre  de  critique,  sérieusement  fait,  et  qui  inspire 
confiance.  On  sent  que  l'auteur  connaît  depuis  longtemps  la  matière 
qu'il  traite,  ainsi  que  les  commentaires  qui  en  ont  été  écrits.  Le  tout 
est  résumé  avec  élégance,  et  avec  un  soin  des  détails  suffisant  pour 
le  lecteur  français.  Il  y  a  lieu  de  s'associer  entièrement  à  une  dei 


-  51')  — 

conchisions  du  volume  :  «  Après  avoir  demandé  à  des  étrangers  de 
tout  pays  des  leçons  d'un  esprit  et  d'un  goût  différents  du  nôtre,  il 
serait  bon  de  nous  tourner  enfin  vers  celui  qui  nous  apporte,  avec 
ses  qualités  propres,  l'exemple  le  plus  brillant,  lior^  de  France,  démos 
qualités  traditionnelles  «.  C'est  ce  qui  fait  en  grande  partie  pour 
nous  le  charme  de  Pouchkine,  et  nous  ne  pouvons  qu'aimer  ce  poète 
chaleureux,  limpide  et  plein  d'esprit.  Que  Flaubert  l'aît  jugé  «  plat  » 
sur  les  traductions  que  lui  en  improvisait  Tourguénev,  il  n'y  a  là 
rien  qui  dût  étonner  M.  Haumant,  ni  à  plus  forte  raison  le  faire 
songer  à  ne  pas  écrire  son  livre.  Tourguénev  —  qui  corrigeait  cepen- 
dant à  l'occasion  la  langue  de  Mérimée  —  n'écrivit  jamais  qu'un 
français  embarrassé  et  incolore.  Cette  langue  pauvre  dut  impres- 
sionner Flaubert  inconsciemment.  Ts^oub  ne  marquerons  que  deux 
critiques  légères.  L'une  s'adresse  à  l'éditeur  :  Comment  donner 
deux  reproductions  aussi  faibles  des  portraits  de  Pouchkine  1 
L'autre  a  trait  à  une  expression  qui  vraiment  nous  chiffonne  ; 
M.  Haumant  parle  des  «  gibus  à  longs  poils  »  que  portait  Pouch- 
kine vers  1820.  «  Gibus  «,  déjà!  et  «  à  longs  poils  »... 

Denis  Roche. 


HISTOIRE 


Ln  Brrt.igne  'romaine,  par  François  Sagot.  Paris,  Fontemoing, 
1911,  iii-8  de  xviii-417  p.,  avec  carte  géuérale  hors  texte  et  5  plans  et 
carte*  de  détail.  —  Prix  :  1.2  fr. 

Voici  un  ouvrage  qui  nous  manquait,  et  sur  un  grand  sujet.  Il  fal- 
lait pour  Tentreprendre  du  courage  et  de  l'abnégation  Du  (vourage., 
parce  que  les  documents  littéraires  et  épigraphiques  sur  la  grande  île 
à  l'époque  romaine  n'abondent  pas.  De  l'abnégation,  car  l'histoire 
militaire  et  politique  n'offre  pas  de  ces  grands  épisodes  dramatiques 
dont  est  pleine  la  lutte  contre  les  Germains,  et  qu'à  aucun  égard  la 
civilisation  britannique  ne  peut  rivaliser  avec  celle  des  voisins  d'Ou- 
tre-Manche. Pas  un  nom  de  littérateur  ne  vient  de  la  Bretagne, 
l'art  n'y  a  rien  laissé  de  remarquable.  L'histoire  de  la  Bretagne 
romaine  est  surtout  celle  d'une  occupation  militaire.  D'avance, 
l'auteur  savait  bien  qu'il  ne  pouvait  pas  compter  sur  quelques-uns 
de  ces  chapitres  brillants  ou  aisés  qui  relèvent  un  livre  d'érudition, 
soutiennent  à  la  fois  l'autewr  et  le  lecteur,  ccnîmc  l'histoir-e  religieuse, 
littéraire,  artistique  en  a  fourni  plus  d'un  à  M.  Audollent,  à  la 
Carthage  romaine,  de  qui  la  Bretagne  romaine  de  M.  Sagot  peut  être 
rapprochée.  )i 

La  tentation  eût  été  ici  de  solliciter  ks  textes.  L'auteur  a  su  y 
résister  et,  lorsqu'il  y  a  lieu,  avcuefr&nchement  son  impuissance^à 


—  MG  - 

conclure.  En  revanche,  il  tire  admirablement  parti  de  tous  ses  docu- 
ments et  monuments.  11  faut  rendre  hommage  aussi  à  la  conscience 
qu'il  a  apportée  à  la  bibliographie.  Peu  d'études  locales  ou  d'articles 
de  quelque  importance  ont  dû  échapper  à  ses  investigations  et  c'est 
pourquoi  l'archéologie  supplée  heureusement  et  souvent  à  ce  que 
les  textes  nous  laissent  ignorer.  D'ailleurs,  M.  Sagot  ne  s'est  pas  con- 
tenté de  consulter  des  mémoires  et  de  visiter  des  musées  :  il  a  voyagé, 
examiné  de  ses  propres  yeux  les  vestiges,  plus  nombreux  qu'on  ne 
l'a  cru  longtemps,  de  l'occupation  et  de  la  civilisation  romaines  et 
que  les  fouilles  ont,  surtout  depuis  une  vingtaine  d'années,  abondam- 
ment rendus  à  la  lumière. 

L'ouvrage  est  divisé  en  quatre  parties  :  La  Conquête  romaine,  la 
Bretagne  aux  ii^  et  m®  siècles,  la  Bretagne  au  iv^  siècle,  la  vie 
économique  et  sociale.  Des  Conclusions  assez  étendues  exposent  en 
résumé  ce  que  l'on  sait  de  toute  cette  histoire  et  ne  taisent  pas  les 
lacunes  subsistantes. 

Le  livre  si  consciencieux  de  M.  Sagot  sera  pour  les  historiens  de 
l'empire  romain  un  de  ces  ouvrages  de  fond  que  l'on  ne  peut  eo 
dispenser    de    consulter.  A^■DRÉ    Baudrillart, 

lia    Sé{>;sialî«;ii  de  l'ÉjlÊgc  et  «le  l'Kial.  Orî5gi!ie.s.  Kta|te8. 

BHaai,  -.jir  J.  de  Narfon.  Paris,  Alcan,  lyiJ,  ui-S  carlonné  de  iv-3l7  j). 
—  Prix  :  fi  Ir. 

Dans  ce  livide,  l'auteur  étudie  les  origines  de  la  Séparation,  en  rap- 
pelle les  étapes  et  en  établit  le  bilan.  Dans  le  chapitre  des  «  Ori- 
gines »  M.  de  Narfon  essaie  de  répartir  les  responsabilités.  Les 
sympathies  de  l'auteur  pour  le  pouvoir  ne  sont  pas  dissimulées.  Les 
adversaires  de  l'Église  ont,  personne  ne  l'ignore,  voulu  faire  du  Pape 
pie  X  le  véritable  auteur  de  la  Séparation.  M.  Ribot  qualifia  cette 
manœuvre  de  «  mensonge  historique  ».  M.  de  Narfon  n'admet  pas  ce 
jugement  sommaire  et  plaide  les  circonstances  atténuantes  en  faveur 
de  M.  Combes.  C'est  ainsi  qu'il  approuve  le  langage  tenu,  le  27  mai 
1904,  par  le  président  du  Conseil,  lors  du  débat  où  fut  discutée  la 
protestation  de  S.  S.  Pie  X  contre  le  voyage  à  Rome  du  président 
Loubot.  M.  de  Narfon  donne  également  tort  au  Pape  imposant  aux 
évêques  de  Laval  et  de  Dijon  une  démission  que  sollicitaient  le 
clergé  et  les  fidèles  de  chacun  de  ces  diocèses.  Selon  INI.  de  Narfon,  le 
Pape  avait  le  droit  de  priver  les  deux  évêques  de  leur  autorité  spiri- 
tuelle, mais  non  de  leur  siège.  Comprenne  qui  pourra  cette  distinc- 
tion !  Avons-nous  besoin  de  dire  que  M.  de  Narfon  blâme  la  déci- 
sion du  Pape  contre  les  associations  cultuelles?  Pie  X  est  particuliè- 
rement antipathique  à  M.  de  Narfon.  Nous  vivons  —  selon  ce  pu- 
bliciste  —  sous  un  régime  de  délation  et  de  terreur  :  «  L'Eglise  de 


—  517  — 

France,  —  conclut  M.  de  Narfon,  —  descendra,  s'abaissera  encore, 
jusqu'à  ce  qu'il  plaise  à  la  Providence  de  la  relever.  L'heure  du  relè- 
vement viendra.  Mais  il  est  à  craindre  qu'elle  ne  sonne  pas  sous  le 
Pontificat  actuel  ».  M.  de  Narfon  se  donne  comme  un  sincère  croyant, 
attaché  de  cœiir  et  d'esprit  à  la  doctrine  catholique.  Nous  n'avons 
pas  le  droit  de  suspecter  la  sincérité  de  M.  de  Narfon,  mais  qu'il  nous 
permette  de  lui  demander  si  des  livres,  comme  celui  que  nous  avons 
sous  les  yeux,  au  lieu  de  servir  la  cause  de  l'Eglise,  ne  fournissent 
pas  plutôt  des  armes  à  ses  adversaires?  0.  H. 

^ttitleis  «&'ltistoire,  par  Arthur  Chuqubt.  4«  série.  Paris,  Fontcmoing, 
s.  d..  fiyilj,  in-l6  de  351  p.  —  Pri'C  :  3  fr.  50. 

mélanges  d'histoire,  par  E.  Angot.  Paris,  Émile-Paui,  1911,  iii-i8  de 
317  p.  —  l'rix  :  3  ir.  50. 

La  même  sûreté  de  recherches,  la  même  sobriété  de  méthode,  la 
même  franchise  d'exposition  que  dans  ses  précédents  volumes  carac- 
térisent cette  quatrième  série  que  nous  donne  M.  Chuquet.  Seulement 
pourrait-on  dire  que  les  sujets  sont  un  peu  disparates,  encore  que  la 
plupart  se  rattachent  à  l'histoire  révolutionnaire  ou  napoléonienne. 
Je  signalerai  dans  ces  exposés  de  vulgarisation  faciles  à  consulter 
les  deux  chapitres  :  Comment  Bonaparte  quitta  l'Egypte  et  Comment 
Kléber  remplaça  Bonaparte]  La  Folie  de  Jiinot,  la  nourrice  de  l'Em- 
pereur; hors  de  ce  cadre,  un  résumé  très  clair  du  rôle  de  Mérimée  dans 
la  publication  de  la  Correspondance  de  Napoléon,  appuyé,  en  appen- 
dices, de  lettres  de  Mérimée  au  maréchal  Vaillant,  en  1857,  1858  et 
1859. 

—  Le  volume  de  M.  Angot  relie  des  temps  encore  plus  éloignés  les 
uns  des  autres:  car,  si  le  premier  chapitre  commence  avec  Louis  XVII, 
le  dernier  se  termine  au  xiii^  siècle;  et  cet  ordre  même  souligne  l'in- 
terversion des  époques  et  l'enchevêtrement  des  récits.  C'est  trop 
se  conforriier  au  titre  :  Mélanges  d'histoire;  on  n'en  voit  pas  l'utilité 
ni  l'avantage.  Ce  regret  est  le  seul  que  j'exprime  au  sujet  de  ce  recueil 
où  les  idées  sont  justes,  les  réflexions  sages  et  les  développements 
précis.  L'auteur  doit  être  encouragé  à  continuer  ses  travaux  histo- 
riques, s'il  veut  bien  localiser  ses  recherches  et  serrer  de  près  les 
figures  qu'il  dessine.  Les  conclusions  du  chapitre  :  «  Six  mois  au 
Temple  avec  Louis  XVII  »,  semblent  très  bonnes;  elles  ne  concor- 
dent pas  avec  celles  de  M.  Lenotre  qui  paraît  bien  avoir  embelli  et 
par  suite  défiguré  le  cordonnier  Simon.  Cent  pages  renferment,  mises 
en  œuvre,  les  correspondances  de  la  famille  royale  de  Prusse  après 
léna;  ceci  sera  utilement  rapproché  du  livre  de  la  princesse  Rad- 
ziwill  (Louise  de  Prusse),  qui  vient  de  paraître,  et  les  princes  ses 
frères  y  paraîtront  moins  idéalisés,  par  suite  plus  vrais,  car  le  patrie- 


—  -.18  - 

tisme  aHcmand  a  quelque  peu  travesti  leurs  caractères  assez  médio- 
cres. Les  docun\ents  vierment  de  nos  Archives  nationales;  ils  ont  du 
prix.  Le  grand  morceau  du  volume,  près  de  150  pages,  relate  les  vies 
mouve.mentées,diverses, tragiques  par£ois,des  quatre  filles  de  Raymond 
Bérenger,  comte  de  Provence,  et  de  Béatrix  de  Savoie  :  l'aînée  et 
la  dernière  (Marguerite  et  Béatrix)  épousèrent  le  roi  de  France, 
notre  saint  Louis,  et  son  frère  Charles,  les  deux  autres  (Éléonore  et 
Sancia)  furent  mariées  à  deuac  frères  également  :  Heiiri  LU,  roi  d'An- 
gleterre, et  Richard;  on  ne  le  peut  contester,  ce  furent  là  de  bril- 
lantes alliances.  Les  aventures  de  ces  princesses  offrent  un  véritable 
intérêt  et  La  façon  dont- elles  sont  narrées  a  beaucoup  d'agrément,  i,  ; 
i    M      ,  .  G.  DE  G.      f  ■ 

Louise  de  Prusse,  princesse  Antoine  Radziwill.  Quarante-cinq 
/innée»  de  ma  vie  (1  7X0  à  18  tS.),  publié,  avec  des  annotations 
et  un  Indeix  biographique,  par  la  princesse  Radziwill,  née;  Castellanb. 
2'  éd.  Paris,  Plon-Nourrit,  lOH,  in-8  de  xii-453  p.,  avec  un  portrait,  un 
autographe  et  14  grav.  hors  texte.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

Dans  l'Introduction  qu'elle' place  en  tête  de  ces  pages,  tirées  par  elle 
des  archives  de  famille  de  son  mari,  M'"'' la  princesse  Radziwill  écrit  : 
«  Je  veux  espérer  que  non  seulement  l'Allemagne  et  la  Prusse  trou- 
veront de  l'in.térêt  daiis  les  récits  de  la  princesse  Louise,  mais  aussi 
un  peu  la  France,  car  l'épopée  napoléonienne  conserve  toujours  son 
prestige.  »  Ce  souhait  est  exaucé.  A  écouter  les  récits,  à  feuilleter 
le  journal  de  la  petite  nièce  du  grand  Frédéric,  sans  doute  les 
Allemands  ressentiront  un  particulier  plaisir,  car  la  scfnese  déroule  à 
Berlin  le  plus  souvent  et  touche  les  princes  de  la  maison  de  Brande- 
bourg, mais,  aussi  toute  notre  occupation  jusqu'à  la  revanche  de 
1814  est  éclairée  puissamment  par  les  récits  d'un  témoin  oculaire 
bien  placé  pour  voir.  Les  derniers  jours  de  Frédéric,  les  sentiments 
de  sa  famille,  les  figures  des  deux  princes  Louis  et  Auguste,  le  pre- 
mier tué  à  Saalfeld,  le  second  fait  prisonnier  après  léna,  (tous  deux 
idéalisés  par  leur  sœur  qui  tient  la  plume),  l'entrevue  de  Tilsitt  (il 
y  a  là  des  détails  précieux  et  significatifs),  l'arrivée  des  Russes  à 
Berlin,  les  émotions  pendant  la  dernière  campagne  d'Allemagne, 
l'invasion  de  la  France,  sont  autant  de  tableaux  tout  à  fait  intéres- 
sants, même  en  ce  qu'ils  offrent  de  déjà  connu.  La  narration  est 
très  calme,  très  nette  et  parfois  émouvante  dans  sa  simplicité. 

De  bonnes  tables  biographiques  seront  utilement  consultées;  16 
portraits  et  gravures  illustrent  fort  agréablement  un  volume  luxueu- 
sement édité.  Un  plus  grand  nombre  de  notes  serait  à  souhaiter  et 
plus  de  précision  dans  celles  qui  s'y  rencontrent;,  aiûsi  (p.  295)  on 
relèverait  des  erreurs  manifestes  :  le  prince  Guillaume  de  Prusse  ne 


^: 


—  519  — 

peut  (comme  il  y  est  dit.)  avoir  été  reçu  à  Paris  le  7  novembre  1808 
par  l'Empereur  qui,  à  cette  date,  se  trouvait  en  Espagne,  à  Vit- 
toria,  où  il  séjourna  exactement  du  6  au  9.  La  notice  sur  le  comte 
de  la  Forest  (p.  406)  est  fautive  :  ce  n'est  pas  en  1807,  mais  en 
1808  qu'il  fut  envoyé  comme  ambassadeur  de  France  à  Madrid, 
et  les  dates  ont  ici  une  importance  capitale  par  rapport  même  au 
rôle  que  lui  assignait  Napoléon;  c'est  pendant  le  gouvernement 
provisoire  du  mois  de  mars  1814  qu'il  reçut  le  portefeuille  des  af- 
faires étrangères,  non  des  mains  de  la  Restauration;  tout  au  plus 
pourrait-on  dire  qu'au  sacre  de  Charles  X  il  eut  le  titre  de  «  ministre 
d'État  ».  Je  ne  veux  pas  insister  ni  multiplier  ces  rectifications  de 
détail;  je  regrette  ces  lacunes,  car  elles  enlèvent  un  peu  ée  crédit 
à  un  livre  d'histoire  fort  bien  présenté. 

Geoffroy  de  Gra.ndmaison. 


Souvenirs,  par  Ernbst  1,aVisse.   Paris,  Calmaun- Lévy,  1912,  in-8  de  i- 
289  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Ernest  Lavisse  est  certainement  l'un  des  hommes  qui  ont 
exercé  en  France  et  sur  la  jeunesse  de  notre  pays  une  action  profonde. 
Mêlé  jeune  encore  à  l'œuvre  de  Victor  Duruy,  grâce  à  une  amitié 
de  collège  avec  l'un  des  fils  du  grand  ministre,  il  a  eu  de  bonne 
heure  le  goût  des  questions  d'enseignement  et  d'éducation  et,  soit 
comme  professeur  d'enseignement  secondaire  ou  supérieur,  soit 
comme  directeur  de  l'École  normale  qu'il  a  voulu,  par  une  transfor- 
mation peut-être  regrettable,  sauver  du  moins  d'une  ruine  décisive, 
soit  comme  membre  du  Conseil  supérieur  de  l'instruction  publique, 
soit  comme  auteur  de  manuels  vivants  et  assez  populaires,  soit 
par  des  livres  destinés  à  agir  sur  l'opinion  publique,  il  s'est  assuré 
une  large  influence  sur  la  direction  de  la  jeunesse  et  sur  la  forma- 
tion des  programmes.  Ceux  qui  ont  fréquenté  la  Faculté  des  lettres 
de  Paris  ont  gardé  le  souA^enir  des  brillantes  leçons  de  l'éminent 
professeur;  ils  n'ont  pas  oublié  non  plus  l'accueil  qu'on  trouvait 
auprès  du  directeur  d'études. 

On  ne  manquera  donc  pas  d'ouvrir  avec  sympathie  et  curio- 
sité ce  premier  volume  de  Souvenirs;  je  dis  «  premier  volume  », 
bien  que  cela  ne  soit  point  marqué  au  titre  et  que,  s'arrêtant  à 
son  enlrée  à  l'École  normale  en  1862,  M.  Lavisse  annonce  au  con- 
traire n'avoir  pas  l'intention  de  «  se  laisser  entraîner  plus  loin 
par  ses  souvenirs  ».  Mais  s'il  ne  pense  pas  que  sa  vie  vaille  «  la 
peine  d'être  contée  »,  il  nous  laisse  espérer  qu'il  donnera  quelque 
jour  son  témoignage  sur  des  événements  qu'il  a  vus  et  sur  des  per- 
sonnes  qu'il   a  «  observées   pendant   qu'elles   faisaient  l'histoire   ». 


—  520  -  .  , 

Et  le  témoignage  d'un  homme  qui,  sans  jouer  assurément  dans  notre 
histoire  un  rôle  de  premier  plaji,  a  du  moins  approché  et  a  pu 
observer  à  loisir  bien  des  acteurs  de  cette  histoire,  sera  de  ceux 
dont  on  peut  faire  le  plus  de  profit. 

Le  volume  actuel,  composé  de  souvenirs  sur  l'enfance  et  la  pre- 
mière jeunesse  de  M.  Lavisse,  ne  nous  apporte  pas  seulement  un 
document  pr-écieux  pour  la  connaissance  de  sa  formation  intellec- 
tuelle et  morale;  on  y  trouvera  aussi  des  traits  curieux  de  la  vie 
de  province  au  milieu  du  siècle  dernier  et  surtout  un  tableau  de 
l'enseignement  et  des  méthodes  d'instruction  et  d'éducation  suivies 
tant  dans  les  écoles  que  dans  les  collèges.  On  ne  s'étonnera  pas 
que,  préoccupé  comme  il  l'est  de  ces  questions,  M.  Lavisse  ait  inter- 
rogé sa  mémoire  sur  ce  point  tout  particulièrement.  Déjà,  dans 
ces  discours  qu'il  se  plaît  à  faire  presque  chaque  année  aux  enfants 
de  Nouvion  en  Thiérache,  dont  les  journaux  nous  apportent  l'écho 
et  dont  quelques-uns  ont  été  réunis  en  volume,  il  avait  fait  appel  à 
ses  souvenirs  d'autrefois  et  dit  quelques-uns  des  récits  qui  se  re- 
trouvent dans  le  livre  que  nous  analysons;  mais  ils  se  groupent 
ici  d'une  façon  nouvelle  et,  d'ailleurs,  en  s'excusant  de  ces  redites, 
M.  Lavisse  nous  avertit  que  des  causeries  avec  des  camarades  d'en- 
fance l'ont  amené  à  modifier  certains  détails. 

M.  Lavisse,   qui  n'a  garde  de  se  montrer  loudator  temporis  acti, 
ne  dissimule  pas  ses  griefs  contre  l'enseignement  de  son  temps;  à 
l'objection  qui  lui  a  été  faite  que  cet  enseignement  n'était  peut-être 
pas  si  mauvais  puisqu'il  a  produit  des  hommes  comme  lui,  il  ré- 
pond fort  modestement  que  nul  ne  peut  savoir  aussi  bien  que  lui 
tout  ce  qui  lui  manque.    Je    ne    suis    pas    sûr  cependant    que  ses 
griefs  soient  complètement  justifiés,  m  surtout  qu'il  faille  généra- 
liser, universaliser  la condt  mnation  qu'il  poite  contre  la  façon  dont 
nos  pères  ont  été  éduqués.  C'est  en  partie  aux  fruits  qu'on  juge 
l'arbre,  et  il  ne  me  paraît  pas  que  les  écoliers  d'aujourd'hui  offrent 
une  Supériorité  intellectuelle  si  marquée  sur  leurs  prédécesseurs;  ce 
qui  est  vrai,  c'est  qu'ils  ont,  dans  l'ensemble,  des  instruments  d'é- 
tude meilleurs,   des  manuels  mieux  et  plus  abondamment  illustrés; 
encore  devons-nous  faire  de  fortes  réserves  sur  le  caractère  prétendu 
documentaire  de  ces  illustrations,  dont  quelques-unes  sont  des  fan- 
taisies tendancieuses;  et  puis,  il  y  a  eu  autrefois  de  bons  manuels, 
même  des  manuels  d'histoire;  j'en  ai  vu,  du  temps  même  de  Louis- 
Philippe,  qui  ne  sont  point  si  méprisables,  et  au  temps  où  M.  La- 
visse était    écolier,  l'histoire  de  France  de  Duruy  pouvait  être  mise 
entre  les  mains  des  élèves. 

Ces  réserves  faites  sur  la  portée  trop  générale  que  l'on  pourrait 
être  tenté  de  donner  aux  observations  de  M.  Lavisse,  il  nous  reste- 


—  521  — 

à  dire  que  son  volume  est  rempli  de  traits  amusants  et  instructifs 
et  de  portraits  dessinés  ou  esquissés  de  manière  vivante. 

Et  Ton  ne  peut  que  souhaiter  que  la  plume  de  M.  Lavisse  ne 
iarde  pas  trop  à  lui  faire  cet  appel,  auquel  sa  main,  nous  dit-il, 
obéit  fidèlement.  E.-G.  Ledos 

i.ritre»  de  ccniliat,  par  Fkrd;nand  Bbunetiére.  Paris,  Perrin,  1912, 
iu-16  de  vnr-362  p.  —  Prix  :  3  fr.  5ij. 

A  part  un  article  important  paru  au  Gaulois  du  23  janvier  1903 
sur  Léon  XIII,  on  ne  trouvera  dans  ce  volume  que  des  lettres,  qui 
s'espacent  de  1878  à  1906  et  ne  sont  pas  inédites;  mais  elles  n'étaient 
pas  faciles  à  retrouver  et  elles  montrent  bien  le  tempérament  de  l'ar- 
dent lutteur  que  fut  Ferdinand  Brunetière,  et  les  hautes  idées,  les 
idées  religieuses,  qui,  durant  ses  dernières  années,  l'occupèrent  de  plus 
en  plus.  11  est  très  franc.  Au  cours  d'une  âpre  polémique  qu'il  sou- 
tient, à  propos  de  l'  «  Affaire  »,  avec  le  Siècle  et  M.  Yves.Guyot,  il 
qualifie  résolument  et  à  plusieurs  reprises  Voltaire  de  drôle,  et  il  ne 
craint  pas  d'écrire  que,  «  devant  l'impartiale  histoire,  les  Jules  Favre 
et  les  Jules  Ferry  répondront,  pour  leur  part,  de  Sedan  et  de  Metz  ».  Il 
affirme,  avec  une  opportunité  qui  n'a  pas  diminué  depuis  1906,  qu'il 
est  impossible,  pour  l'organisation  du  culte  catholique  en  France, 
d'aboutir  à  une  solution  quelconque  acceptable  sans  reprendre  avec 
le  Vatican  la  oonversation  brutalement  interrompue  jadis  par  M.Com- 
bes.  li  me  semble  moins  bien  inspiré  dans  sa  controverse  avec  M.  Geor- 
ges Renard,  qui  s'étonnait  de  sa  prétention  à  se  qualifier  socialiste. 
Ces  pages  font  Sentir  vivement  la  valeur  et  l'indépendance  du  vigou- 
reux esprit  qui,  par  son  adhésion  réfléchie  et  toujours  affermie,  aura 
rendu  l'un  des  plus  beaux  témoignages  à  l'indestructible  puissance 
conquérante  de  la  vérité  catholique.         Baron  Angot  des  Rotours. 


Lettrées  à  mon  cdirain,    par  Marius  Gonin   (Rémv}.  Paris,   Leco(Tr'\ 
Gabal.la,   1911,  in-l2  de  xx-:!40  p.  -  Prix  :  3  fr.  SO. 

M.  Marius  Gonin  est  un  «  catholique  social  i;  de  Lyon,  très  actif,  trè§ 
connu  dans  son  champ  d'action,  et  très  ain  é.  Pour  épancher  son  ême 
qui  est  d'un  idéaliste,  d'un  mystique,  d'un  sentimental,  et,  comme  il 
dit  de  son  personnage  qui  lui  ressemble,  «  d'un  décrocheur  de  lune  », 
pour  répandre  aussi  chez  les  autres  sa  foi, sa  piété, Sa  fraternité, il  avait, 
dans  quelqu'un  de  ses  journaux,  écrit  d'une  p^ume  facile,  couraaite  et 
fleurie  à  l'occasion,  des  lettres  où  un  jeune  homme,  étudiant  dans  la 
grande  ville,  puis  avocat  dans  une  petite,  racontait  son  amour  de 
Dieu,  les  élans,  les  e.xtases  de  sa  vie  intérieure,  son  désir  d'aller  vers 
ses  frères  et  parmi  ses  états  de  langueur,  les  flottements  de  sa  volonté 


un  peu  làcJie,  la  dispersion  de  ses  elîorts.  les  crises  de  sa  «bohème  spi- 
rituelle, «  ses  joies  toutes  les  fois  qu'il  en  sortait  et  se  sentait  devenir 
«  un  hon\me  nouveau  ».  Et  il  devenait  cet  homme  nouveau  qui  sait 
-enfin' où  il  va,  soit  quand  il  découvrait  les  fraternités  du  tiers-ordre, 
ou  les  cercles  d'f'tudes,  ou  les  jardins  ouvriers,  quand  il  rencon- 
trait un  saint —  et  cela  lui  arrivait  souvent —  qui  l'illuminait,  prêtre, 
religieux,  frère  convers,  ou  simple  ouvrier  de  patronage,  de  la  sereine 
beauté  de  sa  vie  ou  de  sa  mort  soit,  tout  simplement,  quand  il  suiA^ait 
une  retraite  en  quelque  couvent  de  montaone,  ou  assistait  à  une  messe 
de  minuit.  Alors,  (t  à  l'ouvrage  !  »  et  le  lyrisme  coulait  à  flots.  Peut-être 
M.Gonin  eût  il  fait  œuvre  pîus  solide  et  plus  pénétrante  encore  en  ra- 
contant lui-même  directement  les  difficultés  de  son  apostolat, seseiïorts, 
fies  revers  et  ses  succès  :  «  J'étais  là,  telle  chose-m'advint.  »  Au  lieu  que 
tout  son  livre  demeure  un  peu  flou  :  son  héros  est  sans  consistance, 
maint  épisode  de  son  histoire  apparaît  par  trop  factice  :  les  idées  sont 
vagues  et  se  perdent  dans  ce  sentimentalisme  poétique  et  ee  verba- 
lisme ardent, où  aiment  à  nager  la  plupart  des  catholiques  sociaux  et 
où  quelques-uns  parfois  se  noient.  Avec  le  même  optimisme,  il  y  avait 
uixe  autre  précision  et  une  autre  vie  dans  les  Lettres  d'un  curé  de  cam- 
pagne et  le  F  ils  de  F  Esprit  dont  ce  Ywre  procède.  Littérairement,  les 
gens  de  métier  trouveront  donc  que  cela  fuit  entre  les  doigts.  Les 
hommes  d'un  certain  âge,  qui  a' ment  les  livres  chargés  d'expérience» 
riohes  de  réalités  concrètes,  s-^raient  peut-être  déçus.  Mais  les  jeune» 
gens  —  et  c'est  pour  eux  que  de  ces  Ictt'es  on  a  fat-tin  volume —  se 
■réchaufferont,  mieux  que  cela^  s'embraseront  à  cette  flamme,  très 
pure,  qui  brûle,  brûle  sans  cesse,  et  ne  baisse  et  ne  s'alanguit  que 
pour  flamber  davantage.  Dans  sa  belle  Préface,  M  l'abbé  Thelher  de 
Porkehe\'ilb  a  bien  dit  que  ce  livre  éveillerait  et  ferait  -!  ivre  des  âmes. 

Gabriel  Auuiat. 

BULLETIN 

Ln  Vie  de  l'ouvrièr-o,  par  M"*  JuLBS  SiMON.  Paris,  Bloud,  1911,  iû-16  de 
6'i  p.  (Collection  Science  et  Religion).  —  Prix  :  0  fr.  60. 

Reprenant  le  titre  que  son  grand-père  donnait  il  y  a  cinquante  ans  à  un 
îi.'re  célèbre,  l'auteur  de  cette  petite  brochure  y  tient  le  langa<.'e  d'une 
chrétienne  qui  ne  perd  pas  son  temps  à  discuter,  qui  expose  intégralement 
sa  foi,  qui,  aux  travailleuses  dont  elle  voudrait  élever  et  ennob'ir  la  mo- 
deste existence,  enseigne  le  bienfait  de  la  messe  du  dimanche,  de  la  con- 
fo'sion,  de  la  communi'.'n,  l'art  dp  b^en  vivre  et  de  souffrir  sans  révolte.  A  la 
fin,  on  trouve  des  listes  soigneusement  dressées,  avec  adresses,  de  groupe- 
ments féminins,  de  maisons  de  famille,  de  restaurants,  de  homes,  desana- 
tnria,  d'œuvres  de  repos  et  de  convalescence. 

Baron  A^c.oT  des  Rotours. 


-  523  — 

Ca  Rj^fOi-nie    sidinliilslrallv*.    Ce   qu'ello    devrait   «îîre,    par  G.  Db- 

MARTiAL.  Paris,  Cornelj,  li^ll,  in-t6  de  "35  p.  —  prix  :  1  fr. 

Ce  que  l'auteur  étudie  à  peu  près  excliisivement  dans  ces  pages,  écrites 
d'un  style  clair  et  alert\  c'est  la  question  des  fonctionnaires  auxquels 
il  \oudrait  que  l'on  reconnût  plus  d'initiative  et  de  responsabilité,  —  c'est 
tout  à  fait  ce  que  réclam,ait  Le  Play,  dès  1864,  dans  la  Réforme  sociale,  — 
des  libertés  plus  étendues  et  mieux  déterminées,  coniprenant  le  droit  de 
s'as6)cier  et  de  se  fédérer,  mais  non  celni  de  faire  grève.  11  propose  de  sup- 
primer les  préf?ts  et  le  ministère  de  l'intérieur,  sans  s'être  suffisamment 
demandé  si  leurs  fonctions  seraient  mieux  remplies  parce  qu'elles  passe- 
raient à  des  titulaires  autrement  nommés.  M.  Demartial  me  paraît  faire 
trop  peu  de  crédit  à  une  création  qu'il  recommande  cependant,  et  qui 
serait,  avec  la  soustraction  du  gouvernement  à  la  tyrannie  de  l'es;)rit  de 
parti,  la  réforme  administrative  décisive,  je  veux,  dire  la  constitution  de 
circonscriptions  régionales.  Baron  Angot  des  Rotours. 


iflétliode  pratique  «le  ooinpiabllfté  agricole,    par    A.    DUGLOUX    et  A. 

NiQUBT.  Paris,  Baillière,  s.  d.,  petit  ia-4  de  40  p.  —  Prix  :  i  fr.  3'). 

L'étude  de  la  comptabilité  à  l'école,  prévue  par  les  nouveaux  pro- 
grammes scolaires,  fait  partie  de  l'enseignement  pratique  de  l'agriculture; 
elle  initiera  les  futurs  cultis-ateurs  aux  écritures  indispensables  qui  leur 
inculqueront  des  habitudes  d'ordre,  d'exactitude,  de  prévoyance  et  d'éco- 
nomie. Les  auteurs  de  la  Méthode  pratique  de  comptabilité  agricole  ont  fait 
une  œuvre  simple  et  précise  en  visant  surtout  à  la  réalité.  D.  B. 


iilMtoire  d«;  France,  par  ALFRED  B.iUDRiLLABT,  publiée  avec  la  collabora- 
lion  de  J.  Martin.  Cours  moyen  {certificat  d''éiudes].  Paris,  Bloud,  iQ-16  car- 
tonné de  iv-326  p.,  illuêlré.  —  Prix:  1  fr.  60. 

MgrBaudrillart,  en  éditant  ce  manuel  avec  le  concours  de  M.  J.  Martin, 
professeur  d'histoire  à  l'école  Massillon,  a  voulu  surtout  mettre  entre  les 
mains  do  la  jeunesse  un  ou\raga  impartial  et  qui  ne  lui  inspire  que  des 
idées  saines  et  chrétiennes.  On  peut  se  rendre  compte  en  le  parcourant 
que  les  auteurs  et  les  éditeurs  n'ont  rien  négligé  pour  présenter  ce  petit 
volume  d'une  manière  agréable  et  faciliter  ainsi  aux  jeunes  enfants  l'étude 
et  l'intelligence  de  l'histoire.  Les  gravures  s  mt  nombreuses  et  bien  choi- 
sies; les  cartes  faisant  bien  comprendre  les  vicissitudes  de  notre  pays,  sunt 
multipliées.  Aussi  l'élève  qui  aura  étudié  ce  petit  volume  avec  soin,  aura 
une  notion  claire  et  exacte  des  principaux  événements  dont  notre  pays 
fut  le  théâtre.  Nous  ne  croyons  pas  qu'aucun  autre  manuel  se  présente 
mieux  que  celui  de  Mgr  Baudrillart.  Les  faits  sont  racontés  dans  une  note 
juste  et  impartiale.  On  a  ainsi  véritablement  une  histoire  de  France  et 
non  l'hist'-ire  d'un  parti  en  France.  .1.  Viard. 


L.'%.:;;onic  «lu  vieux  Rai-!*,  par  A.  Callbt.  Paris,  Daragon,  1911,  in-8  de 
18'*  p.,  avec  grav.  et  pi,  —  Prix  :  8  fr. 

Voilà  un  titre  que  je  n'aime  pas,  je  n'hésite  pas  à  le  dire.  Dans  ses  trans- 
formations (j'admets  aue  toutes  ne  sont  pas  des  améliorations^  Paris  reste 
Paris,  ville  de  lumière  et  de  vie,  mais  non  ville  de  ténèbres  et  de  mort. 
L'amplification  serait  facile;  je  l'épargnerai  aux  lecteurs  du  Pohjbihlion. 


—  524  — 

Ponc,  c'est  sous  ce  titre  que  M.  A  Callet  vient  de  consacrer  un  volume  au  x 
vostiges  dupasse  et  aux  anciens  souvenirs  de  la  capitale.  Tels  qu'ils  ont 
dû  paraître  originairement,  sous  forme  d'articles  dans  quelque  quotidien, 
les  chapitres  de  ce  livre  ont  pu  se  faire  lire  avec  plaisir  :  ils  tiraient  q-aelque 
intérêt  d'une  circonstance  ou  d'un  événement  qui  en  excusaient  la  rédac- 
tion un  peu...  hâtive.    Mais    la    réunion  en    un    volume  s'imposait  elle  ? 

Prenons  au  hasard  l'article  consacré  à  l'hôtel  JaJDack  [sic)  lise^  :  (Jabach). 
Quel  profit  en  tire  l'histoire?  Que  contient-il  de  plus  que  ce  que  nous  ont 
fait  connaître  depuis  longtemps  les  travaux  de  MM.  de  Reiset,  de  Groiichy 
et  Bonnaffé?  Pourquoi  ne  pt  s  avoir  cité  les  noms  de  ces  érudits?  Cela  n'eût 
été  que  juste.  Est-ce  volontairement  ou  par  i.t'g'igence  que,  dans  ce  volume 
daté  de  1911,  M.  Callet  novs  dit  que  les  Petites  Affiches  contenaient  «  il  y 
a  quelque  temps  >■  l'annonce  de  la  mise  en  adjudication  de  l'immeuble 
qui  fut  jadis  l'hôtel  d\  g.^and  collectionneur?  C'est  en  janvier  190'i  que  la 
vente  se  fit;  heureusement,  le  texte  même  de  l'annonce  nous  en  avertit, 
faute  de  quoi  le  seul  renseignement  nouveau  contenu  dans  ces  six  pages 
eût  été  bien  insuffisamment  donné,  et  le  «  il  y  a  quelque  temps  »  aurait  pu 
caiser  aux  curieux  de  !o:  gies  recherches  et  même  une  déception. 

L'ouvrage  de  M.  Callet  aurait  pu  présenter  queicjue  intérêt  en  raison 
même  des  souvenirs  d'actualité  qu'il  pouvait  suggérer.  Mais  c'est  toujours 
par  l'imprécision  —  je  ne  répète  pas  le  mot  négligence  —  que  pêche  notre 
auteur.  Des déGou\ertes archéologiques  ont  été  faites  au  cours  de  travaux 
exécutés  à  l'hôtel  Favoisy,  rue  Pavée,  dans  les  «premiers  jours  de  février  n 
{sic).  Qu'en  penser?  Quel  renseignement  pour  l'avenir! 

Je  renonce  à  poursuivre.  I  es  lecteurs  superficiels  se  contenteront  de 
V Agonie  du  vieux  Paris  telle  q  t'elle  leur  est  présentée,  sans  indications 
desourr-es,  sans  références,  sans  mention  des  dates  les  plus  essentielles,  mais 
les  véritables  historiens  de  notre  cher  Paris  s'abstiendront  de  sui\re  un 
ex:emple  aussi  déplorable.  P.  Lbe. 

i>ei-i-iè«-e  la  façade  stliommide,  par  P.  D.  Pari.',  Chaoelol,  19J2,  in-16 
de  xi-i07  p.  —  "Pfix  :  1  fr.25. 

L'Allemagne  jette,  en  toute  occasion,  dans  le  plateau  de  la  balance. — ■ 
et  nous  venons  de  l'éprouver — 'le  poids  de  sa  puissance  gnemère.  Qu'y 
a-t-il  derrière  la  façade  de  ce  colossal  édifice  militaire?  Que  se  passe-t  il 
derrière  ce  m.ur?  L'auteur  répond  et  prouve  que,  si  l'Hercule  allemand 
est  bien  une  réalité,  nous  avons  raison  de  le  regarder  avec  calme  et  de  con- 
tinuer à  travailler. 

Le  grand  public  appréciera  d'autant  plus  cet  ouvrage  que  l'auteur,  sans 
dissocier  les  uns  des  autres  les  éléments  techniques  et  sociaux  dont  est  faite 
la  force  d'une  armée  de  guerre,  fait  état  de  ces  «  impondérables  «  dont 
Bismarck  se  félicitait  de  sav  oir  tenir  compte.  G.  H  . 


CHKONIQUE 


NÉCROLOGIE.  —  Le  D''  Marc-Daniel  Sée,  professeur  agrégé  à  la  Fa- 
culté de  médecine  de  Paris,  est  mort  à  Paris  dans  les  premiers  jours  de 
mai,  à  86  ans.  Xé  à  Ribeauvillé  'Haut-Rhin)  le  11  février  1827,  il  ap- 
partenait à  une  famille  Israélite  qui  a  donné  pli: sieurs  célébrités  médi- 
cales à  la  France.  Reçu  docteur  en  1856,  agrégé  en  1860  et  chirurgien 
du  bureau  central  en  1866,  il  fut  chargé  du  sers-ice  chirurgical  succe&si- 


vement  avix  hôpitaux  dt?  Bicêtre,  d  i  Midi,  de  Sainte- Eugénie  et  à  la  Mai- 
son municipale  de  santé.  Nommé  ensuite  chef  des  travaux  anatomiques 
à  la  ]•' acuité,  il  lut  élu  en  1878  membre  de  l'Académie  de  médecine  (sec- 
tion d'anatomie'.  Parn'ii  les  publications  du  D''  JMarc  Sée,  nous  citerons  : 
Anatoinie  et  physiologie  du  tissu  élastique  'Paris,  1860,  in-8),  thèse  pour 
l'agrégation;  —  Atlas  de  Vart  des  accouchements  (Paris,  1871,  gr.  in-8), 
a'CC  A.  Lenoir  et  S.  'larnier;  —  Becherches  sur  Vanatomie  et  la  physio- 
log'e  au  cœur,  tpécxùen  eut  au  pont  de  inie  du  fonct'onmmerit  des  ial- 
vules  auriculo-ventriculaires  (Paris,  1875,  in-i!,  réédité  en  1881.  Le  D' 
Marc  Sée  a  collaboré  en  oitre  à  la  4^  édition  du  Traité  d'anatomie 
descriptive  de  Cruveiîhier  et  il  a  traduit  de  l'aHemand,  avec  M.  J.  Bé- 
clard,  les  Eléments  d'histologie  humaine  de   Kcé  îil:er. 

—  L'éminent  chimiste  Paul-Émiie,  dit  François  Lecoq  de  Boisbau- 
DRAN,  est  mort  à  Paris  à  la  fin  de  mai,  à  74  ans.  Appartenant  à  une 
ancienne  i'amille  noble  protestante,  dont  une  partie  a\ait  quitté  la  France 
à  l'époque  de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  il  naquit  en  1838,  à 
Cognac.  C'est  dans  la  maison  de  s  «n  père,  qui  exerçait  le  commerce  des 
eaux-de-vie,  qu'il  fit  ses  eti  des  et  f^cntit  naître  en  lui  un  goût  intense 
pour  la  chimje.  Loin  des  Universités  et  des  laboratoires  officiels,  il  se 
livra  à  des  études  personnelles  de  spectroscopie  et  fit  de  nombreuses 
expériences  qui  l'amenèrent  à  de- remarquables  découvertes,  à  celle, 
entre  autres,  d'un  nouveau  métal  comblant  une  lacune  dans  la  série  des 
corps  simples,  métal  auquel  il  donna  le  nom  de  «  gallium  ».  Les  grands 
résultats  acquis  par  ces  patientes  recherches  furent  si  appréciés  dans 
le  monde  scientifique  que  leur  auteur  obtint  successisement  un  prix 
Bordiu  à  l'Académie  des  sciences  en  1872,  le  titre  de  correspondant  de 
l'Institut  en  1878,  celui  de  membre  d'honneur  de  la  Société  de  chimie 
•de  Londres,   un  peu  plus  tard,   la  grande  médaille  Davy   de  la  Société 

royale  anglaise  en  1879  et,  enfin,  le  prix  Laca^e,  de  10.000  francs,  dé- 
cerné par  l'Académie  des  sciences  en  1880.  Outre  les  nombreux  mémoires 
que  M.  Lecoq  de  Boisbaudran  a  donnés  aux  Comptes  rendus  de  V Aca- 
d'mie  des  sciences  et  à  diverses  autres  re>>ues  scientifiques,  il  a  pul.'lié 
à  part  :  Spectres  lumineux,  spectres  prismatiques,  destinés  aux  i--.  cherches 
de  chimie  minérale  (Paris,   1874,   in-S). 

—  Un  deril  cruel  a  frappé  le  monde  littéraire  en  Espagne  :  l'illustre 
polygraphe  Marcelino  Meneîvdezy  Pelayo  est  mort  à  56  ans,  le  19  mai, 
à  Santander,  où  il  était  né  le  3  novembre  1856.  Reçu  bachelier  dans 
cette  ville,  il  suivit  les  cours  de  philosophie  et  de  littérature  à  l'Univer- 
sité de  Barcelone  et  obtint  à  Madrid  le  diplôme  de  docteur.  En  1875, 
le  gouvernement  lui  accorda  une  bourse,  grâce  à  laquelle  il  put  aller 
faire  des  recherches  dans  les  principales  bibliothèques  et  arclmes  de 
l'Espagne  et  de  l'étranger.  A  son  retour,  la  chaire  d'histoire  critique 
de  la  littérature  espagnole  à  ^Uni^•ersité  de  Madrid  étant  devenue  va- 
cante par  la  mort  d'Amador  de  los  Rios,  elle  lui  fut  confiée  à  l'unani- 
mité; mais  il  n'avait  alors  que  21  ans  et  il  fallut  faire  en  sa  faveur 
une  loi  spéciale  qui  ramenait  de  ?3  à  21  le  nombre  des  années  cjue  de- 
vaient avoir  au  minimum  les  candidats  aux  chaires  universitaires.  En 
1881,  c'est-à-dire  à  25  ans,  il  fut  élu  membre  de  l'Académie  royale 
en  remplacement  d'Hartzenbvsch  et,  deux  années  plus  tard,  il  succédait 
à  Moreno  Nieto  à  l'Académie  d'histoire  et,  bientôt  après,  il  entrait  à 
l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques,  ainsi  qu'à  celle  des  beaux- 
arts.  Un  jour  vint  où  M,  Menendez  y  Pelayo  voulut  explorer  le  terrain 
politique.  Envoyé  "plusieurs  fois  comme  député  aux  Certes   des  dernières 


—  52Ô  — 

années  du  règne  d'Alphonse  XII,  il  siégea  dans  la  majorité  conserv'a- 
trice.  Ensuite,  il  fut  nommé  sénateur,  et  c'est  comme  tel  que,  depuis 
celte  époque,  il  n'a  cessé  de  repn'senter  les  Académies  et  les  Univer- 
sités. D'une  puissance  de  travail  extraordinaire,  cet  écrivain  ,qui  s'est 
distingué  surtout  par  ses  travaux  de  criliqi  e  littéraire,  historique  et  phi- 
losophique, a  prodvit  une  œuvre  considérable,  parmi  les  volumes  qu'il 
a  piibliés,  novs  citerons  seulement  les  Suivants  :  Histona  de  las  ideas 
ett'ticas  en  Espana; —  Antolngia  de  poetas  liricos  castellanos  desde  la  for- 
macion  del  idioniahastatiiiestros  d  a"!;  —  Estudios  criticos  sobre  los  escritores 
moiAafie^es;  —  La  Poesia  horariana;  —  La.  Noi'cla  entre  los  latinos,  Horacio 
en  Espana,  traductorcs  y  comeritadores;  ■ — •  Calderon  y  su  teatro;  —  Arnaldo 
de  Vilanova,  medico  catalan  del  siglo  xill;  —  La  Ciencia  espanola,  pole- 
jnicas,  indicaciones  y  proyectos;  • —  Los  Hereticos  de  I.talia;  Paginas  de  un 
libro  inedito  y  noticias  literarias;- — De  las  or i gènes  del  cristianismo  y  del 
escepticismo  y  especialmente  de  los  precursores  espanohs  del  Kant;  — Estu- 
dios pcéiicos.  M.  Menendez  y  Pelayo,  à  qui  l'on  doit  également  la  publi- 
cation de  la  Biblioteca  de  Autores  clasicos,  a.  donné  de  nombreux  articles 
à  diverses  revues,  ainsi  que  quelques  poésies  à  la  Revista  de  Espaiïa  et 
à  la  Ilustracion  espanola  y  americana.  Enfm,  en  qualité  de  directeur  de 
la  Bibliothèque  nationale  de  Madrid,  il  avait  été  chargé  de  la  publi- 
cation du  Corpus  des  archives  et  des  bibliothèques  espfgioles. 

—  Le  grand  romancier  et  auteur  dramatique  suédois  Aigcste  Strind- 
BERG  est  mort  le  4  mai,  à  63  ans.  Ké  à  Stockholm  en  1849;  il  fit  ses 
études  au  lycée  de  cette  ville,  mais  l'insuffsance  de  ses  ressovrces  l'em- 
pêcha de  suivre  les  cours  de  l'Université  et  ce  n'est  que  très  irréguMère- 
ment  qu'il  put  faire  quelques  études  complémentaires,  tant  à  Stockholm 
cju'à  Upsal,  tout  en  exerçant  successivement  les  professions  les  plus 
diverses  et  les  plis  humbles.  Cependant,  en  dépit  de  toi  s  les  obstacles, 
il  parvint  à  se  consacrer  entièrement  à  la  littérature  et  on  le  vit  abor- 
der tour  à  tour  le  jcurnalisme,  le  roman,  la  poésie  et  le  théâtre.  Dès 
le  début,  il  laissa  paraître  dans  ces  divers  genres  un  âpre  pessimisme 
dont  il  s'était  imprégné  au  milieu  des  souffrances  de  la  lutte  pour  la  vie, 
ainsi  que  cette  misanthropie  ou  plutôt  cette  misogynie,  qui  n'a  cessé 
d'être  sa  principale  caractéristique  et  qu'il  devait  à  des  chagrins  domes- 
tiques. Dès  qu'il  le  put,  M.  Strindberg  quitta  la  Suède  pour  voyager  en 
Danemark,  en  Allemagne,  en  France,  en  Suisse  et  en  Italie;  atssi  est-ce 
surtout  dans  ces  di-\ers  pa^s  c[u'il  écrivit  la  plupart  de  ses  œuvres, 
puisant  ses  sujets  dans  les  mœui^  qu'il  étudiait  ou  dans  les  événements 
dont  il  était  le  témoin.  En  dehors  de  quelques  poésies,  telles  ciue  A 
Borne,  en  l'honneur  du  sculpteur  danois  Thorwaîdsen  (1870),  et  Nuits 
d'un  somnambule  (4885),  M.  Strindberg  a  composé  S):rtout  des  romans 
et  des  pièces  de  théâtre.  Parmi  les  premiers,  qui  sont  tantôt  satiriques 
ou  philosophiques,  tantôt  autobiographiques,  nous  mentionnerons  :  La 
Chambre  rouge  (Stockholm,  1870);  —  L'Approche  du  printemps  (Stoc- 
kholm, 1880);  —  Aventures  et  destinées  suédoises  (StockhoJm,  1881);  — 
Ze  Nouveau  Règne  (Stodcholm,  1887);  — '  Mariés  (StockhoJm,  1885», 
roman  qui  lui  attira  des  poursuites  judiciaires  pour  outrage  à  la  reli- 
gion; —  Utopies  dans  la  réalité  (Stockholm,  1885^;  —  Le  Fils  de  la 
servante  (Stockhr>lm,  1886)-,  importante  étude  autobiograj-hique;  —  Les 
Gens  de  Ifemscé  IjHockholm,  1887);  —  Vie  populaire  eux  iles  de  Stockholm 
(Stockholm^  1888);  —  Tschandala  (Stockholm,  1889);  —  Au  bord  de  la 
mer  (Stockholm,  1892),  le  chef-d'œirvre  de  l'auteur,  plisieurs  de  ces  ro- 
mans ont  été  traduits  en    dis-erses  langues.    L'œuvre    dramatique    de 


^  527  — 

M.  Strindberg  tst  considérable  (gaiement.  Elle  se  compose  de  tragédies, 
de  tragi-comédies  et  de  dialogues  d'une  scène  ou  deux,  notamment  :  Père 
(Heîsii.gbvig,  1888);  —  Mademoiselle  Julie  (llelsirgbi>rg,  1888),  tragédie 
que  M.  Ch.  de  Casenove  a  traduite  on  français  (Paiùs,  1893,  in-18);  — ■ 
Camarades  (Helsii  gboig,  1868);  —  Créanciers  (Copenhague,  1889);  — 
Le  Secret  de  la  Corporation  (1880);  ■ —  La  Femme  du  chevalier  Bengt 
(1880);  ■ — ■  Maître  Olof;  Le  Lien;  On  ne  joue  pas  avec  le  feu  (1852). 
L'auteur  avait  donné  lui-même  une  traduction  française  de  Père,  pré- 
cédée d'une  préface  par  Emile  Zola  (Paris,  1888,  in-18).  Enfin,  on  doit 
encore  à  M.  Strindbeig  quelques  études  historiques  écrites  en  français» 
telles  que  :  Notice  sur  les  relations  de  la  Suède  avec  la  Chine  et  les  pays 
iartares  depuis  le  milieu  du  xvii^  siècle  (Paris,  1884,  gr.  in-8)  et  Rela- 
tions  de   la.   France  avec  la  Suède   fusqu^à   nos   fours  (Paris,    1891,    in-8). 

—  La  Hoi  grie  vient  de  perdre  un  historien  dont  les  travaux  sont 
fort  appréciés.  Né  à  Karawkova,  en  1860,  M.  Samuel  Eorowsky  se  con- 
sacra, dès  ses  débuts,  aux  travaux  généalogiques  et  héraldiepies.  Ses 
principaux  travaux  sont  :  Les  Daces,  étude  ethnographique  (1883);  — • 
Histoire  de  l'arrivée  des  Magyars  en  Hongrie  (1893);  — -  Histoire  du  comi- 
tat  de  Csa.hàd  (2  vol.  1897);  —  U Epoque  de  la  migration  des  peuples 
(1900).  11  a  collaboré  à  de  nombreises  publications  et  a  rempli  les  fonc- 
tions de  secrétaire  général  de  la  Société  historique  horgroise,  dont  il 
dirigeait  la  Revue  :  S-àzadok.  11  était  membre  de  l'Académie  hongroise. 

—  M.  Thomas  Vécsey,  mort  dernièrement,  est  né  à  Sziks;.ô,  en  fé- 
vrier 1839.  Professeur  de  droit  romain,  il  donna  à  son  enseignement  un 
esprit  si  patriotique  que,  plt.s  tard,  ses  anciens  élèves  l'envoyèrent  sié- 
ger au  Parlement.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Éludes  sur  le  droit 
romain  (1867);  ■ —  Marcellu^  (1881);  —  Papinianus  (1884);  —  Africanus 
(1889);  —  Les  Institutions  du  droit  romain.  Introduction  à  Vhistoire  du 
droit  (4^  édit.,  1896).  Il  a  collaboré  au  Dictionnaire  de  droit  et  à  de 
nombreuses  revues  juridiques.  11  avait  été  élu  membre  de  l'Académie 
hongroise  en  1881. 

• —  M.  Alexandre  Mika,  né  en  1859,  est  mort  tott  récemment.  Pro- 
fesseur à  Koloisvàr  et  à  Brassô,  il  a  publié  de  nombreux  ouvrages  dont 
nous  citerons  les  principaux  :  Le  Développement  de  la  Papauté  au  xi^  siè- 
cle (1883);  ■ —  La  Conception  de  Ranke  sur  le  commencement  du  moyen  âge 
(1884);  —  La  Question  des  Investitures  (1884);  —  L'Influence  de  Richelieu, 
cardinal  ministre,  sur  la  France  et  sur  V Europe  (1879);  —  La  Révolution 
française  (188.5);  —  Michel  Hermann  (1888);  —  Une  Année  d'histoire 
de  la  Transylvanie  et  de  Brastô,  1613  (1891);  —  Les  Rapports  de  George 
l'àkéczi  Z*^'"  avec  Brassô  (1893); — Hitto're  de  la  féodalité  et  de  l'époque 
des  croiiades   (1900). 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Alexandre  Amiot,  ingénieur 
eivil,  directeur  du  Moniteur  des  fabricants  de  papier,  mort  à  Paris,  au 
commencement  de  mai;  —  Henri  Bouasse-Lebel,  ancien  éditeur  d'œu- 
vres  religieises,  mort  à  Paris,  au  commencement  de  mai;  —  Jean-Eap- 
tiste-Aigiste  Charavx,  ancien  doyen  de  la  Faculté  des  lettres  de  l'Uni- 
versité catholieiue  de  Lille,  mort  à  80  ans,  au  milieu  de  mai,  à  Pont-à- 
Moisson,  où  il  était  né  en  1832,  lequel  laisse  des  biographies  et  d'intéres- 
santes études  littéraires,  entre  autres  :  Corneille.  La  Critique  idéale  et 
catholique  (Lille,  1877,  in-18);  Critique  idéale  et  catholique.  L'Esprit  de 
Montesquieu,  sa  vie  et  ses  principaux  ouvrages  (Lille,  1885,  in-16);  Essai 
littéraire  et  moral  sur  la  Bretagne  contemporaine.  Poètes  et  prosateurs  (Pa- 
ris,   1894,    in-16),    etc.;  —  l'abbé    Ernest    Danicourt,  cvré    de   Naoïrs 


—  528  — 

(Somme',  archéologue  érudit,  mort  au  commencement  de  mai,  lequel 
laisse  une  di  .aine  d'études  archéologiques  estimées,  notamment  :  Histoire 
populaire  de  la  ville  et  du  château  de  Ham  (Ham,  1881,  in-16)  et  Histoire 
d' Àuthie,  de  son  prieure  conventuel  et  de  son  château  féodal,  suH'ie  d'une 
notice  sur  Saint-Lcger-les- Authie  (Ham.  1885,  in-8);  — ■  Fernand  de 
Dautein,  professeur  honoraire  à  l'École  polytechnique,  qui  laisse  une 
importante  Étude  sur  les  ponts  de  pierre  remarquables  par  leur  décoration, 
intérieurs  au  xix^  siècle,  et  un  ouvrage  sv.r  V Architecture  lombarde,  mort 
le  19  février,  dans  sa  75^  année;  —  Emile  Decombes,  professdjr  hono- 
raire au  Conservatoire  de  musique,  mort  à  Paris,  au  commencement  do 
mai;  —  Fulbert  Dumonteil,  écrivain  scientifique,  mort  dernièrement 
à  PariS;  à  82  ans,  lequel  a  dirigé  longtemps  la  chronique  scient' fique 
à  la  France,  a  donné  de  nombreux  articles  de  vulgarisation  à  plusieurs 
journaux  et  revues  et,  enfin,  a  publié  div-ers  volumes,  notamment  : 
Les  Députés  de  la  Seine,  Gombetta,  Thiers,  Bancel...  (Paris,  1869,  iri-18); 
Portraits  politiques.  Les  Septembrisés  (Paris,  1872,  in-12);  Jardin  d'accli- 
matation. Portraits  zoologiques  (Paris,  1874,  gr.  in-8);  —  le  chanoine 
DuPLOYÉ,  mort  au.  commencement  de  mai,  à  Saint-Maur-des-F':.^sés 
(Seine),  à  79  ans,  lequel  est  célèbre  grâce  à  la  méthode  de  sténographie 
inventée  par  lui  et  par  son  frère,  prêtre  également,  méthode  qu'il  fit 
connaître  par  de  nombreux  écrits,  tels  que  :  Sténographie  Duployé  (Paris, 
1864,  in-8),  souvent  réimprimée,  par.  la  création  d'une  «  Bibliothèque 
sténographiqu.e  »  et  la  fondation  de  la  revue  la  Sténographie,  lequel, 
enfin,  a  publié,  toujours  en  collaboration  avec  un  de  ses  frères,  plusieurs 
ouvrages  sur  le  sanctuaire  de  Notre-Dame  de  Liesse;  — ■  Louis  Favre, 
ancien  rédacteur  au  Journal  et  au  Petit  Parisien.,  mort  au  commence- 
ment d'avril,  à  Neuilly-les-Bois  (Indre^,  à  33  ans;  —  Paul  Gibert,  an- 
cien rédacteur  de  VAvranchin  et  de  V Avant- Garde  de  VOuest,  membre 
de  rAss>ciatii)n  des  publicistes  chrétiens,  mort  à  A-.-ranches  au  commen- 
cement de  mai,  à  81  ans;  —  le  célèbre  harpiste  Hasselmaxs,  titi-.Iaire 
de  la  classe  de  harpe  au  Conservatoire,  mort  dernièrement  à  Paris,  à 
67  ans;  —  Maurice  Jollivet,  ancien  collaborateur  de  plusieurs  jour- 
naux de  Paris  et  du  Jo'uma^  de  Rome,  mort  à  Pavis,  au  milieu  de  mai,  lequel 
a  publié  :  La  Révolution  française  en  Corse  :  Paoli,  Bonaparte,  Pozzo  di  Borgo, 
d'après  des  documents  nouveaux  (Paris,  1892,  in-8)  ;  Les  Anglais  dans  la  Mé:di- 
terranée\\l^k-\l^l\.  Un  Royaume  an  glo- cor  se  (Paris,  1896,  in-î2K  ouvrage 
couronné  par  l'Académie  française;—  Charles  Malo,  écrivain  militaire,  mort 
à  Paris,  à  la  fin  de  mai,  lequel,  en  outre  des  nombreux' articles  qii'il  a 
donnés  au  Journal  des  Débats,  dont  il  était  le  collaborateur  militaire 
depuis  25  ans  environ,  a  publié  plusieurs  ouvrages,  entre  autres  :  L'Ar- 
mée suisse  aux  grandes  manœuvres  de  1889  (Paris,  1889,  in-8);  la  Ques- 
tion d^  Nancy  et  la  Défense  nationale  (Paris,  1894,  in-8)  et  Champs 
de  bataille  de  France.  Descriptions  et  récits  (Paris,  1899,  gr.  in-8);  — 
Édouard-B.-P.  Millaud,  sénateur  du  Rhône,  journaliste  et  écrivain, 
qui,  outre  plusieurs  mémoires  sur  la  ju.risprudence  et  la  médecine  légale, 
a  publié,  entre  autres  ouvrages  :  Élude  sur  l'orateur  Hortensius  (Paris, 
1859,  in-8);  Daniel  Manin.  Jurisprudence  vénète.  Lois  et  coutumes  de  Ve- 
nise (Paris,  1867,  in-8);  De  la  Réorganisation  de  Varmée  (Paris,  1867, 
in-8)  et  le  Soufflet.  Devons-nous  signer  la  paix?  (Paris,  1871,  in-8), 
brochure  qui  fit  grand  bruit,  mort  à  Paris,  le  17  mai,  à  78  ans;  — 
Henri  Pellisson,  félibre  de  Barétons,  mort  en  mai,  à  67  ans,  à  Arette 
(Basses-Pyrénées),  lequel  avait  donné  de  charmantes  poésies  et  nouvelles 
à  des  revues  locales,  telles    que  Reclams  de  Biarn  é  Gascougne,  et  publié 


-  529  - 

quelques  brochures  intéressantes,  notamment  :  Noste  Dame  de  Sarrahce, 
poésie  béarnaise  (Oloron-Sainte-Marie,  1898,  in-8)  et  Discours  d'un  pa- 
triote biarnés  (Oloron-Sainte-Marie,  1901,  in-8);  —  Louis  Perrier,  ub 
des  plus  savants  minéralogistes  du  Midi  de  la  France,  mort  au  milieu 
de  mai,  à  Nîmes,  à  76  ans;  —  Peytraud,  censeur  du  lycée  Bufïon  à 
Paris,  mort  en  cette  ville,  au  milieu  de  mai,  à  54  ans;  —  l'abbé  Léo- 
nard-Joseph Rivière,  lequel  s'occupait  d'histoire  locale  et  avait  publié 
deux  intéressantes  notices  :  Notre-Dame  du  Châtenet,  paroisse  de  LonZtic 
(Tulle,  1903,  in-8)  et  Notre-Dame  du  Chapitre  à  Tulle,  patronne  du  cha- 
pitre et  de  la  paroisse  (Tulle,  in-8,  1904),  mort  dernièrement  à  Tulle,  à 
72  ans;  —  le  comte  Jean  de  Sabran-Pontevès,  auteur  de  divers  ou- 
vrages, tels  que  :  L'Inde  à  fond  de  train;  Un  Raid  en  Asie,  couronné 
par  l'Académie  française,  et  Veillées  du  Gerfaut,  mort  au  château  du 
Cierfaut,  près  d'Azay-le-Rideau  (Indre-et-Loire),  le  7  mai,  à  l'âge  de 
61  ans;  —  Edgar  Verdeau,  chroniqueur  judiciaire  au  Matin,  mort 
subitement  à  Paris,  au  commencement  de  mai,  à  38  ans;  —  le  chanoine 
J,  VuiLLEMiN,  ancien  supérieur  du  petit  séminaire  de  Cliâte!-sur-Mo- 
selle,  lequel  avait  contribué  à  développer  la  presse  catholique  en  créant 
le  Réveil  catholique,  qui  s'est  fondu  depuis  avec  le  Peuple  vosgien,  mort 
au   milieu   de  mai,   à  77   ans. 

— •  A  l'étraiger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  Dr.  Ernest  Christian 
AcHELis,  professeur  de  théol(>gLe  pratique  à  l'Université  allemande  de 
Marbouig,  mort  en  cette  ville,  le  10  avril,  à  74  ans,  auquel  on  doit  : 
Die  Entstehungszeit  von  Luther's  geistlichen  Liedern  (Marbourg,  1884, 
in-8)  et  Aus  dem  akademischen  Goitesdienste  in  Marburg,  Predigten  (Mar- 
b)urg,  1886,  in-8),  etc.; —  Dr.  Ludwig  Bach,  professeur  de  thérapeutique 
pjur  les  maladies  des  yeux  à  l'Université  allemande  de  Marbourg,  mort 
en  cette  ville,  en  mai,  à  46  ans;  — ■  Dr.  Karl  Josef  von  Bauer,  profes- 
seur de  médecine  interne  à  ri'niversité  de  Munich,  mort  en  cette  ville, 
en  mai,  à  69  ans; — Dr.  EdmundBAUMOART,  médecin  hongrois,  auteur 
de  pub?ioati.'>uS  sar  les  maladies  du  larynx,  mort  en  avril,  à  Budapest, 
à  73  ans;  —  Dr.  Michael  Bérésowski,  zoologiste  et  explorateur  russe, 
mort  à  la  fin  de  mai.  à  Saint-F'étersb:>u]g,  à  63  ans;  —  Jean  Blockx, 
compositeur  flamand  de  réputation,  mort  dernièrement  à  Anvers,  à  62  ans; 
—  Dr.  Georg  Bode,  journaliste  allemand,  qui  fut  pendant  de  lorgaes  an- 
nées le  rédacteur  en  chef  du  Posener  Tageblatt,  mort  le  26  avril,  à  Po- 
sen;  —  Dr.  C.  F.  W.  Boedecker,  professeur  de  thérapeutique  pour  les 
maladies  dentaires  à  l'Univ'ersité  de  Berlin,  mort  en  cette  ville,  au  com- 
mencement de  mai,  à  66  ans; — Edwin  Bormann,  écrivain  allemand, 
mort  à  Leip  ig,  le  3  mai,  à  61  ans,  lequel  laisse  de  nombreux  ouvrages, 
dont  plusieurs  écrits  dans  le  dialecte  de  la  Saxe,  notamment  :  Riff  ! 
Rnff  \  Ruff  \  Feichtfrehlige  Schitzengriesse  ennes  alten  Leibz' gersch  (Leipzig, 
1884,  in-8)  et  Das  Riichlein  Komm  mit  mir\  Ein  Schreih-und  kalender 
jiir  frohliche  Menschenkinder  (Leipig,  1884,  in-8);  —  A"  g  ste  Chantre, 
publiciste  suisse  et  théologien  protestant,  ancien  recteur  de  l'Université 
de  Genève,  qui  avait  fondé  en  1869  le  journal  V Alliance  libérale  et,  en 
1874,  les  Étrennes  chrétiennes,  mort  à  Genève  le  20  janvier  dernier,  à 
l'i'ge  de  76  ans;  — ■  Alfred-Jnhn  Chtjrch,  écrivain  arglais,  professeur  de 
latin  au  colLge  de  l'Université  de  Londres,  mort  à  Richmond,  au  com- 
mencement de  mai,  à  83  ans,  lequel  a  publié,  en  dehors  de  divers  vo- 
lumes à  l'usage  spécial  des  étudiants,  de  nombreux  ouvrages  d'histoire 
et  de  littérature,  entre  autres  :  Stories  from  Virgil  (Londres,  1878, 
Juin   1912.  T.  CXXIV.  34. 


-—  530  ~ 

in-8);  Stories  from  Greek  Tragedians  (Londres,  .1879,  in-8);  The  S  tory 
oj  the  Persian  War  (Londres,  1881,  in-8);  The  Sea  of  Galilée  (Londres, 
1884,  in-8),  etc.;  —  Joseph  Demarteau,  rédacteur  en  chef  de  la  Gazette 
de  Liège  et  des  Nouvelles  du  jour,  qui  a  écrit  de  nombrei  ses  études  his- 
toriques, artistiques  et  archéohigiques  sur  le  pa^  s  de  Li<"ge,  parmi  les- 
■quclîes  l'on  peut  rappeler  :  Lettre  à  M.  Godejroy  Kurth  sur  la  première 
église  paroissiale  de  Liège  et  A  travers  Veaposition  de  Vart  ancien  au  pays 
de  Liège,  mort  à  Lige,  le  24  avril;  ■ —  Dujardin,  curé  de  Cappeîlen, 
ancien  professeur  à  l'Institut  Saint-Lovis,  de  Bruxelles,  mort  à  Cappeîlen 
^Be'gique),  le  7  mai;  —  Dr.  Oscar  Ehrhardt,  écrivain  allemand,  auteur 
de  travaux  sur  la  philologie,  mort  à  la  fin  d'avril,  à  Koestritz,  à  82  ans; 

—  E.  Fagnart,  professeur  à  l'Université  de  Gand,  mort  en  cette  ville^ 
uu  commencement  de  mai,  à  l';"ge  de  46  ai  s;  ■ —  Dr.  Bernhard  P'ittica, 
professeur  de  chimie  à  l'Université  allemande  de  Marboiig,  mort  en 
cette  ville,  le  27  avril,  à  62  ans; —  Dr.  Theodor  Gier,  professeiir  de 
chirurgie  à  l'Université  allemande  de  Rostock,  mort  en  cette  ville,  le 
23  avril,  à  67  ans;  — •  Alexander  Glowacki,  romancier  polonais,  qui 
écrivait  S'>rs  le  pseudonyme  de  Boltslav  Pr».  s,  mort  en  mai,  à  Varsovie, 
à  65  ans;  —  John  Gray,  anthropol'  giste  ai  glais  de  réputation,  membre 
de  l'Institut  anthropjlogique  de  Londres  et  membre  correspondant  de 
la  Société  anthropoii  gique  de  Paris,  mort  dernièrement  à  Londres,  ai:- 
quel  on  doit  de  nombreux  mémoires  publiés  dans  les  revues  spéciales; 

—  Dr.  Vincenz-Maria  Gredler,  naturaliste  allemand  de  réputation, 
mort  le  4  mai,  à  £■  gen,  à  90  ans,  lequel  a  publié  de  nombreux  ouvra- 
ges sur  les  sciences  naturelles,  entomologie,  paléontol;  gie,  etc.,  notam- 
ment :  Naturgeschichte  in  der  Zelle  (Vienne,  1894,  in-8);  Zur  Conchylien- 
fawia  von  China  (Vienne,  1894,  in-8),  avec  Otto  Bachmann,  et  Die 
Porphyre  der  Umgebung  von  Bozen  und  ihre  miner alogische  Einschliisse 
(Bozen,  1895,  in-8);' —  Gerhard  Armauer  Hansen.  botaniste  et  médecin 
norvégien,  qui  laisse  un  certain  nombre  de  travaux  scientifiques,  parmi 
lesquels  il  convient  de  rappeler  la  Lèpre,  étude  clinique  et  pathologique 
(Bergen,  1897),  mort  à  Bergen  (Norvtge)  le  12  février  dernier,  à  l'âge 
de  71  ans;  —  le  chanoine  I.  Hemeryck,  professeur  à  la  Faculté  de  phi- 
losophie et  lettres  à  l'Université  de  Louvain  et  assesseur  du  \ice- recteur, 
mort  le  12  mai,  à  l'tge  de  69  ans;  —  Dr.  Bernhard  Hulber,  professeur 
de  droit  ecclésiastique  et  d'administration  civile  à  l'Université  de  Ber- 
lin, mort  en  cette  ville,  le  23  avril,  à  77  ans,  lequel  est  Fauteur  de  : 
Die  Organisation  der  Verwaltung  in  Preussen  [alte  Lande)  und  im  deut- 
schen  Reich  (Berlin,  1898,  in-8);  Kirchenrechtsquellen,  Urkundenhuch  zu 
Vorlesungen  ueber  Kirchenrecht  (Berlin,  1898,  in-8),  etc.;  —  Dr.  Ivan 
IvANJUKOV,  professeur  d'économie  politique  à  l'Institut  polytechnique 
de  Saint-Pétersbourg,  mort  en  cette  ville,  le  8  a\'ri),  à  68  ans;  — Benno 
Jacobson,  feuilletonniste  et  auteur  dramatique  allemand,  mort  à  Berlin, 
au  commencement  de  mai,  à  53  ans,  dont  nous  citerons  :  Berlinrr- 
Geschichten  (Berlin,  1894,  in-8)  et  Berliner  Luft.  Weltstadt-Geschichten 
{Berlin,  1904,  in-8);  —  Dr.  Heinrich  Jaschke.  assistant  à  l'Observatoire 
astronomique  de  l'Université  de  Vienne,  mort  en  cette  ville,  en  avril, 
à  30  ans;  —  Albert  Kauders,  musicologue  et  auteur  dramatique  autri- 
chien, auteur  de  Walther  von  der  Vogelweide.  Bornant.  Oper  in  3  Acten 
(Vienne,  1896,  in-8),  mort  à  Vienne,  à  la  fin  d'avril,  à  58  ans;  —  Karl 
KuAUTLK,  directeur  de   l'établissement  royal   de  gravure  sur  cuivre  de 

-.Stuttgart,  professeur  de  gravure  à  l'École  des  beaux-arts  de  cette  ville, 
mort  dernièrement  à  78  ans;  —  M^"*"  Elise  Kroemer-Schaefer,  femme 


—  531  — 

de  lettres  allemande,  qui  laisse  des  poésies  dans  la  lai  gue  populaire, 
morte  à  Spire,  à  la  fm  d'avril,  à  78  ans,  dont  noi  s  citerons  :  Hischdo- 
rideede  vun  Schpeier  ihrer  lieben    Vaterstadt  gewidmct  (Speier,  1906,  in-8); 

—  Lord  Joseph  Lister,  célèbre  chirurgien  ai  glais,  président  de  la  So- 
ciété britannique  pour  l'avancement  des  sciences,  ancien  professeur  de 
clinique  chirurgicale  à  l'Université  d'Édimboi.rg,  puis  au  King's  Collège 
de  Londres,  qui,  entre  autres  ouvrages,  a  publié  :  Chirurgie  antiseptique 
et  théorie  des  germes  (1881),  mort  à  Park-House,  près  de  Deal,  le  10  fé- 
vrier dernier,  à  iTge  de  85  ans;  —  Ji  stin  Me  Carthy,  historien  et  ro- 
mancier anglais,  mort  au  milieu  d'avril,  à  Folkestone,  lequel  laisse,  en 
dehors  de  nombreuses  nouvelles,  A  Histnry  nf  our  own  times,  Rewinis- 
renées  (1899),  etc.;  —  Dr.  Johann  Messerschmitt.  directeur  de  l'Ob- 
sen-atoire  sismique  de  Munich,  mort  en  cette  ville,  le  10  avril,  à  51  ans; 

—  Av.gust  J.  MoRDTMANN,  pubUciste  allemand,  auteur  de  nouvelles  et 
d'études  sur  Homère,  mort  à  Darmstadt  à  la  fin  d'avril,  à  73  ars;  — 
Dr.  Karl  von  der  MiinL,  professeur  de  ph\  sique  mathématique  à  ITni- 
versité  suisse  de  Bâle,  mort  en  cette  ville,  en  mai,  à  71  ans;  —  Dr, 
Werner  îsurnberg,  professeur  de  chirurgie  à  l'Université  allemande  de 
Halle,  mort  en  cette  ville,  le  25  avril,  à  51  ans;  —  Dr.  Alfred  Pribram, 
professeur  de  thérapeutique  et  de  pathologie  à  l'Université  allemande  de 
Prague,  mort  en  cette  ville,  au  commencement  d'avril,  à  71  ans;  — 
Dr.  Ivan  Lvo^■itch  Piaschicku,  professeur  de  mathématiques  à  l'Uni,  er- 
sité  de  Saint-Pétersbourg,  mort  en  cette  ville,  au  commencement  de  mai; 

—  Dr.  Johann  Rudolf  Rahn,  professeur  d'histoire  des  beaux-arts  à  l'I'ni- 
versité  suisse  de  Zurich,  mort  en  cette  ville,  à  la  fin  d'avril,  à  71  ans; 

—  Dr.  Heinrich  Reitter,  professeur  de  chimie  à  l'Écvvle  supérieure  du 
commerce  de  Cologne,  m,ort  en  cette  ville,  en  mai,  à  47  ans;  ■ — •  Dr. 
Raoul  Richter,  professeur  de  philologie  à  l'L'niversité  allemande  de 
Leip;Jg,  mort  en  cette  ville,  le  14  mai,  à  41  ans;  —  Robert  Cameron 
Rogers,  écrivain  américain,  mort  dernièrement  en  Californie,  lequel  est 
l'auteur  d'excellentes  poésies  et  d'une  pièce  de  théâtre,  The  Ensary, 
qui  a  eu  beaucoup  de  succès;  —  Dr.  Josef  Alexandrovitch  Rusticki, 
professeur  de  chirurgie  à  l'Université  ri  sse  de  Kiev,  mort  en  cette  ville, 
le  26  avril,'  à  67  an--;  —  Dr.  Adolf  Seeligmuller,  profes.seur  de  théra- 
peutique des  maladies  nerve-  ses  à  l'Uni,  ersité  allemande  de  Halle-sur- 
la-Saale,  mort  en  cette  ville,  en  avril,  à  75  ars,  lecii.el  laisse,  entre  au- 
tres importants  ouvrages  :  Neuropathologische  Beobacltungen  (Ha^le-sur- 
la-,'-"aale,  1878,  in-8);  Lehrbuch  der  Krankheiten  des  EUekenmarks  und 
Celiirns,  sowie  der  allgemeinen  Neurosen  (Brunswick,  1887,  in-8)  et  Er- 
richtung  vo?i  Vnfallkrankenlâvsern  in  e.  Act  der  Nothwehr  gegen  da's  zuneh- 
mende  Stimulantenthum  (Leip  ig,  1890,  in-8);  —  Bram  Stoker,  écri/ain 
et  journaliste  anglais,  mort  au  milieu  d'a,-ril  à  Londres,  à  65  ans,  lequel 
laisse  quelcpies  nouvelles,  notamment  :  Dmcula,  et  a  publié  en  1906-1907 
les  Personal  Reminiseenees  du  grand  acteur  Iri-g,  dont  il  était  l'ami; 
- —  Dr.  Heinrich  Struve,  ancien  profesçeur  de  philosophie  et  d'esthéti- 
que, à  l'Université  polonaise  de  Varsovie,  mort  en  mai  à  Etham  (Angle- 
terre), à  72  ans;  —  Dr.  Charles  William  Stubbs,  évêque  anglican  de 
Truro,  mort  au  commencement  de  mai  à  67  ans,  lequel  laisse  de  nom- 
breux mémoires  et  serm.ons  svr  le  socialisme  chrétien,  ainsi  que  di>'ers 
volumes  estimés  de  ses  compatriotes,  notamment  :  The  Christ  of  English 
Poetry^  Ccmhridge  and  its  Story  et  Handhook  ta  Ely  Cathedral;  —  Henry 
Sweet,  l'éminent  philologue  anglais,  professeur  de  phonétique  à  l'Uni- 
versité d'Oxfi>rd,'^mort   df^rnièrement  à  67    ans,    dont  les   ouvrages  sont 


—  532  — 

fort  ostimés,  ridtammont  les  suivants  :  A  Ilistory  of  English  Soumis 
froni  the  earîiest  period,  including  an  Investigation  of  the  général  lo.ws 
of  Sound  Change  (Londres,  1874.  et  Oxford,  1888,  in-8);  A  Handbook 
of  Phonetics  :  including  a  popular  Exposition  of  the  Principles  of  Spelling 
Éeform  (Oxford.  1877,  in-8),  et  An  Anglo-Saxon  Primer,  with  Gram?nar, 
Notes  and  Clossary  (Oxford,  1882,  in-12);  —  Jiilii'S  Trebot,  pédagogue 
allemand,  directeur  de  l'École  Francke  de  Halle-sur-la-Saale,  mort  en 
cette  ville,  en  nwïl;  ■ —  Lionel  James  Trotter,  mort  à  Londres  au  com- 
mencement de  mai,  à  85  ans,  lequel  a  pvblié  une  History  of  India, 
qui  a  eu  phisieure  éditions,  ainsi  que  de  remar(|uables  biographies  de 
généraux  et  d'hommes  d'État,  te^s  que  John  Nicholson,  Warren  Hastings, 
Dalhorsie  et  Lord  Auckland;  —  Dr.  G.  K.  Uljanov.  ancien  professeur 
de  linguistique  comparée  à  l'Université  polonaise  de  Vars'>vie,  mort  à 
lalta  (Crimée),  le  19  avril,  à.  53  ans;  —  Lady  Welby,  ancienne  dame 
d'honneur  de  la  reine  Victoria,  qui  s'occupait  de  questions  d'éducation 
et  d'enseignement  et  à  qui  l'on  doit  :  Grains  of  Sensé  {[897),  et  What  is 
Meaningl   (1903)  morte  à  Harrow,  le  20  mars,  à  l'f'ge  de  75  ans. 

LECTXJiRES    FAITES  A  l'ACADÉMIE   DES  INSCRIPTIONS  ET    BELLES-LETTRES. 

• —  Le  3  mai,  M.  Frantz  Cumont  explique  une  épitaphe  métrique  décou- 
verte à  Madaure  en  Afrique  et  où  l'on  trouve  l'idée  de  la  vie  future 
exprimée  dans  le  culte  de  Bacchus.  —  M.  A.  Thomas  annonce  la  dé- 
couverte à  la  bibliothèque  universitaire  d'Edimbourg  de  deux  feuillets, 
débris  d'un  poème  sur  Philippe-Auguste.  —  Le  P.  Scheil  annonce  à 
l'Académie  que  l'on  a  reti'ouvé  la  tablette  en  teive  cuite  contenant  le 
plan  du  grand  temple  de  Babylone.  — ■  M.  Foucart  achève  la  lecture  de 
son  travail  sitr  les  m,^  stères  d'Élevsis  et  la  représentation  liturgique  de 
scènes  de  la  vie  de  Déméter.  ■ —  MM.  S.  Pveinach,  Foucart,  Maurice  Croi- 
set  et  Bouché-Leclercq  échai-gent  à  ce  sujet  leurs  obseivations.  — -  Le  10, 
M.  H.  Cordier  communique  une  lettre  de  M.  de  Gironcourt  sir  des  ins- 
criptions découvertes  par  lui  sur  les  bords  du  Niger.  —  Le  P.  Scheil 
fait  part  de  la  découverte  à  Constantinople  d'un  nouvel  exemplaire  du 
code  des  lois  d'Hammurabi.  —  M.  Thureau-Dan^in  donne  la  traduction 
•d'une  inscript.i<5n  cunéiforme  relative  à  une  invasion  de  la  Ba]y\lonie  au 
xxv«  siècle  avant  J.-C.  —  M.  E.  Pottier  fait  connaître  une  note  de 
M.  Albertini  au  sujet  d'une  représentation  de  lion  d'allure  héraldique, 
découverte  dans  la  province  de  Cordoue.  —  M.  Ad.  Blanchet  parle  de 
l'empereur  Postumus,  proclamé  empereur  en  Gaule  à  la  suite  de  sa  vic- 
toire contre  les  Francs,  qui  apparaissent  pour  la  première  fois  dans 
l'histoire.  —  M.  Havet  restitue  le  texte  d'un  passage  ji  squ'ici  mal  lu 
de  Plaute  et  remplace  le  mot  Huic  par  le  mot  Puto,  datif  de  Putus, 
petit  garçon.  —  Le  24,  M.  le  comte  Durrieu  montre  les  photographies 
de  trois  m,iniatures  d'époques  différentes  représentant  sainte  ÉlisaJ^eth 
de  Hongrie.  —  M.  Morel-Fatio  parle  de  Perkins  V^'arbeck  qui  voulut  se 
faire  passer  pour  le  second  des  enfants  d'Edouard  assassmés  par  ordre 
de  Flichard  III,*  et  d'une  lettre  que  Marg-.erite  d'York  écriv-it  au  roi 
d'Espagiie  pour  lui  recommander  l'aventurier.  Cette  lettre  vient  d'être 
retrouvée  dans  un-recueil  de  la  BUjliothèque  nationale.  —  M.  Glot?  indi- 
que quel  était  le  prix  du  plomb  à  Athènes  au  v^  siècle  avant  J.-C.  — 
M.  S.  Reinach  présente  ses  observations. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 
—  Le  25  mai,  M.  Vidal  de  la  Blache  rend  compte  à  l'Académie  du 
voyage  de  la  délégation  française  en  Amérique. 


—  533  — 

Prix. — ■  Le  3  mai,  l'Académie  dos  inscriptions  a  accordé  les  récompenses 
suivantes  relativemeiit  au  concours  dit  des  «  Antiquités  de  la   France  »  : 

fe  médaille,  1.50U  fr.  :  MM.  Jadart  et  Demaison  :  Rrpertoire  archéo- 
logique de  V  arrondissement  de  Reims;  —  2^  médaille,  1.000  fr.  :  M.  Victor 
iSIortet  :  Textes  relatifs  à  Vhistoire  de  V architectwre  et  à  la  condition  des 
architectes  en  France;  —  S*'  médaille,  500  £r.  :  M.  Sauvage  :  U Abbaye 
de  Saint-Martin  de  Troarn  au-  diocèse  de  Bayeux,  des  origines  au  xvi^  siè- 
cle; —  4e  médaille,  500  fr.  :  M.  l'abbé  Vidal  -.Benoit  XII  (1334-1342)  : 
Lettres  communes  analysées  cV après  les  registres  dits  d'Avignon  et  du  Va- 
tican. 

Prix  Gabriel- Augiiste  Prost  (1.300  fr.),  destiné  à  récompenser  un  travail 
historique  sur  Metz  et  les  environs.  Partagé  comme  suit  :  700  fr. 
à  M.  Gavet  :  Diarium  universitatis  mussipontanœ  (1572-1764); 
—  500  fr.  à  la  Bibliographie  lorraine  publiée  par  les  Annales  de  l'Est, 
organe  de  la  Faculté  des  lettres  de  Nancy;  — •  200  fr.  à  la  revue  inti- 
tulée :  le  Pays  lorrain  et  à  la  Revu-e  lorraine  illustrée  publiées  sous  la 
direction  de  M,  Ch.  Sadoul. 

Paris.  —  La  Statue  miraculeuse  de  la  SaJnte-Chapelle,  qui  attire  l'at- 
tention de  M.  Henri  Lemaitre  (Kvtrait  du  Moyen  Age,  mars- avril  1912. 
Paris,  Champion,  1912,  in-8  de  14  p.),  est  une  statue  de  la  Vierge  adossée 
jadis  au  trumeau  de  la  chapelle  basse,  devant  laquelle  la  tradition  \eut 
que  Duns  Scot,  en  1304.  soit  venu,  prier  avant  d'aller  défendre  la  doc- 
trine de  î'ImmacLdée  Conception;  la  statue  aurait  incliné  la  tête  et  gardé 
depuis  lors  cette  attitude  qu'elle  n'avait  point  primitivement.  M.  Le- 
maître  recherche  les  origines  de  cette  légende,  dont  les  suirces  primi- 
tives ne  soufflent  pas  mot,  qui  n'apparaît  pas  avant  le  xvn^  siècle, 
tandis  que  celle  de  la  venue  à  Paris  de  Duns  Scot,  en  1304,  pour  défen- 
dre la  croyance  à  l'ImniaGulée  Conception,  ne  serait  formulée  qu'au 
xvi^  siècle. 

—  Le  couvent  des  Capucines  de  Paris,  fondé  en  160i,  fut  reconstruit 
aux  frais  du  Roi  l'ors  de  la  création  de  la  place  Vendôme.  M.  Denis 
nous  raconte  l'histoire  de  ce  fervent  monastère  :  Les  Clarisses  capucines 
de  Paris  (1602-1792)  (Couvin,  Maison  de  Saint-Roch,  1911,  in-8  de  60  p. 
Extrait  des  Éludes  franciscaines).  Sin  appendice  se  trouve  la  liste  des 
43  religieuses  qui  composaient  la  communauté  en  1790  et  qui,  toutes, 
se  déclarèrent  décidées  à  persévérer  dai.s  l'état  religieux. 

—  En  attendant  une  histoire  de  l'échevinage  parisien  qui,  jusqu'ici, 
ne  semble  avoir  tenté  personne,  on  consultera  avec  profit  les  curieuses 
Notes  sur  les  prévôts  de  marchands  et  échevins  de  la  ville  de  Paris  au 
XYiH^  siècle  (1701-1789^,  dont  M.  Amédée  Trudon  des  Ormes  a  enrichi 
le  t.  XXXV^III  des  Mémoires  de  la  Société  de  Vhistoire  de  Paris  et  de 
Vile  de  France  (tirsgj  à  part,  non  mis  dans  ce  commerce.  Paris,  Cham- 
pio-n,  1912,  in-8  de  121  p.).  Les  notes  sont  empruntées  pour  la  plupart 
à  des  journaux  ou  recueils  où  elles  se  trouvaient  naturellement  perdues 
[Gazette  de  France,  Annonces.  Af'firh-es  et  avis  divers,  Mercure,  Almanach 
royal,  Affiches  parisiennes.  Journal  de  Paris,  etc.).  Les  notices,  classées 
par  ordre  alphabétique,  sont  sui\ies  d'une  liste  chronologique  des  pré- 
vôts des  échevins  et  d'un  appendice  dans  lequel  on  trouvera  notammjent 
un  cafcalfgae    des    portraits  que  Poa  connaît    de    ces    personnages. 

—  Du  Bulletin  de  la  Société  archéologique,  historique  et  artistique  «  le 
Vieux  Papier  »,  qui,  peu  à  peu,  est  devenu  l'un  des  périodiques  pari- 
siens les  pJus  curieux  et  les  pins  instructifs,  M.  A.  L'Esprit  a  extrait 
SHi  étude    :     Véron,    Café  des  Panoramas  (Lille,    imp.    Lefèvre-Ducrocq; 


Paris,  \\I]'",  12,  bmlevard  des  Batig  !■  Iles,  gr.  in-8  de  15  p.,  avec 
2  planches  .  L'auteur  fait  ici,  depuis  1815,  l'historique  de  cet  établisse- 
me.it  '  renommé  p'>ur  sa  richesse  »  et  qui,  à  l'ép  )que  où  Paris  comptait 
un  certain  nombre  de  cafés  politiques  ou  littéraires,  fit  une  fig  .re  asse/ 
honorable,  aivsi  qu'il  rés  jlte  des  détails  que  nous  fournit,  de  façon  très 
pr.'-cise,  M.  A.  [^'Esprit.  «  Actuellenaent  encore,  remarque  cet  écrivain,  le 
Café  \'éron  est  fréquenté  par  quelques  notabilités  boulevardiè- 
res  >.  Et  il  ajoute  que  «  ce  n'est  pas  la  présence  de  la  Société  histo- 
rique «  le  Vieax  Papier  »,  qui  tient  ses  réunions  mensuelles  dans  un 
dos  salons  du  haut,  qui  ôtera  du  lustre  au  Café  ^'éron,  bien  au  con- 
traire !  Nous  opinons  du  bonnet.  L'une  des  deux  planches  dont  cette 
brochure  est  ornée  représente  le  fac-similé  de  la  première  invitation 
inuslrée  des  tlînors  (le  78*^)  du  «  Vieux  Papier  »  au  Café  Véron  (28  no- 
vembre 1911  ). 

—  Le  3«  fascicule  des  Lettres  de  Léopold  Delisle,  dont  M.  Xavier  De- 
lisle  pcursjit  la  recherche  et  la  publication  avec  un  zèle  fraternel  digne 
de  notre  roconniissanco,  comprend  la  Correspondance  adressée  à  M.  te  cha- 
noine Ulysse  Chevalier  (Valence,  Imp.  valentinoise,  1912,  in-8  de  viii- 
168  p.).  Elle  commence  le  5  décembre  1866  et  elle  se  pours.it  jusqu'à 
la-  veille  de  la  mort  de  M.  Delisle,  puisqu'il  est  mort  le  22  juillet  1910 
et  que  la  dernière  lettre  est  du  10  juillet.  Au  cours  de  cette  longue  cor- 
respondance (174  lettres,  dont  2  adressées  au  T.^  U.  Clieoalier,  1  à  Mgr 
Bellet.  tandis  que  deux  autres  émanent  de  M.  le  clumoine  Chevalier  lui- 
même  et  1  de  M"**^  L.  Delisle),  on  voit  se  transformer  en  une  amitié  de 
plus  en  plus  affectueuse  des  relations  fondées  sur  l'estime  que  M.  Delisle 
a-.àit  ■^-  et  qu'il  ne  dissimulait  certes  pas  —  pour  l'érudit  actif  qui,  au 
fond  de  sa  pro  rince,  a  su  mener  à  bonne  fin  tant  ".  de  besognes  exces- 
sives et  fort  difficiles  à  accomplir,  même  pour  un  travailleur  ayant  à 
sa  disposition  les  ressources  des  grands  dépôts  de  Paris  ».  Comme  l'on 
peut  croire,  des  lettres  adressées  à  un  érudit  de  la  valeur  de  M.  le  cha- 
noine Chevalier  par  un  maître  de  l'érudition  tel  que  M.  Delisle  sont  de 
celles  que  l'on  a  profit  à  consulter.  Elles  serviront,  en  même  temps  qu'à 
éclairer  la  f  g  .re  de  M.  Delisle,  à  jeter  quelque  jour  sur  l'histoire  de 
rérudition   dans  le   dernier  demi-siècle. 

— ■  Parmi  les  donateurs  dont  la  gé.iérosité  est  venue  enrichir  les  collections 
de  la  Bibli  >thèque  nationale,  l'un  dos  moindres  n'est  pas  M.  Maurice  Au- 
de >ud.  Cet  amateur,  mort  en  Egypte  en  1907,  et  auquel  une  belle  fortune 
a. -ait permisde réunir unecollectionexcpptionnellementremarquable  de  liv'res 
de  grand  luxe,  en  a  laissé  la  propriété  à  la  Bibliothèue  nationale,  en 
même  temps  que,  par  d'autres  legs,  il  enrichissait  les  musées  du  Louvre 
et  de  la  manufacture  de  Sèvres.  Le  don  fait  à  la  Bibliothèque  nationale 
oiïre  pour  cet  établissement  d'autant  plus  d'intérêt  que  la  curiosité  de 
M.  Audéoud  allait  particulièrement  aux  li*Tes  modernes  et  que,  trop 
s  savent,  les  éditions  de  grand  luxe  lancées  par  les  Carteret,  les  Jouaust, 
les  Conquet,  les  Ferroud,  etc.,  échappent  au  dépôt  légdl  ou,  quand  elles 
s'y  soumettent,  n'arrivent  guère  à  la  Bibliothèque  que  dans  un  état 
asse  :  piteux.  D'ailleurs,  les  quelque  six  cents  volumes  qui  forment  le 
fonds  principal  de  cette  belle  collection  (des  ouvrages  d'un  intérêt  moins 
particulier  ne  S->nt  pas  restés  gAmpés,  mais  ont  été  versés  dans  les  dif- 
férents fonds  de  la  Bibliothèque)  se  distinguent  souvent  par  des  parti- 
cularités artistiques  qui  en  augmentent  la  valeur  :  états  multiples  des 
planches,  dessin  ou  aquarelle  originale  de  l'illustrateur,  etc.  Enfin,  ils 
ont  été  habillés  de  reliures  appropriées  par  les  meilleurs  de  nos  relieurs 


—  535  — 

<;ontemporains  et,  par  là  encore,  ils  ajoutent  une  richesse  nouvelle  à  la 
Biblii^tlièque,  à  laquelle,  la  parcimonie  de  son  fonds  de  reliure  permet 
à  peine  de  recouvrir  de  la  manière  la  plus  modeste  ceux  des  livres  pos- 
sédés par  elle,  qui  s-nt  appelés  à  fatiguer  le  plus.  Le  Catalog.e  de  cette 
collection  dressé  par  M.  W.  Viennot  vient  d'être  publié  avec  une  Pré- 
face dans  laquelle  M.  A.  N'idier  attire  l'attention  sur  l'intérêt  qu'elle 
offre  :  Bibliothèque  nationale  {Département  des  imprimés).  Catalogue  de 
la  collection  Audéoud  [éditions  d'amateur  et  reliures  modernes)  (Paris, 
H.  Champion,  19J2,  in-8  de  xxxv-59  p.).  Dressé  par  ordre  alphabétique 
d'auteurs,  ce  catalogue  est  complété  par  trois  tables  :  1.  des  provenan- 
ces; 2.  des  dessinateurs,   peintres  et  graveurs;    3.  des  relieurs. 

—  Vient  de  paraître  un  petit  volume  très  pratique,  que  nous  signalons 
bien  vite  à  l'heure   où   les   déplacements   et  les  villégiatures  en  rendent 
l'usage  plus  particidièrement  utile  :  c'est  le  Larousse  de  poche,   de  MM. 
Claude  et  Paul  Auge  (Paris,   Larousse,   petit  in-12   de  1289  p.  —  Prix, 
cartonne   toile  pleine:  6  fr).  Les   auteurs  nous   donnent,  sous  ce   titre, 
un  Dictionnaire  d'' orthographe  et  de  prononciation  renfermant  la  définition 
■de  85,000  mots  (vocabulaire  usuel,  y  compris  même  quelques  mots  dar- 
got,  d'usage  courant,  sans  négliger  l'histoire,  la  géographie,  les  sciences,  etc). 
Disposé  sur  deux  colonnes,  ce  dictionnaire  va  jusqu'à  la  page  1230.  Il 
est  suis'i  d'une   Grammaire  française  fort  bien  résumée,    avec  la  conju- 
gaison  de  tous  les  verbes  irréguliers  (p.  1230   à   i278)  et  le  volume  se 
termine    (p.     1279  à  1289)    par    un    succinct  Historique  de  la  l'tlérature 
française.  Un  tel   bloc    semblera,    à   priori,  bien  cont^idérable   pour   être 
commodément  mis  en  poche;  mais  la  librairie  Larousse  a  rendu  la  chose 
possible,  grâce  au  papier  employé,   qui  est  très  mince,   ce  qui  n'a   pas 
nui  le  moins  du  monde  à  la  parfaite  lisibilité  du  texte;  c'est  un  véritable 
tour  de  force.  Il  convient  d'ajouter  que  la  brève  précision  de  la  rédac- 
tion a  concouru    aussi,    et   beaucoup,  à  la  réussite    d'une  tentative    qui 
mérite  un  accueil  empressé,   aussi  bien  des  étrangers  que  des  Français. 
Anjou  et  Maine.  —  Nous  avons  sius  les  yeux  les  deux  magiiifiques 
volumes  publiés  par  la  Société  française  d'archéologie  à  l'occasion  de  la 
LXXVII*'  session  du  Congrès  arcliéologique  de  France^  tenue  à  Angers  et 
à  Saumur  en  1910.  Le  tome  pr  se  compose  en  entier  du   Guide  archéo- 
logique du  Congrès  d' Angers  et  de  Saumur,  par  MM.  André  Rhein,  le  cha- 
noine Urseau,   R.    Triger  et  G.  Fleury   (Paris,    A.    Picard;  Caen,    Deles- 
queS;  1911,  in-8  de  xcvi-299  p.,  avec  251  planches  et  figures^  M.  André 
Rhein  nous  parle  d'abord  de  Saumur  (p.  3-32,  avec  13  planches,  plans 
ou  fig  ires',  après  quai,  dans  une  «  Première  Excursion  »,  il  nous  conduit 
à  Montsoreau,    Candes  et  Fontevrault  (p.    33-64,    avec  20   planches,  plans 
et  figures"'.  Le'méme  auteur,  nous  entraînant  dans  trois  autres  excursions, 
nous  fait  visiter   en    détail   :  Asnières,    le   Puy- Notre-Dame   et   Montreuil- 
Bellay  12^  excursion,  p.  65-84,  avec  9  planches,  plans  et  figures);  Thouars, 
Oiron,   Saint- Jouin-de- Marnes  et  Airvault  (3^  excursion,    p.  85-129,    avec 
23  planches,    plans  et  fig  res',  enfin   Saint- Floretit-les- Saumur,   les   Truf- 
fcaux,     Trêves,  Cunault  et  Gennes  (4^  excursion,  p.  130-152,  avec  9  plan- 
ches, plans  et  fig-res).  —  C'est  M.  le  chanoine  Urseau  qui  s'est  ensuite 
chargé  de  faire  le  bref  historique  de  la  ville  di' Angers,  siavi  de  la  des- 
cription de  tout  ce  que  cette  cité  renferme  d'intéressant  au  point  de  vue 
archéologique    (p.  153-265,    avec    44  planches,    plans  et  fg  res'.  —  Ce 
guide,  on  ne  psat  plus  instructif,   s'achève  avec  les  p8g  s  que  MM.  R. 
Triger  et  G.  Fleury  ont  consacrées  à  la  ville  du  Mans  (p.  266-296,   avec 
22  planches,  plans  et  figures).  A  noter  que  chacune  des  études  ci-dessus 


—.536  — 

mentii-vanées  se  tenïiine  par  une  bibliogiraphie  plus  ou  moins  ample  que- 
les  tJ'availleurs  apprécieront  comme  il  convient.  —  Passons  au  tome  II, 
qui  s" est  formfi  des  Procès-verbaux  et  Mémoires  (Paris,  A.  Picard;  Caen, 
Dele«iues,  1911,  in-8  de  366  p.,  avec  112  planches,  plans  et  figures). 
Les  Procès- verbaux  rappellent  les  discoiirs  prononcés  par  MM.  le  D''  Peton, 
Pvcné  Bazin,  Héron  de  Vil'lefosse,  E.  Lefèvre-Pontalis  et  le  toast  de  M. 
Robert  Trig<?r.  Viennent  ensuite  les  mémoires,  au  nombre  de  dix-huit, 
que  nous  allons  mentionner  :  I.  L'Enceinte  de  Bouge-Écu,  à  Châtelais, 
[Maine-et-Loire],  par  M.  Desma'dères  (p.  73-77);  —  N.  Les  Tombes  en 
pierre  du  canton  de  Segiv,  par  M.  le  baron  de  Villebois-Mareuil  (p.  78-^ 
85);  —  III.  Note  sur  le  dégagement  de  Venceinte  gallo-romaine  du  Mans, 
par  M.  Robert  Triger  (p.  86-90);  —  IV.  Étude  arch'ologique  sur  Véglise 
de  Beaulieu-les~ Loches,  par  MM.  J.  Hardion  et  R.  Michel-Dansac  (p.  91- 
120,  avec  17  planches,  plans  et  f gares); —  V.  L'Église  abbatiale  du 
Ronceray  d'Angers,  étude  archrologigue,  par  M.  E.  Lefèvre-Pontalis  (p. 
121-145,  avec  24  planches,  plans  et  fg  res);  —  VI.  Les  Clochers  de  V An- 
jou, par  M.  Louis  de  Farcy  (p.  146-154,  avec  4  planches);  —  VII.  Rap- 
port sur  les  tombeaux  trbuvés  dans  le  transept  de  Féglise  abbatiale  de  Fon- 
tecrault,  le  14  juin  1910,  par  M.  L.  Magae  (p.  155-157);  —  VIII.  Quel- 
ques œuvres  de  peinture  exécutées  à  Vabbaye  de  Saint- Aubin  d'Angers  du 
IX®  au  XII®  siècle,  par  M.  Amédée  Boinet  (p.  158-179,  avec  10  planches 
et  figiires);  — •  IX.  Les  Peintures  murales  du  moyen  âge  dans  les  anciens 
diocèses  du  Mans  et  d'Angers,  par  M.  Lucien  Lécureux  (p.  180-195,  avec 
7  planches  et  figures); — •  X.  La  Coupole  nervée  de  la  Tour  Saint- Aubin 
d'Angers,  par  M.  Charles-Henri  Besnard  (p.  196-202^  avec  8  figures);  — 
XI.  Les  Voûtes  de  la  nef  de  la  cathédrale  d'Angers,  par  M.  John  Bilson 
(p.  203-223,  avec  5  planches  et  figures);  —  XII.  Les  Voûtes  de  Véglise 
de  Mouliherne,  par  M.  André  Rhein  (p.  224-233,  avec  3  planches  et  figu- 
res); — ■  XIII.  Les  Influences  angevines  en  Vendée,  par  M.  ral>bô  Gré- 
lier  (p.  234-246,  avec  5  planches,  plans  et  figures);  — •  XIV.  Les  Influen- 
ces angevines  sur  les  églises  gothiques  du  Blésois  et  du  Vendômois,  par 
M.  le  D''  Frédéric  Lesueur  (p.  247-269,  avec  18  planches,  plans  et  figu- 
res); —  XV.  La  Croix  d'Anjou,  par  M.  L.  de  Farcy  (p.  270-279,  avec 
une  planche);  —  XVI.  La  Croix  de  Bréon,  parle  même  (p.  280-283,  avec 
une  planche  et  une  fg^re);  —  XVII.  Compte  de  la  construction  du 
château  d'Amboise  (1495-1496),  par  M.  Louis  de  Grandmaist^n  (p.  284- 
340);  —  XVIII.  Le  Château  de  Verdelles  [Sarthe),  par  M.  E.  Berthelot 
(p.  341-354,  avec  8  planehes,  plans  et  fg.res).  En  parcourant  ces  deux 
nouveaux  volumes,  on  constate  avec  plaisir  que  les  publications  annuel- 
les de  la  Société  française  d'archéologie  sont,  à  tous  égards,  de  plus  en 
plus  remarquables. 

J-  Bretagne.  —  Vingt-six  prêtres  bretons  furent  extraits  le  9  mars  1794 
de  la  prison  de  Guingamp  et  conduits  à  bord  d'un  vaisseau  ancré  sur 
la  côte  de  Saintonge.  Le  récit  de  leurs  souffrances  a  été  composé  par 
l'un  d'eux,  l'abbé  Besson.  Nous  devons  à  M.  l'abbé  A.  Lemasson  la  publi- 
cation de  cette  pièce  quiv  dans  son  éloquente  simplicité,  nous  retrace  les 
épreuves  dès  déportés  dont  qninze  devaient  mourir  de  misère  en  rade 
de  l'île  d'Aix  [Notes  sur  les  ecclésiastiques  du  département  des  Côtes-du 
Nord  déportés  pendant  la  grande  Révolution.  Saint-Brieuc,  F.  Guyon,  1911 
in-8  de  32  p.). 

Fraxche-Comté.  —  Fondé  en  1092,  le  prieuré  du  Marteroy,  près  de 
Vesoul,  fut  détruit  en  1595,  lors  de  l'expéditioH  en  Franche-Comté  de 


—  537  -- 

l'aventurier  lorrain  Tremblecourt.  Dans  sa  brochure  :  Le  Prieuré  du  Mar- 
teroy  et  son  emplacement  (Vesoul,  inip.  Louis  Bon,  1911,  m-8  de  52  p., 
avec  plan);  M.  l'abbé  J.  Roussel  donne  d'abord  un  aperçu  de  l'histoire 
de  ce  prieuré  "  pour  rappeler  au  lecteur  les  diverses  vicissitudes  des  bâ- 
timents qui  le  constituaient  et  dont  les  siibstnictions  ont  été  retrouvées». 
C'est  en  faisant  défoncer  une  vigie,  jadis  excellente  et  ruinée  depuis 
des  années,  à  une  profondeur  moyenne  de  60  centimètres,  que  l'autei  r 
fut  amené  à  pratiquer  des  fouilles  importantes,  gi'âce  auxquelles  on  est 
aujourd'hui  fixé  sur  «  l'emplacement  exact  d'un  établissement  religieux 
qui  ne  fut  pas  sans  g'oire,  l'une  des  plus  utiles  fondations  des  comtes 
de  Bourgi  g  le  et  de  leurs  vassaux  les  sires  de  Fauccgney  ».  On  suit  avec 
un  vif  intérêt  M.  l'abbé  Rovssel  dans  ses  recherches,  ses  descriptior.s 
et  s">n  «  Essai  de  restitution  »  très  bien  présenté.  Ce  consciencieux  tra- 
vail se  termine  par  trois  appendices  dont  le  dernier  est  consacré  à  l'é- 
tude de  la  signification  étymologique  du   mot  «  Marteroy   ». 

■ — ■  Pour  l'histoire  de  la  Révolution  dans  le  département  du  Do-iibs, 
on  consultera  utilement  la  brochure  que  M.  Maurice  Pigallet  a  intitulée-: 
Département  du  Doubs.  Les  Représentants  en  mission.  Garnier  [de  V Aube) 
et  Lejeune  (Besançon,  typ.  J.  Jacques,  1911,  in-8  de  70  p.1.  Carnier,  né 
à  Troyes  le  7  septembre  1742,  est  mort  à  Blaincourt  fAvbe),  le  9  sep- 
tembre 1805.  Quant  à  Lejeune,  né  à  Issoudun,  le  19  août  1758.  c'est 
en  exil,  à  Saint-Josse-len-Noode,  près  de  Bruxelles,  qu'il  est  mort  le 
7  février  1827.  Tous  deux  étaient  des  régicides.  Déjà,  on  juin  1911, 
{Polybiblion,  t.  CXXI,  p.  541-542),  nous  avons  signalé  cette  publication 
insérée  dans  V Annuaire  du  Doubs  de  1911,  en  exprimant  le  désir  do 
la  voir  tirée  à  part  :  c'est  chose  faite.  Les  documents  mis  au  jour  par 
M.  Pigallet  sont  accompagnés  de  deux  notices  :  l'une,  très  brève,  coi;- 
cerne  Garnier;  l'autre,  beaucoup  plus  importante,  rappelle  les  faits  et 
gestes  de  Lejeune.  Ce  dernier  semble  avoir  conquis  l'estime  et  ia  sym- 
pathie de  M.  Pigallet,  lequel,  assurément,  ne  s'étonnera  pas  de  nous 
voir,  en  ce  qui  nous  touche,  refr;.ser  l'une  et  l'autre  à  ce  personnage. 
Il  n'en  reste  pas  moins  que  la  présente  brochure  met  à  la  portée  des 
travailleurs  des  pièces  que,  sans  elle,  ils  eussent  dû  aller  chercher  dans 
les  archives   départementaleb. 

—  Dans  V An})uaire  du  Doubs,  de  la  Franche-Comté  et  du  territoire  de 
Belfort  pour  1912  (Besançon,  typ.  J.  Jacques,,  in-8  de  592  p.),  le  même 
M.  Pigallet  reproduit  (p.  552-581^  seize  arrêtés  du  conventionnel  Pelle- 
tier, pris  entre  le  3  brumaire  an  III  (2  octobre  1794)  et  le  11  ventôse 
an  III  (1er  niars  1795).  Encore  un  représentant  qui  sut  faire  de  la 
bonne  besogne  révolutionnaire,  ainsi  qu'il  appert  d'une  notice  de  M.  Pi- 
gallet. A  noter  que  nous  n'avons  ici  qu'une  partie  des  arrêtés  de  Pelle- 
tier, qui  mourut  à  Bourges,  sa  ville  natale,  le  7  janvier  1839;  la  suite 
sans  doute    sera  publiée  l'an  prochain. 

—  M.  l'abbé  V.  Tissot,  curé  de  Boussières  (Doubs),  a  tiré  à  part  de 
la  revue  la  Femme  contemporaine,  où  elle  se  trouvait  tout  à  fait  à  sa 
place,  une  relation,  bonne  page  de  petite  histoire  locale,  ayant  pour 
titre  :  Une  Jeune  Fille  pendant  Vinvasion  (1870-1871).  Souvenirs  et  im- 
pressions (Paris,  Librairie  des  Saints-Pères,  1912,  in-18  de  30  p.).  Il  ne 
s'agit  point  ici  de  souvenirs  propres  à  l'honorable  ecclésiastique,  mais 
bien  de  ceux  d'une  femme  du  peuple,  ]VP'^  Stéphanie  Jannot,  d'Oiselay 
(Haute-Saône).  En  1870,  cette  personne  était  âgée  de  25  ans.  Au  cours 
de  rhi\-er  de  cette  terrible  année  (novembre),  elle  entreprit,  avec  un 
courage  et  une  décision   au-dessvs   de   s >n  êge   et   de   son  sexe,    malgré 


l'opposition  des  siens,  d'aller  ù  la  recherche  d'un  frère  sur  le  s>rt  duquel 
elle  était  inquiète,  car  il  faisait  partie  du  i"  bataillon  des  mobiles  de 
la  Haute-Saône,  qui  venait  de  lutter  près  de  Belfort  contre  des  forces 
allemandes  très  supérieures  et  avait  été  grandement  éprouvé.  C'est  le  récit 
des  dix;  jours  qu'elle  passa  ainsi  loin  de  sa  famille,  à  travers  une  région 
envahie  par  l'ennemi,  qu'elle  a  fait  à  M.  Tissot  qui,  avec  juste  raison, 
a  jugé  utile  de  sauver  de  l'oubli  ces  souvenirs  émouvants,  où  il  ne  faut 
chercher  «  ni  art  ni  littérature  »,  ce  qui,  dirons-nous,  est  fort  heureux, 
car  la  simplicité,  dans  ce  cas,   est  la  garantie  de  la  véracité. 

—  ISoiis  avons  récemment  (mars  1912,  t.  CXXIV,  p.  2S2)  critiqué 
de  façon  aosc  vive  un  petit  recueil  de  poésies  de  M.  Amédée  Deprat 
intitulé  :  Impressions  de  traversée.  Premières  Impressions  à  Hanoï.  En 
Chine.  Nous  ferons  meilleur  accueil  à  la  plaquette  du  même  poète  : 
Nouvelles  Impressions  d'une  muse  doloise  en  Extrême-Orient,  1910-1911 
(Dole,  imp.  E.  Rousseau,  1912,  in-16  de  xvi  p  ).  On  peut  citer  avanta- 
gcdsement,  parmi  les  neuf  pièces  dont  est  composée  cette  brocluirette  : 
La  Maison  de  Pasteur  à  Dole;  Hommage  au  lieutenant- colonel  franc-com- 
tois Henri  Moll  et  surtout  un  conte  annamite  :  Co-pho,  une  Cendrillon 
tonquinoise,  qui  est  ravissant,  tout  simplement  :  on  croirait  lire,  versifié, 
un   nouveau   conte  des  Mille  et   une  Nuits. 

Languedoc.  —  Le  tome  XXXIIfe  de  la  VII^  série  des  Mémoires  de 
V Académie  de  Nîmes  (année  1910)  nous  est  tout  dernièrement  parvenu 
(Nîmes,  imp  Chastanier,  in-8  de  lxxxiii-378  p.,  avec  9  planches).  Parmi 
les  pièces  liminaires,  nous  mentionnerons  •  Rivarol,  discours  d'ouverture 
d'i  président.  M.  le  chanoine  Delfour  (p.  v-xxn).  et  les  toasts  prononcés 
par  divers  au  Banquet  en  Vhonneur  de  M.  Fernand  Janin,  grand  prix 
de  Rome  (Architecture)  le  mercredi  14  décembre  1910  (p.  LVii-Lxxxin,  avec 

1  planche)  ;  après  quoi  nous  passerons  aux  mémoires  :  Les  Terrains  des 
Arènes  de  Ni  ries,  par  M.  Félix  Mazauric  (p.  1-35,  avec  6  planche:;);  — 
Bail  en  langue  d'oc  de  travaux  pour  Véglise  de  Calvisson  (1482),  publié 
par  M.  Edouard  Bondurand  (p.  37-51);  —  A  quoi  servait  Véglise  de 
Caveirac  en  1480,  par  le  même  fp.  53-54);  —  Une  Histoire  de  la  séné- 
chaussée de  Beaucaire  sous  saint  Louis,  par  M.  Edouard  Bondurand  (p.  55- 
62);  —  Notice  sur  un  tombeau  gaulois  trouvé  à  Beaucaire  en  1890.  Deui 
nouvelles   inscriptions  romaines,  par  M.  le  D'  N.   Julian  (p.   63-69,   avec 

2  pi.);  ■ —  Le  Bétablissement  du  siège  épiscopal  de  Nîmes  sous  la  Restau- 
rcfon,  par  M.  de  Sorbier  de  Pougnadoresse  Ip.  72-971;  • — ■  Histoire  d'une 
commune  rurale  de  1780  à  1800,  par  ]\L  Pierre  Guérin  (p.  99-302).  Il 
s'agit  ici  de  la  commune  de  Milhaud  et  du  tableau  de  son  eyistence  entre 
les  années  1780  et  1800.  Cette  monographie  est  particulièrement  inté- 
ressante pour  l'histoirÊ  des  mœurs  dans  le  Languedoc  durant  la  période 
envisagée.  «  Présenter,  dit  l'auteur  dans  son  Avant-Propos,  sous  une 
form,e  très  simple,  \m  récit  facile  des  menus  faits  qui  sont  comme  la 
trame  de  la  vie  sociale  dans  une  humble  com,mune  de  village,  en  un  temps 
donné,  tirer  des  délibérations  de  registres  municipaux  les  conclusions  que 
la  vraisemblance  des  choses  et  la  vue  impartiale  des  faits  d'actualité 
rendent  légitimes  et  acceptaJjles,  aboutir  à  quelques  considérations  d'ordre 
plus  général  s\ir  l'histoire  de  notre  pays  sans  préjugés,  sans  passion, 
voilà  ce  que  je  me  suis  proposé  ».  ■ — ■  A  la  fin  du  volume,  on  trouvera 
un  inventaire  relatif  aux  musées  archéologiques  de  Nîmes  dressé  par 
M.  Félix  Ma/.auric  sous  le  titre  de  Recherches  et  acquisitions  [année  1910) 
(p.  303-343). 

—  Le  \olumo  que  publie  M. -llonri  Grange,  intitulé   :   Sommaire.'^  des 


-  539  — 

lettres  pontificales  concernant  le  Gard  {anciens  dioches  de  Nîmes,  d'Uzès 
et  parties  d'Avignon  et  d'Arles  émanant  des  papes  d' Avignon  (xiV^  siècle), 
l'e  partie  Nîmes^  A.  Chastanier,  1911,  ia-8  de  288  p.)  renferme  l'analyse 
de  1834  lettres  pontificales  se  rapportant  toutes,  pour  la  période  du 
XI v''  siècle,  soit'  aux  monastères,  paroisses,  prieurés,  s)it  aux  person- 
nag  s  des  anciens  diocèses  de  Nîmes  et  d'Uzès.  Dans  ce  travail,  chaque 
lettre  fait  l'objet  d'une  courte  analyse,  mais  suffisante  pour  en  donner 
la  teneur  essentielle,  et  l'analyse  est  suivie  de  l'indication  de  la  cote  du 
document,  de  sirte  que  l'on  a  ainsi  un  véritable  inventaire  des  docu- 
ments pontificaux  relatifs  au  Gard  sous  les  papes  Clément  V,  Jean  XXII, 
Benoît  XII,  Clément  VI,  Innocent  VI,  Urbain  V,  Grég.>ire  XI  et  Clé- 
ment VII.  Il  faut  espérer  que  la  fin  de  cet  ouvrage  et  surtout  la  ta- 
ble, bien  nécessaire  pour  l'utiliser,  ne  tarderont  pas  à  suivre  ce  premier 
fascicule. 

Allemagne.  —  Depuis  quelques  années,  sous  la  direction  de  M.  Max 
Ett'inger,  il  se  publie  à  la  librairie  Josef  Rose!,  à  Kempten,  un  guide 
littéraire  pour  les  catholiques  allemands.  Des  collaborateurs  spéciaux  y 
donnent,  sous  des  rubriques  diverses  (littérature  et  histoire  littéraire 
îillemandes,  romans,  musique,  philosophie,  histoire,  etc.),  un  aperçu  de 
<e  que  la  production  littéraire  offre  en  chaque  genre  de  plus  recomman- 
dable  pendant  l'année  écoulée.  Mais  en  même  temps,  sous  chaque  rubrique, 
<tn  trouvera  une  liste  d'ouvrages  recommandables  plus  anciens.  Tout  en 
tenant  compte  que  de  bons  ouvrages  ont  pu  assurément  échapper  aux 
rédacteurs  du  recueil,  il  faut  reconnaître  que  cette  publication  bien  con- 
çue et  bien  exécutée  est  appelée  à  rendre  de  précieux  services.  Le  prix 
extrêmement  modique  (1  fr.  25)  du  Literarischer  Ratgeber  fur  die  Katho- 
lik'n  Deutschlands,  dont  la  10^  année  (1911^  vient  de  paraître  (in-8  de 
iv-205  p.),  le   met   à  la   portée  de   toutes  les  bourses. 

Irlande.  —  Le  Polybiblion  a  bien  des  fois  déjà  sigialé  les  éditions 
et  traductions  de  textes  irlandais  de  M.  Kuno  Meyer.  Ce  sont  toujours 
des  tedes  inédits  tirés  du  trés)r  de  l'ancienne  littérature  de  l'Irlande, 
et  intéressants  à  des  titres  divers.  Aujourd'hui,  c'est  une  vie  de  saint, 
qui  forme  le  fascicule  XVII  des  Todd  Lectures,  s>us  ce  [titre  :  Betha 
Colmâin,  etc.  (Dublin,  Hodges  et  Figgis,  1911,  in-8  de  xvii-136  p.  — 
Pri.-c  :  3  fr.  15).  Saint  Colm.ân,  fils  de  Luachân,  florissait  au  vii^  siècle, 
mais  sa  vie  n'a  été  écrite  qu'au  xn^  siècle  dans  un  monastère  où  l'on 
conservait  ses  reliques;  elle  n'est,  à  ce  qu'il  smibîe,  conserN'ée  que  dans 
le  manuscrit  irlandais  de  Rennes.  Ce  n'est  pas  une  oeuvre  d'histoire  ou 
d'annales,  mais  un  récit  d'édification  destiné  à  montrer  le  pouvoir  du 
saint  par  ses  miracles,  souvent  futiles  autant  qu'extraordinaires,  comme 
dans  les  autres  vies  de  saints  irlandais,  et  M.  K.  Meyer  cite  à  ce  pro- 
pos un  jugement  de  saint  Bernard  s>r  les  Irlandais  de  son  temps  :  Chri- 
sliani  nomine,  re  pagani.  C'est  la  psychologie  religieuse  de  l'Irlande  au 
moyen  fge  et  les  mœurs  bien  primitives  de  cette  époque  qui  forment 
l'intérêt  de  cette  vie.  Grâce  à  la  traduction  anglais?  de  M.  Kuno  Meyer, 
aussi  é'égciiite  que  précise,  ce  document  est  dés  irmais  accessible  à  tous 
les  curieux  d'h^gktg.'aphio. 

Publications  nouvelles.  — •  Die  bedeutung  Richard  Siinons  fiir  die 
Pentateuckkriiik,  xon  Dr.  F.  Stummer  (in-8,  Munster  i.  W.,  Aschendorff). 
—  Jésus-Christ,  sa  vie,  son  temps,  par  le  P.  H.  Leroy.  Année  1910  (in-16, 
Beauchesne  .  —  .Études  bibliques.  Introduction,  aux  paroles  évangfliques, 
par  le  P.  D.  Buzy  (in-12,  Lecolfre,  Gabalda).  —  Lu  Didascalie  des  douze 
apôtres,  trad.  du  syriaque,  par  F.  Nau  (in-8,  Lethielleux).  — ^.  Jésus  a-t-il 


—  540  — 

i'ccu?  Coutnn-erse  religieuse  sur  «  le  Ali/the  du  Christ  «,  discours  de  A.  Drevss,. 
le  pasteur  von  Sodem,  le  pasteur  F.  Steudel,  etc.;  trad.  par  A.  Lipman 
(in- 16,  Messein).  —  L'ÉcoLution.  divine,  du  Sphinx  au  Christ,  par  E. 
Schurt>  (in-16,  l'errin).  —  Paroles  de  Jésus  sur  la  niotUagne.  Entretiens 
d'un  quart  d'heure  pour  les  jeunes  chritiens  de  ce  temps,  par  l'abbé- 
Chabot  (in-16,  BeaudiesneK  —  Le  Pain  évangélique,  par  l'abbé  E.  Du>- 
plessy.  T.  II.  Du  Carême  à  la  Saint- Pierre  (in-16,  Téqui).  —  -  Instructions 
d'un  quart  d'heure  pour  les  dimanches  et  fêtes  de  l'année,  par  l'abbé 
H.  Verdun  (petit  in-8,  Beauchesne).  —  Manuel  pratique  de  la  dévotion 
au  Sacré  Cœur  de  Jésus,  par  l'abbé  D.-H.  Vandepitte  (in-:î?.,  Téqui).  — 
IJvre  d'or  du  cœur  de  Jésus  pour  les  prêtres  et  pour  les  fidèles,  par  J. 
Hilgers  (in-32,  Letliielleux).  —  I^e  Mystère  d'amour.  Considérations  sur 
la  sainte  Eucharistie,  par  lie  R.  P.  Lecornu  (in-16,  Téqui).  — •  La  Grâce 
à  dix  Hns.  Essai  de  discernnnent  et  d'éducation  de  la  grâce  chez  les  jeunes 
enfan<s,  par  l'abbé  Celle  (petit  in-8,  Beauchesne).  —  Pensées  choisie^  du 
R.  P.  de  Ponlevoy,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  par  le  P.  E.  Renard  (in- 
18,  Téqui).  — ■  /-«  Vraie  Politesse.  Petit  Traité  sous  forme  de  lettres  à: 
des  religieuses,  par  l'abbé  F.  Demore  (in-16,  Téqui).  —  La  Vocation  au 
mariage,  au  célibat,  à  la  vie  religieuse^  par  le  R.  P.  J.  Coppin  (in-lC, 
Téqui*.  • —  La  Amociôn  administratica  de  los  pârrocos.  Exposiciôn  y  co- 
mentarios  al  decreto  «  Maxima  Cura  ",  por  el  P.  A.  Ruibal  iin-12,  San- 
tiag'O,  imp  del  Serainario  C.  Central).  —  Z,es  Transformations  du  droit 
civil,  por  J.  Charment  (in-18.  Colin).  —  Tahl^  générale  des  références  de 
jurisprudence  aux  recueils  Sirey,  Dalloz,  Gazette  du  Palais,  Gazette  des 
tribunaux  et  des  Pandectes  françaises,  classée  par  ordre  chronologique,  par- 
J.  Jouglar.  T.  I  (1845-1880),  1"  lasc.  (in-4  carré,  Giard  et  Brière).  — 
La  Seconde  Conférence  de  la  paix.  La  Haye,  juin-octobre  1907,  par  E. 
Lémonon  (in-8,  Librairie  générale  de  droit  et  de  jurisprudence).  —  Pre- 
iuiers  Principes  d'une  théorie  générale  des  émotions,  par  M.  I.atour  (in-16, 
Alcan).  • —  Devoir  et  durée.  Essai  de  morale  sociale,  par  J.  Wilbois  (in-8, 
Alcan).  —  Contre  la  métaphysique.  Questions  de  méthode,  par  F.  Le  Dan- 
tec  (in-8  AlcanU  —  Die  philosophischen  werhe  des  Robert  Grosseteste, 
hischofs  von  Lincoln.  Zum  Erstennial  vollstàndig  in  hritischer  nusgabe, 
besjrgt  \on  Dr.  L  Baur  (in-8  ,  Munster  i.  W.,  Ascii  en  doi'ff).  —  En 
Marge  de  Nietzsclie.  Philosophèmes,  par  L.  Benoist-Hanappier  (in-16,  Fi- 
guière),  —  Hfgel,  sa  vie  et  ses  œuvres,  par  P.  Roques  (in-8,  Alcan).  — 
Le  Monisme  matérialiste  en  France,  par  J.-B.  Sanlze  (in-8,  Beauchesne) 

—  Précis  d'économie  politique,  par  C.  Erouilhet  (gr.  in-8,  Pierre  Roj,er). 
— •  Les  Actions  de  travail  dans  les  sociétés  anonymes  à  participation  ou- 
vrière, par  E  Antonelli  (in-16,  Alcan).  —  jLes  Syndicats  féminins  et  les 
syndicats  mixtes  en  France,  par  A.  PawloMski  (in-16,  Alcan).  —  La  So- 
ciologie générale  et  les  lois  sociologiques,  par  G.  Richard  (in-16  cartonné, 
DoinS  —  Études  sociologiques.  Deux  Républiques  {France  et  Suisse),  par 
Un  diplomate  (in-12.  Berger-Levrault).  -  -  Les  Ravageurs.  Récits  sur  les 
ijisecies  nuisibles  à  l'agriculture,  par  J.-H.  Fabre  (in-18,  Delagrave),  — 
Dans  la  Pampa,  chasses  impromptues,  jar  G.  Paireaux  (in-16,  Hachette). 

—  Les  Parathyroïdes,  par  L.  Morel  (gr.  in-S  cartonné,  Hermann).  — 
I,e  Goût  et  l'odorat,  par  .L  Larguier  des  Bancels  (gr.  in-8  cartonné,  Her- 
mann). —  Le  Maître  inconnu.  Cagliostro_  étude  historique  et  critique  sur 
la  haute  magie,  par  le  D''  M.  Haven  (gr.  in-8,  Dorbon  aîné).  —  Mémoires 
scientifiques  de  P.  Tannery,  publiés  par  J.-L.  Heiberg  et  H. -G.  Zeuthen. 
I.  Sciences  exactes  dans  l'antiquité,  1876-1884.  I  (in-8  carré,  Gauthier- 
Villars).  — •  Pensées,  de   .).   Tannery  (in-12,    Hachette).  —  Oscillutions   et 


-  541  - 

-Knbrations,  ctade  générale  des  mouvements  vibratoires,  par  A.  Bon  tarie 
{in-lS,  O.  Doin).  — •  La  Direction  de  la  guerre.  La  Libeit''  d'action  des 
généraux  en  chef,  par  le  cam'  V.  Diipiiis  (in-8,  Chapelot^.  —  Opinions 
■allemandes  sur  la  guerre  moderne.  1^^  fasc.  (gr.  in-8,  Berger-Levrault).  — • 
État  militaire  de  toutes  les  nations  du  monde,  1912,  par  C.  Mal»  (in-'12, 
Berger-Levrault).  —  Les  Jeux  tt  les  jouets,  leur  histoire^  par  A.  Parmen- 
tier  (petit  in-8,  Colin).  —  Les  Maîtres  de  Vart.  Fra  Angelico,  par  A. 
Pichon  (iu-8,  Plon-Noiirrit).  — •  La  Résonance  du  toucher  n  la  topogra- 
phie des  pulpes,  par  M.  Jaëll  (in-8,  Alcan).  —  Pour  lu  Patrie,  par  A. 
Gilbert  (in-I6,  Beaiichesne).  —  Le  Rêve  de  Géronte  «  The  dfeam  of  Ge- 
rontius  ",  par  le  cardinal  Newman;  trad.  par  l'abbé  V.  Lebourg  (in-8, 
Beauchesne).  —  De  tout  mon  cœur,  par  E.  Mamet  (in-16,  Messein).  — ■ 
Entre  les  murs.  Études  pour  un  poème  social,  par  C.  Troufleau  (in-18. 
Société  française  d'imprimerie  et  de  librairie).  — •  Les  Heures  émues,  par 
P.  Valdelièvre  (in-12.  Édition  du  Beffroi).  — ■  Le  Redoutable,  par  M.  Le- 
néru  (in-16,  Hachette).  —  Théâtre  fantaisiste,  par  M.  Rognlat  (in-8,  Fi- 
guière).  — •  Au  tntrnant  des  jours.  Gilles  de  Claircœur,  par  Daniel  Le- 
sueur  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Un  Obstacle,  par  J.  de  la  Brète  (in-16, 
Plon-Nourrit).  —  Sous  la  neige,  par  E.  Wharton  (in-16,  Plon-Noiirrit). 
— •  Amours  rurales,  par  P.  Laconr  (in-16,  Perrin).  —  L'Apostolat  du 
knout  en  Pologne.  Notes  de  voyage  au  pays  de  Chelm,  par  L.-S.  Rey- 
mont;  trad.  du  polonais  par  P.  Ca-dn  (in-16,  Perrin).  — •  Feuilles  mortes, 
par  J.  Morel  (in-16.  Hachette^.  —  Mélissa,  par  J.-O.  Cnrwood:  adapté 
■de  l'anglais  par  V.  P'orbin  (in-16,  Hachette).  — •  La  Fille  de  Lynch,  par 
L.  Merrick;  trad.  de  l'anglais  par  F.  Delmont  (in-18,  Colin).  —  La 
Ronde,  dix  scènes  dialoguèes,  par  A.  Schnit^ler  (in-16,  Stock).  . —  Œuvres 
complètes  du  C'^  L  Tolstoï.  T.  XX\ai.  La  Mort  d'Ivan  Ilitch.  Nicolas 
Palkine.  Marchez  pendant  que  vous  avez  la  lumière.  La  Sonate  à  Kreutzer 
(in-16,  Stock).  —  Première  Paroisse,  par  P.  Abbas  (in-16,  Dorbon  aîné). 

—  Hors  de  sa  race,  par  A.  de  Villemagne  (in-18,  Figuière).  — •  Lilla, 
par  J.-B.  Natali  (in-18,  Figuière).  —  La  Vaine  Boni-,  par  M.  Hémon 
(in-12,  Figuière).  —  La  Bague,  satire  politique  et  morale,  par  M.  Du- 
broca  (in-18,  Figuière).  —  L'Oncle  Praline,  par  A.  de  Maricourt  (in-12, 
H.Gautier). —  L'Epopée  de  César,  par  H.  Guerlin  (in-16,  cartonné.  Tours, 
Marne).  —  Vendéenne,  par  J.  Charruan  (in-12,  Téqui).  —  Ginevra,  ou 
le  Manoir  de  Graittley,  par  L.  Fullerton;  trad.  de  l'anglais  (in-16,  Té- 
quil  —  Choisir,  par  A.  de  Saint-Germain  (in-16,  Édition  du  «  Temps 
présent  ».)  — •  Lettres  de  Frédéric  Ozanam,  1831-1853,  avec  notes  et  plu- 
sieurs lettres  inédites  (2  vol.  in-16,  J.  de  GigordK  —  Correspondance  de 
Bory  de  Saint-Vincent  [supplément),  publiée  et  annotée  par  P.  Lauzun 
(in-8,  Agen,  Maison  d'édition  et  imprimerie  moderne).  —  De  Dante  à 
Verlaine.  Etudes  d'idéalistes  et  mystiques,  par  J.  Pacheu  (in-16,  Tralin). 
— •  Les  Liées  sociales  dans  le  théâtre  de  A.  Dumas  fils,  par  C.-M.  Noël 
(in-8,  Messein).  — •  Guide  to  tlie  lave  and  légal  literature  of  Germany,  by 
E.  M.  r.orchard  (in-8  cartonné,  Washington,  Grivernment  printing  office). 

—  Au  Paradis  des  Rajahs,  par  A.  de  Fouquières  (gr.  in-8,  Fontemoing). 

—  Croquis  de  Chine,  par  J.  de  la  Servière  (gr.  in-8,  Beauchesne).  ■ — 
En  Tripolitaine.  Voyage  à  Ghadamès,  suivi  des  Mémoires  du  maréchal 
Ibrahim- Pacha,  ancien  gouverneur,  sur  son  œuvre  en  Tripolitaine  avant  la 
guerre,  par  E.  Bernet  (gr.  in-8,  Fontemoing).  —  Le  Congo  méconnu,  par 
J.  Dybpwski  (in-16.  Hachette).  —  Le  Travail  dans  le  monde  romain,  par 
P.  Louis  (in-8,  Alcan).  —  La  Juridiction  de  la  municipalité  parisienne 
■de  saint  Louis  à  Charles   VII,  par  G.   Huisman    (gr.    in-8,    Leroux).  -— 


Jcanr.r  d'Arc  (Vaprès  les  docmnents  contemporains,  par  F.  de  Richemorit 
(in-8,  Librairie  Saint-Paul).  —  Les  Papes  d'Avignon  (1305-1378),  par  0. 
Mollat  (in-12,  LecofTre,  Gabalda).—  Un  Grand  Procès  de  sorcellerie  au 
XVII«  siècle.  L'Abbé  Gaufridij  et  Madeleine  de  Demandolx  '1600-1670), 
par  J.  Lorédan  (petit  in-8,  Perrin).  —  Anglais  et  Français  du  xvii^  siè- 
cle, par  C.  Bastide  (in-16,  Alcan).  —  Les  Femmes  illustres.  Ninon  de 
Lanclos,  par  E.  Moigne  (in-16,  Éditions  d'art  et  de  littérature,  Nilsson). 
—  La  Fin  des  Parlements,  1788-17yO,  par  H.  Carré  (in-8,  Hachette).  — 
Le  Clergé  de  France  pendant  la  Révolution,  par  l'abbé  A.  Sicard.  T-  1. 
L'Effondrement  (in-8,  Lecoffre).  —  Le  Pillage  des  biens  nationaux.  Une 
Famille  française  sous  la  Béi>olution,  par  P.  de  pradel  de  Lamase  (in-8, 
Perrin).  —  Tragédies  et  comédies  de  l'histoire,  récits  des  temps  révolution- 
naires, par  E.  Daudet  (in-16,  Hachette).  ■ —  Mémoires  et  documents  re- 
latifs aux  XVIII®  et  xix®  siècles.  J.-B.  Brissot.  Correspondance  et  papicrr, 
précédés  d'un  Avertissement  et  d'une  Notice  sur  sa  vie,  par  C.  Perroi  d 
(in-8,  A.  Picard  et  fils).  ■ —  léna  et  la  campagne  de  1806,  par  H.  Ho;  s- 
saye  (in-16,  Perrin).  —  1812.  La  Guerre  de  Russie.  Notes  et  Documents, 
par  A.  Chuquet  (in-8,  Fontemoing).  —  1814.  La  Manœuvre  de  Laon,  par 
le  capitaine  G.  Hubt  fgr.  in-8,  Chapelut).  —  Waterloo  et  Sainte- Hélène. 
Notes  et  souvenirs  d'un  officier  d'état-major,  par  le  lieut'-colonel  B.  Jack- 
son. Édités  par  R.-C.  Seaton;  trad.  de  l'aj  glais  par  E.  PJromvet  (in-î6, 
Plon-Nourrit).  • —  Souvenirs  d'un  cadet  (1812-1823),  par  Larreguy  de 
Cisrieux  (in-16.  Hachette).  • —  La  France  sous  la  monarchie  constitution- 
nelle (1814-18'i8),  par  G.  Weill  (in-16,  Alcan).  —  L'Œuvre  française  en 
Algérie,  par  R.  A}  nard  (in-16,  Hachette).  —  Lamartine  et  la  Flandre, 
par  H.  Cocliin  (petit  in-8,  Plon-Nourrit^.  —  L'Europe  et  la  politique 
orientale,  1878-1912.  par  le  C"'  de  Landemont  (in-8,  Plon-Nourriti.  — - 
Guerre  russo- japonaise  (1904-1905),  historique  rédigé  à  l'état-major  de 
l'armée  risse;  trad.  publiée  sous  la  direction  de  l'état-major  de  l'armée 
[française].  (Paris,  Imhaus  et  Chapelet,  gr.  in-8,  t.  II,  en  3  vol.  et  2  vol. 
d'atlas).  • — •  La  Brèche  maritime  allemande  dans  l'empire  colonial  anglais, 
par  M.  Brunet  (petit  in-8,  Gui'moto).  ■ —  Les  Églises  chrétiennes  au  matin 
du  XX®  siècle,  par  E.  Ritter  (in-16,  Perrin).  ■ —  Les  Origines  rationalistes 
du  démocratisme  chrétien,  par  J.  Kig!:cs  'gr.  in-8,  Jouve).  —  La  Crise 
française.  Faits,  causes,  solutions,  par  A.  Chéradame  (in-16,  Plon-Nour- 
rit). —  Gens  de  robe,  scènes  de  la  vie  judiciaire  sous  la  3^  République^ 
par  C.  rUdeo  (in-8,  Figuière).  —  Retours  sur  la  vie.  Appréciations  et  con- 
fidences sur  les  hommes  de  mon  tcmns,  par  A.  Chambolle  (in-8,  Plon- 
Nourrit^  Visknot. 


..T* 


—  543  — 


TABLE  MÉTHODIQUE 

DES    OUVRAGES    Aî^ALYSÉS 


THÉOLOGIE 

Écriture  sainte.  Exégèse,  i.ittôrature  orientale.  Ri  di- 

meiita  linguae  hebraicae  scholis  publiais  et  domesticae  discipli- 
nae  brevi;  sime  accomodata  scripserunt  Z)'' C.-//.  Vosen  et  D^ 
F.  Kaulen.  Nova  editio  quam  recognovit  et  auxit  prof.  J. 
Schumacher 193 

Grammaire  du  grec  du  Nouveau  Testament  (A.-T.  Bobertsoji); 
trad.  sur  la  2^  édition  par  E.  Montet 104 

Les  Mœurs  des  Israélites  (Fleunj).  Extraits  précédés  d'une  no- 
tice  par   Albert    Chérel 195 

Bible  et  Sciftice.  Terre  et  Ciel  (Ch.  de  Kirwan) 196 

Der  Kanon  des  Alten  Testaments  lur  Zeit  des  Ben-Sira.  Auf 
Grund  der  Beziehungen  des  Sirabuches  s-u  dèn  Scliriften  des  A. 
T.  dargestellt  von  D»'  A.  Eberhaiter 196 

Étvtdes  bibliques.   De  l'authenticité  dfs  livres  d'Estlier  et  de 

Judith   (le  vicomte  E.  de  Marsay) 197 

BeRarmin  et  la  Bible  sixto-clémentine.Éti-'de  et  documents  inédils 
(le  R.  P.  Xavier-Marie  Le  Bachelet) 198 

Novum  Testamentum  latine  secundum  editionem  sancti  Hiero- 
nymi  ad  codicum  mani  scriptorum  idem,  recensuerunt  J.  Wor- 
dsworth  et  H.-J.  White.  Editio  minor  curante  H.-J.  White. .  .  .     199 

Die  Altsyrischen  Evaugelien    in  ihrem  Verhâltnis    zu  Tatians    p^ 
Diatessaron  untersucht  von  Dr.  H.-J.   Vogels 200 

Les  Saints  Évangiles.  Traduction  nouvelle,  d'apriis  laVi.'gate, 
par  J.-B.   Chabot 201 

Les  Étapes  du  rationalisme  dans  ses  attaques  contre  les  Évan- 
giles et  la  \ie  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  exposition  his- 
torique et  critique  (L.-Cl.  Fillion) 202 

Jésus-Christ  et  l'étude  comparée  des  religions  (Albert  Valensin).     2'03 

Die  Niederfahrt  Christi  in  die  Unterwelt.  Ein  Beitrag  zur  Eyeg»  se 
des  Neuen  Tcstamentes  und  ziîr  Ceschichte  des  Tai"s3mbo]s 
von    Zir    Karl     Gschwind 204 

Catalogue  des  cylindres  orientaux  de  l'a  collection  Louis  C\  gnin 

(Léon    Legrain) 205 

liiturgîe.    La    Messe.    Étude   doctrinale,  historique  et   liturgique 

Œ.-P.    Bourceau) 326 

Philippe  de  Mézières  Dramatic  Office  for  the  Présentation  of 
the    Virgin    (Karl    Young) 21,8 

Tbéeloj^ie  tf  ogniati<iue.  Dictionnaire  de  théologie  catholie^ue, 
publié  sous  la  direction  de  Vabbé  Mangenot.  Fèsc.  XXXII, 
XXXIII,    XXXIV    et    XXXV 5t 


—  544  — 

Dictionnaire  d'oxempUs  à  l'i  s.^ge  des  prédicateurs  et  des  caté- 
chistes, classés  par  le  R.  P.  Schrrer.  Édition  revue  par  le  R.  P. 
J.-B.  LampeH;  trad.  de  l'allemand  par  Vahbé  Jules  Debreyne.        99 
Catecisino  de  la  infancia,  preparaciôn  dogmatica  y  moral  para 
la  primera  communion  e  iustruccioncscatequisticas  al  alcance 

de  îos  ninos  (el  abatè    Ck.  Malwjoui) 103 

Petit  Catéchisme  de  la  grâce  (Ch.    Vandepitte) 108 

'    Le  Libéralisme  est  un  péché,  suivi  de  la  Lettre  pastorale  des  évo- 
que de  l'Equateur  sur  le  libéralisme  (Félix  Sarda  y  SaU'any)  ; 

trad.  de  l'espagnol  par  M"'"^  la  marquise  de  Tristany 420 

Cours  d'instructions  dominicales  (le  chanoine  R.   Turcan) .  .  . .       98 
La  Religion  chrétienne,  simples  notes  (Vahbé  René  Petiteau) . .       98 
Enchiridion  s  mb'^lorum.,  defmitionum  et  declarationum  de  rébus 
fidei  et  morum  (H.  Denzinger).  Editio  XI,  quam  paravit  Cl. 

Bannwart 227 

L'Acte  de  foi  est-il  raisonnable?  (le  R.  P.  Schwahn) 73 

Le  «  De  Ignota  Litteratura  »,  de  Jean  Wenck  de  Herrenberg 

contre  Nicolas  de  Cuse   (E.    Vansteenberghe) 262 

La  Vocation  au  sacerdoce  (F.-J.  Hurtaud) 228 

Le  Chemin  de  la  vérité  (le  comte  de  Champagny ) 100 

La  Force  morale  (Georges  Legrand) 100 

Le  Purgatoire,  ou  Pouvoir,  motifs  et  moyens  que  noi  s  avons  de 
secourir  les  âmes  du  Purgatoire  (Vabbé  Joseph  Terrisse) .  .  .  .     100 

Tliéologie  morale.  Serinons.  Theologia  moralis  (Augustino 

Lehmkuhl) 418 

Le  Problème  religieux  et  moral   (le  chanoine  WilJtelm  Meyer)  ; 

adapté  de  l'allemand  par  Vabbé  L.  Douadieq 101 

Le  Guide  de  la  jeunesse  (Va.bbé  de  Lamennais),  précédé  de  la 
Religion  démontrée  à  la  jeunesse  (Jacques  Balmès)  et  de  l'A- 
brégé de  l'histoire  sainto  (Bossuet) 108 

L'ÈA^angile  et  le  temps  présent  (Vabbé  Élie  Perrin) 506 

L'Éducation  de  la  charité  (Vabbé  E.  Debize) 101 

Saint    Vincent   d^   Paul.   Lettres  choisies,   publiées  par   Pierre 

Costé.  l 360 

Le  Cardinal  Pie.   Discours  choisis  avec  une  introduction,   des 

notices  et  des  notes,  par  Vabbé  Paul  Halflants 360 

Conférences  à  la  jeunesse  des  écoles  (Ch.  Vandepitte),  ir'^  série. 
Grandes  Vérités  du  salut  et  devoirs  d'état.  2^  série.  Devoirs 
envers  Dieu  et  envers  le  prochain.  3^  série.  Devoirs  envers  nous- 
mêmes  104 

Nouveaux  Mélanges  oratoires  (M.  d'Hulst).  IX 142 

Vapârnapok  a  Tàtrâban  (Dimanches  dans  les  monts  de  Tâtra) 

(le  D^  A.   Zubriczky) 456 

Ap3lo^éti4ue.  Apologétique   chrétienne    (Anatole    Moulard    et 

Fruncifi  Vincoit) 420 

El  nombre.  La  Vida,  la  ciencia,  el  arte  (Emesto  Hello);  trad. 
de   Miguel  S.   Oliver 263 

Ascétisme  et  Piété.  Le  «  Notre-Père  »  de  l'heure  présente   (J. 

Santo) 102 

Le  Prophète  de  Galilée.  Lectures  évangéliques  poiîr  le  temps 
après  la  Peatc<:ôte  (Vabbé  A.  Dard) 102 


—  545  — 

Vie  de  la  Sainte  Vierge,  d'après  les  Méditations  d'Anne- Catherine 
Bmmerich   (Vahbé  de  Cazalès) 102 

Les  Enfants.  Questions  A\i  temps  présent  (Mgr  J.-A.  Chollet) . .     103 

Bernardi  Olivierii  Excitatorium  mentis  ad  Deum  nunc  primum 
ad  fidem  codicis  Escurialensis  edidit  P.  Benignus  Fernandez.     105 

Miroir  de  la  perfection  du  B.  François  d'Assise  (le  Frère  Léon)  ; 

version  française  de  Paul  Budry 105 

-  Vers  la  fer\'eur  (P.  Lejeune) 106 

La  Communion  fréquente  dans  les  Œuvres  populaires;  raison, 
méthodes,  expériences  (le  R.  P.  Lintelo) 106 

Le  R.  P.  Pierre  Olivaint.  Journal  de  ses  retraites  annuelles.  T.  L 
de  18G0  à  1865.  T.  II  de  1866  à  1870 105 

Manuel  eucharistique,  adapté  de  l'espagnol  par  le  R.  P.  Joseph 

Thermes 107 

Un  Mois  du  rosaire  chez  soi.  Sujets  de  méditation,  lectures,  traits, 
légendes  et  histoires  pour  chaque  jour  du  mois  d'octobre 
(Vabbé   A.    Saulnier) 107 

Le  Règne  de  l'Évangile  dans  la  cité  chrétienne.  Pieuses  Con- 
sidérations et  règles  de  conduite  (Vahbé  Prosper  Baudot) ....     107 

El  Convite  del  divino  amor  (José  Frassinetti)  ;  trad.  del  italiano 
por  José  Pérez  Hervâs 1 65 

L'Ami  des  malades  (le  chanoine   Girard) 108 

Histoire  des  religions.  Le  Bouddhisme  primitif  ('^Z/rec^iîo«s- 

sel) 143 

Le    Modernisme    bouddhiste    et    le  bouddhisme  du  Bouddha. 

( Alexandra  David) 327 

Histoire  sociale  des  religions  (Maurice  Vernes).  I.  Les  Religions 
occidentales  dans  leur  rapport  avec  le  progrès  politique  et 
social 241 

IVtélanges.  A  vallàs  leléktana  (La  Psychologie  de  la  religion)   (le 

D^  Ch.   Wiedermann) 456 

A  Szentô  avatàs  (La  Canonisation  des  saints)  (Ë.  Huszàr) 455 

Retour  à  la  sainte  Église.  Expériences  et  croyances  d'un  C' in- 
verti (le  D^  Albert  von  Ruville)  ;  trad.  de  l'allemand  par  Vabhé 
G  Lapeyre 52 

JURISPRUDENCE 

Oroit  canonique  «t  eeelèsia<stiqiie.  La  Curia  romana  gegûn 
la  novisima  disciplina  decretskia  por  Pio  X.  Comentario  cano- 
nico  e  historico  sobre  la  Cons.  «  Sapienti  consilio  »  (el  R.  P. 

Juan  Ferreres) 422 

Lob  Esponsales  y  el  matrimonio  stgûn  la  novisima  disciplina, 
comentario  canônico  maral  sobre  el  décrète  «  Ne  Temere  » 
(el  R.    P.    Juan   B.    Ferreres) 222 

OroH  public.  De  la  Fonction  et  des  juridictions  de  cassation  en 

législation  comparée  (Raoul  de  la   Grasserie) 491 

Le  Statut  des  fonctionnaires.  L'Avancement,  son  organisation, 

ses   garanties    (Charles    Georgin) 492 

Droit  ci  y!  I.  Traité   de  droit  ci\  il   comparé  (Ernest  Roguin).  Les 

Successions.  III.  La  Succession  testamentaire 482 

Juin  1912.  T.  CXXIV.  35. 


Étude  critique  de  la  tutelle  des  mine'rtrs  en  droit  lumparé  (Raoul 

de  la  Grasf^erie) ^B'd 

])c  la   Commune   Renon'môe  dans  ses  rapports  avec  la   théorie 

des  preuves   (Maurice  Picard) 484 

Différends  et  prccès   entre  locataires  (Gn-ton  ('"urtoisj 485 

Les  Droits  de  la  femme    (Marguerite  Martin) 485 

La  Femme  en  Roumanie,  sa  condition  juridique  et  sociale  dans 

le  passé  et  le  présent  (Alexandre  A.  C.   Smurdza) 486 

Comment, avec  la  loi,  la  femme  peut  protéger  ses  biens,  sa  fortune, 
sou  libre  salaire,  les  produits  de  son  travail,  ses  épargnes,  sa 

famille,  manuel  populaire  (Camille  Guillard).. 487 

Droit  commercial.  Le^  Lois  commerciales  de  l'univers,  et  mpre- 
uanl  reiiSemI)lo  des  textes  relatifs  au  droit  commercial,  avec 
références  au  droit  civil,  aux  lois  d'organisation  judiciaire  et 
à  la  procédure;  textes  originaux  et  commentaires  avec  tra- 
duction française  en  regard,  par  de  nombreux  collaborateurs  de 
tous  pays.  Édition  française  sous  la  direction  de  Charles 
Lyon-Caen,  Paul  Carpentier,  Fernajid  Daguin  et  Henri  Pru- 
dhomme.  T.  IV.  Brésil  (Rodrigo  Octawo  de  Langgard  Menezes). 
Traduction  française  par  Paul  Goulé.  T.  VL  Chili,  Paraguay 
(Julio  Phtlippi,  Arturo  Fernando  Pradel,  A.  Schuler).  Trad. 
franc,  par  Paul  Goulé  et  Henri  Prudhomme.  T.  XXI IL  Suède, 
Norvège  (Adolf  Astrom,  Edward  Hambro,  Ernest  Kullenberg). 
Trad.  franc,  par  L.  Beauchet.  T.  XXIV.  Danemark  (Erland 
Tyrherg.  Trad.  franc,  par  L.  Beauchet.  T.  XXV.  Scandinavie 
(Adolf  Astrom,  Edward  Hambro,  Erland  Tybjerg).  Trad. 
franc,  par  L.  Beauchet.  T.  XXVIII.  Pays-Bas,  Colonies  néer- 
landaises (Martinus  J^an  Regteren- Aliéna,  Fr.  Corneli  Hek- 
meyer).  Trad.  française  par  H.  de  Hoon,  F.  de  Pclsemacker, 
Louis  Dosjel.  T.  XXXV.  Ri,s.sie,  Pologne  (H.-O.  Klibanski, 
O.-Ju.  Pcrgcmainte.  A.-V.  hivadiki).  Trad.  traiiç.  par  P.  Mal- 
lieu.': 487 

Des  Sociétés  commerciales,   g.  ide  pratique  et  formulaire    (A. 

Pottier) 488 

,Dirispn;dence  générale  et  législation  de  la  médecine-pharmacie, 
pibliée  par  Phily,  Henri  Petel.  F.  Izouard,  A.  Crinon,  Marcel 
Petit    et    P.    Bogeloi 228 

l>roit  nnarltiine.  Traité    de   droit   maritime    (Daniel  Danjon). 

T.   1 1.  Capitaines,    responsabilités,    affrètement 489 

Droit  fisc»!.  Manuel  formulaire  de  l'enregistrement,  des  domaines 
et  dii  timbre,  sui\  i  d'un  précis  de  manutention  et  de  comp- 

taï)i!ilé  (Jules  Cast'llon) 493 

Les  Coffres- forts  et  le  fisc   (Ch.  Lescœur) 493 

?lroit  forestier.  Cours  de  droit  forestier  ^C'/iar/fs  Guyot).T.  III, 

fasc.   F'',   livre  vi 52 

Droit  pénal.  Traité   de   droit  pénal    allemand  (le  L'^  Franz  von 
Liszt);   trad.   par  René  Lobstein.   T.  I.  Introduction.   Partie 

générale 49© 

Principios  fundamentales  del  derecho  pénal  (el  P.  Victor 
Cathrein).   Traducido   del      aleman  por    cl    P.  Josc-M.-S.  de 

Tejada 490 

Le  Fondement  de  la  responsaiililé  pénale  (Henri  Urtin) 491 


b\l  — 


SCIENCES    ET    ARTS 

Philasophie.  Ciéiiéralités.  Le  Transformisme  et  l'expérience 

(Etienne   liabaud) 330 

Criteriologia  sclulastica  (Alphonsus  M.  Ribô  et  Balhuena) .  .  .  .      386 

Identité  et  réalité   (Emile  Meyerson) 387 

Les  Concepts  de  la  raison  et  les  lois  de  l'univers  (Eugène  de  Ro- 

berty) 387 

Le  Sens  et  la  valeur  de  la  vie  (Rudolf  Eucken)\  trad.  de  l'alle- 
mand par  Marie- Anne  Hullet  et  Alfred  Leicht 388 

Œuvres  philosophiques  choisies  de  David  Hume;  trad.  de  l'an- 
g'ais  par  Maxime  David,  l.  Essai  sur  l'entendement  humain. 

Dialogues  sur  la  religion  naturelle 389 

Mélanges  de  philosophie  relativisto,   contribution  à  la  culture 
philosophique  ((',.  Sim.mel);  trad.  d-^  l'allemand  par  Mi'e  ^, 

Guillaiu 3&0 

L'Action  criniiiitiie,  éti;de  de  philosophie  pratique  (Henri  Ur- 

tin) 3<J2 

Positivisme  et  catholicisme,  à  propes  de  1'  «  Action  française  » 

(L.  Laberthnnnière) 393 

Initiation  philosophique   (Emile  Faguet) 394 

Études  de  philosophie  an(;ienne  et  de  philosophie  mcderne  (V. 
Brochard),    recueillies    et   précédées    d'une    Introduction    par 

V.   Delbos 395 

I.,e  Problème  religieux   dans  la  philosophie  de    l'action    fMau- 

rice  Blondel  et  le  P.  Laberthonnière)  (Th.  Cremer) 398 

Essais  sur  la  sensibilité  contemporaine  (Raphaël  Cor)   398 

Peut-on  croire  sans  être  un  imbécile  ?   (Henri  Desprez) 423 

Le  Vieillard.  La  Vie  mondaine.  Pensées  du  soir  (Mgr  Baunard).     41i3 
Esquisse  d'une  philosophie  des  sciences  (W.  Ostwald);  trad.  de 
l'allemand  par  M.  Dorolle 143 

Psyeliolofiie.  Dieu  et  Science,  essais  de  psychologie  des  sciences 

(Élie'  de    Cyon) ' 508 

La  Psych(»logie  parles  textes  (J.-F.  Renauld  et  M.  Maire).  .  .  .     386 
Précis  de  psychologie   (Hermann  Ebbinghaus)  ;   trad.   de  l'alle- 
mand par  G.  Raphaël  et  revu  par  le  D^  G.  Revault  d' Alonnes .  .      387 

Aile  fonli  délia  vita  (D^^  William  Mackcnzie) 386 

L'Esprit  de  taquinerie.  Étude  de  psychologie  comparée  (Fernand 

Nieolay '. 329 

Morale-   La  Morale  d'après  saint  Thomas  et  les  théologiens  scolas- 
tiques.  Mémento  théorique  et  guide  biblic  graphique  (A.  de  la 

Barre) 421 

Morale  et  moralité,  essai  sur  l'intuition  morale  (Paul  Sollier) .  .  390 
La  Morale  et  l'intérêt  dans  les  rapports  individuels  et  interna- 
tionaux   (J.    Novicow) 391 

La  Morale  par  l'État  (André  Marceron) 391 

Éludes  de  morale  (F.  Rauh) 392 

La  Charité  à  travers  la  vie  (la  comtesse  d' H aussonville ) 144 

Ce  qu'il  faudra  toujours  (C.  Wagner) 393 

Métaphysique.  Y  a-t-il  un  Dieu?  Ya-t  il  une  survie  de  l'âme 

après  la  mort  ?  (Henri  Hugon) 389 


—  518  -^ 

A  Lélelc  (l'Ame)  (le  />>•  ./.  Trikâl) 456 

La  Destinée  de  l'hoiume  (C.   Piot) 389 

Prescience  divine  et  liberté  humaine  (Vabbé  L.  diniuv.i) 389 

Histoire  de  la  |tliilosop1aie.  Les  Grands  Philosophes.  ]Maïmo- 

nido    (Ldiiis-Ccnnniti    Ltvij) 395 

Der  Nipuiinalisnius  in  der  Frûhsclv'lastik.  Ein  Beitrag  i.mv  Ge- 
schichte  der  Tniversalien  t'rage  in  Mittelalter,  nebst  einero 
neuen    Text-Aiisgabe  des  l^>riefes  Roscelins  an  Abàlard  (Dr. 

Jos.    Reincrs).    ' 361 

La  Paix  dans  la  vérité,  étude  sur  la  ])orsonnalité  de  saint  Tho- 
mas  d'Aquin    (Bernard   Allô) 395 

Malebranche   (J.   Martin)    396 

Berkeley    (Jean  Didier)    396 

Condillac    (Jean    Didier) 396 

Piern-    Leroux    (J.-E.    Fid.an-Jn^tininni) 397 

Guyau    (Paul   Archamhaull)    397 

Lé'in    Cllé-Laprone    (George    Fonsegrive) .  398 

Édiicntion.  Eiiseiguenient.    L'Éducation    selnu     rÉvangile 

(l'abbé  Sylvain.    Verrct) 7.  .  .  . 328 

Ce  que  i^énelon  dirait  au  xx®  siècle  sur  l'édiicatiMu  das  filles 

(L.-B.    Daguirre) 424 

Nos, Filles.  Dialogues  sur  l'éducation  (E.  Vesco  de  Kercven)  .  .  .  .  425 

L'Édi'cation  joyeuse.  En  vacances,  en  iam\\\e(HenriChanlavoin.e)  425 
El  Seoreto  del  éxito  :  plâticas  de  quince  minutes  con  los  jôvenes 

de  quinee  a  veinte  afios  (el  P.  Ramôn  Ruiz  Aviado) 456 

Entretiens  divers  de  la  ménagère  fM'""  M.-B.-G.  Vasse) 459 

H'istoria  de  la  educaciôn  y   la  pedagogia  (el  P.   Rawôn  Ruiz 

A  modo) 145 

Enseignement    (Lcoure  Couture) 507 

Pages  scolaires.  Récits,  souvenirs,  polémiques  (A.  Vaquette) .  .  229 
De  la  3Iéthode  littéraire.  Journal  d'un  professeur  de  la  classe  de 

première  (J.  Bè-ard)    512 

L'Art  de  lire  (Emile  Faguet) 514 

Féminisme.  L'Évolution  et  la  femme  (M^^  Lydie  Martial) ....  486 
Acciôa  de  la  mojer  en  la  vida  social   (el  R.  P.  Ignacio  Cqsano- 

vas) 361 

Scieuces  politiquet»,  éeenomiqueii  et  soriales.  Le  liégio- 

nalisme    (J.    Charles- Brun) 5')9 

Réalisations  démocratiques   (A.   Chaboseau.) 510 

La  Pvélorme  adniinistrative.  Ce  qu'elle  devrait  être  (G.  Demar- 

tial) 5?3 

Le  Commerce  extérieur  et  les  tarifs  de  douane  (Aug.  Amauné).  28 
La  Politique  douanière  de  la  France  (Charles  Augier  et  Angel 

Man'aud) 29 

Les  Primes  à  la  sériciculture  et  à  la  filature  de  la  soie  (Joseph 

Payen) 30 

L'Effort  allemand,  l'Allemagne  et  la  France  au  pohit  de  vue 

économique    (Lucien   Hubert)    30 

La  Question  agraire  au  royaume  de  Pologne  (B.  Koskowski) .  .  .  31  , 

Le  Régime  minier  (Marins  Richard) 32 

Les  Chemins  de  fer  et  la  grè\  e  (  Yves  Guyot) 33 


—  549  — 

Cesare  Beccaria.  Scritti  e  lettere  incditi,  ratculli  ed  ilhistrati  da 

Eugenio   Landry 33 

La  Mutualité  nouvene.  tfuide  pratique  des  mutualistes  (M.  Pro- 
fit)   34 

La  Vie  de  l'ouvrière  fM'ie  Jules  Simon  ) 522 

La  Réglementation  du  travail  des  femmes  et  des  enfants  aux 

États-Unis   (A.   ChaboseauJ 34 

L'Aclieteur,   son  rôle  économique  et  social;  les  ligues  sociales 

d'acheteurs   (Maurice  Deslandres ) 35 

Causeries    sociales  (O.    Jean) 35 

La  Formula  social  cristiana  (Ubaldo  Romero  Quihones) 165 

La  Odierna  Evoluzione  dello  stato  democratico  moderno  (Raj- 

faele   Muslo)    36 

Les  Idées  du  père  Bontemps,  Journal  d'un  paysan  (Ahel  Noël). .  74 

Le   Sionisme    (Angel   Marvaud) 36 

Le   Modernisme  social,    décadence   ou   régénération  (Vahbé   J. 

Fontaine) ' 37 

La   Démocratie  chrétienne,    parti   et  école  vus   du  diocèse  de 

Cambrai    (Mgr  Délassas) 38 

Histoire  du  mouvement  syndical  en  I^rance  (1789-1910)  (Paul- 
Louis) 39 

L'Organisation  des  forces  ouvrières  (G.   Olphc-Galliard) 39 

Le  Socialisme  et  l'activité  économique  (Marcel  Rraibant) 40 

Dictionnaire   du    socialisme    (Charles    Vérecque) 41 

Sciences  naturelles.  Charles    Nodier  naturaliste.    Ses    œuvres 

d'histoire  naturelle  publiées  et  inédites  (le  D^  Anl.  Magnin) . .     427 
Jean-Henri  Fabre,  l'entomologiste,  raconté  par  lui-même  (1823- 

191 0)     (Augustin    Fabre) 429 

Le  Daupbin    (Gustav'e   Rord) 229 

Médecine.  Histoire.  CSénéralitéB.  Légendes  et  curiosités  de 

l'histoire    (le  TF   Cabanes) 303 

Le  Marquis  du  Planty,  médecin  de  la  Faculté  de  Paris,  maire  de 
Sainl-Ouen-sur-Seine  (1808-1876)  (le  D^  Henri  Perraudeau) .  .      303 

Le  Médecin  son  rôle  dans  la  famille  et  la  société  (le  D^  J.  Vin- 
cent)       304 

Congrès  des  typhlophiles  et  exposition  de  la  préservation  de  la 
cécité,  des  œuvres  d'assistance  et  des  travaux,  des  aveugles. 
Compte  rendu  des  travaux  (Georges  et  Louis  Ronjean) 310 

BÎMlogie.   Proprié  tés  joptiqu  es  des  muscles  (Fred  Vlès) 308 

Hygiène.  Le  Pain  de  froment.  Étude  critique  et  recherches  sur  sa 
valeur  alimentaire  selon  le  blutage  et  les  systèmes  de  mouture. 

(Éitiile  Fleurent) ' 310 

L'Alcoolisme  dans  les  armées  (le  com^  J.-A.  Ordioni) 311 

Porte  >vous  i;ien  !,  notions  élénientaires  d'hygiène  populaire  et 
rationnelle   (le  D^   Tenvagne) 311 

Pathologie  et  Xli6tapeutique.  La  Fatigue  et  le  repos.  La 
Fatigue,  la  consenation  des  forces,  la  médication  par  le  repos 
(le  D^F.  Lagrange,  axec  le  concouTS  du  D^  F.  deGrandmaison).      308 

Consultations  médicales  françaises  :  Diagnostic  et  traitement  de 
l'adénophatie  trachéobronchique  (D'^  P.-F.  Armand- Delille). .  .     309 

L'Alimentation    ratinnelle  du    nourrisson   (D^    E.  Terrien)...     309 


—  550  — 

Les  A(  nés  ot  loiir  traitomenl    (U  1)^    Paul  Gaston)   309 

Le   Traitement  des  conjoncti\'ites  (le  D^  F.  Terrien) 309 

Lipuïdes  et  paratoxine  (les  prof.   G.  Lemoine  et  E.  Gérard) 309 

Traitement  des  nenrastluMiiqnos  (le  ZK  Paul  Ilartcnberg) 309 

S^eiences  psychiques.  Le  Génie  littéraire  (les  D^  A.  Rémnnd  et 

Paul   VoH'enel) 304 

Les  Opiomanes,  mangeurs,  bnveurs  et  fumeurs  d'opium.  Étude 
clini(|ue  et  médico-littéraire  (le  jy  Roger  Dupouy) 305 

Traitement  mental  et  culture  spirituelle.  La  Santé  et  l'harmonie 
dans  la  vie  humaine  (Albert-L.  Caillet) 307 

Hystérie  et  sainteté  (le  D^  H.  Lavra.nd) 307 

Nervosismo  social  (el  D^  Xerravins) 311 

Sciences  physiques  et  chimiques.   La    Grammaire    de   la 
science.  La   l'h\si(]u<'    (Karl  Pearson;  trad.   de  l'anglais  par 

Lucien   Mareh) 408 

La  Télégraphie  sans  i'il    (Lucien    Founier) 410 

L'Électricité  à  la  maisun  (H.  de  Graffigny) 410 

Traité  de  chimie  générale  (W.  Nemst);  trad.  de  l'allemand  par 
A.   Corvisy.   2^  partie.    Transformation   de  la  matière  et  de 

l'énergie 400 

Traité  complet  d'analyse  chimique  appliquée  aux  essais  indus- 
triels (J.  Posi  et  B.  Neumann);  trad.  de  l'allemand  et  aug- 
menté de  nombreuses  additions  par  G.  Chenu  et  M.  Pellet. 

T.    III,   fasc.   1 401 

Notions  fondamentales  d'analyse  qualitative  (V.  Thomas  et  D. 

Gauthier) 401 

Zootechnie.  La  Connaissance  du  bétail  (J.  Ginies) 430 

Lapins  et  cobayes  (Ch.  Caillât) 74 

Exploitation  productive  des  oiseaux  de  basse-cour  (H.-L.-A. 

Blanchon) 329 

PîeeîcMlture.  La  Truite    domestique    (H.-L.-A.    Blanchon) '529 

■A.grîcMlt«re.  Horticulture.  Méthode   pratique  de    compta- 
bilité agriccle  (A.  Ducloux  et  A.  Niquet)  ...    523 

Le  Cidre  (P.  Labounoux  et  P.  Touchard) 74 

Histoire  des  légumes  (Georges  Gibault) 1 46 

Sylviculture.    L'Année  forestière  (1910).  Actualités  de  la  science 

des   forêts    (Lucien    Chancerel) 54 

La  Forêt,  son  rôle  dans  la  nature  et  les  sociétés  (A.  Jacquot) . .       54 

Sciences  mathématiques.  Éléments  d'arithmétique.  Premier 

cycle,  6^^  et  5*'  A  et  L  (P.  Camman) 75 

Cours  élémentaire  de  géométrie  plane   (P.   Camman  et  A.- G. 

Bébouis) 75 

Géométrie  rationnelle.   Traité  élémentaire  de  la  science  et  de 

l'espace   (George  Bruce  Halsted]  trad.   de  l'anglais  par  Paul 

Bar  bar  in) 406 

Essai   de  géométrie  analytique  modulaire  h   deux   dimensions 

(Gabriel    Arnoux) 407 

Algèbre.  Classe  de  3^  B,  2^  et  1«  C  et  D.  (P.  Camman  et  À. 

Grignon) 75 


—  551  — 

Internacioiia  malematikal  lexiko  en  ido,  germaria,  angla,  l'ranca 
e   italiaiia    (Louis   Couturat) .        165 

Leçons  sur  les  hypothèses  cosmogoniques  (H.  Foincaré,  rédi- 
gées par  Henri   Vergne)    402 

Introduction  à  la  théorie  des  équations  intégrales  (Trajan  La- 
lesco) 40;5 

L'Équation  de  Fredholm  et  ses  applications  à  la  physique  mathé- 
matique  (H  -B.   Heywood  et  M.   Fréclwt) 403 

Leçons  sur  les  principes-de  l'analj  se  (P..  cV Adhèmar).  T.  1 404 

Le  Calcul  des  probabi'ités  et  ses  applications  (E.  Carvullo). . . . .     404 

Cours  de  mathématiques  supérieures  à  l'usage  des  candidats  à  la 
licence  ès-sciences  physiques  (Vabbé  E.  Stojjaes) 405 

Mesure   des   angles.    Hyperboles  étoilées   et   développante    (le 

com^  D.    Gautier)    407 

Astronomie.     Météorologie.    Cosmograpiiie.    Annuaire 

pour  l'an   I9I2,   publié   par  le  Bureau    des  longitudes 2fU) 

Grandeur  et  figure  de  la  terre  (J.-B.-J.  Delnmhre),  augmenté 
de  notes  et  cartes,  par  G.  Bigourdan 409 

Où  sommes-nous?   (Vabbé  Th.  Moreux) 26:'; 

L'Origine  dualiste  des  mondes.  Essai  de  cosmogonie  tcurbillon- 
naire   (E.  Belot) 430 

Sismologie.  La  Sismologie  moderne.  Les  Tremblements  de    terre 

(le  comte  de  Montessus  de  Ballore) .'il 3 

Aéronautique.  Aviation.  Les  Merveilles  de  la  science.  Aéros- 
tation, aviation  (Max  de  Nansouty) 8 

Sciences  militaires.  Paroles  d'un  so\di\t  (le  gênrral  Bnmeau)-  139 

Le  Devoir  militaire  (le  com^  J.-A.  Ordioni) 139 

Syndicats  d'officiers  (Robert  de  Boisfleury) 139 

Emplois  civils  et  militaires  réservés  aux  engagés  et  rengagés. . .  .  142 
Cavalerie.  Procédés  techniques;  la  cavalerie  dans  l'ensemble  de 

l'armée,  la  cavalerie  dans  la  bataille  (le  capitaine  Loir) 140 

L'Infanterie  à  la  guerre  (le  capitaine  A.  Balédent) 140 

La  Tyrannie  de  l'arme  à  feu  (le  capitaine  Linarès) 140 

Le   Combat  sous  bois  et  les  compagnies  forestières  (Lucien 

Chancerel)      140 

Combinaison    des  efforts  de  l'infanterie  et  de  l'artillerie  dans  le 

combat    (le   cotnmandant    Niessel) 141 

Une  Conférence  anglaise  sur  la  liaison  des  armes  (le  brigadier  géné- 
ral R.-C.-B.  Haking)  ;  trad.  de  l'anglais  par  le  colonel  d'artillerie 

Dubois 141 

Infanterie  et  artillerie  en  liaison  (le  lieutenant- colonel  Thoma.s  de 

Colligny) 141 

Dans  quelle  mesure  l'infanterie  peut-elle  compter  sur  l'artillerie 

pour  appuyer  son  attaque  ?  (le  colonel  Lalubin) 141 

Infanterie    française    et    artillerie    allemande    (le    commandant 

Gascouin) 141 

A  B.  C.  tactique  (le  général  Crémer) 142 

Les  Grandes  Marches  d'armée  (le  général  H.  Bonnal) 138 

La  Menace  prussienne.  La  Riposte  (le  lieutenant  Hayem) 142 

Keaux-Arts.  Biographies  d'artistes.    Histoire    de    l'art 


—  552  — 

depuis  les  premiers  temps  chrétiens  jusqu'à  nos  jours,  publiée 
sous  la  direction  de  .indré  Michel.  T.  H'.  La  Renaissance,  se- 
conde partie    207 

Manuels  d'histoire  de  l'art.  L'Architecture.  Antiquité  (Fran- 
çois   Benoit) 207  • 

Manuels  d'histoire  de  l'art.  Les  Arts  de  la  terre,  céramique,  ver- 
rerie, émaillerie.  mosaïque,  vitrail  (René  Jean ) 208 

Graphique  d'histoire  de  l'art  (Joseph  Gauthier) 208 

Quatre  Dialog  les  sur  la  peinture  de  Franciser  de  Hollanda,  Por- 
tugais, mis  en  français  par  Léo  Rouanet 21.'J 

Traité  de  composition  décorative  (Joseph  Gauthier  ^^t  Louis  Ca- 

pelle) ' 208 

Causeries,  réflexions  et  souvenirs  sur  la  peinture  (J.-F.-C.  Clère).     214 
L'Art   de   reconnaître   les   styles.    Architecture.    Ameublement 

(  Emile- Baijard) 208 

L'Art  de  reconnaître  les  styles.  Le  Style  Louis   XVI   (Émile- 

Bayard)      208 

Musées  et  collections  de  France.  Le  Musée  de  Tours  (Paul  Vi- 

try) ,     209 

Les  Richesses  d'art  de  la  ville  de  Paris.  Les  Jardins  et  les  squares 

(Robert   Hénard) 209 

Les  Richesses  d'art  de  la  ville  de  Paris.  Les  Musées  municipaux 

(Maurice  Quentin- B au chart) 209 

En  flânant.  A  travers  la  France.  Autour  de  Paris  (André  HaUays)     214 

En  flînant.  A  travers  l'Alsace  (André  Hallays) 214 

En  flânant.  A  travers  la  France.  Provence  (André  HaUays)  ....     214 

Italica.  Impressions  et  souvenirs  (Joseph  L'Hôpital) 215 

Toscane  et  Ombrie  (Gaston   Grandgeorge) 215 

Terres  antiques.  La  Sicile  (Achille  Segard) 215 

Quinze  jours  à  Naples  (André  Maure]) 216 

Les  Villes  d'art  célèbres.  Naples  et  son  golfe  (Emest  Lémonon)  .  .     216 
Les  Villes  d'art  célèbres.  Dresde,  Freiberg  et  Meissen  (Georges 

Servières) 216 

Les  Grands  Artistes.  Les  Primitifs  français  (Louis  Dimier) . .  .  .     :!10 

Les  Grands  Artistes.  Mantegna   (André  Blum) 210 

Les  Grands  Artistes.  Benvenuto  Cellini  (Henri  Focillon) 210 

Les  Maîtres  de  l'art.  Giovan- Antonio  Bazzi,  dit  le  Sodoma  (L. 

Gielly)    210 

L'Art  de  notre  temps.  Daumier  (Léon  Rosenthai} 211 

Greco,  ou  le  Secret  de  Tolède  (Maurice  Barrés) 211 

Gérard  Don,  sa  vie  et  son  œuvre  (W.  Martin)  ;  trad.du  hollandais 

par  Louis  Dimier 211 

Traité  de  la  peinture  de  Léonard  de  Vinci,  trad.  intégralement  et 

accompagné   de  commentaires  par    Pélodan 212 

L'Œuvre  littéraire  de  ]\Iichel-Ange,  d'après  les  archives  Buonaro- 

li,   etc.  ;  trad.  par  Bayer  d'Agen 21 2 

Écrits  d'amateurs  et  d'artistes.  Paul  Huet  d'après  ses  notes,  sa 
correspondance,  ses  contemporains.  Documents  recueillis  et 
précédés   d'une   notice   biographique   par   son  fils  René-Paul 

Huet 213 

Les  Membres  de  l'Académie  des  beaux-arts  depuis  la  fonda- 
t'ion  de  l'Institut  (Albert  Soubies).  Troisième  série,  1852-1876.     214 


-  553  — 

Mélanges.  Science  et  PhilûS(  phie  (Jules  Taimerij) 408 

L'Œuvre  scientifique  de  Biaise  Pascal.  Bibliographie  critique  et 

analyse  de  tous  les  ouvrages  qui  s'y  rapportent  (Albert  Maire).  409 

Guide  du  chauffeur  d'automobiles    (M.   T^erolo) 411 

LITTÉRATURE 

Linguistique.  Piiilologie.  La  Prononciation  du  latin,  manuel 

pratique   (AlciJe  Marc)    5i  1 

La  Réforme  de  la  prononciation  latine  (Camille  Couillault) .  .  .  .  434 
Pelite  Grammaire  allemande  (Emile  Otto),  10''  édition  revue  par 

Paul    Verrier    '. 5G 

Mélanges  de  linguistique  provençale   (F.-N.   Nicollet) 124 

La   Question   de   la   langue   auxiliaire   internationale  (Gustave 

Gautherot) 433 

Foiii-Iore.   En    Montagne   bourbonnaise,   mœurs   et    coutumes, 

superstitions,   sorciers   (le  D^  Brisson) .S32 

Poésie.     Paris     (Philippe    Dufour) 12 

Le  SaTîle  d'or  (Henry  Dêrieux) 110 

Essais  poétiques  (L.-A.   Morel) 110 

Une   Promenade    (Auguste   Barbier) 110 

Sornettes  et  sonnets,  rimes  païennes  (Jean  Lively) 111 

Les  Victoires   (Léon    Guillot) 111 

L'Adieu  â  l'adolescence    (François   Mauriac) 111 

Le  Beau  Pays  (Pierre  Lestringuez) 112 

Chants  et  poèmes  solognots.  En  Blouse  et  en  sabots  (Paul  Bes- 

nard) 112 

Le  Cantique  de  la  Seine  (André  Mary) 1  s  2 

•    La  Chanson  des  mendiants  (J. -F. -Louis  Merlet) 113 

Les  Chants  du  cygne  (I.  R.-G.) 113 

Le  Chant  des  sources  (Pierre  d' Arcangues ) 113 

Le  Crépuscule  de  Dionysos  (Paul-Louis  Aubert) 113 

Dernières   Veillées    (Arsène    Vermenouze) 114 

Edehveiss  et  goémons  (Jean  Plémeur) 115 

Les  Foyers  perdus  (Antoine  Nicolaî) 115 

Sous  les  hêtres  de  l'Est  (Gabriel  de  Pimodan) 115 

L'Hori'.on    (Claude   Couturier)    116 

La  Légende  du  Mont-Saint-Michel  (Louis  Foisil) 116 

En  Marche  vers  les  cîmes  (Emile  Pignot) 117 

Le  Miroir  enchanté    (Robert  Lestrange) 117 

L'Ombre  du  temple  (R.  de  Manoël-Saumane) 117 

Le  Paradis  retrouvé    (Joachim    Gasquet) 118 

Pour  retrouver  l'enfant  (Gustaie  Zidler) 118 

Les  Rêves  exaltés   (Lucien  Boudet) 119 

Tout  mon  cœur  par  tous  les  chemins  (Paul  Sentenac) 119 

La  Veillée  solitaire  (Jean- Paul  Tort) 119 

La  Vie  qui  s'ouvre   (Jacques  Bayer) 119 

Les  Visions  du   chemin    (Henri  Bouger) 119 

Les  Autels  et  les  tombes  (Léon  Lahovary) 120 

Paysages   de   l'âme    (Frédéric   Saisset) 120 

Dans  le  Jardin  de  notre  amour  (Alite  Clerc) .  , 121 

Les   Souvenez-vous    (Claire    Virenque) 121 


—  554  — 

Les  Voix  de  la  montagne  (A.  de  Bary) 122 

Antologia  provenzale   (E.   Portai) 1 2ii 

Œuvres  inconnues  de  Racine.   Poèmes  sacrés    découverts  à  la 
Bibliothëqiie  impériale  de  Saint-Pétersbourg  par  rabbé  Joseph 

Bonnet 122 

La  Chanson  du  poète  errant  (Gabriel  Sarrazin) 12". 

Ballades  françaises.  Ile  de  France  (Paul  Fort) 12o 

Ballades  françaises   I/Aventure  éternelle  (livre  1«'')  (Paul  Fort).  124 

Théâtre.  L'An  Mille,  drame  en  cinq  actes  et  en  vers  (Victor  Ki- 

non) 124 

Le  Théâtre  chrétien.  Au  Clocher  (Paul  Janot) 124 

Études  dramatiques  (Adolphe  Môny).  T.  V.  Babel 125 

Les    Erreurs    sociales.    La  Peine  de  vivre.   Châtiment,   drames 

modernes   (Emile  Piérret)    125 

L'Otage,  drame  (Paul  Claudel) 125 

Pendant  la  croisade,  conte  en  un  acte  en  vers  ( Martin- Valdour 

et    Charles     Gallo) 125 

Poèmes  de  France  et  d'Algérie  (Maurice  Olivaint) 126 

Le  Réveil,  ^omédie  dramatique  en  trois  actes  et  en  vers  (Henri 

Guerlin) 126 

La    Passion    de    Notre-Seigneur    Jésus-Christ,    drame-mystère 

(l'abbé   Joseph  Oger) 505 

Les  Chrétiens  aux  lions  !  drame  (Jehan   Grech) 505 

La  Rose  de  Jérusalem,  mélodrame  (Caritas) 505 

Catelinette  et  Libellule,  opérette  dramatique  (Jehan   Grech) .  .  505 

Au  temps  de  la  gavotte,  opérette  (Ch.  Le  Roy-  Villars) 506 

Miss   Aéroplane,   comédie    (Jacques   d'Ars) 506 

Une  Altesse  en  sabots,  opérette  (Ch.  Le  Roy-  Villars) 506 

Une  dure  Leçon,  dialogue  comique  (J.  BréUvet) 506 

La  Femme  bavarde,  monologue  (J.  Brélivet) 506 

Ambition    (A.    Dcran) 506 

Romans,  contes  et  nauTel  les.     Isabelle    (André    Gide)....  14 

La  Mare  aux  gosses  (Jacques  des  Gâchons) 16 

Hugues    Capet    (Antoine   Bauniann) 16 

L'Homme  qui  a  perdu  son  moi  (André  Beaunier) 18 

La  Bague  d'opale   (René  de  Saint-Chéron) 19   W 

Duels    (Louis    Goiffon) 19 

Les   Insoupçonnés    (Henry   de   Forges) 19 

Une  Fille  de  rien   (Jules  Leroux) 19 

La  Route   de  l'Est    (Alexis  CalUes) 20 

Le  Papillon  noir  (Antoine  de  Lévis-Mirepoix) 20 

Nella,  jolie  fille  (Roger  Lalli) 20 

Les  Pauvres  d'amour  (Albert  Toumaire) 20 

L'Amour  dans  les  ruines  (Max  Deauville) 20 

Idées  fatales  (Emile  Dousset) 20 

Les  Impossibles  Amours  (P.    Vigne  d'Octon) 20 

La  Mère  et  l'enfant  (Charles- Louis  Philippe) 21 

La    Relique    (Paul   Hcuzé) 21 

Tibur    (Hubert   Pierquin) 21 

La  Rencontre  dans  le  carrefour  (Pierre- Jean  Jouve) 21 

Le   Nouveau   Docteur   (Jules   Pravieux) 21 

Le  Couple.  Essai  d'entente  (Aurel) 21 


—  555  -- 

Mirni-Musette   (Flambart  des  Bords) 21 

L'Obsession  (Moi  et  l'autre)   (Jules  Claretie) 22 

L'Envers   du   décor   (Paul  Bourget) 289 

Davidée   Birot    (René   Bazin) 290 

Ceux  qui  montent  (Léon  Daudet) 292 

La  Neige  sur  les  pas  (Henry  Bordeaux) 293 

Petite  Madame   (André  Lichtenberger) 295 

Une  Neurasthénique  (Adhéniar  de  Montgon) 295 

Feuilles  mortes    (A.   Le  Brun) 296 

Sœur    Anne    (Octave    Aubry) 296 

La    Maltournée    (T.    Combe) 296 

L'Élève  Gilles  (André  Lafon) 296 

Chasseurs  du  temps  passé  (le  marquis  Th.  de  Fondras) 296 

Contes   et   fantaisies    (Emile    Gebhart) 297 

La  Dame  à  l'oreille  de  velours  (Marie- Anne  de  Bovet) 22 

De  l'un  à  l'autre  amour  (Noëlle  Roger) 23 

L'Aube    (Henri    Ardel) 24 

La  Première  Blessure   (Marguerite  Lejeune) 25 

La   Double   Montée    (Benhem-Bontoux) 25 

Le  Seul   Amour    (Louis   Lefebvre) 25 

Le  Destin  nous  conduit  (Lucie  Gauthey) 25 

Un  Coin  du  voile  (Colette  Yvér) 297 

Imato    (Augusta   Coupey)    298 

L'Élévation,  histoire  d'une  femme  d'aujourd'hui  (M.-L.  Aimé- 
ras) 298 

La  Puissance  des  autres  (Marguerite  Comert) 299 

Féministes    (Ida-R.    Sée) 299 

L'Impossible  Aveu  (M^^  Pierre  de  Bouchaud)  [Cardeline] 300 

Figures  du  pays  (Hubert  Krains) 25 

L'Ardennaise  (Henri  Davignon) 25 

Frissons    de   vie    (Georges   Rency) 26 

Haute- Plaine    (Hubert   Stiemet) 26 

Sir  George  Tressady  (Mrs.  Humphry  Word)  ;  trad.  de  l'anglais 

par   /.    de    Mestrnl    Combremont 26 

Brugglesmith  (Rudyard  Kipling):  trad.  de  l'anglais  par  Albert 

Savine  et    Georges   Michel 27 

Terres  de  silence  (Edward  White);  trad.  de  l'anglais  par  J.-G. 

Delamain 27 

Barnabe  Rudge  (Charles  Dickens);  trad.  de  l'anglais  sous  la  di- 
rection de  P.  Lorain,  par  M.  Bonnomei 27 

La  Solitaire  (Mrs.  Henry  de  la  Posture)  :  trad.  de  l'anglais  par 

Heinecke 27 

Le  Fou  en  liberté  (J.  Storer  Clouston);  adapté  de  l'anglais  par 

Achille  Laurent  et  L.  Martin-Dupont 27 

L'Ile  au  poison  (A.-T.  Qwller-Couch);  adapté  de  l'anglais  par 

Jacques   des    Gâchons 27 

Le  Napoléon  (Alfred  Bock);   trad.   de  l'allemand  par /^a;/^nonrf 

Darsilles    27 

Village   de   femmes    (Clara    Viebig);    trad.    de  l'allemand   par 

Agnès   Lebeau 28 

Œuvres  complètes   (comte  Léon  Tolstoï).   T.    XXXVII.   Résur- 
rection. 2^  et  3«  parties;  trad.  du  russe  par  J.-W.  Bienstock.  28 


._  556  — 

Pages  choisies  de  Maria  Knopnicka.  Prométhée  et  Sisyphe,  etc; 

trad.  du  polonais  par  //.  G 2s 

Leila  (Fogazzaro)  ;  trad.  de  l'italien  par  G.  Hérelle 300 

Les  Enquêtes  du  prestigieux  Héwitt  (Arthur  Morrison);  adap- 
tation française  par  Albert  Savine  et  Georges  Michel.  . 301 

Nouvelles  Enquêtes  du  prestigieux  liéwitt  [le  même  ;  adapta- 
tion française  par  Albert  Savine 301 

Un  Mari  par  procuration  (Jack  Steele)  ;  trad.  de  l'anglais  par 

Robert    d'Agés 302 

La  Lumière  vient  de  l'Orient  (Lafcadio  Hearn)\  trad.  de  l'an- 
glais par  Marc  Log? 301! 

Raffles,  cambrioleur  pour  le  bon  motif  (E.-W.  Homung);  trad. 

de  l'anglais  par  Henri  Evie 302 

Boy  (el  P.  Luis  Coloma) 264 

Cuentos  y  fantasias  (Fr.  Manuel  Sancho) 265 

ouvrages  pour  la  jeunesse.  Les  Voleurs  de  foudre    (Paul 

d'Jvoi)  8 

Les  Aviateurs  des  Andes  (Marc  Janin) y 

Jehan,  le  meneur  de  loups  (Jean  Floryde) 10 

Maison    liantée     (Maryan) 496 

Pendant  la   Terreur    (L.  d'Ohemy) : 496 

La    Violoniste    (Marthe    Lachèse) 496 

Mémoires  d'un  prêtre  d'hier  (E.  Dessiaux) 497 

Les  Chemins  tortueux   (Paul  Mimande) 497 

Catherine    Aubier    (  Yvette    Prost) 497 

Les  Demoiselles  du  Noël-Fleuri   (Blanche  Legrand) 498 

Une    Dette    (O.    Lavalette) 498 

Le  Mystère  de  Rochebrune  ('M"»^  Chéron  de  la  Bruyère) 498 

Cousine  Sans-Gêne   (Roger  Dombre) 499 

Les  Neveux  de  tante  Delphine  (A.  de  Pitteurs) 499 

Les  plus  belles  Histoires  à  faire  lire  aux  enfants  (Maurice  Bou- 
cher)    499 

La  Princesse  Maritza  (Percy  J.  Brebner)  :  trad.  de  l'anglais  par 

Pierre    Nozan)     499 

Le  Galon  d'or  (Lucie  des  Ages) 500 

Double  Conquête   (Dupin  de  Saint- André) 500 

La  Colombe  de  Rudsay-Manor  (M .  Delly) 500 

Les    Aubépines    (Michel    Auvray) 500 

Latiniste    (Louis     Villarceau) 500 

Sur  le  sable   (Marie  Le  Miére) 501 

Feux    Follets    (Henry   Bister) 501 

Sans   lumière    (Jules    Pravieux) 501 

La  Fée  du  Val  André  (M.  de  Harcoët) 501 

Saint-Exupère-les-Châsses    (Frédéric   Plessis) 502 

Mes    Vacances    (Albert    Cim) 502 

Sur  les  têtes  blondes  (Georges  de  Lys) •  •  •  •  502 

Hommes  et  choses  du  vieux  temps  (Maurice  Maindron) 502 

Les  Compagaons  de  l'Alliance   (Jean   Gurtary) r., 508'  j 

La  Lune  rousse  (Chnmpol) 503 

Les  Contes  de  l'épée  (Henry  de  Brisay) 503 

La  Fille  du  boyard  (  Kircha  le  Zaporog)  (Paul  Yalb) 503 

Le  Bonheur  de  Simone  (Georges  Beaume) 503 


—  557  — 

La    Roclie-qiù-tiie    (Pierre    Maèl) 504 

L'Etoile-du-Pacifique    (Georges    Priée) 504 

Les  Deux  .Vnt'ii nette   (Ernest  Daudet) 504 

Lucie    (Gabrielle  d'Arvor)    504 

La  Revanche  du  passé  (L.  Oliviero) • 505 

Le  Château  de  la  vieillesse  (Guy  Chantepleure) 505 

Collier-d'Or  (Daniel   Laumonnier) 505 

Fille  de  preux    (Jean    Guétary) 505 

La  Demoiselle  blanche   (Charles   Fole'y) 505 

Le  Roman  de  l'ouvrière  (Charles  de  Vitis) 505 

Les  Conquérants  de  l'air  (Georges  de  Lys) ." .  .  505 

Le  Record  du  tour  du  monde  (Léon  Berthaut) 505 

Les  Livres  roses  pour  la  jeunesse 12 

Périodique»  illustrés.  Les  Veillées  des  chaumières 11 

La  P(uip6e  modèle.  Revue  des  petites  filles 11 

Albums.  Au  pays  des  Chansons  (G.  Montorgueil) 10 

Épistoliers-   Correspondance    de  Gérard  de  Nerval  (  800-1855), 

avec  une  Introduction  et  des  notes  par  Jules  Marsan 435 

Polygra plies-  Ilippflyte  de  la  IMorvonnais.  Œuvres  choisies.  Poé- 
sie et  iimse,  avec  des  notes  explicatives  (l'abbé  E.  Fleury)  .  .     147 

liittérature  gi-ecque  et  latSne.  Les  C:hefs-d'œuvre  de  la  lit- 
térature grecque  (Charles  Navarre  et  Albert  Valentin) 511 

Observations  sur  la  légende  primitive  d'iilysse  (Maurice  Croiset).  56 

La  Métrique  sacrée  des  Grecs  et  des  Romains  (E.  Cézard) 432 

Le  Distique  élégiaque  chez  Tibulle,  Sulpicia,  Lygdamus  (A.  Car- 

tanlt) 333 

liittérature  française.  Nouvel  Essai  sur  l'intensisme  en  poé- 
sie   (Charles   de   Saint-Cyr) 124 

Curiosités  bibliographiques  relatives  au  drame  chrétien  (Louis 
Duval) 219 

Rabelais  et  le  ThéÀtre   (Gustave  Cohen) 220 

L'Exotisme  américain  dans  la  littérature  irançaise  au  xvi^  siècle, 
d'après  Rabelais,   Ronsard,   Montaigne,   etc.    (Gilbert) 44 

L'Évolution  de  la  mise  en  scène  dans  le  théâtre  français  (le même)     220 

Gaultier-Garguille,  comédien  de  l'Hôtel  de  Bourgogne.  Notice 
d'après  des  documents  inédits  (Emile  Magne),  suivie  des  Chan- 
sons de  Gaultier-Garguille  et  de  la  Farce  de  Perrine 222 

De  Jodelle  à  Molière.  Tragédie,  comédie,  tragi-comédie  (Eugène 
Rigal) ?20 

Le  Cid  espagnol  et  le  Cid  français.  Essai  de  oritiijue  et  d'analyse 
littéraire    (Vabhé    G.    Bernard) 221 

Voltaire,  Montesquieu  et  Rousseau  en  Angleterre  (J.  Churton 
Collins)  ;  trad.  de  l'anglais  par  Pierre  Deseille 336 

Les  Confessions  de  J.-J.  Rousseau.  Extraits  suivis,  notice  et  anno- 
tations par  Henri  Legrand 266 

Le  Théâtre  et  la  Révolution.  Histoire  anecdo tique  des  spectacles, 
de  leurs  comédiens  et  de  leur  public  par  rapport  à  la  Révolu- 
tion française  (Ernest  Lunel) 222 

Paris  sous  Napoléon.  Le  Théâtre- Français  (L.  de  Lanzac  de  La- 

horie). 222 

Histoire  générale  du  théâtre  en  France.  V.  La  Comédie  de  la 


—  558  — 

Révolution  au  second  Empire  (Eugène   Lintilhac) 224 

Nouvelles  Études  sur  Chateaubriand.   Essai  d'histoire  morale 

et   littéraire    (Victor    Giraud) 337 

Le  Moyen  Age  dans  la  «  Légende  des  siècles  «  et  les  Sources  de 

Victor  Hiigo    (Paul  Berret) 231 

La  Philosophie  de  V.  Hugo  (1854-18591  et  deux  Mythes  de  la 

'<  Légende  des  siècles  »   (le  même) 234 

Hippoly  te  de  la  INIorvonnais,  sa  vie,  ses  œuvres,  ses  idées.  Étude 

sur  le  romantisme  en  Bretagne  (Vabbé  E.  Fleury) 146 

Étude  sur  les  Ballades  françaises  de  Paul  P'ort  (Louis  Mandin).  124 
Les  Matinées-Conférences  du  jeudi  à  l'Odéon.  \otice  historique 

et   bibliographique    (Roger    Semichon) 22S 

Sous  les  lauriers.  Éloges  académiques  (le  7*^  E.-M.  de  Vogué) .  .  59 
Les  Maîtres  de  l'Heure.  Essais  d'hist()ire  morale  contemporaine 

{  Victor     Giraud)  ;; 68 

liittératures  é^trangères-  Gescliichte  des  neuereu  Dramas 
(Wdhelm  Creizenach).  Erster  Band.  î\Iittelalter  und  Frtihre- 
naissance 217 

La  Psychologie  dramatique  du  mystère  de  la  Passion  à  Oberam- 
mergau    (Maurice   Blondel) 219 

La  Littérature  patriotique  en  Allemagne  (180C-1815i  (G.  Gro- 
maire) 234 

Le  Faust  de  Ciœthe.  Essai  de  criti([ue  impersoimelle  (Emcst 
Lichtenberger) 435 

On  the  History  of  the  Ballads  (liOO-1500)  (W.  P.  Ker) 166 

The  connexion  between  Ancient  and  Modem  Romancef  lt'.,/.Cou/'- 
thope) 361 

Geoffroy  Chaucer  (Les  Grands  Écrivains  étrargers  (Emile  Le- 
gouis) 235 

Regalo  de  boda  :  libreto  del  matrimonio  con  los  cantares  y  ré- 
frènes que  tiene  la  obra  (Fermin  Sacristàn) 338 

Dante  Magyarors  âgon  (Dante  en  Hongrie)   (Kaposi  Jôzsef)..     149 

L"" Influence  de  Giambattista  Marino  sur  la  littérature  française 

(Ch.-W.   Cabeen) 436 

Pouchkine    (Emile   Haïunant) 514 

Michel  louriévitch  Lermontov.  Sa  vie  et  ses  cei-vres  (E.  Du- 
chesne).* 237 

Le  Théâtre  à  Montréal.  Propos  d'un  Huron  canadien  (Marcel 
Henry) 226 

The  Harrowing  oî  Hell  (Karl   Young) 218 

A  Liturgical  play  of  Joseph  and  his  brethren  ( Kavl  Young)  ....     218 

mélangea.  Les  Porteurs  du  flambeau  (d'Homère  à  Victor  Hiigo) 

(AitgustirL    Cabat) 264 

De  Panurge  à  Sancho  Pança.  Mélanges  de  littérature  européenne. 

(Emile    Gebhart)     334 

Reliquiae    (Maurice    Faucon) 57 

Petits  Mémoires    (Emile    Gebhart) 335 

HISTOIRE 

Cïéograpliie  et  Voyages.  Atlas  universel  de  géographie  (Vivien 

de  Saint-Martin  et  Fr.  Schrader).  ?<"  50.  Arabie 312 


—  559  — 

Atlas  \iniversel  de  géograpliie  (Vivien  de  Saint-Martin  et  Fr. 
Schrader.    N*^   55.    Indo-Chine 312 

L'Année  cartographique.  Supplément  annuel  à  toutes  les  publi- 
cations de  géographie  et  de  cartographie,  dressé  et  rédigé  sous 
la   direction    de   Fr.    Schrader 31-3 

Le  Tour  du  monde.  Journal  des,voyages  et  des  voyageurs.  Année 
1911 ."..'... 5 

Atlas  pittoresque  de  la  France.  Recueil  de  vues  géographiques  et 
pittoresques  de  tous  les  départements.accompagnées  de  notices 
géographiques  et  de  légendes  explicatives  (Onésime  Reclus). 
T.    il     314 

Guides  artistiques  et  pittoresqxies  des  pavs  de  ?>ance.  La  Bas.se- 
N'irniandie  (L.  Dimier  et  R.    Gobillot) 315 

Dans  la  valiée  de  Colles.  Souvenirs  d'une  colonie  de  vacances  (A. 
Laropf.e)   316 

La  Belgique  illustrée   (Dumout-Wilden) 7 

Promenades  italiennes.  Palerme,  Syracuse,  Naples,  Ravenne,  Ca- 
pri,  Casteldelmonte,  Sabine  etOmbrie  (F.  Gregorovius)  ;  adapté 
de  l'allemand  par  M'^'^  Jean  Carrère 318 

Études  de  géographie  ph}  sique  sur  le  canton  de  Fribourg 317 

Voyage  dans  l'Eubée,  les  îles' Ioniennes  et  les  Cyclades  en  1841 

(Ale.randre  Buclon),  pul)lié  par  Jean  Longnon 320 

Jérusalem  hier  et  aujourd'hui.  Notes  de  voyage  (le  marquis  de  \  V,- 
giié) 321 

La  Tripolitaine  d'hier  et  de  demain  (H .-M.  de  Mathuisieulx).,     319 

Les  Royaumes   des  neiges   (États  himalayens)    (Charles-Eudes 
■       Bonin) 322 

Le  Laos  (Lucien  de  Reinach).^^^^)^  posthume,  revue  et  mise  à 

jour  par  P.  Chemin  Dupantes 323 

Mission  d'OlIone,  1906-1909.  Recherches  sit  les  musulmans  chi- 
nois (le  commandant  d'Ollone,  le  capitaine  de  Flcurclle.  le  capi- 
taine Lepagc,  le  lieutenant  de  Boyve  éti;d';S  de  A.Vissière.  notes 
de  E.  Blochet  et  de  divers  savants) 324 

Les  États-ljnîs  du  Mexique  (le  comte  Maurice  de  Périgny) .  .  .  .      325 

L'Assaut  du  pôle  sud  (Vabbé  Th.  Morruj) 326 

Histoire  aneieniae.  Gourbi  résumé  d'histoire  romaine,  rédigé 
d'après  le  programme  de  première  A,  à  l'usage  des  candidats 

au  baccalauréat,  l"""^  partie  (latin-grec)  (H.  Cabane) 265 

Tacite.  Traduction  nouvelle,  mise  au  courant  des  travaux  ré- 
cents de  la  philologie,  par  Z.  Loiseau.  T.  II 437 

Hommes  et  choses  de  l'ancienne  Rome  (R.  Pichon) 239 

Les  Légions  de  Varus.  Latins  et  Germains  a\i  siècle  d'Auguste 

(Ch.    Gailly   de   Taurines)    59 

La   Bretagne   romaine    (François   Sagot) 515 

Mizraïm.    Souvenirs   d'Egypte    (Godefroid   Kurth) 238 

Histoire  générale-  Les  Origines  de  la  civilisation  moderne  (Go- 
defroid Kurth) 439 

Histoire  partiale,  histoire  vraie  (Jean  Guiraud).  IL  Moyen  âge, 

Rcm'ssance.  Réforme 438 

Histoire  «le  TK^Iise.  Histoire  du  concile  du  Vatican  depuis  sa 
première  annonce  jusqu'à  sa  prorogation,  d'après  les  docu- 
ments   authentiques,    ouvrage    du    P.    Théodore    Granderath; 


—  560  - 

édité  par  le  P.  Conrad  Kirch,  et.  trad.  de  l'allemand  par  des 
religieux  de  lo  même.  Compagnie.  T.  II.  Seconde  partie.  La 
Constitution  «  de  Fide  Catholica  ».  L'Agitation  extra-conci- 
liaire      357 

Dictionnaire  d'histoire  et  de  géographie  ecclésiastiques,  publié 
sous  la  direction  de  Mgr  Alfred  Baudrillart,  Albert  Vogt  et 
Urbain  Rouziès.  Fasc.  111  et  IV 60 

Hngiographie.    Biographie    ecclésiastique.     Madame 

Sainctc  Aune  et  son  culte  au  moyen  âge  (Paul-V.  Chorland). 

T.    î ". 412 

Saint  Justin,  sa  vie  et  sa  doctrine  (Tabbc  A.  Béry) 26.5 

Saint  Benoît.  Sa  vie,  sa  règle,  sa  doctrine  spirituelle  (le  H.  P.  D. 

Bernard    Maréchaux) 41 7 

-.  Les  Saints  «.  Saint  Césaire  (470-543)  (Vabbé  M.  Chaillan) 417 

Sainte  Brigitte  de  Suède.  Sa  vie,  ses  révélations  et  son  œuvre  (la 

comtesse    de    Flavigny) 4l2 

Samt  François- Xavier  (A.  Brou) 413 

Un  Apôtre  du  pays  wallon  au  temps  de  la  Réforme.  Le  P.  Ber- 
nard Olivier,  S.  J.  (le  P.  Paul  Dehuchy) 413 

«  Les  Saints  ».  Saint  Charles  Borromée  (Léonce  Celier) 414 

Les  Martyrs  (le  R.  P.  Dom  H.  Leclercq).  T.  XI.  Lo  Révolution 

(1791-l'794)  .  . 414 

>i  Les  Saints  ».  La  Vénérable  Emilie  de  Rodât  (1787-18.52)  (Mgr 

J.-F.-Ernest    Ricard) 418   \ 

«  Les  Saints  «.La  Bienheureuse  Marguerite-Marie  (Mgr  Demimuid)     414 
La  Mère  Marceline  de  Chamerlat,  ">'■'  supérieure  générale  de  la 

Miséricorde  de  Billom  (1786-1867)   (le  P.  J.-B.  Couderc) 415 

Ames  chrétiennes,  l^e  Père  de  Valro,^er,  ses  frères,  ses  soeurs, 

d'après  leur  correspondance,  publié  par  Germaine  de  Valroger.     415 

Le  Cardinal  Vai  gaan  (Paul  Thureau-Dangin) 416 

Une  Ame  bénédictine.  Dom  Pie  de  Hemptinne,  moine  de  l'ab- 

hayo  de  Maredsous  (1880-1907) 416 

Histoire  du  moyen  âge.  A    Kôzépkor  szelleme  (L'Esprit  du 

moyen  âge)   (le  D^  A.   Kiss)    456 

Histoire  de  France.    Histoire  de  France    (Alfred    Baudrillart 

et  /.  Martin).  Cours  moyen  (certificat  d'études) 523 

Histoire  de  France,   depuis  les  origines  jusqu'à  la  Révolution 

(Ernest   Lavisse).    T.    IX 62 

Politique  de  l'histoire  de  France  {Fagus) 265 

Jeanne    d'Arc    (Gabriel   Hanotaux) 63 

Jeanne  d'Arc.  1429-1431.  L'Itinéraire  d'une  sainte.  Scènes  d'his- 
toire.  Notes  et  éclaircissements    (Evg.   Roupain) 443 

Jeanne  d'Arc  et  la  France  (Vabbé  Stéphen  Coubé) 65 

Jeanne  d'Arc,  sa  foi,  son  procès,  son  martyre  (Hélène  de  Léché).  66 

Vie  de  Jeanne  d'Arc  racontée  par  elle-même  (Léon  Le  Grand) .  .  66 
Les  Lettres  de  Jehanne  d'Arc  et  la  prétendue  abjuration   de 

Saint-Ouen   (le  comte  C.  de  Maleissye) 441 

Die  Falsche  Jungfrau  von  Orléans,  1436-57  (Hans  Prutz) '  442 

La  Fleur  des  histoires  françaises  (Gabriel  Hanotaux) 65 

La  Peste  de  1720  à  Marseille  et  en  France,  d'après  des  documents 

inédits  (Paul  Gaffarel  et  le  marquis  de  Duranty) 342 


-  561  — 

L'Histoire  de  France  racontée  à  tous,  publiée  sous  la  direction  de 
F.  Funck-Brentano.  La  Révolution  (Louis  Madelin) 343 

La  Grande  Peur  de  1789  (Edouard  Forestié)  245 

L'Assemblée  constituante.  Le  Philosophisme  révolutionnaire  en 
aclion    (Gustave    Gautherot) 159 

La  Conspiration  et  la  fin  de  Jean,  baron  de  Batz  (1793-1822)  (le 

baron    de    Batz) •  •  •      152 

Était-ce  Louis  XVII  évadé  du  Temple?  (J.  de  Saint-Léger).  Do- 
cuments inédits  tirés  des  archives  de  la  police  et  des  greffes 
judiciaires 346 

Recueil  des  actes  du  comité  de  salut  public  avec  la  Correspon- 
dance officielle  des  représentants  en  mission  et  le  Registre  du 
Conseil  exécutif  provisoire,  publié  par  F,-A.  Aulard.  T.  XX, 
12  mars  1795-14  avril  1795  (22  ventôse  an  III-22  germinal  an 
III) 344 

Recueil  des  actes  du  Directoire  exécutif.  (Procès- verbaux,  arrêtés, 
instructions,  lettres  et  actes  divers),  publiés  et  annotés  par 
A.  Dehidour.  Toniepr.  Du  j]  brumaire  au  30  ventôse  an  lY 
(2  noveraî)re  1795-20  mars  1796) 345 

La  Terreur  dans  l'Ouest.  Le  Conventionnel  J.-B.  Le  Carpentier 
(1759-1829), d'après  de  nouveaux  documents  (le  vicomte  de  Bra- 
chet)  ... 349 

Histoire  de  la  Révolution  dans  les  ports  de  guerre.  Toulon  (Oscar 
Havard) 347 

Journal  d'émigration  du  comte  d'Espinchal,  publié  d'après  les 
manuscrits   originaux  par  Ernest  d'Hauterive 350 

Journal  d'un  prêtre  lort-ain  pendant  la  Révolution  (1791-1799), 
publié    par    H.    Thédcnat .- .  ■  •      351 

Nouveaux  Récits  des  temps  révolutionnaires,  d'après  des  docu- 
ments médits   (Ernest  Daudet)    247 

Napoléon  et  l'Europe.  Austerlitz.  La  Fin  du  Saint-Empire  (1804- 

1806)    (Edouard  Driault) 250 

Napoléon  et  l'Europe.  La  Politique  extérieure  de  Napoléon  I®'', 
d'après  les  travaux  récents  (le  même) 251 

Itinéraire  général  de  Napoléon  I^''  (Albert  Schuermans) .....  .     253 

Napoléon  et  les  Invalides  (le  général  Niox) 253 

Les  Anglais  à  Paris,  1800-1850  (Roger  Boutet  de  Monvel) 255 

Histoire  religieuse.  L'Église  de  Paris  et  la  Révolution.  T.  IV 

(1799-1802)    (P.    Pisani) 67 

L'Opposition  religieuse  au  Concordat.  La  Petite  Église  de  Lyon 
(C.  Latreille) 354 

La  Séparation  de  l'Église  et  de  l'État.  Origines.  Étapes.  Bilan 

(J.    de   Narfon) 516 

Ce  qu'on  a  fait  de  l'Eglise 450 

Histoire  des  institutions,  des  mœurs  et  de  la  civili- 
sation- La  Vie  privée  au  temps  des  premiers  Capétiens 
(Alfred    Franklin) - 239 

Une  Province  sous  Louis  XIV.  L'Administration  des  intendants 
d'Orléans  de  1686  à  1713  (Charles  de  Beaucorps) 152 

Le  Roi  et  ses  ministres  pendant  les  trois  derniers  siècles  de  la 
Monarchie  (Paul  Viollet) 150 

Juin  1912.  T.  CXXIV.  36. 


—  562  — 

Les  l'hilusiiplios  ol  la  Société  l'rancîtise  au  xviii*^  siècle  ( M .  Rous- 

tan) 242 

Les  Impôts  directs  S(a:s  rancieii  régime,  principalement  ,ui  xviii^ 
siècle    (Marcel   Manon)    244 

l'n   Régime  ([ui  commence   (L.   Ricaud ) 352 

llisfoire  «liploniatique  et  inilifaire.  Correspondance  du 
comte  de  la  Forest,  ambassadeur  de  France  en  Espagne  (1808- 
1813),  publiée  pour  la  Société  d'histoire  cuntemporamo  par 
Geoffroy  de  Grandmaison.  T.  V.  (avril-décembre  18î  1  ) 254 

L'Ambassade  du  duc  Decazcs  en  Angleterre  (1820-182'])  (Er- 
nest   Daudet) 153 

Souvenirs  d'une  mission  à  Berlir,  en  18'i8  (Adolphe  de  Circourt).     355 

Les  Levées  départementales  dans  l'Allier  sous  la  Révolution(1791  - 
1796  (le  licul'^-col^^   Diilac).   T.  11 129 

Quatre  généraux  de  la  Révolution.  2<'  série.   Hoche  et,  Desaix. 

Kléber   et   Marceau    (Arthur   Chuquet) ....      129 

Histoire  de  la  guerre  de  Vendée  (le  chanoine  Deviau,  lJ<»n  Cha- 
niard  et  Vahhé  Vzureau).  T.  V  et  VI 248 

Zuricb.  Masséna  en  Suisse  (le  capitaine  L.  liennfqnin j 130 

Mémoires  du  capitaine  Bertrand  (Grande  Armée,  1805-1815), 
recueillis  et  publiés  par  le  colonel  Chaland  de  la  GuiUanche,  son 
pelit-fils 128 

Vn  Héros  de  la  Grande  Armée,  .lean  Gaspard  Hulot  de  Collart 

(1780-1854)  (le   vicomte   du    Motey) 128 

Guerres  d'Espagne.  Le  Prologue.  Expédition  du  Portugal  (1807), 

(le   licuV-col''^   L.  Picard) 130 

De  Munich  à  Vilna,  à  l'état-major  du  corps  bavarois  de  la  Grande 
Armée,  en  1812,  d'après  les  papiers  du  général  d'Albignac  (le 
lieut^-col^^    Sauzcy) 130 

Soldats  suisses  au  service  étranger.  A\  entures  de  guerre  du  capi- 
taine C.  Gattlen.  Vie  et  aventures  d'un  pauvre  homme  du  Tog- 
genboiirg  (U.  Braecker).  CoiTospondance  et  Journal  de  A. 
Massé 1  ;^1 

Les  Gardes  d'honneur  de  la  Marne,  1813  (François  Sagot) .  .  .  .     132; 

Lettres  de  1793,  l^^  série.  Lettres  de  181?.  1^'-  série.  Lettres  de 
1815,    1'''^    série    (ylnhur   Chuquet) 132 

1809.  Campagne  de  Pologne.  Vol.  1.  Documents  et  matériaux 
français  par  Wladyslaw  de   Fedorowicz 132 

La  Vie  militaire  du  maréchal  Ney,  duc  d'Elchingen,  prince  de 
la  Moskowa  (le  général  H.  Bonnal).  T.  II 133 

Grands  Artilleurs.  Le  Maréchal  Valée,  1773-1846  (Maurice  Gi- 
rod,   de  V Ain) 133 

Le  Maréchal  Pélissier,  duc  de  Malakoff  (le  général  Derrécagaix) .     134 

Voyage  d'histoire  militaire  de  Mgr  le  duc  d'Orléans  en  Bohême 

(août  igiOJ  (le  général  Bonnal) 135 

La  Guerre  de  1370-71  et  le  Traité  de  Francfort,  d'après  les  der- 
niers  documents    (le   général   Bourelly) 135 

La  Bataille  de  Frœschwiller.  Les  Préliminaires,  les  incertitudes, 
l'événement   (A.   de   Meiz-Noblat) 135 

Les  Surprises  de  Baalon   et  de  Steney   en   1870   (le  capitaine 

Leclère) r^h 


—  563  — 

L'Économie  dos  forcos  à  la  l)ataillo  df  I.i?<iiv  (Ir  coniniiindant 
Boui'guei) |:{,S 

Les  Grands  Espions.  Lfur  liistoire  ( Pnnl  et  Suzanne  Lanoir). 
T.    I     i;{8 

Histoire   marltinke  et  eoloniale.    Ia's  Brûlots   anglais   en 

rade  de  l'île  dWix  (  I809i  (J.  Sil<,-(strr) 2-^>2 

Documents  diplomatiiiues  pour  servir  à  l'étude  de  la  question 

marocaine   (E.  '  Hnuard  de  (\i.rd) 'i.7 

Situation  économique  du  Maroc,   1908-1909   (Ch.  René-Leclerc),  47 

Campagne  de  1908-1909  en  Chaouia  (le  géiural  d'Amade) 137 

L'Afrique  équatoriale   française    (Maurice   Rotidet-Saint) 'i9 

La  Pacification  de  la  Mauritanie  (le  colonel  Courcuul) 48 

L'Éducation  sociale  des  races  nitires  (P.  Rocrkel) 49 

HilStoife    iifnviïtciale  et    locale    I/Agonie   du   vieux    Paris 

(A.  cdlci) 5:i;! 

Essai  sur  les  (.rigines  l'L  la  fundation  du  duché  de  Nuniiandie 
(Henri  Prentoul) 339 

Archives  campanaires  de  Picardie  (Joseph  Beithelé).  ']'.  1 446 

ElsassischeVerfassungs-undVerwultungswunsche  im  18  Jahrhun- 
dert.  Les  Pieux  Désirs  d'un  Alsacien,  publié  par  Ernst 
Hauvillei    168 

La  Fin  d'un  régime.  Montbéliard,  Belfort  et  la  Haute-Alsace  au 
début  de  la  Révolution  française.  1789-1793  (Léon  Sahler) . .     246 

Les  Haulte  et  Basse  Forestz  de  Chinon,des  origines  au  xvi*^  siècle 

(Eugène  Pépin) 24  0 

Une  Période  électorale  à  Poitiers  en  1789  (H.  CouturierJ .  .....      167 

4||ueetion8  du  joui*.  La  Monarchie,   son    dmit.   sa  constitution, 

son  programme    (Louis   Pariset) 448 

Le  Procès  de  la  démocratie  (Georges  Guy-Grand) 448 

Vers  l'union.  Les  Sillons  et  l'Action  française.  Essai  de  conci- 
liation et  d'harmonie  (Joseph  Serre) 261 

A  travers  l'œuvre  de  M.  Maurras  (Pedro  iJescocqs) 261 

Les  Hommes  de  demain  (René  Bazin) 363 

Lettres  de  combat   (Ferdinand  Bruneticre) 521 

Combats  d'hier  et  d'aujourd'hui  (le  comte  Albert  de  Mun) 451 

Derrière  la  façade  allemande  (P.  D.) 524 

Histoire  étrinigère.  Louise    de  Prusse,  princesse  Antoine  Rad- 
ziH'ill.  Quarante-cinq  années  de  ma  vie  (1776  à  1815),  publié 

par  la  princesse  Radziwill,  née  Castellane 518 

La  Restauration  de  l'empire  allemand.  Le  Rôle  de  la  Bavière 
(A.  de  Ruville)  ;  trad.  de  l'allemand  par  Pierre  Albin,  avec  une 
Introduction  sur  les  papiers  de  Cercay  et  le  secret  des  corres- 
pondances diplomatiques  par  Joseph  Reinach 154 

I^es  Chrétientés  celtiques  (Dom  Louis   Gougaud)    149 

Les  Catnoliques  au  pouvoir.   L'Œuvre  sociale  de  l'État  belge 

(1884-1912)    (Georges    Goyau)     459 

El  Articule   II    de  la  Constituciôn    (R.   P.    Venancio   Maria  de 

Minteguiaga) 358 

Un  Crime  social.  L'Assassinat  de  François  Ferrer  (Léon  Legavre).  75 
Politique  musulmane  de  la  Hollande  (C.  Snouck  Hurgronje) .  .  43 
J  ubilés    d'Italie     (Henry    Corhin) 440 


—  564  — 

I/rtalit'  dans  quelques  publications  de  jésuites  français  (Ga- 
briel Maugam)   , i 67 

Naples  sous  Joseph  Bonaparte  (l,S0f)-I808)  (Jacques  Ramhaud).     352 

l.ettres  inédites  ou  éparses  de  Joseph  l>ona|)arte  à  Naples,  1806- 

•1808    (Jacques    liombaud)    352 

Histoire  de  l'Italie  moderne  (1750-1910)  (Piciro  Orsi):  trad.  de 
Henri  Bergmann 256 

Pensiero  e  azione  nel  Ivisorgimento  italiano.  Conferenze  tenute 
nel  Collegio  Romano.  Ronia,  1911 258 

Colonies  portrgaises.  Les  Organismes  politiques  indigènes  (A.-L. 

de    Alniada    Aegreiros) 42 

Lo  Domostroï  (Ménagier russe  du  xyi®  siècle).  Traduction  et  com- 
mentaire   par    E.    Duchesne 340 

Canons  pris  à  l'ennemi  dans  la  guerre  patriotique  (1812).  Oroudia 
otbilya  ou  népriatélia  v  otéchéstvennouiou  voïnou  (le  général- 
major    V.   A.   Pétroc) 445 

L'Armée  russe  au  feu  pendant  la  guerre  de  1904-1905  (le  lieu- 

tenin'  de  laridwehr  R'chardVllrich:    trad  par /?ffo?//  Marsollet).      136 

Maerre  russo-japonaise.  1904-Î905.  Historique  rédigé  à  l'état- 
major  général  russe;  trad.  sous  la  direction  du  2®  bureau  de 
i'état-majorde  l'armée  t/ançaise.  T.  II L  1'"''  et  2'"  parties. .  . .      136 

La  Guerre  avec  le  Japon.  Déclarations  nécessaires.  Réponse  à 
l'ouvrage  du  général  Kouropatkine  (le  comte  Witte)  ;  trad.  de 
E.  Duchesne 136 

Les  Turcs  ont  passé  là.  Recueil  de  documents,  dossiers,  rapports, 
requêtes,  protestations,  suppliques  et  enquêtes  établissant  la 
vérité  sur  les  massacres  d'Adana  en  1909  (Georges  Brézol) .  .     161 

Tseu-Hi,  impératrice  douairière  (la  Chine  de  1835  à  1909,  d'après 
les  papiers  d'État,  les  Mémoires  secrets,  les  Correspondances) 
(J.-O.  Bland  et  E.  Blackhouse) 7 

Les  Japonais  en  Mandchourie  (le  colonel  Cordonnier)    136 

Les  Questions  actuelles  de  politique  étrangère  dans  l'Amérique  du 
nord  (A.  Siegfried,  P.  de  Bousiers j  de  Périgny,  Firmin  Boz, 
A.  Tardieu) 45 

Vlaryland  undcr  the  Commonwealth  a  chronicle  of  the  years 
16+9-1658    (Bernard  C.   Steiner) 44 

Locumentos  inédites  para  la  historia  de  Mexico.  Ménioriasdel 
'oronel  Manuel  Maria  Giménez,  ayudante  de  campo  del  gênerai 
Santa  Anna  (1798-1878).  II.  La  Coopéracion  de  Mexico  en  la 
indepedencia  de  Centre  America  (el  gênerai  Vicente  Filisola). 
T.  I  et  II,  publicados  por  Genaro  Garcia ■  ■  ■      J37 

iSioffropIftie  IraMçaîse.   Bussy  d'Amboise  et  Madame  deMont- 

.«^oreau,  d'après  des  documents  inédits  (Léo  Mouton) 444 

Madame  de  Sévigné  (C.  Lecigne) 156 

Madame  de  la  Fayette  (C.  Lecigne) 156 

Mademoiselle  de  Montpensier  (C.  Lecigne) 156 

Un  Procureur  général  de  Cluny,  agent  secret  à  Rome  de  Philippe 

d'Orléans  (1 71 7-1718)  (Dom  Paul  Denis) 266 

Mademoiselle  de  Lespinasse  (M.- A.   Prat) 157 

Madame  de  Staël    (C.  Lecigne) 156 

•  -eorge  Sand    (C.   Lecigne) 1 56 

>rsot  et  ses  amis  (Félix  Hémon) 355 


—  565  — 

L'Ame  d'un  grand  catholique.  Esprit  do  lui  de  Louis  \euiliot,. 

journaliste  <?t  polémiste,  d'après  sa  correspondance.  L'Honime 

public    (G.    Cerceau) 158 

Eugénie  de  Guérin   (M.- A.   Prat) 1  , .     L57 

M.  l'abbé  Nicolas  C'  uturier,  organiste  de  la  cathédrale  de  Lan- 

gres  et  directeur  de  l'école  musicale  de  la  maîtrise  (1 840-101 1), 

notes  et  souvenirs  (L.  Noël  et  H.  Roussel) 4K) 

Souvenirs    (Ernest.    Lavisse) .     51'.) 

Madame  Octave  Feuillet  (M.  de   Vareilles-Sommières) .  ..  .  .  .':.      157 

Les  Derniers  Jours  de  Paul  Verlaine  (F.- A.  Cazals  et  Gustave Xe 

Bouge) .      158 

Ije  Cardinal  B.-M.  Langénieux,  archevêque  de  Reims,  sa  vie  et 

ses  œuvres  (le  chanoine  A.  Largent) 26(i 

Femmes  d'autrefois  et  Hommes  d'aujourd'hui  (le  comte  (VHaus- 

sonville) 341 

Ames  inconnues  (Jean  de  la  Brète) 168 

Petite  Histoire  d'une  âme  (André  Charry) .      458 

Biagraphie  étrangère.  Glausewitz    (le  colonel  Camon) 133 

Autobiographie  de  Henry   M.  Stanley,   publiée  par  sa  femme 

Dorothy  Stanley;  trad.  par  Georges  Feuilloy 46 

Archéologie,  llamoscrits. Pompon  iana  (Olbia).SanSalvadour. 

La  Pompeï  hyéroise  (le  colonel  de  Poitevin  de  Maureillan) .  .  .      362 

L'Emplacement    d'Olbia    (le   même) 362 

Sur  la  destinée  de  quelques  manuscrits  anciens.  Contribution  à 

l'histoire  de  Fabri  de  Peiresc   (Camille  Pitollet) 457 

Mélanges.  A    travers    trois    siècles.  Étides  d'oeuvres  et  propos  t~- ' 

d'historien    (Ernesl   Daudet)    ^ 343 

Études  d'histoire   (Arthur  Chuquet),   4«  série 517 

Mélanges  d'histoire  (ë.   Angoi) 517 

Souvenirs  d'un  vieil  Athénien  (Emile  Gebhart) 25Û 

Dom  Guéranger  et  Madame  Durand.  Souvenirs  monastiques 
d'après  la  correspondance  de  l'abbé  de  Solesmes  ^Ze  B.  P.  Dom 

Alphonse     Guépin) 457 

Quehpies  œuvres  et  quelques  ouvriers  (Etienne  Lamy) 447 

Lettres  à  mon  cousin  (Marins  Gonin)  [Bémy'\ 521 

Souvenirs,   impressions  et  réflexions  d'un  vieux  bonapartiste, 

extraits  des  Mémoires  inédits  d'un  paysan  (Arsène  Thévenot) .  168 

Bibliographie.  Bibiiothèci  laei».  Catalogue  raisonné  des  pre- 
mières impressions  de  Ma yence  (  1 445- 1 467  )  (Seymour  de  Bicci).       70 

Die  Bamberger  Pfisterdnicke  und  die  36z.eilige  Bibel  (Proj.   D^ 

Goltfried  Zedler) 71 

Gutenberg-Gesellschaft.  lO^r  Jahresbericht  erstattet  in  der  or- 
dentlichen  Mitglieder\  t'rsammlung  zu  Mainz  am  23.  Juni 
1911 ^•''> 

Bibliographie  française  (H.  Le  Soudier).  2^  série  paraissant  par 
périodes  quinquennales.  T.  H.  1905-r.)(i9.  H^  partie  :  A.-H. 
2e    partie    :    1-Z 358 

Bibliographie  du  temps  de  Napoléon,  comprenant  l'histoire  des 
États-Unis  (Frédéric- M.  Kircheisen).  IL  Première  partie.  Na- 
poléon et  sa  famille.  Mémoires,  correspondances,  biographies..     254 


—  566  — 

Bibliograpliie  napoléonienne  française  jnscju'en  19(t8  (Gustave 
Dai'oisJ.  T.   III   (N-Z) 254 

Les  Livres  qui  s'imposent.  Vie  chrétienne.  Me  sociale.  \'ie  civique. 

(Frédéric  Duval) 452 

A  Guide  to  Books  on  Ireland  (Stephen  J.  Broun) .  Part  1 454 

Library  of  Gongress.  American  and  English  Généalogies  in  the 
Library  of  Gongress.  Preliminary  Gatalogue  compiled  under  the 
direction  of  the  chief  the  Catalogue  Di\'is{o?i 162 

La  No  vêla  en  Chile.  Ensayo  bibliogrâfico  sobre  la  literatura  chi- 
lena  (edicion  del  centenario)  (L.  Ignacio  Silm) 362 

La  Bibliothèque  publique  de  Carcassonne  (Jean  Anùel) 162 


—  567  — 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 


DES    NOMS    D'AUTEURS 


Aiiiir.MAK  (R.  D'i 404 

\r.E^  (BOYER  d') 212 

Aces  (Lucie  des). 500 

Agés  ^Robert  d') o02 

Albin  (Pierre) 154 

ALLO  (Bernard^    395 

AlmAda  Negreiros  (a.  L.   de).  42 

AIMERAS  (M.  L.) 298 

Alonnes  (le  D'"  G.  Revault  d').  387 

Amade  lie  gai  d') 137 

Amado  (el  P.  Ramôn  Ruiz).     145,  456 

Amiel  (Jean)    162 

Angot  (E.)    517 

Arcangues  (Pierre  d')   113 

Archambault  (Paul) 397 

Ardel  (Henri) 24 

Armand-Delille   (le  D''  P. -F.).  309 

Arnauné  (Aiig.)     28 

Arnoux  (Gabriel)    407 

Ars  (Jacques  d*) 506 

Arvor  {Gabrielle  d'i  504 

Astrom  (Adolf)    487 

Aubert  (PauI-liOi-'is) 113 

AuBRY  (Octave)     296 

Augier-  (Charles)   29 

AULARD   (F.-A.)    344 

Aurel 21 

AuvRAY  (Michel) 500 

Balédent  (le  cap"®  A.) 140 

Ballore  (le  C*^  DE  Montessus 

de) 313 

Balmès  (Jacques)    108 

Bannwart  (Cl.)    227 

Barbarin  (Paul) .• 406 

Barbier  (Arguste) 110 

Barrés  (Maurice)    111 

Bary  (A.  de)    122 


Batz  (le  baron  de) 152 

Baudot  (l'abbé  Prosper)   ......  107 

Baudrillart   (Mgr  Alfred).     60,  523 

Baumann   (Antoine)    16 

Baunard  (Mgr)    423 

Bazin  (René)  290,  36:: 

Beauchet  (L.) 487 

Beaucorps  (Charles  de)    152 

Beaume  (Georges)   503 

Beauniek  (André)  18 

Belot  (E.)    ■  430 

Benoit  (François)   207 

Bergmann  (Henri) 256 

Bernard  (l'abbé  G.)   221 

Berret  (Paul) 231,  234 

Berthaut   (Léon)    505 

Berthelé  (Joseph) 446 

Berthem-Bontoux i5 

Bertrand  (le  capitaine) 128 

BÉRY  (l'abbé  A.) 265 

Besnard  (Paul)   112 

BÉZARD  (J.) 512 

BlENSTOCK  (J.-W.) 28 

BiSTER  (Henry) 501 

Blackhouse  (E.) 7 

Blanchon  (H.-L.   a.)    ....     329,  429 

Bland  (J.-O.)   7 

Blochet  (E.) 324 

Blondel  (Maurice) 219 

Blum  (André)   210 

Bock  (Alfred)   27 

Bogelot(P.)     228 

Boisfleury  (Robert  de)   139 

BoNiN  (Charles- Eudes)   322 

Bonjean  (Georges) 310 

BoNJEAN  (Louis) 310 

Bonnal  (le  général  H.).     133,  135,  138 

Bonnet  (l'abbé  Joseph) 122 


_  fses 


BONNOMET    (M.^     27 

Bord  (Gustave)   22y 

Bordeaux  (Henry) 29o 

Bords  (Flambart  des) 21 

Bossu  ET 108 

BoucHAUD  (M™^  Pierre  de)  ....  :^00 

Bouchor  (Maurice) 49y 

BouDET  (Lucien) 119 

BouRCEAu  (E.-P.)   ;i26 

BouRELLY  (le  général)   18ô 

BouRGET  (Paul)  289 

BouRGUET  (le  corn*)   i:>8 

BouTET  de  MoNVEL  (Roger)....  255 

BovET   (Marie-Anne   de)    22 

Bo-YER  (Jacques) 119 

BOYER  d'Agen 212 

BoYVE  (le  lient»  de)   324 

Brachet  (le  vicomte  de)  :^49 

Braecker  iU.) 131 

Braibant  (Marcel) 40 

Brebner  (Percy  J.) 499 

Bréhvet  (J.)  5U6 

Brézol  (Georges) 161 

Brisay  (Henry  de) 503 

Brisson  (le  D')   332 

Brochard  1  V.) 395 

Brou  (A.) 413 

Brown  (Stephen  J.)   454 

Bruneau  (le  g«'  ) 139 

Brunetière  (Ferdinand)   521 

BucLON  (Alexandre)   320 

Budry  (Paul)  îi'5 

Cabane  (H.) 265 

Cabanes  (le  D'')  303 

Cabat  (Augustin)    264 

Cabeen  (Ch.-W.) 436 

Caillât  (Ch.)   74 

Gaillet  (  Albert-L.) 307 

Callet  (A.) 523 

Callies  (Alexis) 20 

Camman  (P.) 75 

Camon  (le  cclei)   133 

Capelle  ( Louis) 208 

Card  (E.  Rouard  de)   47 

Cardeline    300 

Caritas 505 

Carpentier  (Paul) 487 

Carrère  (M™«  Jean) 318 

Cartault  (A.) 333 

Carvallo  (E.) 404 

Casanovas  (el  R.  P.  Ignacio)..  361 

Castillon  (Jules)  493 


34. 


Cathrein  (le  P.  \i(tor). . 
Cazalès  (l'abbé  de!   .... 

C.\ZALS(F.-A.) 

Celier  (Léonce)  . 
Cerceau  (G.)    .  . 

C.ÉZARD  (E.) 

Chaboseau  (A.i 

Chabot  (J.-B.i 

Chaillan  (l'abbé  M.) 

Chaland  de  la  Guu.lanchk  (le 

colonel) 

t.HAMAKD  (Doni) 

Champagny   (le  C'inte  de)    .... 

Chasipol 

CHA^CEREL  (Lucien)    5'i. 

Chantayoine  (Henri) 

Chantepleire  (Guy) 

Charla.nd  (Paul  V.)   

Charles-Brun  (J.' 

Charry  (André) 

Che.min-Uupontès  (P.) 

Chenu  (G.) 

Chérel  (Albert) 

Chéron  de  la  Bruyère  (M™^). 

Chinard  (Gilberti   

Chollet  (Mgr  J.-A.)  

Chuquet   Arthur)  .    .       129,  132, 

CiM  (Albert) 

Circourt   (Adolphf   dr)    

Claretie  (Julesi 

Claudel  'Paull  

Clerc  (Alice)    

Clére  (J.-F.-C.) 

Clouston  (J.  Storer) 

CocHiN  (Henry)   '. . . 

Cohen  (Gustave) 

CoLLiGNv  (le  lieut»-i;ol«^  Thomas 

DE) 

CoLLiNS  ( J.  Churtun) 

CoLOMA  (el  P.  Luis)   ". . 

Combe  (T.)    

Comert  (MaKïuerite^  

COK  (Raphaël! 

Cordonnier  (le  colonel)   

CORVISY  (A.) ■ 

Coste  (  Pierre) 

Coubé  (l'abbé  Stéphen) 

Couderc  (le  P.  J.-B.)   

CouiLLAULT  (Camille) 

Coupe'y  (Augusta) 

Courthope  (W.  J.) 

Courtois  (Gaston)     

CouTURAT  (Louis  


490 
102 
158 
414 
158 
432 
510 
201 
417 

128 
248 
100 
503 
140 
425 
505 
412 
50f> 
458 
323 
401 
195 
498 

44 
103 
517 
502 
35.") 

22 
125 
121 
214 

27 
440 
220 

141 
336 
264 
296 
299 
398 
136 
400 
360 
65 
415 
434 
298 
361 
485 
16£ 


—  569  — 


Couture  (Léonce)  . .  '>i>l 

Couturier  (Claude)  110 

COUTLRIER   (H.)    .  .  .  167 

Creizenach  (Wilhelrri'    217 

Crkmer  (le  (général)    142 

Cremer  (Th.)   iys 

CaivoN  (A.) -.'28 

Cristiam  (l'abbô  L.  ;{89 

(Jroiset  (Maurice'  56 

CvoN  (Élie  de) 508 

Daguin  (Fernandi 487 

Daguirre   (L-B.)    424 

Danjo.n  (Daniel) 489 

Dard   (l'abbé  A.)    102 

DARsiLEs(Ilayraond) 27 

Daudet  (Ernest).     153,  247,  343,  504 

Daudet  (Léon)    292 

David  (Alexandrai  .  327 

David  (Maxime) 389 

Davigno.\  (  Henri)  25 

Davois  (Gustave)    254 

Deauville  (Max)    20 

Debidour  {A.} 345 

Debize  (l'abbé  E.; 101 

Debreyne  (l'abbé  Jules;   99 

Debuchy  (le  P.  Paul)   413 

Delamain   (J.-G.)    27 

Dei.ambhe  (J.-B.-J.     409 

Delassus  (Mgri  3S 

Delbos(V.) 395 

Delly  (M.)  500 

Demartial  (G.)   523 

Demimuid  (Mgr) 414 

Demau   (le  (hanoine)    248 

Denis  (Dom  Paul) 266 

Denzinger  (H.)   227 

Deran  (A.)   506 

Dérieux  (Henrvi    110 

Derrécagaix   (le  générait    ....  134 

Descoqs  (Pedro) 261 

Deseille  (Pierre)    336 

Deslandres  (Maurice)  35 

Desprez  (  Henri) 423 

Dessiaux  (E.) 497 

Dickens  (Charles)  27 

Didier  (Jean) 396 

DiMiER  (Louis) 210,  211,  315 

DoMBRE  (Roger) 499 

DOROLLE  (M.)   143 

DosFEL  (Louis)    487 

DouADiCQ  (l'abbé  Ll    101 

Dousset  (Émilel                20 


Driault  (p]d<»iiardi  .     250,  251 

Dubois   (le  coloneli    141 

DucHESNE    (E.l    136;    237,  340 

DucLOux  (A.) . .  523 

DuFOUR  (Philippe)  ..                 ..  12 

DuLAc  (le  lieut'-colei 129 

Dumont-Wilden 7 

DuPiN  de  Sai.nt-André:    500 

DuPOUY  (le  D''  Koger) 305 

Duranty   (le  marquis  de)    ....  342 

DuvAL   (Frédéric)                  45? 

DuvAL  (Louis) 219 

EBBiNGHAus(Herman)i              . .  387 

Eberharter  (D""  A.)                   .  .  196 

Émile-Bayard ...  208 

EspiNCHAL  (le  comte  d' :   350 

Eucken  (Rudolf) 388 

EviE  (Henri) 3(t2 

Fabre  (Augustin)    429 

Faguet  (Emile) 394,514 

Fagus ...  20') 

Faucon  (Maurice)   ...          57 

Fedorowicz  (\Madysla\v  de)  ....  132 

Fernandez  (P.  Bénigne)   105 

Ferreres    (el    H.    P.    Juan   B.)  422 

Feuili.ov   (Georgesi    46 

FiDAO-JuSTINIANI  (J.-E.) 397 

FiLisoLA   (el  gênerai   Vicente)..  137 

FiLLiON   (L.-Cl.)    202 

Fl-AMBART  DES  B0RD« il 

Flavigny  (la  comt«**<  de) 412 

Fleurelle  (le  cap»®  de)  324 

Fleurent  (Emile) 310 

Fleury 195 

Fleury   (l'abbé  E.).               146,  147 

Floryde  (Jeani  ....               ...  lu 

FociLLON   (Henrii                     ...  210 

FOGAZZARO .  .  300 

P'orsiL  (Louis) 116 

FoLEY  (Charles) 505 

Fonsegrive  (Ge'>i^e'  .              ...  398 

FoNTAi.NE  (l'abbé  J.                    ..  37 

FoRESTiÉ  (Edouard)  24"» 

Forges  'Henry  de) ly 

Fort   (Paul)    ' 123,  1?4 

P'oudras   (le  marquis   Th.   de).  296 

FouRMER  (Lucien) 4iO 

Franklin  (Alfred)    239 

Frassinetti  (José) 165 

Fréchet  (M.)   •  403 

Funck-Brentano  (F.  '   343 


—  570  — 


Gâchons  (Jacques  des)    ....     16,  27 

Gaffarel  (Paul) 342 

Gailly    de    Taurines   (Ch.)    . .  59 

Gallo  (Charles)   125 

Garcia  (Genaro) 137 

Gascouin   (le  comt)    141 

Gasquet   (Joacliim)    118 

Gastou  ('e  D''  Paul)  309 

Gattlen   (le  cap"*  G.) 131 

Gautherot  (Gusta\e)   ....     159,  433 

Gauthey  (Lucie) 25 

Gauthier  (D.i 401 

Gauthier  (Joseph) 208 

Gautier  (le  com*  D.)    407 

Gebhart  (Emile).     259,  297,  334,  335 

Geoffroy   de  Grandmaison    .  .  254 

Georgin  (Charles)   492 

GÉRARD  (le  prof.  E.)   309 

GiBAULT  (Georges)  146 

Gide  (André)   14 

GlELLY  (L.)   210 

Ctiménez  (Manuel  Maria)   137 

GiMES  (J.)    430 

Girard  (le  chanoine) 108 

GiRAUD  (Victor)  68,  337 

GiROD,  DE  l'Ain  (Maurice)   ....  133 

GOBILLOT  (R.) 315 

GoiFFON  (Louis) 19 

GoNiN   (Marius)   [Rf.my]    521 

GouGAUD  (Dom  Louis) 149 

GouLÉ  (Paul)   487 

GouRAUD    lie  colonel)    48 

GoYAu  'Georges) 459 

Graffigny   (H    de)    410 

Granderath    ;le   P.    Théodore).  357 

Grandgeorge  (Gaston) 215 

Grandmaison 'de  D''  F.   de)    ..  308 

Grandmaison  (Geoffroy  de)..  254 

Grech   (Jehan)   503,  505 

Gregoroyius  (F.) ol8 

Grignon  (A.) 75 

Geomaire  (G.j 234 

GscHwiND  (Df  Karl)  204 

GuÉpiN  (le  R.  P.  Dom  Alphonse).  457 

Guerlin  (Henri) 126 

GuÉTARY    (Jean) 503,  505 

GuiLLAiN  (M"e  A.) 390 

GuiLLARD  (Camille) 487 

GuiLLOT  (Léon)   111 

GuiRAUD  (Jean)   .-. .  438 

Guy-Grand  (Georges) 448 

GuYOT  (Charles) 52 

GuYOT  (Yvres)  33 


Haking  (le  brigadier  général  R. 

C.B.) 141 

Halfants  (l'abbé  Paul) 360 

Hallays  (André) 214 

Halsted   (George  Bruce) 406 

Hambro    (Edwa.'d) 487 

Hanotaux  (Gabriel) 63,  65 

Harcoët   (M.  de) 501 

Hartenbepg   (le  D'  Paul) 309 

Haumant  (Emile)   514 

Haussonville   (le   C"^   d')    ....  341 

Haussonville  (la  comtesse  d').  144 

Hauterive  (Ernest  d') 350 

Hauviller  (Ernst) 168 

Havard  (Oscar)   347 

Hayem  (le  lient*)    142 

Hearn  (Lafcàdio)    302 

Heinecke 27 

Hekmeyer  (Fr.  Cornelis) 487 

Hello  (Ernest)    263 

Hémon  (Félix) 355 

HÉNARD   (Robert)    209 

Hennequin    (le  capitaine   L.)..  130 

Henry  (Marcel)   226 

HÉRELLE  (G.)    300 

Hervâs  (José  Pérez) 165 

Heuzé  (Paul)   21 

Heywood    (H.B.)    403 

Hoon(H.  de) 487 

Hornung  (E.-W.)   302 

Hubert  (Lucien)   30 

Huet  (René-Paul)  213 

Hugon  (Henri) 389 

Hullet  (Marie-Anne) 388 

Hulst  (H.  d') 142 

Hume  (David) 389 

HuRGRONJE  (C.  Snouck) 43 

Hurtaud    (F.   J.)    228 

Huszâr(E.) 455 

Invadikij(A.  V.) 487 

Ivoi  (Paul  d') 8 

IzouARD   (F.)    228 

Jacquot  (a.)    54 

Janin  (Marc)    9 

Janot  (Paul)    124 

Jean  (O.) 35 

Jean  (René) 208 

Jouve  (Pierre-Jean)    21 

Kallenberg  (Ernst) 487 

Kaposi  (Jôzsef)    149 


—  571  - 


Kaulen  (D"^  F.i  193 

Kereven   (E.   V'esco   de) 425 

KiNON  (Victor) 124 

Kipling  (RudvMO-d) 27 

KiRCH  (le  P.  Conrad) 357 

Kircheisen  (Frédéric-M.) 254 

KiRWAN  (Ch.  de) 196 

Kiss  (le  !)»•  A.)    45G 

Klibanski  (H.-O.) 487 

KoNOPNiCK,A  (Maria)   28 

KosKOwsKi  (B.;   31 

Krains  (  Hubert) 25 

KuRTH   (Godefroid)    238,  439 

La  Barre   (A.   de) 421 

Laberthonnière  (L.) 393 

Laborie  (L.  de  Lanzac  de)  ....  221: 

Labounoux  (P.'   74 

La  Brète  fjean  de) 168 

La  Bruyère  (M"^^  Chéron  de).  498 

Lachèse  (Marthe)   496 

Lafon  (André) 296 

La  Forest  (le  comte  de)    ....  ?54 

Lagrange   (le  D'  F.)    308 

La  Grasserie  (Raoul  de).     483,  491 
La  Guillanche  (le  colonel  Cha- 
land de) 128 

Lahovary  (Léon)    120 

Lalesgo  (Trajan- 403 

Lalli  (Roger)    20 

Lalubin  (le  colonel)   141 

Lambert  (le  R.  P.  J.-B.) 99 

Lamennais  (l'abbé  de)  108 

Lamy  (Etienne)    447 

Landry  (Eugeniu) 38 

Langgard  Menezes  (Fîodrigo  Oc- 

tawo  de) 487 

Lanoir  (Paul)  138 

Lanoir  (Suzanne)   138 

Lanzac  de  Laborie  (L.  de)    ..  222 

La  Pasture  (Mrs.  Henry  de)..  27 

Lapeyre  (Tabbé  G  )   ol 

Large  NT  de  chanoine  A.)    ....  260 

Laroppe  (a.)    HIC, 

Latreille    (C.)    -^54 

Laumonnier   (Daniel)    505 

Laurent  (Achille)  27 

Lavalette  (O.)    498 

Lavisse  (Ernest) 62,  519 

Lavrand  (le  D^^  h.)   307 

Le  Bachelet  (ie  R.  P.  Xavier- 
Marie) 198 

Lebeau  (Agnès    28 


Le  Brun  (A.)   296 

LÉCHÉ  (Hélène  de) 66 

Lecigne(C.) 156 

Leclercq  (le  R.  P.  Dom  H.)..  414 

Leclère  lie  capitaine)   135 

Lefebvre  (Louis)    25 

Legavre  (Léon) 75 

Legouis  (Emile) 235 

Legrain  (Léon) 205 

Legrand    (Blanche)    498 

Legrand  (Georges) 100 

Legrand  (Henri) 266 

Le  Grand  (Léon) 66 

Lehmkuhl  (Augustin)    418 

Leicht  (Alfred)    388 

Lejeune  (Marguerite) 25 

LE.IEUNE  (P.)    106 

Le  Mière  (Marie) 501 

Lemoine   (le  prof.   G.)    309 

LÉMONON  (Ernest)  216 

LÉON  (le  Frère) 105 

LÉONARD  de  Vinci 212 

Lepace  (le  capn®)    324 

Le  Rouge  (Gustave) 158 

Leroux  (Jules)    19 

Le  Roy-Villars  (Ch.)   506 

Lescœur    (Ch.)    . . .- 493 

Le   Soudier   (H.)    358 

Lestrange  (Robert)   117 

Lestringuez  (Pierre) 112 

Lévis-Mirepoix  (Antoine  de)  .  .  20 

LÉVY  (Louis-Germain)    395 

L'Hôpital  (Joseph) 215 

Lichtenberger  (André)    295 

Lichtenberger  (Ernest)   435 

Linarès  (le  cap") 140 

LiNTELo  (le  R.  p.)  106 

LiNTiLHAC  (Eugène)    224 

Liszt  (D''  Franz  von) 490 

LivELY  (Jean) lli 

Lobstein  (René) 490 

Logé  (Marc) 302 

Loir  (le  cap  ^^) 140 

LoisEAu  (L.) 437 

LoNGNON  (Jean)  320 

LORAIN  (P.)   27 

Louis  (Paul) 39 

Louise  de  Prusse,  princesse  An- 
toine Radziwill 518 

Lunel  (Ernest)    222 

Lyon-Caen  (Charles) 487 

Lys  (Georges  de) 502,  505 


—  572  ~ 


Macé  (Alcide)   ' 511 

Mackenzie  (D""  William)   :î86 

Madelin  (Louis) ;^43 

Maël  (Pierre)  504 

Magne  (Emile) 222 

Magnin    (le  D'   Ant.)    427 

Maindron  (Maurice)  502 

Maire  (Albert) 409 

Maire  (M.)   :i86 

Maleissye  (le  comte  C.  de)    . .  441 

Malinjoud  (el  abate  Ch.)    ....  103 

Mallieux  (P.) 487 

Mandin  (Louis)    124 

Mangenot  (l'abbé)  .      r>] 

Manoël-Saumane  (R.   de)    ....  117 

Marceron  (André)  . :591 

March  (I  ucien)   408 

Maréchaux  (le  R.  P.  D.  Bernard)  417 

Marion  (Marcel) '/44 

MARSA^    (Jules) 435 

Marsay  (le  V*"  E.  de)    197 

Marsollet  (Raoul)     136 

Martial  (M"ie  Lydie)   486 

Martin  (J.) 396.  523 

Martin  (Mar!.,'ue;ite)  485 

Martin  (\\  .) 211 

Martin-Uupont  (L.) 27 

Martin-Valdour 125 

Marvaud  (Angel)   29,  36 

Mary  (André) 112 

Maryan 496 

Massé   (A.)    131 

Mathuisieulx   (IJ.-M.    dei    ....  319 

Maugain  (Gabriel)  167 

Maureillan  (le  colonel  de  Poi- 
tevin de) 362 

Maurel  (André) 216 

Maurtac  (François) 111 

Merlet  (J.-F.-  Louis) 113 

Mestral   Combremont   (J.    de).  26 

Metz-Noblat  (A.  de) 135 

Meyer  (le  chanoine  Wilhelm)..  101 

Meyerson  (Emile) 387 

Michel  (André)   207 

Michel  (Georges) 27,  301 

Mimand  b  (Paul) 497 

Minteguiaga  (el  R.  P.   Venancio 

Maria  de) 358 

Montessus  de  Ballore  (le  comte 

de) .' 313 

Montet  (E.) 194 

Montgon  (Adhémar  de) 295 

Montorgueil  (G.)  10 


Monvel  (Roger  Boltet  de)    ..  ^5 

MÔNY  (Adolphe) 'i25 

Morel  (L.-A.) 110 

MoREux   (l'abbé   Th 263,  326 

MoRRisoN  (Arthur) . 301 

Motey   (le  vicomte  du) 128 

MouLARD  (Anatole) '. 420 

Mouton  (Léo) 444 

MuN  (le  comte  Albert  de)   ....  451 

MusTo  (Rafïaele) 36 

Nansouty  (Max  de)  .... .......  8 

Narfon  (J.  de)   :■......  516 

Navarre  (Charles) 511 

Nernst  (W.) 400 

Nerval  (Gérard  de)   435 

Neumann  (B.) 401 

Nicolaï  (Antoine)   115 

NicoLAY  (Fernand) -.  .....  329 

Nicollet  (F.-N.) 124 

NiESSEL  (le  com*) 141 

Niox   (le  général)    253 

Niquet(A.) 523 

NoËL(Abel) .~ 74 

Noël(L.) 416 

Novicow  (J.) 391 

NozAN  I  pierre) 499 

Oberny  (L.  d') 496 

Oger  (Tabbé  Joseph) 505 

Olivaint  'Maurice) 126 

Olivaint   (le  R.   P.   Pierre) 105 

Oliver  (Miguel  S.)  .  .  .    .■ 263 

Olivier  (Bernard)   105 

Oliviero  (L.) 505 

Ollone   (le  com*   d'i... 324 

Oi.phe-Galliard  (G 39 

OuDiONi   (le  comt  J.-A.]'. .      139,  311 

Orsi  (Pietro)    • 256 

OSTWALD  (W.) 143 

Otto  (Emile)    .•.  :. 56 

Pariset  (Louis)   448 

Payen  (Juseph)   ;..,....  30 

Pearson  (Karl)   ....',..  408 

PÉLADAN 212 

Pellet(M.) 401 

Pelsemacker  (F.  de 487 

PÉPIN  (Eugène) 240 

Per  (W.  P.) 166 

Pergamainte(0.  Ja.).  .  .  ; 487 

Périgny     (le     comte     Maurice 

de) ;.     45.  325 


:>73  — 


l'ERRAUDEAu  (le  1)''  Henri)   ....  303 

Perrin  (l'abbé  Élie)   516 

Petel  (Henri) 228 

Petit  (Marcel) 228 

Petiteau  (l'abbé  René) 98 

PÉTRov    (le    générâl-major.     V, 

A.) 445 

PHILIPPE  (Charies-L<»uis)    21 

Philippi  (Julio^    487 

Phily 228 

Fiat  (C.)    389 

Picard  (le  lieut'-colei  L.) 130 

Picard  (Maurice 484 

PiCHON  (R.) 239 

Pie  (le  cardinal)  360 

PiERQuiN  (Hubert) 21 

PiERRET  (Emile/ 125 

PiGNOT   (Emile)    117 

PiMODAN  (Gabriel  de) 115 

PiSANI  (P.)    67 

PiTOLLET  (Camille) 457 

PiTTEURs  (A.  de) 499 

Plémeur  (Jean)  115 

Plessis  (Frédéric)   502 

PoiNCARÉ(H.) 402 

Poitevin  de  Maureillan  (le  co- 
lonel de) 362 

Portal  (E.) 122 

Post  (J.)   401 

Pottier   ^A.)    488 

Pradel  (Arturo  Fernando)   ....  487 

pRAT  (M.  A.) 157 

Pravieux  (Jules;  21,  501 

Prentout  (Henri)   339 

Price  (Georges)   504 

Profit  (M.) 34 

Prost  (Yvette)    497 

Prudhomme  (Henri)   487 

Prutz  (Hans)    442 

Quentin-Bauchart  (Maurice)  . .  20':) 

Quiller-Couch  (A.  t.) 27 

Quinones  (Ubaldo  Romero)    . .  165 

Rabaud  (Etienne)   330 

Racine 122 

Radziw^ill  (Louise  de  Prusse, 

princesse  Antoine) 518 

Radziwill,  née  Castellane  (la 

princesse) 518 

Rambaud   (Jacques)   352 

Raphaël  (G.)   387 


Rauh  (F.) 39:^ 

RÉBOuis  (A.-G.) 75 

Reclus  (Onésime)   314 

Reinach  (Joseph)    154 

Reikach  (Lucien  de) 323 

Reiners  (Dr.  Jos.) 361 

RÉMOND  (D''  A.) 304 

RÉMY  [Marins  Gonin] 521 

Renault  (J.-F.) 386 

Rency  (Georges) 26 

René-Leclerc  (Ch.)   47 

Revault     d'Alonnes     (le     D^ 

G.) 387 

RiBO  et  Balbuena  (A.  M.) 386 

Ricard  (Mgr  J.-F.  Ernest)   418 

Ricaud  (L.) 352 

Ivicci  (Seymour  de) 70 

Richard  (Marins)    32 

RiGAL  (Eugène)   220 

Robertson  (A.  t.) 194 

Roberty  (Eugène  de)    387 

ROECKEL   (P.)     49 

Roger  (Noëlle)    23 

RoGuiN  (Ernest) 482 

Rondet-Saint  (Maurice)   49 

Rosenthal  (Léon) ill 

RouANET  (Léo)    213 

Rouard  de  Gard  (E.)   47 

RouGER  (Henri)   119 

RouPAiN  (Eug.)    443 

Rousiers  (p.  de)    45 

Rous.seau  (J.-J.) 266 

Roussel  (Alfred) 143 

Roussel  (R.)    416 

Roustan  (M.)   i?42 

Rouziès  (Urbain)    60 

Roz  (Firmin)    45 

Ruville  (le  D''  Albert  von)  .     5:',  154 

SacristIn  (Fermin)    338 

Sagot  (François) 132.,  515 

Sabler  (Léon) 246 

Saint-André    (Dupin    de)    ....  500 

Saint-Chéron    (René    de)    ....  19 

Saint-Gyr  (Charles  de) 124 

Saint-Léger  (J.  de)   346 

Saint-Martin  (Vivien  de)    ....  312 

Saisset  (  Frédéric   120 

Salvany   (Félix  Sarda   y)    420 

Sancho  (Fr.  Manuel) 265 

Santo(J.) 102 

Sarda  y  Salvany   (Félix)    420 

Sarrazin  (Gabriel) 123 


-  574  — 


SA.ULNIER  (l'abbé  A) 

Sauzey  (le  lieut<-cei)  

Savine   (Albert)    27, 

ScHÉRER  (le  R.   P.)    

SCHRADER     Fr.) -îl -, 

ScHUERMANs  (Albert) 

SCHULER    (A.)     

Schumacher  (J.) 

ScHWALM  (le  R.  p.)    

SÉE  (Ida-R.) 

Segard  (Achille) 

Semichon  (Roger)   

Sentenac  (Paul) 

Serre  (Joseph)    

Servières  (Georges)  

Seymour    de   Ricci    

Siegfried  (A.) 

SiLVA  (L.  Ignacio)  

Silvestre  (J.) 

SiMMEL  (G.) 

Simon  (M"e  Jules)  

SoLLiER  (Paul) 

SouBiES  (Albert) 

Stanley  (Dorothy) 

Steele  (Jac!;) 

Steiner  (Bernard  G.) 

Stiernet  'Hubert) 

STOFFAEs(abbéE.  ) 

Stourdza  (Alexandre  A.  C.)  .  .  ■  • 


Tacite      

Tannery  (Jules) 

Tardieu  (A.)   

Taurine^  (Ch    Gailly  de)   .. 
Tejada  (el  P.  José-M''  S.   de) 

Terrien   (le  D''   F.)    

Terrisse  (l'abbé  Joseph i   .  .  .  . 

Terwagne  (le  D')   

Thédenat   (H.)    

Thermes  (le  R.  P.  Joseph)   .  . 

Thévenot  (Arsène) 

Thomas  (V.) 

Thureau-Dangin  (Paul)   ... 

Tolstoï  (comte  Léon)    

Tort  (Jean-Paul) 

Touchard  (P.) 

Tournaire  (Albert)    

Trikal  (le  D''  J.) 

Tristany  (la  marquise  de).  . 
TuRCAN  (le  chanoine  R.)  .  . . 
Tyr-ierg  (Erland)   


107 
\M) 

'J9 
813 
258 
487 
198 

78 
29V) 
21.^1 
22.^ 
I  19 

2r.i 

21C. 

70 

45 

862 

252 

890 

522 

890 

214 

46 

802 

44 

26 

405 

486 


437 

408 

4  5 

59 
490 

:!09 

!(MJ 
811 
851 
107 
168 
401 
416 

28 
119 

74 

20 
456 
420 

98 
487 


IJrtin    (Henri)    892, 

Uzureau   (l'abbé)    

Valensin  (Albert)  

Valentin  (Albert)    

Valroger    (Germaine    de)    

Vandepitte  (Ch.) 104 

Van    RECTERE^.-ALTE^A   (Marti- 

nus) V 

N'ansteenberghe  (E.     

Vaquette  (A.) 

Vareilles-Sommières  (M.  de).. 

Vasse  (M"'''  M.-B.-G.) 

VÉRECQUE  (Charles)    

Vekgne  (Henri)   

Vermf.nouze   (Arsène;    

Vernes  (Maurice)   

Verret  (l'abbé  Sylvain)    

Verrier  (Paul)    

Vesco  de  Kerhven  (E.  '    

ViEBiG  (Clara) 

ViGNÉ  d'Octon  (p.)    

ViLLARCEAU    (LOuis)     

Vincent  (Francis)   

Vincent  (le  D""  J.' 
Vincent  de  Paul 
Vinci  (Léonard  de).  .  .  ._. 

ViOLLET  (Pauli 

Virenque  (Claire)   

ViSSIÈRE    (  \.)    , 

ViTis  (Charles  de) 

ViTRY   (Pau!)    

Vlks  (Fred) 

VOGELS  'D'"  H.-J.i   

Vor.T  (Albert)   

VoGxJR  (le  marquis  de) 
Vogué  (le  V*''  E.-M.  de) 
VoivENEL  (le  D^  PauL  . 
VosEN  (D""  C.-H.)    


■;a5iit) 


Wagner  (G.)    

Ward  (Mrs.  Humphry)  . . 

White  (Edward) 

White(H.J.)    

WlEDERMANN    (le  D'   Ch.) 

Witte  (le  comte)  

Wordsworth  (J.)  


Xercavins  (el  D'') 


491 

248 

208 
511 
415 
108 

487 
262 
229 
157 
459 
41 
402 
114 
241 
328 
56 
425 
28 
20 
500 
420 
804 
360 
212 
150 
121 
824 
505 
209 
808 
200 
(iO 
321 
59 
804 
198 

393 

26 

27 

199 

,   456 

.  136 

.  199 

.  311 


Ullrich  (le  lieut'  Richard' 


!86 


Ya'.ïî  (Pnv.l; 


YouNG  (Karl) 
YvF.R  (Colette) 


Zedlek  (l'nir.   D''  Gottfried) 


—  575  — 

2  I S       Zerolo  (  m.  ) '*  11 

297       ZiDLER  (Gustave) 118 

ZuBRiczKY    /le   r»''   A.i    456 

71 


TABLE  DE  LA  CHRONIQUE 


Nécrologie  :  Albert  iMgi'  vom).   462. 
—  Bailly     (François-Anatole),     79. 

—  Berger  (Philippe),  364.  —  Bi- 
GEi.ow  (John),  8O.--B1SSON  (Alexan- 
dro-Charles-AugiiSte),  170.  —  Bor- 
\ET  (.lean-Baptiste-Édouard),  73.  — 
BoROVSKY  (Samuel)527, —  Cauvière 
(Jules',  267.  —  Cucheval-Clari- 
<;\Y  (Victor),  46t.  —  Cuvermule 
(le  vice- amiral  Jules-Maric-Armand 
Oavei.ier  de),  368.  —  Dahn  (le 
Dr.  Félix),  171.  —  Gayraid  (l'abbé 
Hippnlyte',  76.  —  Hooker  (Joseph 
Dalton),  80.  —  Hyacinthe  (l'ex- 
l>ère)  (\oir  Loyson).  —  Imbert- 
GouRBEYRE    (le   D^   Antoino),    365. 

—  Langlcis  (le  général  Hippolyte), 
267.  —  I.ANNELONGUE  (le  D''  Odi- 
lon-Marc^,  77.  ■ —  Lecoq  de  Bois- 
BAUDRAN  (Paul-Émile,  dit  François), 
52.'.—  Leven  (le  D''  Manuel)  ,170.— 

LiLiE.NCRON  (le  baron  Rochus  von), 
366.  —  LoYSON  (Charles)  [ex- Père 
Hyacinthe],  268.  —  Lubliner 
(Hugo),  171.  — ■  Maragall  y  Go- 
RiNNA  (Juan),  80.  —  Mariéton 
(Jean- René-Benoît-Paul),  78.  —  Me- 
nendez  y  Pelayo  (Marceline), 525. — 
MiKA  (Alexandre), 527.  —  Molinari 
(Gustave  de),  172.  —  Monod  (Ga- 
briel-Jacques-Jean), 460.  ■ —  Pa- 
cinotti  (Antonio),  462.  ■ —  Pascoli 
(Giovanni^  462.  —  Poncelet  (le 
R.  P.  Albert),  461.  —  Quillard 
(Pierre),  269.  —  Rapisardi  (Mario), 
172. —  RouANET  (Léo),  77.  —  Sa- 
.glio  (Edmond)  79.  —  Saint-Paul 
(Anthyme)    170.  —  Sauzet  (Marc), 


269. —  8ÉE  (D''  Marc-Daniel), 524.— 
Strindberg  (Auguste).  526.- —  Topi- 
nard  (le  D''  Paul);  469.  —  Vécsey 
(Thomas),  527  .  —  Winterer  (Mgr 
Landelin),    76. 

Lectures  faites  à  l'Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres,  84, 
176,    273,    370,     465,    532. 

Lectures  laites  a  l'Académie  des 
sciences  morales  et  politiques,  84, 
176,    274,    371..    465,  532. 


Prix,     84,     176,     :>74, 
Concours,  84. 
(.orresp^ndauce,    163. 


466,    533. 


Mélanges  :  Index.  178.  —  Balzac  pla- 
giaire (?),  371.  —  L'Abbé  Ulysse 
Chevalier.  467.  —  Société  irançaise 
de  bibliographie.  37..  —  Bibliothè- 
que nationale,  84.  —  L'Exposition 
de  la  section  des  cartes  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  466.  —  Bibliothè- 
que de  la  Compagnie  de  Jésus,  372. 
—  Bibliothèque  de  l'Institut  ca- 
tholique de  Paris,  373. 

Nouvelles  :  Paris,  85,  178,  276,  373, 
468,  533.  —  Angoumois,  181.  — 
Anjou,  87,  18^',  281,  375,  535.  — 
Artois,     470.     —    Bourgogne,     183, 

376,  471.  —  Bretagne,  472,  536.  — 
Champagne,  183.  378.  —  Dauphiné, 
184,  376.  —  Franche-Comté,  87, 
184,  281,  376,  473,  536.  —  Gascogne, 

377.  —  Ile-de-France,  377,  475.  — 


-  576 


Languedoo,  28o,  538.  —  Lorraine, 
283,  475.  —  Maine,  53''>.  —  Ni\er- 
nais,  283.  —  Normandie,  475.  — 
P<  itou,  284,  :î78.  —  Provence,  186. 
—  Savoie.  S9.  —  Vendômois,  378. 
— •  Alsace-Lorraine,  187.  —  Allema- 
gne, 89,  187,  476,  539.  —  Belgique, 
89,   284,   379    —  Espagne,   90,   187. 


grie,  188.  —  Irlande,  539.  —  Italie, 
91,  189,  380,  476.  —  Turquie,  284. 
—  Suisse,  380.  —  Chine,  476.  — 
Maroc,  91,  189,  380.  —  Brésil,  477. 
États-Unis,   285,   380. 

&:    ■    ■     I 

Publications  nouvelles,   9i,   190,   285, 
380,    478,    539. 


284,    379 


Grèce,    379. 


Hon- 


ERRATA 


Page  14,  ligiu'  48   et  page  28,  ligne  10,   au  lieu  de  :    Koponicka,  lisez  :   Konop- 

nicka. 
Page  378,  liga-^  4,  au  lieu  de  :  Lorraine,  lisez  :  Champagne. 


Le  Gérant.  CHAPUIS. 


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RoMA-NS   DIVERS.   —  1.    Ic  Repentir,  par  C.harlfs  de   Pomairoi.s.   Paris,  Plon- 
Nourrit.  s.  d..  in-lG  de  29?  p.,  3  fr.  50,  — •  2.  Les  Deux  Cahiers,  par  Paul  Ackkr. 
Paris,  Pion-Nourrit,  «.  d.,  in-16  d'^.  300  p.,  3  fr,  50.  —  3.  Madame  Boucerot,  p'é- 
fète,  par  Victor  Pavie.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  298  p.,  3  fr.  50.   — 
4.  Contes  sur  vélin,  par  Pierre  Gauthîez.  Paris,  Bloud,  19!2,  in-lR  de  283  p., 
3  fr.  50.  —  5.  Lilla  (scènes  de  la  i'ie  corse),  par  J.-B.  Natali.  Paris,  Fi£!:uière,  1912, 
in-lS  de  223  p.,  3  fr.  50.  —  6.  La  Vaine  Bonté,  par  M*  rtiai.  Hémon.  Paris, 
Figuière.  1912,  in-18  de  193  p.,  3  fr,  50.  -    1.   Un  Prêtre,  par  Léon  Cathli^t. 
Paris,  Grasset.  1911,  in-18  de  324  p.,  3  fr.  50.  —  8.  U Imperturbable  Silence, 
par  Gilbert    .?tenger.  Paris,  Perrin,  1912,  in-16  de  313  p.,  3  fr.  50.  —  9.  Nos 
Enfants,  quand  ils  jouent,  par  O.  Guibaud.  Paris,  Messein,  1912,  in-î'^  d::  320  p. 
3  fr.  50.  —   10.  Brelan  de  Darnes,  par  Robert  df  Montf'sqi'iou.  Paris,  Fonte. 
laolnÊT,  1912,  in-16  de  163  p.,  3  fr.  50.  —  11.  Les  Instincts  calants,  par  Maryo 
Olivier.  Paris,  Lemerre,  1912,  in-18  dé  VTi-297  p.,  3  fr.  50.  —  12.  Première 
Paroisse,  par  Paul  Abbas.  Paris,  Dorbon  aîné,  s.  d.,  in-16  de  218  p.,  3  fr.  50. 
—  1 3.  La  Voie  mauvaise,  par  Henri  Baraude.  Paris,  Roger  et  Chernoviz,  191 2, 
in-'6  de  273  p.,  3  fr,  50.  -  14,  La  Ville  folle,  par  Henri  Rainaldy.  Paris,  Alfiin 
Michel,  in-18  de  317  p.,  3  fr.  50.  —  15.  L'Heure  critique,  par  Fernand  Dacrr. 
Paris,  Daragon,  s.  d.,  in-16  de  315  p.,  3  fr.  50.  —  16.  Scènes  de  la  vie  de  Bohême, 
par  Henry  Murger.  Nouvelle  édition  revue,  corrigée  et  augmentée,  précédée 
d'une  notice  biographique  sur  l'auteur  et  de  notes  par  Paîii.  Ginisty.  Paris, 
Garnief,  s.  d,,  in-18  de  cxvi-427  p.,  3  fr.  —  17.  La  Graine  au  vent,  par  Jean 
Nesmy.  Paris,  Grasset,  1911,  in-16  de  318  p.,  3  fr.  50.  —  18.  Monsieur  de  Nugbo, 
philosophe,  par  Gonzague  Truc.  Paris,  Perrin,  1912,  in-16  de  xi-271  p.,  3  fr.50. 
— '19.  L'Illustre  Athnnase  Bonsang.  par  René  des  Pomeys.  Paris,  Figuière, 1912, 
in-S  d?  143  p.,  2  fr.  50.  —   20.   Contes  provençaux,  par  Joseph  Roumanille; 
texte  provençal  et  trad.  française  par  Frédéric  Choupin.  Paris,  Bloud,  1911, 
in-16  carré  de  130  p.,  1  fr.  oO.  —  21.  L'Inceste  légitime,  par  Adrien  Segré. 
Paris.  Figuièrfi,  1912,  in-16  de  200  p.,  3  fr.  50.  —  22.  Nadjié,  la  Petite  Hanoum, 
par  Emile  P^dwards.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  303  p.,  3  fi.  50.  — 
23.   Le  Prince  des  riches,  par  Fernand   Rivet.    Parii^,  Stock,   1912,  in-18  de 
375  p.,  3  fr.  50.  —    24.  L  Orgie  gauloise,  par  Louis  Gastine.  Paris,  Huorocq, 
s. d.,  in-16  carré  de  ni-201p.,  illustré,  1  fr.  25.  —  25.  Histoire  delà  Maison  de 
VEspine.  par  Yves  Blanc.  Paris,  Daragon,  s.  d.,  in-18  de  198  p.,  3  fr. 

Romans  de  femmes.  -  26.  Au  tournant  des  jours  (Gdles  de  Claircrfur)^  par 
Daniel  Lesueur.  Paris,  flon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  306  p.,  3  fr,  50.  -  27. 
Un  Obstacle,  par  Jean  df.  la  Brfte.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  302  p., 
3  fr.50.  —  28.  Les  Petites  Ames,  par  Henriette  de  Vismes.  Paris,  Plon-Nourrit, 
s.  d.,  in-16  de  vii-279  p.,  3  fr.  50.  —  29.  Les  Courtagré,  par  Pierre  Gourdon. 
Paris,  Calmann-Lévy,  s.  d.,  in-18  de  301  p.,  3  fr.  50.  —  30.  Et  VAniout-  dispose... 
par  Mathilde  Alanic.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  364  p.,  3  fr.  50.  — 
31.  Ombres  et  lumières,  contes  et  nouvelles  théosophiques,  par  Aimée  Blech. 
Paris,  Publications  théosophiques,  1912,  in-18  de  324  p..  3  fr.  50.  —  32.  La 
Petite  Gratiehne,  par  Yvonne  Durand.  Paris,  Figuière,  1911,  in-12  de  170  p., 
3fr.  50. —  33.  La  Métairie  de  las  Bamadas,  pav  la  comtesse  de  Massacré.  Paris, 
Editions  du  «  Temps  présent  »,  1911,  petit  in-8  carré  de  149  p.,  3  fr.  50.  —  34. 
Choisir...,  par  Addy  de  Saint-Germain.  Paris,  Editions  du  «  Ten.ps  présent  ». 
1912,  in-16  de  218  p.,  3  fr.  50.  —  35.  Hors  de  sa  race,  par  ALii  de  Villemacne  , 
Paris,  Figuière,  1912,  in-18  de  193  p.,  3ir.  50. 

Romans  étrangers.  — ■  36.  Les  Gardiens  de  la  flamme,  par  W.-D.  Maxvpell; 
adapté  de  l'anglais  par  Lotis  Fabulet.   Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de 


—  6- 

330  p.,  3  fr.  no.  —  37.  Dcrvtères  EnquHcs  du  prestigieux  Jlcuitt,  par  Arthur 
A'ourison;  adaptation  française  par  Albert  Savink.  Paris,  StocK,  1912,  in-18 
de  347  p.,  3  fr.  50.  —  38.  J.e  Mariage  de  Lord  J.oveland,  par  VVili.iamso-, ;  t'ad. 
de  l'anglais  par  Louis  d'Arvf.rs.  Paris,  Hachette,  1912,  in-16  de  245  p.,  1  fr. — 
39.  Un  Duo,  par  Arthur  Conan-Doyle;  trad.  de  l'anglais  par  Alberte  S*  vine. 
Paris,  Stock,  1912,  in-18  de  297  p.,  3  fr.  50.—  40.  Sous  la  neige,  par  Edith 
Whauto\.  Paris,  Plon-Nourrlt,  1912,  in-lfi  de  272  p.,  3  fr.  50.—  41.  CLz  les 
Américains,  par  Rudyarp  Kipling;  trad.  de  l'anglais  par  Albert  Swinf. 
Paris,  StocK,  1912,  in-18  de  306  p.,  3  fr.  50.  —  42.  Dans  le  désert,  pav  G rkzik 
Deledda;  trad.  de  l'italien  par  Marc  Hélys.  Paris,  Hachettî,  191?,  in-î6 
de  258  p.,  3  fr.  50.  —  43.  La  Bonde,  par  Arthur  Schnitzler;  trai.  de  l'alleu  and 
par  Maurice  Rémon  et  Wilhelm  Bauer.  Paris,  Stock,  1912,  in-18  d»  279  p., 
3  fr.  iO.  —  44.  Le  Merveilleux  Voyage  de  Nils  Holgersson  à  trJVirs  la  Suèd',  pai" 
Selma  Lagerlof;  trad.  di  suédois  par  T.  Hammar.  Paris,  F'errin,  1912,  in-16 
de  xvii-408  p.,  3  fr.  50.  —  45.  Le  7Vr/-o/'jste,  par  M'"«V.Dmit;  iev;  trad.  du  russe 
par  G.  Savitch  et  E.  Jaubert.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  devn-r08  p., 
3  fr.  50.  —  46.  Œuires  complètes  du  comte  Léon  Tolstoï;  t-ad.  du  russe  par 
J.-W.  BiENSTocK.  T.  XXVll.  Paris,  Stock,  .912,  in-18  de  416  p.,  avec  un  pur 
trait,  2  fr.  50. 

Romans  divers.  —  1.  — Ce  qui  distingue  le  roman  de  M.  de  Pomai- 
rols  n'est  pas  l'imprévu  des  faits,  laisses  par  lui  dans  l'invention 
commune,  c'est  la  noblesse  des  sentiments,  c'est  la  beauté  des  ana- 
lyses dont  ces  faits  fournissent  l'occasion.  Noblesse  et  beauté  d'au- 
tant plus  remarquables,  que  l'auteur  semlDle  s'être  moins  soucié  , quant 
à  l'affabulation,  d'éviter  le  genre  du  conte  édifiant.  Visiblement 
il  a  méprisé  ce  reproche,  et  cela  encore  n'a  pas  nui.  Le  Repentir 
est  celui  d'un  jeune  homme,  bien  élevé,  mais  frivole  et  adonné  au 
plaisir,  qui,  dans  un  besoin  d'argent,  s'emporte  à  souhaiter  (en 
pensée)  la  mort  de  sa  mère.  Ce  n'est  qu'un  moment,  mais  ce  moment 
revient  deux  fois,  par  le  fait  de  circonstances  qui  du  moins  le  déchar- 
gent du  reproche  d'endurcissement.  C'est  assez  cependant  pour 
mériter  l'horreur;  et  c'est  à  la  sienne  propre  qu'il  tombe  d'abord  en 
I)roie,  quand  il  voit  peu  après  sa  mère  en  danger  de  mort.  Elle  guérit 
heureusement,  et,  depuis  lors,  il  n'est  pas  de  fils  plus  attentif,  plus 
dévoué,  plus  parfait  que  lui.  Ignorante  du  crime  qu'il  commit  en  pensée, 
sa  mère  jouit  sans  mélange  de  ces  tendresses  nouvelles.  Et  c'est  ici 
que  le  conte  édifiant  finirait.  Mais  c'est  ici  que  l'auteur  le  recommence, 
et  sur  des  données  morales  et  intérieures  qui  en  renouvellent  abso- 
lument l'aspect.  Ces  données  morales  sont  chrétiennes  :  elles  sont  le 
sentiment  de  l'énormité  de  la  faute,  de  ce  qu'elle  contient  (sans  Dieu) 
de  malice  irréparable;  les  données  intérieures  sont  celles  que  la  con- 
naissance des  hommes  a  fournies  à  M.  de  Pomairols.  Or,  il  les  faut 
profondes  et  fortes,  à  la  mesure  du  programme  relevé,  exigeant,  que 
trace  la  religion.  La  religion  dit  :  cette  faute  est  horrible.  11  faut  en  faire 
sentir  l'horreur.  Et  cela  n'est  pas  facile,  et  cela  l'est  d'autant  moins, 
que  le  lecteur,  par  paresse  ou  par  complicité,  incline  aisément  à  l'indul- 
gence. M.  de  Pomairols  a  soutenu  cette  gageure,  il  l'a  gagnée.  Dans 


le  trait  hardi  et  sublime  que  la  foi  assignait  au  tableau,  sa  psycho- 
logie a  versé  les  couleurs  avec  assez  de  force  et  d'abondance,  pour 
achi  ver  une  pein'ure  de  la  réalité.  Et  de  ce  succès  s'engendre  cette 
chose  rare  :  un  roman  chrétien. Combien  l'ont  essayé,  et  le  manquent^ 
p  ir  les  moyens  qu'ils  croient  justement  les  plus  propres  à  le  réaliser  : 
tendresse  de  sentiment,  affectation  mystique.  Mais  ces  choses  glissent 
aisément  à  la  jérémiade  romantique.  L'imprécision  religieuse  guette 
cette  littérature,  dont  les  produits  manques  tournent  en  mauvais 
livres.  Ici  le  dogme  est  présent;  partant  nulle  équivoque  :  ni  religion 
naturelle,  ni  huguenoterie.  L'humilité  imposée  à  l'âme  chrétienne 
par  Ico  réflexions  les  plus  solides,  aussi  palpables  que  celles  d'un 
Bourdaloue;  la  confession  désirée  du  plus  profond  de  l'âme.  Maurice 
avoue  sa  faute  à  un  ami  d'enfance;  plus  tard  il  ne  croit  pas  même 
pouvoir  la  taire  à  la  jeune  fille  qu'il  souhaite  épouser.  En  même  temps, 
sous  la  flamme  du  remords,  se  corrige  toute  son  existence.  D'une  vie 
de  plaisir  il  passe  à  une  vie  retirée,  pleine  d'occupations  graves,  soins 
de  famille  et  de  propriété.  La  scène  est  en  Quercy.  Là-dessus  M.  de 
Pomairols  n'a  pas  omis  la  mélodie  de  la  terre  et  de  la  tradition.  Elle 
est  commune  dans  les  romans  du  jour;  mais  peu  la  chantent  avec  ce 
charme.  Dans  le  couplet  des  morts,  remarquons  que  1  auteur  n'a  pas 
hésité  à  introduire  les  expressions  mêmes  de  Ccmte  :  «  Quand  on  est 
ainsi  gouverné  par  les  morts,  on  n'a  qu'à  aller  les  rejoindre  ».  La  mère 
de  Maurice  vient  de  lui  dire  que  son  père  défunt  a  défendu  qu'elle  lui 
donnât  de  l'argent,  et  cette  obéissance  accordée  au  défunt  soulève  la 
coupable  impatience  du  jeune  homme.  Une  paysanne  du  lieu  est 
tuée  par  son  fils  parce  qu'elle  employait  l'argent  qu'il  lui  devait  à 
faire  dire  des  messes  à  son  mari  défunt.  «  On  peut  dire,  ajoute  un 
défunt,  que  ce  mort  la  gouvernait.  »  J'admire  cette  introduction 
de  formule  philosophique  dans  la  trame  d'un  roman,  faite  avec 
tant  d'adresse.  A  la  fin  le  jeune  homme  épouse  celle  qu'il  n'eût 
jamais  obtenue  s'il  n'eût  changé  son  existence, et  qui,  sachant  sa 
faute,  l'a  pardonnée.  Entre  temps,  la  mère  de  Maurice  est  morte. 
Je  ne  crois  pas  qu'on  puisse  rendre  ce  malheur  avec  des  couleurs 
plus  sensibles  :  «  Maurice,  d'un  élan  instinctif,  appela  sa  mère,  à 
laquelle  cet  être  inanimé  ressemblait  encore.  Sa  mère,  toujours 
prête  à  l'écouter,  toujours  heureuse  de  lui  complaire,  ne  répondit  pas, 
bien  que  le  corps  fut  là  visible,  reconnaissable,  ce  silence  inouï 
dénotait  une  absence  extraordinaire,  une  fuite  vers  un  univers  sans 
rien  de  commun  avec  le  nôtre,  et  qui,  dans  sa  différence  extrême,  restait 
impossible  à  concevoir.  »  Une  telle  expression  n'est  donnée  qu'à  ceux 
qui  sentent  profondément  et  (condition  non  moins  expresse)  noble- 
ment. Ainsi  l'heureux  dénouement  du  roman  n'est  acheté  d'aucune 
fadeur;  la  moralité  de  l'action  n'est  étoffée  d'aucun  pieux  mensonge: 
nous  sommes  partout  dans  le  vrai.  Et  ce  vrai  est  amer,  et  ce  vrai  est 


—  8  — 

consolant  aussi,  et  parla  rien  n'est  si  humain,  lî  y  aurait  encore  à 
parler  de  la  manière  dont  l'auteur  a  jjjradué  son  remords,  et  mené  son 
drame  à  l'intérieur.  C'est  l'art  racinien,  c'est  celui  de  hi  Princesss  de 
Clèi'es.  A  cet  égard,  l'épisode  de  la  femme  assassinée  est  quelque  chose 
d'infiniment  remarquable. 

2.  —  11  y  a  de  bien  délicieuses  parties  dans  un  des  Deux  Cahiers 
que  nous  donne  M.  Paul  Acker,  celui  de  la  mère.  Celui  de  la  fille  me 
plaît  moins,  je  l'avoue.  L'auteur  n'y  est-il  pas  un  peu  dupe  d'un 
certain  charlatanisme  d'esprit  positif  et  pressé?  Tel  est,  à  entendre 
nos  moralistes  de  presse,  le  caractère  des  jeunes  générations.  11  y  a 
bientôt  vingt  ans  que  M.  Lavedan  serine  cela.  Au  contraire,  les 
parents  étaient  posés,  discrets,  tendres  au  sentiment,  pleins  de 
nuances,  assujettis  à  toutes  sortes  de  respects  et  d'habitudes.  Voyez 
là-dessus  Mon  filleul,  dont  j'ai  fait  l'analyse  ici.  Les  Deux  Cahiers 
sont  quelque  chose  comme  cela.  A  la  fille,  joueuse  de  tennis  et  de 
golf,  libre  avec  les  jeunes  gens  et  qui  se  fiance  elle-même,  assidue  des 
salles  d'hôpital  où  elle  s'emploie  pour  la  Croix-Rouge,  s'oppose  la 
mère,  sage  à  la  vieille  mode.  Encore  un  coup,  cette  contre-partie  est 
charmante.  C'est  que  l'auteur  a  fui  cet  air  d'antiquité  bénète  où  se 
complaît  M.  Lavedan.  Nulle  part,  nous  ne  voyons  figurer  à  l'éloge 
de  son  héroïne,  qu'elle  prend  des  fiacres  au  lieu  d'automobiles.  Puis  il 
n'y  a  pas  là-dedans  de  théorie  sur  l'art  d'apprivoiser  la  jeunesse  et  de  la 
faire  rentrer  en  elle-même.  Enfin,  cette  dame  se  raconte  simplement, 
comme  ferait  une  véritable  femme  (ce  naturel  était  bien  difficile),  mar- 
quant de  traits  solides  et  véridiques  ce  qui  réellement  a  mieux  valu  de 
son  temps,  et  proposant  le  reste  comme  l'objet  seulement  de  sa  pré- 
f(''rence  instinctive.  Ajoutons  que,  malgré  le  titre,  où  cahier  s'oppose 
à  cahier,  le  plan  moral  n'est  pas  tellement  étroit,  qu'on  n'y  goûte  le 
plaisir  des  Mémoires  pour  eux-mêmes.  Oui,  nous  avons  celui  de  voir 
cette  mère  charmante  remonter  dans  ses  lointains  souvenirs,  rap- 
peler son  enfance  à  la  campagne,  l'éducation  rigoureuse  à  laquelle 
on  l'avait  formée,  ses  visites  de  petite  fille  aux  personnes  d'âge, 
conduisant  le  récit  jusqu'à  son  premier  bal  et  à  ses  fiançailles,  dont  le 
tableau  est  une  merveille  de  sentiment  et  de  pittoresque,  exprimé  plei- 
nement et  simplement.  «  Tout  contre  papa,  qui  tenait  ses  gants  à  la 
main,  je  montais  les  marches,  baissant  un  peu  la  tête,  intimidée  et 
frémissante  aussi;  maman  nous  précédait;  on  entendait  des  violons. 
Nous  pénétrâmes  dans  une  vaste  galerie,  sur  laquelle  s'ouvraient 
les  portes  du  salon.  Immobiles,  beaucoup  d'hommes  en  habit  noir 
obstruaient  le  passage;  ils  se  retournaient  à  notre  approche  et  nous 
considéraient;  je  baissais  davantage  la  tête.  Enfin  nous  avions  salué 
la  maîtresse  de  maison  et  j'étais  à  peine  assise  devant  maman,  sur 
une  chaise  dorée  et  eapitonnée  de  soie  cerise,  comme  toutes  les  autres 
jeunes  filles,  que  M'"*^    de  Malvégourt  nous  présenta  des  danseurs. 


Ils  saluaient,  je  saluais,  les  joues  roses  d't'motion;  ils  sollicitaient  une 
danse,  je  la  notais  sur  mon  carnet;  ils  prononçaient  leur  nom,  qui 
m'échappait,  je  les  priais  de  le  répéter  et  je  l'inscrivais  en  lettres 
minuscules,  car  j'appréhendais  qu'ils  pussent  distinguer  que  j'en 
ignorais  l'orthographe...  »  Le  bal  prend  fin.  «  Tout  de  même  il  fallut 
partir;  mon  danseur  m'accompagna  jusqu'en  bas.  Nous  montons  en 
voiture;  dans  le  coupé  nous  écrasions  des  objets  de  cotillon. — Tu  as 
été  la  reine  du  bal,  dit  mon  père.  —  Parce  qu'elle  danse  assez  bien, 
corrigea  ma  mère.  Soudain  une  voix  crie,  éperdue:  Arrêtez,  cocher, 
arrêtez  !  Et  c'est  sans  chapeau,  sans  pardessus,  très  rouge  d'avoir 
couru,  mon  valseur  qui  passe  le  visage  à  la  portière,  salue,  s'excuse  : 
C'est  votre  bouquet.  Mademoiselle,  votre  bouquet  de  muguet,  vous 
l'avez  laissé  tomber;  alors  je  vous  le  rapporte.  Je  glisse  la  main 
sous  mon  manteau;  le  bouquet  n'était  plus  au  corsage.  Je  remercie 
ie  jeune  homme  et  il  demevu'e  là,  tout  drôle,  à  balbutier  des  mots 
vagues,  si  bien  que  maman  lui  ordonne  un  peu  sèchement  :  Voulez- 
vous  dire  au  cocher  de  continuer?  et  relève  le  carreau  de  la  portière.  » 
Vraiment,  peu  de  romajiciers  écrivent  ainsi  aujourd'hui.  Il  semble 
qu'on  retrouve  au  fond  de  cela  quelques-uns  de  ces  charmants  accents 
de  Marianne,  vers  le  milieu  du  livre,  où  il  y  a  tant  de  naturel;  le 
style  n'est  pas  moins  dépouillé  que  celui  de  Prévost.  C'est  la  première 
rencontre  avec  le  fiancé.  La  suite  n'est  pas  moins  agréable.  La  jeune 
fille  lui  fait  aimer  la  campagne  où  elle  a  été  élevée,  et  que  M.  Paul 
Acker  place  en  Alsace.  La  terre  se  nomme  Ringen.  Elle  en  montre 
des  photographies  et  des  dessins  :«  Ce  doit  être  bien  joli,  dit-il.  Je  fus 
très  émue  par  ces  mots  si  simples.  S'il  m'avait  dit  :  Comme  c'est 
joli  !  j'aurais  bien  compris  qu'il  se  débarrassait  de  Ringen  par  une 
phrase  banale.»  Ici,  double  peinture,  car  cette  remarque  est  vraie; 
mais  l'empressement  que  met  la  jeune  fille  à  la  faire  et  l'exagération 
légère  peignent  délicieusement  son  amour.  A  la  réflexion  se  mêle  la 
comédie.  Tout  est  ainsi  :  la  présentation  du  fiancé  aux  paysans  de 
Ringen,  le  premier  enfant,  etc.  Nulle  banalité,  nulle  fadeur,  partout 
un  sentiment  profond,  dans  une  allure  vive  et  naturelle. 

3.  —  La  politique  envahit  tout.  Quelques-uns  s'en  défendent  : 
gardons-nous  en,  disent-ils;  mais  ellen'en  règne  pas  moins.  Ainsi  le  cho- 
léra s'impose  à  l'attention  de  ceux  même  qui  déclarent  ne  s'en  pas  vou- 
loir mêler,  comme  n'entendant  pas  la  médecine.  M.  Victor  Pavie  en 
a  pris  son  parti  :  il  fait  de  la  politique  le  sujet  d'un  roman.  Madame 
Bouverot,  préfète,  vit  au  milieu  des  intérêts  et  des  passions  qui  s'en 
nourrissent.  Le  portrait  que  l'auteur  en  donne,  fait  le  centre  d'une 
peinture  fine,  exacte,  minutieusement  vérifiée  de  la  politique  en 
province.  Il  y  aie  sous-préfet,  il  y  a  les  fonctionnaires,  il  y  a  les  radi- 
caux zélés,  il  y  a  les  conservateurs  tièdes,  il  y  a  les  irréconciliables;  la 


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pauvre  femme  doit  mener  parmi  tout  cela  une  vie  sortable.  L'auteur 
eût  pu  chercher  des  contrastes  faciles  :  par  exemple  celui  d'une  épouse 
pieuse  luttant  contre  les  conditions  qu'impose  à  son  mari  un  gouver- 
nement persécuteur;  il  l'eût  montrée  ingénieuse  ou  sublime, disputant 
ses  enfants  à  la  libre-pensée,  soutenant  contre  un  époux  sectaire, 
timide  peut-être,  les  droits  delà  conscience  catholique.  Cela  eût  été 
plus  dramatique;  M.  Pavio  n'a  voulu  qu'être  vrai.  Les  femmes  des 
préfets  de  la  III^  République  sont  rarement  d'une  piété  ardente;  cela 
ne  cadre  pas  à  une  situation  qu'elles  connaissent.  Pour  que  le  con- 
traire arrivât,  il  faudrait  qu'elles  fussent  trompées  ou  contraintes.  M"^® 
Bouverot  nous  est  représentée  conforme  à  l'ordinaire  des  préfètes, 
tiède  sur  la  religion,  tenant  la  situation  de  son  mari  pour  honorable. 
L'intransigeance  de  quelques  prêtres  est,  à  ses  yeux,  cause  en  partie 
de  l'état  de  guerre  où  vivent  l'Église  et  l'État;  le  reste  est  l'effet 
des  circonstances.  Cependant  elle  fréquente  l'église,  et  veut  la  reli- 
gion pour  ses  enfants.  Do  plus,  il  faut  bien  pourvoir  à  leur  donner 
quelques  compagnons  présentables ,  comme  il  s'en  rencontre  peu 
dans  le  monde  officiel.  Ainsi,  quoique  tout  déchirement  inté- 
rieur soit  épargné  à  M"^^  Bouverot,  elle  n'évite  pas  d'infinis  tirail- 
lements. C'est  là  le  sujet  de  l'auteur,  allongé  d'un  copieux  appoint, 
que  fournissent  les  intrigues  électorales,  les  trucs  de  gouvernement, 
les  procès  politiques,  les  discussions,  etc.  Le  préfet  Bouverot  arrive 
dans  sa  province  porteur  du  mot  d'ordre  à' apaise?nent.  Et,  par  l'effet 
des  circonstances,  il  ne  peut  rien  apaiser  du  tout. D'une  part,  pèsent 
sur  lui  les  lois  de  persécution;  d'autre  part  le  radicalisme  du  lieu 
menace;  enfin  lui-même  n'est  qu'un  nigaud.  Il  y  a  là  une  ironie  des 
cjioses,  que  l'auteur  a  parfaitement  rendue.  Il  suppose  son  préfet  se 
rendant  lui-même  chez  un  curé  que  le  gouvernement  chasse  de  son 
presbytère,  tout  plein  de  paroles  d'apaisement.  «Bouverot  entamait 
l'exorde  du  petit  discours  qu'il  avait  longuement  préparé.  Plus  qu'un 
autre, il  déplorait  personnellement  les  rigueurs  de  lois  dont  il  lui  fallait 
bien,  comme  citoyen,  accepter  les  dispositions,  comme  représentant  du 
pouvoir  assurer  l'exécution  dans  les  limites  de  ses  attributions.  Mais 
il  estimait  que  ces  rigueurs  seraient  singulièrement  atténuées,  ou  du 
moins  plus  aisées  à  supporter,  si  ceux  qui  se  rencontraient  en  adver- 
saires, etc.,  etc.,  essayaient  de  régler  amiablement  le  conflit  qui  les 
divise.  »  Cette  misérable  littérature,  littérature  du  rien,  si  bien  saisie 
dans  l'organe  du  pouvoir,  ne  l'est  pas  moins  parfaitement  dans 
l'organe  de  l'opposition  tiède.  Le  morceau  de  ce  côté,  comme  il  sied, 
débute  par  le  mot  de  pessimisme  :  «  Pourquoi  tant  de  pessimisme? 
repartit  Martigné.  Je  trouve,  moi,  qu'on  est  trop  dur  pour  notre 
malheureuse  époque.  Sans  doute,  tout  est  loin  d'y  être  parfait;  mais 
on  la  calomnie  volontiers.  Il  y  a  dans  ce  cjue  nous  souffrons  ou  croyons 


— 11  — 

souffrir,  dans  tout  ce  qui  nous  divise,  à  l'origine  de.  nos  maux  réels 
ou  imaginaires,  tant  de  malentendus  !  Vous  me  savez  peu  suspect  de 
partialité  en  faveur  de  nos  gouvernants.  Croyez-vous  pourtant  que 
ce  ne  soient  pas  les  attaques  auxquelles  on  se  livre  contre  eux  qui  les 
rendent  pires?  Et  n'obtiendrait- on  pas  davantage  de  leur  bonne  vo- 
lonté en  s'entendant  avec  eux  plutôt  qu'en  les  combattant?  »  On 
remarquera  que  la  conciliation  de  l'opposant  dépasse  du  premier  coup 
colle  du  gouvernant.  Selon  ce  dernier,  à  l'origine  du  conflit,  il  y  a  des 
«  rigueurs  «  ;  selon  le  conservateur  il  n'y  a  que  des  «  malentendus.  « 
La  conciliation  de  l'un  maintient  donc  l'état  de  guerre,  celle  de  l'autre 
feint  de  le  supprimer. C'est  que  l'un,  sous  son  sot  verbiage,  demeure 
sérieux;  l'autre  est  sot  des  pieds  à  la  tête  :  et  cela  est  très  finement 
observé  et  rendu.  On  expulse  le  curé  de  force.  La  ville  pousse  des  cris 
et  hue  le  gouvernement,  ce  qui  du  reste  n'a  d'autre  conséquence 
que  de  retirer  au  préfet  l'espoir  de  réaliser  l'apaisement.  Une  autre 
histoire  n'est  pas  moins  bien  traitée  :  celle  de  l'ouverture  d'une  école 
libre,  que  les  bureaux  refusent  pour  insalubrité,  grâce  au  soin  que 
de  zélés  défenseurs  de  la  laïcité  ont  pris  de  faire  déboucher  dans  le 
puits  le  tuyau  d'une  fosse  d'aisance.  Autre  histoire  encore  :  celle  du 
sérum  contre  la  méningite  cérébro-spinale,  que  les  bureaux  font  at- 
tendre à  des  sœurs  sécularisées,  mettant  ainsi  la  vie  des  malades  en  dan- 
ger. M'"^  Bouverot  apporte  ce  sérum,  malgré  son  mari,  qui  allègue  les 
règlements.  On  entend  quelquefois  nier  ces  faits;  mais  l'information 
des  journaux  nous  les  a  rapportés  cent  fois,  et  ils  composent  le  train 
de  la  vie  de  province  telle  qu'un  gouvernement  de  parti  nous  l'a  faite. 
M.  Pavie  a  bien  fait  de  les  ramasser  dans  un  roman,  leur  donnant 
cet  air  de  vraisemblance  que  confère  un  cadre  composé.  Martigné, 
le  conservateur  accommodant,  veut  être  député.  Le  préfet  qui  l'agrée 
se  voit  forcé  de  céder  au  candidat  des  radicaux.  M"^^  Bouverot 
l'écarté  parce  qu'il  la  courtise. Un  ami  officiel  de  son  mari,  à  qui  il  doit 
sa  préfecture,  la  courtise  aussi,  avec  moins  de  politesse.  Ainsi,  des 
deux  côtés,  les  relations  politiques  convoient  pour  elle  d'indignes 
avances.  Elle  y  fait  face  en  femme  honnête.  En  femme  résignée  à  son 
sort,  elle  évite  de  se  joindre  aux  personnes  qui  reconduisent  au  chemin 
de  fer  les  sœurs  gardes  malades  qui  quittent  la  ville. «  Parmi  tant  de 
troublantes  incertitudes,  tant  de  déceptions  dont  sa  vie  était  semée, 
un  devoir  du  moins  lui  apparaissait  clairement  :  maintenir  à  tout  prix 
le  calme  et  la  paix  dans  son  foyer.  »  C'est  la  morale  du  livre,  triste  dans 
la  circonstance,  chargée  de  toute  la  mélancolie  que  l'indignité  du 
régime  a  versée  dans  la  vie  française. 

4.  — Les  Contes  sur  vélin,  de  M.  Pierre  Gauthiez,  plairont  parle  ton 
de  fine  littérature  et  d'information  historique,  qu'on  peut  attendre  d'un 
écrivain  familier  de  l'Italie  du  moyen  âge  et  de  la  Renaissance.  Dans 


quelquos-uns,  c'ostl'Italio  moderne  qui  nous  est  présentée  dans  un 
style  à  la  fois  sobre  et  pittoresque,  chargé  de  l'impression  des  lieux. 
Le  même  goût  pour  Florence  qui  se  montre  dans  le  Lys  rouge  habite 
des  contes  comme  V Epoiwantail  ou  la  Fanfare  municipale^  le  ton, 
cependant,  est  différent;  il  y  a  ici  moins  de  gentillesses  et  (disons-le) 
plus  de  naturel.  D'autres  contes  se  passent  chez  nous.  Les  Poules  du 
bon  Dieu,  simple  récit  de  la  mort  d'une  petite  fille  à  l'hôpital,  sont 
quelque  chose  d'infiniment  touchant.  «  Je  ne  croyais  pas  jusqu'alors, 
dit  le  narrateur,  qu'un  petit  enfant  se  sentait  mourir;  mais  je  vis 
clairement  qu'aux  derniers  spasmes  la  petite  comprenait.  »  Suit  une 
page  où  fleurissent  les  impressions  naïves  (et  pleines  de  quelle  poi- 
gnante émotion  !)  d'un  homme  pour  qui  réellement  cette  remarque 
est  nouvelle.  Le  conte  du  Sacrifié,  où  l'on  voit  un  père  prendre  la  res- 
ponsabilité du  vol  d'un  fils  soldat,  et  ce  fils  pleurer  au  lit  de  mort 
du  père  le  déshonneur  (discret  du  reste:  nul  mélodrame  dans  tout  ceci), 
assumé  ainsi  pour  le  sauver,  n'apporte  pas  de  moins  fortes  impres- 
sions. U Ascension  manquée,  épisode  d'alpinisme,  tient  le  lecteur  en 
suspens  jusqu'à  la  catastrophe,  à  laquelle  des  circonstances  spéciales 
ôtent  les  horreurs  banales.  La  fin  est  plaisante.  Rivalité  des  sports. 
Un  ami  adonné  à  l'aéroplane  écoute.  «  Je  t'y  mènerai,  moi,  dit-il, 
sur  ton  Gietschen,  et  dans  un  fauteuil  encore.  » 

5.  —  Sérieusement,  est-ce  que  la  Corse  ressemble  au  tableau  que 
M.  Natali  nous  en  fait?  Sa  prière  d'insérer  assure  qu'on  ne  connaît 
pas  cette  province.  Tant  mieux  !  diront  tous  ceux  qui  auront  lu 
Lilla.Qnel  pays  !  Des  prostitutions  et  des  meurtres. Et  contés  de  quelle 
plume!  (Certainement,  le  pire  soupçon  contre  la  Corse  est  celui-ci  : 
'a-t-elle  beaucoup  d'enfants  comme  l'auteur  de  ce  roman,  capables  de 
se  complaire  à  de  si  odieuses  choses?  C'est  un  spectacle  d'animalité 
pure,  rendu  dans  un  style  excité,  d'effet  court  et  brutal.  Exemple  : 
«  La  bouche  du  prêtre  se  tordit  dans  un  mauvais  rictus  de  triomphe. 
Marietta  se  dressa  galvanisée  ...Un  baiser  l'avait  brûlée  commeunfer 
rouge  ...  On  déboucha  la  bonbonne,  et  de  sa  gueule  ouverte,  un  bon 
vin  clair  coula  avec  des  glouglous...  «Voici  les  élégances  :«  L'ombre 
noyait  la  chapelle.  La  lueur  d'une  veilleuse  palpitait.  Sur  le  cristal 
du  grand  lustre,  s'allumaient  de  vagues  scintillements.  Une  langueur 
flottait  dans  l'air  tiède  et  lourd.  «  Nous  croyions  cette  rhétorique 
morte  avec  Zola,  qui  la  divulgua.  On  voit  qu'il  y  a  encore  des  régions 
littéraires  où  elle  se  fabrique  à  la  machine.  Le  côté  pompier  et  pru- 
d'homme ne  manque  pas  :  «  Leur  amour  était  une  passion  saine,  elle 
procédait  à  la  fois  du  cœur  et  des  sens.  »  Et  ceci,  à  un  jeune  homme  dont 
la  femme  est  soupçonnée  de  n'être  pas  fidèle  :  «  Malheureux,  lui  dit 
un  jour  sa  mère,  ne  vois-tu  pas  les  protubérances  qui  ornent  ton 
front.  ))  Ceci  encore  :  «  Certaine  allusion  à  nn  beau  jour  de  juillet  nous 


permettrait  de  supposer  qu'à  cette  date,  la  vertu  de  la  demoiselle  a  dû 
subir  un  assaut  qui,  peut-être,  n'a  pas  été  repoussé.  »  Après  tout, 
c'est  du  patois  de  feuilletoniste.  Une  seule  chose  intéresserait  :  c'est 
le  conflit  des  mœurs  de  vendetta  avec  les  passions  que  les  intrigues 
politiques  déchaînent  dans  le  pays.  Cela  est  indiqué,  mais  pêle-mêle 
avec  le  reste,  non  en  vertu  d'aucun  choix  de  l'auteur,  seulement  parce 
que  cela  se  trouve  en  Corse,  et  qu'il  n'a  pu  faire  autrement  que  de  le 
voir.  Peut-être  quelqu'un  qui  aura  du  talent  nous  contera-t-il  cela 
un  jour.  J'aime  à  croire  que  le  même  débarbouillera  le  sujet  de  la 
marque  obscène  dont  ce  livre  l'a  sali. 

6.  —  Une  histoire  de  renoncement  pieux,  contée  par  quelqu'un  à 
qui  la  foi  manque,  ne  peut  fournir  qu'un  pathétique  faux  ou  une 
diatribe.  La  Vaine  Bonté  :  un  prêtre  est  amoureux  d'une  femme 
qu'il  a  laissé  épouser  à  son  cousin,  et  qui,  maltraitée  par  ce  dernier, 
revient  chercher  chez  lui,  dans  une  cure  de  campagne,  une  cachette 
et  le  repos  de  l'âme.  M.  Martial  Hémon  ne  fait  rien  pour  nous  dissi- 
muler qu'il  n'accorde  nulle  autorité  à  la  discipline  qui  lie  le  prêtre. 
Renégat  de  ses  engagements,  rendu  à  la  vie  laïque,  époux  de  celle 
qu'il  aime,  il  l'estimerait  encore.  Le  prêtre  reste  ferme,  l'auteur  veut  le 
faire  admirer.  Pourquoi?  Est-ce  qu'il  l'admire  lui-même ?Est-ce  qu'il 
le  loue  de  renoncer  au  bonheur  et  d'obliger  une  autre  à  y  renoncer  sans 
cause?  Mais,  dira-t-on,  l'auteur  n'écrit  pas  pour  lui.  Soit;  mais  à  ses 
personnages  mêmes  il  donne  les  sentiments  dont  il  est  capable  :  son 
prêtre  sacrifié  n'en  a  pas  d'autres.  Je  me  trompe.  Ce  prêtre  allègue 
pour  motif  de  son  acte,  une  fidélité  à  sa  profession,  à  son  devoir.«  Mais, 
objecte  un  personnage,  le  devoir  1  il  y  a  tant  de  manières  de  le  com- 
prendre !  »  C'pst  tout  à  fait  cela.  Que  répond  M.  Hémon?  Rien.  Il  entre- 
prend de  nous  séduire  par  la  beauté  du  sacrifice.  Ma  foi,  qu'il  sache 
de  nous  une  chose  :  c'est  que,  catholiques  que  nous  sommes,  nous  ne 
sommes  prêts  à  trouver  bons  les  sacrifices  que  la  religion  inspire,  que 
si  elle  est  vraie,  et  à  les  trouver  beaux  que  chez  ceux  qui  la  croient 
vraie.Le  curé  en  question  ne  dit  rien  qui  montre  qu'il  ait  la  foi  :  ainsi 
son  sacrifice  déplaît. Il  déplaira  aux  incrédules,  il  déplaira  bien  plus  aux 
croyants,  qui  ne  pourront  admettre  qu'on  se  moque  d'eux  en  soute- 
nant des  plus  faibles  raisons  de  religion  des  sentiments  si  pathétiques, 
en  faisant  triompher  la  discipline  chrétienne  par  des  impulsions  si 
misérables. En  cela,  l'abbé  de  Brethonne  nous  fait  l'effet  d'un  succé- 
dané de  Jocelyn,  et  cela  n'est  pas  un  compliment.  Qu'on  me  com- 
prenne bien.  Un  prêtre  peut  parfaitement  n'avoir  que  peu  de  foi  et 
pourtant  demeurer  prêtre,  surtout  si  au  scrupule  de  donner  du  scan- 
dale s'ajoute  (ainsi  que  le  fait  entendre  à  la  fin  M.  Hémon)  un  désen- 
chantement de  tout  au  monde  et  des  promesses  du  bonheur  même.  Un 
tel  caractère  est  peu  dramatique,  cependant  il  offre  de  l'intérêt;  mais 


^  14  — 

c'est  à  condition  qu'il  soit  net,  et  étudié  profondément.  En  tant  que 
pur  désabusé,  le  caractère  de  l'alDbé  de  Brethonne  est  à  peine  touché 
et  le  cas  demeure  incertain.  En  somme,  les  raisons  qu'il  y  a  pour  lui 
de  n'abdiquer  pas  le  sacerdoce  paraissent  habiter  bien  moins  en  lui 
que  dans  l'esprit  de  l'auteur.  M.  Hémon  a  craint  de  choquer  le 
lecteur,  de  faire  une  diatribe  antireligieuse.  Au  point  de  vue  de  la 
religion,  le  livre  n'y  gagne  pas;  au  point  de  vue  de  l'art,  il  y  perd. 
Cette  diatribe  était  bien  commencée  dans  les  violences  du  colonel, 
oncle  du  curé.  Il  faut  savoir  que  la  retraite  de  la  cousine  chez  le 
curé  entraîne  un  blâme  de  l'évêché  et  le  déplacement  du  prêtre 
fidèle.  «  Relève-toi,  dit  le  colonel,  et  commence  par  flanquer  ta 
démission  à  ceux  dont  tu  peux  te  passer.  «  Voilà  qui  est  parlé.  Dans 
tout  ce  qui  touche  les  cas  de  conscience,  il  n'y  a  que  cela  qui  soit 
éloquent.  Maintenant,  que  M.  Hémon  me  pardonne  cette  grande 
place  donnée  à  la  critique.  Il  y  a  ailleurs  beaucoup  de  talent  :  de 
la  vivacité,  du  pittoresque,  un  intérêt  soutenu,  un  dialogue  naturel. 
Puis  la  scène  se  passe  à  Tours  et  à  Saint- Avertin.  On  aime  cela,  on 
aime  ce  pont  du  Cher,  on  aime  la  scène  du  débauché  buvant  dans 
le  cabaret  de  Xavier  Forças,  où  l'on  mange  si  bien,  qui  met  en 
bouteille  de  si  bons  crus.  Le  livre  abonde  en  scènes  de  genre  fine- 
ment touchées,  enlevées,  sans  longueurs,  avec  mordant,  avec  éclat. 
7.  —  Sous  cet  autre  titre  :  Un  Prêtre,  voici  une  histoire  du  même 
genre,  mais  traitée  bien  différemment.  Une  large  veine  comique  égaie 
et  soulève  le  livre  de  M.  Léon  Cathlin  :  veine  surgie  de  lectures  faites 
dans  Anatole  France,  dont  il  ne  laisse  pas  de  se  distinguer  par  une 
plaisanterie  plus  brève  et  plus  cinglante,  plus  voltairienne,  quoique 
Renan  n'y  manque  pas.  C'est  un  premier  élément,  et  (littérairement 
parlant)  le  meilleur.  Un  second  est  la  diatribe  romantique.  Le  curé 
Cygne  est  aussi  un  méconnu.  Lui  aussi  encourt  le  blâme  de  l'évêché 
pour  avoir  approché  une  femme.  Et  l'injustice  ici  est  d'autant  plus 
criante,  qu'il  ne  l'approche  que  pour  la  convertir,  et  qu'il  ne  manque 
par  là  à  aucune  discipline  extérieure,  consigne  matérielle  ou  règle 
canonique.  Il  est  vrai  qu'il  s'agit  d'une  fille  de  mauvaise  vie;  mais 
personne  jamais  n'a  ouï  dire  qu'il  fût  défendu  au  prêtre  d'exhorter, 
de  catéchiser,  de  confesser  ces  sortes  de  gens.  Ainsi  l'invention  du 
blâme  est  arbitraire;  elle  fait,  dans  ce  roman,  l'effet  de  ces  malheurs 
auxquels  on  ne  croit  pas,  contés  par  dos  geignards  insupportables. 
En  argot  d'étudiant,  nous  disions  autrefois  que  les  fâcheux  de  ce 
genre  vendaient  leur  piano.  M.  Cathlin  vend  le  piano  du  curé  Cygne  ; 
et  c'est  le  pire  des  éléments  du  livre.  On  l'accorde  difficilement  avec 
la  qualité  de  chrétien,  qui  est  pourtant  celle  de  l'auteur.  Quelqu'un 
dira  :  le  tour  voltairien  aussi.  En  vérité,  cela  est  bien  différent.  Il 
y  a_^longtemps  que  la  raillerie  voltairienne  a  cessé  de  gouverner  les 


—  15  - 

intelligences  qui  l'accueillent.  Elle  n'est  plus  qu'une  satire  des 
mœurs  et  des  visages  :  et  rien  n'empêche  de  concevoir  un  chrétien 
sincère  exerçant  une  verve  de  ce  genre  sur  les  travers  ecclésias- 
tiques. Le  troisième  élément  est  la  spiritualité  du  livre,  composée 
çà  et  là  de  peintures  exactes,  d'une  grande  fermeté  de  dessin  heureu- 
sement exempte  du  ton  de  fausse  caresse  que  Renan  a  mis  à  la  mode. 
Dans  la  seconde  moitié  du  livre,  quelques  sermons  du  curé  Cygne  et 
surtout  les  propos  de  conversion  tenus  par  lui  à  la  fille  galante,  sont 
empreints  d'une  vraie  noblesse.  J'ai  beaucoup  remarqué  queM.Cathlin 
fait  lire  Bourdaloue  à  son  curé.  Cette  imagination  classe  le  personnage 
et  le  peintre.  Pourquoi,  éclairé  comme  cela  suppose  qu'il  l'est,  pei- 
gnant un  prêtre  de  cette  espèce,  l'auteur  ne  le  fait-il  pas  se  con- 
duire plus  conséquemment,  au  milieu  de  circonstances  mieux 
imaginées  ?  Avec  de  beaux  dons,  l'auteur  ne  possède  évidemment 
qu'un  jugement  et  une  expérience  imparfaits.  Le  personnage 
de  Sœur  Arthémise,  qui  se  croit  inspirée  et  prédit  la  fin  du  monde, 
appartient  chez  lui  à  la  veine  voltairienne  ;  l'épisode  du  faux  miracle 
d'un  nouveau-né  ressuscité  à  celle  de  Renan.  Dans  une  gamme  de 
satire  modérée  sont  les  différents  traits  de  la  conférence  ecclésias- 
tique, où  l'on  voit  dîner  ensemble  les  curés  du  canton. L'histoire  de  la 
vieille  qui  voit  la  sainte  Vierge,  et  à  qui  le  confesseur,  pour  éprouver 
l'esprit,  ordonne  une  neuvaine  d'eau  de  neuf  jours,  est  une  chose  vrai- 
ment divertissante.  Au  bout  de  neuf  jours  la  pénitente  revient  :  «  Mon 
père,  dit-elle,  durant  ce  temps,  je  n'ai  vu  qu'une  seule  fois  la  Vierge; 
elle  semblait  mécontente,  sans  doute  parce  que  ce  jour-là  je  n'avais 
pas  bu  que  de  l'eau;  seulement  une  petite  goutte  de  rhum.  — Ma  fille, 
répond  le  prêtre,  j 'ai  bien  prié  et  je  ne  crois  pas  que  vos  visions  vien- 
nent d'en  haut.  » 

8.  —  L' Imperturbable  Silence,  c'est  celui  de  la  surdité.  M.  Gilbert 
Stcnger  a  mis  en  récit  l'isolement  causé  par  cette  infirmité.  C'est 
la  vie  supposée  d'un  vieil  oncle  décédé,  curieusement  remplie  de  l'écho 
des  événements  contemporains.  Cet  écho  est  si  naturel,  en  général 
il  porte  si  peu  la  marque  ordinaire  des  reconstitutions,  qu'on  ne  peut 
s'empêcher  de  croire  que  l'auteur  aura  utilisé  quelques  notes  authen- 
tiques d'un  témoin  du  temps.  Le  héros  se  fait  avocat,  mais,  au  premier 
procès  qu'il  plaide,  on  méprise  son  témoignage,  que  son  infirmité  rend 
suspect. Il  est  aimé  d'une  jeune  fille  que  la  révélation  de  son  infirmité 
détourne  brusquement  de  l'épouser. Il  pense  unir,  pour  la  rédaction  d'un 
journal  de  province,  ses  efforts  à  ceux  d'un  ami,  que  sa  collaboration  ex- 
pose bientôt  à  la  moquerie,  en  sorte  que,  pour  sauver  cette  collaboration, 
il  est  obligé  de  la  continuer  de  loin  et  de  se  séparer  de  son  ami. 
Ces  simples  épisodes,  joints  à  quelques  hors-d' œuvre,  composent  tout 
le  livre,  écrit  d'un  style  touchant,  naturel  quoique  avec  une  nuance 


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d'apprêt  ancien,  qui  rend  plus  vraisemblable  encore  la  forme  de  Mé- 
moires employée. Il  y  a  beaucoup  d'extraits  d'auteurs,  rendant  à  mer- 
veille les  préoccupations  d'un  homme  de  ce  temps-là  :  du  Cousin,  de 
l'Augier,  du  Jules  Simon,  et  cet  admirable  fragment  d'un  sermon  de 
Bossuet  sur  la  mort  :  La  Vie  humaine  semblable  à  un  chemin..., cité  (mais 
pourquoi?)  avec  quelques  retouches.  Il  y  a  aussi  des  extraits  du 
Phédon,  sur  l'immortalité  de  l'âme,  qui  convertissent  le  héros  et  un 
de  ses  amis,  et  qui  font  entrer  au  couvent  une  jeune  fille  liée  d'une 
intrigue  amoureuse  avec  ce  dernier. 

9.  • —  À' os  enfants  qua?id  ils  jouent,  jouent-ils,  parlent-ils  ainsi?  Cer- 
tainement non.  Le  style  surtout  de  ce  livre  est  manqué. C'est  un  style 
de  grajide  personne  et  même  un  style  d'auteur.  De  plus,  les  jeux  mis 
en  dialogue  par  M.  Guibaud  ne  sont  pas  des  jeux  d'enfants.  Les 
enfants  ne  jouent  pas  à  la  Police  correctionnelle,  aux  Députés,  etc.  Us 
jouent  à  l'omnibus,  à  la  madame.  Il  n'y  en  a  pas  moins  de  plaisantes 
pages,  qui  tiennent  à  la  satire  que  cette  fiction  enveloppe.  L'école 
surtout  est  fort  bonne.  La  maîtresse  y  donne  une  leçon  de  choses. 
Les  pédagogies  contemporaines  en  contiennent  la  théorie  :  «  L'enfant 
appelé  à  faire  la  description  d'un  objet  doit  suivre  un  plan  dont  nous 
donnons  un  modèle  :  Entrée  en  matière,  nom  de  l'objet,  forme,  couleur, 
usage,  conclusion.  »  J'ai  lu  autrefois  un  programme  de  ce  genre  dans 
l'imbécile  revue  de  M.  Payot,  le  Volume.  Maintenant,  voici  le  devoir 
d'un  enfant  imaginé  (avec  son  orthographe)  par  M.  Goubaud  :  «  Dis- 
crition  de  l'encryer  de  la  métresse.  1°  Nom  de  l'objet.  Ce  que  j'ai  à 
décrire  sassapèle  un  encryer.  —  2°  Forme.  Dans  le  bas,  il  est  puron; 
dans  le  haut,  il  est  pas  ciron.  —  3°  Couleur.  Il  est  noir  quantil  ia  de 
lancre  noir.  —  4^  Usage.  11  serre  à  maître  de  l'ancre  pour  écrir.  — 
5°  Conclusion.  Faut  avoire  de  lancre  pour  maître  dans  lancryer.  »  C'est 
très  bien,  d'abord  parce  que  c'est  naturel,  ensuite  parce  qu'en  peu  de 
mots,  c'est  toute  la  critique  du  système. 

10. — Le  comte  R.  de  Montesquiou  écrit  mal  ;  cela  ne  serait  rien;  mais 
en  même  temps  il  écrit  comme  un  homme  qui  se  figure  écrire  divine- 
ment et  cela  engendre  un  charabia.  Toutefois,  son  Brelan  de  Dames  se 
lit  avec  profit,  à  cause  de  la  description  du  musée  Saint-Saëns  de  Dieppe 
et  du  musée  de  la  marquise  de  Blocqueville,  née  Davoust,  qui  est  à 
Auxerre.  Ce  sont,  comme  il  dit,  deux  musées  pour  rire  :  une  réunion 
d'objets  dénués  de  tout  intérêt,  étalant  au  surplus  des  souvenirs  de 
famille  qui,  exposés  en  public,  font  rire.  J'aurais  passé  sur  le  musée 
Bloc  que  vilhî,  d'abord  parce  que  cette  satire  exercée  sur  une  femme 
dé  soblige,  ensuite  parce  que  ce  musé  e  ne  prend  pasla  place  d'autre  chose. 
Pojar  le  musée  Saint-Saëns,  c'est  différent.Lebric-à-bracdontil  se  com- 
pose a  obligé  de  reléguer  dans  l'escalier  du  musée  de  Dieppe  une 
admirable  série  d'échantillons  de  l'ancienne  cartographie  dieppoise, 


—  17  — 

en  op'.e  la  plupart,  mais  d'un  grand  intérêt,  parce  qu'on  ne  les  trouve 
réunis  que  là.  Cette  école  des  cartographes  dieppois,  qui  va  de 
François  l^""  à  Louis  XIII,  est  une  des  gloires  de  Dieppe  et  de  la 
France,  et  ce  qui  s'en  voit  là  a  de  quoi  intéresser  même  le  simple 
passant,  et  aussi  l'artiste,  à  cause  des  ornements  qu'en  ces  temps  for- 
tunés l'art  ajoutait  à  ces  savants  ouvrages.  En  conséquence  de  leur 
relégation,  ces  objets  demeurent  inconnus.  Remarquez  que  cette  relé- 
gation est  aussi  celle  du  goût  et  de  la  science  de  M.  Ambroise  Milet, 
le  directeur,  auteur  de  parfaits  petits  ouvrages  sur  la  cartographie  et 
les  ivoires  dieppois;  en  sorte  que  le  Parisien  croit  ne  côtoyer  là  que 
la  province  la  plus  sotte  et  la  plus  encroûtée,  alors  qu'il  passe  auprès 
de  curiosités  uniques  et  de  lumières  aussi  gracieuses  qu'abondantes. 

11.  —  Ne  contrariez  pas  les  Instincts  galants  chez  l'homme,  vous 
n'obtiendrez  de  lui  qu'hypocrisie.  Ne  le  voyez-vous  pas  bien?  Oui, 
vraiment.  Mais  M.  Maryo  Olivier  voudrait-il  nous  dire  quelle  sorte 
de  penchants  contrariés  n'engendre  pas  de  même  l'hypocrisie  des 
mœurs?  11  faudrait  donc  n'en  contrarier  aucun.  La  belle  audace  de 
l'auteur  consiste  à  mettre  là-dessus  la  femme  en  pénitence.  Elle  (à  ce 
qu'il  assure)  n'a  d'instincts  que  maternels.  Que  chacun  suive  sa 
pente  :  à  elle  les  marmots;  à  l'homme  les  aventures.  Le  monde  arrangé 
ainsi,  tout  va;  au  lieu  que  la  sotte  contrainte  des  religions  et  des  phi- 
losophies,  exprimée  dans  le  mariage,  gâte  tout.  Mon  cher  auteur,  vous 
faites  pitié.  D'abord  il  faut  des  pères  pour  élever  les  enfants,  il  faut 
donc  des  maris  aux  femmes.  Puis,  est-ce  que  la  femme  adonnée  à  la 
galanterie  est  un  mythe?  Que  fait-on  de  nos  vieux  auteurs,  qui  repré- 
sentaient ce  sexe  si  fragile,  si  enclin  à  mal  faire?  lisent  outré  le  tableau; 
mais,  tout  enle  modérant,  on  peut  être  sûr  qu'une  morale  des  deux  sexes 
qui  prend  le  contrepied  de  ce  tableau  est  absurde.  La  vérité  est  que 
la  vie  de  la  femme  lui  permet  de  se  mieux  régler  là-dessus  que  l'hom- 
me, et  que,  d'autre  part,  sa  faute  est  plus  funeste,  ayant  pour  effet 
de  détruire  le  foyer  même.  Mais  en  quoi  ces  deux  points  palpables 
diminuent-ils  le  prix,  abrogent-ils  le  devoir,  de  la  fidélité  réciproque? 

12.  — Voici  le  livre  d'un  prêtre  qui  signe  Paul  Abbas.  Cela  s'appelle 
Première  Paroisse.  Ce  qu'il  contient  est  moins  un  récit  qu'une  série 
de  tableaux  allègrement  brossés  de  la  vie  sacerdotale.  Ce  prêtre  se 
donne  pour  âgé  et  ayant  vu  le  Seize -Mai.  N'exagère-t-il  pas?  Il  me 
semble  qu'en  ce  cas  il  nous  aurait  fait  jouir  de  réflexions  plus  pro- 
fondes en  ce  qui  regarde  la  politique.  L'auteur  a  l'air  de  croire  que 
les  opinions  du  clergé  en  politique  n'ont  jamaisété  que  des  fantaisies. 
Pas  un  moment  il  ne  fait  cette  simple  réflexion,  que  le  souci  d'assurer 
au  mieux  la  sécurité  de  l'Église  et  la  liberté  de  leur  ministère  y  entrait 
pour  une  part  déterminante.  A  la  fin,  il  leur  ordonne  de  n'avoir  pas 
4'opinion,  pour  n'être  que  «  les  curés  tout  court  ».  Mauvaise  raison. 

Juillet  1912,  T.  CXXV.  2. 


—  18  — 

Curés  tout  court  étaient  oeiix  qui  jadis  prenaient,  ceux  qui  mainteaiant 
pwniient  parti.  11  faudrait  démontrer  que  le  régime  de  l'État  est  de 
nulle  conséquence  pour  les  hommes,  pour  la  société,  pour  T  Église. 

13.  -^  La  Voie  mauvaise,  que  M.  Baraude  présente,  est  celle  que 
suit  un  député,  anticlérical  et  socialiste  par  intérêt.  Victime  à  la 
fin  lui-même  des  exigences  de  son  parti,  il  meurt  sous  le  poignard 
d'un  de  ceux  qui,  s'apprêtant  à  dévaster  un  couvent,  le  trouvent 
en  défense  sur  la  porte,  car  ce  couvent  a  pour  supérieure  une  jeune 
fillo  qui  fut  sa  fiancée  et  qu'il  reconnaît  à  ce  moment.  Toute  une 
intrigue  d'amour  est  mêlce  à  ce  drame,  avec  quelques  parties 
touchantes,  mais  qui,  dans  l'ensemble,  n'évitent  pas  la  banalité. 

14.  —  M.  Henry  Rainaldy  nous  dépeint  la  Ville  foUe,  la  campagne 
seule  sage. C'est  qu'on  ne  peut  convertir  la  ville  au  pacifisme,  quoi  que 
fasse  un  héros  imaginé  par  lui,  qu'on  nomme  l'Apôtre.  L'Apôtre, 
d'abord  acclamé,  est  enfin  obligé  de  eéderauxsentiments  soulevés  par 
la  déclaration  de  la  gueiTe;  il  va  enfouir  son  chagrin  aux  champs.  Ce 
livre,  entièrement  privé  d'intérêt,  a  quelque  chose  d'attendrissant 
par  l'inexpérience  des  idées  et  le  pompeux  enfantillage  du  style. 

15.  —  Roman  patriotique  et  militaire  l'Heure  critique,  de  M.  Fer- 
nand  Dacre,  d'inspiration  généreuse  et  d'agréable  lecture.  L'auteur 
connaît  bien  la  vie  des  soldats,  qu'il  peint  avec  vivacité  et  sème  de 
plaisants  épisodes. 

16.  —  Nouvelle  édition  des  Scènes  de  la  Vie  de  Bohême  de  Henry 
Murger,  avec  des  notes.  On  regrette  que  ce  soin  de  réimpression  et 
ces  notes  s'adressent  à  de  si  médiocres  ouvrages.  A  ce  regret  se  joint 
même  un  petit  scandale,  quand  on  voit  une  marque  de  librairie  les 
Oliver  au'  rang  de  classiques. 

17.  —  Sous  ce  titre  :  La  Graine  au  vent,  M.  Jean  Nesmy  imprime 
une  série  de  nouvelles.  Presque  toutes  se  passent  aux  champs.  Il  y  a 
du  charme  et  de  la  couleur,  mais  un  style  tendre  et  une  préciosité  qui 
ne  sont  pas  toujours  agréables.  Je  ne  saiscombien  d'alexandrins  formés 
émaillent  cettie  prose. 

18.  —  Par  la  plume  de  M.  Gonzague  Truc,  Monsieur  de  Nugbo,  ])Jn- 
losophe,  débite  ses  apophthegmes  à  la  façon  de  Jérôme  Coignard.  Mais 
M.  de  Nugbo  n'est  pas  Jérôme  Coignard;  il  n'a  ni  son  invention 
d'argimients  ni  sa  rapide  appréhension  des  choses.  Ajoutons  que  le 
livre  de  M.  Anatole  France  n'aurait  plus  aujourd'hui  le  succès  qu'il 
a  eu. Nous  ne  sommes  plus  au  scepticisme  disert  ni  au  paradoxe  gourmé. 
Nous  voulons  du  sérieux:  M.  do  Nugbo  n'en  a  pas.  Toute  son  inspi- 
ration est  de  se  distinguer,  parfois  assez  élégamment,  mais  toujours 
avec  plus  de  grimace  que  de  fond.  11  a  du  reste  des  lettres  et  des  parties 
de  jugement.  J'ai  bien  aimé  ce  qu'il  dit,  que  ce  n'est  pas  l'imprimerie 
qui  a  fait  la  Renaissance,  mais  un  long  effort  de  l'esprit,  commencé 
dès  Charles  V  et  Jean  le  Bon. 


—  19  — 

19.  —  L'IUuslre  Athauase  Bonsang  est  pharpiacien  dans  une 
petite  vi]le,où'M.  René  des  P'omeys  nous  fait  assister  à  quelques  scènes 
de  mœurs  fort  plaisantes  où  y  est  mêlée  la  politique.  11  y  a  dans 
ce  livre  de  l'invention  et  de  la  verve. 

20.  — M.  Frédéric  Charpin  a  publié  dans  la  «  Bibliothèque  régiona- 
liste  »  de  Bloud,  des  Contes  provençaux:  de  Roumanille,  le  fameux 
poète  proven'çal,  texte  et  traduction  en  regard.  Je  ne  puis,  faute  de 
place,  louer  comme  il  faudrait  cet  ouvrage.  Le  texte  est  connu  et  n'a 
pas  besoin  d'éloges,  mais  la  traduction  est  excellente,  libre  et  allante: 
en  tout,  un  rendu  excellent  de  l'original. 

21.  — Le  mariage  d'un  frèfe  et  d'une  sœur,  l'un  fils  légitime,  l'autre 
bâtard,  unis  sans  se  connaître,  tel  est  le  sujet  du  livre  de  M.  A.  Segré 
intitulé:  L'Inceste  légitime.  Ce  sujet  odiQux  retiendrait  l'attention  sous 
la  plume  d'un  Barbey  d'Aurevilly;  il  est  traité  ici,  invention  et  lan- 
gage, dans  un  style  de  roman  feuilleton  de  sous- préfecture. 
Impossible  d'imaginer  do  visées  plus  prétentieuses  unies  à  plus  d'C 
platitude. 

22.  —  Un  volume  de  mœurs  turques  mises  en  roman,  Nadjié,  la 
Petite  Hanoum,  ne  cesse  de  prt'occuper  l'esprit  par  la  recherche  de 
couleur  locale,  qu'on  aimerait  autant  voir  traiter  pour  elle- mt me;  sans 
l'embarras  d'une  affabulation.  M.  Emile  Edwards  parle  à  des  initiés. 
Ses  lecteurs  doivent  savoir  ce  qu'était  la  femme  turc|ue  avant  la 
révolution  juive.  Ils  sont  supposes  s'intéresser  à  ce  qu'elle  est  devenue 
depuis.  Mais  peu  de  gens  apportèrent  ces  dispositions  toutes  faites. 
11  faudrait  les  instruire;  un  roman  ne  le  peut  pas. 

23.  —  Le  Prince  des  riches,  par  M^  Fernand  Rivet.  C'est  un  roman 
d'études  sociales,  mais  brodé  de  tant,  àe  caractères  que  le'problènije 
économique  en  e&t  noyé.  La  verve  est  plaisante,  dans  le  genre  de  Can- 
dide, niais  courte,  l'invention  est  riche,  mais  incertaine,  le  style  est 
réellement  ^bcminable.  Voici  ce  qu'on  lit  à  la  page  1  :  «  Le  caJme  de  ces 
rues  oisives  étonnait  ccmmevune  solution  de  continuité  dtns  l'œuvre 
quotidienne.  »  Et  cela  continue  j.usc[u'à  la  fin.  Ur.e  grçxde  partie  des 
:plaisantmes  a  lieu  au  dépens  du  clergé,  dens  in  esprit  qie  nous  ne 
recommanderont  pas. 

24.  —  Sous  ce  nom  :  ,L'.Orgie,  gauloise,.  M.  Louis  Gastine  a  mis  en 
roman  ,1a  conquête  de  la.  Gaule  par  César.  Le  sens,  du  livre,  riche  en 
épisodes,  est  favoraJîle  à  cette  conquête  et  au  grand  hcmme  à  qui  les 
Gaulois  dur erit  d'accéder  à  la  civilisaticn-  Rien  qui  sente  les  anciennes 
récriminations  pour  l'indépendance  problématique  d'un  sol,  où  les 
Gaulois  eux-mêmes  vivaient  en  conquérants..  L'auteur  ne  suit  pas 
Henri  Martin,  mais  Fustel  de  Coul^nges,  ccmnieî,l  le  dé  cl  are  lui- même 
dans  la  Préface.  L'ouvrage,  est  fort  intéressant.  Les  illustrations 
détonnent  un  peu.  Qr^elques-unes  soi>t  d'après,  Luminais,  le(i.uel  fait 
penser  à  Augustin  Thierry  plus  qu'à  César. 


-  20  — 

25. —  Un  roman  de  mœurs  historiques,  c'crit  dans  un  style  archaïque, 
telle  est  l'Histoire  de  la  Maison  de  l'Espine,  de  M.  Yves  Blanc.  L'aven- 
ture est  mise  au  temps  de  Louis  XI 11.  Nulle  part  la  vérité  des  mœurs 
n"y  est  quelque  chose  de  bien  saisissant,  et  le  style  par  malheur  n'est 
qu'une  caricature.  L'auteur  dit  «  éperon  à  boire  »  là  où  Rabelais  dit 
«  aiguillon  à  vin  )'.  Ainsi  du  reste. 

Romans  de  femmes.  —  26.  —  M^"^  Daniel  Lesueur  nous  dépeint 
une  crise  de  sentiment  chez  une  vieille  fille,  auteur  de  romans  feuil- 
letons, enrichie  par  cette  industrie  littéraire,  poi  sonne  bonne  et  ser- 
viable,  qui  vit  environnée  d'une  famille  d'adoption.  Une  fille  bâtarde, 
sa  nièce,  qu'elle  élève  ainsi,  destinée  à  l'administration,  s'éprend  de 
littérature,  et  veut  écrire  dans  les  journaux.  Lutte  entre  ces  deux 
vocations.  Tableau  successif  de  la  vie  de  bureau  et  des  cabinets 
de  rédaction.  Tout  est  dénoué  par  le  mariage.  La  jeune  fille  épouse 
un  acteur  en  renom,  qui  tient  le  grand  rôle  d'une  pièce  tirée  d'un 
des  feuilletons  de  sa  tante,  et  où  on  a  fait  jouer  la  nièce.  Seule- 
ment, au  cours  des  répétitions,  la  tante  s'était  éprise  de  cet 
acteur.  C'est  le  Tournant  des  jours,  qui  fait  le  titre  du  livre. 
Elle  n'en  donne  pas  moins  les  mains  à  ce  mariage,  en  soupirant. Telle 
est  la  fable.  L'auteur  ne  l'a  pas  conduite  de  cette  façon  serrée  qui 
concentre  l'attention,  en  même  temps  que  la  crainte  et  l'espoir.  L'in- 
térêt y  est  incertain  et  flottant  ;  de  plus  on  ne  prend  des  personnages 
qu'une  idée  vague  ou  discontinue.  Le  personnage  de  l'acteur,  com- 
mencé en  fat,  se  termine  en  honnête  homme.  La  vieille  fille,  rôle  prin- 
cipal du  livre,  n'est  peint  que  de  traits  généraux,  et  les  passions  qui 
l'agitent,  représentées  dans  de  peiits  effets, ne  fournissent  qu'un  tableau 
trop  faible  soit  pour  nous  faire  vivement  souhaiter  qu'elle  épouse,  soit 
pour  nous  faire  déplorer  vivement  qu'elle  n'épouse  pas.  Le  soupir 
qu'elle  pousse  est  sans  écho  chez  nous.  11  y  a  d'autres  reproches. 
Dans  ce  roman  de  mœurs  bourgeoises,  on  ne  trouve  aucun  tableau  des 
vertus  du  foyer.  L'héroïne  vit  auprès  de  deux  époux  qui  ont  adopté 
sa  nièce,  et  de  leurs  deux  enfants.  Ces  gens  sont  dénués  de  toiite  morale, 
de  toute  religion,  de  toute  délicatesse.  Soit;  il  y  en  a  comme  cela,  et 
l'on  ne  demande  pas  mieux  que  d'accueillir  la  peinture  de  ces  gens- 
là;  mais  c"cst  à  condition  que  l'auteur  nous  les  présente  comme  s'aper- 
cevant  de  ce  qui  leur  manque.  Point.  M'"^  Daniel  Lesueur  ne  les 
reprend  que  de  deux  choses  :  de  leur  mauvais  caractère  et  de  leur 
mauvais  goût.  L'ignoble  frivolité  de  vie  qu'ils  essaient  de  mener,  elle 
l'approuve;  toute  leur  tare  à  ses  yeux  est  de  n'y  pas  réussir.  Au  con- 
traire, la  bâtarde,  qui  se  débrouille  dans  cette  vie  avec  adresse  et 
(nous  dit-on)  avec  élégance,  a  tous  les  sourires  de  l'auteur.  L'auteur 
lui  donne  des  mœurs.  Très  bien.  Mais  cela  ne  l'empêche  pas  de  faire 
la  coquette  et  avec  le  directeur  de  journal  qui  reçoit  ses  articles  pour 


—  21  — 

la  séduire,  et  avec  l'acteur  qui  la  met  sur  la  scène.  Il  faut  que  nous 
voyions  en  elle  la  «  Parisienne  »,  et,  sous  ce  nom,  Dieu  sait  quels  chif- 
fons ont  cours.  Imaginez  la  bonne  grâce  qu'il  y  a  à  mettre  dans  ce  por- 
trait la  pudeur  !  Destituée  de  tous  ses  appuis  naturels,  isolée  au  milieu 
du  fleurt,  de  l'immodestie,  du  langage  libre,  ce  sentiment  cesse  d'être 
une  vertu,  pour  tomber  au  rang  d'une  résistance  physique,  dénuée  de 
tout  charme  comme  de  tout  intérêt.  «Parisienne  de  vingt  ans,  dit 
Mme  Daniel  Lesueur,  sauvagement  pure  et  diaboliquement  coquette.  » 
Qu'est-ce  qu'elle  veut  que  nous  fassions  de  cette  sauvage  pureté-là? 
Dans  la  vie,  bien  fou  serait  le  mari  qui  s'y  fierait;  dans  le  livre,  elle  ne 
fera  plaisir  à  personne.  Elle  n'offrira  aucun  rafraîchissement  à  Tima- 
gination,  aucune  sécurité  à  la  morale.  Je  vais  bien  étonner  M^^  Daniel 
Lesueur  :  mais  son  roman  serait  bien  plus  moral  si  dans  son  personnage 
d'innocente  l'effet  se  joignait  aux  apparences.  Voltaire  et  tous  les 
romanciers  du  xviii*'  siècle  n'eussent  pas  manqué  de  peindre  le  per- 
sonnage complet.  De  la  sorte  ils  eussent  été  dans  le  vrai,  et,  si  le  livre 
eût  été  mauvais,  cela  fût  venu  du  commentaire,  non  d'un  tableau  tru- 
qué des  faits.  Tout  détestable  que  soit  Candide,  l'écrivain  n'y  manque 
pas  à  cette  règle  essentielle,  et,  du  seul  point  de  vue  de  la  morale,  je 
préfère  de  beaucoup  M^^^  Cunégonde  à  la  Gilberte  Andraux  de 
]\lme  Lesueur.  L'une  est  la  vie  peinte  par  un  homme  sans  mœurs;  l'au- 
tre est  ce  qu'un  auteur  indulgent  aux  mœurs  libres  voudrait  faire 
prc-'ndre  pour  la  vie.  La  même  remarque  touche  le  Tournant  des  jours. 
Mot  menaçant,  dont  le  lecteur  attend  obscurément  quelque  éclat  re- 
doutable. Il  l'attend  d'autant  plus,  qu'il  voit  notre  vieille  fille  et 
l'acteur  jouer  avec  le  feu.  Même  on  lui  dit  que  cela  brûle  et  bouillonne; 
on  lui  peint  les  retours  de  la  quarantième  année,  on  insiste  sur  les 
mœurs  changées,  sur  le  luxe  des  repas,  sur  la  pâture;  puis,  quand  la 
tante  est  prête  aux  dernières  sottises,  quand  nous  croyons  que  tout 
va  sauter,  tout  se  dénoue  le  plus  aisément  du  monde.  Je  laisse  le  faible, 
le  négligé,  le  frivole  d'un  pareil  dénouement;  je  ne  m'arrête  qu'à 
l'immoral,  c'est-à-dire  à  ce  que  le  faux  y  tient,  non  de  l'impuissance, 
non  de  la  hâte,  mais  d'une  volonté  de  maquiller  la  vie,  d'en  déguiser 
l'ordre  naturel,  d'y  brouiller  le  tableau  des  effets  et  des  causes,  afin 
d'en  rejeter  les  devoirs.  Il  y  a  dans  ce  roman  des  talents  littéraires 
sensibles  dans  le  détail  des  peintures.  L'auteur  connaît  bien  ce  monde 
de  lettres;  elle  en  donne  d'amusants  croquis.  Il  y  a  des  traits  comme 
celui-ci  :  «  Notre  famille,  justement  !  On  y  fait  trop  de  littérature.  Je 
serai  l'obscure  exception  (c'est  le  frère  de  Gilberte,  épris  d'aéroplane, 
qui  parle).  Jusqu'à  ce  crapaud  de  Lilie,  que  j'ai  surprise  l'autre  jour 
cachant  un  cahier,  qu'elle  avait  intitulé  le  Roman  d  une  poupée.  — Non  1 
—  Je  l'ai  ouvert,  bien  qu'elle  trépignât  de  rage.  Sais-tu  ce  que  j'ai  lu? 
Je  t'épargne  l'orthographe.  Les  poupées  ne  naissent  pas  comme  les 


—  22  — 

enfants.  On  les  achète  très  cher.C'est  pourquoi  les  petites  paiwres  peuvent 
avoir  de  jolis  frères  et  sœurs,  tnais  n'ont  jamais  de  belles  poupées.  »  Cela 
est  excellent,  cela  est  peint,  cela  est  cueilli  dans  la  nature.  J'ajoute  : 
cela  est  bieïi  d'une  femme.  Certaine  science  de^  enfants  n'est  qu'à  elles. 
Et  comme  cela  eât  rejoint  adroitement  au  sujet  !  11  y  a  auési  des  pein- 
tures de  bureau  et  une  villtgiature  au  lac  des  Quatre- Cantons,  qui 
sont  d\m  savoureux  comique. 

27.  —  Un  Obstacle  aux  vues  du  féminisme,  c'est  la  nature  des 
femmes,  faibles  de  coi^ys,  chargées  des  soins  domestiquf*s,  tendres  au 
sentinï&nt,  etc.  M^'^''  Jean  de  la  Brèté  le  fait  voir  par  d'équitables 
analyses  et  quelques  tableaux  lîien  traCt's.  L'originalité  du  livre  est 
que  cet  obstacle  y  prend  corps  sous  forme  de  demande  en 
mariage,  non  pas  une  fois," mais  par  toute  l'histoire.  Des  demandfes  en 
mariage  adressées  à  l'une,  puis  à  l'autre,  des  adeptes  du  féminisme,  ont 
pour  effet  de  les  détourner.  La  plus  décidée  met  le  plus  de  temps  à 
céder;  c'est  qu'elle  est  l'objet  d'approches  plus  lentes;  en  sorte  que 
la  morale  imaginée  par  l'auteur  se  vérifie  sans  préjudice  de  détours 
variés  et  d'agréables  péripéties.  Aussi  l'héroïne  du  livre,  Andrée, 
avoue-t-elle  qu''il  faut  au  mouvement,  pour  le  pousser,  c' es  femnies 
débarrassées  des  liens  du  mariage.  Elle-même  est  avocat,  d'est  un  exem- 
ple qu'elle  donne.  Conquérir  le  plus  de  situations  qui  mettent  au 
niveau  des  hommes,  est  la  tactique  de  ce  mouvement. Bonne  occasion 
d'arguments  spécieux  dont  voici  le  principal  :  Tant  de  femmes  ont  be- 
soin de  gagner  leur  pain;  leur  fermerez-vous  ces  carrières?  Aquoil'au" 
,teur  répondfort  bien  que  cette  question  n'engage  pas  le  féminisme.  «  Il 
n'y  a  pas  à  protester  contre  une  nécessité  et  je  ne  proteste  pas,  tout  en 
me  maintenant  sur  cette  réserve,  qu'il  est  malheureux  que  les  conditions 
sociales  créent  la  n(*cessité...  Celles-là  travailleront;  elles  vivront  plus 
ou  moins  bien.  Mais  la  plupart,  sinon  toutes,  ne  seront  jamais  qu'un 
instrument  faussé.  «  'Puis  ces  excellentes  raisons  :  <;  La  justice  !  on  nous 
la  "baille  belle  !  La  justice  consiste-t-elle  à  sortir  un  être  de  sa  voie 
naturelle?))  Ou  encore  :((EiTement  monstrueux,  de  détruire  la  nature 
en  l'aiguillant  contre  elle-même,  ou  de  la  diminuer  en  no  cultivant 
pas  les  qualités  propres  de  chaque  être,  pour  entreprendre  des  greffes 
sur  un  bois  qui  n'est  pas  fait  pour  elles.  ))  Un  épisode  frappant  du  livre 
est  celui  où  l'auteur  nous  montre  une  jeune  femme,  frustrée  par  un 
testament  légitime  d'un  héritage  qu'elle  espérait,  ne  parler  de  rien 
moins  que  de  plaider.  —  Impossible,  lui  dit-on.  Mais  elle  ne  voit  pas 
cela.  D'emblée  sa  fantaisie  prend  la  place  de  la  loi.  Je  crois  le  trait 
juste.  M™*^  Jean  de  la  Brète  a-t-elle  raison  de  l'expliquer  ainsi  :  la 
femme  «substitue  son  impression  à  la  loi »?Fœmina,  dans  le  Figaro, 
remarquait  autre  chose.  Quand  une  femme,  disait-elle,  a 
la  lettre  d'un  règlement  pour  elle,  elle  s'y  accroche,  il  faut  qac  tout 


—  23  — 

pli'^.  Et  les  exemples  de  Fœmina  n'étaient  pas  moins  frappants  (ijue 
ceux  de  M'^^'^  Jean  de  la  Brète.  Et,  si  je  ne  me  trompe,  tes  uns  et  les 
autres  pourraient  se  concilier,  et,  dans  cette  conciliation,  l'une  comme 
l'autre  de  mes  auteuis  trouveraient  matière  à  exercer,  pour  le  plus 
grand  profit  du  lecteur  homme,  leur  analyse.  Voici  dans  Un  Obstacle, 
qui  est  remarquablement  peiisé  :  «  Un  fait  certain,  dit  la  féminibte, 
c'est  qu'un  nK)uv€mjBnt  s'accentue  on  faveur  de  nos  idées.  »  La  con- 
tradiction reprend  :  «  11  y  a  danger  dans  la  confusion  suivante  :  croire 
que  nous  devenons  ce  que  nous  devrions  être,  parce  que  l'opinion 
publique  se  tourne  vers  nos  idées.  »  Ce  qui  ailleuis  est  développé 
ainsi  :  «  C'est  par  le  contact  de  notre  nature  avec  nos  nouvelles  fonc- 
tions, non  sur  des  concessions  obtenues,  que  nous  devons  juger  la 
cause.  »  Après  cela,  l'auteur  me  permettra-t-elle  de  différer  avec  elle 
sur  un  point?  «  Tu  es  trop  droite,  dit  une  féministe  repentie,  pour  ne 
pas  convenir  que  généralement  nous  manquons  de  sens  philosophi- 
que, »  Non,  vraiment,  chère  Madame,  et  vous  prouvez  le  contraire. 

28.  — Je  ne  comprends  pas  bien  l'intention  de  M'"*'  Henriette  de 
Visnies.LÉ'5'  Pttites  Ames^  dont  elle  nous  donne  le  journal  et  les  pensées 
intimes,  sont  deuxX'une  est,  élevée  selon  les  ineptes  méthodes  inspirées 
à  nos  contemporains  par  les  souvenirs  de  V Emile,  hygiène  et  liberté; 
l'autre,  élève  du  Sacré-Cœur,  étale  sous  nos  yeux  des  niaiseries  de 
couvent  à  faire  pleurer.  L'impression  est  que  l'auteur  ne  choisit  pas. 
Cependant,  il  faut  choisir  et  choisir  le  couvent;  et  si  Tonne  peut  l'ac- 
cepter sous  cette  forme, marquer  en  traitsprécis  ses  vices  en  désolidari- 
santle  principe. Comme  sice  n'était  pas  assez  d'obscurité, une  Préfacenous 
avertit  de  ne  pas  nous  moquer  des  enfantillages  d'une  petite  fille,  parce 
qu'ils'agitde  choses  qtiisont  sérieuses  pour  elle.  Ainsi  noius  ne  pouvons 
même  savoir  si  les  sottises  dévotes  du  couvent  sont  ridicules  aux  yeux 
de  M'"^  Henriette  de  Visnies.  Peut-être  que  les  impertinences  de  l'édu- 
cation libertaire  ne  doivent  pas  être  non  plus  regardées  comme  une 
satire.  Sur  tout  ceci,  il  me  semble  qu'un  reproche  demeure.  Publier 
un  journal  d'enfant,  c'est  risquer  deuxécueils,  aussi  fâcheux  l'un  que 
l'autre  :  ou  de  présenter  comme  ridicules  des  sentiments  sérieux  et 
utiles  au  fond,  qu'il  n'est  au  pouvoir  d'aucim  maître  de  développer 
sous  une  autre  forme;  ou  d'imposer  l'admiration  de  choses  que  levir 
puérilité  rend  impropres  à  voir  le  jour.  Ces  journaux  sont  faits  pour 
ne  pas  sortir  des  mains  des  enfants.  Tout  au  plus  la  maman  ou  le 
confesseur  en  ont-ils  affaire.  Mais  le  premier  venu  !  mais  le  lecteur 
d'un  roman!  «  Respectons,  dit  à  la  fin  du  livre  un  des  persoimages 
de  l'auteur,  les  secrets  des  petites  âmes  pudiques.  »  C'est  mon  avis, 
et  pour  cela,  soit  vrais,  soit  simulés,  ne  les  imprimons  pas. 

29.  —  Un  noble  du  Poitou  épouse  une  Parisienne,  qui  souhaite 
de  sortir  du  pays.  L'époux  se  fait  un  devoir  d'y  rester  pour  maintenir, 


—  24  — 

contre  l'influence  exercée  de  la  préfecture,  la  saine  autorité  d'une 
vieille  famille  terrienne.  Dans  le  différend  qui  divise  les  époux,  se  jouent 
les  intérêts  de  conscience  des  Courîagré.  A  la  fin  ces  intérêts  triom- 
phent, la  jeune  comtesse  s'accommode  au  pays.  Une  jalousie  dont 
une  jeune  fille  des  environs  était  l'objet,  facilite  en  tombant  ce  dénoue- 
ment. Il  y  a  dans  le  roman  de  M.  P.  Gourdon  des  choses  touchantes 
et  belles.  Il  est  seulement  malheureux  que  l'auteur  ait  fait  tenir  tout 
le  devoir  social  d'une  vieille  famille  de  France,  dans  le  soin  de  présider 
aux  élections.  Cela  fait  un  maigre  but  à  tant  d'exhortations.  J'ajoute 
que  cela  donnerait  lieu  à  la  jeune  femme  de  haïr  légitimement  la 
vie  des  champs,  à  cause  des  infamies  que  cela  fait  deviner.  Dans  le 
roman  même  ne  voyons-nous  pas  une  lettre  anonyme  écrite  à  la  jeune 
femme,  dans  le  but  de  la  faire  rappeler  son  mari  du  pays  et  d'en  débar- 
rasser le  concurrent  franc-maçon?  Positivement  le  devoir  de  résider^ 
imaginé  ainsi,  souffre  plus  d'une  objection. 

30.  ■ —  Et  V amour  dispose...  de  la  vie  naturellement;  mais  de  la  vie 
de  qui?  d'une  femme  qui  ne  voulait  vivre  que  par  l'intelligence.  Voilà 
bien  du  convenu.  Qdoi,  le  programme  de  ne  vivre  que  par  l'intelligence 
peut  être  posé  raisonnablement  par  une  jeune  fille?  Quoi,  le  charme  de 
l'amour  seul  peut  lui  démontrer  qu'elle  se  trompe?  Mais  est-ce  que 
chez  les  meilleures  femmes  (meilleures  en  cela  précisément)  l'empire 
n'est  pas  au  sentiment?  et  le  rêve  de  vie  intellectuelle  n'est-il  pas  tou- 
jours une  misère  chez  elles?  Puis  nous  sommes  dans  l'abstrait.  En  fait, 
le  soin  du  ménage  pèse  sur  la  plupart  des  femmes  qui  s'y  adaptent 
avant  de  s'être  seulement  demandé  si  leur  vie  serait  cœur  ou  cerveau. 
11  y  a  ici  trop  de  philosophie,  et  qui  n'est  pas  des  meilleures,  mais 
^[me  Mathilde  Alanic  a  des  épisodes  touchants,  des  tableaux  agré- 
ables, une  invention  de  détail  fine  et  délicate. 

31.  —  On  souffre  à  penser  que  les  vieilles  erreurs  rcn'.antiques 
continuent  de  faire  toute  l'originalité  de  petites  écoles  feimtes  comme 
celles  des  théosophes.  Ouvrez  Ombres  et  lumières,  de  M"^^  Aimée 
Blech  :  vous  trouverez  dans  ce  recueil  de  nouvelles  tous  les  échan- 
tillons de  ces  conventions  démodées  :  le  poète  incompris,  l'Inquisi- 
tion, le  péché  école  de  l'âme,  etc.  Cependant  il  est  certain  que  dans 
tous  les  temps  les  grands  poètes  ont  été  connus  pour  tels  et  fêtés  de 
leurs  contemporains,  que  l'Inquisition  était  un  tribunal  très  régulier 
et  fort  nécessaire,  que  la  pureté  native  fait  la  sainteté  de  plusieurs 
âmes,  qui  n'ont  pas  à  connaître  la  souillure  expiée,  pour  parvenir  à 
la  perfection.  Cela  est  certain  et  l'aflirmation  de  ces  vérités  traîne 
maintenant  partout.  Ceux  qui  ne  le  croient  pas  savent  au  moins  que  les 
folies  anciennes  sont  contestées,  ils  ont  perdu  la  belle  sérénité  des 
affirmations  d'autrefois.  Ils  savent  qu'elles  ont  vieilli.  Aux  théo- 
sophes cependant   elles  continuent   de   paraître   neuves,   brillantes^ 


—  25  ~^- 

incontestables.    Cette   école    est -elle  vraiment  quelque  chos*^  de  si 
court  et  de  si  confiné? 

32.  — La  Petite  Gratienne,  de  M^^^  Yvonne  Durand,  est  la  touchante 
histoire  d'une  petite  orpheline  de  village,  qu'une  pauvre  institutrice 
élève.  Une  châtelaine  du  pays,  dont  celle-ci  instruit  les  enfants, 
devenue  folle,  la  tue  d'un  coup  de  revolver,  qu'elle  dirigeait  sur  ses 
enfants.  Petite  Gratienne  s'élève  dans  le  souvenir  de  cette  bonté  passée, 
et  à  la  fin  trouve  un  mari  dans  un  homme  qu'elle  avait  refusé  d'abord 
par  délicatesse,  qu'elle  épouse  veuf,  quoique  jeune  encore,  et  dont  elle 
élève  la  famille. 

33.  —  La  Métairie  de  las  Ramadas  est  la  première  d'un  lot  de  nou 
velles  paysannes,  d'une  invention  fraîche  et  charmante,  écrite  du  style 
le  plus  naturel.  M"^^  la  comtesse  de  Massacré  y  montre  une  connais- 
sance parfaite  de  la  vie  des  champs  et  des  sentiments  qui  s'y  agitent. 

34.  — C'est  un  roman  de  la  volonté,  qui  se  termine  par  un  mariage. 
Choisir...  ou',  mais  cela  ne  se  peut  en  gros;  les  motifs  d'agir  nous  con- 
traignent, il  faut  que  notre  choix  temporise  et  se  glisse  dans  le  système 
universel.  11  y  a  de  fines  analyses  dans  ce  livre  de  M"^^  Addy  de 
Saint-Germain,  et  du  mouvement  presque  partout. 

35.  —  Le  mariage  d'une  blanche  et  d'un  jaune  qui  transporte 
celle-ci  Hors  de  sa  race,  fait  le  sujet  du  roman  de  M"^  Alix  de  Ville- 
magne.  L'effet  de  ce  mariage  est  douloureux.  L'auteur,  qui  connaît 
bien  le  monde  d'Extrême  Orient,  pour  avoir  habité  ces  contrées, 
en  a  fourni  dans  ce  récit  la  peinture  la  plus  frappante. 

Romans  étrangers.  —  36.  —  Voici  une  nouvelle  histoire  d'adultère 
féminin  pardonné  :  Les  Gardiens  de  la  flamme,  par  M.  W.  A.  Maxwell. 
Si  l'on  voulait  la  preuve  de  l'immoralité  de  cette  sorte  de  pardon,  on  la 
trouverait  dans  l'air  de  pédanterie  qu'il  prend  ici.  C'est  le  fait  d'un  sa- 
vant, que  la  science  rend  indulgent,  à  cause  des  grandes  idées  qu'elle 
donne.  A  vrai  dire,  cette  science-là  n'est  pas  la  science  des  sociétés, 
laquelle  enseignant  que  le  foyer  repose  sur  l'intégrité  de  l'épouse,  ne 
peut  livrer  ses  infractions  au  jugement  du  sentiment  particulier.  La 
pitié,  la  générosité,  le  pardon,  le  stoïcisme,  n'ont  que  faire.  L'époux 
trompé,  ridicule  s'il  ignore,  est  réputé  vil  s'il  accepte.  Cela  ne  tient  pas 
uniquement  à  la  verve  de  vaudevilliste,  mais  aux  raisons  profondes  des 
choses.  Mais  le  savant  de  M.  Maxwell  n'est  qu'un  naturaliste.  Rien 
d'étonnant,  que  tout  savant  qu'il  est,  il  ignore  ces  raisons-là. 

37.  — Dernières  Enquêtes  du  prestigieux  Héwitt,  par  M.  Arthur  Mor- 
rison,  fait  suite  aux  Enquêtes  et  Nouvelles  Enquêtes  dont  nous 
avons  parlé  déjà.  Même  sujet  de  roman  policier,  dont  les  trucs 
sont  maintenant  aussi  connus  que  ceux  des  plus  anciens  mélodrames. 
AL  Savine  a  encore  traduit  ceux-là. 

38.  —  La  désillusion  causée  par  le  spectacle  des  mœurs  américaines 


-  26  ^ 

fait  manquer  le  Mariage  de  Lord  Lovelaml,  celui  que  oe  jeune  Lord 
rêvait  de  contracter  avec  une  riche  héritière  du  pays.  M.  \Vi.llianisun 
a  rendu  ce  dégoût, par  un  grand  nombre  de  traits  curieux,  où  s'étale 
l'aversion  siaioère  des  Anglais  paur  les  citoyens  du  Nouveau  Monde. 
L'admiiation  qu'ils  en  étalent  en  public  n'y  fait  rien.  La  traduction 
de  M.  Louis  dArvers  pêche  par  quelques  scrupules  d'expression,  qui 
sentent  l'iiésitatioii  et  la  timidité. 

39.  —  Voici,  de  Conan  Doyle,  une  simple  histoire  :  Un  Duo.  C'est 
un  roman  d'amoiu'  pris  avant  le  mariage  et  conduit  jusqu'au  premier 
enfant,  11  y  a  quelques  traits  agréables,  ankylosés  par  la  traduction, 
et  plusieurs  de  ces  gentillesses  anglaises,  mt'lange  de  plaisanterie  et 
de  tendresse,  qu'on  a  trop  vues  et  qui  ne  piquent  plus. 

40.  — Un.  mauvais  mariage  aux  États-Unis  fait  le  sujet  du  roman 
de  }\\^^^  Edith  Wharton,  ainsi  nommé  :  Sous  la  neige.  Un  suicide 
manqué  en  fait  l'affreuse  péripétie. La  dureté  des  mœurs  américaines, 
jointe  à  l'inclémence  du  dimat,  fait  le  cadre  désolant  du  livre. Le  style 
est  fort,  mais  inégal  et  malaisé. 

41.  —  Chez  les  Américains  est  le  nom  du  voyage  que  M.  Rudyard 
Kipling  fait  aux  États-Unis.  11  est  curieux  de  voir  dans  ce  livre  le 
contact  de  i' Anglais  des  Indes  avec  celui  du  Nouveau  Monde.  Le 
jugement  est  tantôt  favorable,  tantôt  hostile,  souvent  avec  une  acuité 
■dont  le  Français  srrait  le  plus  souvent  incapable,  privé  qu'il  est  des 
points  commune  qui  rendent  la  pénétration  plus  facile. 

42. — Dans  le  désert^  par  M'"^  Grazia  Deledda,  veut  dire  dans  la  vie  : 
tant  est  grand  le  dénuenxent  moral  auquel  tombe  Rosalie  Asquer  après 
les  courts  instants  d'un  bonheur  mesuré.  Au  milieu  de  l'agJtatioa  de 
Rome,  Lia  ne  trouve  non  plus  que  la  solitude,  et  revient  finir  ses  jours 
dans  un  village  de  Sardaigne.  Il  y  a  des  pages  pathétiques,  que 
le  caractère  un  peu  pénible  de  la  traduction  gâte  par  er.di'oits.  Dans 
l'Misemble,  pourtant,  cette  traduction  est  bien  meilleure  que  ce  que 
nous  a  donné  jusqu'ici  la  collection  yl  la  rose. 

43.  —  La  Ronde  est  un  recueil  de  petits  dialogues  orduriers,  que 
des  gens  ,bien  empressés  n'ont  pu  souffrir  de  voir  rester  dans  leur 
allemand  original.  Dar.s  une  honnête  annonce  de  cette  littérature,  ces 
messieurs  ont  soin  de  nous  laire  savoir  que  le  livre  a  été  interdit  en  Alle- 
magne. La  scène  est  à  Vienne,  l'auteur  est  M.  Schnitzler.  Cela  est  entiè- 
rement dénué  d'esprit.  Quant  à  la  traduction,  on  en  aura  l'idée  par  cet 
échantillon.  Un  soldat  et  une  fille  se  promènent  au  bord  de  l'eau. 
Cotte  eau  est  le  Danube.  «  Si  nous  glissons,  dit  la  fille  au  soldat,  nous 
lO.xûoQS  dans  le  fleuve.  »  A  ce  choix  d'expression  tout  à  fait  naturel,  les 
traducteurs  en  joignent  d'autres  comme  pognon,  flics,  etc. 

4^1.  —  .Abordons  le  Merveilleux  Voyage. de  Nils  Holgersson  à  travers 
la  Suède,  par  M"^»^  Selma  Lagerlaëf  :  c'est  un  conte  pour  les  enfants. 


ï 


—  27  — 

Je  ne  sais  s'il  plairait  aux  nôtres  :  non  pas  qu'il  y  manque  des  couleurs, 
et  assez  d'ôpisodes  bien  choisis,  mais  la  trame  n'évite  pas  cette  sy- 
métrie froide,  qui,  dans  le  sein  d'une  richesse  verbeuse,  fait  r<3S5entir 
une  réelle  indigence.  C'est  l'inAnention,  la  fantaisie  allemande.  Elle 
repose  ici  sur  le  personnage  du  tomte,  quelque  chose  comme  les  nains 
habitants  do  la  terre,  des  contes  allemands.  «  Le  peuple  des  tomtes, 
dit  l'auteur,  demeure  sous  le  plancher,  et  se  fâche  lorsque  les  enfants 
crient  trop  ou  ne  sont  pas  sages.  »  Un  garçonnet  de  quatorze  ans  est 
changé  en  tomte  à  cause  de  ses  méchancetés.  Sous  cette  métamor- 
phose il  quitte  la  maison  et  court  le  monde  en  compagnie  d'un  trou- 
peau d'oies  sauvages  et  d'autres  bêtes,  dont  il  entend  désormais  le 
langage.  Cette  existence  corrige  son  cœur.  Enfin,  rentré  chez  ses  pa- 
rents, qui  le  croyaient  perdu,  un  trait  de  son  âme  chaiagte  rompt  le 
charme,  et  le  rend  à  leuis  yeux  dans  sa  fîgau'e  et  sa  grandeur  première. 
Le  corps  do  cette  histoire  est  fait  d'une  promenade  à  travers  les  dif- 
férentes parties  de  la  Suède,  où  perce  l'intention  pédagogique,  à 
l'allemande  toujours.  J'avoue  que  je  ne  prends  pas  mon  parti  de  voir 
un  écrivain  suédois,  organe  d'une  des  civilisations  les  plus  distinguées 
de  l'Europe,  ainsi  barbouillé  de  germanisme.  De  plus,  la  traduction 
tatillonne  et  pénible  assomme  le  lecteur  français;  ce  passage,  par 
exemple,  où  il  s'agit  des  plumes  brillantes  de  certains  canards  : 
'(  Regardez  donc  ceux-là  !  disent  les  autres,  voyez  comme  ils  sont 
attifés  !  »  Une  oie  répond  :  «  Qu'ils  s'attifent  comme  ils  veulent,  etc.  » 
Attifés,  attifent!  où  le  traducteur  prend-il  cela?  et  qa'est- ce  qu'il 
croit  que  cela  signifie?  J'ose  l'assurer  que  l'effet  de  ce  mot  est  parfai- 
tement ridicule  ici. Mais  il  se  sera  persuadé  qu'il  y  a  dans  le  suédois  une 
nuance  bien  fine  à  rendre.  Et  visiblement  le  traducteur  est  de 
ceux  qui  croient  que  les  bonnes  traductions  se  font  mot  par  mot.  De 
j)lus  il  est  stylé  à  un  français  d'école  primaire.  11  tcrit  que  ces  canards 
ont  les  «  pattes  palmées  ».  Le  français  authentique  veut  «  pieds 
palmés  ».  Écoutez  ceci  :  «  Horreur  !  tu  crois  que  je  voudrais  manger 
de  cette  salcté-là  !  «  dit  l'oie.  L'auteur  se  doute-t-il  de  l'air  de  plate  niai- 
serie que  cette  saleté  donne  à  la  phrase?  Il  y  a  aussi  certains  traits 
d'orthographe  que  je  ne  tiens  pas  pour  supportables.  Le  lac  Mélar, 
<3onnu  de  tous  les  Français  instruits,  est  orthographié, au  lieu  d'un  é, 
par  un  a  tréma.  Mais  il  n'y  a  pas  d'à  tréma  en  français;  le  signe  ainsi 
composé  est  une  lettre  suédoise.  Que  dirait-on  d'un  livre  traduit  du 
russe  qui  écrirait  Vérechtchaguine  en  remplaçant  les  lettres  françaises 
dUch  par  la  lettre  russe  nommé  chtcha'}  C qîX  exactement  la  même  chose. 
De  même  on  ne  dit  pas  en  français  «  le  soir  de  Sainte- Valborg  »  naais 
«  la  nuit  de  Sainte -Vaubourg  ».  Pourquoi  le  débaptiser? —  C'est  que  cela 
€st  ainsi  en  suédois.  —  Vraiment  !  et  le  reste  du  livre  !  que  ne  laissez- 
vous  le  tout  dans  sa  langue?  Cela  serait  plus  tôt  fait,  et  incontesta- 


~  28  — 

blement  plus  exact.  Tout  ceci  ne  doit  ]  as  diminuer  la  juste  estime  de 
plusieurs  parties  de  l'ouvrage,  pleines  d  pittoresque  dans  l'invention. 
Le  plus  agréable  des  épisodes  est  peut-être  celui  de  ce  gardien  du 
Skansen  (jardin  ethnographique  de  Stockholm),  à  qui  un  v'eux  mon- 
sieur bienveillant  explique  la  fondation  de  la  ville,  en  termes  pies- 
sants  et  délicieux,  ordonnés  à  la  faire  aimer.  11  lui  promet  de  lui  en 
envoyer  le  livre.  Et  ce  livre  vient  le  lendemain,  porté  par  un  laquais 
de  la  cour.Le  vieux  monsieur  était  le  roi  de  Suède. «  Rappelle-toi,  dit-il, 
Clément,  ce  qi  e  je  t'ai  dit  :  Sto  kholm  a  le  pouvoir  d'attirer  le  monde. 
Elb:^  (le  traducteur  en  son  patois  dit  il)  ne  s'appartient  pas  à  elle- 
même,  elle  n'appartient  pas  aux  environs,  elle  appartient  à  tout  le 
royaume.  Lorsque  tu  liras  dans  te  n  livre  (je  continue  de  corriger)  tout 
ce  qui  se  trouve  rassemblé  à  Stockholm,  pense  aussi  à  ce  qu'on  trouve 
réuni  dans  ces  jardins  de  Skensen.  Voici  les  vieilles  maisons  des  cam- 
pagnes suédois  s;  on  danse  ici  les  danses  anciennes;  voici  les  costumes 
d'autrefois,  voici  les  vieux  engins  de  ménage  (le  traducteur  dit  usten- 
sile); le  ménétrier  de  hameau,  le  conteur  de  sagas,  loge  ici.  Toutes  les 
chîfees  bonnes  et  vieilles,  Stockholm  les  a  attirés  chez  elle;  elle  leur 
a  composé  cet  asile,  afin  de  les  glorifier  et  de  les  remettre  en  honneur 
parmi  le  peuple.  »  Cela  est  charmant.  M^'^  Lagerloëf  y  ajoute  le  site 
admirable.  «Mais  surtout,  Clément,  pour  lire  ton  livre,  il  faudra  te 
mettre  sur  la  hauteur.De  là  tu  verras  le  jeu  brillant  des  vagues  et  le 
bord  de  l'eau  éclatant  et  gracieux.  Le  charme  agira  sur  toi,  Clément.» 
Quel  charme?  Celui  d'une  ondine  noyée  dans  les  canaux  des  des, 
'dont  la  beauté,  depuis  lors  infuse  dans  le  pay&age,  en  ensorcelle  tous 
les  aspects.  Remarquez  qu'ici  tout  est  de  notre  temps  :  le  goût  de  la 
légende,  le  nationalisme  du  roi  et  celui  de  la  capitale,  etc.  Je  ne  prêche 
donc  pas  les  styles  disparus.  Je  voudrais  seulement  que  les  inventions 
nouvelles  se  produisissent  et  s'ornassent,  non  selon  la  fantaisie  tu- 
desque,  mais  selon  les  lois,  les  proportions,  les  égards,  l'expérience  du 
bon  sens  éternel  et  de  la  commune  beauté. 

45.  —  Le  Terroriste  appartient  au  cycle  de  la  propagande  révolu- 
tionnaire russe.  L'abondance  de  détails  de  mœurs  y  fait  obstacle 
à  l'intérêt.  Il  faut  rendro-  «n  ceci  justice  aux  traducteurs  du  roman 
de  M™6  Dmitriev  :  ils  ont  eu  soin  de  ne  pas  multiplier  l'ennui  par  les 
mots  baroques  et  l'excès  de  rendu. La  scène  est  en  Petite-Russie,  où  l'on 
garde  le  souvenir  du  premier  pt-uple  russe,  bien  différent  du  mosco- 
vite, que  l'histoire  devait  mettre  à  sa  place. 

46.  — \'oici  le  XXVII^  volume  des  Œuvres  complètes  de  Tolstoï,  pu- 
bhé  par  la  librairie  Sto  k.  11  contient  la  Mort  d'I va ti  Ilitch,  Nicolas 
Palkine,  Marchez  pendant  que  vous  avez  la  lumière,  et  la  Sonate  à 
Kreutzer.  Le  traducteur  est  M.  J.-W.  Bienstock,  comme  pour  les  pré- 
cédents  volumes.  L.    Dimier. 


-  2<J  — 
ÉCONOMIE  POLITIQUE  ET  SOCIALE 

Économie  politique  etsooiologik. — 1.  LeSuiride  d'une  race,  par  F. -A.YviLtERMET. 
Paris,  I  ethiellei  X,  191 J,  in-12  d*»  440  p.,3  tr.^50. — 2.  De  la  Noture  du  capital  et  du  re- 
venu, par  Irv/nc  Fisher;  trad.  par  Savinien  Bouyssy. Paris,  Giard  etRrière,l9lI, 
ia-8  de  475  p. ,  13  tr. —  3.  La  Synthèse  économique,  étude. lur  lei;  lois  du  revenu,  par 
Achille  Loria;  t.ral.  par  Camille  Monnet.  Paris,  Giard  et  Brière,  19)1,  in-8  de 
522  p.,  12  fr.  —  4.  Les  Peines  Industries  rurales,  par  AnnouiN-DuMAZET.  Paris, 
Lecoftre-Galialfla.  1912,  in-i2  de  232  p.,  2  fr.  —  5.  Le  Chômage  et  son  remède,  par 
DANIEL  Bellet.  Paris,  Alcan,  1912,  in-lC  de  viii-279  p.,  3  fr.  ïjQ.~  P..  Les  Institu- 
tions de  prévoijance  dans  nos  populations  rurales,  par  Rrnouf-Bjgnon.  ï  aris,  Amat, 
1912,  in-12  de  \i-237  p.,  3  i'r.  —  7.  La  Vie  chire,  par  Alexandre  Chabbin. 
Lyon,  Genestft,  1912,  in-8  de  267  p.,  3  fr.  o().  —  8.  La  Lutte  contre  le  sweating- 
System.  Le  Minimum  légal  de  salaire;  l'exemple  de  l' Australie  et  de  i'  Angleîerre,i)diT 
Paul  Royaval.  Paris,  Ak-an,  s.d.  (!912),  in-8  de  ui-718  p.,  12  i'r.—  9.  Les  Gièves 
et  leur  réglementation,  enquête  sociale,  par  Frav.ois  F.atour.  Paris,  Edition  du 
Bulletin  delà  ôen.ai.ne,\'i\.2,\n-].2àQ  \'Vii-238  p.,  3  fr.  50.  —10.  The  closed  shop  in 
American  trade  unions,  hy  I'r^nic  Stockton.  Baiumore  ,tbe  Johns  llopl^ins  Press, 

1911,  in-8  d"  187  p. ,  1  fr.—  \  J.  Los  Gremio-:,  por  Estanislao  Segarra.  Barcelona. 
Allés  y  Alabart,  1911,  in-18  de  399  p.,  3  fr.  50.  —  12.  Librari/  of  Congress.  Select 
list  of  références  on  (vool  ivith  spécial  référence  to  the  tariff,  compiled  under  the 
direction  of  Herman.v  Henry  Bernard  Meyer.  Washington,  Government 
printing  oifice,  1911,  gr.  in-8  de  163  p.  — ■  13.  Library  of  Congress.  Select  list  oj 
références  on  Boycotts  and  injuncîions  in  labor  disputes,  compiled  under  the  direc- 
tion Qi  Hepmann  Henry  Bernard  Meyer.  Washington,  Government  printing 
office,  1911,  gr.  in-8  de  69  p.  —  14.  La  Passivité  économique.  Premisn,  Principes 
d'une  théorie  sociologique  de  la  population  économique  passive,  par  Manlio  Andréa 
d'Ambrosio.  Paris,  Giard  et  Brière,  1912,  in-8,  de  389  p.,  8  fr.  —  15.  Les  Classes 
moi/ennes,  étude  sur  le  parasitisme  social,  par  Georges  Deherme.  Paris,  Perrin, 

1912,  in-16  de  ii-321  p.,  3  ir.  oO.  -  16.  Système  de  politique  positive,  ou  Traité  de 
sociologie  d'Auguste  Comte,  condeï.sé  par  Christian  Cherfils.  Pari=!,  Giard  et 
Brière,  1911,  in-8  de  viii-640  p.,  12  fr. — 17.  Estudios  sociales,  por  P.  Teodobo 
Rodriguez.  Madrid,  imp.  Hélénica,  1912,  2  vol.  in-8  de  vni-291  p.  et  354  p., 
5  fr.  —  18.  La  Gwrre  devant  fe  c/iristîanisme,  par  A.Vaxderpol.  Paris.Tralin, 
s,  d.  (1912),  in-12  de  280  p.,  2  fr.  50.—  19.  Il  Fenomeno  délia  guerra  e  lidea  ddla 
pa:e,  da  Georgio  DELVECCrtio.2e  éd.  Torino,  Bocca,1911,gr.  in-8  de  99  p. 

F"o:;ialisme. —  20.  L".  Socialisni'' français  rf' 1789  à  1848,  par  GEor.GEset  Hubert 
BouRGiN.  Paris,  Hachette,  1912,  in-16  de  viii-111  p.,  avec  9  grav.,  2  fr. —  21t 
Li Révolution  sociale,  par  Karl  Kautsry. Paris,  Marcel  Rivière,  1912,  in-16de  ix- 
224  p.,  3  fr.  —  22.  Le^  Problèmes  sociaux  du  temps  présent,  par  M.  Drouilly. 
Paris,  Henrv  Paulin,  1912,  in-12  de  242  p.,  3  ir.  —  23.  La  Hiérarchie  des  principes 
et  des  problèmes  sociaux,  par  Fr.  Roussel-Despierres.  Pa.is,  Alcan,  1912,  in-8 
de  244  p.,  5  fr.  —  24.  La  Sociologie  de  Proudhon,  par  C.  Bouglé.  Paris,  Colin,  1911, 
in-  3  de  xviii-333  p.,  3  fr.  50. 

Economie  politique  et  Sociologie.  —  1.  — La  question  de  la  dé- 
population de  la  France  pouvait  paraître  épuisée,  après  les  excellents 
ouvrages  de  MM.  Bertillon,  Deherme,  des  Cilleuls,  de  Félice,  Bayard 
et  tant  d'autres.  Eh  bien,  non.  M.  Vuillermet  la  reprend  on  ne  peut 
plus  heureusement  dans  son  Suicide  d'une  race.  Nous  n'avons  trouvé 
nulle  part  une  analyse  plus  complète  et  plus  judicieuse  des  causes 
de  la  stérilité,  nulle  part  surtout  un  sens  plus  chrétien  ou  des  vues 
plus  élevées;  sous  ce  dernier  aspect,  il  n'y  a  que  la  Peur  de  l'enfant, 
de  M.  Bayard,  qui  puisse  être  comparée.  M.  Vuilleimet  conclut  très 
nettement  à  la  nécessité  d'une  instruction  foncièrement  chrétienne. 


—  30  — 

source  unique  et  féconde  de  toute  moralité.  «  Les  lois  seront  impuis- 
santes, dit-il,  puisqu'elles  s'arrêtent  au  seuil  de  la  conscience...  », 
tandis  que  «  ce  sont  les  causes  morales  qui  sont  les  plus  actives  » 
(p.  405).  11  ne  recule  pas  devant  les  probJèmes  les  plus  délicats;  il  s'y 
meut  au  contraire  Tivec  une  aisance  et  une  sûreté  qui  dc'cèlent  la 
compétence  d'un  professionnel  de  la  théologie  (p.  230  et  s.  ;  p.  246  et  s.). 
En  ce  qui  concerne  les  lois  caducaires,  il  a  raison,  avec  M.  Jules  Roche 
et  contre  le  docteur  Bertillon,  de  ne  pas  leur  attrrbver  rp.ccroissement 
du  nombre  des  citoyens  roriiains,  sur  lequel  les  mesures  puiement 
politiques  et  les  affranchissements  exerçaient  ceitainement  la  seule 
et  véritable  influence  (p.  329  et  s.).  C'est  un  livre  à  propager  :  il  est 
de  nature  à  faire  beaucoup  de  bien  à  la  fois  dans  le  clergé  pour  qu'il 
connaisse  le  fléau  dans  toute  son  intensité,  et  parmi  les  laïques 
pour  qu'ils  n'ignorent  rien  de  leur  devoir. 

2.  —  Le  traité  de  M.  Irving  Fisher,  traduit  par  M.  Bouissy  sous  ce 
titre  :  De  la  Natufv  du  capital  et  du  revenu,  m'a  paru  d'une  ennuyeuse 
longueur.  Certaines  pages  ne  renferment  que  des  truismes  trop 
dilués;  certaines  autres  constituent  de  vraies  révoltes  contre  le  lan- 
gage courant.  Qu'on  en  juge.  Le  revenu,  suivant  M.  Fisher,  est 
«  le  service  rendu  par  un  capital  »  (p.  143)  :  généralement  la  chose  et 
son  service  sont  distincts,  parfois  aussi  ils  ne  le  sont  pas;  par  exemple 
le  service  que  nous  rend  un  petit  pain  —  autrement  dit  son  revenu  — 
consiste  en  ce  que  nous  le  mangeons.  Au  passage,  M.  Fisher  remarque 
que  les  variations  du  taux  de  l'intérêt  influent  sur  la  valeur  d'un 
bien  selon  la  durce  plus  ou  moins  longue  de  son  amortissement; 
ainsi  une  capitalisation  à  2  1/2  au  lieu  de  5  «/o  doublera  la  valeur 
-d'une  terre  qui  ne  s'amortit  pas,  elle  n'augmentera  que  de  55  % 
la  valeur  d'une  maison  à  amortir  en  cinquante  ans,  et  elle  ne  modi- 
fiera pas  la  valeur  du  petit  pain  de  deux  sous  ou  plutôt  de  365  petits 
pains  de  deux  sous  qui  ne  donnent  jamais  ni  plus  ni  moins  qu'un 
revenu  dé  36  fr.  50  par  an  (p.  267).  Ailleurs  j'apprends  que  «  tous  les 
services  que  l'on  reçoit  d'une  obligation,  y  compris  le  principal  quand 
il  est  payé,  constituent  relativement  à  l'obligation  son  véritable 
revenu  (sic)  «  (p.  254).  Cette  fois  je  recule  tout  interloqué.  Des  démons- 
trations par  les  règles  de  la  tenue  des  livres,  des  discussions  de  for- 
mules algébricîues  et  des  dessins  de  courbes  graphiques  viennent 
au  secours  de  cette  argumentation  plutôt  obscure  et  pénible.  J'estime, 
quant  à  moi,  que  M.  Fisher  aurait  gagné  beaucoup  à  rester  fidèle 
aux  vieilles  disciplines  juridiques,  voire  mcme  rcmaines,  à  la  distinc- 
tion des  choses  fongiblcs  et  des  choses  non  fougibles,  du  jus  jruendi 
par  opposition  qm  jus  abutendi,  e%  à  la  notion  du  quasi-usufruit  mis 
en  parallèle  avec  l'usufruit.  On  me  sait  pas  assez  ce  que  l'esprit  écoiiD- 
niique  gagne  au  contact  de  l'esprit  juridique. 


I 


—  31  -- 

3.  —  La  Synthèse  économique^  étude  sur  les  lois  du  revenu,  par 
M.  Achille  Loria,  tout  en  étant  une  œuvre  auBsi  abstraite  —  et  je 
le  crains  bien,  aussi  stérile  —  procède  au  moins  d'une  notion  plus 
judicieuse  du  revenu.  M.  Loria  donne  à  celui-ci  «  comme  caractère 
essentiel  de  se  reproduire  périodiquement  et  indéfiniment  »,  ce  qui 
exclut  d'une  part  les  biens  de  consommation  qui  ne  se  reproduisent 
pas-,  tels  que  le  pain,  et  d'une  autre  les  produits  servant  à  recons- 
tituer le  matériel  détérioré  (p.  39,  p.  214  et  s.,  etc).  Voilà  que  nous 
nous  entendons.   Par  ailleurs,   «  la  jouissance,  chose  immatérielle, 
dit-il,  ne  se  confond  pas  avec  le  revenu,  choee  matérielle  et  tangible  »  : 
c'est  donc  aussi  l'effondrement  de  la  trop  fameuse  «  rente  des  con- 
sommateurs ))  de  Marshall  (p.  85).  Mais  M.  Loria  prend  le  revenu  en 
Woc  :  il  n'y  distingue  ni  salaire,  ni  intérêt,  ni  profit;,  il  préfère  le 
diviser  en  revenu  indistinct,  distinct  et  mixte  :  «  indistinct,  dit-il, 
quand  le  travail  est  totalement  associé  à  la  propTiété  des  moyens  de 
production  et  au  revenu;  distinct,  quand  il  en  est  tout  à  fait  séparé; 
mixte,  quand  il  est,  partiellement  ou  totalement,  séparé  de  la  pro- 
priété  des   moyens   de   production,   mais   partiellement   associé   au 
revenu  »  (p.  110).  Avez-vous  compris?  Malheureusement,  la  concision 
de  la  table  des  matières  et  la  longueur  des  chapitres  (il  y  en  a  un  de 
plus  de  50  pages  sans  subdivision)  ne  facilitent  ni  la  lecture,  ni  l'intel- 
ligence du  texte.  M.  Loria  était  parti  de  ce  principe  que  «  dans  les 
premiers  temps  de  la  société  humaine,  le  travail  individuel  donne  un 
produit  qui  excède  dans  une  mesure  notable  les  subsistances  néces- 
saires au  producteur  et  à  sa  famille  »  (p.  9)  — ce  que  je  crois  inexact;  — 
il  aboutit  à  la  conclusion  que  «  la  contradiction  sociale  ne  pourra 
être  éliminée  et  l'équilibre  économique  rétabli  que  par  une  transfor- 
mation-profonde, non  pas  seulement  du  processus  de  distribution, 
mais  surtout  du  processus  de  production,  grâce  à  la  destruction  de 
l'association  forcée  et  à  la  substitution  de  celle-ci  par  l'association 
libre  du  travail  »  (substituer  par...  quel  français  !)  (p.  519).  — Toute 
cette  métaphysique  quintessenciée  aurait  donc  pour  but  d'acheminer 
les  intellectuels  au  socialisme. 

4.  —  Quittons  ces  hauteurs  :  elles  ont  vraiment  trop  de  nuages. 
M.  Ardouin-Dumazet  nous  donne  un  bon  voir  me  sur  Us  Petites 
Industries , rurales.  C'est  simple,  bien  écrit,  d'une  lecture  facile,  sans 
trop  de  chiffres  et  de  statistique.  Le  fait  général,  c'est  que  les  cam- 
pagnes se  dépeuplent,  que  beaucoup  de  petites  industries  jadis  flo- 
rissarïtos  y  ont  disparu  et  que  celles  qui  s'y  sont  conservées  ont  perdu 
le  caractère  de  travail  domestique  pour  passer  du  foyer  à  la  manufac- 
ture. Les  femmes  ne  peuvent  plus  gagner,  en  dehors  de  l'usine,  que 
d'es  salaires  très.bas,  qui  souvent  sont  tout  simplement  des  salaires 
d'appoint.  ^L  Ardouin-Dumazet  ne  croit  guèie  à  la  résurrection  d'une 


—  32  — 

industrie  rurale  qui  les  occupe  chez  elles  :  aussi  bien  «  l'école  leur 
apprend  l'histoire  et  la  géographie,  voire  même  le  civisrîie;  mais  elle 
néglige  la  couture  et  le  tricot  «  (p.  167).  Mieux  vaudra  une  production 
agricole  variée  et  adaptée  aux  lieux,  fleurs,  fruits  frais,  conserves,  etc. 
Je  signale  volontiers  une  page  saisissante  sur  la  déplorable  influence 
du  service  militaire,  avec  «  un  vent  de  fausse  philanthropie  et  de 
prétendue  fraternité  qui  semble  avoir  pour  but  d'éloigner  le  soldat 
de  son  clocher  »  (p.  16). 

5.  —  Le  volume  de  M.  Daniel  Bellet  sur  le  Chômage  et  son  remède 
est  ce  que  nous  connaissons  de  mieux  sur  la  question.  Il  définit  le 
chômage  en  faisant  justice  des  exagérations  des  uns  et  des  préten- 
tions d'exactitude  des  autres;  il  discute  le  risque- chômage  pour 
conclure  que,  à  proprement  parler,  celui-ci  n'est  pas  assurable  (p.  78 
et  s.)  à  cause  de  «  l'introduction  d'un  facteur  qui  vient  fausser  ce  que 
l'on  peut  considérer  comme  le  caractère  naturel  de  l'assurance,  je 
veux  dire  les  subventions  publiques  »  (p.  80);  il  analyse  très  judicieu- 
sement le  fameux  «  fonds  gantois  »  dont  on  a  fait  plus  de  bruit  qu'il 
ne  convient  (p.  206  et  s.)  ;  puis  finalement,  après  avoir  exposé  clai- 
rement et  sans  beaucoup  de  chiffres  tout  ce  qui  s'est  tenté  en  divers 
pays,  il  conclut  timidement  qu'il  faut  tendre  surtout  à  «  orga- 
niser le  marché  du  travail  »  par  «  le  régime  de  la  liberté  et  de  l'asso- 
ciation »  (p.  268  et  s.).  Aussi  bien,'  quand  des  ouvriers  se  plaignent  de 
ne  pas  avoir  de  travail,  l'agriculture  se  plaint  de  manquer  de  bras  :  seu- 
lement, comme  disent  les  paysans,  la  terre  est  trop  basse  pour  qu'on 
retourne  jamais  à  elle.  — M.  Paul  Leroy-Beaulieu  amis  une  courte 
préface,  où  il  observe  très  justement  «  qu'une  société  ou  un  homme 
qui  voudrait  s'assurer  contre  tous  les  risques,  assumerait  une  charge 
fixe  dépassant  de  beaucoup  le  montant  moyen  de  risques  »  (p.  vi).  L'as- 
surance devient  alors  un  véritable  organe  de  parasitisme  social. 
L'épargne,  la  bonne  et  vieille  épargne  individuelle  est  encore  le 
meilleur  remède  à  beaucoup  de  maux. 

6.  —  Les  Institutions  de  prévoyance  dans  nos  populations  rurales, 
du  baron  Ernouf-Bignon,  sont  un  mémoire  complet  et  bien  docu- 
menté que  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques  a  très  jus- 
tement couronné.  M.  Einouf-Bignon  connaît  et  aime  l'agriculture;  il 
possède  son  sujet;  il  est  enfin  un  libéral  qui  proclame  très  haut  la 
supériorité  de  la  prévoyance  sur  l'assistance  et  celle  de  l'initiative 
privée  sur  l'intervention  de  l'État.  On  trouvera  là  d'excellentes 
notices  sur  les  caisses  d'épargne,  les  sociétés  de  secours  mutuels,  les 
caisses  de  retraites  rurales,  les  assurances,  les  écoles  ménagères,  etc. 
Ajoutons  que  l'auteur  est  un  catholique  convaincu  qui  a  le  courage 
de  l'avouer  :  on  le  voit  à  ses  quelques  pages  sur  le  «  rôle  social  du 
«large  »  (p.  203  et  s.).  Me  pei mettra- t-il  cependant  une  observation? 


—  SS- 
II croit  que  la  loi  de  1909  sur  le  bien  de  famille  «  aura  pour  effet  d'aug- 
menter le  nombre  des  petits  propriétaires,  de  rattacher  au  sol  la  popu- 
lation rurale  et  d'arrêter  peut-être  l'abandon  des  campagnes  »  (p.  160). 
Or,  en  fait,  on  ne  voit  pas  d'applications  de  la  loi,  d'où  il  suit  que  si 
«lie  ne  fait  point  de  mal  assurément,  elle  ne  fait  pas  non  plus  de  bien. 
Il  est  vrai  que  M.  Ernouf-Bignon  écrivait  son  mémoire  avant  d'avoir 
pu  s'éclairer  à  la  lumière  de  l'expérience. 

7. — La  Vie  chère, ào  M.  Alexandre  Charbin,  traite  une  des  questions 
les  plus  actuelles.  Les  manifestations  de  ménagères  de  l'été  dernier, 
à  Maubeuge  d'abord,  puis  en  cent  autres  localités,  en  sont  une  preuve  ; 
et  celles-ci,  M.  Charbin  les  a  fort  bien  présentées,  non  sans  montrer 
derrière  elles  la  Confédération  générale  du  travail  qui  les  fomentait 
(p.  165  et  s.).  Son  plan  est  clair.  Si  la  vie  est  chère,  jusqu'à  quel  point 
l'est-elle?  Pourquoi  l'est-elle?  Quelles  en  sont  les  conséquences?  Et 
quels  peuvent  en  être  les  remèdes?  Au  début  du  volume  est  un  tableau 
succinct  et  judicieux  du  système  des  chiffres-index  (p.  9  et  s.  ;  p.  17 
et  s.).  Mais  leurs  variations  ne  sont  pas  un  critérium  suffisant  de 
renchérissement,  soit  qu'on  y  fasse  abstraction  de  la  cherté  qui  pro- 
vient du  fait  des  intermédiaires  revendeurs  au  détail,  soit  que  le 
public  contemporain  se  soit  créé  par  lui-même  une  foule  de  besoins 
plus  ou  moins  factices  (p.  43  et  s.).  Vient  une  fort  bonne  discussion 
de  la  théorie  de  MM.  Zolla  et  deContenson,  qui,  d'après  M.  Charbin — • 
et  c'est  bien  aussi  notre  avis  —  ont  exagéré  l'influence  de  l'accroisse- 
ment de  la  production  de  l'or  (p.  61  et  s.).  Pourquoi  donc  alors  le  prix 
des  denrées  achetées  directement  à  la  culture  — du  blé  par  exemple  — • 
n'aurait-il  pas  augmenté?  M.  Zolla  s'imagine  que  le  «  bénéfice  cultural  » 
a  monté  de  50  %  en  quelques  années  (p.  126)  :  ceci,  c'est  de  l'i-pti- 
misme  hors  de  propos,  et  nous  penserions  plutôt  que  M.  Charbin  n'a 
pas  assez  insisté  (p.  108)  sur  le  dénivellement  qui  s'est  produit  entre  les, 
conditions  de  la  vie  urbaine,  avec  l'accroissement  des  salaires  indus- 
triels et  les  conditions  d'une  vie  rurale  dédaignée,  sinon  trop  souvent 
misérable.  En  tout  cas,  il  a  raison  dans  ses  jugements  sur  la  spécula- 
tion —  car,  dit-il  «  l'organisation  vicieuse  du  marché  a  bien  pu  exas- 
pérer la  crise,  mais  elle  ne  l'a  point  créée  )>  (p.  117) — et  dans  ses  appré- 
ciations sur  les  expédients  que  l'on  a  proposés  sous  l'influence  plus 
ou  moins  avouée  des  doctrines  socialistes,  tels  que  la  taxation  des 
denrées  et  les  coopératives  municipales  imaginées  par  M.  Caillaux. 
Nous  laissons  les  conclusions  tirées  des  statistiques  agricoles,  parce  que 
nous  savons  trop  bien  comment  on  les  dresse  —  et  nous  n'oserions  pas 
non  plus  nous  associer  à  certaines  critiques  contre  la  «  routine  ances- 
trale  »  des  paysans  (p.  237  et  239),  cjui  nous  semblent  quelque  peu 
exagérées. 

8. —  La  Vie  chère,  de  M.  Charbin,  est  une  thèse  de  doctorat  ;  La  Lutté 
Juillet  1012«  •  T.  GXXV.  3. 


-  34  ^ 

contre  le  siveating-sysiem ,  de  M.   Paul  Boyaval,  en  est  une  autre^ 
celle-ci  très  volumineuse,  bourrce  de  documents  et  de  recherches^ 
sur  la  manière  de  combattre  les  salaires  de  famine  dans  les  industries 
à  domicile.  L'auteur  y  conclut  à  l'intervention  de  l'État  avec  un 
salaire  minimum  légal  que  détermineraient  des  comités  mixtes  de- 
patrons  et  d'ouvriers.  M.  Boyaval  admire  sans  réserves  la  législation 
sociale  de  l'Australie;    il   n'en   discute  pas  le  caractère  socialiste  et 
n'en  décrit  pas  non  plus  les  conséquences  économiques.  Quant  àmoi^ 
tout  en  déplorant  le  sweating-sysieîn  et  en  souhaitant  de  le  voir  disparaî- 
tre, j'aurais  désiré  une  étude  plus  compréhensive  et  d'une  portée  plus 
large;  j'aurais  désiré  notamment  que  l'on  me  démontrât,  si  possible, 
comment  un  «  salaire  vital  »  fixé  par  la  loi  pourrait  ne  pas  entraîner 
logiquement  un  «  prix  vital  »  des  denrées,  prix  fixé  également  par 
la  loi,  prix  tel  que  les  paysans,  par  exemple,  qui  font  du  lait,  du 
beurre,  des  veaux,  etc.,  aient  leur  existence  convenablement  assurée, 
puisque  beaucoup  sont  loin  de  l'avoir.  Ceci  est  peut-être  une  «  colle  » 
que  je  pose  à  M.  Boyaval  ;  je  crois  cependant  que  des  problèmes  écono- 
miques gagnent  toujours  à  être  envisagés  et  étudiés  dans  leur  con- 
nexion logique  avec  tous  les  problèmes  de  même  ordre  qui  sont  à  côté. 
9.    —   Que  pensez-vous    sur    les    Grèves  et  leur  réglementation? 
M.  François  Latour  a  posé  cette  question  à  une  foule  de  personnalités 
marquantes  de  France  et  d'ailleurs  et  il  a  collé  bout  à  bout  leurs 
réponses,  avec  les  plus  cocasses  voisinages.  Voilà  son  livre.  Ainsi 
M.^Souchon  est  flanqué  de  deux  socialistes,  l'un  Belge  et  l'autre 
Italien,  VÎM.  Vandervelde  et  Loria,  et  le  libéral  M.  Villey  y  côtoie 
.un  socialiste  chrétien  belge,  M.  de  Ponthière.  Jugez  donc  comme 
tous  ces  gens-là  s'entendent  !  11  y  en  a  ainsi  quarante-et-un,  les  uns 
économistes  de  mérite,  comme  MM.  Paul  Leroy-Beaulieu  et  Hubert- 
Valleroux,  les  autres  socialistes,  comme  MM.  Fournière  et  Georges 
Sorel,  d'autres  enfin  catholiques  sociaux  plus  ou  moins  socialisants, 
comme  MM.  les  abbés  Lemire  et  Naudet,  MM.  de  Mun,  Turmann,  etc. 
plusieurs,  il    est  vrai,    se  sont    contentés    de    griffonner    quelques 
lignes  banales.Au  hasard,  je  note  cet  espoir  qu'exprime  M.  le  marquis^ 
de  la  Tour-du-Pin  la  Charce  :  «  substituer  l'entreprise  technique''à 
l'entreprise  capitaliste,  en  faisant  passer  la  direction  du  travail  des 
mains  du  capitaliste  à  celles  du  professionnel  »  (p.  25).  —  Du  fond  des 
bureaux  du  Bulletin  de  la  Semaine  qu'il  dirige,  M.  Imbart  de  la  Tour 
a  fait  une  préface  au  sens  catholico-social,  et  les  personnages  inter- 
rogés dans  cette  enquête  —  y  compris,  paraît-il,  les  socialistes  révo- 
lutionnaires eux-mêmes  — y  reçoivent  l'honneur  de  s'entendre  appeler 
r.  des  gens  qui  ont  qualité  pour  résoudre  ces  problèmes  >^  (p.  xvi).  Bien 
peu,  au  contraire,  y  apportaient  cette  capacité,  et  ceci  n'est  pas  un 
des  moindibs  défauts  du  volume. 


—  35  — 

10.  ^The  closed  shop  in  Americantrade  unions  de  M.  Frank  Stock  ton, 
est  quelque  chose  de  plus  pratique  au  sujet  de  la  liberté  du  travail 
aux  États-Unis.  Le  closed  shop,  c'est  l'atelier  où  des  syndiqués  ne 
doivent  pas  travailler  avec  des  non-syndiqués,  sauf  à  interpréter 
cette  défense  d'après  les  règles  spéciales  de  chacun  des  syndicats. 
L'open  shop,  c'est  l'atelier  où  unionistes  et  non -unionistes  (c'est-à-dire 
des  syndiqués  et  des  non-syndiqucs)  peuvent  travailler  ensemble  au  vu 
et  au  su  du  patron  et  de  l'union.  Enfin  les  non-union  shops  sont  des 
ateliers  où  ne  travaillent  que  des  non-syndiqués,  peu  importe  que  ce 
soit  par  la  volonté  du  patron  qui  l'impose  ou  par  celle  de  l'union 
qui  l'interdit  (p.  10-11).  Suit  un  historique  du  mouvement  des  closed 
shops,  avec  la  distinction  des  diverses  formes  que  l'on  y  rencontre  et 
des  procédés  qui  y  ont  implanté  ce  régime.  Mais  le  closed  shop  ne  doit 
pas  être  confondu  avec  la  closed  union  ou  syndicat  fermé.  La  closed 
union  ne  reçoit  que  qui  bon  lui  semble  :  du  reste,  elle  est  rare  et  on 
ne  la  trouve  guère  que  dans  les  professions  en  déclin  (p.  168  et  176). 
Le  dernier  chapitre  du  volume  étudie  les  «  aspects  sociaux  de  l'atelier 
fermé'»,  au  triple  point  de  vue  de  la  conduite  économique  de  l'affaire, 
des  conséquences  à  l'égard  des  non-syndiqués,  enfin  des  conséquences 
pour  le  trade-unionisme  en  général.  Le  régime  du  closed  shop  fait  des 
syndiqués  par  contrainte  et  c'est  bien  son  but  :  mais  ceux-ci  seront-ils 
de  bons  syndiqués  et  ne  gagnerait-on  pas  autant  à  les  laisser  dehors 
(p.  179  et  s.)?  Tout  cela  est  purement  descriptif;  nulle  part,  il  n'est 
fait  allusion  à  des  principes  quelconques  ou  à  une  norme  morale  de 
juste  ou  d'injuste.  Les  closed  shops  et  les  closed  unions  servent-ils  la 
justice  en  faveur  des  syndiqués?  La  desservent-ils  à  l'encontre  des 
non-syndiqués?  L'auteur  n'a  rien  soupçonné  de  ce  problème,  pourtant 
intéressant  et  même  capital.  Tout  est  donc  purement  pratique  et 
descriptif,  comme  il  sied  à  une  œuvre  à  courte  vue  et  bien  américaine. 
On  y  sent  d'un  bout  à  l'autre  le  business  man  et  pas  autre  chose. 

11.  —  Nous  avons  lu  avec  un  grand  intérêt  le  volume  espagnol  de 
M.  Estanislao  Segarra,  intitulé  :  Los  Gnmios  (les  Corporations). 
M.  Segarra  est  un  catholique  social  des  plus  convaincus.  Comme  tel, 
il  fait  un  éloge  enthousiaste,  idyllique  même  parfois,  du  régime  cor- 
poratif en  Espagne  depuis  le  xii^  jusqu'au  xviii^  siècle,  avec  une  foule 
défaits  et  de  détails.  Tout  y  était  pour  le  mieux,  paraît-il.  Ainsi  le 
monopole  des  boulangers  de  Barcelone  était  consacré  par  un  droit 
d'octroi  qu'ils  percevaient  à  leur  profit  sur  le  pain  venant  du  dehors^ 
non  compris  un  surpoids  dont  l'acheteur  devait  bénéficier  (p.  92). 
Viennent  ensuite  des  peintures  lamentables  des  trusts,  cartells,  etc., 
de  maintenant,  avec  tout  un  programme  pour  relever  les  classes 
moyennes  et  les  artisans  de  la  petite  industrie.  Malheureusement,  le 
volume    n'a  aucune  note   et  M.  Segarra  ne   renvoie  jamais   à  des 


-^  3(>  — 

sources  que  l'on  puisse  consulter.  Ensuite  —  et  ceci  est  plus  grave  — le 
côte  économique  et  historique  du  problème  social  est  laissé  tout  à  fait 
dans  Tombre.  Est-ce  que  le  régime  corporatif  alimentait  ou  pourvoyait 
toute  la  population?  Certainement  non.  Est-ce  que  l'Espagne  du 
moyen  âge  n'était  pas,  comme  la  France  d'alors,  faite  surtout  de 
populations  rurales  qui  n«  connaissaient  guère  que  l'industrie  domes- 
tique ou  d'artisans  de  village  étranger  à  toute  corporation?  Et  si  ce 
régime  corporatif  urbain  était  si  bon,  comment  n'a-t-il  pas  empêché 
le  déclin  industriel  de  l'Espagne,  qui  commence  avec  Philippe  II? 
Les  corporations  faisaient  de  l'art,  j'en  conviens,  et  beaucoup  d'entre 
elles  ne  travaillaient  que  pour  l'objet  de  luxe  :  mais  n'y  a-t-il  pas  des 
gens  qui  veulent  de  la  camelote,  parce  qu'elle  en  est  et  qu'elle  ne 
coûte  pas  cher?  M.  Segarra  réclame  à  maintes  reprises  le  pouvoir 
judiciaire  et  exécutif  de  la  corporation,  avec  interdiction  du  travail 
pour  qui  n'en  fait  pas  partie  :  cependant,  avec  l'état  actuel  de  l'opi- 
nion ouvrière,  ce  serait  là,  pour  les  ouvriers  catholiques,  la  pire  des 
servitudes  et  des  misères.  Quant  à  la  nécessité  économique  de  la 
grande  industrie,  infiniment  plus  capable  d'utiliser  les  grandes  décou- 
vertes, M.  Segarra  ne  paraît  guère  la  soupçonner. 

12  et  13.  —  Le  gouvernement  de  Washington  imprime  des  index 
bibliographiques  extrêmement  complets  sur  telles  ou  telles  matières 
économiques  particulières.  Cette  fois,  nous  en  citons  deux  :  la  Select 
list  of  références  on  wool  with  spécial  référence  to  ihe  iariff  et,  la  Select 
list  of  références  on  Boycotts  and  injunctions  in  lahor  disputes. Ce  dernier, 
relatif  aux  interdits,  boycottages  et  mises  à  l'index,  a  quelque 
chance  d'être  consulté. 

14.  —  La  Passii>ité  économique,  de  M.  Manlio  Andréa  d'Ambrosio, 
porte  ces  mots  en  sous-titre  :  Premiers  Principes  d'une  théorie  socio- 
logique de  la  populat.ioji  économiquement  passive.  Ici,  une  population 
passive  n'est  pas  une  population  qui  pâtit,  qui  souffre  ou  est  exploitée; 
c'en  est  seulement  une  qui  n'agit  pas,  ne  produit  pas  et  qui  vit  aux 
dépens  de  l'autre  :  «  inerte  »  ou  «  parasite  »  auraient  donc  mieux  traduit 
la  pensée.  Cela  dit,  «le  pToblème  capital  de  l'économie  publique  et 
de  la  démographie  est  de  favoriser  l'accroissement  des  activités  en 
éliminant  toujours  plus  les  passivités  «  (p.  4).  M.  d'Ambrosio  passe 
en  revue  toutes  ces  dernières  quelles  qu'en  soient  les  causes,  l'âge, 
l'infirmité,  le  crime,  la  paresse,  le  chômage  involontaire,  etc.  Quel 
est  l'effet  de  ce  parasitisme  humain?  Comment  s'en  affranchir? 
Comment,  enfin,  assurer  une  meilleure  diffusion  de  la  richesse  et  du 
travail?  Tel  est  le  plan.  Malheureusement  M.  d'Ambrosio,  qui  s'in- 
digne en  constatant  que  «  l'étude  de  l'homme,  dans  la  réalité  palpi- 
tante de  la  vie  économique,  a  été  jusqu'à  présent  déplorablenient 
négligée  »  (p.  9),  néglige  absoluriient ,  cjuant  à  lui,  la  nature  morale  et 


-  37  - 

le  rôle  moral  de  riiumme.  jl  dit  bien  «  qu'à  la  lutte  on  doit  substituer 
l'accord,  la  mutualité  et  l'amour  —  et  l'amour  d'autrui  à  l'égoïsme  » — 
(p.  198),  mais  son  sens  moral  est  radicalement  obtus  ou  faussé.  Assuré- 
ment, le  parasitisme  de  la  prostitution  lui  paraît  une  déperdition  regret- 
table (p.  63  et  s.)  et  il  condamne  aussi  les  faiseuses  d'anges  (p.  1£0  ets.); 
eependant  il  constate  sans  répulsion  que  «  la  proposition  de  tuer  les 
malades  incurables  et  les  enfants  difformes  et  idiots  commence  à  se 
cioncréter  en  projets  de  loi  catégoriques  »  (p.  187),  et  il  est  plus  qu'in- 
dulgent pour  le  suicide  puisque  visiblement  il  s'applaudit  de  ce  que 
<t  la  proposition  de  faciliter  le  suicide,  due  au  Bulletin  tJiérapeutique, 
a  trouvé  un  écho  dans  les  consciences  modernes  »  (p.  188).  Après  cela 
on  peut  le  juger.  C'est  tout  entier  d'un  matérialisme  brutal  et  dégra- 
dant. Naturellement,  il  abomine  le  moyen  âge  et  ces  parasites  que  sont 
les  ordres  mendiants  et  les  moines  (p.  65):  mais  ne  serait-il  pas  lui- 
même  un  parasite  social  d'un  autre  genre?  En  tout  cas,  qu'il  nous 
laisse  tranquilles.  Au  contraire,  il  demande  «  que  la  France  demeure 
sourde  aux  conseils  de  ceux  qui  voudraient  qu'elle  accrût  encore  sa 
population  »;  il  souhaite  «  que  la  prudence  continue  chez  nous  à 
présider  aux  rapports  sexuels  »  (p.  2).  —  Le  volume  n'a  pas  une  seule 
note  :  impossible,  par  conséquent,  soit  de  vérifier  les  citations,  soit 
de. les  utiliser. 

.  15..  —  M.  Deherme  se  place  à  un  tout  autre  point  de  vue  dans 
les  Classes  moyennes,  étude  sur  le  parasitisme  social.  H  s'intéresse  au 
problème  social,  moral  et  pour  ainsi  dire  constitutionnel,  plutôt  que 
proprement  économique.  11  se  plaint  du  «  développement  excessif  » 
des  classes  moyennes  :  il  l'attribue  au  «  désordre  individualiste  »  et 
à  l'anarchie  démocraitique.  En  un  mot,  c'est  «  l'accroissement  des 
consommateurs,  la  diminution  des  producteurs,  les  progrès  effrayants 
du  malthusisme  (sic),  de  l'impuissance,  de  l'oisiveté,  del'inccmpé- 
tence  et  de  l'irresponsabilité  du  capital...Noi  s  nou^  apercevrons  qu'il  y 
a  un  abîme  quand  nous  serons  au  fond  >  (p.  £8  et  29).  A  citer  en  parti- 
culier la  question  des  grands  magasins  et  du  petit  commerce,  traitée 
avec  une  documentation  abondante  et  sérieuse,  puis  les  chapitres 
sur  les  diplômes,  les  littérateurs  et  le  culte  de  l'incompétence  (ici., 
nombreux  emprunts  à  M.  Faguet).  M.  Deherme  est  un  positiviste 
tout  imbu  des  théories  sociales  d'Auguste  Comte;  il  croit  à  la  néces- 
sité des  inégalités  encadrées  et  hiérarchise  es  et  à  l'efficacité  d'un  «  pou- 
voir spirituel  animant  une  formidable  organisation  ouvrière  «  (p.  199),. 
Aussi,  «dans l'ordre  positif,  dit-il,  il  n'y  a  pas  place  pour  les  classes 
moyennes,  trop, faibles  pour  commander  et  se  dévouer,  trop  vaniteuses 
pour  obéir  et  vénérer  »  (p.  119).  Tout  cela  paraîtra  bien  dur  à  entendre, 
et  M.  .Deherme,  qui  heurte  ainsi  les  illusions,  les  crédulités  et  toutes 
les  vanités  égalitaires  et  démocratiques,  sera  du  nombre  des  pro- 


s«&. 


—  38  — 

phètes  qu'on  lapide  :  car  les  foules,  cdime  aussi  les  rois,  préfèrent 
toujours  les  courtisans. 

16.  — Auguste  Comte,  vers  la  fin  de  sa  vie,  dilua  ses  rêveries  sur  la 
religion  de  l'humanité  en  quatre  volumes  qui  s't'chelonnèrent  de  1851 
à  1854,  sous  le  titre  de:  Système  de  politique  positive  ,ou  Traité  de  socio- 
logie. M.  Christian  Cherfils  les  condense  en  un  seul,  auquel  il  laisse  le 
même  titre.  M.  Jules  Rig,  qui  y  a  mis  une  préface  de  trente  lignes,  le 
félicite  de  ce  travail  parce  qu'il  «  ne  faut  pas  laisser  la  masse  des  intel- 
ligences sous  la  tutelle  soit  de  la  théologie,  soit  de  la  métaphysique, 
jusqu'à  l'époque  où  l'éducation  scientifique  pourra  être  enfin  géné- 
ralisée )).  Auguste  Comte  est  trop  connu  pour  que  nous  reprenions 
l'exposé  de  son  système.Mais  ici  ce  sont  des  mots  alignés  sur  des  mots, 
des  affirmations  sans  preuves  et  toute  une  religion  où  Tonne  sait 
pas  si  c'est  l'orgueil  qui  domine  ou  bien  la  folie  et  si  le  dernier  asile 
ne  doit  pas  être  Charenton  plutôt  que  le  Panthéon.  «  Le  monothéisme, 
est-il  dit,  se  trouve  aujourd'hui  en  Occident  aussi  épuisé  et  corrup- 
teur que  l'était  le  polythéisme  quinze  siècles  auparavant  »  (p.  37); 
mais  il  reste  «  la  convergence  naturelle  de  tous  les  aspects  positivistes 
vers  la  grande  conception  de  Y  Humanité,  qui  vient  éliminer  défini- 
tivement Dieu  »  (p.  26).  En  appendice  se  trouve  le  «  calendrier  abstrait» 
ou  «  tableau  sociolâtrique  résumant  en  81  fêtes  annuelles  l'adoration 
universelle  de  l'humanité  ».  Ça  vous  a  un  relent  de  calendrier  révo- 
lutionnaire, mais  bébète,  qui  vous  prend  à  la  gorge. 

17.  —  11  y  a  aussi  beaucoup  de  bon  et  de  très  bon  dans  les  Estudios 
sociales  du  R.  P.  T.  Rodriguez,  professeur  à  l'Université  de  l'Escurial. 
Ce  sont,  à  certains  égards,  des  articles  détachts,  publiés  déjà  pour 
la  plupart  dans  la  revue  Ciudad  de  Dios  :  ainsi  le  premier  volume  dis- 
cute la  question  sociale,  la  valeur  économique,  la  production,  ses 
éléments  ou  agents,  puis  la  fin  de  l'État  ;  mais  les  seize  chapitres  du 
tome  II  forment  un  véritable  traité  du  contrat  de  travail  et  du 
salaire.  Le  P.  Rodriguez  s'indignerait  si  je  lui  disais  qu'il  est  un 
libéral,  car  il  prendrait  ce  mot  au  sens  espagnol;  c'est  pourtant  par- 
faitement à  l'économie  politique  libérale  et  classique  qu'il  appartient. 
Voyez,  par  exemple,  sa  théorie  du  rôle  de  l'État,  son  éloge  de  la 
liberté  (t.  I,  p.  270  etc.)  et  cette  justice  rendue  à  Adam  Smith,  qui 
«  par  dessus  tout,  dit-il,  n'était  pas  un  individualiste  sans  entrailles 
pour  le  faible,  ni  sentiment  de  la  réalité  dans  les  luttes  économiques  » 
(t.  I,  p.  255).  Il  écarte  résolument  les  fameuses  Haider  Thesen  du 
baron  de  Vogelsang  (t.  II,  p.  27  et  115);  il  réfute  et  combat  les  maîtres 
les  plus  autorisés  du  catholicisme  social,  par  exemple  le  R.  P.  Antoine 
et  ^^  l'abbé  Élie  Blanc.  Même  sa  théorie  de  la  valeur,  tout  en  pré- 
tendant rompre  avec  les  systèmes  économiques,  n'est  guère  qu'une 
déformation  des  formules  de  l'école   autrichienne  :  «  La  valeur,  dit-il, 


—  39  — 

•est  une  fonction  de  deux  variables,  les  désirs  humains  et  l'aptitude 
•que  les  choses  peuvent  avoir  pour  permettre  à  l'homme  de  réaliser 
ses  fins  »  (t.  I,  p.  105).  Sur  les  agents  de  la  production,  c'est  toute  la 
théorie  classique,  nature,  capital  et  travail,  et  même  exposée  un  peu 
trop  longuement,  comme  à  des  gens  à  qui  il  faut  tout  expliquer  et 
tout  mâcher.  Dans  le  tome  II,  il  défend  l'entrepreneur,  il  milite  pour 
le  contrat  «  à  tous  risques  »  ou  forfait  d'assurance  (comme  le  salaire 
en  est  un),  il  justifie  le  rôle  du  capital,  qu'il  appelle  du  travail  ancien, 
et  finalement  il  combat  à  maintes  reprises  la  pression  que  des  ouvriers 
exercent  sur  le  patron  au  delà  du  juste  salaire.  Si  la  thèse  de  la  col- 
lision des  droits  ne  lui  est  pas  inconnue  (propriété  et  droit  à  la  vie), 
il  a  bien  soin  de  noter  que  ce  droit  à  la  vie  se  borne  à  ce  qui  est  stric- 
tement nécessaire  pour  ne  pas  mourir  de  faim  (t.  II,  p.  342).  11  y  a  lieu 
cependant  de  regretter  trop  d'admiration  pour  Ruskin;  nous  ne 
voudrions  non  plus  admettre  que  sous  bénéfice  de  correction  certaines 
de  ses  formules;  enfin,  comme  tous  les  auteurs  étrangers  au  droit 
et  particulièrement  au  droit  romain,  il  a  le  tort  de  voir  dans  le  jus 
abutendi  autre  chose  que  ce  qui  y  était,  c'est-à-dire  autre  chose  que 
le  droit  du  dominus  de  disposer  de  ses  res  singulae  par  vente,  dona- 
tion ou  transformation  (t.  II,  p.  273).  —Nous  souhaitons  vivement 
que  cet  ouvrage  trouve  un  traducteur  :  il  le  mérite  à  bien  des  égards. 
18.  —  Sous  le  titre  :  La  Guerre  devant  le  christianisme,  M.  A.  Van- 
derpol,  «  président  de  la  Ligue  des  catholiques  français  pour  la  paix  », 
a  fait  une  étude  fort  intéressante  par  les  nombreuses  citations  qu'il 
y  a  enchâssées  de  saint  Augustin,  de  saint  Thomas,  des  scolastiques, 
de  Suarez,etc.,et  il  y  a  ajouté  une  traduction  du  petit  traité  De  Jure 
helli  de  François  de  Victoria  au  xvi^  siècle.  Ce  qui  en  ressort,  c'est  ceci. 
Au  début,  l'Église  n'examinait  pas  le  droit  de  la  guerre  pris  en  soi; 
■elle  ne  se  préoccupait  que  du  métier  des  armes  et  elle  ne  le  condamnait 
pas,  pourvu  qu'il  fi'it  pur  de  superstitions  païennes  et  d'actes  d'ido- 
lâtrie (il  est  vrai,  dirons-nous,  que  sous  l"empire  romain  il  n'y  avait 
pas  de  guerres  nationales,  sinon  contre  les  agressions  des  barbares). 
La  scolastique  est  allée  plus  avant  dans  le  problème  :  la  guerre  est  un 
acte  de  justice  vindicative  et  le  souverain  qui  la  déclare  y  apparaît 
en  justicier  (ainsi,  en  effet,  ajouterons-nous,  pouvaient  se  présenter 
les  croisades  contre  les  Sarrasins  d'Orient,  les  Maures  d'Espagne, 
voire  même  les  Albigeois);  par  conséquent  la  guerre,  si  elle  peut  être 
injuste  des  deux  côtés,  ne  peut  pas  être  juste  à  la  fois  de  l'un  et  de 
l'autre.  Les  soldats  qui  combattent  du  côté  injuste,  sont  néanmoins 
excusables,  sous  la  condition  qu'ils  n'aient  pas  pu  se  rendre  compte 
de  l'injustice  du  parti  auquel  ils  sont  attachés.  Viennent  la  Renais- 
sance et  la  Réforme.  Alors  la  guerre  est  envisagée  tout  autrement. 
Le  fait  cherche  à  trouver  ou  à  imaginer  le  droit,  et  l'on  voit  ainsi 


—  40  — 

apparaître  soit  «  l'école  matérialiste  »,  qui  affiime  brutalement  la  loï 
du  plus  fort  et  aboutit  au  darwinisme  social,  soit  «  l'école  mystique  »,. 
qui  donne  à  la  guerre  une  place  dans  le  droit  divin.  Cette  philosophie 
mouvelle  trouve  sa  plus  haute  expression  dans  les  Soirées  de  Saint- 
Pétersbourg.  Mais  une  autre  école  aussi  s"cst  constituée  :  «  l'école 
pacifiste  y),  à  laquelle  appartient  M.  Vanderpol.  «  L'histoire,  dit-celui-ci.,. 
l'histoire  ancienne  comme  l'histoire  moderne,,  nous  enseigne  que  la 
victoire  se  décide  par  des  circonstances  ou  des  actes  qui  n'ont  aucun 
rapport  avec  la  justice  »  (p.  200-202).  L'idéal,  donc,  c'est  la  création 
d'un   tribunal   supérieur   qui   proposerait   l'arbitrage   obligatoire   et 
qui  imposerait  l'exécution  de  ses  sentences  au  moyen  d'une  armée 
fédérale  internationale  »  (p.   203-205).   L'auteur  s'élève  particuliè- 
rement contre  les  guerres  qui  ont  pour  xnotifs  des  conflits  d'ordre  éco" 
nomique  (p.  198).  — On  peut  trouver  que,  en  outre  du  caractère  chi- 
mérique de  son  projet,  il  réduit  à  peu  de  chose  la  légitime  défense  <les 
nationalités  et  prête  bien  la  main  aux  tendances  internationalistes, 
19.  —  Tout  autre  est  le  travail  de  M.  del  Vecchio  :  Il  Fenomeno 
délia  guerra  e  l'idea  délia  .pace,  qui  a  été  originairement  un  discours 
inaugural  prononcé  à  l'Université  de  Sassari,  puis  quelque  peu  déve- 
loppé, M.  del  A'ecchio  parle  simplement  en  rationaliste,  il  a  foi  en 
Jean- Jacques  Rousseau  et  se  réclame  de  la  loi  du  progrès  et  de  la 
théorie  de  l'évolution  de  l'humanité.  11  y  a,  dit-il,  des  amis  et  des 
adversaires  de  la  guerre,  des  polemisti  et  des  irenisti.  Qui  a  tort?  Qui 
a  raison?  La  guerre  est  un  fléau;  pourtant,  sans  même  qu'on  aille 
jusqu'à  la  théorie  matérialiste  qui  sort  de  Darwin,  elle  a  aussi  d'heu- 
reux résultats,  même  pour  un  rationaliste,  car  J.  de  Maistre  n'est 
qu'un  mystique  et  ne  vaut  pas  l'honneur  dune  discussion  (p.  31). 
Très  curieuses  les  vues  de  Dante  sur  la  nécessité  d'une  monarchie 
supérieure  qui  ferait  régner  la  paix  par  le  maintien  général  de  l'ordre 
(p.  .%).  Est-ce  que  la  scolastique  n'en  aurait  pas  subi  les  influences? 
Finalement  M.  del  Veccliio  ne  désespère  pas  de  la  paix  universelle  :  les- 
déclarations  échangées  entre  les  ouvriers  socialistes  de  Paris  et  ceux 
de  Berlin  en  1870  lui  donnent  confiance  (p.  82),  comme  aussi  la  Cour 
de  la  Haye    et  les  traités  d'arbitrage.  Pourtant  la  paix  n'a  pas  de 
valeur  quand  on  la  sépare  de  la  justice,  et  elle  peut  elle-mc.me  con- 
courir à  éliminer  l'injustice  pour  rétablir  «  la  liberté  sacrée  de  l'être 
humain,,  que  méconnaissent  ou  l'cippression  des  individus  ou  celle 
des  natioiïs  »  (p.  94).  On  voit  que  M.  del  Vecchio  ne  veut  rien  dire  qui 
puisse  être  tourné  contre  les  guerres  qui  ont  prc'paré  de  fort  loin  le- 
risorgimento  de  l'ïtalie.  Mais  c'est  tout  de  même  fort  intéressant. 

Socialisme.  —  20.  —  Le  Socialisme  français  de  1789  â  1848,  de 
MM.  Georges  et  Hubert  Bourgin,  fait  partie  d'une  collection  de  petits 
ou\Tages  où  l'histoire  se  présente  en  de  courts  extraits  empruntés- 


,-  41  — 

aux  hommes  mêmes  de  chacune  de  ces  périodes.  Celui-ci  lenferme 
les  chapitres  suivants  :  la  Révolution;  Saint-Simon  et  Fourier;  les 
républicains  socialistes  (1830-1840)  avec  Blanqui,  Barbes,  l'affaire 
d'avril  1834,  etc.;  les  théoriciens  (1830-1848)  avec  Cabet,  Louis  Blanc 
et  autres;  enfin, les  communistes  depuis  Lapommeraye  et  Dezamy. 
Quelques  lignes  de  biographie  ou  d'histoire  précèdent  des  citations 
et  coupures  fort  bien  choisies,  parfois  avec  reproduction  de  gravures 
de  l'époque.  Beaucoup  de  pièces  et  même  de  personnages  sortent  ainsi 
de  l'oubii,  et  l'historien,  l'économiste  surtout  auront  à  glaner  fruc- 
tueusement. Mentionnons  enfin  les  index  bibliographiques  à  la  fin 
(Je  chaque  chapitre.  ^  F 

21.  —  La  Révolution  sociale,  de  M.   Karl  Kautsky,  le  plus  fidèle 
disciple  de  Marx  après  Engels,  est  la  reproduction,  levue  et  augmentée, 
de  deux  conférences  faites  en  1902,  l'une  à  Amsterdam  et  l'autre  à 
Delft.  —  Dans  la  première,  M- Kautsky  préconise  et  explique  la  révolu- 
tion sociale  qui  doit  avoir  lieu  :  ce  sera  la  «  solution  catastrophique  » 
de  Karl  Marx.  Elle  est  légitime  et  nécessaire,  car  les  arguments  théo- 
logiques, juridiques  et  historiques  ne  sont  plus  de  mise  (p.  20  et  21). 
Et  ce  ne  sera  pas  une  évolution,  mais  une  révolution,  quoique  ave^ 
un  «  processus  d'assez  longue  -durée  »  (p.  129)  :  en  effet,  une  «  société 
ne  peut  s'élever  à  un  degré  supérieur  que  grâce  à  une  catastrckphe  »- 
(p.  31).  La  grève  j^  jouera  un  grand  rôle;  «  elle  ne  peut  pas  remplacer 
tous  les  autres  moyens,  mais  elle  les  complétera  et  les  renforcera  » 
(p. 111  et  112). — Dans  la  seconde  conférence,,M.Kautsky  discute  ce  que 
sera  «  le  lendemain  de  la  Révolution  sociale  ».  Y  aura-t-il  expropria- 
tion immédiate  ou  seulement  rachat  de  la  terre  et  clés  <?ap.itaux? 
M.Kautsky  ne  conclut  qu'au  rachat.  Mais  ne  vous  y  trompez  pas.  «  Dès 
que  la  propriété  capitaliste  aura  ipris  la  forme  de  dette  inscrite  de 
l'État,  <le  la  commiîne  ou  des  corporations,  il  sera  possible  d'établir 
un  impôt  progressif  sur  les  revenus,  la  fortune  et  les  successions^  plus 
élevé  qu'on  n'aurait  pu  1«  faire  auparavant...  et  cette  élévation  les- 
semblera  fort  à  une  confiscation  des  grandes  fortunes  »  (p.  147-149). 
«  A  la  fin,  la  production  totale  pourra  être  le  double  de  ce  qu'elle  est 
aujourd'hui;  donc  les  salaires  pourront  être  doublés,  en  même  temps 
que  la  journée  de  travail  sera  réduite  de  moitié  »  (p.  171).   Il  faudra 
bien,  sans  doute, de  nouvelles  conditions  psychologiques  pour  sti- 
muler le  tr-avail  et  obtenir  le  désintéressement  :  mais  «  la  société  nou- 
velle modifiera  considérablement  le  caractère  deThcmme  «;  il  y  aura 
«oréation  d'un  type  humain  plus  élevé  que  nel'estl  homme  mcdejne^.^ 
type  qui  surpassera  tous  ceux  que  la  civilisation  a  produits  jusqxii'è  ce 
joisr  ».  Ce  sera  donc  «  uji  empire  de  forcent  de  beauté,  digne  de  l'idéal 
de  nos  plus  profonds,  de  nos  plus  nobles  penseurs  »  (p..  .221-223),  — 


—  42  — 

Dans  son  ensemble,  cet  ouvrage  est  des  plus  intéressants  sur  les 
projets  et  la  mentalité  du  collectivisme. 

22.  —  Je  dirai  peu  de  chose  des  Problèmes  sociaux  du  temps  présent 
de  M.  Drouilly.  Est-ce  de  la  franc-maçonnerie  ou  bien  du  socialisme? 
Ni  l'un  ni  l'autre,  à  moins  que  vous  ne  disiez  l'un  et  l'autre.  L'huma- 
nité, dit  M.  Drouilly,  a  en  propre  le  progrès  et  l'équité  —  non  pas 
l'intelligence  et  le  langage,  car  intelligence  et  langage  lui  sont  com- 
muns (  !)  avec  d'autres  espèces  (p.  26).  —  Donc  il  faut  tout  faire  pour 
le  progrès  et  l'équité,  avec  un  féminisme  mitigé,  un  collectivisme  à 
terme  et  une  instruction  publique  qui,  pratiquement,  efface  et  détruise 
la  superstition.  Le  but  est  imprécis,  mais  on  n'a  pas  besoin  de  le  voir 
pour  viser  :  l'expérience  et  l'avenir  éclairciront  ce  qui  est  vague  et 
nébuleux,  et  fixeront  ce  qui  est  flottant.  Pour  le  moment,  il  faut 
«  donner  satisfaction  aux  revendications  populaires  en  ce  qu'elles  ont 
d'urgent,  tout  en  laissant  à  la  science  le  temps  nécessaire  pour  trouver 
la  solution  du  problème  social»  (p.  9).  Sur  ce  thème,  qui  n'est  pas  neuf, 
l'auteur  a  écrit  des  variations  qui  le  sont  encore  infiniment  moins. 

23. —  Le  volume  de  M.  Roussel-Despierres,  la  Hiérarchie  des  prin- 
cipes et  des  problèmes  sociaux,  est  une  sorte  de  philosophie  esthétique 
de  l'anarchie,  par  le  règne  de  l'individualisme  et  l'apothéose  de 
l'égoïsme.  Nous  avons  traversé  les  violences  de  la  démocratie  et  subi 
la  tyrannie  du  nombre  après  celle  des  privilèges;  nous  traverserons 
de  même  les  contraintes  du  socialisme;  puis,  par  l'évolution  ou  les 
révolutions,  nous  arriverons  enfin  à  l'individualisme.  «  La  perfection 
du  régime  individualiste,  dit-il,  s'identifierait  à  l'anaichie  idéale... 
Ce  n'est  pas  pourtant  le  régime  que  nous  décrirons,  car  l'humanité 
n'est  pas  faite  de  Dieux  »  (p.  55).  Ainsi  M.  Roussel-Despierres  croit 
encore  à  la  propriété,  «  merveilleux  instrument  de  civilisation  » 
(p.  65);  il  croit  aussi  à  des  liens  politiques  et  nationaux  «  quoiqu'il 
n'existe  pas,  dit-il,  d'autre  souveraineté  que  celle  de  la  conscience  indi- 
viduelle ».  Mais  l'Etat  aura  pour  idéal  et  pour  dogme  l'individualité 
et  la  liberté  ira  sans  cesse  en  croissant,  comme  l'autorité  en  décrois- 
sant (p.  168,  206,  etc.).  Ce  sont  surtout  des  mots  et  des  points  d'inter- 
rogation, car  les  questions  se  greffent  sans  cesse  sur  les  questions 
sans  qu'aucune  soit  résolue. 

24.  —  11  paraît  que  l'étoile  de  Proudhon  remonte.  Du  moins 
M.  Bougie  nous  l'assure,  «  pendant  que  des  hommes  de  science  res- 
taurent pieusement  des  doctrines  et  que  des  hommes  d'action  impa- 
tiemment les  utilisent  »  (p.  v).  M.  Bougie  part  de  là  pour  écrire  une 
Sociologie  de  Proudhon.  Pour  lui,  Proudhon  est  un  vrai  sociologue, 
parce  que  «  la  distinction  entre  la  force  collective  et  la  somme  des 
forces  individuelles  est  sa  pensée  fondamentale  »  (p.  xvii).  C'est  écrit 
avec  assurance  et  chaleur,  martelé  de  mots  à    effet,  mais  point  du 


—  43 


tout  démonstratif.  Ce  vohimo-ci,  à  la  différence  de  ceux  que  M.  Des- 
jardins avait  écrits,  lui  aussi  i  sur  Pioudhon,  ne  fournira  pas  matière 
à  de  véritables  études.  C'est  trop  écrit  de  chic.         J.    Rambaud. 


THÉOLOGIE 


i^a  Sainte  Trtnîté,  Uriure*  théologiques,  par  L.  Berthé.  Paris,   Bloud, 
i9ll,  gr.  in-8  de  iu-218  p.  —  Prix:  5  fr. 

Ce  choix  de  lectures  théologiques  n'a  pas  de  prétentions  scienti- 
fiques. 11  n'est  pas  dédié  aux  théologiens  de  profession,  mais,  comme 
le  dit  Mgr  d'Evreux  dans  la  Préface,  «prêtres  et  séminaristes  y  trou- 
veront un  utile  complément  du  traité  de  la  T.  S.  Trinité  »,  qui  sera 
utile  aussi  aux  laïques  instruits.  C'est  une  anthologie  de  textes  de 
l'Écriture,  des  Pères,  de  nos  grands  docteurs.  Ces  extraits,  groupés  en 
chapitres  suivant  le  plan  classique  du  de  Deo  Trino,  sont  générakment 
bien  choisis  et  bien  traduits.  Les  prêtres  chargés  d'un  cours  supérieur 
de  catéchisme,  les  prédicateurs,  les  directeurs  de  cercles  d'étude, 
dans  nos  grandes  villes,  sauront  gré  à  M.  le  chanoine  Berthé  de  les 
avoir  mis  à  même  de  rendre  leurs  instructions  plus  riches  et  plus 
solides.  H.   Grs. 

0|iera  nioralia  !K.  Alplioiisi  iTlariae  de  liigorio.  Tlieologia 
■norali»,  edilio  nova  ciirà  el  studio  P.  Leonardi  Gaudé.  Romae,  ex 
typo/raphia  valicana,  19051912,  4  vol.  in.4  de  i.xiii  722,  785,  tiVi  et  vii- 
819  p  ,  illustrés  de  chncuii  5  planche.".  —  l'rix  ;  60  fr. 

Ces  importants  volumes  ne  représentent  certes  pas  toute  l'œuvre 
de  saint  i^lphonse  de  Liguori  et  ce  serait  rapetisser  indignement 
ce  grand  adversaire  des  influences  jansénistes  que  de  ne  voir  en  lui 
qu'un  casuiste,  en  oubliant  tout  ce  que  lui  a  dû,  tout  ce  que  lui 
doit  encore,  la  piété  catholique.  Mais  c'est  précisément  pour  appren- 
dre à  soigner  les  âmes  et  à  leur  dispenser  les  sacrements  qu'il 
voulut  étudier  à  fond  toute  la  théologie  morale,  en  un  traité  qui 
lui  coûta  beaucoup  de  peine  et  d'ennuis,  qu'il  corrigea  sans  cesse 
et  dont  il  donna  lui-même  neuf  éditions.  On  peut  bien  dire  que 
l'édition  qu'en  ofîrent  aujourd'hui  ses  fils  spirituels  est  incompara- 
blement la  meilleure.  Elle  est  magistrale  et  définitive.  Sans  parler 
de  la  netteté  de  l'impression,  qui  fait  grand  hoimeur  à  la  typo- 
graphie vaticane,  le  texte  est  établi  avec  une  érudition  et  une 
sûreté  qui  ne  laissent  rien  à  désirer.  Toutes  les  citations,  et  elles 
dépassent  70-000,  ont  été  scrupuleusement  vérifiées.  Des  notes  très 
abondantes  présentent  les  compléments  d'information  ou  les  com- 
mentaires les  plus  utiles.  Le  laborieux  artisan  de  cette  belle  publi- 
cation, celui  qui,  en  1905,  avait  offert  à  Pie  X  son  premier  volume, 


le  p.  Léonard  Gaudé,  un  rt'dtniptûiiste  né  dsrs  le  diccèEc  de 
Nancy  en  1860,  n'a  pas  vu  son  couronnement.  11  a  été  rappelé 
par  Dieu  en  août  1910,  et  le  quatrième  volume  a  été  achevé  par 
ses  confrères,  spécialement  par  le  R.  P.  Blanc.  Nous  ne  pouvons 
donner  ici  que  les  grandes  divisions  du  traité  de  théologie  morale  : 
Livre  I^"^.  De  la  règle  des  actes  humains,  conscience  et  lois;  Livre  II. 
A  quoi  obligent  les  vertus  théologales,  foi,  espérance,  charité?  Li- 
vre III.  Des  préceptes  du  Décalogue  et  de  l'Église;  Livre  IV.  Des 
préceptes  particuliers  à  certains  états,  religieux,  clercs,  juges; 
Livre  V.  De  la  manière  de  connaître  et  de  discerner  les  péchés; 
Livre  VI.  Des  sacrements;  Livre  VII.  Des  censures  ecclésiastiques 
et  des  irrégularités.  —  On  y  a  joint  une  Praxis  conjessarii  et  un 
Examen  ordinandorum.  Enfin,  le  quatrième  volume  contient  deux 
répertoires  alphabétiques  très  bien  rédigés  et  grâce  auxquels  le 
clergé,  auquel  cet  ouvrage  est  destiné,  pourra  très  facilement  s'en 
servir.  Baron  Akgot  des  Rotours. 


IVouYeaux  mélanges  oiatoires,  par  M.   d'Hulst.    T.  X.    Beiratla,. 
Pari?,  J.  de  Gigor  1,  191-2,  in-8  de  m  o28  p.   —  Prix:  4  fr. 

En  même  temps  que  le  tome  I  de  la  Fi'e,dont  il  est  question  plus 
loin ,  j'ai  reçu  le  tome  X  des  Nouveaux  Mélanges  oratoires  de  Mgr  d'Hulst. 
Il  se  rattache  étroitement  à  la  Vie,  dont  il  nous  donne,  en  plusieurs 
points,  les  pièces  justificatives,  puisque  c'est  le  prêtre,  l'homme 
d'œuvres,  l'éducateur  qui  parle  dans  ces  retraites  prcchées  devant 
les  auditoires  les  plus  divers  :  jeunes  gens,  œuvres,  étudiants,  reli- 
gieuses, prêtres,  religieux,  qui  bénéficièrent  tour  à  tour  de  cet  infa- 
tigable apostolat.  Que  de  belles  et  bonnes  choses  dans  ce  nouveau 
volume,  où  se  trouvent  entre  autres  les  sermons  de  début,  alors  gue 
le  futur  prélat,  simpf'le  acolyte  ou  sous  diacre,  évangélisait  le  peuple 
de  son  village  et  lui  distribuait  la  parole  sainte  !  Le  premier  sermon 
est  de  1862  :  il  a'vait  vingt  ans,  et  l'on  amie  à  noter  ces  promesses 
d'avenir.  Je  recommande  volontiers  ce  v^olume  de  retraites  et  de 
prédication  apostolique.  Il  fera  du  bien.  P.  Talon. 


SCIENCES    ET    ARTS 

lie  CoRur  à  l'école  de  la  l»i  ou  delà  lihre  pensée,  far  J.  Sfguibr. 
Paris,  Lecoffre,  Gabalda,  iniO,  in  12  de  xn-368  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Cet  excellent  livre  comprend  deux  parties,  la  première:  Le  Cœur 
humain;  la  seconde  :  Les  Écoles  du  cœur  humain.  La  première  par- 
tie envisage  le  cœur  humain,  ses  besoins,  ses  aspirations,  &es  devoirs 
dans  les  diverses  situations  ou  circofistances  privées  ou  publiques- 


-«.  45  — 

-de  la  vie  :  la  vie  de  famille  d'abord  et  la  vie  privée  où,  du  berceau 
à  la  tombe,  sous  la  forme  de  l'éducation,  du  mariage,  de  la  vo- 
cation religieuse,  enfin  de  la  mort,  qui  est  le  couronnement  de  la 
vie,  s'affirment  et  se  traduisent  les  diverses  manifestations  de  la 
vie  morale,  qui,  toutes,  ont  leur  cortège  d'aspirations  et  de  devoirs, 
qu'il  faut  satisfaire  ou  remplir  pour  réaliser  vraiment  sa  destinée. 
Puis  c'est  la  vie  sociale  avec  les  relations  qu'elle  établit:  famille, 
et  école,  ouvriers  et  patrons,  entre  lesquels  l'entente  et  l'union 
seraient  faciles,  si  l'esprit  de  foi  les  rapprochait,  alors  que  l'esprit 
du  monde  ne  fait  que  perpétuer  entre  eux  les  divisions,  la  jalousie 
et  la  haine.  C'est  encore  la  vie  sociale,  mais  particulièrement  en- 
visagée sous  la  forme  des  devoirs  de  charité,  en  un  mot  l'éternelle 
question  de  la  pauvreté;  ici,  l'auteur  a  beau  jeu  pour  montrer  que 
nul  n'a  su  comme  l'Église  résoudre  ce  problème  insoluble  à  toutes 
les  méthodes  humaines,  et  il  rappelle  les  œuvres  innombrables  et 
si  bien  adaptées  aux  situations  les  plus  diverses  qui  sont,  à  chaque 
époque,  sorties  du  cœur  de  l'Église.  Une  vue  d'ensenible  pour  finir 
résume  toutes  -ces  obligations  et  tous  ces  devoirs,  et  les  sjaithétise 
en  un  court  programme  de  vie. 

La  seconde  partie  est  comme  la  contre-partie  de  la  première. 
Elle  montre  que  nulle  école,  ni  l'école  païenne,  ni  l'école  de  l'anti- 
quité juive,  si  supérieure  qu'elle  soit  à  l'antiquité  païenne,  ni  l'école 
des  temps  nouveaux  n'ont  su  résoudre  qu'imparfaitement  et  parfois 
singulièrement  troubler  tous  ces  problèmes  du  cœur.  Ainsi  apparaît 
plus  manifeste  la  nécessité  de  faire  ici  intervenir  le  Sauveur,  les 
préceptes  chrétiens,  les  conseils  évangéliques,  la  loi  d'amour,  les 
.sanctions  éternelles,  l'Église  enfin,  à  qui  Notre -Seigneur  a  mis  en 
mains  les  moyens  efficaces  pour  assurer  l'accomplissement  de  sa 
divine  loi,  loi  de  salut,  loi  d'amour,  loi  de  paix.  Ainsi  l'auteur  a 
bien  justifié  sa  conclusion  :  «  Jésus-Christ  demeure  l'idéal  du  pro- 
grés moral;-  c'est  à  son  école  qu'on  apprend  le  mieux  à  contenir 
les  passions  humaines,  à  pratiquer  les  plus  sublimes  vertus  ». 

La  première  partie  est  surtout  apologétique,  la  seconde  plutôt 
directive  :  elles  se  complètent  admirablement  et,  ensemble,  elles 
réalisent  vraiment  un  très  bon  livre.  P.  Tai.on. 


L'Attilttile  sociale  cle«»  ca<lioliques  Sraiiçai»  au  Xl^* 
sièele,  par  l'abbé  Ch\-^lss  Calippb.  Paris,  Blo\uj,  IJII,  2  vol.  in-16  de 
vn[-27>  et  x-302  p.  —  Prix  :  7  fr. 

Le  premier  volume,  qu'ouvre  une  Préface  du  comte  Albert  de 
Mun,  recueille,  au  sortir  de  la  Révolution  cle  1789  et  pendant  les 
débuts  du  XIX®  siècle,  divers  essais  de  synthèse  sociale,  empruntés  à 
des  esprits  de  valeur  inégale,  et  qui  représentent,  avec  une  très  inégale 


—  46  — 

autorité,  la  pensée  catholique  de  Joseph  de  Maistre  et  de  Bonald  à 
Chateaubriand,  à  Alexis  de  Tocqueville  et  à  Lamennais,  en  passant 
par  Ballancho,  Bûchez  et  ses  disciples,  Bordas-DemouHn  et  François 
Huet.  Assemblage  bien  disparate.  11  aurait  fallu  une  critique  bien 
méthodique  et  bien  ferme  pour  en  dégager  un  corps  de  doctrines,  en 
séparant  nettement  les  sophismes  à  rejeter  et  les  notions  à  retenir. 
On  sent,  en  lisant  ces  pages,  tout  spécialement  celles  consacrées  à 
Bûchez,  à  Bordas-Demoulin,  à  François  Huet,  combien  facilement 
cheminent  côte  à  côte  parcelles  intéressantes  de  vérités  et  aberra- 
tions ou  chimères. 

Le  second  volume  a  pour  objet  de  montrer  que  les  catholiques 
libéraux  n'ont  pas  versé  dans  ce  libéralisme  économique,  qui  est  la 
forme  de  libéralisme  dont  certains  catholiques  aujourd'hui  ont  sur- 
tout à  cœur  de  se  désolidariser.  Mais  ces  pages  intéressantes  mon- 
trent bien  davantage.  Elles  font  apercevoir  combien  fut  profonde  la 
sollicitude  pour  les  souffrances  des  classes  ouvrières,  pour  les  misères 
entraînées  par  l'introduction  du  machinisme  et  de  la  grande  indus- 
trie, chez  les  chefs  de  file,  comme  Lacordaire  et  Montalembert,  chez 
Gerbet,  Foisset,  Charles  de  Coux,  Villeneuve-Bargemont,  Armand  de 
Melun,  serviteurs  dévoués  de  l'Église  et  des  travailleurs,  chez  Frédéric 
Ozanam,  qui  ne  fut  pas  seulement  un  incomparable  apôtre  de  la 
charité,  mais  qui  croyait  témoigner  de  la  sincérité  de  son  amour 
pour  le  peuple  par  la  ferveur  de  sa  foi  démocratique,  chez  Lamartine, 
qui  suit  bien,  en  poète,  le  même  mouvement  d'idées.  Sont  un  peu  en 
dehors  de  ce  groupe  Berryer,  et  surtout  Balzac,  le  vigoureux  roman- 
cier dont  les  idées  religieuses  et  sociales  sont  tout  à  fait  en  réaction 
contre  les  idées  révolutionnaires.  Le  livre  se  termine  par  un  chapitre 
consacré  au  Père  Gratry,  cet  esprit  généreux,  travaillé  de  tant  de 
pensées  d'avenir,  croyant  à  l'harmonie  des  lois  sociales  et  des  lois 
évangéliques.  L'estime  dans  laquelle  il  tenait  Frédéric  Bastiat,  et 
dont  je  suis  bien  loin,  quant  à  moi,  de  lui  faire  un  grief,  étonnerait 
aujourd'hui  bien  des  lecteurs.  Baron  Angot   des  Rotours. 


lies  Hroduits  coloninux,  par  G.  CJapus  et  D.  Bois.  Pars,  CoUn,  1912, 
in-18  de  xvi-68~  p.,    avec  2o3  gravures  et  caries.—    Prix,  cartoDué:7  fr. 

Au  moment  où  s'achève  le  partage  du  monde  entre  les  différentes 
nations,  il  était  opportun  pour  nous,  Français,  d'examiner  de  prés 
la  valeur  des  colonies  que  notre  activité  p'ilitique  a  su  acquérir.  Cet 
examen,  pour  être  véritablement  utile,  ne  pouvait  être  fait  que  par 
des  hommes  d'une  compétence  indiscutable,  connaissant  à  fond  les 
théories  livresques,  et  ayant  constaté,  de  visu,  leur  mise  en  pra- 
tique, leurs  résultats  aux  colonies.  Tel  est,  nous  semble-t-il,  le  cas 


—  47  — 

de  MM.  Capus  et  Bois,  coloniaux  et  professeurs  à  notre  École  colo- 
niale. C'est  dire  avec  quelle  confiance  nous  pouvons  suivre  et  mettre 
à  profit  les  informations  mises  à  notre  portée  par  les  auteurs  des 
études  sur  l'origine,  la  production  et  le  commerce  des  produits  colo- 
niaux, r  »*',; 
L'ouvrage  se  compose  de  trois  parties  consacrées  aux  règnes  végétal, 
animal  et  minéral.  La  première,  de  beaucoup  la  plus  importante, 
étudie  les  produits  d'origine  végétale;  elle  comprend,  à  elle  seule, 
plus  de  500  pages,  et  c'est  merveille  de  voir  comment  elles  sont 
remplies  avec  un  juste  sentiment  de  l'importance  relative,  économique, 
commerciale,  industrielle  du  végétal  considéré.  Ce  sont  de  simples 
mentions  pour  les  produits  secondaires,  tels  que  les  différents  légumes 
du  jardin  potager  tropical,  les  divers  fruits  exotiques  sans  grande  utili- 
sation en  dehors  de  leur  lieu  d'origine;  des  rappels  concis,  mais  large- 
ment suffisants  et  instructifs,  lorsqu'il  s'agit  de  cultures  connues  dans 
la  métropole  :  blé,  vigne,  olivier,  chêne-liège;  enfin  de  véritables  mono- 
graphies avec  statistiques  comparatives  récentes  (1900-1909)  quand 
il  faut  traiter  de  cultures  plus  exclusivement  coloniales,  riz,  manioc, 
bananier,  dattier,  caféier,  théier,  cacaoyer,  poivre,  cannelle,  vanille, 
cocotier,  arachide,  palmier  à  huile,  sésame,  canne  à  sucre,  coton,  jute, 
ramie,  alfa,  indigotier,  caoutchouc,  opium,  tabac,  camphre.  Sur  cha- 
cune de  ces  productions,    les  auteurs  donnent  des  détails  clairs  et 
précis  relatifs  à  l'origine,  la  culture,  la  préparation,  l'emploi  et  le 
commerce,  de  telle  sorte  que  l'ouvrage  devient  un  vade-mecum  indis- 
pensable à  tout  colon.  A  signaler  le  souci  d'exactitude  et  de  pondé- 
ration  qui  se  manifeste  en  particulier  par  l'examen  rigoureux  des 
conditions  culturales,  l'appel  à  l'établissement  de  jardins  d'expérience, 
l'étude  des  ennemis  qui  s'attaquent  aux  différentes  cultures  colo- 
niales. Il  faut  encore  remercier  les  auteurs  de  leur  esprit  d'initiative 
qui  trace  à  différentes  reprises  des  chemins  que  les  habitants  des 
colonies  auront  tout  intérêt  à  parcourir  :  culture  rémunératrice  du 
cacaoyer  aux  Antilles  françaises,  du  thé  dans  l'Annam,  le  l^onkin, 
à  Madagascar  et  à  la  Nouvelle-Calédonie,  du  cannellier  en  Indo-Chine, 
et  aussi  de  leur  sens  pratique,  positif,  qui  ne  se  laisse  jamais  emballer  : 
question  du  poivre  en  Indo-Chine;  ce  qu'il  faut  penser  de  l'engoue- 
ment pour  les  plantations  de  caoutchouc,  de  la  concurrence  des  pro- 
duits naturels  et  des  synthèses  chimiques. 

Le  règne  animal  nous  offre  des  études  fort  bien  comprises  sur  la 
soie,  les  plumes,  livoire,  les  pêcheries  et  les  divers  élevages. Une  troi- 
sième partie  passe  en  revue  les  richesses  minérales  de  nos  colonies. 

Le  volume  édité  avec  le  soin  coutumier  de  la  maison  Colin,  d'un 
format  commode,  est  fort  abondamment  et  instructivement  illustré 
par  des  cartes  et  des  gravures  qui  permettent  de  se  faire    une  idée 


—  \s  - 

juste  de  la  plupart  des  produits  coloniaux.  Ajoutons,  en  terminant, 
que  cet  ouvrage  remarquable  est  plus  qu'un  manuel,  c'est  une  petite 
encyclopédie  qui  réunit  vme  multitude  de  renseignements  épars  dans 
de  nombreux  travaux,  comme  en  témoigne  l'importante  bibliographie 
de  plus  de  200  numéros  placée  à  la  suite  de  la  Préface;  il  est  d'aiUeurs 
très  facile  de  se  reconnaître  au  milieu  de  ces  riches  informations  et  cela 
grâce  à  l'ordre  général  du  volume,  grâce  aussi  à  un  index  alphabé- 
tique extrêmement  détaillé  et  en  trois  caractères  différents. 

J.-B.  ^Iartin. 


Truite  |trali(|ue  An  géologie,  p/n-  James  Geikie  ;  Ira  luit  et  arlaplé 
de  Touvrage  anglais  Struclurnl  and  Fitld  Geo'oqy  par  Paul  Lemoinb.  Paris, 
Hermann,  l'JlO,  gr.  ia-S  de  x-4'dO  p  ,  avec  187  figures  et  64  planches, 
dont  2  en  couleurs.  —  Prix  :  15  fr. 

Le  volume,  publié  de  l'autre  côté  de  la  M?nehe  par  le  savant  pro- 
fesseur de  l'Université  d'Edimbourg  sous  le  titre  de  Structural  and 
Field  Geology,  a  très  rapidement  conquis  une  grande  notoriété  et  est 
devenu  un  ouvrage  vraiment  classique;  aussi  faut-il  se  réjoviir  de  voir 
ce  livre  traduit  en  français  et  mis  à  la  portée  de  tous  ceux  qui  S3nt 
dans  l'impossibilité  de  recourir  au  texte  original  même.  Ceux  qui  savent 
l'anglais,  tout  en  se  reportant  de  temps  à  autre  au  livre  dans  lequel 
M.  James  Geikie  a  débuté  par  faire  connaître  sa  pensée,  remercieront 
également  M.  Paul  Lemoine  de  la  peine  qu'il  a  prise  en  traduisant  le 
Structural  and  Field  Geology,  ou  plutôt  en  l'adaptant  aux  exigences 
du  public  français;  ne  lit-on  pas,  quelque  familiarisé  qu'on  puisse 
être  avec  une  langue,  mieux  encore  sa  langue  maternelle?  Mais,  si 
soignée  puisse-t-elle  être,  l'adaptation  de  M.  Paul  Lemoine  ne  pourra 
pas  .satisfaire  tout  le  monde;  elle  élimine,  en  particulier,  un  certain 
nombre  de  paragraphes  spécialement  relatifs  à  la  géologie  de  l'Ecosse 
dont  on  aimerait,  parfois,  à  connaître  les  conclusions;  elle  change 
un  peu  l'ordre  des  chapitres  et  la  répartition  des  différents  para- 
graphes; elle  contient  des  additions,  placées  poiu"  la  plupai't  entre 
crochets;  ainsi  modifie-t-elle  quelque  peu,  et  même  assez  profon- 
dément, la  forme  même  de  l'ouvrage  anglais.  Sans  doute  n'en  modifie- 
t-elle  pas  le  fond;  M.  Paul  Lemoine,  s'il  a  pris  certaines  libertés  à 
l'égard  du  texte  de  M.  Geikie,  en  a  scrupuleuseruent  respecté  les  idées. 
Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  le  travail  du  traducteur,  s'il  est  très 
méritoire  et  très  utile  pour  un  étudiant  français,  ne  peut  pas  dispenser 
celui  qui  veut  citer  Structural  and  Field  Geology  de  recourir  au  texte 
anglais;  entre  l'adaptation  de  M.  Lemoine  et  la  traduction  de  la  Face 
de  la  terre,  publiée  sous  la  direction  de  M.  Emmanuel  de  Margerie, 
aucune  assimilation  n'est  possible.  —  Qu'on  no  prenne  pas,  d'ailleurs^ 
€ette  constatation  pour  un  blâme;  tel  qu'il  est,  le  Traité  pratique  de 


J 


—  49  — 

géologie,  avec  ses  admirables  illustrations  dans  le  texte  et  hors  texte, 
avec  ses  figures  schématiques  dont  M.  Lemoine  a  ajouté' un  certain 
nombre,  rendra  de  très  réels  services,  et  ne  pourra  être  que  consulté 
avec  fruit.  Fx. 

4'arnet  (l'art,  par  Adolphe  Boschot.  Paàs,  Bloii'1,  1911,  in-16  de  viii- 
2Gi  p.  —  Prix  :3  fr.  50. 

M.  Adolphe  Boschot  est  un  critique  musical  qui  sait  écrire  et  qui 
formule  dans  une  langue  distinguée  d'originales  sentences,  non  seu- 
lement sur  les  musiciens, comme  Beethoven,  Mozart,  Berlioz  et  Reyer, 
mais  sur  des  artistes  et  des  lettrés  tels  que  Courbet,  Albert  Diirer, 
Stendhal.  Brunetière  figure,  lui  aussi,  dans  cette  galerie. Impossible 
de  mieux  peindre  ce  «  petit  homme  noir,  maigre,  au  dos  voûté,  au 
binocle  d'écaillé  »,  dont  «  la  voix,  peu  forte,  très  timbrée,  un  peu  mé- 
tallique »  était  si  «  caressante  »  et  si  «  prenante  »  !  «  Sa  voix  lui  donnait 
des  ailes.  »  dit  encore  M.  Boschot.  — Comme  c'est  vrai  !  0.  H. 


LITTÉRATURE 


la  Pensée  d'Édlouard  Rod.  Marceaux  choisis  publiés  avec  une 
Préface  par  J.  de  Mestral  Combremont.  Paris,  Perriu,  1911,  iu-16  de 
Lm-279  p.,  avec  porlrail  et  autographe.  —  Prix:  3  fr.  50. 

Edouard  Rod  fut  un  bon  ouvrier  de  lettres,  point  artiste  du  tout, 
ni  poète,  ni  écrivain,  mais  qui  fournit  pendant  trente  ans  sa  clientèle 
franco-suisse  d'une  loyale  marchandise  de  romans  et  d'articles,  où 
il  mettait  à  sa  manière,  qui  était  lourde,  sans  éclat  ni  relief,  mais 
assez  sienne,  des  idées  et  des  fictions  sentimentales  et  romanesques 
qui  étaient  de  tout  le  monde.  Or,  comme  ce  protestant  genevois,  qui 
dans  la  tour  de  Babel  des  livres  avait  perdu  son  Credo,  et  que  la  vie 
de  Paris  et  son  métier  de  «  gendelettre  »  avaient  en  quelque  façon 
rendu  sceptique,  était  demeuré  malgré  tout  spiritualiste,  moralisant 
et  prêcheur,  comme  il  était  un  brave  homme,  un  père  tendre,  un  ami 
charmant,  qu'il  avait  beaucoup  de  cœur  et  tout  de  même  un  peu 
d'âme,  il  mêlait  à  ses  amusettes,  à  ses  histoires  de  j^assion  et  d'adul- 
tère, des  réflexions,  sentences  et  moralités,  qui  leur  donnaient  un 
caractère  grave  et  valaient  à  son  talent  l'épithète  homérique  et 
consacrée  de  pénétrant.  C'est,  sans  doute,  ce  qui  a  insp-ré  à  un  de  ses 
admirateurs  de  recueillir  au  travers  de  son  œuvre  sa  «  pensée  »  et 
de  nous  la  donner  en  fragments,  aphorismes  et  maximes,  réunis  sous 
les  rubriques:  MoraZe,  Religion;  L'Homme  et  la  vie;  La  Femme,  l'amour; 
la  Société;  Art,  Littérature,  Éloquence...  Hélas  !  rien  n'est  plus  fâcheux 
pour  la  mémoire  du  pauvre  Rod,  qui  ne  fut  pas  du  tout  un  penseur, 
que  ce  livre  où  non  seulement  il  est  impossible  de  dégager  des  idées 
JuiiLET  1912.  T.  CXXV.  4. 


—  50  - 

■un  peu  précises  et  qui  se  tierircnt,  mais  cù  je  n'ai  pas  trouvé  une,  une 
seule  page  originale,  haute  ou  pioi'tnde  et  qui  vous  donne  le  coup  au 
cœur  ou  vous  j«tte  au  front  un  éclair;  pas  une  pluase  qui  ait  du  trait.^ 
pas  un  mot  de  poète  ou  d'homme  d'esprit.  Lieux  communs  de  bon 
sens  que  rien  ne  relève,  et  beaucoup  d'apophtegmes  de  circonstan- 
ce contiadictoiacs,  ci  eux  ou  faux ,  beaucoup  qui  sont  d'es  lapalissades 
(«  Les  criminels,  les  malfaiteurs,. les  honnêtes  gens,  ce  sont  seulcriient 
des  hommes  qui  ont  commis  des  crimes  et  des  méfaits  et  d'auties-  qui 
s'en  sont  abstenus.» — <(L'amour  n'est-il  donc  que  le  besoin  d'aimer?»...) 
ou  même  de  pures  niaiseries  :  «  Aimer  n'est- il  pas  le  mot  le  plus  riche 
de  la  langue?...  »  —  «  Rien  n'est  définitif  en,  ce  mondée  excepté  l'éternel 
devenir  ». —  Rod,  à  la  veille  de  sa  mort,  écrivait  sagement  (p.  m)  que 
la  plupart  de  ses  livres  se  rangeaient  dans  «  la  quantité  des  choses- 
inutiles  ».  Gabriel  Audlvt. 

Ciiai*!c«   di^riu,    par  A.  de  Bbrsaucourt.  Paris,  Gaillard,  191'2,  in-16' 
de  viii-iiiS  p.  —  Prix  :  3  fr.  30. 

liUtais  Merfîer,  par  le  même.   Paris,   Jauve,   1912,    in-!G  de  13'<   p.  — 
Prix  :  2  fr. 

M.  A.  de  Bersaucourt  nous  donne  sur  le  poète  Charles  Guérin  une 
étude  consciencieuse,  fouillée,  un  peu  longue  et  artificiellement  métho- 
dique —  (nature,  amour,  art,  orgueil  stoïque,  vains  désirs  de  vie 
active  et  d'un  foyer  peuplé  d'enfants,  inquiétude  de  Dieu),  —  d'une 
admiration  trop  complaisante  aussi,  mais  qui  n'est  ni  sans  finesse  ni 
sans  justesse.  Charles  Guérin,  pour  trois  volumes  élégiaquc&,i«  iSe/WÊwr 
de  cendres,  le  Cœur  solitaire,  l'Homme  intérieur,  un  peu  monocordes^ 
niais  très  pénétrants,  a  été,  après  Albert  Samain,  le  favori  de  la 
jeunesse,  autour  de  1900.  Sa  mort  à  trente-trois  ans,  en  1907,  a 
consommé  sa  gloire  et  il  est  vrai  que  son  inspiration  est  d'une 
sincérité  poignante,  que  sa  pensée  et  son  verbe  portent  les  traces 
d'une  rare,  distinction.  Encore  est-il  que  cette  inspiration  est  singu- 
lièrement trouble,  et  que  son  style  traîne  en  ses  meilleurs  poèmes  et 
bien  des  nonchalances  et  bien  des  préciosités,  restes  du  décadontisme 
symboliste  dans  lequel  il  avait  donné  en  plein,  à  sesi  débuts.  M.  de 
Bersaucourt  explique  son  «  pessimisme  »  par  un  dédoublement  entre 
sa  sensibilité  avide  de  jouir  et  un.  perpétuel  souci  d'analyse  qui  le 
voue  au  dégoût  de  tout.  La  vérité  sans  doute  est  bien  plus  simple  : 
sans  oser  le  classer,  par  respect  pour  la  noblesse  de  son  âme,  parmi 
ceujc  que  Veuillot  en,  son  vert  langage  appelait  les»  «  paillards  mélan- 
coliques »,  il  faut  dire  qu'élevé  religieusement,  faisant  probablement 
par  sa  conduite  irrégulière  et  décousue  le  désesf>ûir  de  sa  famille, 
chrétienne,  engagé  dans  un.  amour  coupable  et  sans  joie,  avec  riendezr- 
vous  furtifs,  longues  séparations,  jalousie  et  tout  ce  qui  est  le  fruit 


r 


ordinaire  de  ces  tristes  aventures,  il  souffrit,  il  fut  empoisonné  par 
l'incurable  tristesse  de  se  sentir  dévoyé,  hors  de  l'ordre,  d'avoir  une 
vie  stérile  et  gâchée.  De  là  sa  neurasthénie,  la  perpétuelle  inquié- 
tude qui  en  faisait  un  vagabond  de  corps  et  d'âme,  une  infinie  dé- 
tresse faite  de  désirs  impuissants,  de  doutes,  d'angoisses  et  de 
remords.  Du  moins,  et  c'est  ce  qui  fait  sa  noblesse,  il  eut  la  nostalgie 
du  Dieu  perdu  et  quelquefois  maudit;  et  ce  sentiment,  épars  dans 
toute  son  œuvre,  devint,  à  mesure  que  la  maladie  physique  et  le 
malaise  moral  le  torturaient  davantage,  de  plus  en  plus  fort^  de  moins 
en  moins  chargé  de  doutes  et  de  blasphèmes. 

Je  veux,  quand  le  moment  viendra,  mourir  aux  pieds 
Du  Crucifix  qui  m'a  vu  naître, 

écrivait-il  le  14  mars  1905,  et  cet  effort  religieux,  qui  lui  valut  de 
mourir  chrétiennement  deux  ans  après,  ennoblit  son  œuvre,  comme 
V Espoir  en  Dieu  celle  du  pauvre  Musset. 

—  Louis  Mercier  est  un  poète  d'une  autre  envergure  de  vol,  et 
d'une  autre  richesse  de  pensée  que  Ch.  Guérin.  Je  ne  suis  pas  peu 
fier  —  quoiqu'il  n'y  ait  pas  grand  mérite  à  voir,  quand  elle  vous 
inonde  les  yeux,  la  lumière  —  d'avoir  été  un  des  premiers  à  pro- 
clamer, il  y  a  quelque  dix  ans,  le  talent  tout  à  fait  hors  de  pair  et 
vrairiient  «  génial  »,  en  quelques-unes  de  ses  inspirations,  de  l'auteur, 
trop  effacé  par  sa  vie  provinciale,  des  Voix  de  la  terre  et  du  temps^ 
du  Poème  de  la  Maison^  de  Lazare  le  Ressuscité  etdePonce-Pilate. 
Et  celui-là  est  un  vrai  chrétien  et  l'a  toujours  été;  certaines 
pièces  (du  premier  recueil,  l'Enchantée^  surtout)  qui  ont  comme  une 
odeur  de  péch"^,  et  qui  expriment  fortement  la  hantise  de  la  femme, 
peuvent  prouver  la  puissance  de  la  tentation  ou  même  certains 
égarements;  mais  sur  tout  cela  le  flambeau  de  la  foi  brille  et  de  plus 
en  plus  pur...  M.  de  Bersaucourt,  avec  le  même  ordre  un  peu  lent, 
et  les  mêmes  digressions  parfois  un  peu  longues  sur  un  des  points 
déjà  connus  d'histoire  littéraire  générale,  comme  le  symbolisme,  a 
très  exactement,  après  une  esquisse  de  la  biographie  de  Mercier  et 
une  minutieuse  étude  de  son  livre  de  début,  analysé  et  caracté- 
risé en  lui  le  poète  de  la  nature  et  de  la  vie  rurale;  —  le  pessimiste 
qui  a  si  profondément  senti  et  si  fortement  exprimé  toutes  les 
irrémédiables  détresses  de  la  vie  humaine;  —  et  puis  le  chrétien  qui, 
du  fond  de  toutes  ces  détresses,  crie  vers  Dieu,  et  évoque  sa  présence 
à  travers  tous  les  spectacles  de  la  terre,  et  toutes  les  méditations 
de  son  rêve...  Or,  pour  mon  goût,  j'aimerais  peut-être  quelque  chose 
de  plus  synthétique,  et  de  plus  originalement  vigoureux.  Mais  telle 
quelle  la  monographie  de  M.  de  Bersaucourt,  claire,  méthodique, 
riche  de  beaucoup  de  citations  et  qui  a  su  profiter  des  études  et 


articles  antérieurs,  est  sans  nul  dcute  ce  qui  peut  le  mieux  laire  con- 
naître à  cette  heure  l'œuvre  de  Louis  Mercier.     Gabriel  Audiat. 


Ain&tlée  9»i*«uvost.  par  G.  Lhgignk.  Paris,  Grasset,  191%  in-16de261  p. 
^    —  Prix:  ;!  fr.  50. 

A.  Prouvost  fut  ce  qu'on  appelle  un  esprit,  un  poète  distingué.  Pas 
un  très  fort  tempérament  d'artiste  ;  mais  ce  qu'il  écrivait  était  artis- 
tement  ouvragé,  délicat  et  noble,  et  dans  son  Poème  du  travail  et  du 
/•écc(i904),  en  mettant  en  fins  sonnets  et  en  tableautins  léchés  la  vie 
roubaisienne  dans  laquelle  il  trempait  à  plein,  les  ateliers,  les  métiers, 
les  balles  de  laine,    il  trouva,  comme  c'est  la  loi,  l'oiiginalité  à  force 
d"être  sincère  et  «  de  son  terroir».  Je  l'avais  ainsi  jugé  sans  le  connaître 
autrement  que  par  ses  livres,  et  je  crois  bien  qu'il  ne  se  serait  guère 
élevé  plus  haut.  Le  dilettexte  des  Sonates  au  clair  de  lune  eût  peut-être 
même  étouffé  à  demi  sous  ses  frondaisons  de  vigne  folle  le  poète  per- 
sonnel  du  Noid  dont  il  n'y  avait  en  lui,  je  le  crains,  que  la  moitié  de 
l'étoffe  nécessaire.  Peut-être  aussi,  quoiqu'il  se  sentît  épuisé  après  son 
troisième  volume  et  ne  voulût  plus  écrire,  la  vie  avec  ses  épreuves,  sa 
triple  vie  de  chef  de  famille,  de  chef  d'usine,  d'homme  d'action  sociale 
et  d'apôtre,  aurait  tiré  de  son  âme  qui  était  aimante,  belle  et  chré- 
tienne, des  poèmes  de  tendresse,  de  pitié,  de  bonté  qui  l'eussent  mis 
nettement  à  la  tête  de  cette  intéressante  pléiade  du  Beffroi  dont  il  fut 
comme  le  du  Bellay.  Et  les  vers  inédits  que,  jusqu'à  la  dernière  heure 
de  son  agonie,  distilla  sa  souffrance  sont,  en  effet,  très  émouvants  et 
quelquefois  très  beaux.  Mais  il  est  mort  à  trente-deux  "ans;  et  son 
œuvre  fait,  comme  sa  vie,  l'effet  d'un  marbre  inachevé.  Pourtant 
comme  ce  patricien,  très  amateur  d'art,  de  littérature  et  de  rêve, 
«  fanatique  des  couleurs,  des  lumières,  de  la  musique  »,  et  en  même 
temps  patron  laborieux  par  devoir  et  soucieux  des  humbles,  était 
déjà  une  figure,  comme  avec  l'histoire   très  édifiante  de  ses  origines 
et  de  sa  famille,  avec  ses  voyages  en  Afrique,  en  Orient,  en  Allemagne, 
et  le  journal  qu'il  en  tint,  ou  les  lettres  qu'il  en  écrivit,   avec  ses  ma- 
nuscrits, ses  fantaisies  et  gaietés  d'humoriste  intime,  avec  ses  sept 
sœurs,  son  gentil  ménage, ses  amitiés,  avec  ses  souffrances  et  sa  mort, 
il  y  avait  de  quoi  faire  un  joli  et  attachant  poème  en  prose,  il  ne  me 
paraît  pas  du  tout  excessif  que  le  doyen  de  la  Faculté  libre  de  Lille, 
M.  l'abbé  Lecigne,lui  ait  dressé  ce  monument,  de  proportions  exactes, 
de  lignes  élégantes,  tout  festonné  de  citations  qui  le  justifient  et  de 
traits  charmants.  Gabriel  Audiat. 


li'F.Tolutieia  mof  aie  «1«*  l^œllic.   L^s  Années  de  libre  formalion,  il'<9- 
il'j.'t,  par  II.  LoiSKAU.  P;  lis,  Alcai),  1911,  gr.in-8de  xvi-811  p.-  Prix  :  15fr. 

Enfin,  nous  avons  nous  aussi  une  biographie  morale  de  Gœthe,  et 


nous  ne  sommes  plus  obligés  de  nous  traîner  à  la  remorque  des 
Anglais  ou  des  Allemands.  Mais  pourquoi  refaire,  dira-t-on,  ce  que 
Lewes  chez  les  Anglais,  Duntzer,  Bielchowsky,  Baumgartner  et 
tant  d'autres  chez  les  Allemands  ont  si  bien  fait  !  C'est  que  préci- 
sément, malgré  les  travaux  des  Bossert  et  des  Mézières,  nous  n'avions 
jusqu'ici  qu'une  image  indécise  et  flottante  de  Gœthe.  Les  uns  le 
regardent  comme  le  pontife  du  dilettantisme  allemand,  comme  un 
Olympien  égoïste,  impassible,  comme  le  Talleyrand  de  l'art.  Les 
autres  prétendent  qu'il  fut  et  qu'il  est  encore  un  des  plus  grands 
maîtres  d'énergie  morale  et  un  type  achevé  d'humanité.  Chose  étrange  ! 
Ces  jugements  contradictoires  sont  également  justes,  le  tout  est  de 
montrer  comment  ces  antithèses  viennent  se  fondre  dans  la  syn- 
thèse de  l'homme  moral.  C'est  là  précisément  la  nouveauté  de  ce  tra- 
vail. M.  Loiseau  se  propose  en  effet  d'étudier  l'évolution  morale  de 
Gœthe  à  travers  toute  sa  carrière.  Pour  le  moment,  il  ne  donne 
que  la  première  partie  de  ce  grand  ouvrage,  c'est-à-dire  la  période 
de  la  vie  de  Gœthe  qui  s'étend  de  1749  à  1794,  de  sa  naissance 
jusqu'à  sa  liaison  avec  Schiller,  mais  il  nous  promet  une  suite  pro- 
chaine à  cette  belle  étude.  Son  but  est  de  montrer  que  Gœthe  s'est 
élevé,  par  une  lente  et  pénible  ascension,  des  abîmes  obscurs  de  l'in- 
dividualisme le  plus  fougueux  aux  régions  sereines  de  la  pureté, 
s'efforçant  de  monter  toujours  plus  haut  «  la  pyramide  de  son 
existence  ».  C'est  une  tentative  hardie,  et  il  y  faut  une  belle  au- 
dace. Que  Gœthe  ait  monté  toujours  plus  haut  «  la  pyramide  de 
son  existence  »,  tout  le  monde  en  conviendra  volontiers,  mais  que  sa 
moralité  ait  grandi  dans  la  même  proportion,  jusqu'à  atteindre  les 
régions  sereines  de  la  pureté,  ce  sera  plus  difficile  à  établir,  A  ne 
consulter  que  ses  œuvres,  sa  correspondance  et  ses  mémoires,  c'est-à- 
dire  à  n'écouter  que  le  témoignage  personnel  de  l'homme  sur  l'homme, 
on  serait  presque  tenté  de  croire  que  Gœthe  a  en  effet  réalisé  cet 
idéal;  mais  à  côté  de  ce  témoignage  personnel,  entaché  souvent  de 
complaisance,  si  ce  n'est  d'admiration,  il  y  a  le  témoignage  indé- 
pendant et  souverain  des  faits  et  de  la  vie,  qui  est  parfois  en 
contradiction  avec  le  premier.  Or,  j'ai  peur  que  l'auteur  n'ait  écouté 
trop  volontiers  le  témoignage  personnel  de  Gœthe  sur  lui-même  : 
«  C'est  aux  documents,  où  nous  trouvons  l'écho  le  plus  direct  et  le 
moins  affaibli  de  sa  pensée,  dit-il,  c'est  à  ses  Mémoires,  à  ses 
journaux,  à  sa  correspondance  surtout,  que  nous  avons  puisé  de 
préférence  nos  renseignements  ».  L'auteur  a  abordé  cette  étude, 
dit-il  encore,  avec  «  l'unique  souci  de  laisser  agir  sur  lui  la  propre 
parole  de  Gœthe,  et  il  s'est  efforcé  loyalement  de  l'interpréter 
sans  aucun  parti  pris  de  quelque  nature  qu'il  fût.  »  Assurément,  on 
ne  saurait  nier  la  sincérité  de  Gœthe  dans  ses  Mémoires,  et,  sans  aller 


—  54  — 

jusqu'à  dire  qu'ils  sont  moitié  vérité  et  moitié  poésie,  il  ne  faut  pas 
oublier  cependant  que  Gœthe  a  écrit  Vérité  et  Poésie,  à  soixante  ans, 
et  si  à  cet  âge  les  souvenirs  ne  manquent  pas  toujours  d€  précision, 
il  faut  avouer  cependant  qu'ils  sont  éclairés  différemment.  Le  même 
paysage  revêt  un  autre  aspect  aux  premiers  feux  de  l'aurore  et  aux 
derniers  rayons  du  soleil  couchant.  D'ailleurs,  les  auteurs  de  Mé- 
moires prennent  malgré  eux  une  attitude  devant  la  postérité;  et 
je  les  comparerais  volontiers  aux  gens  qui  se  regardent  dans  une 
glace.  Par  le  fait  même  qu'ils  se  mirent,  fis  sont  tout  près  de  s'admi- 
rer, et  leur  visage  prend  une  expression  spéciale,  qui  n'est  pas  l'ex- 
pression naturelle  d'avant  on  d'après. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  suivre  avec  M.  Loiseau  l'évolution 
morale  de  Gœthe  depuis  le  moment  où  il  renonce  à  l'égoïsme  génial 
de  la  Sturm-  und  Drangperiode,  jusqu'au  moment  on  il  reconnaît  les 
limitations  de  la  loi,  après  son  retour  d'Italie.  Nous  espérons  que 
l'auteur  nons  donnera  bientôt  la  suite  de  cette  belle  étude,  et  qu'il 
nous  montrera  Gœthe,  arrivant,  dans  la  dernière  période  de  sa  vie,  aux 
régions  sereines  de  la  sagesse.  Méthode  logique,  clarté  de  l'exposi- 
tion, franchise  de  la  langue  et  du  style,  voilà  les  qualités  maîtresses 
et  bien  françaises  qui  recommandent  cet  ouvrage  aux  lettrés;  nous 
nous  plaisons  à  en  féliciter  l'auteur  et  souhaitons  qu'il  parcoure  jus- 
qu'au bout  sa  brillante  carrière.  L.  Mensch. 


HISTOIRE 


'I/lle  de  S«rk.  'Un  État  féodal  an  JLJL*  8ièel«,  par  Louis  Sâ- 
LOSSB.  Lille,  R.  Giard,  1911,  in-8  de  3^4  p.  —  Prix  :  5  Ir. 

Le  voyageur  que  le  steamer  du  «  London  and  South  Western  Rail- 
way  »  transporte  de  Saint-Hélier  (Jersey)  à  Saint- Pierre- Port  (Guer- 
nesey)  ne  peut  s'empêcher  de  remarquer,  à  tribord,  de  sombres  falaises 
abruptes  que  la  mer  enserre  de  toutes  parts.  A  quelle  île  appartier>- 
nent  ces  falaises?  A  l'Ile  de  Serk,  «  le  plus  merveilleux  poème  de 
pierre  qui  surgisse  à  la  surface  des  eaux  »,  «  la  perle  des  îles  du  Canal  ». 
Ce  petit  territoire  de  six  kilomètres  de  longueur  sur  dix-huit  -cents 
mètres  de  largeur,  peuplé  de  cinq  cents  âmes,  est  divisé  en  deux  por- 
tions inégales,  le  Grand  et  le  Petit  Serk,  rattachées  entre  elles  par  nn 
isthme  :  «  laGcmpéei)  longue  de  180  mètres,  large  à  pein«  de  deox, 
sans  cesse  battue  par  la  mer  qu'elle  domine  de  plus  de  300  pied* 
d'élévation;  ajoutons  que  ce  rempart  ne  s'abaisse  nulle  part  et  qu'il 
a  fallu  le  percer  par  un  tunnel  pour  offrir  aux  visiteurs  un  accès  com- 
mode. Si  nous  entrons  dans  l'île,  il  ne  nous  est  pas  seulement  donné 
de  visiter  de  délicieux  vallons.  Nous  apprenons  que  la  population  est 
soumise  à  un  Tégime  politique  partout  ailleurs  disparu.  Un  véritable 


•«  seigneur  «s'y  rencontre,  avec  les  mêmes  prérogatives  féodales  que  "se» 
ancêtres  du  xvi^.  N'est-ce  pas  là  un  trait  curieux? 

Un  érudit,  M.  Louis  Selosse,  a  voulu  rechercher  si  vraiment  la 
féodalité  avait  trouvé  dans  Serk  un  derni'cr  refuge.  Après  avoir  étudié 
l'histoire  de  l'île,  notre  jurisconsulte  se  trouve  obligé  de  conclure 
que  Serk  jouit  aujourd'hui  de  la  même  indépendance  et  des  mêmes 
privilèges  qu'autrefois.  Serk  a  réussi  à  maintenir,  dans  les  limites  de  se» 
frontières  depuis  le  xvi®  siècle,  ce  fait  caractéristique  de  tout  régime 
féodal,  la  prééminence  de  la  propriété  foncière.  La  possession  de  la 
terre,  voilà  la  source  des  droits  et  des  obligations  de  ses  habitants, 
voilà  d'où  le  seigneur  tire  ses  devoirs  vis-à-vis  de  la  Couronne  et  ses 
prérogatives  à  l'égard  d^  ses  vassaux;  voilà  où  le  sénéchal  puise  sa 
qualité  de  juge  unique  et  ses  pouvoirs  de  juridiction;  telle  est,  enfin, 
l'origine  des  attributions  législatives  <et  dos  mandats  de  députés 
qu'exercent  les  «  tenants  ».  C'est  pour  protéger  plus  efficacement 
la  possession  de  la  terre  qu'ont  été  édictées  ces  règles  exorbitantes 
du  droit  commun,  de  l'indivisibilité  des  héritages  et  du  droit  absola 
d'aînesse.  Contre  cette  force  séculaire  sont  venues  se  briser,  impuis- 
santes, les  idées  de  suffrage  universel  ou  même  censitaire,  partout 
ailleurs  triomphantes.  Oscar  Ha.va.ho. 

Roliert  F'' et  Raoul  «le  IBoiirgOfçne,  rot«  de  France  (0°23>- 
OâHj,  par  Ph.  Laubr.  Paris,  Chaiu[noQ,  1910,  gr.  in-8  de  iv-117  p.  — 
Piix:  4  fr. 

Iie!«  Comiiiiiiies  irançnii^es  à  l'époque  de»  Capétiens  directs, 

par  Achille  Luchaire.  Nouvel'e  edliion,  revue  et  augmentée  d'une 
lutroduction  par  Louis  Halphen.  Paris,  Haciielte,  191 1,  gr.  in  8  de 
■XVi-299  p.  —  Prix:  7  fr.  50. 

Le  regretté  Arthur  Giry  avait  entrepris,  avec  la  collaboration  de 
ses  élèves  de  l'Ecole  des  Hautes-Études,  une  série  d'études  historiques 
intitulées  :  Annales  de  Vhistùire  de  France  à  l'époque  carolingienne, 
qui  a  donné  lieu  à  des  ouvrages  très  importants,  parmi  lesquels  le 
livre  sur  Ch/irles  le  Simple,  de  M.  Eckel,  et  celui  de  M.  Ph.  Lauer: 
Le  Règne  de  Louis  IV  d'Outremer.  Une  lacune,  dans  l'ordre  chrono- 
logique, subsistait  entre  ces  deux  ouvrages.  C'est  elle  que  vient  de 
■combler  M.  Lauer  lui-même,  en  consacrant  l'une  de  ses  deux  thèses 
pour  le  doctorat  es  lettres  au  récit  exact  et  détaillé,  d'après  les  textes 
•originaux  et  les  plus  récents  travaux  de  l'érudition  «n  France  et  en 
Allemagne,  des  règnes  successifs  de  Robert  I^^  et  Raoul  de  Bourgogne, 
rois  de  Frwice,  c'est-à-dire  de  la  période  comprise  entre  l'année  923 
•et  l'année  936.  H  y  a  mis  le  soin  et  le  talent  dont  avaient  témoigné 
déjà  ses  travaux  antérieurs.  Quoique  imprimée  dès  1910,  la  thèse  n'a 
été  soutenue  et  par  conséquent  i'ovivrage  n'a  paru  qu'en  1912.  Il  est 
divisé  en  six  chapitres  :  I.  Robert,  duc  de  France,  et  Raoul, duc  de 


Bourgogne.  II.  Les  Élections  de  Robert  et  de  Raoul.  III.  La  Captivité 
de  Charles  le  Simple,  la  guerre  normande  et  la  perte  de  la  Lorraine. 
IV.  La  Lutte  contre  Herbert  de  Vermandois.  Première  période.  V.  La 
Lutte  contre  Herbert  de  Vermandois  après  la  mort  de  Charles  le 
Simple.  VI.  La  Fin  du  règne.  L'auteur  a  ensuite  résumé  le  résultat 
de  ses  recherches  en  une  Conclusion,  publié  en  Appendice  des  «  frag- 
ments inédits  de  l'Anonyme  de  Laon,  concernant  Herbert  II,  comte 
de  Vermandois», et  très  louablement  couronné  le  tout  par  une  bonne 
Table  analytique. 

—  L'ouvrage  du  regretté  Achille  Luchaire  :  Les  Commufies  françaises 
à  l'époque  des  Capétiens  directs,  publié  en  1890,  méritait  certainement 
l'édition  nouvelle  qui  vient  d'en  être  donnée  par  M.  Louis  Halphen. 
L'éditeur  y  a  fait  quelques  retouches  et  y  a  surtout  joint  une  intéres- 
sante Introduction,  où  il  énumère  les  travaux  plus  récents  sur  le  même 
sujet  et  les  données  nouvelles  qui  en  résultent,  principalement  en  ce 
qui  concerne  les  origines  du  mouvement  communal.  Tout  cela, 
il  faut  le  dire,  est  encore  sujet  à  recherches  et  à  discussions.  Ni  le& 
travaux  dont  il  s'agit,  ni,  à  plus  forte  raison,  le  livre  de  Luchaire, 
intéressant,  indispensable  même  comme  mémoire  à  consulter,  ne 
doivent  être  acceptés,  sur  des  points  de  grave  importance,  comme 
le  jugement  certain  et  définitif  de  l'histoire.  L'auteur,  au  temps  sur- 
tout où  il  publia  ce  livre,  n'était,  certes,  pas  exempt  de  préjugés  de 
nature  à  influer  sur  sa  façon  de  voir  et  de  présenter  les  faits,  notam- 
ment quand  l'Eglise  était  en  cause.  M.  S. 

li»  Cour  «le  Pliilipiie  IV  et  la  décadence  de  l'E«giagno 
(1691-I065),  par  Martin  [Iume;  irad.  de  l'anglais  par  J.  Condamin 
el  P.  Bonnet.  Paris,  Perrln,  19:2,  ia-8  d»i  ix-512  p.,  avec  6  porlraiis.  — 
Prix  :  7  /r.  5i). 

L'auteur  est  professeur  à  l'Université  de  Cambridge  ;  mais  il  n'a 
pas  voulu  faire  œuvre  d'historien,  il  s'est  contenté  du  rôle  de  chroni- 
queur. Et  c'est  une  série  de  tableaux  de  la  vie  et  de  l'entourage 
de  Philippe  IV,  «  le  monarque  au  long  visage  étrange  et  tragique, 
que  le  plus  grand  portraitiste  de  tous  les  siècles  a  peint  avec  une 
impitoyable  fidélité  »,  qu'il  a  voulu  présenter,  en  mettant  en  œu- 
vre quelques  récits  «  de  première  main  «. 

M.  Martin  Hume  a  réussi,  en  ce  sens  que  son  livre  est  plein  d'anec- 
dotes, de  petits  incidents,  presque  d'aventures  légères.  Les  grands 
aspects  du  règne,  l'intervention  de  l'Espagne  en  Europe,  les  guerres 
heureuses  et  malheureuses  sont  laissés  de  côté  sous  prétexte  que 
John  Dunlop  les  avait  traités,  il  y  a  trois  quarts  de  siècle,  dans  «  un 
ouvrage  suranné  ».  Au  demeurant,  le  livre  très  touffu,  assez  humo- 
ristique par  endroits,  est  conçu  dans  un  esprit  de  dénigrement  per- 


I 


—  57  — 

pétuel  de  la  vieille  monarchie  espagnole  et  de  son  étiquette  aussi 
«  surannée  ». 

A  coup  sûr,  Philippe  IV,  malgré  quelques  moments  brillants  d'un 
règne  de  quarante- quatre  ans,  ne  fut  pas  un  homme  remarquable. 
Il  avait  dans  le  caractère  des  faiblesses  inouïes  et  des  défauts  presque 
enfantins;  mais  il  ne  manquait  pas  de  courage  et  se  souciait  de 
ses  devoirs  de  roi.  Qu'il  ait  abandonné  trop  longtemps  la  conduite 
des  affaires  à  un  grand  seigneur  intrigant,  le  comte  duc  d'Olivarès; 
qu'après  quelques  années  d'efforts  durant  lesquelles  il  fut  très  aidé 
par  sa  première  femme,  il  soit  retombé  sous  le  joug  d'autres  favoris  : 
ce  fut,  pendant  deux  ou  trois  siècles,  l'habitude  en  Espagne,  et  les 
meilleurs  rois  n'en  ont  point  été  exempts.  Mais  on  ne  saurait  dire  que 
le  gouvernement  de  Philippe  IV  fut  l'application  «  irrévocablement 
fixée  d'avance  »  du  système  de  saint  Dominique,  «  cet  allumeur  d'in- 
cendies, ce  destructeur  des  hérésies,  ce  fondateur  de  la  Sainte  Inqui- 
sition, qui,  en  un  temps  où  le  fer  et  la  flamme  pouvaient  seuls 
parvenir  à  unifier  la  chrétienté,  se  donna  pour  mission  d'opérer  cette 
unité.  ))  L'observation  serait  plus  juste,  si  on  l'appliquait  à  Phi- 
lippe II  :  son  petit-fils,  tout  aussi  dévot  que  lui  et  tout  aussi  débau- 
ché, ne  fut  ni  despote,  ni  cruel.  On  ne  peut  pas  dire  non  plus  qu'il 
précipita  la  décadence  de  l'Espagne. Personne  ne  protégea  mieux  que 
lui  les  arts,  les  belles  constructions,  les  fêtes  somptueuses. Faire  pros- 
pérer l'agriculture  et  l'industrie  chez  un  peuple  qui  a  peu  de  besoins 
et  qui  est  assez  rebelle  au  travail  n'est  pas  chose  facile;  et  au  fond 
on  pourrait  se  demander  si  ce  qu'on  appelle  la  décadence  de  l'Espagne 
n'est  pas  un  état  normal  que  les  progrès  des  temps  peuvent  seuls 
améliorer. 

Le  côté  le  plus  curieux  du  livre  de  M.  Hume  est  celui  où  il  analyse 
les  diverses  influences  ayant  agi  sur  l'esprit  de  Philippe  IV:  ses 
femmes  d'abord,  si  différentes  l'une  de  l'autre,  et  dont  la  seconde 
avait  le  grand  inconvénient  d'être  une  jeune  Autrichienne  sans  expé- 
rience et  sa  propre  nièce,  —  ce  que  l'auteur  appelle  très  impropre- 
ment un  mariage  incestueux;  —  puis,  une  religieuse  très  recom- 
mandable,  Marie  d'Agréda,  qui  entretenait  avec  le  Roi  une  corres- 
pondance fréquente  et  dont  les  réponses  sont  de  vraies  lettres 
de  direction.  Le  côté  mystique  de  l'histoire  espagnole  apparaît  ainsi 
très  évident  et  pouvant  expliquer  bien  des  choses. 

G.  Baguenault  de   Puchesse. 


Révolutionuaires  et  terD*ori8te)i<  du  «lé|»arAeineiit  de 
l'irîèjçe,  par  P.  db  Gastbras.  Paris,  Ghatnpion,  1911,  iti-8  de  xiv-3i9  p. 
-    P.ix  :  4  fr. 

Quand  M. de  Casteras  publia,  il  y  atrente-cinq  ans,  son /fi^^oire  de  la 


—  53  — 

Réi'oUition  dans  le  pays  de  FoixetdansVAriège{PRTh,Thorin),i\éta.it 
l'un  des  premiers  à  avoir  compris  que  l'histoire  révolutionnaire  ne 
serait  renouvelée  que  grâce  aux  études  d'histoire  locale.  Il  fallait 
renoncer  aux  généralisations  vagues  et  tendancieuses  et  entreprendre 
des  monographies  départementales  ou  diocésaines  dont  la  réunion 
formerait  \in  jour  les  éléments  d'une  synthèse  vraiment  scientifique. 
Le  travail  était  déconcertant  par  son  immensité;  il  fallait  autant 
-de  patience  que  de  modestie  pour  se  lancer  dans  des  recherches  minu- 
tieuses dont  le  retentissement  ne  devait  pas  dépasser  le  cercle  de 
quelque  académie  provinciale.  Certes,  le  monument  serait  grandiose, 
mais  combien  obscure  la  tâche  des  hommes  consciencieux  qui  auraient 
à  en  tailler  les  pierres  ! 

Aujourd'hui,  le  classement  des  dépôts  des  documents  publics  est 
■en  voie  d'achèvement;  on  rencontre  partout  des  archivistes  qui 
■semblent  heureux  de  mettre  leur  inépuisable  érudition  au  service 
des  chercheurs.  11  n'en  a  pas  toujours  été  ainsi  !  les  archives  locales 
n'étaient  souvent  que  des  amoncellements  de  paperasses  poussiéreuses; 
il  fallait  affronter  la  mauvaise  humeur  de  cerbères  qui  n'aimaient  pas 
à  être  dérangés  dans  leurs  travaux  personnels  et  auprès  desquels 
l'habit  ecclésiastique  n'était  pas  toujours  une  recommandation.  Tout 
cela  est  bien  loin  !  mais  il  faut  savoir  un  gré  infini  aux  savants  eou- 
rageux  qui,  les  premiers,  se  sont  aventurés  dans  la  forêt  vierge  et  qui 
ont  tracé  les  sentiers  où  d'autres  ont  passé  librement. 

M.  de  Casteras  est  l'un  de  ces  pionniers  et  c'est  son  honneur.  On  ne 
peut  dire  que  son  premier  essai  ait  été  irréprochable,  mais  c'est 
grâce  à  son  initiative  que  d'autres  ont  marché  et  maintenant  nous 
sommes  renseignc's,  plus  ou  moins  parfaitement,  sur  l'histoire  poli- 
tique et  religieuse  de  la  Révolution  dans  près  de  la  moitié  des  dépar- 
tements français. 

J-eune  avocat  en  1876,  M.  de  Casteras  est  devenu  conseiller  à  la 
cour  de  Toulouse,  et,  dans  un  nouveau  volume,  il  résume  à  grands 
traits  l'histoire  des  principaux  acteurs  du  drame  révolutionnaire  dans 
le  département  de  l'Ariège.  Le  plus  en  vue,  de  beaucoup,  est  le  con- 
ventionnel Vadier.  L'auteur  nous  le  présente  sans  parti  pris,  sans 
indulgence  et  sans  animosité,  comme  il  convient  à  un  magistrat, 

plusieurs  personnages  ecclésiastiques  sont  mêlés  à  ces  événements 
et  j'ai  été  surpris  de  ne  pas  trouver  le  savant  écrivain  aussi  au  courant 
que  je  l'espérais  des  choses  d'église.  Quand  il  nous  parle  de  Bernard 
Font,  l'évêque  constitutionnel  de  l'Ariège,  il  dit  :  «  il  reçut  l'investi- 
ture sacerdotale  par  le  ministère  de  l'abbé  Sermet...,  métropolitain 
du  Sud,  de  Toulouse  ».  «  Investiture  sacerdotale  «  n'a  jamais  été 
synonyme  de  «  consécration  épiscopale  »;  Sermet  n'était  pas  abbé, 
mais  religieux  carme  ;  il  était  évêque  constitutionnel  du  département 


—  59  — 

de  la  Haute- Garonne  et  métropolitain  du  Sud,  en  résidence  à  Tou- 
louse. 

Le  fameux  Lakanal,  vicaire  épiscopal  de  Font,  n'était  pas  orato- 
rien,  comme  il  est  dit  p.  308,  mais  doctrinaire,  et  M.  de  Casteras  le  sait,, 
puiscpiil  le  dit  p.  247;  les  deux  congrégations  sont  assez  connues 
pour  qu'il  n'y  ait  pas  à  les  confondre.  Il  est  insinué  (p.  191)  que 
Lakanal  était  non  le  neveu,  mais  le  fils  de  Font;  c'est  là  une  grosse  mé- 
disance qui  demanderait  à  être  appuyée  de  quelque  commencement 
de  preuve.  Enfin,  je  ne  saurais  accepter  ce  qui  est  rapporté  (p.  196 
■et  197)  sur  le  prétendu  mariage  de  Font.  Cet  évêque  vécut  et  mourut, 
hélas  !  dans  le  schisme;  il  fut  l'ami,  le  représentant,  le  correspondant 
assidu  de  Grégoire,  et  c'est  précisément  pour  cela  que  je  vois  l'impos- 
sibilité de  son  mariage,  car  Grégoire  était  intraitable  sur  ce  point  et  il 
•eût  rompu  toute  relation  avec  un  confrère  qui  se  fûtmarié.En  matière 
aussi  grave,  il  faudrait  d'autres  arguments  qu'un  passage  de  Thiers, 
qui  ne  prouve  rien.  Que  M.  de  Casteras  nous  dise  où  il  a  vu  l'acte  du 
mariage  de  B.  Font  avec  Marianne  Durand.  M.  Gazier,  dépositaire 
de  la  correspondance  de  Font  avec  Grégoire,  a  crié  à  l'invraisemblance 
quand  je  l'ai  consulté  et  je  partage  absolument  son  avis. 

Ces  observations,  que  j'aurais  pu  développer  encore,  m'empêchent 
de  donner  une  approbation  sans  réserves  à  un  ouvrage  au:x  mérites 
duquel  je  ne  puis  d'ailleurs  que  rendre  hommage.  P.     Pisani. 


•^a  Jeunesse  de  F'atal-Lotiis  Coiia*ler.  Étude  anecdolique  et  cri- 
tique SU7' sa  vie  et  ses  œutyres,  de  1772  à  iSI2.  d'après  des  documents  inédit», 
par  Robert  Gaschet.  Paris,  Hachette,  1011,  iii-8  de  vii-518  p.,  avec  un 
portrait.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

Admirateur  sineère  et  passionné  du  talent  littéraire  de  Paul- Louis 
Courier,  M.  Robert  Gaschet,  pour  le  dire,  manifeste  ses  propres 
qualités  et  ses  défauts.  Ses  qualités  sont  un  vif  désir  d  impartialité,  un 
profond  sentiment  des  convenances,,  un  zèle  très  louable  de  recher- 
ches, de  vérifications  et  d^examen  critique  des  documents  originaux. 
Les  défauts,  qui  viennent  en  partie  de  ces  qualités,  consistent  à  tom- 
ber dans  les  redites,  à  se  perdre  dans  les  longueurs  et  à  attacher  un 
prix  superflu  à  des  détails  souvent  sans  importance;  enfin,  et  ceci 
surprend,  malgré  son  commerce  assidu  avec  Courier  dont  le  style  est 
■alerte,  prompt,  incisif  et  primesautier,  d'une  correction  classique 
toute  française,  M.  Gasohet  emploie  une  langue  pesante,  lourde  et 
vieillotte  où  certains  préjugés  «  1830  »  (par  exemple,  p.  34)  s'éta- 
lent avec  une  niaiserie  de  forme  digne  de  la  naïveté  du  fond. 

Jamais  encore,  sans  doute,  l'existence  de  Paul-Louis  Courier  n'avait 
été  précisée  avec  ce  soin.  L'auteur  suit  son  enfance  en  Touraine,  son 
adolescence  à  l'École  de  Châlons,  ses  premières  garnisons  à  Thionvill^, 


—  GO  — 

Mayence,  Toulouse,  Rennes,  Strasbourg;  ses  séjours  en  Italie  comme 
capitaine  et  chef  de  bataillon  d'artillerie;  à  Rome,  Plaisance,  Na- 
ples,  dans  la  Calabre,  à  Florence,  à  Rome  encore,  jusqu'en  1813,  où 
il  revient  en  France.  Ses  travaux  littéraires,  ses  goûts,  ses  études  sont 
analysés  avec  soin;  ses  aventures,  contées  sans  autre  souci  que  celui 
de  la  vérité,  et  malgré  son  admiration  pour  son  «  héros  »,  très  loya- 
lement M.  Gaschet  expose  toutes  ses  faiblesses  de  caractère,  toutes 
ses  défaillances  de  conduite.  Il  convient  de  retenir  que  ce  grand  en- 
nemi des  rois  et  des  prêtres,  de  la  religion  et  de  l'autorité,  ce  pour- 
fendeur de   scandales  imaginaires,   ce   pamphlétaire   haineux   de  la 
Restauration  naquit  enfant  naturel  et  mourut  assassiné  par  l'amant 
de  sa  femme;  que  cet  officier  fut  quatre  fois  déserteur  au  siège  de 
Mayence,  à  Toulouse,  à  Rome  et  la  veille  de  Wagram;  que  ce  «  pa- 
triote libéral    »  écrivait   que  la  patrie  est  là  où  l'on  se  trouve  bien  ; 
que  cet  «  honnête  homme  »  fut  partout  et  toujours  un  coureur  de 
filles,  que  son  avarice  égalait  sa  malpropreté,  qu'il  volait  des  livres 
dans  les  bibliothèques  et  emportait  quand  il  le  pouvait  des  manus- 
crits (à  Parme  notamment,  p.  196).  Toutes  ces  vilaines  actions  peu- 
vent se  déguiser  sous  l'ironie  d'un  esprit  mordant  et  cultivé;  elles 
n'en  caractérisent  pas  moins  l'homme  et  vengent  bien  les  «  curés  », 
les  gentilshommes  et  les  royalistes  qu'il  a  prétendu  attaquer.  La 
célèbre  histoire  de  la  «  tache  d'encre  »  faite  par  lui  au  manuscrit  de 
Longus  à  la  bibliothèque  de  Florence,  en  1810,  est  exposée  dans  les 
plus    amples    détails    par  M.  Gaschet;  il  en  résulte    incontestable- 
ment que  Courier  eut  le  mérite  de  découvrir  un  passage  inconnu  du 
texte  grec  et  commit  la  vilenie  de  le  maculer,  puis  de  mentir  et  de 
calomnier  et  d'insulter  autrui.  Cette  aventure  peint  au  vif  le  person- 
nage :  culture  littéraire  et  inconscience  de  toute  moralité.  G. 


Un    Ami   de   Fourlié,  «l'aprés   les  IVIémaires   de   Craillard, 

ancien  oraloriea,  vie '-pré  nient  du  Corps  législatif,  conseiller  en  Cassation, 
par  le  baron  Dsspatys.  Pari*,  Plon-N  )urrit,  1911,  i'i-8  de  xv-ieO  p., 
avec  portrait.  —  Prix  :  7  fr.  fiO. 

Gaillard,  ancien  oratorien,  vice-président  du  Corps  législatif  sous 
le  premier  Empire,  conseiller  à  la  Cour  d'appel  de  Paris,  puis  à  la 
Cour  de  cassation  (pourquoi  dans  ce  livre  est-il  appelé  :  «  conseiller 
efi  Cassation  »?),  Gaillard  doit  sa  célébrité  relative  à  ses  relations 
constantes  avec  Fouché.ll  en  fut  le  «confident  »,dit  très  bien  M.Made- 
lin, dans  la  Préface  qu'il  a  écrite  pour  présenter  ce  volume  de  M.  le 
baron  Despatys;  préface  rédigée  avec  humour,  rondeur  et  science 
parfaite  du  sujet.  Après  avoiràdiversesrepriscsaidéFouché  àdétruire 
des  pièces  importantes  sans  doute,  compromettantes  certainement,  de 
son  «  portefeuille  »,  Gaillard  laissa  des  «  notes  »   nombreuses  sur  la 


—  61  — . 

vie  de  son  ami  et  protecteur.  Ces  documents  manuscrits,  utilisés 
déjà  par  M.  Madelin  et  conserves  par  l'arrière  petite-fille  du  conseiller, 
ont  été  communiqués  à  M.  Despatys.  Celui-ci  en  a  composé  un  premier 
volume  relatif  aux  événements  de  la  Révolution;  il  en  tire  un  second 
—  que  voici  —  où  sont  relatés  les  épisodes  de  la  carrière  du  ministre 
de  la  police  depuis  le  Consulat  jusqu'à  sa  mort.  La  lecture  s"en  pour- 
suit comme  en  un  roman  plein  de  péripéties  palpitantes,  tant  est 
incroyable,  féconde  en  ruses  et  en  anomalies,  la  vie  de  «  Fouché,  duc 
d'Otrante,  ancien  confrère  de  l'Oratoire,  conventionnel,  régicide, 
ambassadeur,  sénateur,  gouverneur  de  Rome  et  de  l'Ulyrie,  pair  de 
France,  député,  trois  fois  ministre  chargé  de  la  sécurité  de  l'État,  le 
génie,  comme  le  démon  de  l'intrigue,  l'incarnation  de  la  police  ».  Si 
l'on  en  croit  une  note  de  la  page  448,  les  révélations  du  manuscrit  de 
Gaillard  ne  sont  pas  closes  et  M.  Despatys  nous  donnera  une  vue 
d'ensemble  de  la  carrière  de  l'ami  de  Fouché.  Déjà  il  fait  précéder  les 
chapitres  du  livre  dont  nous  parlons  ici  d'une  notice  générale  sur 
les  «  Deux  Oratoriens  »  avant  de  raconter  les  événements  dont  ils 
furent  conjointement  les  héros  de  1800  à  1820. 

En  louant  M.  le  baron  Despatys  de  la  mise  au  point  impartiale  qu'il 
a  faite  de  ces  papiers  curieux,  où  l'on  trouve  une  foule  de  détails 
relatifs  aux  dessous  de  l'histoire,  il  est  permis  démontrer  moins  d'in- 
dulgence qu'il  n'en  accorde  au  «  caractère  »  de  Gaillard;  il  le  '^décore 
de  vertus  chrétiennes  dont  l'éclat  paraît  vraiment  exagéré;  il  en  fait 
un  apôtre  qui,  toute  sa  vie,  s'efforce  de  «  ramener  Fouché  au  bien  ». 
Que  de  déceptions  dût  éprouver  ce  pauvre  homme  ! 

Quelques  rectifications  à  faire  :  le  Père  Caselli,  qui  travailla  au 
Concordat  de  1801,  avait  été  général  des  servites,  et  non  pas  des 
jésuites  (p.  78);  le  médecin  Hallay  est  mis  certainement  pour  le  doc- 
teur Halle  (p.  227).  En  parlant  du  sénateur  Clément  de  Ris  et  de  son 
mystérieux  enlèvement,  on  aurait  dû,  indiquant  les  auteurs  qui 
racontent  cet  épisode,  mentionner  le  livre  de  M.  Rinn,  son  dernier  et 
récent  biographe.  G.  de   G. 


ta  JfeuneiSBe  «le  Shelley,  par  A.  Koszul.  Paris,  Bloud,  1910,  in-16  de 

xxii-Ul  i>.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Les  livies  ne  manquent  pas,  et  il  y  en  a  de  fort  bons,  sur  Shelley 
et  ses  ouvrages.  Ce  qui  fait  la  nouveauté  de  celui-ci,  c'est  de  n'être 
ni  vne  biogiaphie  proprement  dite  ni  une  étude  httéraire,  maisunces&i 
d  histoire  intellectuelle  et  morale.  Si  l'auteur  y  expose  en  grand  détail 
tous  les  faits  connus  de  la  jeunesse  de  Shelley,  s'il  y  analyse 
ses  premières  œuvres,  c'est  afin,  comme  il  le  dit,  de  «  risquer  une 
résurrection,  plus  ou  moins  hypothétique,  de  sa  vie  intérieure.  »  Peur 
que  la  résurrection  n*^  fût  pas  trop  hypothétique,  une  connaissance 


-.  62  — 

minutieuse  de  l'existence  du  poète  était  nécessaire,  et  la  familiarité 
intime  avec  som  œuvrer,  et  surtout  beaucoup  de  pénétration,  de  divi 
nation  même  pour  démêler  ce  que  cette  existence  et  cette  œuvre 
ont  d'étrangement  obscur  et  complexe;  tout  cela,  M.  Koszul  le  pos- 
sède, et  aussi,  complément  important,  une  sympathie  chaude  et  vi- 
brante pour  l'âme  étrange  et  souvent  déconcertante  du  poète.  A  force 
d'érudition,  d'attention  et  de  finesse,  l'auteur  a  mené  à  bien  maintes 
reconstitutions  fort  délicates;  il  a  mis  en  lumière  des  correspondances 
cachées  entre  la  vie  de  Shelley  et  ses  écrits,  il  a  rattaché  l'auteur  à 
son  temps  et  à  son  milieu  et  montré  comment,  par  exemple,  son  athé- 
isme agressif  et  ses  idées  révolutionnaires  résument  «  tout  le  trouble 
et  toute  la  révolte  qui  avaient  depuis  une  vingtaine  d'années  agité 
les  jeunes  têtes  deS'  écoles  et  des  Universités  anglaises,  »  tout  comme 
le  progrès  de  sa  pensée  «reproduit  avec  une  fidélité  singulière...  le 
mouvement  de  tout  le  romantisme  anglais.  »  Qu  il  reste  dans  certaines 
de  ces  déterminations  quelque  part  d'incertitude  et  de  conjecture, 
personne  n'en  saura  mauvais  gré  à  M.  Koszul;  le  sujet  ne  prête  pas 
partout  à  des  démonstrations  rigoureuses  et  il  suffit  que  les  vrai- 
semblances'soient,  comme  ici,  très  fortes  et  les  déductions  très  plau- 
sibles. On  reprochera  peut-être  plus  justement  au  volume  d'être  un 
peu  touffu  et  un  peu  en*  lie  vôtre;  la  lecture  n'en  est  pas  toujours 
facile  et  l'on  ne  s'y  instri.  {.as  sans'  quelque  application.  Du  moins 
est-on  payé  de  sa  peine,  et,  si  les  œuvres  les  plus  grandes  de  Shelley 
restent  en  dehors  du  cadre  de  ce  livre,  on  peut  y  suivre  de  plus 
près  que  nulle  part  ailleurs  l'histoire  de  ses  sentiments  et  de  ses  opi- 
nions, la  formation  même  de  son  esprit.  A.  Barbeau. 


lia  Vie  gfari«ieniie    xouti   le    rè^ni^    (Ee    liOiii>^  -Fiiiti|»|t:e^    par 

Henri   (I'Alméhas.   l'aris,    Albin   Michel,  s.  d.  l'Jn,  petit  iu-8  de  507  y., 
avec  de  notiibc.  grav.  • —  Prix  :  5  fr. 

\ie  parisienne,  ou  pour  rendre  mieux  la  pensée  de  l'auteur  :  vie 
théâtrale,  car  il  consacre  la  presque  totalité  de  ce  volume  aux  acteurs 
et  aux  actrices.  Tout  d'abord  il  nous  conduit  dans  les  cafc's  et  res- 
taurants, les  antichambres  de  théâtre;  s'il  passe  rapidement  dans  les 
maisons  de  jeu,  les  bals,  les  concerts,  il  s'arrête  longuement  dans 
toutes  les  salles  de  spectacle,  il  peint  les  grandes  tragédiennes,  comé- 
diennes et  cantatrices  (Rachel,  Arnould  Plossy,  Déjazet,  M^^*^  Dorval, 
la  Malibran);  sur  Rachel,  l'ensemble  des  détails  (p.  176-210)  est  com- 
plet, curieux,  édifiant  (au  sens  où  on  voudra  bien  l'entendre);  il 
aborde  le  monde  des  danseuses  :  la  Taglioni,  Fanny  Fs'^ler,  et-.;  la 
Grisi  (qu'il  nomme  Charlotta,  quand  j^3  pense  qu'il  faudrait  dire:  Car- 
lotta  ou  Charlotte),  et  tant  d'autres  demoiselles  du  corps  de  ballet: 
historiettes  lien  moins  que  jolies  et  le  plus  souvent  sansnulagrément.Les 


—  ô3  — 

modes  et  une  liste  des  «  fournisseiirs  »  célèbres  (p.  418);  ud  chapitre 
sur  la  vie  joyeuse  des  dandys,  grisettes  et  lorettes,  les  avent^iies 
détaillées  de  la  «  dame  aux  camélias  »  complètent  bien  ces  récits  du 
boulevard  et  demeurent  dans,  la  note  de  ces  souvenirs  empruntés  aux 
petits  journaux  du  temps.  On  expliquerait  moins  bien  la  présence  de 
deux  chapitres,  qui  ne  sortent  pas  de  la  banalité  d'ailleurs,  sur  Louis- 
Philippe  et  la  famille  royale  (avec  un  appendice  sur  la  mort  du  duc 
d'Orléans)  et  l'opposition  politique  (légitimistes,  bonapartistes,  répu- 
blicains) au  gouvernement  de  Juillet.  L'auteur  a  eu  le  soin  d'orner 
son  livre  d'un  assez  bon  nombre  de  gravures  die  l'époque  desDaumier^ 
des  Gavarni;  je  lui  ferai  ici  le  double  reproche  de  ne  pas  les  avoir 
placés  en  face  des  passages  du  texte  qu'ils  illustrent  et  d'avoir  (p. 
112).  donné  sur  les  «  Concerts  Musard  aux  Champs  Élysées  en  1836  » 
une-  gravure  dont  les  personnages  sont  habillés  à  la  mode  du  second 
Empire;  cet  anachronisme  jure  pour  un  document  historique.  L'en- 
semble du  volume  se  Lit  avec  facilité,  et  aisance,  comme  il  a  été 
écrit   avec  bonne  humeur.  G. 


liée  Grands  C;t«tiioli(|taes  par  l'anecdote,  le  détail  et  l^i^na^e 
liarortluire,  par  Antoine  Albalat.  Lyon  et  Paris,  Ville,  lyil,     in-l6 
de  2-28  p.  el  21  pi.  —  Prix  :  3  fr.  5u. 

Lacordaire,  door  P.  Fr.  E.-J.-B.  Jansen,  ord.  praed.  I-II.Bragge, 
Desclee,  de  Brouwer,  s.  d.,  in-8  de  5^6  et  7l)8  p.,  avec  28  portraits  et  planches. 
Pris  :  10  fr. 

Ktufles  reliçgieuseB,  liî<»torâ<iu(*8  et  littéraires.  Eia«ur«laii'e 
«l''a|i7és  «les  «locuitteiitti  nouveaux,  son  œuvre,  sa  survi,;  et  son 
actuuUté,  par  Tabbô  L.  Pauthe.  Paris,  LecofTi'-i,  Gabalda,  1911,  in-8 
du  xil-476  p.  —    Prix  :  6  fr.  50. 

Ii»coi'daire  à  .^letz,  textes  nouveaux  avec  cornmenlaires,  publiés 
ptr  JuLiRN  Favre.  Fribourg  (Suisse;,  iuip.  de  l'Œuvre  de  Saint-PauJ, 
1912,  in-8  de  x-113  p. 

lies  meilleures  Pages.  B.aeoi>daire.  Introduction  de  Paul 
Agni.us.  Tourcoing,  Duvivier,  Paris,  Amat,  s.  d.,  in- 16  de  xxxiv-438 
p.    — ^Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  n'est  pas,  à  proprement  parler,  une  biographie  de  Lacordaire 
que  IVL  Antoine  Albalat  nous  donne  avec  le  concours  de  M.  Paul 
VuHiaud,  mais  plutôt,  et  dans  une  certaine  mesure,  un  complément 
des  biographies  de  l'illustre  dominicain;  comme  l'indique  le  titre 
même  de  la  collection  nouvelle  qu'il  entreprend,  c'est  par  l'anecdote 
et  le  détail  qu'il  veut  faire  pénétrer  le  public  dans  l'intimité  des 
«  grands  catholiques  ».  Pour  glaner  ces  détails  pittoresques  et  vivants, 
il  a  fureté  de  côté  et  d'autre,  consulté  des  brochures  peu  connues, 
fait  appel  à  des  témoignages  peu  utilisés.  Une  illustration  assez  abon- 
dante, dans  laq;uelle  ou  trouvera  rassemblés  notamment  plusieurs 
portraits  du  célèbre  orateur  de  Notre-Dame,  ajoute  à  l'iiitérêt  de  ce 


—  64  — 

volume,  qui  ne  fera  pas  mauvaise  figure  parmi  les  ouvrages  consacres 
au  restaurateur  en  France  de  Tordre  des  frères  prêcheurs.  J'ai  relevé 
de  ci  delà  quelques  négligences  :  p.  34,  Mgr  Qiiélen  pour  de  Quélen-^p.  38 
n.  1,  Albert  du  Boys  est  qualifié  d'abbé.  P.  86,  l'appel  de  Lacor- 
daire  à  Metz  est  attribué,  par  faute  d'impression  visiblement,  à 
l'année  1832;  p.  94,  le  cardinal  Sala  est  appelé  Sola;  p.  113,  Mgr  Men- 
jaiid  est  dit  Menjard.  P.  136-137,  Dessauret  est  qualifié  de  ministre 
des  cultes  !  etc. 

—  C'est  au  contraire  un  monument  biographique  considérable 
qu'un  dominicain  néerlandais,  le  P.  E.-J.-B.  Jansen,  a  entrepris  de 
consacrer  à  la  mémoire  de  son  illustre  confrère  français.  Deux  volumes 
ont  paru  et,  dans  leurs  douze  cents  pages, ils  ne  nous  conduisent  qu'à 
la  veille  de  la  Révolution  de  1848.  Comme  on  peut  le  penser, la  vie 
de  Lacordaire  est  exposée  ici  avec  détails;  les  questions  y  sont 
traitées  avec  ampleur.  L'auteur  a  une  information  large  et  sûre, 
je  ne  vois  pas  qu'il  lui  ait  échappé  rien  de  très  important  qui  ait  paru 
sur  Lacordaire  et  il  n'a  pas  négligé  de  consulter  des  pièces  rares  ou 
perdues  dans  des  recueils  d'un  accès  souvent  peu  facile.  Nous  nous 
réservons  de  revenir  sur  ce  bel  ouvrage  quand  la  suite  en  aura  été  pu- 
bliée; mais  nous  n'aA'ons  pas  voulu  tarder  à  le  signaler  à  la  curiosité 
des  lecteurs.  Le  P.  Jansen  fera  bien  de  surveiller  attentivement  ses 
épreuves;  il  y  a  des  fautes  d'impression  relativement  nombreuses, 
surtout  dans  le  second  volume  (p.  141  et  suiv.,  Chasserian  pour  Chas- 
seriaii\  p.  412,  n.  1,  Cordelais  pour  Bordelais^  p.  419,  n.  1,  Ladé  pour 
Ladey\  p.  432,  n.  3,  Fouchet  pour  Toiichet,  etc.).  Une  erreur  inexplicable 
a  fait  donner  le  portrait  de  Jules  Favre  à  propos  des  jugements  de 
M.  l'abbé  Julien  Favre. 

—  M.  le  chanoine  L.  Pauthe,  à  qui  l'on  doit  déjà  des  œuvres 
estimées  sur  les  maîtres  de  la  chaire  en  France  au  xvii^  siècle,  a  voulu 
consacrer  un  nouveau  livre  au  plus  grand  orateur  chrétien  qu'ait 
connu  notre  pays  au  xix®  siècle,  à  celui  dont  la  parole,  après  avoir 
exercé  sur  ses  contemporains  une  action  souveraine,  garde  encore, 
dans  les  pages  qui  nous  en  ont  conservé  l'écho,  et  bien  qu'elle  ne  soit 
plus  soutenue  ni  par  le  charme  de  la  voix  ni  par  l'éloquence  du  geste, 
une  force  et  une  séduction  qui  en  prolongent  les  bienfaits  pour  les 
âmes.  A  l'aurore  de  sa  vie  sacerdotale,  M.  le  chanoine  Pauthe  a  connu 
Lacordaire  à  Sorèze  et  il  a  gardé  de  cette  rencontre  une  impression 
ineffaçable;  son  cœur  a  su  conserver  dans  toute  leur  fraîcheur  les 
sentiments  d'admiration  et  de  vénération  profonde  que  lui  a  inspirés 
le  grand  dominicain,  et  l'on  sent,  dans  le  beau  livre  que  nous  annon- 
çons ici,  l'émotion  et  la  tendresse  qui  en  ont  dicté  les  pages.  Ce  ne 
sont  d'ailleurs  pas  des  souvenirs  personnels,  mais  une  biographie  pour 
laquelle   l'auteur  a  consulté  avec  conscience  les  sources  même  les  plus 


.   —  05  — 

récemment  mises  à  jour,  comme  les  lettres  à  Falloux  et  celles  dont 
M.  l'abbé  Bézy  a  fait  profiter  la  Revae  hebdomadaire.  Deux  aspects  do  ce 
livre  m'ont  paru  particulièrement  intéressants  :  c'est,  d'un  côté, 
le  soin  qu'a  pris  M.  le  chanoine  Pautlie  de  nous  donner,  par  des  ana- 
lyses accompagnées  de  citations  bien  choisies,  une  idée  de  l'éloquence 
de  Lacordaire;  et  c'est  là  une  préoccupation  qui  ne  surprendra  pas 
chez  l'auteur  des  belles  études  déjà  signalées  sur  nos  orateurs  sacrés; 
d'un  autre  côté,  M.  le  chanoine  Pauthe  a  écrit  des  pages  excellentes 
sur  la  façon  dont  il  faut  entendre  le  libéralisme  de  Lacordaire,  de  ce 
libéral  vraiment  et  hautement  chrétien  qui  n'a  rien  de  commun  avec 
les  libérâtres  qu'il  flétrissait. 

—  M.  l'abbé  Julien  Favi^e  a  consacré,  il  y  a  déjà  six  ans,  une  étude 
documentaire  considérable  à  Lacordaire  orateur.  C'est  un  point  spécial 
de  la  carrière  oratoire  du  grand  prédicateur  qu'il  étudie  aujourd'hui 
dans  Lacordaire  à  Melz\  déjà,  dans  son  livre,  il  avait  analysé  (p.  240  à 
268)  les  dix-neuf  conférences  prêchées  dans  la  cathédrale  de  Metz  du 
3  décembre  1837  au  15  avril  1838,  du  moins  celles  que  contenait  un 
manuscrit  mis  à  sa  disposition  et  rédigé  par  un  élève  du  grand  sémi- 
naire, AI.  François  Schmitt,  qui  devint  curé  de  Noisseville.  Aujour- 
d'hui un  nouveau  manuscrit,  sur  lequel  il  a  eu  \%  bonheur  de  mettre  la 
main,  lui  permet  de  compléter  sa  première  publication.  Si  le  nouveau 
texte  est  incomplet,  s'il  lui  manque  les  conférences  1-5,  10-16,  il  a  du 
moins  l'avantage  de  nous  faire  connaître  trois  discours  (15^,  16^,  18^) 
qui  faisaient  défaut  dans  la  version  de  M.  Schmitt;  et  l'on  comprend 
ce  qu'a  d'utile  la  comparaison  entre  deux  rédactions  dues  à  deux 
auditeurs  différents  pour  établir,  sinon  dans  son  texte  réel,  ni  dans 
tout  l'éclat  de  sa  forme,  du  moins  dans  la  marche  générale  de  la  pensée, 
les  discours  du  grand  orateur  chrétien.  La  comparaison  de  plusieurs 
versions  est  d'autant  plus  nécessaire  que  chaque  rédaction  offre  des 
passages  mal  pris,  parfois  inintelligibles,  au  dire  de  M.  Favre,  qui  a 
cru  devoir,  dans  certains  cas,  se  permettre  quelques  «  suppressions, 
raccords  ou  adjonctions  de  mots  ».  Nous  espérons  que  ses  recherches 
constantes  continueront  à  être  couronnées  de  succès  et  qu'il  pourra 
nous  faire  connaître  successivement  d'autres  résumés  de  la  parole  de 
Lacordaire  sur  d'autres  points  de  la  France. 

—  Tandis  que  M.  Favre  s'applique  ainsi  à  rechercher  les  œuvres 
inédites  ou  peu  connues  du  grand  orateur  dominicain,  M.  Paul  Agnius 
a  voulu  réunir,  dans  la  collection  les  Meilleures  Pages.,  desmorceauxca- 
pables  de  faire  goûter  et  comprendre  l'éloquence  de  Lacordaire.  Le? 
œuvres  oratoires  n'ont  pas  d'ailleurs  fourni  tous  les  éléments  de  ce 
choix  que  précède  une  Introduction,  intéressante  dans  sa  brièveté. 
A  côté  du  discours  pour  l'école  libre,  de  morceaux  des  conférences 
de  N.-D.  de  Paris  et  de  Toulouse,  de  l'éloge  funèbre  de  Drouot,  d'une 

Juillet  1912.  T.  CXXV.  5. 


—  66  — 

homélie  et  d'un  sermon,  on  trouvera  ici  quelques  lettres,  deux  articles 
de  l'Avenir  et  des  pages  empruntées  à  la  Lettre  sur  le  Saint-Siège,  au 
Mémoire  pour  le  rétablissement  en  France  de  l'ordre  des  frères  prê- 
cheurs, aux  Lettres  à  un  jeune  homme  et  à  Sainte  Marie- Madeleine. 
M.  Agnius  a  présenté  ces  pages  suivant  l'ordre  qu'elles  occupent  dans 
les  œuvres  auxquelles  il  les  a  empruntées.  Une  table  analytique  les 
groupe  sous  des  rubriques  diverses  :  apologétique,  dogme,  morale,  etc. 
Il  n'y  a,  pour  ainsi  dire,  pas  de  notes,  même  là  où  elles  pourraient 
sembler  le  plus  utiles;  sauf  pour  les  lettres  à  Montalembert,  les  desti- 
nataires ne  sont  pas  indiqués  et  les  allusions  que  l'on  rencontre  ne  sont 
pas  expliquées.  Le  choix  qui  nous  est  offert  est  d'ailleurs  intéressant 
et  c'est  avec  plaisir  que  l'on  relit  ces  belles  pages,  si  pleines  de  pensée 
et  d'une  forme  si  éloquente.  E.-G.  Ledos. 


Ma  Vie  (l^i  3-1  850),  par  Richard  Wagner;  irad.  de  N.  Valbntin 
et  A.ScHBNK.  Paris,  P.oii-Nournl,  1911,  2  vol.  in-8de  362  et  364  p.— Prix  : 
13  fr. 

Dans  un  court  Avant- Propos,  l'auteur  fait  remarquer  que  les  notes 
qui  forment  ces  volumes  ont  été  écrites  au  cours  de  plusieurs  années, 
et  sous  sa  dictée,  par  sa  femme  désireuse  d'apprendre  de  sa  propre 
bouche  l'histoire  de  sa  vie.  Plus  tard,  pour  préserver  de  la  destruction 
l'unique  manuscrit  qui  contenait  les  Mémoires,  il  se  décida  aies  faire 
imprimer  à  un  nombre  très  restreint  d'exemplaires,  qu'il  communiqua 
à  quelques  amis  très  sûrs.  11  demandait,  à  cause  des  dates  et  des  noms 
exacts,  qu'on  laissât  s'écouler  un  certain  temps  après  sa  mort,  avant 
de  les  publier. 

Les  deux  premiers  volumes,  qui  viennent  de  paraître,  contiennent 
l'histoire  de  sa  vie  de  1813  à  1850.  Comme  tous  les  auteurs  de 
Mémoires  ou  de  Souvenirs,  Richard  'W'agner  prétend  à  la  sincérité. 
C'est  impossible  :  omnis  homo  mendax.  Wagner  cependant  la  pousse  un 
peu  loin,  la  sincérité  :  il  ne  craint  pas  de  jeter  un  soupçon  sur  les  ori- 
gines de  sa  mère,  «  élevée  dans  un  des  meilleurs  pensionnats  de  Leipzig, 
aux  frais  d'un  soi-disant  ami  paternel,  lequel  était,  paraît-il,  un  prince 
deWeimar.  «  Singulière  manière  de  se  grandir,  en  abaissant  ses  parents  ! 
Orgueil,  sensualité,  inquiétude  se  manifestent  chez  l'adolescent  dès 
sa  treizième  année  :  a  Je  me  souviens  d'avoir  maintes  fois  simulé  un 
sommeil  irrésistible,  afin  d'obliger  les  jeunes  filles  qui  fréquentaient 
chez  nous,  à  me  soutenir  jusque  dans  ma  chambre;  car,  en  semblable 
rencontre  fortuite,  je  m'étais  aperçu  avec  surprise  et  émotion  du 
trouble  délicieux  où  me  jetait  le  contact  de  leur  corps  ».  Comme  si  la 
postérité  pouvait  s'intéresser  aux  sensations  précoces  d'un  adolescent 
morbide  !  Ses  études  à  Dresde  et  plus  tard  à  l'Université  de  Leipzig  fu- 
rent plutôt  médiocres  et  souvent  troublées  par  la  fureur  du  jeu  et  les 


_  67  — 

querelles  d'étudiant,  qui  se  terminaient  d'ordinaire  par  la  ridicule 
fanfaronnade  de  la  Mensiir,  encore  aujourd'hui  en  honneur  dans  les 
Universités  allemandes. 

Wagner  est  sans  contredit  un  admirable  génie  musical,  mais  il  n'est 
ni  un  grand  homme,  ni  un  grand  caractère.  Plein  de  lui-même,  il 
sonne  à  chaque  page  de  ses  Mémoires  une  fanfare  d'admiration  pour 
sa  personne.  A  vingt-deux  ans,  quand  il  était  Kapellnieisier  kMsig- 
debourg,  il  avait  soin  d'emporter  avec  lui  un  grand  portefeuille 
rouge,  dans  lequel  il  inscrivait  pour  sa  future  biographie  des  notes 
très  exactement  datées,  et  il  continua  ces  notes  sans  interruption, 
dans  les  différentes  périodes  de  son  existence.  La  jeunesse,  d'habitude, 
est  moins  préoccupée  de  la  postérité  !  Ceux  qui  voudront  connaître 
jusqu'où  peut  aller  l'égoïsme,  n'ont  qu'à  lire  ce  qu'il  raconte  lui-même 
de  sa  conduite  à  l'égard  de  Minna,  qui  devint  sa  femme  après  toutes 
sortes  d'aventures,  l'assista  fidèlement  dans  ses  épreuves,  et  qu'il 
quitta  avec  désinvolture  le  jour  où  elle  ne  pouvait  plus  lui  être  utile. 
On  lira  avec  intérêt  le  récit  de  son  séjour  à  Magdebourg,  à  Leipzig, 
à  Kônigsberg,  à  Londres,  à  Paris,  à  Dresde  et  sa  fuite  à  Zurich,  en 
Suisse.  MM.  Valentin  et  Schenk  traduisent  avec  facilité  et  élégance  ; 
nous  les  félicitons  d'avoir  mis  à  la  portée  de  tous  ces  révélations  d'un 
grand  génie  sur  lui-même  et  sur  son  œuvre.  L.  Mensch. 


«  Praeterita  ».  Souvea'rs  de  |eiin«afiii^,  par  John  Ruskin;  trad. 
de  M""»  Gaston  Paris.  Paris,  Udchetle,  1911,  in-16  de  xu-371  p.,  avec 
portrait  et  fac-sinilé.  —  Prix  :  3  l'r.  5U. 

Commençons  par  saluer  dans  ce  volume  un  mérite  qui  n'est  pas 
commun,  celui  d'une  traduction  à  la  fois  élégante  et  fidèle.  M'"*^  Gas- 
ton Paris  nous  donne,  sans  l'enlaidir  ni  l'altérer,  ce  livre  qui,  dit  M.  de 
la  Sizeranne  dans  son  Introduction,  «  fera  mieux  aimer  Ruskin  à  ceux 
qui  l'aiment  et  le  rendra  encore  un  peu  plus  antipathique  aux  autres  ». 
Le  danger  que  ce  livre  rende  Ruskin  antipathique  à  personne  ne  paraît 
d'ailleurs  pastrèsgrand.  Si  rebelle  qu'on  puisse  être  aux  théories  aventu- 
reuses du  critique  anglais,  cène  sont  point  ces  théories  qu'on  trouvera  ici, 
mais  les  agréables  souvenirs  d'un  vieillard  et  l'aimable  récit  d'une  vie 
ou  plutôt  d'une  jeunesse.  Praeterita,  on  le  sait,  ce  sont  les  Mémoires 
de  Ruskin,  Mémoires  que  la  maladie  le  força  d'interrompre  et  qu'il 
ne  put  conduire  que  jusqu'à  l'année  1844,  qui  était  la  vingt-sixième 
de  son  âge.  Tableau  curieux  d'une  enfance  et  d'une  éducation  assez 
étranges  dans  un  milieu  puritain,  portraits  de  toute  une  famille  et  de 
beaucoup  d'originaux,  éveil  graduel  d'idées  et  de  sentiments  dans  une 
âme  repliée  sur  elle-même,  savoureux  récits  de  voyages,  des  anciens 
voyages  en  chaise  de  poste  à  travers  l'Angleterre  et  le  continent, 
impressions  très  vives  produites  par  tous  les  spectacles  de  la  nature  et 


—  68  — 

certaines  œuvres  d'art,  descriptions  magnifiques  de  plusieurs  de  ces 
spectacles  et  de  ces  œuvres,  notation  minutieuse  de  toutes  les  étapes 
d'un  développement  intellectuel  et  moral  très  particulier,  voilà  ce  qui 
fait  la  matière  de  ces  confidences  aimablement  prolixes,  livre  de 
bonne  foi  comme  les  Essais  de  Montaigne  et  où  l'auteur  se  peint  avec 
la  même  sincérité,  la  même  bonhomie  souriante,  la  même  naïve  com- 
plaisance. On  aura  certainement  plaisir  à  faire  connaissance  dans  ce 
livre  avec  un  homme  très  remarquable  et  très  singulier;  on  en  aura 
à\  utant  plus  que  le  livre,  comme  nous  l'avons  dit,  et  à  la  différence 
de  bien  d'autres,  a  perdu  aussi  peu  qu'il  était  possible  à  passer  dans 
nutre  langue.  A.    Barbeau. 

Ce  que  je  iteux  «lîri»,  par  Arthur  Mbyer.  Paris,  Plon-Nourril,  1312, 
în-:6  de  433  p.,  avec  un  portrait  de  la  comtesse  de  I.oynhs.  —  Prix  : 
3  fr.  go. 

Après  le  succès  de  curiosité  et  de  librairie  obtenu  parle  volume:  Ce 
que  mes  yeux  ont  vu,  il  faut  constater  le  nouvel  accueil,'  et  plus  em- 
pressé encore,  fait  parle  public  à  ce  livre,  qui  en  est  la  suite.  Fond  et 
forme  sont  également  en  ascension.  Le  style  en  est  plus  soutenu, 
plus  travaillé,  plus  étudié;  et  la  composition  demeure  plus  ferme,  non 
pas  comme  des  souvenirs  retracés  au  hasard  de  la  mémoire,  mais  avec 
la  tenue  d'un  récit  coordonné,  préparé  et  exécuté  avec  habileté.  C'est 
une  trouvaille  qvie  d'avoir  groupé  autour  de  la  «  dame  aux  violettes  » 
tant  de  personnes  et  de  choses,  sans  choquer  les  bienséances  et  sans 
briser  le  cadre  restreint  de  l'unique  salon  où  Ton  mène  le  lecteur.  Cette 
«  comlessedeLoynes))paraitle«centre  »  de  toute  une  société  parisienne 
pendant  quarante  ans  ;  les  détailsles  plus  nets  d'une  existence  très  particu- 
lière ne  peuvent  effaroucher  personne  et  cependant  nous  savons, 
nous  devinons,  nous  comprenons  tout  ce  qu'il  nous  faut  savoir.  Le 
portrait  dû  au  pinceau  d'Amaury  Duval,  placé  à  la  première  page, 
est  impressionnant  et  révélateur  à  sa  manière;  nul  ne  considérera  ce 
regard  profond,  troublant,  fascinateur,  sans  saisir  de  la  femme  qu'il 
nous  «  révèle  »  tout  ce  que  la  discrétion  de  M.  Arthur  Meyer  retient 
par  devers  lui.  Le  «monde  du  second  Empire  et  celui  de  la  troisième 
République  défilent  tour  à  tour;  les  derniers  événements  nous  étant 
plus  familiers,  nous  nous  intéressons  davantage  à  l'état-major  de  la 
patrie  française,  à  la  mort  dramatiq\ie  de  Syveton,  aux  dessous  de 
l'alliance  russe  qu'au  salon  du  prince  Napoléon  et  aux  redoutes  d'Arsène 
Houssaye.  La  franchise  des  révélations  ne  plaira  pas  à  tout  le  monde 
et  il  faut  une  certaine  audace  à  un  1  omme  mêlé  à  la  politique,  des 
partis  pour  parler  avec  cette  sereine  désinvolture  de  ses  amis  comme 
de  ses  adversaires.  Il  n'a  pas  craint  de  provoquer  plus  d'une  colère, 
mais  je  ne  sache  pas  que  des  rectifications  se  soient  produites.  Jusqu'à 


-  _  fiO  — 

présent  les  affirmations  courtoises  et  habiles  de  l'auteur  subsistent 
donc.  On  comprend  dès  lors  que  chacun  ait  voulu  lire  ces  étonnants 
secrets  des  dessous  de  l'histoire  contemporaine  et  l'on  ne  s'étonnera 
pas  si  le  nombre  des  curieux  s'accroît  à  chaque  nouvelle  édition. 

G. 

Vie  lie  mgr  «l'IIuist,  par  Mgr  Alfrid  Baudbillart.  T.  I.  Paiùs,  J.  de 
Gigord,  iyi2,  in-8  de  o82  p.,  avec  portrait.  —  Prix:  5  fr. 

Je  ne  crois  pas  que  nul  fût  mieux  qualifié  que  Mgr  Baudbillart 
pour  écrire  la  vie  de  Mgr  d'Hulst.  D'autres  sans  doute  ont  été,  surtout 
dans  les  dernières  années,  aussi  intimement  mêles  à  la  vie  de  l'émi- 
nent  prélat,  ont  participé  d'aussi  près  à  ses  œuvres,  mais  Mgr  Bau- 
drillart  avait  déjà  publié  les  Lettres  de  direction  de  Mgr  d'Hulst,  ce 
qui  l'avait  fait  pénétrer  plus  à  fond  dans  cette  belle  âme  sacerdotale; 
il  avait  été,  si  je  ne  me  trompe,  le  fils  spirituel  du  grand  recteur  de 
l'Institut  catholique,  il  était  devenu  son  collaborateur,  était  toujours 
resté  son  ami  respectueux  et  fidèle,  et  enfin,  grand  avantage 
après  plusieurs  années  si  bien  remplies  par  le  rectorat  de  Mgr  Péche- 
nard,  il  lui  avait  succédé,  ce  qui  mettait  à  sa  disposition  les  riches 
archives  de  l'Institut,  principale  source  de-  cette  histoire,  au  moins 
pour  les  vingt  dernières  années,  les  plus  caractéristiques,  les  plus 
laborieuses,  les  plus  fécondes  de  l'existence  de  celui  que  Mgr  Baunard 
a  pu  appeler  «  le  premier  prêtre  de  France  ». 

La  Vie  de  Mgr  d'Hulst  s'ouvre  par  une  Introduction,  où  se  résume, 
en  quelques  pages  fortes  et  sobres,  le  rôle  de  Mgr  d'Hulst,  et  se  justifie 
le  dessein  de  consacrer  deux  volumes  compacts  à  raconter  une  vie  peu 
bruyante  sans  doute,  mais  si  bien  remplie  qu'elle  fait  à  elle  seule  un 
chapitre  important  de  l'histoire  de  l'Église  en  notre  temps. 

Ce  premier  volume  comprend  trois  livres,  dont  les  deux  premiers, 
comme  il  convenait,  sont  rigoureusement  chronologiques,  et  dont  le 
troisième,  au  contraire,  et  c'était  nécessaire,  épuise  certains  sujets  et 
les  conduit  presque  jusqu'à  la  conclusion,  anticipant  sur  les  années  qui 
seront  racontées  dans  le  volume  suivant.  Le  double  procédé  se  justifie 
de  lui-même  par  la  différence  des  sujets  traités  et  l'on  n'aurait  pas 
compris  que  l'auteur  otéît  à  des  scrupules  chronologiques  pour  mor- 
celer certains  récits,  qu'il  devait  mener  du  premier  coup  jusqu'au  bout 
pour  en  assurer  la  clarté,  la  plénitude  et  l'intérêt.  En  somme,  le 
volume  est  remarquablement  construit,  avec  un  art  sobre  et  ramassé 
où  l'historien  de  métier  se  devine,  et  je  l'ai  lu,  pour  mon  compte,  avec 
un  intérêt  passionné,  qui  ne  m'a  laissé  d'autre  regret  que  de  n'avoir 
pas,  en  même  temps  que  le  début,  la  suite  et  la  fin  de  cette  très  noble, 
très  belle  et  très  émouvante  histoire. 

Le  livre  I  a  naturellement  un  caractère  plus  exclusivement  per- 


—  70  — 

sonnel  :  c'est  la  Jeunesse  de  Maurice  d'IJulsi,  sa  gcnralogic,  qui  le 
plaçait  en  si  bon  rang  dans  la  noblesse  française,  sa  naissance,  ses  pre- 
mières annt'es,  son  éducation  dans  la  famille,  puis  au  collège  Stanislas 
où  le  premier  appel  de  la  vocation  se  fait  entendre;  sa  vie  au  grand 
séminaire,  à  Issy  et  à  Paris,  puis  à  Rome,  où  sa  jeunesse  lui  donna  le 
temps  d'aller  parfaire  son  éducation  cléricale,  enfin  son  ordination 
en  1865,  suivie  par  la  conquête  du  double  doctorat  qui  le  marquait 
à  l'avance  pour  le  rôle  qu'il  devait  jouer. 

Le  livre  II  est  consacré  aux  Premières  Œuvres  de  Mgr  d'Hulst,  œu- 
vres modestes,  où  il  ne  pouvait  donner  toute  sa  mesure,  sa  véritable 
vocation  étant  ailleurs,  mais  auxquelles  il  se  donna,  avec  tout  son 
zèle,  toute  sa  piété  et  toute  la  générosité  de  son  cœur.  Il  débuta  comme 
vicaire  dans  une  paroisse  populaire  de  Paris,  et  c'est  à  de  pauvres 
apprentis  qu'avec  son  saint  ami,  l'abbé  Courtade,  il  consacra  les 
prémices  de  son  sacerdoce,  et  le  récit  de  cette  existence  humble  et 
cachée  est  vraiment  d'un  bel  exemple,  très  édifiante  et  très  touchante. 

Puis  c'est  la  guerre  étrangère,  où  l'humble  vicaire  se  transforme  en 
un  aumônier  héroïque,  et  où  le  gentil liomme  montre  vraiment  une 
âme  de  soldat;  c'est  la  guerre  civile,  plus  triste  et  plus  douloureuse,  où 
le  vicaire  de  Saint-Ambroise,  revenu  dans  sa  paroisse  de  faubourg,  en 
plein  quartier  de  communards,  court  plus  de  dangers  peut-être  que 
sur  les  champs  de  bataille  de  Sedan.  Dénoncé  par  un  enfant  dont  il 
avait  été  le  bienfaiteur,  recherché  par  des  gens  qui  ne  pardonnaient 
guère,  il  fut  caché  par  une  pauvre  veuve  du  quartier,  et  put  ainsi 
échapper  au  danger,  non  sans  avoir  payé  sa  dette  en  intercédant  pour 
un  malheureux  communard  que  son  hôtesse  avait  recommandé  à  sa 
pitié.  «  Le  mauvais  rêve  était  fini,  le  labeur  apostolique  allait  recom- 
mencer. »  Mgr  d'Hulst,  qui  semble  alors  avoir  hésité  sur  la  voie  à 
suivre,  n'en  remplit  pas  avec  moins  de  zèle  et  d'exactitude  tous  les 
devoirs  de  son  ministère,  y  ajoutant  la  prédication  dans  d'autres 
milieux,  débutant  dans  sa  carrière  d'écrivain  par  la  publication  de  la 
vie  de  la  Mère  Marie-Thérèse  de  Jésus,  fondatrice  de  l'Adoration  répa- 
ratrice. Un  an  après,  il  est  appelé,  sans  l'avoir  cherché  ni  désiré,  à 
l'archevêché  de  Paris,  comme  secrétaire  littéiaire  de  Mgr  Guibert 
et  vice-promoteur  du  diocèse,  et,  jusqu'en  1875,  c'est  à  ces  travaux 
administratifs  qu'est  employée  sa  vie,  éprouvée  par  de  douloureuses 
morts,  qui  n'abattent  pas  son  courage,  mais  au  contraire,  pour 
employer  un  mot  de  son  biographe,  le  font  entrer  «  dans  une  nouvelle 
vie,  plus  à  lui-même  et  plus  à  Dieu  ».  Entre  temps,  il  était  devenu 
promoteur  du  diocèse,  puis  archidiacre  de  Saint-Denis;  mais  c'est 
dans  le  livre  suivant  que  nous  le  verrons  enfin  s'orienter  vers  sa  voca- 
tion définitive;  c'est  le  futur  recteur,  c'est-à-dire  le  vrai  Mgr  d'Hulst 
qui  se  prépare. 


—  71  — 

Tel  est  en  effet  le  sujet  du  livre  III  :  L'Apostolat  intellectuel  de 
Mgr  d'Hiilst  et  l'Université  catholique  de  Paris.  C'est,  au  point  de  vue 
•de  l'histoire  générale,  la  partie  la  plus  intéressante  du  volume,  la  plus 
instructive  et  la  plus  caractéristique  aussi  et  la  plus  richement  docu- 
mentée. Le  premier  chapitre  est  l'histoire  des  origines  de  l'Institut 
catholique  de  Paris,  qui  se  confond  avec  l'histoire  de  la  conquête  de 
la  liberté  d'enseignement  supérieur;  le  second  chapitre,  c'est  la  fonda- 
tion de  l'Université,  à  laquelle  Mgr  d'Hulst,  vicaire  général,  prit  une 
part  prépondérante;  le  troisième,  c'est  l'histoire  de  ses  premières 
années,  de  1875  à  1880,  où  Mgr  d'Hulst,  non  encore  recteur,  mais 
secrétaire  de  l'assemblée  des  évêques  fondateurs,  est  vraiment  l'âme 
de  tous  les  conseils  et  se  dépense  sans  mesure,  par  la  parole,  par  la 
plume,  par  les  démarches  de  toutes  sortes,  pour  défendre  et  déve- 
lopper une  œuvre  qu'il  a  faite  sienne  et  qui  sera  désormais  le  but 
principal  de  sa  vie.  C'est  en  1880,  après  le  vote  des  lois  qui  l'ont  en 
partie  découronnée,  que  Mgr  d'Hulst  devient  enfin  le  recteur,  non 
de  l'Université,  mais  de  l'Institut  catholique,  puisque  les  nouvelles 
lois  l'avaient  forcée  de  changer  de  nom.  Avant  d'entamer  l'histoire  de 
ce  rectorat  glorieux,  Mgr  Baudrillart  fait  une  halte  pour  nous  initier 
à  ce  qu'était  alors  cette  vie  sacerdotale  et  intellectuelle,  et  ce  qu'elle 
cachait  de  hautes  aspirations  et  de  grandes  vertus.  Les  trois  chapitres 
suivants,  c'est  le  rectorat  de  Mgr  d'Hulst,  de  1880  à  1896  :  ils  nous 
résument  le  programme  de  Mgr  d'Hulst,  la  réorganisation  et  les 
progrès  des  Facultés,  écoles  et  cours  publics,  la  direction  des  études 
et  la  direction  morale,  les  difficultés  doctrinales,  l'administration, 
la  propagande.  Que  de  choses  sous  ces  simples  mots,  et  que  de  soucis, 
que  de  difficultés  se  cachent  derrière  ces  formules  administratives  ! 
Les  principales  sont  les  deux  affaires  de  l'abbé  Duchesne  et  de  l'abbé 
Loisy,  où  peut-être  Mgr  d'Hulst  ne  montra  pas  assez  de  prudence. 
Affaires  délicates,  que  Mgr  Baudrillart,  admirablement  documenté, 
raconte  avec  beaucoup  de  franchise  et  de  netteté;  luttes  émouvantes, 
on  peut  le  dire,  car  Mgr  d'Hulst,  vivement  pris  à  partie  par  certains 
évêques,  eut  à  se  défendre  vigoureusement,  lui  et  ses  amis,  et  il  le  fit 
avec  un  grand  talent  et  un  grand  courage,  dignes  peut-être  de  causes 
meilleures,  j'ose  le  dire,  bien  que  son  éminent  biographe  ne  semble 
pas  être  de  cet  avis.  Rendons-lui  d'ailleurs  cette  justice  que  s'il  fait 
large  la  part  de  la  louange,  il  ne  fait  pas  silence  sur  les  torts  des  pro- 
fesseurs qui  avaient  attiré  ce  gros  orage  sur  l'Institut;  il  faut  rendre 
hommage  au  talent  qu'il  a  déployé  dans  ces  récits  d'un  ordre  très 
délicat,  et  aussi  à  son  esprit  de  mesure  et  d'équité,  qui  le  garde  impar- 
tial et  juste  pour  tous.  Même  si  on  ne  partageait  pas  en  tout  les  appré- 
ciations de  l'auteur,  il  ne  serait  pas  possible  de  ne  point  admirer  ces 
pages  magistrales,  où  l'écrivain  et  l'historien  donnent  leur  mesure. 


Lo  dernier  chapitre  est  consacré  è  l'œuvre  des  congrès  scientifiques, 
internationaux  des  catholiques,  et  il  çst,  comme  les  précédents,  d'un 
très  grand  intérêt.  Le  seul  fait  que  cette  œuvre  n'ait  pour  ainsi  dire 
pas  survécu  à  Mgr  d'Hulst,  et  qu'elle  soit  morte  de  sa  mort,  après  avoir 
épuisé  la  force  d'impulsion  qu'il  avait  su  lui  donner,  montre  assez  que 
Mgr  d'Hulst  en  était  vraiment  l'âme,  et  que,  s'il  n'en  avait  pas  été  le 
seul  inspirateur,  il  en  avait  été  du  moins  le  principal  organisateur  et 
le  modérateur  nécessaire.  De  ce  qui  ne  se  fait  plus  depuis  qu'il  a  dis- 
paru, on  peut  conclure,  presque  autant  que  de  son  action  vivante,  à 
la- place  éminente  qu'il  a  tenue  dans  le  mouvement  intellectuel  catho- 
lique de  notre  temps. 

J'C  ne  veux  pas  insis.ter  davantage  :  aussi  bien  n'en  est-ce  pas  assez 
pour  montrer  îa  grande  valeur  et  l'exceptionnel  intérêt  de  ce  volume 
qui  fait  autant  d'honneuir  à  Mgr  d'Hulst  qu'à  son  biographe? C'est  un 
maître  livre,  et  qui  fait  vivement  désirer  que  la  suite  et  la  fin  de 
l'œuvre,  si  magistralement  commencée,  ne  se  fasse  pas  trop  attendre. 

P.  Talon. 

I^  inonf  Saint- Mieliel  inconnu,  d'après  det  docvmenla  inédits,  par 
ÉTiBNNE  ÛUPONT.  Paris,  Perria,  1912,  petit  iu-8  de  326  p.,  avec  8grav. 
—  Piix  :  5  fr. 

Les  douze  chapitres  qui  composent  ce  volume  attestent  l'amour 
que  leur  auteur  professe  pour  le  Mont  Saint-Michel.  Originaire 
d'Avranches,  M.  E.  Dupont,  dès  ses  premières  années,  aperçut  l'ab- 
baye, dans  le  lointain  brumeux  de  sa  grande  baie,  à  travers  les  arbres 
du  Jardin  des  plantes.  L'homme  mûr  est  resté  fidèle  au  site,  au  monu- 
ment, aux  aventures,  aux  légendes  dont  s'enchanta  son  enfance.  La 
Préface  évoque  quelques-uns  des  prédécesseurs  de  M.  Dupont,  csnime 
MM.  de  Gerville,  de  Saint- Victor,  de  Dinchomps,  Boudent-Godelinière, 
l'abbé  Desroches  et  surtout  Edouard  Le  Héricher,  le  meilleur  histo- 
rien, à  coup  sûr,  de  l'abbaye-forteresse  et  le  plus  lettré  des  érudit» 
bas-normands.  Une  brève  mention  est  accordée  à  un  autre  miche- 
liste,  Victor  Jacques,  mort  prématurément,  il  y  a  une  vingtaine  d'an- 
nées, sans  avolT  réalisé  toutes  les  espérances  que  ses  amis  avaient 
loûdées  sur  son  avenir.  J'ai  connu  particulièrement  Victor  Jacques. 
Né  à  Genêts,  Jacques,  après  avoir  fait  d'excellentes  études  à  l'Ab- 
baye-Blanche,  près  Mortain,  franchit  le  seuil  de  Solesmes  et  revêtit 
la  coule  du  bénédictin.  Dom  Gueranger  permit  an  jeune  postulant 
d'aller  à  Rome.  Là,  Victor  Jacques  fut  mis  en  relations  avec  Mgr 
Raphaël  Sirolli,  curé  de  San  Salvatore  w  Lauro.  Cet  excellent  prélat 
avait  une  sœur.  Le  jeune  postulant  l'aima.  Avec  l'agrément  de 
l'autorité  pontificale,  Jacques  —  non  engagé  dans  les  ordres  sacrés — 
quitta  l'habit  religieux  et  épousa  la  signorina  Sirolli.  La  Normandie 


—  73  — . 

reconquit  presque  aussitôt  Jacques.  Excellent  catholique,  loin  d'aban- 
donner les  études  auxquelles  il  s'était  voué,  à  Solesmes,  Jacques  se 
créa  une  bibliothèque  michelienne  sans  égale  en  Europe,  publia  un 
Mont  Saint- Michel  en  poche  des  plus  estimés,  et,  lorsque  Paul  Féval 
entreprit  d'écrire,  pour  l'éditeur  Palmé,  l'histoire  de  l'abbaye,  l'ex- 
postulant  bénédictin  fournit  au  brillant  écrivain  tous  les  documents  et 
concourut  à  l'élaboration  de  bien  des  pages:  Voilà  un  curieux  chapitre 
qui  aurait  pu  figurer,  ce  me  semble,  dans  le  Mont  Saint- Michel  inconnu. 
M.  Etienne  Dupont  est,  à  l'heure  présente,  le  plus  fervent  «  michaé- 
lographe  »  de  notre  pays.  Il  me  suffira  de  signaler  le  Mont  Saint- 
Michel.  Etudes  et  Chroniques;  —  le  Mont  Saint- Michel  et  les  Pays 
étrangers;  —  le  Légendaire  du  Mont  Saint-Michel  et,  enfin,  la  Biblio- 
graphie générale  du  Mont  Saint- Michel.  Dans  le  dernier  livre,  le  il/oAif 
Saint-Michel  inconnu,  revivent  les  grands  abbés,  Robert  de  Torigny 
et  pierre  Le  Roy,  les  chemins  montais,  les  pèlerinages  d'enfants,  lea 
anciennes  hôtelleries,  les  cloches  de  l'abbaye,  les  espions  et  lea 
espionnes,  les  traîtres,  les  prisonniers  et  les  cachots,  l'astrologue 
Tiphaine  Raguenel,  les  salines,  les  boutiques,  les  enseignes,  etc.,  etc. 
Parmi  les  notices  dont  nous  a  gratifiés  M.  Dupont  et  qu'il  a  rédigée» 
dans  un  style  alerte,  tout,  certes,  n'est  pas  incûimu  du  publie  lettré 
mais  tout  est  intéressant  et  mérite  d'être  lu.         Oscar  Havard. 


BULLETIN 

Dieu  existe,  par  IIenky  DE    PuLLY.    Paris,     Beauchesne,   1911,  ia-16    de 
6i  p.  —  Prix  :  0  fr.  50. 

Cette  brochure  présente,  sous  une  fornie  coneiseet  suggestive,  les  princi- 
paux arguments  en  faA  eurdel'existence  de  Dieu.  Destinée  à  des  élèves,  elle 
est  claire  et  solide,  appuyant  plus  sur  les  évidences  de  sens  commun  cfiie  sur 
les  subtilités  dialectiques.  Toutefois  tel  ou  tel  procédé  d'argumentation 
paraît  trop  rapide,  telle  la  preuve  par  la  loi  morale  (p.  13  sq.),pai'  l'ordre 
du  monde  (p.  25  sq.),  «  La  loi  morale,  est-il  dit,  est  un  fait  psychologique 
qui  s'impose  à  l'homme  ».  —  Cn  concédera  que  la  convenance  ou  la  discon- 
venance des  actes  avec  la  nature  raisonnable  est  inéluctablement  perçue 
et  sentie.  Soit.  L'interprétation  de  ce  fait  en  loi,  de  cette  convenance  ou 
nécessité  ontologique  en  obligation  m&raJe,  préexige  la  connaissance  d'un 
législateur  absolu.  —  L'ordre  du  monde  n'est  évident  qu'à  ceux  qui  ne 
réfléchissent  pas  ou  qui,  ayant  beaucoup  réfléchi,  ont  résolu  les  multiples 
objectio'ns  qui  se  présentent  dans  une  intelligence  proionde  et  bienveillante 
des  vues  de  la  Providence.  La  /ï/ia/f/e,  si  visible  dans  les  éléments  du  monde, 
prouve  Dieu —  et  M.  de  PuUy  fait  valoir  en  ce  sens,  dans  sa  troisième  par- 
tie, nombre  d'observations  excellentes;  l'ardre  geniral  du  monde  ne  peut 
être  compris  qu'après  Dieu  prouvé.  H.  Gus. 


—  74  — 

El  .%cllvii»ino  de  Di%Iinea  y  «I  Pj-a^mntlsnio  de  los  nio«l«rai»tas  en 
•us  reluclone*  cou  Im  itpoTo^ci lesi,  por  JosÉ  CabanaCH.  B^rcelona, 
Subiraiia,  1911,  in-IG  de  78  p.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Ralinea  polltico,  por  M.  Abboleya  Martînbz.  BiFcelona,  Subiraoa,  IQt t , 
petit  iD-I6  de  xxxi-76  p.  —  Prix  :  I  fr. 

Le  centenaire  de  l'illustre  philosophe  barcelonais  Balmès  a  dunné  lieu 
à  un  Congrès  où  des  travaux  importants  ont  été  lus  devant  un  auditoire 
d'élite.  Les  deux  opuscules  qfue  nous  signalons  ici  ont  été  couronnés  par  le 
jury,  et  certes  ils  méritaient  cet  honneur.  Le  premier  nous  donne  la  syn- 
thèse de  la  doctrine  balmésienne  mise  en  face  de  la  théorie  moderniste  — - 
sujet,  on  le  voit,  tout  brûlant  d'actualité.  — ■  Après  avoir  exposé  les  prin- 
cipes fondamentaux  de  la  philosophie  de  Balmès,  l'auteur  en  déduit  les 
conséquences  doctrinales,  qui  se  résument  en  cette  thèse  :  «  L'activité  de 
notre  âme  doit  nécessairement  être  développée  par  une  cause  externe.  » 
S'il  y  a  une  activité  innée  en  nous,  elle  n'exclut  pas  la  cause  efficiente, 
créatrice  d'un  être  supérieur.  Le  modernisme,  lui,  ne  voit  et  ne  veut  voir 
que  l'intuition  sentimentale  de  l'être  créé  sans  relation  asec  la  causalité. 
Tel  est,  croyons-nous,  le  fond  même  de  la  dissertation  très  serrée  et  très 
logique  de  M.    Cabanach.  j  -.  .^ 

Le  second  opuscule  montre  que  Balmès,  dans  son  action  et  dans  son  sys- 
tème politique,  a  toujours  été  d'accord  avec  les  enseignements  pontificaux. 
Il  avait  rêvé  de  réconcilier  les  divers  partis  par  une  alliance  d'Isabelle  II 
et  du  fils  aîné  de  Don  Carlos,  dans  le  but  d'asseoir  sur  le  trône  d'Espagne 
un  gou\ernement  catholique  robuste  qui  mît  fin  aux  di;isions.  Mais  il  ne 
sacrifiait  aucun  principe  essentiel,  il  ne  transigeait  pas  a\  ec  le  libéralisme, 
dont  il  fut  un  des  plus  terribles  adversaires. 

Nous  voudrions  qu'il  se  rencontrât  en  France  un  traducteur  de  ces  deux 
magistrales  œuvres,  que  nous  regrettons  de  ne  potvjir,  faute  de  p'ace, 
analyser  plus  complètement,  et  nous  en  recommandons  bien  volontiers  la 
lecture  à  tous  ceux  qui  re-iherchent  une  documentation  substantielle  sur 
les  sujets  qu'elles  traitent.  G.  Bernard. 


civUme  et  catlioileisme,  par  E.  JuLiBN.  Paris,  Bloud,  1911,  iii-12  de  64  p. 
'Collection  Science  ri  Religion].  —  Pris:  0  fr.  60. 

■..e  Mouvement  démocratique  et  les  enlliollqu  -m  fi-ançaii*,  de  l830 
à  1880,  par  JuLBS  Gay.  Paris,  Bloud,  191 1  (même  colleclion).—  Prix  :  Ofr.60. 

Les  Con^ervaieui  »  de  la  IH'  Répultlique.  Notes  d'h'sloir'e,  pa'*  GBORGBS 
HooG.  Paris,  Bloud,  lyiO,  in-16  de  133  p.   —  Prix  :   1  fr.  50. 

Ces  trois  petits  volumes  sont  inspirés  du  même  esprit.  Ils  déplorent  que 
l'on  ait  souvent  opposé,  ils  s'efforcent  de  rapprocher  démocratie  et  catho- 
licisme. 

—  M.  E.  Julien,  agrégé  de  l'Université,  montre,  non  sans  chaleur,  que  l'on 
peut  être  à  la  fois  catholique  et  bon  Français.  Il  s'indigne  contre  les  pré- 
tendues incompatibilités  invoquées  à  cet  égard  par  l'anticléricalisme  cou- 
rant. Dans  Son  désir  de  conciliation,  peut-être  donne- 1- il  de  la  Déclara- 
tion des  droits  de  l'homme  de  la  Constituante  une  interprétation  plus 
bienveillante  qu'exacte.  J'aurais  souhaité  un  peu  plus  de  netteté  et  de 
dé.?ision  à  marquer  ce  que,  sous  le  nom  de  démocratie,  on  professe  sou- 
vent d'inacceptable  non  seulement  pour  le  chrétien,  mais  pour  l'homme 
raisonnable. 

—  Le  Mouvement  démocratique  est  présenté  par  M.' Jules  Gay,  professeur 


—  75  — 

adjoint  à  l'Universitt  de  Li'le,  (nmme  un  mou\ement  politique  tendant  à 
l'extension  ani.erselle  du  suffrage  et  à  l'établissement  de  la  République 
•et  un  mou\ement  s jcial  —  (est-il  nécessairement  solidaire  du  premier?) 
—  tendant  à  améliorer  l'organisation  de  la  s  ciété,  en  procurant  aux  plus 
déshérités  de  ses  membres  un  accrLissement  de  bien-être,  de  sécurité  et  de 
dignité.  A  ce  mouvement,  les  oathulic^ues  ne  lui  semblent  avoir  franche- 
ment tenté  de  collaborer  que  deux  fois,  durant  la  période  qu'il  étud'e,  et 
encore  ne  fût-ce  le  fait  aue  de  ouelqu'^s  catholiques,  peu  suivis  par  l'en- 
semble de  leurs  coreligionnaires  en  1830-1.S31  avec  t'^penir,  si irtout  dans 
les  articles  de  Lamennais;  et  en  1848  avec  l'È'-e  nouvelle,  lancée  par  Oza- 
nam  et  l'abbé  Maret,  mais  dont  le  succès  tomba  vite  après  les  journées  de 
juin.  Il  indique  bien  que  ni  Laccrdaireni Montalembert  n'eurent,  eux,  le 
culte  aveugle  de  la  dt'mocratie.  Sur  les  divers  événements  politiques  qu'il 
résume,  sv;r  la  ré  volution  du  4  Septembre,  sur  les  responsabilités  de  nos 
•désastres  en  1870-1871,  sur  la  Commune  de  Paris  (1871),  poir  laquelle  il  se 
montre  indulgent,  l'auteur  adopte  les  jugements  de  l'orthodoxie  républi- 
caine. 

—  Mélancolique  histoire,  que  celle  que  vient  de  retracer,  non  sans  verve 
ni  sans  esprit,  le  secrétaire  de  la  rédaction  de  la  Démocratie,  M.  Georges 
Hoog,  et  qu'il  aurait  pu  intitiiler  histoire,  de  1871  à  1906,  des  fautes  des 
cathcliques  et,  si  l'on  peut  employer  encore  ce  vocable  démodé,  des  con- 
-servateurs  français.  La  dernière  partie  de  l'opuscule,  dans  laquelle  est  faite 
trts  large  place  à  M.  Jules  Lemaitre  et  à  V Action  jrança-se.  tombe  trop,  à 
mon  sens,  dans  la  polémique.  Le  sous-titre:  N  >'es d'histoire con  ■lewimiQv^ 
aux  pages  qui  nous  montrent  quels  bra  .es  gens  furent  les  membres  de  la 
droite  de  l'Assemblée  nationale  et  le  maréchal  de  Mac-Mahon,  pas  très 
heureux  politiques  sans  doute,  et  en  tout  cas  témoignant  pou.r  la  légalité 
un  respect,  dont  ne  furent  jamais  embarrassas  les  républicains.  Il  y  a  des 
esovisses  bien  rondaes,  notamment  celle  de  Jules  Grévy,  le  bourgeois  jaco- 
bin. On  n''  néglige  "pas  de  rappeler,  av  c  citali  ^ns  à  l'appui,  les  imprudences 
et  les  maladresses  de  certains  catholiques,  q  i  vraiment  peuvent  faire  dire 
qu'alors  ce  sont  les  C(;nser>-ateurs  qui  ont  été  compromis  par  l'E  ^lise  pli.tôt 
qu'i's  ne  l'ont  compromise.  Mais  il  y  a  trop  d'éléments  d'appréciation  im- 
portants que  l'auteur  a  laissés  dans  l'ombre:  concours  prêté  par  Bismarck 
au  parti  républicain  en  France,  action  anormale  exercée  svr  la  pcliticjue 
française  par  les  protestants,  les  juifs,  les  francs-maçons,  dé /eloppement 
systématique  depuis  1880  jusqu'à  la  loi  de  séparation  spoliatrice  de  190.5 
d'une  législation  tendant  à  déchristianiser  la  France,  développement  si 
continu  qu'aucun  ministère,  même  ceux  qui  parlaient  détente  et  apaise- 
ment, n'a  jamais  osé,  en  ces  matières,  proposer  une  mesure  réparatrice 

Baron  Angot  des  Rotours. 


Pfcmièfef»  Connaissance-  agrleofo».  {Certificat  (VéLudes  primaires),  par 
J.  Lbday.  Paùs,  J.  d)  G'goril,  s.  d.,  in-18  carlonué  de  Si  p.,  et  62  fig.  — 
Prix:  0  fr.50. 

Dans  ce  petit  livre,  l'auteur  expose  les  notions  de  botanique,  d'agricul- 
ture, d'horticulture,  de  zootechnie,  qu'il  est  nécessaire  de  connaître  pour 
l'obtention  du  certificat  d'études  primaires.  Ouvrage  bien  présenté,  mais 
où  l'on  peut  relever  quelques  inexactitudes,  faciles  d'ailleurs  à  rectifier  dans 
une  prochaine  édition,  telles  que  les  suivantes  :  p.  11,  «  Étamines  »,  :  Ce 
sont  des  filets  dont  les  pieds  partent  de  la  corolle.  —  P.  11.  «  Production 
de  la  graine  et  du  fruit  »  :  Un  grain  de  pollen  tombe  sur  un  stigmate,  y  est 


--  76  — 

retenu.  «  Il  descend  par  le  style  dans  l'ovaire»,  y  rencontre  un  ovule  avec 

lequel  il  se  fusionne —  P.  42,  «  Stratification  ».  Faire  stratifier  cer- 

taiiies  graines,  c'est  les  faire  germer.  —  P.  43,  «  Greffe  ».  La  greffe  a  pour- 
bnt  de  faire  pousser  sur  un  arbre  de  la  môme  famille  «  un  rameau  d'arbre- 
dé]\  greffé  »  qui  a  d)nné  de  beaux:  fruits.  '  D.  B. 


C4iani]>lgiiom    mortels   ot    «l»ii;5eraiix,    descriplinns,   p.gw's  fl  rem'.des , 
par    FBRNA.ND    GerÉauBN.    Paris,   Larousse,   s.  d.,  iQ-12   de  35   p.,   avec 

I  plaucbes. 

II  existe  d'e.vcellents  ouvrages,  parfaitement  illustrés,  destinés  à  faire 
connaître  les  champignons  comestibles  et  vénéneux.  Malheurei.sefnent, 
ifs  ne  s'adressent  qu'à  un  petit  nombre  de  personnes  en  raison  de  leur 
caractère  souvent  trop  scientifique  et  de  leur  prix  élevé. 

yi.  Ouéguen,  professeur  agrégé  à  l'École  supérieure  de  pharmacie  de 
Paris,  ancien  président  delà  Société  mycologique  de  l'rance,  a  fait  œuvre 
de  très  grande  utilité  en  mettant  à  la  portée  du  public  un  petit  opuscule 
destiné  à  populariser  les  notions  très  élémentaires  permettant  d'éviterles 
empoisonnements. 

Il  n'existe  en  tout  que  cinq  ou  six  champignons  véritablement  vénéneux, 
dont  seulement  deux  ou  trois  mcrtels.  et  c'est  presque  toujours  la  même 
espèce  qui  cause  les  enapoisonnements  suivis  de  mort.  Ce  sont  donc,  avant 
tout,  ces  champignons  redoutables  qu'il  importe  de  connaître. 

Dans  ce  but,  l'auteur  donne  des  fi^-ures  coloriées  d'une  eyactitvde  rigou- 
reuse des  Amanite  phalloïde,  Amanite  citrine,  Volvaire  élégante,  champi- 
gnons mortels;  Amanite  panthère.  Amanite  fausse-orange.  Lépiote  brnnâtrey 
espèces  dangereuses.  Des  descriptions  très  claires,  à  la  portée  de  tous, 
mettent  eu  évidence  leurs  caractères  distinctifs.-  D.  B. 


Isis  et  les  Islaqucs  sou«  l'empire  foiuaiii,    par   JOSKPH    BUREL.    Paris, 
B.oud,  1911,  ii-lG  dd  63  p.   -  Prix  :  1  fr. 

M'idestement,  l'auteur  de  ce  travail  le  présente  comme  une  simple^  note 
ma'i'iale»  à  ce  passage  de  Minucius  Félix  où,  après  avjir  tenté  une  expli- 
cation rationnelle  des  mystères,  Octa\  ien  raille  les  cérémonies  isiaques,  les 
cris  de  douleur  des  prêtres  et  leurs  hurlements  de  joie.  C'est  en  somme  un 
exposé  bref,  mais  complet,  de  ce  culte  égyptien  dans  l'empire  romain.  -On. 
sait  qu'il  y  fut  très  répandu  et  que  sans  avoir  atteint  la  presque  universa- 
lité de  mvthracisme,  ii  exerça  cependant  sur  les  âmes  une  action  assez  pro- 
fonde dont  nous  avons  pour  témoin  le  célèbre  roman  d'Apulée.  Successive- 
ment, M.  Burel  expose  l'émouvante  mythologie  isiaque,  la  théologie,  l'ini- 
tiation, le  culte  et  le  sacerdoce,  cnfi:i  les  causes  du  succès  de  l'isiicisme. 
Tout  cela  très  clair  et  d'une  lecture  -\  raiment  attachante.  M.  Burel  montre 
bien  qu'il  ne  faut  plus  s'en  tenir,  lorsqu'on  parle  des  cultes  exotiques,  à 
l'éponue  impériale,  aux  railleries  des  sceptiqi.es  et  des  satiriques  païens, 
pas  plus  qu'aux  invectives  des  apologistes  chrétiens,  comme  TertuUien. 
La  religion  isiaque,  comme  celle  de  Mithra,  répondait  à  de  véritables 
besoins  religieux,  aux  mêmes  besoins  qui  de\  aient  trou\er  dans  le  christia- 
nisme une  satisfaction  plus  complète,  avec  une  pureté  supérieure,  et  sur- 
tout avec  des  bases  historiques  plus  assurées  que  ces  cultes  dont  les  ori- 
gines mythiques  se  perdaient  dans  l'obscurité  totale  d'un  recul  indéfmL 
Quelques  lecteurs  penseront  peut-être  que  l'écrivain  chrétien,  séduit  par 


—  77  — 

la  valeur  réelle  de  l'isiacisme  et  la  grande  poésie  de  son  culte,  s'est  laissé 
■entraîner  à  un  optimisme  qui  eât  appelé  quelques  réserv'es.  Ceux-là  trouve- 
ront la  contre-partie  dans  un  article  asse:  réceat  du  P.  Lagrange  {Corres- 
pondant di  25  juillet  1910)  et  pourront  se  faire  une  opinion  ea  toute  con- 
naissance  do   cause.  André   Baudrill.vrt. 

l.aDét(*esse  tlans  la  toixrmani^.Tribul.atio'is  d'un  InUe^ir,  parj.  SA.NTO- 
Paris,  chez  l'auleur,  131,  rue  de  Vaugirard,  1911,  in-l6  de  209  p.  —  Prix: 
1  fr.  10. 

C'est  rhi3t)ire  très  pittoresriue  et  tràs  émue  d'un  modeste  Alsacien  qui 
vient  à  Paris,  travaille  dans  l'atelier  d'un  imprimeur  et  subit  les  plus  cruelles 
épreuves,  à  cause  de  ses  convictions  religieuses.  Catholique  intraitable, 
M.  Santo  profite,  en  effet,  de  toutes  les  occasions  pour  défendre,  soit  par  la 
parole,  soit  par  la  plume,  la  cause  de  l'Église  catholique.  En  dctresse  dans 
la  lourmente  raconte  les  déboires,  et  en  même  temps  aussi  les  triomphes 
<je  ce  bon  Français,  non  moins  vaillant  qu'éloquent.  O.  H. 


C H  h 0  NIQUE 

NÉCROLOGIE.  — .M.  Henry-Jean-Baptiste- Anatole  Leroy-Beaulieu, 
membre  de  l'Institut,  directeur  de  l'École  libre  des  sciences  politiques, 
est  mort  à  Paris,  le  16  juin,  à  70  ans.  Frère  de  l'économiste  Paul  Leroy- 
Beaulieu,  il  était  né  à  Lisie  ix,  en  1842.  Après  s'être  occupé  pendant  un 
certain  temps  d'études  littéraires  et  artistiques,  il  alla  faire  un  assei 
long  séjour  en  Russie,  d'où  il  rapporta  une  abondante  djcumentation 
sur  l'organisation  politique  et  SDciale  des  peuples  slaves.  A  sm  retour, 
en  1881,  il  fut  nommé  professeur  d'histoire  contemporaine  et  des  affaires 
d'Orient  à  l'Ecole  libre  des  sciences  politiques  et,  un  peu  plus  tard,  il 
de.'int  directeur  de  cet  établissement.  Le  30  a»'ril  1887,  il  fut  élu  membre 
libre  de  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  L'œuvre  de  M.  Aua- 
t  )le  Leroy-Beaulieu  est  considérable  et  variée.  Em2>reinte  d'an  large  libé- 
ralisme, elle  est  en  grande  partie  consacrée  à  la  défense  des  protestants, 
dîs  juifs  et  des  catholiques.  M.  Leroy-Beaulieu,  qui  fut  un  colla- 
borateur de  la  Revue  des  Deux- Mondes ,  a  publié  les  volumes  suivants  : 
Heures  de  solitude.  Fantaisies  poétiques  (Paris,  1865,  in-12);  —  Une 
Troupe  de  comédiens  (Paris,  1866,  in'-12);  —  La  Restauration  de  nos  mo- 
numents historiques  devant  Part  et  devant  le  budget.  Cathédrale  d'Évreux 
(Paris,  1875,  in-8);  — •  Un  Empsrew,  un  roi,  un  paps,  une  restauration 
(Paris,  1879,  in-12);  — •  L'Empire  d^s  tsars  et  les  Russes  (Paris,  188Î- 
1889,  3  vol.  in-8);  — •  Un  Homme  d'État  russe,  Nicolas  Milutine,  d'après 
sa  correspondance  inédite.  Étude  sur  la  Russie  et  la  Pologne  pendant  le 
règne.  d'Alexandre  II,  1865-1872  (Paris,  1884,  in-12);  —  Les  Catholiques 
libh-auv;  l'Église  et  le  libiralism?,  de  1830  à  nos  fours  (Paris,  1885, 
in-12);  —  La  France,  la  Russie  et  l'Europe  (Paris,  1888,  in-8);  — ■  La 
Révolution  et  le  libéralisme.  Essais  de  critique  et  d'histoire  (Paris,  1890, 
in-12i;  —  La  Papauté,  le  socialisme  et  la  démocratie  (Paris,  1892,  in-12); 
—  L';s  Juifs  et  V Antisémitisme.  Israël  chez  les  nations  (Paris,  1893,  in-12); 
— ■  Les  Arm'-niens  et  la  question  armhiienne  (Paris,  1896,  in-8);  —  L'An- 
tishnitism-i  (Paris,  1897,  in-12);  — ■  Études  russes  et  européennes.  L'Emps- 
r^w    Alexandre    II;    VEmp^rertr    Alexandre    III;    la  France,  l'Italie  et  la 


Triple  Alliance,  etc.  (Paris,  1897,  in-12);—  Les  Périls  de  l'heure  présente. 
L'antisémitisnie,  le  nationalisme,  le  socialisme  et  Vantichricalisme  (Paris, 
1901,  ia-8);  —  Les  États-Unis  d'Europe  (Paris,  1901,  in-8),  avec  André 
Fleury,  René  Dollot,  etc.;  —  Les  Doctrines  de  haine  [V antisémitisme , 
V antiprotestantisme,  V anticléricalisme  (Paris,  1901,  in-12);  ■ —  Les  Congré- 
gations religieuses  et  Vexpansion  de  la  France  (Paris,  1903,  in-16);  — 
Christianisme  et  démocratie.  Christianisme  et  socialisme  (Paris,  l905,  in-16); 
—  Les  Questions  actuelles  de  politique  étrangère  en  Europe  (paris,  1907, 
in-12),    avec   F.    Charmes,    R.  Millet,    etc. 

—  M.  Frédéric  Passy,  économiste,  membre  de  l'Institut  et  ancien 
député,  est  mort  à  Paris  le  13  juin,  à  90  ans.  Il  naquit  à  Paris  le  20  mai 
1822.  Ses  études  de  droit  terminées,  il  fut  auditeur  au  Conseil  d'État 
de  1846  à  1848  et  se  consacra  entièrement  à  l'étude  de  l'économie  poli- 
tique, science  dont  il  s'eiïorça  de  répandre  la  connaissance  par  de  nom- 
breuses conférences  faites  principalement  dans  le  midi  de  la  France, 
ainsi  que  par  divers  ouvrages  qui  lui  ouvrirent  les  portes  de  l'Institut. 
En  effet,  le  3  février  1877,  il  fut  élu  membre  de  l'Académie  des  sciences 
morales  et  politiques  en  remplacement  de  M.  Wolowski.  Nommé  dép  té 
de  Paris  en  1881,  il  siégea  au  centre  gauche  jusqu'en  1889,  année  où  il 
ne  fut  pas  réélu.  Hanté  par  les  utopies  humanitaires  et  pacifistes,  M.  Fré- 
déric Pass^r  fut  l'un  des  fondateurs  et  le  secrétaire  général  de  la  Ligue 
internationale  et  permanente  de  la  paix.  Ses  campagnes  en  faveur  de 
l'établissement  de  la  paix  universelle,  grâce  à  l'institution  de  l'arbitrage 
entre  nations,  sont  bien  connues.  Elles  eurent  au  moins  pour  lui  l'avantage 
de  lui  faire  obtenir  le  prix  Nobel  en  1901.  En  dehors  d'un  certain  nom- 
bre de  discours  et  conférences,  publiés  dans  les  journaux  et  tirés  à  part, 
INI.  Frédéric  Passy  a  fait  paraître  les  ouvrages  suivants  :  Mélanges  éco- 
nomiqices  (PdJ-is,  1858,  in-18)  ;  ■ —  De  la  Propriété  intellectuelle  (Paris,  1859, 
in-8);  —  De  l'Enseignement  obligatoire  (Paris,  1859,  in-8);  —  De  la  Souve- 
raineté temporelle  des  Papes  (Paris,  1860,  in-8)  ;■ — Leçons  d'économie  polinque 
faites  à  Montpellier  (Paris,  1860,  1861,  2  vol.  in-8);  • —  De  l'Influence  de  la 
contrainte  et  de  la  liberté  (Paris,  1886,  in-8)  ;  —  La  Question  des  jeux  (Paris) 
1872,  in-8);  —  La  Guerre  et  la  Paix  (Paris,  1867,  in-8);  —  Communaidi 
et  Comtnunistne  (Paris,  1867,  in-8);  —  De  l'Importance  des  études  écono- 
miques (Paris,  1873,  in-8);  —  La  Solidarité  du  travail  et  du  capital  (Paris, 
1874,  in-8);  —  La  Liberté  du  travail  et  les  traités  de  commerce  (Paris, 
1879,  in-8);  - — •  Le  Petit  Poucet  du  xix®  siècle,  George  Stephenson  et  la 
naissance  des  chemins  de  fer  (Paris,  1881,  in-18);  —  Edouard  Laboulaye 
(Paris,  1884,  in-8);  —  Les  Fables  de  La  Fontaine,  conférence  (Paris, 
1888,  in-8);  —  L'École  de  la  liberté  (Paris,  1890,  in-8);  —  Vérité  et  para- 
doxes (Paris,  1894,  in-12);  —  Le  Respect  (Paris,  1895,  in-8);  —  Une 
Exhumation.  Un  Cours  libre  sous  l'Empire  (Paris,  1900,  in-12);  —  L'Hé- 
ritage du  xix«  siècle  (Paris,  1900,  in-8);  —  Jeen  de  Bloch  et  le  Musée 
de  la  guerre  et  de  la  paix  (Paris,  1900,  in-12);  —  Pages  et  discours  (Pa- 
ris, 1901,  in-12);  —  Feuilles  éparses,  poésies,  1840-1904  (Paris,  1904, 
in-12);  —  La  Paix  et  l'enseignement  pacifiste.  Leçons  professées  à  l'École 
des  hautes  études  sociales  (Paris,  1904,  in-8);  —  Historique  du  mouvement 
de  la  paix  (Paris.  1905,  in-12);  —  Les  Causeries  du  grand-père  (Paris, 
1905,   i.i-12). 

—  Le  R.  P.  Elisée- Vincent  Mau.mls,  de  Perdre  des  trères prêcheurs,  est 
mort  à  Mirande  (Gers),  le  14  juin,  à  l'âge  de  71  ans.  En  dehors  de  deux 
livres  de  philosophie    pure,  le   P.  Maumus  a  publié  toute  une  série  de 


—  79  — 

volumes  d'actualité  dans  lesquels  sont  exposées  ses  utopies  politiques. 
Voici  les  titres  de  ces  ouvrages  :  La  Doctrine  spirituelle  de  saint  Thomas 
<V Aquin  (Paris,  1885,  in-12);  — •  Saint  Thomas  d'Aquin  et  la  philosophie 
cartésienne.  Études  de  doctrines  comparées  (Paris,  1890,  in-12);  —  Les 
Phil'isophes  contemporains  (Paris,  1891,  in-12);  - — -  La  République  et  la 
politique  de  l'Eglise  (Paris,  1892,  in-16);  —  La  Pacification  politique  et 
religieuse  (Paris,  1893,  in-12);  —  L'Église  et  la  démocratie.  Histoire  des 
questions  sociales  (Paris-,  1893,  in-12);  —  L'Église  et  la  France  moderne 
(Paris,  1896,  in-12);  —  Les  Catholiques  et  la  liberté  politique  (Paris, 
1897,  in-12);  —  La  Politique  pratique  à  l'heure  présente  (Paris,  1901, 
in-8);  ■ — -  La  Crise  religieuse  et  les  leçons  de  l'histoire  (Paris,   1902,  in-12); 

—  La  Préparation  à  la  foi  (Paris,  1904,  in-12);  —  L'Église  vengée.  Ré- 
ponse à  la  brochure  de  M.  Anatole  France  «  L'Eglise  et  la  République  » 
(Paris,  1905,  in-8);  —  Le  Despotisme  jacobin.  Lettres  d'un  libéral  (Paris, 
1906,  in-12);  —  La  Défense  de  la  foi  (Paris,  1907,  in-12);  —  Les  Mo- 
dernistes (Paris,   1909,  in-12). 

—  Les  sâ3nces  astronomiques  ont  perdu  un  de  leurs  plus  remarqua- 
bles représentants,  M.  Charles  André,  mort  à  Lyon,  au  commencement 
de  juin,  à  70  ans.  Né  à  Chauny  (Aisne)  le  14  mars  1842,  M.  André 
entra  à  l'École  normale  supérieure  en  1861  et  en  sortit  en  1864  comme 
agrégé  des  sciences  physiques.  Nommé  astronome  adjoint  à  l'Obser  atoire 
de  Paris,  il  obtint,  en  1877,  la  chaire  d'astronomie  à  la  Faculté  des 
sciences  de  Lyon  et  fut  chargé  de  la  direction  de  l'Observatoire  de  cette 
ville,  auquel  il  sut  donner  une  importance  considérable.  A  deux  reprises, 
il  fut  envoyé  dans  les  Montagnes  Rocheuses  et  en  Australie  pour  obser- 
ver le  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil.  En  dehors  d'un  grand  nombre  de 
notes,  études  et  communications  sur  divers  phénomènes  astronomiques 
ou  météorologiques  parues  dans  les  revues  spéciales,  M.  Charles  André 
a  publié  des  ouvrages  estimés,  parmi  lesquels  nous  citerons  :  Cours  de 
physique  à  l'usage  des  élèves  de  la  classe  de  mathématiques  spéciales  (Paris, 
1878,  in-8);  —  L'Astronomie  pratique  et  les  observations  en  Europe  et  en 
Amérique  depuis  le  milieu  du  xvii^  siècle  jusqu'à  nos  jours  (Paris,  1874- 
1878,  5  vol.  i.i-12),  avec  G.  Rayet;  — ■  Étude  de  la  diffraction  dans  les 
instruments  d'optique;  son  influence  dans  les  observations  astronomiques 
(Paris,  1876,  in-8),  thèse  pour  le  doctorat  ès-sciences  physiques;  ■ —  Re- 
chercfies  sur  le  climat  du  Lyonnais  (Lyon,  1881,  gr.  in-8);  ■ — •  Travaux 
■de  l'Observatoire  de  Lyon.  I.  Influence  de  l'altitude  sur  la  marche  diurne 
du  baromètre  (Lyon,  1888,  gr.  in-4);  ■ —  Description  du  service  horaire  de 
la  ville  de  Lyon  (Lyon,   1889,   in-4^,    etc. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Abéniacar.  le  doyen  des 
reporters- photographes,  mort  à  Paris,  à  60  ans,  au  milieu  de  juin;  — 
Jules  Bailliart,  inspecteur  d'académie  honoraire,  mort  à  Douai  le 
3  juin,  à  82  ans;  ■ —  Mgr  Marie-Prosper- Adolphe  de  Bon  fils,  évêque 
du  Mans  depuis  1898,  mort  dans  sa  ville  épiscopale  le  2  juin,  à  71  ans, 
lequel,  en  dehors  de  toute  une  série  de  belles  lettres  pastorales,  avait 
publié,  quand  il  était  aumônier  du  lycée  de  Vannes,  puis  du  collège 
Sainte-Barbe  :  Les  Évangiles  des  dimanches  et  fêtes  principales  de  l'année 
(Paris,  1898,  in-12)  et  Manuel  de  piété  du  jeune  écolier  (Paris,  1881,  in-12); 

—  Léon  DiERx,  poète,  originaire  de  l'île  de  la  Réunion,  mort  à  Paris, 
au  commencement  de  juin,  lequel  laisse  :  Les  Lèvres  closes  (Paris,  1867, 
in-12);  Les  Paroles  du  vaincu  (Paris,  1871,  in-12);  La  Rencontre,  scène 
dramatique  en  vers  (Paris,  1875,  in-16);  Poésies  complètes  (Paris,  1889- 


w  80  — 

IS^M  2  vol.  in-16),  etc.;  —  Orner  Gué raud,  professeur  au  Conser\-atoire 
d^  Touloiise,  critique  musical  à  l'Exprçss  du  Midi,  mort  à  Toulouse,  au 
milieu  de  juin,  à  66  ans;  — •  Paul  Hildenfinger,  bibliothécaire  à  la 
Bibliitthèque  nationale,  mort  à  Paris,  au  milieu  de  juin;  —  Georges  La- 
GUERiiE,  avocat,  député,  ancien  rédacteur  à  la  Justice  que  dirigeait 
]\l.  Clemenceau,  connu  surtout  par  le  rôle  important  qu'il  a  joué  dans 
le  mouvement  boulangiste,  mort  à  Paris,  le  18  juin,  à  54  ans;  —  AJcius 
Ledieu,  qui  laisse  d'assez,  nombreux  ouvrages,  parmi  lesquels  on  peut 
rappeler  :  Traditions  populaires  de  Deinuin  (Paris,  4892,  in-8);  Blason 
p'ipidaire  d'Amiens  (10 J2,  in-8);  Blason  populaire  de  la  Picardie,  et  qui  a 
cj!lab)ré  activ'ement  à  la  Bévue  des  traditions  populaires,  mort  à  Liin- 
clieux  (Sommet,  le  '25  mars  dernier,  à  l'âge  de  62  ans;  —  Lenne,  pro- 
fesseur honoraire  de  philos  )phie  au  collège  RmIIIu,  mort  à  Paris,  au  com- 
mencement de  juin,  à  87  ans;  —  Robert  Leroi,  censeur  des  études  au 
lycée  Michelet,  mort  à  Paris,  au  commencement  de  juin,  à  51  ans;  — 
Édjuard  Pelletan,  l'éditeur  parisien  bien  connu,  mort  à  Paris,  au  com- 
men^emeat  de  juin,  lequel  s'était  fait  un  grand  nom  dans  la  bibliophilie 
par  les  remarquables  éditions  qu'il  a  données,  par  la  fondation  d'une 
Bibliothèque  sociale  et  philosophique  populaire  et  par  l'intéressant  mani- 
feste qu'il  a\-ait  publié  en  débutant  sous  le  titre  :  Le  Livre;  —  Louis 
Vergne,  chef  des  ser/ices  de  publicité  Ai  la  D.'pêche  de  Toulouse,  secré- 
taire î,''énéral  de  la  chambre  syndicale  de  la  publicité,  mort  dernièrement 
à  Paris,  à  54  ans;  —  Victor  Yot,  chef  de  la  comptabilité  générale  à 
la  Baaque  de  France,  professeur  à  l'École  des  sciences  politiques,  mort 
au   commencement  de  juin,   à   Flogny  (\onne). 

—  A  l'étranger  on  aimoace  la  mort  de  MM.  :  Ludwig  Gangelbauer, 
directeur  de  la  section  zoologique  du  Musée  d'histoire  naturelle  de  la 
vin.e  de  Vienne,  mort  dans  le  courant  de  juin,  à  56  ans;  —  T.-A.  Hal- 
BERïSMA,  poète  allemaad,  mort  eu  juin,  à  Ternaud  (Frise  Orientale), 
à  62  ans,  lequel  laisse  divers  volumes  de  vers  écrits  dans  le  dialecte 
fiiS'ii;  — le  Rév.  Joseph  Hammond,  écrivain  anglais,  auteur  de  :  A 
Cornish  Parish;  Church  or  Chapel;  English  Nonconformity  and  Christ's 
Chr.'stianity,  etc.,  mort  au  milieu  de  mai;  —  James  ^Viiliam  Harrison, 
le  drren  des  imprimeurs  de  Londres,  mort  dernièrement,  à  82  ans;  — 
Karl  Hepp,  auteur  dratnatique,  poète  et  nouvelliste  allemand,  mort  à 
Darnstadt,  en  mai,  à  72  ans,  après  aA'oir  publié  :  Eine  Sludentengeschichte 
fStitt'^art,  1890,  in-8);  Weissdom,  Gsdichte-  (Stuttgart,  1890,  in-8),  etc., 
ainsi  qu'une  bonne  biographie  de  Schiller  :  Schillers  Leben  und  Dichten 
(Leiodg,  1885,  in-8);  —  Karl  Hey,  conserv'ateur  du  musée  de  Halbers- 
tadt  (Allemagne),  m^rt  dernièrement  en  cette  ville,  à  75  ans;  —  Dr. 
Mav  Jansen,  professcir  d'histoire  à  l'Université  de  Munich,  mort  en 
cette  ville,  à  la  fm  de  mai,  à  41  ans,  anrès  avoir  publié  :  Gobelinus  Per- 
sm,  Cosmidromius  und  als^  Anh.  dcsselben  Verf.  :  Processus  translacionis 
et  R'Iormacionis  monasterii  Budacensis  (Munster,  1900,  in-8);  Kaiser  Maxi- 
nr.liari  I  (Munich,  1905,  in-4),  etc.;  —  Dr.  Alfred  Ludwig,  professeur 
de  sanscrit  à  l'Université  allemande  de  Prague,  mort  en  cette  ville,  le 
'2  ;uin,  à  80  ans;  —  Schei'h  Hamed  Maty,  ancien  répétiteur  de  langue 
arabe  à  l'É:ole  des  lan;.,' les  orientales  de  Berlin,  mort  au  Caire,  le  24  mai, 
a  il  ans;  —  Dr.  Adilf  Moller,  ancien  directeur  du  «  Magdalenen 
Gvra  lasium  »  de  Bres'.au,  mort  en  cette  ville,  à  la  fm  de  mai,  à  72  ans; 
—  Vntonio  Sanchez  Ferez,  littérateur  et  dramaturge  espagnol,  mort  au 
c  .  :i  iian-.emeit  de  juin;  — ■  le  Dr.  Reymond,  de  Fribourg  (Suisse),  dont 


—  81  — 

les  travaux  sur  la  gynécologie  et  les  recherches  sur  la  tuberculose  font 
autorité,  mort  au  commencement  de  juin;  — ■  Giulio  di  Tito  Ricordi, 
chef  de  la  grande  maison  d'éditions  niu'sicales  fondée  par  son  grand-père 
Giovanni  Ricordi,  laquelle  a  publié  les  oeuvres  de  tous  les  grands  com- 
positeurs italiens,  depuis  Rossini  jusqu'à  Puccini,  et  possède  un  grand 
nombre  de  manuscrits  autographes  de  leurs  œuvres,  mort  dernièrement 
à  Milan;  —  Dr.  Ernest  S.  Roberts,  directeur  du  «  Caius  Collège  »  de 
Cambridge,  mort  en  cette  ville,  au  milieu  de  juin,  lequel  laisse  quelques 
ouvrages  estimés,  entre  autres  une  excellente  Introduction  ta  greek  Epi- 
graphe \  — ■  Ernst  ScHULZE,  professeur  de  chimie  agricole  à  l'Ecole 
technique  supérieure  fédérale  de  Zurich  (Suisse),  mort  en  cette  ville,  en 
juin,  à  72  ans;  —  Pentscho  Slavpikoy,  écrivain  bulgare,  qui  laisse  des 
poésies  et  des  traductions  d'ouvrages  étrangers,  mort  en  juin,  à  Sofia; 
— •  Karl  Stelter,  poète  allemand,  mort  en  mai,  à  Munich,  à  63  ans, 
dont  nous  citerons  seulement  Erlebnisse  eines  Achtzigjàhri gen  (Elberfeld, 
1903,  in-8);  — ■  Dr.  Karl  Stelzel,  professeur  de  construction  et  de  méca- 
nique industrielle  à  l'École  technique  supérieure  de  Gratz  (Autriche), 
mort  dernièrement  en  cette  ville;  —  Dr.  Eduard  Strassburger,  pro- 
fesseur de  botanique  à  l'Université  allemande  de  Bonn,  mort  en  cette 
ville,  le  20  mai,  à  69  ans;  —  Charles-Edouard  Van  den  Broeck,  nu- 
mismate distingué,  qui,  entre  les  années  1865  à  1906,  a  publié  de  nom- 
breux articles  dans  la  Revue  belge  de  numismatique  et  la  Gazette  numis- 
matique, mort  à  Bruxelles,  sa  ville  natale,  le  l^r  mars  dernier,  dans  sa 
92*5  année;  — •  Dr.  Verall,  professeur  de  littérature  anglaise  à  l'Uni- 
versité de  Cambridge,  mort  en  cette  ville,  "au  milieu  de  juin,  lequel, 
outre  de  nombreux  articles  donnés  à  divers  périodiques,  entre  autres 
à  la  Quarterly  Review,  a  publié  quelques  bons  ouvrages  sur  les  anciens 
auteurs  classiques,  tels  que  :  Studies  in  Horace,  Euripides  the  Rationalist, 
etc.;  — -  Johannes  Andréas  von  Wagner,  romancier  et  nouvelliste 
allemand  connu,  ancien  professeur  de  l'École  des  arts  et  métiers  de 
Brunswick,  mort  en  mai  à  Dresde,  à  79  ans,  lequel  a  publié  sous  le 
pseudonyme  de  Johannes  Renatus  :  Lehensskizzen  aus  ernsten  und  heitren 
Tagen  (Dresde,  1885,  2  vol.  in-8);  Die  letzten  Moenche  von  Cybin.  Eine 
Geschichte  aus  dem  16  Jahrhundert  (Leip74g,  1887,  in-8),  etc.;  ■ — ■  Spy- 
ridon  Wassis,  professeur  de  philologie  latine  à  Athènes,  mort  en  cette 
ville,  le  30  mai,  à  59  ans:  —  Dr.  Friedrich  Weber,  professeur  de  phy- 
sique à  l'École  technique  supérieure  fédérale  de  Zurich  (Suisse),  mort 
dernièrement  en  cette  ville,  à  70  ans;  — ■  Dr.  Karl  David  af  Wirsen, 
secrétaire  de  l'Académie  suédoise  et  du  Comité  Nobel,  mort  en  juin  à 
Stockholm,  à  70  ans;  —  Eugen  Wolf,  explorateur  allemand,  auteur  de 
mémoires  géographiques,  mort  à  Munich,  en  mai,  à  62  ans;  — •  Dr.  Fer- 
dinand ZiRKEL,  ancien  professeur  de  minéralogie  et  de  géologie  à  l'Uni- 
versité  de  Leipzig,   mort  à  Bonn,   le  12   juin,   à  75  ans. 

LeCTTjRES  FAITES  A  l'AGADÉMIE  DES  INSCRIPTIONS  ET  BELLES-LETTRES.  

Le  31  mai,  M.  Babelon  lit  une  lettre  de  M.  Toutain  au  sujet  des  fouilles 
exécutées  sur  le  plateau  d'Alise-Sainte-Reine  par  la  Société  des  sciences 
de  Semur.  M.  H.  Omont  annonce  que  M.  le  baron  de  Faviers  vient  de 
faire  don  à  la  Bibliothèque  nationale  d'un  manuscrit  qu'a  fait  rédiger 
le  roi  Louis  XII  et  qui  contient  un  résumé  de  l'histoire  de  France.  —  M.  le 
comte  Durrieu  expose  l'histoire,  reconstituée  par  lui,  d'un  atelier  angevin 
de  peintres  miniaturistes,  qui  a  produit  une  quantité  de  manuscrits 
enluminés  au  cours  du  xv^  siècle.  —  M.  Prou  lit  une  note  de  M.  Poux, 

Juillet  1912.  T.  CXXV.  6. 


—  82  -« 

archiviste  de  l'Aude,  (.onstatant  que  la  vue  de  Carcassonne,  qui  a  servi 
à  la  rostauralion  des  remparts  de  cette  ville,  n'est  qu'une  copie,  remon- 
tant au  xvii*'  siècle,  d'un  document  antérieur.  —  M.  Pottier  exprime 
et  motive  son  opinion  sur  les  vases  corinthiens  attribués  à  Théryclès. — 
Le  7  juin,  M.  Cordier  lit  une  lettre  de  M.  le  D""  Legendre,  chargé  d'une 
mission  en  Afrique, et  danslafpielle  celui-ci  annonce  la  perte  des  documents 
recueillis  pendant  la  mission.  —  M.  de  ]\Iély  croit  pouvoir  trouver  dans 
le  manuscrit  des  Très  Riches  Heures  du  duc  de  Berri  la  preuve  que  des 
artistes  italiens  ont  collaboré  à  la  composition  des  miniatures  de  cet  ou- 
\  rage.  —  M.  le  comte  Durrieu  fait  observer  que  ce  ne  sont  pas  des  mo- 
numents de  Sienne  qui  sont  représentés  dans  le  ms.  de  Chantilly,  mais 
les  monuments  de  Btuirges.  —  M.  Eug.  Cavaignac  traite  de  la  composition 
de  la  phalange  lacédémonienne  à  propos  d'un  texte  de  Xénophon.  — 
Difïérents  aca<lémiciens  échangent  leurs  opinions  à  cette  occasion.  — 
Le  21.  M.Th.  Reinach  annonce  que  M.  Ilunt,  professeur  à  l'Université" 
d'Oxford,  vient  de  découvrir  dans  les  papyrus  d'Oxyrrhinchus,  en  Egypte, 
la  moitié  d'un  drame  satyrique  de  Sophocle,  intitulé:  Les  Dépisteurs.  — 
M.  Pottier  signale  un  vase  du  Louvre  dont  les  dessins  illustrent  la  scène 
décrite  par  M.  Reinach.  —  Le  28,  M.  Homo  indique  comment  les  habi- 
tants de  Rome,  sous  les  empereurs,  pouvaient  donner  leur  adresse  dans 
la  capitale,  divisée  en  «  regiones  ».  —  MM.  M.  Croiset,  Gagnât,  Haus- 
soullier,  Perrot,  Cuq,  Th.  Reinach  présentent  leurs  observations  au  sujet 
de  cette  intéressante  communication.  —  M.  de  Grûneisen  décrit  un  por- 
trait d'Apa  Jérémia  remontant  au  v''  siècle  et  explique  la  signification 
du   nimbe  à  la  fois  circulaire  et  rectangulaire,   qui  entoure  sa  tête.      . 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  ■ — 
Le  8  juin,  M.  G.  Fagniez  lit  un  chapitre  de  son  ouvrage  sur  les  femmes 
au  xvii*^  siècle,  qu'il  montre  protégées  contre  les  écarts  de  conduite 
par  les  coutumes  de  l'époque.  —  Le  14  juin,  M.  Héron  de  Villefosse  lit 
une  lettre  du  P.  Jalabert,  relative  à  un  officier  romain, envoyé  à  Chypre 
pour  réprimer  une  insurrection  des  Juifs.  ■ —  M.  B.  Haussoullier  parle  d'un 
traité  d'assistance  entre  une  ville  d'Achaïe  et  Delphes,  traité  dont  on  a 
retrouvé  en  partie  le  texte.  —  Le  15,  M.  Louis  Renault  annonce  la 
mort  de  M.F.Passy,  survenue  inopinément.  —  Le  22,  M.  E.  Fagniez  fait 
l'éloge  de  M.  Anatole  Leroy-Beaulieu,  qui  vient  de  mourir.  —  Le  23, 
M.  Th.  Ribot  entretient  l'Académie  du  livre  de  M.  Paul  Bourdeau  :  La 
Philosophie  affective.  —  M.  Fagniez  continue  la  lecture  de  son  travail 
sur  les  femmes  au   début  du   xvii^'  siècle. 

Umon  pour  l'étude  du  droit  des  gens  d'après  les  principes  chré- 
tiens. —  Les  16  et  17  juin,  s'est  tenue  à  Paris,  sous  l'initiative  de 
M.  Vanderpol,  une  réunion  en  vue  de  la  constitution  d'un  Institut  de 
droit  international  chrétien.  Les  discussions  de  cette  assemblée  et  les 
travaux  d'une  commission  présidée  par  M.  le  baron  Descamps-David, 
profes.seur  à  l'Université  de  Louvain,  aboutirent  à  une  modification  de 
l'idée  primitive.  Les  statuts  adoptés  par  l'assemblée  portent  qu'  «  il  est 
fondé  une  union  internationale  catholique  pour  l'étude  du  droit  des  gens 
au  point  de  vue  des  principes  chrétiens  et  du  progrès  des  relations  entre 
nations  »  (art.  1).  L'Union  comprend  :  1°  des  membres-'actifs,  qui  parti- 
cipent à  tous  les  travaux  de  l'I'nion  et  qui  doivent  être  agréés  par  le 
conseil  sur  la  présentation^  de  cinq  membres  au  moins  et  des  délégués 
de  la  nationalité  à  laquelle  ils  appartiennent;  2",  des  membres  adhérents 
versant   une   cotisation  aniniflle  de  20  francs,    rachet;d>le  par  un   verse- 


—  83  — 

ment  unique  de  200  francs;  3°  des  membres  bifulyiteurs  versant  une 
cotisation  annuelle  de  100  francs:  '•"  des  fondateurs  donnant  une  somme 
de  1.000  francs  au  moins  une  fois  versas  (art.  2).  «  L'Union  manifeste  son 
activité  dans  l'ordre  des  études  de  sa  compétence  par  des  publications, 
par  des  assemblées  ou  semaines  d'études,  par  des  cours  ou  conférences 
ou  par  tout  autre  moyen  c]ui  sera  jugé  utile  et  opportun  ».  Le  conseil 
se  compose  de  deux  délégués  par  nation,  élus  pour  trois  ans  par  les  mem- 
bres actifs  de  cette  nation.  Le  conseil  choisit  dans  son  sein  son  président 
et  son  vice-président.  11  nomme  pour  trois  ans  un  secrétaire  général 
qu'il  peut  prendre  en  dehors  des  délégués,  parmi  les  membres  actifs 
de  l'Union  et  qui  fait  de  droit  partie  du  conseil.  Dans  chaque  État,  les 
membres  de  l'Union  peuvent  se  constituer  en  comité  national.  Les  mem- 
bres actifs  de  l'Union  doivent  se  réunir  dans  chaque  pays  avant  le  25 
juillet  pour  nommer  leurs  deux  délégués,  et  l'on  a  jugé  désirable  qu'un 
des  deux  délégués  soit  laïque  et  l'autre  ecclésiastique.  Une  réunion  géné- 
rale, qui  aura  lieu  le  27  octobre  à  Lnuvain,  constituera  définitivement 
l'Union  et  arrêtera  le  programme  de  la  première  semaine  internationale. 
Les  Jésuites  et  l'Imprimerie.  • —  Dans  les  pays  de  missions,  où  le 
nombre  nécessairement  restreint  des  ouvriers  évangéiiques  avait  à  faire 
une  abondante  moisson  et  où  l'activité  personnelle  devait,  pour 
satisfaire  à  sa  tâche,  être  doublée  par  d'autres  moyens,  le  recours  à 
l'imprimerie  qui  permettait  de  répandre  dans  ces  populations  la  bonne 
doctrine  et  de  prc^longer  ou,  au  besoin,  de  suppléer  l'enseignement  oral, 
s'imposa  naturellement  de  bonne  heure.  Les  jésuites  ne  furent  pas  des 
dernier.7  à  s'en  apercevoir;  de  tous  côtés  ils  s'attachèrent  à  créer  les 
presses  qui  ne  servirent  pas  d'ailleurs  uniquement  à  l'impression  d'œu- 
vres  dogmatiques,  mais  cfu'ils  utilisèrent  aussi  pour  des  trav'aux  d'ordre 
purement  scientifique.  Dans  un  mémoire  qui  suppose  de  longues  recher- 
ches et  qui,  cependant,  pourra  peut-être  trouver  un  complément  dans 
des  recherches  ultérieures,  le  P.  (;ecili(>  Gômez  Rodeles  nous  apporte 
des  renseignements  curieux  sur  les  imprimeries  que  les  jésuites  ont  pos- 
sédées dans  l'Inde  (à  Goa,  à  Rachol,  à  Lochim,  etc.).  à  Macao  et  sur 
d'autres  points  de  la  Chine,  au  Japon  et,  vraisemblablement,  bien  qu'il 
ne  puisse  apporter  de  textes  précis  sur  ce  point,  en  Indo-Chine.  Ce  tra- 
vail sur  les  Iniprentas  de  los  a/itiguos  jesuitas  en  las  uiisiones  de  Levante 
durante  los  siglos  xvi  a/ xviii  (extrait  de  Raiôn  y  Fe.  2'' édition.  Madrid, 
Rivadeneyra,  1912.  in  8  de  56  p.),  complète  les  publications  anté- 
rieures et  recule  pour  certaines  villes  la  date  connue  jusqu'ici  dé  l'intro- 
duction de  l'imprimerie  (Goa,  par  ex.,  155()  au  lieu  de  1561;  \angasaki, 
1594  au  lieu  de  1600).  —  A  ce  travail,  on  en  rattachera  un  autre  du 
même  érudit,  paru  antérieurement,  dans  lequel  il  a  recherché  les  presses 
établies  par  les  religieux  de  la  même  Compagnie  en  Europe,  en  Amé- 
rique et  aux  Philippines  :  Imprentas  de  los  antiguos  fesuitas  en  Furopa, 
Amériea  y  Filipinas  durante  los  siglos  XVi  al  XViii  (Extrait  du  même 
recueil,  2®  édition.  Ibid.;  1910,  in-8  de  82  p.).  En  même  temps  que 
l'histoire  de  l'imprimerie,  celle  des  missions  et  celle  de  l'activité  litté- 
raire des  ordres  religieux  trouveront  à    puiser  dans  ces  deux  brochures. 

NOMENCLATOR     ANIMALIUM     GENERUM     ET     SUBGENERUM. Parmi     Itg 

grandes  entreprises  de  l'Académie  des  sciences  de  Berlin,  ce  ne  sera  pas 
l'une  des  moins  importantes  ni  des  moins  intéressantes  que  l'établisse- 
ment d'un  Nomenclator  animaliuni  generum  et  subgenerum.  La  nomen- 
clature est  une  des  questions  qui  préoccupent  à  l'heure  actuelle  les  zoo- 


—  84  — 

logues,  et  les  congrès  do  zoologie  ont  discuté  les  règles  à  adopter.  Le 
Nomenclator  de  l'Académie  de  Berlin,  établi  aveu  la  précision  scientifique 
qui  nous  est  annoncée,  rendra  les  plus  précieux  services;  tout  nom  devra 
être  accompagné  de  la  citation  du  passage  original  où  il  est  employé 
pour  la  première  fois. 

Voyage  d'études  en  Allemagne.  —  L'influence  française  n'a  jamais 
cessé  de  se  faire  sentir  en  Allemagne  tant  sur  le  terrain  intellectuel  que 
sur  le  terrain  économique.  En  dépit  des  difficultés  politiques  qui  existent 
entre  les  deux  pays,  la  sympathie  des  Allemands  pour  les  choses  de  France 
n'est  guère  contestable.  Il  y  a  donc  intérêt  à  développer  ces  relations; 
il  y  a  intérêt  surtout  pour  nos  compatriotes  à  être  mieux  informés  de 
ce  qui  se  passe  en  Allemagne.  C'est  une  des  raisons  polir  lesquelles  le 
Journal  d'Allemagne,  dirigé  par  M.  Georges  Boll,  a  pris  l'initiative,  avec 
le  concours  du  Comité  des  voyages  d'études  internationaux  de  Paris,  du 
Comité  berlinois  de  l'alliance  française,  de  l'Œuvre  universitaire  des  séjours 
de  vacances  à  l'étranger  et  d'autres  institutions  analogues,  d'organiser 
pour  le  mois  d'août  un  voyage  d'une  semaine  à  Berlin,  qui  s'adresse 
plus  particulièrement  aux  commerçants  français.  Le  voyage  qui,  tous 
frais  compris  (chemin  de  fer,  repas,  logement,  guides,  excursions,  etc.), 
s'élève  à  la  somme  extrêmement  modique  de  100  francs  en  S'^  classe,  150 
en  2«^  et  200  en  première,  aura  lieu  du  8  au  15  août.  La  visite  de  Berlin  se 
fera  du  9  au  13;  le  14,  un  arrêt  à  Dusseldorf  permettra  de  voir  la 
vieille  cité  et  d'y  visiter  l'exposition  des  villes  d'Allemagne.  11  faut  espé- 
rer que  l'initiative  du  Journal  (T Allemagne  sera  bien  accueillie  et  qu'elle 
sera  le  point  de  départ  de  voyages  analogues. 

Paris.  —  En  publiant  les  requêtes  adressées  à  Philippe  de  Valois  par 
le  prévôt  des  marchands  et  les  échevins  de  la  ville  de  Paris  et  les  ordon- 
nances ou  projet  d'ordonnances  en  réponse  à  ces  requêtes  de  1343,  M.  Ju- 
les Viard  nous  offre  de  précieux  éléments  d'information  sur  les  relations 
entre  VÉckevinage  parisien  et  la  Royauté  sous  Philippe  de  FaZois(  Extrait 
du  Bulletin  de  la  Bibliothèque  et  des  travaux  historiques  de  la  ville  de  Paris, 
fasc.  VI.  Paris,  Imp.  nationale,  1912,  in-8  de  14  p.).  Les  revendications 
de  la  ville  trouvent  auprès  de  l'autorité  royale  le  meilleur  accueil  et 
M.  Viard  peut  dire  justement  que  «  l'ensemble  de  ces  documents,  qui  sont 
des  plus  intéressants  pour  l'histoire  administrative  de  la  capitale  au 
moyen  âge,  montre  combien,  d'un  côté,  la  ville  de  Paris  savait  lutter 
pour  la  sauvegarde  de  ses  privilèges  et  de  ses  libertés,  mais  aussi,  d'un 
autre  côté,  que  les  rois,  au  moyen  âge,  avaient  toujours  le  respect  de  ses 
prérogatives  ». 

—  Li'Etat  des  abbayes  cisterciennes  au  coininenceme?it  du  .xiv*^  siècle, 
que  publie  notre  excellent  collaborateur  et  ami  M.  Jules  Viard  (extrait 
de  la  Revue  de  l'histoire  de  V Église  de  France,  Paris,  76  bis,  nie  des  Saints- 
Pères,  s.  d.,  in-8  de  21  p.)  est  emprunté  à  un  document  jadis  conservé 
dans  les  archives  de  la  Chambre  des  comptes  et  dont  nous  ne  possédons 
plus  que  des  copies;  c'est  une  lettre  adressée  en  1333  par  l'abbé  de 
Citeaux  «  Venerabilibus  in  Christo  coahbatibus  suis  in  regno  Franciae 
constitutis  ».  On  y  relève  la  mention  de  197  abbayes  cisterciennes  payant 
au  Roi  la  décime,  classées  par  provinces  et  diocèses,  et  que  M.  Viard 
a  identifiées  avec  soin.  Par  le  montant  de  la  décime  indiqué  pour  chaque 
abbaye,  on  peut  se  faire  une  idée  de  son  importance  relative.  Le  docu- 
ment nous  apporte  en  outre  sur  l'état  économique  du  pays  des  indica- 
tions intéressantes. 


—  85  — 

—  Notredistinguécollaburateur  M.  MaxPrinet  aextrait  du  Bulletin  mo- 
numental (année  1911)  une  étude  aussi  intéressante  qu'érudite  sur /es  Va- 
riations du  nombre  des  fleurs  de  lis  dans  les  armes  de  France  (Caen,  H. 
Delesques,  1912,  in-8  de  22  p.,  avec  2  pi.  reproduisant  10  sceaux).  Les 
premières  et  les  dernières  lignes  de  ce  travail  en  donneront  une  idée 
suffisante  :  «  C'est,  dit  l'auteur,  un  fait  bien  connu  que  les  armoiries 
des  rois  de  France  ont  affecté  successivement  deux  formes  officielles 
différentes  :  elles  ont  consisté,  d'abord,  en  un  écu  d'azur  semé  de  fleurs 
de  lis  d'or,  puis  en  un  écu  d'azur  à  trois  fleurs  de  lis  d'or.  On  désigne  la 
première  de  ces  formes  par  l'expression  de  «  France  ancien  »  (c'est-à- 
dire  blason  de  France  ancien)  et  la  seconde  par  celle  de  «  France  mo- 
derne ».  M.  Prinet  décrit  et  explique  les  nombreux  documents  qu'il  a  pu 
examiner  et  il  termine  ainsi  :  «  Je  crois  avoir  montré,  par  une  suffisante 
quantité  d'exemples,  ce  que  le  nombre  des  fleurs  de  lis  figurées  dans  l'écu 
de  France  a  eu  d'inconstant.  La  forme  dite  ancienne  et  la  forme  dite 
moderne  des  armes  royales  ont  coexisté,  au  moins  depuis  le  début  du 
règne  de  saint  Louis  jusqu'au  milieu  de  celui  de  Charles  VI.  Cette  consta- 
tation pourra  être  fort  utile  aux  archéologues,  qui  auront  à  déterminer 
la  date  des  monuments  du  moyen  âge  armoriés  du  blason  des  rois  de 
France  ». 

—  Nous  avons  déjà  parlé  de  l'exposition  des  cartes  à  la  Bibliothèque 
nationale.  L'un  des  fonctionnaires  de  la  section  des  cartes,  M.  Charles 
Du  Bus,  l'étudié  sous  un  point  de  vue  spécial.  Dans  la  Révolution  fran- 
çaise à  l'exposition  du  cabinet  des  cartes  (extrait  de  la  Révolution  française, 
juin  1912,  Paris,  imp.  de  la  cour  d'appel,  1912,  in-8  de  31  p.),  il  parle 
avec  détail  de  ceux  des  documents  exposés  qui  intéressent  de  près  ou 
de  loin  la  Révolution  et  ceux  qui  y  ont  été  mêlés  :  œuvres  géographi- 
ques de  Louis  XVI  et  de  ses  frères,  oeuvres  intéressant  la  famille  royale, 
plans    des    prisons,    etc. 

—  Le  VJIJ^  Congrès  diocésain  de  Paris,  qui  s'est  tenu  du  26  février 
au  l^ï"  mars  1912,  vient  de  faire  paraître  son  Compte  rendu  (Paris,  50, 
rue  de  Bourgogne,  1912,  in-8  de  331  p.)  dont  on  ne  saurait  recomman- 
der trop  vivement  la  lecture  aux  chrétiens  qui  n'ont  pu  prendre  part 
aux  travaux  de  cette  assemblée.  Plus  de  vingt  rapports,  suivis  de  dis- 
cussions parfois  animées,  toujours  intéressantes,  ont  étudié  tour  à  tour 
les  œuvres  de  religion  et  de  piété,  les  œuvres  d'enseignement,  les  œuvres 
de  jeunesse,  les  œuvres  sociales,  les  œuvres  de  propagande  et  les  œuvres 
de  presse.  L'on  a  exposé  ce  qui  se  fait  dans  le  diocèse,  l'on  a  étudié 
ce  qui  doit  se  faire,  on  a  recherché  les  meilleurs  moyens  d'action  sur 
de  multiples  terrains.  Et  les  lecteurs  de  ce  volume  y  puiseront,  avec  de 
légitimes  espérances,  avec  l'admiration  et  la  reconnaissance  pour  tant  de 
dévouements  qui  s'exercent  sans  compter,  des  encouragements,  des  sol- 
licitations, des  invitations  pressantes  à  se  mêler  aux  œuvres  catholiques, 
à  leur  apporter  leur  concours,  si  modeste  soit-il,  et  à  aider  par  là  à  la 
restauration  des  idées  et  des  principes  chrétiens  dans  notre  pays. 

—  Depuis  juin  dernier  est  ouverte  jusqu'au  30  septembre  prochain, 
de  10  heures  du  matin  à  5  heures  du  soir,  une  exposition  de  la  Biblio- 
thèque et  des  travaux  historiques  de  la  ville  de  Paris,  organisée  avec  le 
concours  des  collections  de  M.  G.  Hartmann,  auxquelles  ont  été  ajoutées 
des  pièces  de  MM.  G.  Decaux,  Paul  Lacombe,  Edgar  Mareuse,  et  Victor 
Perrot,  membres  de  la  Société  des  Amis  de  la  Bibliothèque.  Les  gravures 
et  images  de  toutes  sortes,  ainsi  que  les  plans  qui  composent  cette  expo- 


—  86  - 

sition  installée  à  l'hôtel  Le  Peletier  de  Saint- Fargeau,  29,  rue  de  Sévi- 
gné,  se  rapportent  tous  aux  Boulevaitb  [Madeleine- Bastille),  depuis  le 
\\i\^  siècle  jm^qii'à  la  fin  du  secotid  Empire.  Vne  brochure  portant  ce  titre 
(Paris,  imp.  Panl  Dupont,  in-8  oblong  de  'il  p.),  rédigée  par  MM.  Marcel 
Poète,  conservateur  de  la  Bibliothèque,  Gabriel  Henriot,  bibliothécaire, 
et  Robert  Burnand,  sous-bibliothécaire,  trace  un  tableau  précis  et  fort 
intéressant  des  boulevards  pendant  la  période  sus-indiquée.  Tableau  très 
littéraire  aussi,  qui  mérite  une  place  dans  toute  bibliothèque  parisienne. 
Voici  comment  est  divisée  cette  notice  :  1.  L^a  Naissance  des  boulevards; 
II.  Les  Boulevards  au  xviii*'  siècle;  Hl.  La  Révolution  sur  les  boule- 
vards; IV.  Les  Boulevards  il  y  a  un  siècle;  V.  Les  Boulevards  sous  la 
Restauration;  YI.  Les  Boulevards  sous  Louis-Philippe;  VII.  Du  soir  au 
matin  :  Les  Cafés.  Au  Théâtre.  L'Opéra.  Carnaval  et  bals  masqués. 
Dîneurs  et  soupeurs;  VIII.  Magasins;  IX.  Les  Boulevards  et  la  circula- 
tion; X,  Les  Journées  de  Juillet  1830  sur  les  boulevards;  XI.  Au  temps 
de  la  République  de  1848;  XII,  Les  Boulevards  sous  le  second  Empire, 
L'ensemble  de  ce  travail  est  une  suggestive  évocation  de  la  vie  passée 
des  boulevards  de  Paris,  d'après  des  documents  iconographiques  et  carto- 
graphiques, 

— ■  Sans  aucun  retard,  nous  informons  nos  lecteurs  que  M,  E.  Renart, 
libraire  expert,  vient  de  faire  paraître  un  très  important  Supplément  au 
Répertoire  général  des  collectionneurs,  qu'il  publie  depuis  1893  (Maisons- 
Alfort  (Seine),  2,  rue  de  Lorraine,  et  Paris,  30,  rue  Jacob,  chez  l'auteur, 
n-16  de  600  p.  —  Prix  :  Broché,  8  fr. ;  cartonné,  9  fr.).  Ce  supplément 
contient  environ  8500  adresses  d'amateurs,  dont  plus  de  2400  relatives 
à  des  collectionneurs  américains  et  1300  adresses  de  commerçants  en 
antiquités  de  tous  genres  et  de  toutes  nationalités,  La  nature  des  col- 
lections est  indiquée  par  des  signes  figuratifs;  cette  circonstance  peut 
donc  dispenser  les  intéressés  de  la  connaissance  de  la  langue  française. 
Du  reste,  on  trouve,  en  tête  du  volume,  un  tableau  de  ces  signes,  avec 
traduction  des  mots  français  en  langues  allemande,  anglaise,  italienne  et 
russe.  Il  nous  paraît  superflu  d'insister  sur  les  grands  services  que  ce 
Supplément  rendra  à  une  foule  de  personnes,  principalement  aux  collec- 
tionneurs et  aux  marchands  de  tous  les  pays. 

—  La  librairie  Berger- Levrault  vient  de  lancer  la  première  livraison 
(janvier-mars  1912)  d'une  revue  nouvelle  dont  le  plan  avait  été  conçu 
par  feu  M.  Ch.  Malo,  le  critique  militaire  très  connu  et  justement  apprécié 
du  Journal  des  Débats.  Elle  a  pour  titre  :  Les  Archives  militaires  et  pa- 
raîtra trimestriellement  en  fascicules  in-4  de  plus  de  100  pages.  Le  pre- 
mier en  compte  156,  Chaque  fascicule  se  composera  de  deux  parties  dis- 
tinctes. La  première  partie  constitue,  sous  forme  d'articles  rangés  alpha- 
bétiquement, un  répertoire  complet  des  progrès  réalisés  dans  toutes  les 
branches  de  l'art,  des  sciences  et  des  industries  militaires,  des  change- 
ments introduits  dans  l'organisation  des  armées,  enfin  des  événements 
militaires  survenus  dans  les  deux  mondes,  La  deuxième  partie  se  compose 
d'une  revue  critique  et  bibliographique  de  la  littérature  militaire,  com- 
plétée par  une  table  générale  des  articles  parus  dans  les  revues  militaires 
françaises  et  étrangères.  Ainsi  compris,  le  nouveau  périodique  ne  peut  man- 
quer d'être  goûté  par  tous  ceux  qui  s'intéressent  aux  choses  de  l'armée 
(Paris,  rue  des  Beaux- Arts,  5  et  7;  Nancy,  rue  des  Glacis,  18,  librairie 
Berger-Levrault.  Prix  de  l'abonnement  annuel  :  France,  12  francs.  Union 
postale,  14  francs). 


—  87  - 

—  En  mai  dernier  (t.  CXXIV,  p.  469),  m  signalant  à  celle  place 
l'édition  in-l'i  des  Étapes  héroïques,  de  M.  Jules  Mazé,  nous  exprimions  le 
désir  de  voir  un  jour  les  4  volumes  de  cet  auteur  parus  d'abord  en  in-1'olio 
dans  la  série:  L'Année  terrible,  réédités  dans  le  format  in- 12  de  la  jolie 
coUectinn  Pour  Tous,  de  la  maison  Mame.  Il  apparaît  clairement  que 
telles  étaient  déjà  les  intentions  de  cette  maison,  car  elle  nous  donne 
aujourd'hui /o  Terre  san-g/an^e,  de  M.  J.  Mazé,  qui  rappelle  successivement 
Borny,  Rezonville,  Saint-Privat  et  Metz  (in-12  cartonné  de  302  p.,  illus- 
tré. —  Prix  :  1  fr.  50).  Le  Polybiblion  a  rendu  compte  de  ce  volume  en 
novembre  1904  (t.  CI,  p.  510).  —  Plus  récemment,  à  l'occasion  des 
étrennes  (décembre  1910,  t.  CXIX,  p.  500),  nous  avons  anahsé  le  roman 
de  M.  Jean  Drault  :  La  Fiancée  de  brumaire.  11  suffira  donc  de  ren- 
voyer nos  lecteurs  à  l'article  publié  sur  l'édition  in-folio  et  à  noter  l'édi- 
tion in-12  de  la  collection  Pour  Tous  de  la  maison  Mame,  qui  nous  est 
arrivée  ces  jours  derniers  (351  p.,  illustré  par  Conrad.  —  Prix,  cartonné  : 
1   fr.  50). 

Anjou.  —  On  vient  de  distribuer  ic  tome  XIV  (5^  série),  année  1911, 
des  Mémoires  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  sciences  et  arts  d^ An- 
gers (Angers,  imp.  Grassin,  in-8  de  508  p.).  L'excellence  des  travaux 
publiés  par  cette  société  justitie  le  titre  dont  elle  se  glorifie  avec  raison 
d'être  une  des  plus  anciennes  de  France  :  elle  date,  en  effet,  de  1685. 
M.  L.  de  Farcy,  parlant  de  la  Tapisserie  de  V Apocalypse  (p.  287-295), 
croit  pouvoir  identifier  le  portrait  du  roi  Louis  d'Anjou;  il  publie,  en 
outre,  des  notes  sur  les  Statues  de  S.  Maurice  et  ses  compagnons  (xvi^  siè- 
cle) à  la  cathédrale  d'Angers  (p.  303-307),  sur  Sauniur  au  xviii*^  siècle 
(p.  337-345)  et  sur  les  Vitraux  (xii*^-xin<'  siècle)  de  la  nef  de  la  cathé- 
drale d'Angers  (p.  363-375);  enfin  un  Inventaire  du  château  d'Eslelan,  près 
Bolbec,  à  la  mère  de  la  veuve  du  maréchal  de  Cossé-Brissac,  née  d'Es- 
quetot,  en  1557  (p.  413-427);  —  M.  A.  Bourdeaut  s'occupe  des  Males- 
troit  d'Oudon  et  les  du  fiellay  de  Lire  (Oudôn  et  le  livre  des  Regrets  du 
poète)  (p.  9-89);  —  M.  E.  Rondeau  des  Ursulines  et  l'acquisition  du  Ge- 
netay  en  Morannes  (1676-1684)  (p.  89-97);  —  M.  l'abbé  F.  Uzureau  de 
Noël  Pinot,  le  saint  curé  du  Louroux,  dont  nous  avons  déjà  parlé  ici 
(p.  113-203);  puis  tout  un  vivant  procès-verbal  des  Élections  et  le  cahier 
du  tiers  état  de  la  ville  d'Angers  en  1789  (p.  375-413)  et  à  part,  même 
éditeur,  in-8  de  39  p.).  Le  même  auteur  a  relevé  la  Liste  de  personnes 
décédées  dans  les  prisons  d'Angers  pendant  la  Terreur  (p.  427-481),  et  à 
part,  même  éditeur,  in-8  de  55  p.  Bien  que  toutes  les  déclarations  de 
décès  n'aient  pas  été  faites,  cela  est  démontré,  sans  compter  aussi  les 
enfants  morts  à  l'hospice,  M.  LTzureau  n'a  pas  compté  moins  de  1020 
victimes  de  cet  odieux  temps  à  ajouter  aux  10.000  déjà  connues;  encore 
convient-il  d'ajouter  que  les  paysans,  les  ouvriers  et  journaliers  sont  en 
plus  grand  nombre.  —  M.  Planchenault  restitue  à  sa  juste  mesure  une 
légende  déjà  formée  .sur  le  Souterrain  deChâteauneuf{'p.203-2l\); — -M.  Jo- 
seph Joubert  nous  conduit  jusqu'aux  Châteaux  du  roi  Louis  II  de  Ba- 
vière (p.  315-337);  —  M.  le  chanoine  Urseau  nous  entretient  d'une  Idée 
de  congrégation  religieuse  d'artistes  chrétiens  à  Angers,  au  milieu  du 
XIX®  siècle  (p.  345-363),  et  M.  A.  Beignet  de  la  Décadence  de  l'apprentis- 
sage en  France  (p.  253-287);  — ■  M.  J.  Verrier  fait  une  conférence  sur  une 
Ame  indoue  (p.  97-113)  et  raconte  son  Excursion  à  l'île  de  Hoedic  (p. 
211-253);  —  M.  G.  Dufour  nous  découvre  le  Bureau  de  Buffon  (avec 
gravures^   aujourd'hui  dans  la  famille  de  M.   Lucien  Millevoye,  à  Cha- 


-  88  — 

lonnes  (p.  307-311);  —  à  M.  X.  de  la  Perraudière  nous  devons  enfin 
avec  Trois  Ballades  (p.  311-315)  une  amusante  facétie  :  Le  Prince  Agri- 
cole et  la  Fée  rurale,  ou  Histoire  de  l'invention  des  engrais  (p.  295-303). 
— •  La  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  du  Saumurais  vient  de 
publier  ses  fascicules  6  et  7  (janvier  et  février  1912;  Saumur,  P.  Godet, 
in-8  de  96  et  88  p.)-  Avec  les  procès-verbaux  de  la  jeune  et  déjà  très 
vivante  société,  avec  les  récits  de  ses  intelligentes  excursions,  nous  trou- 
vons dans  ce  recueil  :  Attaque  de  Saumur  par  les  Vendéens,  par  M.  le 
capitaine  Rolle  (p.  9-29);  —  Corporation  des  chirurgiens- barbiers  de  Sau- 
mur, par  M.  O.  Desmé  de  Chavigny  (p.  29-33);  — •  Les  Fêtes  décadaires 
de  Montreuil- Bellay,  par  M.  Camille  Lharier  (p.  33-38);  —  Marguerite 
d'Anjou,  par  M"""  Renouard  (p.  39-55,  avec  grav.);  —  Les  Lanternes  des 
morts  à  Montsoreau  et  à  Moulhierne,  par  M.  F.  Uzureau  (p.  68-72,  avec  fig.); 
—  A  propos  d'un  fer  à  cheval,  par  M.  le  capitaine  Joly  (p.  73-75);  — 
U Adjudication,  en  1752,  d'une  fille  mijieure  pour  son  entretien,  à  45  livres 
de  pension,  par  devant  notaire  (p.  75-77);  —  A  propos  de  M""®  de  Sévigné, 
par  MM.  le  D''  Bonteraps  et  le  comte  de  Castelfane  (p.  78-82);  —  La 
Pièce  de  canon  Marie-Jeanne  était-elle  Saumuroise? ,  par  M.  le  capitaine 
Rolle  (p.  82-86);  —  Les  Principaux  du  collège  de  Saumur,  4800-1830, 
par  M.  F.  Uzureau  (p.  87-92);  —  La  Condamnation  de  Jean  Sans-Terre 
par  la  cour  des  pairs  de  France,  par  M.  Gabriel  Richault  (p.  14-25);  — 
Adroite  politique  des  Vendéens  à  l'égard  des  Saumurois  et  des  Montreuil- 
lais  faits  prisonniers  au  siège  de  Boisgrolleau,  par  M.  Camille  Charier 
(p.  38-43);  —  Inventaire  des  biens  meubles  et  immeubles  de  la  maladrerie 
de  Saumur  en  1448,  par  M.  Desmé  de  Chavigny  (p.  44-49);  —  Les 
Solea  jerrea  (chaussures  des  mules),  par  M.  Joly  (p.  49-54);  —  Projet 
de  création  d'un  collège  de  filles  à  Saumur  en  1796,  par  Ch.  Couscher, 
publié  par  M.  F.  Uzureau  (p.  54-59);  — •  Voyage  en  Saumurois  de  Lady 
Cradock,  en  1783,  reprod.  par  M.  le  D""  Bontemps  (p.  61-65);  —  Lps 
Prussiens  à  Villebernier  en  1815,  par  M.  Louis  Anis;  • —  Saumur  fortifié, 
par  M.  le  capitaine  Rolle   (p.  70-76 y. 

AuvERG>'E. —  Marie  Boudai,  en  religion  Sœur  Marthe,  entra  à  18  ans 
au  noviciat,  établi  près  de  Clermont,  des  religieuses  du  Cœur  de  l'En- 
fant-Jésus,  dont  le  but  est  l'enseignement  de  l'enfance  et  le  soin  des  ma- 
lades. Sœur  Marthe  marqua  son  court  passage  sur  la  terre  par  l'exacte 
pratique  des  vertus  de  la  vie  religieuse,  ces  petits  riens  de  la  règle  quo- 
tidienne, de  la  charité  pour  les  humbles  et  les  malheureux,  dont  l'ensem- 
ble forme  la  couronne  de  sainteté.  Cette  vie  de  dévouement  caché,  très 
imitable,  doit  être  proposée  pour  modèle  aux  «  enfants  de  Marie  »  et  aux 
patronages  de  jeunes  filles.  Cette  plaquette  intitulée  :  Sœur  Marthe,  par 
M.  J.-H.  Conchon  (Besançon,  imp.  catholique  de  l'Est,  1910,  in-16  de 
53  y>.),  fera  beaucoup  de  bien  dans  ce  milieu  délicat  où  la  modicité  du 
prix  permettra  de  la  répandre  abondamment. 

Champagne.  —  Le  tome  XLVIII  de  la  3«  série  des  Mémoires  de  la 
Société  académique  d'agriculture,  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  du  dépar- 
tement de  l'Aube,  qui  correspond  au  tome  LXXV  de  la  collection,  ne 
peut  manquer  d'être  apprécié  et  recherché,  même  en  dehors  de  la  région 
qu'il  concerne  spécialement  (Troyes,  Paul  Nouël,  1911,  in-8  de  506  p., 
avec  3  pi.  en  couleurs.  —  Prix  :  6  fr.).  Et  cependant  ce  volume  ne 
renferme  que  deux  travaux.  Le  premier,  de  M.  l'abbé  G.  d'Antessanty, 
a  pour  titre  :  Supplément  à  la  liste  des  coléoptères  du  département  de 
l'Aube  publiée  par  M.    G.   Le    Grand  (en  1861)   (p.  7-63).  Le  deuxième. 


~89  — 

dû  à  M.  Louis  Leclert,  est  fort  important  :  c'est  un  Armoriai  historique 
de  l'Aube  (p.  65-421,  avec  3  pi.  en  couleurs).  Dans  sa  Préface,  l'auteur 
rappelle  que  M.  Alphonse  Roserot  a  publié  en  1879,  dans  le  même 
recueil  académique,  un  Armoriai  du  département  de  VAube,  assurément 
très  bien  fait,  mais  qui,  tiré  à  petit  nombre,  ne  se  rencontre  plus  aisé- 
ment. M.  Le  Clert  déclare  ensuite  qu'il  a  emprunté  à  M.  Roserot  «  tout 
l'enser.ible  de  son  ouvrage  »  et  qu'il  a  aussi  suivi  sa  méthode  de  classe- 
ment; mais  les  842  armoiries  du  premier  armoriai  ont  plus  que  doublé 
dans  le  deuxième,  car  celui-ci  en  renferme  1779,  sans  compter  divers 
numéros  bis.  »  Cette  différence,  observe  M.  Le  Clert,  provient  de  ce  que 
nous  avons  agrandi  le  cadre  que  cet  écrivain  [M.  Roserot]  s'était  tracé. 
Nous  donnons,  en  effet,  un  certain  nombre  de  blasons  d'abbés,  d'abbesses 
et  de  fonctionnaires,  en  y  ajoutant  ceux  des  anoblis  du  premier  et  du 
second  Empire  et  des  personnes  titulaires  d'armoiries  ayant  à  ce  jour 
des  possessions  dans  les  parties  des  anciennes  provinces  de  Champagne 
et  de  Bourgogne  composant  le  département  de  l'Aube.  Nous  avons  pensé 
que,  grâce  à  la  présence  de  ces  documents,  il  serait  plus  facile,  en  con- 
sultant notre  recueil,  de  se  prononcer  relativement  à  l'attribution  des 
armoiries  que  l'on  peut  rencontrer  sur  des  vitraux,  des  sculptures,  des 
cachets,  des  pièces  d'orfèvrerie,  etc..  datant  même  de  l'époque  la  plus 
récente  ».  Et  il  ajoute  :  «  Notre  Armoriai  n'est  qu'un  simple  recueil 
dans  lequel,  en  indiquant  avec  précision  les  sources  où  nous  avons  puisé, 
nous  nous  bornons  à  donner  un  ensemble  sans  en  garantir  la  valeur. 
C'est  au  travailleur  qu'il  appartiendra  de  remonter  à  ces  sources  et 
d'apprécier   l'usage    qu'il    devra  en  faire.    » 

FriANCHE-CoMTÉ.  —  Le  Testament  de  Béatrix  de  Cusance,  duchesse  de 
Lorraine  (23  mai  1663)  vient  d'être  publié  par  M.  E.  Longin  (Lons-le- 
Saunier,  imp.  Declume,  1912,  in-8  de  45  p.).  M.  Longin  fait  d'abord  un 
résumé  de  l'histoire  des  relations  de  Béatrix,  veuve  à  22  ans  du  prince 
de  Cantecroix,  avec  Charles  IV,  duc  de  Lorraine  et  de  Bar.  Il  reproduit 
ensuite  son  testament,  suivi  d'un  codicille  rédigé  trois  jours  après.  «  Nous 
n'avons  pas,  observe-t-il^,  l'original  des  dernières  dispositions  delà  duchesse 
de  Lorraine,  pour  donner  ici  à  Béatrix  le  titre  qu'elle  a  si  chèrement 
acheté,  mais  il  en  existe  deux  copies  authentiques,  l'une  à  la  Bibliothè- 
que nationale,  l'autre  à  la  Bibliothèque  de  Besançon;  je  vais  les  com- 
pléter l'une  par  l'autre  en  indiquant  en  note  les  légères  différences  qui 
existent  entre  elles  ».  M.  Longin  ne  manque  pas  de  rappeler  la  fm  par- 
faitement chrétienne  de  cette  tapageuse  illustration  franc-comtoise,  pour 
laquelle  il  éprouve  une  charitable  pitié.  Au  total,  publication  faite  avec 
grand  soin  et  éclairée  par  une  multitude  de  notes  de  toute  nature. 

—  Quoique  d'origine  parisienne  par  sa  famille,  le  général  Griois,  qui 
nous  a  été  révélé  par  des  Mémoires  dont  le  Polybiblion  a  parlé  au  mo- 
ment de  leur  mise  au  jour  (septembre  1909,  t.  CXVI,  p.  123,  et  janvier 
1910,  t.  CXVIII,  p.  136-137),  était  Franc-Comtois  de  naissance  et  d'édu- 
cation. Pour  faire  connaître  ce  personnage  à  ses  compatriotes  qui  l'igno- 
raient, M.  Léonce  Pingaud  a  inséré  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
d'émulation  du  Doubs  une  étude  sur  le  Général  Griois  d'après  ses  Mé- 
moires, qu'il  a  tirée  ensuite  à  part  (Besançon,  imp.  Dodivers,  1911,  in-8 
de  16  p.).  Mais  M.  Pingaud  a  complété  son  travail  par  «  divers  rensei- 
gnements empruntés  aux  documents  locaux  »,  grâce  auxquels  il  a  pu 
faire  «  ressortir  quelques  traits  nouveaux  de  la  physionomie  de  Griois  ». 
L'auteur  suit  le  général  à  travers  sa  vie  errante  de  militaire,  en  Italie, 


—  90  — 

en  Russie,  jusqu'à  sa  mise  à  la  retraite,  dix  ans  après  la  disparition  de 
l'Empire,  et  à  sa  mort,  survenue  à  Paris,  où  il  s'était  fixé,  lo  2^i  sep- 
tembre 1839. 

—  C'est  encore  du  même  Griois  que  s'occupe  M.  Pint,'aii(l  dans  une 
brochure  extraite  du  Bulletin  de  l'Académie  de  Besançon,  à  laquelle  il 
a  donné  pour  titre  :  Un  Chapitre  inédit  des  Mémoires  du  ^éiïcral  Griois 
[Voyage  aux  eaux  de  Louèche  et  en  Suisse)  (Besançon,  imp.  .laccpies,  1911, 
in-8  de  37  p.).  Ce  chapitre,  vraiment  curieux,  a  été  omis  par  l'éditeur 
des  Mémoires,  M.  Arthur  Chuquet,  parce  que,  sans  doute,  il  l'avait  con- 
sidéré «  comme  un  appendice  inutile  à  une  autobiographie  exclusivement 
militaire  et  naturellement  encadrée  entre  les  deux  dates  célèbres  de 
l'an  II  et  de  1815  >>.  Il  s'agit,  en  somme,  d'un  voyage  entrepris  par 
Griois,  pendant  l'été  de  1830,  aux  eaux  de  Louèche,  en  Suisse.  «  L'au- 
teur y  raconte  son  séjour  dans  cette  station,  au  milieu  d'une  clientèle 
tant  soît  peu  cosmopolite;  le  trouble  qu'apporta  dans  ce  petit  monde 
la  nouvelle  des  journées  de  Juillet  et  de  la  chute  de  Charles  X,  et  enfin 
le  retour  du  général  à  Paris,  par  l'Oberland  et  l'Alsace...  On  remarquera 
en  particulier  la  conclusion,  où  le  vieux  soldat,  libéral  au  sens  où  ce 
mot  était  entendu  en  1825,  se  montre  soudain  converti  à  d'autres  idées 
par  le  spectacle  de  la  révolution  nouvelle  et  prédit,  avec  une  clairvoyance 
prophétique,  les  conséquences  de  cette  révolution  jusques  et  y  compris 
1870  ».  Nous  estimons  que  ces  pages  doivent  prendre  place  dans  la  bi- 
bliothèque de  tous  ceux  qui  possèdent  les  Mémoires  de  Ciriois,  car  elles 
achèvent  de  faire  ressortir  la  psychologie  du  général. 

—  Tout  récemment,  il  s'est  formé  à  Paris  une  association  qui,  sous  le 
titre  de  «  Syndicat  général  d'initiative.  Le  Jura  français  »,  se  propose  de 
«  poursuivre  la  réalisation  des  mesures  propres  à  augmenter  la  prospérité 
et]  la  beauté  de  la  contrée  jurassienne.  Il  s'attachera  à  mettre  en  valeur 
toutes  les  curiosités  de  la  région,  les  monuments  et  les  ruines  remarqua- 
bles, les  sites  et  les  paysages  intéressants,  etc.  Ses  efforts  porteront 
également  sur  la  publicité  convenable  à  faire  tant  en  France  qu'à  l'é- 
tranger, pour  attirer  les  touristes  dans  cette  région  et  les  y  retenir  en 
leur  rendant  le  séjour  agréable...  La  zone  d'action  du  syndicat  s'étend 
virtuellement  de  la  Trouée  de  Belfort  au  coude  du  Rhône,  à  Culoz, 
englobant  par  suite  toute  la  Franche-Comté  et,  dans  l'Ain,  les  arrondisse- 
ments de  Gex  et  de  Nantua  ».  Une  telle  création  exigeait  naturellement 
un  organe  qui,  sous  le  titre  de  :  Le  Jura  français,  revue  officielle  illustrée, 
est  appelé  à  être  grandement  utile  d'abord  aux  touristes  français  et 
étrangers,  ensuite  aux  commerçants  et  habitants  du  pays.  Les  adhésions 
au  Syndicat  doivent  être  adressées  au  secrétaire  général,  M.  F.  Vuillaume,  1, 
rue  Gossec,  Paris,  XII^;  le  montant  de  chaque  souscription  varie, 
selon  le  cas,  de  5  francs  à  500  francs.  Chaque  numéro  du  nouveau  pério- 
dique, de  format  in-4,  joliment  illustré,  coûte  0  fr.  50.  Nous  publierons 
régulièrement  les  sommaires  du  Jura  français  dans  noire'JPartie  technique. 

Normandie.  —  Nous  venons  de  recevoir  le  volume  de  1911  des  Mé- 
moires de  V Académie  nationale  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Caen. 
{Caen,  imp.  Delesques,  in-8  de  233-112  p.).  Les  Mémoires  proprement 
dits  que  l'on  trouve  dans  ce  volume  sont  au  nombre  de  cinq  :  Trois 
Légendes  du  Cotentin,  par  M.  G.  Vanel  (p.  1-30);  —  Un  Professeur  de 
m,athématiques  à  r  Université  de  Caen  au  commencement  du  xvii^  siècle. 
François- Gilles  Macé,  par  M.  Henri  Prentout  (p.  31-44);  —  Inauguration 
du  m.onument  de  Segrais  à  Fontenay-le- Pesnel  le  15  octobre  1911,  Discours 


—  91  — 

de  MM.  Fernand  Engerand,  P.  de  Longuemare  et  Paul  Deschanel  (p.  45- 
99);  —  -  Les  Noms  des  points  de  V espace  chez  les  peuples  océaniens,  par 
M.  le  comte  de  Charencey  (p.  101-119);  —  L'Instruction  publique  à 
Caen  pendant  la  Révolution,  par  M.  C.  Pouthas  (p.  121-233).  La  deuxième 
partie  du  volume  est  formée  par  la  publication  de  deux  documents  im- 
portants :  Note  sur  la  démolition  de  la  forteresse  de  Tombelaine  en  1666, 
par  M.  V.  Hunger  (p.  1-21)  et  les  Recettes  et  les  dépenses  de  V abbaye 
de  Troarn,   par  M.   R.-N.   Sauvage  (p.   23-76). 

Provence.  —  La  brochure  de  M.  Jean  Audouard,  intitulée:  Les 
Anciennes  Familles  de  Provence.  Généalogie  de  la  maison  de  Bruny,  ba- 
rons de  la  Tour  d'' Aiguës,  marquis  d' Enlrecasteaux  (Marseille,  Imp.  nou- 
velle, 1912,  in-«  de  5i  p.,  avec  1  pi.  et  1  tableau  synoptique),  résume 
l'histoire  d'une  famille  de  négociants  marseillais  qui,  ayant  amas.sé  une 
grande  fortune,  acheta,  sous  Louis  XIV,  des  charges  anoblissantes.  Ses 
diverses  branches  acquirent,  en  Provence,  de  nombreuses  seigneuries 
et  donnèrent  naissance  à  des  magistrats  distingués.  L'une  d'elles  a 
produit  un  marin  glorieux,  l'amiral  d'Entrée  a  steaux,  qui  mourut  près  de 
Java,  en  1793,  commandant  la  division  envoyée  à  la  recherche  de  La 
Pérouse,  et  un  célèbre  assassin,  le  président  d'Entrecasteaux,  qui  tua  sa 
femme  en  1784.  Outre  la  filiation  des  Bruny,  l'auteur  indique  celle  de 
quelques  familles  qui  représentent  aujourd'hui  leur  descendance. 

Sainïonge  et  Aunis.  —  L'histoire  de  Barbezieux  pendant  la  période 
du  moyen  âge  était  restée  jusqu'à  présent  bien  obscure,  la  presque  tota- 
lité des  archives  de  cette  ville  ayant  disparu.  Aussi  le  tome  XLI  des 
Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de  V Aunis  (Paris,  A.  Picard  et  fils; 
Saintes.  J.  Prévost,  1911,  in-8  decxii-311  p.  —  Prix  :  15  fr.)  est-il  destiné 
à  combler  cette  lacune  en  partie.  Le  Cartulaire  du  prieuré  de  Notre-Dame 
de  Barbezieux,  qui  remplit  ce  volume,  est  conservé  maintenant  aux 
Archives  nationales;  il  fournit  d'intéressants  détails  sur  les  premières 
années  du  prieuré,  depuis  sa  fondation,  vers  1040,  jusqu'au  début  du 
XIII''  siècle.  Grâce  à  ce  cartulaire,  dont  il  donne  une  excellente  édition, 
M.  de  la  Martinière  a  pu  dresser  une  liste  à  peu  près  complète  des  prieurs 
du  xii«  siècle,  éclairer  bon  nombre  de  faits  relatifs  à  l'histoire  des  pa- 
roisses de  cette  ville,  aux  dîmes,  foires  et  marchés,  aux  procès,  jugements 
et  transactions.  Non  content  d'étudier  l'histoire  religieuse  de  cette  ville , 
il  a  ai.ssi  —  en  puisant  à  de  multiples  sources  telles  que  les  Archives 
et  la  Bibliothèque  nationales,  le  British  Muséum,  les  archives  de  la  Gironde 
et  de  la  Charente  et  surtout  les  archives  du  château  de  Chalais  — ■ 
donné  uiïe  bonne  étude  généalogique  sur  les  seigneurs  de  Barbezieux,. 
depuis  le  xi*^  siècle  jusque  vers  la  fin  du  xvi<'.  A  cette  époque,  Au- 
douin  VI,  le  dernier  Barbezieux,  ruiné  par  les  guerres  et  ne  pouvant 
payer  les  arrérages  des  rentes  dues  aux  héritiers  d'Agnès,  fille  d'Itier  IV 
de  Barbezieux,  qui  avait  épousé  Geoffroy  de  la  Rochefoucauld,  leur  aban- 
donna, par  une  convention  du  9  juin  1379,  toutes  ses  terres  et  ses 
biens  meubles.  A  la  suite  du  cartulaire  qui  est  surtout  un  résumé  d'actes, 
M.  de  la  Martinière  a  publié  49  chartes,  en  partie  inédites  et  très  im- 
portantes pour  l'histoire  des  seigneurs  de  Barbezieux;  elles  vont  de  1060 
au  9  juin  1379.  Une  bonne  table  onomastique  placée  à  la  fin  du  volume 
permettra  de  l'utiliser  facilement  et  d'y  puiser  quantité  de  renseigne- 
ments nouveaux  pour  l'histoire  de  la  région  du  sud-ouest  de  la  France. 
Nous  relèverons  un  petit  lapsus  en  terminant.  Pages  245  et  246,  il  faut 
mettre  sine  financia  et  non  sine  financiam  et,  à  la  même  page  245,  le 


-  92  — 

nom  du  notaire  a  été  mal  lu;  il  faut  Berth.  Cama,  au  lieu  de  Berihcania. 
A>'GLETERRE.  —  Daus  le  neuvième  fascicule  annuel  de  International 
Catalogue  of  scientific  littérature.  Physics  (London,  Harrison  and  Sons, 
et  Paris,  Gauthier- Villars,  1911,  in-8  de  viii-424  p.  —  Prix  :  30  fr.)j 
on  trouvera  les  renseignements  bibliographiques  recueillis  par  la  rédaction 
de  septembre  1909  à  septembre  1910.  Nous  avons  constaté  avec  plaisir 
dans  ce  volume  que,  pour  toutes  les  langues  employant  l'alphabet  latin 
avec  des  caractères  accentués,  l'orthographe  originale  est  scrupuleusement 
respectée.  Quoique,  cette  fois-ci,  il  n'y  ait  aucun  ouvrage  russe  cité, 
nous  formulons  à  nouveau  (cf.  Polyhiblion  de  juin  1911,  t.  CXXI,  p. 
543)  le  vœu  de  voir  uniformiser  les  règles  de  transcription  des  mots 
russes  par  l'emploi  exclusif  de  l'orthographe  tchèque. 

Belgique.  —  Les  abbayes  bénédictines  de  Louvain  (Mont-César)  et 
de  Maredsous  se  signalent  depuis  quelques  années  par  une  admirable  pro- 
pagande liturgique  qui  porte  déjà  les  plus  heureux  fruits  :  revues  sci  en- 
tifiques  et  de  vulgarisation,  publications  nombreuses,  retraites  et  semaines 
liturgiques  entretiennent  et  développent  ce  mouvement  vers  une  vie 
profondément  chrétienne  alimentée  par  les  soins  maternels  de  l'Église. 
Signalons  un  tract  de  propagande  :  La  Liturgie  en  une  leçon,  de  Dom 
Jérôme  Picard  (Abbaye  de  Maredsons,  Belgique,  in-16  de  32  p.).  L'au- 
teur a  placé  dans  leur  cadre  théologique,  en  une  synthèse  vivante,  toutes 
les  parties  de  la  liturgie  dont  la  pratique,  aimée  parce  que  comprise, 
fournira  tous  les  détails.  On  ne  saurait  trop  recommander  cet  opuscule 
que  l'abbaye  de  ^laredsons  peut  céder  à  six  centimes  l'exemplaire,  s'il 
est  pris  en  nombre. 

Espagne.  —  M.  Ferrân  de  Sagarra  s'est  proposé  de  réunir  les  sceaux 
des  principaux  seigneurs,  des  gens  d'église  et  des  villes  qui  se  trouvent 
mentionnés  dans  la  Chronique  du  roi  d'Aragon  Jacques  l^^  (1213-1276) 
et  dans  quelques  autres  textes  de  la  même  époque.  Sa  brochure,  inti- 
tulée :  Segells  del  temps  de  Jaume  I  (Extr.  des  Travaux  du  Congrès  d'his- 
toire de  la  couronne  d'Aragon,  tenu  à  Barcelone  en  juin  1908.  Barcelone, 
imp.  Altès,  1912,  gr.  in-8  de  71  p.  avec  planches),  d(mne  la  description 
et  la  reproduction  en  simili-gravure  de  82  de  ces  petits  monuments. 
L'auteur  a  joint  à  ce  catalogue  illustré  des  notices  biographiques  qui 
précisent  la  personnalité  et  le  rôle  historique  de  chacun  des  individus 
dont  il  a  retrouvé  les  sceaux.  L'ensemble  de  la  publication  constitue  un 
précieux  recueil  iconographique  et  apporte  une  utile  contribution  à  l'his- 
toire de  l'art  sigillaire  du  xiii*^  siècle.  Les  sceaux  d'Alfonse,  comte  de 
Molina  (1255),  de  la  commune  de  Saragosse  (1260-1299),  d'Albert  de 
Lavania  (1270-1271),  de  Sanche  Dantillon  (1296),  des  Jurats  de  Navarre 
(1297)  sont  particulièrement  remarquables  par  l'élégante  sobriété  de  leur 
facture. 

Portugal.  —  I^epuis  longtemps,  M.  Sousa  Viterbo  est  connu  de  tous 
ceux  qui  s'intéressent  non  seulement  à  l'histoire  du  Portugal,  mais  aussi 
à  celle  de  ses  possessions  d'outre-mer  et  à  l'histoire  de  la  colonisation 
par  de  beaux  travaux  et  la  publication  de  précieux  documents.  Pour  être 
d'un  intérêt  plus  restreint  que  les  Trahalhos  nauticos,  les  deux  diction- 
naires d'armuriers  que  ce  laborieux  érudit  a  publiés  dans  le  tome  XI, 
2^  partie,  des  travaux  de  la  classe  des  sciences  morales  et  politiques  et 
des  belles-lettres  de  l'Académie  des  sciences  de  Lisbonne  (Historia  o 
Memorias  da  Academia  real  da'^  sciencias  de  Lisboa;  Lisboa,  typographia 
âa  Academia.  1909,  in-4  de  "".O  -|-  20  -|-  20  -|-  176  -j-  187  p.  et  un  portrait) 


—  93  — 

n'en  présentent  pas  moins,  au  point  de  vue  de  l'histoire  et  de  l'industrie 
et  de  l'art  surtout,  une  indiscutable  utilité,  é1?ant  'donnée  en  particulier 
la  masse  de  documents  que,  sous  le  nom  de  chacun  des  armuriers  qu'il 
cite,  fabricants  d'armes  blanches  dans  la  première  partie,  fabricants' d'armes 
à  feu  dans  la  seconde,  a  publiés  M.  Sousa  Viterbo.  Quelques-uns  de  ces 
armuriers  sont  Français,  tels  les  deux  Corneaut  signalés  aux  no^  46  et 
47  de  la  première  partie  (cf.  le  n»  48  de  la  seconde);  d'autres  sont  des 
armuriers  coloniaux  établis  soit  au  Brésil,  soit  aux  Indes  orientales, 
soit  encore  au  Maroc.  Deux  listes,  l'une  chronologique,  l'autre  géo- 
graphique, terminent  le  premier  de  ces  deux  excellents  dictionnaires,  qui 
constituent  à  eux  seuls,  avec  les  discours  et  les  documents  habituels  et 
les  éloges  de  MM.  Antonio  de  Serpa  Pimentel  et  Antonio  Augusto  Teixeira 
de  Vasconcellos,  le  gros  volume  sur  lequel  nous  a\ons  plaisir  à  appeler 
aujourd'hui  l'attention. 

États-Unis.  —  La  Smithsonian  Institution  vient  de  distribuer  plu- 
sieurs de  ses  publications  périodiques.  Commençons  par  citer  son  An- 
nual  Report  of  the  Board  oj  Régents  of  the  Smithsonian  Institution  for 
the  year  ending  Jiine  30,  1910  (Washington,  Government  printing  office, 
1911,  in-8  cartonné  de  vii-688  p.,  avec  de  nombreuses  planches  et  gra- 
vures). 11  convient  de  noter  parmi  les  principaux  mémoires  qu'il  con- 
tient :  Les  Récents  Progrès  faits  dans  F  aviation,  par  M.  Octave  Chanute; 
Sur  la  constitution  de  la  matière,  par  M.  Becquerel;  Problèmes  astrono- 
miques, par  M.  Curtis;  L'Atmosphère  du  soleil,  par  M.  Deslandres;  Les 
Peuples  slaves,  par  M.  Niederle.  et  beaucoup  d'autres  mémoires  déjà 
parus  dans  divers  recueils  scientifiques  de  l'ancien  continent  et  de  l'A- 
mérique  du   nord. 

—  La  même  Société  nous  envoie  le  40^  volume  des  Proceedings  of 
the  United  States  National  Muséum  (Washington,  Government  printing 
office,  1911,  in-8  cartonné  de  xi-670  p.,  avec  69  planches  et  une  carte). 
Les  notices  insérées  dans  ce  gros  volume  sont  consacrées  à  l'histoire 
naturelle  :  insectes,  poissons,  reptiles  et  animaux  divers,  originaires  de 
l'Amérique  ou  de  l'ancien  monde. 

—  Enfin,  nous  avons  reçu  en  même  temps  les  Contributions  from  the 
United  States  National  Herbarium  (Washington,  Government  printing  of- 
fice, 1912,  3  br.  in-8  de  34,  86  et  26  p.,  avec  planches  et  figures).  Dans 
le  vol.  13,  part.  12  de  cette  publication  spéciale,  M.  Henry  Pittier  dé- 
crit des  plantes  nouvelles  ou  remarquables  de  la  Colombie  et  du  centre 
de  l'Amérique.  Le  vol.  14,  part.  3,  est  consacré  à  une  monographie 
du  genre  Bouteloua  et  autres  graminées  des  régions  désertiques,  par 
M.  David  Griffiths.  Quant  au  vol.  16,  part.  1,  il  contient  diverses  des- 
criptions de  plantes  nouvelles  dues  à  MM.  R  Maxon,  J.-N.  Rose,  Paul 
G.  Standley  et  R.-S.  Villiams. 

Publications  nouvelles.  — •  La  Sainte  Humanité  de  Notre- Seigneur 
Jésus-Christ,  par  l'abbé  S.  Legueu  (in-16,  Angers,  1,  chemin  de  la  Mei- 
gnanne).  —  La  Loi  d'amour.  VI.  Les  Restaurations  sociales;  de  V esclave 
à  l'ouvrier,  par  L.-A.  Gafîre  (in-12,  Tralin).  —  L'Idéal  monastique  et  la 
vie  chrétienne  des  premiers  jours,  par  Un  religieux  bénédictin  de  l'abbaye 
de  Maredsous  (in-12,  Beauchesne).  —  Le  Verger,  le  temple  et  la  cellule, 
essai  sur  la  sensualité  dans  les  œuvres  de  mystique  religieuse,  par  C.  Oui- 
mont  (in-16,  Hachette).  —  Les  Droits  et  les  devoirs  de  la  propriété,  con- 
férences de  Carême,  par  J.-B.  Paquet  (in-8,  Bruxelles,  Dewit).  —  Manuel 
du  tiers-ordre  de  Saint- François,  par  le  P.  Eugène  d'Oisy  (in- 18,  Librairie 


—  94  — 

Saint- François).  —  Les  Dn'ines  Apparitions  de  Lourdes,  par  l'abbi'  ]'. 
Moniquet  (petit  in-8,  Librairie  des  Saints-Pères).  —  J/istoire  critique  des 
éi'énernents  de  Lourdes.  Apparitions  et  f^uérisojis,  par  G.  Bertrin.  Nouvelle 
édition  augmentée  et  mise  à  jour  (in-8,  Lecoffre,  Gabalda). —  Trois  l'illes 
saintes.  Ars-cn-Dornbes.  Saint-  Jacques-de-Co)itpostclle ,  le  Mont  Saint-Michel, 
par  E.  Baumann  (in-l(i,  Grasset).  —  Les  Transformations  générales  du 
droit  privé  depuis  le  code  Napoléon,  par  L.  Duguit  (in- 16,  Grasset).  — 
Les  Églises  et  leur  mobilier  devant  la  loi  civile,  par  l'abbé  F.  Fantou  (in-16, 
Amat).  —  Les  Formes  élémentaires  de  la  vie  religieuse.  Le  Système  toté- 
mique  en  Australie,  par  E.  Durkheim  (in-8,  Alean).  —  La  Philosophie 
affective,  par  .).  Bourdeau  (in-16.  Alcan).  —  Les  Étapes  de  la  philosophie 
mathématique,  par  L.  Brunschvicg  (in-8,  Alcan).  —  Les  Règles  esthéti- 
ques et  les  lois  du  sentiment,  par  H.  l)nssauze  (in-8,  Altan).  —  L'Année 
philosophique, publiée  sous  la  direction  de  F.  Pillon.  22^  année,  1911  (iii-8, 
Alcan).  —  Le  Langage  et  la  verhomanie.  Essai  de  psychologie  morbide, 
par  Ossip-Lourié  (in-8,  Alcan).  —  La  Survivance  humaine.  Étude  de  fa- 
cultés non  encore  reconnues,  par  ().  Lodge;  irad.  de  Vanglais,  par  le  D"^ 
H.  Bourbon  (in-8,  Alcan).  —  La  Réincarnation.  La  Mélem psychose,  l'évo- 
lution physique  astrale  et  spirituelle,  parle  1)''  Papus(in-I8.  Dorbon-aîné). 
—  La  Morale  de  Geulincx  dans  ses  rapports  avec  la  philosophie  de  Des- 
cartes, par  E.  Terraillon  (in-8,  Alcan).  —  La  Conscience  collective  et  la 
morale,  par  A.  Bauer  (in-16,  Alcan).  ■ —  L'Honneur,  sentiment  et  principe 
moral,  par  E.  Terraillon  (in-8,  Alcan).  —  A  travers  la  morale,  à  travers 
les  choses,  par  J.  Leday  (in-18  cartonné,  ,1.  de  Gigord).  ■ —  Dans  un  jar- 
din solitaire,  par  M.  Fouchet  (in-16,  Lemerre).  -  Jean- Jacques  Rousseau 
et  sa  philosophie,  par  II.  IIofTding;  trad.  du  daniàs  par  J.  de  Coussange 
(in-16,  Alcan).  —  Les  Grands  Philosophes.  Schelling.  par  E.  Bréhier  (in-8, 
Alcan).  —  Une  Philosophie  nouvelle.  Henri  Bergson,  par  E.  Le  Roy 
(in-16,  Alcan).  ■ —  L'Art  de  faire  un  homme.  Conseils  pratiques  d'éducation 
moderne.  De  la  première  enfance  à  la  fin  des  études,  pai'  l'abbé  H.  ^loc- 
quillon  (in-16,  Perrin).  • —  Précis  d'économie  sociale,  par  G.  Legrand 
(in-16,  Beauchesnel.  ■ —  Recherches  sur  le  travail  humain  dans  l'industrie. 
I.  Enquête  sur  l'alimentation  de  1065  ouvriers  belges,  par  A.  Slosse  et  E. 
Waxweiler  (gr.  in-8  cai'tonné,  Bruxelles  et  Leipzig,  Misoh  et  Thron).  — 
Les  Abonnements  d'ouvriers  sur  les  lignes  de  chemins  de  fer  belges  et  leurs 
effets  sociaux,  par  E.  Mahain  (gr.  in-8  cartonné,  Bruxelles  et  Leipzig, 
Misch  et  Thron).  —  L' Évolution  industrielle  et  agricole  depuis  cent  cin- 
quante ans,  par  G.  Renard  et  A.  Dulac  (in-8.  Alcan).  —  Illusions  socia- 
listes et  réalités  économiques,  par  D.  Bellet  (in-16.  Rivière).  —  Salaires, 
prix,  profits,  par  K.  Marx  (in-18,  Giard  et  Brière).  —  Solidarité,  par  L. 
Bourgeois  (in-18,  Colin).  —  The  Standard  rate  in  American  trade  unions, 
by  D.  A.  Me  Cabe  (in-8,  Baltimore,  the  Johns  Hopkins  Press).  —  Les 
Merveilles  de  la  vie  végétale,  par  A.  Acloque  (gr.  in-8.  Bonne  Presse).  — 
Dictionnaire  militaire.  Encyclopédie  des  sciences  militaires  rédigée  par  un 
comité  d'officiers  de  toutes  armes.  25^^  livr.  et  Supplément  général  (2  fasc. 
in-4.  Berger- Levrault).  —  Nos  Cathédrales,  par  A.  Bro(]uelet  (in-18.  Gar- 
nier).  —  Les  Sculpteurs  français  du  xiil^  siècle,  par  M^^*-'  L.  Billion  (in-8 
carré,  Plon-Nourrit).  —  Huns  Holbein  le  jeune.  L'Œuvre  du  maître  (gr. 
in-8  carré,  relié  toile,  Hachette).  —  En  flânant.  A  travers  la  France. 
Touraine.  Anjou  et  Maine  (petit  in-8,  Perrin).  —  Musiciens  et  poètes,  par 
J.  ChcUitavoine  (in-16,  Alcan).  —  Éloges  académiques  et  discours,  par  G. 
Darboux  (in-16,  Hermîinn).  -     Contributions  au  folklore  bourbonnais,  pai' 


—  95  — 

F.   Pérot  (in-12  carré,  Moulins,  les  Cahiers  du  Centre).  —  Ronces  et  lierres, 
par  F.  Fabié  (in-18,   Lemerre).  -     Hintes  galantes,   par  F.   Bailly   (in-16, 
Lemerre).  ■ —  Toiles   et   bronces,    par  F.   Lame   (in-16,    Jouve).  —     Thyiiu^ 
et  Uwandes,  par  H.   des  Beaumeltcs  (in-18,   Jouve).  ■ —  La  Danse  de  So- 
phocle, par  J.   Cocteau   (in-Ui,   Mercure  de  France).  —  Rêves  et  pensées, 
par  p.   Baudry  (in-16,  Messein).  —  Toute  mon  âme,  par  C.   de  8aint-Cyr 
(in- 16,   M.   Rivière).  —  Les  Églantines,  par  A.  Lobert  (petit  in-8,  Saint- 
Quentin,    Imp.'    générale).         Lu    Cité    des    lampes,  par    G.  Silve  (in-16, 
Calmann-Lévy).  —  La   Route   bleue,    par   J.  Rameau    (in-16,  Plon-Nour- 
rit).    -    La  Fresque  de  Pompci.  La  Madone  qui  pleure,  par  O.  Augustin- 
Thierry  (in-16,  Plon-Nourrit).  -     V Appel,  par  M.-G.  Belgrand  d'Arbau- 
mont   (in-16,    Plon-Nourrit).  ■ —  La    Vocation   de  Frank   Guiselcy.  par  R. 
H.  Benson;    trad.    par  T.  de   Wyzewa   (in- 16,    Perrin).  • —  Monsieur   des 
Lourdines,    par   A-  de  Châteaubriant   (in-16,  Cîrasset).  - —  Jean    Guilbert, 
scènes   du   Rouer gue,    par   G.   Mercier   (in-16,  Grasset).  —  Les  Rlés    mû- 
rissent, par  II.  Bordier  (in-16,   Grasset).  ■ —    Vers  la  lumière,  par  E.   Poi- 
teau  (in-16,  Grasset).  —  La  Meilleure  Part,  par  E.  Poiteau  (in-16,  Gras- 
set).    -    A    V  ombre    du    clocher,   par    L.   Gros  (in-16,    Grasset).  —-  Malgré 
son  père,  par  F.  Dumont  (in-16,  Grasset).  —  Le  Moulin  sur  la  Soufroide, 
par   M.  Regnaud   (in-16,    Grassetl.  —  Thérèse   Dalhran,    par   L.   Fisquet 
(iu-16,  Grasset).  —  Les   Feuilles  sur  la  route,   par  M.   de  la  Fuye  (in-18 
Jouve).  —  Ames  de  femmes,  par  B.   de  Rigny  (in-16,   Jouve).  —  Vision- 
naires,   par  A.-R.    Schneeberger    (in-18,    Figuière).  —  L'Amour    nomade. 
Claudia,  par  M.  Deroxe  (in-18,  Figuière).  — La  Cure,  cas,  par  L.  Baranger 
(in-18,  Figuière).  —  Qui  sème  le  vent...,  par  C.  Jeandet  (in-16,  Figuière).  — 
Jeanne   Michelin.    Chronique  du   xviii''  siècle,   suivie  de  :  Les  Deux   Faces 
de  la  vie,   par  H.  Bordeaux   (in-I"2,    F(intemoing).  —  Dorrington  détective 
marron,    par    A.    Morrison;  trad.  par  A.  Savine  (in-16.    Stock).    —    La 
Lande  aux  loups,  par  P.  Maël  (in-12  cartonné,  Tours,  Marne).  ■ —  Œuvres 
complètes    de    Maximilien  Robespierre,   l""'"    partie.     Robespierre    à    Arras. 
T.    II.  Les   Œuvres  judiciaires,   par  E.    Lesueur  (in-8,   Leroux).  —    Victor 
Hugo.    Œuvres  choisies   illustrées,   par  Léupold-Lacour  (2   vol.   petit  in-8, 
Larousse).  —     Œuvres    choisies    d'Alfred    Musset,  par  J.  Giraud    (in-16, 
Hachette).  —  La  Vie  et  Vœuvre  de  Palis.^ot,  par  D.  Delafarge  (in-8.  Hachette). 

—  Pour  monter  et  jouer  une  pièce,  par  J.  Blaize  (petit  in-8,  Colin). —  Le 
Romantisme  en  France  au  xYiii'-  siècle,  par  D.  Mornet  (in-16.  Hachette). 

—  La  Rataille  romantique,  par  J.  Marsan  (in-16,  Hachette).  —  Pierre 
Rosegger.  L'Homme  et  l'œuvre,  par  A.  Vulliod  (in-8,  Alcan).  ■ —  Au  Ma- 
roc, par  les  camps  et  par  les  villes,  par  G.  Babin  (in-16,  Grasset).  — 
Dans  notre  empire  noir,  par  M.  Rondet-Saint  (in-16,  Plon-Nourrit).  — 
La  Tripolitaine  interdite.  Ghadamès,  par  L.  Pervinquière  (in-16,  Hachette). 
• —  Histoire  des  conciles  d'après  les  documents  originaux,  par  C.  J.  Hefele; 
trad.  française  par  Uom  H.  Leclercq.  T.  IV,  2^  partie.  T.  V,  f^  partie 
{2  vol.  in-8,  Letouzey  et  Ané).  —  Saint  Ëlzéar  de  Sabran  et  la  bienheu- 
reuse Delphine  de  Signe,  par  P.  Girard  (in-12.   Librairie  Saint-François). 

—  "  Les  Saints  ».  Sainte  Chantai,  1572-1641,  par  H.  Bremond  (in-12, 
LecofTre,  Gabalda).  ■ —  Une  Petite  Sainte.  Sœur  Thérèse  de  l'Enfant- Jésus, 
par  J.  Saint- Yves  (in-12,  Lethielleux).  —  Le  Cœur  d'une  reine.  Anne 
d'Autriche,  Louis  XIII  et  Mazarin,  par  P.  Rubiquet  (in-8,  Alcan).  — 
La  Cour  des  Stuarts  à  Saint-  Germain-en-Laye,  1689-1718,  par  G.  du 
Boscq  de  Beaumont  et  M.  Bernos  (petit  in-8,  Émile-Paul).  —  Les  Ori- 
gines^de   la   Déclaration   des   droits   de  l'homme  de  1789,    par  V.   Marcaggi 


—  96  — 

(in-8,  Fontemoiiig).  —  La  Diplomatie  de  la  Gironde.  Jacques- Pierre  Bris- 
sot,  par  H.-A.  Goetz-Bernstein  (in-8,  Hachette).  —  La  Défense  nationale 
de  1792  à  1795,  par  P.  Caron  (in-16,  Hacliette).  —  Le  Congrès  de  Ras- 
tatt  (11  juin  1798-28  avril  1799).  Correspondance  et  documents  publiés 
pour  la  Société  d'histoire  contemporaine,  par  P.  Montarlot  et  L.  Pin- 
gaud  (in-12,  A.  Picard  et  fils).  —  1812.  La  Guerre  de  Russie,  par  A.  Chu- 
qiiot  (in-8,  Fontemoing).  Notes  et  Documents,  'A*-'  série.  —  Le  Marquis 
René  de  Girardin  (1735-1808),  par  A.  Martin-Decaen  (petit  in-8,  Perrin). 
—  Ma  Vie,  1850-1864,  par  R.  Wagner;  trad.  de  N.  Valentin  et  A.  Schenk. 
T.  III  (in-8,  Plon-Nourrit).  —  La  Renaissance  de  l'orgueil  français,  par 
E.  Rey  (in-16,  Grasset).  —  Les  Annements  allemands.  Lu  Riposte,  par  le 
capitaine  P.  Félix  (in-8,  Berger-Levraiilt).  —  Les  Catholiques  sont-ils 
des  citoyens?  par  J.  Riche  (in-16.  Librairie  des  Saints-Pères).  ■ —  Histoire 
du  peuple  anglais  au  xix*^  siècle,  par  E.  Halévy.  I.  L'Angleterre  en  1815 
(in-8,  Hachette).  ■ —  Les  Rapports  de  V Église  et  de  V État  en  Italie,  par 
le  comte  J.  Casali  (in-16,  Basset).  —  Proscrits.  Histoire  anecdotique  de 
la  persécution  et  de  V expulsion  des  jésuites  de  Portugal  en  octobre  1910, 
par  L.  G.  d'Azevedo  (gr.  in-8,  Casterman).  —  Histoire  des  Arabes,  par 
C.  Hiiart.  T.  I  (in-8,  Geuthner).  —  Voix  canadiennes.  Vers  V  abîme,  par 
A.  Savaète.  T.  VI  (in-8,  Savaète).  ■ —  Histoire  de  la  race  française  aux 
États-Unis,  par  l'abbé  D.-M.-A.  Magnan  (gr.  in-8,  Amat).  —  Bolivar  et 
V émancipation  des  colonies  espagnoles,  des  origines  à  1815,  par  J.  Man- 
cini  (in-8,  Perrin).  • —  Les  Livres  liturgiques  du  diocèse  de  Langres.  Étude 
bibliographique.  2^  supplément,  par  l'abbé  L.  Marcel  (in-8,  A.  Picard  et 
fils).  —  Bibliographie  verlainienne ,  par  G. -A.  Tournoux  (in-16,  Leipzig, 
Rowohlt).  —  Jahrhuch  fur  Biicher-Kunde  und  —  Liebhaberei,  von  G.  A. 
E.    Bogeng    (gr.    in-8,    Berlin,    Harrwitz).  Visenot. 


Le   Gérant  :  CHAPUIS. 


Imprimerie  polyglotte  Fr.  Simon,   Rennes— Paris. 


POLTBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 

OUVRAGES  D'ENSEIGNEMENT  CHRÉTIEN  ET  DE  PIÉTÉ 

Prédication.  —  t.  Discours  choisis  du  cardinal  Pie,  avec  une  Introduction  des 
notices  et  des  notes,  par  l'abbé  Paul  Halflants.  Bruxelles,  Keller,  s,  d.,  in-12 
de  180  p.,  1  fr.  50. — •  2.  Œuvres  choisies  oratoires  et  pastorales  de  Mgr  Touchf.t. 
T.  VII  et  VIII.  Paris,  Lethielleux,  1912,  2  vol.  in-12  de  474  et  431  p.,  7  fr.  — 
3.  Sermons  de  Bourdaloue  adaptés  à  notre  éppque.  V^  série.  Instructions  d'un 
quart  d'heure  pour  les  dimanches  et  fêtes  de  l'année,  par  l'abbé  H.  Verdun.  Paris, 
Beauchesne,  1912,  petit  in-8  de  xvi-521  p.,  5  fr.  ■ —  i.  A  travers  trente  ans  d'apos- 
tolat  ^1881-1911),  par  le  chanoine  J.  Guiraud.  Paris,  Vie  et  Amat,  1911,  petit 
in-8  de  xvi-468  p.,-  3  fr.  50.  — •  5.  Vade-mecum  des  prédicateurs,  par  Deux  mis- 
sionnaires. Paris,  Téqui,  1912,  in-18  de  x-783  p.,  5  fr.  — ■  6.  Le  Pain  évangé- 
ligue.  Explication  diaîoguée  des  Évangiles  des  dimanches  et  fêtes  d'obligation  à 
l'usage  des  catéchismes,  du  clergé  et  des  fidèles:  T.  I^''.  De  V Avent  au  Carême- 
T.  II.  Du  Carême  à  la  Saint-Pierre,  i)3Lr  l'alibé  E.  Duplessy.  Paàs,  Téqui,  1912, 
2  vol.,  in-12  (iï-  x-240  p.  et  248  p.,  4  fr.  —  7.  Exposition  de  la  morale  catholique- 
Morale  spéciale.  La  Foi,  son  objet  et  ses  actes.  Carême  de  1911,  par  le  R.  P. 
Janvier.  Pari«,  I  ethielleux,  s.  d.,  petit  in-8  de  440  p.,  4  fr.  —  8.  Les  Sacre- 
ments, conférences  aux  étudiants,  par  Louis  Boucard,  Paris,  Beauchesne,  1912, 

•  m-16  de  viii-40'.  p.,  3  fr.  50. 

EnseignemeiNT.  —  9.  Mon  grand  Catéchisme.  Manuel  d' instruction  et  de  formation 
chrétiennes, _Y)dLV  les  al)bés  Th.  Dequin  et  A.  Ledieu.  Paris,  Bloud,  1912,  in-16 
cai tonné  de  iv-375  p.,  2  fr.  50.  —  10.  Le  Catéchisme  de  maman.  La  Religion 
expliquée  aux  petits  enfants,  par  l'abbé  de  Saint-Jean.  Paris,  Bloud,  s.  d.,  in- 
16  de  79  p.,  illustré,  0  fr.  60.  —  11.  Premières  Leçons  de  catéchisme,  par  l'abbé 
Davot.  Paris,  Bloud,  1911,  in-32  cartonné,  de  79  p.,  0  fr.  40.  —  12.  Sw  le 
Chemin  du  salut.  La  Famille  chrétienne  et  la  Saints  Famille.  Le  Mariage  chrétien, 
par  Victor  Vieille.  Paris  et  Lyon,  Vitte,  1912,  in-18  de  232  p.,  1  fr.  25.  — ■ 
13.  L'Éducation  chrétienne,  conférences,  par  l'abbé  Henri  Le  Cavus.  Paris, 
Téqui,  1912,  in-16  de  viii-191  p.,  1  fr.  50.  —  14.  Le  Christ  et  l'Église  dans  les 
questions  sociales,  conférences  données  au  Brésil,  par  L.-A.  G  ffre.  Paris,  Bloud, 
1912,  in-16  de  xxv  342  p.,  3  fr.  50.  —  15.  L'Autre  Vie,  par  Mgr  Élie  Mérîc. 
13e  éd.  Paris,  Téqui,  1912,  2  vol.  in-18  de  xvni-337  et  400  p.,  6  f r.  —  16.  Consi- 
dérations sur  l'éternité,  pai  le  R.  P.  Drexelius;  trad.  par  Mgr  Bélet.  3^  édit. 
Paris,  Téqui,  1911,  in-12  de  xviii-235  p.,  2  fr.  -  17.  L'Éducation  de  la  chasteté. 
Méthode  pratique  d'enseignement  sexuel  et  d'éducation  de  la  chasteté  proposée  aux 
parents,  aux  prêtres  et  autres  éducateurs,  par  Michel  Gatterer  et  Franz  Krus; 
trad.  de  l'allemand  par  l'abbé  Th.  Dequin.  Paris,  Bloud,  1911,  in-16  de  150  p., 
2  fr.  —  IS.  La  Vraie  Politesse.  Petit  Traité  sous  forme  de  lettres  h  des  religieuses, 
par  l'abbé  François  Demore.   Paris,  Téqui,  1912,  in-16  de  x-226  p.,  ?  fr. 

Jésus-Christ.  —  19.  Le  Chrétien  intime,  par  Charles  Sauvé.  T.  VI.  Le  Culte 
des  mystères  et  des  paroles  de    Jésus.     I.   Élévations  éi>an^éliques.    Paris,   Amat, 

1911,  petit  in-8  de  xxiii-470  p.,  3  fr.  50.  —  20.  La  Religion  de  Jésus  d'après 
l'Évangile,  par  l'abbé  Pierre  Lelièvre.  Paris,  Perrin,  1912,  in-16  de  xxx- 
280  p.,  3  fr.  50.  —  21.  Jésus  de  Nazareth.  Histoire  de  sa  vie  racontée  aux  enfants, 
par  la  Vénérée  Mère  Marie  Loyola,  publiée  par  le  P.  Thurston;  trad.  fran- 
çaise par  Madeleine  Bertha.   Paris  et  Lyon,  Vitte,  s.  d.,  in-16  de  xiv-376  p., 

2  fr.  50.  —  22.  Paroles  de  Jésus  sur  la  montagne-.  Entretiens  d'un  quart  d'heure 
pour  les  jeunes  chrétiens  de  notre  temps,  par  l'abbé  Chabot.  Paris,  Beauchesne, 

1912,  in-16  de  288  p.,  2  fr.  50.  —  23.  Par  l'amour  et  la  douleur/  Étude  sur  la 
Passion,  par  Léon-Rimbault.  4»  édit.  Paiis,  Téqui,  1911,  in-12  de  xv-5<15  p., 

3  fr.  50.  —  24.  Jésucristo  viviendo  con  nosotros  en  el  Sacramento  de  su  amo,,  pOF 
José  M.  de  Jk.sus  Portugal.  Barcelona,  Subirana,  1910,  in-16  de  368  p.,  2  fr. 

AOUT  1912.  T.  GXXV.  7. 


—  98  — 

25.   En  Lui!  Portrait  de  Vâme  déi'ouée  au  Sacré-Cœur,  par  Félix  Anizan. 

Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-12  de  522  p.,  3  fr.  50.  —  26.  Livre  d'or  du  Cœur  de 
Jésus  pour  les  prêtres  et  pour  les  fidèles,  TpAT  Joseph  Hilgers.  Paris,  Lethielleux. 
s.  d.  in-32  de  xii-252  p.,  1  fr.  25.  —  27.  Vous  êtes  à  Jésus-Christ,  parle  R.  P. 
Rickaby;  tiad.  et  adapté  de  l'anglais  par  M.  Jry.  Paris  et  Tournai,  Caster- 
man,  1911,  in-32  de  241  p.,  1  fr.  25. 
L'Eucharistie.  —  28.  Discours  eucharistiques.  2"  séiie.  Discours  dogmatiques 
prononcés  aux  congrès  eucharistiques  de  Jérusalem,  de  Eeims,  de  P.iicy  l  Moniil. 
de  Bruxelles,  de  Lourdes.  Palis,  Lethielleux,  s.  d.,  in-12  de  385  p.,  3  fr.  50.— 
29.  Entretiens  sur  VEucharistie,  par  Mgr  de  Gibergues.  Paris,  J.  de  Gigord, 
1912  in-18  de  vi-179  p.,  1  fr.  50.  —  30.  U  Éducation -eucharistique,  par  J.-C. 
BroÙssolle.  Paris,  Téqui,  1912,  in-12  de  vi-277  p.,  2  fr.  —  31.  Entretiens 
eucharistiques  pour  le  recrutement  sacerdotal,  par  l'abbé  Jean  Vaudon.  Paris, 
Ténui,  1911,  in-12  de  xvi-374  p.,  3  fr.  50.  —  32.  Le  Mystère  d'amour.  Considé- 
rations sur  la  .mainte  Eucharistie,  par  le  R.  P.  Lecornu.  Paris,  Téqui,  1912  ,  in-r2 
de  vni-39'i  p.,  3  fr.  50.  —  33.  Pr'tre  et  pasteur,  ou  Grandeurs  et  obligations  du 
prêtre.  Extraits  des  ouvrages  du  B.  J  an  Eudes,  parle  P.  Boulay.  Paris,  Le- 
thielleux 1911,  in-12  de  xu-552  p.,  3  fr.  50.  —  34.  Le  Zélateur  de  la  confession 
et  de  la  communion  fréquente,  par  l'abbé  S.  Febvre.  Paris,  Maison  de  la  Bonne 
Presse  s.  d.,  in-16  de  xvi-417  p.,  1  fr.  —  35.  La  Grâce  à  dix  ans.  Essai  de 
discernement  et  d'éducation  de  la  grâce  chez  les  jeunes  enfants,  par  l'abbé  Geli.é. 
Paris,  Ee^uchesne,  1912,  petit  in-8  de  231  p.,  3  fr.  —  36.  Panis  Angelorum. 
Tesoro  de  documentas  y  practicas  para  los  devotos  de  la  sagrada  Eucaristia,  por  Un 
I  adr     de  S.  J.  Barcelona,  Gili,  1911,  in-16  relié  de  512  p.,  2  fr.   50. 

Prédication.  —  1  à  8.  —  L'influence  d'un  évêque  comme  le  car- 
dinal pie  ne  saurait  être  bornée  ni  par  l'étroite  limite  d'un  diocèse 
ni  par  la  durée  trop  réduite  de  sa  propre  existence;  nous  félicitons 
M.  1  abbé  Halflants  d'avoir  contribué  à  étendre  cette  influence  consi- 
dérable par  le  c'ioix  qu  il  a  fait  des  principaux  discours  ou  œuvres 
pastorales  du  cardinal  Pie;  instructions  sur  l'esprit  de  renoncement 
et  de  sacrifice,  sur  les  principales  erreurs  du  temps  présent,  sur  Rome 
consid(  rée  Comme  siège  de  la  Papauté;  l'éloge  funèbre  des  volontaires 
catholiques  (zouaves  pontificaux);  mandement  ;  Lave  tes  mains,  ô 
Pilate;  homélie  pour  le  couronnement  de  N.-D.  de  Lourdes, le  3  juil- 
let 1876.  Épris  des  remarquables  travaux  de  l'éminent  évêque,  l'au- 
teur fait  précéder  ces  citations  d'une  étude  aussi  substantielle  que 
concise  sur  «  l'évêque  et  l'orateur  «.  En  tête  de  chaque  citation,  est 
un  résumé  de  lœuvre  qui  va  suivre  avec  quelques  mots  sur  son  oppor- 
tunité. 11  fait  bon  relire  ces  pages  qui,  à  leur  heure,  ont  produit  en 
France  la  plus  vive  impression;  on  se  réchauffe  volontiers  auprès  de 
ces  ardeurs  apostoliques  qui  ont  fait  de  l'évêque  de  Poitiers  l'athlète 
puissant  et  inlassable  au  service  de  la  vérité  doctrinale  et  du  Saint- 
Siège. 

—  La  librairie  Lethielleux  continue  la  publication  des  Œuvres  choi- 
sies de  Mgr  Touchet,  évêque  d'Orl'ans,  œuvres  oratoires  et  pastorales; 
elle  en  est  aux  septième  et  huitième  volumes  que  nous  avons  sous  les 
yeux  et  qui  contiennent  les  œuvres  publiées  dans  le  cours  de  cinq 
années,  depuis  le  29  décembre  1î;05  jusqu'au  12  décembre  1909.  Ces 
œuvres  touchent  à  toutes  les  questions  qui  ont  été  soulevées  depuis 


—  99  -- 

la  loi  de  séparation  :  protestations,  organisation  diocésaine,  denier  du 
culte,  écoles  libres,  etc.,  etc.;  moiii  propric  et  encycliques  commentés 
et  expliqués;  panégyriques.  11  n'y  a  rien  sur  Jeanne  d'Arc  parce  que 
tout  ce  qui  a  trait  à  la  Bienheureuse,  lettres,  allocutions,  discours, 
actes,  formeun  volume  à  part",  sans  parler  d'un  second  volumespécial 
qui  renferme  tous  les  documents  relatifs  à  la  cause  de  la  Béatification. 
La  table  des  matières,  bien  faite  et  très  complète,  rt'sume  en  quelques 
mots  chacun  des  actes  contenus  dans  les  deux  volumes  et  peut  ainsi 
donner  une  idée  exacte  de  leur  objet  particuher.  Nous  n'avons  pas 
'besoin  de  répéter  ce  qui  a  été  déjà  écrit  sur  le  style  et  la  manière 
de  l'éminent  évêque  :  ses  allocutions  surtout,  ses  éloges  funèbres  et 
see  panégyriques  portent  toujours  le  caractère  de  son  beau  talent  ora- 
toire ainsi  qu'ils  mettent  en  plein  relief  ses  remarquables  qualités  de 
pontife  et  d'administrateur.  Cette  collection  des  œuvres  de  Mgr  Tou- 
chet  doit  faire  l'ornement  d'une  bibliothèque  sacerdotale.     »     -  r  ■[ 

—  Les  Sermons  de  Bourdaloiie  sont  de  vrais  chefs-d'œuvre  du  genre; 
les  fruits  qu'il  leur  a  été  donné  de  produire  se  renouvellent  à  chaque 
génération.  On  félicitait  un  curé  du  biein  qu'il  opérait  par  ses  ins- 
tructions :  «  Cela  m'arrive,  répondit-il,  toutes  les  fois  que  je  prêche 
Bourdaloue  ».  Mais  il  le  prêchait  en  le  raccourcissant  et  en  l'adaptant 
à  notre  époque.  Le  livre  de  M.  l'abbé  Verdun  nous  aidera  à  obtenir 
le  même  succès;  il  a  revisé  les  longs  sermons  du  célèbre  prédicateur 
en  des  Instructions  d'un  quart  d'heure  pour  les  dimanches  et  fêtes  de 
r.'année;  il  nous  parait  que  son  travail  pourrait  nous  servir  très  utile- 
ment à  enseigner  la  doctrine  sans  fatiguer  l'auditoire.  M.  l'abbé 
Verdun  nous  révèle  d'abord  la  méthode  qu'il  a  suivie,  nous  commu- 
nique les  éloges  qu'il  a  reçus  de  divers  évêques  et  de  distingués  ecclé- 
siastiques dont  l'un,  le  R.  P.  Griselle,  lui  écrit,  entre  autres  choses 
flatteuses  :  «  Ceux  qui  suivront  vos  conseils  se  féliciteront  vite  de 
vous  avoir  écouté.  »  Ainsi  adaptés,  les  sermons  de  Bourdaloue  pour- 
ront être  très  bien  acceptés;  ils  prouveront  qu'ils  n'ont  pas  encore 
fait  leur  temps  et  qu'ils  peuvent  redevenir  à  la  mode.  «  La  morale  de 
Bourdaloue,  si  ancienne  qu'elle  soit,  et  la  solidité  de  sa  doctrine, 
jointe  à  la  pureté  de  sa  parole,  lui  assurent  une  éternelle    actualité  ». 

—  Bourdaloue  prêchait,  dit-on,  les  yeux  fermés;  M.  le  chanoine 
Guiraud,  prêche,  comme  Mgr  de  Ségur,  en  aveugle,  mais  le  mission- 
naire, comme  le  pieux  prélat,  est  un  aveugle  très  clairvoyant.  Sou  s  ce 
titre  :  A  travers  trente  ans  d'apostolat,  il  a  réuni,  dans  un  volume,  ses 
principales  œuvres  oratoires  groupées  sous  ces  titres  :  Panégyriques 
(7);  homélies  sut  Madeleine  (6);  conférences  sociales  sur  les  béatitu- 
des (4);  sermons  sur  la  croix,  l'Eucharistie,  l'Église  et  Marie;  le  temple 
catholique,  fausseté  des  joies  du  monde  (5);  allocutions  sur  la  Croix- 
Rouge,  les  orgues,  les  cloches,  le  cimetière,  le  mariage  (7);  Il  a  été 


—  100  — 

encourago  à  cette  publication  par  un  grand  nombre  d'archevêques  et 
d'évêques  qui  ont  rendu  un  témoignage  autorisé  «  à  la  pureté  de 
la  doctrine  et  à  la  belle  ordonnance  classique  de  la  composition  faite 
de  clarté,  d'élévation  et  de  simplicité  ».  Mgr  Germain,  archevêque  de 
Toulouse,  écrit  à  l'auteur  qu'il  a  «  de  nobles  sentiments,  les  grandes 
pensées  de  foi  du  Père  Lejeune,  celui  que  Massillon  appelait  le  mo- 
dèle des  prédicateurs;  il  ne  doute  pas  du  bien  qu'il  fera  à  ceux  qui  le 
liront  comme  il  en  a  fait  depuis  trente  ans  à  ceux  qui  l'ont  entendu.  » 

—  Le  Vade-niecum  des  prédicateurs  est  un  vrai  manuel  à  l'usage  de 
la  prédication.  Les  auteurs  —  deux  missionnaires  —  bien  au  courant 
de  ce  ministère,  y  ont  réuni  tout  ce  qui  convient  à  l'apostolat  du 
pasteur  dans  sa  paroisse  ou  au  dehors.  La  1^^  partie  comprend  les 
Dominicales,  c'est-à-dire  les  homélies  pour  tous  les  dimanches,  deux 
homtlies  bien  distinctes  chaque  fois  et  si  bien  disposées  que  chacune 
pourrait  suffire  au  prône  et  à  une  autre  instruction.  Les  fêtes  forment 
la  2^  partie  :  celles  de  Notre-Seigneur  et  tout  ce  qui  a  trait  à  l'Eu- 
charistie ;  celles  de  la  Sainte  Vierge  et  de  son  culte  (mois  de  Marie,  etc.)  ; 
celles  des  saints.  Pour  les  prédications  spéciales,  la  3^  partie  renferme 
les  prédications  de  l'Avent,  du  Carême,  conférences,  retraites,  nom- 
breux sujets  de  circonstance.  Ce  ne  sont  pas  des  discours  tout  faits, 
mais  un  texte,  une  idée  pour  l'exorde,  des  divisions  bien  marquées 
avec  des  subdivsions,  mises  à  leur  place,  chacune  accompagnée  de  quel- 
que texte  qui  sert  au  développement:travail  tout  prêtderechercheset 
d'arrangement,  mais  qui  laisse  au  prédicateur  le  soin  de  le  revêtir  de 
sa  forme  et  de  lui  donner  le  développement  convenable.  On  ne  com- 
prend bien  un  aide,  un  auxiliaire,  que  dans  ces  conditions;  si  le  livre 
ne  laisse  rien  à  faire,  c'est  un  grave  tort;  c'est  favoriser  la  paresse; 
le  prédicateur  n'a  plus  qu'à  s'assimiler  par  la  mémoire  ce  qu'on  lui 
donne  et  à  le  redire  fidèlement  du  haut  de  la  chaire.  Nous  n'approu- 
verions certes  pas  cette  méthode  qui  aboutirait  à  paralyser  nos  meil- 
leures facultés  el  même  à  nuire  à  l'efficacité  de  notre  apostolat,  car 
la  parole  seule  peut  faire  du  bien  qui  est  méditée,  réfléchie,  celle 
qu'on  s'est  identifiée  et  dont  on  s'est  pénétré. 

—  Le  Pain  évangélique,  de  M.  rabl)é  E.  Duplessy,  est  plutôt  une 
Explication  dialogiiée  des  Évangiles  qu'une  prédication;  nous  plaçons 
ici  cet  ouvrage  parce  qu'il  complète,  en  quelque  sorte,  le  précédent  : 
c'est  l'Evangile  mis  à  la  disposition  non  seulement  des  catéchistes 
mais  aussi  des  prédicateurs;  une  autre  source  de  sujets  très  pratiques 
qui  nous  arrivent  même  de  Jésus-Christ,  de  l'Esprit  saint  et  que 
l'Eglise  nous  offre  avec  opportunité,  en  faisant  de  son  enseignement 
une  part  à  chaque  dimanche.  La  forme  est  le  dialogue  et  elle  est  par 
là  même  plus  captivante  :  on  est  interrogé,  il  faut  répondre,  parce  que 
cette  question  qui  est  posée  aujourd'hui,  à  nous  ou  en  notre  présence, 


—  101  — 

peut  nous  être  adressée  dans  telles  circonstances  que  nous  serions, 
quoique  très  embarrasses,  obligés  de  répondre  sur-le-champ,  et  alors 
la  pensée  de  cette  perspective  nous  fait  prendre  plus  d'intérêt  à 
écouter  et  à  comprendre.  C'est  l'usage  assez  répandu  aujourd'hui  de 
mêler  à  des  sermons  de  carême,  de  retraite  ou  de  mission  des  confé- 
rences dialoguées.  L'ouvrage  de  M.  Duplessy  pourra  être  très  utilisé 
dans  ces  occurrences  par  nos  vénérés  confrères.  11  n'est  pas  complet 
encore  :  le  tome  l^'"  va  de  l'Avent  au  Carême  et  le  tome  2^  ne  con- 
tinue que  jusqu'à  la  Saint- Pierre.  Mais  l'auteur,  encouragé  par 
son  succès,  ne  va  pas  manquer  de  publier  bientôt  la  fin  de  son  excel- 
lent travail. 

—  Le  maître  de  la  parole  apostolique  qui  continue  l'œuvre  des 
conférences  de  Notre-Dame  de  Paris  traitait,  pendant  le  carême  de 
1911,  de  l'objet  et  des  actes  de  la  foi;  le  R.  P.  Janvier  se  montre  tou- 
jours à  la  hauteur  de  son  importante  mission,  illustrant  à  son  tour 
cette  chaire  où  sont  montés  nos  plus  éminents  orateurs.  Sa  doctrine, 
inspirée  des  enseignements  du  Docteur  angélique,  a  reçu  de  S.  É.  le 
cardinal  secrétaire  d'Etat,  écrivant  au  nom  du  Saint-Père,  la  plus 
flatteuse  consécration;  elle  est  déclarée  opportune  parce  que,  tout  en 
réfutant  les  anciennes  hérésies,  le  conférencier  se  préoccupe  aussi  de 
combattre  les  erreurs  nouvelles.  Le  cardinal  Merry  del  Val  ajoute  : 
«  Le  succès  de  votre  parole  est  la  meilleure  preuve  que,  même  à  notre 
époque,  le  dogme  catholique  n'a  pas  besoin  d'être  amoindri  pour  être 
propose  aux  esprits  sincères  et  cultivés  ».  Le  R.  P.  Janvier,  en  pu- 
bliant ses  conférences  de  1911  :  Ex-position  de  la  morale  catholique. 
Morale  spéciale.  La  Foi,  son  objet  et  ses  actes,  les  accompagne,  comme 
il  a  fait  pour  les  précédentes,  de  deux  longs  appendices;  dans  le  pre- 
mier, il  énumère,  pour  chaque  conférence,  les  auteurs  qu'il  a  consultés, 
et  la  liste,  as£3z  étendue,  témoigne  du  labeur  obstiné  et  du  soin  cons- 
ciencieux doat  son  étude  a  été  l'objet;  dans  le  second,  il  réunit 
toutes  les  notes  explicatives  qu'il  a  crues  nécessaires  pour  le  plein 
éclaircissement  de  ses  démonstrations.  Enfin  une  table  des  matières 
reproduit  les  sommaires  et  les  résumés  des  conférences  qui  se  trou- 
vent en  tête  de  chacune  d'elles.  Le  livre,  qui  est  à  sa  2^  édition,  con- 
tinuera, auprès  de  ses  nombreux  lecteurs,  l'apostolat  que  le  prédi- 
cateur a  si  heureusement  accompli  auprès  de  ses  auditeurs. 

—  Terminons  cette  série  par  les  conférences  de  M.  l'abbé  Louis 
Boucard  sur  les  Sacrements.  Elles  sont  au  nombre  de  dix-huit,  com- 
prenant tout  ce  qui  concerne  la  vie  surnaturelle.  Les  trois  premiers 
traitent  de  la  vie  même  de  la  foi  et  de  la  grâce,  des  sept  sacrements 
institués  par  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  et  de  leur  efficacité. 
Chaque  sacrement  s'offre  ensuite  l'un  après  l'autre  avec  l'enseigne- 
ment qui  lui  est  spécial:  le  baptême  et  sa  liturgie;   la  confirmation; 


—  102  — 

l'Eucharistie  :  présence  réelle,  communion,  sacrifice  de  la  messe, 
liturgie;  la  Pénitence  :  son  institution  et  sa  pratique;  les  indulgences; 
l'extrême-onction;  l'ordre  et  la  hiérarchie;  le  mariage  et  ses  empê- 
chements, enfin  le  divorce.  M.  l'abbé  Boucard  n'en  est  pas  à  ses 
débuts;  auteur  dogmatique  très  apprécié,  il  est,  dans  ce  nouvel  ou- 
vrage, digne  de  sa  réputation;  il  s'attache  surtout  à  étudier,  discuter 
et  réfuter  les  erreurs  modernistes;  il  sera  d'un  précieux  secours  aux 
prédicateurs,  aux  catéchistes,  aux  instituteurs  et  institutrices  qui 
désirent  un  enseignement  approprié  aux  besoins  actuels. 

Enseignement.  —  9  à  18.  —  Le  premier  et  le  meilleur  livre  d'en- 
seignement religieux  est  le  catéchisme.  Celui  que  publient  MM.  les 
abbés  Dequin  et  Ledieu  sous  le  titre  de  :  Mon  grand  Catéchisme 
s'adresse  particulièrement  à  des  esprits  déjà  formés  «  aux  élèves  des 
cours  supérieurs  de  l'enseignement  primaire  et  à  ceux  du  premier 
cycle  de  l'enseignement  secondaire  »,  mais  il  peut  convenir  à  bien 
des  gens  du  monde  qui  pourront  y  trouver  une  connaissance  exacte, 
complète  et  approfondie  de  la  doctrine  catholique  sous  une  forme 
très  attrayante.  Le  livre  se  divise  en  3  parties  :  Dieu  et  sa  Loi;  Jésus- 
Christ  et  l'Eglise;  la  vie  surnaturelle;  en  tout  55  leçons;  chacune 
comprend  un  précis  doctrinal;  un  questionnaire  analytique;  un  déve- 
loppement et  des  explications;  un  essai  d'éducation  du  sentiment 
religieux;  des  sujets  de  devoirs  écrits;  des  lectures,  extraites,  la  plu- 
part, de  la  Bible  et  qui  fourniront  aux  caté(?histes  un  thème  inépui- 
sable de  commentaires  pratiques.  Ce  plan  est  neuf  et  original  et  «  il 
est  exécuté  avec  bonheur  »,  écrit  à  l'auteur  Mgr  de  Soissons,  qui  sou- 
haite à  l'ouvrage  «  tout  le  succès  qu'il  mérite  ». 

—  Le  Catéchisme  de  maman  est  la  religion  expliquée  par  une  mère 
à  ses  enfants,  forme  très  ingénieuse  d'enseignement,  bien  à  la  portée 
des  plus  petits;  il  se  compose  de  sept  leçons  seulement  et  encore  sont- 
elles  assez  brèves,  mais  quand  même  complètes.  Chacune  a  deux  par- 
ties :  la  récitation  sur  la  page  de  droite;  l'explication  sur  la  page  de 
gauche,  et  cela  suit  ainsi  tout  le  long  du  livre  qui  parle  une  langue 
dont  nos  ohers  enfants  connaissent  les  mots  et  qui  traduit  toutes  les 
questions  qui  peuvent  se  présenter  et  être  présentées  à  leur  esprit. 
La  simphcité  de  ce  livre  a  fait  un  devoir  à  l'auteur,  M.  labbé  de 
Saint- Jean,  de  bannir  de  ses  pages  enfantines  toute  trace  de  subti- 
lité et  d'effort;  c'est  bien  la  maman  qui  parle  à  son  cher  petit  caté- 
chumène. 

—  plus  simple  encore,  et  peut-être  aussi  plus  utile  le  petit  livre  de 
M.  l'abbé  Davot  :  Premières  Leçons  de  catéchisme.  Dans  ces  80  pages, 
il  y  a  le  résumé  complet  de  la  doctrine  et  aussi  de  la  vie  de  Jésus- 
Christ  et  du  chrétien;  il  y  a  des  prières  et  des  cantiques.  Le  livre  est 
bien  adapté  au  but  de  l'auteur,  et  combien  il  serait  à  désirer  que 


—  103  — 

nos  enfants  su6scnt  apprendre,  comprendre  et  pratiquer  ces  leçons  et 
ces  enseignements  ! 

—  Les  enfants  seront  ce  que  les  fera  la  famille;  la  première  édu- 
cation est  tout. En  traitant  du  Mariage  chrétien,  le  R.  P.  Vieille,  S.  J., 
nous  dit  ce  que  doit  être  la  Famille  chrétienne  d'après  la  Sainte  Fa- 
mille. Les  onze  chapitres  du  livre  I^r  sont  consacrés  à  la  formation 
de  la  famille.  Le  gouvernement  de  la  famille  occupe  les  vingt  chapitres 
du  livre  11  où  il  est  question  des  devoirs  religieux,  des  devoirs  de 
famille  et  de  société,  des  devoirs  personnels;  le  livre  III  est  le  tableau 
du  bonheur  vrai  de  la  famille;  joies  du  foyer  chrétien,  amour  vigi- 
lant du  père,  dévouement  héroïque  de  la  mère,  docilité  de  1  enfant  et 
ses  succès,  pureté  virginale  de  la  jeune  (ille,  fondation  d'un  nouveau 
foyer,  profession  religieuse,  vocation  sacerdotale  et  première  messe, 
etc.,  tels  sont  les  principaux  traits  de  ce  bonheur  familial.  Suivent  la 
messe  de  mariage  et  une  consécration  à  la  Sainte  Famille,  avec  des 
appendices  sur  le  divorce,  le  sacrement  du  mariage,  l'éducation. 
«  Puisse,  dit  l'auteur,  ce  livre  devenir  la  lumière,  la  loi  des  inté- 
rieurs et  les  rendre  tous  semblables  à  la  Sainte  Famille  de  Naza- 
reth !  »  Nous  faisons  le  même  vœu  et  nous  avons  bon  espoir  pour  sa 
réalisation. 

—  Voilà,  en  effet,  que  M.  l'abbé  Le  Camus,  dans  ses  conférences 
sur  l' Éducation  chrétienne,  se  propose  d'enseigner  aux  parents  lart 
de  devenir  de  bons  éducateurs.  Car  cela  doit  s'apprendre  comme  s'ap- 
prend toute  science,  toute  profession.  Rien  ne  s'improvise,  encore 
moins  cette  grande  science  et  cette  admirable  profession  de  l'éduca- 
tion. Le  but  de  M.  l'abbé  Le  Camus  est  de  montrer  comment  il  faut 
l'étudiei*.  Herbert  Spencer,  philosophe,  dont  toutes  les  idées  ne  sau- 
raient être  acceptées,  avait  raison  de  s'écrier  :  «  Combien  de  parents 
entreprennent  la  tâche  si  difficile  d'élever  leurs  enfants  sans  avoir 
jamais  songé  aux  principes  qui  doivent  diriger  l'éducation  physique, 
intellectuelle  et  morale  !  «  Les  douze  conférences  que  nous  annonçons 
sont  bien  de  nature  à  faire  cette  formation  :  Première  éducation,  foyer 
domestique,  habitudes  à  faire  prendre  à  l'enfant,  punitions  et  récom- 
penses, formation  à  l'économie,  auxiliaires  des  parents,  le  jeune 
homme  et  le  prêtre,  confession  et  communion  fréquentes,  formation 
religieuse  :  tout  est  là  et  bien  pensé,  bien  écrit,  sans  omettre  aucun 
détail  important.  Nous  recommandons  cet  ouvrage  aux  pères  et  mères 
de  famille. 

—  Avec  le  R.  P.  Gaffre  nous  voici  transportés  au  milieu  de  la 
société  contemporaine^  où  nous  sommes  témoins  de  sa  mentalité,  de 
ses  aspirations,  de  son  activité  fiévreuse,  mais  aussi  côtoyant  les 
mêmes  dangers,  les  mêmes  abîmes.  L'auteur  du  Christ  et  de  l'Église 
dans  la  question  sociale  nous  conduit ,  à  travers  ces  périlleux  laby- 


.    —  104  — 

rinthes,  à  la  clarté  de  la  lumière  cvangélique  et, mettant  au  jourtoutes 
les  plaies  de  la  société  moderne,  il  essaie  de  nous  faire  connaître 
les  remèdes  qui  doivent  les  guérir.  Ces  conférences  nous  reviennent  du 
Brésil,  ovi  elles  ont  été  prêchées  avec  un  grand  succès;  elles  produi- 
ront au  milieu  de  nous  le  même  bien,  car  nous  souffrons  du  même  mal. 
«  Vos  magnifiques  conférences  sur  des  sujets  sociaux,  prononcées  de- 
vant un  public  sélect  et  compétent  gagnèrent  toujours  l'attention 
de  votre  auditoire,  conquirent  à  votre  nom  de  franches  et  sincères 
sympathies  et  touchèrent  efficacement  le  cœur  de  vos  auditeurs.  » 
Tel  est  l'éloge  que  fait  de  cet  apostolat  le  cardinal  archevêque  de  Rio 
de  Janeiro;  il  est  consenti  par  grand  nombre  d'évêques  et  de  notabili- 
tés ecclésiastiques  ou  religieuses.  Que  faut-il  de  plus  pour  louer  un  li- 
vre et  féliciter  son  auteur?  Quelques  sujets  traités  :  la  démocratie 
dans  son  essence  et  ses  principes  est  fille  de  l'Église  catholique;  la  dé- 
mocratie, aux  mains  des  agitateurs,  devient  le  socialisme  ennemi  de 
l'Eghse  catholique;  doctrine  catholique  sur  le  capital;  ce  que  doit  être 
la  femme  du  monde  pour  accomplir  son  rôle  social. 

—  En  conformant  notre  vie  présente  à  tous  les  enseignements 
de  l'Église  nous  préparons  ce  que  Mgr  Élie  Méric  nous  offre  :  L'Autre 
Vie,  c'est-à-dire  la  vie  future,  celle  qui  ne  finira  pas.  L'ouvrage  du 
prélat  en  est  à  sa  13^  édition;  c'est  beaucoup,  peur  un  livre  aussi 
sérieux,  de  la  part  d'une  génération  aussi  légère;  c'est  ce  qui  convient 
à  un  travail  d'une  aussi  haute  valeur  doctrinale.  Nous  l'avons  déjà 
recommandé  à  nos  lecteurs  et  nous  sommes  heureux  de  renouveler 
cette  recommandation  :  on  ne  saurait  trop  rappeler  l'attention  de 
notre  société  frivole  sur  des  vérités  dont  beaucoup  ne  comprennent 
pas  assez  l'importance  :  raison  et  démonstration  de  notre  immor- 
talité; le  lendemain  de  la  mort  et  les  limites  de  la  raison;  le  problème 
de  notre  destinée  où  se  groupent  des  chapitres  d'un  palpitant  intérêt; 
l'âme  après  la  mort;  des  morts  aux  vivants;  la  résurrection  des  corps; 
les  qualités  des  corps  glorifiés;  les  élus  se  reconnaîtront  au  ciel,  le 
nombre  des  élus,  le  dernier  châtiment;  enfin,  sous  forme  d'appendice, 
dissertation  de  M.  l'abbé  Émery  sur  la  mitigation  des  peines  des 
damnés,  le  milléranisme  et  les  écoles  révolutionnaires;  purgatoire  et 
tradition.  Est-il  étonnant  que  l'épiscopat  loue  cette  œuvre  «  savante, 
complète,  lumineuse  »?  Il  ajoute  qu'elle  est  «  pleine  d'attrait,  de 
charme,  écrite  par  une  plume  brillante  et  forte  ».  Et  un  jugement  si 
autorisé  ne  saurait  être  plus  flatteur. 

—  Restons  dans  l'autre  vie  avec  les  Considérations  sur  l'éternité 
du  R.  P.  Drexelius.  Mgr  Bélet  les  a  traduites  de  l'allemand  et  nous  ne 
saurions  trop  l'en  remercier  en  1  en  félicitant;  le  hvre  n'est,  certes, 
pas  une  nouveauté,  puisqu'il  date  du  début  du  xvii^  siècle  (l'auteur 
est  mort  en  1638),  mais  pour  être  si  ancien,  il  n'en  est  que  plus  véné- 


—  105  — 

rable  :  il  a  fait  ses  preuves  et  il  en  est  sorti  victorieux;  après  trois 
siècles  il  se  présente  à  nous  avec  la  même  opportunité  et  les  mêmes 
sympathies,  Lo  prince  Aloyse  Carafa,  nonce  apostolique,  disait  de« 
ouvrages  du  P.  Drexelius:  «  C'est  avec  une  avidité  pareille  au  désir 
que  j'éprouvais  de  connaître  ces  ouvrages  ascétiques,  que  je  les  lis 
maintenant  qu'ils  sont  entre  mes  mains.  Et  plus  je  les  relis,  plus  je 
remarque  avec  bonheur  qu'il  est  plus  aisé  au  corps  d'arriver  à  la 
fatigue  dans  cette  lecture  qu'à  l'esprit  de  s'en  rassasier.  Je  ne  sais 
ce  qu'il  faut  y  admirer  le  plus,  si  c'est  la  diction  ou  la  piété,  la  soli- 
dité des  principes  ou  la  concision  du  langage  ».  Nous  souhaitons  à  ce 
livre  le  succès  qu'il  eut  autrefois:  à  Munich  seulement  cent  soixante- 
dix  mille  exemplaires  furent  enlevés  avec  u'ne  rapidité  inouïe,  sans 
compter  les  nombreuses  éditions  de  Mayence,  de  Francfort,  de  Colo- 
gne, d'Anvers,  de  Paris  et  de  Lyon.  11  est  peu  d'ouvrages  qui  aient 
eu  ce  privilège. 

—  C  est  en  pensant  à  l'éternité  qu'on  trouve  la  force  de  mieux  sup- 
porter les  peines  de  cette  vie  et  de  soutenir  les  combats  pour  la  pra- 
tique de  la  vertu.  L' Education  de  la  chasteté  nous  paraîtra  plus  facile. 
C'est  encore  de  l'Allemagne  que  nous  arrive  ce  livre  dés  Pères  Gatte- 
rer  et  Krus,  S.  J.  que  nous  fait  connaître  la  traduction  française  de 
M.  l'abbé  Dequin;  il  arrive  fort  opportunément,  hélas  !  au  sein  d'ilne 
société  qui  semble  la  proie  de  la  sensualité.  Il  paraîtra  audacieux  de 
Touloir  lui  prêcher  la  chasteté,  mais  l'apôtre  ne  doit  pas  préférer  ce 
qui  plaît  mais  ce  qui  est  utile.  Le  livre  est  d'ailleurs  d'une  excessive 
prudence  et  l'auteur  n'avance  qu'avec  toute  la  réserve  qui  s' impose, et 
si  les  considérationsqu'il  présente  étaient  bien  comprises  et  méditées 
ses  conseils  fidèlement  suivis,  la  chasteté  redeviendrait  en  très  grand 
honneur  au  milieu  du  moiide  pervers.  Importance  de  la  chasteté; 
dangers  qu'elle  rencontre;  la  protection  de  la  chasteté.  Surtout  par  une 
conscience  bien  formée,  et  pour  cela  enseignement  donné  à  l'enfance 
dès  l'âge  le  plus  tendre  et  se  développant  avec  les  années  :  tels 
sont  les  principaux  points  sur  lesquels  l'auteur  appelle  notre  atten- 
tion. Nous  pourrions, ^à  propos  de  cet  enseignement,  répéter  le  mot  du 
divin  Maître  :  Faites  ce  qui  vous  est  enseigné  et  vous  vivrez:  Hoc  fac 
et  vives. 

—  Mais  la  pratique  de  la  vertu  s'allie  très  bien  avec  les  relations 
ordinaires  de  société;  la  vraie  vertu  est  fondée  sur  la  charité  qui  se 
fait  toute  à  tout  et  même,  comme  la  piété,  elle  est  utile  à  toutes 
choses.  Ne  soyons  donc  pas  surpris  du  livre  de  M.  l'abbé  François 
Demore  sur  la  Vraie  Politesse.  Il  a  déjà  affronté  la  publicité  et  il  y 
a  réussi  puisqu'il  en  est  à  sa  2©  édition.  C'est  un  petit  traité  sous 
forme  de  lettres  à  des  religieuses;  l'auteur  définit  d'abord  la  poli- 
tesse et  la  distingue  de  la  civilité  ;  il  en  fait  connaître  le  principe, 


—  lOô  — 

considôro  par  rapport  aux  religieuses;  il  dit  son  utilité,  sa  nécessité, 
ses  avantages.  Il  propose  pour  modèle  la  politesse  des  saints;  à  ses 
yeux,  la  politesse  est  fille  de  la  mortificatioïi,  et  la  splendeur  de  la 
charité;  en  quoi  consistent  le  maintien  religieux,  la  civilité  dans  les 
conversations,  dans  les  repas,  dans  les  lettres.  Vingt-neuf  leçons  ren- 
ferment les  meilleurs  avis  sur  la  politesse  qui  sied  si  bien  à  une 
religieuse. 

Jésus-Christ.  —  19  à  27.  —  Le  tome  Vl*^  de  la  grande  et  belle 
étude  de  M.  l'abbé  Ch.  Sauvé  :  Le  Chrétien  intime  vient  de  paraître; 
il  s'occupe  du  Culte  des  mystères  et  des  paroles  de  Jésus  en  prenant  la 
forme  d'élévations  évangéliques.  Son  œuvre  se  développe  ainsi  en  ne 
laissant  rien  de  ce  qui  peut  servir  de  leçon  ou  de  modèle  dans  la  vie 
et  les  paroles  de  Jésus  au  chrétien  qui  veut  de  plus  en  plus  fidèlement 
ressembler  à  cet  archétype  de  toute  justice  et  de  toute  sainteté. 
C'est  en  un  mot  la  méditation  approfondie  de  toute  la  vie  de  Jésus- 
Christ,  depuis  l'annonciation  jusqu'à  la  vie  cachée  de  Nazareth,  dans 
le  premier  volume,  et,  dans  le  second,  du  début  de  sa  vie  pubhque 
jusqu'à  la  fin  de  sa  vie  mortelle  sur  cette  terre.  L'auteur  suit  la  même 
méthode  que  dans  ses  livres  précédents.  Pourquoi  en  changerait-il? 
L'unité  de  l'œuvre  y  gagne  beaucoup  et  ses  lecteurs,  par  leur  persé- 
vérante sympathie,  lui  prouvent  qu'ils  sont  satisfaits. Une  abondante 
table  des  matières  offre  dans  chaque  volume  une  analyse  sommaire, 
mais  très  claire,  très  précise,  très  complète  des  élévations  et  permet 
ainsi  au  lecteur  de  se  graver  plus  solidement  dans  la  mémoire  la  doc- 
trine qu'elles  renferment  si  substantielle  et  si  exacte.  Parmi  les  éloges 
qu'a  reçus  l'auteur,  mentionnons  surtout  la  lettre  laudative  que  lui  a 
adressée  le  Souverain  Pontife,  où  le  Chef  de  l'Eglise  l'engage  «très  vive- 
ment à  poursuivre  son  œuvre  avec  ardeur  »  et  lui  souhaite  «  une 
foule  de  lecteurs  surtout,  dans  le  clergé  ». 

—  La  Religion  de  Jésus  d'après  l'Evangile,  dans  l'esprit  de  son  au- 
teur, M.  l'abbé  Pierre  Lelièvre,  n'est  rien  autre  que  l'exposé  évangé- 
lique  de  la  doctrine  du  divin  Maître.  Jésus  se  plaît  à  nous  rappeler  que 
Dieu  est  notre  Père  et  aussi  notre  maître  et  notre  juge.  Il  nous  en- 
seigne en  quoi  consiste  la  vie  surnaturelle  qu'il  est  venu  apporter  au 
monde,  le  royaume  des  cieux  qui  doit  être  la  demeure  des  saints;  il 
insiste  sur  le  nouveau  et  suprême  commandement  :  Tu  aimeras  le 
Seigneur  ton  Dieu  et  le  prochain,  là  où  sont  renfermes  la  Loi  et  les 
Prophètes.  Une  troisième  partie  est  consacrée  à  la  personnalité  de 
Jésus,  à  l'Église,  son  œuvre,  à  la  communion  éternelle  en  Jt sus- 
Christ.  Étude  dogmatique,  historique  et  morale,  que  les  fidèles  ins- 
truits, le  clergé  surtout,  liront  avec  fruit  et  qui  mérite  de  fixer  l'at- 
tention de  tout  esprit  sérieux  désirant  avoir  de  l'Évangile  de  Jésus 
une  notion  exacte  et  aussi  complète  que  possible 


—  107  — 

— ■  Sous  ce  titre  :  Jésus  de  Nazareth,  la  Vénérée  Mère  Marie  Loyola 
vient  de  publier  Y  Histoire  de  la  vie  de  Jésus  racontée  aux  enfants; 
elle  nous  est  présentée  par  le  R.  P.  Thurston,  S.  J.,  et  elle  arrive  en 
France  grâce  à  la  traduction  de  M"^  Madeleine  Bertha,  revue  et  ap- 
prouvée par  M.  l'abbé  Poulin,  curé  de  la  Trinité  à  Paris.  La  dédi- 
cace de  ce  livre  est  ainsi  rédigée  :  «  Aux  petits  enfants  est  affectueuse- 
ment dédiée  l'histoire  de  la  vie  de  Celui  qui  les  aime,  qui  est  mort 
pour  eux  et  qui  les  invite  à  passer  avec  Lui  une  heureuse  éter- 
nité. »  Ces  lignes  disent  assez  dans  quel  esprit  le  livre  a  été  conçu  et 
écrit  :  avec  la  plus  grande  affection  maternelle,  le  plus  profond  désir 
d'attirer  à  Jésus  le  cœur  des  enfants  et  de  les  lui  attacher.  Le  R.  P. 
Thurston  nous  assure  que  cet  ouvrage  a  été  l'objet  de  toute  la  solli- 
citude de  son  auteur,  non  seulement  à  cause  du  sujet  qui,  entre  tous, 
méritait  sa  prédilection,  mais  aussi  en  raison  du  dévouement  de  la 
vénérée  Mère  pour  ses  futurs  lecteurs  ».  Ce  livre  s'impose  à  tous  les 
éducateurs,  à  tous  ceux  qui  dirigent  les  enfants  et  ont  quelque  in- 
fluence sur  leurs  âmes,  car  c'est  leur  devoir  de  mettre  sous  leurs  yeux 
le  portrait  fidèle  de  notre  divin  Maître  afin  de  le  leur  faire  connaître 
et  aimer  autant  qu'ils  le  peuvent. 

—  M.  l'abbé  Chabot  connaît  bien  et  aime  beaucoup  les  jeunes  chré- 
tiens de  notre  temps;  il  se  propose  de  les  entretenir  des  Paroles  de 
Jésus  sur  la  montagne.  En  leur  annonçant  des  Entretiens  d'un  quart 
d'heure,  c'est  deux  fois  être  assuré  de  leurs  sympathies,  d'abord  parce 
que,  désireux  de  s'instruire  toujours  davantage,  nos  jeunes  gens  pieux 
éprouvent  quelque  charme  à  entendre  commenter  l'enseignement  du 
divin  Maître;  ensuite  parce  que  ce  commentaire  doit  être  assez  court. 
Aussi  bien  n'y  a-t-il  pas  que  les  jeunes  qui  aiment  la  brièveté.  Le» 
Entretiens  de  M.  l'abbé  Chabot  sont  au  nombre  de  trente-deux. 
Evidemment  l'auteurn'a  pu  aborder  tous  lés  sujets  si  nombreux  et  si 
complexes  qui  forment  ce  qu'on  appelle  «  le  Discours  de  la  montagne  » 
où  se  trouve  condensée  la  doctrine  du  royaume  de  Dieu;  il  s'est 
arrêté  aux  principaux  points  de  cette  doctrine  :  la  béatitude,  les 
pauvres  en  esprit,  la  douceur,  la  douleur,  la  bonne  volonté,  la  pitié, 
cœurs  purs,  paix,  souffrir  pour  la  justice,  les  demi-chrétiens,  charité, 
la  prière,  la  Providence,  les  loups  ravisseurs,  l'édifice  à  bâtir,  etc.; 
quelques  titres  qui  suffisent  à  donner  une  idée  de  l'ouvrage  auquel 
Mgr  l'évêque  de  Luçon  souhaite  des  lecteurs  nombreux. 

—  M.  l'abbé  Léon  Rimbault  nous  invite  à  monter  avec  lui  sur  le 
Calvaire.  11  intitule  son  Étude  sur  la  Passion  dont  il  publie  la  4^  édi- 
tion :  Par  l'amour  et  la  douleur  !  C'est  bien  en  effet  ainsi  que  doit  se 
résumer  en  deux  mots  ce  grand  acte  de  la  vie  mortelle  de'  Jésus  :  Par 
l'amour!  car  c'est  une  inspiration  de  son  divin  cœur  qui  l'a  poussé 
à  s'incarner  et  à  s'immoler  pour  nous;  par  la  df^"''^"'*  '  (^ar  sa  passion 


—   108  — 

a  été  telle  qu'il  a  pu  dire  :  il  n'est  pas  de  douleur  semblable  à  ma 
douleur.  Ce  livre  est  le  résultat  d'une  série  de  conférences  faites  à 
Notre-Dame,  chaque  vendredi  de  la  station  quadragésimale,  pour  la 
cérémonie  de  l'ostension  de  !  insigne  relique  de  la  couronne  d'épines. 
Le  don  suprême,  l'adieu,  seul,  le  condamné,  face  à  la  croix,  les 
larmes,  la  mère,  le  drame  du  \'endredi  Saint  :  tels  sont  les  titres  sous 
lesquels  sont  groupés  les  considérations  les  plus  pieuses  et  les  ensei- 
gnements les  plus  salutaires.  La  conclusion  doit  en  être  d'abord 
que  nous  «  avons  été  sanctifiés  sur  la  terre  et  que  nous  serons 
sanctifiés  au  Ciel  par  l'amour  divin  crucifié;  ensuite  qu'à  l'amour 
divin  immolé  doit  répondre  l'amour  humain  par  l'immolation  ».  C'est 
la  leçon  que  l'auteur  offre  à  la  méditation  des  fidèles,  en  ce  siècle 
matérialisé  et  sensualiste  qui  l'oublie  malheureusement  !  »  Ce  sont  les 
propres  paroles  de  Mgr  l'évêque  de  Nantes. 

—  'Voici  Jésus- Christ  dans  sa  vie  eucharistique,  tel  que  nous  le 
dépeint  Mgr  José  M.  de  Jésus  Portugal  :  Jesucristo  vivendo  con  noso- 
tros  en  et  Sacramento  de  su  amor.  Ce  n'est  encore  que  l'œuvre  ori- 
ginale qui  nous  apparaît  en  langue  espagnole,  mais  nous  espérons 
bien  que  quelque  confrère  français  nous  la  donnera  en  notre  langue  : 
elle  le  mérite  à  tous  les  points  de  vue,  car  c'est  un  travail  très  édi- 
fiant et  rempli  d'intérêt;  il  est  un  des  meilleurs  livres  pour  attirer 
les  coeurs  à  l'hôte  divin  de  nos  tabernacles;  foi,  espérance  et  amour  en 
JésuB-Eucharistie;  enseignements  du  divin  Maître  qui  nous  élève 
jusqu'à  Dieu  son  Père  et  nous  unit  aussi  à  l'Esprit-Saint;  habitation 
de  Dieu  en  nos  âmes;  prière  de  Notre-Seigneur  après  la  Cène  ;  culte 
dû  à  Jésus  en  ce  sacrement,  vie  mortelle  de  Jésus  en  rapport  avec  sa 
vie  eucharistique;  réminiscences  de  la  sainte  Passion  de  Jésus,  la 
sainte  communion  et  la  communion  sacrilège,  motifs  en  faveur  de  la 
communion  fréquente,  communion  spirituelle,  l'Église  et  l'Eucha- 
ristie; n'y  a  t-il  pas  là  matière  aux  considérations  les  plus  élevées  et 
les  plus  déterminantes  pour  nous  faire  comprendre,  aimer  et  prati- 
quer davantage  ce  sacrement  où  Jésus  vit  avec  nous  par  son  amour? 

—  En  Lui  !  M.  l'abbé  Félix  Anizan  nous  trace  dans  ce  nouveau 
livre,  au  titre  si  pressant,  le  portrait  de  l'âme  dévouée  au  Sacré  Cœur. 
11  n'est  pas  un  inconnu  pour  nous  et  nous  sommes  heureux  de  le  re- 
trouver avec  sa  même  ardeur  d'amour  pour  le  divin  Maître,  avec  le 
même  zèle  pour  le  faire  mieux  connaître  et  le  faireaimerun  peu  plus. 
Après  nous  avoir  exposé  et  précisé  son  dessein  dans  ce  livre:  montrer 
et  prouver  que  le  Verbe  incarné  peut  être  le  centre  du  plan  de  la  pré- 
destination, rôle  glorieux  pour  lui  et  consolant  pour  nous,  il  nous 
décrit,  d'abcrd,  la  nature  de  l'âme  du  plan  actuel  dans  son  double 
élément  générique  et  spécifique;  il  énumère,  ensuite,  les  propriétés 
absolues  et  relatives  de  l'âme  du  plan  actuel  :  vie  parfaite,  vie  nou- 


—  109  ^ 

velle  et  débordante,  hostie  d'amour  avec  Jésus  amour,  l'âme  du  prê- 
tre, l'âme  épouse  du  Sacré-Cœur,  l'âme  et  la  T.  S.  Eucharistie,  l'âme 
et  la  T.  S.  Vierge,  l'âme  et  la  communion  des  saints.  Et  après  avoir 
parcouru  ces  développements  riches  de  doctrine  et  abondants  en 
aperçus  d'une  grande  élévation,  nous  voici  revenus  au  centre  où  se 
tient  le  Sacré-Cœur  qui  renouvelle  tout  par  degrés;  il  se  choisit  de» 
coopérateurs  sur  l'action  desquels  il  peut  compter  puisqu'ils  sont 
en  Lui  !  On  peut  dire  de  ce  livre  ce  que  Mgr  l'archevêque  de  Tou- 
louse écrivait  du  précédent  :  Vers  Lu\  qu'il  fait  bon  contempler 
le  Sacré-Cœur  comme  vous  le  présentez  !  » 

—  Le  Livre  d'or  du  Cœur  de  Jésus  est  un  simple  recueil,  pour  les 
prêtres  et  pour  les  fidèles,  d'indulgences  et  privilèges  de  la  dévotion 
à  ce  divin  Cœur,  mais  combien  précieux  !  Le  R.p.  J.  Heilgers,  S.  J., 
en  a  fait  un  vrai  manuel  où  les  dévots  au  Cœur  sacré  de  Jésus  trou- 
vent les  meilleures  prières  et  les  exercices  de  piété  qui  puissent  leur 
convenir.  Divisé  en  dix  parties,  il  renferme,  après  la  préparation, 
les  prières  du  matin  et  du  soir,  la  sainte  messe  et  la  communion, 
l'adoration  et  l'action  de  grâces;  hommages  au  cœur  eucharistique 
de  Jésus,  invocations,  petit  office  du  Sacré-Cœur, pieuses  pratiques 
pour  divers  temps,  scapulaires  et  confréries  du  Sacré-Cœvr,  enfin 
suppliques  ou  formules  pour  demander  à  Rome  divers  pouvoirs.  «  Un 
tel  livre  n'existait  pas  encore,  dit  justement  un  critique  ;  il  mérite 
d'être  répandu  à  profusion  et  servira  a  répandre  davantage  le 
culte  du  Sacré-Cœur, 

—  Et  par  ce  culte' pieusement  exercé,  nous  dit  le  R.  P.  Rickaby, 
S.  J.  :  Vous  êtes  à  Jésus-Christ.  Ce  joli  petit  livre,  avec  son  titre 
rouge  et  l'encadrement, rouge  aussi, de  toutes  ses  pages,  si  heureux 
de  vous  être  présenté,  vous  apporte  la  traduction  française  de  l'œu- 
vre du  savant  et  pieux  jésuite.  Faisons-lui  bon  accueil  comme  il  en 
est  digne.  Vous  surtout,  jeunesse  chrétienne,  lisez  ces  considérations 
qui  vous  sont  spécialement  adressées  sur  la  mondanité,  la  corruption 
du  monde,  la  communion,  la  vocation,  la  grâce,  les  mauvaises  lec- 
tures, le  respect  humain,  les  objections,  la  volonté  de  la  chair,  la 
pénitence,  le  péché,  le  purgatoire,  la  bonne  mort.  Et  c'est  vraiment 
écrit  pour  la  jeunesse,  non  pour  les  rigides  Catons,  dit  l'auteur, 
Catons  à  la  mine  austère  et  à  l'air  rébarbatif;  elles  ne  sont  point 
disposées  d'après  une  méthode  rigoureuse;  chacune  forme  un  trait 
indépendant;  la  jeunesse  n'a  pas  de  goût  pour  les  traités  en  forme. 

Eucharistie.  —  28  à  36.  —  Le  Comité  permanent  des  congrès 
eucharistiques  internationaux  publie  la  2^  série  des  Discours  eucha- 
ristiques; ce  volume  comprend  encore  les  discours  dogmatiques, 
prononcés,  ceux-ci,  aux  congrès  eucharistiques  de  Jérusalem  (1893),  de 
Reims  (1894),  de  Paray-le-Monial  (1897),  de  Bruxelles  (1898)  et  de 


—  110  — . 

Lourdes  (1899).  Les  orateurs  les  plus  connus  parmi  ceux  qui  les  ont 
prononcés  sont  le  R.  P.  Lemius,  Mgr  Cortuyvels,  S.  E.  le  cardihal 
Perraud,  Mgr  Isoard,  Mgr  Fulbert- Petit,  Mgr  G.Kurth,  leR.  P.  Jan- 
vier, chanoine  Coubé,  Mgr  Lenfant,  le  R.  P.  Tesnière.  Tous  ces  noms 
suffisent  à  dire  la  valeur  de  ces  morceaux  oratoires  en  l'honneur  de 
la  divine  Eucharistie  et  ceux,  en  grand  nombre,  qui  n'ont  pu  se  procu- 
rer les  comptes  rendus  complets  de  ces  divers  congrès,  feront  bien 
d'avoir  la  collection  de  ces  volumes  ainsi  édités,  qui  contiennent, 
Somme  toute,  1" essentiel  de  ces  comptes  rendus. 

—  !  es  Entretiens  sur  l'Eucharistie^  de  Mgr  de  Gibergues,  consti- 
tuent un  traité  d'un  genre  spécial  qui  sera  goûté  de  nos  confrères  et 
apprécié  aussi  par  les  simples  fidèles.  Ces  entretiens,  au  nombre  de 
treize,  considèrent  l'Eucharistie  sous  ses  divers  aspects  :  l'Eucha- 
ristie, ce  qu'elle  est,  l'Eucharistie  et  1  Union  divine  de  charité  et 
1  Union  des  hommes  entre  eux,  l'Eucharistie  dans  la  famille, l'Eucha- 
ristie et  le  monde,  rôle  social  de  l'Eucharistie;  l'Eucharistie  et  les 
pauvres,  la  manne,  figure  de  l'Eucharistie.  Aihsi  l'auteur  a  bien  rai- 
son de  dire  que  «  Jésus  vit  dans  l'Eucharistie  pour  nous  donner 
l'intelUgence  de  ce  que  nous  devons  faire  et  aussi  le  courage  de  l'ac- 
complir; il  est  là,  modèle  incomparable,  soutien  merveilleux,  âme  de 
notre  âme  et  vie  de  notre  vie  ».  Telle  est  la  conclusion  fortifiante  de 
ces  dcTicieux  entretiens. 

—  M.  l'abbé  J.-C.  Broussolle  s'occupe  aussi  de  notre  Éducation 
eucharistique,  d'abord,  en  nous  facilitant  la  science  ou  la  connais- 
sance en  général  des  mystères  de  la  foi,  contenus  dans  le  signe  de  la 
croix  et  les  grandes  prières  du  chrétien  :  pater,  ave,  credo,  les  actes. 
G  est  1  objet  des  huit  instructions  de  la  première  partie.  La  deuxième 
partie  a  pour  objet,  dans  les  neuf  instructions  qu'elle  renferme,  d'ap- 
prendre la  science  eucharistique,  soit  en  général  soit  en  particulier, 
science  non  curieuse,  mais  pieuse,  qui  permet  de  distinguer  le  pain 
eucharistique  du  pain  matériel  ordinaire,  de  se  rendre  compte  de 
I  excellence  de  ce  sacrement,  de  comprendre  la  signification  des 
paroles  par  lesquelles  le  divin  Sauveur  a  accompli  le  mystère  et  a 
donn'  aux  prêtres  le  pouvoir  de  le  renouveler,  de  connaître  et  d'ac- 
qu(  rir  les  dispositions  avec  lesquelles  un  enfant  doit  assister  à  la 
messe  le  jour  de  sa  première  communion.  Un  appendice  rappelle  et 
explique  la  nouvelle  discipline  de  la  première  communion.  Le  point 
essentiel  en  tout  ceci,  c'est  que  l'enfant  se  rende  bien  compte  que 
la  condition  indispensable  pour  bien  communier  c'est  d'aimer  Jésus- 
Christ. 

—  Dans  la  nouvelle  édition  de  ses  Entretiens  eucharistiques,  M.  l'abbé 
Jean  Vaudon  s'attache  à  mettre  en  pleine  lumière  divers  aspects  de 
1  Eucharistie  et  quelques-unes  de  ses  richesses  :  ceci  s'adresse  à  tout 


~  111  — 

lecteur  chrétien.  Dans  la  seconde  partie,  adressée  à  tout  lecteur,  en 
général,  il  est  traité  du  recrutement  sacerdotal  ;  elle  conviendrait 
plus  spécialement  au  monde  de  la  noblesse  et  de  la  bourgeoisie, 
aux  jeunes  gens,  aux  pères  et  aux  mères.  On  y  entend  le  cri  de  dé- 
tresse qui  s'échappe  du  cœur  d'un  prêtre  et  qui  voudrait  voir  s'ou- 
vrir bien  larges  les  portes  du  sacerdoce  que  rétrécissent  ou  même 
ferment  tant  d'injustes  préjugés  ou  tant  d'odieux  calculs.  Pour  les 
prêtres  seuls  est  la  3*^  partie,  qui  contient  des  discours  de  premières 
messes,  où  l'auteur  a  fait  passer  tout  ce  que  son  âme  sacerdotale 
connaît  ou  éprouve  des  relations  du  prêtre  avec  Notre- Seigneur,  avec 
l'Église,  avec  les  âmes,  pour  éveiller  des  désirs,  préciser  des  aspira- 
tions, attiser  des  flammes.  Mais  dans  tout  le  livre  on  sent  le  feu  du 
vrai  zèle  répandre  ses  ardeurs  sur  ces  pages  pénétrées  de  la  saine  doc- 
trine et  d'où  jaillit  souvent  la  vraie  éloquence. 

—  Pour  le  R.  P.  Lecornu,  l'Eucharistie  apparaît  comme  le 
Mystère  d'amour,  et  c'est  là  le  sujet  de  ses  Considérations  sur  cet  ado- 
rable sacrement.  Le  livre  contient  quatre  parties.  La  première  traite 
de  l'Eucharistie  en  général;  la  deuxième  considère  ce  que  l'auteur 
appelle  les  enceintes  de  l'Eucharistie;  la  troisième  nous  révèle  les 
amours  de  Notre-Seigneur;  enfin  la  quatrième  contient  toutes  les 
élévations  envers  l'Eucharistie.  Mgr  Gendreau  trouve  dans  ce  livre 
«  une  doctrine  sûre,  des  aperçus  neufs,  une  flamme  brûlante  d'amour 
et  d'enthousiasme,  véritable  panorama  de  toutes  les  merveillefs  qui 
unissent  ensemble  Jésus  et  l'âme  fidèle  dans  ce  sacrement  ineffable  ». 
On  sent,  sous  chacun  de  ces  mots  dont  est  rempli  le  livre,  palpiter 
une  âme  généreuse,  éprise  des  grandeurs  et  des  bienfaits  de  l'Eucha- 
ristie. L'auteur  n'a  eu  qu'à  écouter  son  cœur  et  à  écrire  sous  sa 
dictée.  Cet  ouvrage  plaira  au  clergé  pour  ses  considérations  doctri- 
nales qui  fourniront  matière  à  d'excellentes  instructions;  lo's  fidèles 
seront  heureux  d'y  trouver,  surtout  pour  les  dévotions  à  la  sainte 
Eucharistie,  toutes  les  précisions  qui  éclaireront  leur  piété  et  excite- 
ront leur  ferveur. 

—  C'est  le  sacerdoce  qui  continue  l'Eucharistie, et  nous  voilà  donc 
amenés  à  connaître  le  livre  que  vient  de  pubher  avec  des  extraits  des 
ouvrages  du  B.  Jean  Eudes,  le  R.  P.  Boulay  :  Prêtre  et  pasteur,  ou 
Grandeurs  et  obligations  du  prêtre.  Le  bienheureux  Eudes  s'est,  en 
effet,  attaché  à  la  sanctification  du  prêtre,  et  tous  ses  ouvrages  ren- 
ferment des  idées  grandes  et  belles  sur  le  sacerdoce  catholique.  Le 
P.  Boulay  puisait  ainsi  à  bonne  source  et  il  y  a  puisé  abondamment 
en  groupant  les  idées  du  bienheureux  sous  des  titres  divers  qui  lui 
permettaient  de  donner  à  son  travail  l'importance  d'un  vrai  traité 
sur  les  grandeurs  et  les  obligations  du  prêtre.  Il  se  divise  en  trois 
parties.  La  première  contient  des  aperçus  généraux  sur  le  sacerdoce; 


—  112 


dignité  et  sainteté  de  l'état  ecclésiastique,  le  zèle;  dans  la  deuxième 
partie,  il  a  rassemblé  tous  les  devoirs  d'un  prêtre  et  d'un  pasteur  et 
indiqué  la  manière  de  les  remplir  dignement  :  le  prêtre  et  la  vie 
intérieure,  le  prêtre  et  l'office  divin,  le  prêtre  et  la  messe,  le  prêtre 
et  les  sacrements,  et  la  pré'dication,  et  les  malades.  La  troisième 
partie  est  consacrée  aux  époques  et  aux  circonstances  marquantes  de 
l'année  pour  un  prêtre  et  un  pasteur;  retraite  annuelle,  retraite  du 
mois,  le  carême,  etc.  Les  appendices  viennent  compléter  l'œuvre  par 
quelques  règles  spéciales  au  clergé  et  de  pieux  exercices  à  l'usage 
des  prêtres.  C'est  tout  un  traité  de  pastorale  extrêmement  riche;  un 
vrai  trésor  de  science  ecclésiastique,  sans  autre  prétention  que  celle 
de  faire  du  bien,  débordant  d'esprit  de  prière  et  de  piété. 

—  Le  livre  de  M.  l'abbé  J.  Febvre  :  Le  Zélateur  de  la  confession  et  de 
la  communion  fréquente  est  un  livre  d'actualité  et  répond  à  un 
besoin  sérieux,  au  point  de  vue  des  règles  nouvelles,  en  vigueur  pour 
la  fréquentation  de  la  sainte  Eucharistie.  Après  quelques  chapitres 
préliminaires  sur  la  fin  de  l'homme,  le  péché,  l'auteur  ne  tarde  pas  à 
entrer  dans  son  sujet  et  nous  développe  son  enseignement  au  sujet  de 
la  confession  fréquente  en  la  considérant  par  rapport  aux  diverses 
catégories  de  fidèles.  11  en  vient  ensuite  à  la  communion  dont  il 
nous  énumère  les  bienfaits  sans  oublier  de  nous  indiquer  les  disposi- 
tions essentielles  pour  communier  dignement;  il  fait  une  part  spéciale 
pour  la  communion  fréquente  des  fidèles  suivant  leur  âge  ou  leurs 
situations  sociales.  Il  publie,  sous  forme  d'appendice,  les  documents 
pontificaux  des  papes  Léon  XIII  et  Pie  X,  concernant  l'Eucharistie. 
Mgr  l'évêque  de  Safnt-Claude  est  heureux  de  féliciter  l'auteur  en 
reconnaissant  qu'il  a  commenté  dans  un  style  simple  et  clair,  à  l'usage 
des  fidèles,  le  décret  Sacra  Tridentina  Synodus  et  les  autres  docu- 
ments qui  s'y  rattachent;  il  ajoute  :  «  Traiter  ces  questions  d'une  ac- 
tualité frappante,  c'était  répondre  aux  désirs  clairement  exprimes  du 
Souverain  Pontife  ». 

—  La  Grâce  à  dix  ans  est  un  Essai  de  discernement  et  d'éducation 
de  la  grâce  chez  les  jeunes  enfants^  il  a  été  inspiré  à  M.  labbé  Gellé 
par  la  nouvelle  discipline  de  l'Église  au  sujet  de  la  première  commu- 
nion, c'est-à-dire  comme  justification  des  récentes  dispositions  du 
Saint-Siège.  «  Aux  alentours  de  leur  dixième  année,  les  enfants  sont- 
ils  en  état  de  grâce?  Et  pour  répondre  à  cette  interrogation,  l'auteur 
cherche  à  établir,  d'après  la  psychologie  commune  de  l'enfant,  des 
probabilités  d'innocence  ou  de  piété;  il  étudie  avec  soin  les  en- 
fants qu'il  a  observés  le  plus  prés,  et,  ainsi  informé,  il  risque  une 
ébauche  de  l'éducation  la  plus  ratiormelle  de  la  grâce.  G  est  l'objet 
de  tout  son  livre,  très  intéressant,  très  instructif,  spécialement  quand 
il  étudie  en  elle-même  la  grâce  des  enfants  :  ses-  manifestations,  son 


I 


—  113  — 

mode  de  dispensation  et  de  préservation.  De  là  découlent  de  riches 
conclusions  pédagogiques  dont  la  connaissance  sera  très  utile  aux 
parents  et  aux  maîtres.  • 

—  Un  père  de  la  Compagnie  de  Jésus  publie  en  espagnol  un  excel- 
lent Manuel  de  la  dévotion  à  l'Eucharistie  :  Panis  Angelicus  est  un 
vrai  trésor  de  documents  et  de  pratiques  relatifs  à  ce  divin  sacre- 
ment; plusieurs  méthodes  pour  entendre  la  messe,  méditations  sur 
la  sainte  communion,  prières  et  exercices  de  piété  envers  l'Eucharistie, 
etc.  Trésor  inépuisable  et  des  plus  précieux;  quand  sera-t-il  traduit 
en  notre  langue? 

(A    su'çre.)  F.  Chapot. 


LINGUISTIQUE    ET,  HISTOIRE    LITTÉRAIRE.    —   LANGUE 
ET    LITTÉRATURE   FRANÇAISES. 
TECHNIQUE   ORATOIRE    ET  MNÉMOTECHNIE.'^,, 

1.  La  Philosophie  du  langage,  par  Albert  Dauzat,  Paris,  Flammarion,  1912,  ia-18 
de  331  p.,  3  tr.  50.  — •  2.  Lyrisme,  épopée,  drame.  Une  Loi  de  l'histoire  littéraire 
expliquée  par  l'évolution  générale,  ^3lV  ^V-^-EST  BowET.  Paris,  Colin,  1911,  in-18  de 
ix-312  p.,  3  fr.  50.  —  3.  Les  Troubadours  cantaliens,  mi^-iix^  siècles,  par  le 
duc  DE  LA  Salle  de  Rochemaure.  Paris,  Bloud,  1910,  2  vol.  in-8  de  651,607 
et  XVIII  p.,  avec  figures  et  fac-similés,  7  fr.  —  4.  La  Connaissance  de  la  nature 
rt  du  monde  au  moyen  âge,  d'après  quelques  écrits  français  à  l'usage  des  laïcs, 
par  Ch.-V.  Langlois.  Paris,  Hachette,  1911,  in-16  de  xxiv-401  p.,  3  fr.  50.  — 
5.  L'Imitation  espagnole  en  France.  Les  Modèles  castillans  de  nos  grands  écrivains 
français.  Etude  et  analyse,  par  l'abbé  G.  Bernard.  Tourcoing,  Duvivier;  Paris 
Ficker,  s.  d.,  in-18  de  189  p.,;3  fr. —  6.  Fénelon.  Etudes  historiques,  par  Eugène 
Griselle.  Paris,  Hachette,  1911,  in-16  de  vii-373  p.,  3  fr.  50.  —  7.  La  Poésie 
à  travers  les  âges.  Son  rôle  dans  l'éducation  populaire,  par  J.-M.  Lentillon.  Paris, 
Amat,  1911,  in-8  de  209  p.,  3  fr.  50.  —  8.  Histoire  de  la  langue  française  des 
origines  à  1900,  par  Feudinand  Brunot.  Tome  111.  La  Formation  de  la  langue 
classique  (1600-1G60).  Deuxième  partie.  Paris,  Colin,  1911,  in-8  de  317  p.  (p. 
421-738  du  volume),  7  fr.  50.  —  9.  Lexique  du  «  Journal  des  Concourt  «,  contri- 
bution à  l'histoire  de  la  langue  française  pendant  la  seconde  moitié  du  xix*'  siècle, 
par  Max  Fuchs.  Paris,  Cornély,  1912,  in-8  de  xxxii-152  p.,  5  fr.  —  10.  Le 
Péril  de  la  langue  française.  Dictionnaire  raisonné  des  principales  locutions  et  pro- 
nonciations vicieuses  et  des  principaux  néologismes,  par  l'abbé  Cl.  Vincent. 
Paris,  J.  de  Gigord,  1910,  ia-18  de  lvi-198  p.,  2  fr.  50.  —  11.  Le  Péril  de  là 
syntaxe  et  la  crise  de  l'orthographe,  par  Théodore  Joran.  Paris,  Savaète,  1911, 
in-8  de  46  p.,  0  fr.  60.  —  12.  L'Enseignement  du  français.  Leçons  professées  à 
l'Ecole  des  hautes  études  sociales,  fâr  H.  BovRGiT^,  ALièRET)  Croiset,  Paul  Crou- 
ïET,  M.  Lacabe-Plasteig,  GbSTAVE  jANSON,  Charles  Maquet,  J.  Prettre, 
Gustave  Rudler,  Armand  Weil.  Paris,  Alcan,  1911,  in-8  cartonné  de  m- 
268  p.,  6fr. 

L  —  Connu  déjà  par  de  bons  travaux  spéciaux  de  linguistique  et 
par  de  bons  ouvrages  de  vulgarisation  dans  le  même  ordre  de  con- 
naissances, M.  Albert  Dauzat  nous  offre,  en  ce  dernier  genre,  un 
remarquable  essai  de  synthèse  :  La  Philosophie  du  langage,  a.YeG  appli- 
cation particulière  à  la  langue  française.  Son  objet,  nous  dit-on,  est 
Août  1912.  T.  CXXV.  8. 


—  \Ui  — 

«de  mettre  à  la  portée  du  grand  public  l'ensemble  des  résultats  auxquels 
est  parvenue  aujourd'hui  la  science  du  langage,  en  faisant  ressortir 
les  principes  qui  dirigent  les  recherches  et   les  idées  générales  qui  se 
dégagent  de  l'iSterprétation  des  faits...  M.  Albert  Dauzat  a  voulu 
montrer  comment  le  langage  constitue  un  édifice  complexe,  qui  s'ex- 
plique par  1  histoire  et  nor  par  la  logique,  et  qui  évolue  constam- 
ment sous  l'influence  de  causes  physiologiques  et  psychologiques.  Il 
a  fait  ressortir  les  rapports  do  la  science  du  langage  avec  d'autres 
sciences  expérimentales,  et  ses  points  de  contact  avec  divers  problè- 
mes d'ordre  pratique  comme  la  réforme  de  l'orthographe  et    l'ensei- 
gnement des  langues  vivantes  ou  mortes  ».  —  Le  sujet  est  ainsi 
réparti  :  Livre  I.  Les  Caractères  généraux  du  langage.  Chapitre  I. 
Qu'est-ce  que  le  langage?  II.  La  Diversité  du  langage  et  le  problème 
de  la  langue  internationale.  III.  Le  Renouvellement  du  langage.  — 
Livre  II.  Les  Évolutions  du  langage.  Chapitre  I.  Évolutions  et  forma- 
tions spontanées.  II.  Les  Emprunts  et  les  formations  conscientes.  III. 
Histoire  externe  des  langues.  —  Livre  III.  L'Histoire  des  idées.  Cha- 
pitre I.  L'Ancienne  Grammaire  et  les  premières  étapes  de  la  science. 
IL  Les  Néo- Grammairiens;  la  phonétique  et  l'étude  des  patois.  III. 
Les  Psychologues  et   l'orientation  sociologique.  —  Livre   IV.   Les 
Méthodes.  Chapitre  T.  Les  Trois  Aspects  de  la  science.  IL  L'Obser- 
vation. III.  Les  Méthodes  d'interprétation.  IV.  L'Expérimentation, 
les  méthodes  d'induction   et  les   lois  linguistiques.  V.  Le  Problème 
après  le  théorème  :  la  recherche  étymologique.  VI.  L'Enseignement 
de  la  grammaire  devant  la  science.  —  M.  Albert  Dauzat  est  doué  des 
deux  qualités  essentielles  d'un  bon  vulgarisateur  :  une  information 
étendue  et  exacte  et  un  grand  talent  d'exposition.  Son  livre  apporte 
aux  personnes  du  monde  quantité  de  notions  utiles.   Il  convient, 
toutefois,  en  le  lisant,  d'être  sur  ses  gardes  en  divers  points.  C'est 
un  esprit  judicieux  et  modéré,  mais  tout  plein  d'un  enthousiasme 
excessif  pour  «  la  science  »,  c'est-à-dire  sa  science  à  lui,  la  linguis- 
tique, et  pour  les  conclusions  des  maîtres  dont  il  suit  les  pas.  La  gram- 
maire générale  et  logique,    dont    les    Hnguistes    rabaissent    trop  le 
mérite  et  la  valeur,  ne  leur  cédera  peut-être  pas  définitivement  tout 
le  terrain  qu'ils  veulent  lui  prendre,  et  la  pédagogie  vraiment  pra- 
tique ne  se  laissera  pas,  sans  résistance,  imposer  par  eux  certaines  mé- 
thodes  plus  spécieuses   qu'efficaces.   L'une   et   l'autre   feront    bien 
d'ailleurs  de  profiter  des  progrès  de  la  linguistique  et  de  livres  tels  que 
celui  de  M.  Dauzat.  LIne  autre  réserve  à  faire  se  rapporte  à  ce'r- 
taines  assertions  de  philosophie  générale  (p.   23,    24)  et  à  quelques 
excursions  inutiles  et  incompétentes,  sans  mauvaise  intention    du 
reste,  dans  le  domaine  de  l'exégèse  et  de  la  théologie  (p.  39,  95). 
2.  —  L'ouvrage  de  M.  Ernest  Bovet  :  Lyrisme,  épopée,  drame. 


-  115  — 

Une  Loi  de  l'histoire  littéraire,  est,  selon  l'auteur,  «  une  œuvre  d'amour 
plus  encore  que  de  science  «  (p.  v)  et  aussi  un  «  livre  d'esprrance  » 
(p.  ix).  En  réalité,  c'est  une  conception  chimérique,  féconde  en  para- 
doxes qui  vont  jusqu'à  l'excentricité'.  Le  volume  s'ouvre  par  une 
«  Lettre-préface  »,  adressée  à  MM.  Henri  Morf  et  Joseph  Brdier.  La 
thèse  se  développe  ensuite  en  quatre  chapitres  :  I.  Le  Problème  des 
genres  littéraires  et  la  loi  de  leur  évolution.  IL  Vérification  de  la  loi 
par  l'examen  de  la  littérature  française.  HT.  Contre-épreuve  par 
l'examen  de  la  littérature  italienne.  IV.  Conclusions.  Suivent  quatre 
appendices  :  I.  M.  Benedetto  Croce  et  les  genres  littéraires.  IT.  Les 
Sources,  les  plagiats  et  le  cas  d'Annunzio.  III.  La  Tragédie,  une 
forme  du  genre  dramatique.  IV.  De  la  Durée  des  ères  et  des  époques. 
—  La  thèse  de  Tauteur,  telle  qu'elle  se  présente,  est  insoutenable,  et, 
bien  loin  d'être  vérifiée  «  par  l'examen  de  la  littérature  française  », 
conduit  fauteur  dans  cet  examen  à  de  véritables  aberrations  de 
jugement.  L'ensemble  du  livre  est  à  rejeter.  Mais  on  y  trouve  çà  et 
là,  même  assez  souvent,  nous  sommes  heureux  de  le  dire,  de  très  re- 
marquables et  très  fines  observations  exprimées  en  excellent  style. 
Très  bien  doué,  cela  est  sensible,  pour  la  critique  et  l'histoire  litté- 
raire, l'auteur  s'est  trompé  sur  sa  vocation,  quand  il  s'est  mi  s  en 
peine  d'enfanter  un  système  nouveau  d'évolution  pseudo-sciéntifique. 
La  philosophie  qui  s'y  mêle  est  un  idéalisme  généreux,  mais  à  la  fois 
incroyant  et  trop  crédule,  remplaçant  la  religion  par  futopie. 

3.  —  Le  mouvement  régionaliste  qui  se  produit  dans  notre  pays, 
et  dont  il  faut  souhaiter  le  succès,  mais  sans  excès,  sera  favorable 
tout  ense  ablô  à  la  renaissance  de  la  vie  locale  et  à  fétude  métho- 
dique et  zélée  du  passé  historique  et  littéraire  de  la  France  en  ses 
diverses  provinces.  M.  le  duc  de  la  Salle  de  Rochemaure,  plein  d'ar- 
deur pour  sa  chère  Auvergne,  apporte  à  ce  mouvement  et,  plus  géné- 
ralement, à  notre  histoire  littéraire,  une  très  louable  contribution 
par  son  ouvrage  :  Les  Troubadours  cantaliens.  xii^^-xx^  siècles.  Nous  y 
trouvons  d'abord  une  «  Conférence  en  dialecte  cantalien  donnée  au 
théâtre  d'Aurillac,  le  13  novembre  1910,  au  profit  de  l'érection  du 
monument  \'ermenouze  ».  M.  de  la  Salle  de  Rochemaure  s'y  montre 
un  très  expert  possesseur  et  cultivateur  artistique  de  l'ancien  parler 
d'Auvergne,  appris  par  lui  dans  son  enfance  en  jouant  avec  les  pâtres 
dans  les  prairies  du  Doux.  Aussi  faut-il  lui  pardonner  quelque  exagé- 
ration et  quelque  inexactitude  dans  ses  assertions  relatives  à  l'anti- 
quité de  ce  dialecte,  à  ses  origines  et  à  sa  comparaison  avec  le 
français  de  Paris  (p.  17).  Une  seconde  partie  a  pour  sujet  :  «  Les 
Troubadours.  Leurs  origines.  Leur  développement.  Leur  apogée.  Leur 
décadence!  L'École  auvergnate.  Ses  ramifications.  Troubadours  de 
Basse- Auvergne  et  Troubadours  du  Velay  ».  La  troisième  partie   con- 


—  116  — 

siste  dans  une  série  de  biographies  des  ironhadoiirs  cantaliens  (xii^- 
xiv^  siècles).  La  quatrième  a  pour  titre  :  «  Troubadours  cantaliens 
d'origine  incertaine  ou  erronée  »;  la  cinquième  :  «  Additions  aux 
biographies  des  troubadours  cantaliens  ».  La  sixième  partie  nous 
expose  «  la  Poésie  cantalienne  du  xiv^  au  xix^  siècle  ».  On  y  remar- 
que et  on  y  goûte  notamment  de  curieuses  études  sur  les  poètes  du 
siècle  dernier,  précurseurs  et  auteurs  de  la  renaissance  qui  s'est 
enfin  hier  personnifiée  dans  Vermenouze,  savoir  :  Jean-Baptiste 
Brayat,  l'abbé  Bouquier,  labbé  Jean  Labouderie,  Frédéric  de  Gran- 
val,  Jean-Baptiste  Veyre,  Auguste  Blancharel,  le  chanoine  Firmin 
Fau,  Tabbé  Louis  Boissières,  le  chanoine  Francis  Courchinoux.  La 
septième  et  dernière  partie  est  formée  par  un  recueil  très  utile  et  très 
estimable  des  «  Œuvres  des  troubadours  cantaliens  »  de  la  grande 
époque  du  moyen  âge,  textes  revus,  corrigés,  traduits  et  annotés  par 
M.  René  Lavaud,  qui  a  complété  ce  travail  par  une  Bibliographie 
détaillée.  L'ouvrage  se  termine  par  un  ample  Index  alphabétique. 
Malgré  un  certain  défaut  de  méthode  et  quelques  assertions  contes- 
tables, l'ensemble  de  cette  publication  fait  beaucoup  d'honneur  au 
zèle  éclairé  de  M.  le  duc  de  la  Salle  de  Rochemaure,  qui  doit  être 
proposé  comme  exemple  aux  personnes  de  son  rang  et  de  sa  condi- 
tion. 

4.  —  Un  érudit  d'un  vrai  mérite,  qui  a  aussi  des  dons  de  vulgarisa- 
teur, M.  Ch.-V.  Langlois,  a  entrepris  de  faire  connaître  au  public 
lettré  les  mœurs  et  la  vie  intellectuelle  des  hommes  au  moyen  âge, 
non  plus  d'après  les  sources  proprement  historiques,  mais  d'après  les 
écrits  ou  compositions  qu'on  pourrait  appeler  collatérales.  11  a  ainsi 
publié,  ces  années  dernières,  deux  volumes  intitulés,  l'un  :  La  So- 
ciété française  au  xiii^  siècle  d'après  quelques  romans  d'aventure, 
l'autre  :  la  Vie  en  France  au  moyen  âge  d'après  quelques  moralistes  du 
temps.  L'ouvrage  que  nous  signalons  aujourd'hui  est  le  troisième  et 
dernier  de  cette  série.  Il  a  pour  sujet  :  La  Connaissance  de  la  nature 
et  du  monde  au  moyen  âge  d'après  quelques  écrits  français  à  l'usage  des 
Icâcs.  «  Mon  but,  dit  l'auteur,  est  de  mettre  sous  les  yeux  du  lec- 
teur les  documents  les  plus  propres  à  procurer  une  connaissance  géné- 
rale, et  1  impression  précise,  de  ce  qu'était  l'état  d'esprit  des  hommes 
du  moyen  âge  qui  n'étaient  pas  des  savants  au  sujet  des  choses  de  la 
nature  ».  On  a  exprimé  le  doute  que  ce  but  ait  été  atteint  et  que 
les  textes  mis  en  œuvre  par  l'auteur  fussent  un  suffisant  moyen  de 
l'atteindre.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  travail  de  M.  Langlois,  fortement 
soutenu  d'érudition  technique,  a  tout  au  moins  un  très  réel  intérêt 
pour  notre  histoire  littéraire.  Il  se  compose  de  notices,  avec  analyses 
détaillées,  sur  les  auteurs  ou  les  ouvrages  suivants  :  I.  Philippe  de 
Thaon.  IL  L'Image  du  Monde.  III.  Barthélémy  l'Anglais,  le  Maître 


—  117  — 

des  Propriétés  des  choses.  IV.  Le  Roman  de  Sidrach.  V.  Placides  et 
Timeo,  ou  le  Livre  des  Secrets  aux  Philosophes.  VI.  Le  Livre  du 
Trésor.  En  appendice  est  une  «  Bibliographie  des  travaux  relatifs  à  ce 
qui  est  dit  des  phénomènes  naturels  dans  les  littératures  du  moyen 
âge  ».  On  doit  savoir  beaucoup  de  gré  à  M.  Langlois  de  la  peine  qu'il 
s'est  donnée  pour  débrouiller  une  matière  aride.  Les  personnes  suffi- 
samment initiées  tireront  profit  de  son  labeur  consciencieux.  Mais 
il  n'est  pas  hors  de  propos  de  les  mettre  en  garde  contre  une  tendance 
générale  et  spontanée  de  l'auteur,  profondément  imbu  de  l'erreur 
rationaliste  et  qui  s'exagère  infiniment  la  valeur  transcendante, 
même  dans  l'ordre  idéal  et  moral,  de  ce  qu'on  appelle  «  la  science 
moderne  »,  laquelle  n'est  trop  souvent  qu'une  ignorance  présomp- 
tueuse. Il  suit  de  là  qu'il  est  mal  préparé  à  l'appréciation  juste  des 
conceptions  religieuses  et  philosophiques  du  moyen  âge,  distinctes 
des  erreurs  physiques  où  elles  se  mêlent  dans  les  écrits  de  cette 
époque,  et  que  son  sentiment  à  leur  égard,  qui  naturellement  perce 
dans  son  livre,  bien  loin  d'être  décisif,  doit  être  considéré  comme 
influencé  par  des  opinions  à  priori. 

5,  —  Comme  toute  l'Europe  civihsée  au  moyen  âge,  l'Espagne  a 
été  alors  tributaire  de  la  littérature  française.  Mais  elle  a  ensuite  pris 
sa  revanche  et  exercé  à  son  tour  une  influence  considérable  sur  notre 
littérature.  C'est  cette  intéressante  manifestation  qu'a  étudiée  notre 
très  distingué  collaborateur,  M.  l'abbé  G.  Bernard,  dans  son  ou- 
vrage :  Les  Modèles  castillans  de  nos  grands  écrivains  français.  Étude 
et  analyse.  «  Le  but  de  ce  modeste  travail,  nous  dit  le  docte  profes- 
seur, a  été  de  venir  en  aide  à  ceux  que  leur  profession  ou  leur  goût 
personnel  invite  à  ce  genre  de  recherches.  Tout  le  monde  n'a  pas 
sous  la  main  les  textes  originaux  qui  ont  servi,  directement  ou  indi- 
rectement, à  Corneille,  à  Molière,  à  Lesage,  en  un  mot  aux  espagno- 
lisants  de  France.  Nous  fournissons  les  matériaux  prîjncipaux  aux 
maîtres  et  aux  élèves  qui  les  désirent.  Il  fallait  faire  un  choix  parmi 
tant  d'ouvrages,  pour  ne  pas  dépasser  les  bornes  d'un  simple  ma- 
nuel. Ceux  qui  voudront  recourir  à  des  livres  de  pure  érudition  et 
pénétrer  chaque  détail  de  cette  compénétration  de  l'esprit  espagnol 
et  de  l'esprit  français,  trouveront  ici  quelques  indications  utiles,  des 
jalons  posés  dans  ce  vaste  vaste  champ  ouvert  aux  amateurs  ».  La 
matière  est  ainsi  distribuée  :  Sources  bibliographiques.  —  Discours 
préhminaire.  —  Chapitre  I.  Avant  le  grand  siècle.  IL  Corneille  et  la 
tragédie.  Le  Cid  espagnol  et  le  Cid  français.  III.  Corneille  et  la  co- 
médie. Le  Menteur  et  la  Vérité  suspecte.  IV.  Ce  que  Molière  doit  à 
l'Espagne.  La  Princesse  d'Élide.  Don  Juan.  V.  Les  Livres  de  che- 
valerie. VI.  La  Littérature  picaresque.  VIL  L'Espagnolisme  de  Victor 
Hugo  et  le  romantisme  des  écrivains  castillans. 


—   1  18  — 

n.  —  L'histoire  littéraire  de  notre  grand  siècle  n'a  pas  cessé  d'être 
l'objet  de  recherches  diligentes.  Bossuet  et  Fénelon  sont  en  parti- 
culier plus  étudiés,  plus  scrutés  que  jamais  dans  leurs  œuvres,  dans 
leur  vie,  dans  leur  querelle.  Sur  l'un  et  l'autre,  mais  par  rapport  au 
second,  un  infatigable  chercheur,  heureux  en  découvertes,  M.  le 
chanoine  Eugène  Griselle,  nous  apporte  une  moisson  de  documents 
et  de  renseignements  nouveaux  dans  son  volume  :  Fénelon.  Etudes 
historiques,  qui  comprend  les  textes,  remarques,  et  indications  sui- 
vantes :  Préliminaires  d'une  édition  des  œuvres  de  Fénelon.  —  A 
propos  des  sermons  de  Fénelon.  —  Un  sermon  de  Fénelon  à  retrou- 
ver. Panég>i'ique  de  S.  François  d'Assise.  —  Echos  de  Sermons  de 
Fénelon.  —  Un  Panégyrique  de  S.  Ignace  de  Loyola  par  Fénelon  à 
Cambrai  en  1703.  —  Lettres  sur  le  quiétisme.  —  Notes  d'u\n  contem- 
porain sur  la  lutte  de  Bossuet  contre  le  quiétisme.  —  La  correspon- 
dance de  Bossuet  et  de  Fénelon.  —  Une  lettre  de  Fénelon  au  cha- 
pitre de  Tournai.  • —  Lettre  de  Bossuet  au  cardinal  de  Noailles  sur 
Fénelon.  —  Appendices.  I.  L'Oraison  funèbre  de  l'abbesse  de  Fare- 
moutiers,  Jeanne  de  Pla  ,  prononcée  par  Fénelon  à  l'abbaye  de  Fare- 
moutiers,  le  mardi  15  février  1678.  II.  Sermon  de  la  dédicace  de 
l'église  S.- Jacques  du  Haut- Pas,  prêché  par  Fénelon  le  dimanche 
13  mai  1685.  Trois  utiles  instruments  de  recherches  complètent  ce 
savant  recueil  :  I.  Index  alphabétique.  IL  Lexique  de  quelques  ex- 
pressions anciennes.  III.  Index  chronologique. 

7.  —  En  dépit  de  quelques  bizarreries  et  de  quelques  faux  pas,  on 
ne  peut  que  rendre  justice  aux  sentiments  religieux  et  moraux  dont 
s'est  inspiré  M.  Lentillon,  catholique  et  républicain,  dans  son  petit 
ouvrage  intitulé  :  La  Poésie  à  travers  les  âges.  Son  rôle  dans  ïédu- 
Ciiion  populaire.  Il  le  termine  par  cette  déclaration  solennelle  :  «  Fils 
du  peuple,  éducateur  des  enfants  du  peuple,  c'est  au  peuple  souve- 
r  lin  qu'il  offre  cet  ouvrage  ».  Mais  on  ne  peut  pas  ne  pas  voir  qu'il 
s'est  donné  ici  une  tâche  au-dessus  de  ses  forces  et  n'a  produit,  pour 
le  fond,  qu'une  compilation  confuse,  et,  pour  la  forme,  qu'un  échan- 
tillon de  prose  extrêmement  primaire.  On  est  d'autant  plus  surpris 
—  surprise  agréable  —  en  rencontrant  tout  à  coup  (p.  131  )  des 
vers  de  l'auteur  qui  sont  fort  bons  et  dont  nous  citerons,  avec 
plaisir,  le  premier  quatrain   : 

Poète,  pour  la  Muse  il  faut  de  grands  égards, 
Qu'elle  soit  à  tes  yeux  comme  une  fiancée 
Dont  tu  sais  le  cœur  vierge  et  chaste  la  pensée, 
De  tout  spectacle  impur  détourne  ses  regards...  " 

8.  —  Quoi  qu'on  pense  de  certaines  opinions,  —  philosophiques, 
politiques  ou  pédagogiques,  —  de  M.  Ferdinand  Brunot,  il  n'est  per- 
sonne qui  ne  lui  doive  savoir  gré  de  son  œuvre  capitale  :  Histoire 


—  119  — 

de  la  langue  française  des  origines  à  1900,  poursuivie  par  lui  avea  une 
régularité  méritoire  et  dont  la  réputation  n'est  plus  à  faire.  La  deu- 
xième partie  du  tome  III,  consacré  à  la  Formation  de  la  langue 
classique,  a  pour  sujet  la  Syntaxe.  L'auteur  y  étudie  successivement 
l'article,  le  substantif,  l'adjectif,  les  noms  de  nombre,  les  pronoms, 
le  verbe,  les  adverbes,  les  prépositions,  les  conjonctions,  l'ordre  des 
mots,  la  phrase.  11  expose  dans  sa  Conclusion  les  nouvelles  conquêtes 
du  français,  au  xvii®  siècle,  dans  le  domaine  des  sciences  et  de 
l'enseignement,  et  confronte  la  langue  parlée  et  la  langue  litté- 
raire, le  français  dans  la  nation  et  la  langue  académique. 

9.  —  La  composition  de  monographies  ultra-spéciales  est,  enF  rance 
comme  en  Allemagne,  maintenant  fort  en  faveur  dans  les  Univer- 
sités. Un  élève  de  M.  Brunot,  M.  Max.  Fuchs,  a  suivi  cette  méthode 
et  cette  mode  dans  sa  publication  :  Lexique  du  Journal  des  Concourt. 
Contribution  à  l'histoire  de  la  langue  française  pendant  la  seconde 
moitié  du  xix^  siècle.  «  Les  douze  cents  mots  qui  figurent  dans  ce 
lexique,  nous  dit  l'auteur,  peuvent  être  répartis  en  quatre  catégories, 
d'importance  très  inégale  :  I.  Mots  dont  la  forme  a  été  altérée, 
auxquels  ont  été  attribués  des  sens  nouveaux  ou  des  fonctions 
nouvelles.  Cette  catégorie  représente  environ  le  douzième  de  l'en- 
semble. II.  Archaïsme.  Environ  deux  douzièmes  de  l'ensemble.  III. 
Emprunts  à  divers  parlers  spéciaux  (langages  techniques,  locutions 
dialectales,  termes  famiUers  ou  bas,  argot).  Environ  le  quart  de  l'en- 
semble. IV.  Néologismes.  Environ  la  moitié  de  l'ensemble.  »  Le  tra- 
vail consciencieux  et  minutieux  de  M.  Fuchs  nous  apparaît  surtout 
comme  une  contribution  à  l'histoire  de  l'une  des  plus  fâcheuses 
et  absurdes  tentatives  de  déformation  de  notre  langue  littéraire. 

10  et  11.  —  Les  causes  de  corruption  qui  travaillent  cette  langue 
sont  multiples.  C'est  pour  y  opposer  quelque  obstacle  que  M.  l'abbé 
Cl.  Vincent  a  pubhé  son  ouvrage  :  Le  Péril  de  la  langue  française. 
Dictionnaire  raisonné  des  principales  locutions  et  prononciations  vi- 
cieuses et  des  principaux  néologismes.  On  feuillettera  utilement  ce 
dictionliaire  et  or  en  lira  l'Introduction  avec  intérêt.  On  louera  le 
zèle  et  l'instruction  de  l'auteur  sans  partager  toujours  son  avis  sur 
tous  les  points  et  sans  oublier  :  1°  que  l'attention  à  éviter  les  locu- 
tions vicieuses  n'est  que  l'une  des  moindres  parties  de  l'art  d'écrire; 
2*^  qu'un  purisme  et  un  traditionalisme  exagérés  sont,  eux  aussi,  des 
défauts;  3^^  que  l'usage  et  l'analogie  bien  établis  prévalent  toujours,  à 
la  fm,  en  fait  de  langue  et  de  style,  sur  l'étymologie  et  sur  la  logique. 
—  La  même  appréciation  s'applique  à  l'opuscule  analogue  de  M.  Théo- 
dore Joran  :  Le  Péril  de  la  syntaxe  et  la  crise  de  l'orthographe,  recueil 
dans  l'ordre  alphabétique  des  principales  expressions  jugées  vicieuses 
par  l'auteur. 


—  120  — 

12.  —  C'est,  au  moins  de  façon  indirecte,  à  ce  que  l'on  a  nommé 
«  la  crise  du  français  »  que  se  rapporte  le  recueil  intitulé  :  L'Ensei- 
gnement du  français,  leçons  professées  à  l'Ecole  des  hautes  études  so- 
ciales, et  ainsi  composé  :  1.  Objet  do  l'étude  du  français,  par  M.  Alfred 
Croiset.  11.  La  Part  respective  des  grands  siècles  littéraires,  par 
M.  Gustave  Lanson.  111.  Dix-septième  Siècle  ou  dix-huitième,  par  le 
même.  IV.  Le  Français  à  l'école  primaire,  par  M.  Lacabe-Plasteig. 
V.  Le  Français  dans  les  classes  élémentaires  de  l'enseignement 
secondaire,  par.  M.  .1.  Prettre.  VI.  L'Enseignement  de  la  grammaire 
dans  les  classes  du  premier  cycle,  par  M.  Charles  Maquet.  VII. 
L'Étude  grammaticale  du  français  dans  le  second  cycle,  par  M.  H. 
Bourgin.  VIII.  L'Étude  des  textes  français  dans  le  deuxième 
cycle,  par  M.  Paul  Crouzet.  IX.  La  nature  des  devoirs  français 
dans  le  premier  cycle,  par  M.  Armand  Weil.  X.  Le  Devoir 
français  dans  le  second  cycle,  par  M.  Gustave  Rudler.  XL 
Conclusion  :  Le  Français  et  la  Sorbonne,  par  M.  Alfred 
Croiset.  —  Les  noms  des  auteurs,  parmi  lesquels  sont  de 
hauts  personnages  du  monde  universitaire,  suffisent  à  montrer 
l'importance  de  ce  recueil  et  son  influence  probable  sur  l'enseigne- 
ment officiel.  On  y  trouve  beaucoup  de  bon  et  beaucoup  de  mauvais, 
selon  les  esprits  et  les  tendances  assez  divergentes  des  hommes  asso- 
ciés ici.  Le  bon  l'emporte  d'une  façon  notable  dans  les  leçons  qui 
portent  les  numéros  IV,  V,  VI,  VIII  et  IX.  Le  mauvais  descend 
jusqu'au  détestable  dans  celles  qui  sont  numérotées  II,  III  et  X. 
Celles-(n  nous  représentent,  sous  le  prétexte  de  l'enseignement  du 
français,  une  audacieuse  entreprise  de  tyrannie  politique  et  antire- 
ligieuse sur  l'esprit  de  la  jeunesse,  et  des  vues  pédagogiques  aussi 
absurdes  que  périlleuses.  Le  style  n'est  pas  moins  mêlé  que  les  idées, 
excellent  ici,  par  exemple,  sous  la  plume  de  M.  Croiset,  et  là  ex- 
traordinaire, surtout  de  la  part  d'hommes  chargés  d'enseigner  l'art 
d'écrire  à  leurs  disciples.  Ils  écrivent  eux-mêmes  sans  sourciller  : 
«  Parmi  les  dialecticiens  et  les  critiques  du  xix^  siècle,  des  esprits 
aigus  serviront  à  affiler  l'esprit,  Courier,  Toc  que  ville,  Renan,  Sainte- 
Beuve  ))  (p.  29);  ou  encore  :  «  Si  nous  voulons  élever  nos  élèves  à 
la  compréhension  et  à  l'estimation  de  l'art  d'un  Michelet,  d'un  Flau- 
bert, d'un  Zola,  c'est  à  la  condition  absolue  de  procéder  sur  les 
textes  à  ces  explications  du  vocabulaire,  de  la  langue,  à  cette  ana- 
lyse de  la  matière  et  de  la  pâte  dont  l'œuvre  est  faite  »  (p.  185- 
159).  Que  d'on,  que  d'on  !  Et  quelle  pâte  lourde  !  —  On  fera  bien  de 
lire  sur  ce  recueil  un  très  judicieux  article  de  M.  Michel  Moncarey 
dans  les  Éludes  (20  juin  1912,  p.  810): 

(A   suivre.)  Mari  us  Sepet. 


—  121  — 
POÉSIE 

1.  Confitebor  tibi  in  cithara,^a.T  Pierre  de  Gossé-Brissac.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d. 
(1912).  Jn-16  de  178  p.,  3  fr.  —  2.  Laudes,  par  Charles  de  Saint-Cyr. 
Pa."is,  Marci  1  Rivière,  s.  d.,  in-16  de  136  p.,  3  fr.  —  3.  Le  Ca:ur  avide  d'in- 
fini, par  Noël  Nouet.  Paris,  Gaillard,  s.  d.,  in-16  de  146  p.^  3  fr.  50.  —  4. 
Vingt  Sonnets,  croquis  et  tableaux,  par  Paul  Gostel.  Paris,  Messein,  1911,in-12 
de  30  p.,  1  fr,  50.  -  5.  Le  Poème  de  ma  vie.  2®  partie.  Ma  Philosophie,  par 
IiUciKN  Duc.  Paris,  imp.-libraiiie  de  la  «  Province  »,  1911,  in-16  de  252  p., 
3  fr.  50.  — •  6.  Les  Saisons  de  Merlin,  par  Iienry  de  la  Guichardière.  Nantes, 
imp.  Héron,  1911,  in-8  de  23  p.,  illustré.  ■ —  7.  Les  Ordres  qui  changent,  par 
Pierre-Jean  Jouve.  Paris,  Figuière,  1911,  in-8  de  46  p.,  1  fr.  50.  — •  8.  /-<•« 
Aéroplanes,  parle  m'*me.  Paris,  Figuière,  1911,  in-4  de  42  p.,  2fi.  —  9.  Clartés 
mu  crépuscule.  Les  Châsses  d'or,  par  Alcide  Ramette.   Paiis,    édition  du  Beffroi, 

1911,  in-16  de  159  p.,  3  fr.  50.  ■ —  10.  Le  Charme  quotidien,  par  Marcel 
SiLVER.  Paris,  J'essein,  1911,  in-16  de  106  p.,  3  fi.  —  11.  Quelques  Vers,  par 
Henry  Thédenat,  Paris,  Jouve,  1911,  petit  in-18  de  90  p.,  2  fr.  —  12.  Poé- 
sies, par  le  vicomte  Pierre  Alessandri.  Paris,  Figuière,  1912,  in-18  de  107  p., 
3  fr.  oO.  —  13.  Les  Alouettes,  par  Théodore  Botrel.  Paris,  Eloud,  1912,  Jn-16 
de  255  p.,  avec  3  gra»-.  hors  texte,  3  fr.  50.  —  l'i.  Au  souffle  des  vallées, 
par  Marc-José  de  (.hantal.  Paris,  Figuière,  1912,  in-18  de  119  p.,  3  fr.  50, 
— .  15.  L'Ame  é/jfl^se,  par  FÉLIX  Colomb.  Pans,  jjeraerre,  1912,  in-18  de  214  p.,  3  fr. 
—  16.  Dans  lu  Silence  des  rêv.s,  par  Paul  G^anotifb.  Paris,  Jouve,  1912,  in- 
18  de  176  p.,  3  fr.  50. —  17.   L'Infirmier,  par  Eugène  Guilloux.   Paris,  Figuière, 

1912,  in-18  de  28  p.  — •  18.  Lueurs,  par  Pierre-Charles  Jablonski.  Paris, 
Figuière,  1912,  in-16  de  106  p.,  3  fr.  —  19.  Au  Cœur  de  Vidée,  par  René  Jac- 
quet. Paris,  Bloud,  1912,  in-16  de  224  p.,  3  fr.  50.  —  20.  La  Pluie  au  prin- 
temps, par  Albert  Jean.  Paris,  Grès,  1912,  in-16  de  140  p.,  3  fr.  50.  — •  21. 
,4m  Pai/s /o/ram,  par  Paul  ijAdurelle.  Paris,  Le merre,  1912,  in-18  de  ii-l20p., 
3  fr.  —  22.  La  Sage  Ardeur,  par  Henri  de  Lisle.  Paris,  édition  du  Beffroi, 
1912,  in-16  de  127  p.,  3  fr.  50. — •  23.  Carmma  sacra,  par  Louis  Le  Gard  on  nel. 
Paris,  Mercure  de  France,  1912,  in-16  de  197  p.,  3  fr.  50.  —  24.  De  tout  mon 
cœur  1  par  Emile  Mamet.  Paris,  Messein,  1912,  in-16  de  127  p.,  2  fr.  50.  —  25. 
vlrieiesc/aç'e,  par  Louis  Mandin.  Paris,  Mercure  de  France,  1912,  in-16  de  197  p., 
3  fr.  50.  —  26.  Odes,  par  Charles  Marie.  Paris,  Lemerre,  1912,  in-18  de  154 
p.,  3  fr.  —  27.  Notre-Dame  du  Matin,  par  Pierre  ISFothomb.  Paris,  «  l'Occident  », 
1912,  in-8  de  143  p.,  5  fr.  —  28.  La  C' aine  d'or  et  de  fer,  par  Charles  Or- 
SATTi.  Paris,  Grasset,  1912,  iD-18  de  200  p.,  3  fr.  50.  —  29.  Vers  Dieu,  par 
Achille  Paysant.  Paris,  Jouve,  1912,  petit  in-8  de  400  p.  ,3fr.  £0.  — 30.  La 
Terre  des  Lauriers,  par  Emile  Ripert.  Paris,  GrasFet,  1012,  in-18  de  298  p., 
3  fr,  50.  —  31.  Entre  les  murs,  par  Ch.  Troufleau.  Paris,  Société  français» 
d'imprimerie  et  de  librairie,  1912,  in-18  de  106  p.,  1  fr.  75.  —  32.  Pour  Z'^f- 
ta^ue  i,  par  Donatien  YvoNNFAU.  Paris,  Messein,  1912,  in-16  de  290  p.,3fr.  50. 
—  33.  Œuvres  d'Auguste  Bhizeux,  nouvelle  édition  revue,  corrigée  et  augmentée, 
précédée  d'une  notice  biographique  sur  l'auteur  et  suivie  de  notes  par  Auguste 
DoRCHAiN,  Paris,  Garnier,  s.  d.,  3  vol.  in-18  de  xcix-279,  236  et  350  p.,  avee 
12  héliog.  d'après  Maillart,  10  fr.  50. 

Poèmes  en  prose.  — ■  34.  Petits  Poèmes,  contes  et  fantaisies  en  prose,  par  Alfred 
RuFFiN.  Paris,  Lemerre,  1912,  in-18  de  233  p.,  3  fr.  50. 

Poésie  féminine.  —  35.  Le  Poème  du  silence,  par  la  comtesse  Jean  d'Avancourt. 
Paris,  Jouve,  1912,  in-16  de  120  p.,  3  fr.  50.  —  36.  L;  Temple  du  rêve,  par  la 
baronne  de  Baye.  Paris,  Perrin,  1912,  in-16  de  255  p.,  3  fr.  50.  —  37.  Sous 
les  pins.  Première  Gerbe.  Heures  grises,  par  Marie  Desbruyères.  Paris,  Jouv», 
1912,  in-16  de  140  p.,  3  fr.  —  38.  Le  Front  voilé,  par  Marie-Louise  Dromart. 
•  Paris,  Jouve,  1912,  ip-16  de  244  p.,  3  fr.  50. 

1.  —  Sous  ce  titre  liturgique  :  Confitebor  tibi  in  cithara,}A.Pierre 
de  Cossé-Brissac  nous  donne  une  série   très    intéressante   de  poèmes, 


—  122  -. 

inspirés  par  l'inépuisable  trésor  des  rituels  catholiques.  Tour  à  tour, 
nous  sentons  passer  dans  ces  strophes  l'écho  des  répons  de  la  Pré- 
face, des  Actes  avant  et  après  la  Communion,  des  offices  admirables 
de  la  Semaine  sainte,  des  litanies  de  la  Saifite  Vierge,  des  Quinze 
Mystères  du  Rosaire,  des  Psaumes,  du  Chemin  de  la  Croix,  que  l'au- 
teur a  traités  sous  la  forme  de  sonnets  dialogues  entre  Jésus  et  le 
Fidèle...  La  matière  est  riche.  Elle  est  encore  bien  incomplètement 
explorée.  Le  livre  de  M.  de  Cossé  Brissac,  qui  doit  être  lu  avec  sym- 
pathie, avec  respect,  avec  recueillement,  pourrait-on  dire,  est  une  pré- 
cieuse indication  pour  les  poètes  désorientés  et  désemparés  de  notre 
époque;  il  leur  montre  où  est  la  véritable,  l'éternelle  source  de  beauté  : 
le  catholicisme,  qui  a  fait  les  cathédrales  et  la  Divine  Comédie,  les 
sermons  de  Bossuet  et  les  plus  belles  pages  de  Lamartine. 

2.  —  M.  Charles  de  Saint-Cyr  qui,  après  Matines,  nous  donne 
Laudes,  est,  lui  aussi,  un  poètp  catholique;  mais  il  se  rattache  à  une 
tout  autre  école.  Ennemi  des  parnassiens  et  des  classiques,  il  s'écrie, 
à  la  suite  de  \'erlaine  : 

Nous  voulons  que  notre  flûte 
Blesse  mystérieusement 
De  son  écho  se  prolongeant 
Par  delà  ce  qu'elle  module. 

Il  a  réussi  parfois,  dans  ce  dessein,  no+amment  dans  la  dernière 
partie  de  son  livre  :  h' Ame  altérée  de  Dieu,  qui  contient  de  belles  choses. 
Mais,  souvent  aussi,  que  d'hésitatidns  pénibles  :  «  Malgré  que  si  mal 
je  vous  aime  »,  dit-il  dès  son  premier  vers,  et  cela  continue  jusqu'à  ce 
barbarisme  :  «  Si  je  défaille,  il  m  absolvera  (p.  76).  Est-ce  cela,  l'in- 
tensisme? 

3.  —  Encore  un  poète  catholique  :  M.  Nocl  Nouet.  Encouragé  par 
le  prix  de  littérature  spiritualiste,  que  lui  méritèrent,  justement,  l'an 
dernier,  les  Étoiles  entre  les  feuilles,  M.  Nouet  s'est  hâté  de  nous 
donner  un  second  livre.  C'est  peut  être  une  erreur.  Le  poète,  dans  le 
Cœur  avide  d'infini,  ne  paraît  pas,  malgré  la  beauté  de  son  titre, 
avoir  eu  beaucoup  à  nous  dire  :  il  a  cru  aimer,  il  s'est  trompé,  il 
souffre,  il  attend.  Le  jour  où  quelque  grand  amour  le  visitera,  il  nous 
donnera  le  très  beau  livre  qu'on  est  en  droit  de  lui  réclamer.  Mais 
qu'il  laisse  venir  ce  momen+.  Cela  le  sauvera  des  négligences,  qu'il  ne 
faut  pas  souligner  aujourd'hui  dans  le  livre  de  cet  excellent  écri- 
vain. 

4.  —  M.  Paul  Costel  se  hâte,  lui  aussi.  Il  nous  envoie  Vingt  Son- 
nets, dont  pas  un  seul  n'est  achevé.  Et  c'est  dommage. 

5.  —  Par  contre,  M.  Lucien  Duc,  qui  nous  offre  la  deuxième  partie 
du  Poème  de  sa  vie,  semble  nous  envoyer  ce  qu'on  appelle  i.'ne  «  oeuvre 
de  longue  haleine  ».  Lieutenant  de  M.  Jules  Bois,  dans  la  société  bien 


—  123  — 

•m 

ccinnue  des  Félibres  de  Paris,  M.  Duc  est  certainement  très  supérieur 
à  son  présidain  :  d'abord,  parce  qu"il  a  écrit  des  poèmes  provençaux, 
et  ensuite  parce  qu'il  chante  en  français  de  nobles  causes,  et  d'une 
manière  très  claire.  Écoutez-le  prodiguer  à  ses  contemporains  de 
sages  conseils  : 

Contenez  les  ardeurs  de  quelques  députés 

A  l'âme  fanatique, 
Si  le  pouvoir  tombait  aux  mains  des  exaltés, 

Adieu  la  République  ! 

M.  Lucien  Duc  doit  être  un  bon  ff' libre. 

6,  —  Des  félibres,  passons  amc  bardes.  M.  Henry  de  la  Guichardière 
en  est  un,  et  des  plus  convaincus.  Sous  le  nom  mystérieux  et  farouche 
de  Telen-Aour,  il  a  écrit  de  belles  poésies  bretonnes;  mais,  en  français, 
il  rime  aussi  des  vers  sonores,  érudits,  somptueux  et  ésotériques,  un 
peu  dans  la  manière  de  son  compatriote  Leconte  de  Lisle.  Les  Saisons 
de  Merlin  sont  une  sorte  d'almanach,  qu'il  intitule  les  Mois  barbares, 
et  où  se  déroule  la  légende  de  Merlin  ou  plutôt  Myrdhinn.  Cela  inté- 
ressera les  celtisants  et  tous  les  vrais  lettrés. 

7  et  8.  —  Avec  M.  Pierre- Jean  Jouve,  nous  abordons  une  nouvelle 
école  :  «  les  unanimistes  »,  fondée  par  ce  Jules  Romains,  qui,  en  de 
bizarres  adaptations  panthéistiques,  gaspilla  un  précieux  talent.  Je 
n'ai  pas  le  temps  de  vousexpliquer  cequ'est  l'-cunanimisme».  M.  Jouve, 
ayant  à  céléljrer  une  promenade  dans  les  Ordres  qui  changent,  et  un 
meeting  d'aviation  dans  les  Aéroplanes,  emploie  un  procédé  de  des- 
cription qui  ne  tardera  pas  à  devenir  un  poncif.  Citons  simplement 
quelques  vers  : 

Ma  chair  remue  par  tous  ses  points;  je  sens  que  je  suis  homogène. 
Elle  vibre  ainsi  que  la  lame  d'un  tuyau  d'orgue  qui  joue 
A  cache-cache  avec  les  airs... 

Tout  cela  me  laisse  assez  rêveur. 

9.  —  Je  reprends  pied  avec  le  volume  que  M.  Alcide  Ramette  dédie 
à  la  mémoire  d'Albert  Samain  :  Les  Châsses  d'or.  Ce  livre  devrait  être 
retenu.  Certes,  il  contient  bien  des  inexpériences;  on  peut  ne  pas  aimer 
la  lune  qui  ressemble  à  «  une  tête  blonde 

D'enfant  rose  endormi  dans  les  franges  d'une  onde  (p.    27). 

et,  pour  constater  le  silence  d'un  violon,  on  pourrait  lui  dire  autre 
chose  :  que  «  Tu  t'es  tû  »  (p.  61).  Mais  ces  défauts  de  jeunesse  n'em- 
pêchent pas  M.  Ramette  d'avoir  un  vrai  talent.  11  chante  harmonieu- 
sement le  Nord  : 

Salut,  terre  d'exil  des  âmes  héroïques  ! 
Tu  mûris  sans  soleil  des  moissons  pacifiques, 
Et  tes  enfants  rêveurs,  aux  yeux  tristes  et  purs. 
Cherchent  au  bord  des  lacs  et  par  les  bois  obscurs 
La  poésie  en  pleurs  des  siècles  romantiques  ! 


—  J24  — 

plus  M.  Ramette  aimera  sa  terre  et  son  ciel,  plus  ses  vers  seront 
beaux. 

10.  —  M.  Marcel  Silver  n'a  pas  cette  simplicité.  Le  Charme  quoti- 
dien est  un  livre  adroit,  mais  souvent  précieux,  affecté,  et  d'une  école 
déjà  un  peu  surannée,  notamment  dans  l'épisode  dialogué  qui  le  ter- 
mine :  le  Bonheur  qui  blesse.  C'est  là  que  l'on  voit  bien  les  défauts  de 
la  mode...  en  poésie. 

11.  —  M.  l'abbé  Henry  Thédenat,  lui,  n'a  pas  sacrifié  à  la  mode. 
Aussi,  les  Quelques  Vers,  dont  il  nous  offre  une  seconde  édition, 
sont-ils  fort  bons.  Évidemment,  ils  ne  nous  apportent  ni  une  esthé- 
tique inédite  ni  un  «  frisson  nouveau  ».  Mais  il  est  à  souhaiter  que 
beaucoup  de  jeunes  poètes  en  écrivent  d'aussi  corrects  et  d'aussi 
solides. 

12.  —  Par  exemple,  M.  le  vicomte  Pierre  Alessatidri,  qui  se  con- 
tente, dans  ses  Poésies,  de  refaire  du  Musset  et  du  Victor  Hugo,  en  y 
ajoutant  quelques  vers  faux  et  quelques  hiatus,  ce  qui  est  bien  inu- 
tile. 

13.  —  Heureusement,  voici  l'ami  Botrel,  avec  ses  Alouettes,  où 
revivent,  de  1903  à  1913,  toutes  les  belles  cérémonies  patriotique» 
de  Bretagne  et  de  France.  Partout,  le  barde  et  sa  charmante  com- 
pagne y  apportèrent  leur  note  émue,  sincère  et  éloquente,  la  plupart 
du  temps  en  français,  mais  aussi  en  breton  (Ever  eur  bugel)  ce  qui 
ravira  tous  les  vrais  régionalistes.  «  On  aimera  à  répandre  ce  livre  dans  le 
les  cercles,  dans  les  patronages,  où  il  se  recommandera  de  lui- 
même  »,  nous  dit  modestement  le  papillon  officiel.  Et  Théodore 
Botrel  de  renchérir  encore  : 

Sur  ma  tombe,  gravez  ces  mots  : 
t  Ci-gtt  un  gâs  des  moins  illustres, 
Un  tout  petit  homme  en  sabots, 
Qui  ne  chanta  que  pour  les  rustres  !  » 

On  y  gravera  tout  de  même  autre  chose,  le  plus  tard  possible; 
mais  on  ne  saurait  croire  à  quel  point,  par  le  temps  qui  court,  cette 
simplicité  fait  du  bien. 

14.  —  Ecoutons  maintenant  M,  Marc-José  de  Chantai.  Il  produit 
beaucoup.  Cependant,  cela  doit  lui  donner  bien  du  mal  d'écrire  des 
choses  dans  ce  genre  :  la  mort  d'une  jeune  fille  : 

Elle  perça  son  cœur  sur  une  tige  mince 
De  houx,  qu'elle  avait  pris  un  soir  dans  le  vallon. 
Son  âme  y  demeura.  Depuis,  quand  le  vent  grince, 
On  l'entend  balancer  par  gémissements  longs  (p.  9). 

Deux  pages  plus  loin,  c'est  la  lune  qui  «  répand  ses  feux  sur  la 
voirie  »  (  !)  Mais  ce  qui  dépasse  tout,  c'est  la  pièce  intitulée  :  Nuit 
bleue  : 


t 


Les  couleurs  d'horizon  avec  leur  âme  Ionique 
Couvrent  la  teinte  d'or  du  phalène  joli; 
Dans  le  ciel  peu  à  peu  fuit  le  chœur  des  diphtongues 
Et  celui  de  la  plaine  étalée  aux  sourcils  (p.  32)  I,.. 

Le  volume  est  intitulé:  Au  Souffle  des  vallées  :  ce  doit  être  le 
même  vent  que  celui  qui,  à  travers  la  montagne,  a  jadis  tant  fa- 
tigué le  pauvre  Gastibelza. 

15.  —  M.  Félix  Colomb  est,  au  contraire,  un  auteur  sérieux.  II 
chante  tour  à  tour,  dans  l'Ame  éparse,  ses  impressions  d'enfance, 
l'amour,  l'exotisme,  la  philosophie  de  F.  Le  Dantec,  l'aviation,  etc. 
dans  des  vers  corrects,  faciles,  et  même  assez  agréables  le  long  d'une 
série  de  sonnets.  Mais  il  ne  se  dégage  pas  de  là  une  forte  person- 

'  nalité.  M.  Félix  Colomb  est  un  ami  de  M.  Jean  Aicard. 

16.  —  On  peut  faire,  sauf  cette  dernière  note,  les  mêmes  remar- 
ques pour  le  volume  de  M.  Paul  Granotier:  Dans  le  Silence  des  reines. 
Certes,  au  milieu  de  quelques  bizarreries  (comme  «  les  fleurs  riches  de 
lymphes  pour  rimer  avec  les  nymphes,  ou  des  regards  d'aigle  inassou- 
vie)^ l'auteur  ne  manque  pas  d'un  certain  sens  poétique  ;  mais  le 
moyen  de  retrouver  une  personnalité  quelconque  dans  ces  pièces 
variées  comme  un  kaléidoscope,  et  qui  prennent  tour  à  tour  pour 
sujets  Michel-Ange,  les  camées,  Roland,  Ophélie,  les  villages  mo- 
dernes, Napoléon,  etc.? 

17.  —  M.  Eugène  Guilloux,  auteur  de  l'Infirmier,  récit  envers,  est 
un  cordonnier,  qui,  d'après  son  préfacier,  M.  Jean  Robert,  procède 
de  Coppée.  Nous  serons  d'accord,  et  nous  déclareroiis  que  V Infir- 
mier rappelle  les  Humbles,  si  l'on  met  à  part  l'art  d'écrire,  le  talent, 
l'habileté  technique  et  l'inspiration. 

18.  —  M.  Charles  Jablonski  ne  dérive  nullement  de  Coppée.  Ses 
Lueurs  —  un  titre  très  exact  —  se  rattachent  plutôt  aux  inspirations 
obscures,  amorphes,  déconcertantes  du  décadentisme  d'il  y  a  vingt 
ans.  Qu'on  en  juge  par  ce  court  fragment,  où  M.  Jablonski  plaint  le 
sort  de  son  cœur  : 

Pourquoi  l'avez-vous  bourré  de  coton 
Et  voulu  fourrer  dans  un  uniforme  ! 
( —  Choisis-en  un  :  celui  que  tu  préfère.-;,  donc.  — 

—  Eh  !  je  ne  préfère  point...  d'uniforme.) 
Pourquoi  mon  cœur  n'a-t-il  pu  pailer  ? 
...  Et  j'ai  endossé  tous  les  uniformes. 

—  Mais,  sans  doute,  en  son  fond,  il  était  mal  bourré 
De  coton  : 

Car  j'ai  bientôt  quitté  ces  uniformes. 

Voilà  le  genre.  On  laime,  ou  on  ne  l'aime  pas.  Moi,  d'ailleurs,  je  ne 
l'aime  pas. 

19.  —  Et  pas  davantage  les  extraordinaires  développements  de 
M.  René  Jacquet  : 


—  120  — 

Comme  un  aveugle-né.  par  prodige  guéri, 
S'obstine  à  ne  chercher  qu'en  ses  yeux  de  pommade 
Tout  ce  que  le  soleil  lui  découvre  à  l'esprit... 

pour  aboutir  à  ces  croquis  fleuris  du  Luxembourg  : 
Des  gamins  font,  peu  délicats,  ... 

Chercliez  la  rime.  Un  niot  de  deux  syllabes.  Et  le  livre  est  intitulé  : 
Au  Cœur  de  l'idée.  —  0  popoï  !  comme  auraient  dit  les  Grecs. 

20.  —  Enfin,  un  vrai  poète  :  M.  Albert  Jean,  qui  publie  la  Pluie 
au  prirUemps,  avec  une  Préface  de  M.  Ad.  Van  Bever.  «  La  poésie, 
pour  certains,  nous  dit  ce  dernier,  ce  n'est  point  l'éloquence  des  mots, 
ni  la  vaine  science  du  rythme,  ni  encore  la  richesse  des  images;  c'est 
la  fraîcheur  d'une  impression  qu'on  retrouve  et  qui  fait  un  écho  sonore 
dans  notre  cœur  .  dVous  avez  là  toute  une  définition  de  la  manière  de 
M.  Albert  Jean,  qui  évoque  avec  une  grâce  pénétrante  l'histoire  de 
«  toute  une  jeunesse  »  émue  et  mélancolique.  Cela  rappelle  un  peu 
certaines  parties  du  beau  livre  d'Edmond  Gojon,  le  Visage  penché. 
Mais  M.  Albert  Jean  écrit  en  vers  libres  —  et  je  ne  m'en  effraie 
nullement,  car  ses  vers  libres  sont  très  harmonieux,  et  nous  prou- 
vent, d'ailleurs,  en  maint  endroit,  que  leur  auteur  sait  aussi  réussir, 
quand  il  le  veut,  les  plus  parfaits  alexandrins  classiques.  Il  ne  faut 
pas  oublier  ce  jeune  poète. 

21.  —  Dans  une  tout  autre  note,  le  livre  de  M.  Paul  Ladurelle  : 
Au  Pays  lorrain,  ne  manque  pas  d'être  fort  sympathique.  L'œuvre 
d'un  Lorrain  patriote  ne  saurait  laisser  aucun  Français  indifférent, 
même  renfermât-elle  quelques  prosaïsmes,  même  manquât-elle 
parfois  de  lyrisme  et  de  légèreté.  Il  nous  suffit  que  les  vers  soient 
corrects,  vibrants  d'émotion  sincère.  Nous  écoutons  chanter  l'âme. 

22.  —  M.  Henri  de  Lisle  n'est  pas  un  débutant;  nous  avons  déjà 
de  lui  une  traduction  de  Y Ecclésiaste  et  un  recueil  intitulé  :  Au 
large.  —  La  Sage  Ardeur,  qu'il  vient  de  publier,  nous  le  montre  en 
progrès.  Si,  dans  ce  volume,  je  n'aime  pas  beaucoup  les  deux  der- 
nières parties,  l'une  un  peu  banale,  l'autre  trop  directement  inspirée 
de  Moréas,  la  première,  par  contre,  contient  des  poèmes  vraiment 
remarquables,  dignes  d'un  excellent  disciple  de  Vigny.  Je  signalerai 
tout  particulièrement  Sagesse,  et  aussi  \'Art,  où  le  poète  évoque 
tous  les  grands  artistes, 

D'Apelle  à  Delacroix  et  d'Homère  à  Shalespeare, 

Palestrina  qui  gronde  et  Schumann  qui  soupire; 

Sous  les  voûtes  Hugo  répond  à  Bethoven; 

Ici,  pleure  le  Tasse  et  sourit  la  Joconde. 

...  Et  l'âme  de  Wagner  s'exalte  dans  les  cuivres... 

Toutefois,  dans  cette  même  partie  «  le  froid  glacial  (\yi  émane  la 
science  »  est  un  exemple  fâcheux  de  la  manie  moderne  —  que  subit 


—   !27  — 

même  parfois  Charles  Guérin  —  de  transformer  les  verbes  neutres  en 
verbes  actifs. 

23.  —  Et  maintenant,  il  faut  nous  incliner  très  bas,  devant  l'un  des 
plus  beaux  livres  de  notre  temps.  Après  sept  ou  huit  ans  d'attente,  de 
méditations,  de  rêveries,  M.  l'abbé  Louis  Le  Cardonnel  livre  au  public 
ses  Carmina  sacra.  On  l'a  dit  déjà  plusieurs  fois  :  M.  Le  Cardonnel 
est  certainement  le  seul  poète  français  auquel  on  puisse  donner  le 
nom  de  «  grand  ».  Ce  titre,  il  le  mérite  avec  deux  volumes,  qui,  à  la 
fois,  donnent  à  tant  d'écrivains  enfiévrés  une  leçon  de  perfection  et 
de  sobriété.  J'ai  entendu  préférer  les  Poèmes  de  1904  aux  Carmina 
sacra  d'aujourd'hui.  La  vérité  est  que  ces  deux  livres  sont  très  diffé- 
rents :  le  premier  nous  offre  la  courbe  décrite  par  M.  Louis  Le  Car- 
donnel, partant  du  symbolisme,  de  lamitié  de  Verlaine,  de  l'école  de 
Mallarmé,  et  aussi  de  la  bohème  littéraire  de  1890,  pour  arriver,  à  la 
fois,  à  la  pure  tradition  classique  et  à  la  vie  sacerdotale;  le  second 
nous  montre  le  poète  installé  dans  une  doctrine  et  une  existence  sta- 
bles, du  moins  autant  que  faire  se  peut.  Car  sa  grande  originalité, 
c'est  de  sentir  bouillonner  et  s'opposer  en  lui,  constamment,  sa  race 
irlandaise  et  son  éducation  latine,  sa  rêverie  romantique  et  sa  for- 
mation classique. 

Je  suis  né  dans  Valence,  aux  mémoires  romaines, 
Qui  voit  les  monts  bleuir  dans  ses  horizons  clairs. 

L'écho  des  chants  venus  de  la  belle  Provence, 
Aux  aèdes  brunis  par  l'éternel  été, 
A  bercé  ma  jeunesse,  et  j'ai,  dès  mon  enfance. 
Connu  l'enchantement  de  l'antique  Beauté. 

Mais,  ô  mes  aïeux  d'Irlande,  ajoute- 1- il. 

Mais  j'héiite  de  vous  dans  ces  époques  grises, 
Où  le  doute  affaiblit  les  cœurs  les  plus  virils, 
L'âme  d'un  constructeur  do  mystiques  églises, 
Le  désir  du  voyage  et  Vattrait  des  exils. 

C'est  ainsi,  peut-on  dire,  que  M.  Louis  Le  Cardonnel  réalise  l'idéal 
de  nos  plus  grands  poètes  :  accorder 

L'élan  ardent  de  l'âme  à  la  forme  parfaite. 
Coupe  d'or,  d'où  le  vin  ne  doit  pas  déborder. 

A  cela,  il  a  merveilleusement  réussi.  On  lui  a  reproché  de  sacrifîar 
trop  à  la  large  harmonie  de  sa  strophe  et  d'avoir  une  versification 
lâchée.  On  a  dit  cela  aussi  de  Lamartine  :  rien  n'est  plus  faux, 
pour  l'un  comme  pour  l'autre,  et  j'aime  à  associer  ces  deux  no  us.  De 
son  passage  dans  les  cénacles  symbolistes  et  dans  le  salon  ai  Héré- 
iia,  M.  Le  Cardonnel  a  gardé  un  soin  minutieux  et  précis  de  la  forme, 
m  soin  presque  unique  aujourd'hui.  Ses  rimes  ne  sont  jam  M  banales. 


—  128  — 

mais  elles  arrivent  si  naturellement  que  le  lecteur  n'est  pas  détourné 
par  elles  de  l'idée,  du  sentiment,  de  l'image;  ses  rythmes  ne  sont 
jamais  monotones,  mais  ils  se  moulent  si  plastiquement  à  l'impres- 
sion que  le  poète  veut  produire,  qu'ils  n'attirent  pas  comme  des  tour» 
de  force.  Voyez,  par  exemple,  cette  exhortation  à  un  jeune  disciple  : 

La  couronne  immortelle,  enfin,  qu'elle  te  ceigne  ! 
Mais  il  faut  l'acheter  avec  bien  des  douleurs  : 
Vois  le  sommeil  s'enfuir,  médite,  souffre  et  saigne. 

Et  pour  qu'un  jour  l'Ether  justicier  et  profond, 
Vainement  blasphémé  par  les  foules  athées, 
Te  reçoive,  gravis  le  sentier  rude,  où  vont. 
Près  du  Génie  en  pleurs,  les  Vertus  insultées  !... 

11  n'est  pas  une  bibliothèque  de  lettré  ou  de  croyant  qui  ne  dût 
avoir  à  sa  place  d'honneur  les  deux  volumes  de  M.  Louis  Le  Cardon- 
nel,  qui  unissent  d'une  façon  si  parfaite  la  beauté  classique  et  la  foi 
chrétienne. 

24.  —  Je  serai  plus  bref  avec  M.  Emile  Mamet,  qui,  en  tête  de 
son  livre  intitulé  :  De  tout  mon  cœur  !  répète  deux  fois  : 

J'ai  fait  de  mon  mieux,  mais,  hélas  ! 
Ai-je  vraiment  fait  quelque  chose? 

Il  est  difficile  de  répondre  affirmativement  quand  on  a  lu  ces 

«  pièces  ))  déconcertantes,  comme  Relent  (?)  qui  compté   juste    ces 

quatre   vers   : 

De   mon   enfance   grise, 
Où    je    souffris    vraiment, 
11  me  revient  souvent 
Des  souvenirs  navrants. 

où  celle-ci,  Pensée,  qui  détient  le  record,  car  elle  n'a  qu'un  vers  : 
A  force  de  creuser,  le  trou  devient  profond. 

25.  —  Avec  M.  Louis  Mandin  nous  revenons  à  une  oeuvre  plus 
sérieuse.  En  tête  à'Ariel  esclave,  il  écrit  ceci  : 

«  Si  vous  êtes  asservi  aux  besognes  inférieures,  et  s'il  y  en  a  vous  un 
Ariel  enfermé,  c'est-à-dire  un  sens  ardent  de  beauté,  de  création, 
de  vie  et  d'harmonie,  il  a  le  droit  impérieux  de  vivre,  et  s'il  n'est 
pour  vous  qu'un  don  de  souffrance,  vous  avez  pourtant  le  devoir  de 
le  nourrir  en  vous,  -de  le  défendre  contre  toutes  les  laideurs  am- 
biantes, contre  tous  les  étranglements  et  tous  les  esclavages,  contre 
les  Ubu  d'en-haut  et  les  Caliban  d'en-bas,  contre  le  médiocratisme 
d'une  société  qui  ne  connaît  que  la  vertu  de  l'argent,  et  qui  broie 
entre  ses  lourdes  mâchoires  l'être  pensant  et  fier,  pauvre  et  soli- 
taire ». 

On  le  voit,  si  rien  de  tout  ceci  n'est  bien  neuf,  il  y  a,  dans  ce» 


—  129  — 

invectives  à  la  Chatterton  • —  auquel  M.  Mandin  se  compare  —  de 

la  vigueur  et  de  la  noblesse.  Elles  ont  été  ensuite  assez  inégalement 

exprimées.  L'auteur,  qui  déclare  «  avoir  respecté  toutes  les    règles 

fondamentales  de  la  prosodie  et  de  la  langue  françaises  »,  et  qui 

s'excuse  même  d'avoir  employé  parfois  «  des  images  pâles  et  usées  », 

paraît  cependant  animé  d'un  individualisme  littéraire  indiscutable. 

Quand  un  poème  s'intitule  :  Les  Ailes  des  yeux,  l'image  semble  plutôt 

neuve;  quand  un  autre  titre  dit  ;  «  Ariel  se  parle  »  ou  quand  le  poète 

s'écrie  : 

Nous  sommes  les  enfants  des  courants  électriques, 
De  la  vapeur  grondant,  du  mystère  expliqué... 
Nous  avons  trop  de  sensitives  dans  le  crâne, 

OU  allonge  des  vers  de  quatorze  pieds,  je  me  retourne  avec'^quelque 
inquiétude  vers  la  prosodie  et  la  grammaire. 

26.  —  Je  ne  saurais  admirer  sans  réserves  les  Odes  de  M.  Charles 
Marie.  Ce  disciple  attardé  d'Horace  ne  montre  ses  vraies  qualités  qu'à 
mesure  qu'il  s'éloigne  de  son  modèle;  ses  odes  les  moins  antiques, 
avec  leur  souplesse  de  rythme,  leur  habileté  prosodique,  sont  les 
mieux  réussies...  Mais  que  tout  cela  est  froid  ! 

27.  —  Beaucoup  plus  vivant  s'affirme  M. Pierre  Nothomb  dans  le 
séduisant  volume  qui  se  nomme  Notre-Dame  du  Matin.  M.  Pierre 
Nothomb  est  un  poète  d'un  talent  incontestable.  Je  ne  lui  reprocherai 
qu'un  mélange  —  d'ailleurs  trop  fréquent  aujourd'hui  —  d'effusions 
mystiques  et  de  passion  humaine,  de  prières  à  la  Vierge  et  de  décla- 
rations d'amour.  L'auteur  essaie  de  l'expliquer  dans  ces  très  beaux 
vers  : 

Mon  Dieu,  pardonnez-moi  tandis  que  je  vous  suis 

Par  h  jardin,   dans  la  lumièr,\ 

Si  je  ne  puis 

M'al)straire  du  symbole  immense  de  la  terre. 

Et  si  je  mêle  ainsi  ma  chair  à  vos  mystères... 

Certains  s'étonneront  qui  peuvent  séparer 

Leur  vision,  leur  âme  et  leur  génie. 

Mais  vous  êtes  pour  moi  la  clef  de  l'harmonie, 

Et  si  dans  ma  prière,  en  ce  grand  jour  doré, 

.Te  ne  vois  qu'une  chose  unique  dans  ces  choses, 

—  Liturgie  des  saisons,  rythme  et  métamorphoses 

Du  culte,  sentiment  de  mon  cœur  exalté  — 

C'est  que  tout  se  résume  en  vous.  Dieu  de  l'Été, 

Vous,  dont  l'amour  ardent  a  fait  germer  ces  roses  (p.  143). 

Evidemment,  c'est  très  poétique;  mais  est-ce  profondément  chré- 
tien? 

28.  —  M.  Charles  Orsatti,  dans  la  Chaîne  d'or  et  de  fer,  a  voulu 
récrire  la  Légende  des  siècles  en  se  fondant  sur  la  vraie  tradition 
classique  et  chrétienne.  Malheureusement,  l'ombre  de  Victor  Hugo 
n'a  cessé  de  planer  sur  le  poète,  et  M.  Orsatti  nous  arrive  accom- 

AouT  1912.  T.  GXXV.  9. 


—  130  — 

pagné  de  l'érudition  tapageuse,  des  antithèses,  des  phrases  sybillines 
et  de  tous  les  procédés  du  grand  romantique.  11  y  a  des  moments  où 
ses  poèmes,  pourtant  vigoureux,  tournent  au  pur  pastiche.  Oyez,  par 
exemple,  la  Mort  de  Turenne  : 

Ce  maréchal  valait  à  lui  seul  une  armée. 
Le  Stathouder  :  poussière;  et  l'Électeur  :  fumée. 
Si  l'ennemi  voulait  passer,  il  disait  :  «  Non  «, 
Simplement...  Cela  faisait  rire  les  canons... 

C'est  presque  meilleur  que  le  modèle. 

29.  —  M.  Achille  Paysant,  lui,  est  plus  personnel.  C'est  que,  aufesi, 
ses  maîtres  qu'il  nomme,  «  Chénior,  Ronsard  et  Lafontaine  »  sont  plus 
sûrs.  Aujourd'hui,  ce  bon  et  charmant  poète,  sous  le  titre  Vers  Dieu, 
nous  associe  à  une  grande  part  de  sa  vie  : 

Dans  ce  livre  où,  vingt  ans,  je  me  suis  raconté, 
J'ai  moins  fait  œuvre  d'art  que  de  sincérité. 

Si  je  n'aime  pas  du  tout  la  paraphrase  du  Pater  — pourquoi  ce  tour 
de  force  inutile?  Laissons  cela  à  M.  Rostand  —  l'ensemble  du  vo- 
lume est  néanmoins  des  plus  sympathique^'.  M.  Achille  Paysant, 
avec  son  goût,  son  tact,  sa  science  du  rythme,  excelle  dans  les  pièces 
fugitives,  parfois  en  vers  libres  comme  ceux  de  La  Fontaine,  et 
contenant  toujours  un  sentiment   délicat,   une   pensée  ingénieuse  : 

Vers  l'adieu  suprême. 
Va  sans  peur  et  sans  remord, 
O  poète,  et  fais  de  même, 
Fais  de  ta  vie  un  poème, 
Un  cantique  de  ta  mort  ! 

30.  ■ —  J'arrive  au  lauréat  du  prix  national  de  poésie,  M.  Emile 
Ripert.  Tous  les  amis  sincères  de  l'art  et  des  lettres  ont  été  heureux 
de  son  succès.  La  Terre  des  Lauriers  est  un  superbe  livre,  patiem- 
ment et  savamment  composé,  où  Sd  déroule  toute  l'histoire  de  la 
Provence,  avec  un  enthousiasme,  une  vie  et  un  sens  du  pittoresque 
tout  à  fait  remarquables.  Certes,  il  y  a  des  moments,  où,  pour  l'exé- 
cution d'un  aussi  vaste  dessein,  la  main  du  poète  a  un  peu  tremblé. 
Alors,  il  s'est  souvenu  de  son  maître  et  ami,  M.  Rostand,  et  il  a  fait 
appel  à  une  virtuosité  un  peu  superficielle,  qui  lui  a  procuré  des 
images  forcées  et  apprêtées,  des  antithèses  violentes,  des  imagina- 
tions alambiquées.  M.  Ripert,  à  rencontre  de  la  plupart  des  écri- 
vains d'aujourd'hui,  est  excessivement  adroit.  Il  donne,  à  certains 
moments,  l'impression  qu'il  veut  «  épater  le  public  ».  Mais  aussi  songez 
à  la  difficulté  de  ce  gros  livre  d'histoire,  que  le  jeune  auteur  s'est  mis 
en  tête  d'écrire  tout  entier  en  terza-rima  !  C'était  jouer  la  difficulté 
jusqu'à  l'extrême;  et  dans  ce  flot  de  triples  rimes,  presque  toutes 
riches  et  belles  comme  le  ciel  de  Marseille,  dcvra-t-on  s'étonner  qu'il 


—  131  — 

y  en  ait  certaines  un  peu  violemment  amenées,  et  d'autres  qui  nous 
infligent  quelques  mauvais  vers? 

Qu'est-ce  donc  qu'il  y  a  qui  fait  que  l'on  défaille?  (p.   261). 

Seulement,  tout  cela,  c'est  l'exception.  Lorsque  M.  Emile  Ripert 
est  vraiment  inspiré,  il  est  admirable.  Lisez,  par  exemple.  Aux  temps 
chrétiens,  au  temps  des  poètes,  aux  temps  modernes  :  en  ces  trois 
parties,  s'affirme,  je  ne  crains  pas  de  le  dire,  une  des  personnalités 
poétiques  les  plus  caractérisées  et  les  plus  séduisantes  de  notre 
temps.  Et  c'est  pour  cela  qu'à  son  égard  on  peut  se  permettre  d'être 
absolument  sincère. 

31.  —  M.  Ch.  Troufleau,  comme  M.  Ripert,  a  rêvé,  non  d'un  simple 
recueil  de  vers,  mais  d'un  vaste  poème,  social  cette  fois,  qui  raconte- 
rait la  triste  vie  d'un  paysan  déraciné  :  E?itre  les  murs-,  il  n'en  a  écrit 
que  des  fragments,  assez  bien  venus  d'ailleurs,  dans  le  mode  de  cer- 
tains morceaux  familiers  de  Victor  Hugo.  Mais  pourquoi  cette  ré- 
flexion : 

...  Des  vers  boiteux,  bégayants,  monstrueux, 
Des  vers  à  publier  au  Mercure  de  France, 

lorsque  M.  Troufleau  é3rit  lai-mêni^,  quelques   pages  plus  loin  : 

Il  le  comprit,  baissa,  comme  il  faisait  souvent 
Parles  soirs  d'ouragan  ou  sous  les  bois,  la  tête  (p.  15)? 

Ces  vers-là  n'ont  cependant  point  paru  au  Mercure. 

32.  —  M.  Donatien  Yvonneau  est  un  disciple  de  Déroulède.  Il  cé- 
lèbre toutes  les  gloires  de  la  patrie,  quelquefois  avec  humour,  souvent 
avec  Ij^isme.  Chaque  pièce  de  Pour  l'Attaque  !  est  accompagnée 
d'une  notice,  d'ailleurs  inutile,  vu  la  parfaite  clarté  du  style  deM.  Yvon- 
neau. Mais  ôé^^  notice^  sont  bien  écrites  et  agréables  à  lire. 

33.  —  M.  Auguste  Dorchain  vient  de  faire  une  œuvre  excellente,  en 
rééditant  le  poète  breton  Auguste  Brizeux.  Ces  trois  volumes,  parfai- 
tement présentés  et  précèdes  d'une  savante  notice,  rappelleront  aux 
jeunes  générations  ce  grand  écrivain  bilingue  que  l'on  peut  considérer 
comme  le  vrai  précurseur  de  Mistral  et  de  tous  nos  poètes  de  terroir. 
Car  Brizeux  chanta  en  breton,  et  ces  chants  ne  sont  pas  les  moiils 
beaux  de  son  œuvre.  A  quand  le  quatrième  volume,  avec  la  Poétique 
nouvelle? 

Poèmes  en  prose.  —  34.  —  Les  Petits  Poèmes  de  M.  Alfred  Ruffîn 
Sont  assez  difficiles  à  classer.  Ce  sont  des  morceaux  inégaux,  tour  à 
tour  fables,  dialogues,  maximes,  notations  à  la  Jules  Renard,  etc. 
M.  Ruffin  a  de  la  finesse,  de  l'originalité,  du  trait,  et  ce  qui  le  rend 
tout  à  fait  sympathique,  c'est  son  goût  pour  les  chats,  auxquels  il  a 
consacré  un  livre  tout  entier.  On  lira  donc  avec  un  réel  plaisir 
ses    Petits  Poèmes    en    prose   • —  sans   toutefois  adopter    les    idées 


—  132  — 

qu'il  développe  dans  les  Dieux  (p.  93)  et  la  Fille  Olympe  (p.  130). 
Poésie  fémiisine.  —  35,  ■ —  M"^^*^  la  comtesse  d'Avancourt,  en  très 
peu  de  temps,  s'est  mise  dans  les  premiers  rangs  de  nos  poétesses. 
Tl  y  a  trois  ans  à  peine,  elle  envoyait  timidement  au  concours  des 
Jeux-Floraux  une  petite  élégie, /o  Vieille  Fenêtre  :  mais  son  talent  s'y 
révélait  déjà. Elle  a  cueilli  toutes  les  fleurs  de  Clémence  Isaure,et  son 
premier  volume:  Le  Poème  du  silence,  vient  d'obtenir  le  prix  de  litté- 
rature spiritualiste.  Prix  bien  mérité,  car,  dans  ce  recueil  de  début,  où 
ont  été  réunies  des  œu^Tes  un  peu  disparates,  frémit  une  sensibilité 
féminine  et  poétique  de  premier  ordre.  Si  certaines  pièces  sont  encore 
hésitantes,  d'autres  sont  vraiment  presque  parfaites,  comme  :  A  mes 
fils,  A  un  solitaire,  A  Lamartine  : 

Ah  !  si  le  vrai  poète  est  un  amant  mystique 
De  rimmatérjplle  et  céleste  beauté, 
Pour  qui  tout  paysage  est  un  vaste  cantique, 
Toute  étreinte  un  baiser  à  l'au-delà  jeté, 

S'il  est  le  musicien  qui  recueille  et  qui  chante 
Les  mots  sacrés,  épars  dans  l'Espace  et  le  Temps, 
Et  s'il  est  celui-là  dont  l'âme  est  si  brûlante 
Que  tout,  en  la  touchant,  s'évapore  en  encens. 

Celui  pour  qui  l'Amour  rayonne  au  cœur  du  monde, 
Comme  la  sainte  hostie  au  fond  de  l'ostensoir... 


C'est  toi,  toi  le  poète  entre  tous  sur  la  terre... 


Ce  sera  un  honneur  pour  l'Académie  des  Jeux-Floraux  et  pour  le 
Comité  de  littérature  spiritualiste  d'avoir,  les  premiers,  salué  ce 
talent  si  pur,  qui  dédommage  de  beaucoup  des  aspirations  actuelles 
de  tant  de  femmes  de  lettres. 

36.  —  Le  Temple  du  rêve,  de  M"^^  la  baronne  de  Baye,  est  d'un  art 
plus  sûr  et  d'une  personnalité  moins  nette.  Il  débute  par  une  série  de 
poèmes  antiques,  écrits  sous  le  patronage  d'Henri  de  Régnier  : 

O  voyageur,  reviens  vers  l'ombre  hospitalière 

De  mon  humble  maison  qu'étieint  toujours  le  lierre. 

J'ai  gardé  le  vin  clair  et  j'ai  gardé  le  miel... 

Mais,  au  bout  de  80  pages,  M™^  de  Baye  abandonne  l'antiquité,  et 
nous  voyons  défiler  tour  à  tour  le  Moyen  âge,  l'Empire,  l'Inde,  la 
Chine,  le  Japon,  la  Comédie- Italienne,  l'Evargile,  les  Charmettes,  la 
Restauration,  pour  finir  avec  Cléopâtre, 

Que  César,  écrasant  les  perles  et  les  roses. 
Adorait  sous  la  pourpre  et  l'or...  terriblement  I 

Il  est  regrettable  que  le  Temple  du  rêve  n'ait  pas  plus  d'unité.  A 
moins  de  refaire  les  Trophées... 


-  133  — 

37.  —  M"^<^  Marie  Desbruyères,  elle  aussi,  a  des  inspirations  va- 
riées :  l'amour,  les  tremblements  de  terre,  la  première  communion,  le 
village  de  Vernègues,  etc.,  etc.  Sous  les  pins,  on  trouve  de  tout, 
même  la  louange  du...  bistouri  : 

Je  suis  le  petit  bistouri 

Propret,  brillant  dans  la  vitrine... 

Pour  moi  la  victoire  s'acquiert 
Dans   quelque   champ   opératoire; 
Quand  un  cœur  est  à  découvert, 
Dans  son  sang,  je  bois  de  la  gloire... 

^me  Marie  Desbruyères  donne  froid  dans  le  dos. 

38.  —  M"^*^  Marie-Louise  Dromart  s'impose  davantage  à  l'atten- 
tion. Son  recueil, /e  Fronf  çoilé,  a  de  l'unité;  c'est  toute  l'histoire 
d'une  femme,  mêlée  de  joie  et  de  pleurs,  avec  beaucoup  d'amour  et 
aussi  du  renoncement  : 

Puisque  mon  pauvre  amour  m'interdisait  l'espoir," 
Sur  les  autels  sacrés  de  ma  mélancolie, 
Pour  soumettre  mon  cœur  et  tromper  ma  folie. 
Mon  courage  a  placé  le  flambeau  du  devoir. 

'   Mais  pourquoi  M™^  Dromart  écrit-elle  si  vite?   La  plupart   de  ses 

sonnets  sont  bâclés.  Elle  compose  trop,  et  ferait  mieux  de  se  relire. 

C'est  dommage,  car  il  y  a,  malgré  tout,  dans  ce  gros  livre,  de  la  poésie. 

j  Armamd  Praviel. 

;^    ^      HISTOIRE,  ART  ET  SCIENCES  MILITAIRES 

1.  I^  Régiment  des  gardes-suisses  de  France.  Les  Suisses  en  Italie  (campagne  de 
Marignan),  par  le  capitaine  de  Vallière.  Lausanne,  «  Revue  militaire  suisse  »  et 
Paris,  Berger-Levrault,  1912,  in-8,  xvi-224  p.,  avec  28  planches  et  portraits, 
6  fr.  —  2.  Milices  et  volontiires  du  Puy-de-Dôme.  Étude  sur  le  recrutement  de 
l'armée,  1688-1793,  par  le  com*  Flocon.  Paris,  Berger-Levrault,  1911,  in-8  de 
vi-122  p.,  avec  3  croquis,  3  fr.  —  3.  Au  temps  des  volontaires,  1792,  lettres  d'un 
volontaire  en  1792,  présentées  et  annotées  par  G.  Noël.  Paris,  Plon-Nourrit, 
1912,  in-16,  de  lv-300.  p.,  avec  un  portrait  et  2  cartes,  3  fr.  50. —  4.  léna  et  la 
campagne  de  1806,  par  HE^RY  Houssaye.  Introduction  de  Louis  Madelin, 
Paris,  Perrin,  1912,  in-16,  lxiv-274  p.,  avec  portrait  et  2  cartes,  3  fr.  50. —  5, 
1812.  La  Guerre  de  Russie.  Notes  et  documents,  par  Arthur  Chuquet.  lf«,  2<'  et 
3e  séries.  Paris,  Fontemoing,  1912,  3  vol.  in-8  de  352,  379  et  471  p.,  22  fr.JSO.  — 
6.  Smolensk,  Les  Origines,  l'épopée  de  Smolensk  en  1812,  d'après  des  documents  tnc- 
difs,  par  Je  baron  DE  Baye.  Paris,  Perrin,  1912,  petit  in-8  de  296  p.,  avec  2i  erav. , 
5  fr.  —  7.  La  campagne  de  1812.  Mémoire  du  margrave  de  Bade.  Traduction,  In- 
troduction et  notes  d'ARinuR  Chuquet.  Paris,  Fontemoing,  1912,  in-16,  268  p., 
3  fr.  50.  —  8.  Souvenirs  d'un  cadet  (1812-1823),  par  Larreguy  de  Civrieux. 
Paris,  Hachette,  1912,  in-16  de  vi-282  p.,  3  fr.  50.— 9.  Waterloo  et  Sainte-Hélène, 
notes  et  souvenirs  d'un  officier  d'état-mafor,  par  le  lieutenant-colonel  Basil 
Jackson,  édité  par  R.-C.  Seaton  et  traduit  de  l'anglais  par  Em.  Brouwet, 
Paris,  Plon-Nourrit,  1912,  in-16  de  xxi-280  p.,  avec  portraits,  3  fr.  50.  —  10.  1814. 
La  Manœuvre  de  Laon,  par  le  capitaine  G.  Hulot.  Paris,  Chapelot,  1912,  gr. 
in-8  de  vn-207  p.,  avec  13  cartes  et  2  plans,  10  fr.  —  11.  Correspondance  inédite 
de  Napoléon  I",  conservée  aux  archives  de  la  guerre,  publiée  par  le  lieutenant- 


^  134  — 

colonel  PiCAUD  et  L.  Tuetey.  T.  i^'  1804-1807.  Paris,  Charles-Lavau-elle,  1912. 
in-8  de  726  p.,  1 2  fr.  — •  1  2.  Le  Général  de  Clausen'itz,  sa  vie,  sa  théorie  de  la  guerre 
d'après  des  documents  inédits,  par  P.  Roques.  Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault, 
1912,  in-8  de  X1V-I47  p.,  3  fr.  —  l'i.  La  Campagne  de  1844  au  Maroc.  La  Bataille 
d'Isl;/,  par  le  capitaine  Albert  Latreille. Paris,  Chapelot,  1912,  in-8  dex-187  p., 
avec  ô  cartes  et  plans,  4  fr.  — 14.  Campagnes  d' Afrique.  [1830-1910).  Algérie, 
Tunisie,  Maroc,  Y>Rv  le  capitaine  Victor  Piquet.  Paris,  Charles-Lavau?.elle,s.  d., 
in-t6  de  334  p.,  3  fr.  50.  —  15.  1870.  Sedan,  par  le  lieut'-colonel  Ernest  Pi- 
card. Paris,  Plon-Nounit,  1912,  2  vol.  in-lt5  de  vi-346  et  334  p.,  avec  6  cartes, 
lO  fr.  —  16.  Quarante-trois  ans  de  vie  miiuacre,  par  le  général  Cuny.  Paris, 
Plon-Nourrit,  1911,  in-8  de  360  p.,  5  fr.  —  17.  Feuillets  de  la  vie  militaire 
sous  le  sec-  nd  Empue  (1854-1870),  par  le  lieutenant-colonel  marquis  de  la  Tour 
DU  Pin  la  CIharce.  Paris,  Nouvelle  Librairie  nationale,  1912,  in-8  de  191  p., 
avec  4  po) traits,  5  Ir.  —  18.  Le  Maréchal  Niel,  1804-1869,  par  le  com'  J.  de  la 
Tour.  Paris,  Chapelot,  1912,  in-16,  vii-295  p.,  3  fr.  50.  —  19.  Guerre  russo- 
japonaise,  1904-1905.  Historique  rédigé  à  Veiat-major  général  de  Varmée  russe] 
trad.  publiée  sous  la  direction  de  l'état-major  de  l'armée  [ française]. Pz-emiérc 
Période  de  ta  campagne.  T.  il,  en  3  vol.  gr.  m-8  de  xi-769,  ix-498  et  431  p.,  avec 
2  atlas  de  plans  et  de  cartes,  cartonnés,  25  fr.  —  20.  VOfficier,  le  haut  comman. 
dément  et  ses  aides  en  Allemagne,  par  Jules  Poirier.  2«  édit.  Paris,  Chapelot, 
1912,  in-12  de  xxv-252  p.,  3  fr.  50.  —  21.  Les  Manauvres  impériales  allemandes 
en  1911,  su'.te  d'articles  adiesi^és  au  Times,  par  le  colonel  Repingto\;  trad.  de 
l'anglais  par  Réginald  Kann.  Paris,  Berger-Levrault,  1912,  in-12  devi-62  p., 
1  ir.  —  22.  Opinions  allemandes  sur  la  guerre  moderne.  1 '^''  fascicule.  Les  Bases 
de  i  art  de  la  guer/e.  Armement  et  technique  modernes.  Paris  et  Nancy,  Berger- 
Levrault,  1912,  gr.  in-8  de  xv-84  p.,  1  fr.  —  23.  L.es  Armements  rllemands.  La 
Riposte,  par  le  capitaine  Pierre  Félix.  Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault,  1912, 
in-8  de  xxiii-114  p  ,  1  fr.  —  24.  Politique  et  stratégie  dans  une  démocratie,  par 
le  commandant  Mord  AfQ.  Paris,  Plon-Nourrit,  1912,  in-16  de  viii-276  p.,  3  fr.  50. 
— •  2h.  La  Direction  df  la  guerre.  La  Liberté  d'action  des  généraux  en  chef,  pair  le 
com^  V.  Dupuis.  Paris,  Chapelot,  19! 2,  in-8  de  xiv-367  p.,  avec  carte,  6  fr. 
—  26.  La  Doctrine  de  la  défense  nationale,  par  le  capitaine  Sorb.  Paris  et  Nancy, 
Berger-Levrault,  1912,  gr.  in-8  de  416  p.,  a>  ec  une  planche,  7  fr.  50.  —  27. 
Dictionnaire  militaire.  Encyclopédie  des  sciences  militaires  rédigée  par  un  comité 
d'officiers  de  toutes  armes.  25«  et  dernière  livraison.  Paris  et  Nancy,  B'rger- 
Lev/ault,  in-4,  30/3  à  3236,  4  fr.  —  28.  Dictionnaire  mjlitaire.  Supplément 
général  mettunt  entièrement  à  jourh  Dictionnaire  jusju'aui^^  octobrel9li.  Pariset 
Nincy,  Berger-Levrault,  1911,  in-4  de  404  p.,  10  fr.  —  29.  État  miUiaire  de 
toutes  les  nations  du  monde,  1911,  par  Charles  Malo.  Paris  et  Nancy,  Berger- 
Levrault,  1912,  in-12  de  iv-154  p.,  1  fr.  25. 

1.  —  La  Suisse  a,  comme  l'on  sait,  fourni  jadis  différents  États  euro- 
péens de  mercenaires  soldés,  constitués  en  régiments  spéciaux,  qui 
se  créèrent;  la  plupart  du  temps,  dans  leurs  armées  d'adoption,  un 
nom  honorable.  En  France,  spécialement,  la  réputation  des  corps 
suisses  au  service  de  la  monarchie  compte  plus  d'une  page  glorieuse 
et  l'héroïque  conduite  tenue  par  eux  au  Dix  août —  ils  y  perdirent 
environ  800  hommes  sur  1.000  —  parle  assez  en  faveur  de  la  valeur 
morale  d'une  telle  troupe,  pour  que  nous  n'ayons  pas  besoin  d'y 
insister.  Toutefois,  avec  les  idées  modernes,  le  système  des  capitu- 
lations ne  pouvait  plus  subsister;  il  n'était  plus  admis  ni  à  l'étran- 
ger ni  en  Suisse  même  et  peu  à  peu  il  a  fini  par  disparaître  totale- 
ment, sauf  à  Rome,  où  le  Saint- Père  entretient  encore  auprès 
de  lui  une  petite  troupe  de  nationalité  helvétique.  L'histoire  des  régi- 


-  135  — 

nients  suisses  au  service  étranger  a  déjà  été  traitée  avec  compétence 
par  divers  écrivains;  mais  en  ce  qui  concerne  le  régiment  au  service  de 
France,  il  ne  l'avait  pas  été,  croyons-nous,  avec  l'ampleur,  la  valeur 
documentaire  que  nous  rencontrons  dans  le  volume  du  capitaine  de 
\'allière:Le  Régiment  des  gardes  suisses  de  France.  De  très  jolies  illus- 
trations, notamment  la  reproduction  des  portraits  des  chefs  de  corps 
qui  commandèrent  les  gardes  du  xvi^  au  xix^  siècle,  donnent  à  ce 
travail  un  cachet  artistique  appréciable. 

2.  —  L'histoire  des  Milices  et  volontaires  du  Puy-de-Dôme  d^Aélk  èié 
traitée  par  M.  Mège  dans  deux  ouvrages  qui  font  foi  sur  la  matière. 
Malheureusement,  ces  ouvrages  sont  aujourd'hui  introuvables.  M.  le 
commandant  Flocon  a  pensé  que  le  sujet  méritait  d'être  repris,  et 
il  l'a  fait  d'une  façon  moins  complète,  moihs  scientifique  peut-être 
que  son  prédécesseur,  mais  dans  un  esprit  do  vulgarisation  qui  l'obli- 
geait à  cette  simplicité,  à  cette  synthèse.  L'écrivain  a,  d'ailleurs, 
utilisé  des  documents  inédits  que  paraissent  n'avoir  pas  connus  les 
précédents  écrivains.  L'ouvrage  d'une  bonne  tenue,  sera  lu  avec 
intérêt  non  pas  seulement  par  les  jeunes  gens  auxquels  M.  Flocon  le 
destine,  mais  par  quiconque  s'occupe  de  questions  militaires  et  spé- 
cialement de  l'histoire  militaire  de  la  Révolution. 

3.  ■ —  Au  temps  des  volontaires,  1792,  est  le  titre  d'intéressantes 
lettres  d'un  volontaire  de  la  Révolution,  que  vient  de  publier  chez 
l^lon-Nourrit,  M.  G.  Noël,  arrière- petit- fils  de  l'auteur.  Ces  lettres 
ne  nous  donnent  pas,  sur  les  événements  de  cette  première  année 
des  guerres  de  la  Révolution,  des  renseignements  militaires  bien 
marquants,  et  sous  ce  rapport  on  serait  déçu  si  l'on  y  cherchait  de 
tels  détails.  Mais  l'ouvrage  vaut  par  ailleurs.  Gabriel  Noël  est  un  de 
ces  volontaires  des  premières  levées  qui  sont  parti?  pour  la  fron- 
tière, sous  la  poussée  d'un  sentiment  patriotique  réel,  sincère.  Au 
fond,  ce  départ  ne  le  contente  peut-être  qu'à  moit  é,  mais  c'est  un 
homme  de  devoir  qui  sait  sacrifier  ses  préférences  à  ses  obligations 
aorales.Comme,  avec  cela,  c'est  un  garçon  dont  de  bonnes  études  ont 
formé  l'esprit,  comme  il  sait  observer  et  voir,  comme  il  note  volon- 
tiers ses  impressions,  il  envoie  de  temps  en  temps  à  ses  parents,  à  ses 
amis,  des  correspondances  intéressantes  sur  le  peu  qu'il  peut  appren- 
dre des  événements  militaires  auxquels  il  assiste  ainsi  que  sur  les  mille 
péripéties  auxquelles  donne  lieu  l'organisation  des  régiments,  la  vieen 
campagne,  la  lutte  entre  les  partisans  de  l'ancienrégimeet  ceux  qu'en- 
chante le  nouveau,  etc.  Noël  est  d'ailleurs  de  ces  derniers,  mais  il 
ne  tardera  pas  à  être  désillusionné,  et,  dès  le  20  juin,  il  commence  à 
se  désoler  de  voir  (f  la  guerre  au  dedans  et  la  paix  au  dehors  :  le 
contraire  de  son  désir  ».  Que  sera-ce  l'année  suivante?  —  M.  G.  Noël 
(le  petit- fils)  a  écrit  pour  le  recueil  des  lettres  de  son  grand-père 


—  136  — 

une  tort  intéressante  notice  :  c'est  un  préambule  qui  sert  très  utile- 
ment à  la  lecture  de  la  correspondance  de  l'aïeul. 

4.  —  H.  Henry  Houssaye  n'aura  pas  assisté  à  la  publication  de 
son  travail  sur  léna.  La  mort  l'a  enlevé  avant  môme  qu'il  ait  pu 
achever  cette  étude,  cependant  courte,  et  c'est  M.Louis  Madelin  qui 
a  accepté  la  tâche  de  la  parfaire  et  de  nous  la  donner  à  connaître. 
Il  ne  faut  pas  chercher  dans  le  nouveau  volume  d'Henri  Houssaye 
les  détails  ni  la  documentation  abondante  de  ]Vaterloo  :  c'est  un 
simple  tableau  d'ensemble  d'événements  connus,  mais  un  tableau 
intéressant,  un  livre  d'une  lecture  aisée  et  souvent  attachante. 

5.  —  Sous  le  titre  :  1812.  La  Guerre  de  Russie,  M.  Arthur  Chuquet 
nous  donne  trois  volumes  de  Notes  et  documents  sur  la  campagne  désas- 
treuse dont  nos  ennemis  d'antan,  nos  amis  d'aujourd'hui,  s'apprêtent 
à  célébrer  le  centenaire.  Il  y  a,  dans  ces  trois  volumes,  beaucoup 
d'inédit,  un  certain  nombre  de  documents  qui  valent  l'inédit  pour 
nous,  étant  généralement  traduits  de  l'allemand  et  extraits  d'ouvrages 
peu  connus  en  France;  on  y  rencontre  aussi  beaucoup  de  choses 
connues  qui  auraient  pu  céder  la  place  à  d'autres.  Quoi  qu'il  en  soit, 
l'ouvrage  sera  consulté  avec  intérêt  pour  nombre  de  ses  pages. 

6.  —  L'ouvrage  du  baron  de  Baye  :  Sitiolensk,  n'envisage  pas  seu- 
lement l'épisode  de  la  campagne  de  Russie  dont  ce  titre  paraît,  tout 
d'abord,  évoquer  uniquement  le  souvenir.  L'écrivain,  tout  en  consa- 
crant une  partie  notable  de  son  livre  aux  journées  des  16  et  17  août 
1812,  a  encadré  le  récit  dans  une  substantielle  étude  sur  les  origines 
de  Smolensk,  sur  la  description  de  ses  monuments  anciens  et  moder- 
nes, etc.,  etc.,  étude  qui  constitue  une  Introduction  pleine  d'érudition 
à  la  narration  des  événements  militaires  de  l'année  fatale.  La  deuxième 
partie  du  volume  est  consacrée  aux  pièces  justificatives,  réunion  de 
documents  généralement  choisis  avec  un  jugement  éclairé.  Vingt- 
quatre  illustrations  diverses  :  vues  de  monuments,  d'icônes  de  la 
vieille  cité  moscovite,  portraits  de  généraux  ou  autres,  donnent  au 
li\Te  de  M.  de  Baye  un  attrait  artistique  que  les  lecteurs  apprécie- 
ront. 

7.  —  Intéressants  également  — toujours  à  propos  de  1812  —  les 
Mémoires  du  margrave  de  Bade,  dont  M.  Chuquet  a  traduit  les  cha- 
pitres concernant  la  campagne  de  Russie.  A  vrai  dire,  la  brigade  ba- 
doise,  dont  le  commandant  en  chef  fut  précisément  l'auteur  des  Mé- 
moiress  ne  prit  part  à  aucun  des  engagements  livrés  par  l'armée 
française  dans  sa  marche  en  avant,  et  c'est  seulement  pour  la  dernière 
période  de  la  retraite  que  les  notes  du  margrave  badois  ont  une  cer- 
taine valeur.  On  rencontrera  là,  spécialement  pour  le  passage  de  la 
Bérésina,  quelques  détails  qui  nous  ont  paru  inédits. 

8.  —  C'est  encore  de  la  période  impériale  que  nous  entretiennent 


les  Mémoires  de  Silvain  Larreguy,  publiés  récemment  par  son  petit- 
fils,  M.  Larreguy  de  Civrieux,  sous  le  titre:  Sou^'enirs  d'un  cadet.  La 
période  décrite  dans  ce  volume  s'étend  de  1812  à  1823;  toutefois,, 
si  Larreguy  fait  ses  débuts  militaires  en  1812,  il  a  la  chance  —  rela- 
tive —  de  servir,  à  cette  époque,  en  Espagne.  11  court  là,  assurément, 
de  très  grands  dangers,  mais  tout  au  moins  il  n'y  meurt  pasdefroid, 
et  c'est  ainsi  (ju'il  peut  rentrer  sain  et  sauf  en  France  en  1814,  assis- 
ter l'année  suivante  à  la  bataille  de  Waterloo,  refaire  en  1823  une 
autre  campagne  d'Espagne  et  donner  enfin  sa  démission  comme 
capitaine-adjudant-major  dans  la  garde  royale,  deux  ans  avant  la  ré- 
volution de  Juillet.  Silvain  Larreguy  paraît  avoir  été,  à  ses  débuts,  un 
royaliste  plutôt  tiède;  mais  s'étant  rallié  francliement  à  la  monarchie 
après  les  Cent  Jours,  il  persévéra  à  ce  point  dans  ces  nouveaux  senti- 
ments qu'il  prit  part,  en  1850,  à  ce  qu'on  appela  le  «  pèlerinage  de 
Wiesbaden  «,  c'est-à-dire  à  la  manifestation  organisée,  à  ladite  date, 
par  des  milliers  de  Français  allant  à  Wiesbaden  saluer  le  comte  de 
Chambord.  Les  Mémoires  de  Larreguy,  sans  avoir  une  valeur  histo- 
rique considérable,  sont  cependant  intéressants  à  parcourir.  L'au- 
teur témoigne  la  plupart  du  temps  d'un  esprit  d'observation  qui  lui 
a  permis  de  noter  bien  des  dé!  ails,  banals  peut-être  à  l'époque  où  ils 
furent  retenus,  mais  que  le  recul  des  temps  rend  aujourd'hui  tout  à 
fait  rares  et  précieux. 

9.  —  11  en  est  de  même  des  Souvenirs  recueillis  il  y  a  un  siècle  par 
un  officier  de  l'armée  anglaise,  Basil  Jackson,  qui  servait  à  l'état- 
major  de  Wellington  en  1815  et  qui  assista,  en  cette  qualité,  à  la 
célèbre  bataille  du  18  juin.  Le  même  officier,  à  cette  époque  simple 
lieutenant,  avait  été  d'abord  aide  de  camp  d'Hudson  Lowe,  et  quand 
cet  odieux  personnage  partit  pour  Sainte-Hélène  prendre  possession 
de  sa  charge  de  geôlier,  il  offrit  à  Jackson,  qui  accepta,  de  l'emmener 
avec  lui.  Les  Souvenirs  de  Basil  Jackson,  publiés  sous  le  titre  : 
Waterloo  et  S ainte- H élcne ,  sont  donc  le  récit  d'un  témoin  oculaire,  et 
leur  valeur  historie^up  est  certaine.  Naturellement,  en  ce  qui  concerne 
Waterloo,  on  imagine  bien  qu'un  simple  lieutenant  n'était  pas  au 
courant  du  secret  des  dieux  et  qu'il  ne  peut  nous  dévoiler  des  choses 
ni  bien  nouvelles  ni  bien  importantes.  11  en  est  de  môme  pour  Sainte- 
Hélène.  Toutefois,  se  référant  à  des  événements  aussi  importants  et  à 
un  homme  qui  a  tenu  dans  le  monde  la  place  occupée  par  Napoléon, 
aucun  détail  n'est  indifférent  ni  oiseux. 

10.  —  1814.  La  Manœuvre  de  Laon,  de  M.  le  capitaine  Hulot,  est 
plutôt  une  étude  de  tactiriue  qu'un  travail  historique  proprement 
dit  :  l'auteur  étudie  les  événements  qui  se  déroulèrent  en  Champagne 
du  22  février  1814  à  la  fin  de  la  campagne,  il  les  suit  pas  à  pas,  jour 
par  jour,  montre  les  fautes  commises  des  deux  côtés  et  met  notam- 


—  138  — 

ment  en  lumière  cette  vérité  que  si  les  manœuvres  de  l'Empereur, 
depuis  le  départ  de  froyes,  étaient  établies  sur  des  bases  certaines, 
étaient  dictées  par  une  rigoureuse  logique,  elles  furent,  à  partir  du 
4  mars,  uniquement  dictées  par  la  passion.  «  Du  4  au  10  mars,  Na- 
pdléon  ne  cesse  de  se  tromper  en  jugeant  la  situation,  et  son  esprit, 
jadis  si  perspicace,  ne  soit  plus  distinguer  la  réalité  des  apparences. 
Lui  qui  a  vaincu  tant  de  fois  l'Europe,  ne  peut  croire  cette  Europe 
capable  de  le  vaincre  à  son  tour  >;.  De  nombreux  croquis  facilitent 
la  compréhension  de  ce  travail  très  scientifiquement  écrit  et  néan- 
moins d'une  lecture  aisée. 

11.  —  La  Correspondance  inédite  de  Napoléon  I^^,  publiée  par 
MM.  E.  picard  et  Tuetey,  tous  deux  appartenant  au  ministère  de  la 
guerre,  est  purement  militaire.  On  y  trouve,  d'ailleurs,  quantité  de 
documents  où  la  part  de  Napoléon  se  borne  à  avoir  écrit  au  bas  de 
la  pièce  citée  les  n\oi&'. approuvé  ou  rejusé\or\  comprend  donc  que  la 
Commission  de  la  correspondance,  que  MM.  LeGestre  et  de  Brotonne 
les  aient  négligés.  Beaucoup  de  ces  documents,  cependant,  sont 
utiles  à  conn.sître  au  point  de  vue  militaire,  et  sous  ce  rapport  leur 
publication  est  bonne.  Nous  la  signalons  volontiers  à  ceux  qui  s'oc- 
cupent de  la  période  napoléonienne. 

12.  —  Nous  parlions  récemment  à  nos  lecteurs  de  Clausewitz,  à  pro- 
pos d'un    écrivain   qui  reprochait    naguère  au  grand  penseur    mili- 
taire allemand  de   n'avoir  pas  compris  la  doctrine  de   Napoléon. 
M.  Roques  n'a  pas  de  telles  idées  et  son  Général  de  Clausewitz,  sans 
être  un  panégyrique,  est  une  étude  dans  laquelle  le  nouveau  biographe 
est  visiblement  favorable  au  personnage  dont  il  retrace  la  vie.  Nous 
avons  lu  avec  intérêt  et  profit    ce  travail,  qui  a  été    pour    nous,   en 
nombre  de  i)oints,  une  révélation.  En  somme,  nous   ne   connaissons 
Clausewitz  —  en  France  —  que  par  son  Traité  de  la  gwrre  et  nous 
ignorons  presque  tout  de  lui-même,  de  sa  personnalité,  de  sa  carrière. 
Or,  il  est  certain  qu'une  connaissance  approfondie  de  l'écriveinsert 
bien  souvent  à  faire  mieux  comprendre  son  œuvre,  surtout  quand 
cette  œuvre  est  un  peu  nébuleuse,  comme  le  sont  la  plupart  des  tra- 
vaux éclos  dans  le  pays  des  Niebelungen.  La  première  partie  de  l'étude 
de  M.  Roques  est  consacrée  à  la  biographie  même  du  grand  écrivain  ; 
dans  la  seconde,  le  biographe  français  commente    sommairement 
non  pas  les  œuvras  de  Claiîeewitz,  mais  seulement  son  Traité  de  la 
guerre,  son  œuvre  capitale,  la  seule  qui  ait  été  traduite  en  français. 
Ce   commentaire    est    clair,    précieuse    qualité  dans  un  tel  travail, 
et    il   permettra  à  nombre    de     gens    qui    parlent  aujourd'hui  de 
Clausewitz,  sans  en  avoir  jameis  lu  une  ligne,  de   se  faire  une   idée 
de  ce  que  fut  l'auteur  du  fameux  traité  et  d'en  parler,  désoruiais,  un 
peu  plus  en  connaissance  de  cause.    Si  jamais   la  librairie  Ghapelot 


I 


—  139  — 

réédite  la  traduction  de  la  Guerre  de  Clausewitz  le  livre  de  M. 
Roques  serait  la  meilleure  Introdu^'tion  à  l'ouvrage  allemand:  nous 
le  lui  signalons  comme  tel. 

13.  —  Les  leçons  du  passé  sont  souvent  perdues  pour  l'avenir  :  il 
no  faut  pourtant  pas  se  lasser  de  les  rappeler,  de  les  mettre  sans 
cesse  sous  les  yeux  de  ceux  auxquels  elles  peuvent  être  profitables. 
C'est  sans  doute  cette  pensée  qui  a  guidé  M.  le  capitaine  Latreille 
quand  il  a  entrepris  d'écrire  l'histoire  de  la  Campagne  de  1844 
au  Ma'oc,  la  campagne  qu'a  rendue  célèbre  la  Bataille  disly. 
Sa  situation  à  la  Section  historique  du  ministère  de  la  guerre 
permettait  à  l'écrivain  d'utiliser  aisément  les  nombreux  docu- 
ments contenus  sur  la  matière  dans  les  archives  de  la  rue  Saint- 
Dominique,  M.  Latreille  n'y  a  pas  manqué  et  l'a  fait  avec  intelli- 
gence et  discernement.  Son  travail  est  bien  fait,  intéressant  à  par- 
courir, d'autant  plus  instructif  que  quantité  de  situations  s'y  présen- 
tent, que  nous  voyons  se  renouveler  actuellement  à  Fez,  à  Marra- 
kech, autour  des  colonnes  Gouraud  ou  Brulard.  Livre  d'actualité, 
dont  le  mérite  survivra,  d'ailleurs,  aux  événements  actuels. 

14.  —  Les  Campagnes  d'Afrique  (1830-1910),  Algérie,  Tunisie^ 
Maroc,  de  M.  le  capitaine  Victor  Piquet,  nous  donnent  l'ensemble  des 
opérations  militaires  effectuées  depuis  soixante  ans  par  l'armée  fran- 
çaise de  l'autre  côté  de  la  Méditerranée.  Ce  travail,  nécessairement 
fort  résumé,  n'a  pas  la  prétention  de  faire  oublier  les  ouvrages  de 
Camille  Rousset,  de  M.  de  Mont-Rond,  de  Wahl,  etc.,  etc.,  mais,  tel 
qu'il  est,  il  rendra  des  services  par  son  exiguïté  même,  exiguité  rela- 
tive, puisque  en  somme  le  volume  a  plus  de  300  pages. 

15.  —  M.  le  lieutenant-colonel  Ernest  Picard,  chef  de  la  Section 
historique  de  l'état-major  de  l'armée,  est  bien  connu  par  des  tra- 
vaux estimés,  notamment  par  son  Bonaparte  et  Moreau  et  par  deux  vo- 
lumes sur  les  débuts  de  la  guerre  de  1870:  La  Perte  de  l'Alsace  et  la 
Guerre  en  Lorraine.  Il  nous  donne  aujourd'hui,  sous  le  titre  :  Sedan,  la 
relation  des  événements  malheureux  qui  aboutirent  à  la  capitula- 
tion d'une  armée  de  70.000  hommes,  à  la  chute  d'une  dynastie,  à  l'ef- 
fondrement d'un  prestige  militaire  qui  avait  résisté  aux  désastres 
du  premier  Empire.  M.  Picard  met  bien  en  lumière  les  fautes  com- 
mises par  notre  commandement,  les  erreurs  de  notre  direction  poli- 
tique; il  fait  voir  clairement  combien,  sous  ces  deux  rapports,  les 
Allemands  noue  furent  supérieurs.  Cependant,  il  nous  semble  exa- 
gérer les  qualités  dont  firent  preuve  à  cette  époque  nos  adver- 
saires; tout  au  moins  est-il  en  contradiction  à  cet  égard  non  seule- 
ment avec  des  historiens  français  comme  le  général  Donnai,  le  géné- 
ral Palat  (Pierre  Lehaucourt),  le  colonel  Rousset,  etc.,  etc.,  mais 
avec  nombre  d'écrivains  allemands  estimés.  Quoi  qu'il  en  soit,  à  cet 


—  t'iO  -~ 

égard,  le  nouveau  travail  du  laborieux''  écrivain  est]  dune  lecture 
souvent  passionnante  :  d'ailleurs,  quel  roman  peut  présenter  les 
péripéties  dramatiques  de  la  catastrophe  du  1^^  septembre  1870! 

16.  —  C'est  encore  en  grande  partie  du  second  Empire  que  nous 
parle  le  "général  Cuny  dans  le  volume  de  Souvenirs  publiés  sous  le 
titre  de  :  Quarante-trois  ans  de  vie  militaire.  Toutefois,  né  en  1838, 
c'est-à-dire  n'ayant  que  32  ans  au  moment  où  éclatait  la  guerre 
fatale,  M.  Cuny  avait  encore  plus  de  trente  années  à  passer  dans 
l'armée  active  avant  d'arriver  à  l'âge  de  la  retraite  et  c'est  en  somme 
l'histoire  militaire  de  près  d'un  demi-sièclo  qu'il  nous  donne  dans  ce 
volume  de  350  pages,  bourrées  d'anecdotes,  d'histoires  plaisantes  ou 
dramatiques.  A  part  quelques  pages  relatives  à  ses  débuts  dans  la 
vie  militaire,  toute  la  première  partie  de  l'ouvrage  est  consacrée  aux 
événements  de  la  guerre  de  1870;  presque  toute  la  seconde  a  trait 
aux  événements  militaires  dont  l'Algérie  fut  le  théâtre  de  1871  à 
1900,  époque  où  le  général  quitta  l'armée,  atteint  par  la  limite  d'âge. 
Cavalier  brillant  et  audacieux,  homme  de  devoir,  le  général  Cuny 
a  laissé  dans  l'armée  le  souvenir  d'un  militaire  de  valeur,  d'un 
chef  bienveillant  et  aimé  :  son  livre  perpétuera  utilement  sa 
mémoire. 

17.  —  Les  Feuillets  de  la  vie  militaire  sous  le  second  Empire  (1855- 
1S70)  du  lieutenant-colonel  marquis  de  la  'Pour  du  Pin  la  Charce 
ne  sont  pas,  comme  les  Souvenirs  du  général  Cuny,  un  récit  for- 
mant un  tout  homogène,  mais  une  série  de  chapitres  séparés,  dans 
lesquels  l'écrivain  nous  parle  surtout  de  sa  vie  en  campagne.  A  vrai 
dire,  c'est  surtout  là  qu'il  nous  païaît  avoir  vécu,  car  nous  le 
voyons  combattre  en  Crimée,  en  Italie,  en  Algérie,  au  Mexique,  en 
1870-pendant  la  guerre  franco-allemande.  L'auteur  de  V Armée  fran- 
çaise à  Metz  est  un  écrivain  plein  d'humour,  d'entrain,  de  couleur, 
dont  la  manière  rappelle  les  bons  mémorialistes  de  la  grande  épo- 
que, et  ses  rapports  comme  attaché  militaire  à  Vienne  dénotent 
chez  lui  une  entente  des  affaires  à  la  fois  politiques  et  militaires, 
une  perspicacité  qui  en  auraient  fait  un  diplomate  habile.  Les  Feuil- 
lets sont  écrits  avec  le  même  esprit,  la  même  vigueur;  peu  de 
livres  nu  ritent  d'être  plus  chaudement  recommandés  à  la  foie  pour 
charmer  l'esprit  et  fortifier  le  cœur. 

18.  —  Le  Maréchal  Niel,  auquel  M.  le  commandant  de  la  Tour  vient 
de  consacrer  un  volume,  fut  comme  Cuny  un  soldat  du  second  Fmpire, 
mais,  à  la  différence  de  ce  dernier,  il  eût  pu  à  la  rigueur  —  étant  né 
en  1802  —  servir  sous  Napoléon  I^^.  Niel  se  contenta  d'assister,  en 
1811,  en  simple  spectateur,  à  la  bataille  livrée  devant  Toulouse 
par  le  maréchal  Soult  aux  Anglais  de  Wellington,  et  il  n'entra  réel- 
lement dans  l'armée  qu'en  1823  comme  lieutenant  du  génie.  Le  mare- 


—  141  — 

ohal  Ni.el,  persona  grata  auprès  de  Napoléon  III,  est  surtout  connu 
par  sa  loi  sur  l'armée  du  l^''  février  1868  et  par  la  lutte  qu'il  eut  à 
soutenir,  à  cette  époque,  contre  l'opposition  libérale  des  Jules  Favre, 
Picard,  Glais-Bizoin,  etc.  D'autres  époques  de  sa  vie  sont  également 
marquantes,  notamment  le  rôle  qu'il  joua  pendant  la  campagne  de 
Crimée  auprès  de  Canrobart  et  de  Pélissier.  On  sait  combien  ce  der- 
nier grand  chef  mena  la  vie  dure  à  l'aide  de  camp  de  l'Empereur  et, 
sans  approuver  les  violences  du  duc  de  Malakoff,  il  y  a  lieu  de 
penser,  pourtant,  qu'il  eut,  en  cette  occasion,  le  beau  rôle.  Personna- 
lité de  second  plan,  le  maréchal  Niel  eût  peut-être  évité  à  la  France 
les  malheurs  de  l'Année  terrible,  s'il  avait  vécu.  Sa  prudence,  son  bon 
sens,  son  influence  sur  l'Empereur  eussent  probablement  inspiré  au 
Souverain  une  conduite  qui  eût  évité,  tout  au  moins  retardé  de  quel- 
ques années,  la  chute  du  régime. 

19.  —  Nous  sautons  d'un  trait  une  période  de  près  d'un  demi- 
siècle  en  passant  du  second  Empire  à  la  Guerre  russo- japonaise  de 
1904-1905.  Nous  avons  parlé  en  son  temps  du  premier  volume  de 
cette  magistrale  publication,  rédigée,  comme  nous  l'avons  dit,  par 
létat-major  général  russe  et  traduite  en  français  par  les  soins  et  soue 
la  direction  du  2^  bureau  de  notre  état-major  de  l'armée.  Le  tome 
second,  en  trois  parties,  nous  mène  du  début  des  opérations  à  la 
bataille  de  Tachichao  en  passant  par  celle  de  Wafangkéou,  nous 
donnant  à  connaître  une  multitude  de  rencontres  secondaires,  dont 
une  publication  de  cette  envergure  pouvait  seule  entreprendre  le 
récit.  11  nous  est  impossible  de  faire  dans  une  analyse  forcément 
sommaire,  un  résamé  même  restreint  des  opérations  militaires  mul- 
tiples relatées  dans  ces  trois  énormes  volumes.  Mais  il  nous  est  permis 
de  répéter  ce  que  nous  avons  remarqué  déjà  au  cours  du  précédent  vo- 
lume :  l'authenticité  des  faits,  en  particulier  la  bonne  foi  avec  la- 
quelle nos  alliés  dénoncent  leurs  propres  fautes.  C'est  ainsi  que  nous 
apprenons  par  exemple  que,  dès  le  début  de  la  lutte,  l'énorme  consom- 
mation d'officiers  qui  avait  été  faite  pour  des  missions  spéciales,  d'une 
utilité  problématique,  avait  mis  les  régim<  iils  dans  une  pénurie  telb  de 
chefs  sulbalternes  que  dans  nombre  de  corps  les  compagnies  étaient 
commandées  par  des  enseignes  de  réserve  dont  l'instruction  et  l'éduca- 
tion militaire  étaient  presque  nulles  (II,  l'"*^  P-,  P*  300).  La  qualité  du 
train  était  partout  défectueuse,  le  service  des  renseignements  fonc- 
tionnait mal,  etc.,  etc.  On  se  souvient  combien,  au  début  de  la 
guerre,  l'opinion  française  s'enflanmia  en  faveur  du  général  Stœssel, 
le  défenseur  de  Port- Arthur,  pour  lequel  on  évoquait  le  souvenir  des 
héroïques  défenseurs  de  Saragosse,  de  Belfort  et  même  de  Numance. 
On  a  su,  depuis,  combien  cet  engouement  était  exagéré  et  un  procèé 
célèbre  a  démontré  combien  Stœssel  avait  été  inférieur  à  sa  réputa- 


—  142  — 

tion,  à  celle  qu'on  lui  avait  trop  facilement  octroyée.  Le  nouveau 
volume  (IV,  l'"^  p.)  cite  toute  une  série  de  documents  inédits  qui 
révèlent  les  craintes  qu'avait,  dès  le  début,  l'état-major  général  russe 
sur  la  valeur  militaire  et  surtout  morale  du  défenseur  de  Port- 
Arthur.  Et  cet  état-major  essayait  de  rendre  confiance  à  Stœssel 
par  des  instructions  admirablement  rédigées,  d'une  hauteur  de  vues, 
d'une  noblesse  de  sentiments  qui  furent  malheureusement  perdues. 
Nous  ne  pousserons  pas  plus  loin  ces  réflexions.  Contentons  nous  de 
dire  que  l'ouvrage  de  l'état-major  général  nous  apparaît  de  plus  en 
plus  comme  un  travail  de  toute  première  valeur,  qui  est  absolument 
à  lire  par  quiconque  veut  non  seulement  connaître  en  détail  les  évé- 
nements de  la  récente  guerre  de  Mandchourie,  mais  par  ceux  surtout 
qui  veulent  se  rendre  un  compte  exact  des  causes  du  succès  des 
Japonais. 

20.  —  Nous  en  avons  fini  avec  les  ouvrages  d'histoire  militaire 
proprement  dite,  et  nous  passons  à  un  autre  ordre  d'idées  et  d'en- 
seignements  avec   le   livre   de  M.  Jules   Poirier  :  L'Officier,  le  haut 
commandement  et  ses  aides  en  Allemagne.  Le  proverbe  aux  termes 
duquel  «  un  homme  averti  en  vaut  deux  »,  a  toujours  été  vrai,  et  il 
est  très  certain  que  la  connaissance  du  caractère,  de  la  puissance  de 
l'adversaire  est,  à  la  guerre,  un  élément  très  appréciable  de  succès. 
La  création,  après  la  guerre  de  1870,de  la  Reçue  militaire  de  l'étranger, 
rédigée  et  publiée  par  l'état-major  général,  eut  jadis  pour  but  de  re- 
médier à  l'ignorance  qu'on  avait  pu  signaler  à  cet  égard  dans  notre 
armée.  On  trouve  effectivement,   dans  cette  publication,  tous  les 
détails  qu'on  peut  désirer  sur  l'organisation  de  l'armée  allemande; 
mais  les  cent  volumes  in-quarto  de  cette  collection  ne  sont  pas  d'un 
maniement  facile  et  M.  Poirier  a  bien   fait  d'extraire  de  ce  recueil 
et  de  réunir  en  un  in-16  de  250  pages  la  quintessence  des  renseigne- 
ments qu'il  importe  à  tout  officier  français  de  connaître  sur  nos  ad- 
versaires. L'ouvrage  en  est  à  sa  deuxième  édition  :  c'est  assez  dire 
qu'il  a  été  apprécié  et  qu'il  répondait  à  un  véritable  besoin  d'infor- 
mation. 

2L  —  C'est  encore  de  l'armée  allemande  que  nous  parle  le  colonel 
anglais  Repington  dans  sa  brochure  :  Les  Manœuvres  impériales  alle- 
mandes en  1911,  et  M.  R.  Kann  a  eu  une  heureuse  idée  en 
traduisant  en  français  ce  travail.  Si  un  jugement  porté 
sur  l'armée  allemande  par  un  officier  français  peut  être  parfois 
taxé  de  partialité,  il  n'en  saurait  être  de  même  des  opi- 
nions d'un  témoin  oculaire  appartenant  à  une  nation  qui  n'a  pas 
contre  les  Allemands  les  mêmes  rancunes.  C'est  donc  avec 
pleine  confiance  en  leur  valeur  et  leur  sincérité  que  nous 
pouvons  prendre  connaissance  des  appréciations  d'un  colonel  anglais 


—  143  — 

assistant  à  des  manœuvres  commandées  par  l'Empereur  en  personne, 
et  ces  appréciations  ne  sont  pas  faites  pour  nous  déplaire.  C'est  ainsi 
que  nous  voj'ons,  par  exemple,  M.  Repington  constater  de  visu  qu'aux 
manœuvres  de  1911,  «  le  commandement  supérieur  ne  fit  preuve 
d'aucune  qualité  transcendante,  qu'il  commit  des  fautes  et  que  la 
confiance  des  spectateurs  étrangers  en  la  valeur  des  chefs  allemands 
en  fut  ébranlée  ».  Et  ailleurs  :  «  L'infanterie  manquait  d'audace,  ne 
savait  pas  utiliser  le  terrain,  se  retranchait  mal,  se  déplaçait  avec  une 
extrême  lenteur,  ne  s'éclairait  pas,  exécutait  des  marches  d'approche 
archaïques,  etc.,  etc.  »  Toutes  les  conclusions  de  M.  Repington 
seraient  à  citer,  à  lire,  à  méditer;  nous  ne  rappellerons  que  cette  der- 
nière phrase  :  «  L'armée  allemande...  ne  nous  semble  pas  présenter 
d'indices  de  supériorité  sur  les  meilleures  armées  étrangères;  à  cer- 
tains points  de  vue,  elle  ne  dépasse  même  pas  un  niveau  secondaire.  » 
22.  —  Les  opinions  du  colonel  Repington  que  nous  venons  de  citer 
sont  naturellement  réconfortantes  pour  notre  pays  et  montrent  que 
la  France  peut,  à  l'égard  d'une  lutte  possible,  envisager  l'avenir 
avec  confiance.  Ce  n'est  pas  une  raison  pour  négliger  de  nous  tenir 
au  courant  de  ce  qui  se  passe  chez  notre  adversaire.  Il  y  a  lieu,  au 
contraire,  de  l'étudier  toujours  pour  distinguer  si,  averti  par  des 
conseils  comme  ceux  que  lui  donne  gratuitement  M.  Repington,  il 
ne  cherche  pas  à  se  corriger  de  ses  fautes,  à  protéger  le  défaut  de  sa 
cuirasse.  C'est  dans  cet  ëeprit  qu'un  écrivain  anonyme  vient  de  com- 
mencer chez  Berger-Levrault  la  publication  d'une  étude:  Opinions  alle- 
mandes sur  la  guerre  moderne,  qui  s'annonce  comme  devant  avoir  une 
certaine  ampleur  et  dont  nous  venons  de  recevoir  le  premier  fascicule 
(seul  paru)  :  Bases  de  la  guerre  et  Armement  et  technique  modernes. 
C'est  dans  les  écrivains  militaires  allemands  les  plus  en  vue,  dans 
Schmiedecke,  von  Balck,  etc.,  surtout  dans  le  général  von  Bernhardi, 
que  l'auteur  anonyme  précité  cherche  les  Opinions  allemandes  qu'il  a. 
entrepris  de  nous  révéler  et  il  arrive  à  nous  donner  une  idée  sinon 
absolument  exacte,  du  moins  assez  nette  et  en  tout  cas  très  utile 
des  théories  nouvelles  les  plus  en  cours  chez  nos  voisins.  L'ouvrage 
sera  accueilli  avec  la  faveur  qu'il  mérite,  non  seulement  dans  notre 
armée,  mais  par  quiconque  veut  se  rendre  compte  de  l'évolution 
scientifique  militaire  qui  se  produit  en  ce  moment  en  Allemagne. 

23.  —  Moins  didactique,  moins  calme,  beaucoup  plus  agressif  que 
le  précédent  volume  nous  apparaît  le  livre  de  M.  le  capitaine  Pierre 
Félix  :  Les  Armements  allemands.  La  Riposte.  Ce  nouveau  volume  a  été 
inspiré  à  son  auteur  par  ce  qui  vient  de  se  passer  en  Allemagne,  où 
Guillaume  II,  en  vue  de  dangers  imaginaires,  vient  de  demander 
d'importants  crédits  pour  l'augmentation  d'une  armée  déjà  formi- 
dable et  tout  autant  dispendieuse.  M.  le  capitaine  FéKx  insiste  sur 


—  144  -- 

<'0  point  capital,  dont  il  démontre  le  bien  fondé,  savoir  :  que  la  France 
n'a  besoin  du  secours  de  personne,  non  seulement  pour  se  défendre 
contre  l'Allemagne,  mais  même  pour  prendre  l'offensive  et  vaincre, 
si  la  guerre  devient  nécessaire.  A  comparer,  dit-il,  le  peu  que  nous 
étions  en  1870,  avec  ce  que  nous  sommes  devenus,  en  face  d'un  en- 
nemi qui  était  déjà  à  cette  époque,  à  quelques  détails  près,  ce  qu'il 
est  aujourd'hui,  notre  pays  doit  comprendre  combien  la  situation  a 
changé  et  combien  nous  devons  considérer  la  victoire  finale  comme 
absolument  certaine.  M.  Félix  voudrait  qu'à  cet  égard  tout  l'ensei- 
gnement, à  partir  de  celui  que  les  instituteurs  donnent  à  l'école  pri- 
maire, tendit  à  la  démonstration  de  cette  vérité.  Il  en  résulterait  une 
immense  confiance  dans  la  masse  et,  partant,  un  facteur  moral  puis- 
sant de  succès.  La  brochure,  pleine  du  souffle  très  ardent  d'un  patrio- 
tisme très  éclairé,  est  à  lire  d'un  bout  à  l'autre.  Et  si  diverses 
allégations  de  M.  le  capitaine  Félix  sur  les  chance  dés  victoire  de  la 
France  paraissent  risquées  à  certains  esprits  timorés,  nous  les  ren- 
verrons aux  affirmations  de  M.  le  colonel  anglais  Repington,  dont 
nous  parlons  plus  haut,  qui,  dans  une  autre  forme,  avec  un  flegme 
tout  britannique,  fait  pressentir  cependant  tout  ce  qu'avance  l'offi- 
cier français. 

24.  —  Dans  Politique  et  stratégie  dans  une  démocratie,  M.  le  com- 
mandant Mordacq,  de  l'École  supérieure  de  guerre,  examine  la  dépen- 
dance étroite  qui  lie  la  stratégie  à  la  politique,  surtout  à  la  politique 
extérieure.  Il  est  évident  que  la  diplomatie  joue  un  rôle  capital  dans 
la  préparation  de  la  guerre,  mais  cette  dernière  est  intimement  unie 
également  à  la  politique  intérieure  et  c'est  à  ce  propos  que  Jomini, 
étudiant  cette  question  complexe  et  se  demandant  le  régime  politique 
qui  semble  devoir  préparer  surtout  le  succès  à  la  guerre,  conclut  à 
la  Supériorité  du  régime  monarchique.  Malheureusement  nous  n'avons 
pas  le  choix,  pour  le  moment  tout  au  moins,  et  prenant  la  situation 
telle  qu'elle  est  présentement  chez  nous,  M.  Mordacq  examine  de 
quelle  façon  notre  régime  actuel  peut  nous  permettre  d'assurer  à  la 
fois  la  défense  nationale  et  la  victoire  de  nos  armées.  La  conclusion 
affirme  la  nécessité  de  pleins  pouvoirs  donnés,  dès  le  temps  de  paix, 
au  généralissime  désigné  pour  le  temps  de  guerre,  sans  se  laisser  arrêter 
par  les  considérations  puériles  —  malheureusement  trop  en  faveur 
chez  nous  —  des  dangers  qu'implique,  au  point  de  vue  de  la  sécu- 
rité du  régime,  l'oninipotence  purement  militaire  confire  à  un  gé- 
néral. Voilà  un.  livre  que  nos  hommes  politiques  feraient  bien  de  lire, 
de  méditer  :  ils  y  trouveraient  d'utiles  enseignements. 

25.  —  Précisément  dans  son  livre  :  La  Direction  de  la  guerre.  La 
Liberté  d'action  des  généraux  en  chef,  M.  le  commandant  Dupuis  aborde 
un  sujet  qui  se  rapproche  fort  du  précédent;  seulement   il  ne  l'envi- 


I 


_  145  — 

sage  pas  de  Ja  même  manière  et  il  estime  que  «  le  souci  de  protéger  la 
France  contre  les  pires  tyrannies,  c'est-à-dire  contre  la  domination  de 
l'étranger  et  le  pouvoir  personnel,  oblige  la  République  à  recruter, 
dés  le  temps  de  paix,  un  haut  commandement  qui  soit  à  la  fois  loya- 
liste et  compétent  ».  En  appliquant  ce  principe,  on  voit  immédiate- 
ment combien  M.  Fallières  se  trouvera  embarrassé  quand  il  aura  à 
se  décider  entre  lin  bon  militaire  qui  ne  sera  pas  républicain  et  un 
bon  républicain  qui  sera  un  mauvais  militaire.  Nous  n'entreprendrons 
pas  la  discussion  de  la  thèse  soutenue  ici  par  M.  Dupuis  :  nous  ren- 
voyons le  lecteur  à  son  livre  qui,  en  dépit  de  théories  qui  nous  ont 
paru  risquées,  sera  lu  avec  intérêt. 

26.  —  Dans  la  Doctrine  de  la  défense  nationale,  M.  le  capitaine 
Sorb,  envisageant  le  cas  concret  d'une  campagne  franco-allemande, 
n'étudie  pas  seulement  la  stratégie  et  les  opérations  des  armées.  Il 
cherche  aussi  à  se  rendre  compte  de  la  valeur  des  nombreux  facteurs 
susceptibles  d'avoir  une  répercussion  sur  la  conduite  de  la  guerre.  Il 
examine  l'influence  des  alliances,  il  étudie  le  rôle  de  l'armée  russe;  il 
discute  au  point  de  vue  politique  et  militaire  la  question  de  l'appui 
anglais  et  de  la  transformation  de  l'entente  cordiale  en  alliance  effec- 
tive. Abordant  la  question  de  l'organisation  de  l'armée,  M.  le  capitaine 
Sorb  nous  dit  qu'au  point  de  vue  de  la  défense  nationale,  deux  théo- 
ries sont  actuellement  en  présence.  L'une  préconiserait  une  guerre  de 
longue  durée  où  nous  ne  nous  engagerions  pas  tout  d'abord  à  fond,  de 
façon  à  donner  à  nos  alliés  le  temps  d'entrer  en  action,  de  permettre 
à  nos  troupes  noires  d'arriver  sur  le  continent,  de  créer  aux  Alle- 
mands des  difficultés  d'approvisionnement,  en  les  obligeant  à  tirer 
ces  approvisionnements  de  l'extérieur.  Dans  ces  conditions,  il  suffi- 
rait d'un  embryon  d'armée  qui  manœuvrerait  de  façon  à  traîner  les 
chosee  en  longueur  et  sous  la  couverture  de  laquelle  «  la  nation 
armée  se  dresserait  tout  entière  devant  l'envahisseur  ».  L'autre  parti 
à  prendre  serait  de  mettre  tout  e'n  œuvre  pour  remporter  le  premier 
succès,  étant  donné  que  nous  avons  tout  ce  qu'il  faut  pour  arriver  à  ce 
premier  succès  et  que  de  l'issue  de  la  première  rencontre  dépendra 
vraisemblablement  celle  du  reste  de  la  campagne.  M.  Sorb  se  déclare 
tout  à  fait  opposé  à  la  première  méthode  et  soutient  sa  thèse  d'urne 
façon  qui  nous  paraît  à  la  fois  judicieuse  et  concluante.  Il  dit  très  ju's- 
tement  :  Avant  de  songer  à  organiser  la  résistance,  pourquoi  ne  pas 
chercher  tout  simplement  à  remporter  la  première  victoire?  Est-ce  que 
cela  empêchera  de  poursuivre  la  campagne  si,  contrairement  à  nos 
prévisions   nos  forces  n'ont  pas  été  suffisamment  désorganisées  à  la 
suite  d'un  échec  pour  nous  permettre  de  continuer  la  lutte?  Alors,  il 
sera  temps  d'exploiter  à  outrance  les  facteurs  secondaires.  Beaucoup 
de  gens  estiment  que  cette  façon  de  penser  de  M.  le  capitaine  Sorb  est 
Août  iyi2.  T.  CXXV.  10. 


—  146  — 

la  bonne  :  nous  croyons  savoir  que,  pour  le  moment,  c'est  la  façon 
de  M.  Millerand  d'entendre  la  question.  Le  pays  compte  sur  lui  pour 
faire  triompher  cette  méthode. 

27,  28  et  29.  —  Le  Dictionnaire  miliiaire  publié  par  la  maison  Ber- 
ger-Levrault,  celui  dont  nous  avons  maintes  fois  entretenu  nos  lec- 
teurs, est  arrivé  enfin  à  son  terme  avec  la  25^  et  dernière  livraison. 
Cette  livraison  va  du  mot  «  Train  d'artillerie  »  au  mot  «Zouaves  », 
de  la  page  3073  à  la  page  3236,  dernière  du  travail.  Avec  l'éclosion 
sans  cesse  renouvelée  des  inventions  modernes,  le  Dictionnaire  mili- 
taire^ commencé  déjà  il  y  a  quelques  années  et  dont  les  difficultés 
inhérentes  à  un  tel  genre  de  publication  avajent  ralenti  l'apparition 
en  dépit  des  efforts  des  éditeurs,  ce  Dictionnaire  avaitrécemment  besoin 
d'être  mis  au  courant,  au  moins  pour  les  premières  livraisons.  La 
maison  Berger-Levrault  a  compris  qu'il  lui  fallait  combler  cette  la- 
cune et,  s'imposant  un  assez  lourd  sacrifice,  elle  vient  de  pubher  un 
supplément  général  au  Dictionnaire  qui  met  les  choses  au  point  jus- 
qu'au début  de  l'année  1912.  C'est  ainsi  qu'on  trouvera  notamment 
dans  cette  annexe  un  état  militaire  (jusqu'à  la  fin  de  1911)  de  toutes 
les  nations  du  monde,  rédigé  par  notre  savant  et  regretté  confrère, 
Charles  Malo,  des  articles  très  complets  et  très  au  courant  sur  l'avia- 
tion, les  aéronefs,  les  aéroplanes,  sur  les  ballons  dirigeables,  sur  l'orîra- 
nisation  nouvelle  de  la  batterie,  sur  le  canon  à  tir  rapide,  dit  canon  de 
75,  sur  la  nouvelle  organisation  du  Creusot,  sur  les  nouveaux  canons 
démontables  récemment  expérimentés  en  Grèce  et  en  Russie,  sur  le 
nouveau  Règlement  de  l'infanterie,  sur  les  nouvelles  mitrailleuses 
adoptées  en  1907,  sur  les  sapeurs  aérosticrs,  etc.,  etc.  Grâce  donc  à 
ce  supplément,  le  Dictionnaire  militaire  est  bien  une  encyclopédie 
absolument  à  jour  à  la  date  d'aujourd'hui,  de  toutes  les  brandies 
des  sciences  militaires.  La  réunion  des  différents  articles  que  comporte 
chacune  de  ces  branches  constitue,  la  plupart  du  temps,  un  travail 
suffisamment  complet  pour  qu'on  puisse  se  dispenser  de  recourir  aux 
ouvrages  spéciaux;  tels  les  divers  articles  consacrés  à  l'aviation,  tels 
les  seuls  mots  Stratégie  et  Tactique,  avec  leurs  192  colonnes  équiva- 
lant chacune  à  deux  pages  ordinaires.  Le  Dictionnaire  militaire  a  reçu 
dans  notre  armée  et  aussi  à  l'étranger  un  accueil  qui  indique  suffi- 
se çmient  sa  valeur  et  nul  doute  qu'un  tel  genre  d'ouvrage  ne  soit 
précieux  pour  un  officier,  qui  rencontre,  là,  de  la  façon  la  plus  com- 
mode et  la  plus  sûre,  le  renseignement  dont  il  a  besoin  à  point  nommé. 
Le  défaut  des  publications  de  ce  genre  est  de  vieillir  rapidement  et 
de  n'être  plus  bientôt  au  courant  des  multiples  améliorations  ou  modi- 
fications apportées  sans  cesse  aujourd'liui  à  l'organisation,  l'adminis- 
tration, le  matériel  des  armées.  Les  éditeurs  du  Dictionnaire  ne  pou- 
vaient ignorer  cet  inconvénient  et  ils  ont  trouvé  le  moyen  d'y  remé- 


—  147  — 

dicr.  Effectivement,  nous  apprenons  qu'ils  entreprennent  la  publica- 
tion d'une  revue  spéciale  qui,  sous  le  titre  d'y\rchives  militaires, 
tiendra  trimestriellement  le  dictionnaire  au  courant  de  toutes  les 
nouveautés  intéressant  l'armée.  Grâce  à  cette  annexe,  qui  paraîtra 
quatre  fois  par  an,  les  possesseurs  du  Dictionnaire  auront  donc  une 
œuvre  constamment  renouvelée  et  toujours  tenue  au  courant  des  progrès 
intéressant  l'armée  à  quelque  titre  que  ce  soit  ;  il  est  inutile  que  nous 
insistions  plus  longtemps  sur  les  avantages  d'une  telle  combinaison. 
—  Disons  encore,  et  pour  terminer,  que  la  maison  Berger-Levrault  a  eu 
la  bonne  idée  de  grouper  en  un  petit  volume  d'un  format  commode, 
les  articles  rédigés  par  M.  Charles  Malo  lui-même  sur  l'État  militaire 
de  toutes  les  nations  du  monde.  Ce  mémento  rendra  de  grands  services, 
à  une  époque  où  l'on  a  besoin  d'être  constamment  renseigné  sur  la 
force  militaire  d'États  soiivent  minuscules  et  dont  les  encyclopédies 
ordinaires  prononcent  à  peine  le  nom,  tels  Costa-Rica,  Libéria, 
Panama,  Saint-Marin,  etc.,  etc.  Comte  de  Sérignan. 


THÉOLOGIE 


La  Vérité  du  catltolieisme,  par  J.  Bricout.  Paris,  Bloud,  1910,  iin-16 
de  309  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  distingué  directeur  de  là  Revue  du  clergé  français  réunit  dans  le 
présent  volume  des  articles  parus  soit  dans  ce  périodique,  soit  ail- 
leurs. Ce  sont  toutes  questions  d'actualité  :  les  difficultés  de  croire 
(critique  assez  rigoureuse  de  la  conférence  de  Brunetière),  Mgr  d'Hulst 
(ses  déficits  comme  orateur,  ses  mérites  comme  philosophe  et  apolo- 
giste), la  valeur  historique  des  évangiles,  le  catholicisme  et  l'his- 
toire (réponse  au  défi  de  M.  Loisy),  le  premier  pape,  le  développement 
du  dogme,  ce  qui  n'est  pasde  l'américanisme,  ce  qui  n'est  pasdumoder- 
nisme.  M.  Bricout  se  défend  à  plusieurs  reprises  de  prétendre  épuiser 
les  questions.  Son  but  est  surtout  de  montrer,  d'après  les  historiens 
et  les  théologiens  les  plus  en  vue  de  l'heure  actuelle,  combien  l'édi- 
fice catholique  est  solide,  et  combien,  quoi  qu'on  dise,  on  y  est  au 
large.  Très  au  courant  des  susceptibilités  modernes,  méthodique  et 
clair,  il  pourra,  en  effet,  rassurer  bien  des  lecteurs.  Les  approxi- 
mations et  imprécisions  que,  de  ci  de  là,  on  pourrait  critiquer  tien- 
nent au  genre  de  ces  études,  forcément  rapides  et  sommaires. 

H.  Grs. 


£tiides  de  critique  el  d'iiistoire  religieuse,  par  M.Vacandard- 
3'  série.  Paris,  Lecolfre,  Gabalda,  19l2,iin-12  de  379  p.  —  Prix  :  3jr.  50. 

Ce  nouveau  recueil  présente  les  qualités  qu'on  est  habitué  à  appré- 
cier dans  les  travaux  de  M.  Vacandard  :  information  étendue,  juge- 


^  148  ^ 

ment  sûr  et  modéré.  Il  comprend  quatre  mémoires,  réimpression, 
avec  d'importantes  additions  ou  retouches,  d'articles  parus  dans  la 
Revue  du  clergé  français  :  1°  Les  Fêtes  de  Noël  et  de  VÉpiphanie. 
(La  fête  de  Noël  est  d'origine  romaine;  elle  remonte  au  plus  tôt  à  la 
seconde  moitié  du  iii^  siècle,  au  plus  tard  à  336;  elle  fut  instituée 
surtout  pour  concurrencer  la  fête  païenne  du  Natalis  ùwicti  ;  l'Église 
grecque,  qui  ne  l'accepta  pas  sans  peine,  fit  en  retour  pénétrer  dans 
l'Église  latine  la  fête  de  l'Epiphanie.  Suivent  d'intéressants  dé- 
tails Sur  la  célébration  liturgique  ou  privée  de  ces  deux  solennités; 
2°  le  mémoire  sur  les  Origines  du  culte  des  5ami5,  entre  autres  questions, 
traite  d'une  façon  très  judicieuse  celle  des  survivances  païennes;  3° 
l'histoire  des  Origines  de  la  fête  et  du  dogme  de  V Immaculée-Concep- 
tion fournit  un  remarquable  exemple  d'un  développement  dogma- 
tique très  lent,  longtemps  traversé,  et  d'autant  plus  caractéristique; 
M.  Vacandard  insiste  particulièrement  sur  la  période  médiévale;  4° 
le  dernier  chapitre  réfute  l'absurde  accusation  du  Meurtre  rituel, 
lancée  si  souvent  contre  les  Juifs.  E.   J. 


SCIENCES    ET    ARTS 

Pour  mieux,  vivre.  A  nmm  fil*,  par  Victor  Mabgubritte.  Toulouse, 
Privât,  s.  d.,  in-12  de  352  p.  —  Prix:  3  fr.  50. 

Je  ne  veux  pas  nier  le  talent  d'écrivain  de  M.  Victor  Margueritte, 
encore  qu'il  en  ait  fait  parfois  un  assez  mauvais  usage,  mais  je  suis 
bien  obligé  de  dire,  après  l'avoir  lu,  que  le  livre  dont  je  viens  de 
transcrire  le  titre,  n'est  ni  un  livre  bien  fait  ni  un  bon  livre.  Est-ce 
même  un  livre?  C'est  plutôt  un  recueil  d'articles,  publiés  au  gré  des 
circonstances,  faits,  gens  ou  livres  qui  passent,  et  d'où  nulle  doctrine 
ne  se  dégage  qui  puisse  servir  de  règle  à  nos  fils  dans  l'art  difficile  de 
mieux  vivre.  Les  premiers  articles  sont  consacrés  à  la  Vie  physique, 
et  l'on  y  parle  de  la  gymnastique  suédoise,  du  tir,  de  l'antialcoolisme, 
des  cités  jardins  et  de  la  dépopulation;  ce  n'est  pas  mauvais,  mais 
je  ne  vois  rien  dans  tout  cela  qui  puisse  efficacement  aider  à  refaire 
la  race  française.  Petits  remèdes  à  de  très  graves  maladies. 

Les  chapitres  suivants  traitent  de  la  Vie  i?Uellectuelle ,  et  l'on  y 
parle  d'un  livre  de  M.  le  docteur  Toulouse  sur  l'art  de  former  un 
esprit,  de  la  collaboration  des  parents  et  des  maîtres  d'après  le  livre 
de  M.  Gâche,  du  droit  usuel,  que  l'on  devrait  enseigner  aux  enfants; 
de  l'instruction  en  Allemagne,  d'après  l'enquête  de  M.  Huret,  de 
l'enseignement  du  commerce,  des  voyages  d'études  et  des  séjours 
à  l'étranger,  de  l'instruction  pour  tous,  d'après  la  proposition  de  loi 
de  M.  Garnaud,  une  belle  utopie  destinée  à  augmenter  encore  le 


—  149  — 

nombre  des  déclassés,  et  je  ne  vois  rien  dans  tout  cela  dont  la  vie 
intellectuelle  puisse  tirer  un  sérieux  profit. 

Puis  c'est  la  part  de  la  Vie  morale  :  à  l'école  de  M.  Jean  Finot,  l'au- 
teur nous  résume  la  science  du  bonheur,  dont  la  condition  primor- 
diale pour  l'homme  est  «  de  respecter  sa  santé  )>;  à  l'école  de  M.  Lave- 
dan,  il  nous  parle  de  la  peur,  dont  on  guérira  par  l'éducation  de  la 
volonté;  puis  il  nous  parle  du  duel,  qu'il  condamne,  et  il  a  raison,^ 
mais  dont  il  a  tort  de  croire  que  la  Conscience  moderne  le  fera  dispa- 
raître; du  jeu,  une  vilaine  passion,  et  ici  encore  je  l'approuve;  des 
fêtes  populaires,  et  il  souhaite  que  l'on  fasse  revivre  les  fêtes  de  la 
Révolution  pour  remplacer  le  bœuf  gras  disparu,  et  que  l'on  substitue 
à  la  fête  du  14  juillet  la  fête  du  4  août,  parce  que,  parait-il,  c'est  la 
nuit  du  4  août  «  qui  fit  la  patrie,  la  patrie  presque  égale,  vivable  à 
tous  »,  et  qui  vit  la  promulgation  de  la  Déclaration  des  droits  de 
l'homme  et  du  citoyen.  Passons,  et  bornons-nous  à  mentionner  les 
deux  chapitres  qui  suivent  sur  un  mot  nouveau,  le  mot  record^  et  sur 
la  catastrophe  de  Messine. 

La  partie  suivante  est  consacrée  à  la  Vie  artistique,  et  il  y  est  surtout 
question  de  littérature,  de  Jean  Aicard,  de  Corneille,  de  Balzac,  de 
Flaubert, surtout  de  Dumas  fils,  «  restaurateur  du  foyer  assaini  »,  parce 
qu'il  a  travaillé  plus  que  personne  à  dissoudre  la  famille  en  faisant 
rentrer  le  divorce  dans  les  lois  et  hélas  !  dans  les  mœurs.  Cette  partie 
est  assez  mauvaise.  ^ 

La  dernière  partie,  la  Vie  civique^  est  pire  :  on  y  trouve  notamment 
une  apologie  de  Garibaldi  et  une  autre  de  Rossel,  l'officier  déserteur 
qui  prêta  son  épée  à  la  Commune,  et  l'éloge  de  Ranc.  Ailleurs,  l'auteur 
écrit  que  sans  Gambetta,on  aurait  pu  dire:  «  Finis  Galliae  ».  Je  m'arrête 
sur  ce  mot.  Il  indique  l'esprit  du  livre,  où  il  est  trop  certain  que  nul 
n'apprendra  Vart  de  mieux  vivre,  du  moins  tel  que  nous  l'entendons, 
en  bons  chrétiens  et  en  bons  Français.'il'  P.  Talon. 


Truite  de  renchaiuement  d«e  idées  fiondamentales  dans 
le*  sciences  et  dans  l'histoire,  par  A.  Cournot.  Nouvelle  édition. 
Paris,  Hachette,  1911,  in-8  de  xix-712  p.  —  Prix  :  12  fr. 

Fonctionnaire  supérieur  de  l'Université  et  savant  de  haute  marque, 
mort  en  1877,  Cournot  a  été  amené  à  la  philosophie  par  les  sciences. 
Mais  c'était  à  une  époque  où  dominait  l'école  des  Cousin,  des  Jouf- 
froy  et  des  Saisset,  école  éclectique  et  qui  croyait  voir  une  cloison 
étanohe  se  dresser  entre  la  philosophie  et  les  sciences  proprement 
dites-;  aussi  nulle  attention  sérieuse  ne  fut  accordée  aux  écrits  d'uti 
savant  qui  prétendait  faire  de  la  philosophie  avec  les  sciences.  Depuis 
lors,  les  idées  se  sont  fort  modifiées;  si,  par  une  réaction  en  sens 
inverse,  mais  non  moins  injuste,  la    science,  ou  du  moins  certaine 


—  150  — 

science,  paraît  voir  avec  dédain  la  philosophie  pure,  nombreux  sont 
aujourd'hui  les  esprits  do  haute  culture  qui  voient,  dans  la  philosophie 
appliquée  aux  sciences,  le  légitime  couronnement  de  celles-ci. 

C'est  pourquoi  les  écrits  philosophiques  de  Cournot,  inaperçus  de 
son  vivant,  sont  actuellement  recherchés,  et  celui  dont  le  titre  est 
inscrit  en  tête  de  cette  notice  est  une  édition  posthume  d'un  de 
ces  principaux  ouVrages  phildsophiques  paru  en  deux  volumes  en 
1861'. 

Bien  que  divisé  en  cinq  livres,  le  sujet  comprend  deux  parties  bien 
distinctes,  l'une  que  l'on  peut  considérer  comme  une  philosophie  des 
sciences  physiques  et  naturelles,  l'autre  comme  une  certaine  philo- 
sophie de  l'histoire. 

Dans  la  première,  une  sorte  de  métaphysique  apphquée  aux  scien- 
ces mathématiques  est  affectée  au  livre  1*^^.  —  Sous  ce  titre  :  «  La 
force  et  la  matière  »,  le  livre  11  établit  les  caractères  généraux  des 
lois  du  monde  physique  et  de  ses" phénomènes,  en  s'appuyant  sur  les 
idées  de  cause  et  de  substance,  d'ordre,  d'harmonie  et  de  .finalité. 
Le  livre  III  est  à  la  biologie  générale,  ce  que  les  deux  premiers 
sont  à  la  mathématique  et  au  monde  inorganique.  A  y  sig'naler,  sur 
l'origine  des  espèces,  de  graves  considérations  qui,  sans  que  l'auteur 
preime  parti  dans  la  question  du  transformisme,  sans  qu'il  y  fasse 
même  directement  allusion,  en  justifieraient  le  principe  «  par  la  solli- 
citation d'une  force  interne  qui  tendrait  à  une  fin  aujourd'hui  at- 
teinte ». 

La  seconde  partie,  objet  des  livres  IV  et  V,  très  différents  des  pré- 
cédents, concerne  les  sociétés  humaines  et  l'histoire  do  la  civilisation. 
L'anthropologie,  l'ethnographie,  la  philologie;  la  religiosité  dans 
l'humanité,  c'est-à-dire  l'instinct  religieux,  l'idée  religieuse  traduite 
par  les  diverses  religions;  la  morale  et  les  mœurs;  les  institutions  poli- 
tiques, sociales,  juridiques,  économiques;  l'art  et  l'industrie,  —  telles 
sont  les  questions,  toutes  reliées  entre  elles  par  une  vue  d'ensem- 
ble, qui  sont  traitées  dans  le  livre  IV.  Encore  l'auteur  les  rattache-t-il 
par  des  considérations  plus  générales  à  celles  des  livres  précédents. 

Le  livre  V  et  dernier  consacré  à  l'histoire  de  la  civilisation,  contient 
forcément  quelques  redites,  reprenant  plus  d'une  des  questions  trai- 
tées dans  le  livre  précédent.  L'auteur  y  étudie,  principalement,  les 
originel  des  civilisations  dans  la  période  historique,  trace  un  tableau 
comparé  des  civilisations  orientales  et  occidentales,  et  envisage  les 
modifications  et  transformations  qu'ont  subies  ces  dernières  pour 
aboutir  à  l'état  des  sociétés  contemporaines. 

Si  les  limites  restreintes  de  cet  article  ne  s'y  opposaient,  nous 
pourrions  signaler  plus  d'un  point  discutable  dans  les  vues  philoso- 
phiques de  l'auteur.  Mais  ce  que  nous  tenons  à  faire  remarquer,  c'est 


—  151  — 

que  la  philosophie  de  Cournot.  est,  somme  toute,  animée  d'un  esprit 
spiritualiste  et  chrétien,  La  Préface  dont  M,  Lévy-Bruhl  a  fait  pré- 
céder cette  édition  posthume,  n'infirme  point,  sans  la  signaler  d'ail- 
leurs, cette  importante  considération.  C.    de    Kirwan. 


LITTERATURE 


Madame  de  Qeiili9,ea  Yie  intime  et  politique  (1  916-1S30), 
d'après  des  documents  inédits,  par  Jean  Harmand.  Paris,  Perrin, 
1912,  petit  ia-8  de  xii-557  p.  avec  8  planches.  —  Piix  :  5  fr. 

Madame  de  Cenlis  et  la  grande-dacliesse    Élisa  (1911- 

1913),  par  Paul  Marmottan.  Paris,  Émile-Paul,  1912,  in-8  de  100  p.  — 
Prix  :  4  fr. 

C'est  une  figure  piquante,  amusante,  intéressante,  et  sur  la  fin 
presque  attendrissante,  sans  arriver  jamais  à  se  faire  aimer  tout  à 
fait,  que  cette  Étiennette-Félicité  du  Crest,  marquise  de  Sillery, 
comtesse  de  Genlis,  qui,  partie  de  son  village  où  déjà  à  neuf  ans  elle 
jouait  la  comédie  dans  le  château  délabré  de  Saint- Aubin  et  répétait 
par  plaisir  les  leçons  de  ses  maîtresses  aux  petits  villageois,  vient  à 
la  conquête  de  Paris  avec  sa  beauté  qui  était  un  peu  du  diable,  son 
esprit  qui  était  d'une  souplesse  merveilleuse,  ses  talents  de  société, 
sa  harpe,  sa  fameuse  harpe,  et,  moitié  comme  artiste,  moitié  comme 
demoiselle  de  condition,  papillonna  à  travers  les  salons  de  la  seconde 
moitié  du  xviiic  siècle,  fit  un  beau  mariage,  devint  dame  de  M"^^  la 
duchesse  d'Orléans,  institutrice  et  bientôt  «  gouverneur  »  de  ses 
enfants,  tout  en  étant  hélas  !  la  maîtresse  du  père,  donna  avec  tout 
le  Palais-Royal  dans  la  Révolution,  irtrigua,  fit  de  la  politique  or- 
léaniste et  puis  jacobine,  dut  fuir  en  émigration  où  elle  se  tira 
d'affaire  avec  sa  plume,  fut  logée  à  l'Arsenal  et  pensionnée  par  le 
Premier  Consul  comme  une  sorte  de  grand-maître  de  l'étiquette  char- 
gée de  rappeler  aux  générations  nouvelles  les  manières  de  l'ancienne 
Cour,  puis,  de  plus  en  plus  tournée  à  la  piété  et  à  la  haine  de  la  phi- 
losophie du  sviii^  siècle,  fit  en  «  mère  de  l'Église  »  le  procès  de 
Voltaire,  de  Diderot,  de  d'Holbach  et  de  toute  leur  séquelle;  mora- 
liste d'ailleurs  et  pédagogue  de  vocation,  écrivain  surtout,  et  il  faudrait 
dire,  n'était  l'élégance  de  son  style,  écrivassière  inépuisable,  qui 
a  produit  plus  de  150  volumes  sur  tous  sujets,  qui  voulait  à  elle 
seule  refaire  V Encyclopédie  et  qui  l'a  refaite  en  quelque  manière; 
compilatrice  et  romancière  tout  ensemble,  esprit  curieux,  ingénieux, 
et  vagabond  —  comme  fut  sa  vie,  même  et  surtout  sa  vieillesse,  — 
qui  inventait  des  méthodes  d'éducation,  des  jeux  de  cartes,  et  des 
baumes  contre  le  rhumatisme;  logeant  d'ailleurs,  par  habitude  ata- 
vique, le  diable  dans  sa  bourse,  et  malgré  tous  les  secours,  toutes  les 
pensions,  et  un  formidable  commerce  de  librairie,  mourant  très  pauvre 


—  152  — 

au  lendemain  du  jour  où  Louis-Philippe,  son  élève,  montait  sur  le 
trône...  Ses  Mmioires^  écrits  à  quatre-vingts  ans,  sont  pleins  de  trous, 
et  d'erreurs  sans  doute  :  je  les  crois  pourtant  sincères  autant  que 
ceux  d'une  femme  peuvent  l'être,  et  précisément  parce  que  ce  ne  sont 
pas  des  Confessions,  mais  surtout  des  récits  et  des  souvenirs  sur  les 
événements  et  les  milieux  qu'elle  a  traversés.  Et  je  suis  frappé  de  voir 
que  cette  liaison  avec  le  duc  de  Chartres,  aujourd'hui  attestée  par  la 
révélation  d'une  partie  de  leur  correspondance  amoureuse,  elle  n'a 
pas  l'impudeur  d'en  parler,  mais  pas  non  plus  l'effronterie  de  la  nier, 
se  contentant,  pour  ceux  qui  savent  ou  sauront,  de  la  déplorer  à  mots 
couverts  en  condamnant  la  fatale  idée  et  le  fatal  attrait  qui  la 
firent  entrer  au  Palais- Royal  «  pour  son  malheur  »... 

Or,  cette  vie  multiple  et  touffue  qui  n'était  connue  que  par  quel- 
ques notices,  quelques  articles  plutôt  méchants,  M.  Harmand  a  com- 
mencé de  la  débrouiller  par  le  présent  volume,  dont  les  Mémoires  ont 
fourni  le  canevas,  mais  dont  beaucoup  d'écrits  du  xviii®  siècle,  et  des 
pièces  d'archives  et  des  documents  de  famille  lui  ont  permis  d'établir 
la  tapisserie  solide.  Je  ne  trouve  pas  l'étude  encore  assez  pénétrante 
à  mon  goût-;  je  pense  que  les  femmes,  même  les  improvisatrices  à 
l'esprit  léger  et  à  la  mémoire  très  fournie,  mettant  toujours  beaucoup 
d'elles-mêmes  dans  leurs  écrits,  il  y  avait  lieu  de  chercher  davan- 
tage dans  les  ouvrages  de  celle-ci  l'histoire  de  ses  idées,  de  son  âme 
et  celle  de  son  milieu.  Mais  le  travail  eût  été  difficile  et  presque  infini. 
Il  a  déjà  fallu  un  gros  effort  et  de  longues  recherches  pour 
peindre,  re  fût-ce  qu'au  pastel,  avec  exactitude  et  agrément,  les  di- 
vers aspects  de  cette  changeante  figure  et  donner  au  moins  un  aperçu 
de  son  œuvre  littéraire,  morale,  politique  et  polémique,  répandue  sur 
plus  de  soixante  années  et  aussi  abondante  que  celle  de  Voltaire... 

—  La  preuve  qu'il  y  a  encore  beaucoup  de  chapitres  à  ajouter  à 
cette  histoire,  beaucoup  de  dessous  à  éclairer,  M,  Marmottan  tout 
de  suite  nous  la  donne  avec  sa  publication  très  intéressante,  très  soi- 
gneusement et  très  élégamment  faite,  de  vingt  lettres  inédites  de 
M™^  de  Genlis  (1811-1813)  à  la  grande -duchesse  Élisa,  la  sœur  de 
Napoléon,  qui  régnait  à  Lucques  et  à  Piombino.  M.  Harmand,  qui  a 
sommairement  raconté  ses  dix  années  à  l'Arsenal  et  au  service  de 
l'Empereur,  qui  a  indiqué  qu'elle  espéra,  à  soixante  ans,  devenir  gou- 
vernante des  enfants  de  Joseph,  roi  de  Naples,  et  mettre,  comme  disait 
à  peu  près  M^^^  de  \"olude,  tous  ces  «  Corses  »  dans  sa  poche,  parait 
avoir  ignoré  totalement  ses  rapports  avec  la  grande- duchesse  de 
Toscane.  Ils  commencèrent,  sans  doute,  à  Paris,  quand  Élisa  tenait 
salon  rue  de  la  Chaise;  puis,  devenue  grande -duchesse  de  Toscane,  et 
mère  de  la  petite  «  Madame  Napoléone  »,  non  seulement  elle  eut 
besoin  de  choisir  une  institutrice,  —  qui  fut  une  propre  nièce  de 


—  153  --, 

M'"^  de  Genlis  —  mais  elle  fut  heureuse  de  recevoir  d'une  éduca- 
trice  si  célèbre  ses  avis,  aussi  de  l'avoir  pour  correspondante  à  Paris, 
lui  disant  ce  qui  se  lit  et  ce  qui  se  porte,  lui  envoyant  des  livres,  des 
morceaux  de  harpe,  et  en  composant.  Curieuse  enfin  d'étiquette, 
comme  tous  ces  parvenus  de  Bonaparte,  elle  lui  fit  mettre  par  écrit, 
à  son  usage,  ce  qu'elle  savait  des  mœurs  de  l'ancienne  Cour\  et 
M,  Marmottan  nous  édite  aussi,  en  en  racontant  finement  l'histoire,  ce 
manuscrit  qui  est  très  instructif  et  très  savoureux.  11  est  vrai  qu'ha- 
bile à  tirer  plusieurs  moutures  du  même  sac  aux  souvenirs,  M™^  de 
Genlis  a  publié  en  1818  un  Dictionnaire  des  itiquettes  de  la  Cour,  usages 
du  monde  etc.,  qui  est  en  grande  partie  extrait  de  ce  travail.  Mais 
outre  que  la  forme  en  articles  décousus  et  secs  le  fait  moins  agréable  à 
lire,  il  y  a  dans  le  manuscrit  écrit  en  1812  pour  la  princesse,  avec 
beaucoup  d'anecdotes  pittoresques  et  de  détails  piquants,  des  traits 
et  des  jugements  sur  la  maison  de  Bourbon  qu'une  fois  sa  ferveur 
bonapartiste  tombée....  avec  les  Bonaparte,  elle  ne  pouvait  en  aucune 
façon  conserver.   ,  Gabriel  Audiat. 

I«*Alexandriii  «liez  Tictor  Hugo,  par  Auguste  Rochbitb.  Paris. 
Hachette,  1911,  gr.  iD-8  de  605  p.  —  Prix  :  12  fr. 

J'ai  à  faire  un  honteux  aveu.  Depuis  quelque  vingt-cinq  ans  que 
j'ai  l'honneur  d'écrire  au  Polyhihlion,  je  m'étais  fait  une  loi  de  ne 
jamais  juger  un  livre  avant  de  l'avoir  lu  de  la  première  à  la  dernière 
ligne,  quelquefois  relu,  toujours  examiné  de  près  pour  voir  si,  même 
dans  les  meilleurs,  il  n'était  échappé  ici  ou  là  quelque  faute  contre 
la  vérité...  Pour  la  première  fois,  je  crois,  le  gros,  l'énorme,  le  formi- 
dable volume  de  M.  Rochette  a  eu  raison  de  mon  courage  et  mis  à 
bout  ma  patience.  A  deux  reprises  je  me  suis  mis  pourtant  à  l'œuvre  : 
Bis  cecidere  manus...  600  pages  in-S  petit  texte  sur  le  seul  alexandrin 
de  V.  Hugo,  non  pas  même  sur  toute  sa  métrique,  c'est  déjà  rude.  Mais 
se  heurter  tout  de  suite,  comme  en  un  livre  de  mathématiques  trans- 
cendantes, à  des  lignes  et  des  pages  de  chiffres,  de  signes  conven- 
tionnels, à  des  séries  inépuisables  de  schémas,  qI  bizarrement  nommés 
(il  y  a  des  schémas- silence,  des  schémas-tenue,  des  schémas-anticipa- 
tion), à  des  notes  et  portées  musicales  destinées  à  vous  faire  com- 
prendre cette  musique  du  vers  français  qu'on  croyait  saisir  sans  qu'il 
fût  besoin  de  la  comparer  aux  cadences  de  Gounod  et  de  Mendelssohn; 
88  voir  contraint  d'apprendre  ou  réapprendre  toute  une  langue  tech- 
nique qui  semble  à  d'honnêtes  gens  de  France  bien  germanique  et 
barbare,  tout  un  vocabulaire  de  triades,  d' alexandrins  ternaires ,  qu'il  ne 
faut  pas  confondre  avec  les  tripartites,  de  phonèmes  vocaliques,  de 
clausules  asymétriques,  de  prolepses,  d' anacrouses ,  d'atones  syntaxiques, 
de  consonnes  amuies,  d'yods,  de   coefficients  consonantiques  et   d'in- 


—  154  -^ 

flaences  de  sejis  relatif-harmoniques ,  c'est  vraiment  de  quoi  décou- 
rager tous  ceux  qui  ne  sont  pas  des  fanatiques  de  la  métrique, 
entraînés  à  scander  de  vingt  et  une  façons  différentes  une  phrase  de 
Pindare  et  à  faire  le  compte  des  spondées  qu'il  y  a  dans  chaque  chant 
de  VÉnéide.  M.  Rochette  est  un  de  ces  iHassables  statisticiens  et 
pointeurs  à  l'allemande;  et  ce  n'est  pas  le  moins  rebutant  de  son 
livre-catalogue,  qu'étudiant  en  somme  tout  simplement  dans  quelle 
mesure  il  est  vrai  que  V.  Hugo  a  «  disloqué  ce  niais  d' alexandrin)), 
c'est-à-dire  comment  il  en  a  assoupli  ou  brisé  le  rythme  pour  en  tirer 
des  effets  expressifs  ou  artistiques,  ou  par  caprices  de  virtuose  qui 
tournèrent  sur  le  tard  en  tics  et  manies,  et  puis  comment  il  a  jonglé 
avec  la  rime,  il  entasse,  en  une  trentaine  de  chapitres  divisés  et 
subdivisés  à  l'infini,  des  listes  de  vers  par  40,  50,  60,  portant  tous  les 
cas  qu'il  a  recueillis  sur  ses  fiches  de  l'emploi  de  il  faut  ou  de  ayant, 
ou  de  pareils  ou  de  tnais  à  l'hémistiche;  de  la  préposition  devant,  de 
autour,  de  parmi  à  la  rime;  après  quoi  vient  le  tour  des  conjonctions 
pendant,  comme,  tandis  que,  puis  des  locutions  au  fond,  ainsi  que,  etc. 
Cet  unique  procédé  de  l'accumulation  dans  la  classification  nous  vaut 
des  séries  semblables  d'épithètes  prolepses,  d'attributs  prolepses,  de 
verbes  prolepses,  de  verbes  en  rejet,  de  compléments  en  rejet,  d'épi- 
thètes en  rejet  (voici  40  fois  l'épithète  immense,  40  fois  énorme,  ^'0  fois 
horrible...),  et  toutes  les  riches  collections  faites  d'inversions,  de 
syllepses,  d'euphonies,  d'homophonies,  de  cacophonies,  d'hiatus, 
d'hémistiches  composés  d'un  seul  mot  (la  Révolution,  V acclimatation  : 
ci  130  exemples),  à  un,  à  deux,  à  trois  accents;  et  les  listes  de  rimes 
en  é,  en  i,  en  u,  et  des  pages  et  des  pages  de  mots  bigarres,  rares, 
exotiques,  de  noms  propres  ou  forgés  mis  dans  le  vers  ou  au  bout  du 
vers  pour  leur  effet  sonore  —  ou  parce  que  Hugo  aussi  déversait, 
comme  l'a  montré  M.  Berret,  ses  dictionnaires  dans  ses  poèmes...  Or, 
l'inutilité  de  tout  ce  travail  apparaît  dans  la  conclusion  qui  n'apporte 
que  cette  vérité,  depuis  longtemps  banale,  que  Hugo  «  n'a  créé  aucune 
formule  »,  qu'il  a  seulement  joué  avec  une  adresse  merveilleuse  du 
vieil  alexandrin,  qu'il  en  a  d'abord  observé  le  rythme  traditionnel; 
puis  que,  brisant  le  lien  trop  étroit  qui  enchaînait  la  syntaxe  au 
rythme,  il  a,  dans  son  vers  assoupli,  appelé  «  à  faire  leur  partie»  tous 
les  éléments  de  la  phrase  ou  des  mots,  accents,  pauses,  voyelles  et 
consonnes  avec  leurs  timbres  divers,  jusqu'à  ce  que,  devenu  esclave 
à  son  tour  de  ses  procédés,  il  ait  ankylosé  Sa  pensée  dans  des  clichés 
uniformes  et  sans  vie...  Et  il  est  vrai  que  la  démonstration  de  M.  Ro- 
chette est  probante  surabondamment  ;  mais  c'est  de  la  surabondance 
précisément  que  je  me  plains.  Il  est  vrai  aussi  qu'il  ne  donne  point 
l'impression  d'un  nomenclateur  idiot  de  naissance  ou  abruti  par  le 
métier,  dans  lequel  une  mauvaise  discipline  et  de  déplorables  exemples 


—  155  — 

venus  même  de  Sorbonnc  l'ont  engagé.  Il  montre,  au  contraire,  à 
travers  sa  forêt  de  chiffres  et  de  noms,  des  éclaircies  de  finesse  et  de 
sentiment  littéraire.  Et,  bien  qu'il  y  ait  dans  toutes  ces  ^scansions  », 
dans  toutes  ces  questions  de  ton,  d'accent,  et  àe  couleur  des  mots,  pas 
mal  d'arbitraire, je  suis  sûr,  à  ce  que  j'ai  entrevu,  qu'il  tirerait  lui- 
même  de  cette  thèse  de  millionnaire  (millionnaire  de  temps  pour  la 
faire  et  d'argent  pour  la  faire  imprimer)  un  joli  article  à  la  française, 
solide  en  ses  dessous,  mais  clair,  lisitle,  spirituel,  et  qui  aiguiserait 
notre  oreille  et  notre  regard  pour  quand  nous  lirions  du  Victor  Hugo. 

Gabriel  Audiat. 

HISTOIRE 

Histoire  de  Mormaiidie,  par  a..  Albert-Petit.  Paris,  Boivin,   s.  d., 
petit  in-8  de  viii-2o6  p.,  avec  gravures  hors  texte.  —  Prix  :  3  fr. 

Ce  n'est  certes  pas  un  livre  de  circonstance,  n'ayant  qu'un  passager 
intérêt  d'actualité,  que  cette  histoire,  bien  qu'elle  ait  paru  oppor- 
tunément l'année  du  millénaire  normand.  Ce  n'est  pas  un  ouvrage 
superficiel,  écrit  à  la  légère,  bien  qu'il  se  présente  dégagé  de  toute 
pédanterie  et  de  tout  appareil  d'érudition.  A  l'égard  de  sa  documenta- 
tion, que  l'on  sent  pourtant  solide,  l'auteur  se  montre  d'une  discré- 
tion que  je  ne  puis  m'empêchér  de  trouver  un  peu  excessive.  Il  est 
vrai  que  ce  sont  de  longues  annales  qu'il  a  entrepris  de  résumer  en 
un  volume  très  abordable.  Il  passe  rapidement  sur  la  Normandie 
avant  les  Normands;  mais  les  étapes  sont  encore  nombreuses  de 
l'époque  de  Rollon  à  l'aube  du  xx^  siècle,  et  généralement  elles  sont 
bien  exposées.  Je  ne  témoignerais  pas  avoir  lu  ce  sérieux  travail 
avec  toute  l'attention  qu'il  mérite,  si  je  ne  mêlais  à  mes  éloges  aucune 
critique.  Alors  que  l'on  nous  donne  le  nom  d'un  curé  de  Condé-sur- 
Sarthe  mis  à  mort  en  1528  pour  cause  d'hérésie,  pourquoi  n'avoir 
rien  dit  des  ravages  et  des  crimes  dont  les  protestants,  spécialement 
Montgommery  et  Côligny,  se  rendirent  coupables  en  Normandie? 
Je  m'étonne  de  n'avoir  pas  trouvé  même  une  simple  mention  de 
Montchrétien,  économiste  et  poète,  du  Père  Eudes,  des  assemblées 
provinciales  sous  Louis  XVI.  Les  sanguinaires  excès  des  révolution- 
naires, qui  préparèrent  la  violente  réaction  de  la  chouannerie,  sont 
passés  sous  silence.  Il  n'est  parlé,  parmi  leurs  victimes,  que  de  Bel- 
zunce,  inexactement,  et  en  termes  qui  ne  laissent  pas  soupçonner  les 
scènes  de  sauvagerie  dont  la  ville  de  Caen  fut  le  théâtre,  en  juillet 
1789.  J'aurais  souhaité  qu'un  regret  fût  exprimé  à  l'occasion  du 
décret  de  la  Constituante,  qui  démembra  et  débaptisa  la  Normandie. 
M.  Albert-Petit  aime  pourtant  profondément  sa  belle  province;  et 
son  hvre,  qui  la  fera  mieux  aimer,  en  connaissant  mieux  son  glorieux 


—  156  — 


passé,  mérite  ainsi  la  reconnaissance  de  tous  ceux  qui  sentent  com 
bien  il  est  salutaire  dexalter  le  patriotisme  provincial. 


Baron    Angot    des    Rotours. 


I^a  Société  française  au  temps  de  Philîppe-Auf^uste,  par 

Achille  LuGHAiRE.  Paris,  Hachette,  in-8  de  iu-459  p. —  Prix  :  10  fr. 

Il  serait  sans  doute  bien  tard  pour  parler  iui  du  livre  du  regretté 
Achille  Luchaire  sur  la  Société  française  au  temps  de  Philippe- Auguste,  si 
ce  livre  n'était  un  de  ceux  qui  méritent  d'être  toujours  signalés  à 
l'attention,  et  pour  la  solidité  du  fond  et  pour  le  mérite  de  la  forme. 
Cotte  œuvre  posthume,  inachevée  (on  s'en  aperçoit  aux  lacunes  qui 
y  existent,  à  la  brièveté  extrême  du  chap.  XII),  n'en  présente  pas 
moins,  de  la  société  du  début  du  xiii^  siècle,  un  très  vivant  et  très 
intéressant  tableau,  dans  lequel  le  savant,  membre  de  l'Institut  a 
étudié  avec  un  soin  tout  particulier  (qu'explique  l'abondance  relative 
des  documents)  la  société  ecclésiastique  du  temps;  à  elle  sont  consa- 
crés en  effet  sept  des  treize  chapitres  de  l'ouvrage.  Pour  être  moins 
approfondie,  la  description  faite  par  M.  Luchaire  de  la  société  féo- 
dale (ch.  VIII-XII)  n'en  est  pas  moins  très  précieuse;  elle  piquera 
la  curiosité  du  lecteur  qui  regrettera  l'absence  de  chapitres  sur  le  Roi 
et  sa  cour,  sur  les  corporations,  sur  le  commerce,  mais  qui  comprendra 
parfaitement  les  raisons  pour  lesquelles  l'éditeur  de  ce  volume, 
M.  Louis  Halphen,  a  estimé  ne  pas  devoir  insérer  dans  ce  beau  livre 
d'histoire  sociale  les  notes  laissées  par  M.  Luchaire  sur  les  ordres 
mendiants.  —  Comme  les  travaux  du  savant  historien  sur  le  pape  In- 
nocent IIÏ,  cet  ouvrage  est  un  livre  de  lecture  courante,  à  peu  près 
dépourvu  de  références,  mais  appuyé  sur  une  base  solide  et  sur  une 
consultation  perpétuelle  des  textes.  Est-il,  au  point  de  vue  religieux, 
absolument  impartial?  Nous  le  croyons;  on  sent,  dans  les  différents 
chapitres  du  volume,  dans  tous  les  cas,  un  effort  constant  de  l'his- 
torien pour  atteindre  à  une  complète  sérénité  et  à  une  impartialité 
absolue,  et  l'auteur  a  rendu  pleine  justice  au  rôle  civilisateur  de 
l'Église  au  xiii^  siècle  (cf.  la  p.  40).  —  M.  Halphen  (v.  les  p.  41, 
62-63,  153-154)  qui  a  publié  le  manuscrit  de  M.  Luchaire,  avait  une 
tâche  délicate  à  remplir;  il  s'en  est  acquitté  à  son  honneur;  sans 
doute  le  maître  lui-même,  s'il  s' était  décidé  à  tirer  de  ses  leçons  sur  la 
société  française  au  temps  de  Philippe- Auguste  un  livre,  aurait  sup- 
primé un  certain  nombre  de  répétitions  absolument  nécessaires  dans 
un  cours  public,  réuni  différentes  indications  éparses  çà  et  là  dans 
son  Introduction;  il  aurait  aussi  comblé  les  lacunes  que  l'on  peut 
relever  dans  son  travail,  et,  de  cette  manière,  équilibré  davantage 
les  différentes  parties  d'un  livre  dont  un  seul  chapitre,  le  dernier, 
est  consacré  aux  paysans  et  aux  bourgeois.  Mais  tout  cela,  M.  Hal- 


—  157  — 

phen  ne  pouvait  pas  le  faire;  il  s'est  donc  borné  à  publier  pieuse- 
ment le  manuscrit  de  son  maître,  un  peu  trop  timidement  parfois  (il 
aurait  dû  rectifier  la  petite  erreur  de  la  p.  348,  qui  ne  compte  que 
27»  ans  entre  mai  1223  et  1252),  et,  en  ce  faisant,  il  a  accompli 
une  bonne  action  et  mis  au  jour  un  beau  livre,  dont  le  succès  déjà 
grand  ne  peut  que  grandir  encore.  Henri  Froidevaux. 


Les  Huguenotfi  en  Coiuminges.  Nouvelle  série.  Documents  inédits, 
publiés  pour  la^Sociélé  historique  de  Gascogne,  par  l'abbé  Jean  Lestradk. 
Paris,  Champion,  1910-1911,  2  fascicules  ensemble  de  350  p.— Prix:  10  fr. 

M.  l'abbé  J.  Lestrade  reprend,  après  dix  années  d'intervalle,  la 
publication  des  documents  sur  les  guerres  de  religion  en  Comminges 
qu'il  a  tirés,  après  un  minutieux  dépouillement,  des  archives  de 
Muret.  Ce  sont  des  pièces  d'un  intérêt  divers;  mais  elles  sont  bien 
publiées,  et  quelques-unes  ont  de  l'importance  pour  l'histoire  poli- 
tique de  la  Réforme  dans  le  Midi.  L'administration  de  Monluc,  de 
Matignon  ou  de  Villars,au  nom  du  Roi,  en  est  singulièrement  éclairée 
leurs  correspondances  avec  les  états  de  Comminges  étant  parfois  très 
instructives.  Le  grand  écrivain  qu'est  Biaise  de  Monluc  ne  saurait  perdre 
à  être  étudié  de  près.  Son  caractère  est  aussi  curieux  par  ses  qualités 
que  par  ses  défauts  très  accusés,  d'autant  que  les  uns  comme  les 
autres  favorisent  sa  susceptibilité  et  sa  forfanterie  gasconne.  On 
trouvera,  en  consultant  les  tables,  beaucoup  d'autres  personnages 
sur  lesquels  de  nouveaux  documents  sont  produits.  Le  roi  de  Na- 
varre, le  futur  Henri  IV,  y  figure  naturellement;  et  on  n'étonnera 
personne  en  disant  que  ce  petit  recueil  contient  trois  lettres  iné- 
dites qui  manquaient  au  recueil  de  M.  Berger  de  Xivrey. 

La  collection  des  Archives  historiques  de  la  Gascogne  s'accroît  chaque 
jour  et  s'honore  par  des  publications  dont  la  liste  est  déjà  longue. 
Quant  à  M.  l'abbé  J.  Lestrade,  ce  travail  était  la  meilleure  préparation 
à  V  Histoire  des  Etats  de  Comminges  qu'il  se  propose  de  donner  pro- 
chainement. G.  Baguenault  de  Puchesse. 


lia  Chalotaîs  éducateur,  par  Jules  Dblv aille.   Paris,   Alcan,  1911, 
in-8  de  xi-225  p.  —  Prix  :  5  fr. 

On  a  beaucoup  écrit  sur  le  rôle  politique  de  La  Chalotais;on  connaît 
l'irréductible  adversaire  des  jésuites;  mais  on  connaît  moins  l'édu- 
cateur. Et  cependant  tous  deux  sont  inséparables;  c'est  son  antipathie 
contre  les  jésuites  qui  a  conduit  le  célèbre  procureur  général  du  Par- 
lement de  Bretagne  à  s'occuper  d'éducation;  en  supprimant  l'ordre, 
il  voulait  aussi  supprimer  la  méthode.  Et  cette  préoccupation  d'éduca- 
tion hantait  aussi  les  Parlements,  non  seulement  celui  de  Rennes,  mais 


—  158  — 

ceux  de  Toulouse,  de  Besançon,  de  Dijon,  etc.  Cela  ne  rentrait  nulle- 
ment dans  leurs  attributions;  mais  peu  leur  importait.  «  Des  collèges 
de  jésuites,  avait  déclaré  le  procureur  général  au  Parlement  de  Tou- 
louse, on  ne  rapportait  nulle  idée  des  vrais  principes  qui  forment  le 
citoyen  et  le  chrétien.  »  Et  partant  de  là,  les  Parlements  se  croyaient 
le  droit  de  formuler  un  programme  d'éducation  nationale.  Celui  que 
La  Chalotais  a  publié  sous  ce  titre  :  Essai  d'éducation  nationale,  est 
certainement  un  des  plus  intéressants  et  des  plus  complets.  Sa  pensée 
fondamentale  est  résumée  ainsi  par  M.  Delvaille  :  Il  faut  «  une  éduca- 
tion d'Etat,  par  l'Etat  et  pour  l'Etat  ».  11  ne  faut  surtout  pas  confier 
l'éducation  à  des  hommes  qui  ne  sont  pas  «  membres  de  l'État  »,  qui 
ne  sont  pas  «  citoyens  ».  La  conséquence  logique  serait  la  suppression 
de  la  liberté  de  l'enseignement  et  le  monopole  de  l'État.  La  Chalotais 
ne  va  pas  cependant  jusque-là.  Mais  il  ne  veut  pas  de  congrégations 
enseignantes.  Il  est  ainsi  le  prédécesseur  de  M.  Waldeck- Rousseau, 
Breton  comme  lui.  Il  admet  pourtant  comme  éducateurs  Jes  orato- 
riens,  parce  que,  dit-il,  ils  sont  «  citoyens  »,  en  réalité  parce  qu'ils  sont 
en  opposition  avec  les  jésuites.  Il  repousse  l'idée  de  la  disparition  de 
la  religion;  il  veut  qu'on  conserve  un  culte  public.  Mais,  à  ses  yeux,  la 
morale  est  indépendante  de  la  révélation,  et  si  l'enseignement  des  lois 
divines  appartient  à  l'Église,  l'enseignement  de  la  morale  appartient 
à  l'État.  Aussi  le  plan  d'éducation  nationale  a-t-il  "eu  toutes  les 
faveurs  des  philosophes  et  des  encyclopédistes,  sauf  Diderot,  de 
Bachaumont,  de  Grimm,  du  Journal  encyclopédique,  des  jansénistes 
Nouvelles  ecclésiastiques^  de  Voltaire  surtout  qui  qualifie  La  Chalotais 
de  «  procureur  général  de  la  France  entière.  » 

Quant  au  programme  pratique,  on  en  trouve  le  détail  dans  le  volume 
de  M.  Delvaille,  dont  nous  ne  partageons  pas  toutes  les  appréciations, 
mais  dont  nous  reconnaissons  l'intérêt  et  les  laborieuses  recherches. 
La  Chalotais  veut  donner  plus  d'importance  au  français,  aux  sciences, 
aux  langues  étrangères,  à  ce  qu'on  a  appelé  depuis  les  leçons  de  choses. 
Mais  il  ne  veut  pas  pourtant  qu'on  abandonne  le  latin  ni  le  grec.  Et  il 
se  plaint  de  la  multiplicité  des  collèges  qui  font  des  déclassés.  «  Le  bien 
de  la  société,  dit-il,  demande  que  les  connaissances  du  peuple  ne 
s'étendent  pas  plus  loin  que  ses  occupations  ».  Le  précurseur  de  l'ensei- 
gnement moderne  était  essentiellement  aristocrate. 

Un  curieux  index  des  œuvres  de  La  Chalotais  et  des  ouvrages  prin- 
cipaux qui,  avant  et  depuis  1761,  ont  traité  les  questions  d'enseigne- 
ment, termine  ce  volume.  Max.  de  la  Rocheterie. 


_—  159  — 

■la  Russie  et  le  Saint-Siège^  étude  diplomatique,  par  le  P.  P.  Piea- 
LTNG.  V.  Catherine  II.  Paul  /«~.  Alexandre  /".  Paris,  Plon-Nourrit,  1912, 
iu-8  de  v-480  p.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

Voici,  avec  ce  tome  V,  achevé  le  vaste  travail,  entrepris,  il  y  a  de 
longues  années,  par  le  P,  Pierling  et  dont  nous  avons  suivi  les  étapes 
ici  même  avec  un  intérêt  Croissant.  Ce  n'est  pas  sans  regret  que 
nous  voyons  le  savant  auteur  obligé,  par  l'insuffisance  des  docu- 
ments contemporains,  d'abandonner  au  début  du  xix^  siècle  cette 
histoire  qu'il  a  su  rendre  si  instructive  par  l'abondance  des  renseigne- 
ments qu'il  y  a  accumulés  et  si  attrayante  par  la  forme  donnée  au 
récit. 

Ce  dernier  volume  ée  divise  naturellement  en  trois  livres  dont  le 
premier  est  consacré  à  Catherine  IL  Sous  un  vernis  libéral,  l'Impé- 
ratrice cachait  un  absolutisme  impérieux.  Malheureusement,  la  mésin- 
telligence entre  catholiques  lui  fournit  l'occasion  du  fameux  règle- 
ment de  1769,  qui  mettait  l'Église  catholique  de  Russie  sous  la  coupe 
du  gouvernement  et  tendait  à  la  soustraire  à  toute  influence  de 
Rome.  L'acquisition  par  la  Russie  d'une  partie  de  la  Pologne,  lors  des 
fameux  partages,  en  augmentant  d'une  manière  considérable  le  nom- 
bre de  ses  sujets  catholiques,  donna  le  désir  et  l'occasion  à  la  Cour 
pontificale  d'intervenir  et  de  chercher  à  s'entendre  avec  le  gouver- 
nement impérial.  L'ne  ambassade  en  Russie,  conseillée  par  Archetti, 
nonce  de  Varsovie,  et  dont  il  fut  en  effet  chargé,  n'aboutit  à  aucun 
résultat  utile.  Catherine  II  sut  retourner  l'envoyé  pontifical  et  lui 
faire  accepter  presque  toutes  ses  vues.  Il  est  singulier  de  voir  la  pro- 
tection accordée  aux  jésuites  par  l'amie  des  philosophes,  même  après 
leur  suppression  officielle  qu'elle  n'admit  pas  en  Russie.  C'est  aussi  à 
cette  princesse  que  dut  son  élévation  à  l'épiscopat  un  asseztriste  per- 
sonnage, Siestrzencewicz,  dont  nous  retrouvons  l'action  funeste  au 
cours  de  toute  cette  longue  période,  ambitieux  sans  grands  scrupules, 
asservi  au  pouvoir  civil  et  dont  l'objectif  constant  est  de  se  tailler 
en  Russie  une  sorte  de  papauté. 

L'avènement  de  Paul  I"  offre  au  Souverain  Pontife  une  nouvelle 
occasion  de  renouer  les  relations.  Mgr  Litta,  frère  d'un  dignitaire 
de  l'ordre  de  Malte,  fort  bien  en  cour  de  Russie,  est  chargé  de  re- 
présenter le  Pape  au  couronnement.  Malheureusement,  malgré  des 
dispositions  assez  favorables  du  Tsar,  en  dépit  de  ses  principes  aris- 
tocratiques, l'obstination  qu'il  met  à  se  faire  nommer  grand  maître 
de  Malte,  titre  que  naturellement  la  Cour  romaine  ne  peut  accepter, 
amène  la  disgrâce  ^X  le  renvoi  de  Mgr  Litta.  La  faveur  des  jésuites 
et  notamment  du  P.  Gruber,  le  même  que  Joseph  de  Maistre  traitait 
«  d'homme  extraordinaire  »  semblait  ouvrir  les  voies  à  de  nouvelles 
démarches  et  favoriser  de  nouvelles  espérancee  quand  l'assassinat 


-  160  — 

vint  mettre  fin  brusquement  à  la  carrière  du  souverain  et  à  des 
espoirs  peut-être  chimériques. 

Aux  débuts  du  règne  d'Alexandre  l^^,  Rome  était  parvenue,  non 
sans  peine,  b  faire  agréer  un  nouveau  projet  d'ambassade,  contre- 
carré d'ailleurs  par  l'ambition  et  les  intrigues  de  Siestrzencewicz, 
quand  la  malheureuse  affaire  du  chevalier  des  Vernègucs,  naturalisé 
Russe  pour  comploter  plus  aisément  contre  Bonaparte,  et  que  Con- 
salvi  finit  par  livrer  aux  réclamations  de  la  France,  vint  mettre  à 
néant  tous  ces  efforts. 

Telle  est  l'esquisse  rapide  de  ce  nouveau  volume,  qui  ne  le  cède 
aux  précédents  ni  en  valeur  ni  en  intérêt.  Le  P.  Pierling  a  élevé 
dans  ces  cinq  volumes  un  monument  durable,  que  l'Institut  a  récom- 
pensé à  diverses  reprises  et  qui  lui  assure  la  reconnaissance  de  tous 
les  amis  de  l'histoire.  Son  livre  jette  sur  plus  d'un  point  de  l'his- 
toire de  Russie  une  lumière  singulière  et  il  éclaire  vivement  aussi 
l'histoire  des  efforts  tentés  par  la  Papauté  pour  assurer  le  sort  des 
catholiques  et  l'unité  de  l'Église.  E.-G.  L. 


Hecueil  des  actes  du  comité  de  ealiit  public  nvec  la  Cor- 
respondance officielle  des  représentants  en  mission 
et  le  Ifie^ii^tre  du  conseil  exérutif  provisoire,  publié  par 
F. -A.  AULARD.  T.  XIX  et  XX  (2l  décembre  1'^94-i<^'  nivôse  an  III  —  11  mars 
1195-24  ventôse  an  lu ).  Paris,  Leroux,  2  vol-  gr.  ia-8  de  823  et  838  p. 
--  Prix  :  28  fr. 

M.  Aulard  continue  la  publication  de  ces  documents  avec  le  même 
soin,  la  même  précision,  la  même  abondance  de  notes  et  d'éclaircis- 
sements; il  fouille  les  archives  nationales  et  aussi  les  fonds  des 
ministères  des  affaires  étrangères,  de  la  guerre,  de  la  marine  et  les 
collections  particulières.  Les  tomes  XIX  et  XX  sont  consacrés  à 
la  période  qui  s'étend  du  21  décembre  1794  au  11  mars  1795,  près  de 
1600  pages  pour  trois  mois. 

Les  pièces  publiées  peuvent  se  classer  sous  plusieurs  rubriques  : 

1°  Les  arrêtés  du  comité  de  salut  public  :  ils  sont,  de  plus  en  plus, 
consacrés  aux  approvisionnements,  aux  subsistances,  aux  finances, 
aux  questions  de  politique  extérieure,  à  des  détails  souvent  infimes 
d'administration.  A  signaler,  au  tome  XIX  (p.  9-16):  vme  lettre  sur 
l'organisation  de  la  conquête  belge;  au  tome  XX  (p.  411-413)  : 
négociations  avec  les  Provinces-Unies;  (p.  717-722)  :  propositions  de 
paix  avec  l'Espagne  :  on  y  trouve  l'explication  des  multiples  actes 
du  Comité  à  propos  des  vivres  et  des  fourrages;  la  République  est 
dans  une  position  critique  et  craint  la  famine. 

2o  Aux  armées  de  Rhin-et-Moselle,  des  Alpes  et  d'Italie,  du  Nord 
et  de  Sambre-et-Meuse,  des  côtes  de  Brest  et  de  Cherbourg,  des  Py- 


—  161  — 

rénées -Orientales,  les  conventionnels  ont  une  vie  active  et  une  corres- 
pondance pleine  de  faits,  d'impressions,  de  conseils.  Pour  quiconque 
veut  connaître  à  fond  la  situation  des  armées  sur  les  frontières,  en 
pays  ennemi  et  dans  les  régions  de  chouannerie,  ce  recueil  fourmille 
de  renseignements. 

Parmi  les  représentants  :  en  Bretagne  et  Vendée,  on  peut  citer 
Boursault  et  Bruë;  au  cours  des  premiers  mois  de  1795,  ils  ont  travaillé 
à  la  pacification  de  la  Vendée  ;  ils  exposent  avec  clarté  les  causes  des 
troubles,  l'organisation  des  chouans.  Boursault  insiste  sur  la  nécessité 
de  rapporter  le  décret  de  peine  de  mort  contre  les  prêtres  réfrac- 
taires  :  «Vous  suppléerez  par  là  à  50.000  hommes»  (tome  XIX,  p.  161); 
il  insiste  en  termes  pittoresques  (p.  296).  Bruë  raconte  une  affaire 
avec  les  chouans  (t.  XX,  p.  282-89)  et  l'entrevue  avec  Charette  et 
les  autres  Vendéens  (p.  377-79),  la  soumission  des  Vendéens  et  des 
chouans  (p.  576-77).  En  Mayenne,  le  représentant  explique  l'état 
d'esprit  des  chouans.  En  Hollande  :  c'est  la  prise  d'Amsterdam 
(tome  XIX,  p.  600-5);  la  situation  et  la  richesse  du  pays  conquis 
(tome  XX,  p.  352-54  et  632-38). Aux  Pyrénées -Orientales  :  le  repré- 
sentant est  en  négociations  pour  traiter  des  préliminaires  de  paix  avec 
l'Espagne  (XX,  p.  802-6);  à  l'armée  navale  de  la  Méditerranée, 
Letourneur  (de  la  Manche)  raconte  les  succès  de  la  flotte  ;  son  style  est 
d'un  vieux  loup  de  mer;  ce  ne  sont  qu'encablure,  marche  au  plus  près 
du  vent,  dessous  le  vent, distinction  d'un  brick  d'avec  unefrégate,  etc., 
(t.  XX,  p.  748-50). 

3°  A  l'intérieur  :  les  représentants  dans  les  départements 
surveillent  toujours  les  robespierristes  et  cherchent  à  maintenir  le 
bon  ordre,  l'espérance  et  la  confiance  dans  la  Convention  natio- 
nale.  Deux  lettres  sont  à  relever  : 

Tome  XIX  (p.  629-631)  :  récit  d'une  fête  civique  solennelle,  le 
21  janvier  1795,  à  Lyon;  t.  XX  (p.  87-89)  :  Bailly,  représentant  dans 
le  Haut- Rhin,  rappelle  l'houreuse  révolution  du  10  thermidor;  il 
annonce  l'épuration  de  la  Société  populaire  de  Strasbourg,  flétrit  la 
guillotine  ambulante  de  Schneider,  prêtre  autrichien,  et  il  expose  son 
programme  en  quelques  mots  :  «  Je  ferai  la  guerre  aux  royalistes,  aux 
faux  patriotes,  aux  dilapidateurs,  à  tous  les  hommes  de  sang  et  de 
terreur.  » 

Comme  les  précédents,  ces  deux  volumes  apportent  une  contribu- 
tion indispensable  à  Thistoire  générale  et  à  l'histoire  locale.      G.  P. 

Le  Clergé  brctou  en  tSOl,  d'après  les  euciniètcs  prélecto- 
rales  de  l'an  IX  et  Vnti  HL,  conservées  aux  Archives  nationales,  par 
Em.  Seveïstre.  P;iris,  A.  iMcard  ci  fils,  1912,  in-8  de  96  p.  —  Prix  :  k  fr. 

Quand  le  gouvernement  du  Consulat  entreprit  de  remettre  un  peu 
AOUT  1912.  T.  GXXV.  il. 


.  ^  162  — 

d'ordre  dans  nos  institutions  nationales  et  prescrivit  à  ses  préfets  de 
procéder  à  des  enquêtes  détaillées  qui  mettraient  le  pouvoir  central  en 
mesure  de  préparer  les  réorganisations  nécessaires,  en  ce  qui  touche 
les  affaires  ecclésiastiques,  ce  travail  fut  exécuté  en  1801  :  les  listes 
départementales  dressées  à  cette  époque  sont  réunies  aux  Archives 
nationales  et  il  en  subsiste  des  doubles  dans  un  certain  nombre  de 
départements, 

La  comparaison  de  ces  rapports  fait  comprendre  ce  qu'il  y  avait 
encore  de  disparate  dans  la  constitution  du  corps  préfectoral.  A  côté  de  , 
fonctionnaires  intelligents  et  consciencieux  qui  fournissent  des  états 
soigneusement  relovés,  il  en  est  qui,  par  incapacité  ou  par  négligence, 
n'ont  réuni  que  des  indications  vagues  et  incohéi^entes  et  les  passions 
sectaires  des  jacobins  mal  convertis  contribuent  à  fausser  les  résul- 
tats. 

Dans  le  Finistère,  le  Préfet  s'est  imaginé  que  le  tableau  qu'on  lui 
demande  servira  à  préparer  les  nominations  et  il  se  borne  à  signaler 
une  trentaine  de  prêtres,  tous  constitutionnels;  au  contraire,  dans  la 
Loire- Inférieure  et  l'IUe-et- Vilaine,  sont  inscrits  tous  les  ecclésias- 
tiques, même  ceux  qui  ont  notoirement  renoncé  à  leur  état.  Le  préfet 
de  Rennes  ajoute  aux  noms  des  appréciations  qui  découvrent  ses  pré- 
férences intimes  :  les  ex-assermentés  sont  presque  tous  présentés 
comme  des  citoyens  exemplaires,  y  compris  ceux  qui  avaient  apos- 
tasie lâchement  en  1794,  et  les  insoumis,  c'est-à-dire  ceux  qui  n'avaient 
pas  pactisé  avec  l'église  schismatique,  sont  gratifiés  d'épithètes  mé- 
prisantes. Une  administration  ayant  quelque  souci  de  l'impartialité 
et  de  la  justice  ne  pouvait  faire  état  de  telles  diatribes  et  il  est  fâcheux 
de  constater  que  trop  souvent  elle  se  laissa  influencer  dans  ses  choix 
par  de  pareilles  manœuvres. 

I\L  l'abbé  Sevestre,  en  publiant  les  enquêtes  relatives  aux  cinq  dépar- 
tements bretons,  y  a  ajouté  de  nombreuses  notes  qui  montrent  avec 
quelle  persévérance  il  poursuit  ses  recherches  sur  l'histoire  de  l'Église 
pendant  la   Révolution.  P.   Pisam. 

lies  Reclus  de  Teiilotase  soits  la  Terreur,  Registres  officiels 
coiicernaiil  les  citoyens  emprisonnés  comme  suspects,  publies  el  annotés 
par  le  baron  R.  de  Bouglon.  3*  fascicule.  Les  Citoyennes  recluses  dans  la 
ci-devant  maison  de  Saint-Sei-nin,  Toulouse,  Privât,  1912,  in-8  de  370  p.  — 
Prix  :  5  fr. 

M.  le  baron  de  Bouglon,  mainteneur  des  Jeux  Floraux,  pour  faire 
suite  aux  études  qu'il  a  précédemment  publiées  sur  les  prisons  de 
Toulouse  pendant  la  Révolution,  fait  paraître  aujourd'hui  le  Registre 
officiel  des  citoyennes  recluses  dans  la  ci-devant  maison  de  Saint-Sernin. 
Il  le  commente  avec  une  vaste  érudition  et  consacre  à  une  centaine 
des  prisonnières,  nobles  ou  religieuses,  des  notices  généalogiques  et 


—  163  — 

biographiques,  résultat  do   ses  patientes  et  heureuses  investigations. 

Les  trois  premiers  quarts  du  volume  forment  un  préambule,  un  peu 
long  sans  doute,  et  souvent  étranger  à  ce  qui  fait,  à  proprement  parler, 
le  sujet  de  l'ouvrage.  C'est  une  histoire  largement  traitée  des  événe- 
ments qui  se  sont  déroulés  à  Toulouse^  de  1789jà''1793.  Des  notes 
nombreuses  jettent  la  lumièro  sur  une  foule  de  points  de  détail;  il  est 
malheureusement  à  regretter  que,  systématiquement,  l'auteur  se  soit 
abstenu  d'indiquer  ses  sources. 

Si  intéressante  que  soit  cette  Introduction,  il  serait  à  désirer  qu'on 
l'eût  divisée  en  chapitres  :  280  pages  sans  aucun  point  de  repère, 
sans  titres,  sans  sommaires  et  sans  tables,  donnent,  à  la  vérité,  une 
masse  considérable  de  renseignements  précieux,  mais  il  faut  avouer 
que  cette  œuvre  touffue  est  longue  à  lire  et  impossible  à  consulter. 

La  correction  des  épreuves  laisse  un  peu  à  désirer;  les  dates  et  les 
noms  propres  ne  sont  pas  toujours  exacts  et  je  ne  vois  pas  pourquoi 
M.  le  baron  de  Bouglon  tient  à  faire  un  cordelier  de  l'évêque  consti- 
tutionnel Sermet  qui  était  un  carme.  P.  Pisani. 


Alfred  de  Vigny.  Coiitribaitîon  à  §£&  biographie  iiitellee- 

tuellc,  par  F.  BaLdenspbrgkr.  Paris,  Hachette,  1912,  iu-16  de  vii-217p. 
—  l'fix  :  3  fr.  50. 

Ce  mince  volume  est  composé  de  dix  articles  divers,  qui  se  lisent 
sans  peine,  mais  qui  ne  dépassent  ni  pour  l'intérêt,  ni  pour  la  valeur 
littéraire,  le  niveau  moyen  des  études  et  mémoires  d'étudiants  en 
lettres.  Or,  tout  en  professant  quelque  dédain  (à  la  monsieur  Josse) 
pour  les  livres  riches  de  substance  biographique  qui  cherchent  à 
expliquer  «  les  œuvres  par  la  vie  »,  et  en  défendant  —  ce  qui  se  peut 
faire  pour  un  écrivain  aussi  souvent  remonté  dans  son  cerveau  que 
Vigny  —  la  vieille  méthode  qui  consiste  à  analyser  surtout  les  idées 
d'un  auteur...  et  à  faire,  sans  minutieuse  documentation  et  patientes 
recherches,  de  la  critique  en  chambre,  M.  Baldensperger  ne  se  prive 
pas  d'écrire  sur  Eloa  et  les  Vosges  un  morceau  qui  serait  comique, 
si  l'on  n'était  touché  de  la  piété  régionaliste  qui  l'a  sans  doute 
inspiré.  Une  partie  du  poème  a  été,  en  effet,  écrite  dans  les  Vosges, 
pendant  un  passage  d'étape  du  lieutenant-poète  entre  Saverne  et 
Sarrebourg  ;  cela  suffit  pour  justifier  un  article  où  défilent  les  écri- 
vains romantiques  qui,  depuis  Delille  et  Ginguené,  ont  goûté  ou 
célébré  la  beauté  du  Ballon  d'Alsace,  et  cette  conclusion,  un  peu 
tirée  par  les  cheveux,  qu'on  retrouve  dans  le  poème,  et  surtout  au 
milieu,  l'influence  du  climat  vosgien  et  la  trace  de  «  cette  tonalité 
légère,  de  cette  fraîcheur  sans  tristesse  »,  qui  fait  le  charme  du  pays  !... 
Par  ailleurs,  il  étudie  les  deux  tristesses  de  Vigny,  à  savoir  celle  qui 
lui  vient  du  problème  de  la  souffrance  humaine,  et  celle  qu'il  a  de 


—  1G4  — 

la  faillite  des  aristocraties,  y  compris  celle  des  intelligences  à  Tavè- 
nonient  de  laquelle  il  avait  cru  d'abord;  —  il  rapproche  assez  heu- 
reusement Joseph  de  Maistre  et  l'auteur  de  la  Fille  de  Jephté,  de 
Stello  et  des  Destinées,  pour  montrer  comment  celui-ci,  grand  admi- 
rateur des  Soirées  de  Saint-Pétersbourg,  a  réagi  farouchement  contre 
la  doctrine  de  la  réversibilité  des  peines,  de  la  valeur  expiatoire  du 
sang  innocent,  et  est  sur  plusieurs  points,  relevés  avec  précision, 
«  l'héritier  insoumis  et  révolté  »  du  prophète  savoyard;  —  il  met  de 
même  en  vis-à-vis  quelques-unes  des  antinomies  de  pensée  ou  de 
sentiment  les  p  lus  frappantes  entre  Hugo  l'optimiste  et  le  pessimiste 
Vigny,  sur  la  nature,  sur  les  destinées  de  l'humanité,  le  progrès,  la 
science,  la  démocratie,  la  Ville-Lumière,  etc..  — il  définit  à  son  tour, 
et  avec  un  certain  fracas  de  mots  philosophiques,  le  symbolisme  de 
Vigny;  — il  en  explique  V actualité. Vvà?,,  quelque  peu  de  cas  qu'il  fasse 
des  études  biographiques,  il  esquisse  une  notice  sur  un  vieux  lettré, 
vaguement  apparenté  à  Vigny,  Antoine  Bruguière,  baron  de  Sor- 
sum,  conseiller  d'État  au  royaume  de  Westphalie  sous  Jérôme  Bona- 
parte, qui  fut  un  traducteur  de  Byron,  de  Shakespeare,  du  poète 
Southey,  et  d'adaptations  anglaises  d'une  comédie  chinoise  et  du 
drame  sanscrit  de  Sacontala;  et  il  attribue  à  ce  demi-orientaliste 
un  peu  des  idées  du  poète  sur  «  l'éternelle  ennemie  »  de  l'homme,  sur 
i'éminente  dignité  dans  l'état  des  mandarins,  et  la  ressemblance 
qu'il  trouve  (?)  entre  Moïse  et  Valmiki  !  —  J'aime  mieux  le  cha- 
pitre sur  Thomas  Moore  et  son  poème  les  Amours  des  anges,  depuis 
longtemps  signalé  comme  ayant  pu  donner  à  Vigny  la  première  idée 
de  son  Eloa,  encore  que  le  jeu  auquel  se  livre  M.  Baldensperger  de 
rapprocher  quelques  traits  de  détail  qui  n'ont  rien  de  décisif  ne  l'em- 
pêche pas  de  conclure  comme  tout  le  monde  aux  divergences  pro- 
fondes des  deux  œuvres;  —  ou  celui  sur  cet  horrible  et  fantastique 
songe  de  Jean- Paul  Richter,  qui,  introduit  en  France  par  l'Alle- 
magne de  M™^  de  Staël,  adopté  avec  admiration  par  tous  les  roman- 
tiques, Nodier,  Jajiin,  Musset,  Th.  Gautier,  Gérard  de  Nerval, 
Quinet,  et  imité  en  vers  par  un  Charentais,  M.  de  Lambertie,  a  bien 
pu  être  pour  le  méditatif  solitaire  du  Maine-Giraud  le  germe  premier 
de  son  tout  différent  poème  du  Mont  des  Oliviers... 

Mais  toute  cette  menue  monnaie,  sans  en  médire,  ne  vaut,  pour 
éclairer  Vigny,  ni  les  précieux  documents  recueillis  et  mis  en  œuvre 
par  M.  Ernest  Dupuy,  ni  la  belle  et  forte  étude  de  M.  Lauvrière. 

Gabriel  Audiat. 

Ciambetta  et  rAlsace-Iiorrnine,  par    Heniu  Galli.   Paris,    Ploa- 
N  urril,  lyll,  iu-16  de  n-325  p.  —  l'nx  :  3  fr.  50. 

M.  Henri  Galli  s'est  ému  des  travaux  récents  de  MM.  Charles  Maur- 


JL. 


—  165  — 

ras  ot  Jacques  Bainville  où  le  grand  patriote  patenté  du  parti  répu- 
blicain est  accusé  de  n'avoir  jamais  joué  que  la  comédie  de  la  re- 
vanche. Le  désir  de  laver  de  ces  imputations  la  mémoire  de  Gam- 
betta  est  l'origine  du  présent  volume.  M.  Galli  s'est  acquitté  de  sa 
tâche  avec  beaucoup  de  distinction.  Son  livre  est  très  intéressant, 
très  documenté;  le  ton  modéré  et  convaincu  de  l'auteur  ajoute  encore 
à  la  force  de  son  argumentation.  Le  dictateur  n'aurait  pu  souhaiter 
un  meilleur  plaidoyer,  s'il  avait  prévu  les  doutes  de  l'avenir  sur  la 
sincérité  de  ses  déclarations. 

Mais,  au  fait,  ces  critiques  lui  furent-elles  épargnées  de  son  vivant? 
Il  faudrait  avoir  la  mémoire  bien  courte  pour  l'avoir  oublié.  A  coup 
sûr,  Gambetta  a  suscité  chez  la  grande  majorité  de  ses  contempo- 
rains des  enthousiasmes  et  des  espoirs  qui  confinaient  au  délire. 
Pourtant  une  minorité,  qui  n'était  méprisable  ni  par  le  nombre  ni  par 
la  valeur,  résista  avec  énergie  à  l'entraînement  des  foules.  MM.  Maur- 
ras  et  Bain  ville  n'ont  fait  que  reprendre  une  thèse  fort  ancienne,  en 
l'étayant  des  révélations  contenues  dans  les  Mémoires  de  Bismarck 
et  dans  les  Souvenirs  du  prince  de  Hohenlohe.  Leurs  travaux  ont 
tous  les  mérites,  sauf  celui  de  la  nouveauté,  à  supposer  que  la  nou- 
veauté puisse  être,  en  pareille  matière,  un  mérite. 

Les  positions  successives  de  Gambetta  peuvent  être  présentées 
ainsi.  Avocat  stagiaire  en  1869,  il  se  fit  élire  député  par  un  faubourg 
de  Paris,  sur  un  programme  qui  comportait  l'abolition  des  armées 
permanentes.  Force  est  bien  de  le  reconnaître,  le  patriotisme  n'était 
pas,  à  cette  date,  sa  passion  dominante.  Le  peuple  français  trouva 
néanmoins  dans  son  passé  des  titres  suffisants  pour  ie"  laisser  prendre, 
un  an  après,  la  direction  de  la  lutte  contre  l'envahisseur  prussien. 
Le  voici  champion  de  la  guerre  à  outrance.  En  1877,  il  devient  par- 
tisan de  l'entente  avec  l'Allemagne,  puisque  toute  la  campagne  des 
363,  après  le  16  mai,  se  fit,  M.  Galli  n'en  disconvient  pas,  sur  la 
plateforme  suivante  :  voter  pour  les  candidats  du  maréchal,  c'est 
voter  pour  la  guerre  avec  l'Allemagne  et  l'Italie.  Telle  fut  aussi 
l'excuse  honteuse  alléguée  pour  déchaîner,  sous  le  nom  de  résistance 
au  cléricalisme,  la  persécution  religieuse  qui  se  poursuit  encore  sous 
nos  yeux.  Devenu,  à  partir  de  1879,  le  chef  occulte  du  gouvernement, 
il  reprit  sa  cocarde  patriotique,  peut-être  sans  autre  vue  que  de  se 
faire  flagorner  par  les  chefs  militaires  en  quête  d'avancement.  Rien 
dans  tout  cela,  j'en  demeure  volontiers  d'accord,  ne  ressemble  positi- 
vement à  une  trahison;  et  sans  doute  Gambetta  eût  ét^  fort  heureux 
de  voir  nos  provinces  perdues  reprendre  leur  place  au  foyer  de  la 
famille  française.  Mais  ce  sentiment  lui  était  commun  avec  tous  les 
Français  d'alors;  il  ne  saurait  le  qualifier  pour  symboliser  plus  qu'un 
autre  Tesprit  de  revanche. 


—  166  — 

Tout  le  plaisir  quo  j'ai  ftu  à  lire  l'altachant  ot  substantiel  volume 
de  M.  Galli  ne  modifie  pas  l'image  que  m'ont  laissée  do  Gambetta 
mes  souvenirs  d'enfance  et  de  prime  jeunesse  :  un  politicien  doué 
d'une  faconde  intarissable  et  d'une  voix  tonitruante  qui,  presque 
chaque  semaine,  débitait,  à  l'usage  de  la  démocratie,  dans  des  cafés, 
des  comices  agricoles  ou  des  réunions  publiques,  des  discours  bour- 
souflés et  de  style  incorrect.  Il  se  servit  du  patriotisme  comme  d'un 
thème  oratoire  en  faveur,  lorsque  le  vent  portait  de  ce  côté-là,  tel  en 
1S70  ou  en  1880.  Il  se  faisait  tout  aussi  bien  l'apôtre  de  la  paix,  tel 
en  1869  ou  en  1877,  s'il  espérait  de  cette  attitude  un  meilleur  succès  : 
au   demeurant,   simple  opportuniste.         H.    Rubat   du  Mérac. 


I 


lia  Klessure  anal  fierinée,  nttios  d'un  'voyageur  en  Ali^ace- 
Eiorraine,  par  Gkorges  Dugbocq.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-8  de 
20'j  p.  —  Prix  :  ?!  fr.  KO. 

Ce  sont  bien  là  des  notes  de  voyage,  mais  où  l'auteur  devine  admi- 
rablement Vâme  des  clioses  et  l'esprit  des  gens.  Que  ces  petits  ta- 
bleaux de  mœurs,  ces  esquisses  de  monuments,  ces  crayons  de  paysa- 
ges sont  spirituellement  traités  l  Hélas,  comme  on  devine  aussi  der- 
rière ces  apparences  calmes,  ces  dehors  charmants,  une  blessure  mal 
fermée  :  celle  qu'a  faite  au  cœur  du  pays  l'épée  qu'un  vainqueur 
brutal  retourne  sans  cesse  dans  la  plaie. 

L'auteur  de  ces  notes  do  voyage  est  bien  documenté;  signalons  ce- 
pendant un  lapsus  sans  doute  (p.  123)  :  l'auteur  de  l'Ancienne 
Alsace  A  table  est  Charles  Gérard  et  non  Charles  Grad,  suum  cuique. 
Mais  louons  sans  réserve  le  style  de  l'ouvrage:  nous  y  avons  relevé 
de  remarquables  pages  d'anthologie,  méritant  d'être  conservées  à  côté 
de  celles  de  nos  meilleurs  auteurs.  Ces  vieilles  mœurs  messines  et  alsa- 
ciennes sont  décrites  avec  vérité  et  justesse.  Quel  joli  tableau  que 
cette  description  deM'F.splanade  (p.  25),  ces  images  de  couvents  ! 
(p.  27-SO).  Quelles  belles  pages  que  celles  où  est  décrit  ce  pays  lorrain 
d'aristocratie  rurale  !  (p.  G7).  L'auteur  a  un  peu  glissé  sur  Strasbourg, 
mais  il  s'est  attaché  plutôt  aux  petites  villes  d'Alsace  qu'il  a  regardées 
avec  des  yeux  d'artiste  (p.  145-147).  Il  a  su  voir  au  musée  de  Colmar 
les  tableaux  de  Grùnewald  et  les  comprendre;  ces  peintures  l'ont 
ému  «  comme  un  beau  cri  d'amour  et  de  foi.  Jamais  peintre  n'a  com- 
pati avec  plus  de  ferveur  à  l'agonie  du  Calvaire,  et  l'on  croirait  entendre 
avec  cette  Marie-Madeleine  qui  se  pâme,  blessée  au  cœur,  la  plainte 
déchirante  de  l'Alsace,  le  chant  de  ses  longues  misères  », 

Nous  avons  aimé  à  lire  ces  pages  jeunes,  enthousiastes  et  vraiment 
françaises,  qui  fraternisent  si  bien  avec  l'âme  alsacienne.  «  Menus  inci- 
dents, chapelets  de  souvenirs,  cueillis  comme  les  pâquerettes  du  fossé 
que  j'ai  voulu  serrer  entre  les  feuillets  d'un  livre...  Rion  de  plus  récon- 


—  167  — . 

fnrtant  qu'un  voyago  on  Alsace...  Les  Alsaciens,  trempés  par  la  lutte; 
ont  conservé  toutes  les  anciennes  vertus  françaises  :  esprit,  bonne 
humeur,  modération,  plaisir  d'agir,  amour  du  combat  et  du  succès. 
Les  querelles  désespérantes  dans  lesquelles  nous  nous  alanguissons  ne 
les  touchent  pas.  Ils  ont  gardé,  intact,  leur  culte  pour  leur  vieille 
patrie;  ils  ont  toujours  foi  en  elle;  ils  ne  souffrent  pas  un  mot  de 
blâme  sur  celle  qui  demeure  l'objet  de  leur  tendresse  ».  Telles  sont  les 
conclusions  de  ce  beau  livre.  A.    G, 


Un  l*rince  ronieniporaiin.  Ferdinaaid -Philippe  d'Of- 
léaits,  duc  d'Alen^ou.  par  Y.  d'Isné.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.  [1912], 
in-«  de  xvi-270  p.,  avec  portraits  et  fac-similé  d'autographe.  —  Prix  : 
3  fr.  50. 

FijeureM  de  femmes,  madame  ist  diielaesiie  d'Alençon 
intime,  par  Mabie  Gouraud  d'Ablancourt.  Paris,  Librairie  des  Saints- 
Pères,  1911,  in-12  de  187  p.,  avec  2  portraits.  —  Prix  :  2  fr. 

Ces  deux  ouvrages,  comme  on  le  devine,  se  complètent,  à  certains 
endroits  même  se  répètent,  tant  les  points  de  contact  sont  nécessaire- 
ment nombreux  entre  les  vies  du  duc  et  de  la  duchesse  d'Alençon.  Ce 
sont  d'admirables  modèles  des  vertus  chrétiennes  les  plus  humbles 
dans  la  position  sociale  la  plus  haute  et  ainsi  elles  présentent  un 
exemple  tout  à  fait  approprié  aux  besoins  de  cette  époque  démo- 
cratique en  lui  montrant  ce  que  doivent  et  peuvent  être  des  princes 
vraiment  catholiques  et  vraiment  princes  qui  comprennent  leur  temps. 
L'histoire  de  ces  deux  âmes  d'élite  est  tout  à  fait  attachante  et  les 
traits  caractéristiques  rapportés  par  leurs  biographes  vont  au  coeur. 

L'histoire  du  "second  fils  du  duc  de  Nemours  (son  père  voulut  pour 
lui  l'éducation  la  plus  virile)  commence  presque  en  exil,  à  trois  ans,  en 
IS'jS,  et  se  termine  par  une  mort  sereine  en  1910.  La  vie  delà 
duchesse  (la  princesse  Sophie  de  Bavière,  sœur  delà  reine  de  Naples 
et  de  l'impératrice  d'Autriche)  se  couronne  par  l'héroïsme  de  ;on 
dévouement  lors  de  la  catastrophe  du  bazar  de  la  Charité  (1897). 
Entre  ces  dates  extrêmes,  le  ménage  royal  ne  demeure  inférieur  à 
aucun  des  grands  devoirs  de  son  rang.  Le  duc,  élève  de  l'école  de 
Ségovie,  fait  ses  premières  armes  aux  îles  Philippines;  officier  d'ar- 
tillerie dans  l'armée  française,  il  présente  le  modèle  du  soldat.  Tou- 
tes ses  paroles,  tous  ses  actes  sont  marqués  au  coin  des  sentiments  les 
plus  chevaleresques.  Son  esprit  cultivé  s'intéresse  à  tout,  son  cœur 
généreux  se  prodigue  aux  pauvres;  la  princesse  rivalise  avec  lui  et 
tous  deux  supportent  les  coups  de  ïa  Providence. avec  un  esprit  chré- 
tien digne  de  leur  double  qualité,  lui,  de  tertiaire  de  Saint- François, 
elle,  de  tertiaire  de  Saint-Dominique.  Les  instmctions  laissées  par  le 
duc  d'Alençon  à  ses  enfants  (p.  130)  et  son  testament  (p.  248)  sont 


—  168  — 

des  documents  de  la  plus  haute  valeur  morale.  Des  portraits,  des 
gravures,  des  fac-similés  accompagnent  ces  deux  ouvrages  à  qui 
M.  Paul  Bourget  pour  le  premier,  et  M.  de  Pomairols  pour  le  second, 
ont  mis  des  préfaces.  Les  auteurs  (IMM.  d'isné  et  Gouraud  d'Ablan- 
court),  également  impressionnés  par  la  beauté  du  hérosct  de  l'héroïne, 
ne  les  auraient  pas  dépeints  d'une  façon  moins  attachante,  en  usant 
d'un  style  plus  simple,  plus  ferme,  plus  concis.  Il  semble  que  ces 
qualités  eussent  été  mieux  appropriées  aux  caractères  à  la  fois  si 
modestes  et  si  élevés  du  duc  et  de  la  duchesse  d'Alençon,  en  atten- 
dant le  monument  digne  d'eux  que  leur  réserve  certainement  la 
grande  histoire.  G, 

L<a  Marelic   mouiaiite  d'une  «fi>nération  (1  St>0-19lO),  par 
JoSKPH  Agkorges.  Paris,  Figuière.  1912,  in-18  de  222  p.—  Prix:  3  fr.  50. 

M.  Ageorges  appartient  aux  derniers  venus  de  ces  jeunes  gens  poi  r 
qui  Bourget  écrivait  en  1889  la  préface  du  DircipJe.  Nés  au  lendemain 
de  la  guerre,  ils  atteignaient  leur  dix-huitième  année  au  moment  où 
l'échec  du  boulangisme  mettait  fin  à  la  lutte  pour  la  vie  soutenue 
jusqu'alors  par  les  républicains.  Résumer  l'histoire  des  idées -qui  ont 
conduit  les  hommes  de  sa  génération,  cette  portion  d'entre  eux,  pour 
être  plus  exact,  qui  était  animée  de  sentiments  religieux  ou  tout  au 
moins  sympathiques  à  la  religion  :  tel  est  le  but  que  s'est  proposé 
l'auteur  du  présent  livre,  11  prend  ses  camarades  au  seuil  de  leurs 
études  à  la  Sorbcnne,  sans  négliger  la  minorité  honorable  qui  lui 
avait  préféré  les  leçons  de  l'Irslitut  catholique.  Le  gr^md  nombre, 
qui  s'est  groupé  autour  des  chaires  officielles,  n'y  a  pas  trouvé  de 
direction.  Les  uns  en  cherchent  une  à  la  Réunion  des  étudiants,  les 
autres  à  V Association  de  la  jeunesse    catholique,  d'autres  à  l'Union 
pour  l'action  morale  de  M.  Desjardirs.  Plus  tard  un  certain  nombre 
fréquentèrent  le  Sillon,   les    Universités  populaires  de  M.   Georges 
Deherme,  quelques-uns  subirent  l'influence  de  M,  Henri  Lorin  ou 
de  M,  Charles  Péguy.  Les  enseignements  de  Léon  XIII  et  les  préoc- 
cupations sociales  dominaient  tous  ces  groupes.  Ceux  que  hantait 
plus  particulièrement  le  souci  patriotique  suivirent  M.  Maurice  Barrés. 
Il  y  avait  beaucoup  d'ardeur  au  travail  chez  cette  jeunesse,  beau- 
coup de  bonne  volonté,  beaucoup  aussi  de  confiance  en  soi,  allant 
au  besoin  jusqu'à  cette  persuasion  un  peu  naïve  que,  dans  les  choses 
de  l'ordre  social  et  politique,  personne  avant  elle  n'avait  rien  compris 
à  quoi  que  ce  soit.  Volontiers  elle  se  croyait  appelée  à  renouveler 
la  face  du  monde.  L'événement  n'a  pas  répondu  à  de  si  hauts  espoirs. 
Les  effrirts  des  assomptionnistos  pour  syndiquer  tous  ces  dévoue- 
ments aboutirent  à  un  échec  df  nt  M.  Ageorges  nous  décrit  les  phases 
avec  d'abondants  et  curieux  détails.  L'affaire  Dreyfus  suscita  bientôt 


—  169  — 

le  triomphe  complet  de  l'anticléricalisme.  Le  mouvement  propre- 
ment catholique  n'a  donc  pas  été  couronné  de  succès.  Le  courant 
patriotique  a  eu  un  meilleur  sort.  Il  a  produit  le  groupement  de 
l'Action  française.  Sans  y  adhérer,  M.  Ageorges  expose  avec  beau- 
coup de  soin  et  une  nuance  marquée  d'intérêt  ses  origines,  ses  idées  et 
ses   chances   davenir.  H.    Rubat    du  Mébac. 


lies   noiiiniaiii».    l1i!«1oire,  état  matériel   et    ÎMtellectiiel, 

par  A  -D.  XÉ^opOL.  Paris,  ûelagrave,  s.  d.,  in- 18  de  vi- 151  p.  — Prix:  2  fr. 
lia   Itouniaiiie  moderne,   par  Henri  lu  P(,inte.  Paris,  Jouve,  1910, 
gr.  iu-8  de  \in-\'i2  p.,  avec  carte.  —  Prix  :  2  fr. 

Les  occasions  ne  manqueront  pas  aux  Français  qui  voudront  s'en- 
quérir de  l'histoire,  du  présent  et  de  l'avenir  du  peuple  roumain, 
nation  latine  mais  lointaine  que  l'on  va  peu  visiter,  que  l'on  connaît 
mal.  Dans  ces  deux  petits  volumes,  parus  presque  à  la  même  heure, 
parlent  un  Roumain,  professeur  et  lettré,  à  qui  l'on  doit  déjà  une 
grande  histoire  des  Roumains,  et  un  Français,  qui  paraît  avoir  séjourné 
dans  le  pays  et  en  avoir  rapporté  une  impression  très  favorable.  Si 
ce  dernier  nous  décrit  surtout  la  Roumanie  moderne,  sa  constitu- 
tion géologique,  sa  faune,  sa  flore,  son  commerce,  son  industrie, 
son  armée,  sa  marine,  sa  langue,  sa  littérature,  son  état  politique, 
le  tout  sans  s'attarder  aux  détails,  les  huit  leçons  de  M.  Xénopol, 
professées  au  Collège  de  France,  ont  une  portée  plus  haute,  et,  malgré 
leur  concision,  donnent  une  idée  vive  et  intéressante  de  l'histoire  du 
peuple  roumain,  de  ses  aspirations  et  des  difficultés  qu'il  doit  vaincre 
pour  les  réaliser.  Ces  conférences  avaient  pour  titres  :  La  Race 
latine;  —  Origine  du  peuple  roumain;  —  Rôle  des  Roumains  vis-à- 
vis  de  la  Renaissance;  —  l'Influence  intellectuelle  française  chez  les 
Roumains;  —  Influence  politique  de  la  France;  —  Les  Roumains 
des  pays  soumis  (5  millions  d'âmes);  —  État  économique;  ■ —  Etat 
intellectuel.  Elles  se  lisent  avec  plaisir  et  sans  fatigue;  elles  témoi- 
gnent d'une  sincère  sympathie  pour  la  France,  où  M.  Xénopol  a  ter- 
miné d'ailleurs  ses  études  et  où  il  compte  beaucoup  d'amis.         S. 


Tlie  Celtie  Insor iptioiiB  cf  Gaul.  AdditionB  and  Corr«ctf «ne 

byJoHNRHYS.  London,  Frowde,  1911,   in-8  de  100  p.,   avec  planchts.   — 
Prix;  13  fr.  15. 

Personne  ne  connaît  aujourd'hui  les  anciennes  inscriptions  celti- 
ques ou  gauloises  aussi  bien  que  Sir  John  Rhys,  non  seulement  comme 
philologue,  mais  aussi  comme  archéologue.  Il  a  voulu  les  examiner 
toutes  par  lui-même  et  il  a  tenu  en  mains  leurs  plus  petits  fragments. 
Les  principales  sont,  comme  on  sait,  dans  le  midi  de  la  Gaule  (et  en 


--  170  — 

IcUros  grecques)  ou  clans  lo  nord  de  ritalic  (en  caractères  italiotes)' 
q\iclques  autres  aussi,  mais  moins  importantes  (et  en  lettres  latines), 
(lans  diverses  parties  de  notre  territoire.  Et  dans  l'est,  dans  l'ancienne 
Séquanie,  le  Calendrier  gaulois  de  Coligny  est  encore  matière  à  bien 
dos  controverses, 

L'éminent  celtiste  d'Outre-Manche  avait  déjà  décrit  et  étudié  ces 
débris  de  la  langue  gauloise,  et  cela  dans  plusieurs  mémoires  très 
étendus  que  contiennent  les  Proceedings  de  l'Académie  britannique. 
Ce  nouveau  mémoire  porte  encore  le  même  titre,  comme  «  Additions 
et  corrections  »;  il  est  accompagné  de  très  nombreuses  planches  en 
photo-gravure,  de  façon  que  lis  lecteur  ait  sous  les  yeux  les  docu- 
ments épigraphiques  eux-mêmes.  Ce  sont  des  études  de  détail,  et, 
d'ordinaire,  du  plus  minutieux  détail  :  restitution  de  fragments  de 
textes,  interprétation  des  noms  et  des  mots.  Dans  bien  des  cas,  cette 
interprétation  ne  peut  être  que  conjecturale;  mais  la  maîtrise  avec 
laquelle  Sir  John  Rhys  domine  la  philologie  celtique  et  la  grammaire 
comparée  donne  la  plus  grande  valeur  à  ses  conjectures,  si  elle  ne  peut 
toujours  entraîner  la  certitude. 

Cette  étude,  faite  de  détails,  ne  peut  s'analyser,  malgré  son  im- 
portance pour  les  études  gauloises.  Nous  mentionnons  seulement  : 
1°  que  l'auteur  apporte  quelques  corrections  de  détail  à  ses  ancien- 
nes lectures  et  explications  du  Calendrier  de  Coligny;  2"  qu'il  soumet 
à  un  examen  plus  précis  les  inscriptions  en  lettres  grecques  de  la 
Vallée  du  Rhône,  celle  surtout  qui  contient  Tassez  énigmatique  hra- 
toiide.  Ces  inscriptions  avaient  été  considérées  comme  gauloises  lorsque 
M.  d'Arbois  de  Jubainville  prétendit  y  voir  simplement  du  mauvais 
latin  populaire  du  pays  :  Sir  John  Rhys  revendique  et  défend  leur 
celticité,  et  avec  toute  raison,  ce  nous  semble. 

On  peut  regretter  que  ce  mémoire,  qui  forme  un  véritable  volume, 
ne  soit  pas  accompagné  d'une  table  des  matières  et  surtout  d'un 
index  verhorum  avec  lequel  on  .puisse  tirer  parti  des  interprétations  et 
rapprochements  philologiques  dispersés  parmi  les  pages  ou  les  notes. 
Ce  mémoire  n'est  sans  doute  pas  le  dernier  de  la  série,  car  l'auteur, 
qui  ne  cesse  de  visiter  pendant  ses  vacances  les  musées  de 
France  et  d'Italie,  liera  une  dernière  gerbe  de  ces  glanes  :  ce  sera  le 
moment  de  donner  pour  la  série  de  ces  mémoires  un  bonIndex,comme 
il  en  a  toujours  donné  à  ses  ouvrages  de  philologie  ou  d'histoire  litté- 
raire. H.   Gaidoz. 


—  171  — 

PnloografiM  groca  e  làtina  di  E.  M.  Thompson.  Traduzione  rlnll'in- 
glese  coa  at^giu-it.e  n  notft  di  (îiusbpph  FuMA.GALLr.  3»  edizione  rivedula 
ed  ainpliala.  [Manuali  //oepJt).  Milano,  Hoepli,  1911,  iii-16  cartonné  de  xi- 
208  p.,  avec  38  fig.  et  8  pi.  —  Prix  :  3  fr. 

Ije  JVote  liroiiaine,  di  Giusbppr  Pbrugi.  Roaia,  Bretschneider,  1911,  in- 
fol.  de  Lxxxut-t99  p.  et  3  pi.  —  Prix:  20  fr. 

li'iieere  S«'Iiriït,  drci  AbhmuUimgpn  ziir  Einfuhrung  in  die  Geschidile  der 
SchHft  und  des  Buchdrucks.  von  Dr  Ka.bl  Brandi.  GolUngen,  Vandanbroeck 
iiud  Buprecht,  1911,  iu-8  de  xii-80  p.  avec  89  Dg.  et  6  ff.  de  facsim.  — 
Prix:  3  fr.  15. 

Die  devitfsvlie  SeSirift  nnd  das  Aiisland,  4uj2;enai>zte  «ind 
.Sclii'illli'ase,  von  Gustav  Rupreght.  Extrait  un  Bors'nhLill,  1911, 
r.eipzig,  Druck  von  Ramm  und  Seemann,  s.  d.,  in-8  de  32  p.  —  Prix; 
0  fr.  1o. 

M.  E.  Maunde  Thompson  est  sans  conteste  l'un  des  plus  éminents 
paléographes  de  l'Angleterre;  l'article  qu'il  a  consacré  en  1885  à  la 
paléographie  dans  Y Encydopsedia  britannica  est  assurément  un  aperçu 
rédigé  de  main  de  maître  do  l'histoire  des  anciennes  écritures;  suffisant 
pour  donner  une  idée  générale  de  cette  branche  des  études,  peut-on 
vraiment  le  considérer  comme  un  manuel?  il  est  bien  condensé  et  bien 
sommaire  pour  suffire  à  qui  voudrait  aborder  sans  autre  guide  l'étude 
de  la  paléographie.  Cependant,  sous  la  forme  que  lui  a  donnée  M.  Giu- 
soppe  Fumagalli  pour  le  faire  entrer  dans  l'excellente  collection  des 
Manuali  Hoepli,  il  a  obtenu  un  véritable  succès  en  Italie,  puisque 
deux  éditions  parues  en  1890  et  1899  ont  été  successivement  épuisées 
et  que  M.  Fumagalli  a  été  obligé  d'en  rédiger  une  troisième. 
^  Naturellement,  les  additions  que  M.  Fumagalli  a  faites  au  texte 
anglais  — indépendamment  des  remaniementsnécessités  par  le  progrès 
des  études  paléographiques  au  courant  duquel  M.  Fumagalli  a  soigneu- 
sement tenu  sa  bibliographie  —  portent  surtout  sur  ce  qui  concerne 
l'Italie.  Peut-être  même  a-t-il  un  peu  trop  oublié  son  titre  :  «  Paléo- 
graphie grecque  et  latine  )i, puisque  sur  les  fac-similés  qui  illustrent  son 
texte,  plus  du  quart  sont  consacrés  à  la  langue  vulgaire  (fig,  27-38  et 
pi.  VI).  Par  contre,  la  partie  illustrative  du  volume  est  bien  maigre  en 
ce  qui  concerne  la  paléographie  grecque  :  pas  une  planche  ne  lui  est 
consacrée,  les  fac-similés  insérés  dans  le  texte  sont  bien  peu  de  chose. 
La  paléographie  grecque  semble  sacrifiée. 

,  Les  fac-similés  que  donne  M.  Fumagalli  sont  généralement  accom- 
pagnés de  transcriptions  (sauf,  je  ne  sais  pourquoi ,  ceux  des  fig.  27-38)  ; 
ces  transcriptions  ne  sont  pas  toujours  parfaitement  exactes.  Pour  ne 
prendre  qu'un  exemple,  les  mômes  caractères  de  la  pi.  VI  sont  trans- 
crits 1.  5  simiglante  et  1.  7,  plus  correctement,  somiglante;  à  la  même 
1.  7  forsi  n'est  sans  doute  qu'une  faute  d'impression  et  non  de  lecture, 
pour  fossi.  Entre  autres  points  qui  appelleraient  des  corrections  dans 
une  prochaine  édition,  nous  signalerons  ce  qui  est  dit  des    préten- 


—  172  -. 

dvis  iiKHilins  à  papier  en  France  à  la  fin  du  xiii^  siècle;  une  note  de 
M.  Joseph  Berthelr  a  rectifié  cette  erreur  accréditée.  Est-il  Lien  exact 
de  dire  (p.  -^i)  qu'après  la  découveite  de  l'imprimerie, l'écriture  calli- 
ij-raphique  disparait?  P.  152,  Sanwran  est  une  faute  d'impression  pour 
Samaraii. 

—  Le  déchiffrement  des  notes  tironiennes  est  une  des  difficultés 
qui  embarrassent  le  plus,  généralement,  les  paléographes;  le  nombie 
des  érudits  qui  se  sont  familiarisés  avec  les  notes  tironiennes,  bien 
qu'il  tende  à  augmenter  depuis  quelques  années,  demeure  néanmoins 
assez  restreint.  M.  Giuseppe  Lorenzo  Perugi  pense  avoir  trouvé  des 
principes  qui  en  facilitent  la  lecture  et  qui  en  éclaircissent  l'origine. 
Dans  son  volume,  certainement  fort  intéressant,  il  me  semble  mettre 
bien  en  lumière  que  trop  souvent  on  a  interprété  les  notes  un  peu 
au  hasard,  que  Kopp,  par  exemple,  a  commis  quelques  fautes  de 
lecture.  Mais  quand  M.  Perugi  déclare  que  les  paléographes  «  s'obsti- 
nent à  vouloir  voir  le  conventionalisme  dans  les  notes  tironiennes  «, 
il  me  paraît  exagérer  un  peu  :  M.  Jusselin,  par  exemple,  dans  le  Manuel 
de  paléographie  de  M.  Prou  (3®  édition,  p.  118),  dit  très  nettement  : 
«  Les  notes  tironiennes  ne  sont  pas  une  écriture  conventionnelle, 
mais  une  écriture  littérale  ». 

On  regarde  en  général  les  caractères  tironiens  comme  dérivés  des 
lettres  romaines;  M.  Perugi  prétend  prouver  qu'ils  viennent  des  an- 
ciens alphabets  italiques;  ses  raisonnements  n'entraînent  pas  la  con- 
viction; si  pour  quelques  signes  l'emprunt  aux  anciens  alphabets  ita- 
liques semble  visible,  il  ne  faut  pas  oublier  ce  fait  —  que,  d'ailleuis, 
reconnaît  M.  Perugi  —  que  plus  d'une  fois  les  caractères  italiques  se 
trouvent  mêlés  —  dans  des  inscriptions,  par  exemple  —  aux  carac- 
tères romains  ordinaires. 

La  plus  grosse  partie  du  volume  est  formée  par  un  dictionnaire  de 
notes  tironiennes  (au  nombre  de  1358),  qui  rendra  des  services  aux 
travailleurs.     ^'  • 

—  La  question  de  l'écriture  a  soulevé  en  Allemagne  d'ardentes 
polémiques,  dans  lesquelles  le  patriotisme,  ou  pour  mieux  dire  le  chau- 
vinisme, a  joué  naturellement  son  rôle  :  l'on  a  voulu  voir  une  atteinte 
à  la  patrie  germanique  dans  la  substitution  des  caractères ditsromains 
aux  caractères  dits  gothiques  dans  les  livres  imprimés  et  l'on  a  regardé 
comme  sacrilège  la  proposition  de  quelques-uns  de  faire  subir  à  l'écri- 
ture courante  tfne  modification  analogue.  Onpouvaits'attendre  qu'en 
écrivant  sur  la  question,  M.  Karl  Brandi  ne  se  laisserait  pasentraîner 
aux  insanités  qu'un  faux  patriotisme  a  fait  jeter  comme  arguments 
dans  la  querelle.  C'est  en  paléographe  qu'il  examine  la  question  et  son 
livre  vaut  la  peine  d'être  signalé  ici.  11  considère  justement  que  l'écri- 
ture, produit  et  signe  de  la  civilisation,  est  sujette  à  une  évolution 


—  173  — 

perpétuelle;  il  reconnaît  que  l'on  ne  peut  parler  d'une  écriture  ger- 
manique qui  se  serait  transmise  à  travers  les  siècles;  il  esquisse  une 
histoire  générale  de  l'évolution  de  l'écriture  et  il  nous  donne,  notam- 
ment dans  son  second  chapitre  (Histoire  des  formes  des  lettres),  des 
indications  précises  sur  la  façon  dont  s'est  formée  l'écriture  allemande 
actuelle  :  c'est  une  histoire  partielle  — il  n'estime  pas  que  l'on  soit  en 
mesure  d'écrire  d'une  manière  à  peu  près  complète  cette  histoire  — 
de  l'écriture  allemande  qu'il  nous  donne  :  des  figures  bien  choisies  et 
suffisamment  abondantes  illustrent  le  texte  et  le  rendent  plus  intel- 
ligible. Le  troisième  chapitre  examine  la  question  du  but  de  l'écriture 
et  des  lois  du  style.  L'opinion  personnelle  de  M.  Brandi  est  en  faveur 
d'une  solution  mixte  qui,  tout  en  empruntant  certains  caractères  à 
l'écriture  latine,  garderait  certaines  des  lettres  allemandes  actuelles 
(les  deux  s,  par  exemple;  les  liaisons  de  st  et  sz,  etc.). 

—  La  brochure  de  M.  G.  Ruprecht  est  une  œuvre  de  polémique  sur 
laquelle  nous  ne  saurions  nous  arrêter  longtemps.  Il  est  quelque  peu 
paradoxal  de  prétendre  que  la  clarté  ot  la  simplicité  d'une  écriture 
n'aident  pas  à  la  rendre  plus  lisible;  et  je  ne  crois  pas  que  la  majorité 
des  étrangers  préfèrent  lire  l'allemand  en  caractères  germaniques. 
L'argument  tiré  de  l'utilité  qu'il  y  aurait  d'avertir  l'étranger,  par 
l'emploi  de  caractères  différents  de  ceux  qu'ilemploiedanssalangue,de 
la  différence  de  la  prononciation  n'est  que  spécieux.  A  ce  compte, 
chaque  langue  devrait  se  composer  un  alphabet  particulier. 

E.-G.  Ledos. 


BULLETIN 

Theolo;;Iae  moralls.i^r'ojîi-aminn  accomodatunn  operi  PP.  GURY-Fkr- 

KERBS  a  R.'R.  Francisco  Pena.  Barcelona,  Subiraua,  1911,  in-12   dj  60  {). 

Simple  programme  ou  analyse  détaillée  du  cours  de  théologie  morale  pu- 
bliée par  le  P.  Ferreres,  cet  opuscule  peut  servir  de  questionnaire  pour  un 
examen.  Il  n'aura  d'utilité  bien  pratique  que  pour  ceux  qui  ont  en  mains 
l'ouvrage  auquel  il  correspoud.  C-  S. 


La  Vlerge-Pi-ètre,  examfin  théologique  d'un  titre  et   d'une    doctrine,     par   le 
R.  P.  EDOUARD  lIuGON.  Piris,  Téqui,  1911,  in-12  de  39  p. 

Dans  ces  quelques  pages,  le  P.  Hugon  expose  très  nettement  quel  sens 
peut  avoir  ce  titre  de  Vierge-Prêtre  donné  souvent  à  Marie.  Écai-tant  les 
intei-préta lions  exagérées,  il  reconnaît  à  la  T.  S.  Vierge  non  pas  le  sacerdoce 
substantiel  de  Jésus-Christ,  non  pas  le  sacerdoce  sacramentel  des 
ministres  de  l'Église,  mais  un  sacerdoce  métaphorique  tout  spécial  et  d'un 
degré  tout  à  fait  supérieur  au  sacerdoce  métaphorique  des  autres  fidèles. 

Ij'auteur  n'entre  dans  aucun  développement,  mais  ce  qu'il  dit  suffit 
pour  justifier  sa  pensée  et  pour  maintenir  la  piété  dans  la  ligne  de  l'ortho- 
doxie, es. 


—  174  — 

■*eilt  Munuel  pratique  contenant  le  l'ègleiuent  général  <Io  In 
ii^oulétô  do  Saiut-vincent  do  Panl,  avec  notes  explictlives  à 
Ihisuge  des  inemhres  de  la  Conférence  Saint-Jean  l^Aumônitr  de  Htme,  par  deux 
membres  delà  même  Conférence.  Homa,  tip.  Desciée,  1012,  in-32de  IGOp. 
—  Prix  :  1  fr. 

Bien  qu'il  existât  déjà  en  français  un  petit  manuel  de  ce  genre,  édité  à 
Paris  par  la  Société  de  Saint- Vinrent  de  Paul,  deux  membres  de  la  t'.on- 
férence  Saint-Jean  l'Aumônier  à  Rome  n'ont  pas  jugé  inutile  de  publier 
cet  opuscule,  dans  lequel  ils  ont  joint  à  des  renseignements  généraux, 
exactement  et  clairement  présentés,  des  renseignements  spéciaux  sur  ladite 
ronf(;rence.  Elle  est  d'origine  récente,  ayant  été  agréée  en  1910.  Elle  se  dé- 
clare absolument  internationale.  Elle  tient  ses  séances  hebdomadaires  chez 
les  RR.  PP.  augustins  de  l'Assomption,  plazza  d'Ara  "Cœli,  11. 

A.  DES  R. 


jLe  Roman  du  liy»,  par  GEORGES  Lanok.  Paris,  Messein,  1911,   in-12  de 
246  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  livre  laisse  une  impression  étrange  au  lecteur  peu  au  courant  des  doc- 
trines cabalistes  et  des  diverses  formes  d'ésotérisme  qui  reviennent  tour  à 
tour  à  la  mode.  Il  est  difficile  d'avoir  plus  de  lecture  que  l'auteur  et  moins 
de  critique.  Comme  tant  d'autres,  il  a  été  frappé  des  sentiments  artistiques 
dont  ont  fait  p.euve  les  hommes  d'une  époque  bien  lointaine,  où  on  ne  con- 
naissait pas  la  plupart  des  éléments  qui  nous  semblent  indispensables  à  la 
vie  civilisée,  et  il  reprend  à  son  tour  cette  hypothèse  qu'il  y  a  là  les  épaves 
d'une  haute  civilisation  abîmée  sous  les  flots.  Il  revient  au  roman  de  l'At- 
lantide exposé  par  Platon  dans  le  Critias,  et  y  ajoute  beaucoup  de  symboles 
interprétés  au  mieux  de  sa  thèse.  C'est  la  partie  du  livre  dont  l'auteur  est  le 
plus  satisfait.  Il  donne  ses  hypothèses  géographiques  pour  ce  qu'elles  sont, 
malgré  la  confiance  qu'elles  lui  inspirent,  d'où  le  titre  du  livre,  mais  à 
l'égard  de  la  symbolique  il  est  sûr  d'être  dans  la  bonne  voie.  On  jugera  de 
sa  méthode  par  le  commentaire  du  chapitre  V  de  l'Évangile  de  saint  Jean. 
La  Samaritaine  y  devient  une  personnification  du  pays  de  Samarie;  ses 
cinq  maris  des  prophètes  nationaux,  celui  avec  qui  elle  est  un  prophète 
étranger,  saint  Jean  Baptiste;  l'eau  est  une  initiation  et  la  profondeur  du 
puits  en  indique  l'antiquité.  Il  s'agit,  en  effet,  du  vieux  rite  de  Bethel,  la 
religion  mégalithique,  que  professaient  les  patriarches,  et  qui  venaient  de 
l'Atlantide. 

Les  opinions  de  M.  Lanoë  offrent  beaucoup  plu.s  d'intérêt  lorsqu'il  expose 
les  motifs  de  soupçonner  que  les  voyages  d'Ulysse  ont  pu  s'étendre  hors  de 
la  Méditerranée  et  en  territoire  celtique.  Dans  l'île  d'Ogygie,  la  plante 
ayant  l'habitat  le  plus  méridional  est  la  vigne.  Circé,  qui  a  plus  ou  moins 
une  physionomie  de  prêtresse  celtique,  fait  du  feu  toute  l'année  dans  son 
île  d'Aea  et  le  chêne  est  le  seul  arbre  de  ses  forêts,  l'osier  le  seul  arbrisseau. 
Les  brouillards  du  pays  des  Cimmériens  ne  sont  admissibles  que  dans 
l'Europe  septentrionale.  Du  reste,  nous  savons  par  Hérodote  que  les  vierges 
hyperboréennes  qui  apportaient  des  offrandes  à  Délos  venaient  de  la  Bal- 
tique. F.   DK   VlLLE.\OISY. 


—  175  — 

La  Culture  pi-ofonilo  et  Ici»  améliorations  ronelères,  par  HbmY 
DuMONT.  Paris,  Larousse,  s.  p,,  petit  in-8  de  104  p.,  avec  33  gravures; — 
Prix:  1  fr.  50. 

(?est  une  erreur  de  croire  que  les  plantes  tirent  leur  nourriture  dans  les 
quinze  à  seize  centimètres  de  terre  que  la  charrue  remue  tous  les  ans  dans  nos 
champs.  Des  racines  de  betterave,  de  luzerne,  de  blé  peuvent,  en  effet, 
atteindre  une  longueur  qui  dépasse  deux  mètres,  De  plus,  dans 
les  terres  peu  profondément  l^Lbourées^  les  plantes  souffrent  d'un  excès 
d'humidité  l'hiver  et  de  la  sécheresse  en  été;  aussi  la  préparation  du  sol 
sur  une  grande  profondeur  est- elle  un  progrès  à  réaliser. 

Après  avoir  indiqué  les  raisons  qui  motivent  les  labours  profonds,  l'auteur 
examine  les  diverses  manières  de  les  exécuter  et  termine  par  l'indication 
de  nombreux  exemples  de  domaines  où  la  culture  profonde  a  donné  de  bons 
résultats,  ce  qui  est  la  meilleure  preuve  de  son  utilité.  D.  B. 


notations  et  assolf^uients,  par  F.  Parisot.  Paris,  Larousse,  s.  d.,  in-8  de 
134  p.—  Prix  :  2  fr. 

On  semble  méconnaître  de  plus  en  plus,  depuis  un  certain  nombre  d'an- 
nées, l'importance  des  rotations  et  des  assolements  dans  les  exploitations 
agricoles.  Les  progrès  du  machinisme  qui  facilitent  le  nettoyage  du  sol; 
l'emploi  de  plus  en  plus  grand  des  engrais  minéraux,  qui  permet  de  restituer 
au  sol  ce  que  les  récoltes  lui  ont  enlevé;  la  lutte  plus  efficace  contre  les  pa- 
rasites animaux  et  végétaux,  permettent  en  effet,  dans  une  certaine  mesure, 
la  répétition  des  cultures  sur  un  même  sol.  Cependant,  les  lois  relatives  à  la 
succession  et  à  la  répétition  des  cultures  n'ont  rien  perdu  de  leur  valeur  et 
leur  connaissance  est  aussi  nécessaire  aujourd'hui  qu'autrefois.  Dans  son 
livre,  l'auteur  examine  tout  ce  qui  est  relatif  à  ces  questions,  les  moyens  à  era- 
plover  pour  éviter  leurs  inconvénients  et  profiter  de  leurs  avantages. 

D.  B. 


Le   Légendali-e  du  Alont    Salnt-Mlehel,     par    ETIENNE    DUPONT,     Paris, 

1911,  in-)6  de  173  p.  — Prix  :  3  fr. 

Après  avoir  consacré  au  Mont-Saint-Michel  plusieurs  livres  de  pure  éru- 
dition, l'auteur  a  cru  devoir  donner  satisfaction  aux  esprits  curieux  qui 
s'intéressent  aux  contes  que  l'illustre  abbaye  a  suscités.  Tout  un  folk-lore 
spécial  a  poussé  pour  ainsi  dire  entre  les  fentes  des  pierres.  Un  savant 
Avranchinais,  M.  Edouard  Le  Hericher,  avait,  jadis,  eu  l'idée  de 
recueillir  les  légendes  montoises;  mais  ce  projet  n'eut  pas  de  suite.  Remer- 
cions M.  Etienne  Dupont  d'avoir  préservé  de  l'oubli  les  histoires  men/eil- 
leuses  qu'il  nous  narre  avec  infiniment  de  charme.  Telles  sont  :  Le  Loup 
converti,  Bain  VEnjantelet,  le  Serpent  d'Irlande,  la  vision  de  Vévêque  Norgod 
racontée  aussi,  dans  V  Univers  du  mois  de  septembre  1910,  par  S.H.Mac  Leod, 
la  Clameur  des  Moines,  les  Tribulations  de  Jean  Douville,  la  Feuille  de  lierre, 
le  petit  Pastoureau,  etc. 

Ce  légendaire  est  des  plus  précieux.  Mais  il  ne  renferme  pas  tous  les  contes 
michaelesques.  Si  M.  Etienne  Dupont  interrogeait  les  pêcheurs  de  la  baie  je 
suis  persuadé  cm 'il  trouverait  facilement  la  matière  d'un  second  volume. 

O.  H. 


—  176  — 

iwos  Ca<hé«ii-«Iee,  par  A.  Broquklet.  Paris,  Garnier,  s.d.,'in-l2  de  viu-SOS  p, 
avec  de  nombr.  j,'rav.  —  pjix  :  5  fr. 

Ce  livre  a  été  écrit  avec  l'idée  de  coopérer  à  la  campagne  entreprise  par 
M.  Maurice  Barres  pour  sauver  nos  édifices  religieux  menacés  par  le  néo- 
vandalisme de  nos  révolutionnaires.  Une  Lettre-préface  de  M.  Barrés  est 
imprimée  en  tête  du  volume.  Des  gra\-ures  choisies  avec  un  sens  très 
artistique  font  passer  sous  les  yeux  du  lecteur  la  plupart  des  cathédrales 
des  diocèses  anciens  et  actuels  de  France.  Malheureusement,  le  texte  qui 
les  accompagne  fourmille  d'erreurs  et  doit  être  considéré  comme  inexis- 
tant; en  sorte  que  le  volume  n'est,  à  proprement  parler,  qu'une  jolie  col- 
lection de  cartes  postales.  P.  Pisani. 

Que!>>tion»  uniéricMi^àei»,  par  Paul-Théodore  Vibert.  Pari'',  Schleicher, 
s.  d.,  petit  in-l(3  de  112  p.  —  Prix  :  1  Ir. 

Le  nom  seul  de  M.  Paul-Théodore  Vibert  suffit  pour  faire  pressentir  dans 
quel  esprit  seront  traitées  les  questions  américaines  dont  l'étude  remplit  ce 
petit  volume:  esprit  de  fougueux  anticléricalisme,  d'intolérance  religieuse 
apparaissant  à  propos  de  tout,  ou  plutôt  à  propos  de  rien.  C'est  ce  que  cons- 
tatera bien  vite  le  lecteur  des  deux  chapitres  dont  la  réunion  constitue  cette 
plaquette;  dans  le  premier,  fougueuse  apologie  du  Vénézuélien  Castro,  il 
relèvera  une  virulente  attaque  contre  un  clergé  catholique  français  qui, 
dans  la  plupart  des  républiques  de  l'Amérique  centrale  et  du  nord  de 
l'Amérique  méridionale,  «  est  toujours  à  la  tête  des  révolutions,  en  a  le  génie 
avec  le  machiavélisme,  avec  le  manque  de  préjugés  qui  distingue  les  jé- 
suites, etc.,  etc.»  (p.  27);  quant  au  second,  et  au  plus  développé,  il  nous  suf- 
fira de  dire  comment  il  est  intitulé:  «la  Domination  cléricale  à  Saint-Pierre 
et  Miquelon  ».  J'aurais  mauvaise  grâce  à  insister  sur  ces  venimeuses  atta- 
ques; signalons  leur  existence  et  détournons-nous  aussitôt. 

Henri  Froidevaux. 


CHRONIQUE 


NÉCROLOGIE.  —  La  mort  prématurée  de  M.  Henri  Poincaré,  docteur 
ès-sciences,  président  de  la  Société  astronomique  de  Franco,  professeur  à 
la  Sorbonne,  membre  de  l'Académie  des  sciences  et  de  l'Académie  fran- 
çaise, est  une  très  grande  perte  pour  la  science  et  le  monde  savant.  Né 
à  Nancy  le  29  a.ril  1854,  il  fut  enlevé  le  17  juillet  dernier  par  une  embo- 
lie. C'était,  au  dire  de  ses  confrères  de  l'Institut,  le  premier  géomètre  de 
l'Europe,  en  même  temps  qu'un  physicien  et  un  astronome  de  haute 
valeur.  11  savait  s'élever  à  ces  considérations  d'ordre  supérieur  qui  cons- 
tituent la  philosophie  de  la  science;  aussi,  bien  qu'il  fût  malheureuse- 
ment indifférent  en  matière  religieuse,  ses  ouvrages  réduisent-ils  à  néant 
la  prétention  des  primaires  et  des  savants  à  parti  pris  à  faire  de  la  Science 
(a^ecun  grand  S)  la  religion  de  l'avenir.  Élu  membre  de  l'Académie  des  scien- 
ces en  1886,  il  le  fut  de  l'Académie  française  en  1908;  mathématicien- 
philosophe,  il  y  remplaçait  le  poète-philosophe  Sully-Prudhomme.  11  a 
publié  successivement  :  Throrie  matJu'tnatiqac  de  la  lumière  (Paris,  2  vol., 
1889,  1892);  —  Thermodynamique  (Paris,  1892);  —  Théorie  de  Vélectri- 
r.ité  (Paris,  1892);  —  Mdhodes  nouvelles  de  la  mécanique  céleste  (Paris, 
3  vol.,    1893);  —  Capillarité    (Paris,    1895);  —  Thé'orie    analytique    de   la 


—  177  — 

propagation  de  la  chaleur  (Paris,  1895);  —  Calcul  des  proT)abilités  (Paris, 
1896);  —  Électricité  optique  (Paris,  1901);  —  La  Science  de  Vhypothèse 
(Paris,  1902);  —  Théorie  des  tourbillons  (Paris,  1903);  —  Valeur  de  la 
science  (Paris,  1905);  —  et  enfin  Leçons  sur  les  hypothèses  cosmogoniques, 
(Paris,   1911).  C.   de    Kirvan. 

—  M.  Alfred-Jules-Émile  Fouillée,  philosophe  et  écrivain  dlstingvé, 
membre  de  l'Institut,  est  mort  subitement  à  Lyon,  au  milieu  de  juillet, 
à  74  ans.  Né   à   la   Pouëze   (Maine-et-Loire),    le  18  octobre   1838,    il  fit 
ses  études  au   lycée  de  Laval,  où  il  fut  maître  d'études,  puis  se  rendit  à 
Paris,  où  il  donna  des  leçons  comme  professeur  libre.  Peu  de  temps    après 
il  entra  dans  l'Université  et  fut  attaché  successivement  aux  collèges  de 
Louhans  et  d'Auxerre  et  au    lycée  de  Carcassonne.  Puis,  ayant  obtenu,  en 
1864,  le   premier  rang  au  concours  d'agrégation   de  philosophie,  il   alla 
professer  aux  lycées  de  Douai,  puis  de  Montpellier,  et  obtint  finalement 
la  chaire  de  philosophie  de  la  Faculté  des    lettres  de  Bordeaux,   après 
avoir   été  reçu  docteur  ès-lettres  en  1872.  Il  ne  tarda  pas  à  être  appe'é 
à  Paris  con^me  maître  de  conférences  à  l'École  normale  supérieure,  mais 
sa  mauvaise  santé  l'obligea  bientôt  à  abandonner  ce  poste.  Admis  à  la 
retraite  en  1879,  il  alla  se  fixer  à  Menton.  Il  avait  été  élu  membre  cor- 
respondant  de   l'Académie   des  sciences   morales   et  politiques  le  4  mai 
1872.   Outre  ses  deux  thèses  :  Platonis  Hippias  minor  sive  socratica  con- 
tra   liberuni     arbitrium     argumenta    (Paris,    1872,      in-8)    et     la    Liberté 
et    le    déterminisme    (  Paris,     1872,    in-8),    dont  la    seconde    provoqua 
d'ardentes    discussions    dans    la     presse,     M.    Fouillée     a    publié  :    La 
Philosophie  de  Platon  (Paris,  1869,  2  vol.  in-8;  2^  édit.  1888-1889,  4  vol. 
in-18);  —  La  Philosophie  de  Socrate  (Paris,   1874,    2   vol.   in-8);  —  His- 
toire de  la  philosophie  (Paris,  1875,  in-8);  —  L'Idée  moderne  du  droit  en 
Allemagne,  en  Angleterre  et  en  France  (Paris,  1878,  in-8);  —  La  Science 
sociale    contemporaine    (Paris,  1880,     in-8);    ■ — ■    Critique    des    systèmes  de 
morale    contemporaine    (Paris,    1883,    in-8);  —  La    Propriété    sociale  et  la 
démocratie  (Paris,  1884,  in-8);  —  L'Avenir  de  la  tnétaphysique  fondée  sur 
V expérience  (Paris,  1889,  in-8);  —  La  Morale,  l'art  et  la  religion  d'après 
M.     Guyau  (Paris,    1889,    in-8);  —  L'Évolution    des     idées-forces    (Paris, 
1890,    in-8);  — •  L'Enseignement    au    point    de    vue    national  (Paris,  1891, 
in-12);  —  Descartes,  dans  la  collection  «  Les  Grands  Écrivains  français  « 
(Paris,   1893,  in-12);  —  Tempéraments  et  caractères  suivant  les  individus, 
les  sexes  et  les  races  (Paris,  1895,  in-8);  —  La  Psychologie   des   idées-forces 
(Paris,  1893,  in-8);  —  Le  Mouvement  positiviste  et  la  conception  sociologique 
du   monde  (Paris,    1896,    in-8);  —  Le   Mouvement   idéaliste   et   la  réaction 
contre  la  science  positive  (Paris,  1896,  in-8);  —  Études  récentes  de  sociologie 
(Paris,  1896,  gr.  in-8);  —  La  France  au  point  de  vue  moral  (Paris,  1900, 
in-8);  —  La  Conception  morale  et  civique  de  l'enseignement  (Paris,   1901, 
in-12);  —  Nietzsche  et  l'immoralisme  (Paris,  1902,  in-8);  —  Esquisse  psy- 
chologique   des    peuples  européens    (Paris,    1903,    in-8);  — ■  Le  Moralisme 
de  Kant  etl'Amoralisme  contemporain  (Paris,  1905,  in-8);  — •  Le  Socialisme 
et  la  Sociologie  réformiste  (Paris,  1909,  in-8).  On  a  longtemps  attribué  à 
tort  à  M.  Fouillée  une  série  de  remarquables  livres  de  lecture  et  d'ins- 
truction pour  les  écoles  qui,  publiés  sous  le  pseudonyme  de  G.  Bruno, 
étaient  l'œuvre  de  M'"^  Fou^illée. 

—  M.  Joannès  Cmatin,  l'éminent  naturaliste,  membre  de  l'Académie 
des  sciences  et  de  l'Académie  de  médecine,  est  mort  au  commencement 
de  juillet,  au  château  de  la  Romanie,  aux  Essarts-le-Roi  (Seine-et-Marne), 

AOUT  1912.  T.  CXXV.  12. 


—  178  — 

à  65  ans.  Il  est  né  à  Paris,  le  19  aoiit  1847.  Après  de  brillantes  études 
au  1  cée  Saint-Louis,  il  se  fit  recevoir  docteur  en  médecine  en  1871  et 
docteur  ès-sciences  en  1872.  Ayant  débuté  dans  l'armée  comme  aide- 
major  à  l'armée  du  Rhin,  puis  à  l'armée  de  Paris,  il  rentra  dans  la  vie 
civile  et  fut  successivement  professeur  agrégé  à  l'Ecole  supérieure  de 
pharmacie,  répétiteur  à  l'École  des  hautes  études  et  maître  de  conférences 
à  la  Faculté  des  sciences.  Enfin,  en  1887,  il  fut  nommé  professeur  à 
cette  même  Faculté.  Le  25  mai  1886,  il  fut  élu  membre  de  l'Académie  de 
médecine,  dans  la  section  de  pharmacie.  Parmi  les  importants  ouvrages 
que  laisse  M.  Joannès  Chatin,  dont  la  plupart  ont  été  couronnés  par 
l'Académie  des  sciences,  nous  citerons  :  Études  botaniques,  chimiques  et 
médicales  sur  les  valêrianées  (Paris,  1872,  gr.  in-8),  thèse  pour  le  doctorat; 
• — Du  Siège  des  substances  actives  dans  les  plantes  médicinales  ^ Paris,  1876, 
in-8);  ■ —  Les  Organes  des  sens  dans  la  série  animale,  leçons  d'anatomie 
et  de  physiologie  faites  à  la  Sorbonne  (Paris,  1880,  in-8);  —  La  Trichine 
et  la  trichinose  (Paris,  1883,  in-8);  —  Contributions  expérimentales  à 
Vétude  de  la  chromatopsie  chez  les  batraciens,  les  crustacés  et  les  insectes 
(Paris,  1881,  gr.  in-8);  —  La  Cellule  nerveuse.  Éludes  d'histologie  zoolo- 
gique sur  la  forme  dite  myélocyte  i  Paris,  1890,  in-8);  —  Recherches  sur 
Vanguiiiule  de  la  betterave  (Paris,  1892,  gr.  in-8);  —  La  Cellule  animale, 
sa  structure  et  sa  vie  (Paris,  1892,  in-12);  —  Organes  de  nutrition  et  de  re- 
production chez  les  invertébrés  (Paris,  1894,  in-16);  —  Les  Organes  de 
relation  chez  les  vertébrés  (Paris,  1894,  in-16);  ■ —  Organes  de  relation  chez 
les  invertébrés  (Paris,  1894,  in-16);  • —  La  Mâchoire  des  insectes.  Détermi- 
nation de  la  pièce  directrice  (Paris,  1896,  in-8);  ■ — ■  Sur  la  Nocivité  des 
huîtres  (Paris,  1897,  in-8). 

—  Les  amis  des  lettres  françaises  n'ont  pas  appris  sans  une  doulou- 
reuse émotion  la  nouvelle  de  la  mort  de  M.  Michel  Salo:.:on.  Son  exis- 
tence austère  et  réservée  et  qu'il  avait  voulu  ainsi  a  été  entièrement  con- 
sacrée à  prêcher  le  vrai  et  le  beau  et  à  faire  le  bien.  M.  Michel  Salo- 
Mc-v  est  né  à  Riom,  le  7  juin  1857.  Après  des  études  très  complètes  dans 
sa  ville  natale,  il  vint  à  Paris,  où  il  acquit  ses  grades  à  la  Faculté  de 
droit;  mais  le  barreau  ne  le  retint  pas  longtemps;  il  se  sentait  attiré 
vers  d'autres  travaux.  Il  collabora  à  la  Gazette  de  France,  puis  à  la 
Liberté  de  Fribourg,  au  Journal  de  Genève,  dont  il  fut  le  correspondant 
parisien  de  1894  à  1901  et  où  il  avait  conservé  depuis  une  chronique 
littéraire;  à  la  Quinzaine  et  au  Correspondant,  où  il  faisait  depuis  deux  cns 
la  suppléance  de  la  chronique  politique.  Depuis  1901,  il  donnait  des 
articles  au  Journal  des  Débats,  dont  il  était  devenu  rédacteur  le  24  juin 
1908;  il  s'y  fit  remarquer  dans  ses  entrefilets  politiques  comme  dans 
ses  articles  littéraires  «  par  la  précision  et  par  la  culture  qu'i's  décou- 
vraient, par  le  goût  et  par  le  style  ».  On  ne  saurait  dire  quel  soin  il 
mettait  à  parfaire  le  moindre  article  et  le  souci  qu'il  avait  de  la  précision. 
Des  volumes  qu'il  a  écrits  nous  signalerons  :  Les  Silhouettes  du  Palais, 
souvenir  de  son  passage  dans  le  monde  des  avocats;  —  Études  et  por- 
traits littéraires  (Paris,  1896,  in-181;  —  Art  et  littérature  (Paris,  1901, 
in-16)  ;  —  L'Esprit  du  temps  (Paris,  1906,  in-16),  ouvrage  couronné 
par  l'Académie  française  ;  —  Le  Spiritualisme  et  le  progrès  scientifique 
(Paris,  1900,  2  vol.  in-16)  sur  les  philosophes  et  le  temps  présent;  — 
Bonald,  on  collaboration  avec  M.  Paul  Bourget  (Paris,  1901,  in-16);  — 
une  série  de  brochures  philosophiques  sur  Taine  (Paris,  1903,  in-16)  ; 
—  AugusteComte{\'a,v\?.,iWi,\VL-\Ç,);—  Joujfroy  (Paris,  1907,  in-16);  — 


•-  179  — 

Vie  de  Mgr  Dupanlôup  (Paris,  1904,  in-18);  —  Charles^ Nodier  et  le  grou- 
pe romantique  (Paris,  1908,  in-16).  —  Il  édita  encore  des  Pages  choisies 
de  de  Vogiié  (Paris,  1912,  in-16),  et,  avec  son  ami,  R.  Saleilles,  empor- 
té quelques  jours  avant  lui,  les  Reliquiae  de  Maurice  Faucon  (Paris, 
Plon-Nourrit,  1911,  2  vol.  in-8).  Il  préparait  chez  Pion  un  Beaumarchais, 
quand  la  mort  l'a   frappé.  M.  A. 

—  M.  Ernest  Grandidier,  conservateur  du  département  de  la  céra- 
mique chinoise  au  Musée  du  Louvre,  est  mort  à  Paris  au  milieu  de 
juillet,  à  79  ans.  M.  Grandidier,  né  en  1833,  avait  rapporté  de  ses  voya- 
ges scientifiques  et  des  missions  dont  il  avait  été  chargé  dans  diverses 
régions  de  l'Amérique  du  sud  de  très  intéressantes  collections  d'histoire 
n  aturelle,  qui  furent  partagées  entre  la  Sorbonne  et  le  Muséum.  D'un 
autre  côté,  il  avait  réuni  une  merveilleuse  collection  de  céramique  chi- 
noise qu'il  donna  au  Musée  du  Louvre  en  1894.  C'est  à  la  suite  de  cette 
libéralité  qu'il  fut  nommé  conservateur  du  département  de  la  céramique 
chinoise,  qu'il  connaissait  mieux  que  personne,  comme  le  prouve  son 
important  ouvrage  :  La   Céramique  chinoise  (Paris,    1853,   gr.   in-4). 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  l'abbé  Bousquet,  chanoine 
de  Paris,  agrégé  de  l'Université,  vice-recteur  de  l'Institut  catholique  de 
Paris  et  professeur  de  langue  grecque  dans  le  même  établissement,  mort 
au  milieu  de  juillet,  à  MeiJlant  (Cher),  à  45  ans;  —  François-Louis  Bruel, 
archiviste-paléographe,  bibliothécaire  à  la  section  des  estampes  à  la  Bi- 
bliothèque nationale,  mort  au  milieu  de  juillet,  à  Paris;  —  André  Cas- 
TELiN,  député  de  l'Aisne,  mort  à  Saint-Maurice,  près  de  Charenton,  au 
milieu  de  juillet,  à  62  ans,  lequel  fut,  en  Tunisie,  le  rédacteur  en  chef 
du  Progrès  tunisien  et,  rentré  en  France,  collabora  à  la  Lanterne,  puis 
soutint  ardemment,  dans  la  France,  la  campagne  boulangiste  et  dirigea 
enfin  la  Cocarde;  —  l'abbé  Doby,  ancien  premier  vicaire  de  Saint-Roch, 
à  Paris,  qui  s'occupait  de  travaux  géologiques,  mort  au  milieu  de  juillet, 
à  69  ans,  à  Bourbonne-les-Bains,  sa  ville  natale,  dont  le  musée  venait 
d'être  placé  sous  sa  direction;  —  Théodore  de  Fallois,  publiciste  mari- 
time, le  doyen  de  la  presse  toulonnaise,  qui  fut  pendant  plusieurs  années 
le  correspondant  du  Temps,  mort  à  Toulon,  au  commencement  de  juillet, 
à  80  ans;  ■ —  Emile  Gatau,  président  d'honneur  du  Syndicat  de  la  presse 
rochelaise,  mort  dernièrement  à  la  Rochelle;  —  Marius  Guerby,  profes- 
seur de  sciences  physiques  au  lycée  d'Annecy,  président  de  l'Académie 
florimontane,  secrétaire  de  la  Commission  de  météorologie  de  la  Haute- 
Savoie,  m.ort  à  Annecy,  le  20  juin,  à  l'âge  de  57  ans;  ■ —  Eugène  Guer- 
LiN  de  Guer,  chef  de  division  honoraire  à  la  préfecture  de  Caen,  corres- 
pondant du  Temps,  mort  à  Caen,  au  commencement  de  juillet,  à  72  ans; 
■ —  Edouard  Guiffon,  professeur  de  botanique  à  l'École  nationale  d'agri- 
culture de  Grignon  et  directeur  adjoint  de  la  station  de  pathologie  vé- 
gétale de  Paris,  mort  en  juillet,  à  l'âge  de  43  ans  ;  —  le  D''  Monoyer,  pro- 
fesseur à -la  Faculté  de  médecine,  un  des  derniers  lauréats  de  l'ancienne 
Faculté  de  médecine  de  Strasbourg,  auteur  d'importants  travaux  sur 
l'ophtalmologie,  mort  dernièrement  à  Lyon;  —  Félix  Moulié,  directeur 
de  l'Ecole  professionnelle  Boulle,  à  Paris,  mort  en  cette  ville  au  com- 
mencement de  juillet;  —  M"^^  Munich,  née  Augustine  Lagout,  morte 
au  commencement  de  juillet,  à  Nevers,  à  56  ans,  laquelle  avait  mis  au 
service  de  l'enseignement  libre  ses  grandes  connaissances  scientifiques  et 
littéraires  et  dirigeait  des  cours  supérieurs  de  jeunes  filles;  —  Ernest 
Perrad,   collaborateur  du  journal  les   Gaudes,   de  Besançon,  auquel  il  a 


—  180  — 

donné  de  nombreuses  poésies  et  laisse  deux  revues  locales  :  Tout  le 
monde  chez  le  Grand  (1900)  et  Tiens  vUa  nos  vieux  (1905),  mort  à  Morez 
(Jura),  le  27  juin,  à  l'âge  de  37  ans;  —  Jean  Poisson,  secrétaire  général 
de  Paris- Sport,  qui  avait  appartenu  pendant  plusieurs  années  à  la  ré- 
daction du  Petit  Journal,  mort  subitement  à  Vittel,  au  milieu  de  juillet, 
à  59  ans;  —  Louis  Prunières,  secrétaire  du  Cercle  de  la  librairie  de 
Paris,  qui  a  publié  un  certain  nombre  d'ouvrages,  entre  autres  :  Molière 
moraliste  (Paris,  1901,  in-8);  Aventure  flamande  de  sœur  Godeliève  (Paris, 
1903,  in-8);  L'Évolution  sociale  et  Vaction  pour  la  beauté  (Paris,  1908, 
in- 18),  et  a  donné,  sous  le  pseudonyme  de  Canova,  un  roman  :  Madame 
Davenay  bienfaitrice  (Paris,  1911,  in-18),  mort  à  Paris,  au  milieu  de 
juillet,  à  l'âge  de  35  ans;  —  le  chanoine  Sauvé,  archidiacre  de  Laval, 
maître  des  cérémonies  de  la  cathédrale,  mort  au  commencement  de  juillet, 
à  62  ans,  lequel  était  un  liturgiste  distingué  et  rédigeait,  chaque  année, 
un  Ordo  très  apprécié  à  Rome  et  auquel  on  faisait  de  larges  emprunts 
dans  beaucoup  d'autres  diocèses  de  France. 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  Adolph  Allunian,  écri- 
vain et  dramaturge  letton,  appelé  le  «  Père  du  théâtre  letton  »,  mort  en 
juillet,  à  Riga,  à  64  ans  ;  —  le  Rév.  Robert  Borland,  docteur  en  théo- 
logie, ministre  protestant  à  Yarrow  (Selkir;  shire),  auteur  de  |  :  Yarrow, 
its  Poets  and  Poetry;  Bord  er  Raids  and  Reivers,  etc.,  mort  au  milieu  de 
juin;  ■ —  Charles  DE  Bricy,  sculpteur,  professeur  à  l'Académie  des  beaux- 
arts,  à  Gand,  mort  le  28  juin,  à  Wetteren  (Belgique);  —  Alexander  Car- 
MicHAEL,  philologue  écossais,  mort  dernièrement,  à  80  ans,  lequel  laisse 
plusieurs  ouvrages  sur  la  langue  et  la  littérature  gaéliques;  —  Dr.  Au- 
guste DoERiNG,  professeur  de  philosophie  à  l'Université  de  Berlin,  mort 
à  Oporto  (Portugal),  à  la  fin  de  juin,  à  79  ans;  —  François  Frapier, 
avocat  distingué,  qui  a  collaboré  au  journal  V Ami  de  Vordre,  dont  son 
père  était  rédacteur  en  chef,  mort  à  Namur  le  18  juillet,  dans  sa 
Oe''  année  ;  —  Theodor  Gaedertz,  écrivain  allemand,  mort  à  Berlin,  le 
8  juillet,  à  58  ans; — William  Watson  Goodwin,  savant  helléniste  américain, 
professeur  à  l'Université  Harvard  (États-Unis),  ancien  directeur  de  l'École 
américaine  d'études  classiques  à  Athènes,  mort  au  milieu  de  juin  à  Cam- 
bridge (Massachussetts),  à  81  ans,  auquel  on  doit  entre  autres  importants 
ouvrages  :  The  Syntax  of  the  Moods  and  Tenses  of  the  Greek  Verb,  plu- 
sieurs fois  réimprimé;  Elementary  Greek  Grammar,  et  School  Greek  Grani- 
mar;  — •  Dr.  Katz,  médecin  allemand,  auteur  d'ouvrages  sur  l'ophtal- 
mologie, mort  à  Berlin,  le  6  juin,  à  74  ans;  —  Dr.  Otto  Lyon,  germa- 
niste allemand,  mort  à  Dresde,  le  10  juillet,  à  59  ans,  après  avoir  publié 
toute  une  série  d'ouvrages  estimés,  notamment  :  Die  Lekture  als  Grund- 
lage  des  deutschen  Unterrichtes  (Leipzig,  1907,  in-8);  Handbuch  der  deut- 
schen  Sprache  fur  Praeparandenansthalten  und  Seminare  (Leipzig,  1910, 
in-8),  etc.;  —  Miss  Sophia  Mac  Lehose,  femme  de  lettres  anglaise,  morte 
au  milieu  de  juin,  laquelle  laisse  des  nouvelles,  notamment  :  Taies  from 
Spenser's  Faerie  Queen,  ainsi  que  quelques  volumes  d'histoire,  entre  au- 
tres :  The  last  Days  of  the  French  Monarchy  et  From  the  Monarchy  to 
the  Republic  in  France;  —  Behramji  M.  Malabari,  poète  réformateur 
social  parsi,  qui  fut  pendant  plus  de  vingt  ans  le  directeur  de  VJndian 
Spectator  et  qui  s'est  fait  connaître  surtout  par  l'inlassable  ardeur  avec 
laquelle  il  s'est  efforcé  d'améliorer  la  condition  sociale  de  ses  compatrio- 
tes, mort  dernièrement  dans  les  Indes  anglaises;  —  Enrico  Mastracchi, 
-avocat  italien, ''ancien  directeur  de  VUnità  cattolica  de  Florence,  qui,  peu- 


—  181  — 

dant  de  longues  années,  avait  vaillamment  défendu  la  bonne  cause,  mort 
à  Florence  au  commencement  de  juillet;  —  Dr.  Moritz  Seidel,  ancien 
professeur  de  thérapeutique  à  l'Université  allemande  d'Iéna,  mort  en 
cette  ville,  le  2  juillet,  à  76  ans;  —  C.  H.  Spence,  pédagogue  et  écrivain 
anglais,  directeur  du  collège  Clifton,  mort  au  commencement  de  juillet, 
lequel  était  membre  du  conseil  de  1'  «  Historical  Association  »  et  avait 
publié  de  nombreux  et  intéressants  mémoires  sur  des  sujets  d'histoire; 
—  Dr.  Karl  Strekelj,  professeur  de  philologie  slave  à  l'Université  de 
Grat?  (Autriche),  mort  en  cette  ville  le  8  avril,  à  53  ans;  —  le  chanoine 
Waltmann  Van  Spilbeeck,  qui,  pendant  plus  de  quarante  ans,  a  professé 
successivement  la  philosophie  et  la  théologie  soit  à  l'abbaye  de  Tongerloo, 
soit  à  l'abbaye  de  Parc  et  a  publié  divers  travaux,  notamment  :  De 
Abdij  van  Tongerloo  (1888)  et  aussi  de  nombreux  articles  insérés  dans 
des  revues  savantes,  mort  le  20  juillet,  à  Tongerloo  (Belgique),  dans  sa 
73^  année;  —  Hugo  Wauer,  écrivain  et  conférencier  allemand,  mort  à 
Berlin  le  5  juillet,  à  84  ans;  • —  le  P.  Zocchi,  S.  J.,  qui,  après  avoir 
dirigé  à  Venise  la  Difesa,  est  devenu  l'un  des  collaborateurs  les  plus 
actifs  de  la  Civilta  cattolica,  à  qui  l'on  doit  en  outre  de  nombreux  opus- 
cules sur  le  libéralisme,  sur  l'esprit  catholique  dans  la  culture  du  jeune 
clergé,  sur  le  journalisme  catholique,  la  liberté  du  Pape,  etc.,  lesquels 
ont  été  traduits  dans  les  principales  langues  du  monde  entier,  et  qui 
laisse  un  fort  volume  de  polémique  intitulé  :  Pape  et  Roi  (1885),  mort 
à  Rome  en  juillet,   dans  sa  67^  année. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 
• —  Le  5  juillet,  M.  Loth  fait  part  à  l'Académie  de  la  découverte  due  à 
M.  Lindsay,  professeur  à  Saint-Andrews,  de  neuf  gloses  bretonnes  con- 
tenant des  mots  inconnus  et  écrites  dans  un  ipanuscrit  du  ix*^  siècle.  ■ — 
M.  Heuzey  lit  un  mémoire  relatif  à  ce  que  Pline  a  dit  des  astronomes 
chaldéens.  —  MM.  Perrot,  Dieulafoy,  Boucher-Leclercq  échangent  leurs 
observations  sur  ce  sujet.  • —  M.  Joulin  lit  un  travail  sur  les  âges  pro- 
tohiëtoriques  en  Europe,  sur  les  conditions  dans  lesquelles  la  civilisation 
de  Hallstadt  a  cédé  la  place  à  la  civilisation  de  la  Tène  et  sur  l'in- 
fluence hellénique.  • —  MM.  S.  Reinach,  Pottier  et  Dieulafoy  contrôlent 
par  leurs  connaissances  personnelles  les  conclusions  du  lecteur.  —  M.  Dur- 
rieu  présente  un  mémoire  de  M.  Louis  Batiffol  sur  les  transformations 
du  Louvre  sous  Henri  IV.  —  Le  12,  M.  Gagnât  donne  connaissance  des 
découvertes  accomplies  au  cours  d'une  mission  par  M.  Boulifa,  répétiteur 
de  berbère  à  la  Faculté  des  lettres  d'Alger.  ■ —  M.  Dieulafoy  lit  un  mé- 
moire du  P.  Jerphanion  sur  les  églises  souterraines  de  Cappadoce  et 
explique  à  son  tour  quelles  relations  on  remarque  entre  le  style  de  ces 
églises,  celui  des  monuments  sassanides  et  celui  des  monuments  byzantins. 
■ —  M.  G.  Millet  explique  que  l'art  des  miniaturistes  occidentaux  a  dû 
être  influencé  par  des  exemples  venus  de  l'Orient.  —  M.  Chavannes 
analyse  les  documents  rapportés  par  M.  Jacques  Bacot  de  la  Chine  et 
du  Thibet  et,  en  particulier,  deux  inscriptions  chinoises  du  xvi®  siècle. 
• —  Le  19  juillet,  M.  Héron  de  Villefosse  explique,  d'après  une  découverte 
épigraphique  faite  à  Bourbon-Lancy  par  M.  Max  Boirot,  que  le  nom  de 
Bourbon  vient  du  mot  Borvo,  qui  désigne  une  divinité  gauloise  prési- 
dant aux  eaux  thermales.  —  M.  Léger  annonce  qu'il  a  découvert  à  la 
bibliothèque  de  Sofia  3000  manuscrits  (fonds  Pascan  Oglou)  intéressant 
l'histoire  de  la  littérature  musulmane.  —  Mgr  Duchesne  présente  une 
observ^ation   à  ce  sujet.  —  M.  Cordier  donne  connaissance  du   résultat 


1 


—  182  —  ■; 

des  travaux  du  congrès  des  'amérioanistes  à  Londres.  —  M.  Anziani 
décrit  une  amphore  corinthienne  très  ornée  remontant  au  \i^  siècle  avant 
J.-C.  et  trouvée  dans  un  tombeau  punique  à  Bordj-Djedid.  —  M.  R. 
Pichon  analyse  quelques  textes  d'auteurs  anciens  qui  indiquent  le  sens 
à  donner  au  mot  atellane,  genre  de  comédie  romaine.  —  M.  S.  Reinach 
s'associe  aux  conclusions  de  M.  Pichon.  —  M.  Croiset  croit  que  la 
iabella,  sorte  de  poésie  inférieure  et  légère,  n'a  pas  changé  de  caractère. 

—  Le  26,  M.  Merlin  fait  part  de  la  découverte  dans  les  ruines  de  Thu- 
burbo  majus,  en  Tunisie,  des. fondations  de  deux  temples  dédiés  à  Baal 
et  à  Tanit.  — •  M.  Diehl  lit  une  notice  biographique  sur  Théodora  Com- 
nène,  princesse  byzantine  de  Trébizonde. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 

—  Le  6  juillet,  M.  Jean  Lemoine,  bibliothécaire  au  ministère  de  la  guerre, 
lit  une  communication  ayant  trait  à  la  vie  intime  de  M^^  de  Sévigné. 

—  Le  13,  M.  Faguiei.  lit  la  fin  de  son  travail  sur  la  condition  delà  femme 
en  France  aux  xvi^  et  xvii^  siècles. 

Aîvnuaire  de  la  bibliographie  et  de  la  bibliophilie.  — ■  Avec  la 
quatrième  année,  le  Jahrbuch  fur  Bûcher- Kunde  und  Liebhaberei,  [que 
publie  M.  G.  A.  E.  Bogeng,  se  présente  à  nous  sous  une  forme  modifiée 
et  plus  luxueuse.  De  simple  annexe  au  Taschenbuch  des  Bûcher j reundes , 
il  est  devenu  une  publication  complètement  indépendante,  imprimée  sur 
beau  papier  en  format  gr.  in- 8.  .50  exemplaires  sont  tirés  sur  papier  de 
Hollande  et  750  sur  papier  indien.  Tandis  que  les  trois  premières  années 
contenaient  l'esquisse  d'un  guide  des  collectionneurs,  la  quatrième  (Ber- 
lin-Xi  kolassee,  Max  Harnvitz,  1912,  gr.  in-8,  147  p.  et  16  planches)  nous 
apporte  un  choix  d'articles  variés;  voici  d'abord  (p.  1-24)  l'amusante 
fantaisie  de  Charles  Nodier:  Le  Bibliomanc,  puis  une  notice  (p.  25-42) 
sur  la  vente  Fortsaz,  cette  fantastique  mystification  à  laquelle  se  lais- 
sèrent prendre  les  collectionneurs  les  plus  sérieux.  M.  E.  Wolter  a  re- 
tracé la  physionomie  de  NicoloÀ  Michailovitsch  Lissovvski  (avec  portrait 
et  pi.),  le  bibliographe  russe  éminent  (p.  4.3-46).  Après  la  reproduction 
d'un  mémoire  de  A.  de  Morgan  :  On.  the  difficulty  of  correct  description 
of  books  (p.  47-72),  M.  Bogeng  nous  donne  quatre  morceaux  d'importance 
variée  sur  la  manière  de  traiter  les  livres  {Die  Handhabung  der  Bûcher, 
p.  73-80),  sur  la  façon  d'ajouter  à  un  livre  qui  n'en  a  pas  des  illustra-  • 
lions  appropriées,  espèce  de  mode  qui  fit  fureur  au  xyiii*^  siècle  après 
la  publication,  en  1769,  de  VHistory  of  England  de  Oranger,  d'où  le 
nom  de  Grangerising  donné  à  ce  genre  de  collections  (p.  81-100),  sur 
l'art  de  collectionner  les  livres  modernes  (  Ueber  das  Sammeln  tnoderner 
Bûcher,  p.  104-145);  sur  le  catalogue  sur  fiches  de  la  Bibliothèque  de 
Berlin,  dont  la  mise  en  vente  offre  des  ressources  aux  collectionneurs 
et  aux  bibliothèques  [Die  Titel-und  Zetteldnccke  der  kgl.  BibliotJiek  zu 
Berlin  (p.  141-144);  enfin  sur  les  fiches  de  bibliothèques  (Bûchereizettel, 
p.  145-147);  14  spécimens  des  caractères  de  quelques  grandes  maisons 
d'Allemagne,  Bauer,  Flinsch,  Kingspor,  Stempel)  terminent  ce  volume, 
qui  offrira,  on  le  voit,  aux  bibliophiles,  une  lecture  à  la  fois  amusante 
et  instructive.  Nous  devons  ajouter  que  M.  Bogeng  a  eu  soin  d'ajouter 
aux  articles  anciens  qu'il  reproduit  une  annotation  qui  sera  bien  accueil- 
lie'^de'^ses  lecteurs.  "^ 

Syndicat  des  auteurs  d'ouvrages  d'enseignement  et  de  vulga- 
risation. —  Il  n'est  pas  inutile,  pensons-nous,  de  signaler  à  nos  lecteurs 


—  183  — 

le  syndicat  qui  vient  de  se  fonder  sous  ce  titre,  sous  la  présidence  de 
M.  Sudre,  professeur  au  lycée  Louis-le-Grand,  85,  boulevard  de  Port- 
Royal  (Paris,  XIII«).  L'objet  en  est  :  «  l**  la  défense  des  intérêts  pro- 
fessionnels de  ses  membres  et  spécialement  des  intérêts  de  ceux  engagés 
ou  pouvant  se  trouver  engagés  dans  une  instance  dont  il  prend  à  sa 
charge  tout  ou  partie  des  frais...;  2«>  la  vérification  de  tous  comptes 
des  auteurs  vis-à-vis  de  toutes  personnes,  notamment  des  éditeurs...  » 
Pour   tous   renseignements,   l'on   peut  s'adresser  à  M.  Sudre. 

Paris.  • —  M.  Charles  Du  Bus  passe  rapidement  en  revue  dans  la  Ré- 
volution française  (tiré  à  part,  Paris,  imp.  de  la  cour  d'appel,  1912, 
in-8  de  11  p.)  V Exposition  Jean- Jacques  Rousseau  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale. Les  portraits,  les  tableaux  inspirés  par  la  vie  de  Rousseau,  les  édi- 
tions originales  des  œuvres,  les  manuscrits  que  cette  exposition,  aujour- 
d'hui termmée,  ont  fait  passer  sous  les  yeux  du  visiteur  et  qui  étaient 
exclusivement  empruntés  aux  collections  de  la  Bibliothèque  sont  indiqués 
par  M.  Du  Bus   dans   son   travail. 

—  Le  deuxième  fascicule  des  Lettres  de  M.  Léopold  Delisle,  qui,  un 
peu  retardé  dans  sa  publication,  ne  paraît  qu'après  le  troisième,  nous 
apporte  la  Correspondance  adressée  à  M.  Auguste  Castan,  1855-1909 
(8aint-Lô,  impr.  Jacqueline,  1912,  in-8  de  iii-9o  p.,  y  compris  un  feuillet 
d' errata  pour  le  premier  fascicule^.  Nous  ne  savons  pas  si  les  lettres  adressées 
au  savant  érudit  bisontin  ne  dépassent  pas  encore  en  intérêt  la  corres- 
pondance avec  MM.  les  chanoines  Tougard  et  U.  Chevalier,  qui  formait 
la  matière  des  fascicules  I  et  III.  C'est  le  biographe  de  Castan,  M.  L. 
Pingaud,  qui  s'est  chargé  de  publier  cette  correspondance.  75  lettres 
seulement  sur  les  104  que  contient  ce  fascicule  sont  adressées  à  Castan 
lui-même,  mort  comme  on  sait  en  1892.  Mais  les  autres  adressées  à  la 
veuve  de  l'érudit  bibliothécaire  concernent  presque  toutes  les  travaux 
de  Castan  publiés  après  sa  mort  et  à  la  publication  desquels  M.  Delisle 
a  pris  une  part  active. 

• —  Parmi  les  hommages  rendus  à  la  mémoire  de  rilli:stre  administra- 
teur de  la  Bibliothèque  nationale,  l'un  des  meilleurs  est  assurément  la 
Notice  nécrologique  sur  Léopold  Delisle  présentée  à  la  Société  nationale 
des  antiquaires  de  France  par  ÎM.  Georges  Espinas  (Extrait  du  Bulletin 
de  la  Société  nationale  des  antiquaires  de  France.  Paris,  Nogent-le-Rotrou, 
imp.  Daupeley-Gouverneur,  1912,  in-8  de  55  p.).  En  même  temps  qu'il 
a  îait  ressortir  avec  beaucoup  de  netteté  combien  la  carrière  administra- 
tive de  M.  Delisle  a  exercé  d'influence  sur  la  direction  de  ses  travaux, 
il  a  su  mettre  en  lumière  de  quel  côté  les  goûts  de  M.  Delisle  le  por- 
taient; il  a  dégagé  avec  une  grande  précision  les  caractères  de  son  éru- 
diiion;  «  toujours  il  a  été  novateur  et .  partout  il  a  su  annoncer  les 
intentions  nouvelles  et  les  caractères  futurs  des  recherches  historiques. 
A  "tous  égards,  par  conséquent,  nul  plus  que  lui  n'a  fait  œuvre  originale 
et  créatrice;  à  tous  égards,  personne,  plus  que  M.  Léopold  Delisle,  n'a 
pu  mériter  d'être  appelé  l'historien  de  l'avenir  ». 

—  Elles  sont  intéressantes  et  touchantes  ces  histoires  de  Convertis  que 
MM.  A.  Dossat  et  J.  Montjevet  ont  racontées  dans  la  Croix  et  qui  se 
présentent  aujourd'hui  à  nous,  réunies  dans  une  brochure  à  laquelle  on 
ne  peut  que  souhaiter  de  nombreux  lecteurs.  Les  physionomies  si  diverses 
de  Jôrgensen,  Coppée,  Huysmans,  Krogh  Tonningh,  Brunetière,  Chester- 
ton, Aloert  de  Ruville,  qui,  par  des  chemins  divers,  ont  été  ramenés  des 
régions    du    doute  à  la  foi  catholique,  passent    tour  à  tour    devant    nos 


—  184  — 

yeux.  Puisse  Texemple  de  tes  contemporains,  qui  ont  vécu  de  notre  vie 
et  partagé  nos  idées,  entraîner  à  l'unité  de  l'Église  catholique  tant  d'âmes 
qui    flottent  encore  incertaines. 

—  C'est  une  très  agréable  et  instructive  lecture  que  celle  de  l'opus- 
cule consacré  par  notre  si  distingué  collaborateur,  M.  Henri  Gaidoz,  à 
son  regretté  ami  et,  pour  ainsi  dire,  à  son  frère  en  folk-lore  Eugène 
Rolland  et  son  œuvre  littéraire  (Paris,  avril  1912,  in-8  de  46  p.,  avec  un  por- 
trait. Extrait  du  tome  XI  de  Mélusine).  L'intérêt  en  est  vif,  tant  par  le 
sujet  lui-même  que  par  le  talent  du  biographe,  non  moins  habile  écri- 
vain qu'érudit  fin  et  solide.  Nous  avons  là  un  curieux  chapitre  de  l'his- 
toire de  l'érudition   dans  notre  temps  et  notre  pays. 

—  Le  tome  XLI  de  V Almanach  des  spectacles,  publié  par  M.  Albert 
Soubies,  a  vu  le  jour  (Paris,  Flammarion,  1912,  in-18  de  154  p.,  avec 
une  eau-forte  de  Delzers.  —  Prix  :  5  fr.).  On  y  trouve  un  tableau  fidèle 
de  l'année  théâtrale  1911  :  spectacles  de  Paris,  de  la  banlieue  et  de  la 
province,  et  notamment  la  liste  de  toutes  les  pièces  représentées  pour  la 
première  fois  en  France  durant  cet  exercice.  La  bibliographie,  dressée 
avec  beaucoup  de  soin,  des  ouvrages  relatifs  au  théâtre  publiés  pendant 
cette  même  année,  mérite,  dans  le  Polybiblion,  un  éloge  particulier. 

—  La  librairie  Armand  Colin  inaugure  une  intéressante  collection  de 
Petits  Manuels  du  foyer  par  deux  volumes  dont  le  premier,  de  M™"^  A. 
Moll-Weiss,  a  pour  titre  :  La  Cuisine  simple  et  à  bon  marché  (1912, 
petit  in-16  de  vi-151  p.,  avec  fig.  —  Prix  :  1  fr.).  L'auteur,  dans  une 
courte  Préface,  déclare  n'avoir  eu  «  d'autre  prétention  que  de  vulgariser 
quelques  pratiques  conseils  d'hygiène  alimentaire  en  donnant  la  manière 
la  moins  onéreuse  et  la  plus  simple  de  les  réaliser  ».  Elle  ajoute  que  ce 
qui  fait  surtout  l'originalité  des  150  formules  que  l'on  trouve  dans  son 
ouvrage,  «  c'est  que  la  plupart  d'entre  elles  ont  été  prises  parmi  les 
vieilles  formules  de  cuisine  de  nos  provinces,  au  fumet  exquis,  qui  con- 
tribuent à  donner  à  la  table  de  famille  le  caractère  intime  qui  la  distin- 
gue de  la  table  d'hôte  du  restaurant  ».  Ce  volume  est  divisé  en  trois 
parties  :  la  première  résume  d'excellentes  notions  générales,  alors  que  la 
deuxième  traite  des  substances  alimentaires.  La  troisième  examine  les 
préparations  alimentaires  :  c'est  ici  qu!ont  été  groupées,  sous  huit  grandes 
divisions,  de  multiples  recettes  qui  méritent  l'attention  des  ménagères 
économes  et  pratiques.  —  Le  deuxième  «  manuel  »  s'occupe  de  VHahi- 
tation  (1912,  petit  in-16  de  159  p.,  avec  fig.  —  Prix  :  1  fr.).  Il  a  pour 
auteur  un  architecte,  M.  Georges  Roux.  Des  «  Considérations  générales  >' 
ferment  l'Avant-propos,  où  l'auteur  aurait  pu  faire  mieux  que  de  qualifier 
l'homme  d'  «  animal  plus  perfectionné  au  point  de  vue  moral  et  intellec- 
tuel »  que  les  autres  créatures;  par  contre,  il  parle  en  bons  termes  de  la 
patrie  et  de  la  famille.  Il  fait  ensuite  remarquer  que  «  le  genre  d'habitation 
qu'il  convient  de  considérer  dans  cet  ouvrage  est  l'habitation  réduite  à 
la  satisfaction  des  besoins  les  plus  nécessaires  de  l'homme  dans  les  con- 
ditions depuis  les  plus  humbles  jusqu'à  des  conditions  moyennes  aisées; 
pour  des  familles  comportant  un  nombre  de  membres  variable  ».  Les  prin- 
cipes que  pose  M.  Roux  et  les  conseils  qu'il  donne  au  cours  des  sept 
chapitres  composant  ce  manuel  sont  aussi  clairs  que  judicieux.  Sous  la 
réserve,  plus  haut  énoncée,  de  l'assimilation  malencontreuse  de  l'homme 
aux  animaux,  nous  ne  pouvons  que  louer  M.  Roux  d'avoir  écrit  un  très 
utile  petit  livre  s'adressant  plus  spécialement  aux  travailleurs,  qui  aspi- 
rent légitimement  à  devenir  propriétaires.  Ce  qui  ne  veut  pas  dire  que 


-  185  -^ 

les  propriétaires  de  pères  en   fils  doivent  le  dédaigner  :  îl  s'en  faut  du 
tout  au  tout. 

Anjou.  —  M.  l'abbé  F.  Uzureau  vient  de  publier  sous  le  titre  :  Le 
Miracle  eucharistique  des  Vîmes  [Maine-et-Loire]  (2  juin  1688)  (Lille,  imp. 
Desclée  et  de  BrouM-er,  s.  d.,  in-8  de  24  p.),  la  relation  d'une  apparition 
de  Jésus-Christ  sous  la  forme  humaine  dans  l'ostensoir  de  cette  église. 
Le  récit  du  prodige  eut  du  retentissement  jusqu'à  l'étranger  et  donna 
lieu,  sous  l'épiscopat  de  Henri  Arnaud,  à  diverses  brochures  illustrées, 
aujourd'hui  fort  rares,  mais  que  possède  la  bibliothèque  du  Plessis-Vil- 
loutreys.  M.  Uzureau  a  fait  dans  sa  notice  d'intéressants  extraits  de 
plusieurs  publications  contemporaines  du  miracle  des  Ulmes  :  la  lettre 
épiscopale,  la  relation  du  curé  des  Ulmes  (qui,  malheureusement,  deux 
mois  après  le  prodige,  était  incarcéré  par  l'officialité  pour  sa  mauvaise 
vie);  surtout  le  très  complet  volume  donné  en  1715  par  l'abbé  Grandet, 
dont  nous  aurions  aimé  voir  le  titre  en  entier  dans  la  plaquette  de 
M.  Uzureau.  Le  Dictionnaire  des  prophéties  et  des  miracles  de  l'abbé  Le- 
canu  (Collection  Migne,  1852)  ne  mentionnait  pas  le  «  Miracle  des  Ul- 
mes »;  mais,  en  1876,  les  Pères  du  Saint-Sacrement  ont  remis  ce  pèle- 
rinage en  honneur  et  le  Congrès  eucharistique  s'y  rendit  en  1901  :  toutes 
choses   que  rappelle  l'article   de  M.  Uzureau. 

—  Le  département  de  Maine-et-Loire  est,  on  peut  le  dire,  un  des  plus 
favorisés  au  point  de  vue  des  publications  périodiques  locales.  La  Revue 
de  V Anjou,  qui  en  est  à  sa  62®  année  et  dont  le  Polyhiblion  publie  les 
sommaires,  inaugure  une  nouvelle  série  que  M.  Grassin  édite  avec  un  luxe 
de  papier  et  de  typographie  extraordinaire.  En  même  temps  se  publie, 
depuis  cette  année,    une   nouvelle   revue:  V Anjou  illustré  (in-8   de  52p. 
par  fascicule,  13,  rue  Voltaire,  à  Angers),  qui  ne  fait  pas  double  emploi 
mais  complète,  sur  certains  points,  sa  «jeune»  et  respectable  aïeule.  Cette 
nouvelle  publication  ne  vise  pas  autant  à  l'érudition  et  à  la  documen- 
tation, mais  elle  est  bien  vivante   et  toute   débordante   de  jeunesse   et 
de  gaîté  ;    à  côté  de  la  chronique  ancienne  et  moderne,  il  y  a  part  large 
à  l'actualité,  aux  drôleries,  aux  poésies,  aux  sports,  etc.;  le  tout  genti- 
ment illustré    et    agréablement    écrit,  avec    une  note    d'art  de  bon    aloi 
dont  la  rédaction  de  V Anjou  illustré  doit  être  sincèrement  complimentée. 
Champagne.  —  Voici  le  131®  volume  des  Travaux  de  l'Académie  na- 
tionale de  Reims  (t.    II    de   l'année  1910-1911.    Reims,    Michaud;    1912, 
in-8  de  v-362  p.,   avec  de  nombr.  illustr.,  plans  et  planches.  • —  Prix  : 
7  fr.).  Le  volume  s'ouvre  par  un  très  consciencieux  travail  de  M. .Henri 
Jadart  :  Édùfices  datés  et  pierres  de  fondation  à  Reims,  du  xiii®  au  xviii® 
^siècle  (p.  v-118  p.,  avec  32  grav.).  «  En  remontant  de  six  siècles  en  ar- 
rître,  dit  M.  Jadart  dans  sa  «  Conclusion  »,  nous  avons  débuté  par  la 
construction   de  la  cathédrale   et   par  celle  des   remparts  et  des   portes 
de  l'onceinte  fortifiée  du  xiv®  siècle.  Au  xv®,  nous  avons  retrouvé  une 
pierre  de  fondation  à  l'abbaye  de  Saint-Denis;  puis  au  xvi®  siècle,  nous 
avonà  vu  commencer  la  suite  des  hôtels  et  des  maisons  particulières,  des 
églises,  couvents,  hôpitaux,  collège  et  séminaire,  qui  se  continue  à  tra- 
ver/j  le  xvii®  jusqu'à  la  fin  du  xviii®  ».  Le  savant  secrétaire  général  de 
la;'compagnie  se  propose  de  poursuivre  ultérieurement  «  cette    revue    » 
I  Wour  les  xix®  et  xx^  siècles.  Ce  que  nous  avons  actuellement  est  pourvu 
l^de  trois  tables  :  table  des  articles,  table  des  illustrations  et  table  des 
noms.  —  Nous  mentionnerons  également  :   Un  Projet  de  vente  de  la  ca- 
thédrale de  Reims   au   xviii«  siècle,  par  M.  Anatole   Paroissien   (p.    119- 


—  186  — 

127);  —  Noies  généalogiques  tirées  des  registres  paroissiaux  des  commu- 
nes rurales  des  cantons  de  Reims,  var  M.  le  D''  Pol  Gossct  (p.  130-176, 
avec  tableau  généalogique  et  2  fig.).  Ces  c  Notes  »  sont  complétées  par 
une  table  des  noms  de  personnes  et  une  table  des  matières;  —  Trois 
Mois  à  Magdebourg,  par  M.  le  D""  H.  Ilenriot  (p.  177-J98);  —  L'Egypte. 
Vers  Philar,  souvenirs  de  voyage,  par  M.  Ernest  FréviUe  (p.  199-224,  avec 
une  planche);  —  Les  Logements  ouvriers  à  Reims  et  dans  les  environs  en 
1911,  par  M.  Félix  Michel  (p.  224-322,  avec  un  plan);  —  Notes  sur  la 
métrophoto graphie  en  France  et  à  l'étranger,  par  M.  Emile  Wenz  (p.  3  23- 
333,   avec  une  planche). 

—  Le  tome  XIII  des  Mémoires  de  la  Société  des  lettres,  des  sciences, 
des  arts,  de  Vagriculture  et  de  Vindustrie  de  Sainl-Dizier  {années  1911- 
1912)  (Saint-Dizier,  imp.  Brulliard,  1912,  in-8  de  viii-411  p.,  avec  14 
grav.)  est  l'un  des  plus  intéressants  que  nous  ayons  été  à  même  de  si- 
gnaler ici.  Il  est  ainsi  composé  :  Les  Élections  des  échevins  à  Saint-Di- 
zier de  1756  à  1764,  par  M.  V.  Charmeteau  (p.  7-16);  —  Notice  sur 
Osne-le-Val  et  le  prieuré  du  Val-d'Osne,  par  M.  l'abbé  Hubert  Maréchal, 
curé  d'Osne  (p.  17-313,  avec  14  grav.).  Cette  «  notice  »  est  en  réalité 
une  bonne  et  importante  monographie.  Divisée  en  vingt  chapitres,  elle 
comprend  en  outre  un  chapitre  s]>écial  de  statistiques  diverses  et  se 
termine  par  2]  pièces  justificatives  et  une  table  des  matières.  Une  table 
onomastique  eût  été  utile;  • —  Chartes  bragardes,  documents  pour  servir 
à  Vhistoirc  de  Saint-Dizier,  par  M.  G.  de  la  Fournière  (p.  315-3'^7);  — 
Note  sur  le  sondage  de  Poulain,  communiquée  par  M.  Ferry- Capitain 
(p.  339-345):  —  Monsieur  Victor  Parisel,  notes  biographiques,  par  M.  Louis 
Bossu  (p.  347-531);  ■ — •  Un  Aller  et  retour  dans  Vempire  ottoman,  par 
M.  l'abbé   L.   Vuilley   (p.   353-360). 

Dauphin É.  ■ —  Toujours  en  retard,  la  Société  dauphinoise  d'ethnologie 
et  d'anthropologie  nous  donne  seulement  les  n°*  1  et  2,  mars  et  juin  1911, 
de  son  intéressant  Bulletin,  qui  commencent  le  tome  XVIIF  de  la  col- 
lection (Grenoble,  imp.  Allier,  1912,  in-8  de  58  p.,  avec  fig.).  Nous  rele- 
vons ici  les  articles  suivants  :  Notes  historiques  et  archéologiques  sur 
Beauvoir-en-Royans.  Rectifications  à  propos  de  lectures  défectueuses  de  di- 
verses inscriptions  gallo-romaines,  par  M.  Aug.  Favot  (p.  9-10);  —  Notes 
sur  V influence  sociale  du  tourisme  à  la  montagne,  par  M.  H.  Duhamel 
(p.  11-13);  —  L'Eau  comme  boisson  alimentaire;  les  noms  de  lieux  suis- 
ses en  '(  bad  »,  par  M.  A.  Picaud  (p.  14-31);  —  La  Hache  aux  temps 
préhistoriques,  ses  origines,  son  évolution,  sa  technique,  son  rôle  dajis  la 
civilisation,  par  M.  H.  Mûller  (p.  33-44,  avec  fig.);  —  La  Symèstroscope 
et  les  proportions  du  corps  humain,  par  M.  Silvy-Leligois  (p.  45-58,  avec 
fig-). 

Franche-Comté.  —  Court,  mais  très  érudit  aperçu  des  vicissitudes 
forestières  dans  les  Gaules  depuis  les  temps  druidiques  jusqu'au  ix«  siè- 
cle de  notre  ère,  telle  est  l'étude  intitulée  :  La  Séquanie  et  la  Gaule 
chevelues,  que  notre  très  distingué  collaborateur  M.  de  Kirwan  a  donnée 
d'abord  aux  Mémoires  de  l'Académie  de  Besançon  et  qu'il  a  fait  ensuite 
tirer  à  part  (Besançon,  imp.  Jacques  et  Demontrond,  1912,  in-8  de  18  p. 
L'auteur  fait  ressortir  l'œuvre  civilisatrice  des  «  moines  bûcherons  et 
laboureurs  »,  notamment  dans  le  pays  de  Luxeuil,  où  saint  Colomban 
et  ses  compagnons  s'attaquèrent  à  l'impénétrable  forêt  qui  couvrait  la 
région  et  livrèrent    le    sol    défriché  à  la  culture.    Il    nous  montre  aussi 


—  187  — 

saint  Romain  agissant  de  mênae  dans  le  haut  Jura,. à  Condat  (aujourd'hui 
Saint-Claude),  sans  oublier  saint  Liéphard,  travaillant  sur  les  bords  de  la 
Loire,  et  les  disciples  de  saint  Benoît,  «  qui  se  répandirent  un  peu  partout 
dans  les  Gaules  ».  M.  de  Kirwan,  d'une  manière  générale,  a  résumé,  à 
travers  plusieurs  siècles,  l'histoire  et  le  régime  des  forêts  royales,  ecclé- 
siasticiues  et  privées.  Intéressant  et  très  instructif  tableau  sous  ce  rapport 
spécial    des   mœurs   publiques   à   ces   épocjues  lointaines. 

— ■  Les  no'  4-2  du  tome  XXII  de  la  Revue  bourguignonne,  publiée  par 
l'Université  de  Dijon,  forment  un  important  volume  entièrement  rempli 
par  les  Ordonnances  franc-comtoises  sur  l'administration  de  la  justice 
(1343-1477),  éditées  avec  beaucoup  de  soin  par  M.  E.  Champeaux,  avec 
une  Introduction  sur  les  sources,  la  rédaction  et  l'influence  de  ces  ordon- 
nances (Dijon,  Damidot;  Nourrit;  Rey;  Venot,  et  Paris,  Champion;  Rous- 
seau, 1912,  in-8  de  Lxvn-271  p.  —  Prix  :  8  fr.).  «  Sur  la  manière  dont 
ce  livre  a  été  fait  et  son  contenu  fixé,  dit  M.  Champeaux,  le  lecteur 
doit  être  renseigné  et  se  voir  en  outre  muni  des  indications  historiques 
indispensables.  Trois  petits  chapitres  s'efforceront  de  lui  procurer  ce 
résultat.  Un  premier  indiquera  comment  le  texte  a  été  établi  et  par  quels 
procédés  fut  délimitée  et  datée  une  ordonnance  importante.  Le  second 
retracera  l'histoire  brève  des  ordonnances  et,  sans  entrer  dans  le  détail, 
nous  montrera  le  milieu  où  elles  apparurent,  l'enchaînement  de  leur  ré- 
daction, leurs  étapes  et  les  péripéties  que  subit  leur  codification.  Enfin, 
pour  rassurer  ceux-là  qui  font  commencer  la  France  au  xvi^  siècle,  dans 
un  troisième  chapitre  ils  verront  que  les  ordonnances  de  notre  époque 
ont  exercé  une  influence  très  notable  et  très  sensible  dans  la  Comté  jus- 
qu'aux conquêtes  de  Louis  XIV  et  même  qu'il  en  est  resté  quelque  chose 
jusqu'à  la  Révolution  ».  pour  cette  publication,  M.  Champeaux  s'est  servi 
d'un  manuscrit  de  Dom  Aubrée  (xYiii^  siècle)  conservé  à  la  Bibliothèque 
nationale,  d'une  série  de  manuscrits  et  d'imprimés  indiqués  ici  et  enfin 
du  Cartulaire  de  la  ville  d'Arbois,  édité  par  M.  StoufY  en  1898.  Voilà 
donc,  pour  l'histoire  de  l'organisation  judiciaire  de  la  Franche-Comté 
au  moyen  âge,  une  contribution  des  plus  précieuses  dont  l'aridité  est  con- 
sidérablement atténuée  grâce  à  l'étude  en  trois  chapitres  que  M.  Cham- 
peaux a  placée  en  tête  des  textes  qu'il  reproduit.  Le  volume  se  ter- 
mine par  une  table  des  ordonnances  franc-comtoises  rendues  entre  le 
28  juin  1343  et  le  12  novembre  1460  et  par  une  excellente  table  alpha- 
bétique des  matières  contenues  dans  ces  ordonnances,  qui  facilite  les  re- 
cherches. 

— •  La  revue  la  Médecine  internationale  a  publié  dans  sa  livraison  de 
juillet  dernier  (p.  219-230)  un  curieux  travail,  signé  D""  Rondelet  [alias  : 
D'  Cabanes)  intitulé  :  Le  Nestor  de  la  chirurgie  militaire  :  le  baron  Percy, 
d'après  des  documents  inédits.  C'est  à  l'occasion  de  l'érection,  que  l'on 
assure  devoir  être  prochaine,  d'un  monument  à  Percy  dans  une  des 
cours  de  l'hôpital  militaire  du  Val-de-Grâce,  que  l'auteur  a  voulu  «  faire 
revivre  en  quelques  pages  l'extraordinaire  carrière  de  ce  héros  dont  la 
bravoure  n'eut  d'égale  que  la  simplicité  ».  Pierre-François  Percy,  né  à 
Montagney  (Haute-Saône),  le  28  octobre  1754,  est  mort  à  Paris  le  18  fé- 
vrier 1825.  Toute  son  existence,  brièvement  retracée  par  M.  Cabanes, 
justifie  à  merveille  l'opinion  du  médecin-inspecteur  général  Dujardin- 
Beaumetz,  qui  a  dit  de  l'illustre  Franc- Comtois  :  «  Il  fut,  tout  à  la  fois, 
un  grand  organisateur,  un  grand  esprit,  un  grand  chirurgien  et  un  grand 
cœur  ».  L'intérêt   deTces   pages  réside  surtout   dans   les   lettres  inédites 


^  188  — 

de  Percy,  que  l'auteur  a  extraites  de  sa  collection  personnelle  et  qu'il 
a  reproduites  Ici;  la  figure  du  grand  chirurgien  se  trouve  ainsi  éclairée 
d'un  jour  particulier.  Il  convient  de  noter  en  outre  les  quatre  gravu- 
res, le  fac-similé  d'autographe  et  le  portrait  de  percy  par  Boilley,  qui 
ornent  cette  excellente  étude. 

Languedoc.  —  Tout  particulièrement  intéressant  nous  paraît  le  fas- 
cicule formant  le  premier  semestre  de  l'année  1912  du  Bulleiin  de  la 
Commission  archéologique  de  Narbonne  (t.  XII,  Narbonne,  imp.  Gaillard, 
1912,  in-8  de  xl-155  p.,  avec  des  reproductions  d'armoiries).  Et  cela 
parce  que  ce  fascicule  renferme  les  trois  premières  parties  de  la  Biblio- 
graphie de  VAiide,  par  M.  A.  Sabarthès  (p.  1-104).  L'auteur  s'est  borné 
à  relever  «  exclusivement  tout  ce  qui  a  été  écrit  sur  l'Aude,  les  per- 
sonnes et  les  choses  de  l'Aude  ;  le  reste,  quelle  que  soit  sa  valeur,  a  été 
volontairement  omis  ».  Les  matières  ont  été  ainsi  cl  assées  :  Bibliographie 
générale.  Sciences  naturelles,  Géographie,  Sciences  économiques,  Histoire, 
Droit  et  Jurisprudence,  Littérature,  Archéologie.  Ce  qui  est  présentement 
publié  va  jusqu'à  la  Géographie  et  s'arrête  au  n°  985.  Quand  tout  aura 
paru,  M.  Sabarthès  donnera  quatre  tables  pour  faciliter  les  recherches. 
Nous  ne  doutons  pas  qu'il  soit  fait  un  tirage  à  part  de  cet  instrument 
de  travail.  —  A  signaler  ensuite  :  Éloge  funèbre  de  M.  Gaston  Gautier, 
par  M.  G.  Amardel,  hommage  rendu  par  le  président  de  la  Commission 
archéologique  à  un  confrère  distingué  (p.  105-111);  —  Les  Monnaies 
antiques  intentionnellement  oblitérées,  par  M.  G.  Amardel  (p.  112-121);  ■ — 
Armoriai  des  évêques  de  Mirepoix,  par  MM.  H.  Mullot  et  H.  Sivade 
(p.   122-155,   avec  des  reproductions  d'armoiries). 

Normandie.  —  M.  E.  Sevestre,  en  s'appuyant  sur  les  nombreux  et 
irréfutables  documents  que  fournissent  les  congrès  diocésains,  présente 
un  tableau  très  suggestif  de  l'histoire  contemporaine  de  la  Normandie  : 
Après  la  Séparation.  La  Vie  religieuse  en  Normandie  (Paris,  A.  Pi- 
card et  fils,  1912,  in-8  de  27  p.).  L'auteur  étudie  tour  à  tour  les  forces 
catholiques  des  cinq  diocèses  de  cette  province,  l'organisation  des  œuvres 
dans  chacun  d'eux,  leur  vitalité  et  les  résultats  qu'on  en  peut  attendre. 
Il  serait  à  souhaiter  qu'un  tel  travail  fût  fait  pour  toute  la  France. 

—  Le  Journal  d'un  voyage  en  Normandie,  publié  par  M.  J.  Estrup 
(Copenhague,  Host,  1911,  in-8  de  69  p.)  est  le  récit  d'un  voyage  accom- 
pli en  1819  par  un  Danois,  Hector  Estrup,  dont  le  petit- fils  a  publié 
le  journal  de  route  à  l'occasion  des  fêtes  du  Millénaire.  Ce  sont  des  notes 
rapides  cueillies  sur  le  vif  par  un  esprit  aussi  averti  qu'impartial  et 
écrites  sans  prétention,   d'une  plume  alerte  et  originale. 

Poitou.  ■ —  Il  vient  de  paraître  un  nouveau  fascicule  (le  2^  du  tome  IV) 
du  Dictionnaire  historique  et  généalogique  des  fatnilles  du  Poitou,  rédigé 
par  MM.  Beauchet-Filleau  et  de  Gouttepagnon  (Poitiers,  Société  fran- 
çaise d'imprimerie  et  de  librairie,  mars  1912,  in-8,  p.  161  à  320).  Ses 
160  pages  d'un  texte  fort  serré,  sur  deux  colonnes,  ne  comprennent 
qu'une  partie  des  noms  commençant  par  la  lettre  G  (Girard-Gour- 
jault).  C'est  que  les  auteurs  ont  réuni,  touchant  l'histoire  de  chaque 
famille,  un  ensemble  de  faits  et  de  dates  très  considérable;  ils  n'ont 
pu  le  faire  sans  beaucoup  de  peine,  car,  pour  la  plupart,  les  généalogies 
qui  forment  ce  fascicule  sont  celles  de  modestes  gentilshommes  et  de 
bourgeois,  personnages  assez  obscurs,  dont  les  traces  sont  difficiles  à  re- 
trouver.    Il     est     regrettable    que,     dans     un    ouvrage    aussi     soigné 


—  189  -- 

que  celui-ci,  les  descriptions  des  armoiries  ne  concordent  pas  toujours 
avec  les  figures  qui  les  acconapagnent.  (Voir  les  articles  Girault  de  Crou- 
zon,  Le   Godelier,    Gourdon  de   Genouillac.) 

Belgique.  —  Les  abbayes  bénédictines  de  Louvain  (Mont-César)  et 
de  Maredsous  se  signalent  depuis  quelques  années  par  ujie  admirable  pro- 
pagande liturgique  qui  porte  déjà  les  plus  heureux  fruits  :  ^revues  scien- 
tifiques et  de  vulgarisation,  publications  nombreuses,  retraites  et  semaines 
liturgiques  entretiennent  et  développent  ce  mouvement  vers  une  vie 
profondément  chrétienne  alimentée  par  les  soins  maternels  de  l'Eglise. 
Mentionnons  aujourd'hui  un  tract  de  propagande  :  La  Liturgie  en  une 
leçon,  de  Dom  Jérôme  Picard  (Abbaye  de  Maredsons,  Belgique,  in-16  de 
32  p.).  L'auteur  a  placé  dans  leur  cadre  théologique,  en  une  synthèse 
vivante,  toutes  les  parties  delà  liturgie  dont  la  pratique,  aimée  parce 
que  comprise,  fournira  tous  les  détails.  On  ne  saurait  trop  recomman- 
der cet  opuscule  que  l'abbaye  de  Maredsous  peut  céder  à  six  centimes 
l'exemplaire,  s'il  est  pris  en  nombre. 

Espagne.  —  Sous  la  direction  du  très  distingué  professeur  et  doyen 
de  la  Faculté  de  Saragosse,  don  Eduardo  Ibarra  y  Rodriguez,  il  se  pu- 
blie, depuis  quelques  années,  une  Collection  de  documents  pour  Vétude  de 
Vhistoire  d'Aragon.  Elle  comprend  quatre  séries  :  1°  Documents  ecclé 
siastiques  et  royaux;  2°  Règlements  des  villes,  notamment  les  Ordenan- 
zas  de  la  ciuclad  de  Zaragosa  en  la  Edad  Media;  3°  des  documents  rela- 
tifs au  «  développement  matériel  et  intellectuel  >>  de  la  province;  4°  des 
«  Variétés  ».  —  Cette  dernière  rubrique  vient  d'être  inaugurée  par  un 
volume  d'histoire  contemporaine  :  La  Représentaciôn  Aragonesa  en  la 
Junta  central  suprema  (25  septembre  1808,  29  janvier  1810).  Ces  docu- 
ments, en  grande  partie  inédits,  sont  tirés  des  curieuses  archives  de  Alcala 
de  Henarès,  qui  furent  transportées  en  1897  à  l'Archive  historico  na- 
cional  dé  Madrid.  Ils  se  réfèrent  au  rôle  que  jouèrent  auprès  de  la  junte 
de  gouvernement  les  deux  députés  de  Saragosse  :  Don  Francisco  Palafox, 
le  frère  aîné  du  célèbre  Palafox,  et  Don  Lorenzo  Calbo  de  Rozas,  jusqu'au 
moment  où  une  émeute,  à  Séville,  en  janvier  1810,  dispersa  cette  junte 
et  la  remplaça  par  une  Régence.  L'éditeur,  l'abbé  don  Pedro  Longas 
Bartibas,  docteur  en  histoire,  a  dirigé  avec  le  plus  grand  soin  sa  publi- 
cation; il  l'a  fait  précéder  d'une  étude  d'ensemble,  très  claire  et  très 
nette,  indiquant  les  sources,  les  discutant;  il  l'a  fait  suivre  d'un  très 
bon  Index  alphabétique;  l'ensemble  de  ce  volume  (xxxvii-255  pages 
in-8)  fait  honneur  à  la  collection  que  nous  indiquons  (dont  il  forme  le 
tome  Vile)  ;  il  fournit  des  pièces  curieuses,  précises  et,  jusqu'à  ce  jour, 
-inconnues  sur  les  premières  années  de  la  guerre  de  l'indépendance. 

États-Unis.  —  C'est  vraiment  répéter  une  constatation  déjà  faite  à 
bien  des  reprises  que  de  dire  l'intérêt  du  rapport  annuel  pour  l'année 
1908-1909,  du  bibliothécaire  de  la  Bibliothèque  du  Congrès.  Intéressant 
par  lui  même,  et  montrant  le  développement  de  la  grande  bibliothèque 
américaine,  durant  les  douze  mois  qui  s'étendent  du  l*^""  juillet  1908 
au  .30  juin  1909,  ce  rapport  devient  plus  précieux  encore  à  qui  en  lit 
les  appendices,  parmi  lesquels  il  convient  de  citer  particulièrement  celui 
qui  a  trait  à  la  propriété  littéraire  (il  est  très  développé  et  très  docu- 
-menté)  et  celui  qui  contient  la  liste  des  acquisitions  nouvelles  en  ma- 
nuscrits de  la  Bibliothèque  du  Congrès  {Library  of  Congress.  Report  of 
the  Librarian  of  Congress  and  report  of  the  superintendent  of  the  Library 


—  190  — 

Builditigs  and  Grounds  for  the  fiscal  year  ending  June  30,  1909.  Washing- 
ton, Government  printing  office,  1909,  in-8  cartonné  de  228  p.,  avec 
1  grav.   et  6  plans). 

—  La  Bibliothèque  du  Congrès  poursuit  la  publication  de  ses  cadres 
de  classement.  Nous  avons  sous  les  yeux  deux  nouvelles  séries  :  la  classe 
A,  qui  s'applique  à  la  Polygraphie  et  aux  Généralités  (Library  of  Con- 
gress.  Classification.  Class  A.  General  works.  Polygraphy.  Washington, 
Government  printing  office,  1911,  in-4  de  63  p.)  et  la  classe  L,  relative 
à  l'Éducation  [Library  of  Congress.  Classification.  Class  L.  Education. 
Ibid.,  1911,  in-4  de  161  p.).  Dans  la  première  série,  qui  ne  porte  pas 
de  nom  d'auteurs,  rentrent,  avec  les  encyclopédies,  les  collections,  les 
revues  et  périodiques,  les  sociétés  savantes,  les  almanachs.  Dans  la  se- 
conde, à  l'établissement  de  laquelle  ont  tour  à  tour  collaboré  MM.  J.  C. 
Borg,  W.  D.  Johnson,  A.  F.  M.  Schmidt  et  J.  D.  Wolcott,  les  grandes 
divisions  suivantes  ont  été  adoptées  :  L.  Généralités;  LA.  Histoire  de 
l'éducation;  LB.  Théorie  de  l'éducation  et  principes  d'enseignement;  LC. 
Formes  diverses  de  l'éducation,  aspects  sociologiques,  etc.;  LD-LG.  Uni- 
versités, collèges  et  écoles  par  pays  ;  LH.  Périodiques  spéciaux;  LJ.  Fra- 
ternités scolaires  et  publications  qui  en  émanent;  LT.  Heures  classiques. 

— •  L'Annuaire  de  l'Université  catholique  d'Amérique  pour  1912-1913 
[The  Catholic  University  of  America  year-book.  Washington,  published  by 
the  University,  1912,  in-8  de  216  p.,  avec  plan)  nous  apporte  sur  le  per- 
sonnel et  l'organisation  de  cette  grande  institution  des  renseignements 
pleins  d'intérêt.  De  1889,  date  de  sa  constitution  définitive,  à  1911, 
l'Université  n'a  pas  conféré  moins  de  697  diplômes,  dont  9  de  docteurs  en 
théologie,  16  de  docteurs  en  droit,  32  de  docteurs  en  philosophie.  Le  cha- 
pitre des  fondations  qui  s'ouvre  avec  la  donation  princière  de  300.000 
dollars  faite  en  1885  par  Miss  Mary  Gwendolin  Caldwell,  aujourd'hui 
M"^e  (jes  Moustiers  de  Mérinville,  et  qui  reste  toujours  ouvert  (la  dernière 
donation  indiquée  est  de  1912),  nous  fait  souhaiter  de  trouver  chez  nous 
des  encouragements  aussi  généreux.  Nous  arrivons  à  un  total  d'environ 
1.300.000   dollars. 

Publications  nouvelles.  —  Le  Pain  évangélique,  explication  dialo- 
guée  des  évangiles,  par  l'abbé  E.  Duplessy.  T.  IIL  De  la  Saint-Pierre  à 
V  Avent  (in-18,  Téqui).  —  La  Prédication  contemporaine.  Pensées  et  con- 
seils homilétiques,  par  Mgr  de  Keppler;  trad.  de  l'allemand  par  l'abbé  L. 
Douadicq  (in-12,  Lethielleux).  ■ —  La  Vie  spirituelle,  ou  V Itinéraire  de 
Pâme  à  Dieu,  par  le  P.  P.  Malige  (3  vol.  petit  in-8,  Lethielleux).  — 
Manuel  des  ttiissiofis  paroissiales,  par  l'abbé  J.  Sabouret  fgr.  in-8,  Des- 
clée,  de  Brouwer).  —  Histoire  de  la  philosophie  ancienne,  par  G.  Sortais 
(petit  in-8  cartonné,  Lethielleux).  —  VEsiglio  di  saut' Agostino,  da  L. 
M.  Billia  (in-8,  Turin,  Fiandesio).  ■ —  L'Œuvre  de  Frédéric  Le  Play,  par 
L.  de  Montesquiou  (in-16,  Nouvelle  Librairie  nationale).  • —  Le  Rapport 
social,  essai  sur  l'objet  et  la  méthode  de  la  sociologie,  par  E.  Dupréel  (in-8, 
Alcan).  —  Le  Luxe,  par  F.  de  Béthune  (in-8,  Fischbacher).  ' —  Passage  de 
V électricité  à  travers  les  ga3,  par  J.-J.  Thomson;  trad.  de  l'anglais  par  R. 
Fric  et  A.  Faure  (gr.  in-8,  Gauthier- Villars).  —  Mémoires  sur  Vélectri- 
citè  et  Voptique,  par  A.  Potier;  publiés  et  annotés  par  A.  Blondel  (gr. 
in-8,  Gauthier- Villars).  —  Précis  d'optique,  publié  d'après  l'ouvrage  de 
P.  Drude,  refondu  et  complété  par  M.  Boll.  T.  II  (gr.  in-8,  Gauthiew- 
Villarsl.  —  Œuvres  de  Charles  Hermite,  publiées  par  E.  Picard.  T.  HT 
(in-8,    Gauthier- VillarsL  —  L'Éducation   physique,  ou  l'Entrainement   com 


—  191  — 

plet  par  la  méthode  naturelle,  par  G.  Hébert  (in-8,  Vuibert).  ■ —  La  Pêche 
au  bord  de  la  mer,  par  L.  Jouenne  et  J. -H.  Perreau  (in-18  cart.,  Baillière). 

—  Les  Maîtres  de  la  musique.  Jean- Jacques  Rousseau,  par  J.  Tiersot 
(petit  in-8,  Alcan).  —  La  Ville  au  bois  dormant,  par  G.  Audigier  (in-18, 
Dorbon-aîné).  —  Au  fil  du  rêve,  par  J.  Delom  de  Mézerac  (in- 16,  Jouve), 
— ■  J'entends  des  appels  mystérieux,  par  A.  Cheylac  (in- 16,  Messein).  — 
Sensations,  par  P.  Costel  (in-16,  Messein).  —  Dix  Levers  de  rideau,  say- 
nètes et  comédies  en  un  acte,  par  H.  Le  Pointe  (in-16,  Jouve).  • —  Scènes 
vécues,  pièces  en  vers  et  en  prose,  par  L.  Julien  (in-16,  Jouve).  —  Ma- 
nuel théâtral  des  œuvres,  patronages  et  pensionnats,  par  H.  Morienval 
(in-8,  Ilaton).  —  Les  Dieux  ont  soif,  par  A.  France  (in-18,  Calmann- 
Lévy).  —  Un  Pèlerin  d'Angkor,  par  P.  Loti  (in-18,  Calmann-Lévy).  ■ — 
Fraîcheur,  par  Gyp  (in-18,  Calmann-Lévy).  —  Madeleine  jeune  femme, 
par  R.  Boilesve  (in-18,  Calmann-Lévy).  —  Le  Miracle  des  perles,  par 
M.  Alanic  (in-12,  H.  Gautier).  —  La  Mystérieuse  Aurore,  par  B.  de  Buxy 
(in-12,  H.  Gautier).  —  Le  Château  du  mystère,  par  A.  Bruyère  (in-12, 
H.  Gautier).  —  Les  Vacances  de  Suzette  pour  1912  (petit  in-18,  H.  Gau- 
tier). —  Au  Moulin  de  Virelune,  par  P.  Billaud  (gr.  in-8.  Bonne  Presse). 

—  La  Rançon  de  la  gloire,  par  L.  Barracand  (gr.  in-8.  Bonne  Presse).  — 
Lettres  de  Louis  Veuillot  à  M^^^  Charlotte  de  Grammont,  publiées  avec 
Introduction  et  notes  par  J.  Calvet  (petit  in-8,  Lethielleux).  —  Une 
Amie  inconnue  d'Eugénie  de  Guérin.  Coralie  de  Gaïx.  Correspondance  et 
œuvres,  publiées  avec  notes  et  portrait,  par  le  baron  de  Blay  de  Gaïx. 
Introduction  par  A.  Praviel  (petit  in-8,  Champion).  —  La  Fontaine, 
textes  choisis  et  commentés,  par  E.  Pilon  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Les 
Grands  Ecrivains  français.  Lamartine,  par  R.   Doumic  (in-16.   Hachette). 

—  Sur  la  vie  (Essais],  par  A.  Suarès  (in-18,  Émile-Paul).  —  E?i  Ecosse. 
Sites,  légendes  et  récits,  par  A.  Baraudon  (in-18,  Stock,'.  ■ —  La  Syrie, 
par  K.  T.  Khaïrallah  (in-8,  Leroux).  —  Le  Tibet  révolté.  Vers  Népé- 
makô,  la  terre  promise  des  Tibétains.  Lnpressions  d'un  Tibétain  en  France, 
par  J.  Bacot  (in-8,  Hachette).  —  Une  Colonie  modèle;  la  Rirmanie  sous 
le  régime  britannique,  par  J.  Dautremer  (in-8,  Guilmoto).  —  Le  Maroc 
physique,  par  L.  Gentil  (in-16,  Alcan).  —  Sous  la  Croix-du-Sud,  par  le 
prince  Louis  d'Orléans-Bragance  (in-8,  Plon-Nourrit).  -^  Dans  l'Atlan- 
tique, par  H.  Dehérain  (in-16.  Hachette).  • —  Les  Papes  à  travers  les  âges. 
I.  De  saint  Pierre  à  saint  Hygin,  par  E.  Lacoste  (gr.  in-8,' Bonne  Presse). 

—  L'Église  wisigothique  au  vii^  siècle,  par  E.  Magnin  (in-12,  A.  Picard 
et  fils).  —  Origines  et  formation  d^  la  nationalité  française,  par  A.  Lon- 
gnon  (in-12,  Nouvelle  Librairie  nationale).  —  Histoire  d'Alsace,  par  R. 
Reuss  (petit  in-8,  Boivin).  —  Mon  Vieux  Rlois.  Essai  sur  les  origines 
de  Rlois,  par  J.  Perrochot  (in-18,  imp.  Migault).  —  Étude  sur  Jeanne 
d'Arc,  par  Mgr  A.  Fabre  (in-8,  Chéronnet  ;  Saint-Denis,  Dubourg).  — 
Les  Sources  de  l'histoire  de  France,  xvi^  siècle  (1494-1610),  par  H.  Hau- 
ser.  III.  /.es  Guerres  de  religion  (1559-1589)  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  — 
Lx  France  et  le  Saint-Empire  romain  germanique,  depuis  la  paix  de  West- 
phalie  jusqu'à  la  Révolution  française,  par  B.  Auerbach  (in-8,  Champion). 

—  Manuel  pratique  pour  l'étude  de  la  Révolution  française,  par  P.  Caron 
(in-8,  A.  picard  et  fils).  —  Procès-verbaux  de  la  Commission  temporaire 
des  a'îs,  publiés  et  annotés  par  L.  Tuetey.  T.  I.  1^''  septembre  1793-30 
frimaire  an  III  (gr.  in-8,  Leroux).  —  Notice  sur  le  comte  Stanislas  de 
Cler mont-Tonnerre,  député  aux  États  généraux,  par  le  marquis  de  Château- 
brun,   in-18,    Champion).  —  Mémoires   de   la   marquise   de   Nadaillac,  du- 


—  192  — 

chessc  d'Escars,  suicis  des  Mémoires  inédits  du  duc  d'Escars,  publiés  par 
son  arrière-petit- fils  le  colonel  marquis  (Je  Nadaillac  (petit  in-8,  Émile- 

paul).  VeuiUot,   par  L.   Dimier,  in-18  (Nouvelle  Librairie  nationale). 

1896-1901.  Petits  Mémoires  du  temps  de  la  Ligue,  par  H.  de  Bruchard 

(in-18,  Nouvelle  Librairie  nationale).  —  La  Prochaine  Guerre,  par  C. 
Malo  (in-8,  Berger-Levrault).  —  Les  Armées  des  principales  puissances, 
au  printemps  de  \9V1  f petit  in-8  cartonné,   Imhaus  et  Chapelot). 

ViSENOT. 


Le  Gérant  :  CHAPUIS. 


Imprimeria  polyglotte  Fr.  Simon,  Ronnea— Paria. 


POLTBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 


PUBLICATIONS  RÉCENTES  SUR  L'ÉCRITURE  SAINTE 
ET  LA  LITTÉRATURE  ORIENTALE 

1.  La  Chronologie  rectifiée  du  règne  de  Hammourabi,  par  le  P.  Scheil.  Paris,  C. 
Klincksieck,  1912,  in-4  de  12  p  ,  avec  une  héliogravure,  1  fr.  50. — 2.  Lie  Be- 
deutung  Richard  Simons  ; U  ■  die  Pintateuchkritik,  \on  Friedricu  Stummer  ( Alttes- 
tanientliche  Ahhandlungen  de  Nikel,  t.  III,  fasc.  4).  !  û  ister  im  Westphalien, 
AschendorfV  19Î2,  in-8  de  vii-146  p.,  5  fr.  —  3.  L'Erreur  de  traduction  prouvée 
par  le  moi  lÛ^^  Suite  d'  «  Une  Erreur  de  traduction  dans  la  Bible  ",  par  S. 
Ferarfs.  Paiis,  Dui lâcher,  19! 2,  petit  in-8  de  .39  p.  —  4.  La  Durée  de  Vannée 
biblique  et  V origine  du  mot  nJ"(27,  par  le  même.  Paris,  Dui  lâcher,  1912,  )n-8 
de  24  p.  —  5.  Neue  griechisch-srllische  Evangelienfrogmente  ve  ôTentHcht  von 
Joseph  Michael  Heer  (Sonderbiuck  aus  Oriens  christianus,  neue  Sarie,  il,  1). 
Leipzig,  Harrassowitz,  1912,  in-4  de  47  p  ,  avec  2  fac-similés  de  manusciits.  — 
6.  Jésus  a-t-il  vécu?  Controverse  religieuse  sur  «  le  Mythe  du  Christ  »,  ayant  eu 
lieu  à  Berlin,  au  jardin  zoologique,  les  31  janvier  et  !«■'  féviier  1910,  par  le.s 
soins  de  V  Union  nioniste  allemande.  Neuf  Discours,  p  ononcés  par  Arthur  Deews, 
H.  VON  SoDEN,  'r  Stludel,  G.  HoLLMANN,  Max  Fischer,  Fr.  Lipsius,  h. 
Fra.vcke,  Vu.  Kappstein,  Max  Maurenbreche!,  ;  t-aduit  par  AiiMA^o  Lip- 
MAN.  Paiis,  Messein,  1912,  in-12  c'e  181  p.,  1  fr.  50.  —  7.  Le  Discours  de  Jésus 
sur  la  montagne,  par  l'abbé  Stanislas  Gamber.  Paiis,  Lethielleux,  s.  d.  (1912), 
in-l2  de  166  p.,  3  fi'.  —  8.  Jésus-Christ,  sa  vie,  soti  temps,  par  le  P.  Kippolyte 
Leroy  (Leçons  c' Écriture  sainte  piCchées  aux  Gc'^û  de  Paiis  et  de  Biuxelles). 
Année  1910.  Paiis,  Beauchesne,  1912,  in-16  de  430  p.,  3  fr.  ^9.  Introduction  aux 
paraboles  évangéliques,  par  le  P.  D.  Buzy  (Études  bibliques).  Paris,  Lecoffre, 
Gabalda,  1912,  in-12  de  xxiii-476  p.,  4  fr.  —  10.  La  Théologie  de  saint  Paul, 
par  F.  Prat.  2<>pa!tie.  Paris,  Beauchesne,  1912,  in-8  de  vni-579p.,  7  fr.  50.  — 
11.  Za  Loi  et  la  foi.  Etude  sur  saint  Paul  et  les  juc-  î;ants,  par  A.  de  Boysson, 
Paris,  Bloud,  1912,  in-12  de  viii-339  p.,  3  fr.  50.  —  12.  Les  Odes  de  Salornon. 
Une  Œuvre  chrétienne  des  environs  de  Van  100-120.  Traduction  française  et  Intro- 
duction historique  par  J.  Labourt  et  P.  Batiffol.  Paris,  Lecoffre,  Galialda, 
1911,  gr.  in-8  de  viil-123  p.,  4fr.  — 13.  LaD.discalie  des  douze  apôtres,  traduite 
du  syriaque  pour  la  première  fois  par  F.  Nau.  2^  c  dit.,  revue  et  pugmentée. 
Paris,  Tr-thielleux,  1912,  in-8  dp  xxxii-26'i  p.,  8  fi.  '**'''^. 

1.  * —  C'est  à  l'aide  de  la  littérature  juridique  du  deuxième  millé- 
naire avant  njtre  ère  que  le  P.  Scheil,  dt  ns  vn  mémoire  lu  à  l'Aca- 
démie des  inscriptitins  et  belles-lettres  :  La  Chronologie  rectifi.ée  du 
règne  de  Hammourabi,  a  pu  rectifier  les  dates,  jusqu'alors  connues, 
de  ce  règne.  A  défaut  d'ère  usitée,  les  contrats  et  pièces  de  compta- 
bilité des  Suméro-Accadicns  et  des  Assyro-Babyloniens,  dès  cette 
époque  r^îulée,  sont  datés  presque  tous  par  une  formule  se  rappor- 
thni.  à  un  événement  considérable  et  personnifiant  l'ann'e  cou- 
rante, par  exemple  «  l'année  que  le  roi  creusa  le  canal  Arahtoum  ». 
Ces  formules  étaient  promulguées,  par  autorité  publique,  dans  les 
premiers  jours  de  l'année,  en  rapport  avec  des  faits  prévus.  Parfois, 
la  prise  d'une  ville,  la  défaite  d'un  ennemi  servaient  rétrospective- 
ment à  nommer  l'année  dans  laquelle  elles  étaient  arrivées.  Une 
Septembre  1<»12.  T.  CXXV.  1^!. 


—  J94  —  •        .  , 

ann'^e  blanche,  c'cst-.à-dirc  Ocoulce  sans  événement  remarquable^ 
était  dite  cadette  ou  soiis-cadette  de  la  procède ntc  qui  était  exactement 
datée.  Si,  au  cours  des  mois,  survenait  vn  fait  frappant,  en  pouvait 
s'en  servir  pour  désir n':'r  l'ann'e  courante,  mais  la  dataticn  primi- 
tive persévérait  simultan'mtnt.  Nous  ne  ccnnaissons  pas  encore  les 
nniis  de  toutes  les  ann'es  et  nous  ne  pouvons  pas  toujours  établir 
leur  suite  chronologique^.  Mais,  sur  43  ann'es  du  règne  de  Ham- 
mourabi,  36  sont  nommées  par  les  contrats  venus  à  notre  connais- 
san-^e.  De  plus,  des  listes  récapitulatives  donnant  la  èuite  chronolo- 
gique de  35.  L'une,  qui  provient  des  fouilles  du  P.  Scheil  à  Sip- 
par,  se  trouve  au  musée  de  Constantin jple  et  trais  autres  sont 
conservées  au  Musée  britannique.  Mais  un  document  qui  appartient 
au  savant  membre  de  1" Institut  est  un  itiventaire  presque  complet 
de  tous  les  titres  des  années  de  Hammourabi;  il  comble  des  lacunes, 
dissipe  des  doute^  rectifie  le  classement  adopté  par  les  assyriolo- 
gues  et  fixe  les  gran  les  lignes  de  ce  règne  si  florissant.  Aussi  le 
p.  Scheil  en  donne-t-il  une  transcription  et  une  traduction  avec  une 
héliogravure  du  document.  Il  fait  remarquer  que  les  savants  qui 
identifient  Hammourabi  avec  Amraphel  de  la  Gen?se  pourront  placer 
son  expédition  dans  l'ouest  à  la  39®  ann-e  de  son  règne.  Aucune 
ann  e  n'est  datée  de  la  promulgation  du  fameux  code  que  le  P.  Scheil 
a  déchiiïré  le  premier.  Cette  codification,  dont  la  découverte  a  si 
vivement  intéressé  nis  con'îemporains,  n'aurait  donc  été  pour  les 
sujets  et  même  pouT  les  conseillers  de  Hammourabi  «  qu'un  effott 
assez  banal  de  scribes  sur  des  rudiments  ^jui  depuis  longtemps  cou- 
raient parmi  eux  »,  et  ne  leur  aurait  pas  paru  digne  de  mémoire. 

2.  —  A  l'occasion  du  deuxième  centenaire  de  la  mort  de  Richard 
Simon  (11  avril  1712),  M;  Stummer  publie  un  travail,  couronné  en 
1909  par  la  Faculté  de  théologie  catholique  de  AVurzbourg,  sur  la 
place  tenue  par  ce  célèbre  critique  et  sur  la  portée  de  ses  écrits  par 
rapport  à  la  critique  du  Pentateuque  :  Die  Bedeuiung  Richard  Si- 
mons  fur  die  Pentateuchkritik.  Dans  une  première  partie,  il  expose 
l'état  antérieur  de  la  question,  dans  l'antiquité  (chez  les  Juifs  et  les 
Pères  de  l'Église),  au  moyen  âge  (dans  les  écrits  d'j^benesra  et  de 
Tostat),  au  temps  de  la  Réforme  (chez  les  réformés  et  parmi  les  catho- 
liques, Uftamment  au  sujet  de  l'âge  et  de  la  valeur  du  Pentateuque 
samaritain)  et  chez  les  prédécesseurs  imnif^diats  -de  Richafd  Simon 
(Thomas  Hobbes,  Isaac  de  la  Peyrère  et  Baruch  Spinoza).  La  se- 
con  le  partie,  qui  forme  le  centre  du  mémoire,  traite  en  deux  cha- 
pitres des  vues  du  ■  fameux  oratorien,  dans  son  Mtstoire  critique  du 
Vieux  Testament,  parue  en  1678,  sur  la  composition  et  la  conser- 
vation du  Pentateuque,  sur  l'â-ge  et  la  valeur  du  Pentateuque  sama- 
ritain, puis  de  ses  polémiqwes  à  oe  sujet  avec    ses  contemporains.  Le 


—  195  — 

p.  Simon  prouvait,  par  le  continu  mânc  du  Pcntatevquo,  que  son 
texte  ne  nous  était  pas  parvenu  dtns  scn  état  primitif,  mais  qu'i.l 
portait  des  traces  de  retouches  faites  postérievremcnt  ptr  des  «  écri- 
vains publics  »,  dont  l'existence  en  Israël  remontait  au  temps  de 
Moïse.  Moïse  lui-même  avait  rédigé  la  Genèse  d'après  des  récits  anté- 
ri'eurs,  oraux  ou  écrits,  aussi  bi(n  ejr.e  toutes  les  lois  et  les  ordon- 
nances cont(nues  dans  les  cinq  livres  qui  lui  sont  attribués.  Les  évé- 
nements de  son  temps  avaient  été  rédigés  sur  son  ordre,  pat  des  écri- 
vains inspirés,  en  une  sorte  de  journal  ou  d'annales,  dont  le  livre  des 
guerres  de  Jahvé  pouvait  être  une  partie.  Ces  récits  ou  mémoires 
contemporains  auraient  été  compilés,  abrégés  et  complétés  du  temps 
d'Esdras  par  les  «  écrivains  publics  »  de  cette  époque,  de  manière  à 
former  les  livres  historiques  du  Pentateue[ue,  tels  que  nous  les  possé- 
dons. En  outre,  R.  Simon  ne  voyait  dans  le  Pentateuque  samaritain 
qu'une  recension  conservée  dans  l'ancienne  écriture  et  retouchée  en 
quelques  passages  seulement  du  texte  hébreu,  transcrit  en  carac- 
tères carrés,  ou  même  une  copie,  un  peu  altérée,  de  l'original.  Ces 
vues,  en  partie  nouvelles,  suscitèrent  de  ^àves  polémiques  dans 
lesquelles  le  jansénisme  n'était  pour  rien,  à  l'encontTe  de  ce  que  dit 
M.  Stummer  (p.  5&).  Elles  surgirent  de  différents  côtés,  des  rangs  des 
conservateurs  rigoureux,  de  la  part  des  protestants  Spanheim  et 
Vossius,  du  milieu  de  critiques  plus  avancés,  les  théologiens  de  Hol- 
lande, par  la  plume  du  socinien  Jean  Le  Clerc,  qui  rejetait  surtout 
l'existence  des  a  é<;rivains  publics  »  et  dépassait  R.  Simon,  puisqu'il 
attribuait  lé  Pentateuque  à  un  autemr  moderne,  au  prêtre  israélite 
envoyé  par  Salmanazar  aux  Cuthéens,  transportés  à  Samarie,  et  se 
servant  de  documents  antémosaïques,  mosaïques  et  post mosaïques,  en- 
fin du  côté  catholique,  de  la  part  du  seul  Ellies  Dupin,  qui  soutint 
la  Composition  du  Pentateuque  entier  par  Moïse  et  réduisit  au  mini- 
mum les  additions  ou  mcdifications  faites  à  son  texte.  R.  Simon 
fit  vaillamment  face  à  tous  ses  adversaires  et  profita  de  leurs 
attaques  pour  mettre  ses  idées  personnelles  en  meilleure  lumière. 
Notons  que  le  titre  de  «  prieur  de  Bolleville  )>  qu'il  prit,  en  1685,  dans 
Sa  Réponse  aux  Sentiments  de  quelques  théologiens  de  Hollande,  n'est 
pas  un  pseudenj'me,  comme  il  est  dit  (p.  74),  mais  un  titre  véri- 
table, R.  Simen  étant  vraiment  titulaire  du  petit  bénéfice  de  Bolle- 
ville en  Normandie.  La  troisième  partie  traite  de  1  influence  du  P. 
Simon  dans  l'histoire  de  la  critique  du  Pentateuque.  Ses  idées  furent 
adoptées  et  développées,  au  wiii^  siècle  et  au  ccmmenccmcnt  du 
xix^",  par  Jean  Astruc,  Jean  Salomon  Scmler  et  Jean  Godefroi 
Eichhorn.  Pour  eux,  le  fond  du  Pentateuque  était  mosaïque,  seule  la 
forme  du  livre  était  postérieure'.  La  critie[ue  documentaire  conser- 
vatrice du  début  du  xïx«^  siècle   conservait  encore,  Sf  ns  s'en  rendre 


—  19G  — 

compte,  quelques-unes  des  kit  es  de  R.  Sim(  n;  mais  Iccole  l'volu- 
tionniste,  qui  se  rattache  aux  noms  de  Reuss,  de  Graf  et  de  \\'ell- 
hausen,  ou  la  nouvelle  critique  documentaire,  a  pris  la  contre-partie 
des  conclusions  de  R.  Simon,  puisque,  pour  elle,  1  histoire  et  la 
législation,  dites  mosaïques,  dérivent  de  documents  historiques  et 
législatifs,  postérieurs  à  Moïse.  Les  critiques  récents  ont  cependant 
tous  admis  le  sentiment  de  l'ancien  oratorien  sur  le  Pentateuque 
samaritain.  L'étude  de  M.  Stummer  remet  donc  exactement  le  cri- 
tique catholique  du  xvii^  siècle  à  sa  place  dans  la  question  brû- 
lante de  l'authenticité  mosaïque  du  Pentateuque.  Son  appréciation 
est  plus  juste  que  celle  de  l'abbé  Margival,  qui  avait  mis  sc-n  senti- 
ment personnel  sous  le  patronage  de  R.  Simtn  et  dent  les  articles 
ont  été  réunis  en  volume  (ce  qu'ignore  M.  Stummer).  Le  P.  Simon 
n'était  pas  vn  rationaliste  ni  un  n.'gateur  de  l'authenticité  mosaïque 
du  Pentateuque.  11  continuait  l'œuwe  des  grands  commentateurs 
jésuites  du  Pentateuque,  et  c'est  lui  faire  injure  que  de  le  rapprocher 
de  l'école  de  Wellhausen.  Il  est  curieux  que  ses  vues,  hormis  celle 
des  écrivains  publics  résumant  le  Pentateuque  au  temps  d'Esdras, 
peuvent  aisément  se  concilier  avec  la  décision  de  la  Commission 
biblique  touchant  l'origine  du  Pentateuque.  R.  Simon  était  donc,  au 
sujet  des  livres  de  Moïse,  un  critique  ccnservateur. 

3.  —  M.  Ferarès  croit  avoir  découvert  dans  l'Exode,  XXIIT, 
19;  XXXIV,  26,  et  dans  le  Deutértnome,  XIV,  21,  une  erreur  de 
traduction,  et  au  lieu  de  traduire  ces  passages  bibliques,  comme  on 
le  fait  depuis  des  siècles,  dans  le  sens  de  faire  bouillir  le  chevreau  dans 
le  lait  de  sa  mère,  il  propose  de  les  entendre  de  la  défense  de  man- 
ger cet  animal,  tant  qu'il  tette  encore  sa  mère.  La  défense  mo- 
saïque, d'humanitaire  qu'elle  apparaissait,  devient  simplement  hygié- 
nique. Comme  son  Erreur  de  traduction  dans  la  Bible  a  obtenu  peu 
de  succès,  il  y  ajoute  une  suite  :  L'Erreur  de  traduction  prouvée  par  le  mot 
h'Z'2.  Il  étudie  donc  toutes  les  diverses  apphcations  de  ce  verbe 
dans  la  Bible.  S'il  a  le  sens  g('n'ral  de  cuire  ou  de  préparer  des  ali- 
ments par  Tactil  n  du  feu,  il  signifie  rôtir  ou  griller  cjuand  il  est 
accompagné  du  mot  feu,  ou  bouillir  dans  l'eau,  ou  enf^n  préparer  un 
mets  lorsque  le  complément  direct  est  indéterminé.  11  aurait  donc 
ce  sens  dans  l^s  passages  bibhques  en  question,  et  il  ne  signifierait 
pas  bouillir  d-  n^^  le  lait,  d'autant  plus  qu'il  ne  s'agit  pas  de  lait,  mais 
du  temps  de  l'allaitement.  L  interprétation  précédemment  proposée 
est  donc  justifiée  par  une  démonstration  purement  grammaticale. 
M.  Ferarès  répond  ensuite  à  quelques  critiques  qui  lui  ont  été  faites 
sur  l'origine  de  l'explicatif  n  cour&nte.  Si  elle  était  connue  à  Alexan- 
drie du  temps  de  Philon,  le  silence  de  Josèphe  montrerait  qu'elle 
était  inconnue  à  Jérusalem  vers  l'an  100  de  notre  ère.  Elle  aurait 


-  197 --     • 

donc  pris  naissance  à  Alexandrie  et  ne  serait  pas  primitive.'  Toute- 
fois, elle  na  aucun  rapport  avec  la  magie,  et,  selon  M.  Ferarts,  cette 
loi  culinaire  aurait  été  adoptée  et  imposée  après  la  dispersion  d'Is- 
raël au  milieu  des  païens,  comme  un  signe  distinctif  de  la  nationa- 
lité et  de  la  religion  juive.  Cette  prescription  rabbinique  ne 'pourrait 
donc  être  considérée  que  comme  une  loi  d'exception.  Elle  ne  serait 
pas  constitutionnelle  et  n'aurait  été  portée,  à  l'époque  la  plus  dan;;e- 
reuse  pour  l'existence  d'Israël,  qu'en  vue  de  protéger  la  nation  juive. 
Aujourd'hui  que  le  danger  n'existe  plus,  on  devrait  revenir  à  la  loi 
mosaïque,  bien  interprétée,  et  abandonner  une  pratique  inconsti- 
tutionndle,  eût- elle  duré  seize  siècles.  Ce  serait  une  petite  révolu- 
tion chez  les  fervents  du  judaïsme.  Il  reste  à  se  demander,  avant  de 
la  corriger,  si  cette  erreur  de  traduction  ou  de  tradition  est  aussi 
fortement  appuyée  que  le  prétend  M.  Ferarès. 

4.  —  Avec  moins  de  raison  encore,  le  même  écrivain  s'occupe  de 
la  Durée  de  Vannée  biblique  et  de  l'origine  du  mot  r\2'C-  H  veut 
prouver  que  ce  mot  ne  désigne  pas  dans  le  Pentateuque  la  même 
mesure  de  temps,  qu'il  y  a,  dans  ce  livre,  la  preuve  d'un  changement 
dans  la  durée  de  l'anni-e  et  que  l'étymologie  du  mot  indique  sa 
durée,  sinon  à  l'origine,  du  moins  à  une  époque  très  reculée.  En 
remontant  de  la  sortie  d'Egypte  à  Abraham,  on  constaterait  que 
l'ann'e  était  de  sept     mois.   Avant  Abraham,   l'ann'^'e,  d'après  léty- 

pnologie  du  mot  hf  breu,  qui  signifierait  «  doubler  »,  représentait 
)robablement  un  cycle  de  deux  lunaisons,  et  cette  durée  cadrerait 
très  bien  avec  la  généalogie  de  Sem.  La  preuve  du  changement 
ïerait  donn- e,  Gen.,  XVIII,  11,  à  propos  de  l'âge  d'Abraham 
et  de  Sara,  indiqué  d'après  le  cycle  d'Ur  qui  est  inférieur  au  cycle 
le  Canaan.  Seul,  dans  le  Pentateuque,  hormis  les  récits  antédi- 
luviens, le  Deutéron^ime  parle  du  onzième  mois,  I,  3,  donc  de 
l'ann'e  solaire;  mais  «  nous  savons  que  ce  livre  date  de  l'époque 
d'Ezra  »  (p.  22).  Ce  serait  l'auteur  du  Deutéronome  qui  aurait  donné 
force  de  loi  à  l'ann'e  solaire.  Ces  conclusions  sont  purement  fantai- 
sistes et  n'ont  pas  dans  le  Pentateuque  la  base  qu'on  veut  y  trou- 
ver. 

5.  —  La  bibliothèque  de  l'Université  de  Fribourg  en  Brisgau  pos- 
sède, depuis  1911,  parmi  un  lot  de  papyrus,  cinq  feuillets  de  par- 
chemin qui  reproduisent  des  leçons  liturgiques  en  grec  et  en  sahidi- 
que,  tirées  des  Évangiles  de  saint  Luc  et  de  saint  Marc  pour  l'octave 
de  Pâques.  On  ignore  leur  provenance,  mais  ils  ressemblent  aux 
manuscrits  exhumés  à  Akhmîm.  M.  Heer  en  a  édité  le  texte,  après 
avoir  donn-  deux  fac-similés  du  manuscrit  :  Neue  griechisch-saï- 
dische  Evangelienfragmente.  Ce  sont  les  morceaux  suivants  :  Luc, 
XXIV,  1-12,  en  sahidique;  XXIV,  3-12,  en  grec;  Marc,  XVI,  2-20, 


—  198  — 

dans  les  doux  langues;  Luc,  XXIV,  36,  37,  en  grec  seulement.  Sans 
parler  des  variantes,  indiquées  dans  les  notes,  l'éditeur  a  tradviit  en 
latin  le  texte  copte  et  en  grec  les  versets  i  et  2  de  Luc,  XXIV,  qui 
ne  Sun':  pas  transcrits  en  cette  langue.  Il  a  fait  précéder  son  édition 
d'une  très  érudite  Introduction,  dans  laquelle  il  étudie  le  manuscrit 
bilingue  au  point  de  vue  paléogï'aphique,  le  texte  qu'd  contient  et 
le  système  liturgique  qu'il  représente.  Notons  les  particularités  prin- 
cipales seulement.  Au  lieu  d'être  écrits  sur  des  pages  parallèles,,  les 
deux  textes  se  suivent;  mais  certains  indices  permettent  de  conclure 
que  le  manuscrit  a  été  copié  sur  un  archétype,  sur  lequel  les  deux 
textes  étaient  disposés  parallèlement.  Les  lettres  sont  des  onoiales. 
La  version  sahidique,  quoique  ayant  ses  particularités,  ressemble 
d'assez  près  au  texte  grec  dont  elle  est  rapprochée.  Le  plus  curieux 
est  que  les  deux  finales  de  saint  Marc,  la  courte  et  la  longue,  sont 
reproduites  dans  les  deux  textes  comme  variantes  après  XVI,  8,  et 
c'est  pour  la  première  fois  que  le  long  texte  sahidique  se  rencontre. 
Au  point  de  vue  liturgique,  les  deux  textes  appartiennent  aux  leçons 
pascales  et  constituent  les  péricopes  évangéliques,  lues  les  5^,  6^  et 
7^  jours  de  l'octave  de  Pâques.  Cette  distribution  ne  rentre  dans 
aucun  des  systèmes  liturgiques  connus  jusqu'à  présent.  Sur  tous  ces 
points,  notamment  pour  la  critique  textuelle,  M.  Heer  multipUe  les 
rapprochements  avec  les  manuscrits  bibhques  en  toutes  les  langues. 
Son  Introduction  est  un  appoint  considérable  à  la  critique  des  Evan- 
giles. 

6.  —  Voudrait-on  introduire  en  notre  pays  la  controverse  qui, 
depuis  deux  ans,  sévit  en  Allemagne,  sur  l'existence  historique  de 
Jésus  Christ?  La  traduction  française  de  neuf  discours,  prononcés  à 
Berlin,  les  31  janvier  et  l*^""  février  1910,  publiée  sous  le  titre  : 
Jésus  a-t-il  véciû  ne  réussira  certainement  pas  à  ouvrir  chez  nous 
la  discussion;  le  bon  sens  français  ne  se  préoccupera  pas  des  rêveries 
extravagantes  de  quelques  Allemands.  Le  groupe  berlinois  de  \  Union 
moniste  allemande  a  donc  réuni,  aux  jours  indiqués  plus  haut,  une 
con'"érence,  à  laquelle  le  grand  public  était  invité  pour  entendre  dis- 
cuter contradictoirement  le  problème  de  l'existence  historique  de 
Jésus.  Sans  parler  des  allocutions  du  président  Vielhaber,  un  moniste 
de  Berlin,  n':'uf  discours  furent  prononcés.  Artliur  Drews  ouvrit  le 
débat  et  soumit  à  la  discussion  cinq  thèses  sur  le  dieu  Jésus  et  sur 
son  culte,  antérieurs  à  l'ère  chrétienne,  et  sur  les  témoignages  de 
saint  Paul  et  des  Evangiles  touchant  un  Jésus  «  historique  «.  Dans  sa 
conférence,  il  avait  jeté  des  doutes  sur  Tauthenticité  des  Epitres 
de  l'apôtre^  rabaissé  à  plaisir  la  date  des  Évangiles  (ainsi  celle  du 
quatrième  à  l'an  140,  p.  26)  et  nié  la  valeur  de  la  tradition  évan- 
gélique.  Xous  n'aurions,  selon  lui,  auci  n  mot  authentique  de  Jésus 


—  199  — 

(p»  30).  Paul  ne  connaît  pas  ua  Jésus  «  historique  «,  mais  un  être 
divin.  Il  n?  l'a  pas  inventé.  Ce  dieu  Jésus  était  antérieur  au  chris- 
tianisme et  remontait  jusqu'à  Josué;  Paul  en  a  fait  seulement  un 
homme  idéal,  et  ainsi  le  mythe  de  l'homme-dieu  s'ofîrant  en  sacri- 
fice pour  les  hommes  s'est  transformé  en  histoire  vécue  d'un  homme 
réel.  Les  témoignages  de  Josèphe,  de  Suétone  et  de  Tacite  sur  Jésus 
ne  sont  pas  authentiques.  M.  Drews  prétend  même  que  le  Talmud  ne 
mentionne  pas  le  nom  du  rabbi  de  Nazareth  (p.  45).  La  lettre  de 
Phne  à  Trajan  a  elle-même  été  fabriquée,  comme  les  correspondances 
entre  Si'nèque  et  Paul,  entre  Pilate  et  Tibère.  C'est  par  de  tels  pro- 
cédés de  négation  qu'il  peut  conclure  que  la  réalité  historique  de  Jésus 
n'est  pas  suffisamment  attestée.  La  discussion  qui  suivit  fut  par- 
tagée entre  les  adversaires  et  les  partisans  de  Thistoricité  de  Jésus. 
Hermann  von  Soden  fit  une  solide  réplique  à  Drews  et  n'eut  pas  de 
peine  à  montrer  la  valeur  des  témoignages  païens  et  chrétiens  en 
faveur  de  l'existence  de  Jésus,  et  l'inanité  des  prétendues  preuves  du 
culte  du  dieu  Jésu&  avant  l'ère  chrétienne.  Il  a  soutenu  aussi  l'au- 
thenticité des  paroles  de  Jésus  et  réfuté  l'explication  proposée  de  la 
formation  de  la  personnalité  historique  de  Notre- Seigneur.  Steudel 
abandonne  le  Jésus  préchrétien  de  Drews,  mais  contre  l'histoire 
évangéhque  de  Jésus  il  fait  valoir  le  silence  de  saint  Paul  et  de 
l'histoire  contemporaine;  puis,  il  discute  la  portée  de  la  tradition 
synoptique,  en  s'arrêtant  sur  le  récit  de  la  Passion,  qui  lui  paraît 
contraire  à  la  loi  juive  alors  en  vigueur,  et  il  dit  un  mot  des  sen- 
tences rapportées  du  Sauveur.  G.  Hollmann  fait  ressortir  avec  jus- 
tesse que  saint  Paul,  quoiqu'il  envisage  toujours  le  Christ  ressuscité 
et  glorifié  auprès  de  son  Père,  affirme  que  cet  être  spirituel  et  divin 
a  été  homme  sur  terre.  M.  Drews  revient  défendre  son  Jésus  préchré- 
tien et  le  mythe  du  Christ,  et  il  s'elîorce  de  répondre  aux  arguments 
de  M.  Hollmann.  Max  Fischer  reprend  la  défensive,  mais  son  dis- 
cours contient  des  vues  propres  aux  théologiens  libéraux,  vues  qui 
sont  contestables  et  donnant  des  gages  à  la  critique  n'gative 
qu'elles  contredisent.  Lipsius  soutient  vn  christianisme  moderne^ 
qui  n'a  rien  de  commun  avec  le  Jésus  de  l'histoire  ni  avec  le  chris- 
tianisme primitif.  Hans  Franc ke  conteste  les  idées  de  Lipsius 
et  affirme  que  le  christianisme  modems  ne  peut  être  indépendant 
de  Jésus  et  de  sa  doctrine.  Un  pubhciste  berhnois,  Théodore  Kapp- 
stein,  vient  dire  que  le  christianisme  actuel  (celui  de  certains  pro- 
testants, assurément)  ne  s'occupe  guère  du  Christ  historique. Max  Mau- 
renbrecher,  d^Erlangen,  déclare  que  le  Jésus  historique  peut  encore 
nous  intéresser,  mais  qu'en  fait  on  ne  s'en  occupe  plus,  et  que,  pour  son 
comp'e,  il  admet  1  influence  historique  du  mythe  du  dieu  sauveur  res- 
suscité sur  la  formation  du  christianisme.  Enfin,  Drews  résume  briève- 


I 


—  200  — 

ment  à  son  point  de  vue  les  conclusions  de  la  discussion.  Cette  confé- 
rence contradictoire  a  mis  aux  prises  des  théologiens  libéraux  qui  ont 
soutenu  l'existence  historique  de  Jésus,  avec  les  tenants  du  mythe 
du  Christ,  dont  les  affirmations  ne  sont  pas  prouvées.  Elle  a  aussi 
fourni  à  des  partisans  dun  christianisme  moderne,  indépendant  de 
Jésus  et  du  christianisme  primitif,  l'occasion  d'énoncer  leurs  idéea 
personnelles  sur  la  religion  chrétienne.  11  en  ressort  qu'ils  ne  sont  plus 
chrétiens  que  de  nom.  Quoique  les  tenants  du  mythe  se  soient  ima- 
ginés avoir  triomphé,  les  théologiens  libéraux  (les  orthodoxes  n'é- 
taient pas  venus)  ont  seuls  présenté  de  sohdes  arguments,  et  un 
lecteur  sérieux  se  ralliera  à  leurs  principales  conclusions.  Quant  au 
nombreux  public,  il  a  montré,  par  ses  applaudissements  également 
accordés  aux  divers  orateurs,  qu'il  ne  s'intéressait  pas  au  fond  du 
débat  et  qu'il  assistait  seulement  à  \  n  spectacle,  en  curieux.  Son 
indifférence  religieuse  est  un  indice  de  l'état  d'esprit  d'une  partie 
de  la  société  berlinoise. 

7.  —  Pour  faire  mieux  C(  nnaître  en  son  entier  le  Discours  de  Jésus 
sur  la  montagne,  M.  le  chanitine  Gamber,  de  Marseille,  en  pubUe  une 
traduction  française,  accompagne  de  notes  explicatives  et  précédée 
d'une  Introduction  dans  laquelle  il  fait  ressortir  les  caractères, 
l'esprit  et  la  doctrine  de  ce  discours.  Il  n'y  a  rien  en  tout  cela  que 
de  fort  édifiant.  Notons  seulement  que,  contrairement  à  l'avis  des 
commentateurs  cathohques  les  plus  orthodoxes,  qui  voient  dans  le 
sermon  sur'  la  montagne  un  recueil  d'enseignements  dt'nn's  par 
Notre-Seigneur  en  des  rencontres  différentes,  M.  Gamber  pense  que 
le  discours  a  été  prononcé  tout  d'une  fois,  tel  qu'il  est  reproduit. 
Saint  Matthieu  aurait  plutôt  omis  qu'ajouté  quelque  chose  et  saint 
Luc  aurait  mieux  conservé  le  genre  du  discours.  On  ne  trouvera 
dans  ce  volume,  imprimé  sur  beau  papier,  aucun  détail  d'exégèse, 
mais  l'exposé  clair  et  exact  de  la  doctrine  prêchée  sur  la  montagne 
par  le  divin  Maître. 

8.  —  Le  P.  Leroy  continue  la  pubhcation  de  ses  Leçons  cVÊcriture 
sainte,  prêchées  aux  Gesù  de  Paris  et  de  Bruxelles,  sur  Jésus-Christ, 
sa  vie,  son  temps.  Celles  de  1910  vont  de  Gethsémani  à  la  condam- 
nation à  mort  de  Jésus.  Les  deux  premières  traitent  de  l'agonie,  de 
l'assaut  de  Satan  et  de  la  victoire  de  Jésus.  Les  huit  autres  roulent 
autour  des  principaux  personnages  de  la  Passion  :  Judas,  Anne, 
Caïphe,  Pierre,  le  Sanhédrin,  Pilate,  Hérode,  Barabbas.  Pour  ma 
part,  je  trouve  inconvenant  d'attribuer  à  Satan  (p.  43-46  et  56)  le 
combat  de  l'agonie,  comme  aussi  de  parler  du  Père  irrité  contre  son' 
Fils  (p.  36),  ce  Fils  fût-il  chargé  des  péchés  de  l'humanité  entière. 
D'ailleurs,  toute  la  reconstitution  psychologique  de  l'agonie  est  pré- 
sentée sans  aucune  explication,  de  telle  sorte  qu'un  lecteur  non  averti 


—  201  — 

pourrait  croire  qu'elle  est  contenue  dans  rÉvano-ile.  Tous  les  détails 
n'en  sont  pas  également  vraisemblables,  et  notamment  le  dialogue 
imagin''  entre  l'ange  et  Jésus  (p.  70-73)  est  une  pure  mise  en  scène 
del'orateur.  Gelui-ci  sait  que  l'épreuve  avait  duré  deux  heures  environ 
(p.  68,  70).  Quelques  données  exégétiques  sont  aussi  contestables,  par 
exemple  la  date  du  13  nisan  fixée  pour  la  Pâque  chrétienne,  avant- 
veille  de  la  Pâque  juive  (p.  5).  L'auteur  compte  les  jours  à  notre 
façon,  puisqu'il  fait  commencer  le  14  nisan  à  minuit  (p.  134)  et  la 
Pâque  au  lendemain  (p.  313).  Dans  les  huit  leçons  sur  la  Passion, 
il  y  aurait  beaucoup  de  détails  inexacts  ou  incertains  à  relever.  Ainsi, 
des  légionnaires,  commandés  par  un  tribun,  auraient  été  accordés 
par  Pilate  à  la  requête  du  Grand  Conseil  pour  arrêter  Jésus  (p.  81). 
Cf.  p.  101,  133.  Quelle  valeur  a  la  soi-disant  tradition  d'une  chute 
de  Jésus  au  passage  du  G'Mron  (p.  136)?  Sur  la  constitution  du  tri- 
bunal et  Sur  la  marche  du  jugement  inique,  l'orateur  se  serait  plus 
utilement  inspiré  de  l'ouvrage  de  M.  Regnault:  Une  Province  procu- 
ratorienne,  etc.,  que  de  la  Passion  du  P.  Ollivier.  Il  ajoute  au  texte 
sacré  des  détails  qu'il  ne  contient  pas  (p.  170,  171)  et  se  livre  à  des 
descriptions  d'imagination  (p.  203  et  suiv.).  Peut-on  accorder  de  la 
vraisemblance  à  la  conjecture  que  Zébédée  pouvait  être  le  fournis- 
seur attitré  de  poissons  pour  la  table  du  grand-prêtre  et  qu'ainsi  son 
fils  Jean  était  personnellement  connu  d'Anne  (p.  221)?  11  n'est  pas 
certain  que  Judas  se  soit  pendu  le  vendredi  saint  et  soit  mort  avant 
le  Maître  qu'il  avait  trahi  (p.  287).  11  serait  bon  de  déterminer  si 
la  souillure  légale  que  les  sanhédrites  craignaient  de  contracter  en 
entrant  au  prétoire  de  Pilate  (p.  315)  était  une  impureté  mineure 
qui  durait  jusqu'au  soir  et  dont  on  se  purifiait  par  un  simple  bain, 
ou  une  impureté  majeure  qui  durait  sept  jours  et  exigeait  l'ofTrande 
d'un  sacrifice.  Il  est  peu  vraisemblable  que  Notre- Seigneur  ait  pu 
penser  qu'en  l'interrogeant  Pilate  pouvait  avoir  l'intention  de  se 
convertir  (p.  325  et  suiv.).  Les  applications  et  les  allusions  au  temps 
présent  m'ont  paru  moins  étrangères  au  sujet  traité  que  dans  les 
leçons  des  ann'''es  précédentes.  Mais  quelle  singulière  idée  de  parler 
du  pouvoir  coercitif  de  l'Éghse  à  l'occasion  du  glaive  (i<  saint 
Pierre  (p.  109  suiv.),  fût-ce  même  pour  réfuter  Mgr  Le  Gamus  !  L'or- 
gueil ne  suffit  pas  à  expliquer  toutes  les  erreurs  contemporaines 
(p.  375  suiv.).  La  psychologie  exposée  (p.  388-389)  au  sujet  de  la 
non  conversion  de  quelques  intellectuels  est  singulièrement  faible. 
Bref,  les  Leçons  de  1910  auraient  pu  être  d'une  critique  plus  saine 
et  d'une  exégèse  plus  scientifique,  sans  qu'elles  eussent  perdu  de  leur 
intérêt  et  de  leur  efficacité  sur  les  âmes  des  auditeurs  et  des  lec- 
teurs. 

9.  —  Le  P.  Buzy  vient  de  publier  une  importante  et  savante  Intro- 


—  202  — 

daction  aux  paraboles  é<i>aiigéliqites,  qa'il  a  présentée  à  la  Commis- 
sion biblique  comme  thèse  de  doctorat.  Elle  est  divisée  en  trois  par- 
ties, La  première,  qui  traite  de  la  parabole  en  dehors  de  l'Évangile, 
est  uno  étude  de  rhétorique,  qui  a  pour  but  unique  de  mettre  en 
pleine  lumière  la  notion  de  la  parabole  évangélique.  Elle  était  néces- 
saire pour  réfuter  la  définition  de  la  parabole  que  M.  Jtilioher  avait 
élaborée  en  Allemagne  et  que  M.  Loisy  avait  tenté  de  naturaliser  en 
France.  Pour  maintenir  l'authenticité  d'une  partie  des  paraboles  de 
Notre-Seigncur,  il  fallait  aussi  montrer  que  la  parabole  n'exclut  pas 
nécessairement  tout  élément  allégorique  et  quelle  n'est  pas,  de  sa 
nature,  aussi  claire  qu'on  le  prétendait.  C'est  pourquoi  l'auteur  a 
longuement  étudié  la  parabole  dans  l'usage  moderne,  dans  toutes 
les  pliases  de  la  littérature  juive  (Ancien  Testament  et  écrits  rabbi- 
niques)  et  chez  les  auteurs  classiques,  Aristote,  Quintilien  et  Cicéron. 
La  seconde  partie  forme  le  centre  de  l'ouvrage.  Après  deux  chapitres 
sur  la  nature  et  l'authenticité  des  paraboles  synoptiques,  le  P.  Buzy 
en  consacre  quatre  au  but  de  l'enseignement  parabohque  du  Sau- 
veur, but  en  apparence  si  déconcertant,  puisque  Jésus  emploie  à 
dessein  ce  genre  d'instruction  pour  que  la  masse  de  ses  auditeurs  ne 
le  comprenne  pas  et  s'endurcisse.  Sa  marche  est  analytique  et  pro- 
gressive. Il  examine  d'abord  les  textes  relatifs  au  but  des  paraboles 
et  il  établit  leur  portée,  un  peu  difîcrente,  dans  chacun  des  évangé- 
listes;  iJ  expose  ensuite  l'interprétation  qu'en  ont  donnée  les  Pères 
(S.  Augustin  et  S.  Clirysostome)  et  les  exégètes  anciens  et  moder- 
nes. Puis,  il  pose  les  principes  de  solution,  en  expliquant  dans  le 
sens  d'un  résultat  et  non  d'une  fin  le  passage  d'Isaïe,  VT,  9,  10, 
implicitement  ou  explicitement  appliqué  à  renseignement  parabo- 
lique de  Jésus,  en  montrant  le  caractère  tout  miséricordieux  du  Sau- 
veur et  de  sa  mission,  en  déterminant  l'état  moral  de  la  foule,  lé- 
gère, indifférente  et  ne  profitant  pas,  comme  il  aurait  fallu,  des 
discours  de  Jésus.  C'est  dans  ces  conjonctures  que,  dans  sa  prédica- 
tion auprès  du  lac  de  Tibrriade,  le  divin  Maître  inaugure  une  nou- 
velle forme  d'enseignement,  celui  des  paraboles,  qui  devait  être  à  la 
fois  un  châtiment  des  mauvaises  dispositions  de  l'auditoire  et  un  acte 
de  miséricorde.  Ses  paraboles  comportaient  un  châtiment  en  ce  qu'el- 
les étaient  obscures,  parce  qu'elles  exposaient  un  concept  spirituel 
du  royaume  de  Dieu  qui,  en  des  traits  essentiels,  ne  correspondait 
pas  aux  idées  nationalistes  de  la  foule.  Elles  restaient  néanmoins  un 
acte  de  miséricorde,  puisque  Jésus  dispensait  la  doctrine  du  royaume 
pour  convertir  les  Juifs,  trop  attachés  à  leurs  vues  messianiques 
temporelles.  Faute  d'attention  et  de  réflexion  sur  cette  doctrine, 
la  masse  ne  comprit  rien  à  la  pensée  du  Maître,  dont  l'enseigne- 
ment parabolique  eut,  malgré  son  but  do  miséricorde,  pour  résultat 


—  203  — 

d'endurcir  ses  auditeurs  et  de  produire  leur  réprobation  morale.  Cet 
essai  de  solution,  longuement  développé  par  le  P.  Buzy,  m'agrée 
d'autant  plus  qu'il  est  foncièrement  identique  à  celui  que  j'ai  pro- 
posé moi-même  dans  mes  conférences  sur  les  Évangiles  synoptiques. 
Il  a  l'avantage  de  Sauvegarder,  contre  les  théories  rationalistes  do 
MM.  Juliclier  et  Loisy,  l'authenticité  de  toutes  les  paraboles  du 
Sauveur,  et  d'écarter  l'explication  trop  dure  de  quelques  exégétes 
catholiques  ou  protestants,  qui  prétendent  que,  par  le  choix  de 
l'enseignement  parabolique,  Jésus  avait  pour  fin  directe,  sinon  d'aveu- 
gler ses  auditeurs,  du  moins  de  leur  cacher,  parce  qu'ils  étaient  cou- 
pables, sa  doctrine  sur  la  nature  du  royaume  messianique.  Il  pré- 
cise 1  interprétation  miséricordieuse  du  P.  Rose  et  du  P.  Lagrango 
et  il  la  complète,  en  tenant  compte  de  toutes  les  donnces  exégt'ti- 
ques  et  patristiques.  Le  P.  Buzy  a  suivi  la  voie  la  plus  sûre,  qu'on 
pourra  élaguer  de  quelques  longueurs  et  de  quelques  images  qui  ren- 
dent obscure,  au  heu  de  l'éclairer,  la  pense  e  de  l'auteur.  Les  para- 
boles dogmatiques  ou  morales,  qui  n'ont  pas  été  prononcées  auprès 
du  lac,  ont  été  adressées  aux  pharisiens  et  aux  disciples  pour  les  ins- 
truire et  annoncer  aux  premiers  le  châtiment  de  leur  incrédulité, 
s'ils  ne  se  convertissent  pas.  La  troisième  partie  du  livre  est  consa- 
crée aux  allégories  du  quatrième  Évangde  dans  le  dessein  de  faire 
ressortir  leurs  ressemblances  avec  les  paraboles  synoptiques  et  de 
montrer  qu'elles  remontent,  au  moins  dans  leur  substance,  à  Jésus. 
La  monographie  du  P.  Buzy  forme  \  ne  Introduction  complète, 
sohde,  bien  ordonn'e  et  clairement  écrite,  aux  paraboles  évangé- 
liques.  Désormais,  tous  devront  s'y  reporter. 

10.  — La  première  partie  de  la  Théologie  de  saint  Paul  du  P.  Prat, 
parue  en  1908,  est  analytique  et  elle  expose  la  doctrine  de  l'apôtre 
suivant  l'ordre  chronologique  de  ses  lettres.  La  seconde  partie,  que 
nous  annonçons,  est  synthétique  et  elle  propose  une  systématisation 
de  la  pensée  théologique  de  saint  Paul.  Cette  systématisation  est 
fort  difficile  à  établir,  parce  qu'd  n'est  pas  certain  que  l'apôtre 
des  Gentils  l'ait  eue  dans  l'esprit,  non  seulement  au  début  de  son 
ministère  et  de  sa  correspondance,  mais  même  à  la  fin  de  sa  car- 
rière, puisqu'il  exposait  sa  doctrine  au  gré  des  circonstances  et  selon 
les  besoins  de  ses  correspondants.  L'auteur  a  senti  cette  difficulté. 
Aussi  a-t-il  consacré  le  I^^^"  livre  de  son  second  volume,  livre  préli- 
minaire, à  exposer  le  pauhnisme  d'après  les  conceptions  modernes, 
dont  il  marque  quatre  étapes,  et  d'après  sa  vraie  notion.  En  face  des 
diverses  théologies  pauhniennes,  quel  plan  suivra-t-il?  Pour  se  diri- 
ger, il  cherche  à  déterminer  lidée-mère  de  la  doctrine  de  Paul,  et  il 
3a  concentre  dans  cette  formule  compréhensive  :  «  Le  Christ  Sau- 
veur associe  tout  croyant  à  sa  mort  et  à  sa  vie  «  (p.  55),  qui  indique 


—  204  — 

la  porsonnodu  R  Mlenipteur,  le  sujet  delà  rédemption  et  le  plan  rédemp- 
teur. Il  ramène  donc  toute  cette  doctrine  au  mystère  de  la  Rédemp- 
tion et,  en  disposant  logiquement  toutes  les  faces  de  ce  mystère,  il 
aboutit  à  ce  schème  :  la  préhistoire  de  la  rédemption  dans  les  con- 
seils divins,  la  personne  du  Ré'dempteur,  l'œuvre,  les  canaux  et  les 
fruits  de  la  rédemption.  Ce  sont  les  titres  des  cinq  livres  suivants.  Il 
va  sans  dire  que  saint  Paul  n'a  pas  suivi  ce  plan  et  que  c'est  le  théo- 
logien moderne  qui  le  découvre,  après  coup,  dans  ses  Epîtres.  Il  me 
semble  que  saint  Paul  expose  directement  l'œuvre  rédemptrice  et 
son  auteur,  ses  moyens  et  ses  fruits,  et  indirectement  les  raisons 
d'être  comme  l'origine,  les  relations  et  la  qualité  du  Ri'dempteur. 
Le  schème  établi  est  donc  tout  théorique.  Aucun  autre  ne  représenterait 
adéquatement  la  pensée,  si  riche  de  doctrine  et  si  profonde  d'aperçus, 
de  l'apôtre  des  Gentils.  Acceptons  donc  celui  qu'on  nous  présente. 
Il  est  impossible  d'en  faire  l'analyse  qui  exigerait  plusieurs  pages^ 
tant  l'ouvrage  est  condensé.  Comme  le  premier  tome,  le  second 
atteint,  lui  aussi,  le  maximum  de  densité.  Qu'il  suffise  de  caracté- 
riser la  méthode  du  P.  Prat.  Au  lieu  de  citer  d'abord  les  textes^ 
il  en  résume  la  doctrine  qu'il  éclaire  et  justifie  ensuite  par  des  cita- 
tions. Le  résumé  préliminaire  présente  la  pensée  de  l'apôtre  dans  un 
ensemble  cohérent,  qui,  loin  de  l'altérer,  la  fait  valoir  et  ressortir 
dans  son  contenu  plénier.  Néanmoins,  cette  méthode  très  synthé- 
tique a  le  défaut  de  laisser  craindre  au  lecteur  que  peut-être  la  pensée 
apostolique  est,  sinon  forcée,  du  moins  précisée  au-delà  de  son  expres- 
sion réelle,  et  il  lui  faut  faire  un  effort  de  réflexion  pour  constater, 
à  la  lecture  des  textes  qui  suivent,  qu'elle  a  été  bien  rendue  et  qu'elle 
est  très  fidèlement  exposée.  N "aurait-il  pas  mieux  valu  réunir  d'abord 
les  textes  les  plus  saillants  et  en  donner  le  résumé  condensé  sous 
forme  de  conclusion?  Ce  procédé  eût  fait  disparaître  jusqu'à  la  simple 
apparence  d'un  exposé  subjectif  et  personnel  de  la  doctrine  apos- 
tolique. Il  est  évident  que  le  P.  Prat  a  étudié  consciencieusement, 
qu'il  a  approfondi  dans  les  moindres  détails,  en  s'aidant  des  meil- 
leurs commentaires  modernes,  le  texte  des  Épîtres  de  saint  Paul.  La 
richesse  et  la  précision  des  données  le  prouveraient  à  elles  seules; 
mais  les  trésors  d'érudition  amassés  dans  des  notes  détachées,  très 
substantielles,  le  montrent  encore  mieux.  On  y  trouvera  une  quan- 
tité considérable  de  renseignements  précieux  et  les  exégètes  pourront 
y  puiser  largement.  L'auteur  n'a  pas  la  prétention  d'avoir  dit  le  der- 
nier mot  sur  tous  les  problèmes.  On  pourra,  pour  maints  détails, 
différer  de  sentiment  et  interpréter,  autrement  qu'il  ne  l'a  fait,  tels 
ou  tels  mots  du  texte.  On  devra  rendre  hommage  à  sa  science  cri- 
tique et  exégétique.  II  a  enrichi  la  littérature  catholique  d'un  vrai 
monument,  qui  nous  manquait  sur  saint  Paul.  J'ai  été  étonné  cepen- 


—  205  — 

dant  de  n'avoir  rien  trouvé  sur  les  rapports,  vrais  ou  prétendus,  de 
la  doctrine  apostolique  avec  celle  des  mystères  païens  et  de  n'avoir 
pas  vu  cité  l'ouvrage  de  M.  Reitzenstein  :  Die  hellenislichen  Myste- 
rienreligionen ,  qui  est  de  1910.  Des  tables  générales,  communes  aux 
deux  volumes,  faciliteront  le  maniement  de  l'ouvrage  entier  :  som- 
maire analytique  des  principaux  points  traités,  bibliographie  des 
livres  utilisés  et  cités,  index  des  passages  expliqués  ou  table  exégé- 
tique,  index  philologique  des  mots  grecs.  Dans  l'index  exégétique 
(p.  574),  j'ai  constaté  l'absence  de  II  Cor.,  IV,  1-5,  commenté  t.  II, 
p.  517-520. 

11.  —  Un  point  particulier  de  la  doctrine  de  l'Apôtre  est  étudié  dans 
une  monographie  de  M.  de  Boysson  :  La  Loi  et  la  foi.  Étude  sur  saint 
Paul  et  les  judaïsants.  On  est  loin  d'y  trouver  la  maîtrise  du  P.  Prat. 
L'auteur  n'a  pas  pris  un  contact  assez  direct  avec  les  textes,  qu'il  n'a 
pas  examinas  par  lui-même;  il  a  adopté  des  interprétations  nou- 
velles, parce  qu'elles  lui  plaisaient  plutôt  que  parce  qu'elles  lui 
paraissaient  fondées.  11  a  fait  un  travail  de  seconde  main  et  une 
œuvre  de  vulgarisation  qui  manque  de  profondeur  et  de  précision. 
Ces  reproches  portent  surtout  sur  le  chapitre  préhminairje  qui  traite 
de  la  date  des  documents  et  qui  contient  diverses  inexactitudes,  et 
sur  la  première  partie  ou  l'étude  historique  des  luttes  de  saint  Paul 
avec  les  judaïsants.  Il  est  contestable  que  l'épître  avix  Galates  ait 
précédé  le  concile  de  Jérusalem  et  les  arguments  qu'on  apporte  en 
faveur  de  ce  sentiment  sont  faiblement  présentés.  L'identification 
du  voyage  de  l'apôtre  à  Jérusalem,  raconté  au  ch.  II  de  cette  épitre, 
avec  celui  des  Actes,  XI,  30,  n'est  pas  suffisamment  prouvée.  C'est 
la  théorie  seule  qui  fait  insérer  l'incident  d'Antioche  dans  le  récit  des 
Actes,  XIV,  27.  La  seconde  partie,  l'étude  théologique  de  la  doc- 
trine apostolique  sur  la  justification  et  le  progrès  de  la  vie  surna- 
turelle, reste  élémentaire,  mais  elle  est  exacte.  On  aurait  dû  chercher 
des  traits  de  la  doctrine  des  judaïsants  dans  la  réfutation  que  saint 
Paul  en  fait.  Quelques  noms  ou  titres  sont  estropiés  dans  la  biblio- 
graphie. Je  n'ai  pas  vu  cités  l'Œuvre  des  apôtres  de  Mgr  Le  Camus, 
ni  les  Leçons  d'exégèse  sur  saint  Paul  de  M.  Toussaint,  pas  plus  que 
les  ouvrages  allemands  de  MM.  \^'eber  et  Steinmann. 

12.  —  Lorsque  M.  Rendel  Harris  publia,  en  1909,  la  version  sy- 
riaque des  Odes  de  Salomon,  dont  on  ne  possédait  plus  que  quelques 
fragments  coptes  et  latins,  ce  fut  un  événement  littéraire,  et  depuis 
lors  les  livres  et  les  articles  de  Revues  se  sont  multipliés,  chaque  spé- 
cialiste voulant  dire  son  mot  sur  ces  compositions  poétiques  et  reli- 
gieuses. Cette  découverte  sensationnelle  ne  passa  pas  inaperçue 
parmi  les  cathohques  français.  M.  Labourt  en  prépara  en  1910  une 
traduction  française  et  Mgr  Batiffol  une  Introduction  historique  qui 


—  206  — 

parurent  dans  la  Revue  biblique,  d'octobre  1910  à  avril  1911.  Le 
tout,  un  peu  corrigé  et  augmenté,  a  été  édité  à  part  avec  une  lettre- 
préface  du  P.  Lagrange.  La  traduction  de  M.  Labourt  est  supérieure 
à  celles  de  MM.  Harris  (en  anglais)  et  Flemming  (en  allemand)  qui- 
l'avaient  précédée,  et  elle  est  vraiment  originale.  On  ne  saurait  trop 
en  reconnaître  le  mérite:  Elle  est,  du  re«te,  accompagnée  de  notes 
critiques,  qui  la  iiistifient  et  qui  comparent  le  texte  syriaque  et  le 
texte  copte  dans  les  parties  comnumi  s.  A  l'encontre  de  M.  Har- 
nack,  qui  partageait  l'œuvre  en  deux  parties,  un  fonds  juif,  mélangé 
d'interpolations  chrétiennes,  et  qui  en  inférait  l'existence  d'un  mysti- 
cisme juif,  intermédiaire  entre  les  doctrines  canoniques  juives  et  la 
théologie  du  quatrième  Évangile,  Mgr  Batifîol  a  bien  montré  l'unité 
d'auteur  et  d'inspiration;  il  a  vu  que  le  même  poète,  par  artifice 
littéraire,  parle  tantôt  en  son  nom,  tantôt  au  nom  du  Christ,  tant-ôt 
au  nom  de  Salomon.  C'est  ce  personnage  de  Salomon  qui  a  fait  attri- 
buer les  Odes  au  fils  de  David  et  les  a  rattachées  aux  Psaumes  dits  de 
Salomon.  MgT  Batiiïol  a  prouvé  aussi  que  les  Odes  n'ont  rien  de  spéci- 
fiquement juif,  mais  qu'elles  sont  en  leur  entier  une  œuvre  chré- 
tienne, non  "pas  sans  doute  l'œuvre  d'un  chrétien  de  la  Grande  EgHse,. 
mais  bien  celle  d'une  secte,  déjà  éloignée  du  cathohcisme.  La  doc- 
trine de  cette  secte  est  déterminée  par  sa  christologie  et  sa  sotério- 
logie.  La  christologie  serait,  non  pas  l'incarnation  du  Fils  de  Dieu 
préexistant,  mais  une  simple  théophanie  docète  ou  une  manifestatida 
du  Seigneur  dans  une  chair  humaine  apparente.  Cependant,  la  cor- 
rection proposée  dans  l'Ode  XIX,  qui  est  la  principale  preuve  de  ce 
docétisme,  n3  me  parait  pas  suffisamment  fondée.  Je  suis  frappé 
davantage  par  la  sotériologie  des  Odes,  qui,  au  lieu  d'être  une  rédemp- 
tion par  le  Christ  Sauveur,  consiste  seulement  en  l'illumination  de 
l'esprit  du  juste  par  la  connaissance  qu'il  a  du  Christ,  et  je  remarqué 
un  rapprochement  étroit  avec  les  idées  mystiques  des  religions  hellé- 
nistiques à  mystères.  Le  christianisme  des  Odes  n'a  donc  rien  de 
gnostique;  c'est  plutôt  un  mysticisme  d'essence  grecque,  dépendant 
vraisemblablement  du  quatrième  Évangile  et  vraisemblablement 
aussi  combattu  par  saint  Ignace  d'Antioche.  Il  viendrait  de  la  Syrie 
ou  de  l'Asie  et  daterait  de  la  période  100-120.  Il  reste  donc  encore 
quelques  points  à  préciser  sur  ces  hymnes,  mais  il  semble  que  Mgr 
Batilol  a  donné  à  la  critique  la  véritable  direction  à  suivre  dans  leur 
étude. 

13.  —  M.  l'abbé  Nau  réédite  sa  traduction  française,  la  première 
de  toutes,  du  texte  syriaque  de  la  Didascalie  des  douze  apôtres.  Il  l'a 
améhorée  d'après  les  versions  anglaise,  allemande  et  latine,  publiées 
après  la  sienne;  il  a  aussi  refait  la  plupart  des  notes  et  a  indiqué 
les  titres  des  chapitres  des  didascalies  arabe  et  éthiopienne,  ainsi  que 
les  principales  particularit&«  du  manuscrit  de  Mésopotamie  édité  par 


-.  207  — 

M'"*^  Gibson.  H  a  mis  en  tête  de  son  livre  la  traduction  de  la 
Didaché  et  il  a  ajouté  en  appendice  la  version  de  la  Didascalie  de 
l'apôtre  Addaï  et  des  empêchements  de  mariage  pseudo-apostoli- 
ques. Dans  l'Introduction,  M.  Nau  renseigne  les  lecteurs  sur  les  ou- 
vrages qu'il  a  traduits;  il  compare  entre  eux  les  divers  écrits  canoni- 
ques pseudo-apostoliques  et  il  les  ramène  à  quelques  écrits  primi- 
tifs, qui  ont  été  compilés  dans  les  recueils  qui  nous  sont  parvenus. 
11  s'arrête  spécialement  à  la  Didascalie,  dont  il  étudie  le  contenu, 
l'origine,  l'auteur,  les  citations  bibliques  et  les  relations  avec  la 
Misclma.  Une  table  alphabétique  des  matières,  très  développée,  la 
liste  des  citations  de  l'Ecriture  et  la  table  analytique  de  l'ouvrage 
permettent  de  retrouver  facilement  les  textes  et  les  renseigne- 
ments particuliers.  Les  traductions,  d'ailleurs,  sont  divisées  en  cha- 
pitres et  en  paragraphes,  et  ces  divisions  sont  reproduites  au  haut  des 
pages,  ainsi  que  la  pagination  de  Paul  de  Lagarde  pour  la  Didascalie. 
Ainsi  disposée,  l'édition  est  fort  commode  et  forme  un  manuel  aisé  à 
consulter.  En  la  préparant,  M.  Nau  a  rendu  un  grand  service  aux 
travailleurs  qui  ont  besoin  de  consulter  cette  littérature.  Quelques 
notes  appellent  des  observations.  Le  IV*^  concile  de  Carthage,  men- 
tionné p.  95,  note  1,  de^Tait  être  identifié  avec  les  Siatuta  antiqua 
Ecdesiae  de  saint  Césaire  d'Arles.  La  manducation  des  pains  azymes 
par  les  Juifs  pendant  les  sept  jours  qui  suivaient  leur  Pâque  est 
présentée  à  tort,  p.  178,  note  2,  comme  un  jeûne.  Bien  interprété,  le 
mot  «  image  «  ou  «  symbole  »,  employé  au  sujet  de  l'eucharistie,  n'em- 
pêche pas  le  passage  qui  le  contient  d'être  une  preuve  de  la  pré- 
sence réelle,  contrairement  à  ce  qui  est  dit  p.  218,  note  3.  L'emploi 
du  mot  Deutéronome,  pour  désigner  la  seconde  législation  des  Juifs, 
d'abord  orale,  puis  écrite  dans  la  Mischna,  me  semble  malheureux  à 
cause  de  la  confusion  qu'il  crée  avec  le  cinquième  livre  du  Penta- 
teuque.  Go  livre,  bien  que  contenant  une  seconde  législation  mo- 
saïque, n'est  pas  rejeté  par  la  Didascalie,  conmie  la  denlérose  (mot 
technique,  usité  dans  les  écrits  spéciaux),  puisqu'il  est  souvent  cité 
par  elle.  De  ce  qoje  la  Didascalie,  œuvre  syrienne  du  iii^  siècle,  se  sert 
'  constamment  de  la  locution  «  le  Seigneur  Adonaï  «,  il  ne  s'ensuit 
pas  comme  il  est  dit  p.  xxvii-xxviii,  que  ce  nom  n'est  pas  un 
cpitériu-m  certain  de  la  recension  des  Septante  par  Lucien  d'An' 
tioche,  car  ce  critiqua  a  adopté  seul  une  dénomination  divine,  usitée 
avant  lui  en  Syrie,  et  la  présence  de  ce  nom  dans  les  manuscrits 
grecs  des  Septante  demeure  un  indice  de  la  recension  de  saint  Lucien. 
Signalons  dans  la  Didascalie  un  témoignage  en  faveur  des  fragments 
dmitérocanoniques  de  Daniel  et  la  reproduction  de  la  Prit  re  de  Ma- 
nasse,  p.  70-71,  et  non  pas  p.  29-£0,  comme  il  est  dit   p.   xxvii. 

E.  MatsgeiVOT. 


—  208  — 
OUVRAGES  D'ENSEIGNEMENT  CHRÉTIEN  ET  DE  PIÉTÉ 

{suite) 

Spiritualité.  —  37.  Exercices  spirituels  de  S.  Ignace  de  Loyola,  traduits  sur 
Vautographe  espagnol  par  le  P.  F/ UL  Debuchy. Paris,  Lethielleux,  s.  d.,in-16 
cairé  de  231  p.,  2  fr.  50. —  38.  Traité  de  la  paix  de  Vâme  (source  du  combat  spiri- 
tuel), par  le  P.  Jean  de  Bonilla.  Nouv.  traductioa  française,  parle  P.  Ubald 
d'Alençon.  Paris,  J.  de  fligord,  1912,  in-l<S  de  100  p  ,  0  fi'.  60.  —  S9.  L'Esprit 
de  sainte  Claire,  parle  P.  Exupère.  Paris  et  Yournai,  Casterman,  s.  d.,  in-12  de 
213  p.,  2  fr.  —  40.  Conseils  de  direction  spirituelle,  par  le  P.  Lejeune.  Paris 
Lethielleux,  s.  d.,  in-16  de  272  p.,  2  fiancs. —  41.  La  Vie  meilleure  par  la  prière 
parle  P.  Badet.  2eédit.  Paiis,  Bloud,  191  2,  in-16  de  284  p.,  3fp.50.— 42.  f.a  Pure- 
té du  cœur,  par  l'a])})é  L.  Lenfant.  Paris,  J.  de  Gigord,  1912,  peiit  in-18  de  133  p. 

0  fr.  7").  —  'i3.  La  Fo;a.ité  du  cirur,  pa;-  l'ablé  li.  LE>rANT.  r^' '?..!.  ('eC'igo;d 
1912,  petitin-18  de  162  p  ,  0 'r  75.-44.  Le  Cœurvaillant,  par  l'abbé  L  L^nfant 
Paiis,  J.  de  Gigord,  1912,  petit  in-18  de  130  p.,  0  f».  75.  —  45.  Vii>re,  ou  se 
laisser  vivre?  Conseils  aux  jeunes  gens,  par  Pierre  Saint-Quay.  Paris,  Téqui 
1912,  in-16  de  xv-327  p.,  3  fr.  50.  • —  46.  La  Vocation  au  mariage,  au  célibat,  à 
la  vie  religieuse,  par  le  P.  J.  Coppin.  3<'  édit.  Paris,  Yénui,  1912,  in-16  de  vu 
389  p.,  3  fr.  50.  —  47.  Prière  et  .omtion.  On  peut  désirer  et  demander  une  voca 
tion  supérieure,  i)Sir  le  P.  J.  Lintelo.  Paiis  et  Tournai,  Casteiman,  1912,  in- 8  do 
24  p.,  0  fr.  25. 

Dévotions.  —  Piété.  —  48.  Petite  Année  liturgique,  O.i  Paroissien  romain,  histo- 
rique et  liturgique,  par  l'a])bé  J.  ^^B)UN0Y.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-18  de 
viii-1578  p.,  4  fr.  —  49.  V.  To  A-  de  Kempis.  De  la  Imitac  6i  de  Cristo;  tiad. 
del  P.  Juan  Eusebio  Nieremcerg.  Barcelona,  Subirana,  1912,  in-32  cartonné 
de  497  p.,  1  fr.  —  50.  Manuel  p-atique  de  la  dévotion  au  Sacré-Cœur  de  Jésus,  par 
l'aljbé  D.-H.  Yandepitte.  Paris,  Téqui,  1912,  in-32  de  345  p.,  1  fr.  —  51.  En 
suivant  le  Mcîlre.  Mois  du  Sacré-Cœur,  par  l'al)bé  A.  Dard.  Paris,  Lecofîre, 
Gabalda,  1912,  petit  in-18  de  x  i-303  p.,  1  fr.  50.  —  52.  Le  Secret  admirable 
du  T.  S.  Posaire  pour  se  convertir  et  se  sauver,  par  le  Bienheureux  Louis-Marie 
Grigmon  de   Montfort.  Paris  et  Poitiers.  Oudin,  1912,  in-12  de   xii-191   p., 

1  fr.  50.  —  53.  Le  Mois  de  Marie,  par  Mgr  Dadolle.  Paiis,  Lecoffre,  Gabalda, 
1912,  in-12  de  ii-284  p.,  3  fr.  50.  —  54.  Petit  Mois  de  Marie  à  Vusage  des  enfants. 
Paiis,  Bra>, '^.  d.,  in-16  de  xxiv-l;',7  p.,  1  fr.  —  55.  Notre  Dane  d'Ars,  ou  Médi 
talions  sur  la  Sainte  Vierge  tirées  des  écrits  et  de  la  vie  du  B  J  -M  Vianney, 
par  l'abbé  II.  Convert.  Paris  et  Lyon,  Vitte,  1911,  in-32  de  292  p.,  1  fr.  —  56, 
Allez  à  Marie,  par  l'auteur  des  Paillettes  d'ôr.  A\ignon,  Aubanel,  =.  d.,  petit  in 
18  de  xv-3t2  p.,  1  fr.  25  —  57.  Devociô^  de  los  doce  segundos  riernes  de  cada 
ne^  dtl  an),  por  el  R.  Manuel  Bai  g  n  ).  Barcelona,  Subirana,  ISll,  )n-32  de 
134  p.,  0  h-,  25.  —  5f^.  La  Imi'c  iôi  de  los  Angeles,  por  el  aljate  G.  Chardon; 
t'ad.  de  la  2^  ediciôn  francesa  pOr  M.  de  Sagredo.  Barcelona,  Subirana,  1911, 
petitin-18  de  vin  504  p.,  2  fr.  :"5.  —  19.  Pensées  choi'iies  du  R.  P.  Ponlevoy^  S. 
J.  Extraites  de  sa  vie,  de  ses  opuscules  (!S'.':ti-;ues  et  lettres,  par  le  P.  GharleS 
Renard    l'n  )\  1  <'  .w,  19!?,  ;.r|;ti-.-1«  .'-^  viii-SCO  d  ,   av^-"   pu-tr;,.i.  '  h. 

Spiritualité.  ^  37  à  47.  —  Le  R.  P.  Paul  Debuchy,  S.  J.,  publie 
une  nouvelle  traduction  des  Exercices  spirituels  de  saint  Ignace  de 
Loyola,  faite  sur  l'autographe  espagnol  :  elle  n'est  pas  une  simple 
ripétition  de  celles  qui  l'ont  pre'ccdc'e;  elle  veut  seulement  oflrir  au 
lecteur  une  œuvre  qui  essaie  d'atteindre  à  plus  d'exactitude.  Aussi 
bien  la  collection  si  opportunc'ment  entreprise  des  retraites  spiri- 
tuelles réclamait-elle  sa  traduction  française  spéciale  des  Exercices 
et  il  s'est  cru  autorisé  à  la  lui  donner,  se  proposant  bien  de  recourir 
librement  dans  ses  doutes  à  l'avis  de  son  vénérable  devancier    le 


^  209  ^ 

P.  Jennosseaux,  guidé  par  la  compétence  du  R.  P.  Rooathan;  il  a  été 
heureux,  on  outre,  d'utiliser  deux  traductions  inédites  que  possédait 
la  bibliothèque  des  Exercices,  l'une  du  P.  Henri  Delfour  faite  sur 
l'espagnol,  l'autre  du  P.  Pierre  Totel,  d'après  le  latin  du  R.  P.  Root- 
haan,  calquée  sur  le  texte  original,  celle-ci  surtout  «  qui  vient,  dit-il, 
d'un  très  sagace  interprète  des  Exercices  »,  Un  mot  seulement  sur  la 
forme  typographique  qui  est  d'une  distinction  remarquable  à  tous  les 
p3ints  de  vue. 

—  Encore  une  traduction,  celle-ci  du  R.  P.  Ubald  d'Alençon,  nous 
permettant  de  profiter  du  Traité  de  la  paix  de  l'âme,  par  le  P.  Jean 
de  Bonilla,  de  l'observance  de  S.  François.  Un  court  Avertissement 
fait  connaître  le  sujet  et  les  mérites  de  ce  livre,  l'auteur  mystique  qui 
vivait  au  xvi^  siècle,  enfin  la  manière  de  le  lire.  Une  note  d'érudition 
qui  suit  nous  fixe  sur  les  éditions  antérieures  de  cette  œuvre  et  sur 
la  méthode  de  l'édition  actuelle.  Le  livre  lui-même  du  P.  Jean  de 
Bonilla  est  divisé  en  15  chapitres  qui  traitent  des  soins  que  l'âme 
doit  avoir  pour  s'établir  dans  la  paix,  de  la  façon  d'édifier  cette 
demeure  pacifique,  de  ce  qu'il  faut  faire  pour  l'acquérir,  pour  la 
conserver,  de  la  lutte  à  soutenir  pour  supporter  les  troubles  ou  les 
contrariétés,  pour  triompher  des  tentations.  Il  se  termine  par  une 
prière  au  Prince  de  la  Paix  Jésus. 

—  Le  livre  du  R.  P.  Exupère  :  L'Esprit  de  sainte  Claire  arrive 
bien  à  propos  en  l'enn'e  du  7^  cfntenaire,  célébré  en  l'honneur  de 
la  saJn'e  d'Assise,  qui  se  p/ntra  si  bien  et  si  profondément  de  l'es- 
prit de  saint  François.  Ce  travail  d'in  rehgieux,  auteur  ascétique 
très  estimé,  a  été  fait  et  publié  surtout  pour  les  communautés  cla- 
risses,  mais  d'autres  commmautés  peuvent,  éprises  de  l'esprit  séra- 
phique,  «  y  trouver  l'aliment  d'i  ne  plus  grt  nde  admiration  pour 
cette  âme  si  parfaite  et  aussi  i.n  encouragement  à  la  suivre  dans  la 
voie  de  docilité  et  de  simplicité  qu'elle  a  si  gén^'reusement  par- 
courue )>.  Il  y  est  dit  ce  que  fut  «  la  Petite  Pif  nte  de  S.  François  » 
df.ns  la  pratique  de  l'Évangile  de  N.-S.  J.-Cé,  dans  son  obcissance  au 
Pape,  dans  la  pauvreté,  le  travail  et  la  joie  straphiques,  dans  sa 
reconnaissance,  sa  gVn'rosité,  sa  crnstfnce  et  sa  simplicité.  Le 
dernier  chapitre  est  consacré  aux  dévotie  ns  francisca'nes  et  un  ap- 
pendice contient  quatre  lettres  de  sa'nte  Claire,  deux  de  Grégoire  IX; 
le  repas  extatique.  Le  livre  est  orn''  de  six  gravures  représentant 
sainte  Claire,  sainte  Claire  et  sam'e  Elisabeth  de  Hcngrie,  enfin  les 
f un  railles  solennelles  de  la  sainte. 

—  C'est  à  toutes  les  personnes  pieuses  que  M.  le  chanoine  Lejeune 

adresse  ses  Conseils  de  direction  spirituelle;  ils  sont  rangés  sous  ces 

trois  titres  :  1^®  partie  :  Le  but  et  les  obstacles;  2°  les  moyens;  3<^  le 

moyen  par  excellence.  Onze  chapitres  épuisent  la  matière  de  la  1^^ 

Septembre  1912.  T.  CXXV.  i4. 


—  210  ~ 

partie  :  vraie  et  fausse  dévoticin,  n  tuntlisme,  abscne  de  règlement 
de  vie,  le  péché  véniel,  entraves  au  pn)grès  spirituel,  etc.  Les  moyens 
pour  les  progrès  dans  la  vertu  remplissent  la  2^  partie  :  lecture  spi- 
rituelle, méditation,  examen  de  conscience,  vie  intérieure,  etc.  La 
3*^  partie  nuis  révèle  le  moym  par  excellence  qui  est  la  divine  Eucha- 
ristie :  sainte  messe,  visite  au  Saint- Sacrement,  sainte  communion, 
Téducation  eucharistique  de  l'enfant.  Un  dernier  entretien  sur  l'Église 
insiste  en  faveur  de  la  filiale  obcissance  que  nous  devons  à  son  ensei- 
gn'^ment  et  à  ses  lois,  recommandant  aussi  la  gé n'rosité  à  son  égard 
pour  lui  permettre  de  faire  face  à  toutes  les  obligations  et  charges  de 
son  apostolat.  C'est  bien  la  direction  spirituelle  qui  convient  à  notre 
temps  où  laction  de  la  sainte  Église  est  si  entravée  et  complètement 
privée  de  tout  secours  humain. 

—  En  suivant  cette  direction,  nous  arriverons  à  nous  rtndre  la 
Vie  meilleure  par  la  prière.  Peut-il  même,  sans  la  prière,  y  avoir  une 
vie  bonne?  M.  le  chanoine  Badet  ne  le  croit  pas.  Aussi  est-ce  bien 
pour  n  )us  inculquer  le  besoin  rigoureux  de  la  prière  qu'il  nous 
adresse  son  hvre;  il  n  us  l'envoie  comme  d'au-delà  de  tombe  où  il  est 
trop  tôt  descendu;  ouvrons-le  comme  un  messager  du  ciel  pour  nous 
redire  tout  l'amour  de  cette  âme  pour  la  prière  dont  elle  goûte  avec 
les  anges  et  les  saints  les  charmes  si  doux  :  la  prière  touche  le  cœur 
de  Dieu,  la  prière  source  de  grâce  et  de  lumière;  la  prière  ajoute  à 
nos  joies,  elle  apaise  nos  douleurs,  la  prière  en  famille  source  et 
sauvegarde  de  respect  mutuel,  la  prière  rend  le  riche  bienfaisant, 
transfigure  le  pauvre,  fait  les  saints,  et  tout  cela  développé  à  l'aide 
«  de  considérations  aussi  profondes  que  facilement  accessibles,  d'une 
doctrine  très  sûre,  d'une  méditation  riche  en  fruits  d'édification  et  de 
saines  résolutions  ».  Que  ce  livre  ait  de  n  -mbreux  lecteurs;  il  leur 
li^Tera  le  secret  de  bien  vivre  leur  vie,  car  «  la  vie  des  hommes  qui 
ne  prient  jamais  n'est  pas  une  vie  bonne  à  vivre...  Introduire  la 
prière  comme  un  élément  essentiel  dans  la  vie  humaine,  d'ordinaire 
si  terne,  si  pénible,  n'est-ce  pas  rendre  cette  vie  en  tout  point 
meilleure  !  »  Que  la  prière  soit  mieux  connue  et  plus  pratiquée  !       ^>^ 

—  Voici  trois  brochures  de  M.  l'abbé  Lenfant  :  modestes  par  le 
format,  importantes  par  leurs  sujets,  elles  sont  oflertes  aux  jeunes 
gens  et  aux  jeunes  filles  et  elles  n'ont  qu'un  but  :  former  les  uns  et 
les  autres  à  la  vertu.  Plaçons  la  première  :  La  Pureté  du  cœur,  car 
c'est  la  condition  essentielle  pour  l'œuvre  à  accomplir.  C'est  aussi  la 
disposition  qui  plaît  dans  l'âme  du  jeune  homme  et  de  la  jeune  fille. 
Le  premier  chapitre  fait  connaître  l'importance  et  l'actualité  du 
sujet;  le  second  donne  la  notion  du  cœur  pur;  les  autres  chapitres 
parlent  de  la  multitude  des  cœurs  purs,  de  la  psychologie  du  cœur 
pur,  de  la  présence  de  Dieu  et  de  l'œuvre  divine  dans  le  cœur  pur; 


—  211  — 

ruines  et  déchéances;  renouvellement,  le  triomphe.  Heureux  les  jeu- 
nes qui  ont  le  cœur  pur  ! 

—  Ils  posséderont  aussi  la  Royauté  du  cœur.  Dans  cette  deuxième 
brochure,  M.  l'abbJ  Lenfant  expose  la  grandeur  de  la  vertu  royale 
qui  est  la  douceur  :  il  en  dit  la  puissance  et  les  bienfaits;  mais 
elle  ne  s'acquiert  que  par  de  durs  combats,  si  durs  que  la  défaite  est 
à  prévoir  avec  toutes  ses  conséquences.  Heureusement,  on  peut  se 
relever  et  reconquérir  la  douceur;  les  moyens  à  employer  sont  clai- 
rement indiqués  et  alors  c'est  le  règne  béni  où  trône  l'Agneau  de 
Dieu.  Œuvre  d'expérience  et  riche  de  sages  conseils,  ce  petit  livre 
plaira  bien  à  la  jeunesse  chrétienne  désireuse  de  se  former  à  la  piété 
et  d'y  persévérer. 

—  Ainsi  possédera-t-elle  un  Cœur  caillant.  11  est  si  nécessaire  au 
milieu  de  toutes  nos  épreuves  et  de  tous  nos  dangers  !  M.  l'abbé 
Lenfant  nous  dit  d'où  vient  la  vaillance  du  cœur,  comment  on  l'ac- 
quiert, comment  il  se  purifie,  comment  il  se  transforme;  comment 
cette  qualité  devient  utile,  comment  elle  résiste  en  face  du  sensua- 
lisme, évitant  les  plaisirs  mauv^ais  pour  se  contenter  des  plaisirs 
permis.  Ce  qui  soutient  cette  vaillance  du  cœur,  c'est  la  crainte  de 
l'enfer,  ce  sont  les  grands  exemples,  c'est  la  pensée  et  la  vue  du  Cru- 
cifix. A  ces  seules  indications  on  pressent  la  vaillance  de  l'auteur 
qui  veut  faire  partager  à  la  jeunesse  chrétienne  toute  sa  force,  toutes 
ses  joies  et  tous  ses  triomphes.  Puisse-t-elle  avoir  de  nombreux 
imitateurs  ! 

—  Le  livre  que  nous  présente  Mgr  Baudrillart  dans  sa  Lettre- Pré- 
face continue  l'œuvre  de  M.  Lenfant.  Ce  sont  encore  des  Conseils  aux 
jeunes  gens  que  donne  M.  Pierre  Saint-Quay  en  leur  posant  cette  alter- 
native, hélas!  trè^  vraie  :  Vivre,  ou  se  laisser  i>içre?  C'est  le  titre  de 
l'ouvrage  :  il  indique  bien  clairement  la  pensée  de  l'auteur  et  le 
but  du  livre.  M.  Saint-Quay  touche  à  toutes  les  questions  qui  se 
rapportent  à  la  formation  chrétienne  du  jeune  homme  :  la  prière,  la 
confession,  les  pratiques  de  piété,  ordre,  méthode  et  préjugés,  en 
famille,  camarades  et  amis,  en  vacances,  choix  d'une  carrière,  devoirs 
professionnels,  tentation,  chute  et  relèvement.  Mgr  Baudrillart  recon- 
naît dans  ce  travail  «  l'œuvre  d'un  homme  d'expérience  et  d'un 
chrétien  convaincu  «.  Le  livre  est  «  plein  des  conseils  les  plus  pra- 
tiques; pas  de  théories  en  l'air,  pas  d'utopie,  pas  de  chimère  ».  La 
parole  de  M.  Saint-Quay  «  est  l'écho  fidèle  de  la  doctrine  chré- 
tienne et  elle  vibre  de  l'accent  très  personnel  de  celui  qui  a  vu  et  pra- 
tiqué tout  ce  qu'il  dit  ». 

—  Ce  qui  est  le  plus  important  au  seuil  de  la  vie,  c'est  l'étude  de 
la  Vocation.  Le  R.  P.  Coppin,  S.  J.,  s'offre  comme  guide  et  nous  ex- 
pose consciencieusement  ce  que  Dieu  dit  dans  l'Ecriture,  ce  que  les 


—  212  — 

saints  et  rexpérioncc  proclament  bien  haut.  La  première  partie  de 
son  livre  rappelle  la  doctrine  générale  touchant  la  vocation.  L'étude 
des  diverses  vocations  fait  l'objet  des  considérations  de  la  deuxième 
partie  :  l'état  conjugal,  le  célibat,  la  vocation  religieuse,  chacune  de 
ces  vocations  étudiée  dans  ses  obligations,  sa  dignité,  ses  avantages. 
Dnns  la  troisième  partie,  l'auteur  recommande  la.  recherche  sérieuse 
de  la  vocation,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  de  la  volonté  do  Dieu; 
il  nous  énumère  les  moyens  de  connaître  cette  divine  volonté.  Il  faut 
croire  que  le  R.  P.  Goppin  a  bien  traité  son  œuvre  puisque,  avec 
sa  troisième  édition,  il  en  est,  dans  l'espace  de  neuf  ans,  à  son 
onzième  mille.  A  côté  de  ces  flatteuses  sympathies,  il  a  reçu  aussi 
des  critiques;  on  l'a  accusé  d'avoir  trop  insisté  sur  les  croix  et  les 
devoirs  de  l'état  conjugal,  d'avoir  donné  la  préférence  à  l'état  reli- 
gieux. La  lecture  de  son  livre  convaincra  les  esprits  sérieux  qu'il  a 
été  écrit  en  toute  sincérité  et  en  toute  impartialité  :  il  a  voulu 
simplement  éclairer  et  guider  les  âmes  :  il  a  atteint  son  bat. 

—  Dans  sa  plaquette  :  Prière  et  vocation,  le  R.  P.  Lintelo,  si 
connu  et  si  apprécié  pour  ses  opuscules  sur  la  communion  fréquente 
et  quotidienne,  s'attache  à  démontrer  à  son  tour  qu'on  peut  désirer 
et  demander  une  vocation  supérieure;  il  expose  les  raisons  à  l'appui 
de  sa  thèse,  ainsi  que  les  avantages  de  la  pratique  qu'il  propose,  et 
en  fait  l'application  à  quelques  cas  particuhers  en  terminant  par 
l'examen  de  deux  difficultés  et  par  quelques  mots  sur  la  commu- 
nion fréquente,  comme  excellent  moyen  pour  la  culture  des  voca- 
tions. 

DÉVOTIONS.  —  Piété.  —  48  à  59.  —  La  Petite  Année  liturgique, 
par  M.  l'abbé  J.  Verdunoy,  est  bien  vraiment  le  paroissien  complet 
du  pieux  fidèle  :  Paroissien  romain  historique  et  liturgique.  Rien  n'y 
manque  de  ce  qui  peut  servir  à  l'assistance  aux  offices  de  l'Éghse 
pour  y  intéresser  l'esprit  et  y  toucher  le  cœiir.  11  renferme  les  priè- 
res du  matin  et  du  soir,  l'ordinaire  de  la  messe  (le  latin  et  le  fran- 
çais); puis  tous  les  dimanches  de  l'année  depuis  le  l^i"  de  l'Avent 
jusqu'au  dernier  de  la  Pentecôte,  messe  et  vêpres,  toujours  texte 
et  traduction  entremêlés;  à  la  place  voulue,  des  cérémonies  de 
l'ordination,  de  l'office  des  vendredis  du  Carême,  de  chaque  jour  de 
la  grande  quinzaine  de  la  Passion  et  de  la  Semaine  sainte  ;  puis,  le 
commun  et  le  propre  de  tous  les  saints  de  l'année;  le  chemin  de  la 
croix,  les  cérémonies  des  sacrements,  surtout  ce  qui  a  trait  plus 
spécialement  à  l'Extrême  Onction,  maladie,  mort  et  sépulture;  le 
sacrement  de  l'Ordre  y  occupe  une  large  place  avec  toutes  les  céré- 
monies de  nos  ordinations;  chaque  office  ou  chaque  saint  précédé 
d'une  notice  sommaire  et  l'œuvre  entière  agrémentée  de  plusieurs 
matières  pour  la  plus  grande  utilité  du  lecteur.  Près  de    seize  cents 


—  213  — 

pages  ont  été  nécessaires  pour  contenir  toutes  ces  richesses,  mais 
l'éditeur  a  été  si  ingénieux  dans  le  choix  de  ses  caractères  et  de  son 
papier  que  la  lecture  en  est  très  facile  et  le  volume  de  grosseur 
ordinaire.  Avec  ce  Manuel  ainsi  rédigé,  le  fidèle  peut  suivre  avec 
intérêt  et  fruit  toutes  les  cérémonies  de  l'Église. 

—  C'est  pour  ses  compatriotes  que  le  révérend  J.  Eusobio  Nie- 
remberg  a  traduit  en  espagnol  V  Imilation  de  Je  sus- Christ.  Les  traduc- 
tions du  livre  de  Thomas  à  Kempis  abondent  partout  et  depuis  des 
siècles,  mais  il  faut  bien  croire  que  ce  livre  a  d'irrésistibles  attraits 
et  répond  à  un  besoin  sérieux  et  réel  des  âmes,  pour  que  les  éditions 
se  multiplient  avec  tant  de  rapidité.  Après  un  avis  de  l'auteur, 
qui  ouvre  la  3^  édition,  le  livre  nous  offre  un  guide-  pratique  pour 
tirer  profit  de  la  lecture  de  l'Imitation;  alors  c'est  le  texte  origi- 
nal, tel  qu'il  est  connu,  et  ensuite  ce  sont  divers  exercices  de  piété, 
des  méthodes  pour  l'assistance  à  la  messe,  des  tables  pour  sujets 
de  méditation  et  pour  indication  alphabétique  des  matières. 

—  M.  l'abbé  Vandepitte,  dans  son  Manuel  pratique  de  la  dévotion 
au  Sacré-Cœur  de  Jésus,  nous  enseigne  d'abord  la  nature  et  les  rai- 
sons de  cette  dévotion;  il  nous  fait  connaître  ensuite  les  désirs  de 
ce  divin  Cœur  et  commente,  enfin,  les  douze  promesses  faites  par 
le  Cœur  sacré  de  Jésus,  qu'il  fait  suivre  d'explications  et  réflexions 
pieuses.  C'est  l'objet  de  la  première  partie  du  Manuel.  Dans  la 
deuxième  partie,  il  s'attache  à  la  pratique  de  l'assistance  à  la  sainte 
Messe,  indiquant  ce  qui  convient  pour  la  préparation  et  l'action  de 
grâces,  plus  spécialement  pour  la  communion  et  l'adoration  répara- 
trices au  sujet  desquelles  il  nous  offre  six  entretiens  et  six  médi- 
tations. Le  Manuel  se  termine  par  diverses  formules  de  consécra- 
tions, d'amendes  honorables  et  de  prières,  par  les  litanies  et  le  petit 
office  du  Sacré-Cœur,  par  le  Chemin  de  la  Croix  et  un  cantique. 
Manuel  très  pratique,  en  effet,  comme  on  voit;  il  sera  très  utile 
pour  soutenir  et  développer  dans  les  âmes  la  dévotion  au  Sacré- 
Ca:ur. 

—  M.  l'abbé  Dard  nous  invite  à  faire'  le  31  ois  du  Sacré-Cœur, 
en  suivant  le  Maître.  Nous  voilà  donc  chaque  jour  nous  arrêtant 
avec  Jésus  dans  m^  bourgade  ou  dans  un  site  de  la  Judée  ou  de  la 
Galilée;  l'auteur  nous  décrit  cette  staticn,  en  nous  donnant  tous 
les  détails  topographiques  ou  historiques  qui  peuvent  nous  inté- 
resser. Viennent,  ensuite,  les  réflexions  que  suggèrent  les  enseigne- 
ments ou  les  actes  du  Maître.  Puis  une  oraison  jaculatoire  conforme, 
une  pratique,  une  prière,  un  exemple.  C'est  le  Jourdain,  la  mon- 
tagne de  la  Quarantaine,  le  puits  de  Jacob,  la  synagogue,  Naïm, 
Magdala,  le  Thabor,  Siloë,  Gethsémani,  etc.,  tout  l'Évangile  en 
un  mot,  et  tel  est  le  mcrite  très  apprécié  de  ce  n:>uveau  Mois  du 


—  214  — 

Sacré-Cœur  que  Mgr  lïvCque  de  G  r(  noble,  qv  i  tn  ft  licite  lauleur,  loue 
spécialement  les  réflexions  qui  découlent  sens  efîort  de  son  pieux 
commentaire  :  «  Elles  s"en  vent  porter  lumière  et  charité  à  l'âme  du 
lecteur  ».  11  est  persuadé  que  celui-ci  en  tirera  tout  le  pro- 
fit spirituel  désirable. 

■ —  Le  Secret  admirable  du  Très  Saint  Rosaire  pour  se  convertir  et 
se  sauver  fait  suite  aux  œuvres  déjà  si  ccnnues  et  si  goûtées  du 
B.  Grignion  de  Montfort.  On  y  retrouve  la  même  doctrine,  la  même 
piété  filiale  pour  Marie;  mais  la  forme  en  est  originale.  Il  nous  est 
présenté  comme  une  sorte  de  couronne  mystique,  composée  de  cin- 
quante roses,  cinquante  chapitres  où  le  pieux  auteur  nous  rap- 
pelle l'excellence  du  Rosaire  par  les  prières  qui  le  composent,  par  les 
mystères  qu'il  rappelle,  par  les  merveilles  qu'il  accomplit;  il  nous 
indique  ensuite  plusieurs  méthodes  pour  le  réciter  ainsi  que  les  rè- 
gles principales  qui  président  à  sa  récitation  et  les  indulgences  qu'il 
nous  permet  de  gagner.  C'est  bien  le  meilleur  moyen  pour  se  con- 
vertir et  pour  se  sauver  qui  nous  est  offert  par  la  piété  du  Bien- 
heureux. 

—  Le  Mois  de  Marie  par  Mgr  Dadolle  nous  arrive,  pour  ainsi  dire, 
d'au-delà  de  la  tombe;  il  n'en  mérite  que  davantage  nos  sympa- 
thies et  notre  faveur  :  c'est  le  livre  de  l'ancien  professeur  d'apolo- 
gétique aux  Facultés  catholiques  de  Lyon  qui  prêcha,  à  S.  Martin 
d'Ainay,  les  privilèges,  les  vertus,  les  mérites,  le  rôle  presque  divin 
de  cette  Mère  incomparable,  au  culte  de  laquelle  s'était  généreuse- 
ment voué  ce  Fils  si  aimant  et  si  fidèle.  Nous  remercions  «  les  abbés 
Dadolle  »,  ses  proches  parents,  de  n'avoir  pas  hésité  à  pubher  cette 
œuvre  «  riche  d'une  doctrine  substantielle  »  et  si  propre  à  faire  du 
bien  aux  âmes.  La  méthode  de  l'auteur  est  toute  simple  et  natu- 
relle; il  suit  l'ordre  chronologique  de  la  vie  de  Marie.  Nous  n'avons 
pas  besoin  d'insister  sur  le  mérite  du  livre  :  le  vént'ré  et  regretté 
prélat  fut  un  maître  dans  l'art  d'écrire  et  un  docteur  dans  la  science 
apologétique. 

—  Moins  sérieux  est  le  Petit  Mois  de  Marie  à  l'usage  des  enfants, 
que  recommandent  une  lettre  de  Mgr  l'évêque  de  Nevers  et  une 
Préface  du  R.  P.  Bazin,  S.  J.;  il  est  à  la  portée  de  ses  jeunes  lec- 
teurs; «  il  est  écrit,  sans  recherche,  comme  le  dit  Mgr  de  Nevers  à 
l'auteur;  il  se  recommande  par  sa  clarté,  sa  simplicité,  sa  grâce 
naïve  et  touchante;  il  présente  en  même  temps  des  règles  de  con- 
duite sûres,  précises,  parfaitement  appropriées  aux  besoins  des  jeunes 
âmes  ■).  Faut-il  s'étonner  de  cette  appropriation  quand  c'est  une 
mcre  qui  s'adresse  à  des  enfants  avec  toute  sa  piété  et  son  dévoue- 
ment? Comme  modèle  de  disciple  de  Marie,  c'est  Jésus,  son  divin 
Fils^lui-même,  qui  nous  apparaît  pour  nous  enseigner  ce  que  nous 


^  215  — 

devons  être  à  l'égard  de  Marie  par  son  amabilité,  son  amour  filial, 
sa  pureté,  son  obéissance,  la  prière  et  le  zèle.  C'est  bien,  en  toute 
vérité,  le  Mois  de  Marie  des  entants;  ils  vont  à  Marie  par  Jésus. 

—  Notre  introducteur  auprès  de  Marie  est  maintenant  le  Bien- 
heureux curé  d'Ars  Jean-Marie  Vianney;  de  ses  écrits  et  de  l'his- 
toire de  sa  vie,  M.  l'abbé  H.  Convert,  son  successeur  à  Ars,  «  ex- 
trait des  Méditations  sur  la  Sainte  Vierge  qu'il  publie  sous  le  titre 
de  :  Notre-Dame  d' Ars.  Ces  méditations  sont  au  nombre  de  vingt- 
cinq  et  ont  pour  objet  :  Marie  annoncée,  Marie  conçue  sans  péché, 
nativité  de  Marie,  Marie,  notre  mère;  assomption  et  puissance  de 
Marie,  excellence  du  Rosaire,  etc.  Le  livre  se  termine  par  la  messe 
propre  du  B.  curé  d'Ars,  C'est  lui  qui  nous  aide  ainsi  à  assister  au 
saint  sacrifice,  après  avoir  éclairé  et  réchauffé  notre  piété  par  ses 
enseignements  «  si  substantiels  et  si  savoureux  ».  On  pourra  en 
juger  par  le  rapprochement  qu'en  fait  l'auteur  avec  les  écrits  des 
docteurs  de  l'Église. 

—  Allez  à  Marie,  nous  crie  encore  l'auteur  inépuisable  des  Pail- 
lettes d'or.  Qui  ne  connaît,  qui  n'aime  cette  plume  si  féconde,  tou- 
jours si  alerte,  si  intéressante,  si  appréciée?  Son  nouveau  livre  sera 
favorisé  du  même  succès  que  les  précédents.  «  Grâce  à  chacune  de 
vos  trente-et-une  méditations...  on  sera  porté  à  venir  vers  Marie 
pour  la  vénérer,  pour  la  prier  avec  confiance,  pour  l'imiter,  pour  la 
prêcher  ensuite  et  par  elle  pour  venir  vers  Jésus  ».  Mgr  l'arche- 
vêque d'Avignon  dit  à  son  tour  «  que  nous  devions  aller  à  Marie  et 
avoir  en  elle  une  entière  confiance,  vous  ne  cessez  pas  de  le  dire, 
mais  vous  le  dites  en  variant  les  raisons  qui  nous  y  doivent  porter... 
Sur  vos  pas,  sans  qu'on  s'en  aperçoive  presque,  on  arrive  à  la  Mère 
des  miséricordes,  on  la  trouve  souriante,  pleine  de  grâces  et  de 
bénédictions  ». 

—  Le  petit  opuscule  espagnol  du  P.  D.  Manuel  Barguno  y  Mor- 
gades,  intitulé  :  Devocion  de  los  doce  segiindos  viernes  de  cnda  mes  del 
ano  a  pour  but  surtout  d'exciter  la  dévotion  des  pieux  fidèles  à 
Notre-Dame  des  Douleurs.  Après  avoir  indiqué  la  méthode  pratique 
de  cette  dévotion  et  son  origine,  l'auteur  nous  fait  méditer  chacune 
des  douleurs  de  Marie  qu'il  rapproche  des  douleurs  de  Jésus,  chaque 
méditation  divisée  en  deux  points,  respirant  une  vraie  piété  et  nous 
suggérant  les  plus  généreuses  résolutions.  Plusieurs  pratiques  ou 
prières  terminent  l'opuscule,  la  couronne  des  sept  douleurs,  le  Stabat, 
la  nomenclature  des  indulgences  pour  cette  dévotion. 

—  C'est  encore  en  espagnol  que  nous  arrive  !e  livre  de  M.  de 
Sagredo  :  Imitaciôn  de  los  Angelos.  Mais  quelques-uns  de  nos  lec- 
teurs peuvent  bien  avoir  reconnu  sous  ce  titre  un  livre  français, 
et  c'est,  en  effet,  la  traduction  en  espagnol  de  l'oeuvre  de  M.  l'abbé 


—  216  — 

Chardon  :  U Imilaiion  des  Anges,  dont  nous  avons  parlé  ici  même. 
Cette  traduction  témoigne  bien  de  la  valeur  du  travail  de  notre 
distingué  confrère,  M.  le  vicaire  général  de  Clermont;  elle  suffit  à 
le  louer  et,  ne  serait-ce  que  pour  confirmer  ce  témoignage,  nous 
sommes  heureux  d'annoncer  cette  pubHcation  dont  le  clergé  et  leis 
fidèles  de  la  catholique  Espagne  savent  apprécier  l'importance.  C'est 
en  efiet,  comme  nous  l'avons  dit,  un  traité  complet  sur  la  créature 
angclique,  notre  modèle  par  rapport  à  nos  relations  avec  Dieu^ 
avec  l'Homme-Dieu,  avec  tous  les  hommes.  Diverses  prières  ferment 
le  livre. 

—  Les  Pensées  choisies  du  R.  P.  de  Ponlevoy,  S.  J .,  extraites  de 
l'histoire  de  sa  fie  et  de  ses  opuscules  et  lettres  par  le  R.  P.  Ch» 
Renard  touchent  atout  ce  qui  constitue  la  vie  chrétienne;  le  choix 
a  été  fait  avec  discernement  et  sobriété;  l'ensemble  révèle  un  maître 
en  spiritualité;  on  y  trouve  le  charme  du  docteur  de  la  piété 
S.  François  de  Sales,  et,  mieux  parfois,  la  beauté  de  pensée  et  de  style 
qui  rappelle  Bossuet  :  petit  livre,  grand  mérite.  F.  Ghapot. 


LINGUISTIQUE  ET   HISTOIRE    LITTÉRAIRE.    —  LANGUE 

ET  LITTÉRATURE  FRANÇAISES. 

TECHNIQUE  ORATOIHE    ET  MNÉMGTECHNIE. 

(Suite.) 

13.  VEnsvigncmrnt  du  franc  is  p  r  l-  l'fin,  par  Gustave  Zidlcr.  Fa'i?, 
Vuibert  ;  Montréal,  Beauchemin,  s.  d.,  in-8  ce  41  p.,  0  fr.  75.  — 
14.  De  V Enseignement  du  français,  par  E.  Bouchendhomme.  Paiis,  Colin,  1912, 
in-18  de  vi-211  p.,  2  fr.  —  15.  Le  Français  c/e  nos  en/anfs,  par  Armand  Weil  et 
Emile  Chénin.  Toulouse,  Privât;  Paris,  Didier,  1911,  in-12  de  292  p.  et  34 
illustrations  hors  texte,  3  fr.  50.  —  16.  La  Crise  du  français  it  la  liéfornie  urdi-er- 
sJlatVe,  par  Ab EL  Faure.  Paris,  Stock,  1912,  in-18  de  7G  p.,  1  fr.  -—  17.  L'Équi- 
voque du  classicisme,  par  Gaston  S.vuyebois.  Paris,  l'Édition  libre,  1911,  in-18 
de  143  p.,  2  fr.  50.  —  18.  La  Littérature  moderne  dans  renseignement  moi/eh. 
Réponse  à  la  «  Revue  des  humanités  »,  par  l'abbé  Paul  Halflants.  Bruxelles, 
Institut  Sainte-Marie,  1911,  in-16  de  43  p.,  1  fr.  —  19.  Lettres  sur  la  poésie.   L'Es- 

\  thétique  vivante, 'ÇQj-  Jean  Thogorma.  Paris,  Basset,  1912,  in-8  carré  de  02  p., 
1  fr.  —  20.  Froissart.  Les  plus  beaux  Récils  des  Chroniques  transcrits  pour  lef 
lecteurs  d'aujourd'hui.  Paris,  Fontemoing,  s.  d.,  in-16  de  362  p.,  avec  figures, 
3  fr.  50.  —  21.  Bossuet.  Œuvres  choisies,  avec  Introduction,  bibliographie,  notes, 
grammaire,  lexique  en  illustrations  documentaires,  par  J.  C.vLvr.T.  Paiis,  Iiatier,  S. 
d.,  in-12  cartonné  de  xvi-721  p.,  4  fr.  50.  —  22,  Bossuet.  L'Exposition  de  la 
doctrine  de  l'Eglise  catholique.  Nouvelle  édition  publiée  par  Albert  Vqgt.  Paris, 
Bloud,  1911,  iu-16  de  214  p.,  3  fr.  —  23.  Pages  choisies  des  grands  écrivains, 
Fénelo.n,  avec  une  Introduction  par  Moïse  GAG^AC.  Paris,  Colin,  1911,  in-18  de 
XLViii-3o2  p.,  3  fr.  50.  —  24.  Bourdaloue.  Sermons  du  carême  de  1678,  prononcés 
dans  l'église  Saint-Sulpice.  Introduction  par  Eugène  Gbiselle.  Paris,  Bloud, 
1911,  in-16  de  128  p.,  (coUpction  Science  et  Religion),  \  fr.20.—  25.  Mascaron. 
Sermons  inédits,  publiés  avec  une  Préface  et  des  notes  par  Eugène  Griselle. 
Paris,  Bloud,  1911,  in-16  de  61  p.,  (collection  Science  et  Religion),  0  fr.  60.  — 
26.  Fléchier.  Œuvres  choisies.  Introduction  et  notes  par  Henri  Bremond. 
Paris,  Bloud,  1911,  in-16  de  128  p.  (collection  Science  et  Religion),  1  fr.  20.  — 
.  27.  Chateaubriand,  Pages  chois-es,  avec  une  Intioduclion,  des  notices  et  des 
notes  par  Victor  Giraud.  Paris,  Hachette,  1911,  in-18  de  xxii-328  p.,  3  fr.  50. 


—  217  — 

— •  28.  Chateaubriand.  Mémoires  d'outre-tombe.  Pages  choisies,  avec  une  Intio- 
duction  et  des  notes  par  Victor  Giraup.  Paiis,  Iiachette,  1911,  in-16  de  xxvir 
278  p.,  3  fr.  50.  —  29.  V'^  E.-M.  de  Vogué.  Pages  choisies.  Préface  de  Paul 
BouRGET.  Paris,  Plon-Nounit,  1912,  in-16  de  xli-399  p.,  3  fr.  50.  —  30.  Jules 
Lemaitre.  Pages  choisies,  avec  une  Introduction  et  des  notes  par  André  du 
Fresnois.  Paris,  Nouvelle  ],.i])raiiie  nationale,  1911,  in-16  de  xxxix-318  y.,  avec 
un  portrait,  3  fr.  50.  —  31.  Parlons  ainsi.  De  la  Voix  et  du  geste.  Etude  théorique 
et  pratique  du  mécanisme  de  la  parole,  par  J.-L.  Gondal.  Édition  nouvelle.  Pads, 
J.  de  Gigoro,  1912,  in-8  dt-  xix-54G  p.,  avec  figures,  7  fr.  — ■  32.  Grammaire 
de  la  diction  française,  par  Georges  Le  Roy.  Paris,  Delaplane,  1912,  in-16  car- 
tonné de  Yiii-184  p.,  2  fr.  50.  —  33.  Remarques  pratiques  sur  la  prononciation 
romaine  du  latin,  par  Dom  J.  Jeannin.  Paris,  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-16  de  16  p., 
0  fr.  25.  — •  34.  La  Diction  expliquée  en  15  leçons,  par  Paul  Cosse ret.  Paris, 
PaclOt,  s.  d.,  in-18  de  128  p.,  1  îr.  —  35.  La  Mémoire  verbale  et  pratique.  Son 
développement  naturel  et  logique  par  Vaudition,  la  vision.  Vidée.  Méthode  Georges 
Art.  Nantes,  1,  rue  Kléber;  Paris,  Pedone,  1911,  in-18  de  309  p.,  5  fr. 

13.  —  Un  autre  universitaire  très  distingué,  M.  Gustave  Zidler,. 
comme  en  concurrence  et  aussi  en  opposition  avec  le  recueil  dont 
nous  venons  de  parler,  nous  offre  un  remarquable  mémoire  lu  par 
lui  à  Québec  en  1912,  au  Congrès  de  la  langue  française  en  Amé- 
rique :  U Enseignement  du  français  par  le  latin,  où,  avec  science  et 
avec  esprit,  il  examine  et  discute  les  points  suivants  :  I.  La  «  Ques- 
tion du  latin  ».  II.  Pourquoi  le  français  ne  peut  être  bien  appris 
sans  la  connaissance  du  latin.  III.  Comment  le  latin  est  d'abord 
indispensable  pour  la  connaissance  exacte  de  notre  vocabulaire.  IV. 
Comment  l'étude  du  latin  est  aussi  nécessaire  pour  l'intelligence  de 
notre  syntaxe  et  pour  l'art  de  la  phrase  française, 

14.  —  C'est  aux  instituteurs  primaires  que  s'adresse  M.  Bouchen- 
dhomme  dans  son  livre  agréable  et  utile  à  lire  :  De  l'Enseignement 
du  français,  divisé  en  quatre  parties  :  I.  Enseignement  de  la  gram- 
maire. II.  Enseignement  de  l'orthographe.  111.  Enseignement  de  la 
lecture  expliquée  et  de  la  récitation.  IV.  Enseignement  de  la  compo- 
sition française.  Inspecteur  de  l'enseignement  primaire,  l'auteur  a 
beaucoup  de  zèle  et  d'expérience  professionnelle,  et  on  peut  tirer  bon 
parti  de  ses  observations  et  de  ses  vues  techniques,  qui  d'ailleurs 
appellent  des  réserves.  Il  va  sans  dire  que  M.  Bouchendhomme  pro- 
fesse les  dogmes  officiels,  et,  au  besoin,  les  impose,  canonise  et  ex- 
communie. «  Par  quelques  anecdotes,  éciit-il,  par  quelques  détails 
frappants  de  leur  vie,  nous  nous  efforcerons  de  fixer  le  souvenir  de 
ces  grands  hommes  (les  grands  écrivains)  dans  la  mémoire  de  nofe 
enfants.  Si  nous  leur  parlons  de  Lamartine,  nous  ne  manquerons  pas 
de  rappeler  en  quelques  mots  son  rôle  en  1848  et  dans  les  années  qui 
précédèrent;  si  nous  parlons  de  Victor  Hugo,  nous  indiquerons  la 
cause  de  son  exil,  nous  le  montrerons  flétrissant  le  coup  d'État  de 
1851  et  l'Empire  dans  une  de  ses  œuvres  les  plus  remarquables, 
les  Châtiments,  refusant  l'amnistie  qui  lui  était  offerte,  nous  rappel- 
lerons les  souffrances  que  lui  causa  lexil  et.  son  retour  à  l'heure,  de 


—  218  — 

nos   sanglants   revers  »    (p.    121,    122).  Mais  alors    que   devient   la 
fameuse  neutralité? 

15.  —  Il  y  a  aussi  à  prendre,  mais  avec  circonspection,  dans  les 
observations  et  les  vues  exposées  par  MM.  Armand  Weil  et  Emile 
Chinin  dans  leur  curieux,  mais  systématique  et  utopique  ouvrage  : 
Le  Français  de  nos  enfants,  où,  secouant  «  le  joug  de  la  tradition  »,  ils 
s'appliquent  à  faire  prévaloir  une  méthode  nouvelle  d'enseignement 
pour  la  composition  française.  Cette  méthode  repose  sur  «  l'observa- 
tion directe  »  et  sur  «  l'enseignement  par  l'image  )>.  Elle  a  certaine- 
ment des  avantages,  mais  aussi  des  inconvénients  qui  sautent  aux 
yeux.  La  partie  la  plus  intéressante  du  livre  est  le  recueil  de  «  de- 
voirs »  formé  par  les  auteurs.  «  Ce  sont,  nous  disent-ils,  des  essais 
d'élèves  de  sixième  et  de  cinquième,  dont  l'âge  moyen  varie  de  dix 
à  douze  ans.  Ces  devoirs,  nous  les  citons  en  entier  ou  par  extraits, 
sans  que,  dans  aucun  cas,  ils  aient  été  refaits  sur  les  indications  du  pro- 
fesseur. Nous  avons  respecté  scrupuleusement  les  naïvetés,  les  redites, 
les  imperfections,  qui  trahissent  l'inexpérience  de  l'enfant,  mais  qui 
révèlent  souvent  tant  de  choses  intéressantes...  De  toute  façon,  nous 
nous  sommes  fait  une  loi  de  ne  rien  changer  à  ces  ébauches;  nous 
en  avons  seulement  corrigé  l'orthographe-,  nous  apportons  ici  un  re- 
cueil de  documents,  qui  n'a  pas  seulement  un  intérêt  pédagogique, 
mais  qui  peut  servir  aussi  à  la  psychologie  de  l'enfant.»  —  L'esprit 
général  du  livre  est  naturaliste,  humanitaire,  implicitement  antichrc- 
tien. 

16.  —  Pendant  que  divers  médecins  proposent  différents  remèdes 
au  mal  dont  souffrent  chez  nous  la  langue  et  le  style,  M.  Abel 
Favre,  dans  son  opuscule  :  La  Crise  du  français  et  la  Réforme  universi- 
taire, soutient  que  cette  crise  n'existe  pas.  Ce  qui,  selon  lui,  est  malade, 
ce  n'est  pas  notre  langue,  c'est  notre  enseignement  supérieur  et  notre 
enseignement  secondaire,  et  il  fait  une  sévère  et  amusante  critique 
des  méthodes  qu'actuellement  on  y  emploie.  Enfin,  suprême  remède 
et  suprême  espérance,  il  nous  annonce  l'avènement  procht^in  d'vne 
école  littéraire  nouvelle,  l'École  de  la  sensibilité. 

17.  —  Partisan  du  «  retour  à  1  idéal  classique  »,  qui  se  manifeste 
dans  la  jeunesse  française,  M.  Gaston  Sauvebois,  rationaliste,  révo- 
lutionnaire et  démocrate  humanitaire,  est  inquiet  des  conséquences 
possibles  de  ce  retour  dans  l'ordre  philosophique,  social  et  politique, 
et  craint  d'être  livré  en  proie  à  l'affreuse  réaction.  C'est  pour  parer  à 
ce  danger  qu'il  a  écrit  son  petit  livre  :  L' Équivoque  du  classicisme. 
L'auteur  est  un  jeune  utopiste,  plein,  ce  semble,  d'esprit  et  de  cœur, 
mais  fourvoyé,  faute  de  principes,  dans  des  opinions  extravagantes. 
Il  y  a  dans  son  écrit  quelques  bonnes  observations  et  on  y  peut  re- 
marquer déjà  l'effet  du  «  retour  à  l'idéal  classique  »  dans  les  qua- 
lités du  style. 


—  219  — 

18.  —  On  ne  saurait  accuser  M.  l'abbé  Paul  Halflants,  professeur  à 
l'Institut  Sainte-Marie,  à  Bruxelles,  d'être  rétrograde.  Son  opuscule  : 
La  Littérature  moderne  dans  V enseignement  moyen.  Réponse  à  la  «  Re- 
vue des  humanités  »,  a  pour  objet  de  soutenir,  contre  M.  Clautriau,  la 
nécessité  d'introduire  très  largement  dans  les  collèges  l'étude  des 
auteurs,  non  seulement  modernes,  mais  contemporains.  L'auteur 
plaide  leur  cause  avec  chaleur.  Nous  sommes  de  l'avis  de  M.  Clau- 
triau, 

19.  —  Dans  sa  brochure  :  Lettres  sur  la  poésie.  L' Esthétique  vivante, 
M.  Jean  Thogorma  s'adresse  à  un  adversaire  anonyme,  qui  s'est, 
paraît-il,  permis  de  le  critiquer.  Il  l'interpelle  en  ces  termes  singu- 
liers :  ((  Mon  vieux  critique  d'arrière-garde,...  mon  vieux  vétéran  du 
symbolisme,  ...  mon  vieil  invalide  de  1  idéal  verlibriste, ...  mon  cher 
coureur  de  vieilles  lunes,  ...  mon  cher  entrepreneur  de  démolitions,  ... 
mon  cher  ambassadeur  du  néant,,.,  mon  cher  protecteur  de  fantômes, 
...  mon  cher  brocanteur  de  fausses  médailles,  ...  mon  cher  révolution- 
naire en  chambre,  ...  mon  cher  falsificateur  de  la  Parole  ».  Il  s'ef- 
force d'expliquer  à  cet  ignorant,  qui  a  d'ailleurs,  selon  lui,  «  le  cerveau 
complètement  atrophié  »  (p.  53),  les  vrais  principes  de  la  poésie  fran- 
çaise et  il  nous  donne  en  même  temps  «  la  formule  de  la  poésie  de 
demain  »,  laquelle  se  résume  en  ce  mot  :  «  Le  Paroxisme  »  (p.  50). 

20.  21,  22,  23,  24,  25,  26,  27,  28,  29  et  30.  —  L'étude  et  l'admi- 
ration intelligentes  des  chefs-d'œuvre  de  notre  littérature  demeure 
l'un  des  meilleurs  et  plus  sûrs  spécifiques  pour  nous  corriger  de  nos 
défauts  et  pour  fortifier  nos  qualités.  On  doit  donc  se  féliciter  de  la 
multiplication,  quoique  un  peu  abusive,  des  recueils  d'extraits  et  de 
morceaux  choisis.  Le  volume  intitulé  :  Froissart.  Les  plus  beaux  récits 
des  Chroniques,  est  précédé  d'une  Introduction  vive  et  spirituelle, 
mais  empreinte  peut-être  d'une  excessive  modernité  de  pensée  et  de 
langage.  Le  rajeunissement  du  texte,  au  contraire,  a  été  conçu  d'une 
façon  plutôt  archaïque,  qui  peut  n'être  pas  sans  inconvénients  pour 
les  écoliers,  auxquels,  nous  dit-on,  ce  recueil  est  offert  aussi  bien 
qu'aux  personnes  du  monde.  —  Le  Bossuet.  Œuvres  choisies  fait 
grand  honneur  à  M.  J.  Calvet  qui  y  a  donné  ses  soins,  et  revêt  par 
la  biographie,  les  notes  et  l'illustration  qui  accompagnent  le  texte, 
un  caractère  historique  s'ajoutant  très  utilement  à  sa  valeur  litté- 
raire. La  bibliographie,  la  grammaire  et  le  lexique  achèvent  d'en  faire 
une  œuvre  fructueuse  pour  l'étude  et  l'enseignement.  • —  Un  mérite 
analogue  doit  être  reconnu  à  l'édition  spéciale  de  Y  Exposition  de 
la  doctrine  de  l'Église  catholique,  publiée  par  M.  Albert  Vogt  et  enrichie 
par  lui  d'une  savante  Introduction.  Ce  volume  sera  particulièrement 
utile  pour  l'enseignement  religieux  et  pour  l'apologétique.  —  Le 
Fénelon  donné  par  M.  Moïse  Cagnac  à  la  collection  :  Pages  choisies 


_-  220  ^ 

des  grands  écrivains  n'est  pas  moins  reconimandable  et  Y  Introduction 
est  un  excellent  morceau  de  critique  et  d'histoire  littéraire.  —  Le  nom 
de  M.  le  chanoine  Griselle  suffit  à  autoriser  les  deux  recueils  inti- 
tulés, l'un  :  BourdaJouc.  Sermons  du  carême  de  1678  prononcés  dans 
l'église  Saint-Sulpice,  et  l'autre  :  Mascarori.  Sermons  inédits.  —  Tous 
les  vrais  amis  des  lettres  goûteront  la  publication  des  Œuvres  choisies 
de  Fléchier,  rocherchccs  exprès  parmi  les  moins  connues  par  M.  Henri 
Bremond,  et  se  sentiront  disposés  à  convenir  avec  lui  que  c'est  à  tort 
que  «  nous  avons  laissé  mourir  la  précieuse  mémoire...  de  cet  écrivain 
presque  parfait  qui  fut  aussi  l'un  des  évoques  les  plus  considérables 
de  l'ancienne  France  ».  —  Sans  partager  tout  à  fait  le  culte  de  M.  Vic- 
tor Giraud  pour  Chateaubriand  et  en  persistant,  pour  notre  part, 
à  penser  que  l'énorme  influence  exercée  par  ce  grand  artiste  sur  les 
destinées  ultérieures  de  notre  langue  littéraire  n'a  pas  eu  que  des 
avantages,  nous  ne  pouvons  refuser  la  juste  et  solide  estime  due 
aux  deux  volumes  de  Pages  choisies,  empruntes  l'un  à  l'ensemble 
des  œuvres  de  Chateaubriand  et  l'autre  spécialement  aux  Mémoires 
d'outre-tombe.  Ce  sont  deux  travaux  d'élite. —  Comme  il  s'agit  de  con- 
temporains immédiats,  il  re  nous  semble  pas  nécessaire  de  souli- 
gner ni  à  propos  de  discuter  ici  aujourd'hui  le  degré  d'intérêt  et 
d'utilité  que  peuvent  offrir,  en  ce  qui  concerne  les  études  de  langue 
et  de  littérature,  les  Pages  choisies  empruntées  aux  œuvres  du  vicomte 
E.-M.  de  Vogiié  et  précédées  d'une  étude  de  M.  Paul  Bourget,  et  les 
autres  Pages  choisies,  tirées  des  écrits  de  M.  Jules  Lemaître,  avec 
une  Introduction  et  des  notes  par  M.  André  du  Fresnois,  et  où 
l'on  s'est  attaché  à  présenter  l'illustre  écrivain  «  sous  ses  multiples 
aspects  de  poète,  de  critique,  de  romanci(r,  d'auteur  eïramatique, 
d'écrivain  politique  ». 

31.  —  L'éloquence  proprement  dite,  c'est-à-dire  le  discours  parlé 
aussi  bien  que  l'œuvre  écrite,  est  l'une  des  gloires  intellectuelles  de 
la  France.  C'est  pour  l'entretenir,  notamment  dans  la  prédication 
chrétienne,  qu'un  docte  sulpicien,  M.  Gondal,  a  composé  un  ouvrage 
justement  estimé,  dont  il  a  paru  tout  récemment  une  édition  nou- 
velle. Le  titre,  à  la  mode  ancienne,  en  est  largement  développé 
pour  en  mieux  indiquer  le  contenu  :  «  Parlons  ainsi.  De  la  Voix  et  du 
geste.  Etude  théorique  et  pratique  du  mécanisme  de  la  parole,  où  se 
trouvent  réunis  pour  la  première  fois,  condensés,  mis  en  ordre  et 
illustrés  les  données  des  physiologistes,  les  règles  des  grammairiens 
et  1  s  Conseils  des  artistes  sur  Y  Art  de  bien  dire  en  chaire,  au  bar- 
reau, au  cours,  à  la  tribune  et  dans  les  lectures  publiques  :  articu- 
lation, phonation,  respiration,  maintien,  physionomie  et  gestes  ».  L'au- 
teur expose,  comme  il  suit,  son  plan,  son  objet,  sa  méthode  :  «  Un 
traité  de  la  voix  et  un  traité  du  geste;  trois  cents  pages  consacrées  à 


I 


221  

•exposer  la  phonétique  de  la  parole,  et  près  de  deux  cents  remplies 
par  la  description  de  la  mimique  oratoire;  des  divisions  logiques 
très  nettes,  trois  pour  la  phonétique  :  articulation,  phonation,  respi- 
ration, et  trois  poilr  la  mimique  :  maintien,  physionomie,  geste; 
voilà,  en  aussi  peu  de  mots  que  possible,  l'analyse  de  Parlons  ainsi... 
La  pensée  de  l'auteur  en  s'adressant  au  public?  Indiquer  à  tous  ceux 
qui  «  parlent  »,  à  tous  ceux  qui  «  lisent  )),  à  quelles  conditions  on 
devient  expert  en  l'art  de  dire  et  de  lire;  rappeler  aux  «  prédicateurs  », 
en  particulier,  au  prix  de  quels  efforts  on  tire  du  corps  lui-môme 
en  éloquence  tout  ce  qu'il  peut  donner  de  gloire  à  Dieu  et  de  ser- 
vice aux  hommes;  permettre  enfin  aux  «  orateurs  »,  pauvres  de  livres 
et  de  relations,  de  cultiver  leur  «  souffle  »  et  d'enrichir  leur  «  âme  » 
sans  bibliothèque  et  sans  professeur.  —  Le  moyen  adopté  pour  tendre 
à  ce  but?  Présenter,  réunis  en  un  seul  volume,  condensés,  illustrés, 
mis  en  ordre,  les  aperçus  des  autours,  les  conseils  des  professeurs, 
et  les  exercices  des  écoles  de  déclamation;  offrir  au  lecteur  un  résumé 
vivant  et  fidèle  de  ce  qui  s'écrit,  se  dit  et  se  fait  dans  les  milieux 
où  l'on  a  particulièrement  à  cœur  de  cultiver  la  parole.  —  Don- 
nées des  physiologistes,  règles  des  grammairiens,  secrets  des  artistes, 
recettes  des  médecins,  l'auteur  aurait  voulu  tout  faire  tenir  en 
raccourci  dans  les  trois  livres  du  traité  de  la  voix,  reproduisant  les 
conseils  pratiques,  multipliant  les  exercices,  étudiant  avec  un  soin 
particulier  tous  les  vices  de  la  parole,  leurs  causes  et  leurs  remèdes  : 
altération  des  voyelles,  altération  des  consonnes,  bégaiement,  bre- 
douillement,  balbutiement.  Des  physiognomonistes  les  plus  estimés 
proviennent  les  considérations  du  traité  du  geste;  aux  artistes  les 
plus  éminents  de  l'antiquité  et  des  temps  modernes  ont  été  emprun- 
tées les  illustrations  qui  revêtent  d'idéale  beauté  les  utiles  décou- 
vertes de  la  science  contemporaine  appliquées  à  l'étude  des  mouve- 
ments expressifs  du  corps  »,  • —  Ce  livre  est  à  lui  seul  toute  une 
bibliothèque.  On  en  pourrait  redouter  la  méthode  terriblement 
détaillée  et  technique,  si  Ton  perdait  de  vue  le  précepte  essentiel, 
plusieurs  fois  inculqué  par  le  docte  sulpicien  :  «  Soyons  nous-mêmes  ! 
Soyons  naturels  !  » 

32.  —  Il  faut  du  temps,  du  travail,  une  application  soutenue  pour 
étudier  et  pour  mettre  en  œuvre  le  savant  traité  de  M.  Gondal.  Il 
est  au  contraire  aisé  de  faire  son  profit  du  petit,  mais  judicieux  et 
habile  ouvrage  de  M.  Georges  Le  Roy  :  Grammaire  de  la  diction 
française.  Nous  l'avons  lu  avec  intérêt  et  agrément  et  nous  n'hésitons 
pas  à  le  recommander  à  nos  lecteurs.  L'auteur  est  un  homme  de  bon 
sens  et  de  bon  goût  et  on  ne  saurait  trop  l'approuver  d'aimer  et  de 
conseiller  «  la  recherche  du  naturel  en  toute  chose  ».  Notons  ici  en 
passant  que  les  inconvénients  d'un  méthodisme  excessif  ont  été  mis 


—  222  — 

en  relief  d'une  façon  spirituelle  et  mordante  dans  un  récent  feuil- 
leton de  M.  Henry  Bidou  à  propos  des  concours  du  Conservatoire 
(Journal  des  Débats,  8  juillet  1912). 

33.  —  M.  Le  Roy  a  donné  dans  sa  Grammaire  de  brefs  «  éléments 
de  prononciation  latine  »  (p.  74-76).  Il  s'agit  pour  lui  de  la  pronon- 
ciation du  latin  usitée  en  France.  On  sait  qu'elle  est  défectueuse  et 
qu  il  est,  à  divers  points  de  vue,  question  de  la  réformer.  C'est  au 
point  de  vue  ecclésiastique  et  liturgique  que  s'est  placé  Dom  Jeannin^ 
bénédictin  de  Sainte-Madeleine  de  Marseille,  dans  son  utile  opus- 
cule :  Remarques  pratiques  sur  la  prononciation  romaine  du  latin.  On 
fera  bien  de  lire  sur  le  même  sujet  l'article  judicieux  et  modéré 
publié  dans  les  Études  (20  février  1912)  par  M.  Joseph  Burnichon  : 
La  Réforme  de  la  prononciation  du  latin. 

34.  —  Inférieur  à  celui  de  M.  Le  Roy,  le  petit  ouvrage  de  M.Paul 
Cosseret  :  La  Diction  expliquée  en  15  leçons,  n'est  pourtant  pas  sans 
valeur.  Il  nous  a  paru  clair  et  pratique.  Nous  avons  été  désagréa- 
blement étonné  d'y  lire  (p.  113)  un  extravagant  éloge  d'un  passage 
extravagant  des  Misérables  de  Victor  Hugo.  L  auteur  est  pourtant 
un  homme  de  goût.  Mais  il  est  aussi  «  juge  de  paix  à  Andelot  »,  et 
comme  tel  asservi  sans  doute  à  certains  dogmes  officiels  de  politique 
et  de  littérature. 

35.  —  C  est  surtout  par  rapport  à  la  diction  et  à  la  lecture 
expressive  que  M.  Georges  Art  a  conçu  la  méthode  qu'il  expose  dans 
son  ouvrage  :  La  Mémoire  verbale  et  pratique.  Son  développement 
naturel  et  logique  par  l'audition,  la  vision,  l'idée.  C'est  un  livre  qui 
mérite  d'être  lu  et  une  méthode  où  l'on  recueille  de  bons  avis.  L'au- 
teur, imbu  d'une  philosophie  élevée,  mais  inexacte,  est  un  esprit  vif 
et  vigoureux,  original  jusqu'au  paradoxe.  Ses  observations  sont 
souvent  justes  et  ses  vres  presque  toujours  ingénieuses.  Mais  le 
plan  d'études  et  d'éducation  qu'il  nous  propose,  d'après  les  idées, 
un  peu  Corrigées,  de  Jean-Jacques  Rousseau  (p.  247  et  suiv.),  n'est 
qu'une  insoutenable  utopie.  Marius    Sepet. 


THEATRE 


.  La  Disgrâce  de  Madmiic  de  Brviion,  comédie  en  un  acte,  par  U.-V. 
Châtelain.  Paris,  Revue  des  poètes,  s.  d.,  in-16  de  31  p.  —  2.  La  Magda- 
léenne,  par  Jules  Imbert.  Pans,  Lethielleux,  1911,  petit  m-8  carré  de  112  p. 
2  fr.  —  3.  Une  Aventure  de  Mandrin  (Mandrin  à  Rodez),  pièce  héroïque -comique 
en  un  acte  et  en  vers  par  Emile  Roudié.  Paris,  Jouve,  1911,  in-lS  de  43  p., 
1  fr.  —  4.  Vindex,  drame  social  en  cinq  actes  et  huit  tableaux,  en  vers,  par 
Etienne  Bellot.  Paris,  Figuière,  1912,  in;12  de  111  p.,  3  fr.  50.  —  5.  Comé- 
dies gaies  et  d'amour,  par  Cécile  Cassot.  Paris,  Daragon,  1912,  in-16  de  93  p. 
—  d.  Le  Redoutable,  pièce  en  trois  actes,  par  Marie  Lenkru.  Paris,  hachette, 
1912,  in-16  de  232  p.,  3  fr.  TO.  —  7.  Caïn,  mystère  biblique  en  2  tableaux,  en 
vers,  d'après  Lord  Byron,  par  Mario  Prax.  Paris,  Figuière,  1912,  in-12  de  xiv- 


—  223  — 

55  p.  -  8.  U Assomption  de  Paul  Verlaine,  scène  pastorale,  précédée  de  Considé- 
rations sur  Paul  Verlaine,  par  Ernest  Raynaud.  Paris,  Mercure  de  France, 
1912,  in-16  de  83  p.,  1  fr.  —  9.  Théâtre  fantaisiste,  par  Marcel  Rof^M^T. 
Paris,  Figuière,  1912,  in-8  de  267  p.,  3  fr.  50.  —  10.  Le  Théâtre  d'Ibsen,  par 
W.  Bert.val.  Paris,  Perrin,  1912,  in-16  de  xiv-315  p.,  3  fr.  50. 

1.  —  J'ai  eu  le  plaisir,  à  la  date  du  22  juin  1911,  d'assister  à  irti 
spectacle  exquis  :  VEsîher  de  Racine,  avec  les  chœurs  de  Moreau,, 
jouée  entièrement  par  des  jeunes  filles  du  monde,  lettrées  et  char- 
mantes. Rarement,  le  théâtre  me  procura  un  plaisir  aussi  délicat.  La 
tragédie  était  précédée  d'un  A-propos  de  M.  U.-^  .  Châtelain,  la 
Disgrâce  de  M"^^  de  Brinon,  que  terminait  un  petit  ballet,  tel  qu'on 
les  dansait  à  Saint-Cyr.  En  relisant  la  pièce  gracieuse  de  M.  Châte- 
lain, j'ai  retrouvé  les  impressions  très  agréables  de  cette  journée. 

2.  —  M.  Jules  Imbert  a  visé  plus  haut.  Dans  la  Magdaléenne,  il  a 
voulu  tracer  une  sorte  d'Evangile  en  trois  tableaux,  inspiré  de  la 
Samaritaine  de  Rostand.  Ce  qui  manque  à  ce  gem^e  de  pièces,  c'est 
l'action,  condition  essentielle  du  théâtre.  Dès  lors,  M.  Imbert  pourra 
prodiguer  les  jolis  vers,  les  souvenirs  érudits,  la  documentation  histo- 
rique, ce  sera  toujours  un  peu  à  côté;  et  même,  il  semble  que  ce 
défaut  d'intérêt  dramatique  ait  quelquefois  paralysé  l'inspiration  du 
poète,  et  il  serait  facile  de  cueillir  de  ci  de  là  bien  des  faiblesses  : 


...  Même  si  les  entorses 
Du  déshonneur  avaient  arraché  de  leur  front 
Les  phylactères  d'or  !  (p.   26) 

—  Ainsi,  frère,  tu  crois  qu'on  lui  sera  nuisible?  (p.  85) 

—  Donne  lui  pour  manger...  fp.  96) 

—  Rentrez  dedans  vos  chambres...  (p.  99),  etc. 


^H  tano,  offrent  ample  matière  à  des  œuvres  théâtrales;  du  moins,  faut- il 
encore  adapter  les  épisodes,  y  con  biner  un  choc  de  passions  et 
d'intérêts,  et  ne  pas  se  contenter  de  les  raconter  :  M.  Emile  Rou- 
dié,  en  écrivant  Une  Aventure  de  Mandrin,  ne  s'en  est  nullement  avisé. 
Il  a  rimé  des  scènes  spirituelles  et  vivantes,  mais  sans  s'apercevoir  que 
la  deuxième  partie  de  son  petit  acte  était  complètement  détachée  de 
la  première.  Cest  un  peu  trop  de  décousu. 

4.  —  Vindex  est  un  grand  drame  social  ou  socialiste  (huit  tableaux 
en  vers,  s.  v.  p.)  qui  se  passe  à  Marseille.  On  y  voit  se  dérouler 
l'histoire  d'un  agitateur  libertaire,  qui  réussit  à  se  faire  élire  dé- 
puté; l'auteur  estime  que  cette  victoire  électorale  sauvera  l'huma- 
nité, et  cela  sans  la  moindre  ironie.  Qu'on  en  juge  par  les  derniers 
vers,  qui  tirent  la  moralité  de  la  pièce  : 

t..  L'avènement 

De  notre  jeune  ami  prouve  au  gouvernement 

Qu'à  force  de  vouloir  user  de  l'arbitraire. 

On  finit  par  donner  raison  à  l'adversaire, 
_'-  Et  qu'en  France,  on  arrive,  étant  persécuté. 


-  224  — 

Tout  ceci  n'a  rien  à  voir  avec  la  littérature. 

5.  —  Pas  plus,  d'ailleurs,  que  les  Comédies  gaies  et  d'amour  (sic),  de 
■^[me  Cécile  Cassot,  dont  la  première,  l'Héritage,  ne  semble  pas  du 
tout  gaie  et  où  l'on  cherche  vainement  l'amour.  Le  Bigame  est  une 
farce  assez  drôlement  inventée  :  mais  il  y  faudrait  la  verve  de  Cour- 
teline  ou  de  Tristan  Bernard.  Hélas  !  elle  est  loin... 

6.  —  On  a  fait  beaucoup  de  bruit,  en  janvier  dernier,  autou^  du 
Redoutable,  le  drame  de  M"<^  Marie  Lenéru,  joué  à  l'Odéon.  Le  peu 
banal  auteur  des  Affranchis  a  essayé  là  de  transporter  à  la  scène, 
avec  une  exacte  documentation,  un  fait  divers  tragique,  voisin  de 
l'affaire  Ullmo.  Il  n'est  pas  prouvé  que  M^^®  Lenéru  y  ait  parfaite- 
ment réussi.  Ici  encore,  il  n'y  a  pas,  à  proprement  parler,  de  drame, 
mais  une  histoire  dont  les  éléments  dramatiques  n'ont  été  mis  qu'à 
moitié  en  valeur.  Le  dialogue  est  quelquefois  émouvant,  souvent  pro- 
fond, mais  presque  toujours  obscur  et  sans  mouvement.  On  comprend 
que  ces  répliques  devaient  passer  la  rampe  ou  péniblement  ou  à  contre- 
sens. A  la  lecture,  l'on  suit  mieux,  mais  aussi  l'auteur  est  tellement 
libre  !  11  peut  à  volonté  indiquer  les  jeux  de  scène  qu'il  désire;  ainsi, 
au  milieu  d'un  dialogue,  il  écrit  :  «  L'Amiral,  qui  a  vieilli  de  dix  ans  >i. 
Voilà  des  choses  qui  se  réalisent  seulement  sur  le  papier,  ou  chez  Fré- 
goli.  En  somme,  AP^^  Lem-ru  semble  avoir  fait  un  gros  effort  pour 
sortir  de  sa  voie  et  atteindre  le  grand  public;  mais  c'est  tout. 

7.  —  M.  Mario  Prax  est  moins  moderne.  D'après  Lord  Byron,  il  a 
essayé  de  composer  un  «  mystère  biblique  «  sur  Caïn.  Le  principal 
défaut  de  ces  sortes  de  pièces  est  de  prêter  aux  lointains  personnages 
de  la  Genèse  un  langage  tout  à  fait  invraisemblable.  On  se  souvient 
de  Lcgouvé  faisant  appeler  Adam  par  un  de  ses  fils  ;  «  0  père  des 
humains  !  »,  ce  qui  était  presque  de  la  parodie.  Avec  M.  Mario  Prax 
nous  côtoyons  l'opérette. 

Eve  s'écrie,  après  le  meurtre  de  Gain  : 

il  en  est  trop  souillé  pour  qu'il  s'en  lave,  va!... 
Lucifer  se  moque  de  Dieu,  qu  il  montre 
Solitaire,  baillant  en  son  éternité. 

Caïn  monologue  ainsi  devant  le  cadavre  d'Abel  : 

Assez  !  Tu  me  fais  peur,  gamin  !. ..  Reste  étendu, 
Mais  parle,  éveille-toi...  ïu  m'as  bien  entendu? 

...  Comme  son  front  est  pâle, 
Lui,  si  rose  à  l'aurore  !. ..  Oui,  j'ai  frappé  trop  fort... 
Mais  rien  qu'un  coup. ..  trop  peu  pour  te  donner  la  mort. 
Aussi,  tu  résistais,  comprends-tu?  J'ai  vu  rouge,  etc. 

Mais  Adam  peut-être  mérite  la  palme,  quand,  au  début,  il  déclare 
à  Gaïn  qu'il  peut  travailler  la  terre,  parce  qu'il  est  «  un  mâle  bien 
râblé  »  ...  Regrettons  les  strophes  de  Leconte  de  Lisle. 


-     —  225  — 

8.  —  A  l'occasion  de  rinauguration  du  monument  de  Verlaine, 
M.  Ernest  Raynaud  a  fait  jouer  à  l'Odéon  une  scène  pastorale  qu'il 
publie  maintenant,  précédée  de  Considérations  éloquentes.  La  scène 
pastorale,  écrite  en  fort  beaux  vers,  a  le  grave  défaut  de  laisser  un 
peu  trop  dans  l'ombre  la  mémoire  de  Verlaine  poète  catholique,  ou 
plutôt  de  mêler  irrévérencieusement  les  choses  sacrées  aux  profanes. 
Le  titre  de  l'à-propos  lui-même  :  L' Assomption  de  Paul  Verlaine^  sou- 
ligne vivement  cette  erreur.  Quant  aux  Considérations,  qui  appellent 
les  mêmes  réserves,  elles  renferment  néanmoins  de  magnifiques  pas- 
sages :  «  Depuis  le  vagabond  Homère  jusqu'à  l'exilé  Hugo,  la  vie  deceux 
qui  se  sont  employés  à  illustrer  la  pensée  humaine  n'est  qu'une  longue 
persécution.  Rappelez-vous  Ovide  chassé  de  sa  patrie,  Dante  pros- 
crit, pleurant,  loin  de  Florence,  sa  maison  rasée  et  ses  biens  confis- 
qués, Shakespeare  se  louant  pour  garder  les  chevaux  à  la  porte  des 
théâtres  »  ...  Et  après  avoir  reproduit  la  fameuse  liste  de  Stello, 
M.  Ernest  Raynaud  y  ajoute  le  nom  de  Xavier  de  Ricard,  mort  misé- 
rablement, il  y  a  quelques  mois,  dans  un  hôpital  de  Marseille,  «  Le 
monde  appartient,  de  leur  vivant,  à  ceux  qui  ont  l'échiné  souple  et 
la  conscience  légère.  Il  n'épargne  que  les  indécis,  qui  savent  à  propos 
renier  leur  dieu...  Tandis  que  la  médiocrité  paradait  dans  la  faveur 
pubhque,  Verlaine  se  traînait  d'hôpital  en  hôpital;  Jules  Laforgue 
s'épuisait  de  consomption  dans  une  chambre  garnie;  Albert  Samain 
languissait  dans  un  misérable  emploi  subalterne  à  l'hôtel  de  ville, 
qui  suffisait  à  peine  à  le  faire  vivre,  et  Germain  Nouveau,  encore 
vivant,  mais  plus  à  plaindre  que  les  morts,  affolé  de  tristesse  et  de 
privations,  tendait  la  main  à  la  porte  des  éghses  !  »  — ^M.  Ernest  Ray- 
naud, qui,  pour  mener  à  bien  son  œuvre,  et  nous  donner  ces  beaux 
livres  :  La  Tour  d'ivoire  et  la  Couronne  des  jours,  a  dû  ceindre  l'é- 
charpe  de  commissaire  de  police  en  quelque  quartier  de  Paris,  avait 
quelque  droit  à  écrire  tout  cela. 

9.  —  M.  Marcel  Rogniat  est  plus  gai  :  Son  Théâtre  fantaisiste  con- 
tient cinq  saynètes  :  Crépuscule  florentin,  la  Chute  d'Eve,  Rêve  bleu, 
le  Jugement  de  Paris,  Estérel  ou  la  fin  des  fées,  qui  le  rangent  dans 
la  catégorie  des  «  funambulesques  »,  sous  l'égide  de  Gautier  et  de 
Banville,  près  de  Rostand  et  de  Bergerat.  Mais  que  de  grivoiseries  ! 
Crépuscule  florentin,  seul,  peut  être  lu  dans  une  société  honnête.  Et 
surtout,  pourquoi  mêler  à  des  histoires  ou  à  des  personnages  sacrés 
toutes  ces  gaudrioles  de  music-hall?  M.  Rogniat,  malgré  les  hésita- 
tions de  son  langage  poétique,  pourrait  faire  mieux  que  cela. 

lOT  —  Pour  finir  sur  une  note  grave,  signalons  l'étude  très  com- 
plète du  Théâtre  d'Ibsen,  précédée  d'une  Préface  du  comte  Prozor, 
que  vient  de  faire  paraître  M.  W.  Berteval.  Certes,  c'est  surtout  un 
panégyrique,  et  nous  hésiterions  à  nommer  avec  lui  Ibsen  «  le  plus 
Septembre  1912.  T.  GXXV.  j5. 


—  226  — 

grand  dramaturge  des  temps  modernes  «.  Il  y  a  bien  des  réserves  à 
apporter  à  l'enthousiasme  de  M.  Berteval;  mais  il  doit  être  re- 
mercié des  efforts  mc'thodiques  qv.'il  a  faits  pour  introduire  un  peu 
de  clarté  dane  le  fatras  grandiose  et  déconcertant  de  son  modèle, 
et  pour  nous  renseigner  exactement  sur  sa  pensée  et  sur  son  œuvre. 

ARM43SfD    Praviel. 


THÉOLOGIE 


lie   (^y<*le  des  hyiniiefii  de  l'F«|lise  en  vers  françnis   et  les 
Poèmes  reli§:ieitx  des  Pliilippins  de   Rouen,  par   Edward 

MONTiHR.  l'ariâ,  Bloud,  1912,  in-16  de  xix-347  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Dans  son  livre  les  Essaims  nouveaux,  M.  Edward  Montier  nous  avait 
dit  quelle  puissance  éducatrice  possède  la  liturgie  et  l'utile  emploi 
qu'il  en  fait  dans  son  patronage  désormais  célèbre  des  u  Philip- 
pins ))  à  Rouen.  Le  chapitre  intitulé  :  Initiation  liturgique,  donnait 
de  fort  poétiques  exemples  du  parti  qu'il  tire  des  hymnes  et  pro- 
ses liturgiques  traduites  en  vers  français,  pour  faire  comprendre  et 
aimer  les  textes  latins  chantés  dans  les  offices.  Ces  exemples  faisaient 
désirer  le  recueil  complet  de  ces  traductions. 

L'ouvrage  que  nous  annonçons  comble  les  vœux  des  directeurs 
d'œuvres  de  jeunesse.  Nous  y  trouvons  la  traduction  en  vers,  non 
seulement  des  hymnes  et  proses  du  rit  romain,  mais  aussi  des  chants 
du  Propre  de  Rouen  empruntés  aux  missels  et  antiphonaires  publiés 
en  France  au  xviii^  siècle.  De  plus,  un  certain  nombre  de  psaumes 
traduits  en  vers  français  et  tout  un  recueil  de  «  chants  des  Philip- 
pins »  enrichissent  ce  volume  de  poèmes  religieux.  Une  Préface 
avertit  le  lecteur  de  l'objet  poursuive  faire  aimer  les  chants  de  l'EgUse 
sans  avoir,  certes,  la  prétention  de  les  supplanter. 

La  plupart  de  ces^  poèmes  seraient  malaisément  chantés  sur  l'air 
du  texte  latin  qu  ils  traduisent;  mais  on  les  lira,  on  pourra  les 
déclamer  avec  grand  intérêt.  N'y  aurait- il  pas  eu  quelque  avantage  à 
séparer  les  textes  qui  appartiennent  à  une  liturgie  locale  de  ceux 
qui  font  partie  intégrante  de  la  liturgie  romaine? 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  livre  ne  peut  manquer  d'avoir  un  grand 
Succès;  il  fera  goûter  davantage  les  admirables  prières  de  l'Eglise. 

A.     ViGOUREI. 

De  Cliaryb'le  à  Sryllsi.  ^neienne  et  nouvelle  lliéologie,  par 

U   F.G.'l  YKKKLL  ;  liad.  de  l'a   glHis.V<ils-les-B;i)iis,  imp.  P.Ab' ikii;  Pans, 
Ea.iie  Nou  ry,  .s   d..  in-l2  de  iv  319  p.—  Prix  :  3  fr    50. 

Ce  volume  reproduit,  avec  la  traduction  du  livre  anglais,  l'article 
Théologisme  publié  dans  la  Revue  pratique  d'apologétique  (Paris,  1907, 


—  227  o« 

t.  III,  p.  499  sq.),  en  réponse  aux  critiques  perspicaces  de  M.  J.  Lebre- 
ton,  et  l'article  Du  Ciel  ou  des  hommes?,  publié  dans  la  revue  italienne 
//  Rinnovamenio.  Son  esprit  est  celui  du  symbolofidéisme  de  A.  Sa- 
batier,  celui  du  pur  modernisme,  son  succédané.  L'amertume  contre 
la  hiérarchie  s'accentue  dans  les  derniers  chapitres.  L'auteur  se  pro- 
nonce plus  nettement,  contre  ce  qu'il  nomme  le  «  sacerdotalisme  », 
pour  l'autorité  suprême  de  l'âme  collective,  expression  la  plus  haute 
du  Dieu  immanent.  Le  titre  de  l'ouvrage  a  le  tort  d'être  inexact  : 
en  1907,  à  l'époque  où  parvit  Through  Charyhdis  and  Scylla,  G.Tyrrell 
n'était  plus  religieux.  Il  est  de  plus  incomplet  :  le  nom  du  traducteur 
est...  oublié.  H.  Grs. 


Jflanuel  do  théologie  myisitiqiie,  ou  lef^  €rràce.«î  extraordi- 
nairotidel»  viesiirnaliirelle«xpli4uée8,  par  le  R.  P.  A^^thur 
Devine,  trad.  de  l'anj^lais  par  l'abbé  G.  Maillet.  Avignon,  Aubanel,  1912, 
in-8  de  xXiv-732  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Cet  ouvrage  résume  de  la  façon  la  plus  simple  et  la  plus  claire 
ce  qu'ont  écrit  les  maîtres  sur  les  grâces  d'oraison.  Laissant  à  des- 
sein de  côté  les  discussions  subtiles,  l'auteur  a  voulu  surtout  offrir 
des  notions  exactes  et  des  règles  sûres.  Du  reste  il  ne  marche  qu'ap- 
puyé sur  l'autorité  de  Scaramelli  et  de  Benoît  XIV  :  il  ne  pouvait 
choisir  de  meilleurs  guides. 

Le  plan  du  livre  est  très  net;  il  se  compose  de  quatre  parties  :  la 
nature  de  la  contemplation,  la  préparation  à  la  contemplation,  les 
degrés  de  la  contemplation,  les  phénomènes  de  la  contemplation. 

11  a  été  facile  de  ramener  à  ces  quatre  chefs  tout  ce  qui  se  rap- 
porte à  l'oraison  mystique.  Quelques-uns  regretteront  peut-être  de 
ne  pas  trouver  ici  au  moins  un  écho  de  certaines  controverses 
récentes,  mais  je  crois  interpréter  la  pensée  de  l'auteur  en  répon- 
dant que,  voulant  faire  une  œuvre  immédiatement  pratique,  il  a 
tenu  à  n'exposer  que  les  points  hors  de  conteste  ou  généralement 
admis.  C.  S. 


rIiM  Dé'votiou  au  $»acré-l^oetirde  Jésus.  Doetrine.  Histoire, 

par  J.-V.  Bainvel.   3^  édit.  Paris,  Beauchesoe,    1911,   iii-16  de   x-498   p. 
—  Prix  :  4  fr. 

Ecrit  par  un  professionnel  de  la  théologie,  ce  nouveau  traité  sur 
la  dévotion  au  Sacré-Cœur  de  Jésus  est  d'une  rigoureuse  orthodoxie. 
Cependant,  l'auteur  a  exposé  d'une  façon  plutôt  rapide  les  points  de 
doctrine  qui  se  rapportent  à  son  sujet.  Ce  qu'il  a  voulu  surtout 
étudier,  c'est  l'évolution  de  cette  dévotion  dans  l'Éghse. 

Le  culte  du  Sacré-Cœur  a,  en  effet,  toute  une  histoire  où  il  faut 
distinguer  la  préparation,  la  révélation  et  la  diffusion. 


—  228  — 

Ce  travail  historique  a  déjà  tentr  un  grand  nombre  d'écrivains;  la 
plupart  se  sont  bornés  à  des  monographies  sur  les  origines  et  les 
développements  de  ce  culte  dans  telle  ou  telle  famille  religieuse. 

M.  Bainvel  a  utilisé  ces  différentes  études  pour  composer  un  ta- 
bleau d'ensemble,  en  y  ajoutant  ses  recherches  personnelles.  Ce 
tableau,  comme  le  dit  l'auteur,  pourra  encore  s'enrichir  de  quelques 
traits;  mais,  tel  qu'il  nous  est  présenté, il  donne  une  idée  complète  du 
grand  travail  qui  s'est  accompli,  sous  l'action  de  l'Esprit-Saint,  pour 
aboutir  d'abord  aux  grandes  révélations  de  Paray-le-Monial,  et 
finalement  à  la  consécration  du  genre   humain  au   Sacré-Cœur. 

Christophe  Simon. 


Iie4;on!«    et   lectures  cl''apologétique.    |ja    Traie  Keligion, 

par   E.  RouPAiN.  Paris  et  Tournai,    Gaslermaii,   1912,    in-8    de  670  p.  — 
Prix  :  6  fr. 

M.  Roupain  s'en  tient  strictement  à  l'apologétique  externe,  mais 
il  expose  avec  une  grande  netteté  et  une  grande  force  les  princi- 
paux, motifs  de  crédibilité.  Ce  qui  distingue  ce  traité,  ce  sont  les 
nombreux  extraits  d'auteurs  contemporains  dont  il  accompagne 
son  exposition  et  sa  démonstration.  Ces  pages  sont  parfaitement 
choisies  et  elles  forment  dans  leur  ensemble  une  véritable  somme  de 
l'apologétique  contemporaine. 

Ce  n'est  pas  au  livre  de  M.  Roupain  que  pourront  s'appliquer  les  re- 
marques du  P.  de  Poulpiquet  sur  l'étude  trop  superficielle  des  raisons 
de  croire.  L'auteur  a  voulu  faire  une  œuvre  rigoureusement  scientifique 
et,  s'il  reste  constamment  accessible  à  tous  les  esprits  cultivés,  il  a 
eu  la  préoccupation  de  donner  à  toutes  ses  démonstrations  une  pré- 
cision et  une  force  qui  puissent  défier  la  critique  la   plus  exigeante. 

M.  Roupain  a  suivi  le  plan  ordinaire  des  cours  d'apologétique;  mais  il 
a  su  le  rajeunir  et  l'actuahser.  C'est  ainsi  qu'il  a  eu  grand  soin 
d'exposer  toutes  les  tentatives  faites  récemment  pour  remplacer 
l'apologétique  traditionnelle.  L'apologétique  d'immanence  a  été  spé- 
cialement étudiée  et  appréciée  à  la  lumière  des  saines  doctrines  de  la 
philosophie  et  de  la  théologie. 

A  mesure  que  se  déroulent  les  diflerentes  preuves  soit  de  la  valeur 
des  Li\Tes  inspirés,  soit  de  la  divinité  de  Jésus-Christ,  l'auteur  ren- 
contre également  plusieurs  des  théories  modernistes.  Il  les  expose, 
il  les  discute  et  il  en  fait  nettement  justice. 

L'ou\Tage  comprend  deux  parties  :  la  première  est  consacrée  à 
la  nécessité  de  la  religion,  la  seconde  à  la  divinité  du  christia- 
nisme. On  regrettera  qu'il  n'en  contienne  pas  une  troisième  sur  la 
vérité  du  catholicisme.  Peut-être  l'auteur  se  propose-t-il  de  traiter 
ce  sujet  dans  un  volume  à  part.  Ce  serait  le  couronnement  naturel 
de    son   œuvre.  Christophe    Simon. 


—  229  — 

SCIENCES    ET    ARTS 

Soeiétéet  Solitude,  par  R.  W.  Fmerson;  trad.  de  M.  Dugard.  Paris, 
Colin,  1311,  in-l8  de  vui-29;.  p.   -  Prix  :  3  l'r.  50. 

«  Emerson  n'a  pas  à  être  présenté  au  public  français.  Depuis  quel- 
ques années,  les  esprits  las  dos  systèmes  se  sont  tournés  vers  le 
penseur  américain  qui  eut  à  un  degré  supérieur  le  sens  de  la  vie.  » 
Ainsi  s'ouvre  le  bref  Avant-propos  de  cette  traduction,  et  l'on  aura 
peut-être  quelque  peine  à  croire  qu'Emerson  ait  en  ces  derniers 
temps  fait  tant  de  disciples  chez  nous,  ni  même  qu'il  soit  destiné  à 
en  trouver  un  jour  un  grand  nombre.  Noblesse  des  sentiments,  élo- 
quence, poésie,  pénétration,  ce  sont  qualités  que  tous  admirent  chez 
le  philosophe  ou  plutôt  le  prophète  de  Conccrd,  mais  on  s'accom- 
modera peut-être  moins  chez  nous  qu'ailleurs  de  sa  pensée  trop  sou- 
vent ondoyante  et  inconsistante,  de  ses  affirmations  hasardeuses,  de 
sa  doctrine  peu  nette,  de  ses  exposés  si  souvent  incohérents 
et  prolixes.  Quoiqu'il  en  soit  à  cet  égard,  le  recueil  qu'Emerson 
publia  en  1870  et  que  voici  tourné  en  notre  langue  est  peut-être  l'un 
de  ceux  où  ses  défauts  sont  le  moins  apparents,  si  peut-être  ses  qua- 
lités y  sont  moins  brillantes  que  dans  d'autres.  Le  livre  se  compose, 
comme  on  sait,  de  douze  essais  qui  ont  pour  sujets  (pour  sujets  ap- 
proximatifs, car  l'auteur  se  perd  sans  cesse  en  digressions)  la  société 
et  la  solitude,  la  civilisation,  l'art,  l'éloquence,  la  vie  domestique, 
la  chose  rustique,  les  travaux  et  les  jours,  les  livres,  les  idées,  le  cou- 
rage, le  succès,  la  vieillesse.  La  traduction  de  M^^^  Dugard,  souvent 
bonne,  est  assez  souvent  aussi  trop  littérale,  ce  qui  la  rend  en  plu- 
sieurs endroits  bizarre  et  peu  naturelle.  Les  anglicismes  de  syntaxe, 
de  tour  et  surtout  de  vocabulaire  y  sont  malheureusement  nombreux; 
ils  paraissent  dès  la  première  page  (le  dernier  sauf  un,  pour  \'a>>ant- 
dernier)  et  nous  accompagnent,  à  intervalles  plus  ou  moins  rapprochés, 
jusqu'à  la  fin  du  volume  (la  congrégation,  pour  les  fidèles,  p.  292). 
On  ne  comprend  pas  pourquoi  certains  mots  sont  laissés  en  anglais 
{srholar,  de  façon  régulière,  self-reliance{^.Ç>),  hegira,  (p.  283),  sans 
parler  des  noms  propres  comme  Damascus  (p.  27),  ou  Owhyhee  (p.  34), 
où  personne,  à  moins  de  savoir  l'anglais,  ne  reconnaîtrait  Hawaï. 
Le  Younger  Edda  (p.  189),  n'est  pas  moins  bizarre,  ni  même  les  Diver- 
tissements des  Nuits  arabes  (c'est-à-dire  les  Mille  et  une  Nuits  (p.  192). 
C'est  probablement  une  faute  d'impression  qui  transforme  Drum- 
mond  de  Hawthornden  en  Drummond  ou  Hawthornder  (p.  181);  bs 
barbarismes  lisable  (p.  60),  alternat  (p.  195),  Pallade  (p.  90),  s'expli- 
quent-ils de  même?  Le  titre  d'un  poème  célèbre  de  Browning  est  enfin 
mal  traduit  à  la  p.  57.  Si  le  public  français  se  tourne  vraiment  vers 
Emerson  et  s'il  demande  une  seconde  édition  de  Société   et  Solitude, 


—  230  — 

une  revision  attentive  sera  utile  pour  faire  disparaître  de  cette 
version,  par  ailleurs  estiaiable,  un  assez  grand  nombre  de  négligences 
de  cette  sorte.  A.  Barbeau. 

li'Edtirntioii  p«r  ia  famille  et  par  l'école,  par  W""  M.  Ponson. 
Lyon  et  Paris,  Ville,  s.  d..  iû-10  de  237   p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Ceci  n'est  pas  un  traité  d  "éducation  ni  un  livre  de  pédagogie, 
bien  qu'il  s'y  trouve  d'ailleurs  beaucoup  d'excellents  conseils  pour 
la  bonne  formation  de  l'intelligence  et  du  cœur.  C'est  un  recueil  de 
conférences  éloquentes  données  soit  à  des  institutrices,  soit  à  d'an- 
ciennes élèves  d'institutions  chrétiennes,  soit  au  groupe  l'Action 
sociale,  dans  la  région  lyonnaise.  Ces  conférences,  prononcées  dans 
des  milieux  différents,  ne  constituent  pas  un  enseignement  suivi  et 
didactique,  et  parfois  se  répètent  un  peu,  parce  qu'il  faut  bien 
nécessairement  redire  un  peu  les  mêmes  choses,  mais  elles  traitent 
d'ailleurs  avec  une  réelle  éloquence  des  sujets  se  rapportant  tous  à 
l'éducation  des  jeunes  filles.  \ok\  les  titres  :  I.  Les  Éducateurs  de 
demain.  II.  L'Education.  III.  L'Éducation  des  femmes.  IV.  Le 
rôle  de  la  femme  dans  la  famille.  V.  L'Éducation  des  jeunes  filles 
après  leur  sortie  de  pension,  VI.  La  Véritable  Éducatrice.  VII.  L'Édu- 
cation morale.  VI IL  Courage  et  confiance. 

Je  recommande  bien  volontiers  ces  conférences,  d'un  souffle 
élevé,  pleines  de  bon  sens  et  de  cœur,  où  circule  une  belle  flamme 
chrétienne.  Elles  contribueront  à  préparer  des  femmes  éprises  du 
devoir  sous  toutes  ses  formes,  et,  pour  tout  dire  en  deux  mots,  de 
bonnes  chrétiennes  et  de  bonnes  Françaises.  Le  livre  est  revêtu  de 
Y  imprimatur  de  l'archevêché  de  Lyon.  C'est  un  bon  passeport. 

P.  Talon. 


Par  le^ioarire,  par  C.Wagnbr.  Paris,  Hachette,  s.  d.,  in-16  de  vii-299  p. 
et  portrait.  —  Prix  :  3  fr.  TiU. 

Le  vrai  titre  de  ce  volume  serait  :  Leçons  de  choses.  M.  le  pasteur 
Wagner  enseigne  les  enfants,  non  avec  des  livres,  mais  avec  des 
choses  :  il  leur  fait  voir  l'eau,  le  feu,  le  sable,  les  cerfs-volants,  les  allu- 
mettes, les  cruches,  les  poules,  bref  tous  les  objets  familiers  qui  se 
rencontrent  au  hasard  de  leurs  promenades,  et  de  tout  il  fait  sortir 
de  petites  leçons  morales,  assez  pratiques,  je  dirai  même  surtout  pra- 
tiques, destinées  à  faire  germer  de  toutes  petites  vertus.  Ces  leçons 
sont  pleines  de  sourires,  si  l'on  veut,  mais  de  sourires  un  peu  maniérés 
et  artificiels,  qui  seraient  mieux  qualifiés  de  bonhomie  empesée. 
J'ajoute  qu'elles  sont  souvent  bien  tirées  par  les  cheveux,  si  j'ose 
m'exprimer  ainsi.  Le  livre  n'est  pas  mal  fait,  pas  mauvais  non  plus, 
mais  il  ne  vise  pas  très  haut,  et  je  crois  bien  qu'un  simple  catéchisme 


—  231  — 

de  deux  sous  donnerait  aux  enfants,  au  point  de  vue  moral  tout  au 
moins,  une  formation  plus  efficace  et  meilleure.  Rendons  cette  justice 
à  M.  le  pasteur  \Vf;i;ner  qu'au  moins  une  fois  dans  son  livre  il  prononce 
le  nom  de  Dieu.  Il  y  a  bien  cà  et  là  dos  traces  d'illusions  et  de  préjugés, 
par  exemple  quand  il  écrit  que  le  pays  n'est  jamais  mieux  gouverné 
que  quand  «  les  citoyens  s'occupent  de  leurs  affaires  eux-mêmes  ». 
A  propos  de  «  crapauds  pendus  et  de  hiboux  crucifiés  »,  il  évoque  le 
souvenir  des  victimes  de  l'intolérance,  sans  préciser  aucunement 
d'ailleurs,  ce  qui  permet  de  croire  qu'il  condamne  toutes  les  intolé- 
rances, même  celles  dont  les  catholiques  sont  les  victimes  aujour- 
d'hui. Si  c'était  la  pensée  de  M.  Wagner,  nous  lui  en  ferions  compli- 
ment. Mais  est-ce  bien  cela  qu'il  a  voulu  dire?  De  ci  de  là,  je  trouve 
aussi  quelques  passages  déplaisants,  tel  que  cet  emploi  fâcheux  que 
l'auteur  fait  de  l'auguste  formule  eucharistique  :  «  Prenez,  ceci  est  mon 
corps  et  c'est  mon  sang.  » 

Bref  ce  livre  est  encore  un  livre  d'éducation  protestante,  où  d'ail- 
leurs ne  manquent  ni  les  observations  de  bon  sens,  ni  les  leçons  pra- 
tiques, et  encore  moins  les  bonnes  intentions.  Je  voudrais  seulement 
des  raisons  un  peu  plus  élevées  comme  justification  des  petites  vertus 
qu'il  enseigne.  Tel  quel,  il  vaut  bien  mieux  que  la  plupart  des  manuels 
de  morale  employés  dans  les  écoles  d'aujourd'hui.  S'il  n'affirme  rien 
ou  presque,  du  moins  il  ne  nie  ou  n'attaque  rien  de  ce  qui  est 
l'objet  de  nos  croyances  et  de  notre  culte,  et,  par  le  temps  qui  court, 
c'est  bien  déjà  quelque  chose.  P.  Talon. 


]Vofi  lihertéM  politiqucH.   <li*î$:ines,  évolulinn,  éfiit  actuel, 

par  Maurice  Caudel.  Paris,  Coiiri,  lylU,  in-18  de  vu-Wi  p.  —  Prix:  5  fr. 

Je  ne  pense  pas  faire  un  jugement  téméraire,  ni  surtout  formuler 
une  proposition  désagréable  au  savant  auteur  de  ce  volume,  en  admet- 
tant que,  dans  son  esprit,  la  liberté  est  l'idée  centrale  autour  de 
laquelle  doivent  s'ordonner  toutes  les  institutions  politiques.  C'est 
là  une  opinion  contestable,  et  en  tout  cas  contestée.  Mais  ce  qui  ne 
peut  l'être  sans  contredire  l'évidence,  c'est  que  telle  est  la  théorie 
qui  a  servi  de  bélier  aux  hommes  de  la  Révolution  pour  renverser 
la  dynastie  qui  gouvernait  la  France  depuis  les  origines  de  son  his- 
toire, et  que  c'est  elle  aussi  dont  se  sont  armés  les  partis  de  gauche 
pour  donner  l'assaut  aux  divers  régimes  qui  ont  essayé  de  s'implanter 
entre  1814  et  1875.  Puisqu'ils  sont  les  maîtres,  qu'ils  nous  la  don- 
nent. 

Mais,  au  demeurant,  en  quoi  consiste  donc  la  liberté?  M.  Caudel 
l'étudié  dans  les  pays  où  elle  se  confond  avec  la  tradition  nationale,  en 
Angleterre  et  aux  États-Unis.  Là,  un  citoyen  possède,  du  fait  de  sa 


—  2.12  — 

naissance,  certains  droits  qui  t'chappent  aux  prises  du  gouvernement. 
S'il  s'avisait  d'y  porter  atteinte,  le  pouvoir  judiciaire  les  ferait  res- 
pecter et  les  agents  administratifs  qui  auraient  prêté  les  mains  à 
leur  violation  encourraient  une  resp(  nsabilité  personnelle. 

En  France,  on  a  proclamé  la  liberté  dans  la  Déclaration  des  droits 
de  l'homme.  Mais  on  a  oublié  de  l'organiser:  Yn  pratique,  le  ce  de 
d'instruction  criminelle  autorise  le  ministère  public  à  arrêter  préven- 
tivement un  citoyen.  Il  reconnaît  le  même  droit  au  préfet  (admirable 
application  du  principe  de  la  séparation  des  pouvoirs).  On  le  gar- 
dera prisonnier,  tant  qu'il  plaira  au  juge  d'instruction;  car  les  lois 
n'assignent  à  son  arbitraire  aucunes  limites.  M.  Caudel  aurait  même 
pu  joindre  à  son  dossier  déjà  si  documenté  l'odieuse  habitude  de  la 
police  parisienne  de  se  livrer  impunément  à  des  voies  de  fait  sur  la 
personne  des  prévenus.  Une  fois  devant  les  juges,  l'accusé  se  trouve 
en  face  de  fonctionnaires,  choisis  par  le  gouvernement  à  raison  de 
la  docilité  politique  qu'il  leur  suppose,  dépendant  de  lui  par  l'avan- 
cement, au  besoin  par  la  menace  d'une  loi  «  d'épuration  ». 

Quant  aux  autres  libertés,  elles  n'ont  guère  relevé,  pendant  la  plus 
grande  partie  du  xix®  siècle,  que  de  la  loi  pénale.  Depuis  1875,  elles 
ont  une  tendance  à  se  faire  reconnaître;  mais  le  législateur  les  con- 
sacre sans  grand  enthousiasme,  toujours  avec  l'arrière-pensée  de  servir 
les  intérêts  électoraux  du  parti  dominant.  En  1S81,  les  répubhcains 
ont  organisé  la  liberté  de  la  presse  et  la  liberté  de  réunion,  qui 
avaient  été  les  instruments  de  leur  victoire  centre  le  gouvernement 
des  conservateurs.  En  1884,  ils  ont  institué  les  syndicats  profession- 
nels, pour  récompenser  les  masses  ouvrières  dont  ils  avaient  plus 
particulièrement  recueilli  les  suffrages.  En  If 01,  s'ils  cnt  octroyé 
sur  des  bases  plus  larges  la  liberté  d'association,  ce  fut  un  simple 
prétexte  à  étrangler  les  congrégations  religieuses. 

Tout  cela,  on  s'en  doutait  bien  un  peu.  Mais  jamais  l'aboutisse- 
ment final  de  la  liberté  révolutionnaire  n'avait  été  exposé  avec 
autant  de  netteté  dans  les  idées  générales,  ni  de  précision  dans  les 
détails.  L'ouvrage  de  M.  Caudel  est  un  livre  à  lire. 

H.     RUBAT    DU    MÉRAC. 


Les  Sciences  de  la  nature  en  France  an  YYlll^  niècle.  Un 
t'hapitre  «le  l^lilstuire  de!!i  idées,  par  D.  AJornkt.  Patis,  Colin, 
1911,  in-18  de  x-2yl  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

L'auteur  n'a  pas  prétendu  faire  l'histoire  des  doctrines  scientifi- 
ques au  xviii^  siècle,  mais  bien  celle  du  mouvement  et  de  l'évolu- 
tion des  esprits  à  l'occasion  du  goût  des  sciences  naturelles  à  cette 
époque.  L'engouement,  la  mode,  la  tendance  au  merveilleux  et  la 
crédulité    se  mirent  d'abord  en  travers  du  mouvement  scientifique. 


—  233  — 

Mais  le  point  sur  lequel  l'auteur  insiste  principalement,  c'est  la  pré- 
tendue résistance  de  la  «  théologie  »  aux  sciences  naturelles.  Obser- 
vons à  ce  propos  que  l'auteur,  bien  que  docteur  es  lettres,  ije  pouvait 
avoir,  sur  la  nature  de  la  théologie  proprement  dite,  que  des  notions 
assez  vagues.  Toute  controverse  d'exégèse  ou  d'apologétique  est 
pour  lui  théologie;  les  autorités  qu'il  invoque  sont  non  pas  les  décrets 
des  conciles  ou  les  décisions  pontificales,  mais  bien  les  chicanes  et 
les  arrêts  de  la  Sorbonne  et  certaines  individualités  choisies  indiffé- 
remment parmi  des  catholiques,  des  protestants  et  des  jansénistes. 
Les  discussions  qu'eut  à  soutenir  Buiïon  tiennent  une  grande  place 
dans  le  volume. 

L'auteur  paraît  d'ailleurs  animé  d'un  esprit  sincèrement  impar- 
tial et  ne  manifeste  aucune  hostilité  contre  la  «  théologie  »;  il  lui 
attribue  seulement  un  rôle  qui  n'est  pas  le  sien  et  appartient  seule- 
ment à  des  personnalités  sans  autorité  à  ce  point  de  vue,  ainsi  qu'à 
des  institutions  pohtiques.  A  part  ce  défaut,  le  livre  de  M.  Mornet 
offre  un  très  réel  intérêt;  il  est  accompagné  d'une  bibliographie 
importante    et    soignée.  C.    de    Kirwan. 

IVotre  4ïlobe.  l^A  coiiMtitMiion,  «on  histoire,  pa;-  E.  Bruckrr. 
Paris;,  Delagnive,  s.d.,  in  18  <ie  vui-300  p.,  avtc  de  nombreuses  phologr.i- 
phies  et  une  cane  en  couleurs.  —  Prix  :  3  fr.  î  0. 

M.  Bruckor  indique  dans  sa  Préface  qu'il  s'est  efforcé  d'atteindre  un 
double  but  ;  il  a  souhaité,  en  écrivant  son  lisnpe,  permettre  à  un  lec- 
teur sans  connaissances  spéciales,  mais  a;ant  étudié  consciencieu- 
sen;ent  Noire  Globe,  d'aborder  avec  profit  les  grands  ouvrages  de 
géologie  générale  publiés  en  France,  et  de  s'initier  aux  travaux  de 
géologie  locale  et  à  la  lecture  de  la  carte  géologique,  à  l'échelle  du 
1  :  80.000^.  Ce  but,  M.  Brucker  l'a  complètement  a' teint;  rien  de 
plus  clair,  de  plus  au  courant  que  le  petit  livre  plein  de  faits  précis 
que  nous  venons  de  lire  et  dans  lequel  l'auteur,  après  des  rotions 
préliminaires  indispensables  sur  les  roches,  va  remontant  le  cours  des 
âges,  partant  de  l'époque  actuelle  pour  étudier  successivement  les 
différentes  époques  géologiques  jusqu'à  l'époque  primaire;  rien  de 
plus  intéressant  à  regarder  que  les  nombreuses  figures  accompagnant 
le  texte  de  M.  Brucker  !  11  en  est  cependant  une  qui  est  susceptible 
de  troubler  le  lecteur,  celle  de  la  p.  172  montrant  les  profils  super- 
posés d'un  singe,  du  lithecanihropus,  de  l'homme  de  Néanderthal  et 
de  l'homme  actuel;  elle  montre  des  tendances  évolutionnistes  que 
précise  le  texte  des  p.  171  et  173,  que  l'auteur  expose  d'un  bout  à 
l'autre  de  son  livre  (voir  en  particulier  la  p.  104)  et  sur  lesquelles  il 
insiste,  surtout  aux  p.  162-164  consacrées  aux  théories  créationniste? 
et  transformistes  et  indiquant  l'exactitude  scientifique  de  la  seconde 


—  234  ~ 

doctripe.  Ceux  qui  ne  peuvent  accepter  de  telles  théories  feront  bien 
de  ne  pas  ouvrir  l'ouvrage  de  M.  Brucker;  ceux  qui  ne  les  jugent 
pas  incompatibles  avec  la  foi  auront  plaisir  et  profit  à  le  lire  et  à 
l'étudier.  F.    R. 

LITTÉRATURE 

CoiitriliutioiES  au  lolk-lore  bourbonnais,  par  Francis  Pbrot. 
Moalins,  Les  Gabiers  du  Centre,  4*  série.  Avril-mai  1912.  in-12  carré  de 
139  p.  —  Prix  :  3  fr. 

«  De  nombreux  abonnés  des  Cahiers  du  Ce/iirc  nous  ont  demandé 
l'an  dernier  de  publier,  en  une  sorte  d'anthologie  régional,  des  textes 
locaux,  des  chansons  patoises,  etc;  nous  avons  songé  à  leur  donner 
satisfaction.»  De  là  ce  petit  volume  qui  a  été  demandé  à  M.  Fr.  Pérot, 
comme  «  ami  et  connaisseur  des  légendes  du  pays.  » 

Le  terme  de  folk-lore  s'est  répandu  en  province,  comme  on  le  voit 
une  fois  de  plus  par  le  titre  de  ce  volume;  mais  on  trouve  souvent 
chez  ces  nouvelles  recrues  du  folk-lore  plus  de  bonne  volonté  et  d'en- 
thousiasme que  de  méthode  critique  et  exacte  comme  on  la  demande 
aujourd'hui.  Il  se  rencontre  encore  des  écrivains  pour  lesquels, 
comme  au  temps  du  romantisme  de  1830,  les  légendes  subsistant 
dans  le  peuple  sont  matière  à  jolie  littérature.  M.  Pérot  ne  s'est  pas 
rendu  compte  qu'à  expliquer  ses  légendes  il  leur  ôte  à  la  fois  leur 
saveur  et  leur  intérêt  pour-  l'étude  comparative  et  historique.  Ainsi 
la  légende  «  Chien  noir  «  (p.  14-22)  commence  ainsi  :  «  Le  grand 
vent  d'aurisse  (?)  souille  de  bise,  oh!  qu'il  est  froid,  rentrons  au 
logis  !  disait  une  troupe  de  vieux  chevaliers  qui  finissaient  leur  chasse 
dans  la  montagne...  ».  La  première  partie  du  volume  est  faite  de 
«  légendes  »  ainsi  embellies,  ou  même,  je  regrette  de  le  dire,  de 
pures    fantaisies,    comme  ceci  (p.  60)  :    «    La    légende  (  !)  nomme, 

comme  auteur  des  sources  minéro-thermales  de  la  ville  de  Néris 

Mage,    l'aïeul    de    Dryus,  fils  de  Hadès  ou  Dûs,  le  père  des  Gau- 
lois )).  Folk-lore  bourbonnais  !  !  ! 

Après  les  légendes,  parmi  lesquelles  il  y  en  a  une  sur  Gargantua, 
vient  un  choix  de  textes  populaires,  quelques-uns  merveilleux,  la 
plupart  facétieux,  et  dont  plusieurs  ont  le  mérite  d'être  racontés 
en  patois,  lequel  n'est  pas,  pour  nous  Parisiens,  de  compréhension 
difficile;  ^L  Pérot  indique  la  provenance  pour  la  plupart  de  ses  contes. 
Le  volume  se  termine  par  une  petite  anthologie  de  chansons  (parmi 
lesquelles  une  variante  de  plus  de  la  jolie  «  Chanson  des  transfor- 
mations »  de  Alagali)  et  de  noëls.  Tout  cela  se  perd  en  Bourbonnais 
comme  ailleurs  par  la  didusion  de  l'imprimerie,  par  le  développement 
des  cafés-concerts  et  les  mesures  de  police  administrative.  Ainsi  les 


—  235  — . 

«Chants  de  quête  à  la  Noël» ont  déjà  été  interdits  à  Moulins,  en 
1866,  par  «  arrêté  de  M.  le  maire  »  de  la  ville. 

En  somme,  ce  petit  volume,  écrit  sans  prétention,  offre  de  l'inté- 
rêt comme  anthologie  locale  et  souvent  patoise,  et  elle  mérite  le 
titre  modeste  qu'elle  porte  de  «  contributions  au  folk-lore  bourbon- 
nais »»  ■  H.   Gaidoz. 

The  Faipy-Faîtli  in  Celtic  couiitrie»,  by  W.  Y.  Evans  Whntz. 
Londou,  Frowde,  Oxford  Uuiveisity  Press,  I9n,  in-8  de  xxviii-524p.  — 
Prix:  15  fr.  65. 

Cet  ouvrage  a  d'abord  été  imprimé  chez  nous,  et  en  anglais, 
comme  «  thèse  d'Université  »  à  Rennes.  On  sait  que,  pour  attirer 
des  étrangers  dans  nos  Universités,  on  a  créé  un  doctorat  de  seconde 
classe,  qui  donne  aux  auteurs  des  thèses  acceptées  le  titre  de  doc- 
teur, mais  de  «  docteur  d'Université  »  tout  simplement.  C'est  donc 
par  méprise  que  M.  Wentz  prend  ici,  à  la  suite  de  son  nom,  le 
titre  de  «  docteur  ès-lettres  de  l'Université  de  Rennes  «  :  d'après 
l'institution  de  ce  nouveau  doctorat,  il  est  simplement  «  docteur  de 
l'Université  de  Rennes  (Lettres)  ». 

Mais  cela  a  peu  d'importance.  Ce  qui  en  a,  c'est  iœuvre  considé- 
rable apportée  dans  ce  volume  et  aussi  la  méthode  suivie  par  l'auteur. 
Après  avoir  eu  dans  son  Université  californienne  de  Stanford  l'idée 
d'étudier  la  croyance  aux  fées  chez  les  Celtes,  M.  Wentz  est  venu  en 
Europe  chercher  les  fées  celtiques  chez  elles;  il  a  visité  les  pays 
celtiques  d'Outre-Manche  et  de  chez  nous  pour  se  rendre  compte 
de  «  l'environnement  psychologique  »;  et  son  ouvrage  s'ouvre  par 
une  gravure  représentant  les  célèbres  ahgnements  de  Carnac  avec 
cette  légende  :  «  le  centre  mystique  du  monde  celtique,  Carnac  en 
1909,  considéré  au  lever  du  soleil,  du  centre  du  cercle  de  pierres  ». 
Lorsque  en  septembre  1871,  en  la  société  de  mon  ami  feu  Luzel,  je 
visitai  ces  «alignements»,  je  fus  frappé  du  mystère  de  leur  origine, 
mais  sans  éprouver  aucun  sentiment  dit  mystique.  Cela  est  affaire 
de  tempérament,  mais  M.  Wentz  est  certainement  de  la  lignée  de 
ces  grandes  âmes  qui,  comme  celles  de  Jean  Reynaud  et  d'Henri 
Modin,  comprennent  mieux  le  suhstratiim  des  choses  par  leur  don 
d'intuition  que  nous  autres  philologues  par  l'étude  des  textes.  La 
page  d'enthousiasme  que  M.  Wentz  a  écrite  sur  Carnac  (p.  15)  a  la 
beauté  d'une  vision. 

M.  Wentz  n'a  pas  seulement  visité  les  pays  celtiques  et  vu  leurs 
paysages  avec  un  talent  de  poète,  il  a  aussi  interviewé  les  hom- 
mes, lettrés,  collecteurs  de  contes  et  autres.  Il  s'est  admirablement 
documenté,  mais  non  en  vue  d'une  étude  de  détails,  comme  on  l'a 
fait   généralement   avant    lui.    Il  va  au  fond  des  choses,    par   une 


—  236  — 

investigation  où  le  mysticisme  tient  une  grande  place  et  où  il  intro- 
duit ces  questions  de  «  recherches  psychologiques  »  qui  sent  au- 
jourd'hui en  honneur  en  Angleterre;  M.  ^^'entz  croit,  ici,  sinon  au 
surnaturel,  au  moins  au  preelernaturel,  si  je  n'emploie  pas  à  tort  ces 
distinctions  subtiles  de  la  théologie.  Et  la  conclusion  de  ce  gros  livre 
est  cette  phrase  :  «  La  croyance  celtique  aux  fces  et  au  monde  des 
fces  est  scientifique  ». 

L'ouvrage  de  M.  Wentz  ne  peut  manquer  d'avoir  grand  succès 
non  tant' par  le  sujet  qu'il  traite  que  par  la  façon  dont  il  le  traite  et 
par  le  talent  d'écrivain  qu'il  y  montre.  Même  quand  en  ne  croit  plus 
aux  fces,  en  ne  cesse  pas  pour  cela  de  les  aimer  :  Voltaire  a  dit  cela 
en  jolis  vers  quand  il  se  plaignait  de  scn  «  siècle  de  fer  ));  (t  m 
parlera  de  «  fces  »  tant  que  des  hommes  galants  voudrcnt  faire  des 
compliments  à  de  jolies  femmes.  Chez  les  Celtes  les  ft'es  dominent 
toute  leur  histoire  littéraire  et  le  peuple,  surtout  en  Irlande  et  dans 
notre  Bretagne,  n'a  pas  cessé  de  croire  à  leur  existence  réelle  et  maté- 
rielle en  quelque  sorte.  Tous  ceux  qui  étudient  ces  questions,  même 
d'un  point  de  vue  prosaïque,  et,  d'\  ne  façon  plus  générale,  les  histo- 
riens de  la  mythologie  celtique  tireront  profit  du  livre  de  M.  Wentz, 
d'autant  plus  que  beaucoup  de  faits  y  sent  réunis,  bien  classés,  et 
munis  d'un  bon  index;  mais,  pour  nous,  scn  livre  vaut  surtout  par 
sa  poésie.  H.  Gaidoz, 

Les  Cent  et  une  HTnîts  ;  traduites  de  l'arabe  par  Gaudkfroy-Demon- 
BYNBS.  Paris,  Guilmolo,  s.  d.  (1911),  in-8  (te  xv-352  p.  —  Prix  :  8  fr. 

C'est  un  recueil  d'une  vingtaine  de  contes  dans  le  genre  de  ceux 
des  Alille  et  une  Nuits,  traduits  d'après  quatre  manuscrits  arabes 
maghrébins  d'époque  moderne.  Le  traducteur  paraît  avoir  oublié  de 
dire  dans  sa  Préface  où  se  trouvent  ces  manuscrits;  on  découvre  tout 
à  la  fin,  dans  un  appendice,  que  trois  d'entre  eux  sont  à  la  Biblio- 
tiièque  nationale  de  Paris,  et  qu'un  quatrième  a  été  communiqué  par 
M.  René  Basset  qui  —  on  doit  le  supposer  —  l'a  en  sa  possession. 

On  retrouve  dans  cette  collection  plusieurs  des  contes  des  Mille 
et  une  Nuits,  notamment  la  célèbre  histoire  du  Cheval  d'ébène,  mais 
sous  une  forme  assez  différente.  Le  traducteur  pense  que  la  forme 
des  Cent  et  une  Nuits  est  plus  ancienne.  On  sait  que  les  Mille  et  une 
Nuits,  telles  que  nous  les  connaissons,  datent  tout  au  plus  du  xv*'  siè- 
cle. 

La  traduction,  qui  est  élégante,  est  accompagnée  de  notes  érudiles 
sur  l'origine  de  ces  histoires  et  sur  leur  rapport  avec  des  récits  ana- 
logues dans  d'autres  littératures,  en  particulier  avec  des  récits  indiens. 
L'opinion  qui  attribue  une  origine  indienne  à  plusieurs  contes  des 
Mille  et  une  Nuits  est  assez  répandue  parmi  les  savants.  Ce  n'est  pas 


—  237  — 

la  mienne.  J'ai  souvent  pensé  qu'on  ne  reconnaît  véritablement  pas 
dans  ces  histoires  ni  le  génie  indien,  ni  le  génie  arabe,  et  que,  aussi 
bien  dans  l'Inde  qu'en  pays  arabe,  elles  sont  importées.  Je  suis  per- 
suadé que  leur  origine  est  grecque,  et  que  c'est  de  la  Grèce  qu'elles 
ont  essaimé,  à  une  époque  ancienne,  d'une  part  dans  l'Inde  et  même 
jusqu'en  Chine,  d'autre  part  en  Perse  et  chez  les  Arabes.  Le  senti- 
ment du  génie  littéraire  propre  à  chaque  peuple  me  paraît  indiquer 
cette  filiation. 

Quoi  qu'il  en  soit,  des  études  comparatives  comme  celles  dont 
M.  Gaudeffoy-Demombynes  accompagne  ses  contes  sont  très  at- 
trayantes par  elles-mêmes,  dût  la  conclusion  en  rester  incertaine. 

Baron    Carra    de    Vaux. 


Woititre  et  les  origines  de  Tliôtel  «1«  Itambouillet  (1599- 
tG3B),  par  Emile  Magnb.  Paris,  Mercure  <]■>.  France,  1912,  in-18  de 
321    p.,  avec2  portraits  et  une  vue.  —  Prix:  3  fr.  50. 

Voiture  et  les  aniice»»  de  gloixe  de  Tliôtel  de  Rambouillet 
(S635-I6l#j,  par  le  luèiue.  Paris,  Mercure  de  France,  1912.  in-18  de 
443  p.,  avec  2  portraits,  une  planche  et  2  fac-similés  d'écriture.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

J'ai  déjà,  à  propos  du  Bois-Robert  et  du  Scarron,  caractérisé  la 
manière  —  un  peu  dangereuse  —  de  M.  Emile  Magne.  Ses  chapitres 
sont  richement  festonnés  d'indications  bibhographiques  :  livres  de 
tous  les  temps,  mémoires,  manuscrits,  archives,  inventaires,  estampes, 
portraits,  il  semble  avoir  tout  exploré.,  tout  dépouillé,  et  être  donc  en 
état  de  tout  renouveler.  Cependant,  à  le  lire  sans  tenir  compte  de  ces 
renvois,  on  a  l'impression  sinon  tout  à  fait  d'un  roman  historique  au 
lieu  d'une  véridique  et  précise  histoire,  du  moins  d'une  série  de  ta- 
bleaux et  scènes  factices,  où  l'amour  des  effets  pittoresques  a,  bien 
plus  que  l'esprit  critique  et  la  vraie  intelligence  des  âmes,  fait  les 
frais.  Une  partie  de  quinola  dans  un  tripot  d'Orléans,  un  croquis 
bariolé  de  la  rue  Saint- Denis,  un  repas  bourgeois  chez  un  marchand 
des  Halles,  plusieurs  réunions  à  l'hôtel  de  l'incomparable  Arthénice, 
un  «  grand  rond  »  restitué  avec  les  costumes  et  les  attitudes,  comme 
en  un  musée  de  cire,  la  chambre  bleue,  la  «  loge  de  Zirphée  »,  le 
jardin  avec  ses  sycomores  et  ses  parterres,  et  le  château  de  Ram- 
bouillet avec  ses  tapisseries  de  haute  lisse  et  ses  lits  à  pavillons  de 
damas,  une  scène  à  la  taverne  de  la  Coiffier,  une  collation  chez 
Madame  du  Vigean,  une  vue  de  Bruxelles  en  1632,  puis  des  croquis 
d'Espagne,  Madrid  et  ses  rues  où  les  ordures  pleuvent  des  fenêtres 
sur  les  larges  feutres  des  hidalgos,  l'Escurial,  ses  colonnades  et  ses 
caveaux,  l'Andalousie,  Grenade  et  l'Alhambra,  la  Cour  des  Myrtes, 
la  Cour  des  Lions,  Ceuta  et  ses  belles  Mauresques,  et  Lisbonne,  et  Lon- 
dres, et  Amiens,  une  visite  au  château  de  Rit;helieu  et  aux  hystéri- 


—  238  ^ 

qiios  de  Loudun,  la  brillante  représentation  de  Mirante,  au  Palais- 
Cardinal,  en  1641,  etc..  àtraverstouscesdécorspeuplés  de  figures  bigar- 
rées —  et  qui  pourraient  servir  encore  pour  d'autres  héros  —  passe 
bien  Voiture  ou  son  ombre,  disant  les  mots,  jouant  les  traits,  qu'ont 
rapportés  les  Tallemant  des  Réaux  el  tous  les  collectionneurs  d'anec- 
dotes ;  et  cela  sans  nul  doute  est  coloré,  savoureux,  piquant.  Mais 
outre  que  cela  est  coloré  plutôt  que  juste,  qu'à  cause  que  l'auteur  a 
butiné  à  toutes  les  sources,  et  artificiellement  composé  ses  tableaux, 
on  ne  se  sent  pas  mi  confiance,  on  a  la  sensation  d'un  jeu  savant, 
mais  d'un  jeu;  il  faut  dire  encore  que  la  mise  en  scène,  la  figuration, 
les  accessoires,  meubles,  Costumes,  colifichets,  et  les  anecdotes,  sus- 
pectes ou  non,  l'ont  tort  au  personnage  en  lui  prenant  presque  toute 
la  place.  Qui  voudrait  en  extraire  la  notice  de  Voiture  serait  étonné 
du  peu  qui  lui  resterait  dans  la  main  :  que  son  père  était  mar- 
chand de  vins  rue  Saint-Denis  et  sa  sa3ur  aînée  marchande  de  pois- 
sons, qu'il  fit  son  droit  à  l'Université  d'Orléans,  qu'il  était  joueur, 
qu'il  fréquenta  l'hôtel  de  Rambouillet,  y  prit  part  à  tous  les  jeux 
et  à  toutes  les  querelles  (Jeux  des  Poissons,  Guirlande  de  Julie, 
querelle  de  car,  guerre  des  sonnets,  etc.);  qu'il  y  lança  la  mode  des 
rondeaux,  des  énigmes,  des  métamorphoses  et  des  lettres  «en vieil 
langage  »;  qu'attaché  à  la  maison  de  Gaston  d'Orléans  il  dut  un 
moment  le  suivre  à  Bruxelles  et  résider  pour  son  compte  en  Espagne, 
participer  à  la  vie  fastueuse  et  désœuvrée  de  Blois,  qu'ici  et  là  il  fut 
riche  en  aventures  galantes  (et  comme  il  fut  riche,  on  lui  prête 
largement);  qu'il  fut  envoyé  comme  ambassadeur  extraordinaire 
pour  annoncer  au  grand-duc  de  Toscane  la  naissance  du  dauphin 
Louis  (1638)  (d'où  lettres  de  Turin,  Florence  et  Rome  et  l'Académiedes 
humoristes...);  et  qu'il  passa  à  travers  tous  les  événements,  littéraires 
ou  historiques,  les  plus  graves  en  badinant...  Et  si  rien  ne  paraît  pris 
au  sérieux,  ni  le  Cid,  ni  V Académie,  ni  Rocroi,  ni  la  mort  de  Riche- 
lieu, c'est  sans  doute  que  M.  Magne  lui-même  a  le  goût  immodéré 
du  badinage  et  de  la  blague...  Les  biographies  de  Louis  Mesnard  — 
qui  n'auraient  pas  eu  besoin  de  deux  volumes  pour  Voiture  !  — 
étaient  d'une  étoffe  autrement  serrée,  autrement  riche  !  Je  ne  croirai 
jamais  pour  ma  part  que  d'un  si  gros  tas  de  documents,  s'ils  étaient 
méthodiquement  exploités,  on  ne  pourrait  tirer  davantage.  Et  l'œuvre 
même  du  poète,  plus  souvent  interprétée  avec  fantaisie  que  citée, 
devrait  fournir  autrement  de  vérité  solide  que  tout  ce  bric-à-brac  un 
peu  bien  romantique. 

Mais  l'ouvrage  est  amusant,  moins  chargé  d'indécences,  d'une 
écriture  moins  contournée  que  les  précédents,  et  d'une  fantaisie  qui 
tout  de  même  a  trenipé  sa  plume  dans  de  l'histoire.  Un  appendice 
bibliographique  de  75  pages,  à  la  lin  du  second  volume,  le  montre  et 


^239  — 

indique  avec  précision  d'utiles  sources  de    documents    non    seule- 
ment sur  Voiture,  mais  sur  les  Rambouillet  et  les  Montausier. 

Gabriel  Audiat. 


.|jiinni»i>tiiis  et  la  Flandre,  par  Henry  Cochin.   Paris,  Plon-Nourrit, 
iyi2,  petit,  iu-8  de  xx.vu-442  p.,  avec  S  grav. —  Prix:  5  l'r. 

C'est  un  livre  fort  aimable  :  il  serait  à  souhaiter  que  chaque  député 
fût  en  état  d'en  offrir  un  semblable,  ainsi  que  fait  M.  Cochin,  «à  ses 
chers  et  fidèles  électeurs  »;  et  beaucoup  de  spirituels  désœ-uvrés  de 
province  en  en  composant  de  pareils,  sans  se  presser,  brin  à   brin, 
se  feraient  à  eux-mêmes,  ainsi  qu'à  leurs  compatriotes,  du  plaisir  et 
du  bien.  Donc,  représentant  depuis  près  de  vingt  ans,  à  la  Chambre, 
quatre  des  cinq  cantons  de  l'arrondissement  de  Dunkerque,  dont 
Lamartine  brigua  et  obtint  les  suffrages  de  1831  à  1837,  M.  Henry 
Cochin  a,  pendant  ce  temps,  butiné  dans  le  pays  et  ailleurs  parmi  les 
livres  sur  Lamartine,  et  dans  les  parties  encore  inédites  du  Journal 
de  M'"^  de  Lamartine,  tout  ce  qui  se  rapportait  aux  campagnes 
électorales  et  aux  séjours  eh  Flandre  de  son  illustre  prédécesseur, 
le  député  de  Bergues.  Lettres  et  rapports  officiels  des  sous-préfets  et 
des  préfets,  articles  de  journaux,  affiches  et  circulaires,  correspon- 
dances intimes  de  la  famille  de  Coppens,  —  c'est  par  Eugénie  de  La- 
martine devenue  M^"^  de  Coppens  et  résidant  à  Hondschoote  que 
fut  amorcée  la  candidature  —  du  grand  électeur  M.  Debuyser,  et  des 
amis  de  là-bas,  portraits,   dessins,   souvenirs  oraux,  photographies 
de  l'hôtel  de  la  Tête  d'or,  à  Bergues,  où  fut  un  peu  conspué  le  grand 
homme  le  soir  de  son  échec  en  1831,  ou  de  la  cloche  de  Rexpoede, 
dont  il  fut  parrain  et  où  son  nom  est  écrit,  avec  tout  cela,  bien  or- 
donné,  bien  éclairé,  adroitement  mis  en  œuvre,  il  a  fait  un  livre 
très  agréable  et  très  flamand,  où  se  ranime  tout  ce  que  fut  la  vie  de 
-  ce  coin  de  France  il  y  a  quatre-vingts  ans;  fonctionnaires,  indus- 
triels, bourgeois,  fermiers,  voire  poètes  des  chambres  de  rhétorique  et 
«  muses  du  département  ».  Et  parmi  tout  ce  petit  monde  très  sym- 
pathique —  M.  le  député  n'a  que  sourires  et  caresses  pour  ses  chers 
Flamands,   pour  leur  modération,   leur  esprit   d'ordre  et   de  paix, 
surtout  pour  leur  fidélité,  vertu  si  précieuse ^ît*  conserver  !  —  on  voit 
aller  et  venir,  —  et  s'en  aller  hélas  !  trop  facilement  infidèle,  — ■ 
Lamartine  affable,  charmant,  fascinateur,  parlant  et  écrivant  très 
bien,  légitimiste,  «  carliste  »  sans  doute  un  peu  moins  pur  que  ne  le 
voyaient,  amis  ou  ennemis,  ses  électeurs  de  là- bas,  toujours  indé- 
pendant et  haut  au-dessus  des  partis,  comme  il  sied  quand  on  est 
lui,  très  capable  d'être  élu  en  1837  et  battu  en  1839,  comme  can- 
didat du  ministère,  après  avoir  été  battu  en  1831,  élu  en  1833  et  en 
1834  comme  légitimiste,  en  attendant  que  revenu  à  son  opposition 


—  240  — 

initiale,  il  fasse,  avec  tant  de  royalistes,  la  république  de  48,  et  soit  de 
nouveau  élu  au  scrutin  de  liste  par  les  Flandres,  mais  défendant 
bien  les  intérêts  de  ses  commettants,  préparant  avec  eux  son  fameux 
discours  sur  les  sucres,  obtenant  des  crédits  pour  le  port  de  Grave- 
lines,  faisant  donner  ici  ou  là  un  tableau,  et,  naturellement,  prési- 
dant les  fêtes,  menant  des  cortèges  de  pompiers,  envoyant  aux  œu- 
vres de  charité  ses  souscriptions. 

Tout  cela,  même  sans  les  gravures,  est  pittoresque,  amusant  et 
vrai.  Ce  sont  les  miettes  de  l'histoire,  dira-t-on,  ou  plutôt  les  dessous. 
Et  puisqu'il  ressort  que  les  années  flamandes  de  Lamartine  furent 
la  période  conservatrice  de  sa  politique,  qui  vous  empêche  d'entrer 
dans  -l'illusion  de  M.  Cochin  et  de  rêver  que  c'est  Mâcon  avec  ses 
républicains  avancés  et  ses  banquets  excitants  qui  l'a  perdu,  et  qu'il 
n'aurait  pas  renversé  un  trône  et  donné  du  front  dans  toute  sorte 
de  fumeuses  idéologies  s'il  n'avait  pas  lâché  —  avec  quelle  désinvol- 
ture !  —  ces  bons  Flamands,  si  placides,  si  honnêtement  fiers  de  lui 
et  si  dévoués?..,  Gabriel    Audi\t. 

Théodore  de  Banville,  (l^S3-lë91),  par  Max  Fuchs.  Paris, 
Cornély,  1912,  gr.  in  8  de  xii-528  p.,  avec  un  portrait  e".  un  fac-similé 
d'autographe.  —  Prix  :  10  fr. 

Après  avoir  épuisé  pour  ses  lourdes  thèses,  suivant  la  mode  sorbon- 
nique,  tous  les  médiocres  des  temps  passés,  le  doctorat  s'en  prend,  il 
le  faut  bien,  aux  écrivains  d'hier  et  presque  d'aujourd'hui.  Et  voici 
le  léger  virtuose  des  Odes  funambulesques,  des  Odelettes,  des  Rimes 
dorées  et  des  Trente-six  Ballades  joyeuses,  le  gai  jongleur  de  Gringoire 
et  de  Socrate  et  sa  femme,  le  conteur  plus  léger  encore  et  plus  fri- 
vole du  Gil  Blas  (12  volumes  en  8  ans  !)  gravement,  laborieusement, 
méticuleusement  étudié  dans  les  500  pages  petit  texte  d'un  in-oc- 
tavo, analysé,  expliqué,  jugé  presque  en  chacun  de  ses  livres  et 
dans  les  jeux  les  plus  capricieux  de  son  esprit,  de  ses  rimes  et  de 
ses  rythmes.  Cela  paraît  bien  excessif,  et,  malgré  l'abondance  des 
morceaux  cités  et  la  sagesse  du  commentaire,  qui  voudra  connaître 
Banville  aura  plus  vite  fait,  et  avec  plus  d'agrément,  de  lire  ou  de 
feuilleter  cet  auteur  aimable  et  peu  profond...  Il  est  vrai  que  pour 
ennoblir  son  personnage  et  justifier  les  proportions  de  son  monu- 
ment, M.  Fuchs  proteste  contre  l'opinion  qui  s'obstine,  sur  la  foi  de 
bons  critiques  d'ailleurs,  à  ne  voir  en  lui  qu'un  funambule  du  vers, 
un  spirituel  poète-acrobate,  et  que,  ayant  fureté  partout,  dans  ses  articles 
et  ses  feuilletons  les  plus  lointains  ou  les  moins  éclatants,  il  voudrait 
en  faire  une  manière  de  moraliste,  parce  que  la  veine  satirique 
était  chez  lui  facile,  et  qu'il  a,  tout  au  long  de  sa  vie,  fait  le  pied  de 
nez  aux  bourgeois,  aux  marchands  de    livres  et  aux  filles  (tout  en 


—  241  — 

monnayant    son   talent,  lui    aussi,  et  en  écrivant  beaucoup  pour 
elles  et  pour  eux);  un  homme  à  idées  —  pourquoi  pas  un  penseur?  — 
parce  qu'il  a  été  respiihliquain,  comme  l'avaient  été  son  père  et  son 
grand-père,  et  que,  après  avoir  d'ailleurs  été  en  coquetterie  avec  l'Em- 
pire, il  aurait  professé  qu'au  lieu  de  rêver  de  la  revanche  de  70  par 
la  guerre,  «  la  victoire  définitive  de  la  France  devait  être  la  conquête 
de  l'ennemi  par  la  pensée  de  la  Révolution  ».  Or  ceci  n'est  pas  établi 
elairement  et  parait  beaucoup  moins  la  doctrine  de  Banville  que   celle 
de  son  exégète.   Et  puisque  celui-ci  prétend  lui  avoir  découvert  une 
belle  âme  et  une  haute  conscience,  il  aurait  dû,  fût-ce  par  des  pa^ 
piers  intimes  et  quelques  inédits,  nous  expliquer  comment  Banville 
mettait    d'accord    le    catholicisme,  dont  il  avait  une  certaine    pra- 
tique, non  seulement  avec  tant  de  boutades  d'un  anticléricalisme 
assez  vif,  mais  avec  ce  goût  libidineux  —  ou  cette  habitude  d'ar- 
tiste frivole  et  dissipé,  —   de    peindre  partout  des  nus   galants,  de 
conter    des    histoires    égrillardes,    et  de  publier,  à  soixante- dix  ans, 
l'année  même  de  sa  mort,  cette  Marcelle  Rahbe  fort  dévergondée... 
Comme  tout  s'explique  au  contraire,  il  me  semble,  rien  qu'à  regar- 
der dans  son  portrait  cette  figure  d'étourdi,  et  presque  de  jocrisse, 
que  sa  nature  sans  doute,  autant  que  la  fâcheuse  doctrine  de  l'art 
pour  l'art,  avait  fait  pitre  en  même  temps  que  poète,  vrai  poète,  et 
très  bon    homme  !    Au  lieu    de  pénétrer  cette  figure,  de  débrouiller 
■d'une  main  sûre  les  fils  d'or  et  les  ficelles  dont  ce  talent  est  fait, 
M.  Fuchs,  suivant  une  méthode  plus  lente  et  plus  facile,  a  effeuillé 
toute  l'œuvre  d'après  l'ordre  chronologique  autant  que  cela  fut  pos- 
sible; et  il  a  relevé  les  procédés  de  versification  et  de  style,  compté, 
à  l'allemande,  dans  le  volume  des  Exilés,  les  rimes  riches  et  les  rimes 
doubles-riches,  raconté  les  pièces  de  théâtre,  résumé  les  feuilletons, 
butiné   dans  les  chroniques  et   les  contes;  il  y  a  là,  je    le    recon- 
nais, un  gros  travail  et  qui  n'est  point  mal  fait.  Mais  il  a  tant  trouvé 
d'emprunts,  d'imitations,  de  parodies  des  anciens,    des  modernes  et 
des  contemporains,  grâce  à  une  information  très  étendue,  et  tant  de 
fois  il  a  dû  avouer  la  futilité,  l'extravagance,  l'inconsistance  ou  le 
vide,  que  plus  on  avance  dans  la  lecture,  plus  on  va  à  une  conclu- 
sion toute  différente  de  la  sienne.  Plus  on  cherche  à  le  saisir,  plus 
Banville  apparaît  un  prince  charmant  de  la  fantaisie,  un  esprit  follet, 
qu'il  fallait  donc  «  attraper  »  avec  les  vifs  et  fins  coups  de  crayon 
d'un  pénétrant  article  à  la  Sainte-Beuve,  d'un  livre  rapide  à  la  Jules 
Lemaître,  au  lieu  de  marteler  ses  ailes  de  papillon  sur  l'enclume  d'un 
ouvrage  d'ailleurs  très  docte  et  pavé  de  magistrales  intentions... 

Gabriel  Audiat. 


Septbmbrb  1912.  T.  CXXV.  16, 


—  242  — 

Hiiitoii'C  des  littératures.  liittérature  itnitenna,    par   Henri 

II  \.uvKrrB.  Paris,  Colin,  s.  d.,  iQ-lô  'le  xi-518  p.    —    Prix  :  5  fr. 

Histoire  de  la  littérature  italienne,  par  G.  Finzi;  trad.  par  M"'» 
THièft  vrtD-BAUDaiLLvRT.  Pdris,  Perrin,  191-2,  iii-16  de  xi-360  p.—  Prix: 
3  fr.  50. 

TjG  livre  de  M.  Hauvette  n'est  pas  nouveau,  et  l'éloge  n'en  est  plus 
à  faire.  Ce  n'est  pas  une  raison,  me  semMe-t-il,  pour  ne  pas  le  recom- 
mander à  ceux  de  nos  lecteurs  qui  ne  le  connaîtraient  pas  encore. 
Nous  n'avons  pas,  chez  nous,  d'histoire  de  la  littérature  italienne 
mieux  informée  ni  plus  complète.  Non  que  M.  Hauvette  ait  entendu 
«  dresser  un  répertoire  méthodique...  des  auteurs  et  des  œuvres  » 
sans  rien  omettre;  au  contraire,  et  très  sagement,  il  a  «  sacrifié  réso- 
lument les  écrivains  secondaires  pour  s'étendre  davantage  sur  les 
poètes  et  les  penseurs  les  plus  connus  et  les  plus  représentatifs,  de 
façon  à  caractériser  surtout  les  grandes  époques  et  les  grands  cou- 
rants d'inspiration  ».  11  a  réussi,  de  la  sorte,  à  faire  un  livre  bien 
vivant,  qui  se  lit  avec  d'autant  plus  d'agrément   qu'il  est  écrit  dans 
un  style  animé  et  non  dépourvu  d'élégance. 

Une  des  nouveautés  de  l'ouvrage  consiste  dans  la  répartition  des 
matières,  distri'ouées  en  quatre  grandes  sections,  «  correspondant  à 
quatre  étapes  de  la  pensée  et  de  la  civilisation  »,  à  savoir  :  Les  Ori- 
gines de  la  littérature  italienne  jusqu'à  la  moH  de  Dante  (5  chapitres)  ;  — 
La  Renaissance  (de  Pétrarque,  inclusivement,  à  l'Arioste,  inclusive- 
ment: 5  chapitres);  —  Le  Classicisme  et  la  décadente [^i  chapitres);  — 
La  Littérature  de  la  nouvelle  Italie  (6  chapitres).  —  Ces  quatre  parties 
sont  encadrées  entre  une  hHroductio?i  et  une  Conclusion,  sorte  de 
chapitre  annexe  sur  la  littérature  italienne  depuis  1870. 

On  ne  sera  pas  sans  remarquer  le  sens  très  large  que  prend  le  mot 
Renaissance  sous  la  plume  de  M.  Hauvette.  L'auteur  s'est  expliqué 
clairement  là-dessus  dans  son  lntroductir»n.  Pour  lui,  en  effet,  si  «  la 
définition  généralement  admise  du  mot  Renaissance  convient  par- 
faitement aux  caractères  par  lesquels  le  phénomène  se  manifesta  en 
France  »  assez  brusquement,  «  aucun  événement  particulier  n'a 
déterminé,  en  Italie,  le  mouvement  que  nous  appelons  ainsi»,  et 
don+  «  la  cause  profonde  doit  ê+re  recherchée  dans  les  circonstances 
qui,  dès  le  xiii^  et  le  xiv^  siècle,  ont  développé  et  affranchi  la 
personnalité  de  l'Italien  ».  C'est  de  cette  vue  originale  qu'est  sorti, 
pour  une  bonne  part,  le  plan  du  livre. 

Je  ne  saurais  entrer  ici  dans  un  examen  détaillé  de  cette  histoire  de 
la  littérature  italienne,  la  plus  importante  qui  ait  été  publiée  en 
France  depuis  bien  longtemps;  qu'il  me  suffise  de  dire  qu'on  y  trou- 
vera des  aperçus  personnels  et  justes  à  la  fois  sur  les  grands  au- 
teurs d'outre-monts,  que  toutes  les  parties  en  sont  bien  équilibrées, 


—  243  — 

et  que  l'intérêt  s'en  soutient  d'un  bout  à  l'autre.  Une  bonne  table 
termine  le  volume. 

—  De  dimensions  plus  restreintes  et  d'un  caractère  un  peu  plus 
élémentaire  est  la  publication  de  M.  Finzi,  auteur  d'un  bon  livre  sur 
Pclrarque,  qui  a  été  apprécié  ici  même.  Il  semble  que,  à  l'inverse  de 
M.  Uauvctte,  l'auteur  se  soit  préoccupé  d'introduire  dans  son  exposé, 
d'ailleurs  rapide  et  clair,  du  mouvement  littéraire  de  l'Italie  depuis 
les  origines  jusqu'à  nos  jours,  le  plus  de  noms  possible,  noms  de 
minores  et  noms  de  minimi;  aussi  tonibe-t-il  trop  souvent  dans 
la  pure  énumération  :  inconvénient  qui,  dans  une  certaine  mesure, 
aurait  pu  se  tourner  en  avantage,  si  le  livre  était  pourvu  d'une 
table  alphabétique  des  auteurs  mentionnés,  ce  qui  n'est  malheureu- 
sement pas.  Certaines  époques,  le  Quattrocento,  notamment,  sont 
un  peu  sacrifiées,  et  M.  Fin/i  paraît  se  faire  de  l'humanisme  une 
conception  un  peu  étroite;  en  revanche,  la  part  faite  aux  moder- 
nes est  ici  fort  large;  l'espace  a  été  un  peu  mesuré  à  Dante  (dont 
la  notice  est  malencontreusement  séparée  en  deux  tronçons,  pour 
cette  raison  que  la  Vita  Nuova  appartient  au  xiii^  -siècle,  et  la 
Divine  Comédie  au  xiv^),  à  Machiavel,  à  l'Arioste,  et  cela  au  béné- 
fice de  Manzoni  et  surtout  de  Leopardi.  Ne  nous  en  plaignons,  pas; 
les  derniers  chapitres  :  La  Renaissance  de  la  littérature  ^1784- 181^/.  et 
le  Romantisme  et  la  littérature  au  xix^  siècle,  qui  sont  les  plus  déve- 
loppés, sont  aussi  les  plus  intéressants. 

Il  est  regrettable  que  cet  utile  et  estimable  manuel,  dédié  à  trois  de 
nos  italianisants  les  plus  réputés,  MM.  Henry  Gochin,  Charles  Dojob 
et  pierre  de  Nolhac,  et  présenté  au  lecteur,  dans  une  charmante 
Préface,  par  le  premier  nommé  d'entre  eu?;,  soit  déparé  par  un  si  grand 
nombre  d'erreurs  de  détail,  erreurs  de  dates  et  autres  (il  en  est  de 
déconcertantes),  dont  il  n'est  pas  toujours  facile  de  décider  quelles 
sont  imputables  au  traducteur,  quelles  à  l'imprimeur,  et  qiielles  (ce 
sont  certainement  les  moins  nombreuses)  b  l'autour. 

Lucien  Auvray. 

lli!«toit*e   «les    littératures.     liittérature    américaine,    par 

William  P.  Trent  ;  Irai,  de  llB^RY  l).  Davrav.  Paris,  (Jolin,  1911,    petit 
in-8  <ie  450  p.  —Prix  :  b  U\ 

Parmi  les  histoires  do  la  littérature  américain ^  celle  qu'a  publiée, 
il  y  a  tno  dizain?  d'ann'es,  M.  Tren^,  tient  un  rang  des  plus  hono- 
rables. Elle  est  exacte,  complète,  judicieuse,  bien  composée,  et  deux 
défauts  inhérents  au  sujet  s'y  trouvent  au  moins  fort  atténués.  Ces 
deux  défauts  sont  l'in'vitable  sécheresse  de  la  première  partie,  con- 
sacrée à  des  périodes  singulièrement  ternes  et  stériles;  puis,  quand 
paraissent  enfin  aux  États  Unis  des  écrivains  dignes  de  ce  nom,  l'in- 


—  244  — 

certitude  do  renommées  que  le  temps  n'a  pas  encore  éprouvées. 
M.  Trent  ne  s'est  pas  laissé  entraîner  par  le  patriotisme  à  grossir  les 
très  minces  mérites  des  premiers  prosateurs  et  poètes  américains; 
il  n'a  pas  non  plus  exalté  stns  mesure  les  quelques  talents  éminents 
quise  S'.nt  manifestés  en  des  temps  plus  voisins  de  nous;  prudent  et 
modéré  dans  ses  jugements,  il  admet  pleinement  d'avance  les  revi- 
sions de  l'avenir;  il  tient  compte  également  des  opinions  de  la 
vieille  Europe,  et,  par  exemple,  à  propos  de  Poe,  explique  fort  bien 
l'estime  très  différent e  que  font  de  cet  auteur  l'Ancien  Monde  et  le 
Nouveau.  En  résumé,  utile  et  très  estimable  travail  qu'on  ne  peut 
qu'être  heureux  de  voir  passer  en  notre  langue,  en  un  temps  où 
Sydney  Smith  ne  pourrait  plus  pousser  sa  fameuse  exclamation  ; 
«  Qui  lit  un  livre  américain  ?  »  Le  traducteur,  de  son  côté,  sest  bien 
acquitté  de  sa  tâche;  on  lui  pardonnera  volontiers  quelques  négli- 
gences  vénielles  (relevons  cependant  à  la  p.  329,  parce  qu'il  peut 
égarer  le  lecteur,  un  emploi  tout  à  fait  impropre  du  mot  catholi- 
cisme). On  ne  voit  pas  bien  pourquoi  les  titres  d'ouvrages  et  quel- 
ques autres  expressions  (Wife  of  Bath,  p.  73)  sont  laissés  en  an- 
glais; une  traduction  s'adresse  à  des  personnes  à  qui  la  langue  étran- 
gère est  censée  inconnue  ou  peu  familière  :  que  représentera  pour 
ces  personnes  cet  amas  de  vocables  ignorés?  Rien  de  plus  facile,  du 
reste,  si  on  le  croit  désirable,  que  de  donner  en  note  ou,  entre 
parenthèses,  le  titre  original  à  côté  du  texte  traduit.  D'autres  notes 
seraient  de  loin  en  loin  utiles  pour  exphquer  brièvement  certaines 
allusions  fort  claires  au-delà  de  l'Atlantique  ou  seulement  de  la 
Manche,  et  qui  le  sont  moins  ehez  nous  pour  qui  ne  s'occupe  pas 
spécialement  de  littérature  anglaise  (la  Wije  of  Bath  déjà  mentionnée 
a,  par  exemple,  grande  chance  de  rester  pour  beaucoup  une  parfaite 
énigme).  Ce  sont  là  petits  changements  et  petites  additions  faciles 
à  faire  dans  une  seconde  édition,  que  l'on  souhaite  pour  l'ouvrage 
et  pour  le  traducteur.  A.  Barbe,vu, 

HISTOIRE 

Uirtiouit.iire   topo(|rApliiqiie   du    «léparleinent  de  lV4ln, 
«eomprennnt  le!<i  iioius  de  lieu   anciens  et  modernes,  par 

Edouabd  Philipon.  Paris,  Leroux,  191 1,  iii-4  à  2  coloanas  de  Lxxxin-528  p. 
—  Prix  :  19  fr. 

Le  nouveau  volume  qui  vient  enrichir  la  collection  des  dictionnaires 
topographiques  ne  pourra  manquer  d'être  bien  accueilli  par  tous  les 
érudits  qui  s'occupent  spécialement  de  l'histoire  des  pf-ys  de  l'est  de 
la  France.  Pendant  longtemps  une  grande  partie  du  département  de 
l'Ain  dépendit  de  la  maison  de  Savoie  et,  dans  l'excellente  Introduc- 
tion placée  en  tête  du  volume,  M.  Philipon  a  bien  exposé  toutes  les 


—  245  — 

vicissitudes  des  différents  territoires  dont  l'agglomération  fornia  en- 
fin ce  département.  Les  questions  de  l'origine  des  noms  de  lieux 
sont  traitées  avec  beaucoup  de  soin  et  d'érudition.  Passant  en  revue 
tous  les  noms  qu'il  rencontre  dans  le  département  de  l'Ain,  M.  Phi- 
lipon,  qui  s'inspire  des  principes  posés  par  MM-.  d'Arbois  do  Jubain- 
viile  et  Longnon,  fait  connaître  leur  origine  ibérique,  ligure,  celtique, 
gallo-romaine,  germanique,  ou  romaine.  Après  un  chapitre,  très  peu 
étendu,  consacré  à  la  géographie  physique,  l'auteur  étudie  dans  les 
chapitres  suivants  la  géographie  politique  de  ce  département.  Succes- 
sivement, il  énumère  les  différents  peuples  qui  l'occupèrent  avant 
l'arrivée  des  Romains,  pendant  la  période  de  Toocupation  romaine, 
puis  sous  les  Burgondes,  pendant  les  périodes  franque  et  carolingienne. 
Il  relève  comme  division  territoriale  entre  le  vi®  et  le  x^  siècle 
les  pagi  de  Lyon,  de  Belley  et  de  Genève.  Pendant  la  période 
féodale  le  territoire  du  département  de  l'Ain  fut  divisé  en  un  grand 
nombre  de  comtés  et  de  seigneuries.  M.  Philipon  y  relève  le  comté 
de  Belley,  les  seigneuries  de  Bagé,  de  Coligny,  de  Thoire-Villars,  de 
Gex,  du  \  alromey  et  de  la  Michaille,  du  Viennois  savoyard,  de  Miri- 
bel,  la  baronnie  de  la  Tour-du-Pin,  les  terres  de  Ballon,  de  l'église 
de  Lyon,  d'Ambronay,  de  Nantua,  de  Saint- Rambert  de  Joux,  la 
souveraineté  des  Dombes.  Il  énumère  ensuite  les  circonscriptions  mili- 
taires, administratives,  judiciaires  et  financières  de  ce  pays  après  sa 
réunion  à  la  France,  puis  les  divisions  ecclésiastiques.  Il  termine 
enfin  son  Introduction  par  l'histoire  de  la  formation  du  département 
de  l'Ain  et  par  la  liste  des  sources  qu'il  consulta  pour  composer  ce 
dictionnair.'.  Co  volume  se  clôt,  coniîno  tous  ceux  de  cette  collec- 
tion, par  une  table  des  formes  anciennes  des  noms  de  lieux  énuniérés 
dans     l'ouvrage.  Jules  Via-Rd. 

9 

Oe  In  fBontagae  au  désert,  vpxils  cfascensions  et  correspondance,  par 
Théodoie  Camus.  Paris,  Delagrave,  s.  d.  (1912),  in-12  de  xv-313  p. 
avec  porlrail.—  Prix  :  A  fr. 

Fils  d'un  grand  industriel  lyonnais,  voué  dès  sa  jeunesse  aux  af- 
faires, l'auteur  de  ces  pages  s'était  reconnu  de  bonne  heure  une  voca- 
tion d'alpiniste.  Chaque  saison  d'été,  cette  passion  austère  le  condui- 
sait sur  les  plus  hauts  sommets  du  Tyrol,  du  Dauphin'^  ou  de  la 
Savoie.  Parfois  même,  il  lui  arrivait,  en  plein  hiver,  de  s'échapper  un 
samedi  et  de  rentrer  le  L  n  li  suivant,  ayant  réussi  dans  l'inter- 
valle à  escalader  la  Croix  de  Belledonne  ou  à  franchir  le  coi  du  Glan- 
don.  Le  charme  des  rochers,  des  glaciers,  des  champs  de  neige,  les 
jeux  variés  de  la  lumière  sur  les  pics  et  les  aiguilles,  l'attrait  aussi  de 
la  difficulté  à  vaincre  le  rappelaient  stn^  cesse  vers  les  cimes  alpes- 
tres, qu'il  pouvait  voir,  par  les  beaux  jours,  scintiller  avec  un  si  vif 
éclat,  des  coteaux  de  Fourvière  et  de  la  Croix- Rousse. 


—  243  — 

Mais  ce  n'est  pas  impm  mtnt  que  r<  n  couche  à  la  belle  étoile 
par  dix  degns  au-dessous  de  zc'ro.  La  n  buste  c*nstituticn  de  Théo- 
dore Camus  ne  résista  pas  à  i  n  tel  si  ini'  nage.  A  peine  âgé  de  vingt- 
huit  ans,  in?  grave  aiïectitn  lebligea  à  s  'mtaller  en  malade  dans 
ces  nu  na^- nés  amies,  qu'il  n'avait  jusqu'alors  abordées  qu'en  grim- 
peur. 11  passa  à  Ley&n,  sur  les  p  n'es  qui  dcm'n  n'  à  l'orient  le 
lac  de  Genève,  l'hiver  de  1892-93  et  celui  de  1893-94.  L'inn^'e  sui- 
Vc.n-e,  les  médecins  l'envoycunt  chercher  la  stnté  à  Biskra,  au  fend 
de  l'Algérie,  à  la  porte  du  désert.  Mais  ni  la  Suisse,  ni  l'Afrique,  ni  i  n 
dern'er  se^jour  <  n  Provence  ne  purent  ctnjurer  le  mal  qui  le  minait. 
Il  s'étei^n't  pendtn";  l'été  de  1896. 

Il  avait  occupé  ses  loisirs  à  écrire  le  récit  de  ses  ascensions  mul- 
tiples. Quinze  rns  après  sa  disparition  précoce,  i  ne  main  fraternelle 
a  pris  l'initiative  de  le  faire  imprimer.  Cn  y  a  joint  m  choix  de 
lettres  adressées  à  sa  famille  et  à  ses  amis,  pendint  les  séjours  de 
Leysin  et  de  Biskra.  Aucun  de  ceux  qui  liront  ces  feuillets  posthumes 
n'aura  lidée  de  trouver  téméraire  cet  acte  de  piété  envers  me  chère 
mémoire.  Leur  auteur  avait  in  vrai  talent  de  narrateur  :  l'art  de 
choisir  le  détail  intéressent,  de  l'exprimer  en  termes  pittoresques;  il 
avait  profeniéni'nt  senti  le  charme  des  paysages  qu'avaient  par- 
couru ses  regards,  et,  des  spectacles  qu'il  décrit  si  bien,  il  remente 
souvent  et  sm^  efTort  vers  le  Dieu  dent  ils  sent  l'ouvrage.  Ce  recueil 
est  in  ben  livre  en  même  temps  qu'in  beau  livre.  II  est  précédé 
d'in:'  In'^roductien  eue  à  M.  AI.  Poitebard,  où  le  très  distingué  pro- 
fesseur à  l'Institut  catholique  de  Lyen  retrace  en  excellents  termes 
la  vie  si  courte  de  Théodore  Camus.  H.  Rubat  du  Mérac. 


JL&8  Seerétftîi'es  athéniens,  par  Maurice   Brillant,   Paris,   Cham- 
pion, 1911,  gf.  in-«  (le  xxi-US  p.  —  Prix  :  4  fr.  ■• 

On  sait  le  rôle  important  que  jouaient  les  secrétaires  dans  le  fonc- 
tionnement des  institutions  athéniennes.  C'est  à  la  lumière  de 
r'AOY,vaî(ov  rioA'.Tsia  d'Aristote  que  M.  Brillant  reprend,  après 
d'autres  érudits,  l'étude  des  trois  principaux  de  ces  secrétaires': 
le  ypyjj.jj.aTS'jç  xaxà  Trp'jTavsîav,  le  ypa.|j.|j.aT£Ùç  ètt'.  toÙç  vofv.ouç,  et  le 
ypa{jL[y-aTcùç  Tr^ç  po'jX-?)ç  xat  toO  StjJJ.o-j.  C'est  au  premier  qu'est  con- 
sacrée la  plus  grande  partie  du  travail,  lequel  est  complété  par  deux 
appendices  portant  l'un  sur  les  àvTiypaoeïç,  l'autre  sur  le  secrétaire 
des  thesmothètes. 

Cette  étude  intéresse  l'histoire  des  institutions,  l'épigraphie  pour 
l'exphcation  des  formules  de  décret,  la  chrenologie  enfin.  C'en  est 
assez  pour  la  justifier. 

'Voici  simplement  les  conclusions  principales.  Le  ypaa|j.aT£Ù(;  xxtol 


—  247  — 

« 

TTpuTaveîav  d'abord  élu  fut  ensuite  tiré  au  sort,  conformément  aux  ten- 
dances démocratiques;  il  dirigeait  les  archives;  il  avait  la  garde  des 
décrets  et  les  faisait  graver  sur  les  stèles;  il  prenait  copie  de  tous  les 
autres  actes.  Son  nom  était  inscrit  sur  les  stèles  portant  les  traités 
d'alliance,  les  décrets  de  proxénies,  de  droit  de  cité,  afin  de  les  dater 
et  de  les  authentiquer. 

Le  titre  de  ypa^p-XTEÙç  xarà  T^puravetav  m  se  rencontre  qu'à 
partir  des  ann^^es  353-49.  Auparavant,  les  inscriptions  n'emploient 
que  le  titre  ypay.tj.aTeùç  rr,:;  fiouV/iç.  Ce  secrétaire  était  commun 
au  sénat  et  à  l'assemblée.  Il  exerçait  à  peu  près  les  mêmes  fonctions 
que  plus  tard  le  ypa|j-;j,aT£'jç  xaTÔ.  TirpuTaveiav.  Il  était  choisi 
parmi  les  sénateurs,  changeait  à  chaque  prytanie  et  était  toujours 
pris  en  dehors  de  la  prytanie  en  fonction.  A  l'expiration  d'une 
prytanie  on  tirait  au  sort  la  tribu  qui  devait  prendre  la  suite, 
celle  qui  fournirait  le  secrétaire,  et  celui-ci  était  désigné  par 
l'élection. 

Depuis  363  le  secrétariat  devient  une  magistrature  comme  les 
autres,  et  comme  tel,  annuel  et  tiré  au  sort,  et  cela  pour  le  rendre 
plus  dépendant  du  peuple,  sans  doute  aussi  afin  de  donner  plus  de 
stabilité  à  une  charge  fort  occupée.  On  a  beaucoup  discuté  pour 
savoir  si  le  ypaj^ij-aTeùç  ttiÇ  ^ouX-^ç  et  le  ypa[X|j.aT£Ùi;  xarà  Tr,v 
Trp'jTavstav  ont  coexisté.  M.  Brillant  examine  minutieusement  toutes 
les  hypothèses  et  conclut  qu'il  n'y  eut  qu'i  n  seul  secrétaire,  mais 
qu'un  titre  se  substitua  à  l'autre.  Sur  la  loi  de  succession  des  secré- 
taires, après  examen  et  discussion,  M.  Brillant  se  rallie  à  la  loi 
découverte  par  M.  Ferguson  et  si  importante  pour  la  chronologie 
athénienne,  à  savoir  qu'à  partir  de  352  et  sauf  interruption  pendant 
la  période  de  l'oligarchie  (321-318),  les  secrétaires  annuels  se  succè- 
dent suivant  l'ordre  officiel  des  tribus. 

La  fin  du  mémoire  est,  comme  nous  l'avons  dit,  consacrée  aux  deux 
autres  secrétaires,  moins  importants;  on  y  établit  que  le  second 
est  le  subordonna  du  xaTx  tt/v  -rcpuTavetav  et  le  troisième  un  salarié 
d'ordre  supérieur. 

Chemin  faisant,  au  cours  de  cette  étude  si  nette  et  si  bien  docu- 
mentée, on  peut  glaner  d'utiles  indications,  par  exemple  la  confusion 
fréquente  chez  les  orateurs  des  termes  vou.oç  et  t|/7)(^icrp.a  pris 
indifféremment  l'un  "pour  l'autre,  l'observation  appuyée  d'exemples 
que  les  lois  étaient  gravées  aussi  bien  que  les  décrets,  des  remarques 
Sur  les  variantes  dans  le  titre  d'i  n  même  secrétaire,  etc. 

André    Baudrillart. 


—  248  — 

I/Anrienne  France.  I^e  Roi,  par  Frantz  Fungk-Brhntànô.  Paris, 
Ilacbelle,  1912,  in-8  de  101  p.,  avec  une  photograv.  —  Prix  :  7  (r.  50. 

Il  y  a  longtemps  qtie  ûoiis  n'avions  lu  un  livre  d'histoire  à  la  fois 
aussi  intéressant,  ce  n'est  pas  assez  dire,  aussi  amusant,  et  en  même 
temps  aussi  sérieusement  instrucitif,  que  cet  ouvrage  sur  V Ancienne 
France  et  sur  son  centre  vivifiant  :  Le  Roi.  Distinguons  toutefois 
dans  ce  beau  travail  deux  intentions  entremêlées,  mais  de  valeur 
inégale  :  la  thèse  et  ses  arguments,  d'une  part,  et,  de  l'autre,  la 
merveilleuse  série  de  tableaux  vrais  et  vivants  qui  sont  censés  en 
illustrer  la  chaîne,  mais  qui,  en  réalité,  peuvent  être  considérés  à 
part  et  dans  leur  valeur  propre,  laquelle  est  très  grande  au  double 
point  de  vue  historique  et  littéraire.  La  thèse,  qui  consiste  à  dériver 
la  monarchie  capétienne  de  l'antique  autorité  paternelle,  ressuscitée 
par  le  régime  féodal,  n'est  vraie,  selon  nous,  qu'en  partie,  et,  admise 
telle  que  la  présente  l' auteur,  sans  réserves  ni  restrictions  suffisantes, 
pourrait  égarer  un  lecteur  qui  la  prendrait  trop  au  pied  de  la  lettre. 
La  galerie  de  tableaux,  issue  de  recherches  dont  la  multiplicité  ne 
nuit  en  rien  à  l'exactitude,  est,  au  contraire,  une  merveilleuse  illus- 
tration de  la  vie  politique,  intellectuelle  et  morale    de    l'ancienne 
France,  et  montre  comme  l'érudition  d'un  chartiste  intelligent  peut 
s'allier  au  pinceau  souple  et  ferme  d'un  artiste  et  à  la  plume  exercée 
d'un   excellent    écrivain.    Sauf    quelques   exagérations    et    quelques 
insuffisances  sur  certains  points  relatifs  aux  problèmes  pohtico-reli- 
gieux   (p.  170  et  suiv.,  183),   l'impression  générale   qui  résulte  du 
livre  de  M.  Funck-Brentano  est  excellente  et  de  nature  à  dissiper 
bien  des  erreurs,  des  vues  fausses  et  des  préjugés  fâcheux.  Il  faut  le 
lire  et  le  faire  lire  ;  il  faut  mettre  largement  à  profit  dans  les  conver- 
sations et  les  conférences  le  faisceau  lumineux  de  faits  et  de  textes 
rassemblés  dans  les  seize  chapitres  dont  il  se  compose  :  I.  L'Anar- 
chie des  viii^  et  ix^  siècles.  II.  Le  Pouvoir  royal  est  issu  de  l'auto- 
rité paternelle.  III.  Le  Ménage  de  la  Royauté.  IV.  La  Paix  du  Roi. 
V.  Les  Parlements.  VI.  La  Monarchie  de  droit  divin.  VIL  Le  «  Front 
populaire  »  de  la  Monarchie.  VllI.  La  Maison  de    France.  IX.  Le 
Roi  est  le  chef  des  familles.  X.  Libertés  et  franchises.  XI.  Les  Cou- 
tumes. XII.  Le  Bon  Plaisir.  XIII.  L'Opinion  pubUque.  XIV.  Les 
Sentiments  du  peuple.  XV.  La  Fin  de  l'ancienne  Monarchie.  XVI. 
La  Grande  Peur.  —  Encore  une  fois,  telle  ou  telle  assertion  peut  être 
contestée   ou   doit   être   restreinte,   mais,  au  point  de  vue   concret, 
historique  et  anecdotique,  1  ensemble  de  cet  ouvrage  nous  offre  une 
vision  de  tout  un  côté  trop  oublié  des  mœurs  et  des  sentiments  de 
nos  ancêtres,  vraiment  neuve  et  d'un  grand  prix.  M.  S. 


-  249  — 

Gallia  cliristiatia  ndvissiina.  Histoire  des  archevêchés,  éuêchés  et 
abbai/es  de  France,  d'après  l>^s  dociiin«Qt';  aiitbentiqaes  reçu  ■illi'*  dans  les- 
rcgisfTHS  d'i  VaUciii  et  les  archiver  locales  par  feu  le  chanoine  J.  H* 
Alb.vnès,  cotiolétée,  aaaotôe  et  publié  ;  avec  une  Inlrodactiou  par  le 
C'.iynoiue  Ulysss-Chhvalibr.  Tome  V.  Toulon  {cvèques,  prévoie),  avec  26 
sce  tix  et  24  fac-similés.  Valence,  liupr.  Valentinoise,  1911, in-4  de  xxviii  p, 
942  col. 

Antiquités  de  l'Églitie  de  Vienne,  par  Clémbnt  Durand,  {ms.  5661 
du  fondii  latin  de  la  Bibliolh'qw  nadmiale  de  Paris  ,  notice  bibliographique  et 
historiqie,  Ofir  le  chinoiiie  Ulyssi*  GHBVaLJBR.  {Documents  historiques  iné- 
dits sur  le  Dauphiné,  41).  Paris,  A.lpboiise  Picard  et  fils,  1911,  in-8  de  15  p 

ClKirtcs  de  ^aint.-Iflaurice  de  Wieuue,  de  Tabbaye  de 
fiéoiicel  et  de  l'E^lîse  de  Valenee,  suppléoQe  u  aux  recueils 
i  upriiués,  publies  par  le  chiaoin  i  Ulvssb  Chbvauer.  Paris,  Alpho  ise 
Picard  et  fils,  1912,  in-8  de  36  p. 

M.  le  chanoine  Ulysse  Chevalier  poursuit  avec  un  soin  pieux,  sans 
se  laisser  détourner  par  ses  autres  et  multiples  travaux,  la  publi- 
cation de  la  Gallia  christiana  novissima,  l'œuvre  gigantesque  entre 
prise  par  son  ami  le  chanoine  Albanps. 

Dans  l'Introduction,  M.  le  chanoine  Chevalier  examine  la  ques- 
tion de  la  fondation  de  l'évêché  toulonnais;  M,  Albanès,  dans  le 
fragment  d'Introduction  écrit  pour  ce  volume,  penchait  pour 
l'attribution  à  l'archevêché  d'Arles  de  cette  fondation;  M.  le  cha- 
noine Chevalier  accumule  les  arguments  en  faveur  de  Marseille  dont 
la  paternité  avait  été  un  moment  défendue  par  le  chanoine  Albanès 
et  a  trouvé  aussi  d'autres  défenseurs  tels  que  Mgr  Duchesne.  Il 
détermine  ensuite  les  limites  de  l'évêché,  le  nombre  des  paroisses 
qui  le  composaient,  et  nous  fournit  sur  l'histoire  générale  de  Toulon 
et  sur  celle  d'Hyères,  qui  faillit  lui  disputer  le  siège  de  ce  jetit 
évêché,  des  renseignements  historiques  d'ordre  général.  L'organisa- 
tion du  clergé,  le  rôle  des  vicaires  généraux,  considérable  au  temps 
des  évêques  commendataires,  la  fâcheuse  influence  de  la  non-rési- 
dence de  ceux-ci  sur  l'administration  matérielle  et  morale  du  dio- 
cèse, le  rôle  du  chapitre,  le  fonctionnement  des  synodes  auxquels  les 
réguliers  étaient  dispensés  d'assister,  sont  ensuite  passés  en  revue. 

Quant  au  corps  même  de  l'ouvrage,  on  sait  qu'il  ne  s'agit  pas  ici 
d'une  histoire  suivie  et  rédigée;  ce  sont  les  matériaux  nouveaux  de 
cette  histoire,  rassemblés  par  M.  Albanès,  revisés  et  publiés  paf 
M.  le  chanoine  Ulysse  Chevalier,  qui  nous  sont  offerts.  Lui-même 
attire  l'attention,  dans  son  Introduction,  sur  les  résultats  nouveaux 
obtenus,  «  quatre  noms  et  six  épiscopats  nouveaux  à  intercaler  dans 
l'ancienne  liéte  »,  a  sept  noms  à  y  supprimer  »;  en  outre,  des  noms 
sont  ramenés  à  leur  véritable  forme,  des  dates  sont  précisées  ou  recti- 
fiées. Enfin  et  surtout  l'abondance  des  matériaux  accumulés  ici 
apporte    sur    les    gestes  de  l'épiscopat  une  quantité  de  faits    nou- 


—  250  — 

veaux.  C'est  surtout  pour  le  xv^  siècle  et  pour  le  xvi^  siècle  que  le 
nouveau  volume  est  particulièrement  riche.  Encore  devons- nous 
noter  qu'il  n'est  question  dans  ce  volume  que  des  évoques  et  des 
prévôts  et  qu'un  autre  sera  consacré  tout  entier  aux  maisons  reli- 
gieuses du  diocèse.  Est-il  besoin  d'ajouter  que  1  histoire  ecclésias- 
tique n'est  pas  la  seule  à  profiter  de  l'abondante  moisscn  de  docu- 
ments mise  à  notre  disposition,  soit  dans  leur  texte  intégral,  soit  dans 
des  analyses,  par  les  soins  diligents  de  M.  le  chanoine  Chevalier; 
l'histoire  de  Provence,  celle  de  la  noblesse  de  ce  pays,  celle  des 
villes  du  diocèse  trouveront  beaucoup  à  puiser  dans  ce  précieux 
volume.  Il  y  a  même  des  pièces  d'un  ordre  encore  plus  général  comme 
la  série  de  documents  (n^^  405  et  suiv.)  sur  la  reine  Clémence  de 
Hongrie,  dont  Jacques  de  Porvo,  évêque  de  Toulon,  était  le  confes- 
seur, comme  la  longue  dépêche  d'Antoine  Trivulce,  au  secrétaire 
d'État  du  Pape,  du  17  mars  1551  (n"  1217). 

Des  tables  chronologiques  des  évêques,  prévôts,  etc.,  et  une  table 
des  matières  terminent  le  volume  et  y  servent  de  guide. 

—  La  Bibliothèque  nationale  possède  parmi  les  manuscrits  qui 
proviennent  de  l'infatigable  collectionneur  Gaigniêres,  un  petit  vo- 
lume intitulé  :  Vienna  sacra,  et  qui  a  pour  auteur  Clément  Durand, 
aumônier  d'Anne  d'Autriche.  L'ouvrage  n'a  qu'un  intérêt  secondaire, 
n'étans  dans  sa  plus  grande  partie,  que  la  reproduction  d'un  travail 
de  Jean  Du  Bois.  Cependant,  M.  le  chanoine  Chevalier,  dans  la  no- 
tice qu'il  nous  donne  de  ce  livre,  y  relève  m  certain  nombre  d'ol  its 
intéressants,  ajoutés  par  Durand  à  l'œuvre  de  son  prédécesseur  et 
empruntés,  semble-t-il,  à  m  obituaire  perdu  de  la  cathédrale  de 
Saint-Maurice. 

—  C  est  aussi,  m  partie  du  moins,  à  1  Eglise  de  Vienne  que  se  rap- 
porte la  dernière  publication  de  M.  le  chanoine  Chevalier  dont  le 
titre  est  transmis  plus  haut.  Il  nous  avait  déjà  donné  en  1869  et  en 
1891  les  chartes  de  Saint-Maurice  venues  à  sa  connaissance.  Deux 
manuscrits  de  la  collection  Gaigniêres, qui  avaient  échappé  à  ses  inves- 
tigations antérieures,  lui  permettent  de  compléter  ses  premières 
publications.  11  y  a  joint  des  documents  emprintés  aux  collections 
de  M.  Vital  Berthin,  sur  l'abbaye  de  Léoncel  et  sur  1  Église  de  Valence. 
Ce  sont  des  bulles  originales  d'Innocent  II  et  d'Eugène  III,  déjà 
publiées,  mais  pour  lesquelles  l'original  présente  quelques  variantes 
soigneusement  relevées  ici;  une  bulle  inédite  d'Innocent  III  dont  le 
cartulaire  n'offrait  qu'un  abrégé  des  diplômes  de  Frédéric  I®'",  de 
Pierre,  abbé  de  Saint-Benigne  de  Dijon  portant  cession  de  l'église  de 
Bouvantes  à  l'évêque  de  Die,  de  Philippe  roi  des  Romains  et  de 
Frédéric  II.  M.  le  chanoine  Chevalier  nous  donne  ici  soit  le  texte  de 
ces  originaux   soit  les  variantes  qu'ils  offrent  avec  les  imprimés. 

E.-G.  Ledos. 


-  251  - 

Les    Papes    d'ATiguon    (ii:{05-l3  99),  par   G.    Mollat.    Paris, 
Le-'offre,  Gabalda,  1912,  iu-12  de  xv-42'J  p.  —  Prix  :  3  fr.  60. 

La  translation  et  le  séjour  de  la  Papauté  en  Avignon  ont  été  la 
conséquence  des  troubles  provoques  dans  les  États  de  l'Église  parles 
rivalités  des  seigneurs  et  la  turbulence  du  prolétariat.  Transporté 
dans  une  région  qui  gravitait  autour  du  roi  de  Franco,  le  gouverne- 
ment pontifical  devait  nécessairement  subir  l'influence  du  gouver- 
nement français  et,  de  fait,  les  sept  papes  qui  se  succédèrent  de  1305 
à  1378  furent  des  Français. 

L'amour-propre  des  Italiens  n'en  souiïrit  pas  moins  que  leurs  inté- 
rêts matériels;  ils  ont  appelé  cette  période  la  «  captivité  de  Baby- 
lone  »;  Pétrarque  et  Dante  ont  donné  le  tcn  dans  le  ccncert  d'invec- 
tives lancées  contre  les  «  Barbares  »  et,  dans  les  récriminât icns 
italiennes,  les  détracteurs  de  l'Église  ont  puisé  à  pleines  mains  non 
seulement  pour  diffamer  la  France  et  les  papes  français,  mais  pour 
rendre  la  religion  elle-même  responsable  de  désordres  dont  elle  a  été 
la  première  à  pâtir. 

Dans  un  excellent  livre,  M.  l'abbé  Mollat  a  remis  les  choses  au 
point  :  nul  n'était  mieux  préparé  que  lui  pour  traiter  ce  sujet  ('pi- 
neux;  ses  travaux  antérieurs,  les  patientes  recherches  auxquelles  il 
s'est  livré  dans  les  archives  romaines  lui  donnaient  i:ne  compétence 
qui  lui  permet  de  parler  avec  autorité.  11  écrit  d'un  style  alerte  et 
limpide  qui  sait  captiver  l'attention  du  lecteur  et  rend  aimables  les 
dissertations  les  plus  ardues. 

Qu'il  y  ait  eu  des  abus  et  des  scandales,  M.  Mollat  n'a  pas  la  pré- 
tention de  le  contester;  sa  méthode  apologétique  ne  consiste  pr.s  à 
nier  les  faits  établis,  mais,  en  décrivant  les  mœurs  publiques  et  pri- 
vées d'une  époque  où  la  rudesse  brutale  des  temps  féodaux  ne  com- 
mence à  s'adoucir  que  pour  s'amollir  sous  l'action  dissolvante  d'une 
culture  plus  ralîinée,  il  fait  voir  que  la.  Cour  pontificale  a  simple- 
ment subi  les  influences  ambiantes  contre  lesquelles  il  n'était  pas 
aisé  de  réagir  immédiatement 

De  même,  dans  un  temps  où  l'autorité  des  princes  tend  à  se  conso- 
lider et  où  la  centralisation  administrative  succède  à  l'émiettement, 
il  est  dans  la  logique  des  choses  que  l'Église  subisse  une  transfor- 
mation analogue;  les  prélats  trop  indépendants,  et,  par  suite,  trop 
assujettis  aux  caprices  malfaisants  des  puissances  séculières,  sont 
rappelés  aux  règles  de  la  si  boroinatie  n  et  les  contributions  finan- 
cières qui  leur  sont  demandées  sont  avant  tout  le  signe  de  la  di'pen- 
dance  où  ils  doivent  se  replacer;  ce  qu'on  a  appelé  le  développe- 
ment de  la  fiscalité  pontificale  était  moins  inspiré  par  des  besoins 
d'argent  que  par  celui  de  l'unité  qui  devait  régner  dans  l'Fglise.  Cette 
ccntrahsation  avait  amené  avec  elle  certains  abus,  et  M.  Mollat  ne 


—  252  — 

le  nie  pa&,  ce  sont  misères  inhérentes  à  la  nature  humaine;  mais  ce 
n'est  pas  là  qu'il  faut  chercher,  comme  on  l'a  dit,  la  cause  princi- 
pale du  lamentable  schisme  qui  accompagna  le  retour  des  Papes  à 
Rome. 

M.  Mollat  suit  pas  à  pas  les  documents,  mais,  au  lieu  de  les  trans- 
erire  à  k  file,  comme  font  quelques  érudits,  il  se  les  est  assez  assi- 
milés pour  que  sa  pensée  conserve  son  originalité;  sa  science  reste 
personnelle.  En  traitant  des  matières  arides,  il  a  fait  un  livre  vivant 
qui  se  lit  avec  autant  de  plaisir  que  de  profit.  P.  Pisani. 


Ija  CoiMtnuiiatité  des  notaires  tic   Tours  de    lâl*?  à    I  791, 

par  Ludovic  Langlois.  Paris,  Champion,  1911,  iii-8  de  xn-û23  p.  —  Prix  : 
10  fr. 

Voici  un  livre  intéressant,  et  bien  fait,  malgré  quelques  Icngueurs.. 
Comme  son  titre  l'indique,  il  ne  n:>us  retrace  pas  l'histoire  du  nota- 
riat à  Tours  depuis  son  origine,  mais  seulement  depuis  1512,  date  de 
sa  réorganisation.  L'auteur  a  bien  senti  (p.  vu)  qu'il  nous  donne- 
rait des  regrets,  en  laissant  ainsi  de  côté  la  période  antérieure.  Du 
moins  a-t-il  voulu  les  diminuer,  en  consacrant,  dans  son  premier 
chapitre,  quelques  pages,  forcément  un  peu  général'  s,  au  notariat 
pendan'  cette  période  (p.  3  à  28).  Cette  brève  esquisse  était  du  reste 
n'cessaire  pour  nous  amener  à  comprendre  la  «  création  des  notaires- 
tabelhons  royaux  de  Tours  en  1512  »  (p.  28  et  s.),  puis  l'établisse- 
ment de  leur  communauté.  D'abord  fixé  à  vingt,  leur  nombre  fut, 
dans  la  suite,  tour  à  tour  augmenté  ou  diminué,  par  des  créations 
(dans  un  but  fiscal),  suppressions,  ou  rachats  d'offices;  à  la  fin  de 
Tancien  régime,  il  était  réduit  à  douze.  M.  Langlois,  après  nous- 
avoir  exposé  ces  vicissitudes,  reconstitue  la  «  gén  alogie  des  offices 
de  Tours  »,  c'est-à-dire  la  liste  de  leurs  titulaires  successifs,  mais  à 
partir  de  la  première  moitié  du  xvii^  siècle  seulement,  faute  de 
documents  pour  remonter  plus  haut  dans  le  passé.  Le  chapitre  sui- 
vant est  consacré  à  la  «  vénalité,  transmissibilité  et  hérédité  des- 
offices  de  notaires  de  Tours  de  1512  à  1791  »  :  il  intéresse,  non  seu- 
lement l'histoire  locale,  mais  aussi  l'histoire  générale  des  offices...  et 
des  finances  royales  pendant  cette  période.  On  peut  en  dire  autant 
des  chapitres  IV  et  V,  le  prc^mier  sur  les  «  Tabellions,  gardes- scels  et 
gardes- notes  »,  dont  les  fonctions  restèrent,  du  moins  pendant  un- 
certain  temps,  distinctes  de  celles  des  notaires,  et  présentent  par 
ailleurs,  du  moins  celles  des  tabellions  et  des  gardes- notes,  un  intérêt 
particulier  pour  l'histoire  de  la  conservation  des  minutes;  —  le  se- 
cond traitant  de  diverses  autres  «  créations  d'offices  se  rapportant 
aux  fonctions  des  notaires  »,  créations  fiscales,  nécessitées  par  les- 
guerres  et  la  détresse  financière,  d'offices  presque  tous  inutiles,  aux 


—  2^^3  — 

fonctions  démembrées  de  celles  des  notaires,  et  que  ceux-ci  se  trou- 
vaient obligés  de  racheter  pour  les  éteindre.  En  revanche,  le  notariat 
jouissait  de  privilèges  et  prorogatives,  qui  nous  sont  exposés  dans 
le  chap.  VI,  et  dont  quelques-uns,  par  exemple  l'exemption  de  la 
taille,  étaient  très  appréciables  et  compensaient  en  partie  les  charges 
fiscales  dont  les  notaires  lurent  souvent  accablés.  C'est  au  détail  de 
ces  charges,  et  autres  taxes  ou  impositions,  que  le  cliap.  VII  est 
consacré;  à  la  vérité,  la  plupart  des  articles  de  cette  liste  auraient 
dû  être  passés  sous  silence,  car  ils  n'avaient  rien  de  particulier  aux 
notaires  (ainsi,  la  capitation,  les  dixièmes  et  vingtièmes,  la  taxe  des 
armoiries,  les  taxes  municipales  levées  en  cas  de  désastre  public),  et 
M.  Langlois  nous  paraît  avoir  un  peu  trop  cédé  ici  au  désir  d'api- 
toyer le  lecteur  sur  la  situation  précaire,  trop  réelle,  du  reste,  du 
notariat  tourangeau  aux  dix-septième  et  dix-huitième  siècles.  Les 
chapitres  VIII  à  XII  retracent  en  détail  les  rapports  des  notaires  de 
Tours  avec  les  représontants  de  l'administration  (intendant,  agents 
du  contrôle,  etc.); — avec  les  magistrats  du  siège  royal,  qui  empié- 
taient parfois  sur  les  fonctions  des  notaires,  d'où  conflits  et  procès 
(en  particulier  avec  le  présidial);  —  avec  les  seigneurs  justiciers, 
leurs  juges,  greffiers  et  notaires; — avec  les  notaires  du  plat-pays;  — 
avec  les  huissiers,  sergents  et  procureurs  (autres  conflits);  —  enfin 
avec  les  autres  communautés  de  notaires,  notamment  ceux  du  Châ- 
telet  de  Paris,  avec  lesquels  les  notaires  de  Tours  entretenaient  les 
meilleures  relations.  L'organisation  intérieure  de  la  communauté, 
ses  statuts  et  règlements,  ses  finances,  —  la  situation  sociale  et  le 
recrutement  des  notaires  à  Tours,  —  sont  l'objet  des  derniers  cha- 
pitres, avec  l'histoire  sommaire  de  la  destinée  du  notariat  touran- 
geau, de  1789  à  la  loi  de  ventôse  an  XI.  Ajoutons  qu'une  table 
des  noms  de  personnes  et  de  lieux  et  une  table  chronologique  des  do- 
cuments cités  terminent  le  livre  et  seront  appréciées  des  chercheurs. 
L'étude  présentée  par  M.  Langlois  est  vraiment  complète,  sauf  sur 
un  point,  qui  n'aurait  pas  manqué  d'intérêt  :  les  relations  des  no- 
taires avec  leurs  clients.  Telle  qu'elle  est,  elle  forme  un  livre  d'un  réel 
mérite,  basé  sur  m  consciencieux  dépouillement  d'archives  et  une 
connaissance  étendue  de  la  littérature  du  sujet.  Bien  des  détails,un 
peu  lon;^uement  développés,  intéressent  surtout  l'histoire  du  notariat 
local;  mais,  par  d'autres  côtés,  cet  ouvrage  sera  une  utile  contribu- 
tion à  l'histoire  générale  du  notariat  et  des  offices;  les  vues  d'ensem- 
ble, les  rapprochements  avec  le  notariat  des  autres  régions  de  la 
Franoe,  n'y  manquent  pas.  On  pourrait  y  relever  quelques  erreurs 
(ainsi,  p.  264,  sur  le  «  Gode  Henri  »,  compilation  à  laquelle  M.  Lan- 
!  glois  suppose  une  autorité  officielle  qu'elle  n'a  jamais  eue);  mais  ce 
«ont  là  de  bien  légères  taches,  que  j'ai  presque  regret  de  signaler,  car 


je  n3  voudrais  pas  diminuer  aux  yeux  du  lecteur  la  valeur  et  l'intérêt 
de  ce  livre,  qui  restera  in  des  meilleurs  du  genre. 

André  Lemaire. 

Iflaléflres  et  sortilègee».   F'rocès  eriniineli>i  de  l'aiieien  é%'é- 
olié    de  ISstle   p:)iir  faitsi  «le  »<orcellerie  (I  541^-1670),  |)dr 

EDOUARD  DiRiCQ.  Paris,  Foiilemoing,  l.M0,iii-l6  de  240  p.  -^Pnx:  3  fr.  50. 

Ce  livre  est  un  résumé  des  procès  de  sorcellerie  faits  dan^^  lan^ien 
évêché  de  Bâle,  de  1549  à  1670.  Sa  lecture  préstn'e  une  certaine 
monotonie,  qui  ne  laisse  pas  de  la  rendre  encore  plus  dramatique. 
L'aocusée  —  ce  sont  presque  toutes  des  femmes  —  fait,  lorsqu'on 
la  soumet  à  la  question,  un  récit  toujours  enalogue  :  Un  jour  où 
ses  affaires  allaifn'  mal,  elle  a  vu  lui  apparaître,  dm^  sa  grange 
ou  dtnî  scn  verger,  vn  homm^  à  pieds  rendis  qui  lui  a  promis  de 
la  secourir  si  elle  consentait  à  se  donner  à  lui.  C'était  le  diable. 
Elle  a  résisté  d'abord,  puis  a  fini  par  céder;  et,  en  échange  du  don 
qu'elle  a  fait  d'elle-même,  elle  a  reçu  des  pièces  d'argenl  qui,  peu 
après,  se  sont  changées  en  feuilles,  et  i  ne  poudre  qui  peut  nuire  et 
empoisonu'^r.  Le  diable  lui  est  ensuite  apparu  de  nouveau,  de  temp8 
à  autre,  pour  la  conduire  au  sabbat. 

C'est  le  fond  des  récits  faits  en  forme  d'aveux.  En  conséquence,  la 
sorcière  est  presque  toujours  décapitée  ou  étranglée,  puis  brûlée. 

Ces  aveux  paraiss^m^  sincères;  la  sorcière  croit  à  ce  qu'elle  raconte; 
les  juges  y  croien':  aussi. 

L'auteur  se  montre  disposé  à  admettre  que  les  réunions  du  sabbat  ont 
été  réelles  et  d'ordre  humain,  qu'il  y  avait  une  organisation  secrète 
dirigée  par  des  hommes  et  où  les  femmes  étaient  dupes,  que  la 
poudre  donnée  par  le  prétendu  diable  était  réelle  aussi  et  contenait 
de  l'arsenic.  Les  autres  parties  du  récit  devraient  être  expliquées 
par  des  illusions  psychiques.  On  peut  cependant  objecter  qu'il  n'est 
pas  toujours  très  facile  de  combiner  entre  eux  les  deux  modes  d'expli- 
cation. L'explication  psychique  totale  est  peut-être,  après  tout,  plus 
commode.  Baron  Carra  de  Vaux. 


Séitastien  Zamet,  évèf|ua-diie  de  liaiisçEpes,  pair  de  France, 
fldSë  I05>>.     Sa    Vie    et    me»  ocuvreji.    JLes   Origintis  du 

jaiiséiii.<»Aie,  par  LouiS-N.  Prunel.  Paris.  A.  Picard  et  'Us,  1912,  in-8 
de  xvi-069  p.,  avec  une  heliograv.,  15 grav.  et  un  fac-similé. —  IVix  • 
7fr.  50. 
Ixettres  spirituelles  de  Séltaslien  Zaniet,  cvêque-«liic  de 
liangres,  pair  de  France,  publiées  avec  ime  Inlrodiicuon  et  des 
noti.s  par  Louis-N.  Prunbl  et  précédées  dijs  /lois  s/9i>»<uc/s  du  rnème 
pre  at.  Piris,  A.  Picard  et  tils,  iyi2,  in-8  de  xxxiii-6C1  p.,  avec  portrait.  — 
Prix  :  7  fr.  50. 

Venus  d'Italie  au  xvi^  siècle,  les  financiers  ont  bientôt  conquis 


—  255  — 

droit  de  cité  en  France  :  ils  ont  rendu  service  à  la  Royauté  et  aux 
grands  seigneurs,  alors  très  obérés;  ils  sent  devenus  du  reste  très 
bons  Français  et  ont  fait  souche  de  n  blesse,  comme  les  G(  ndi,  les 
d'Elbèn\  les  Gadaicn^  et  ttnt  d'autres.  Du  nombre  fut  Sébastien 
Zaraet  qui,  en  habile  homme  d'argent,  servit  tour  à  tour  Catherine 
de  Médicis,  Henri  III,  les  Guise,  Henri  IVet  le  duc  d'Épernon  avec 
les  enf'ants  duquel  ses  héritiers  s'unirent  par  mariage.  Ce  Zamet,  le 
plus  riche  personnage  du  temps,  eut  deux  fils  :  l'un  qui  devint 
brillant  homme  de  guerre,  Tautre  qui  entra  dens  l'Église,  avec  des 
bén  Tices  considérables,  comme  l'abbaye  de  Juilly,  et  un  des  premiers 
évêohés  de  France,  cplui  de  Lan^res,  qui  lui  donnait  le  ran'^-  de  pair 
et  le  titre  de  duc.  Leur  mère,  Madelein-^  Le  Clerc  du  Tremblay,  était 
un-^  femme  remarquable,  parente  du  Père  Joseph. 

Élevé  dans  le  luxe  et  le  faste,  le  jei  ne  Sébastien  n'en  fut  pas  moins 
un  excellenl  prêtre,  très  zélé  pour  la  réforme  de  l'Éghse  et  le  protec- 
teur de  tous  les  grands  ordres  religieux.  Directeur  de  Port-Roval,  il 
devint  le  fondateur  de  l'ordre  du  Saint-Sacrement,  mais  se  sépara 
des  jansénistes  quand  ces  derniers  abandonnèrent  la  pure  doctrine 
cathohque.  Scn  n  m  était  resté  au  second  plan.  Un  jeune  docteur, 
M.  Louis  Prunel,  vient  de  consacrer  deux  volumes  à  sa  vie,  à  ses 
œuvres,  à  ses  «  Advis  spirituels  »  et  à  ce  qui  reste  de  sa  correspon- 
dance. 

C'était  peut-être  beaucoup  pour  un  personnage  qui  figure  à  peine 
dans  les  grands  dictionnaires;  mais  ses  quarante  années  d'épiscopat 
sont  fécondes  en  œuvres  et  aussi  en  actes  qui  furent  mêlés  à  toute  la 
première  moitié  du  grand  siècle;  et  Tévêque  de  Langres  entretint  les 
rapports  les  plus  intimes  avec  la  Mère  /njéhque  Arnauld,  avec  le 
Père  de  Condren,  avec  Saint- Cyran  et  Duvergier  de  Hauranne,  comme 
avec  sainte  Jeenne  de  Chantai,  \  illeroy,  Richelieu  et  même  Bossuet. 
Le  recueil  des  lettres  de  Sébastien  Zamet  est  donc  précieux  à  plus 
d'un  titre;  celles  adressées  à  la  veuve  assez  étrange  qui  entra  au 
couvent  après  sa  séparation  d'avec  M.  de  Pcntcarré  sent  les  plus 
nombreuses  et  les  plus  intéressé  n^ es. 

Des  tables  très  complètes  permettront  de  rechercher  stns  peine 
toutes  les  personnes  mentionnées  dans  ces  deux  gros  volumes  dent 
l'historien  peut  faire  scn  profit,  ainsi  que  des  notes  biographiques 
très  exactes  jointes  par  l'auteur  à  ses  textes.  Peut-être  nïtait-il  pas 
nfcessaire  de  donner  vn  glossaire  des  mots  «  surtnn'^s  »  dtns  lequel 
en  trouve  des  exphcations  comme  bailler,  pour  dcrmsr  \  aux  champs, 
à  la  campagne;  entamer,  commencer;  marri,  fâché;  moyenner,i)roG\i- 
rer;  or  sus,  mais;  tenir,  estimer;  volerie,  larcin,  etc.  Cn  aurait  pu 
avoir  plus  de  confiance  dans  l'intelligence  et  la  culture  des  lecteurs 
quivoudrontaborderce  grave  sujet.     G.  Bague>'ault  de  Puchesse. 


--  256  — 

lies  Artes  de  Sully,  ;iassés  au  nom  du  Boi  de  laoo  à  i6i0  par-d'vanl  M* 
Simon  Founiyer,  notaire  au  Ckâielel  de  Paris,  recueillis  et  publies  par 
M.  F.  DE  Mallevouiî.  Paris,  Leroux,  1911,  in-4  de  lxxii-?16  p.—  Prix  :  12  fr. 

On  a  cent  fois  vanté  l'administration  de  Sully,  son  économie  des 
deniers  publics,  sa  prévoyante  préparation  militaire.  Il  était  à  la 
fois  minisire  des  finances,  ministre  de  la  guerre,  ministre  des  travaux 
publics.  Mais  comment,  après  le  désarroi  administratif  des  Valois  et 
de  la  Ligue,  put-il  remettre  un  peu  d'ordre  et  de  régularité  dans  les 
affaires?  Le  hasard  d'un  minutier  heureusement  conservé  nous  en 
donae  le  secret.  Quand  au  mois  de  novembre  1592,  Maximilien  de 
Béthune,  qvii  était  déjà  «  grand  voyer  de  France  et  superintendant 
des  finances,  bâtiments  et  fortifications  d,  succéda  au  marquis  ce 
Cœuvres,  le  père  de  Gabrielle  d'Estrées,  dans  la  charge  de  grand- 
maître  et  capitaine  général  de  l'artillerie,  il  voulut  remédier  au  dé- 
nuement de  l'Arsenal  par  d'importantes  commandes  d'arm,es  et  de 
munitions;  mais  aucune  comptabilité  n'existait  régulièrement  qui  pût 
sauvegarder  sa  responsabilité  et  celle  de  ses  collaborateurs.  11  s'adressa 
à  un  notaire  royal  au  Châtelet  de  Paris,  qui  exerçait  depuis  1588, 
Simon  Fournyer,  et  le  chargea  de  passer,  au  nom  du  Roi  et  à  son 
nom  propre,  tous  les  actes  qui  regardaient  son  administration.  Ce 
sont  ces  actes  qu'a  retrouvés,  classés,  publiés  et  annotés  M.  F.  de 
Mallevotie.  11  les  a  rangés  par  catégories  :  Conseil  d'État,  Bâtiments 
royaux,  Fortifications,  Poudres  et  Salpêtres,  Canons  et  armes,Trans- 
ports  et  charrois,  etc.,  et  ensuite  par  ordre  chronologique  de  1600  à 
la  mort  de  Henri  IV,  complétant  son  travail  par  une  table  générale 
alphabétique  de  matières,  aussi  bien  que  de  noms  de  personnes  et 
de  lieux  avec  indication  des  pages  contenant  les  notes. 

On  comprend  de  quelle  utilité  un  semblable  répertoire  peut  être 
pour  l'histoire  de  ces  dix  années  du  règne  de  Henri  IV,  venant  com- 
pléter le  grand  recueil  de  M.  Noël  Valois  :  V Inventaire  des  arrêts  du 
Conseil  d'État  pendant  la  môme  période.  L'histoire  particulière  de 
Sully  y  gagne  non  moins  que  l'histoire  générale.  On  avait  beaucoup 
incriminé  ces  dernières  années  la  véracité  des  Économies  royales. 
Il  se  trouve  que  la  plupart  des  assertions  contenues  dans  ces  Mé- 
moires rédigés  au  château  de  Sully  en  1625,  les  chiffres  et  les  dates,  les 
faits  eux-mêmes  sont  entièrement  corroborés  par  des  actes  authen- 
tiques rédigés  avec  une  clarté  et  une  régularité  dans  lesquelles  on 
reconnaît  la  main  du  maître.  Non  pas  que  Sully  cherche  à  expliquer 
ou  à  excuser  ses  grands  biens  et  ses  grandes  charges,  ni  à  diminuer 
les  bons  offices  qu'il  a  rendus  à  unroi,  dont  depuis  sa  jeunesse  il  était 
l'ami  autant  que  le  serviteur;  mais  l'état  dans  lequel  il  laissa  les 
affaires  publiques,  comparé  à  celui  qui  advint  sous  ses  successeirps, 
même  sous  RicheHeu,  suffirait  è  son  apologie. 


—  257  — 

M.  de  Mallevûue,  dans  son  Introduction,  a  fait,  année  par  année, 
i'énuniération  des  titres  successifs  aussi  bien  que  des  domaines  et  bé- 
néfices de  celui  qui  fut  baron  de  Rosny  et  de  tant  d'autres  lieux, 
avant  de  devenir  duc  et  pair,  et  il  y  ajoute  des  pièces  intéressantes 
et  des  notices  précises  sur  ks  personnages,  peu  connus  souvent,  avec 
lesquels  le  grand-maître  fut  en  rapport.  Pour  l'ensemble  des  deux 
cent  quatre-vingts  actes  qu  il  a  reproduits  textuellement,  ce  sera 
l'affaire  des  historiens  d'y  puiser  les  renseignements  dont  ils  pourront 
avoir    besoin.  G.    Baguenault    de    Puchesse. 


Camille  jr<irdau  en  Alsace  et  A  l¥«iaiar,  d'après  des  documenta 
inédits,  par  Robbbt  Boubée.  Paris,  Ploa-Nourrit,  19H,  in-16  de  264  p. 
avec  portrait.  —  Prix  :  3  fr.  oO. 

La  peinture  d'une  société  aimable,  policée,  délicate  de  braves  gens 
dont  un  grand  nombre  sont  devenus  des  gens  illustres,  vivant  à  une 
des  époques  les  plus  tourmentées  de  l'histoire,  mêlés  pour  la  plupart 
aux  luttes  politiques,  tourà  tour  proscrits  et  puissants,  et  dont  la  cor- 
respondance réunie  par  M.  Robert  Boubée  donne  comme  une  sym- 
phonie d'amitié,  voilà  ce  que  nous  offre  ce  charmant  volume 
dans  lequel  tout  gravite  autour  de  Camille  Jordan.  C'est,  en  somme, 
le  récit  d'une  bonne  part  de  sa  vie  privée  :  ses  relations,  après  son 
exil  de  fructidor,  avec  la  société  alsacienne,  dont  le  centre  était  à  Col- 
mar,  et  avec  la  Cour  de  Weimar;  la  persistance  de  ces  relations  ami- 
cales quand  l'exil  eut  cessé  et  quand  il  eut  repris  son  rôle  d'homme 
politique  de  premier  plan;  enfin  une  analyse  très  fine  des  véritables 
sentiments  religieux  du  grand  libéral  royaliste,imprégné  delà  mentalité 
du  xviii®  siècle,  mais  lui  demeurant  supérieur  par  une  honnêteté  pro- 
fonde qui  commande  un  respect  complet.  Camille  Jordan  a  excellé 
dans  le  rôle  de  directeur  de  conscience  des  femmes.  On  serait  tenté 
facilement  de  tourner  ce  rôle  en  ridicule  et  il  faut  reconnaître  qu'à 
notre  époque  il  serait  assez  difficile  à  tenir.  Mais  ce  serait  oublier  que 
la  délicatesse  qu'il  commande  était  beaucoup  plus  naturelle  dans  la 
société  ultra-policée  de  la  fin  du  xviii^  siècle  que  de  nos  jours.  Ce  que 
nous  en  montre  M.  Boubée  dans  ce  volume  est  le  tableau,  peut-être  le 
plus  saisissant,  de  la  mentalité  que  cette  délicatesse  a  pu  produire. 
C'est  là  ce  qui  intéressera  les  philosophes.  Les  historiens  y  auront  aussi 
leur  part  en  voyant  défiler  les  silhouettes  de  Ga-the,  te  Schiller,  de 
Kotzebue,  de  M^^  de  Staël,  de  U^^  Récamier,  de  M"^^  de  Krudener. 
Enfin  rien  ne  captive  davantage  l'attention  que  la  description  de 
la  Cour  de  Weimar  et  le  tableau  de  l'influence  française  sur  l'Alle- 
magne policée  de  cette  époque.  Qui  aurait  alors  parlé  de  culture  ger- 
manique eût  fait  au  moins  sourire  et  ce  fut  pourtant  l'époque  de 
Gœthe  et  de  Schiller  I  Par  l'Alsace,  par  les  femmes  d'Alsace  qui  s'ap- 
Septembre  i912.  T.  CXXV.  17. 


^  258  — 

pelaient  M^^*^  de  Rathsamhausen,  M^^*^  de  Berckeimet  ses  filles,  etc.,  etc. 
la  civilisation  française  pc'nOtrait  l'Allemagne  et  l'Allemagne  s'en 
trouvait  bien.  Aujourd'hui  le  courant  a  changé  :  ce  n'est  plus  -la 
civilisation  française  qui  tend  à  imprégner  l'Allemagre.  Le  suaire 
de  la  barbarie  allemande  flotte  comme  une  menace  au-dessus. de 
l'Alsace,  au-dessus  do  la  France,  au-dessus  du  monde  latin.  11  appar- 
tient à  la  France  d'en  préserver  le  monde  et  de  trouver  dans  son 
génie  et  dans  ses  armes  la  force  nécessaire  pour  conjurer  une  catas- 
trophe analogue  à  celle  qui,  jadis,  a  frappé  le  monde  romain.    . 

EUGÈISE     GODEFROY. 


J.-P.  Bbissot.  Copreupoiidaiice  et  iiapieirs,  précédés  d'un  Avertis-, 
sèment  et  d'une  notice  fur  sa  vie  par  Cl.  Perroud.  Paris,  Picard  ot  lils^ 
1912,  il, -8  de  Lxix-  'i9'2  p.  —  Prix  :  7  fr.  5i». 

Ija  Diplomatie  de  la  Gii*on>.re  Jacques- Pêcrre  Brîssot,  par 

.  H.  A.  GŒrz-B3RNSTBiN.  Paris,  Hachette,  1912,  in-8  de  xx-450p.  Prix  :  10  fr. 

M.  Perroud,  qui,  depuis  plusieurs  années,  étudie  à  fend  les  perse n- 
nages  marquants  du  parti  girondin  sous  la  Révoluticn,  fait  poser 
devant  nous,  après  M"^*^  Roland,  J.-P.  Brissot.  11  a  piblié  en  1911 
une  édition  critique  des  Mémoires  dits  de  Brissot,  qu'il  faudrait 
qualifier  Mémoires  sur  Brissot,  puisqu'ils  sont  une  œuvre  rédigée 
après  coup  par  Montrol  d'après  des  imprimés  du  temps  et  des  rensei- 
gnements fournis  par  la  famille.  Aujourd'hui,  il  nous  offre  246  pièces, 
intégralement  citées  ou  analysées,  émanent  authentiqùement  de 
Brissot  (dont  71  déjà  éditées  çà  et  là),  l'ne  notice  biographique 
substantielle  sert  de  préface  à  ce  recueil.  Elle  rappelle  dans  ses  prin- 
cipaux traits  la  carrière  du  futur  chef  dé  la  Gironde,  si  agitée  même 
avant  la  Révolution,  les  «  années  de  bohème  »  qui  i  nt  précédé  les 
années  tragiques,  les  relations  du  voyageur,  du  publiciste  et  de 
l'homme  de  lettres  avec  le  mcnde  anglo-américain,  la  Société  des 
Amis  des  Noirs,  avec  Mirabeau;  elle  nous  éclaire  sur  ses  entours 
et  sa  vie  de  famille.  De  nombreux  détails,  soigneusement  étabhs, 
servent  à  faire  connaître  moins  scn  œuvre  de  politicien  que  ses  idées 
et  s  n  caractère. 

—  C'est  scn  rôle  et  celui  des  principaux  Gircneins  dans  la  cca- 
duite  des  affaires  extérieures  de  la  France  que,  presque  en  même 
temps,  M.  Gœtz-Bernstein  a  étudiés. L'auteur  est  d'origine  étren- 
gère,  mais  son  livre  n'en  est  pas  moins  une  thèse  soutenue  devant 
l'Université  de  Paris.  Sa  bibliographie  est  riche,  avec  des  lacunes 
inexplicables.  Pourquoi  n'y  trouve-t-cn  ni  la  Légende  des  Girondins', 
d'Edmond  Biré,  ni,  chose  plus  extraordinaire,  les  Girondins,  de 
Lamartine?  Pourquoi  paraître  ignorer  Jean- Pierre  Brissot  dt masqué, 
de  Camille  D»^smoulins,  et  citer  comme  m\^ovii}.p.i^'V'H'istoire  socia- 
liste de  M.  Jaurès,  en  la  déclarant  quînd  même  «  œuvre  politique 


-259  — 

plutôt  qu "historique  »  ?  En  revt.nche,  M.  Gatz-Iitinstein  a  dé- 
pouillé les  documents  de  nos  Archives  nationales,  en  les  confrcntant 
avec  ceux  des  Archives  d'État  de  Prusse  et  (  n  utilisant  la  correspon- 
dance du  «  KonimJssic  nsrat  »  le  juif  Fphraïm,  émissaire  de  Frédéric- 
Guillaume  II  en  Frtnce.  Le  portrait  de  ce  singulier  perse nnage  (p. 
272)  paraît  exact  et  tracé  d'i  m;  main  impartiale. 

Quant  au  fond,  l'auteur  semble  avoir  caractérisé  comme  il  con- 
vient la  pohtique  de  propagande  exagérée,  imprévoyante,  chimé- 
rique, préconisée  par  la  Gironde  et  finalement  enveloppée  dans  la 
banqueroute  et  la  ruine  du  parti.  11  a  bim  jugé  en  Brissot  l'homme 
et  son  oeuvre.  Il  met  particuhèrement  en  relief  ses  discours  de  1791- 
1792.  aux  jacobins  et  à  l'yVssemblée  législative,  sa  lutte  de  tribune 
avec  Robespierre,  qui  se  trouva  dans  la  circonstance  représenter  le 
bon  sens  et  la  politique  nationale.  Là  et  ailleurs,  il  a  comparé  avec 
succès  les  deux  systèmes  que  la  diplomatie  révolutionnaire  a  succes- 
sivement pratiqués.  Il  conclut  m  attribuant  de  «  nobles  aspira- 
tions »  aux  Gir(  nains,  mais  il  les  traite  de  «  pohtiques  neurasthé- 
niques »  au  dehors  comme  au  dedans,  qui  ne  méritent  de  Ihistoire 
qu'  «  une  larme,  de  pitié  ». 

Dans  une  lettre  à  Dumouriez  (28  novembre  1792),  révélée  par 
M.  Perroud,  Brissot  s'est  trahi  et  jugé  luimcme,  avec  ses  fojles 
ambitions  :  «Ah!  mon  cher,  qu'est-ce  qu'Albercni,  Richelieu  qu'on 
a  tant  vantés?  Qu'est-ce  que  leurs  projets  mesquins,  comparés  à  ces 
soulèvements  du  globe,  à  ces  grandes  révolutions  que  nous  sommes 
appelés  à  faire?  »  Fncore  quelques  mois  et  Brissot  et  Dumouriez  au- 
ront disparu,  l'un  sur  l'échafaud,  l'autre  dans  un  exil,  involontaire 
ou  volontaire,  de  trente  ann'es.  L.  Pingaud. 


lies  !lîoyades  de  Xautes.  par  G.  Lbnotre.  Pari-,  Pcrrin,  l'ji'2,  iii-lGrie 
318  p.,  avec  gravures.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Parmi  les  crimes  de  la  Terreur,  il  n'en  est  pas  de  plus  abominable  que 
les  Noyades  de  Nantes,  et,  dans  les  figures  de  la  Révolution,  il  n'en 
est  guère  de  plus  répugnante  que  celle  de  Carrier,  telle  qu'elle  nous  est 
donnée  au  frontispice  de  ce  livre,  figure  de  bête  de  proie,  non  pas  de 
tigre,  mais  de  chacal  et  d'hyène,  lâche  et  féroce  à  la  fois.  Car  ce  pro- 
consul devant  qui  tout  Nantes  tremblait,  tremblait  lui-même  devant 
iuneiépée,  et  à' la  bataille  de  Cholet  il  n'avait  pas  trouvé  de  monture 
assez  rapide  pour  se  dérober  au  contact  des  Vendécrs;  mais,  comme 
le  disait  Klî'ber,  après  la  victoire  il  devait  tuer.  Et  il  tua  en  effet,  et 
le  perfectionnement  de  ces  tueries,  ce  furent  les  noyades.  Nul  autre 
ne  les  avait  inventées  avant  lui.  La  première  est  du  19  novembre 
1793.  Ce  sont  des  prêtres  qui  inaugurent  le  système,  des  prêtres  bre- 
tons, enfermés  aux  Capucins  et  qu'on  en  a  retirés  pour  les  transférera 


^  260  — 

la  Sécherie.  Les  hommes  de  confiance  de  Carrier,  les  Lambcrty,  les 
Fouquet  et  leurs  dignes  acolytes  ont  préparé  une  gabarre  dans  la- 
quelle on  a  pratiqué  des  soupapes;  on  y  entasse  les  malheureux 
prisonniers,  puis  on  ouvre  la  soupape  et  la  Loire,  pénétrant  dans  la 
gabarre,  emporte  le  bateau  et  les  victimes.  Si  quelques-unes  cherchent 
à  s'échapper  en  migeant,  on  les  repousse  à  coups  de  gaffe  ou  on  les 
massacre  à  coups  de  sabre.  Et  le  lendemain  Carrier  annonce  à  la 
Convention  1'  «  événement  d'un  genre  nouveau  »  qui  a  «  diminué  le 
nombre  des  prêtres».  Le  10 décembre,  ce  sont  encore  cinquante- huit 
prêtres  d'Angers  qui  vont,  à  leur  tour,  «  boire  à  la  grande  tasse  ». 
Puis  le  14  décembre,  ce  ne  sont  plus  des  «  calotins  »,  ce  sont  des 
laïques,  et  non  pas  des  aristocrates,  mais  des  gens  du  peuple,  des 
ouvriers,  des  laboureurs,  des  paysannes,  prisonniers  au  Bouffay,  où 
ils  meurent  de  faim  et  sont  rongés  de  vermine,  qui  sont  précipités 
dans  la  «  baignoire  nationale  ».  «  Quel  torrent  révolutionnaire  que 
cette  Loire  !  »  écrit  le  proconsul.  Et  le  12  janvier  il  se  vantait  d'y  avoir 
fait  passer  déjà  deux  mille  huit  cents  prisonniers.  Et  les  noyades  se 
Succèdent;  hommes,  femmes,  enfants,  tous  y  passent;  un  jour,  il  y  a 
une  noyade  de  trois  à  quatre  oents  enfants.  Le  procédé  est  toujours  le 
même  :  les  gardes  du  corps  de  Carrier,  les  Marats,  comme  ils  s'appel- 
lent, vont  dans  les  prisons  chercher  les  victimes  —  une  fois  jusqu'à 
huit  cents,  —  on  les  lie  deux  à  deux,  on  les  jette  à  coups  de  pied  et  à 
coups  de  sabre  dans  le  bateau;  on  leur  enlève  tout  ce  qu'ils  ont,  jus- 
qu'à leurs  vêtements,  et  on  les  pousse  dans  le  fleuve.  Les  calculs  les 
plus  modérés  évaluent  le  nombre  des  noyés  à  près  de  cinq  mille. 

Y  eut-il  aussi,  comme  on  l'a  prétendu,  ce  qu'on  a  appelé  les  ma- 
riages républicains?  L'homme  éminent  qui  a  le  plus  consciencieuse- 
ment, le  plus  impartialement  étudié  l'histoire  de  la  Révolution  à 
Nantes,  M.  Alfred  Lallié,  ne  le  croit  pas.  M.  Lenotre  ne  le  croit 
pas  non  plus;  mais  il  estime  que  ce  n'est  ni  par  humanité  ni  par  pu- 
deur qu'on  s'est  abstenu  de  ce  raffinement  de  sadisme,  mais  unique- 
ment parce  que  c'eût  été  trop  long;  les  bourreaux  ne  voulaient  pas 
perdre  de  temps  :  ils  avaient  hâte  d'en  finir  pour  aller  souper  avec 
Carrier  et  lui  chanter  la  chanson  de  la  Gamelle. 

Nous  ne  pouvons  entrer  dans  les  détails;  on  les  trouvera,  précis  et 
complets,  dans  la  consciencieuse  étude  de  M.  Lenotre;  ils  sont  à 
fiiire  frémir.  «  Onn'arienvu.dansrhistoire,decomparableenhorreur  », 
disait  Napoléon  I^^  à  Sainte- Hélène,  en  parlant  de  la  dictature  de  Car- 
rier. Et  vraiment  Ion  se  demande  comment  un  peuple  civihsé  a  pu  se 
laisser  entraîner  à  de  tels  excès  et  comment  une  grande  ville  comme 
Nantes  a  supporté  sans  révolte  la  tyrannie  sanglante  et  brutale  des 
Goullu,  des  Robin  et  des  0'  Sulli\ar. 

Ajoutons  qu3  le  volume  de  M.  Lenotre  en  est  déjà  à  sa  huitième 
édition;  c'est  assez  dire  son  intérêt  et  son  succès.  !   '■ 

Max.    de   la   Rocueterie.    ■   i 


—  20 1  _ 

liw  R^volulion  à  Poitiers  et  dans  la  %'ienne,  par  le  marquis 
DE  Koux.  Pari<,  Nouvelle  Librairie  natiouale,  s  d,  gr.  in-8  de  589  p.,  avtc 
6  porlrails.  —  Prix  :  7  fr.   50. 

M.  de  Roux  fait  précéder  l'étude  même  qu'il  entreprend  d'une 
étude  préalable  sur  la  situation  du  Poitou  «  à  la  fin  de  l'ancien 
régime  »;  rien  n'est  plus  logique,  rien  n'est  plus  intt'ressant.  L'inertie 
intellectuelle  des  paysans,  l'activité  des  gens  des  métiers,  parmi  la 
noblesse  l'apparition  de  l'esprit  égalitaire  malgré  la  rigueur  persis- 
tante des  distinctions  extérieures  caractérisent  l'état  social.  Pour 
l'état  religieux  trois  éléments  contribuer.t  à  le  corrompre  :  les  in- 
fluences anticatholiques  des  protestants,  encore  nombreux  dans  ces 
contrées,  l'esprit  philosophique  et  le  virus  janséniste.  L'état  poli- 
tique est  ni'diocre  :  la  vie  publique  eot  calme  df,n5  la  prov'nie,  le 
Roi  est  populaire,  les  intendants  sont  respectés,  les  récentes  assem- 
bh'es  provinciales  ont  fait  naître  quelques  espér&n3es,  mais  l'en- 
semble demeure  tern>  et  paisible.  Ainsi  s'ouvre,  saas  besoin  d'ar- 
gent, sin'.  préparation  sérieuse,  la  période  de  ccnvocaticn  des 
États  gf'n'raux  et  des  élections.  Il  y  a  plus  d'agitatim  que  de 
bcsogn?.  Nous  renvoyons  ici  aux  travaux  récents  de  M.  Couturier, 
don'  le  Polybiblion  déjà  a  rtnlu  compte.  M.  le  m  rquis  de  Roux 
dfm  ure  persrnn  1  dans  le  récit  particulier  qu'il  fait  des  événe- 
ments caractéristiques  du  mouvem^n';  électoral,  la  révolution  muni- 
cipale de  Poitiers,  la  formatien  départem  ntale,  les  administra- 
tiens  élues,  les  clubs  locaux,  les  fédérations  poitevines  et  comment 
elles  amènent  la  Ctmquête  jacob'n^  du  pays  troublé,  excité,  ahuri. 

Toute  la  questien  religieuse  est  mise  en  lumière,  triste  lumière, 
dans  le  récit  de  la  sécularisation  des  biens  d'Éghse,  de  leur  mise  en 
vonte,  de  leur  pillage,  dans  l'exposé  des  applications  locales  de  la 
Constitution  civile.  Ces  deux  chapitres  (p.  328;  p.  358)  offrent  un 
puissant  intérêt,  et  si  la  multiplicité  de  leurs  détails  ne  permet  pas 
d'en  produire  ici  toutes  les  recherches,  il  cen.ient  de  les  indiques 
à  Tattentien  des  lecteurs.  Ceux-ci  trouvère  n'  aussi  une  vive  satis- 
faction è  suivre  la  rébistanoe  des  braves  gens  aux  nouveautés  scan- 
daleuses, la  «  coalition  du  Poitou  »,  pour  parler  le  langage  du 
temps,  s'efforçant  de  défendre  les  coutumes  du  royaume  et  de 
soutenir  la  Royauté  en  péril.  Avec  quelques  renseignements  sur 
l'émigratien  poitevine,  la  crise  économique,  les  réfractaires,  l'intru- 
sion de  l'Éghse  constitutionnelle,  les  éni  utes,  nous  arrivons  à  la 
crise  révolutionnaire  victorieuse  du  10  août.  Ici  s'arrête  in  labo- 
rieux et  minutieux  travail  qui  mérite,  à  tous  égards,  d'être  loué  par 
les  lecteurs  et  continué  par  l'auteur.  Les  portraits  dont  il  a  illustré 
son  texte,  les  références  précises  qu'il  produit,  les  sources  vérifiées  et 
nombreuses  qu'il  inlique  avec  méthode,  un  Index  alphabétique  très 


—  202  — 

circonstancié  qu'il  ajoute,  sont  des  qualités  heureuses  de  forme  qui 
soutionn  nt  bim  l'utilité  d'un  livre  mc.n'rant  jusqu'à  révidence  ce 
que  fut  dcn-  li  no  de  nos  meilleures  provinces  le  triomphe  dévasta- 
teur de  la  Révoluticn.  Geoffroy  de  Grandmaisgn. 


IjOS  Grands  IVaitc»»  palitil|Ue«(.  Recueil  des  principnix  lext-.s  diplo- 
m  t(t(jies  depuis  1815  JHsq.i  à ',o>  jours,  avec  des  Comneataipes  et  des  notes 
par  PiEiiRE  Albin.  Pari?,  Alcaii,  1911,  iii-8  de  xi-o70  p.  —  Prix  :  10  fr. 

Le  volume  de  M.  Pierre  Albin  diffère  des  autres  ouvrages  publiés 
dans  la  «  Bibliothèque  d'histoire  contemporaine  »  en  ce  sens  qu'il  est 
exclusivement  un  recueil  de  documents,  et  non  pas  (comme  ceux 
qu'a  si  patiemment  et  si  méthodiquement  groupés  M.  Henri  Cordier 
dans  ses  livres  sur  la  Chine)  de  documents  relatifs  à  un  même  sujet, 
mais  de  documents  touchant  à  une  foule  de  sujets  différents  et  n'ayant 
entre  eux  qu'un  seul  trait  de  ressemblance,  celui  d'être  des  textes 
diplomatiques.  Peut-il  d'ailleurs  en  être  autrement  quand  il  s'agit 
de  réunir  dans, un  seul  volume  les  principaux  documents  diploma- 
tiques ayant  vu  le  jour  depuis  et  y  compris  les  traités  de- Vienne 
jusqu'en  1909  et  1910.  et  des  documents  relatifs  aux  différents  pays 
du  monde?  Évidemment  non.  Aussi  aurait-on  mauvaise  grâce  à 
critiquer  M.  Pierre  Albin  sur  ce  point;  mieux  vaut  le  féliciter,  semblte- 
t-il,  d'avoir  eu  lide'e  de  constituer  ce  recueil  de  textes,  qui  rendra 
les  plus  grands  services  au  diplomate  et  à  l'historien,  de  l'avoir  classé 
rigoureusement  et  de  l'avoir  pourvu  de  bonnes  tables,  de  l'avoir  aussi 
accompagné  de  commentaires  et  de  notes.  Mais,  quelque  soin  qu'il 
ait  apporté  à  sa  tâche,  M.  Albin  a  laissé  échapper  quelques  fautes  de 
français  (.çouwi^  au  lieu  de  soumises,  p.  98,  ligne  7)  ou  encore  quelques 
fautes  d'impression  {rectifié  pour  ratifié,  à  la  p.  168)  ou  bien  encore 
il  a  omis  quelques  explications  indispensables  (au  sujet  du  traité  du 
21  novembre  1855,  par  exemple,  à  la  p.  113;  à  propos  de  l'article  de 
M.  Piccioni  incomplètement  cité  à  la  note  1  de  la  p.  375);  il  a  eu  tort,'  à 
propos  de  Cuba,  à  la  page  517,  de  ne  pas  renvoyer  à  l'excellent  travail 
de  M.  A.  Viall&t,  paru  dans  ses  Etudes  d'histoire  diplomatique  amé- 
ricaine, sur  les  origineS'  de  l'intervention  américaine  à  Cuba,  et  sur  les 
préliminaires  du  traité  de  Paris  du  10  décembre  1898.  Mais  ce  ne  sont 
là  que  vétille.s  facilement  réparables  et  dont  la  constatation  ne  retire 
guère  au  mérite  de  M.  Albin.  Fc'licitons  donc  ce  travailleur,  et  de 
tout  cœur,  d'avoir,  par  ce  nouvel  ouvrage,  contribué  à  préciser  la 
connaissance  de  l'histoire  contemporaine  et  à  vulgariser  des  textes 
dont  on  parle  beaucoup,  mais  que  l'on  ne  s'avise  guère  d'aller  chercher 
dans  des  reciieils  spéciaux  auxquels,  peut-êtr«,  M.  Albin  eût  bien  fait 
de  renvoyer  les  esprits  curieux  et  désireux  d'approfondir  tel  ou  tel 
point  effleuré  dans  les  Grands  Traités  politiques.  H,  F. 


—  263  — 

Lia  m  eu  11  M  ix»  et  ses  coprcspinnlants  iii«^onuuM,  par  Ad.  Roussel. 
Pari -5,  T.'qiii.  1912   in  12  de  vni-4o6  p.  —  Prix  :  4  fr. 

La  correspondanre  de  Lamennais  forme  une  sorte  d'autobiograplib 
et  bien  certainement  qu'on  ne  le  connaîtra  jamais  mieux  que  par  ses 
lettres.  11  faut  donc  applaudir  à  toute  publication  analogue  à  cello- 
CL  M.  Roussel  s'est,  depuis  de  longues  années,  attaché  à  produire 
des  renseignements,  des  documents  sur  l'auteur  des  Pd^oles  d'un 
croyant^  il  réunit  dans  ce  volume  des  textes  importants  :  sa  corres- 
pondance avec  six  personnes  de  notoriété  diverse  et  de  renommée 
inégale;  cette  diversité  même  a  un  mérite.  Ces  lettres  ont  paru  dans 
des  Revues,  or  éparses  en  des  «  Mélanges  -;  le  lecieur  les  retrouvera 
ici  réunies  en  un  volume.  Elles  sont  prélevées  dans  la  riche  coHeo- 
tioa  de  800  lettres  autographes  que  possède  M.  Roussel. 

Il  suffira  d'indiquer  le  nom  et  la  qualité  des  correspondants,  les 
années  où  s'échangèrent  les  missives  :  M.  d^-sSaudrais,  l'onclt;  de  Féli, , 
qui  écrit  de  1806  à  1807,  et  des  lettres  de  Lamennais  en  personne 
(1808  à  1815);  M.  Querret,  professeur  de  mathématiques,  pour  les 
années  1811  à  1815;  Tabbé  Caron  (né  en  1792,  de  dix  ans  plus  jeune 
que  Lamennais,  il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  son  qua^i  homonyme 
le  célèbre  abbé  Carron  qui  fut  l'un  des  inspirateurs  de  la  vocation  de 
l'auteur  de  l^'^^ai);  les  lettres  échangées  vont  de  1825  à  1831,  c'est 
au  plein  de  la  prospérité  et  de  l'activité  de  l'école  de  la  Chênaie  où  se 
rendit  le  jeune  eccl-siastique;  également,  les  lettres  rapportées  de 
Dom  Guéranger  (alors  «  l'abbé  »  Guéranger)  datent  (1829-1832)  des 
heures  d'agitation;  elles  montrent  quelle  déférence  le  prochain  restau- 
rateur de  Solesmes  portait  à  l'abbé  Féli  avant  sa  chute. 

L'abbé  Vuarin,  curé  de  Genève,  était,  lui  aussi,  tenu  en  haute 
estime  par  les  plus  intelligents  et  les  plus  zélés  catholiques  de  son 
temps;  à  ce  titre,  champion  intrépide  de  l'Eglise  romaine  au  milieu 
des  protestants  suisses,  il  reçut  sous  son  toit  Lamennais,  se  rendant 
pour  la  première  fois  à  Rome,  et  l'y  accompagna  (1824);  il  eut 
Sur  son  compagnon  une  heureuse  influence,  qui  s'atténua  quand, 
après  l'Encyclique  Mirari  vos,  le  fondateur  de  l'Avenir  coupa  les 
liens  avec  ses  vrais  amis.  M.  Roussel  a  accompagné  de  «  Notes  » 
spéciales  ces  dernières  correspondances,  de  beaucoup  les  plus  nom- 
breuses. Elles  se  terminent  par  des  lettres  plus  intimes,  familiales, 
et  famiUères,  avec  son  cousin  M.  de  la  Mlléon  ;  ici  les  dates 
extrêmes  vont  de  1846  à  1853;  c'est  à  la  veille  presque  de  la  mort, 
elles  gardent  une  tournure  attristée,  non  sans  aigreur,  sous  le  voile 
de  la  mélancolie.  G.  de  G. 


—  164  — 

IiOui»-!Va|»oléou  ttoiinparte  et  le  ministère  Odilon  llarrot^ 
fl^AO.  par  André  Lbbby.  Parie,  GorQély,  1912,  gr.  iu-8  de  xa-719  p.  — 
Prix  :  12  if. 

Dans  ce  très  gros  volume  de  plus  de  700  pages  très  compactes, 
réunies  sous  une  couverture  rouge  vif  qui  porte  le  terrible  dessin  de 
la  hache  révolutionnaire,  on  doit  reconiaitre  thez  l'autour  un  grand 
travail  de  préparation  comme  l'indiquent  l'abondance  des  notes  et 
la  précision  dos  référonoes.  C'est  toute  l'année   1849  qu'il  étudie, 
époque  des  débuts  de  la  présidence  de  Louis-Napoléon,  moment  de 
transition  entre  le  triomphe  de  la  République  et  le  prochain  avène- 
ment de  l'Empire.  A  l'intérieur,  l'action  révolutionnaire  caractérisée 
par  le  procès  de  Bourges  et  l'émeute  du  13  juin,  où  Ledru-Rollin  joua 
le  rôle    elTaré     que    l'on    sait;  à  l'extérieur,  l'action  contre-révolu- 
tionnaire manifestée  par  l'expédition  de  Rome  grâce  à  laquelle  notre 
armée  délivra  la  Ville    éternelle  des  malandrins  et  des  assassins  qui 
l'opprimaient.  Iri,  M.  Lebey,très  admirateur  de  la  République  romaine 
et  de  Mazzini,  trouvant  des  explications  justificatives  même  au  meurtre 
de  Rossi  (p.  277),accumule  sur  l'Église  des  erreurs  matérielles,  avec  une 
parfaite  ignorance  de  son  histoire,  de  sa  doctrine  et  de  ses  lois  :  par 
exemple  lorsqu'il  compare  la  messe  des  fêtes  catholiques  aux  céré- 
monies des  Chinois.  Le  récit  qu'il  donne  de  la  mystérieuse  mission  de 
Lesseps  est  très  documenté  et  curieux;  il  loue  vivement  un  rôle  qui 
fut  suspect  à  tout  le  monde;  mais  là  comme  ailleurs,  il  préfère  «  la 
fraternité  internationale  au  patriotisme  »  (p.  419).  —  Nous  regret- 
tons l'absence  d'une  table  alphabétique  à  la  fin  d'un  gros  livre  qui 
nécessitait,  plus  qu'un  autre,  ce  moyen  de  retrouver  tant  de  noms 
épars  et  de  faits  cités.  Nous  ne  discuterons  pas  les  opinions  —  très 
sincères  évidemment  —   de  l'auteur  qui  date  son  travail  de  «   floréal, 
an  119  »;  si  jamais  il  s'avise  de  dire  que  ses  adversaires  radotent,  il 
sera  mal  venu  à  le  leur  faire  remarquer.  G. 


Treis  Kéaeateurs  alHaclent*,  par  Mxuricb  Bloch.  Paris,  Hachette, 

1911,  in-l6de  yin-240  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  livre,  écrit,  croyons-nous,  par  un  israélite,  contient  l'éloge  de 
trois  Alsaciens  protestants,  un  éducateur  populaire,  Joseph  Wilmm, 
un  éducateur  de  jeunes  filles,  plus  connu  d'ailleurs  à  d'autres  titres,. 
Jean  Macé,  enfin  un  éducateur  par  la  presse,  c'est  l'auteur  qui  le 
qualifie  ainsi,  Auguste  Nefftzer,  fondateur  du  journal  le  Temps',  c'est 
donc,  en  trois  chapitres,  d'ailleurs  finement  écrits  et  non  dénués 
d'intérêt,  l'apologie  de  l'éducation  protestante,  que  l'histoire  et  l'ex- 
périence ne  nous  permettent  pas  de  confondre  avec  l'éducation  vrai- 
ment française.  Le  premier  de  ces  éducateurs,  Joseph  Wilmm,  simple 
instituteur  d'abord,   puis  professeur  dans  un  gjTiinase  protestant,. 


—  205  — 

enfin  inspecteur  d'Académie,  m'appuraît  le  plus  synipathique  des 
trois.  C'était  un  brave  h<Hurue,  éducaleuj'  JiabiJe  et  pleiji  de  bon  sens, 
qui  ne  s'était  pas  laissé  prendre  aux  formules  a  gratuites,  obligatoires 
et  laïques  >■,  qui  sont  devenues  les  masques  de  renseignement  anti- 
chrétien, et  il  lit  toujours  à  la  religion  sa  part  nécessaire  dans  l'ensei- 
gnement; il  n'aurait  pas  accepté,  du  moins  je  le  pense,  de  prendre 
place  parmi  les  prescripteurs  enragés  de  l'idée  chrétienne,  et  se 
distingue  par  là  de  nos  petits  éducateurs  d'aujourd'hui.  M.  Bloch 
fait  une  bonne  analyse  de  son  œuvre  et  un  intéressant  résumé  de 
sa  vie.  Ce  fut  en  somme  un  bon  éducateur  protestant. 

Il  n'en  est  pas  de  même  de  Jean  Macé,  le  fondateur  de  cette  Ligue 
de  l'enseignement,  qui,  baptisée  neutre  à  sa  naissance,  est  devenue 
le  grand  instrument  de  combat  contre  l'enseignement  chrétien.  Mais 
M.  Bloch  ne  nous  parle  guère  de  ce  Macé  militant  des  dernières  années  : 
le  Macé  qu'il  ncjus  raconte,  c'est  surtout  l'éducateur  de  jeunes  filles, 
qui  montra,  à  l'é-cole  de  Petit-Château,  en  yVlsace,  de  réelles  quali- 
tés d'éducateur  et  de  professeur.  Plusieurs  citations  de  lui  montrent 
qu'il  n'était  pas  alors  l'ennemi  du  bon  Dieu.  Sa  ligue  fameuse  a  de- 
puis longtemps  cessé  d'exploiter  cette  part,  la  meilleure,  de  son  héri- 
tage. Malgré  tout,  il  y  aurait  bien  des  réserves  à  faire  sur  cette  seconde 
notice. 

Mais  la  moins  bonne  et  la  plus  contestable,  modérée  de  forme  d'ail- 
leurs, c'est  la  notice  sur  Nefftzer,  celui  qui  obtenait  l'autorisation  de 
fonder  le  Temps,  à  l'époque  même  où  Ton  refusait  obstinément  à 
Louis  Veuillot  de  faire-  reparaître  l'Univers  supprimé.  D'où  je  conclu» 
que  l'Empire  jugeait  moins  redoutable  pour  lui  l'opposition  du  pro- 
testant Nefftzer  que  celle  du  catholique  Veuillot.  A  l'éloge  de  Ne  ftzer, 
qui  d'ailleurs  fut  un  journaliste  fort  habile,  l'auteur  mêle  celui  de 
nombre  do  sectaires  qui  gravitaient  dans  l'orbite  du  Temps  même 
do  Floquet,  même  de  défunt  Brisson  (Henri);  ainsi  le  livre  finit 
beaucoup   moins  bien    qu'il   n'avait   commencé.  P.  Talon. 


L'Ecole  priitiiiireen  France  ssaM  la  troisième  République, 

par  JosBPH  Vaujany.  Paris,  Perrin,  l'Jl2,  in-ie  de  viii-3.5o  p.—  Prix  :  j  fr.  !J0  . 

\;  Ceci  n'est  pas  un  livre  de  combat,  mais  plutôt  une  histoire  critique 
de  l'école  sous  la  troisième  République  :  c'est  l'œuvre  moins  d'un 
polémiste  que  d'un  historien  et  d'un  philosophe. 

Il  se  divise  en  trois  parties.  La  première  :  Les  Lois  fondamentales, 
c'est  le  résumé  des  discussions  qui  ont  préparé,  sous  Jules  Ferry,  la 
nouvelle  organisation  de  l'enseignement  primaire,  gratuit,  obliga- 
toire et  surtout  laïque,  avec,  pour  caractère,  une  stricte  neutralité,  et 
à  la  base,  la  vieille  morale  de  nos  pères.  L'auteur  rapporte  les  argu- 


—  266  - 

ments  pour  et  les  arguments  contre,  qu'on  fit  valoir  de  part  et  d'au- 
tre pour  légitimer  ou  pour  empêcher  cette  réforme,  et  précise  les 
théories  philosophiques  sur  lesquelles  repose  l'entreprise  de  Jules 
Ferry  et  de  Paul  Bert,  qui  semblent  s'être  faits,  consciemment  ou 
non,  les  instruments  du  protestantisme  libéral.  Le  but  non  avoué, 
mais  certain,  c'est  moi  qui  le  note  et  non  pas  l'auteur  beaucoup  moins 
affirmatif  et  plus  discret,  c'était  de  décatholiciser  la  France. 

La  seconde  partie  :  L'Ecole  nouvelle,  ^o\x%  montre  l'école  officielle 
renonçant  de  plus  en  plus  à  la  neutralité  pour  devenir  l'instrument 
d'une  doctrine  d'État,  et  tendant  de  toutes  ses  forces  à  l'établisse- 
ment, plus  ou  moins  avoué,  du  monopole  sur  les  ruines  de  la  liberté 
d'enseignement,  dont,  plus  ou  moins  sincèrement,  les  promoteurs  de 
l'école  laïque  avaient  affirmé  le  respect  et  l'intangibilité.  Cette  partie 
se  termine  sur  un  chapitre  où  l'auteur  précise  la  conception  nouvelle 
de  l'éducation  et  montre  les  efforts  faits  en  tous  sens  pour  l'établis- 
sement d'une  morale  nouvelle,  dont  les  bases  restent  encore  à  trouver. 

La  troisième  partie  :  L Évolution  de  l'école,  n'est  que  la  continua- 
tion de  la  précédente,  où  s'affirment  à  la  fois  l'instabilité  des  idées 
nouvelles  et  l'entêtement  passionné  dans  la  poursuite  d'une  œuvre 
de  combat.  Et  le  conflit  en  résulte,  grave  ou  pour  mieux  dire  irréduc- 
tible, entre  l'Église  catholique  et  la  troisième  République,  sur  un 
terrain  où  l'entente  n'est  pas  possible,  car  ni  le  droit  ne  peut  céder, 
ni  la  passion  ne  veut  reculer.  Les  dernières  pages  sont  consacrées 
aux  droits  et  devoirs  des  catholiques  dans  l'enseignement.  «  La  ques- 
tion de  l'enseignement,  conclut  l'auteur,  est  la  plus  importante  pour 
les  catholiques.  C'est  par  là  qu'on  les  opprime,  c'est  par  là  qu'ils 
s'affranchiront.  » 

Livre  bien  fait,  ou  plutôt  composé  d'une  série  de  chapitres  bien 
faits,  dont  la  suite  ne  me  semble  pas  atteindre  la  solide  unité  et 
l'enchaînement  logique  qu'on  réclame  d'un  vrai  livre. Ne  serait-ce  pas 
plutôt  un  simple  recueil  d'articles?  Il  sera  lu  avec  intérêt,  utilement 
consulté  :  le  ton  modéré  volontairement  n'est  plus  peut-être  à  l'unis- 
son de  notre  époque  de  combat. Est-ce  un  défaut,  est-ce  une  qua'ité? 
Les  lecteurs  en  restent  juges.  P.  Talon. 

i-<'Éfofe  priina're  contemporaine  (t9l>0-10l  I  ).    liaieisuie 

el  syii«lîralii«me,  par  Jban  M.axk.  Paris,  No'ivelle  Librairi  ■  iialioiiale. 
1911."iM-l«  de  Xii-2-r5  p.  —  Prix:  3  fr.  50. 

Le  livre  de  M.  .Jean  Maxe  complète  très  heureusement  les  travaux 
déjà  n  )mbreux  qu'ont  provoqués,  dans  notre  pays,  le  dévouement 
à  la  vérité  religieuse  et  la  passion  pour  la  vérité  historique.  M.  Jean 
Maxe  s'est  imposé  la  tâche  spéciale  de  raconter  les  transformations 
subies  par  léGole  primaire  depuis  l'affaire  Dreyfus.  Cette  «  affaire  » 


—  267  — 

a,  on  peut  le  dire,  empoisonn  ''  l'école.  L6  livre  de  M.  Jean  Maxe  fait, 
défiler  devant  nous  les  sophismes,  les  mensonges  et  les  impiétés  qui, 
depuis  quinze  ans,  roulent  d'école' (n  école  à  travers  la  France.  11 
fallait  saisir  et  tracer  la  synthèse  des  opinions  que  l'instituteur  et 
l'irstitutrice  tâchent  d'inculquer  aux  Français  de  demain.  Plusieurs 
procès  retentissants  ont  fait  connaître  les  principales  extravagances 
de  l'enseignement  officiel;  mais,  jusqu'ici,  le  plan  d'ensemble,  auquel 
obéit  la  secte,  échappait  au  public.  M.  Jean  Maxe  nous  initie  à  la 
pensée  qui  dirige  les  meneurs.  Son  livre  est  l'œuvre  d'un  hisforien 
très  inform".  Une  documentation  aussi  touffue  qu'impeccable 
soulion3  ses  affirmations.  Grâce  à  M.  Jean  Maxe,  nous  voyons  clair 
dans  la  caverne  où  opèrent  1»  s  chefs.  Que  veut  la  secte?  Détruire 
l'Fglise  d'abord,  puis  la  patrie.  Les  frontières  supprimées,  on  abolira 
l'armée  et,  enHn,  1  Etat.  Ainsi  désarmée,  la  France  deviendra  la 
proie  du  collectivisme  et  le  butin  de  la  Confédération  générale  du 
travail  qui  régira  les  destin''es  de  la  patrie.  Tel  est  le  but  avoué. 
La  France  se  laissera-t-elle  détruire?  Notre  conviction  ferme  est  que, 
malgré  le  concours  de  l'école  officielle,  la  conjuration  avortera. 

0.  H. 


Ixa  Tradition  religieuse  et  ua1ioii»le.  A^'.ix  Catitoliqiiesde 
d2oit«,  par  Doai  Bessk. Paris  et  Lille,  ûjsclee,  de  Brouwer,  ^911,  in-12 
de  3'.8  ().  —  Prix  :  3  fr.  30. 

Ijrt  Trattitiou  religieuse  et  nationale.  lie  Catiiolicitsine 
libérai,  par  le  luème.  Lille  et  Paris,  Des;lée,  de  Brouwer,  1911,  in-12  de 
2'Ji  p    —  Prix  :  3  fr.  5'"i. 

Ces  deux  volumes  font  partie  d'une  colleotionquepubliel' Association 
de  Saint-Rémy,  de  Mont- Notre-Dame  (Aisne)  et  qui  a  pris  pour 
titre  gén''ral  :  La  Tradition  religieuse  et  nationale. 

Le  premier  est  un  recueil  d'articles,  parus  à  la  Gazette  de  France, 
de  septembre  1906  à  octobre  1907,  et  dirigés  presque  tous  contre  les 
catholiques  de  gauche.  L'auteur  ne  ménage  pas  le  hbérahsme,  le 
modernisme,  le.  laïcisme  dans  l'Eglise,  la  démocratie,  la  république 
en  France;  il  les  poursuit  d'in  hostilité  inlassable  et,  je  dirai 
presque,  tranquille,  tant  l'assurance  de  ses  convictions  est  absolue. 
Mais,  avec  une  justesse  d'esprit  et  un  hbéralisme,  au  bon  sens  du 
mot,  don':  les  catholiques  de  l'autre  camp  n'ont  pas  toujours  donné 
l'exemple,  il  déconseille  de  con''ondre  1  action  religieuse  et  l'action 
politique,  il  ne  souhaite  pas  que  le  clergé,  dans  l'exercice  de  ses 
fonctions,  se  mêle  de  prêcher  le  ralliement  à  la  Royauté.  A  travers 
ces  articles  de  polémique,  certains  lecteurs  s'arrêteront  de  préférence 
sur  quelques-uns  qui  ont  un  caractère  historique  et  sur  quelques 
belles  pages  consacrées  à  Huysmans,  artiste  de  la  douleur  chré- 
tienn3. 


—  268  — 

—  Le  second  volume  présente  une  suite  de  conférences  données, 
en  1910,  à  VInstitiU  d'Action  française.  C'est  de  Lamennais  que 
Dom  Besse  fait  dériver  le  catholicisme  libéral,  tout  en  reconnais- 
sant qu'il  n*^  fut  qu'une  étape  assczvite  dépassée  parcetâpregénies'é- 
loignant  de  l'Église.  Ce  qui  n'empêchera  pas  des  catholiques  libéraux, 
demeurés  dans  le  giron  de  l'Église,  de  her  partie,  au  cours  du 
xix^  siècle,  avec  ce  qui  restait  de  gallicanisme  et  de  faire  appel  à  la 
pression  du  pouvoir  civil  pour  empêcher  le  concile  du  Vatican  d'abou- 
tir à  des  définitions  redoutées.  L'auteur  témoigne  une  grande  sévérité 
et  impute  des  responsabilités  lourdes  à  tous  ceux  qu'il  accuse  d'avoir 
trop  de  condescendance  pour  les  erreurs  en  vogue  et  de  ne  professer 
qu'un  catholicisme  diminué.  Je  ne  citerai  pas  de  noms  propres;  je 
n'entrerai  pas  dans  des  querelles  rétrospectives,  qui  si  facilement 
aigrissent.  Ceux-là  ne  me  semblent  pas  d'inutiles  serviteurs  de  l'Église 
qui  cherchent  à  diminuer  les  obstacles  souvent  factices  qui  séparent 
d'elle  bon  nombre  d'âmes  contemporaines  et  qui  redoutent  de  les 
rebuter.  Mais  tous  les  catholiques  n'ont  pas  le  même  tempérament 
ni  la  même  mission;  et  il  est  bon  aussi  que  des  voix  fermes  s'élèvent 
pour  affirmer  le  catholicisme  intégral. 

Baron   Angot   des   Rotours. 


L.r8  Églises  clirétirniiea  au  anatin  du  JLJL^  siècle^  par  Eugène 
FiiTrKR.  Paris,  Perrin,  1912,  in-16 '.le  1«9  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Protestant,  mais  se  déclarant  «  étranger  à  tout  sentiment  hostile 
à  l'Église  catholique  »,  M.  E.  Ritter,  professeur  honoraire  à  lUni- 
versité  de  Genève,  réunit  en  un  volume  quelques  pensées,  fruit  de  ses 
expériences  de  septuagénaire.  Il  groupe  ses  opinions  en  matière 
religieuse  selon  cinq  rubriques  :  L'Eglise  catholique,  les  Eglises 
réformées,  les  Eglises  orientales,  l'Eglise  catholique  et  la  Science,  le 
Christianisme  et  la  Pensée  moderne. 

Alors  même  que  ses  intention?  le  rapprochent  du  catholicisme 
dans  un  mouvement  de  sympathie,  en  sen'  que  l'auteur  n'a  pas 
assez  de  points  de  contact  avec  nous  pour  pr  user  comme  mus.  Si,  par 
un  effort  qu'on  sent  douloureux,  il  arrive  à  des  con'^lusions  que 
nous  acceptons,  c'est  par  des  voies  que  nous  ne  saurions  suivre,  en 
Borte  que  c'est  presque  in  hasard  si  des  arguments  qui  no  n  >us  pa- 
raissent pas  probants  l'am^'n^nt  à  des  conséquences  justes. 

Je  me  demande  si  les  protestants  «  orthodoxes  »  n^  porteront  pas 
sur  ce  livre  le  même  jugement  que  n^us.  Malgré  tout,  i  n  homme  de 
cœur  ne  peut  pas  s'éloigner  par  trop  de  la  vérité,  même  quand  il  ne 
réussit  pas  à  y  atteindre.  On  sent  la  conscience  d'un  savant  las  de 
flotter  dans  les  perpétuels  à  peu -près  en  hsant  cette  phrase  qui  ter- 
mine le  livre  :  «  Un  temps  vie  n  Ira  où,  sur  la  terre,  tout  sera  connu, 


—  269  — 

classé,  étiqueté,  t'talé,  e.\pliqué  df.ns  des  livres  à  la  portée  de  tous, 
mais  le  cœur  aura  (  ncore  ses  secrets  et  la  foi  ses  mystères  consolants.  » 

P.     PlSANl. 

Oeutaelie  Sclirôftfafelu  dea  IX..  bis  X.VI,  Jahi  liuiiilerts, 

uus  Ilamlschrifleii  der  k.  llof- und  Saalsbibliothelv  in  Mùnchen,  heraiis- 
gegeben  von  Krfch  Pbtzkt  und  Otto  Glauning.  II.  Abteilung.  Miiielhoch- 
d-iulsche  Sclirifl  irnkmà^fr  des  XI .  bis  XIV.  JahrhunderLs.  MilUClied,  Garl  Kuhn, 
rjH,  iii  fol.  pi.  xxi-xxx,  av'c  texte.  —  Prix  :  10  fr. 

C'est  par  des  publications  ccmme  celle  de  MM.  Petzet  et  Glai  mng 
que  l'en  pourra  le  plus  utilement  ccnfribuer  à  Ihistoire  de  l'écriture 
allemande.    Nous   avons  déjà,  lors  de  l'apparition  du  premier    fas- 
cicule, signalé  la  nouveauté  et  l'utilité  de  ce  travail;  nous  avons  dit 
que  chaque  pltnche  était  accompagnée  d'i  ne  notice  sur  le  manus- 
crit auquel  elle  était  empri  ntée,  avec  1  ,'ndicatii  n  des  ouvrages  où  il 
en  est  questic  n,  d'i  m  in  nscripticn  complète  et  d'observations  paléo- 
graphiques  dï.ns   lesquelle,3  les  auteurs   si^  nal*  n'^   les   particularités 
de  chaque  écriture.  Nous  n*^  revi'ndrcns  pas  n  n  plus  sur  la  parfaite 
exécuticn  des  pknches  reproduites  dans  la  grandeur  même  de  l'ori- 
ginal. La  première  livraison  comprenait  des  textes  du  ix^  au  xi^ 
siècle.    Les  quinze  planches  de  la  seccnde  livraison  nous  donnent 
dix-sept    spécinvn?  des  écritures  du  xi^   au     xiv^   siècle.    Comme 
pour  la  première  série,  nous  avens  ici  plus  d'i  ne  fois  affaire  à  des 
manuscrits  latins  contenant  quelques  parties  germaniques  :  c'est  le 
cas    nolammont    pour  le  fra^^nvnt    du    Ruodlieb,    provenant  d'un 
maruscrit  de  Tegernsee,  du  xi®  siècle  (pi.  XVI,  A),  et  pour  la  cu- 
rieuse corresponde  noe  entre  une  dame  et  son  amant,  attribuée  au 
prêtre  Wernher    à  la  fin  du  xii®  siècle  (pi.  XVI,  B)  qui  contient 
quelques  vers  allem  nds.  C'est  aussi  le  cas  pour  le  manuscrit  des 
Carmina  burana,  auquel  est  empruntée  la  pi.  XXV,  où  se  mêlent 
si  curieusement  le  latin  et  l'alltmAnd.  Au  même  monastère  de  Bene- 
diktb?uern,    d'où    provieennn*^    (leur    nom    l'indique)  les    Carmina 
burana,  appartii  nn  nt  trois  autres  planches  de  ce  fascicule,  toutes 
du  xii^-xiii^  siècle.    Les  deux  dernières  planches  sont  empruntées 
à  oies  manuscrits  des  Nibehngen,  l'i  n  du  xii^  et  l'autre  du    xiv® 
siècle.    Un   manuscrit    du    xiii^   siècle    (pi.    XXVII),  qui  contient 
des  sermons  en  allemand,  nous  olTre  un  spécimen  curieux  d'une  écri- 
ture fno  et  même  de  provemnce  messine. 

Nous  espérons  avoir  bientôt  l'occasion  de  revenir  sur  cette  belle  et 
précieuse  pubhcation  qui  rendra  aux  germanistes,  comme  aux  paléo- 
graphes, de  précieux  services.  E.-G.  Ledos. 


—  270  — 

BULLETIJN 

KotSon  t  l'sxlit  lonneKe  de  la  vocation  sacei-dotale.  Lettre  à  im  supérieur 
de  gr  nid  séminaire,  par  Piekre  Bouvier.  Paris,  Lelhielleux,  s.  d.,  iii-12  de 
76  p.  —  Prix  :  1  fr. 

M.  Bou\ier  répond  à  deux  questions  :  l*'  L'attrait  surnaturel  et  percep- 
tible est-il  un  signe  nécessaire  pour  toute  vocation  sacerdotale?  Non.  S'il  y 
a  des  vocations  d'attrait,  il  y  en  a  d'autres  aissi.  cette  première  partie 
appelle  certains  compléments  qu'on  trou\  era  chez  le  R.F.Hurtai;d,(p.  24  sq.). 
Le  directeur  suivant  la  vocation-attrait  paraît  une  création  de  M.  Bou\  ier. 
Ce  type  simpliste  et  ignorant  n'existe  guère,  grâce  à  Dieu;  2°  Le  mot  de 
vocation  doit-il  être  réservé  e\cksi\eraent  à  l'appel  canonique?  Non.  Il 
vaut  même  mieux  continuer  à  donner  ce  nom  à  la  vocation  intime  et  à 
nommer  appel  l'acte  de  l'évêqie.  M.  Bou^ier  croit  que  cette  seconde  ques- 
tion pour  Mi  Lahitton  n'est  qu'une  question  de  mots.  Exégèse  fort  con- 
testable. Au  jugement  de  J)ien  d'autres,  M.  Lahitfon  nie  ou  minimise  à 
l'excès  la  vocation  intérieure  et  l'on  comprend,  sans  qu'il  soit  besoin  d'in- 
sister, les  critiques  que  sa  thèse  peut  susciter!  H.  Grs. 


La  Mt'ihoclc  ii*ininiunaitc«>,  par  J.  Wehblé.  Paris,   Bloud,  1911,  iu-lG  de 
63  p.    'Culleclion  Scie>ice  et  Bellgion).  —  Prix  :  0  fr.  60. 

L'ne  grande  partie  de  cet  ouvrage  tend  à  montrer  que  la  plupart  des 
objections  élevées  contre  les  idées  de  M.  Matrice  Rlondel  en  matière  d'apo- 
logétique ne  portent  pas.  Cette  discission  bien  informée,  précise,  serrée, 
est  menée  avec  un  louable  souci  de  ne  retenir  du  débat  que  les  éléments 
qui  peuvent  contribuer  à  un  exposé  doctrinal  d-e  nature  sereine  et  paci- 
fiante, c'est-à-dire  dans  le  même  esprit  qii.  avait  iijspiré  à  l'auteur  une 
étude  pénétrante  publiée  à  la  Quinzoive,  en  1904,  sous  ce  titre  :  Le  Christ 
et  la  conscience  catholique.  Si  M.  l'abbé  '\V.  h*lé  défend  aujourd'hui  ce  qu'il 
appelle  la  méthode  d'immanence,  d'un  nom  que  lui-même  juge  médio- 
crement recommandable,  ce  que  je  préférerais  appeler  tout  simplement  la 
m'thode  intérieure  ou  l'apologétique  interne,  c'est  qu'il  sent  combien  il 
S-rp'f  fâcheux  de  laproscr'rj sous  prétexte  de  réagir  contre  le  moderni-srae 
avec  lequel  elle  ne  se  confond  nullement,  et  qu'elle  a  sa  place  prépondé- 
rante dans  l'apologétique  intégrale,  et  qu'elle  paraît  bien  appropriée 
auv  besoins  de  beaucoup  de  nos  contemporains,  et  qu'elle  dispose  à  en- 
visager sans  trouble  et  comme  non  insolrbles  les  problèmes  théologiqves 
qu.e  pose  la  petitesse  de  l'Église  \isible  par  rapport  à  l'immense  foile 
huma'ne.  File  aide  h  entrevoir  par  quelles  sollicitations  variées,  et  qui  de- 
meurent parfois  comme  anonymes,  la  grâce  prévenante  du  Christ  rédemp- 
teur travaille  les  âmes  qu'il  \  eut  sauver  toutes. 

Baron  Angot  des  Rotouks. 


La  Bal  allie    ^cohiire,   los   tloeninenr  s,    los    faUs,   par  J.  Santo.    Paria, 
l'auteur,  131,  rue  de  Vtnngirar  !,  s.  {i.,in-16  de  72  p.  —  Prix  :  0  fr.  50. 

Cette  brochure  est  la  reproduction  d'une  conférence  faite  à  la  demande 
d'une  association  de  }  ères  et  de  mères  de:  famille,  par  des  documents  et 
par  des  faits,  elle  montre  ce  qu'on  nous  a  promis,  €■  q  l'on  nous  a  donné, 
co  qu-;  nous  voulons.  Co  qu'on  UjUS  a  p-icxmis,  c'est  une  loyale  neutralité 
comportant  l'enseignement  des  devoirs  en^ers  Dieu.   Ce  qu'on   nous  a 


M 


—  271  — 

doDué  trop  souvent,  c'est  un  enseignement  antireligieux,  antipatriotique  et 
même,  en  pU'S  d'un  cas,  nettement  immoral.  Et  le  résultat  a  été  l'augmen- 
tation de  la  criminalité.  Ce  que  nous  voulons,  en  attendant  mieux,  c'est  au 
moins  qu'on  respecte  nos  entants,  en  ne  leur  enseignant  rien  de  contraire 
aux  con\  ictions  chrétiennes  et  patriotiques  que  nous  avons  déposées  dans 
leur  âmo  et  dont  nous  no  so.  fîi'ivons  pas  qu'on  leur  ra  i  ;se  le  trésor.  Et  la 
concli  sion,  c'est  qi.e  nous  devons  nous  organiser  pour  surveiller  l'ensci- 
gneaient  à  l'école,  intervenir  pour  réprimer  les  abv  s  qui  s'y  commettent, 
retirer  nos  enfants  des  écoles  quand  cela  devient  nécessaire,  et  travailler 
par  to'  s  les  mo\  ens  à  amener  la  séparation  des  écoles  et  de  l'État.  Excel 
lejite  brochire  de  propagande,  tout  entière  établie  sur  des  documents  et  des 
faits  irrécus:  b'es.  peut-être  conviendrait-il  d'écarter  le  témoignage  de 
l'athé  Claraz,  à  qui  ses  frasques  récentes  ont  lait  perdre  à  nos  veux  toute 
•autorité  en  matière  de  re\endica tiens  chrétiennes.  p.  Talon. 


Les  So's  iiuniide!*,  par  R.  DuMONT.  Paris,  Larousse,  s.  d.,  in-8  de  183  p., 
avec  52  grav.  —  Prix  :  2  fr. 

(et  ouvrage  a  obtenu  le  prix  agronomique  décerné  par  la  Société  des 
agriculteurs  de  France  qui  avait  mis  au  concotus  le  sujet  suivant  :    Amé- 
li(  ration,  jertilif^ation  et  utilisation  des  terrains  hourbei  x. 
L'auteur  a  répondu  aux  conditions  du  programme  en  traitant  la  question 
-■  avec  compétence,  tant  au  point  de  vue  scientifique  qu'au  point  de  vie 
I.'*  pratique.   Il  cite  de  nombreux  exemples  de  mise  en  valeur  de  terrains 
Y  tourbeux,  tant  en  France  qu'à  l'étranger;  aussi  la  lecture  de  son  li\re  inté- 
ressera-1  elle  toutes  les  personnes  qui  s'occupent  de  questions  agricoles. 

D.  B. 

Les  Ai-bi-es  iégend:i'r38,  pir  Ernest  Van  Bruyssel.  Paris.  Hetzel,  s.  d., 
in-l&  de  316  p.,  illustré.  —  Prix  :  3  fr. 

Ce  volume  contient  plus  que  ce  que  son  titre  n'iridique.  Il  débute  par  un 
exposé  de  paléontologie  forestière,  passe  ensuite  à  un  aperçu  de  la  géo- 
graphie botanique  et  arboricole  du  globe,  puis  à  une  sorte  d'anthologie  des 
liois  sacrés  de  l'antiqu'té.  A-ec  les  arlres  hantés^  noi  s  entrons  dans  !e  \  rai 
domaine  de  la  léj-ende.  Suit  une  revue  des  faits  hisloriques  accomplis  en 
forêt  ou  auxquels  des  arbres  ont  été  mêlés,  enfin  une  description  des  arfcres 
célèbres  actuellement  existants. 

Le  tou.t  est  entremêlé  d'anetdotes,  de  récits  histcriqies  ou  h'gerdaiies  et 
d'innombrables  gravures  qui  rendent  la  lecture  d'autant  pli  s  agréable. 

IMalhevrev sèment  la  documentation  est  nulle,  pas  me  source,  pas  un 
auteur,  pas  une  référence  ne  sont  indiques.  Le  là  des  erreirs  pcssib^es. 
Signalons- en  me  On  lit.  page  28  :  «  La  plupart  des  forcis  en  France  appar- 
tiennent à  l'État...  Elles  cou\rent  environ  dix  milliers  d'hectares...»  Si 
l'auteur  eût  consulté  V Annuaire  des  eoux  et  forêts,  il  y  airait  appris  que 
l'État  français  ne  possède  guère  plus  de  un  million  d'hectares  de  forets,  scit 
le  dixième  delà  surface  boisée  totale,  deux  autres  dixièmes  étant  la  propriété 
des  communes  et  établissements  publics,  et  le  surplus  appartenant  à  des 
propriétaires  i  rivés.  C.  df.  Iùr\\an. 

L'Inceriiuiionitlisine  scîointlfique  {Scie?ices  pures  tt  lettres),  par  P.-O.  EiJK* 
MAN.    La  Haye,  Van  Stockum,  I9li,  iii-8  de  x-i-108  p.,  plu»  6!4  notes. 

11  s'agit  ici  plutôt  de  rinternationa'isme  mcnta^  de  l'i  ni\crs  civilisé  qi  e 


I 


-  272  — 

d'un  intei^iationalisme  scientifique  et  littéraire  seulement.  Tous  les  congrès 
et  sociétés  savantes  des  deux  h<^mîsphères  concernant  toutes  les  branches 
du  savoir  humain  :  sciences,  lettres,  esthétique,  philosophie,  histoire,  reli- 
j^ion,  etc.,  sont  présent('s  et  décrits  avec  indication  de  leurs  travaux.  Les 
coni^rès  eucharistiques  tenus  jusqu'à  ce  jour  ou  prévus  sont  mentionnés  en 
un  langage  que  tout  catholique  signerait.  11  est  >  rai  que  les  congrès  ou 
assemblées  des  vieux-catholiques,  des  protestants  ou  des  libres  penseurs  y 
sont  présentés  avec  non  moins  de  bienveillance.  L'oua  ragedeM.  Eijknian  est 
donc  conçu  dans  un  esprit  d'éclectisme  absolu.  En  matière  purement  scien- 
tifique, littéraire  ou  d'érudition,  cet  éclectisme  est  très  admissible;  mais 
dès  que  sont  abordées  les  matières  philosophiques  et  surtout  religieuses, 
une  telle  indifférence  n'est  plus  de  mise.  Quelles  que  soient  les  excellentes 
intentions  de  l'auteur,  il  y  a  là  un  vice  dont  il  importe  que  le  lecteur  soit 
prévenu.  Après  quoi  il  pourra  puiser  fructueusement  dans  ce  recueil  de 
recherches  techniques  et  sans  nombre.  C.  de  Kirwan. 

<%  sliidy   oT  llie  t opaf^rupliy  nlld     munlolpal  Il1*t6i*y    of  Pi'acneste, 

by  Ralph  Van  Deman  Magoffin.  Baltimore,  The  Johns  Ilopkius  Pres«, 
1908,  ia-8  de  101  p-,  avec  4  planches. 

On  sait  l'Importance  religieuse  que  Préneste  devait  à  son  célèbre  temple 
de  la  Fortune.  Préneste  était,  en  outre,  ou  plutôt  avait  été  tout  d'abord  un 
point  stratégique  de  grande  valeur,  comme  la  clef  des  communications 
entre  l'Italie  méridionale  et  le  reste  de  la  Péninsule.  C'est  pourquoi  il  fut 
occupé  de  bonne  heure,  comme  l'attestent  encore  aujourd'hui  les  restes 
considérables  de  ses  murs  cyclopéens.  M.  Van  Deman  MagofTin  étudie 
d'aJ)ord  avec  beaucoup  de  soin  l'extension  du  territoire  de  cette  cité,  tant 
au  moyen  âge  que  dans  l'antiquité.  Puis  il  relève  le  pourtour  de  ses  murailles 
aux  diverses  époques,  l'emplacenrent  de  ses  i-ortes,  ses  aqueducs  et  ses 
réservoirs,  les  limites  de  ses  temples,  ses  forums,  sa  voie  sacrée.  La  deuxième 
partie  est  consacrée  à  l'administration  de  Préneste,  d'abord  indépendante 
puis  colonie.  Une  liste  des  magistrats  de  Préneste  complète  cette  utile  con- 
tribution à  un  sujet  qui  a  déjà  inspiré  tant  de  recherches.  A.  B. 

L.a  li^ste    des   vlc-times    du    ti-ibunal    i-évoliitionnsilre   à    Pai-ls  [par 

Rathelot].  Paris,  A.  Picard  ei  fils,  1^11,  in-8  de  I9'i  p.  —  Prix  :  5  fr. 

La  librairie  Picard  a  eu  l'heureuse  idée  de  publier  la  liste  des  victimes 
du  tribunal  révolutionnaire  à  Paris.  La  plupart  des  actes  de  décès  de  cette 
péii  >de  avaient  été  brûlés  dans  les  incendies  de  4871.  Le  gr.  fficr-chef  de 
l'état  civil  au  Palais  de  justice,  M.  Rathelot,  les  a  reconstitués  et  rangés 
par  ordre  alphabétique.  Le  volume  aujourd'hui  publié  les  classe  par  exécu- 
tions dans  leur  ordre  chronologique,  en  accompagnant  chaquenomdequel- 
ques  renseignements  essentiels.  La  liste  est  suivie  d'un  relevé  des  exécutions 
par  journée  et  d'un  répertoire  alphabétique  permettant  de  retrouver  chaque 
nom  à  sa  date. 

Le  tra^  ail  est  singulièrement  instructif;  on  voit  le  nombre  des  exécutions 
grandir  de  jour  en  jour  jusqu'à  la  chute  de  Robespierre;  les  premières 
comptent  3,  4,  5  victimes;  on  arrive  à  la  fin  à  des  fournées  de  50,  60,  7i)  guil- 
lotinés. Tous  les  rangs,  toutes  les  classes,  tous  les  âges  sont  mêlés;  tous  sont 
égaux  devant  le  rasoir  national.  Le  chilîre  total  s'élève  à  27*94,  y  compris 
le  Roi. 

Le  volume  se  termine  par  la  reproduction  des  actes  de  décès  de  Louis  XVI 
et  du  jeune  Louis  XVII.  Max.  de  la  Rocheterie. 


\i 


—  273  — 

Un  Soldat  de  l«i  premtèi-e  République.  L.'Aniiral  Bruey»   par  GasTON- 
E.  Brochb.  Avignon,  irap.  Roche  et  RuUière,  1911,  in-8  de  32  p. 

La  conférence  reproduite  dans  cette  intéressante  brochure  pose  et 
prétend  résoudre  une  question  d'histoire  qui,  quoique  vieille  de  plus  d'un 
siècle,  n'eu  est  pas  moins  d'un  vif  intérêt. 

L'amiral  Brueys  obéissuit-il  à  un  ordre  de  Bonaparte  en  restant  à  Ahoukir 
pour  y  attendre  l'attaque  des  Anglais,  ce  qui  fut  une  faute,  ou,  au  contraire, 
en  agissant  ainsi,  désobéissait-il  à  un  ordre  précis  du  commandant  en  chef 
de  l'armée  d'Egypte,  comme  celui-ci  l'a  formellement  prétendu?  L'auteur 
a  essayé  de  disculper  l'amiral  Brueys,  et,  peut-être,  en  un  sens,  y  a-t-il 
réussi;  mais  il  a  semblé  à  tous  les  marins  que  la  question  était  autre.  Le 
tort  de  l'amiral  n'était  pas  de  ne  pas  être  à  l'abri  à  Alexandrie,  ou  en  route 
pour  Corfou,  mais  bien  plutôt  d'avoir  combattu,  à  l'ancre,  en  rade  d'Abou- 
kir,  au  lieu  d'avoir  appareil'é  aussitôt  que  l'armée  ennemie  a  été  signalée. 
Cette  faute  est  essentiellement  professionnelle  et  la  responsaliilité,  qui  en 
appartient  entière  à  l'amirai,  ne  saurait  remonter  à  Bonaparte. 

J.  C.  T. 

L'Kuropc  et  lit  Ralitique    orientale,    (1S7S-1&1S),    par   le  COmt'^  OB 
L-VNDiiMONT.  Paru,  Pion- -Nourrit,  1912,   in-8  de  iv-377  p.  —  Prix:  7  fr.  50. 

Ce  volume  est  moins  un  livre  qu'une  mosaïque  formée  de  coupures  de 
journaux  français,  anglais,  allemands,  russes,  serbes,  grecs,  turcs  et  autres. 
On  sait  que  le  journaliste,  esclave  de  l'actualité,  est  condamné  à  bâcler 
hâtivement  des  articles  qu'il  a  été  dans  l'impossibilité  matérielle  de  digérer 
et  c'est  faire  beaucoup  d'honneur  à  de  telles  élucubrations  que  de  les  repro- 
duire comme  de  précieux  documents  historiques. 

M.  de  Landemont  a  groupé  le  résultat  de  ses  recherches  et  le  produit  de 
quelques  lectures  sous  un  certain  nombre  de  rubriques  :  Bulgarie,  Quelques 
conséquences  du  traité  de  Berlin;  La  Grèce  actuelle;  LaQuestion  crétoise;  Serbie; 
Monténégro,  Rou-manie;  Le  Régime  jeune-turc.  Eléments  d^entente  dans  les 
Balkans. . . .  mais  les  idées  générales,  qui  devraient  sersir  de  fil  conducteur 
dans  ce  dédale,  font  absolument  défaut,  en  sorte  que  rien  de  précis  ne  se 
dégage  de  ces  chapitres  écrits  sans  suite  et  disposés  sans  ordre. 

Si  une  conclusion  résulte  de  cette  compilation,  c'est  que  le  français  qu'on 
imprime  dans  les  journaux  est  trop  souvent  une  langue  inélégante,  poncive, 
filandreuse, impropre  et  prétentieuse.  Je  ne  vois  pas  qu'il  fût  utile  d'en 
fournir  une  aussi  copieuse  démonstration.  P»  Pisani. 


CHROJNIQUE 


Nécrologie.  —  Le  monde  musical  est  en  deuil.  L'illustre  compositeur 
Massenet  est  mort  à  Paris  le  13  août,  à  72  ans.  Né  à  Montaud  (Loire),  le 
l2  mai  1842,  Jules- Emile- Frédéric  Massenet  était  le  dernier  des  21  enfants 
d'un  maître  de  forges,  ancien  officier  supérieur  des  armées  de  Napoléon  I*''". 
Après  avoir  terminé  ses  études  à  Paris,  au  lycée  Saint-Louis,  il  entra  au 
Conservatoire,  où  il  eut  pour  maîtres  Reber  et  Ambroise  Thomas,  et  obtint, 
en  1859,  le  premier  prix  de  piano  et,  en  1863,  le  premier  prix  de  fugue  et  le 
grand  prix  de  Rome.  Quand  il  quitta  l'Italie,  il  ne  revint  en  France  qu'après 
avoir  visité  l'Allemagne  et  la  Hongrie,  peu  de  temps  après  son  retour  à 
Paris,  il  obtint  de  fabe  jouer  à  l'Opéra-Comique,  en  1868,  une  pièce  en  un 
acte,  la  GrancV Tante,  par  laquelle  il  débutait  dans  une  carrière  qui  devait 
Septembre  1012.  T.  CXXV.  J8. 


être  sf  brillante.  Dix  ans  plus  tard,  on  187<S,  il  fut  n(iniiné"})i'ofcsseur"de 
l'onipositiun  au  Conservatoire  et,  la  même  année,  le  80  novembre,  il  était 
élu  membre  de  l'Académie  des  beaux-arts  en  remplacement  de  Bazin, 
^l.  Massenet  qui  s'est  placé  au  premier  rang  des  compositeurs  de  l'école 
moderne  par  des  qualités  bien  françaises,  la  clarté  d'esprit,  la  simplicité  et 
la  vigueur,  a  donné  ;  Poèm'i  d'cwril  (1868);  ■ — •  Suite  d'orchestre  (Concert 
pasdeloup,  1868)  ;  —  Poème  de  souvenir  (1869)  ;  — •  Seines  hongroises  (1871)  ; 
— ■  Scènes  pittoresques  (1872);  —  Don  César  de  Bazan  en  3  actes  (Opéra- 
C.otuique,  1873);  -l'Introduction,  les  chœurs  et  les  intermèdes  des  ii>mnyf  s, 
tragédie  antique  de  Leconte  de  Lisle  (Odéon,  1873)  ;  —  Le  Roi  de  Lahore^ 
opéra  en  5  actes  (Opéra,  ■4877) ,  qui  obtint  un  succès  éclatant;  —  Hérodiade, 
grand  opéra  en  3  actes,  qui  tut  joué  au  théâtre  de  la  Monnaie,  à  Bruxelles, 
avant  de  l'être  à  Paris  (Théâtre  Italien,  1884),  —  Manon,  opéra-comique 
«n  3  actes  (Opéra-Comique,  1884),  qui  obtint  un  succès  européen;  — 
Thcodora  ('1884);  —  ie  Cid,  opéra  en  4  actes  (1885);  —  Esclàrmondc, 
opéra  en  4  actes  (Opéra- Comique,  1889),  etc.,  etc.,  et  enfin  Roma  (Opéra, 
1912).  M.  Massenet  a  écrit  aussi  quelques  œuvres  religieuses:  Mf/r/e-il/arfe- 
lein.e,  drame  en  3  actes  (Odéon,  1873,. et  Opéra,  1874);  — •  La  Vierge,  ora- 
torio (Opéra,  1880);  ■ —  Hérodiade,  grand  opéra  en  3  actes  (La  Monnaie,  à 
Bruxelles,  et  Théâtre  Italien,  à  Paris,  1884).  On  cite  également  de  M.  Mas- 
senet un  certain  nombre  de  compositions  isolées  pour  piano,  chant  ou 
orchestre.  Depuis  quelque  temps  enfin,  il  collaborait  à  VÉcho  deyRaris, 
soit  par  des  articles  sur  des  sujets  divers,  soit  surtout  par  des  Mémoires  ou 
il  retraçait  sa  vie  et  donnait  d'intéressants  détails  sur  des  personnages 
illustres  avec  lesquels  il  avait  été  en  relation. 

—  M.  l'abbé  G.  Frémont,  chanoine  honoraire  de  Poitiers,  d'Alger,  de 
Carthage  et  d'Albi,  docteur  en  théologie,  est  mort  à  Poitiers,  sa  ville  natale, 
à  la  fin  de  juillet,  à  60  ans.  Orateur  distingué,  il  avait  prononcé  en  diverses 
villes  de  France  des  panégyriques  très  appréciés,  entre  autres  ceux  de  l'ami- 
ral Courbet,  à  Poitiers;  du  maréchal  Mac-Mahon,  à  Paris;  du  bienheureux 
Jean-Baptiste  de  la  Salle,  à  Versailles.  Mais  ce  qui  attira  surtout  à  cet 
eLcIésiastique  une  grande  notoriété  pendant  quelques  années,  ce  sont  de 
retentissantes  prédications  à  la  Madeleine  pendant  un  Carême  et  plusieurs 
Avents,  ainsi  qu'une  suite  de  sermons  donnés  en  1887  à  Saint-Philippe- 
du-Roule,  dans  lesquels  il  traita  les  graves  problèmes  de  la  critiqr.e  biblique 
dans  un  sens  très  libéral.  M.  l'alibé  Frémont  a  publié  :  Aux  Ouvriers  du 
faubourg  Saint- Antoine. Conférences  Sur  le  christianisme  (Paris,  1879,  in-l2)  ; 
— -  Conférences  sur  le  christianisme  prêchées  pendant  les  stations  de  Carême 
fZe  1873  et  1878...  (Paris,  1882,  in-l2);  —  Les  Rapports  de  VÉgUse  et  de 
l'État,  considérées  au  double  point  de  eue  théorique  et  pratiqua  (Paris,  1883, 
in-l2J;  —  Jésus-Christ  attendu  et  prophétisé.  Conférences  de  Saint-PhiUppe- 
du-Roule  (Paris,  1887-1888,  2  vol.  in-l2);  —  Religion  et  patriotisme  (Paris, 
1897,  in-12);  —  De  la  Rénovation  de  V éducation  des  jeunes  filles  catholiques 
dans  les  hautes  classes  de  la  société  française  (Paris,  1897,  in-8);  —  La 
Religion  catholiqvje  peut-elle  être  une  science?  (Paris,  1899,  in-l6);  —  Confé- 
rences de  Saint-Philippe-du- Roule.  Avent  et  Carême  de  1888-1889,  Z,a  Divi- 
nité de  Jcsus-Christ  et  la  libre-pensée  (Paris,  1891,  2  vol.  in-8);  ■ —  Confé- 
rt'iu-es  Sur  le  christianisme,  prêchées  pendant  les  stations  de  Carême  de  1879 
et  1880  dans  Véglise  Saint-  Antoine  des  Quinze-  Vingts  ...  (Paris,  1891,  in-12)  ; 
^-  L'Œuvre  de  Vévangélisation  des  classes  ouvrières  par  les  missions  diocé- 
saines de  Paris  (Paris,  l'893,  in-8)  ;  ■ —  Oraison  funèbre  du  maréchal  de  Mac- 
Malion,  duc  de  Magenta  (Paris,  1894,  in-8);    —    Les  Origines  de  Vunivers 


—  275  — 

et  de  l'homme  selon  la  Bible  et  les  sciences  (Paris,  1898,  in-l2)  ;  —  Démonstra- 
tion scientifique  de  l'existence  de  Dieu  (Paris,  1897..  )n-l2);  • —  Que  l'orgueil 
de  l'esprit  est  le  grand  écueil  de  la  foi.  Thcodore  Joufjroy.  Lomennais,  Ernest 
Renan  (Paris,  1899,  in-lG);  —  Jeanne  d'Arc  et  les  catholiques  français  de 
l'heure  présente.  Panégyrique  (Orléans,  1901,  in-8)  ; —  Plaidoyer  de  l'Église 
catholique  au  tribunal  de  la  libre-pensée,  du  schisme  orientai  ef,  du  protestan- 
tisme (Paris,  1902,  in- 12);  —  Les  Principes,  Oj,  Estai  s^r  le  problème  des 
destinées  de  l'homme  (paris,  1901-1910,  10  vo).  in-8);  —De  la  Tuberculose 
physUjue  et  morale  (Poitiers,  1902,  in-8); — Le  Conflit  entre  la  République  et 
L'Église.  Lettre  à  un.  officier  français  sur  la  séparation  de  l'Église  et  de  l'État 
(Paris,  1905,  in-12)  — Lettre  à  l'abbé  Loisy  sur  quelques  points  de  l'Écriture 
sainte  (Paris,  1904,  in-r^);  — ■  Une  Mission  à  la  Fcrté-sous- Jouarre  (Paris, 
1907,  in-8); — La  Grande  Erreur  des  catholiques  français  (Paris,  1910,  in-18). 

—  Un  autre  ecclésiastique  de  grand  talent,  M.  l'aM  é  Philippe- Hector 
DuNANn,  chanoine  titulaire  de  la  cathédrale  de  Toulouse,  ancien  aumô  nier 
principal  de  la  même  ville,  est  mort  au  milieu  d'août,  à  77  ans.  Il  était  né 
à  SaJnt-Gaiulens  (Haute-( baronne),  en  ISS-').  Ce  prêtre  fort  érudit,  après 
avoir  écrit  quelques  -volumes  de  piété  ou  d'histoire  à  l'usage  surtout  de  la 
jeunesse,  s'est  consacré  entièrement  à  l'étude  de  la  vie  et  de  la  mort  de 
J  eanne  d'Arc.  Voici  la  liste  de  ces  r.ul)lications,  dont  quelques-unes  ont  été 
couronnées  par  l'Académie  lïançaise  :  L' Année  chrétienne  au  lycée  et  dans 
ie  m'^nde.  Conférences,  homélies,  discours  (Toulouse,  1881,  2  vol.  in-8);  — 
Récits  de  la  Bible  (Toulouse,  1893,  3  vol.  in-8);  —  Récits  de  l'histoire  de 
l'Église  (Toulouse,  1893,  2  vol,  in-8);  —Histoire  de  saint  -Bernard  (Toulouse, 
1895,  gr.  in-8);  —  Histoire  de  Napoléon  le  Grand  (Paris,  1896,  gr.  in-8);  — 
Histoire  de  Chateaubriand  (Toulouse,  1896,  gr.  iil-8);  —  Histoire  de  Jeanne 
d^Arc,  d'après  les  travaux  les  plus  récents,  avec  notes  €%  pièces  justificatives 
(Paris,  1895,  in-8);  —  Histoire  conipUte  de  Jeanne  d'Arc,  du  procès  qui  l'a 
condamnée  et  de  sa  réhabilitation  ...  (Paris,  1899,  3  vol,  in-8);  ■ —  Études 
critiques,  d'après  les  textes,  Sur  V  «  Histoire  de  Jeanne  d'Arcn.  Les  ViHons 
et  les  voix  ...  (Paris,  190;5-1904,  2  vol,  in-8);  —  Études  critiques  Sur  V  «  His- 
toire de  Jeanne  d' Arc  ».  La  Légende  anglaise  de  Jeanne  visionnaire,  rené- 
gate, parjure  (Paris,  1903,  in-8);  — ■  Histoire  complète  de  Jeanne  d'Arc. 
U Abjuration  du  cimetière  Saint-Ouen,  d'après  les  textes  (Paris,  1901,  in-S); 
— ■  Jeanne  d'Arc  a-t-elle  abjuré  au  cimetière  Saint-Oucn?  La  Vérité  Sur  ie 
drame  du  24  m^i  1431,  d'après  le,s  conclusions  présentées  à  Paris,  au  Congres 
des  sociétés  savantes  (Paris,  1903,  in-16);  —  Jeanne  d'Arc  illustrée  [Pdivis, 
1905,  in-12);  —  Imitation  de  Jeanne  d'Arc.  Ses  Vertus  de  Française  et  de 
sainte  (Paris,  1905,  in-18);  —  La  Grande  Française  :  Jeanne  d'Arc,  son 
histoire  (Paris,  19^5,in-l2);  — Études  critiquessurl'histoirede  Jeanne  d'Arc. 
La  «  Vie  de  Jeanne  d'Arc  »,  de  M.  Anatçle  France,  Une  page  d'histoire. 
Qui  a  fait  juger,  condamner  et  brûUr  Jeanne  d'Arc?  (Paris,  1908,  in-16); 
—  Une  Page  de  l'histoire  de  Jeanne  d'Arc.  Le  Procès  de  Rouen  et  le  Saint- 
Siège  (paris,  1908,  in-16). 

—  M.  Louis-Jules  Léveilié,  l'éminent  jurisconsulte,  professeur  à  la 
Faculté  de  droit  de  Paris,  est  mort  à  la  fm  d'août,  à  Villers-sur-Mer,  à 
79  ans.  Il  était  né  à  Rennes,  le  22  octobre  1834.  Après  de  brillantes  études 
au  lycéedecette  dernière  ville,  il  suivit  les  cours  de  droit  et  fut  reçu  en  1859, 
à  deux  mois  de  distance,  docteur  ^  uis  agrégé.  Nommé  le  18  juillet  1875 
professeur  de  droit  criminel  et  de  législation  pénale  àla  Faculté  de  Paris, 
il  continua  à  s'occuper  activement,  comme  il  l'avait  fait  depuis  1870,4e 
questions  concernant  l'administration  municipale  et  fut  élu  membre  du 


—  276  — 

conseil  général  de  la  Seine,  qu'il  présida  en  1875.  Envoyé  également  à  la 
Chambre  des  députés  par  les  électeurs  parisiens,  il  ne  se  représenta  pas  auK 
élections  de  1876.  En  ^188^1,  il  fut  nommé  membre  suppléant  du  tribunal 
des  conflits.  M.  Jules  Léveillé,  qui  a  collaboré  à  la  Revue  pratique  de  droit 
français,  âuTemps,  etc  ,  a  publié  :  Notre  Marine  marchande  et  son  avenir 
(Paris,  1SG8,  in-8);  —  De  la  Réfortne  du  code  d'instruction  criminelle 
(Paris,  1882,  in-8)  ;  —  La  Gu;/ane  et  la  queHÏon  pénitentiaire  coloniale  (  paris, 
1886,  in-8),  au  retour  d'une  mission  dont  il  avait  été  charisfé  dans  la  Guyane 
française;  —  Les  Compagnies  souveraines  de  colonisation  (Paris,  1892,  in-8). 

—  M.  Casimir  Stryienski,  l'historien  et  littérateur  bien  connu,  est 
mort  à  59  ans,  au  commencement  d'août.  D'origine  polonaise,  mais  né  à 
Carouge  (Suisse),  en  1853,  il  se  fixa  en  Frsnce  et  entra  dans  l'Université. 
Il  fut  professeur  d'anglais  à  Versailles,  à  Grenoble  et  à  Paris,  aux  lycée? 
Montaigne  et  Saint-Louis.  C'est  pendant  son  séjour  à  Grenoble,  dont  la 
bibliothèque  municipale  possède  les  manuscrits  de  Stendhal,  qu'il  com- 
mença à  s'intéresser  à  cet  auteur  et  à  faire  sur  lui  et  sur  ses  œuvres  des 
recherches  qui  l'ont  placé  au  premier  rang  des  stendhaliens.  M.  Stryienski, 
qui  a  collaboré  à  divers  |.  ériodiques,  entre  autres  à  VÉcho  de  Paris,  a  publié 
également  d'intéressantes  études  historiques.  Voici  la  liste  de  ceux  de  ses 
ouvrages  qui  nous  sont  connus  :  Notes  philologiques  et  littéraires  sur  Hamlet 
(Le  Havre,  1886,  in-8);  —  Othon,  roy  d'Espaigne  et  Cymheline  (Le  Havre, 
1890,  in-8);  —  V Enfance  de  Henri  Beyle,  d''après  des  documents  inédits 
(Grenoble,  1890,  in-8J;  —  Une  Capitale  d'autrefois.  Cracovie  (Paris,  1894, 
in-12);  —  Deux  Victimes  de  la  Terreur  (Princesse  Rosalie  LubomirsKa, 
Madame  Chalgrin)  (Paris,  1899,  in-16);  —  La  Mère  des  tJ*ois  derniers 
Bourbons,  Marie- J osèplie  de  Saxe,  et  la  Cour  de  Louis  XV,  d'après  des  docu- 
ments inédits  (Paris,  1902,  in-8),  ouvrage  couronné  par  l'Académie  fran- 
çaise; —  Le  Gendre  de  Louis  XV,  Don  Philippe,  mfant  d'Espagne  et  duc  de 
Parme,  d'après  des  documents  inédits  (Paris,  1904,  in-8);  —  Soirées  du 
Stendhal  Club.  Documents  inédits  (Paris,  1^905-1908,  2  vol.  in-12),  avec  Paul 
Arbelet; —  Le  Dix-huitième  Siècle  { Paris,  1908,  in-8).  En  outre,  M.  Stryienski 
a  traduit  de  l'anglais  :  La  Princesse  de  ThuU,  de  William  Black;  Une  Noble 
Femme,  de  Miss  Muloch;  Hetty,  deE.F.Poynter;£«i:enneZ)oZet,deChristie 
et  il  ap'iblié  ■.Lamiel,\e  Journal  et  Vie  de  Henri  Brulard,  de  Stendhal,  les 
Mé;n/)ires  et  le  Voyage  d'Italie^  de  la  comtesse  potocka,  les  Souvenirs  d'cgo- 
tisme  de  Stendhal,  et  enfin  donné  une  édition  nouvelle  de  la  Chartreuse  de 
Partne,de  Stendhal. 

— ■  Un  savant,  qui  s'était  placé  au  premier  rang  des  celtisants  de  notre 
époque,  le  Dr.  George  Henderson,  est  mort  au  commencement  d'août 
à  47  ans.  Né  dans  l'Invemesshire,  il  fit  ses  études  à  Edimbourg,  à  Oxford 
et  à  Vienne.  Après  avoir  exercé  pendant  quelques  temps  le  ministère  reli- 
geiux'à  Eddrachillis,  dans  le  Sutherland,  il  fut  nommé  en  1906  chargé  de 
cours  de  celtique  à  l'Université  de  Glasgow,  pendant  une  vingtaine 
d'années  il  a  écrit  de  nombreux  et  remarquables  ouvrages  sur  la  langue  et 
la  littérature^des  Highlands.  C'est  ainsi  qu'il  traduisait  en  1896,  pour  la 
première  fois,  une  grande  partie  du  Book  of  Fernaigh,  et,  un  peu  plus  tard, 
la  fameuse  Saga  irlandaise  :  Bricru's  Feast.  En  1910  il  publiait  The  Norse 
Influence  on  Celtic  Scotland.  On  lui  doit  une  édition  des  poèmes  de  John 
Morison  et  enfin  il  a  donné  toute  une  série  de  bons  articles  sur  les  dialectes 
des  Highlands  à  la  Celtischc  Zeitschrift. 

^J  —  L'éminent  poète  et  littérateur  écossais  Andrew  Lang   est  mort  der- 
nièrement à  68  ans.  Né  à  Selkirk  en  1844,  il  fit  de  brillantes  études  à  l'Aca- 


I 


\h 


—  277  — 

demie  d'Edimbourg,  â  l'Université  de  Saint-André  et  au  Collège  Balliol 
d  Oxford.  Reçu  en  18fi8  membre  du  Collège  Merton  d'Oxford,  il  fut  appelé 
en  1888  à  l'iiniversité  Saint-André  pour  y  faire  des  conférences  sur  la 
religion  naturelle,  M.  Lang  a  entrepris  de  bonne  lioi  re  la  publication  de 
ces  très  nombreux  ouvrages  comprenant  des  poésies,  des  traductions  de 
classiques  grecs,  des  études  historiques,  etc.,  qui  l'ont  rendu  célèbre  en 
Angleterre,  notamment  Ballads  and  Lyrics  of  Old  France  (Londres,  1872, 
in-8);  —  Ballads  in  blue  China  (Londres,  1878,  in-8);^ — ■  Ballads  andVerses 
vain  (Londres,  1884,  in-12);  — ■  Cuswm  and  Mi/th.  Studies  of  EaHy  Age  of 
Belief  (Londres,  1884,  in-8);  — ■  The  Princess  Nohody,  a  Taie  of  FaCry-Land 
(Londres,  ,1884,  in-12);  — •  The  Politics  of  Aristotle.  Invodu.ctory  Essays 
(Londres,  1886,  in-8),  etc.  M.  Andrew  Lang,  qui  a  édité  les  English  Wonhies, 
a  écrit  en  outre,  sur  Jeanne  d'Arc,  un  volume  qui  lui  donne  droit  à  la  recon- 
naissance des  Français.  Il  a  été  publié  de  h.i  dans  notre  langue  :  Études 
traditionnistes  (Paris,  1890,  in-1 6), faisant  partie  de  la  collei  tion  internatio- 
nale la  Tradition,  et  la  Mythologie. 

—  On  ar  nonce  encore  la  mort  de  MM.  :  le  comte  Henri  de  Boissieu,  au- 
teur de  mon'  graphies  historiques  sur  les  hosj)ices  de  Ly  on  et  sur  les  sj  ndicats 
chrétiens  de  Helgique  et  qui  a  collaboré  au  Correspondant,  mort  acciden- 
tellement cà  Varambon  (Ain),  àla  fin  de  mai;- —  Gustave  Cofdillot,  secrétai- 
re du  collège  Rollin,  à  Paris,  mort  subitement  en  Vendée,  à  la   fin  d'août; 

—  Louis  Crié,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Rennes,  qui  a  publié  : 
Anatomie  et  physiologie  végi taies  (paris,  1882,  in-12);  Cours  de  botanique. 
Organo graphie.  FamilUs  naturelles  (Paris,  1883,  in-12)  et  les  Origines  de 
la  vie,  essai  Sur  la  flore  priniordiale  (Paris,  1883,  in-8),  mort  à  Rennes,  au 
comn^encement  d'août,  à  68  ans;  —  Emile  Delcrot,  conservateur  hono- 
raire de  la  Bibliothèque  de  Versailles,  qui  laisse,  entre  autres  ouvrages  : 
Vercingctorir,  scènes  historiques  (Paris,  1865, in-8);  Ce  que  les  poètes  ont  dit 
de  Versailles  (Versailles,  1870,  in-1 2);  Versailles  pendant  l'occupation. 
Becueil  de  documents  pour  servir  à  Vhistoire  de  rinvcsioji  alUn.ande  (\er- 
sailles,  1874,  in-4),  mort  à  Versailles  à  la  fin  d'août,  à  l'âge  de  78  ans;  ■ — 
Léon  Dron AUX, rédacteur  au  journal  VAdour,  mort  à  Dax,  à  la  fin  d'août; 

—  Alphonse  Forel,  écrivain  et  géographe,  auteur  d'une  monographie  du 
lac  Léman,  mort  à  Morges  (Suisse),  au  commencement  d'août,  à  71  ans;  — 
Hegelbacher,  sous-directeur  honoraire  de  l'École  ce'n traie,  mort  à  Paris, 
au  commencement  d'août,  à  74  ans;  — Gistave  Hue,  ancien  chroniqueur 
littéraire  et  artistique  à  V Autoriv ,  mort  à  Paris,  au  milieu  d'août,  à  39  ans; 

—  Jacques  Le  Brun,  l'un  des  éditeurs  des  Guide  Conty,  mort  accidentelle- 
ment à  Champérv-Valois  (Suisse),  au  milieu  d'août,  à  41  ans;  • —  Lucien 
LÉVY,  savant  mathématicien,  examinateur  à  l'École  polytechnique, 
ancien  président  de  la  Société  mathématiciue  de  France,  ancien  directeur 
des  études  au  collège  Sainte-Barhe,  mort  à  Paris  au  ccmmencement  d'août, 
à  53  ans,  leqi  el  est  l'auteur  de  publications  remarquables  sur  les  mathé- 
matiques, notamment  :  ÉUments  d'arithmétique  (Paris,  1883,  in-!l2)  et 
Précis  élémentaire  de  la  théorie  des  fonctions  elliptiques,  ccec  tables  rumé- 
riques  et  applications  (Paris,  1898,  gr.  in-8);  —Albert  Martin,  doyen  hono- 
raire et  professeur  de  langue  et  de  littérature  grecques  à  la  Faculté  des 
lettres  de  l'Université  de  Nancy,  ancien  élè\e  de  l'École  d'Athcncs,  mort 
au  commencement  d'août  à  f  8  ans,  lequel  était  m  helléniste  distir^ué  et  a 
publié  :  Les  Cavaliers  athéniens  (Paris,  1S86,  gr.  in-8),  thcse  pour  le  doc- 
torat; Quomodo  Graeci  ac  pecuUariter  Aîhenienses  foedera  publica  ju'e- 
jurando  sanxerint  (Paris,   llr86,  in-8),   thèse  de  doctorat;   Fac-similés  de 


—  278  — 

mnnuscriti^  grecs  d'Espagne,  graves  d'après  les  pîioto graphies  de  Charles 
G>'oux,  avec  transcriptions  et  notices  (189=1,  in-8),  etc.;  — ■  Charles  de  Meix- 
MORO.x  DE  DoMBASLE,  qui  a  collaboré  à  la  Revue  lorraine  illustrre  et  au 
Pays  lorrain,  mort  à  Dienay  (Côte-d'Or),  en  août,  à  l'âge  de  73  ans;  — 
MoREAu  DE  NÉnis,  l'archôologiie  bourbonnais,  membre  de  la  Société  des 
antiquaires  de  France,  mort  à  la  fin  d'août,  à  62  ans,  au  château  des 
Barres,  à  Arpheuilles- Saint- Priest  (Allier);  —  Gaston  de  Queylar,  publi- 
ciste,  mort  à  Paris,  à  la  fin  de  juillet;  —  le  chanoine  Rossignot,  q\ii  a 
publié  des  monographies  sur  les  paroisses  de  Saint-Ferjeux  et  de  Sainte- 
Madeleine  de  Besançon  et  diverses  autres  études  sur  la  province  de  Franche- 
Comté  ou  des  personnalités  comtoises,  insérées  soit  dans  les  Mérnoires  de 
l'Académie  de  Besançon,  soit  dans  ceux  de  la  Société  d'émulation  du 
Doubs,  compagnie  et  société  dont  il  était  membre,  mort  à  Besançon 
le  18  juillet  ,à  l'âge  de  68  ans;  —  Emile  Vialle,  rédacteur  au  journal  de 
Rouen  et  ancien  correspondant  du  Temps,  mort  au  commencement  d'août, 
à  53  ans. 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  le  Dr.  Albert  Ulrik  Baath, 
professeur  de  littérature  nordique  à  l'Université  suédoise  de  Goeteborg, 
mort  en  cette  ville,  au  commencement  d'août;  ■ — •  Dr.  Anton  Baumann, 
professeur  à  l'École  technique  supérieure  de  Munich,  directeur  de  l'Écofe 
de  culture  des  marais,  mort  en  juillet  à  Munich,  à  61  ans;  —  J.  Cox,  journa- 
liste belge,  rédacteur  au  Handr-lsblad,  mort  à  la  fin  d'août;  —  Dr.  Josef 
Disse,  professeur  d'anatomie  à  l'Université  allemande  de  Marbourg,  mort 
en  cette  ville,  en  juillet,  à  60  ans;  —  Dr.  Theodor  Distel,  archiviste  alle- 
mand, mort  le  2^  juillet  à  Blasewitz  près  de  Dresde,  à  63  ans;  —  Dr.  Paul 
Drews,  professeur  de  théologie  à  l'Université  allemande  de  Halle,  mort  en 
cette  ville,  le  !<=''  août,  à  54  ans;  —  Karl  Ernst,  ecclésiastique"'allemands 
mort  en  août  à  Babenbach  (Duché  de  Bade),  lequel  laisse  divers  ouvrage. 
à  l'usage  des  classes  populaires;  —  Dr.  Oscar  Eversbuch,  professeur  de 
thérapeutique  pour  les  maladies  des  yeux  à  l'Université  de  Munich,  mort 
en  cette  ville,  le  6  août,  à  60  ans;  —  Dr.  Heierli,  philologue  et  historien 
suisse,  mort  le  18  juillet,  à  Zurich,  à  60  ans;  — ■  Hanz  Holzschuber,  écri- 
vain et  poète  allemand,  mort  à  Munich,  au  commencement  d'août,  à 
38  ans;  —  Allan  Octavian  Hume,  naturaliste  anglais  de  réputation,  qui  a 
réuni  la  magnifique  collection  d'oiseaux  du  Musée  de  South  Kensington  et 
les  remarquables  herbiers  de  l'Institut  botanique  de  Norwood,  au  sud  de 
Londres,  mort  à  la  fin  de  juillet,  à  Londres,  à  83  ans;  —  Bernhard  Joss, 
pédagogue  allemand,  mort  en  juillet,  à  Altenbourg;  —  Dr.  Gerhard 
Loeschcke,  chargé  de  cours  d'histoire  ecclésiastique  à  l'Université  alle- 
mande de  Goettingue,  mort  en  cette  ville,  en  juillet,  à  32  ans;  —  Giovanni 
Mathis,  poète  italien,  mort  en  août  à  Cresta-Célérina  (Engadine).;  — • 
Dr.  Egmont  von  Neusser,  professeur  de  médecine  interne  à  l'Université 
de  Vienne,  mort  à  Fischau,  le  30  juillet,  {  60  ans;  —  D"".  Adolf  Rosenberg, 
médecin  allemand,  connu  par  ses  travaux  sur  la  laryngologie,  mort  à  la 
fin  de  juillet,  à  Flims,  à  56  ans;  —  S.  Em.  le  cardinal  Samassa,  archevêque 
d'Erlau  (Hongrie),  qui  avait  été  successivement  professeurau  gymnase  de 
Dirnavia,  au  séminaire  de  Gran  et  à  l'Université  de  Budapest,  mort  le 
10  août,  dans  sa  ville  archiépiscopale, à  94  ans;  —  Dr.  Wilhelm  Schmîdt, 
professeur  de  théologie  à  l'Université  allemande  de  Breslau,  mort  en  cette 
ville,  en  août^  à  74  ans;  — Alexis  Souverine,  écrivain  et  journaliste  russe 
connu,  fondateur  et  directeur  de  l'important  iournal  le  Novoîe-Vreniia, 
auteur  de  divers  ouvrages  littéraires  et  de  quelques  pièces  de  théâtre, 


—  279  — 

mort  dernièromnnt  à  Tsarknié-Sélo;  —  Dr.  Gédeon  Spicker,  professeurde 
philosophie  allemande,  mort  à  Munster  (Westphalic),  le  1, S  juillet,  à  72  ans; 
—Andrew Stevenson,  le  libraire  écossais  bien  connu,  mort  à  Edimbourg, 
au  milieu  d'août,  à  83  ans;  —  Dr.  Richard  Streiter,  professeur  d'histoire 
de  l'Art  à  l'École  technique  supérieure  de  Munich,  mort  en  cette  ville,  en 
août,  à  52  ans;  —  Dr.  Emmanuel  Tilsch, professeur  de  droit  àl'Université 
tchèque  de  Prague,  mort  en  cette  ville,  le  7  août,  à  46  ans;  —  Dr.  Peter 
Treutlein,  directeur  de  l'École  Goethe  (Pieformgymnasium),  mort  en 
juillet,  à  Stuttgart,  à  67  ans;  —  Dr.^Paul  Wallot,  professeur  d'architec- 
ture à  l'Aacdémie  des  beaux-arts  et  à  l'École  technique  supérieure  de 
Dresde,  mort  en  cette  ville,  le  10  août,  à  72  ans;  —  Fran/.  Wisbacher, 
poète  allemand,  mort  k  Hommerau  (Haute-Saxe),  le  27  juillet,  à  64  ans. 
lequel  laisse  Oedichte  (Salzbourg,  1909,  i,n-8),  etc. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 

—  Le  2  août,  M.Haussoullier  lit  en  seconde  lecture  son  travail  sur  le  trait  é 
intervenu  entre  Delphes  et  Pellana  et  insiste  sur- des  termes' juridiques 
inconnus  jusqu'à  ce  jour.  —  M.  Cuq  commente  une  inscription  romaine 
découverte  à  Souk  el  Abiod  (Tunisie)  et  relative  à  un  Macrobe  Maximien, 
vice-préfet  du  prétoire  d'Italie.  —  M.  Cagiiat  lit  une  note  de  M.  Constans 
sur  une  particularité  des  dates  du  règne  de  Néron,  qu'il  attribue  à  un  acte 
de  superstition  de  ce  prince  à  l'occasion  de  l'apparition  d'une  comète.  — 
Le  9,  M.  Léon  Dore-^  raconte  l'histoire  du  poète  Leonardo  Montagna, 
auteur  des  poésies  latines  contenues  dans  un  manuscrit  de  la  bibliothèque 
de  l'Institut.  —  M.  Mispoulet  étudie  deux  di)  lômes  militaires,  l'un  récom- 
pensant un  cavalier  de  la  garde  de  l'empereur  Maximin  de  Thrace,  l'autre 
relatif  à  un  centurion  de  la  flotte  de  Misène. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  • 
Le  3  août,  M.  Benoît-Lévy  parle  des  cités-jardins  fondés  près  de  Londres. 

—  Le  10,  M.  Chuquet  résume  les  souvenirs  d'un  officier  bavarois  qui  a  vu 
les  batailles  de  Frœschwiller,  de  Beaumont,  de  Sedan,  et  fait  la  campagne 
de  la  Loire.  —  M.  Louis  Passy,  à  cette  occasion,  rend  hommage  à  l'huma- 
nité relative  des  Bavarois  aux  environs  d'Orléans. 

Prix.  —  Dans  sa  séance  du  23  mai  dernier,  l'Académie  française  a  décerné 
les  prix  suivants  : 

Prix  d'éloquence  (4.000  fr.).—  Partagé  :  3.000  fr.  à  M.  Paul  Hazard,  pro- 
fesseur à  l'Université  de  Lyon;  1.000  fr.  à  M.  Ferdinand  Gohin,  professeur 
au  collège  RoUin. 

Prix  Montvon  (ouvrages).  —  Partagé  comme  suit  :  Deux  prix  de  1 .000  fr., 
l'un  t  M.  Ernest  Dupuy  :  Alfred  de  Vigny,  et  à  M.  René  Pichon  :  Hommes 
et  choses  de  Vancienne  Rome. 

34  prix  de  500  fr.  l'un  :  à  M"^  Marguerite  Avon:  Journal  d'une  Slvrienne\ 

—  MM.  :  Roger  Boutet  de  Monvel  :  Les  Anglais  à  Paris  (1800-1850)  ;  — le 
général  BTunemiBéciis  de  guerre;— héonce  Celier  :  Saint  Charles  Borromce; 

—  le  capitaine  Cornet  :  Au  Tchad;  —  Léon  Gristiani  -.Du  Luthéranisme  au 
protestantisme;  —  Georges  Duval  :  V Œuvre  shakespearienne;  —  Georges 
Éliac  :  Un  Après-midi  chez  Julie  Lespinasse;  — Jean  Giraudoux  :  VEcole 
des  indifférents;  —  Maurice  Girod,  de  l'Ain  :  Grands  Artilleurs .  J^e  Maréchal 
Valée  (1773-1846);  —  le  capitaine  Grasset  :  A  travers  la  Chaouïa;  —  Clau- 
dius  Grillet  :  La  Bible  dans  Victor  Hugo;  —  Michel  d'Herbigny  :  Vladimir 

..S-oZocien.  (1853-1900);- —  Louis  Latzarus  :  La  Demoiselle  de  la  rue  des 
Notaires;  —  Henri  Lebeau  :  Otahifi)  —  Henri  Lichtenberger  :  Novalis;  — 


—  280  — 

M™®  Maryan  :  Maison  hantée:  —  MU.  Gaston  Mercier  :  Jean  Gw'lben;  -^ 
le  capitaine  O.  ÎMeynier  :  V Ajri que  noire;  —  F.  Mireur  :  Le  Tiers-État  à 
Draguignan;  —  Serge  persky  :  Les  Maîtres  du  roman  russe  contemporain; 
—  M"°  Marie  Pesnel  :  Marie-Edmée  intime;  —  î,_iie  Amélie  de  pitteurs  : 
Les  Neveux  de  tante  Delphine;  —  M.  Raymond  Ret  ouly  :  En  Angleterre;  — 
Mii^  Marguerite  Rognaud  :  Le  Moulin  sur  la  Soufroide  ;  MM.  Kenry 
Rollin  :  Marine  de  guerre  et  Dcfense  sociale;  —  Cliarles  Samaran  :  D'Ana- 
gnan;  —  Edouard  Schneider  :  Les  Mages;. —  Louis  Sonolet  :  L'Afrique 
oceidentale  française;  —  R.-H;.  de  Vandelbourg  :  Moulaye  Ali;  —  M""*^  Co- 
lette Yver  :  Le  Métier  de  roi;  —  MM.  Henry  Asselin  :  Paysages  d'Asie;  — 
Paul  de  Garros  :  La  Plus  Heureuse;—  J.  Charles-Brun  :  Le  Régionalisme. 

prix  Juteau-Duvigneaux.  —  Partagé  comme  suit  :  un  prix  de  1.000  fr. 
à  M.  Georges  Michelet  :  Dieu  n  V agnosticisme  contemporain.  —  Six  prix  de 
500  fr.  l'un  :  à  MM.  A.  Degert  :  Histoire  des  séminaires  français  jusquà  la 
Révolution;  —  H.-I\I.  DeLart  :  Sainte  Fare,  sa  vie  et  son  cuUe;  —  l'abbé 
Léon  Désers  :  L'Éducation  morale  et  ses  conditioiis;  —  Paul  Dudon  :  La- 
mennais et  le  Saint-Siège  (1^120-1834);  —  l'abbé  L.  l.abauche  :  Leçons  de 
théologie  dogmatique;  —  M.  de  Moussac  :  Un  Prêtre  d'autrefois^  Vahhé  de 
Moussac  (1735-1827). 

prix  Sobrier-Arnould.  —  Partagé  de  la  façon  suivante  :  1.000  fr.  à 
M.  C.  de  Maleissye  :  Les  Lettres  de  Jehunne  d' Are;  —  1  .CCO  fr.  à  M.  HPnr>  de 
la  Vaulx  :  Le  Triomphe  de  la  navigation  aérienne. 

Prix  Furtado.  ■ —  500  fr.  à  M.  Marcel  Duboi.s  :  La  Crise  maritime;  ~ 
500  fr.,  à  M.  Henri  Longnon  :  Pierre  de  Ronsard. 

Prix  Fabien.  —  Partagé  comme  suit  :  prix  de  800  fr.,  M.  Profit  :  La 
Mutualité  nouvelle;  —  prix  de  700  fr.,  à  M.  Prédéric  Duval  :  Les  Livres  qui 
s'imposent;  —  cinq  prix  de  500  fr.  l'un  :  à  MM.  Maurice  Deslandres  : 
L'Acheteur,  son  rôle  économique  et  social;  —  Victor  Diligent  :  Les  Orienta- 
tions <:yndicales  ;— Jacques  M-OTnai  :  La  Protection  de  la  maternité  en 
France  ;  —  Rochenor  :  A  travers  les  ruelles  :  —  Maurice  Vanlaer  :  Problèmes 
sociaux. 

Prix  Davaine  (prose),  de  la  valeur  de  1.500  fr.  —  A  M.  Georges  Ducrocq  : 
La  Blessure  mal  fermée.  Notes  d'un  voyageur  en  Alsace-Lorraine. 

Prix  Langlois  (traductions).  ■ —  Partagé  comrre  suit  :  i.n  prix  de  500  fr. 
kM.T).  Sencrfi:  Œuvres  de  Théocrite;  ~  trois  prix  de  'lOO  fr.  l'un:  à 
MM.  .1.  Condamin  et  p.  Bonnet  :  La  Cour  de  Philippe  IV  et  la  Décadence 
de  l'Espagne  (1621-1G60),  par  Martin  Hume—  lu.  Cunisset-Carnot  :  La 
Cynégétique  ou  r  Art  de  la  chasse^  de  Xénophon  ;  —  M'"'^  E.  Paris  :  La  Civi- 
lisation en  Allemagne  depuis  li  fin  du  moyen  âge  jusqu'au  rommfncement 
de  la  guerre  de  Trente  Ans.  par  Jean  Janssen. 

Prix  Charles  Blanc.  —  Quatre  prix  de  r^CC  fr.  l'un  :  à  MAT.  A.  Poppe  :  L(s 
Peintres  du  Bosphore  au  xvii®  siècle;  —  Paul  Goût  :  Le  Mont  Saint-Michel; 
—  Eugène  ]\Iahu  :  Salles  en  Beaujolais;  ■ —  Jacques  de  plez  :  Emmanuel' 
Fremiet;  —  un  prix  de  400  fr.  à  M.  le  comte  do  1  els  :  Ange- Jacques  Gabriel. 
Prix  Saintour  . —  Six  r^ix  de  eCO  fr.  l'un  :  à  ]\  M.  Charles  C^ulmont  :  Crin- 
goire;  —  Louis  Thuasne  :  Villon  et  Rabelais:    -  Ph.  Martinon  :  Les  Strophes;] 
■ —  Explication  des  Maximes  des  saints  sur  la  vie  intérieure,  par  Fénelon;  - 
Paul  Berret  :  Xe  Moyen  Age  dans  la  >■  Légende  des  si/cUs  »  et  les  Sources  de] 
Victor  Hugo;  —  Théodore  Rosset  :  Les  Origines  de  la  prononciation  moderne' 
étudiées  au  xvii^  si, de. 
^/CoNrouRs.  —  l.'n  legs  princier  fait  à  la  ville  de  Barcelone  par  M.  Fran- 
cisco Martorell  y  Peùa  ser\-ira  à^récompenser  par  un  prix  de  20.000  francs 


à  df^cerner  en  1917  à  l'auteur,  espagnol  ou  étranger,  du  meilleur  travail 
d'archéologie  espagnole.  Le  concovrs,  qri  sera  rlrs  le  :.;>  octi  bie  1916,  scia 
jugé  par  un  jury  de  cinq  membres  nommés  par  la  municipalité.  Les  mémoi- 
res, imprimt's  ou  manvstrits.  devrci.t  (Ue  ancrâmes  et  pourvus  à  l'ordi- 
naire d'iine  devise.  Ils  pourront  être  indifféremment  rédigés  soit  en  espa- 
gnol, soit  en  latin,  en  catalan,  en  français,  en  italien  eu  en  portugais.  L'ou- 
vrage récompensé  devra  être  publié  en  espagnol  dans  le  délai  de  deux  années. 
Paris.  —  M.  le  baron  de  Faviers  a  donné  récemment  à  la  Bibliothèque 
nationale  Un  Résumi  politique  de  r histoire  de  France  au  tctnps  de  Louis  XII, 
que  M.  Omont  a  signalé  à  l'Académie  des  irscriptiors  (Extrait  du  compte 
rendu  des  séances.  Paris,  A.  Picard,  I9'i2,  in-l  de  7  p.)  ccmme  ccmpcsé  au 
lendemain  de  l'aAènement  de  ce  prince  et  poi  r  jistifcr  s(  n  aciession  à 
la  couronne. (e  petit  mani  scrit,  crr.é  de  mir.iatircs,  a  di  être  destiné  à  un 
prince  de  la  maison  de  France. 

—  Le  même  érudit  s'occupe,  dans  les  Mélanges  Piot,  d'vn  manuscrit 
d'un  autre  genre  qui  est  venu  récemment  aissi  enrichir  les  collections  de 
la  Bibliothèque  nationale.  C'est  un  éAangéliaire  syriaque  de  la  fin  du  xii«' 
ou  du  début  du  xni«  siècle,  ciné  jadis  de  14  miniatures  exécutées  par  un 
diacre  de  Mélitène,  le  peintre  Jcseph.  Ce  sent  les  dix  Peintures  subsistantes 
d'un  (cangf'liaire  syriaque  du  xii^  ou  xiii^  siècle  que  M.  Omont  ncis  fait 
connaître  par  d'excellentes  reprcductions  phototj piques.  (Extrait  de 
Fondation  Eugène  Piot.  Mémoires  et  documents,  t.  XIX,  fasc.  2.  Paris, 
Leroux,  1912,  in-4  de  12  p.  et  4  pi.). 

—  Le  vieux  Mcntmartre  a  le  don  de  mettre  en  verve  les  artistes  qui 
l'habitent.  Chaque  jour,  la  pioche  des  démolisseurs  abat  quelque  nouveau 
pan  de  mur,  et  les  aspects  les  plus  pittoresques  de  la  Butte  s'en  trouvent 
singulièrement  modifiés.  C'est  pour  en  conserver  le  ^ouveTiir  que  M.André 
Warnod  vient  de  piblier  m  petit  Aolimo:  Le  Vifux  Montmcrtre  (Paris, 
Figuière,  19-; 2,  in-18  de  xii-208  p.,  avec  30  dcssirs  del'aLteui),  cuin'apas, 
nous  le  pensons,  la  prétention  de  se  faire  classer  parmi  les  véritables  livres 
d'histoire,  mais  que  les  collectionneurs  auront  le  devoir  de  recueillir  et 
de  joindre  aux  nombreux  opuscules  similaires  qui  ont  paru  sur  le^  mê- 
me sujet.  C'est  un  petit  recveil  d'esquisses  qui  mérite  d'être  conservé.  Nous 
ferions  bien  des  restrictions  au  sujet  de  quelques  phrases  un  peu  libres 
échappées  à  l'auteir  ou  à  son  préfacier,  mais  en  sait  ejue  la  Butte  sacri'e 
n'est  pas  en  tous  peints  une  école  de  morale  r.i  m  rendez- vous  de  très  bonne 
cempagnie,  et  nous  ncus  ccntentercns  de  mettre  en  garde  ceux  de  ncs  lec- 
teurs que  pourraient  efïaroucher  les  libertés  grandes  que  prennent  souvent 
les  habitués  de  ce  cjuartier  de  la  capitale. 

—  Signalons  le  Catéchisme  de  l'action  sociale  et  religieuse^  que  vient  de 
publier  M.  le  chanoine  Riche,  secrétaire  générale  du  bureau  diocésain  de 
Versailles  (Paris,  Lethielleux,*s.  d.,  in- .'2  eie  (l  p.  —  Fi'x  :  (  Ir.  i(  ).  Cet 
opuscule  s'adresse  aux  membres  des  comités  paroissiaux  et  cantonaux,  aux 
associations  paroissiales,  aux  secrétariats  communaux,  etc.  Dans  les 
réponses  claires  et  brèves  de  ce  catéchisme  estrésuméleprcgrammed'acticn 
le  plus  pratique. 

—  La  librairie  Colin  continue  la  publication  de  ses  Petits  Manuels  du  foyer 
par  la  Basse-Cour,  de  M*"^  Laure  Desvernays  (petit-in-16  de  ii-146  p.,  avec 
fig.  ■ —  Prix  :  1  fr.).  C'est  le  treisième  vclin-C  de  la  ccllectien.  «  Kois  noxs 
sommes  efforcé,  dit  l'auteur  dans  sa  Préface,  de  montrer  d'une  façon  très 
sommaire  comment  il  faut  diriger  ]e  poulailler,  le  clapier,  le  pigeonnier, 
comment  il  faut  conduire  ces  divers  élevages  d'une  façon  hygiénique, 


—  282  — 

économique  et  productive,  en  un  mot  comment  les  fermiers,  agriculteurs, 
petits  propriétaires,  possesseurs  d'une  maison  de  campagne,  peuvent  avoir 
avec  le  poulailler,  le  pigeonnier  et  le  clapier  ime  véritable  corne  d'abon- 
dance. »  Ces  quelques  mots  expli(p:cjit  tout  le  manuel,  qui  est  très  bien 
présenté. 

Anjou.  —  Toujours  infatigable  chercheur  de  ce  qui  peut  servir  de  maté- 
riaux aux  Angevins,  M.  l'abbé  F.  Uzureau  publie  la  12"  série  de  son  Ande- 
g:ocia7î.«.( Angers,  Siraudeau;  Paris,  A.  Ticard  et  fils,  191 2,in-8  de  572  p.). 
Nous  avons  dit  déjà  plusieurs  fois  ce  que  nous  pensions  de  cette  collection 
variée,  où  l'on  trouve  des  documents  anciens  sur  l'histoire  de  l'Anjou,  des 
copies  ou  extraits  de  manuscrits  conservés  dans  les  dépôts  publics  et  même 
des  articles  de  journaux  presque  d'hier.  Il  est  évident  que  ces  sources  si 
diverses  sont  aussi  d'importance  et  de  valeur  différentes  :  les  monastères, 
le  clergé,  les  évoques,  les  moines  et  les  religieuses,  les  hommes  politiques  : 
révolutionnaires,  députés,  préfets,  généraux,  etc.  y  figurent  avec  de  fort 
utiles  renseignements.  Nous  y  voyons,  entre  autres,  que  sur  23  vicaires 
d'Angers,  au  moment  de  la  Révolution,  3  seulement  prêtèrent  le  serment. 
M.  Uzureau  imprime  sur  chacun  de  ces  ecclésiastiques  des  notices  qu'on 
nesaurait  trouver  aisément  ailleurs,  etc,  etc.  ;  mais  qu'il  nous  permette  de  lui 
redire  que  le  lecteur  aimerait  à  voir  toujours  citer  de  fa  on  précise  la  pro- 
venance des  pièces;  ainsi  connaissons-nous  la  notice  del'abbé  Tardif  comme 
ayant  été  publiée  dès  1871.  L'absence  de  références  enlève  à  tout  ouvrage 
d'érudition  une  partie  de  sa  valeur  :  elles  ne  devraient  jamais  manquer. 
Il  y  a  même  parfois,  ici,  des  indications  déconcertantes,  comme  la  signature 
de  la  p.  235  qui  ne  peut  se  rapporter  à  un  extrait  (d'ailleurs  annoncé  par 
l'éditeur  en  t<-te  de  cespagesj  deV  Almcinachd'  An  fou  delà  fin  du  xyiii^  siècle: 
jamais,  en  un  recueil  de  ce  genre,  on  ne  saurait  apporter  trop  de  précision 
dans  les  sources.  Et  puis,  que  l'auteur,  qui  prouve  son  ardeur  au  travail, 
se  décide  quekiue  jour  à  imprimer  des  tailles  alphabétiques;  nous  ne 
sommes  pas  les  seuls  à  l'y  inciter  :  un  journal  régional  exprimait  récem- 
ment le  même  desideratum.  Mais  nous  nous  permettons  d'in&ister  sur  ce 
Point,  et  l'utilité  de  ses  efforts  méritoires  sera  dix  fois  plus  évidente   encore. 

Beauvaisis.  — ■  Le  tome  XXI  des  Mémoires  de  la  Socuté  académique 
d'archéologie,  sciences  et  arts  du  département  de  l'Oise  est  tellement  considé- 
rable qu'il  a  fallu  le  diviser  en  deux  volumes  ou  plutôt  deux  parties  (Beau- 
vais,  imp.  départementale  de  l'Oise  :  l>"c  partie,  1910,  in-8  de  x-672  p.,  avec 
portraits,  planches,  plans  et  armoiries;  2^  partie,  p.  673  à  1021,  avec  por- 
traits). L'une  et  l'autre  de  ces  deux  parties  s'ouvrent  par  des  Notes  sur  le 
Nobiliaire  du  Beauvaisis  d'après  un  manuscrit  du  xvii^  siècle  et  autres  docu- 
ments originaux,  par  M.  le  D""  V.  Leblond  (p.  X-1-2S8  et  673-858),  sur  les- 
quelles il  convient  de  donner  quelques  détails.  Un  certain  Pierre  Louvet 
a  écrit  un  ouvrage  intitulé  :  Anciennes  Remarques  de  la  noblesse  heauvai- 
sine  dont  le  premier  volume  (lettres  A-K)  parut  à  Beauvais  en  1640.  Un 
fragment  du  second  volume  (80  pages)  s'arrêtant  au  mot  Malkt,  n'a  pas 
été  imprimé;  mais,  en  1879,  une  suite,  allant  de  Mavbeuge  à  VivrenchellMi 
publiée  par  le  comte  de  Merlemont.  «  Cinquante  ans  après  Louvet,  un  cha- 
noine de  S.  Barthélémy  de  Beauvais,  Claude  de  Caurroy,  reprit  ses 
recherches.  »  Le  manuscrit  qui  les  consigne  n'existe  plus;  «  mais  deux 
copies  en  sont  restées  :  l'une  chez  M.  le  comte  de  Troi.ssures,  là  seconde 
à  la  Bibliothèque  municipale  de  Beauvais.  »  Il  a' pour  titre  :  Additions 
au  Nobiliaire  du  Beauvaisis  de  Louvet,  tirées  des  recherches  faites  par  M.  du 
Caurroy  qui  a  travaillé  environ  50  ans  après  Louvet.  «  Il   m'a  semblé  utile. 


—  283  -' 

dit  M.  le  D""  Leblond,  do  publier  ce  traA'ail,  pour  le  compléter,  le  rectifier 
parfois,  à  l'aide  d'autres  documents  piiisrs  dans  les  archives  publiques  ou  les 
collections  privées.  »  Cet  énorme  ensemble  se  prtsentedansl'ordre alphabéti- 
que.«Je  n'ai  pas  voulu  tracer  même  imeesquissc  d'un  Nobiliaire  du  Eeauvai- 
.■sjs-, déclare  M.  Leblond  à  la  fin  de  son  Introduction.  C'estici  seulenientun 
Répertoire  de  documents  qui  fait  connaître  simplement  la  plupart  des 
vieilles  familles  du  Beauvaisis,  au  moins  jusqu'au  xvi^  siècle,  qui  essaie  de 
préciser  leurs  liens  de  parenté  réciproques  et  leurs  relations  avec  les  diffé- 
rentes églises  de  la  région, signale  les  écliangcs  et  les  contrats,  les  actes 
d'achat  et  de  vente  de  biens  et  relève  les  lieux  dits,  les  fiefs  et  les  villages, 
encore  existants  ou  disparus,  en  notant  leurs  formes  anciennes,  pour  en 
faire  une  sorte  de  Dictionnaire  Wpo graphique.  En  un  mot,  ce  travail  est  une 
Contribution  à  Vhisioirp  des  familles  nobles  du  Beauvaisis.  )i  Les  «  Kotes  « 
publiées  à  ce  jour  s'arrêtent  au  mot  Luzières^  qui  termine  la  lettre  L.  La 
suite  viendra  sans  doute  dans  le  tome  XXII.- — Nous  signalerons  en  outre  : 
Les  AncierCnes  Maisonis  d'Hanvoile,  ou  les  Archives  d'un  château,  de  laRénais- 
sarife  (tl  1,81-1788),  par  M.  L.  Vuilhorgne  (p.  239-273);  —  Tombeaux  de 
Ressens. i; Abbaye  en  l'674,  par  M.  l'abbé  L.  pihan  (p.  274-293):  —  La  Fa- 
mille de  Caraçaggic  ou  de  Carcoisin  eV Achy  (1525-1874),  par  M.  le  chanoine 
Bornet  (p.  294-372^  avec  9  pi.  de  portraits,  2  plans  et  une  pi.  d'armoiries, 
et  p.  871-934,  aA  ec  2  pi.  de  portraits);  -  Un  Soldat  beauvaisin.  I^e  Chef 
de  bataillon  Antoine  Le  Borgne  (1761-1809),  par  M.  Pierre  Le  Borgne 
([  .  373-432)  ■,—Bresles  pendant  la  Révolution,  par  M.  Daillet  (p.  433-492)  ;— 
Relation  d'un  échoppa  aux  massacres  du  2  septembre  1792,  par  M.  Eugène 
Griselle  (p.  493-514);  —  Villotran  et  La  Neuville- Garnier  (histoire  do  deux 
seigneuries],  par  Mme  pa^,i  Mellon  (p.  515-632,  avec  15  plans,  vues  et  por- 
traits);— Un  Champion  de  la  Royauté  au  début  de  la  Révolution.  François- 
Louis  Suleau  (1758-1792)  (suite),  par  M.  Pabbô  L.  Meister  (p.  633-668);  — 
A  propos  des  antiquités  égyptiennes  du  musée  de  Reauvais,  par  M.Auguste 
Jardé  (p.  859-870)  ;  —  Les  Vases  grecs  et  italiotes  du  Musée  de  Beauvais,  par 
le  même  (p.  935-965);  —  Le  ç  ulte  et  la  fête  de  V-Êfe  suprême  à  Beouvais, 
par  M.  L.  Thiot  /p.  966-988)  ;  —  À  plein  vol,  poème,  par  M.  philéas  Lebesgue, 
suivi  d'une  notice  curieuse  sur  l'auteur,  poète-laboureur  du  pays  de  Bray, 
par  M.  Gaud  (p.  989-1002).  La  Société  académique  d'archéologie,  sciences 
et  arts  du  département  de  l'Oise,  ave:  ce  tome  XXI  de  sa  collection,  se 
place  dans  les  premiers  rangs  des  sociétés  savantes  de  la  France. 

Cambrésis.  — ■  Dans  la  première  partie  du  tome  LXVI  des  Mémoires  de 
la  Société  d'émulation  de  Cambrai,  qui  vient  de  nous  parvenir  (Cambrai, 
imp.  LefeJ3vre,  191'j,ia-8  de  cxliv-168  p.,  avec  pl.),|nous  relèverons  les  deux 
rapports  suivants  :  Rapport  sur  le  concours  d'histoire,  par  M.  L.  Chantraine 
(p.  xxvii-xxxviii)  et  Rapport  sur  le  concours  de  moralité,  par  M.  le  D^  G. 
Bailliez  (p.  xxxix-l).  La  seconde  partie  du  volume  renferme  les  travaux 
ci-après  :  Le  Tombeau  de  Robert  d^  Croy,  évêque-duc  de  Cambrai,  par 
M,  D.  Merveille  (p.  3-29,  avec  9  planches  et  plans  et  un  portrait);  — 
L.' Abbaye  d3  Cantimpré,  par  M.  le  D""  0.  Bailliez  (p.  33-66,  avec  6  plans  et 
planches)  ;  —  Le  Cateau  à  travers  les  âges,  par  M.  A.  Delolîre  (p.  67-160)  ;  — ■ 
Alexandre  Ronnelle  (1835-1911),  notice  biographique,  par  M.  Nicq-Boutre- 
ligne(p.  161-166). 

Corse.  —  A  tous  ceux  qui  songent  à  voyager  en  Corse,  signalons,  comme 
susceptiitle  de  rendre  les  plus  grands  services,  V Indicateur  officiel  Guide 
général  de  la  Corse  dont  le  numéro  lia  paru  le  1®''  juin  1912  (Paris,  A.  Clavel, 


—  284  — 

in-8  de  96  p.,  avec  cartes,  plans  et  illustrations).  Les  horaires  des  compa- 
gnies de  navigation  et  de  ciioiuins  de  fer,  des  services  d'automobiles  et  de 
diligences,  un  dictionnaire  alphabétique  des  364  communes  et  de  nom- 
breuses autres  localités  de  la  Corse, contenant,  outre  une  notice  géographique 
s  immaire  de  chaque  point,  les  renseignements  pratiques  utiles,  voilà, 
entre  autres  choses,  ce  que  l'on  trouvera  dans  cette  excellente  publication 
améliorée,  complétée  et  précisée  à  chaque  nouveau  tirage.  Géographes 
comme  touristes  trouveront  leur  profit  à  la  consulter. 

D  AuPHiNÉ.  —  h' Annuaire  de  la  Sociîté  des  touristes  du  Dauphiné  compte 
trente-  sept  années  d'existence.  Nous  avons  sous  les  yeux  le  tome  XVII  de 
la  -1^  série  de  cette  publication  (année  1911 .  Grenoble,  imp.  Allier  frères, 
1912,  in-8  de  261  p.,  avec  5  planches  et  5  plans).  11  résulte  de  la  Chronique 
alpine  (p.  87-107),  qui  enregistre  les  courses  et  ascensions  au-dessus  de 
3.000  mètres,  que,  de  juillet  à  septembre  1911,  alors  que  le  temps  était 
invariablement  au  beau,  la  Meije  a  été  gravie  une  quarantaine  de  fois,  les 
Écrins  ont  reçu  la  visite  de  trente  à  trente-cinq  caravanes  et  laMéridionale 
(massif  des  ArA-es)  a  été  escaladée  de  vingt-cinq  à  vingt-huit  fois.  La 
nomenclature  générale  de  ces  ascensions  ne  comprend  pas  moins  de'  20  pages. 
—  Les  Excursions  collectives  de  la  SocUté  en  1911  (p.  109-145)  ont  fait 
l'objet  de  quatorze  comptes  rendus,  signés  d'initiales 'diverses.  Ces  excur- 
sions ont  été  accomplies  entre  le  15  janvier  et  24  décembre  1911.  ^  A  men- 
tionner ensuite  les  excursions  spéciales  suivantes  :  La  Touf  carrée  de  Roche- 
Méane,  par  M^e  paule  Collet  (p.  147-153,  avec  une  planche);  —  Deux 
Coufses  d'hiver  en  Tarentaise,  Le  Cheval  Noir;  De  Moutiers  à  Beaufort,  par 
M.  A.  Coutagne  (p.  155-167,  avec  2  plans);  —  Sous  les  sapins  de  Cham- 
rousse,  par  M.  Joseph  Roux  (p.  169-181,  avec  une  planche  et  un  plan). — 
Voici  maintenant  deux  études  scientifiqi.es  et  techniques  :  Estai  de  syn- 
thèse toponymique.  Les  Noms  de  lieux  rigionaux,  par  M.  Ernest  Chabrand 
(p.  183-236)  et  les  Avalanches,  par  M.  V.  Hulin  (p.  237-266).  —  Citons  encore 
deux  autres  mémoires  classés  sous  la  rubrique  Variais  :  Le  Neyron, 
sur  le  chemin  et  le  poste  gallo-romains,  par  M.  H.  Millier  (p.  267-287,  avec 
une  planche  et  2  plans)  et  la  Protection  des  travaux  en  montagnes,  par 
M.  Louis  Kmg-Basse  (p.  289-298).  —  Les  dernières  pages  du  volume 
(299-357)  sont  remplies  par  une  Bibliographie  alpine  très  utile  en  raison 
des  nombreux  renseignements  qu'elle  fournit. 

Franche-Comté.- — Ce  ne  sont  pas  les  seuls  historiens  qui  se  sont  occupés 
deJacqucsdeMolay  ;  Its  romanciers  et  le.s dramaturge sse  sont  aus!-i  emparés 
du  i)ersonnage  et  l'ont  fait  revivre  à  leur  manière.Ces  derniers  l'ont  in\  aria- 
blement  présenté  comme  une  victime  de  la  rapacité  de  Philippe  le  Bel; 
quant  aux  historiens  leurs  opinions  sont  diverses.  Voici  M.  V.  Thomassin 
qui;  à  son  tour,  dans  une  élégante  brochure  intitulée  :  Figures  comtoises. 
Jacques  de  Molay,  dernier  grand-maître  de  Vordre  du  Temple  (Paris,  Boutet, 
1912 ,  in-8  de  28  p.,  avec  portrait.  —  prix  :  3  fr.),  nous  offre  tout  à  la  fois 
uneétudebrève  et  précisedercrdreduTemplc  depuis  sa  fe  r  datien  veis  1118 
jusqu'à  sa  suppression  (1312)  et  ur.e  bie graphie  scignée  de  son  dernier 
grand- maître.  Sans  trancher  la  qiesticn  contnnersée  du  lieu  de  naissance 
de  Jacfiues  de  Molay  (Molay,  Haute-Saône,  ou  Molay,  Jura)  —  ce  qui  laisse 
indiscutable  quand  même  les  origines  ce  mtoises  du  célèbre  templier  — ■ 
l'auteur  raconte  en  détail  sa  dramatique  histeire,  à  l'aide  de  toutes  les 
sources  imprimées  et  mam  sciites  (j^rehiACS  et  Eibliclhec^ue  r.atiei.ales) 
eju'il  a  pu  consulter.    11  conclut  comme  f^uil  à  l'iureeeiec  des' lemplieis  : 


JMi 


_  285  — 

«  Leur  procès  ne  fut  qu'une  horrible  machination  montée  contre  eux  par  le 
roi  de  France  ffiii  avait  besoin  d'argent.  En  effet,  depuis  le  d^but  de  son 
règne,  Philippe  le  Bel  se  débattait  dans  d'inextricables  embarras  financiers ... 
De  là  les  expédients  financiers,  les  créations  d'impôts  veyatoires,  l'altéra- 
tion'des  monnaies. De  là  ai:ssi  les  tentatives  plus  hardies  qui  ont  fait  appeler 
son  règne  «  le  règne  de  la  confiscation  universelle  ».  Or,  aucune  de  ces  ten- 
tatives ne  lui  avait  pleinement  réussi;  les  besoins  du  fisc  cependant  étaient 
chaque  jour  plis  impérieux.  Il  est  facile  de  comprendre  dès  lors  quel  intérêt 
il  avait  à  se  faire  apparemment,  contre  les  templiers,  le  défenseur  de  la  foi 
et  le  vengeur  de  la  morale.  » 

—  M.  Charles  Léger  est  un  chercheur  heureux.  Il  a  trouvé  dernièrement 
chez  un  bouquiniste  parisien  un  exemplaire  des  Souvenirs  du  2^  de  zouaves 
(1859),  qui  n'est  pas  précisément  rare;  mais  cet  exemplaire  renfermait  une 
lettre  autographe  du  général  Cler  (ai  ter r  du  livre,  en  collaboration  avec 
le  baron  Du  Casse)  adressée  à  un  de  ses  cousins,  datée  d'Alexandrie 
19  mai  1859,  et  une  autre,  non  signée,  émanant  «  d'un  officier  à  l'armée 
d'Italie  »  (Brescia,  19  juin  1859),  laquelle  donne  des  détails  très  circons- 
tanciés sur  la  bataille  de  Magenta  et  les  derniers  moments  du  général.  Cette 
dernière  pièce  a  permis  à  M.  C.  Léger,  qui  connaît  et  a  comparé  tout  ce  qui 
a  été  publié  sur  Jean-Joseph-GustaA  e  Cler,  d'écrire  une  intéressante  éti  de  : 
Une  Trouvaille  de  bibliophile.  Documents  inr'dits  sur  le  général  Cler  (1814- 
1859)  (Besançon,  imp.  Cariage,  1912,  petit  in-8  de  23  p.,  avec  portrait.  — 
Prix  :  1  fr.).  Au  fond,  nous  avons  là  une  biographie  nouvelle  et  critique  du 
héros  comtois,  où  l'auteur  rectifie  certains  faits  et  précise  la  date  de  la  nais- 
sance de  Cler,  qui  trouva  à  Magenta  une  mcrt  glorieuse  :  Salins,  10  dé- 
cembre 1814.  Cette  brochure,  qui  se  termine  par  un  aperçu  de  l'icf  no- 
graphie  relative  au  général,  intéressera  non  seulement  les  compatriotes  de 
celui-ci,  mais  tous  ceux  qui,  à  un  degré  quelconque,  s'occupent  d"histoire 
militaire. 

Provence.  —  M.  Jean  Audouard  a  découvert  aux  archives  du  départe- 
ment des  Bouches- du-Hhône  trois  lettres  adressées  aux  procureurs  du  pa\  s 
de  Provence  parle  marquis  de  Mirabeau,  et  il  les  publie  aujourd'hui:  Trois 
Lettres  inédites  de  l'Ami  des  hommes  (Paris,  A.  Picard  et  fils,  1912,  in-8 
de  17  p.).  Dans  la  première  lettre,  le  marquis,  toujours  enthousiaste 
des  -travaux  des  économistes,  demande  qu'on  institue  dans  son  pays 
des  cours  d'économie  politique.  Dans  la  seconde,  ce  n'est  plus  le  disciple 
de  Quesnay  qui  prend  la  plume,  c'est  le  propriétaire  qui  proteste  contre 
ce  que  son  frère  appelait  «  la  ridicule  fureur  des  alignements  »  et  il  sou- 
tient cette  étrange  théorie  que  les  chemins  les  plus  utiles  ne  sont  pas 
les  chemins  droits,  mais  les  chemins  tortueux,  ce  qui  motive  le  très 
spirituel  projet  de  réponse  inscrit  à  la  suite  de  la  lettre.  La  troisième 
lettre  montre  «l'Ami  des  hommes))  toujours  aussi  jaloux  de  ses  .droits  et 
dédaigneux  des  formalités  administratives.  Toutes  les  trois  peignent 
donc  bien  le  fameux  marquis  dans  son  vrai  caractère,  et  il  faut  remercier 
M.   Audouard  de  les  avoir  tirées  de  l'oubli. 

Saintonge  et  Aunis.  —  MM.  Ch.  Dangibeaud  et  Pandin  de  Lussau- 
dière  nous  donnent  dans  le  tome  XLlI  des  Archives  historiques\de  :  la 
Saintonge  et  de  V Aunis  (Paris,  A.  Picard  et  fils;  Saintes,  Prévost,  1911, 
in-8  de  557  p.  —  Prix  :  15  fr.),  la  suite  de  leur  intéressant  dépouillement 
des  Registres  paroissiaux  de  la  Charente- Inférieure.  Quatre  communes 
seulement  sont  contenues  dans  ce  volume  :  Annezay,  Arces,  Aujac  et 
Aytré.  Se  conformant  toujours  au  même  plan,  ils  font  connaître  succès- 


—  286  ~ 

sivcment,  pour  chacune  de  ces  paroisses,  l'état  de  conservation  des  regis- 
tres, puis  ils  condensent  les  renseignements  recueillis  afin  de  présenter 
un  état  aussi  exact  que  possible  de  ces  paroisses  au  point  de  vue  des 
métiers  qui  y  étaient  exercés,  des  é^  énements  dont  elles  furent  témoins, 
des  mœurs  et  des  coutumes  de  leurs  habitants.  Ils  donnent  ensuite  ime 
liste  des  curés  et  des  vicaires  et  un  tableau  du  momemènt  de  la  popu- 
lation depuis  la  date  la  plus  reculée  relevée  sur  les  registres,  jusqu'en 
1792.  Ce  résumé  des  principaux  faits  que  l'on  trouve  ainsi  en  tête  de 
chaque  paroisse  forme  une  excellente  histoire  de  la  localité  pour  la  fin 
du  xvii<^  siècle  et  pour  tout  le  xviii*^  siècle.  Une  table  onomasticiue  placée 
à  la  fin  du  volume  permet  de  l'utiliser  facilement.  On  ne  peut  que  sou- 
haiter aux  auteurs  la  persévérance  nécessaire  pour  mener  à  bonne  fin 
leur  travail  et  l'achever  sans  trop  tarder  afin  de  fournir  aux  érudits  une 
source  des  plus  intéressantes  pour  l'histoire  de  l'Aunis  et  de  la  Saintonge 
pendant  les  deux  siècles  qiti  précédèrent  la  Révolution. 

États-Unis.  ■ —  Le  volume  XXXIX  des  Proceedings  of  the  national 
il/f/*:eum  (Washington,  Goa  ernment  printing  office,  1911,  in-8  de  664  p.) 
renferme  les  articles  suiAants  :  The  annelids  of  the  Family  Arenicolidae 
of  Norih  and  South  America,  including  an  Account  of  Arenicla  glacialis 
Murdoch,  par  James  Hartley  Ashworth  (p.  1  à  32,  14  figures);  ■ —  A 
new  Genus  and  Species  of  Lizardfrom  Florida,  par  Leonhard  Stejneger 
(p.  33  à  35,  6  figures,  1  genre  nouveau,  1  espèce  nouvelle);  —  The 
Thorax  of  the  Hymenoptera,  par  Robert  Evans  Snodgrass  (p.  37  à  91  ; 
16  planches  et  19  figures);  ■ — Terrestrial  Isopods  collected  in  Costa  Rica, 
by  J.  F.  Tristan,  par  Harriet  Richardson  (p.  90  à  95,  3  figures,  1  genre 
nouveau,  1  espèce  nouvelle)  ;  ■ — ■  A  new  scincid  Lizard  from  the  Philippine 
Islands,  ^ax  Leonhard  Stejneger  (p.  97  et  98,  1  espèce  nouvelle)  ; — 
J  apanese  Sawflies  in  the  collection  of  the  United  States  National  Muséum, 
par  S.  A.  Rohwer  (p.  99  à  120,  4  genres  nouveaux,  1  sous-genre, 
23  espèces  et  2  sfjus-espèces  nouvelles,  2  noms  nouveaux);  —  Tlie 
Fislies  of  the  Lake  of  the  Woods  and  connecting  watcrs./paT  Barton  Warren 
Evermann  et  Homer  Barker  Latimer  (p.  121  à  136)  ;  — Description  of  a  new 
species  of  Anilocra  jrom  the  Atlantic  coastof  North  America,  par  Harriet 
Richardson  (p.  137  et  138,  1  figure,  1  espèce  nouvelle);  — •  A  new  species 
of  cestode  parasite  (Tœnia  balaniceps)  of  the  Dog  and  of  the  Lynx,  with  a 
note  ou  Proteocephalus  puniéus,  par  Maurice  G. Hall  (p.  139  à  151,  6 
figures,!  espèce  nouvelle)  ;■ — •  The  West  American  Mollusks  of  the  genus 
Alaba,  by  Paul  Bartsch  (p.  153  à  156,  4  figures,  1  espèce  nouvelle);  — 
Notes  on  the  structure  and  habits  of  the  Wolf-fishes,  ipav  Théodore  GiH  (p.  157 
à  187,  12  planches,  13  figures,  1  espèce  nouvelle);  —  North  American  para- 
siticCopepods  bdongingtothefaniily  Ergasilidœ,  par  Charles  Branch  Wil- 
son  (p.  189  à  226,  8  planches,  2  genres  nouveaux,  4  espèces  nouvelles);  — 
Description  of  a  new  Rabbit  from  islands  of  the  coast  of  Virginia,  par  Edgar 
A.  Mearns  (p.  227  et  228,  2  planches,  1  sous-espèce  nouvelle);  —  Descrip- 
tions of  new  Mollusks  of  the  family  Vitrinellidœ  from  the  West  coast  of  America, 
par  Paul  Bartsch  (p.  229  à  234,  2  planches,  6  espèces  nouvelles);  — New 
South  American  parasitic  Hymenoptera,  par  J.  G.  Crawford  (p.  235  à  239, 
4  figures,  3  genres  nouveaux,  4  espèces  nouvelles);  —  A  review  of  the 
Sciœnoid  Fishes  of  Japan,  par  David  Starr  Jordan  et  William  Francis 
Thompson  (p.  241  à  261,  4  figures,  2  espèces  nouvelles);  —  North  American 
parasitic  Copepods  helonging  to  the  family  Ergasilidœ,  par  Gharles  Branch 
Wilson  (p.  263  à  400,  20  planches,  41  figures,  2  genres  nouveaux,  12  espèces 


—  287  — 

nouvelles);  —  New  spccies  of  reared  Ichneunionflies,  par  H.  L.  Vierock 
(p.  401  à  408,  11  espèces  nouvelles)  ;  —  The  récent  and  fossil  Mollusks  of  tlie 
genuf!  Alahina  jrom  the  West  coast  of  America,  par  Paul  Bartsch  (p.409à418, 
2  planches,  7  espèces  et  2  sous-espèces  nouvelles);  —  Sperm  transfer  in 
certain  Becapods.  pa.r  E.  A.  Andrews  (p.  419  à  434,  15  figures);  —  A  review 
of  the  Fishes  of  the  families  Loboiidœ  and  Lutianidœ,  found  in  the  waters  of 
Japan,  par  David  Starr  Jordan  et  v^'illiam  Francis  Thompson  (p.  435 
à  471,  8  figures,  1  genre  nouveau);  ■ —  Thatassocrinus,  a  ncw  genus  of 
stalked  Crinnids  front  the  East  Indies,'pd.r  Austin  Hobart  Clark  (p.  473  à  476, 
1  genre  nouveau,  1  espèce  nouvelle);  —  On  some  Hymenopterous  Insects 
from  the  island  of  Fonnosa,  par  S.  A.  Rohwer  (p.  477  à  485,  9  espèces  nou- 
velles) ;  • —  On  the  inorganic  constituents  of  the  skeletons  of  two  récent  Crinoids , 
par  Austin  Hobart  Clark  (p.  487  et  488);—  A  new  Lalyrimhodont  from  the 
Kansas  coal  mcasitrcs ,  par  Roy  L.  Moodie  (p.  489  à  495,  4  figures,  1  genre 
nouveau,  1  espèce  nom  elle)  ;  —  Corynotrypa,  a  new  genus  of  tubuliporoid 
Bryo:oa ,  T[>a.T  Ray  S.  Ba.ssler  (p.  497  à  527,  27  figures;  1  genre  nouveau, 
7  espèces  nouvelles);  —  On  a  collection  of  unstalked  Crinoids  made  by  tfie 
Unité  States  steamer  Albatross  in  the  vicinity  of  the  Philippine  Jslands,  par 
Austin  Hobart  Clark  (p.  529  à  653,  3  genres  nouveaux,  24  espèces  et 
1  variété  nouvelles)  ; — The,  West  American  Mollusks  of  the  genus  Eumeta,psr 
Paul  Bartsch  (p.  565  à  568,  3  figures,  1  espèce  nouvelle); —  Descrip- 
tion of  a  little-known  JRattlesnake,  Crotalus  willardi,  from  Anzonay^tav  Frank 
A.  Hartman  (p.  569  à  570,  4  figures);—  On  Calamine  Crystala  from  Mexico, 
Rutilemica  intcrgrowth  from  Canada  and  pseudomorphs  Marcasike  afier 
Pyrrhotite  from  Prussia,  par  Joseph  E.  Pogue  (p.  571  à  579,  2  planches, 
1  figure);  • — ■  The  récent  and  fossil  Mollusks  of  the  genus  Diastoma  from  the 
West  coast  of  Ameritca,  par  Paul  Bartsch  (p.  581  à  584,  4  figures,  3  espèces 
nou\  elles)  ;  —  A  Monograph  of  tlie  Flycatcher  gênera  Hypothymis  and  Cyano- 
nympha,  par  Harry  C.  Cb-irholser  (p.  585  à  615, 1  genre  nouveau,  11  sous- 
espèces  nouvelles);  —  Descriptions  of  new  Hymenoptera,  par  J.  C.Crawford 
(p.  617  à  623,  3  figures,  2  genres  nouveaux,  10  espèces  nouvelles);  —  North 
American  parasitic  Copepods.  Descriptions  of  new  gênera  and  species,  par 
Charles  Branch  Wilson  (p.  625  à  634,  4  planches,  2  genres  nouveaux, 
4  espèces  nouvelles)  ;  —  Bées  in  the  collection  of  the  United  States  National 
Muséum,  par  T.  D.  A.  Cockerell  (p.  635  à  658,  1  figure,  9  espèces,  5  sous- 
espèces  et  3  variétés  nouvelles);  —  Hyalinothria,  a  new  genus  of  Star  fishes 
from  the  Hawaiian  Islands,  par  Walter  K.  Fisher  (p.  659  à  664,  2  planches, 
1  genre  nouveau,  1  espèce  nouvelle). 

Publications  nouvelles.  —  La  Marque  du  véritable  Anneau,  par  le 
D"^  A.  von  Ruville;  trad.  par  G.-G.  Lapeyre  et  P.  Maury  (in-16,  Beau- 
chesne'l.  — •  La  Journée  sanctifi-fe,  par  L.  Rou/àc  (in-12,  Lethielleux).  ■ — 
Traité  de  la  paix  intérieure,  par  le  P.  Ambfoise  de  Lombez,  (in-12,  Librairie 
Saint-François).  —  La  Guerre  sainte  en  pays  chrétien;  essai  sur  V origine 
et  le  développement  des  théories  canoniques,  par  H.  Pissard  (in-12,  A.  Picard 
et  fils).  • — ■  La  Philosophie  allemande  au  xix^  siècle,  par  C.  Andler,  V.  Basch, 
J.  Benrubi,  C.  Bougie,  V.  Delbcs,  G.  Cwelshauvers,  B.  Grnethuyscn, 
H.  Korero  (in-8,  Alcan).  —  L'Un- Multiple,  esquisse  d'une  i7ir'tr physique, 
par  R.  JMiralîeau  (in-16,  Alcan).  —  Les  Mariages  de  demain,  par  Mgr  H.  Bolo 
(in-12,  Haton).  —  Vingt  Guérisons  à  Lourdes  discutées  médicalement,  par 
le  D""  de  Grandmaison  de  Bruno  (in-16,  Beauchesne).  ■ — •  Histoire  de  la  So- 
ciété nationale  d'agriculture  de  France,  pai"  L.  Passy.  T.  I.  (1761-1793) 
{in-8,  imp.  Renouard).  ■ — ■  La  Bataille.  Conduite  stratégique,  exécution  tac- 


—  288:— 

tique,  par  le  capitaine  G.  Becker  (in-8,  Berger-Levrault).  —  L'Artillerie 
au  Maroc.  Campagnes  en  Chaouîa,  par  le  capitaine  Féline  (gr.  in-8,  Berger- 
Levrault). —  Les  Villes  d'art  ctlèbres.  Athènes,  par  G.  Fougères  (petit  in-4, 
Laurens).  —  Dictionnaire  alphabétique  et  logique  de  la  langue,  de  la  géo- 
graphie et  de  Vhistoire  à  l'usage  des  écoles,  par  É.  Blanc  (in-12  cartonné, 
Lyon  et  Paris,  Vitte).  —  Poésies  choisies  de  Saint-Pavin,  précédées  d'une 
Introduction  par  G.  Michaut  (petit  in-18,  Sansot).  —  Par  delà  les  yeux,  par 
M.-J.  de  Chantai  (in-18,  Figuière).  —  Scènes  vécues,  par  L.  Julien  (in-16, 
Jouve).  —  Orgueil  de  Reine,  drame  en  4  actes  avec  chants,  par  l'abbé 
J.  Oger  (in-8,  Haton).  —  Sadya,  un  acte  en  vers,  par  J.  Ott  (in-12,  édition  de 
l'Hexagramme).  —  Conteurs  français  de  terroir.  Anthologie  régionaliste 
(in-18,  Tourcoing,  Duvivier).  —  Prosateurs  français.  Deuxième  Anthologie 
de  la  Renaissance  contemporaine  (gr.  in-8,  Renaissance  contemporaine).  — 
Les  Pirates  de  la  Mer  Rouge,  par  K.  May;  trad.  de  l'allemand  par  J.  de 
Rochay  (in-12  cartonné.  Tours,  Marne).  —  Rose-des-Chemins,  par  C.  de 
Vitis  (in-12  cartonné.  Tours,  Mame).  —  Lettres  de  Mgr  Jean  de  Fontanges, 
évêque  de  Lavaur,  1749-1764,  publiées  avec  notice,  notes  et  index  par  le 
baron  de  Balay  de  Gaïx  (petit  in-8.  Champion).—  Jean-Jacques  Rousseau, 
leçons  faites  à  l'École  des  hautes  études  sociales,  par  F.  Baldeiisperger, 
G.  Baulavon,  J.  Benrubi,  C.  Bougie,  A.  Cahen,  V.  Delbos,  G.  Dwelshauvers, 
G.  Gastinel,  D.  Mornet,  D.  Parodi,  F.  Vial  (in-8  cartonné,  Alcan).  —  Ames 
modernes,  par  H.  Bordeaux  (in-16,  Perrin).  —  Histoire  de  V antiquité,  par 
É.  Meyer;  trad.  par  M.  David.  T.  I  (gr.  in-8,  Geuthner).  —  Luther  et  le 
luthérianisme,  par  H.  Denifle;  trad.  de  l'allemand  par  J.  Paquier.  T.  IH 
(in-12,  A.  picard  et  fils).  —  L'Hôtel-Dieu  de  Paris  au  xvii^  et  au  xviii^  siècle, 
par  M.  Fosseyeux  (gr.  in-8,  Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault).  —  Notes 
sur  l'histoire  de  la  cille  et  du  pays  de  Fougères,  par  le  vicomte  Le  Bouteiller 
(2  vol.  gr.  in-8,  Rennes,  Plihon  et  Hommay).  —  Mémoire  de  Marie-Caro- 
line, reine  de  Naples,  intitulé  :  De  la  Révolution  du  royaume  de  Sicile,  par 
un  témoin,  publié  avec  Introd.,  notes  critiques  et  2  fac-similés,  par  R.  M. 
Johnston  (in-8  cartonné,  London,  Frowde).  —  Études  d'histoire,  par 
A.  Chuquet,  5^  série  (in-'l2,  Fontemoing).  —  Journal  de  captivité  d'un 
officier  de  l'armée  du  Rhin  (27  octobre  1870-18  mars  1871),  par  le  cap»e 
H.  Choppin  (in-12,  Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault).  —  Histoire  de  la 
troisième  République,  par  L.  Hosotte  (in-8,  Librairie  des  Saints-Pères). — 
Quatre  Français.  Pasteur,  Chevreul,  Rrunetière,  Vandal,  par  D.  Cochin 
(in-16.  Hachette).  —  Les  Catholiques  sont-ils  des  citoyens'!  par  J.  Riche 
(in-12.  Librairie  des  Saints-Pères).  Visenot. 


Le   Gérant  :  CHAPUIS. 


Imprimerie  polyglotte  Kr.  Simon,   Rennes — Paris. 


POLYBTBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 

ROMANS,  CONTES  ET  NOUVELLES 

Romans  diveus.  —  1.  Le  Tribun,  par  Paul  Bourget.  Paris,  PI oa- Nourrit,  1912, 
in-16  de  234  p.,  3  fr.  50.  —  2.  Jeanne  Michelin,  cl roniqu,'  du  xvnt«  siè  l  ,  suivie 
de  Les  Deux  Faces  de  la  vie,  par  Henry  Bordeaux.  Paris,  Fontemoing,  1912,  in-l8 
dexi-29'ip. ,  "fr.50.  —  3.  Monsieur  des  ioa/'cJines.par  Alphonse  de  Chatbaub  riant. 
Paris,  Grasset,  1912,  in-16  de  189  p.,  3  fr.  50.  — 4.  La  Fresqu-  de  Pompéï.  La 
Madone  qui  pleure,  par  Gilbert  A' glstin-Thierry.  Paris,  Pion- Nourrit,  s.  d., 
in-16  de  322  p.,  3  fr.  50.  —  5.  La  Première  Étape,  par  He\ri  Moro.  Paris,  Grasset, 
1912,  in-16,  287  p.,  3  fr.  50.  —  6.  Les  Blés  mûrissen,'...,  par  Henri  Bordier.  Paris, 
Grasset,  1912,  in-16  de  264  p.,  3  fr.  50.  —  7.  L'Offrande  au  mystère,  par  Pierre 
FoNS.  Paris,  Sansot,  1912,  in-12  carré  de  145  p.,  3  fr.  —  8.  La  Boute  bleue,  par 
Jean  Rameau.  Paris,  Pion- Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  299  p.,  3  fr.  50.  —  9.  Malgré 
son  père,  par  F.  Dumont.  Paris,  Grasset,  1912,  in-16  de  298  p.,  3  fr.  50.  —  10. 
L'Appel,  par  M.-C.  Belgrakd  d'Arbaumont.  Paiis,  Plon-Nour-rit,  s.  d.>  in-16 
de  338  p.,  3  fr.  50.  —  11.  Qui  sème  le  cent...,  par  Charles  jEANDET.Paiis,  Figuière, 
1912,  in-16  de  268p.,3fr.50. — 12.  A  l'ombre  du  clocher,  par  Léopold  Gros.  Paris, 
Grasset,  1912,  in-16  de  311  p.,  3  fr.  50.  —  13.  La  Bague,  satire  politique  et  morale, 
par  Maxime  Dubroca.  Paiis,  Figuièie,  1912,  in-16  de  200  p.,  3  fr.  50. — 14.  yers 
la  lumière,  par  Emile  Poiteau.  Paris,  Grasset,  1912,  in-16  de  325  p.,  3  fr.  50.  — 
15.  La  Meilleure  Part,  par  Emile  Poiteau.  Paiis,  Grasset,  1912,  in-16  de  265  p., 
3  fr.  50.  —  16.  Sur  le  déclin,  par  Louis  Planté.  Paiis,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16 
de  294  p.,  3  fr.  50.  —  17.  Les  Feuilles  sur  la  route,  par  Maurice  de  la  Fuyb. 
Paris,  Jouve,  1912,  in-18  de  217  p.,  3  fr.  50.  —  18.  Amours  rurales,  par  Paul 
Lacour.  Paris,  Perrin,  s.  d.,  in-16  de  268  p.,  3  fr.  50.  — 19.  Jean  Guilbert,  scèn.s 
duRouergucpas  Gaston  Mercier.  Paris,  Grasset,  1912,  in-16  de  ix-247  p. ,3  fr.  50. 

Romans  de  femmes.  —  20.  Le  Bonheur  accessible,  par  Yvonne  Durand.  Paris, 
Figuière,  1912,  in-16  de  230  p.,  3  fr.  50.  —  21.  L'Amour  nomade,  par  Mv^  i.m 
Deroxe.  Paris, Figuiùie, 1912, in-16  de  198  p.,  3  fr,  50. —  22.  Ames  d,  femmes,  par 
Berthem  de  itiGNY.  Paiis,  Jouve,  1912,  in-16  de  342  p.,  3  fr.  50.  —  23.  Thérèse 

Dalbian,  par  Louise  Fisquet.  Paris,  Grasset,  1912,  in-16  de  289  p.,  3  fr.  50.  

24.  La  Cité  des  lampes,  par  Claude  Silve.  Paris,  Calmann-Lôvy,  1912,  in-16 
de  11-265  p.,  3  fr.  50.  —  25.  Le  Moulin  sur  la  Soufroide,  par  Marguerite  Re- 
gn   ud.  Pai-is,  Grasset,  1912,  in-16  de  301  p.,  3  fr.  50. 

Romans  étrangers.  —  26.  La  Vocation  de  Frank  Guiselev,  par  Robert  Hugh 
Be  .SON  trad.de  l'anglais  par  T.  de  Wyzewa.  Paiis,  Perrin,  19 12,  in-16  de  176  p., 
3  fr.  50.  —  27.  Métissa,  par  James  Olivier  Curwood;  trad.  de  l'anglais  par 
V.  Forbin.  Paris,  Hachette,  1912,  in-16  de  284  p.,  1  fr.  —  28.  Dorrington  détec- 
tive marron,  par  Arthup.  Mor  ison;  trad.  de  l'anglais  par  Albert  Savine.  Pans, 
Stock,  1912,  in-16  de  333  p.,  3  fr.  50.  —  29.  L'Apostolat  du  knout  en  Pologne,  par 
Ladislas  Stanislas  Reymont;  trad.  du  polonais  par  Paul  Cazin.  Paiis,  Perrin 
1912,  in-16  de  xiv-225  p.,  3  fr.  50.  ' 

RoMAxs  DIVERS.  —  L  —  M.  Bourget  a  mis  en  volume  sa  célèbre 
pièce  du  Tribun,  en  la  dédiant  à  Charles  Maurras.  La  Préface 
adresse  à  cet  écrivain  politique,  le  plus  grand  que  nous  ayons 
aujourd'hui,  est  elle-même  un  document  politique  de  première  im- 
portance. Elle  roule  sur  cet  axiome,  inspiré,  dit  l'auteur,  de  Comtp, 
de  Le  Play,  de  Balzac  et  de  Bonald,  que  «  la  cellule  sociale  est  la 
famille  et  non  l'individu  ».  Lecc  Tribun»,  c'est  l'homme  politique  que 
Octobre  1912.  T.  CXXV.  19. 


—  2C0  — 

nous  voyons  triompher  aujourd'hui.  M.  Bourget  s'est  occupé  moins 
de  le  flétrir  dans  ses  bassesses,  que  de  le  critiquer  dans  ses  erreurs. 
Il  a  omis  le  caractère  d'exploiteur  et  retenu  le  côté  doctrinaire. 
Cotte  mithodc  a  l'avantage  d'oiïrir  aux  dupes  de  cette  doctrine, 
nombreux  en  France,  i;n  moyen  de  retour  plus  sûr  que  de  leur 
démontrer  l'indignité  des  gouvernants.  Donc  le  «Tribun»  a  élevé 
son  fils  dans  les  idées  d'individuahsme  qui  font  le  principe  des 
Droits  de  l'homme.  Et  ce  fils-là  tire  des  conséquences  funestes  non 
seulement  à  l'ordre  de  la  famille,  mais  destructives  des  mœurs 
dans  le  particulier.  Un  amour  adultère,  chose  banale  en  roman,  la 
vente  consentie  à  un  financier  d'un  document  politique  révélateur 
de  concussion,  dont  le  «Tribun»  comptait  faire  sortir  une  restaura- 
tion de  l'État,  sont  les  effets  terribles  de  cette  éducation.  Ils  ou- 
vrent les  yeux  du  père,  qui,  rendu  à  la  vt  rite  éternelle,  abjure  en 
termes  décisifs  l'hérésie  révolutionnaire.  La  leçon  est  belle;  elle 
est  conduite  avec  toutes  les  ressources  dramatiques  dont  dispose 
M.  Paul  Bourget.  On  admire  la  force  et  la  lucidité  avec  lesquelles, 
jusque  dans  la  déclutince  morale  (non  sociale  et  pohtique  seule- 
ment) de  son  héros,  il  a  diagnostiqué  le  poison  romantique  révolu- 
tionnaire, qui  fait  prendre  à  ses  intoxiqués  (cela  était  chez  Sand 
et  Hugo,  mais  sans  cette  assurance  froide  des  anarchistes  d'au- 
jourd'hui) l'autonomie  de  la  passion  pour  la  loi  de  la  vie,  pour  la 
vertu,  pour  le  devoir. 

2.  —  M.  Henry  Bordeaux  a  réédité  queques  ouvrages  de  jeunesse, 
en  particuhor  Jeanne  Michelin,  qui  fait  le  titre  du  hvre.  Cette  nou- 
velle est  empruntée  aux  galanteries  du  duc  de  Richeheu,  contées 
et  amplifiées  par  le  pau^Te  Soulavie.  L'auteur  s'était  proposé  d'y 
rendre  la  couleur  du  xviii^  siècle;  dans  sa  Préface  d'aujourd'hui, 
il  avoue  qu'elle  ne  s'y  trouve  pas.  Il  est  certain  que  le  style  même 
(et  comment  en  serait-il  autrement?)  s'y  prête  peu  à  l'iUusion.  L'ou- 
vrage a  un  plus  grave  défaut;  c'est  la  hberté  du  sujet  qui  aurait 
dû  peut-être  détourner  l'auteur  de  le  remettre  en  circulation,  consi- 
déré surtout  qu'il  s'est  fait,  depuis  lors,  une  clientèle  fort  éloignée  de 
celle  à  qui  ces  récits  plaisent.  M.  Bordeaux  risque  d'être  acheté 
de  confiance,  et  d'aller  (contre  son  intt-ntiun)  scandaliser  ceux  que 
ses  li\Tes  d'aujourd'hui  ont   habitués   à  d'autres  lectures. 

3.  —  Sous  lo  nom  de  Monsieur  des  Lourdines,  on  nous  présente 
un  gentilhomme  qui  mène  aux  champs  une  vie  d'enfant  :  seul  avec 
sa  vieille  femme  et  des  domestiques,  malhubile  même  à  ses  affai- 
res, ne  chassant  pas,  mais  cherchant  seulement  les  champignons, 
dans  les  courses  qu'il  ne  cesse  de  faire  aux  environs,  et  qui  sont 
décrites  avec  une  vivacité  de  couleur,  une  fraîcheur  de  touche,  un 
accent  paysan  dignes  de  Constable.  Ces  gens  ont  un  fils  qui  vit  à 


-    /.')]    -■ 

|'<iri«<rf-  r(<ii  (><;H  »'/fi  ».«fm(>« ^1  U'ttrthriun>'/\r(nfi  r.^'ui  tui\U-  ff;>ri/ *  i\^ï''d 
iitu^.  \Kiy*'r  \i'>iir  lui  uni  \»tS.  um  prcinUrc  ïm^Mf  h  Uuf*  Ut^n*, 
fk\%  (Atrti  mtïUt  fraws  i*  pftyw  àtt  wmvdHu  ftfih^^^nt  4«  ^*  ft^ 
w^r.  \,ii  Ui^tt'  t-n  ftumri  de  mtimat'fnf'nt,  l/<  ft)*,  fftvtwt  hh  pfryê 

fifmri  H^'jtmr  \uï  mam  ((»i  irên  hU^n  p4t'ir0.,  (Ut  jfruy*  lf/»mrr««  s 
hhu  t(f'\if  ot  ¥>'(m(*Mi  tSn  voir  pU-^irttr  k»  douif^Àitim»,  i/t  pUm  vunn 
vhmUiiïi  qti't]  rcMfU,  *  ()U,  r(\ti  ft^Jit  »Ar»  W^Utr  ^ttf\^ii1it',..  U» 
li4',mt,%  Whf  Vf^'Ah'v',..  fihh  par  f')((tmpU'  f,  tutn i  rc^Utr  mi  i't^A 
V<ni(i(trhy,  j'?  w^  p4mrr(tï  pmt,„  (;(*  ft  n  *(  Tr/iifc  k<  dtiiVii^m  n  ntittit 
uh}v*i  t'.i  UufU'.St*i  (i\\Hr(%  \jt  iutfn  au  VtAïi  Voti^ttrhy  rm/\  dam  iotiUi 
fMUt  psiHUt  du  livra  Us  fi4  n  d'im  provimc  f-nf-roUt/ti  ^.  mchi^., 
(luoiqnc^  fvtu»  h*  *ii('\t'utm  «UMcMu^t.  Oui({uH  Um  ({u'H  *'n^ji  du 
\t'uw  Sunmm,  il  at.mïAh  ({ua  t'Umi  ÏUAvt  du  Wtulttvitrd  ({ui  k  fanvam. 
Mai*  Ui  \firr(i  aum  a  inii  U*  projai  de  rfdifûr  >ft.M<im<^  fy^ift.^  Vhvtrri'tf 
({uiU  »(irii  fuift»,  il  t-^ffieh  ({ua  ïtt  wftfîfmftl.  *(nii  Sa  fffr»  m  Ûx^ 
aux  cMmp*  prif.»  da  lui,  Si'md'HiUtvaf  **  n  c.f  tm-nUmv  fili ,  il  Vttni 
n^m  Hu  mdmi  di'^  ïthi*,  dt'%  vh\\>  m>  (d  dt^»  %iU'.%  f\ui  Ifiî  m/rm^ 
ycwAinaU'fii.  i'mvri'  lui  w/rm^ci'»  ft  fipcMucUt  (pti  ^mûMUt  UmUt  w* 
(ixi§t(*mfi,  atm^iint  dim  Veffat  f^imanti  ^hm,  k  \^%^m  Xtmtim^f  nvm 
tnilU'.  pr^t'Muiu  m  pourthftf.,  il  l'it^f^rra^ft,  î^  n^m  r^mprofitm  <rit 
If.irfuiUifn'  nt  rt-whif-,  Shi*  il  faut  **'-  d^f.krar,  [jt  pfmt  vaii  W;  %i\trmt 
du  ftl»  m  prttU Rjftr,  \hr»  efd  hfnutm  iimiâ^  /tiihU  ;  »  Mm^raitUti 
('^rîh'iAÏ.  ft  CjtSh  tint  IH'-*  f/un  oïp^irv^',  fft.,  tkn»  Ut  fia»  donté,  iff* 
pHiyx'u{m,  V/miitmr  muiit  nt  fid  prmûftr  attai  pHf  dan  e/tU^x'utm 
(Â  ït(tMimmp  du  fMi  W'.m,  La  coUtra,  mpt^uti  k  lut-mi^m^,  da  M,  àa» 
Lfturdim»  Ui  latia  dhm  un  (Ujt  da  paraSa^f  où  V&.vau  da  h  ruim 
prawi  \M('J'..  Oiita  rvMtft  oïAiga  h  lautuft  tt/jmrm  h  ra»i4ir;  »*a« 
M,  da  CimUiauhrhint  h  \iun.  vu  que  m  n'était  pa*  m  d^a/tumm^, 
il  faut  que  h  voUiftlt/f  aMa,  Pour  rendra  m  tmmvftmtfù.  vthmtm- 
ïAnliUi  cltfiz  ï'^mrvaiA,  aom.fW.  il  na  di%pft*ft  qun  da  pm  da  iaunm, 
il  a  raA'^tur»  k  un  ariiûm  ({Uhn  n'ahm  ^uéra  at  qui  fait  tM,\m  dnm 
Ui  livra,  Cant  h  Mtula,  M,  da»  L(mrdinf'fi>  jou<ç  du  vmU*n,  Pour  a^m- 
%oUir  Ui  dauil  da  m  (amma,  il  an  Joue  ht  nuit  difn»  m  eïmptiïUt,  A»- 
thinie  IVnteni  et  rar^/it  d^n»  m*  ofiti»  l^mfiii/  n^  qui  ranu»nt4s  a» 
(Miur.  n  m  «ourriet.  Le  ronun  a'mhéva  aur  la  rairnit*!  (ifmtfimm 
de*  dmix  homme»,  (j;  viifU  n  nant^imfmtal  mi«  k  pi^,  mi»  k  ptat 
au»«i  Kn  peu  da  vida  qa'rnt  hu  drnnvi  dam  djoux  tm  trot»  fitapit-rm 
pUûtm  du  %aul  pitt^e^que^  Ut  roinan  e»t  da%  plu*.  *lî».f  în'^u/*,  de» 
plu*  touc^lallt»  et,  eo  gtnfrA,  àaa  mmux  Utritt 

4.  —  \  h  Frefiqiie  (h  PompH,  qui  fuît  Ui  «ujet  <U:    •  ,x.  f,iii.:h, 
M.  Gilbéff.  Auguniin-lttiarry  voudrait  qua  w/u»  attni/.i  n.=-.  k  j*  1/ 
I      voir  de  fuggesti/ynn^r    Vàtnfmr,  i  n  amour    furi^*   et    inv'tmihifi. 


1 


—  292  — 

L'objet  vivan'^  de  cet  am~>ur  existe  :  une  femme  qui,  par  hasard, 
ressemble  à  la  figure  pcin'e  dans  la  fresque.  La  victime  de  cet 
amour  est  un  musicien,  prix;  de  Rome,  qui  se  fait  moine  pour 
échapper.  Là-dessus,  grani  tumulte  de  passions  perverses  aux  pri- 
ses avec  la  r.'sistame  chrétienne.  Un3  s'rie  de  vicissitudes  mène 
l'Astarté  et  le  moine  dans  uno  grotte  en  même  temps  que  toute 
un?  compagnie,  qui  s'éloigno,  les  laissant  seuls  :  le  pèlerin  rempH 
d'anithèmes,  la  déesse  moqueuse  et  bientôt  suppliante,  quand  l'au- 
tre, à  moitié  fou,  la  menace.  Alors  elle  essaie  des  anciennes  séduc- 
tions. Nous  sommes  priés  ici  de  redouter  le  dénouement.  Heureu- 
sement il  est  C(»n*"orme  aux  bonnes  mrcurs.  L'amoureux  résiste  et 
la  noie.  Frémissez- vous?  Moi  pas.  Tout  cela  est  m'^diocre  à  faire 
peur,  malgré  Tattirail  mythologique  et  les  menaces  de  la  fatalité. 
Cette  gamme  plaît  justement  à  ceux  dé  nos  écrivains  pour  qui 
elle  n'est  qu'un  jevi  d'esprit.  D'abord,  la  volupté  m  leur  est  pas 
péché,  ensuite  ils  no  croient  pas  au  diable.  L'identité  de  Vénus 
avec  Satan  n'est  donc  chez  eux  qu'une  double  farce.  M.  Anatole 
France  avec  toutes  ses  ressourcée  n'a  pas  réussi  à  en  faire  un  res- 
sort présentable.  ]\L  Gilbert  Augustin  Thierry  qui,il  faut  bien  le  dire, 
est  beaucoup  moins  habile,  n'a  garde  d'y  suffire  mieux  que  lui. 
5.  • —  Un  jeune  homme,  M.  Henri  Moro,  a  fait,  après  plusieurs 
autres,  ce  roman  des  passions  de  l'amour  aux  prises  avec  le  devoir 
chrétien  dêtre  chaste.  La  Première  Etape,  c'en  est  le  titre.  Tel  est 
ce  passage,  en  effet,  dans  la  route  de  la  vie  chrétienne.  H  faut  le 
passer  :  c'est  notre  loi,  en  dépit  de  l'indulgence  offerte  par  l'opinion 
à  ceux  qui  butent  ou  font  naufrage.  Avec  l'âge  viennent  d'autres 
passions;  celle-là  seule  tourmente  le  jeun?  homme,  en  sorte  qu'ab- 
jurer la  facilité  de  mœurs  est  le  premier  gage  qu'un  jeune  chrétien 
ait  à  donner  de  sa  fidélité.  M.  Moro  pose  avec  simplicité  les  termes 
de  cette  dchcate  matière.  H  s'y  montre  net  sans  indécence,  sévère 
sans  déclamation,  pieux  sans  affectation.  C'est  très  bien.  L'auteur 
est  Lyonnais  ou  de  la  région,  en  tout  cas  plein  de  l'esprit  de  Lyon. 
Je  ne  sais  si,  dans  une  peinture  si  avancée  de  son  sujet,  il  ne  fal- 
lait pas  cela  pour  tenir  cet  équilibre.  Lyon  est  merveilleux  de  piété 
raisonnable  et  c'est  un  des  endroits  du  monde  où  l'on  sait  expri- 
mer avec  simpHcité,  justesse  et  naturel,  une  plus  grande  étendue 
de  ccnscience  religieuse.  Je  ne  dirai  pas  que  ce  livre  ne  passe  nulle 
part  les  bornes.  Il  est  indiscret  sur  un  point,  et  découvre  des  illu- 
sions sur  un  autre.  L'indiscrétion  est  le  fait  des  tirades  d'un  prêtre, 
l'abbé  Bravas,  sur  «  l'éducation  de  la  pureté  ».  Outre  qu'elles  ne 
contiennent  que  des  choses  fort  communes,  l'ostentation  béate  que 
le  personnage  y  met  achève  le  ridicule  de  ce  sujet  scabreux.  Les 
illusions  sont  découvertes  dans  le  morceau  sur  l'apostolat,  débité 


—  293  — 

à  propos  d'un  certa'n  Hugonnel,  qui,  dans  la  réalit",  n'offrirait 
sans  doute  que  peu  de  différence  avec  un  membre  de  l'Armée  du 
Salut.  L'auteur  veut  que  ce  soit  le  type  même  de  l'apôtre.  «  On 
s'étonne  et  l'en  applaudit.  Après  l'avoir  moqué  ou  blâmé,  on  lui 
vient  en  aide.  Lui  s'efface,  scn  œuvre  est  commencée.  Il  laisse 
croire  aux  autres  qu'ils  bâtissent  afin  d'exciter  leur  ardeur- 
mais  c'est  lui  qui  soutient  et  qui  mène.  11  a  vl'cu  pour  une 
idée,  mais  c'est  l'idc'e  qui  maintenant  vit  par  lui,  etc.  »  Que 
M.  Henri  Moro  me  croie,  ce  galimatias  n'a  pas  de  sens.  C'est  un 
nœud  de  chimères,  c'est  un  chaos,  engendré  de  prosélytisme  hugue- 
not, de  mysticisme  révolutionnaire  et  de  «  blagologie  »  romantique. 
L'apostolat  catholique  n'a  pas  cet  air  ébouriffé.  Mille  traits  lui  sont 
communs  avec  les  entreprises  que  la  pudeur  humaine  fait  réussir. 
Le  miracle  est  dans  le  détail,  l'enthousiasme  au  dedans;  les  dehors 
reflètent  principalement  la  sagesse,  la  mesure,  les  convenances,  les 
égards  au  temps,  aux  mœurs  et  aux  personnes.  Quant  à  écrire  des 
phrases  comme  celles-ci  :  «  Il  avait  une  modeste  origine,  comme 
la  plupart  de  ceux  qui  rénovent  le  monde  »,  c'est  pur  charlata- 
nisme. Est-ce  que  saint  Charles  Borromée,  saint  Ignace,  saint  Fran- 
çois de  Sales,  pour  ne  citer  que  ceux-là,  n'étaient  pas  de  noble 
famille?  Ce  qui  égare  l'auteur,  c'est  l'application  fausse  qu'il  fait 
de  l'exemple  de  Notre-Seigneur  et  des  apôtres,  oubliant  que  la  pré- 
dicaticn  apostohque  est  un  miracle  d'un  genre  unique,  àcn^  nous 
n'avcns  pas  le  droit  de  faire  une  loi  de  l'histoire.  Aussi  Hugonnel 
fait-il  rire  quend  il  dit  :  «  Etudions  ensemble  »;  comme  si  la  science 
s'improvisait,  et  qu'il  suffit  de  la  bonne  volonté  pour  composer,, 
contre  l'attaque  des  sectes,  sur  tous  les  terrains  profanes  où  elles- 
manœuvrent,  i  ne  défense  utile  et  durable.  De  là  sort  dcns  le  roman 
in  orgf  ne  nommé  la  Correspondance  sociale.  Je  le  vois  d'ici.  Je 
vois  d'ici  les  erreurs,  les  à-peu- près,  les  confusions,  les  concessions 
surtout,  dent  il  sera  plein.  Ces  deux  points  mis  à  part,  tout  le  reste 
est  dans  l'ordre.  Le  héros  du  livre  se  garde,  malgré  les  tentations 
ressenties,  à  la  fois  par  des  résistances  de  détail,  où  l'on  voit  par- 
faitement la  grâce  de  Dieu  à  l'œuvre,  et  par  la  vertu  d'un  amour 
chaste,  quelque  temps  contrarié  par  l'erreur  d'un  père  et  par  les 
précautions  naturelles  à  nos  mœurs,  mais  qui  à  la  f;n  obtient  son 
couronnement. 

6.  —  Un  certain  prosélytisme  mi-religieux,  mi-social,  affecte  les 
métaphores  agricoles.  Les  Blés  mûrissent  :  tel  est  le  titre  d'un  roman 
(fui  prône  le  retour  à  la  terre  par  esprit  chrétien.  Cependant  rien: 
n'empêche  d'être  chrétien  dans  les  villes,  et  les  campagnes  n'offrent 
rien  à  nos  yeux  qui  doive  les  faire  préférer  à  cet  égard.  Il  est 
vrai  que  M.  Henri  Bordier  parle  de  campagnes  régénérées  par  des. 


—  294  — 

jeunes  gens  dont  voici  la  peinture  :  «  Avec  l'assurance  de  la  jeu- 
Bfsso,  ils  avaient  voulu  fonder  des  associations  dont  personne  ne 
wntit  le  besoin  autour  d'eux.  Naturellement  ils  avaient  échoué 
en  partie,  mais  ils  avaient  remué  V opinion,  choqué  les  esprits  étroits 
par  leur  prétention  extraordinaire.  C'était  une  de  leur  joie  de  dé- 
raniior  certaines  idées  acquises  et  de  rompre  bruyamment  avec  les 
habitudes  séculaires.  Ils  déconcertaient  leurs  amis  autant  par  leur 
fidélité  religieuse  que  par  leur  hardiesse,  etc.  >  Évidemment,  l'au- 
teur nous  dépeint  là  des  sots;  mais  sa  candeur  est  telle  qu'il  ne  s'en 
a5>erçoit  pas.  Choquer,  déranger,  déconcerter,  lui  parait  non  pas  une 
condition  malheureuse  encourue  auprès  de  certaines  personnes  de 
la  restauration  de  vérités  nécessaires,  mais  comme  le  bat  joyeux, 
souhaitable  et  bienfaisant,  que  se  proposent  naturellement  de  bons 
jeunes  gens  bien  intentiomi'^s.  L'alliance  de  cet  esprit  émeutier  avec 
ie  style  des  patronages,  c'est  ce  qu'il  appelle  «  un  idéal  ».  Le  mot 
revient  partout.  Donc  cet  idéal,  «  idéal  d'une  vie  calme,  forte  et 
libre  >>,  fera  refleurir  la  vie  des  champs.  Sans  le  secours  des  -réfor- 
laes  politiques,  sans  droits  d'entrée  ni  traités  de  commerce  («  nous 
piûuvdns  organiser  nous-mêmes  nos  villages  o),  l'auteur  promet  de 
faire  vivre  le  paysan  sur  le  sillon,  et  de  l'y  rendre  heureux,  pt  en 
même  temps  le  paysan  sera  converti,  parce  qu'il  verra  que  tout  ce 
honlieur  lui  vient  de  la  pieuse  ardeur  de  ces  jeunes  gens.  «  N'est-ce 
p?is  une  double  joie  pour  nous,  dit  M.  Bordier,  de  démontrer  que 
Botre  foi  religieuse  sera  la  source  unique  de  notre  action?  »  Ainsi 
la  piété  sera  le  principe  et  le  but  de  conversion  des  âmes;  mais  les 
moyens  seront  profanes  et  même  vifs,  en  sorte  qu'au  bon  renom 
d'une  dévotion  choisie  on  joindra  le  plaisir  de  se  contempler  soi- 
même  en  tournure  de  petits  casse-cou.  L'auteur  ne  me  croira  pas; 
je  fe  lui  dirai  tout  de  même  :  son  système  ne  réussira  pas  aux 
cbamps.  Moins  qu'ailleurs  on  y  est  sensible  au  mélange  d'intérêts 
et  d'intentions  pieuses,  et  nulle  part  ces  façons  choquantes  ne 
sont  plus  haïes."' 

1.  —  M.  Pierre  Fons  suppose  un  pape  n^  d'un  bâtard  de  Napo- 
Eon,  qui,  monté  de  nos  jours  dans  la  chaire  de  saint  Pierre,  essaie- 
fait  la  fameuse  synthèse  de  l'esprit  d'examen  et  de  la  foi.  C'est 
vxi  sujet  déjà  ancien.  M.  de  Vogué  l'agitait  quand  je  faisais  mes 
études.  La  solution  de  M.  Pierre  Fons,  qui  n'est  en  somme  que  le 
pragmatisme,  était  dès  lors  celle  du  monde  catholique,  dupe  des 
charlatans  adversaires.  Depuis  elle  a  fait  fortune;  maintenant  on 
Fabandonne  :  c'est  qu'elle  n'avait  de  charme  que  sa  nouveauté. 
Bien  n'enchantait  l'esprit  comme  son  premier  contact,  mais  le 
eoninierce  en  a  été  trouvé  stérile.  Dix  promotions  d'étudiants  l'ont 
aimée    :  le  temps  à  l'expérience    non    de    se  faire  (ce    n'était  pas 


—  295  — 

long),  mais  de  divulguer  ses  résultats.  On  se  frotte  les  yeux  de  voir 
un  auteur  de  talent  la  proposer  avec  complaisance.  La  mise  en 
scène  du  livre  est  brillante;  l'histoire  du  bâtard  est  fantastique  à 
souhait.  Le  nœud  du  roman  vient  de  la  découverte  qu'on  fait 
de  documents  qui  détruisent  les  bases  historiques  de  la  foi.  Le 
pape  napolconide  songe  à  les  proclamer  et  à  descendre  solennelle- 
ment de  son  siège  au  nom  de  toute  la  Papauté.  Puis  il  considère  le 
désordre  qui  serait  causé  par  là.  Il  s'accommode.  L'auteur  a  nommé 
cela  l'Offrande  au  mystère. 

8.  —  M.  Jean  Rameau  entreprend  de  raconter  que  la  Route 
bleue  est  la  bonne,  quoi  qu'en  disent  de  nos  jours  ceux  qui  croient 
qu'on  ne  doit  attendre  le  succès  que  du  crime,  de  la  route  rouge, 
faite  d'aveugle  ambition,  d'intérêt  sordide  et  d'insensibilité.  Deux 
héroïnes  font  le  roman  :  l'une,  Simone,  qui  réussit  d'abord,  puis 
se  perd;  l'autre,  à  qui  le  bonheur,  longtemps  attendu,  ne  laisse  pas 
d'échoir  enfin  en  récompense  de  sa  bonté.  Ce  livre  passera  pour 
très  moral;  je  le  crois  surtout  faux.  Les  deux  chemins  de  la  vie 
ne  se  présentent  pas  ainsi.  Entre  le  renoncement  et  l'égoïsme,  la 
route  des  calculs  permis  s'offre  à  tout  le  monde,  et,  quoique  le 
conseil  de  sainteté  enseigne  à  renoncer  même  à  cela,  elle  nen  fait 
à  personne  un  devoir.  Ce  renoncement  est  la  vertu  des  saints; 
excepté  eux,  ceux  qui  périssent  faute  de  calculs  doivent  s'en  pren- 
dre, non  à  la  perversité  du  monde,  mais  à  leur  négligence  ou  à 
leur  erreur.  Telle  est  la  sagesse  catholique.  Celle  que  présente 
M-  Jean  Rameau  est  philosophique  simplement,  et  de  la  philoso- 
phie la  plus  vaine  qui  soit  :  celle  qui  croit  faire  merveille  en  mé- 
prisant la  vie  et  en  se  réclamant  de  1'  «  idéal  ».  Sa  fable  accumule 
d'un  côté,  sur  la  route  rouge,  toutes  les  horreurs;  de  l'autre,  sur  la 
route  bleue,  tous  les  déboires,  jusqu'à  ce  qu'enfin  survienne  la  ca- 
tastrophe vengeresse.  L'époux  de  Simone  la  -chasse  par  un  divorce, 
l'aimé  de  Jeanne  lui  revient  par  une  ficelle  quelconque.  'Et  voilà 
la  morale  vengée.  C'est  fort  bien.  Seulement  si  Simone  est  punie, 
je  ne  vois  pas  que  son  mari  le  soit,  quoique  poussant  toujours  plus 
avant  la  route  rouge.  Ainsi  le  but  si  court  de  l'auteur  n'est  pas 
atteint.  Il  y  a  peu  de  livres  plus  mal  affabules.  On  patauge  dans 
l'invraisemblance;  le  style  est  affreux  :  Tout  ce  coin  de  campagne 
pâmé  sous  le  soir...  Son  lit,  que  le  soleil  matinal  vaporisait  d'or... 
Elle  avait  aux  sourcils  d'insolites  fronces...  Ayant  repris  sa  placé 
dans  le  lit,  elle  dirigea  ses  regards  vers  le  rectangle  ensoleillé  de  la 
fenêtre,  attendant  qu'y  sautillât   la   casquette   imminente  du    facteur. 

9.  —  Un  jeune  homme  qui  se  fait  prêtre.  Malgré  son  père,  com- 
pose le  sujet  touchant  du  livre  de  M.  F.  Dumonl.  11  est  traité 
avec  beaucoup  de  simplicité  et    une    agréable-  bonhomie    de  style, 


—  296  — 

parfaitement  ccnvcntble  au  cadre  paysan.  Le  père  n'a  jamais  été 
m<'chant,  mais  la  politique  irréligieuse  l'entraîne  par  l'ambition. 
C"est  le  cas  de  combien  d'autres  à  la  campacne  !  îl  y  a  dans  ce 
livre,  sur  ce  chapitre,  des  traits  d'excellente  observation.  Sur  le  ré- 
gime du  séminaire  et  les  caractères  des  maîtres  l'ouvrage  contient 
de  beaux  et  nobles  détails.  Le  père,  à  la  fin,  se  convertit.  La  scène 
est  au  diocèse  de  Lyon.  On  y  dit  étrennes  pour  pourboire,  et  les 
tableaux  de  la  cathédrale  et  de  Fourvières  y  tiennent  leur  place. 

10.  —  L'Appel,  c'est  celui  de  la  terre  auquel  les  héros  du  livre 
de  M.  C.  Belgrand  d'Arbaumont  cèdent  enfin.  Le  livre  se  termine 
par  la  mort  d'i^n  gros  industriel  qui,  ayrnt  refusé  sa  fille  à  un- 
gentilhomme,  (branlé  par  la  ru'ne  partielle  de  ses  alïaires,  com- 
prenant rimportrnoe  de  la  vie  traditionnelle,  finit  par  accorder 
cette  union.  Le  style  du  livre  n'est  pas  sans  apprêt,  avec  de  la 
déclamaticn  çà  et  là;  mais  il  y  a  des  parties  touchrntes,  et  l'intérêt 
se  soutient  jusqu'à  la  fin. 

IL  — <2iii  sème  le  vent...  c'est  Tinstructicn  piblique.  M.  Charles 
Jeandet  connaît  l'école  primaire  comme  quelqu'rn  qui  en  fait  par- 
tie. Il  la  connaît  et  il  la  di teste.  Il  ne  déteste  pas  moms  l'Éghse 
qu'il  con.bat,  et,  pour  accorder  cette  double  haine,  il  ins^nie  que 
l'Eglise  et  l'école  sent  complices.  Cela  dans  une  s'^rie  de  tableaux 
vio^mm^nt  bross-^s,  où  l'en  a  le  dégoût  de  trouver  d'impies  blas- 
phèmes :  certam'^s  parties  sr nt  du  style  de  la  Lanterne^  d'autres 
rnt  plus  d'agrf'm'^nt  et  de  sel.  Si  l'auteur  avait  su  choisir,  il  eût 
pu  composer  un  li^-re  vif  et  plaisant.  Mais  il  n'y  a  pas  chez  lui 
qu'erreur  de  goût;  il  y  a  erreur  de  jugement.  La  preuve  en  est 
dans  une  dédicace  où  il  associe  Ribelais,  La  Fontaine,  Diderot  et 
Zola.  Cepondrnt  ces  deux  derniers  ne  srnt,  l'rn  qu'rn  hrrhiberlu 
ignare,  l'autre  qu'une  brute  stupide.  Quelle  socit'té  pour  La  Fon- 
taine et  les  b-^nnes  pages  de  Rabelais  !  Mais  il  paraît  que  Zola, 
comme  Diderot,  ont  délivré  M.  Jeandet  des  tf'nbres  et  lui  ont 
fait  entendre  «  la  nature  une,  indivisible,  éternelle  ».  Ce  panthéisme 
grandiloquent  ne  A^a  guère  avec  le  ton  de  voltairienne  impertinence. 
Chez  quelques-uns  il  en  est  le  châtiment.  Il  semble  n'être  ici  que  le 
malheur  d'un  homme  doué  de  plus  d'esprit  que  de  culture,  de  ph:s 
de  tempérament   que  de  règle. 

12.  —  X'n  romen  d'éloge  de  la  vie  rustique,  couronné  par  un 
mariage  et  par  la  conversion  d'un  oncle,  qui  d'abord  n'aimait  que 
la  ville,  tel  est  ce  roman  :  A  l'ombre  du  clocher,  où  M.  Léopold 
Gros  a  mis,  avec  de  charmantes  images,  une  tendresse  très  pure  et 
très  pénétrante  pour  son  sujet. 

13.  —  Pourquoi  M.  Maxime  Dubroca  met-il  en  sous-titre  à  son 
roman  de  la  Bague  ceci  :  Satire  politique  et   morale?  C'est  le  cas 


—  207  — 

de  tous  les  romans  de  nneurs,  et  ceci  n'a  rien  qui  le  distingue . 
Aussi  bien  cette  satire  n'amusera  pas  partout  :  elle  est  souvent 
pénible  et  se  traîne.  De  ci,  de  là,  quelques  bonnes  réflexions,  peu 
de  traits  appliquas   et   de   la   confusion. 

14.  —  M.  Emile  Poiteau  intitule  Vers  la  lumière,  m  roman  ré- 
gional sur  l'Artois,  plein  de  la  saveur  du  pays  dont  tout  est  peint, 
paysages,  choses  et  gens,  jusqu'aux  mœurs  politiques,  avec  une 
fidélité  frappante  et  beaucoup  de  cœur. 

15.  —  Du  même  auteur,  la  Meilleure  Part,  récit  d'abnégation 
d'un  jeune  médecin,  qui  renonce  à  un  mariage  riche  pour  épouser 
selon  SOS  goûts  et  mener  en  paix  la  vie  des  champs.  De  nobles 
sentiments  de  famille  mêles  à  cette  histoire  la  rendent  tout  à  fait 
agréable. 

16.  —  Une  fille  Sur  le  déclin  refuse  le  mariage  que  lui  offrent 
les  circonstances:  refus  d'une  cons'^quence  d'autant  plus  grande 
que  d'autres  ouvertures  du  même  genre  avaient  été  précédemment 
repoussies  et  que  celles-ci  s'annoncent  comme  les  dernières.  Cepen- 
dant, le  renancemont  a  lieu  sans  amertume  conformément  à  des 
pensées  qui  sont  la  règle  de  toute  une  vie.  L'ouvrage  de  M.  Louis 
Planté  contient  des  pages  d'observations  piquantes,  exprimées  dans 
un  style  des  plus  vifs. 

17.  —  Une  série  de  jolies  nouvelles,  dent  les  événements  se 
passent  m  Champa£ne,  en  Solorne  et  en  Touraine,  compose  le  vo- 
lume :  Les  Feuilles  sur  la  route,  de  M,  Maurice  de  la  Fuye,  auquel 
M.  Paul  Ackcr  a  mis  me  Préface,  L'auteur,  qui  vit  à  la  campa- 
gne, en  rend  avec  charme  l'impression  . 

18.  —  Avec  M.  Paul  Lacour,  nous  sommes  en  Picardie.  Les 
nouvelles  qu'il  a  réunies  sous  le  titre  d'Amours  rurales  ont  presque 
toutes  leur  place  dans  ce  pays.  Elles  ont  de  l'agrément  et  de  la 
variété.  On  aimerait  plus  de  constante  simplicité  dans  le  style,  et 
l'imitation  orthographique  de  l'accent  paysan  :  moue,  toué,  fatigue 
vn  peu. 

19.  —  Autre  romrn  régie nal,  dent  le  Rouergue  est  la  scène. 
Jean  Guilhert  nous  y  donne  l'exemple  de  la  fixité  provinciale,  dans 
une  série  d'événements  où  l'intérêt  terrien  se  mêle  au  sentiment. 
L'auteur,  M.  Gaston  Mercier,  en  tire  partout  de  beaux  efTets.  Peut- 
être  son  régionalisme  est-il  un  peu  étroit  et  parfois  chimérique. 
L'amour  de  la  province  n'est  qu'un  des  éléments  de  notre  vie; 
il  en  est  d'autres  à  qui  il  est  juste  qu'elle  cède  dans  l'occurrence. 
L'homme  n'est  plante  que  par  métaphore,  ses  racines  sont  morales 
et  cela  fait  une  grande  différence. 

RoMi>'3  DE  FEMMES.  —  20.  —  Le  Bonheur  accessible,  c'est  l'ef- 
fort, selon  M"^"  Yvonne  Darand.  L'objet  de  l'effort  nous  est  refusé. 


-  293  — 

L'auteur  oppose  cela  à  la  m'^lancolie  que  causent  les  déceptions 
de  la  vie  et  qui  conduisent  un  de  ses  héros  à  un  isolement  fai- 
n'ant.  Mais  il  se  convertit  et  se  remet  au  travail.  J'oserai  ne  pas 
l'en  féliciter,  si  ce  travail  ne  doit  le  mener  à  rien.  A  rien,  pas  même 
à  la  vertu  :  c'est  la  philosophie  de  l'auteur;  ou  plutôt  la  vertu 
même  consiste  à  s'y  livrer  sans  but  et  sans  espoir.  Cette  chanson 
kantienne  plaisait  il  y  a  vingt  ans.  Elle  est  aujourd'hui  bien  démo- 
dée. Gela  ne  touche  pas  le  corps  du  roman  même,  où  il  y  a  des 
passages  de  grand  talent. 

21.  —  De  courts  chapitres  ranges  en  courts  alinéas  célébrant  la 
passion  de  l'amour  dans  une  gamme  lyrique  et  impérieuse,  tel  est 
ce  livre  :  L'Amour  nomade,  par  M"^<^  Myriam  Deroxe.  La  littérature 
en  est  molle,  la  morale  est  celle  de  1830.  Claudia,  Ihéroïne,  est 
ft  guidée  par  la  force  impérieuse  de  la  vie  ».  Et  puis  nous  sommes 
priés  de  croire  que  la  soulîrance  d'aimer  rend  Claudia  pardonnable. 
Non  pas  de  se  peindre  assurément.  Une  bonne  fois,  les  femmes 
auteurs  ne  pourraient-elles  prendre  leur  parti  d'épargner  ces  para- 
des et  ces  halètements? 

22.  —  Ames  de  femmes  fait  le  titre  commun  d'une  suite  d'agréa- 
bles nouvelles  où  M"^*^  Berthem  de  Rigny  place  différentes  aventures 
dans  le  cadre  ordinaire  de  la  mer.  De  nobles  sentiments  et  des 
traits  gén'reux  relèvent  partout  ces  récits  qui  font  le  plus  grand 
honneur  à  leur   auteur. 

23.  —  Thérèse  Dalbran  est  le  mm  d'une  jeune  fille  de  lycée 
pour  qui  s'ouvrent  d'abord  toutes  les  séductions  de  la  vie,  y  com- 
pris celles  de  l'ordre  intellectuel,  et  que  les  circonstances  obligent 
à  s'enfermer,  sans  relation  ni  voyages,  à  Versailles.  Le  récit  finit 
par  un  mariage.  M^i^  Louise  Fisquet  l'a  semé  de  peintures  et  de 
réflexions,  dont  plusieurs  appelleraient  des  réserves.  La  vie  de  l'in- 
telligence, telle  que  l'entretiennent  les  livres,  y  est  par  endroit  l'objet 
d'une  espèce  de  superstition.  De  la  finesse  d'observation  et  de  la 
grâce  dans  les  détails  font  trouver  la  lecture   agréable. 

24.  —  La  Cité  des  lampes  fait  un  beau  titre.  Le  roman  qu'il 
présente  y  répond  parfaitement.  C'est  l'histoire  d'une  vocation  re- 
ligieuse essayée  par  une  jeune  fille,  tout  entière  déroulée  dans  le 
couvent.  Une  grande  douceur  de  dévotion,  une  paix  pén'trante 
régnent  dans  ces  pages,  où  M^^*'  Claude  Silve  a  mis  toute  la  force, 
toute  la  fraîcheur  d'un  sentiment  profond.  Osera-t-on  lui  reprocher 
un  style  quelquefois  maniéré?  Ce  maniérisme  ne  vient  d'aucune 
pédanterie  littéraire,  mais  de  la  force  de  l'émotion  même,  qui  ne 
peut  se  résoudre  à  laisser  son  expression  inachevée.  Cependant, 
l'inachevé  est  la  loi  même  d'écrire  :  le  tableau  ne  s'achève  jamais 
que  dans  l'esprit    du    lecteur;    le    devoir    de  l'écrivain    est  de    lui 


—  'JJ9  — 

marquer  le  chemin.  Un  certain  point  d'indicati(m  suffit;  passé  ce 
point,  lexprcssion  se  tend  et  se  rapetisse.  Tout  exprimer!  non  pas; 
tout  faire  sentir.  Claude  Silve  nous  fait  sentir  beaucoup  et  les  plus 
belles  et   les   plus   nobles  choses. 

25.  —  Le  Moulin  sur  la  Soufroide  brûle  à  la  fin  du  livre.  C'est 
le  châtiment  de  la  meunière,  qui  n'a  recherché  que  la  réussite,  non 
de  ses  intérêts  propres,  il  est  vrai,  mais  de  sa  maternité.  Sans 
amour  pour  son  mari,  sans  tendresse  pour  ses  filles,  elle  n'a  voulu 
édifier  que  la  fortune  de  son  fils.  Une  des  filles,  privée  d'un  ma- 
riage qu'elle  désire,  devient  folle,  et  le  fils  lui-même  est  tué  à  la 
guerre.  Cette  mort  et  la  perte  des  biens  réduisent  Monique  à  l'im- 
mobihté  de  l'orgueil  trompé,  non  abattu.  Au  dénouement,  la  seule 
fille  qui  reste  prend  époux  dans  une  famille  rivale,  haïe  de  Moni- 
que, et  ce  peu  de  bonheur  qui  fleurit  sur  ses  ruines  achève  sa  con- 
damnation. L'ouvrage  est  fortement  conçu,  avec  de  beaux  détails 
et  une  moralité  à  laquelle  on  ne  peut  cependant  épargner  ce  re- 
proche. L'auteur,  M'"s  Marguerite  Regnaud,  n'épargne  pas  assez  la  fa- 
mille en  tant  qu'établissement,  dans  cette  espèce  de  réquisitoire. 
Les  rivalités  paysannes,  qu'elle  avoue  n'être  pas  d'argent,  mais 
d'honneur,  sont  un  élément  de  moralité  publique  et  de  force  qu'on 
doit  aimer.  Le  partage  des  héritages,  que  Monique  déteste,  est  en 
effet  détestable.  De  plus,  l'auteur  se  trompe  en  assurant  que  les 
mœurs  de  notre  siècle  comblent  les  différences  de  classe.  La  vérité 
est  que  les  hautes  classes  déchoient,  mais  cette  déchéance  n'est 
pas  du  tout  une  unification.  La  vanité  de  paraître  est  plus  grande 
que  jamais  et  les  raffinements  du  luxe  servis  par  l'industrie  sont  sans 
limite.  Il  y  a  dix  fois  plus  de  distance  aujourd'hui  dans  la  vie  ma- 
térielle entre  le  riche  et  le  pauvre  que  sous  Louis  XIV,  et  quant 
aux  sentiments,  dix  fois  plus  de  vanité  chez  l'un,  dix  fois  plus  de 
<jui  vive  chez  l'autre. 

Romans  étrangers.  —  26.  —  Être  fils  de  noblesse  anglaise  et 
se  faire  catholique,  puis,  par  zèle  religieux,  se  faire  ouvrier  et 
s'appliquer  à  corriger  les  vices  du  peuple,  rendre  une  fille  séduite 
à  sa  mère  et  mourir  des  coups  par  lesquels  l'homme  qu'elle  a  dé- 
laissé se  venge,  c'est  la  Vocation  de  Frank  Guiseley,  contée  par 
M.  Robert  Hugh  Benson.  Je  trouve  deux  défauts  à  ce  roman  : 
d'abord  l'abondance  du  détail,  selon  l'ancienne  formule  de  Dickens, 
mais  sans  l'étonnante  vivacité  qui  fait  changer  en  or  tout  ce  que 
touche  ce  dernier,  en  sorte  que  l'encombrement  seul  reste;  puis, 
la  sécheresse  ingrate  du  personnage  dévoué.  On  a  beau  faire,  ce 
dévouement  n'a  pas  le  caractère  cathohque.  Agir  comme  fait  Frank 
est  d'un  saint;  cependant  rien  dans  la  peinture  ne  rappelle  ce  que 
nous  avons  coutume  de  lire  dans  la  vie  des  saints  :  la  bonne  grâce, 


—  300  — 

la  simplicité,  les  effusions  tendres,  surtout  le  caractère  régulier  et 
public  (en  quelque  manière)  de  la  mission.  Celle-ci  est  originale, 
fantastique;  elle  aboutit  à  un  guet-apens  absurde.  Bref,  cela  sent 
le  piétisme  huguenot  ou  le  stoïcisme  humanitaire,  plus  que  la  divine 
charité.  Et  si  (comme  il  parait)  l'auteur  est  catholique,  je  ne  me 
cîiarge  pas  d'expliquer  ce  mystère. 

27.  —  Le  Canada  sert  de  cadre  au  roman  de  Mélissa,  de  M.  Ja- 
mes Olivier  C\u\vood,  et  le  remplit  de  son  prestige.  L'intrigue 
amoureuse  est  accompagne  d'i'pisodes  plus  tumultueux,  où 
le  héros  se  montre  triomphant  d'agresseurs  que  le  caractère  demi- 
sauvage  des  lieux  favorise.  La  traduction  est  très  bcnn^. 

28.  —  Dorrington,  détective  marron,  est  lû  nouveau  roman  de 
police  avec  les  épisodes  ordinaires  à  ce  genre.  M.  Arthur  Morrison 
y  imite  avec  assez  de  succès  C'  n  n  Doyle.  L'originalité  du  livre 
est  que  Dorrington  est  un  trompeur,  qui  se  sert  des  moyens  de 
police  pour  faire  des  dupes  et  procurer  ses  intérêts.  On  sait  que  ce 
type  n'est  pas  particulier  au  Nouveau  Monde,  malheureusement. 

29.  —  J'ai  peur  que  M.  Ladislas  Revinont  et  M.  Gazin,  son 
traducteur,  ne  se  fassent  beaucoup  d'illusions  sur  l'efficacité  d'un 
li\Te  comme  l'Apostolat  du  knout,  où  l'on  voit  les  paysans  uniates 
du  pays  de  Chelm,  en  Pologne,  fouettés  à  mort  parce  qu'ils  refusent 
l'orthodoxie  russe.  «Il  y  a  là,  dit  M.  Paul  Ca?in,  un  nouvel  atten- 
tat contre  la  nation  polonaise.  »  Eh  oui  !  mais  est-ce  que  la  nation 
polonaise  n'est  pas  entre  les  mains  du  Tsar?  Est-ce  qu'elle  n'y  est 
pas  par  droit  de  conquête,  aggravé  de  aelui  que  crée  l'insurrection 
vaincue?  Ainsi,  ce  qu'il  plaira  au  Tsar  de  faire  des  Polonais  ne 
saurait  recevoir  de  Hmites  d'une  considération  de  la  nation  polo- 
naise. Cette  nation  n'a  plus  qu'un  titre  juridique,  que  seule  l'in- 
ter^^ention  des  puissances  pourrait  convertir  en  revendication.  Mais, 
comme  ce  qu'on  menace  dans  le  Chelm  est  la  liberté  religieuse, 
ou,  pour  mieux  dire,  l'union  catholique,  les  puissances  cathohques 
seules  pourraient  intervenir  avec  autorité.  Il  y  faudrait  le  Pape 
avec  la  France.  Mais  le  Pape  dépouillé  et  la  France  livrée  aux 
sectes  sont  incapables  de  cette  intervention.  Restent  les  négocia- 
tions toujours  possibles,  auxquelles  je  conçois  que  ce  livre  ait  pour 
but  d'associer  l'opinion;  mais  ce  sera  dans  me  mesure  bien  faible. 
Les  Français  ont  subi  des  contrecoups  trop  rudes  du  triomphe  des 
nationaUtés  pour  qu'on  espère  désormais  les  intéresser  au  droit 
des  peuples.  La  suggestion  humanitaire  accaparée  dans  toute  l'Eu- 
rope et  en  France  par  les  partisans  de  Dreyfus  (notamment  à  pro-j 
pos  de  la  Finlande),  ne  se  trouvera  pas  moins  hors  de  service. 
Reste  l'appel  à  l'opinion  catholique.  Mais  pour  la  toucher  il  fau- 
drait entrer  franchement  dans  le  ton  du  martyrologe,  comme  au- 


—  301  — 


trefois  Veuillot  et  l'Univers  dans  l'alîaire  des  religieuses  de  j^Minsk. 
Tel  n'est  pas  le  ton  du  livre,  qui  voudrait  toucher  tout  le  monde 
et,  dans  ce  but,  fait  fond  surtout  sur  la  pitié  et  sur  le  droit.  J'ai 
dit  pourquoi    cela    serait    sans    écho.  L.  Pimier. 


0U\  RAGES  RÉCENTS  SUR  LA  MUSIQUE 
ET  LES   MUSICIENS 

1,  Guide  pratique  et  populaire  pour  la  bonne  exécution  du  chant  grégorien,  diaprés  les 
principes  des  bénédictins  de  Solesines,  par  A.  F.  Rome  et  Tournai,  Desclée,  1911, 
in-8  de  xxxi-l'.Q  p.,  2  fr. — 2.  Cours  pratique  de  psalmodie  vaticane  d'après  les  don- 
nées du  Cantorinus  romain,  pa.z-Va]^hé  3.- A.  PitiiARB.  Rome  et  Tournai,  Desclée, 
1912,  in-12  de  67  p.  —  3.  Publikationen  der  internationalen  Musikgesellschaft 
Quaestiones  in  Musica,  von.  Rudolf  Steglich.  Leipzig,  Breitkopf  und  Hàrtel. 
19 11, in-8  de  190  p.,  fi  fr.  25.  —  4.  Vom  Musik-Traktatc  Gregors  des  Crûssent  Fine 
Untersuchung  iiber  Gregors  Autorschaft  und  liber  den  Inhalt  der  Schrift  von  P.  CoE- 
LESTiN  VivELL.  Lwp/Jg,  Breitkopf  uad  Hârtel,  1911,  in-16  de  x-15i  p.,  5  fr.  — 
5.  Les  Genres  musicaux.  La  Musique  d'église, ^priKarl  'WEi^MANNiira.d.  de  l'alle- 
mand par  Paul  Laxdormy.  Paris,  Delaplane,  1912,  in-16  de  x-221  p.,  1  fr.  60. —  6, 
The  Gregorian  Work  of  Solesmes,  by  Abel  L.  Gabert;  reprint  from  The  Catholic 
educational  Revie.v,  mars  1912,  in-8  de  28  p.  —  7.  Das  Katholische  deutsche  Kirchen- 
lied  in  seinen  Singneisen,  von  Dr.  Wilhelm  Batmker  und  Joseph  Gotzen.  Frei- 
burgim  Breisgau,  Herder,  1911,  gr.  in-8  de  xvi-833  p.,  11  fr.  25.  —  8.  Piae  Can- 
tiones  or  Collection  of  Church  and  School  .S'orig,  puîalished  in  A.  D.  1582  by  Theo- 
DORic  Petki  OF  NvLAND,  revised  and  re-edited  l>y  the  Rev.  G,  R,  Woodward. 
London,4'i,  Russell  S(iuaie,  W.  C.  1910,  gr.  in-8  de  xxxiv-277  p.,  illustré. — 9. 
Les  Musiciens  célèbres.  Beethoven,  par  Vince:?t  d'Indy.  Paris,  Laurens,  s.  d., 
petit  in-8  de  149  p.,  ave/  12  pl.y  2  fr.  50. —  10.  Les  Musiciens  célèbres.  Verdi, ^KV 
Camille  Bellaigue.  Paris,  Laurens,  s.  d.,  petit  in-8  de  125  p.,  illustré  de  12  pi 
2  fr.  50.  —  11,  Les  Musiciens  célèbres.  Auber,  par  Charles  Malherbe.  Paiis, 
Laurens,  s.  d.,  petit  in-8  de  12?  p.,  illustré  de  12  pi.,  2  fr.  50.  —  12.  Les  Musiciens 
célèbres.  Glinka,  par  M.-D.  Calvocoressi.  Paris,  Lauiens,  s,  d.,  petit  in-B  de 
128  p.,  illustré  de  12  pi.,  2  fr.  50.  —  13.  Les  Musiciens  célèbres.  Bizet,  par  Henry 
Gauthier-Villars.  Paris,  Lauiens,  s.  d.,  petit  in-8  de  128  p.,  illustré  de  12  pi., 
2  fr.  50.  —  1  .  Les  Maîtres  de  la  musique.  Jean-Jacques  Rousseau,  par  Julien 
TiERSOT.  Paris,  Alcan,  1912,  petit  in-8  de  281  p.,  avec  poitiait,  3  fr.  50.  —  15, 
Emmanuel  Chabrier,  par  Georges  Servières.  Paris,  Alcan,  1912,  in-16  de  160  p., 

2  fr.  50.  —  16.  Musiciens  et  poètes,  par  Jean  Chantavoine.  Paris,  Alcan,  1912, 
in-16  de  219  p.,  3  fr.  50.  —  17.  Musique  et  Musiciens  de  la  vieille  France,  par 
Michel  Brenet.  Paiis,  Alcan,  1911,  in-16  de  251  p.,  3  fr.  50.  —  18.  Pages  roman- 
tiques, par  Fr.  Liszt,  publiées  avec  une  Intioduction  et  des  notes  par  Jean  Ciian- 
tavoine.  Paiis,  Alcan;  Leipzig,  Breitkopf  et  Hartel,  1912,  in-16  de  xii-290  p., 

3  fr.  50.  —  19.  Georges  Bizet  et  son  couvre,  par  Charles  PiGor.  Paris,  Delagrave, 
s.  d;,in-18  de  vii-307  p.,  avec  17  pi.,  3  fr.  50.  — 20.  Goj<«oc/, par  J. -G.  ProD'noMME 
et  A.  Dandelot.  Paris,  Delagrave,  s.  d.,  2  vol.  in-18  de  xii-263  et  284  p.,  avec 
40  pi.,  7  fr.  —  21.  W.-A.  Mozart,  sa  vie  musicale  et  son  œuvre,  de  Venfance  à  la 
pleine  maturité,  par  T.  de  Wyzewa  et  G.  de  Sainte-Foix.  Paris,  Perrin,  1912, 
2  vol.  gr.  in-8  de  xii-523  et  455  p.  ,avec  S  portraits  et  4  fac-similés,  25  fr.  ^22.  Denk- 
màler  der  Tonkunst  in  Ôsterreich.  XIX^  année.  T.  38  :  Trienter  Codices  III.  Fiinf 
Messen  des  XV.  Jahrhunderts.  T.  39  :  Wiener  Instrumentalmusik  im  XVIII. 
Jahrhundert.  U,  sous  la  diiection  de  Guido  Adler,  Vienne,  Artaria;  Leipzig, 
Breitkopf  und  Hartel,  1912,  gr.  in-4  de  xxxviii-189  p.  et  xxxix-122p.,  37  fr.  50 
et  15  fr.  — 23.  Impressions  grégoriennes.  Chant  et  liturgie,  par  Dom  Jules  Simon. 
Rome  et  Tournai,  Desclée,  1912,  in-8  de  22  p.,  0  fr.  75.  —  24.  La  Prononciation 
normale  du  latin,  par  M.  J.  V.  Rome,  M.  J,  V.,  42,  Via  Santa  Chiara,  1912,  ia-8 


—  302  ^ 

de  lîO  p.,  0  fr,  50.  —  25.  Introduction  à  la  vie  musicale,  par  P.  Lacome.  Pans, 
Delagrave,  s.  d.,  in-18  de  216  p.,  3  fr.  50.  —  26.  La  Condamnation  de  «  Mignon  », 
essai  de  critique  musicale,  par  Albert  Nortal.  Paris,  Falque,  1912,  iii-12  de  iii- 
230  p.,  3  fr.  50. 

1.  —  Le  Guide  pratique  et  popuhiire  pour  la  bonne  exécution  du 
chant  grégorien,  d'après  les  principes  des  bénédictins  de  Solesmes, 
est  une  nouvelle  édition  revue  et  augmentée.  Il  suffît  donc  de 
rappeler  ici  que  ce  petit  ouvrage  est  très  bon,  et  qu'il  est  bien 
conforme,  dans  son  ensemble,  à  l'enseignement  des  bénédictins. 
Il  a  été  complété  par  quelques  pages  sur  l'usage  des  signes  rythmi- 
ques. 

2.  —  Le  Cours  pratique  de  psalmodie  vaticane  d'après  les  données 
du  Cantorinus  romain,  de  M.  l'abbé  Piérard,  n'est  pas  et  «  ne  peut 
absolument  pas  suppléer  »  vn  traité  de  psalmodie;  ce  n'est  qu'une 
a  Introduction  pédagogique  »  au  Psautier  vespéral  que  l'auteur  doit 
publier  incessamment.  I.e  système  s<'miogTaphique  adopté  dans 
cette  édition,  S  46  *  4  x  2,  au  premier  abord  «  fort  compliqué, 
même  trop  compliqué  »,  devient  vite,  avec  un  peu  d'habitude,  d'une 
facilité  surprenante  pour  les  «  psalmistes  en  herbe  »,  à  qui  il  s'a- 
dresse surtout.  C'est  pour  en  réclamer  la  paternité,  l'expliquer  et 
en  montrer  le  fonctionnement  universel,  que  M.  le  curé  de  Som- 
merain,  passé  maître  en  vulgarisation  grégorienne,  a  composé  ce 
petit  Cours  pratique,  où  il  ne  craint  pas  d'entrer  dans  les  plus  mi- 
nimes détails;  s'il  aborde  des  côtés  plus  scientifiques,  par  exemple 
la  constitution  intrinsèque  des  formules  psalmodiques,  ce  n'est  qu'en 
passant.  On  a  blâmé  l'auteur  de  favoriser  la  liberté  des  médiantes 
monosyllabiques  et  hébraïques;  on  a  eu  tort,  car  la  Congrégation 
des  Piites  vient  de  proclamer  cette  liberté  dans  le  dernier  fascicule 
des    Acta    Apostolicae    Scdis. 

3.  —  M.  R.  Steglich,  dans  ce  fascicule  des  pubhcations  de  la 
Société  internationale  de  musique,  met  au  jour  un  traité  anonyme 
de  musical  choral  intitulé  :  Quaestiones  in  Musica,  qu'il  attribue  à 
Rudolf  de  Saint-Trond  (1070-1138).  Le  premier  chapitre  de  l'édi- 
teur nous  apprend  que  deux  manuscrits  contiennent  cet  ouvrage  : 
l'un  de  Darmstadt  du  xii^  siècle,  l'autre  de  la  Bibliothèque  royale 
de  Bruxelles  du  xv^  siècle  n'est  probablement  qu'une  copie  du 
premier.  Tous  les  deux  proviennent  d'abbayes  de  Liège,  lia  se- 
conde partie,  plus  étendue,  donne  tout  le  traité  sur  deux  colonnes 
en  reproduisant,  à  côté  du  texte  anonyme,  les  sources  auxquelles  le 
compilateur  a  puisé  :  Guido,  Aribon,  Hucbald,  Odon,  etc.  Au 
cours  de  ces  pages,  on  rencontre  de  nombreuses  citations  de  pièces 
musicales  liturgiques  dont  le  début  est  noté  en  neumes;  l'éditeur 
ne  les  a  pas  toujours  identifiées  heureusement.  \'if  nt  ensuite  une 
étude  très  soignée  des  questi<.  ns  musicales,  théoriques  et  pratiques, 


—  300  — 

exposées  dans  le  traité.  M.  Steglich  fait  ressortir  l'importance 
de  cette  publication  on  attribuant  à  lam  nyme  ce  qui  lui  revient 
personnellement;  ainsi  les  quatre  derniers  chapitres  de  la  dernière 
partie.  En  somme,  excellent  travail  de  l'éditeur;  il  n'y  a  qu'à  le 
féliciter  et  à  le  remercier, 

4.  —  Il  suffit  d'avoir  lu  attentivement  les  Scripiores...  de  Musica 
sacra  de  Gerbert  pour  savoir  que  mention  est  faite  assez  souvent 
par  les  auteurs  du  moyen  âge,  sous  des  formes  plus  ou  moins 
claires,  de  pensées,  de  théories  attribuées  à  saint  Grégoire.  Si  ce 
grand  Pape  a  restauré,  comme  on  le  sait,  le  chant  ecclésiastique, 
on  peut,  sans  témérité,  le  juger  capable  d'être  l'auteur  d'un  traité 
sur  ce  sujet.  Ce  traité,  l'a-t-il  fait?  M.  D.  G.  Vivell  en  est  persuadé 
et,  dans  son  étude  :  Vom  Musik-Traktate  Gregors  des  Grossen,  il 
relève  et  réunit  les  preuves  de  toutes  sortes,  solides  ou...  douteu- 
ses, en  faveur  de  cette  opinion.  L'auteur,  passé  maître  en  fait  de 
citations,  accumule  les  textes,  bons  ou  mauvais,  par  malheur  sans 
trop  de  discernement,  et  fait  ainsi  tort  à  sa  thèse.  Que  n'écarte-t-il 
des  preuves  manifestement  faibles?  Que  ne  s'arrête-t-il  à  temps? 
Ses  inductions  ingénieuses  le  conduisent  presque  jusqu'à  la  resti- 
tution du  traité  hypothétique  perdu  :  plan,  préface,  exécution  des 
récitatifs,  des  mélodies,  notation,  système  tonal,  etc.  G'est  excéder 
quelque  peu  !  N'importe,  toutes  ces  recherches  curieuses  doivent 
être  louées  et  encouragées.  Des  objections  se  sont  élevées  en  Alle- 
magne contre  la  valeur  démonstrative  des  témoignages  apportés 
par  M.  D.  G.  Vivell.  Celui-ci  y  a  répondu,  pied  à  pied,  par  une  discus- 
sion serrée.  (Cf.  Greg.  Rundschau,  fév.  1912.)  A  quinze  objections, 
il  oppose  quinze  réponses  dont  plusieurs  sont  victorieuses  et  toutes 
instructives.  Attendons  en  paix  la  découverte  du  traité,  si  traité 
il  y  a. 

.5.  —  Les  Genres  musicaux,  tel  est  le  titre  d'une  nouvelle  collec- 
tion publiée  sous  la  direction  de  M.  Paul  Landormy.  Elle  résume 
les  travaux  des  musicologues  contemporains  et  met  à  la  portée  de 
tous  les  derniers  résultats  de  la  science.  La  Musique  d'église  en  est 
le  premier  volume.  11  est  dû  au  Dr.  Karl  \^'einmann,  de  Ratisbonne, 
qui  a  voulu,  dans  un  exposé  rapide,  mettre  en  relief  les  grandes 
lignes  du  développement  de  l'art  musical  à  réghse.  L'auteur  divise 
son  sujet  en  trois  parties  :  Musique  homophonique  :  Chant  grégo- 
rien, chant  d'église  allemand;  Musique  polyphonique  :  Organum, 
déchant,  écoles  néerlandaise,  romaine,  napolitaine,  vénitienne,  alle- 
mande, restauration  au  xix^  siècle;  enfin  Musique  instrumentale  : 
instruments  autres  que  l'orgue  :  l'orgue  et  ses  maîtres.  Ce  plan  est 
rempli  avec  clarté  et  méthode;  il  y  a  certainement  des  lacunes  ou 
même  des  inexactitudes,  mais  le  traducteur,  M.  Paul  Landormy, 


—  3o;  ~ 

y  remé<iie  par  des  notes  judicieuses;  d'ailleurs,  «  il  paraîtra  bien- 
tôt, dans  cette  même  collection  des  Genres  musicaux,  deux  volumes 
qui  serviront  sur  quelques  points  de  contre-partie  ou  de  complé- 
ment à  la  présente  publication.  Ce  sont  :  Le  Chant  grégorien  et 
r  Oratorio. 

6.  —  A  ceux  qui  voudraient  avoir  une  idée  gén'rale  de  l'œuvre 
de  restauration  grégorienne  accomplie  depuis  cinquante  ans,  et  qui 
nont  pas  le  loisir  de  lire  l'étude  historique  tentée  par  M.  l'abbé 
Norbert  Rousseau,  dan^  son  Ecole  grégorienne  de  Solesmes,  nous 
recommandons  le  petit  opuscule  que  le  Rev.  Abel  Gabert,  professeur 
à  rL'ni\'ersité  de  ^^  ashini^ton,  vient  de  faire  paraître,  sous  le  titre  : 
The  Gregorian  \]'ork  oj  Solesmes.  C'est  un  excellent  résumé  histo- 
rique, qui  complète  même  sur  certains  points  l'ouvrage  de  M.  Rous- 
seau, notamment  en  ce  qui  concerne  l'édition  vaticane,  et  donne 
assez  exactement  l'état  actuel  de  la  question. 

7.  —  Les  éloges  enthousiastes  et  unanimes  qui  ont  salué,  dans 
toutes  les  Revues,  l'apparition  du  quatrième  et  dernier  volume 
sur  Das  KathoUsche  deutsche  Kirchenlied  in  seinen  Singweisen,  du 
Dr.  Bâumker,  indiquent  assez  l'importance  et  la  valeur  de  cet  ouvrage. 
Il  était  d'ailleurs  impatiemment  attendu;  sa  publication  vient  met- 
tre enfin,  après  vingt  annies  de  silence,  un  couronnement  à  l'œu^Te 
magistrale  qui  remplit  toute  la  vie  de  M.  Bâumker.  Cest  désor- 
mais toute  l'histoire  du  cantique  religieux  allemand,  depuis  ses  ori- 
gines, bien  avant  la  Réforme,  jusqu'à  nos  jours,  qui  se  développe 
devant  nous,  avec  un  luxe  de  détails  et  de  renseignements  précis, 
qui  font  honneur  à  l'érudition  germanique.  Ce  IV^  volume  est  con- 
sacré à  l'étude  du  Kirchenlied  au  xix^  siècle;  nous  y  assistons 
véritablement  à  une  renaissance,  à  la  restauration  d'un  art  assez 
maltraité  par  le  siècle  précédent.  Le  Dr.  Bâumker  n'a  pas  eu  la 
joie  de  le  livrer  lui-même  au  public,  ayant  été  surpris  par  la  mort 
au  moment  où  il  allait  publier  enfin  le  résultat  de  ses  laborieuses 
et  patientes  recherches;  mais  c'est  son  manuscrit,  retouché  et  com- 
plété, que  nous  présente  aujourd'hui  M.  Joseph  Gotzen,  et  nous  y 
retrouvons  en  effet  les  qualités  qu'on  admirait  dans  les  volumes 
précédents.  Au  reste,  la  division  et  l'ordonnance  est  la  même. 
Après  un  rapide  aperçu  sur  l'histoire  du  Kirchenlied  au  xix^  siècle 
et  une  bibhographie  qui  ne  compte  pas  moins  de  280  pages,  avec 
préfaces  des  livres  de  chants  les  plus  importants,  comptes  rendus 
et  «  actes  diocésains  «  d'un  intérêt  considérable  pour  l'histoire  de 
la  musique  religieuse  en  Allemagne,  l'auteur  publie  451  licder  pour 
les  diverses  saisons  liturgiques  et  les  principales  fêtes  de  l'année, 
cantiques  en  l'honneur  de  la  Très  Sainte  Vierge,  des  anges  et  des 
saints,    cantiques  pour  les  divers  exercices  de  la  vie  paroissiale  : 


-  305  -^ 

processions,  catéchismes,  mois  de  Marie,  réunions  de  tout  genre,  etc. 
Et  l'un  des  intérêts  —  et  non  des  moindres  —  de  cette  publica- 
tion, c'est  ainsi  de  suivre,  à  travers  la  musique  religieuse,  le  déve- 
loppement de  la  vie  religieuse  en  Allemagne,  au  cours  du  siècle 
dernier.  Le  chant  populaire,  tout  comme  la  musique  savante,  plus 
même  que  la  musique  savante,  est  expressif  de  la  vie  d'un  peuple; 
naturellement,  et  sans  même  y  prendre  garde,  1  homme  trahit  par 
sa  parole  les  pensé-es  et  les  aspirations  les  plus  profondes  de  son 
être;  et  lorsqu'il  est  heureux,  lorsqu'il  ain.e  ou  qu'une  passion 
quf'lconque  l'agite,  le  langage  ne  lui  suffit  plus,  il  chante.  Ainsi, 
qu'il  l'ait  voulu  ou  non,  M.  Bâumker  a  fait  plus  qu'oeuvre  d 
musicien;  c'est  tout  un  chapitre  de  lliistoire  religieuse  de  l'Alle- 
magne qu'il  a  écrit.  Ce  côté  de  la  question,  peut-être  assez  inat- 
tendu, est  pourtant  réel,  et  il  méritait  d'être  signalé.  Quant  à  la 
valeur  critique  de  l'ouvrage,  on  ne  peut  guère  faire  ici  que  répéter 
les  éloges  sans  réserves  adressés  à  l'auteur  par  toutes  les  Revues. 
Toutes  constatent  avec  le  même  enthousiasme  la  sincérité  et  l'ob- 
jectivité absolue  de  ce  travail.  Malgré  l'immense  quantité  de  ma- 
nuscrits et  de  documents  de  toute  espèce  qii'a  dû  compulser 
M.  Bàumkcr,  il  les  a  étudiés  tous  de  façon  approfondie,  avec  une  pa- 
tience inlassable,  et  a  consigné  dans  son  ouvrage,  avec  une  exacti- 
tude presque  minutieuse,  les  résultats  de  ses  recherches.  Outre  les 
renseignements  précis  qu'il  donne  dans  la  bibliographie,  il  a  tenu 
à  indiquer,  à  propos  de  chaque  cantique,  l'auteur  du  texte  et  de 
la  mélodie  ou,  du  moins,  les  sources  les  plus  anciennes,  avec  les 
éditions  qui  ont  suivi  et  les  modifications  apportées  au  cours  du 
temps.  On  ne  saurait  rêver  travail  plus  consciencieux  et  présentant 
plus  de  garanties.  Enfin,  plusieurs  tables  et  registres  alphabéti- 
ques permettent  au  lecteur  de  trouver  immédiatement  le  renseigne- 
ment cherché.  Bref,  le  D^"  Baumker  a  fait  faire  un  pas  considérable 
à  l'histoire  du  KirchenHed  catholique  allemand.  Son  œuvre  restera 
la  base  nécessaire  des  recherches  futures  et  «  elle  ne  pourrait  man- 
quer dans  aucun"  bibliothèque  de  musique  ». 

8.  —  Le  gracieux  in-S  qui  s'otTre  à  nous  sous  le  titre  de  :  Piae 
Cantiones  n'est  qu'une  nouvelle  édition,  scrupuleusement  revue  et 
considérablement  corrigée  par  le  Rév.  G.  R.  Woodward,  de  canti- 
ques médiévaux  recueilhs  et  arrangés  par  le  luthérien  suédois 
Th.  Pétri,  en  1582.  Ces  «  Chansons  pieuses  »,  au  nombre  de  78,  sont 
précédées  et  suivies  de  notes  qui  révèlent  une  érudition  conscien- 
cieuse en  même  temps  qu'un  pieux  respect  pour  ces  échos  de  l'âme 
de  nos  pères.  A  première  vue,  on  se  croirait  en  présence  d'une 
reproduction  en  fac-similé  de  l'unique  exemplaire  qui  semble  survivre 
de  l'œuvre  de  Pétri;  mais  il  n'en  est  rien,  et  l'auteur  a  pris  soin 
Octobre  1912.  T.  (XXV.  20. 


—  r.OG  — 

(le  nous  on  avertir  cl  de  nous  on  donner  les  raisons  (p.  ix).  La 
difficulté  et  r incertitude  relatives  à  la  distribution  des  paroles  sous 
le  texte  musical,  lo  désir  de  rendre  cette  édition  pratique  et  de  re- 
mettre en  honneur  ces  «  Cantiones  »,  enfin  et  surtout,  —  le  réviseur 
est  protestant  anglican,  — une  orthodoxie  délicate  qui  s'effarouchait 
des  balourdises  substituées  par  Pétri  «  au  beau  travail  des  clercs 
et  des  moines,  dans  le  but  de  purger  ces  cantiques  de  taute  saveur 
niariale  »,  tellf^s  sont  les  causes  qui  ont  déterminé  un  remaniement 
complet.  On  ne  peut  qu'applaudir,  certes,  au  dernier  argument  en 
faveur  d'une  retouche;  car,  comme  le  remarque  très-  justement  le 
Rév.  auteur,  «  s'il  est  séant  d'appeler  Notre-Dame  une  autre  Judith 
et  \me  autre  Esther,  il  l'est  moins  d'appliquer  ces  noms-là  à  Notre- 
Seigneur,  non  plus  que  de  lui  donner  le  titre  de  «  Porta  clausa  nec 
pervia  «  (  !  )  Mais  n'eût-il  pas  été  préférable  de  rééditer  purement  et 
simplement  le  recueil  du  huguenot  dans  toute  sa  hideur  musicale 
et  textuelle?  L'archéologue,  au  moins,  y  eût  trouvé  son  compte  et,, 
en  partie,  le  masicien.  Quant  à  remettre  en  honneur,  au  temple 
ou  à  l'école,  ces  cantiques  tels  qu'ils  sont  écrits,  ce  serait,  musi- 
calement parlant,  non  seulement  faire  une  concession  au  mauvais 
goût,  mais  amvre  de  rétrograde,  à  l'heure  où  tous  les  efforts  con- 
courent à  la  restauration  des  mélodies  antiques  dans  leur  intégrité 
première.  Puisqu'on  désirait  corriger  Pétri,  il  fallait  aller  jusqu'au 
b<'>ut.  Pour  rendre  pratique  ce  livre,  il  eût  fallu  le  transcrire  en 
notation  moderne,  ou,  mieux  encore,  en  notation  carrée  du  xin^  siè- 
cle, comme  à  la  page  217,  puis  changer  le  rythme  insupportable 
de  certaines  cantilènes;  comparez,  par  exemple,  les  mélodies  Puer 
natiis  in  Bethléem  et  Magnum  nomen  Dni  Emmanuel,  si  fraîches  en 
chant  grégorien,  aux  cantiques  do  Pétri,  au  rythme  uniformé- 
ment ternaire,  avec  l'accent  qui  tombe  invariablement  au  temps 
lourd...  Ce  recueil  remanié  des  Piae  Cantiones  fait  l'effet  d'un  mo- 
nument «  Renaissance  »  cjue  l'on  a  gratté  et  troué  pour  remplacer 
certains  motifs  déplaisants  ou  démodés  par  des  sculptures  «  modem 
style  »  et  «  romano-byzentines  ». 

9.  —  Après  les  nomlweux  travaux  consacrés  à  Beethoven,  il  sem- 
blait que  rien  ou  peu  de  choses  restaient  à  mettre  en  lumière; 
cependant  M.  Vincent  d'indy,  grâce  à  des  documents  nouveaux 
et  à  une  étude  plus  attentive  des  anciens,  a  su  en  donner  une 
physionomie  plus  vraie,  plus  conforme  à  la  vérité  historique.  La 
vie  et  l'œuvre  sont  divisées  en  trois  périodes  :  1*"^  période  (d'imi- 
tation) jusqu'à  J801;  —  2^  période  (de  transition),  de  1801  à  1815, 
et  ici,  M.  Vincent  d'indy  recherche  la  genèse  des  œuvres  et  les 
causes  qui  les  ont  inspirées.  Jusqu'ici  «  il  n'a  écrit  que  de  la  mu- 
sique, maintenant  il  écrit  de  la  vie...  il  a  senti,  aimé,  soulîeït  ». 


—  307  - 

Trois  amours  cnt  rempli  colle  seconde  pf'riodo  de  sa  vie  :  la  femme, 
la  nature,  la  pairie.  «  Beethoven,  être  éminemment  pur  et  profon- 
d('ment  clirétien  »,  ne  concevait  l'amour  que  dans  le  mariage;  sur 
ce  point,  il  n'a  eu  que  des  déceptions  répétées.  Sa  vie  ne  nous  offre 
aucune  liaison  romanesque,  aucune  aventure  échevelée,  aucun  crime 
passionnel...  Voilà  le  vrai  Beethoven.  La  3®  période  (de  réflexion) 
court  de  1815  à  1829.  Réflexion,  comment  cela?  C'est  bien  cela^ 
et  M.  V.  d'Indy  nous  montre  Beethoven  arrivé  à  45  ans,  «  isolé 
on  tout,  sans  épouse,  sens  position,  sans  ressources,  privé  même 
d'entendre  sa  propre  musique;  il  est,  pour  ainsi  dire,  comme  un 
mort  vivant  ».  Nul  désespoir,  il  regarde  en  lui-même,  dans  cette 
âme  qu'il  s'est  toujours  ellorcé  de  diriger  vers  Dieu...  il  crée  en 
pleine  joie  ou  en  pleine  douleur,  dans  le  but  unique  de  rendre 
meilleure  cette  âme  en  laquelle  il  vit  seul...  Cette  contemplation 
intérieure  a  produit  la  Messe  et  la  IX^  symphonie!  Sa  mort  n'est 
point  celle  qu'on  nous  a  racontée  :  on  nous  avait  fait  un  Beethoven 
railleur,  sceptique,  s'écriant,  après  avoir  reçu  les  derniers  sacrements  : 
Plaudite,  ainici,  fimfa  est  comœdia.  Or,  il  est  prouvé  que  cette  saillie 
a  été  décochée  aux  doctes  messieurs  de  la  Faculté,  après  une  lon- 
gue consultation,  lorsqu'il  les  vit  tourner  les  talons...  «  Ladite  trans- 
position constitue  un  faux  historique.  »  L'analyse  des  derniers  qua- 
tuors est  telle  qu'on  pouvait  l'attendre  de  l'auteur  du  guide  de 
Composition  musicale. 

10.  —  C'est  un  ami  qui  trace  le  portrait  de  Verdi]  c'est  aussi 
un  juge  impartial  qui  sait  faire  la  part  du  beau,  du  médiocre,  du 
mauvais,  dans  l'œuvre  de  ce  grand  musicien.  Courageux  partisan 
et  défenseur  de  la  belle  mélodie,  M.  C.  Bellaigue  s'est  appliqué  à 
nous  révéler  l'âme  italienne  de  l'auteur  de  Rigoletto  et  à'Otello,  qui, 
fidèle  à  son  idéal,  sut  cependant  le  renouveler,  le  transformer. 
Verdi  écoutait,  par-dessus  les  Alpes,  les  échos  de  France  et  d'Alle- 
magne; il  s'en  servit,  mais  ne  voulut  jamais  ni  les  répéter,  ni  les 
imiter.  Ce  fut  là  son  propre  génie.  Dans  sa  jeunesse,  il  produisit 
beaucoup,  mais  ses  œuvres,  où  la  force  surtout  se  faisait  sentir, 
ne  promettaient  pas  le  maître.  Il  se  montre  avec  Rigoletto  (1851)^ 
Il  Trovatore  (1853)  et  la  Traviata  (1853).  M.  C.  Bellaigue  s'y  at- 
tarde; se  mettant  au-dessus  des  débats  modernes,  il  plaide  vaillam- 
ment en  faveur  de  cette  musique  «  instinctive,  spontanée,  naturelle, 
mais  inégale  ».  S'il  en  reconnaît  «  les  points  culminants  »,  il  sait 
en  dévoiler  «  les  abîmes  »,  «  les  trous  »;  il  essaie  de  les  expliquer, 
il  voudrait  bien  les  excuser,  cela  n'est  pas  pour  déplaire.  Par  con- 
tre, c'est  avec  une  satisfaction  sensible  qu'il  analyse  les  deux  chefs- 
d'œuvre  :  Otello  (1887)  et  Falstaff  (1893);  ^>rdi  avait  80  ans  quand 
il  écrivit  ce  dernier  opéra.  Ici,  la  louange  est  entière  et  s'épanche 


—  303  — 

avec  joie.  M.  Rollaiguo  n'oublie  pas  sa  musique  religieuse  qui  n'est 
pas  un-^  musique  d'église;  son  jugemmt  est  exact.  En  somme,  dans 
ce  beau  livre,  au  travail  de  l'historien  impartial  se  joint  Ihommage 
pieux  de  lami. 

11.  —  Aiiber  !  Reconstituer  sa  physionumie  artistique,  louer  sa 
valeur  niisicale?  Est-ce  bien  nécessaire?  «  alors  (^ue  depuis  long- 
temps il  n'existe  plus,  —  si  m''me  il  a  jamais  existé  —  ne  manque- 
ront pas  d'ajouter  ironiquement  ses  ennemis!  »  M.  Charles  Malherbe 
ne  s'est  point  arrêté  à  ces  considérations  et,  sous  sa  plume,  le  vieil 
Auber  renaît  tout  entier.  Son  existence  réglée,  calme,  honorée,  coule 
paisible  «  comme  un  ruisseau  entre  les  bords  de  prairies  verdoyan- 
tes, sans  cahot  ni  heurt,  autre  que  la  rencontre  d'une  branche  ou 
d'un  caillou.  Elle  est  remplie,  le  matin  par  le  travail,  le  soir  par 
la  promenade  au  bois  de  Boulogne,  les  visites,  les  courses,  etc. 
et  le  théâtre.  Ses  œuvres,  48  pièces  de  théâtre,  sont  cnuniérées, 
tine  à  une,  dans  une  sorte  de  répertoire  à  consulter  plutôt  qu'à  lire, 
où  l'on  trouve  les  renseignements  les  plus  précis,  dignes  du  regretté 
bibliothécaire  de  l'Opéra.  Les  pièces  religieuses  sont  cataloguées 
pour  la  première  fois.  La  cause  de  ses  succès  est  due  au.  don  mé- 
lodique que  ce  vrai  musicien  avait  reçu  de  la  nature,  et  à  deux 
inl'luences  exercées  sur  lui,  l'une  par  Rossini  dans  un  sens  musical, 
l'autre  par  Scribe  dans  un  sens  dramatique.  Finalement,  M.  C. 
Malherbe  ne  place  point  son  héros  parmi  les  dieux,  lui-même  au- 
rait protesté  :  il  était  trop  modeste  pour  ambitionner  pareil  honneur. 
Que  restera-t-il  de  lui?  Rien  peut-être...  un  nom,  un  simple  nom! 

12.  —  Avec  le  Glinka  de  M.  Calvocoressi,  nous  passons  en  Russie. 
Une  éclosion  brusque,  un  développement  précoce  et  intensif,  telle 
est,  en  résumé,  l'histoire  de  la  musique  russe  au  xix^  siècle.  Glinka 
est  le  musicien  qui  donne  le  branle  à  ce  mouvement  par  deux  opé- 
ras :  La  Vie  pour  le  Tsar  (1830),  cet  essai  est  un  coup  de  maître, 
puis  Rousslân  et  Liudmila  (18'i2),  dont  la  partition  est  incompara- 
plement  plus  belle  que  celle  de  la  Vie  pour  le  Tsar.  Ces  deux 
œuvres  ont  créé  l'opéra  national  russe.  M.  Calvocoressi  les  étudie 
avec  soin  et  détails,  à  cause  de  l'influence  qu'elles  ont  exercée  sur 
les  musiciens  russes;  c'est  le  centre  de  ce  petit  volume.  Un  court 
chapitre  sur  l'histoire  de  la  musique  russe  avant  Glinka  nous  fait 
mieux  apprécier  le  bond  prodigieux  vers  le  progrès  dû  à  ce  maître; 
de  même,  un  résumé  rapide  des  auteurs  contemporains  ou  posté- 
rieurs à  Glinka,  plusieurs  ses  élèves  et  imitateurs,  nous  montre 
en  lui  un  initiateur,  un  chef  d'école.  Glinka,  en  outre,  a  abordé 
tous  les  geru'es  :  lieder,  musique  d'orchestre,  musique  de  chambre, 
etc;  mais,  en  tout  cela,  il  est  in-'gal.  Selon  l'usage  de  la  collec- 
tion des  «  Musiciens  célèbres  )),  un  catalogue  complet  de  l'œuvre  de 
Glinka  et   une   bibliographie  terminent   ce   charmant   volume. 


—  309  — 

13.  —  C'est  rimpartialité  sévère  de  l'historien,  de  l'historien  seul^ 
qui  domine  dans  le  Bizet  de  M.  Henry  Gauthier- Villars.  On  n'y 
trouvera  rien  qui  sente  l'apologie  ou  l'oraison  funèbre;  les  pages 
d'admiration  elles-mêmes  —  et  elles  ne  manquent  pas,  —  sont 
tempérées  par  une  modération  calculée  qui  ne  conduit  pas  le  lec- 
teur à  l'enthousiasme.  Si  le  portrait  est  vrai,  il  n'a  pas  été  retou- 
ché. En  lisant  ces  pages,  je  pensais  à  celles,  si  différentes  de  ton, 
si  vibrantes,  écrites  en  1889  par  M.  C.  Bellaigue  d&ns  la  Revue  des 
Deux  Mondes  sur  l'auteur  des  Pêcheurs  de  perles,  de  V Arlésienne  et 
de  Carmen...  11  est  bon  de  les  relire,  je  crois,  pour  adoucir  quelque 
peu  la  rigueur  des  jugements  de  M.  Gauthier- Villars.  De  leur  côté, 
ceux  qui  n"(  nt  lu  que  M.  C.  Bellaigue  ou  encore  le  «  lyrique  » 
M.  Charles  Pigot  ferc  ni  bien  de  se  pénétrer  du  nouveau  livre; 
peut-être  mettront-ils  une  discrète  sourdine  à  leurs  sentiments 
d'admiration;  leur  jugement  définitif  n'en  sera  que  plus  vrai.  Quoi 
qu'il  en  soit,  ce  contraste  entre  des  critiques  éminents  rend  plus 
intéressant  le  remarquable  travail  de  M.  Gauthier- Villars. 

14.  —  L'une  après  l'autre,  cette  ann'e  1912  célébrera  toutes  les 
(>  gloires  »  de  Jean- Jacques  Rousseau.  Philosophe,  littérateur,  Rous- 
seau fut  aussi  musicien;  et  c'est  comme  tel  que  M.  Julien  Tiersot 
le  présente  aujourd'hui  au  public.  L'idée  est  heureuse;  peut-être 
la  gloire  la  moins  discutable  du  philosophe  genevois  est-elle  dans 
son  amour  de  la  musique.  Sans  être  un  compositeur  de  génie  ni 
un  théoricien  complet,  il  a  eu  assez  d'influence  pour  mériter  qu'on 
lui  reconniit  sa  place  dans  l'histoire  de  la  musique.  Sans  parler  de 
sa  tentative  malheureuse  de  notation  chiîîrée,  le  succès  que  rem- 
porta son  Devin  du  village,  sa  position  résolue  dans  la  fameuse 
guerre  des  deux  musiques,  enfin  et  surtout,  les  idées  qu'il  a  déve- 
loppées dans  son  Dictionnaire  et  qui  annonçaient  par  avance 
l'évolution  de  l'art  moderne,  tout  cela  fait  de  lui,  au  point  de  vue 
qui  nous  occupe,  une  des  personnalités  les  plus  marquées  du  xviii^ 
siècle.  M.  Tiersot  nous  donne  l'histoire  abrégée  de  sa  vie  musicale^ 
en  marque  les  différentes  étapes,  et  en  dégage  bien  les  traits  carac- 
téristiques. A  signaler  surtout  le  dernier  chapitre,  où  il  expose  plus 
à  loisir,  avec  nombreuses  citations,  les  idées  maîtresses  de  son  héros. 
On  pourrait  toutefois  reprocher  à  cet  ouvrage  de  passer  trop  sous 
silence  les  lacunes,  pourtant  fort  réelles,  de  Rousseau  :  son  incom- 
préhension de  l'harmonie  pure,  de  la  polyphonie,  de  la  musique 
purement  instrumentale.  Quelle  que  soit  l'importance  de  la  musique 
vocale,  il  faut  tout  de  même  reconnaître  qu'elle  n'est  pas  tout  ! 
Mais  M.  Tiersot  professe  pour  la  personne  de  Jean- Jacques  un 
enthousiasme  et  un  attendrissement  que  d'aucuns  sans  doute  trou- 
veront   légèrement    exagérés.  Est-il    vraiment    si    désirable    et  «  si 


—  310  — 

beau  lie  connaître  et  de  répéter  les  chants  qui  ont  consolé  Jean- 
Jacques  Rousseau  «  des  misères  de  sa  vie?  Et  l'émotion  serait-elle 
si  vive  à  retrouver  entre  deux  i'euillets  d'un  livre  une  '(  fleur  posée...- 
par  les  doigts  de  Jean-Jacques  Rousseau  »?  Non;  ses  compositions 
musicales  ne  sont  point  «  rehaussées  par  l'ensemble  de  son  œuvre  «; 
on  ne  peut  pas  dire  qu'  «  elles  participent  en  quelque  manière  à 
sa  grandeur  )\  ni  qu'  «  elles  ont  reçu  quelque  chose  du  rayonne- 
ment qui  l'éclairé  »  !  !  Je  serais  tenté  de  dire  au  contraire  qu'elles 
rachètent  un  tant  soit  peu  la  misère  lamentable  de  son  o^uVre. 
L'intérêt  du  Devin  du  village  et  du  Dictionnaire  de  musique 
ne  vient  aucunement  de  ce  qu'ils  ont  été  écrits  par  l'auteur  de  la 
Nouvelle  Hélo'ise,  A' Emile  et  du  Contrat  social;  il  vient  unique- 
ment de  leur  valeur  propre,  très  réelle.  Et  l'étude  de  M.  Tiersot 
aurait  incontestablement  beaucoup  gagné,  s'il  avait  été  plus  fidèle 
au  principe  qu'il  énonce  lui-même  à  la  fin  de  son  livre,  et  s'en 
était  tenu  «  à  de  pures  considérations  d'art  )>. 

15.  —  h' Emmanuel  Chahrier,  de  M.  Georges  Servières,  est  une 
étude  rondement  menée  de  la  vie  et  des  œuvres  de  ce  musicien. 
Vif,  pétulant,  primesautier,  nerveux,  Chabrier  a  besoin  d'agitation, 
de  vacarme;  tout  se  traduit  chez  lui  par  les  gesticulations;  vulgaire, 
trivial  même,  il  aime  non  seulement  le  comique,  mais  le  burlesque, 
le  fantasque;  avec  cela  il  est  bon  et  tendre.  Sa  musique,  c'est  lui. 
M.  G.  Servières  analyse  ses  principales  œuvres,  puis  port.e  le  juge- 
ment suivant  :  «  Selon  moi,  E.  Chabrier  ne  peut  prétendre  à  pren- 
dre place,  aux  yeux  de  la  postérité,  parmi  les  maîtres  de  l'art 
musical.  »  La  science,  la  modération,  la  méthode,  l'impartialité  de 
M.  G.  Servières  sont  un  garant  de  la  justesse  de  ce  jugement. 

16.  —  Le  thre  assez  vague  donné  par  M.  Jean  Chantavoine  à 
sa  récente  pubhcation  :  Musiciens  et  poètes,  est  le  seul  qui  convienne 
à  la  série  d'études  qu'elle  contient.  11  ne  faut  pas  s'attendre  à 
trouver  dans  cet  ouvrage  une  thèse  sur  les  rapports  mutuels  de  la 
musique  et  de  la  poésie,  appuyée  sur  le  témoignage  ou  la  vie  de 
nos  gr&nds  auteurs,  ni  même  une  étude  sur  l'inflflence  qu'ont  pu 
exercer  sur  tel  musicien  les  théories  littéraires  de  sr  n  époque,  ou 
réciproquement.  Si,  dans  chacun  de  ces  articles  isolés,  il  est  question 
de  musiciens  et  de  poètes,  c'est  à  des  titres  fort  divers.  Les  rela- 
tions de  Gœ'the  avec  le  professeur  Friedrich  Zelter  nous  montrent 
comm«nt  le  poète  allemand  transposait,  dans  sa  conception  de  la 
musique,  ses  principes  intellectuahstes  et  métaphysiques,  jugeant 
«  la  musique  n'  n  pts  pour  elle-même,  mais  en  fonction  d'une 
théorie  physique,  poétique,  artistique,  voire  sociale,  soit  pour  la 
corroborer,  soit  pour  la  combattre  ».  Puis,  avec  Cari  Loewe,  nous 
assiste ns  à  l'épfnouissement  et  à  l'apogée  d'un  genre  encore  assez 


-  31i  - 

nouveau  en  littérature  comme  en  musique  :  la  ballade,  où  Loewe 
excelle  au  point  qu'  «  il  se  définit  par  elle  comme  elle  se  définit 
par  lui  ».  —  Suit  un3  rapide  étude  sur  le  Don  Sanclie  de  Liszt, 
avec  quelques  pages  consacrées  aux  rapports  de  l'auteur  avec  Heine; 
mais  là  encore,  il  s'agit  beaucoup  moins  de  l'inspiration  que  le 
musicien  puisa  dans  les  œuvres  de  Heine,  que  des  critiques  mal- 
veillantes et  peut-être  pas  assez  désintéressées  du  poète  contre  son 
«  vieil  ami  ».  Enfin,  après  quelques  détails  sur  la  jeunesse  de  Schu- 
niann,  partagée  entre  la  poésie  et  la  musique,  M.  Chantavoine 
montre  comment  scn  œuvre  musicale  est.  un  écho  de  sa  vie  et 
trahit  le  poète,  l'amoureux  et  le  malade  qu  il  resta  toujours.  — 
Si  l'on  ajoute  quelques  remarques  sur  1'  «  italianisme  »  de  Chopin 
et  des  détails  in'^dits  en  faveur  du  neveu  de  Beethov-en,  on  aura 
une  idée  générale  des  sujets  traités  dans  cet  ouvrage. 

17.  —  Les  études  contenues  dtns  Musique  et  Musiciens  de  la 
vieille  France  ne  sont  pas  inédites;  M.  Michel  Brenet  nous  avertit 
qu'elles  ont  paru  dans  diverses  revues  de  France  ou  d'Italie,  de 
1893  à  1908;  mais,  en  les  réimprimant,  il  les  a  refondues  et  s'est 
efToroé  de  les  compléter  à  l'aide  des  travaux  publiés  sur  les  mêmes 
sujets  depuis  l'époque  de  leur  première  rédaction.  Dans  ce  volume, 
M.  Michel  Brenet  parcourt  quatre  étapes  de  notre  histoire  musi- 
cale. H  nous  montre  d'abord  le  rôle  important  de  la  musique  dans 
les  divertissements  de  la  Cour  de  Bourgogne,  sous  Phihppe  le  Hardi. 
Les  ménestrels  affluaient  et  l'exercice  de  leur  profession  leur  était 
fort  rémunérateur,  ce  qu'il  prouve  en  publiant  l'état  des  comptes. 
C'est  au  siècle  suivant  qu'apparaît  le  célèbre  Jean  Ockeghem, 
directeur  de  la  chapelle-musique  des  rois  de  France,  constructeur 
d'un  motet  à  36  voix  !  et  compositeur  de  nombreuses  messes  aux 
titres  pour  le  moins  pittoresques  :  Missa  :  Cujusvis  toni,  Missa  : 
De  plus  en  plus,  Missa  :  Pour  quelque  peine,  Missa  :  La  Belle  se 
siet,  etc.  La  troisième  étude  nous  fait  suivre  l'origine  et  le  dévelop- 
pement de  la  musique  descriptive  à  l'époque  de  la  Renaissance. 
Les  musiciens  paysagistes  s'appliquaient  à  rendre  le  chant  des  oi- 
seaux, le  bruit  des  chasses  et  des  batailles.  Jannequin  surtout  s'est 
acquis  une  certaine  célébrité  par  sa  fameuse  Bataille  de  Marignan. 
Voici,  maintenant,  sous  Louis  XIII,  la  bonne  physionomie  de  Jac- 
ques Mauduit,  à  qui  l'enthousiasme  ému  du  P.  Mersenne  attribue 
le  titre  de  Père  de  la  Musique.  Collaborateur  musical  de  Baïf  et 
admirateur  de  ses  innovations  littéraires,  il  cro^'ait  de  bonne  foi, 
lui  aussi,  composer  à  l'antique  les  quatre  voix  qu'il  ajoutait  aux 
poésies  de  son  ami.  Il  ne  nous  en  a  pas  moins  laissé  des  œuvres 
exquises  et  bien  françaises.  Tous  Jes  amis  de  la  musique  sauront 
gré  à  M.  M.  Brenet  d'avoir  mis  en  lumière  cette  période  trop  peu 


—  312  - 

Connue  de  notre  histoire  musicale,  leur  permettant  ainsi  de  la  mieux 
apprt'cier. 

18.  —  Les  Pages  romantiques  de  Fr.  Liszt,  remises  au  jour  par 
]\L  Jean  Chantavoine,  sont  des  articles  publiés  par  Liszt  entre 
1835  et  1840  dans  la  Revue  et  Gazette  musùale  de  Schlesinger 
à  Paris.  Le  titre  :  Pages  romantiques  appartient  au  nouvel  éditeur. 
Il  le  justifie  dans  son  Avant-Propos  :  ce  titre  rappelle  la  date  où 
elles  furent  composées;  elles  sont  imprégnées  de  la  philosophie,  de 
la  sociologie,  de  la  littérature  de  l'époque,  ce  qui  n'est  certes  pas 
à  leur  éloge.  Elles  ont  été  composées  aux  plus  scabreux  moments 
de  la  vie  morale  de  Liszt;  aussi  telles  pages  n'ont  d'autre  but  que 
de  justifier  de  honteux  désordres.  D'ailleurs,  «  quelle  part  de  colla- 
boration directe  ou  indirecte  la  comtesse  d'Agoult  a  t-elle  bien  pu 
avoir  dans  ces  pages?  »  Il  y  a  dans  ces  articles  un  mélange  étrange 
d'erreurs  et  de  vérités,  d'aspirations  nobles,  artistiques  et  de  pas- 
sions vulgaires;  il  y  a  des  pages  vengeresses  contre  l'odieuse  mu- 
sique religieuse  de  l'époque  et  en  même  temps  l'auteur  rend  res- 
ponsable de  cette  situation  l'Éghse  cathohque,  dans  une  diatribe 
amère  et  impie  !  Dieu  merci,  il  ne  parlera  pas  toujours  ainsi.  Ce 
qui  est  plus  intéressant,  c'est  de  voir  poindre  dans  ces  articles  les^ 
idées  maîtresses  qui  présideront  plus  tard  aux  grandes  compositions 
de  Liszt.  Quelques  notes  brèves  de  l'éditeur  expliquent  aux  lec- 
teurs de  notre  époque  les  allusions  aux  personnes  et  aux  choses  de 
1835. 

19.  —  «  Depuis  plus  de  vingt-cinq  ans,  le  Bizet  de  M.  Charles 
Pigot  est  tenu  pour  un  excellent  livre  d'histoire,  exact  et  ample- 
ment documenté...  Chose  curieuse,  ce  livre,  connu,  classé  —  ce 
Bizet  en  quelque  sorte  classique  —  n'existait  plus  en  librairie .  Et 
plus  sa  réputation  s'affirmait  et  s'étendait,  plus  il  devenait  introu- 
vable. Après  une  longue  disparition,  cet  ouvrage,  enrichi  encore 
par  les  documents  les  plus  récents,  revient  devant  le  public  :  il 
peut  vraiment  se  passer  de  toute  présentation.  »  —  Ainsi  parle 
M.  Adolphe  Boschot,  qui  a  eu  l'heureuse  idée  de  le  réimprimer. 
Son  succès  est  assuré. 

20.  —  Après  le  beau  livre  de  M.  C.  Bellaigue  sur  Gounod  (Cf. 
Polybiblion  d'octobre  1910,  t.  CXIX,  p.  309),  son  maître  et  son 
ami,  il  semblait  qu'il  n'y  eût  plus  rien  à  dire  sur  l'auteur  de  Faust. 
Or,  voici  que  le  nouvel  ouvrage:  Gounod,  deMM.  J.-G.  Prod'homme 
et  A.  Dandelot,  nous  montre  que  le  sujet  est  loin  d'être  épuisé. 
II  est  vrai  que  la  manière  des  nouveaux  écrivains  est  bien  diffé- 
rente de  celle  de  M.  Camille  Bellaigue.  Celui-ci  a  écrit  la  vie  de 
son  héros  et  apprécié  ses  œuvres  avec  son  cœur  d'ami,  avec  son 
âme  d'artiste;  ceux-là  ont  fait  œuvre  de  collectionneurs,  d'archi- 


-  313  — 

vistes,  soucieux  avant  tout  de  l'abondance  et  de  la  variété  des  ren- 
seignements. A  ce  point  de  vue,  ils  complètent  l'œuvre  de  M.  C. 
Bellaigue.  Si  vous  voulez  connaître  l'âme,  le  cœur,  le  g('nie  de  Gou- 
nod,  vous  faire  de  ce  grand  maître  un  jugement  sain  et  artisti- 
que, lisez  M.  Bellaigue.  Avec  les  nouveaux  auteurs,  vous  apprendrez, 
par  le  menu,  l'homme  extérieur,  grâce  aux  innombrables  documents, 
pièces  d'archives,  lettres,  autographes,  portraits,  documents  de  tou- 
tes sortes,  réunis  par  eux  avec  un  soin,  une  attention,  une  minutie 
de  collectif  nneurs.  Ils  prennent  d'ailleurs  le  soin  de  nous  avertir, 
p.  XI  :  «  On  ne  trouvera  dans  cet  ouvrage  que  des  faits,  dûment 
contrôlés,  que  les  auteurs  se  sent  bornés  à  tr&nscrire  et  à  coor- 
donner, sans  commentaires,  et  surtout  me  chronologie  exacte, 
croyons  nous,  de.  ces  faits...  Ce  travail  est  purement  objectif... 
Nous  nous  sommes  interdit  toute  appréciation,  toute  critique  per- 
sonnelle, nous  bornant  à  rapporter  sur  ses  œuvres...  les  opi- 
nions souvent  contradictoires  de  leurs  premiers  auditeurs  et  juges 
non  seulement  en  France,  mais  encore  à  l'étranger.  »  Ces  deux  ou- 
vrages sur  Gounod  se  complètent  mutuellement;  tous  les  deux 
sont  nécessaires  à  ceux  qui  veulent  étudier  ce  grand  musicien. 
Un  catalogue  complet  de  l'œuvre  de  Govnod  se  trouve  à  la  fin 
du  deuxième  'volume  et  quarante  planches  hois  texte  en  photogra- 
vure lui  dcnn  ni  beaucoup  d'intérêt. 

21.—  Le  Mozart  de  MM.  T.  de  Wyzewa  et  G.  de  Saint-Foix 
est  bien  différent  des  portraits  de  musiciens  dont  je  viens  de  par- 
ler. Il  s'agit  de  deux  volumes  gr.  in-8  d'un  texte  très  serré.  L'In- 
troduction de  M.  de  Wyzewa  nous  renseigne  sur  le  but  des  auteurs. 
Ce  but  est  de  «  reconstituer  le  développement  intérieur  du  génie 
de  Mozart  »,  en  étudiant  l'homme,  sa  vie  et  ses  œuvres  une  à  une, 
en  suivant  minutieusement  les  évolutions  de  son  style,  ou,  pour 
mieux  dire,  de  ses  styles,  car  sous  l'influence  d'impulsions  musi- 
cales extérieures,  Mozart,  surtout  dans  sa  jeunesse,  «  renouvelait 
son  style  presque  de  mois  en  mois  ».  Jamais  Mozart  n'avait  été 
étudié  à  ce  point  de  vue.  Otto  Jahn,  auteur  d'une  biographie  fort 
belle,  mais  un  peu  ancienne  (4  vol.  1856-1859),  ne  l'avait  pas  même 
soupçonné;  encore  moins  Haeckel  dans  son  catalogue  des  œuvres 
de  Mozart  (1862).  Pour  réaliser  un  tel  but,  une  étude  très  appro- 
fondie et  chronologique  s'imposait  :  elle  a  été  possible  grâce  à 
l'admirable  édition  critique  de  la  maison  Breitkopf.  «  Le  plan 
adopté  »,  dit  M.  Michel  Brenet,  dans  un  article  très  élogieux  du 
Correspondant  (10  avril  1912),  esta  celui  d'un  catalogue  thématique 
et  chronologique,  avec  analyses  et  commentaires  de  chaque  numéro, 
et  avec  intercalations  de  résumés  biographiques  et  historiques  sou- 
vent très  développés,  qui  reliant  entre  elles  les  descriptions  d'œu- 


—  314  — 

vres  et  les  enchâssont  dans  l'observation  minutieuse  et  constante 
de  la  formation  et  des  modifications  de  la  pensée  musicale  dans 
Mozart  ».  En  effet,  les  auteurs  suivent  u  l'enfant  prodige  »  et  «  le 
jeune  maître  »  pas  à  pas,  de  ville  en  ville;  ils  s'as-surent  des  mi- 
lieux qu'il  a  fréquentés,  des  maîtres  avec  lesquels  il  a  conversé 
ou  étudié,  des  concerts  qu'il  a  entendus;  chacune  de  ses  œuvres 
est  alors  présentée  au  lecteur  à  l'instant  précis  de  sa  composition 
et  ainsi  replacée  dans  son  cadre.  Le  lieu,  le  milieu,  l'année,  la  date, 
les  circonstances  nous  permettent  de  saisir  Mozart  au  moment  de 
l'inspiration  de  telle  ou  telle  oeuvre,  d'assister  à  son  éclosion  et 
de  constater  les  influences  multiples  subies  par  cette  nature  «  fé- 
minine )>  impressionnable.  Après  une  telle  lecture,  l'exécution  d'un 
quatuor,  d'une  sonate,  d'un  menuet,  etc.  ainsi,  scruté,  devient  du 
plus  vif  intérêt.  L'âme  prodigieusement  malléable  et  changeante 
du  maître,  disposée  à  accepter,  pour  un  temps,  tout  ce  qui  lui 
vient  du  dehors,  explique  l'extraordinaire  mobilité  de  ses  «  ma- 
nières »  ou  «  périodes  ».  MM.  de  Wyzewa  et  de  Saint-Foix  en 
comptent  jusqu'à  24  dans  l'intervalle  des  21  ans  qu'ils  étudient; 
ces  périodes  forment  la  division  de  leur  ouvrage.  C'est  beaucoup, 
mais,  en  somme,  elles  se  trouvent  justifiées.  28S  œuvres  de  Mozart 
sont  ainsi  classées.  Un  regret  à  exprimer  :  c'est  r[ue  cette  étude 
si  consciencieuse  s'arrête  à  l'automne  de  1777.  Pour  suppléer  à  ce 
défaut,  les  auteurs  ont  dressé  en  appendice  un  tableau  chronologi- 
que de  l'œuvre  de  Mozart  depuis  le  23  septembre  1777  jusqu'à 
sa  mort,  5  décembre  1791;  cet  intervalle  de  temps  comprend  encore 
10  «  périodes  »,  de  la  25^  à  la  34^.  L^n  bref  commentaire  accom- 
pagne chaque  période.  Cet  ouvrage  admirable  ne  saurait  être  trop 
loué,  trop  recommandé  :  il  mérite  d'être  entre  les  mains  de  tous 
les  professeurs  et  de  tous  les  amateurs,  qui  ne  devraient  jamais 
exécuter  une  œuvre  de  Mozart  sans  relire  l'analyse  et  les  commen- 
taires  qui  la  concernent. 

22.  —  Le  premier  fascicule  de  la  XIX^  année  des  Denkmâler 
der  Tonlmnst  in  Osterreich,  de  Guido  Adler  (t.  38^  de  la  collection), 
contient  la  3^  publication  des  Trienter  Codices  dont  la  1'''',  on 
s'en  souvient,  avait  paru  en  1900  et  la  2^  en  1904.  Le  présent 
fascicule  est  de  première  importance  par  l'antiquité  des  documents 
qu'il  renferme  (xv^  siècle);  ce  sont  les  cinq  Messes  que  voici  : 
Missa  «  Caput  »  de  Dufay  (1400-1474);  Missa  «  Caput  »  et  Missa 
«  le  Serviteur  »  d'Okeghem  (1430-1495);  Missa  ^  le  Serviteur  » 
(anonyme)  et  Messe  «  Grune  Linden  »  (anonyme).  Les  quatre  pre- 
mières sont  donn 'es  en  notation  moderne  et  précédées  de  la  repro- 
duction, par  la  photogravure,  des  Codices  eux-mêmes.""  C'est  une 
innovation  heureuse  dont   le  lecteur  sera  reconnaissant  à  l'auteur 


—  315  — 

des  Denkmdler  et  qui  permettra  de  contrôler  sur  place  et  d'appré- 
cier en  même  temps  la  valeur  de  la  traduction  en  musique  mo- 
derne. Le  2^^  fascicule  (t.  39  de  la  coll.)  continue  la  publication 
des  œuvres  des  devanciers  des  classiques  viemiois.  Il  renferme 
cinq  Symphonies  et  deux  Concerti  de  Matthias  Georg  Monn,  et  un 
Divertimento  de  Johann  Ghristoph  Mann,  deux  représentants  de 
la  transition  au  style  n4o-classique  de  la  musique  instrumentale 
viennoise   au    xviii^    siècle. 

23.  —  Voici  maintenant  une  brochurette  qui  ne  contient  qu'un 
petit  nombre  de  pages,  mais  à  laquelle  il  faut  souhaiter  un  grand 
nombre  de  lecteurs,  j'entends  de  lecteurs  intéressés,  et  donc  dans 
le  clergé  :  Impressions  grégoriennes.  Chant  et  liturgie.  L'auteur 
commence  par  y  montrer  quel  heureux  écho  rencontra,  en  France, 
le  Molli  proprio  du  Pape  sur  le  plain-chant.  C'est  de  quoi  personne 
ne  songera,  certes,  à  s'étonner,  si  l'on  prend  la  peine  d'étudier  la 
nature  de  la  mélodie  grégorienne,  la  déhcatesse  même  de  son  art, 
€t  son  unité  étroite  avec  le  texte  et  les  cérémonies  liturgiques. 
Où  trouver  plus  parfaite  convenance  avec  l'office?  Aucune  autre 
musique  religieuse,  aucune,  et  non'pas  même  la  palestrinienne,  n'est 
en  mesure  de  présenter  un  pareil  certificat  d'aptitude  à  l'exercice 
du  culte.  Avec  elle  seule,  chanter  c'est  adorer.  Dès  qu'ils  la  pren- 
nent comme  leur  expression  sonore,  les  rites  variés  gagnent  en  di- 
gnité et  en  influence  de  recueillement  et  de  paix.  Et  c'est  un  fait 
que  la  cantilêne  bien  exécutée  amène  aussi,  comme  par  la  force 
des  choses,  la  bonne  exécution  du  cérémonial.  Le  Motii  proprio  a 
donc  fait  coup  double,  et  même  coup  triple,  puisque,  avec  le  chant 
d'église,  c'est  la  liturgie  et  ce  sont  les  âmes  qui  s'en  trouvent  bien. 
Tout  cela  était  à  dire;  les  Impressions  grégoriennes  l'ont  dit  et,  de 
plus,  elles  l'oftt  prouvé  au  moyen  d'exemples  qu'il  tient  à  qui  veut 
d'aller  constater  sur  place. 

24.  —  La  Prononciation  normale  du  latin,  par  M.  J.  V.,  est  bien 
certainement  ce  qui  a  été  écrit  de  plus  clair,  de  plus  sensé  sm*  cette 
question  si  agitée  depuis  quelques  mois.  De  plus  sensé,  ai-je  dit; 
hé  oui  !  car  toute  la  thèse  de  l'auteur  se  résume  en  ceci  :  prononcez 
le  chinois  comme  les  Chinois  le  prononcent,  le  français  comme  les 
Français,  l'anglais  comme  les  Anglais,  et  le  latin  comme  les  Latins 
le  prononcent,  c'est-à-dire  comme  les  Romains.  Le  latin  moderne 
n'est  pas  une  langue  morte,  c'est  une  langue  vivante,  usitée  dans 
le  monde  entier.  La  patrie  du  latin,  c'est  le  Latium,  c'est  Rome: 
là,  il  s'est  form*^,  développé,  conservé;  là,  il  est  parlé  depuis 
2600  ans.  C'est  donc  à  Rome,  aujourd'hui,  qu'il  faut  chercher  la 
prononciation  nonnale  du  latin.   Rien  de  plus  sensé. 

25.  —  \J Introduction  à  la  vie  musicale,  de  M.  P.  Lacome,  donne 


—  316  — 

une  vue  panoramique,  ou  plutôt  un  raccourci  de  la  musique.  L'au- 
teur a  divisé  son  travail  en  4  parties  distinctes  :  exposé  historique, 
exposé  des  principes  naturels  qui  groupent  les  sons  entre  eux, 
théorie  harmonique,  rythme,  formes  de  la  pensée  musicale.  Sur  ces 
quatre  points  le  lecteur  ne  trouvera  que  les  notions  indispensables, 
et  encore  les  «  notions  principes  »  sont-elles  en  gros  caractères, 
les  notes  complémentaires  en  plus  petits.  «  Science  légère,  dit  l'au- 
teur, à  la  portée  de  tous  )>..,  C'est  vrai;  mais  science  qui  devrait 
être  plus  au  niveau  de  l'état  actuel  des  études  musicales...  Ren- 
voyer à  Rousseau,  à  Fétis,  à  Ihistoire  de  la  notation  de  M.  Lussy, 
etc.,  c'est  diriger  le  lecteur  vers  des  sources  surann-'es...  Lorsque 
ce  livre  sera  amendé,   de  bon  il  deviendra  excelknt. 

26.  —  La  Condamnation  de  «  Mignon  »  résulte  d'un  procès  dont 
les  débats  sont  conduits  par  le  président  H  ans  Sachs;  Tannhauser 
y  remplit  les  fonctions  d'avocat  général;  au  jury  figurent  les  prin- 
cipaux héros  de  Wagner,  de  Berlioz,  de  Bizet,  de  Saint-Saëns,  etc. 
Ce  respectable  tribunal  n'hésite  pas  à  déclarer  Mignon  et  ses  com- 
phces  coupables  de  crime  musical,  perpétré  au  moyen  de  chants 
romançards,  de  gnangnan  inepte...  N'empruntons  pas  trop  au  ton 
du  reporter.  Son  indignation  contre  les  coupables  amène  sans  cesse 
sous  sa  plume  les  mômes  invectives,  tantôt  platement,  tantôt  sa- 
vamment grossières.  Termes  crus,  images  malpropres,  rien  ne  lui 
semble  assez  pimenté.  M"^^  Angot  et  ses  commères,  aperçues  à  l'au- 
dience, ne  sauraient  s'offusquer  de  ce  qu'elles  en  comprennent.  Le 
lecteur  d'un  essai  de  critique  musicale  est  en  droit  d  exiger  plus 
de  tenue,  même  dans  une  satire.  Dans  ce  cas,  il  désire  surtout  une 
thèse  opportune,  et  qui  morde  profondément.  Celle-ci  est  banale, 
et  porte  peu.  Tout  le  monde  sait  bien  que  le  vieil  opéra,  ne  du 
ballet,-  était  une  œuvre  sc'nique  mal  venue.  Il  fallait  en  briser  le 
moule  conventionnel  et  faux  pour  créer  librement  le  drame  musi- 
cal. Sans  cela  le  génie  d'un  Beethoven  lui-même  ne  pouvait  que  se 
compromettre  en  compagnie  de  marionnettes  qui  font  sourire.  De 
moindres  talents  ont  multiplié  les  produits  faibles,  atteints  de  dif- 
formités de  jour  en  jour  plus  apparentes.  A  quoi  bon  les  pourfen- 
dre et  les  déférer  aux  tribunaux?  On  s'expose  à  faire  trouver  ra- 
fraîchissante, après  de  pareils  accès  de  bile,  la  moindre  sucrerie  à 
la  fleur  d'oranger.  0.  M..  B. 

[A  suivre.) 

GÉOGRAPHIE  —  VOYAGES 


Foules  de  Jérusalem  et  solitudes  de  Judée,  par  Henri  Guerlin.  Tours,  Marne,] 
s.  d.  [1912],  in-12  cartonné  de  300  p.,  illustré,  1  fr.  50.  —  2.  En  TripolilainoA 
Voyage  à   Ghadamès,  par  Edmond  Bernet.   Paris,   Foiitemoing,  1912,  in-8  de| 


—  317  — 

iX-265  p.,  avec  carte  et  giav.,  7  fr.  50.  —  3.  La  Tiipolitaine  interdite.  Ghadamès^ 
par  L-^ON  Pervinquière.  Paris,  Hachette,  1912,  in-16  de  254  p.,  avec  cartes 
et  55  grav. ,  4  fr.  —  4.  Au  Maroc;  par  les  camps  et  par  les  cilles,  par  Gustave 
Babin.  Pari?,  Grasset,  1912,  in-16  de  394  p.,  3  fr.  50.  —  5.  La  Société  marocaine, 
études  sociales,  impressions  et  souvenirs,  par  le  D'  Maura\.  Paris,  Paulin,  s.  d. 
(1912),  gr.  in-8  de  301  p.,  avec  grav.,  5  fr.  —  6.  Le  Maroc  physique,  par  Louis 
Gentil.  Pai.s,  Aican,  1912,  in-16  de  320  p.,  avec  cartes  dans  le  texte,  3  fr.  50. 
—  7.  A  travers  l'Afrique,  par  le  lieutenant-colonel  Baratier.  Paiis,  Penin,  1912, 
in-16  de  v-350  p. ,  avec  8  portraits  et  6  cartes,  3  fr.  50.  ■ —  8.  Dans  notre  empire  noir, 
par  Maurice  Ro\det-Saint.  Paris,  Plon-Nourrit,  1912,  in-16  de  viii-2."9  p.,  avec 
carte,  3  fr.  50.  -  9.  jL  Conç,o  méconnu,  par  Jtan  Dybowski.  Paris,  Hacj.ette, 
1912,  in-16  de  xv-294  p.,  avec  caite  et  57  giav.,  4  fr.  —  10.  Au  Paradis  des 
Ba}ahs,pa.r  André  de  Fouq ui ères.  Paris,  Fontemolng,  191 2, gr.  in-8  de  viii-217  p., 
avecgravutes,  8  fr.  —  11.  Le  Tibet  révolté.  Vers  Népémakô,  la  terre  promise  des 
Tibétains,  par  Jacques  Bacot.  Paris,  Hachette,  1912,  in-8  de  365  p.,  avec  60  gra- 
vures et  7  cartes,  15  fr.  —  12.  Croquis  de  Chine,  par  Jean  de  la  Servièr  .  Paris, 
Beauchesne,  1912,  gr.  in-8  de  200  p.,  avec  carte  et  grav.,  4  fr.  —  13.  Sous  la 
Croix-du-Sud.  Brésil,  Argentine,  Chili,  Bolivie,  Paraguay,  Uruguay,  par  le  piince 
Louis  d'Orléans-Bragance.  Paiis,  Plon-Nou''iit,  1912,  in-8  de  292  p.,  avec  carte, 
7  fr.  50.  —  14.  International  Catalogue  of  scientific  Literature.  Ninth  annual  Issue. 
J.  Geography.  London,  Harrison;  Paris,  Gauthier-Villars,  1911,  in-8  de  viii- 
386  p.,  20  fr.65. 

1,  —  Pour  la  première  fois  depuis  que  nous  passons  ici  semes- 
triellement en  revue  les  ouvrages  nouveaux  relatifs  à  la  géographie 
et  les  r.'cenes  relations  de  voyage,  nous  n'avons  aujourd'hui  à 
rendre  compte  d'aucun  volume  traitant  d'in  pays  quelconque  de 
l'Europe.  Voici,  par  contre,  sur  les  contrées  les  plus  justement  cé- 
lèbres des  bords  de  la  Méditerranée,  un  excellent  livre,  plein  des 
observations  les  plus  intéressantes  et  des  idées  les  plus  justes.  Fou- 
les de  Jérusalem  et  solitudes  de  Judée,  tel  est  le  titre  de  ce  hvre. 
Son  auteur,  M.  Henri  Guerlin,  que  connaissent  bien  les  lecteurs 
du  Polijbihlion,  s'y  propose  un  double  but  :  chercher  à  deviner 
(en  observant  parmi  les  foules  de  toutes  confessions  qui  se  pres- 
sent à  Jérusalem,  les  forces  et  les  doctrines  qui  se  heurtent)  si 
la  victoire  du  catholicisme  se  prépare  et  peut  être  espérée;  tenter 
d'évoquer,  en  visitant  Bethléem,  Jéricho  et  les  rivages  de  la  Mer 
Morte,  puis  la  Samarie  et  la  Galilée,  la  manière  dont  a  vécu  le 
Sauveur,  de  ressusciter  le  milieu  qu'il  a  évangélisé,  de  revivre  une 
partie  de  l'histoire  sainte.  Ce  double  but,  l'auteur  l'a  pleinement 
atteint  dans  ce  petit  volume  de  vulgarisation,  très  attrayant,  très 
vivant,  qui  a  évoqué  en  nous  le  souvenir  d'un  Vers  Jérusalem  que 
M.  Guerlin  n'a  san^  doute  pas  oublié.  On  s'instruira  et,  dans  tous 
les  sens  du  mot,  on  s'édifiera  en  lisant  Foules  de  Jérusalem  et 
solitudes  de  Judée. 

2.  —  Des  rivages  de  la  Phénicie,  par  où  l'on  accède  en  Terre 
Sainte,  dirigeons-nous  maintenant  vers  le  sud-ouest  et,  après  avoir 
dépassé  les  côtes  de  l'Egypte  et  de  la  Cyrénaïque,  puis  les  sables 
inhospitaliers  de  la  Grande  Syrte,  arrêtons-nous  à  Tripoh.  Dans  les 


—  318  — 

premiers  mois  de  l'année  1911,  M.  Edmond  Bernet  s'est  rendu  dans 
cette  ville  d'où  il  a  parcouru,  après  une  pointe  jusqu'à  Ghadamès, 
les  plus  intt'ressantesr  cgions  de  la  Tripolitaine  proprement  dite, 
entre  autres  celle  du  Djebel,  c'est-à-dire  le  rempart  qui,  à  une  plus  ou 
moins  grande  distance  de  la  Méditerranée,  se  dresse  à  plusieurs 
centaines  de  mètres  au-dessus  de  la  plaine  côtière,  de  la  Djefîara, 
et  constituait  dans  l'antiquité  la  partie  vraiment  riche  de  la  con- 
trée. C'est  ce  dont  font  foi  de  nombreuses  ruines  romaines,  se  suc- 
cédant sur  le  plateau  jusqu'aux  stations  de  ce  limes  tripolitanus, 
dont  des  découvertes  récentes  ont  permis  de  reconstituer  le  tracé. 
De  ce  voyage  en  pays  encore  fort  peu  visité,  M.  Bernet  a  rapporté  une 
relation  agréablement  écrite,  abondamment  illustrée,  que  le  lecteur 
rapprochera  avec  intérêt  des  observations  consignées  par  M.  Méhier 
de  Matliuisieulx  dans  ses  deux  ouvrages  intitulés  :  A  travers  la 
Tripolitaine  et  la  Tripolitaine  d'hier  et  de  demain;  ces  livres  et 
\En  Tripolitaine  de  M.  Bernet  se  complètent  et  se  corroborent  en 
effet  les  uns  les  autres  sur  beaucoup  de  points,  en  particuher  dans 
leurs  remarques  sur  la  situation  économique  ancienne  et  actuelle 
de  la  contrée,  ainsi  que  sur  son  avenir.  Il  convient  toutefois  de 
noter  que  M.  Bernet,  beaucoup  plus  que  M.  de  Mathuisieulx,  se 
pose  en  défenseur  des  Turcs  de  la  Tripolitaine,  qui  l'ont  partout 
admirablement  accueilli;  il  fournit,  sur  l'œuvre  civiHsatrice  qu'ils 
ont  bien  tardivement  —  trop  tard  —  essayé  d'y  accomplir  avec 
le  maréchal  Ibrahim-Pacha,  des  renseignements  très  intéressants 
et  absolument  inédits,  dent  aura  le  devoir  de  tenir  compte  dans 
l'avenir,  à  côté  des  exposés  italiens,  Ihistorien  de  la  conquête  de 
la  Tripolitaine.  Là,  et  non  dans  certains  racontars,  plus  que  dou- 
teux, hostiles  à  nos  officiers  (p.  56-57),  est  le  côté  particulièrement 
n^uf  à'En   Tripolitaine. 

3.  —  Très  peu  de  temps  avant  le  D^"  Bernet,  mais  par  l'autre 
côté  de  la  frontière  tuniso-tripolitaine,  M.  Léon  Pervinquière  s'est, 
lui  aussi,  rendu  à  Ghadamès  avec  la  mission  française  de  délimi- 
tation à  laquelle  il  était  adjoint  comme  géolog^le.  De  ce  voyage, 
au  cours  duquel  il  a  observé  les  pays  et  les  hommes  comme  il  sait 
observer,  c'est-à-dire  en  savant  naturaliste  et  en  même  temps  en 
psychologue  averti,  l'excellent  chargé  de  cours  de  la  Sorbonne  a 
rapporté  un  li^Te  très  intéressant  et  très  amusant  à  la  fois,  com- 
plétant à  tous  les  points  de  vue  En  Tripolitaine.  Non  seulement, 
en  effet,  M.  Pervinquière  fournit  sur  Ghadamès  même,  dans  les 
trois  chapitres  c[u'il  a  consacrés  à  cette  oasis,  plus  de  renseigne- 
ments précis  cj[ue  ne  le  fait  le  D''  Bernet,  mais  il  décrit  avec  très 
grand  soin,  de  visn,  la  partie  tunisienne  de  la  frontière,  celle  où  le 
voyageur  géne^-ois  n'a  pu,   à  son  très  vif  regret,   mettre  le  pied; 


—  319  — 

de  même  les  excellentes  photographies  prises  par  M.  Pervinquière 
s'ajoutent  heureusement  à  celles  du  D'"  Bernet  pour  donner  des 
diiïérents  aspects  de  la  contrée,  depuis  la  Méditerranée  jusqu'à 
l'oasis  de  Ghadamés,  située  en  plein  Sahara,  rnc  idée  très  nette. 
Aussi  les  lecteurs  d'En  TripoUtaiue  feront-ils  bien  de  se  procurer 
la  TripoJitaine  interdite  de  M.  Léon  Pervinquière:  profit  et  agrément^ 
une  connaissance  plus  complète  de  parties  de  l'Alrique  septentrio- 
nale encore  peu  visitées  et  peu  décrites,  mais  dont  nous  avons 
grand  intérêt  à  bien  savoir  la  nature  et  la  valeur,  à  déterminer 
l'état  présent  et  à  pressentir  l'état  futur,  voilà  le  bénéfice  qu'ils 
retireront  de  l'étude  de  ce  substantiel  et  excellent  ouvrage,  plein 
de  faits  soigneusement  observés  et  d'indications  utiles. 

4.  —  De  l'autre  côté  du  Maghreb,  dont  MM.  E.  Bernet  et 
L.  pervinquière  ont  étudié  à  l'est  les  limites  désertiques,  dans  les 
plaines  marocaines  qui  s'étendent  entre  l'Atlantique  et  l'Atlas, 
jusque  sur  les  premiers  contreforts  de  l'Atlas,  M.  Gustave  Babin, 
un  correspondant  de  V Illustration,  a  beaucoup  voyagé  «  par  les 
camps  et  par  les  villes  «  (selon  sa  propre  expression),  à  la  suite  de 
nos  colonnes,  en  remplissant  de  manière  très  consciencieuse  son  rôle 
de  reporter  écrivain  et  photographe  à  la  fois.  De  ses  observations 
dans  le  Mari)C  «  espagnol  »  et  dans  le  Maroc  plus  ou  moins  sou- 
mis à  notre  protectorat,  de  ses  conversations  avec  les  deux  ex- 
sultans Mouley  Abd  el  Aziz  et  Mouley  Abd  el  Hafid,  avec  des 
officiers  espagnols,  avec  des  officiers  français,  de  ses  «  sondages  » 
dans  quelques  vieux  livres  ■ —  moins  inconnus  qu'il  paraît  le  penser, 
lui  comme  tant  d'autres  —  tels  que  V Histoire  du  règne  de  Mouley 
Ismaël  du  P.  Busnot,  M.  Babin  a  fait  un  livre  de  grand  reportagOj 
dont  plus  d'une  idée  est  discutable,  mais  qui  est  plein  d'intérêt 
et  plein  de  vie,  et  dont  certaines  pages  sont  vraiment  émouvantes. 
Lisez,  par  exemple,  le  chapitre  intitulé  «  la  Maison  du  Dévoue- 
ment »,  où  M.  Babin  rend  un  hommage  si  mérité  à  nos  médecins 
militaires,  et  les  lignes  de  l'Introduction  où  il  évoque  le  souvenir 
de  tel  brillant  officier,  si  séduisant  et  si  complet,  dont,  depuis,  la 
terre  marocaine  a  bu  le  sang.  De  telles  pages,  et  telles  autres  aussi, 
si  pleines  de  vérité  et  de  bon  sens,  où  l'auteur  à' Au  Maroc  (tel  est 
le  titre  du  livre)  critique  impitoyablement  le  «  graphique  )>,  c'est- 
à-dire  l'organisation  des  convois  entre  la  côte  et  Meknès,  telle  que 
l'ont  établie  les  bureaux  de  Paris,  sont  bien  pour  mériter  à  M.  Ba- 
bin l'indulgence  du  lecteur;  elles  font  pardonner  quelques  passages 
discutables,  mais  qu'a  inspirés  à  l'écrivain  son  patriotique  désir 
de  voir  au  plus  tôt  la  France  paisible  dominatrice  du  Maroc  et 
exerçant  dans  ce  pays  une  action  civilisatrice  et  humaine,  au  sens 
le  plus  élevé  du  mot. 


—  320  — 

5.  —  Cette  même  action  civilisatrice,  le  D''  Maiiran  l'envisage 
avec  confiance  dans  la  conclusion  d'un  très  intt'ressant  volume  où 
il  s'efforce  de  faire  connaître  à  ses  lecteurs  ce  qu'est  le  milieu  indi- 
gène marocain,  si  fermé  et  si  difficilement  accessible.  Sa  profession 
(avec  de  la  patienee  et  du  tact,  le  toubib  finit  par  pcnétrer  partout 
au  Maroc)  lui  a  permis  d'observer  de  près  ou  d'entn^'oir  bien  des 
faits  que  ne  peut  constater  aucun  autre  Européen,  et  il  a  pu  les 
étudier  mieux  que  d'autres,  grâce  à  sa  connaissance  antérieure  du 
milieu  judéo-musulman,  —  le  D^'  Mauran  y  vit  depuis  plus  de 
quinze  ans,  —  et  même  du  milieu  marocain.  De  là,  une  foule  de 
remarques  précises,  qui  ont  toutes  leur  importance,  dans  les  deux 
parties  de  la  Société  marocaine,  où  il  ne  faut  nullement  chercher 
un  exposé  systématique,  mais  bien  plutôt  des  contributions  à  l'é- 
tude de  cette  société.  Contributions  très  précieuses  d'ailleurs,  aussi 
bien  celles  qui  sont  groupées  sous  le  titre  d'  «  Etudes  sociales  » 
que  les  autres,  les  «  Coins  de  vie  marocaine  »,  dont  les  diiïérents 
chapitres  constituent  autant  de  tableaux,  de  tableautins  ou  d'esquisses 
pleins  de  couleur  et  de  pittoresque;  contributions  qui,  toutes,  sont 
instructives  et  non  pas  seulement  aux  points  de  vue  géographique 
et  sociologique,  mais  aussi  parfois  au  point  de  vue  de  la  colonisation. 
A  se  bien  pénétrer  des  sages  conseils,  des  constatations  et  des  indi- 
cations contenues  dans  la  Société  marocaine,  le  Français  se  rendant 
au  Maroc  ne  povirra  que  gagner  beaucoup,  et  il  le  fera  sans  aucune 
peine,  tant  le  D^  Mauran  sait  peindre  avec  brio,  avec  vie,  les  scènes 
qu'il  a  observées.  Il  nous  semble  bien,  pour  notre  part,  avoir  déjà 
lu  naguère  différents  chapitres  de  ce  livre;  mais  nous  avons  eu 
plaisir  à  en  relire  les  pages  déjà  connues,  comme  à  en  lire  pour  la 
première  fois  les  pages  nouvelles. 

6.  —  Il  peut  paraître  singuHer  de  ne  s'occuper  de  la  géographie 
physique  du  Maroc  qu'après  avoir  parlé  des  anciens  et  des  tout 
nouveaux  habitants  de  ce  pays  et  de  la  société  marocaine;  mais, 
plus  encore  peut-être  que  l'organisation  sociale  et  les  mœurs  des 
indigènes  de  la  plaine,  cette  partie  essentielle  de  la  connaissance 
de  la  contrée  demeure  incomplète  et  imprécise.  Une  synthèse  est- 
elle  donc  impossible?  Non,  répond  un  de  ceux  qui  ont  le  plus  fait 
progresser,  et  par  leurs  études  et  par  leurs  publications,  la  géogra- 
phie du  Maroc,  M.  Louis  Gentil;  sans  doute  y  a-t-il  encore  au  Ma- 
roc des  régions  inconnues  ou  à  peine  connues,  des  obscurités;  tou- 
tefois, en  recourant  aux  études  faites  sur  l'Algérie  et  sur  le  Sahara 
nord-occidental  pour  éclairer  certaines  données  relatives  au  Magh- 
reb el  Aksa,  pour  étayer  différentes  h}q>othèses,  il  devient  moins 
difficile  de  tracer  une  esquisse  d'ensemble  de  la  géographie  physi- 
que du  pays.  La  preuve  en  est  le  Maroc  physique,  un  petit  volume 


I 


—  321  — 

de  320  pages,  dans  lequel  le  savant  maître  de  conférences  de  la  Fa- 
culté des  sciences,  le  vaillant  explorateur,  a  coordonné,  fondu  et 
discuté  à  l'occasion  les  conclusions  de  ses  prédécesseurs,  de  ses  con- 
temporains et  les  siennes  propres  sur  l'histoire  géologique  du  Ma- 
roc, sur  le  rôle  de  l'Atlas  et  du  Rif  dans  l'orographie  du  nord  de 
l'Afrique,  sur  le  relief  du  sol  et  le  réseau  hydrographique,  le  cli- 
mat et  la  végétation,  enfin  sur  la  valeur  économique  des  sols  du 
Maghreb  el  Aksa.  Encore  que  le  style  n'en  soit  pas  toujours  aussi 
soigné  qu'on  pourrait  le  désirer  et  que  les  épreuves  en  aient  été 
trop  hâtivement  corrigées,  on  lira  cet  ouvrage  avec  le  plus  grand 
fruit;  il  abonde  en  effet  en  indications  précises,  pose  les  questions, 
détermine  les  problèmes  à  résoudre  et  marque  vraiment,  pour  em- 
ployer l'expression  allemande,  le  «  standpunkt  »  de  nos  connais- 
sances actuelles  sur  la  géographie  physique  du  Maroc.  Aussi  ne 
saurait-on  trop  remercier  M.  Louis  Gentil  d'avoir  trouvé,  au  milieu 
de  ses  multiples  travaux,  le  temps  d'écrire  ce  précieux  et  excellent 
ouvrage  de  mise  au  point. 

7.  —  Tandis  que,  dans  le  pays  de  la  géographie  physique  duquel 
M.  Louis  Gentil  vient  d'esquisser  le  premier  tableau  d'ensemble, 
nos  soldats  cueillent  une  abondante  moisson  de  lauriers,  le  lieute- 
nant-colonel Baratier  évoque,  dans  son  A  travers  l'Afrique^  les  glo- 
rieux souvenirs  des  campagnes  antérieurement  effectuées  au  Séné- 
gal, au  Soudan,  à  la  Côte  d'Ivoire,  et  ceux  de  cette  superbe  mission 
Marchand,  dont,  malheureusement,  aucune  relation  ne  nous  a  fait 
encore  connaître  les  c'mouva  tes  péripéties.  Mu  par  le  double  désir 
de  vulgariser  une  histoire,  ou,  pour  mieux  dire,  une  épopée  encore 
trop  ignorée  du  grand  public,  et  de  rendre  pleine  justice  aux  tirail- 
leurs sénégalais  et  soudanais  et  à  leurs  actes  de  dévouement  et 
d'héroïsme,  il  a  écrit  avec  tout  son  cœur,  d'une  plume  alerte,  un 
livre  pittoresque  et  coloré,  plein  d'une  vie  intense,  bourré  d'anec- 
dotes caractéristiques  et  de  traits  pris  sur  le  vif.  On  le  lit  avec 
passion,  on  le  dévore,  cet  A  travers  V Afrique,  et  le  souvenir  per- 
siste, après  qu'on  l'a  fermé,  non  seulement  de  personnages  déjà 
connus,  comme  Samory  —  sur  la  tactique  duquel  l'auteur  a  écrit 
(p.  68-70)  quelques  pages  bien  curieuses, — mais  aussi  de  modestes 
héros,  comme  le  sergent  noir  Moriba,  et  du  non  moins  modeste 
héros  qu'est  le  colonel  Baratier  lui-même.  C'est  donc  un  livre 
d'histoire,  direz- vous?  Sans  doute;  mais  c'est  en  même  temps  un 
livre  de  géographie  pittoresque,  et  même  savante,  sans  en  avoir 
l'air.  Que  de  descriptions  —  la  barre  des  rivages  de  la  Guinée, 
la  forêt  vierge  de  la  Côte  d'Ivoire,  les  marais  du  Soueh  et  du  Bahr 
el  Ghazal,  —  dignes  d'être  citées  dans  une  anthologie  et,  à  côté 
d'elles,  que  d'indications  précises  sur  la  nature  même  des^  pays 
Octobre  1912,  T.  CXXV.  Tl. 


322  — 

dont  il  est  question,  sur  leur  flore  ou  leur  faune,  sur  leurs  habi- 
tants! Rien  de  plus  intéressant,  à  cet  égard,  que  le  substantiel 
chapitre  I  de  cette  4^  partie  d'A  traders  l'Afrique  (au  Bahr  el  Gha- 
zal  ),  la  plus  développée  de  toutes,  qui  occupe  à  elle  seule  un  bon 
tiers  du  volume;  géographie  physique,  géographie  humaine,  histoire 
de  l'exploration  s'y  trouvent  réunies  et  exposées  sous  une  forme  ac- 
cessible à  tous,  mais  qui  n'exclut  nullement  la  précision  ni  le  détail 
technique.  En  vérité,  peu  de  relations  de  voyages,  même  abondam- 
ment illustrées,  nous  ont  causé  autant  de  plaisir  que  cet  A  travers 
r Afrique,  simplement  illustré  de  quelques  portraits  et  de  quelques 
cartes  ! 

8.  —  Du  Maroc,  ou  plutôt  du  Sénégal  au  Congo,  M.  Maurice 
Rondet-Saint  a  visité  les  escales  françaises  de  la  côte  occidentale 
d'Afrique  et  il  en  a  apprécié  la  valeur  dans  un  nouveau  volume, 
non  moins  intéressant,  non  moins  agréable  à  lire  que  ceux  dont 
nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  parler  précédemment.  Mais  il  ne 
s'est  pas  borné  partout  aux  ports  plus  ou  moins  bien  aménagés 
du  littoral;  il  a  poussé  quelques  petites  pointes  dans  l'intérieur 
(au  Dahomey,  par  exemple)  et,  une  fois  parvenu  sur  les  rivages  du 
Congo  français,  il  a  pénétré  jusqu'en  plein  cœur  du  pays;  il  a  re- 
monté rOgôoué  jusqu'à  Ndjolé,  le  fleuve  Congo  lui-même,  puis  son 
affluent  la  Sangha  jusqu'à  Ouesso  et  le  puissant  Oubangui  jusqu'à 
Bangui;  il  a  fait  une  expédition  à  pied  dans  le  massif  du  D' Joué.  Ce 
qu'il  a  constaté,  comment  les  choses  se  sont  présentées  à  lui  et  sous 
quel  angle  les  questions  essentielles  lui  ont  apparu  au  jour  le  jour 
au  cours  de  ce  beau  voyage,  voilà  ce  qu'il  nous  fait  connaître  dans 
l'ouvrage  intitulé  :  Dans  notre  empire  noir.  A  côté  du  volume  sur 
l'Afrique  équatoriale  française,  précédemment  paru,  qui  présente  un 
tableau  d'ensemble  de  la  colonie  telle  que  l'a  vue  M.  Rondet-Saint, 
telle  qu'elle  existait  avant  son  démembrement,  cet  ouvrage,  véri- 
table transcription  du  carnet  de  voyage  de  l'auteur,  nous  offre 
en  quelque  manière  la  justification  d'idées  énoncées  dans  ce  volume 
antérieur;  il  en  est,  en  même  temps  qu'un  livre  se  suffisant  à  soi- 
même,  un  utile  complément  que  l'on  lira  avec  un  réel  plaisir,  d'où 
Ton  dégagera  plus  d'un  renseignement  précis  (sur  la  valeur  de  la 
rade  du  Cap  Lopez  par  exemple)  et  même  plus  d'un  enseignement. 

9.  —  Est-ce  à  dire  que  tous  les  coloniaux  seront,  sur  tous  les 
points,  d'accord  avec  M.  Maurice  Rondet-Saint?  Non,  certes.  Voici, 
par  exemple,  M,  Jean  Dybowski  qui,  dans  un  tout  récent  ouvrage, 
le  Congo  méconnu,  déclare  l'éléphant  d'Afrique  «  fort  docile,  tout 
aussi  éducable  que  celui  de  l'Inde  »  (p.  267),  alors  que,  pour  l'au- 
teur de  Dans  notre  empire  noir,  c'est  le  contraire  qui  est  la  vérité; 
«  l'exemple  cité,  à  l'occasion,  de  deux  ou  trois  individus  qu'on  est 


—  323  — 

parvenu  à  apprivoiser  ne  prouve  pas,  a-t-il  écrit  (p.  219),  en  faveur 
de  Tutilisation  possible  de  l'éléphant  d'Afrique  ».  On  pourrait  mul- 
tiplier les  exemples  de  ce  genre...  Mais,  par  contre,  il  est  des 
points  sur  lesquels  les  deux  auteurs,  dont  le  premier  a  joué  dans 
l'exploration  de  la  route  du  Tchad  le  rôle  que  l'on  sait,  sont  abso- 
lument d'accord  :  la  nécessité  de  la  construction  de  voies  ferrées 
en  particulier,  et  aussi  le  coup  funeste  porté  à  notre  colonie  par  la 
récente  entente  franco-allemande.  M.Dybowski  préconise  aussi,  avec 
raison,  une  colonisation  agricole  dans  les  différentes  parties  du  Congo 
que  nous  laisse  le  traité  du  4  novembre  1911,  ce  traité  qu'il  dé- 
plore amèrement  et  qui  (il  en  fait  l'ample  démonstration)  va  droit 
à  rencontre  des  patriotiques  visées  de  nos  explorateurs.  Avant  de 
décrire  dans  un  style  souvent  négligé,  mais  pittoresque,  dans  le 
chapitre  IV  du  Congo  méconnu,  les  différentes  régions  de  notre 
colonie  dans  son  intégralité,  l'auteur  a  débuté  par  rappeler  briève- 
ment (ch.  II  et  III)  l'œuvre  scientifique  et  patriotique  des  voya- 
geurs à  qui  nous  devons  telle  ou  telle  partie  du  Congo;  il  a  eu 
raison  de  le  faire,  et  a  composé  ainsi  un  livre  homogène  qu'illus- 
trent   de   superbes  et   vivantes   photographies. 

10.  —  plusieurs  revues  françaises  ont  naguère  parlé  des  fêtes 
brillantes  données  par  le  Maharajah  de  Kapurthala  à  l'occasion  du 
mariage  de  son  fils  aîné  avec  la  princesse  Brinda  de  Jubbal.  Un  de 
ceux  qui  eurent  la  bonne  fortune  d'en  être  le  témoin,  M.  André 
de  Fouquières,  en  a  récemment  publié  une  très  intéressante  descrip- 
tion, illustrée  de  magnifiques  photographies,  dans  son  volume  Au 
Paradis  des  Rdjahs,  qui  contient  également,  sur  des  fêtes  auxquel- 
les l'auteur  a  assisté  dans  d'autres  parties  de  l'Inde,  sur  des  chas- 
ses auxquelles  il  a  participé,  sur  des  scènes  qu'il  a  vues,  de  bien 
curieux  détails.  Mais  pourquoi  M.  André  de  Fouquières  se  méfie-t-il 
tant  de  lui-même  et,  au  moment  où  il  va  se  laisser  entraîner  par 
l'enthousiasme,  ou  l'admiraticn,  ou  l'émotion,  s'interdit-il  en  quel- 
que manière  de  ccntinuer  à  écrire?  A  différentes  reprises,  au  cours 
d'un  récit  où  il  prend  plaisir  à  mettre  en  lumière  les  services  ren- 
dus dans  rinde  par  les  missionnaires  catholiques,  le  Parisien  par 
excellence  qu'est  M.  de  Fouquières  semble  redouter,  soit  de  révé- 
ler ses  sentiments  intimes,  soit  de  ne  plus  paraître  un  mondain 
sceptique  et  blasé.  Oublie-t-il  que,  derrière  un  auteur,  le  lec'teur 
a  toujours  plaisir  à  trouver,  non  pas  seulement  un  Français  qui, 
même  en  voyageant,  se  soucie  fort  peu,  trop  peu,  de  la  géographie 
(les  p.  4  et  MO  &' Au  Paradis  des  Rajahs  en  fournissent  les  preuves), 
mais  aussi  un  homme? 

11.  —  Par  delà  cet  Himalaya,  que  M.  de  Fouquières  n'a  admiré  que 
de  loin,  s'étendent  les  immenses  plateaux,les  solitudes  glacées  du  Tibet. 


—  324  — 

D'une  partie  de  ce  vaste  territoire,de  la  plus  orientale, de  celle  qui  con- 
fine à  la  Chine,  M.  Jacques  Bacot  a  fait  son  champ  d'opérations  et 
d'exploration.  11  y  a  là  des  terres  fort  mal  connues,  où  un  royaume 
comme  le  Poyul,  peuplé  (raconte-t-on)  de  brigands  et  de  magiciens 
redoutables,  a  pu  demeurer  indépendant  et  ignoré,  entre  Lhasa 
et  la  frontière  de  Chine,  jusqu'à  notre  époque,  des  terres  dont  les 
habitants  connaissent  l'existence  d'une  véritable  Terre  promise, 
Népémak!',  «  un  pays  très  chaud,  aussi  chaud  que  les  Indes,  cou- 
vert de  fleurs  et  si  fertile  qu'il  n'est  pas  besoin  d'y  travailler,  mais 
de  cueillir  simplement  les  fruits  de  la  terre  )>.  Le  Poyul  et  Népémako, 
voilà  pri  cisément  les  contrées  qu'au  retour  de  son  voyage  dans  les 
«  marches  tibétaines  »,  autour  de  la  montagne  sacrée  du  Dokerla 
(1907),  M.  Bacot  s'est  domé  pour  tâche  de  visiter;  là,  en  1909-1910, 
avec  laide  de  son  compagnon  Adjroup  Gumbo  (mort  depuis),  il  a 
tenté  de  parvenir.  Malheureusement,  tous  ses  eiïorts  ont  été  vains, 
et  le  Poyul  et  Népf'makô  gardent  encore  inviolés  leurs  secrets! 
Cela  ne  veut  nullement  dire,  d'ailleurs,  que  le  second  voyage  de 
M.  Bacot  n'ait  pas  été  fructueux;  dans  les  plaines  herbeuses  des 
Hors,  cliez  les  pasteurs  du  Nyarong,  dans  le  pays  des  grands  tem- 
ples (à  Sam  Pil  Lang),  à  la  source  de  l'Irawaddy,  —  qu'il  a  vu 
sortir  du  glacier  du  Lagueulà,  —  à  Patang,  chez  les  Moso,  le  cons- 
ciencieux explorateur  a  recueilli  de  précieux  renseignements  nou- 
veaux; il  a  traversé  des  pays  encore  inexplorés  et  en  a  levé  la 
carte;  il  a  visité  les  régions  les  plus  ensanglantées  par  la  guerre 
sino-tibétaine,  et  a,  le  premier,  raconté  de  manière  précise  certains 
épisodes  épouvantables  de  cette  guerre...  De  là,  le  titre  du  volume 
nouveau  publié  par  M.  Bacot  :  Le  Tibet  révolté  —  titre  très  simple 
et  sans  prétention,  aussi  modeste  que  la  relation  dont  il  ouvre  la 
première  page,  aussi  modeste  que  le  voyageur  lui-même;  de  là  des 
récits  très  dramatiques,  des  observations  très  neuves  et  très  pré- 
cises, —  dont  une  partie  est  réservée  pour  des  publications  spé- 
ciales, —  de  superbes  et  instructives  photographies  des  régions  tra- 
versées par  M.  Bacot,  des  cartes  enfin  d'une  indéniable  valeur;  de 
là,  au  total,  un  ouvrage  qui  fait  le  plus  grand  honneur  à  son  au- 
teur, et  à  qui  les  curieuses  impressions  du  Tibétain  Adjroup  Gumbo 
en  France  ajoutent  une  note  pittoresque  et  un  ragoût  singulier. 
12.  —  Pour  n'avoir  pas,  dans  l'empire  chinois,  pénétré  aussi  loin 
que  M.  Bacot  et  pour  être  demeuré  simplement  dans  les  provinces 
du  Kiang-Sou  et  du  Ngan-Hoei,  le  R.  P.  J.  de  la  Servière,  S.  J ., 
n'en  a  pas  moins  vu  une  foule  de  choses  intéressantes.  Chargé  en 
1908  d'écrire  l'histoire  de  la  mission  du  Kiang-nan,  confiée  en  1840 
par  la  Propagande  aux  jésuites  français  de  la  province  de  Paris , 
c'est  avec  des  préoccupations  très  spéciales  que  l'auteur   a   visité 


—  325  — 

les  parties  de  la  Chine  propre  constituant,  à  cheval  sur  les  deux 
rives  du  bas  Yang-tsé,  le  territoire  de  cette  mission;  il  désirait 
évoquer  les  vieux  souvenirs  des  débuts  de  l'apostolat,  se  rendre 
compte  de  l'état  actuel  et  des  progrès  de  l'œuvre  évangélique  dans 
le  Kiang-nan,  de  l'esprit  des  cathohques  du  pays,  des  difficultés 
au  milieu  desquelles  ont  dû  et  doivent  encore  agir  les  missionnai- 
res, consulter  les  archives  des  paroisses,  interroger  leurs  pieux  des- 
servants, etc.  Néanmoins,  le  P.  de  la  Servière  a  encore  trouvé  le 
temps  de  voir  et  de  bien  voir  tout  autour  de  lui;  on  s'en  apercevra 
en  lisant  ses  alertes  Croquis  de  Chine,  pleins  d'observations  intéres- 
santes et  pleins  de  vie,  où  les  œuvres  admirables  de  Changhai 
et  de  Zikawei,  la  touchante  fidélité  des  vieux  chrétiens,  l'existence 
rude  et  mouvementée  des  missionnaires  en  pays  neuf,  les  difficultés 
complexes  au  milieu  desquelles  il  faut  se  débattre  sont  décrites 
avec  tant  de  fidélité  et  de  cœur  tout  à  la  fois,  en  même  temps 
qu'avec  une  remarquable  largeur  d'esprit  (cf.  en  particulier,  ce  que 
dit  le  P.  de  la  Servière  sur  les  ennuis  que  causent  parfois  aux 
missionnaires  les  nouveaux  chrétiens).  Le  programme  des  études 
de  l'Université  «  l'Aurore  »  à  Changhai  en  1909-1910  et  une  minu- 
tieuse statistique  des  a^uvres  de  la  mission  du  Kiang-nan  à  la  même 
époque  complètent  ce  volume  admirablement  illustré  et  attachant 
entre  tous. 

13.  —  Sur  le  Nouveau  Monde  ou,  pour  être  plus  précis,  sur 
l'Amérique  du  sud,  nous  n'avons  aujourd'hui  à  signaler  qu'un  ou- 
vrage, mais  excellent  de  tous  points;  la  qualité  compense  la  quan- 
tité !  Les  lecteurs  du  Correspondant,  qui  ont  eu  la  primeur  des 
difîérents  chapitres  de  ce  livre,  ont  pu  apprécier  avant  tous  les 
autres  les  qualités  de  fond  et  de  forme  de  Sous  la  Croix-du-Sud 
(tel  est  le  titre  du  nouveau  volume  signé  du  prince  Louis  d'Orléans- 
Bragance);  un  public  plus  étendu  est  à  même  de  les  apprécier 
maintenant.  Parti  d'Europe  avec  l'espoir  de  revoir  le  pays  où  il 
avait  passé  les  premières  années  de  son  enfance  et  ^e  rentrer  enfin 
au  Brésil,  le  petit- fils  de  Dom  Pedro  II  s'en  est  vu  refuser  l'accès 
et  a  dû  se  contenter  de  respirer  de  plus  ou  moins  près,  en  visitant 
les  pays  limitrophes,  les  senteurs  de  la  terre  natale,  de  frôler  les 
frontières  de  la  patrie  dont  il  a  conservé  l'amour  et  que,  depuis 
dix-sept  ans,  il  rêve  de  visiter  en  pèlerin.  Et,  pour  ce  maigre  résul- 
tat, abstraction  faite  d'un  court  séjour  en  rade  de  Rio,  quel  long 
voyage  à  travers  la  Répubhque  Argentine,  le  Chih,  la  Bolivie,  le 
Paraguay  et  l'Uruguay  !  Voyage  plein  d'enseignements  et  de  sur- 
prises, de  contrastes  physiques  et  moraux,  au  cours  duquel  le  prince 
Louis  d'Orléans-Bragance  a  passé  presque  sans  transition  de  pays 
de  civihsation  intense  à  des  terres  vierges,  des  monotones  étendues 


—  326  - 

de  la  Pampa  aux  cîmes  élevées  des  Andes,  de  l'aveuglante  blancheur 
du  désert  d'Atacama  aux  vertes  et  sombres  forêts  de  la  Bolivie 
amazonienne,  de  paquebots  luxueux  et  de  confortables  wagons  à 
des  moyens  de  transport  tout  à  fait  primitifs  et  à  des  auberges 
rudimentaires,  de  somptueuses  résidences  à  de  primitives  cabanes; 
mais  aucun  incident  n'a  pu  altérer  la  bonne  humeur  du  prince 
qui,  comme  naguère  au  Pamir,  a  su  s'accommoder  de  tout  sans 
cesser  de  bien  observer,  de  comparer  ce  qu'il  voyait  avec  ce  qu'il 
avait  déjà  vu,  et  de  prendre  des  notes  à  l'aide  desquelles  il  a  pu 
écrire  à  son  retour  Sous  la  Croix-du-Siid.  Il  faut  lire  ce  livre,  très 
intéressant  à  tous  égards,  plein  d'observations  et  plein  de  faits, 
où  l'auteur  n'a  pas  seulement  montré,  à  côté  des  mérites  dont  il 
vient  d'être  question,  de  réelles  qualités  descriptives,  mais  aussi 
(les  chapitres  consacrés  à  la  guerre  du  Paraguay  en  fournissent 
particulièrement  la  preuve)  les  qualités  d'historien  innées  chez 
presque  tous  les  membres  de  la  famille  d'Orléans. 

14.  —  Signalons,  en  terminant,  un  répertoire  bibliographique 
dont  nous  avons  déjà  parlé  plus  d'une  fois,  Y  International  Cata- 
logii-e  of  scientific  Literatiire.  Pas  n'est  besoin  de  revenir  aujourd'hui 
sur  le  plan  adopté  pour  la  rédaction  des  difïérents  volumes  annuels 
de  cette  vaste  entreprise;  on  en  connaît  les  qualités,  les  grandes 
facilités  de  consultation  et  aussi  (en  ce  qui  concerne  du  moins  la 
partie  géographique)  les  défauts  d'exécution.  Bornons-nous  donc  à 
signaler  l'apparition  du  neuvième  fascicule  consacré  à  la  géographie; 
étabh  à  Taide  de  manuscrits  envoyés  à  Londres  entre  février  1909 
et  mai  1910,  ce  volume  de  près  de  400  pages  à  2  colonnes  contient 
surtout  la  littérature  géographique  de  l'année  1909,  mais  aussi  d'as- 
sez nombreuses  mentions  de  travaux  antérieurs,  remontant  sûrement 
à  1905,  à  1904  et,  peut-être  même,  plus  haut  encore,  et  jusqu'au 
titre  de  différentes  études  datées  de  1910.  Pourquoi  n'avoir  pas  ré- 
servé ces  dernières  mentions  pour  le  dixième  fascicule  de  la  pubU- 
cation?  C'est  le  secret  du  savant  anglais  chargé  du  travail  de  coor- 
dination, M.  F.  Allen;  puisse-t-il,  à  l'avenir,  se  montrer  plus  rigou- 
reux et  éliminer  de  \' International  Catalogue  tout  ce  qui  ne  rentre 
pas  strictement  dans  le  programme  déterminé  par  les  grandes  di- 
visions primordiales  du  répertoire  géographique  :  généralités  scien- 
tifiques,  cartes,   géographie  physique,  géographie  mathématique  ! 

Henri  Froidevaux. 


THÉOLOGIE 

IvM  l*reinière  Communion.  Histoire  et  discipline.  TeiLte 
et  doeuments,  des  oritfines  aia  X1X<^  siéele,  p  ir  l.ouis 
Andribux   Paris,  Beaachesiie,  lOll,  ia-16  de  xxxni-392  p.  —  Prix  :  3  fr.  50, 

Après  l'émotion  causée  par  le  décret  pontifical  sur  la  première 
communion  des  enfants,  ce  livre  ofTre  un  intérêt  spécial.  On  y  trou- 
vera toute  la  tradition  de  l'Eglise  sur  ce  point  important.  C'est  la 
justification  par  l'histoire  d'une  mesure  qui  a  pu  surprendre,  mais 
qui  n'est  en  définitive  que  le  rappel  aux  prescriptions  les  plus 
authentiques  et  les  plus  formelles.  On  y  trouvera  également  la 
réponse  à  toutes  les  objections  qui  ont  été  formulées  contre  l'acte  du 
Souverain  Pontife.  Parmi  les  documents  pubhés  en  appendice  les 
plus  intéressants  sont  peut-être  ceux  qui  se  rapportent  à  la  cause 
d'Annecy.  En  1886,  Mgr  Isoard  ayant  réglé  que  la  première  commu- 
nion n'aurait  lieu  dans  son  diocèse,  comme  dans  les  autres  diocèses 
de  France,  qu'à  un  âge  relativement  tardif,  quelques  curés  récla- 
mèrent à  Rome  contre  cette  mesure.  Pour  expHquer  son  ordonnance, 
Mgr  Isoard  adressa  à  Rome  un  mémoire  très  documenté  où  toutes 
les  raisons  qu'on  pouvait  apporter  en  faveur  des  habitudes  fran- 
çaises sont  vigoureusement  exposées.  11  fut  répondu  que  l'évêque 
est  dans  son  droit  en  réglant  l'âge  et  les  conditions  de  la  commu- 
nion solennelle,  mais  qu'il  ne  peut  empêcher  les  enfants  de  faire  la 
communion  privée  dès  qu'ils  ont  atteint  l'âge  de  raison,       C.  S. 


Praxis»  Jflisisionnarii  in  Oriente  servata,  auctore  H.  P. 
ROMUALDUS  SouARN.  Paris,  Lecofïre,  Gabalda,  1911,  in-18  de  vi-274  p.  — 
Prix  :  2  fr.  50. 

Le  R.  P.  Souarn  avait  publié,  il  y  a  quatre  ans  à  peine,  un 
Mémento  de  théologie  morale,  à  l'usage  des  missionnaires  et  spécia- 
lement de  ceux  qui  travaillent  en  Orient,  où  se  distinguent  les  PP. 
assomptionnistes.  Il  a  jugé  qu'il  devait,  pour  atteindre  plus 
de  lecteurs,  substituer  le  latin  au  français  dont  il  s'était  servi  en 
1907  et  il  profite  de  la  réédition  pour  compléter  son  premier  ouvrage, 
particulièrement  au  sujet  du  décret  Ne  temere  et  de  la  question 
des  écoles.  Le  mélange  des  divers  rites,  tant  orthodoxes  que  schis- 
matiques,  soulève  en  Orient  bien  des  problèmes,  que  les  cours  ordi- 
naires de  morale  ne  résolvent  pas,  au  moins  ex  professa.  Le  R.  P. 
Souarn,  qui  a  rencontré  par  lui-même  ou  dont  les  confrères  ont 
rencontré  ces  cas  pratiques  et  vécus,  relatifs  aux  sacrements  et  à 
la  communication  in  sacris,  en  a  cherché  et  trouvé  la  solution  dans 
ses  nombreuses  lectures  et  dans  les  documents  du  Saint-Siège.  Il 
a  donc  rendu  grand  service  aux  missionnaires  qui  n'emportent  pas 


—  328  — 

avec  eux  leur  bibliothèque  et  aux  professeurs  de  morale,  qui  pour- 
ront extraire  dé  son  mémento  plus  d'un  cas  intéressant. 

H.  Grs. 

Éléments   d'apologétique.    ILI.  Objections   et   problèmes^ 

par  J.-L.  DE  LA  Paquhrir.  Paris,  Bloud,  1911,  in-IG  de  53«p.  —  Prix:  4  fr. 

Ce  troisième  volume  des  Éléments  d' apologétique  contient,  par 
ordre  alphabétique,  une  sorte  de  dictionnaire  des  objections  prin-" 
cipales  répandues  aujourd'hui  contre  la  religion.  Ces  études,  qui  se 
succèdent  ainsi  sans  ordre  logique,  ne  manquent  pas  d'intérêt.  Mais 
elles  sont  fort  in'^gales.  Parfois  on  ne  rencontre  que  quelques  para- 
graphes alors  qu'on  aurait  souhaité  des  éclaircissements  assez  éten- 
dus. Un  certain  nombre  au  contraire  sont  vraiment  développées  et 
oflrent  un  exposé   lumineux   de  la  question. 

Après  cette  remarque,  nous  pouvons  ajouter  que  partout  on  est 
frappé  du  bon  sens  avec  lequel  l'auteur  aborde  l'erreur,  de  la  jus- 
tesse de  ses  observations  et  de  la  façon  alerte  dont  il  sait  dégager 
et  défendre  la  vérité. 

En  somme,  cette  dernière  partie  couronne  dignement  les  deux 
autres.  C.  S. 

Où  en  est  l'histoire  «les  religions  ?  par  J.  Bricout,  avec  la 
collaboration  de  MM.  Bros,  Capart,  Dhormk,  Labourt,  de  la  Vallée 
Poussin.  Cobdier,  Habert,  And.  Baudrillart,  Carra  de  Vaux,  Touzard, 
Venard,  p.  Batiffol,  Bousquet,  Vacandard.  Paris,  Letonzey  et  Ané» 
1911.  2  vol.  in-8  de  457  et  589  p.  —  Prix  :  15  fr. 

Depuis  que  le  public  s'est  engoué  de  l'histoire  des  religions  et  que 
cette  histoire,  plus  ou  moins  fausse  ou  partiale,  a  tenté  de  péné- 
trer jusque  dans  les  écoles  primaires,  il  était  urgent  de  faire  expo- 
ser par  des  spéciahstes,  ou  au  moins  par  des  hommes  compétents, 
l'état  actuel  de  cette  disciphne,  en  voie  de  formation  plutôt  qu'a- 
chevée et  définitive.  M.  l'abbé  Bricout  a  eu  la  bonne  inspiration 
d'entreprendre  cette  enquête  et  le  mérite  de  la  mener  à  bon  terme 
dans  la  Revue  du  clergé  français,  dont  il  est  le  directeur.  Les  arti- 
cles de  la  revue  viennent  d'être  réunis  et  forment  deux  volumes, 
dont  le  premier  est  consacré  aux  religions  non- chrétiennes  et  le  se- 
cond au  judaïsme  et  au  christianisme.  Il  faudrait  de  longues  pages 
pour  faire  ressortir  la  richesse  de  leur  contenu;  on  se  bornera  ici 
à  en  donner  une  appréciation  d'ensemble. 

M.  Bricout,  qui  avait  élaboré  le  programme  de  l'enquête,  en  a  ré- 
digé aussi  l'Introduction.  Il  y  expose  clairement  et  judicieusement 
les  notions  générales  nécessaires  à  l'intelligence  de  l'histoire  des 
religions,  à  savoir  :  son  histoire,  son  objet,  sa  méthode,  les  princi- 


—  329  — 

paux  systèmes  auxquels  elle  a  donné  lieu,  la  part  que  les  catholi- 
ques y  ont   prise   et  l'attitude  à  tenir  à  son  égard.  Nous  voyons 
ensuite  défiler  dans  le  premier  volume,  en  dix  chapitres,  la  religion 
des  primitifs,  préhistoriques  et  actuels,  par  M.  l'abbé  Bros;  la  religion 
égyptienne  par  M.    J.  Capart;  les  Sémites    (moins  les  Arabes  et  les 
Hébreux),    c'est-à-dire  les  Babyloniens  et  Assyriens,  les  Araméens, 
Syriens,    Nabatéens,    Palmyrtniens,    les    Phéniciens,    Carthaginois, 
Ganan^'ens,  par  le  P.  Dhorme;  les  Iraniens  et  les  Perses,  par  M.  l'abbé 
Labourt;  les  religions  de  l'Inde,  religion  âryo-indienne  ou  védique, 
hindouisme  ou  brahmanisme,  bouddhisme,  par  M.  L.  de  la  Vallée  Pous- 
sin; le  confucianisme  et  le  shinto,  en  Chine  et  au  Japon,  par  M.  H. 
Cordier;les  Grecs,  par  M.  l'abbé  Habert;la  rehgion  romaine,  par  M. 
André   Baudrillart;  les  Celtes,   les   Germains  et  les  Slaves,   par  MM. 
les  abbés  Bros  et    Habert;  enfin  l'islamisme,  par  M.  le  baron  Carra 
de  Vaux.  Chaque  chapitre  est  suivi  d'une  copieuse  bibliographie  du 
sujet.  Ces  études  ne  se  présentent  pas  suivant  un  plan  uniforme; 
chaque   auteur  a  traité  sa  matière    spéciale  selon    la  nature  et  l'im- 
portance des  documents  dont    il  disposait  et    aussi  selon    sa    mé- 
thode personnelle  de  travail.  Il  en  résulte  une  variété  de  ton  qui, 
si  elle  nuit  à  l'unité  de  composition,  impossible  d'ailleurs   à  attein- 
dre dans  une  œuvre  de  collaboration,  augmente  l'intérêt  du  lecteur. 
Les  sources,  en  effet,  sont  plus  ou  moins  abondantes;   leur  utilisa- 
tion est  plus  ou  moins  avancée,  les  résultats  acquis  sont    plus  ou 
moins  considérables  et  il  reste  encore  plus  ou  moins  à  faire.  Puis- 
qu'on voulait  établir  l'état  actuel  de  l'histoire  des  religions,  il  fal- 
lait de  toute  nécessité  aboutir  à  des  exposés  différents  pour  chaque 
cas  particulier.  Tous  les  collaborateurs  étant   des  personnes  infor- 
mées ont  donné  des  résumés  exacts,  précis  et  clairs  de  la  religion 
dont  ils  étaient   chargés,  chacun  d'eux    gardant   ses   qualités  per- 
sonnelles et   ses  mérites  propres.  On  a  signalé   deux  lacunes  pour 
les  religions   non-chrétiennes  :  celle  du  taoïsme,  avouée  dans  une 
note  du  directeur,  et  celle  des  anciens  Arabes,  que  le  P.  Dhorme 
avait  mis  de  côté  et   que  M.   Carra  de  Vaux  a  omis.  L'étude  du 
shinto  est  trop  écourtée.  Sur  les  Germains  et  les  Slaves,  il  y  aurait 
eu  lieu  à  de  plus  grands  développements. 

Il  était  à  la  fois  plus  facile  et  plus  difficile  de  parler  du  judaïsme 
et  du  christianisme,  auxquels  est  consacré  le  11^  volume  :  plus 
facile,  en  raison  du  nombre  des  sources  et  des  travaux;  plus  dif- 
ficile, en  raison  de  la  multitude  des  matériaux  et  des  opinions  diver- 
gentes sur  divers  points  considérables.  Pour  la  religion  d'Israël  et 
les  origines  du  christianisme  en  particulier,  l'écueil  d'un  résumé 
et  d'une  mise  au  point  était  spécialement  à  craindre.  Ajoutons 
tout  de  suite  qu'il  a  été   sagement   évité.   Sur   Israël,   M.  Touzard 


—  330  — 

a  fait  un  exposé   assez   long   de   sa  religion  depuis  les  patriarches 
jusqu'au  judaïsme  contemporain  de  Jésus-Christ,  en  passant  par  la 
révélation  du  Sinaï   et    la   religion  du   désert,    la  vie  religieuse  en 
Canaan   jusqu'au  prophétisnie,  la  réforme  prophétique  jusqu'à  l'exil 
babylonien,  la  religion  d'Israël  pendant  et  après  l'exil.  Les  docu- 
ments de  l'Ancien  Testament  ont  été  interprétés  à  la  double  lu- 
mière de  la  tradition  et  de  la  critique  et  les  conclusions  sont  par- 
faitement  d'accord  avec   la   plus    stricte   orthodoxie.  M.  Venard  a 
étudié  les  origines  chrétiennes  et  a  résumé  clairement  dans  le  même 
esprit,  à  la  fois  scientifique  et  traditionnel,  ce  que  nous  savons  de 
l'enseignement    de    Jésus,  de  l'Église   naissante,    de  la  doctrine    et 
de  l'œuvre  de  saint  Paul,  de  saint  Jean  et  de  la  fin  de  l'âge  apos- 
tolique. La  suite  de  l'histoire  de  l'Eglise  ne  pouvait  qu'être  esquis- 
sée en  grands  tableaux  synthétiques,  dans  lesquels  les  faits  les  plus 
saillants  devaient  seuls  rentrer.  On  ne  demandera  donc   à  leurs  au- 
teurs :  Mgr  Batiffol  pour  les  premiers  siècles  jusqu'au  concile  de 
Nicée,  M.  l'abbé  Bousquet  sur  les  divers  schismes  d'Orient,  M.  l'abbé 
Vacandard  pour  l'Église  latine  du  iv^  au  xv^  siècle,  M.  l'abbé  Bri- 
cout,  de  la  Réforme  à  nos  jours,  que  ce  qu'ils  ont  voulu  y  mettre  : 
des  aperçus,  des  orientations,  et  non  une  histoire  complète    et  dé- 
taillée. En  fait,    ils   donnent    une    vue  d'ensemble,   qui  m'a    paru 
juste,  de  l'histoire  ecclésiastique.  Les  historiens  de  profession  trou- 
veront sans  doute   que   quelques   siècles  ont  été   un  peu  sacrifiés; 
ils  signaleront   l'inégalité   des  développements,   quelques  apprécia- 
tions  discutables,  voire    même,  quoique   très   rarement,    de  légères 
inexactitudes.  Les   lecteurs   qui   veulent   s'instruire,  ceux   auxquels 
l'ouvrage  s'adresse,  apprendront  à  connaître  l' Église  catholique  et 
son  action  bienfaisante  et  civilisatrice  au  cours  de  son    existence 
séculaire.  Sous  forme   de   conclusion,  M.   Bricout   a  résumé  ce  que 
nous  savons  en  histoire  des  religions;  il  a  essayé  de  dresser  le  bilan 
des  religions   non-chrétiennes,  il  a    fait   ressortir    la   transcendance 
du   judaïsme   et    du    christianisme  et,  enfin,    il   a   cherché  à  déter- 
miner certaines  lois  des  phénomènes  religieux  et  à  prévoir  quel  sera 
l'avenir  des  religions  et  de  la  religion  elle-même.  Un  index  alpha- 
bétique et   une  table  analytique  facilitent   les  recherches  dans  ce 
manuel  des  religions,  qui  est  des  plus  opportuns  et  qui,  pour  avoir 
été  écrit  par  des   plumes   catholiques,  ne  le   cède   en  rien,   sous   le 
rapport  de  l'érudition    et    de    la  probité  scientifique,    à    ceux    qui 
l'ont  précédé,   s'il  ne  les  dépasse  même  en  information  et  en  im- 
partialité. E.  Mange NOT. 


—  331  — 

lie  Gouvernement  local  en  Anjileterre,  par  Joseph  Redmch, 
avec  des  additions  par  Francis  W.  Hirst;  iraduction  frauçaise  par  W. 
OUALID.  Paris,  Giard  er.  Brière,  1911,  2  vol.  in-8  de  518  et  xxiv-528  p.  — 
Prix  :  24  fr. 

Les  organes  du  gouvernement  local  en  Angleterre  ont  subi,  dans 
le  dernier  quart  de  siècle,  une  complète  transformation.  M.  Redlich, 
professeur  à  l'Université  de  Vienne,  a  consacré  deux  volumes  à  l'étude 
•des  nouvelles  institutions  sorties  de  ces  changements.  Son  ouvrage 
a  été  traduit  en  anglais  et  mis  au  point  sur  certaines  questions  de 
détail  par  un  avocat  de  Londres,  Mr.  Hirst. C'est  cette  traduction  dont 
s'est  servi  M.  Oualid,  chargé  de  conférences  à  la  Faculté  de  droit  de 
Paris,  pour  la  version  française  que  publie  la  maison  Giard  et  Brière, 
■dans  sa  Bibliothèque  internationale  de  droit  public. 

Le  livre  ^débute  par  un  exposé  rapide  de  l'administration  anglaise 
depuis  la  conquête  normande  jusque  vers  1815.  Suit  une  analyse 
détaillée  du  mouvement  des  idées  et  des  réformes  qui  en  furent  ia 
conséquence  au  cours  du  xix^  et  dans  les  premières  années  du  xx^  siècle. 
La  partie  centrale  de  l'ouvrage  est  remplie  par  la  description  minu- 
tieuse des  institutions  locales,  qui  sont  examinées  dans  l'ordre  sui- 
vant :  les  conseils  municipaux  des  bourgs  de  comté,  les  conseils  de 
comté,  les  conseils  de  district  urbains  et  ruraux,  les  conseils  de  paroisse 
et  les  assemblées  de  paroisse,  enfin  les  services  de  l'assistance  publique 
(loi  des  pauvres)  et  de  l'enseignement  public  qui  ne  rentrent  point 
dans  les  cadres  de  l'administration  générale  et  possèdent  une  véri- 
table autonomie.  , 

L'originalité  du  régime  anglais  consiste  essentiellement  dans  l'indé- 
pendance des  pouvoirs  locaux  tous  électifs.  Le  pouvoir  central  exerce 
toutefois  sur  eux  un  certain  contrôle  par  l'intermédiaire  du  Local 
government  board  et,  en  ce  qui  concerne  la  police,  par  celui  du  Home 
■office.  Ce  contrôle  fonctionne  sous  la  forme  d  inspections  périodiques. 
Mais  il  n'entraîne  guère  d'autre  sanction,  en  cas  de  constatation» 
■défavorables,  que  des  refuS  de  subventions.  La  crainte  de  déplaire  aux 
électeurs,  en  leur  infligeant  le  surcroît  d'impôts  que  mettrait  à  leur 
eharge  le  retrait  des  allocations  fournies  par  le  Trésor  public  aux 
finances  locales,  suffit  à  maintenir  les  administrateurs  des  comtés, 
villes  ou  paroisses  rurales  dans  le  devoir. 

Enfin  tout  acte  de  l'autorité  publique  peut  être  attaqué  devant  la 
justice  ordinaire  par  les  citoyens  qui  croiraient  avoir  à  s'en  plaindre, 
et  annulé  par  elle,  s'il  est  reconnu  illégal.  La  séparation  des  pouvoirs, 
jadis  prônée  en  France  comme  une  merveille  de  la  sagesse  anglaise, 
«st  donc  parfaitement  inconnue  de  nos  voisins.  Cette  organisation 
administrative  laisse  au  demeurant  l'impression  d'un  mécanisme 
■extrêmement  compliqué,  mais  en  même  temps  d'une  admirable  sou- 
plesse,  et  aboutit  à  procurer  au  citoyen  britannique  le  bienfait  d'une 


—  332  — 

liberté  que  peuvent  lui  envier  la  plupart  des  peuples  du  continent. 
Ce  très  intéressant  ouvrage  se  termine  par  une  critique  assez  fasti- 
dieuse des  idées  d'un  professeur  prussien,  Gneist,  qui,  entre  1870 
et  1885,  crut  discerner  une  tendance  de  l'administration  anglaise  vers 
la  centralisation.  H.  Rubat  du  Méra-C. 


SCIENCES    ET    ARTS 

Regards  sur  l'Europe  intellectucaie,  parALBBRT  Rbggio.  Paris^ 
Perrin,  1911,  in-t6  de  346  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Albert  Reggio  fait  de  la  philosophie  et  il  y  croit.  Même  il  a 
joint  à  ces  Regards  sur  l'Europe,  sous  le  titre  :  Philosophie- Reli- 
gion, un  petit  traité  de  la  connaissance,  où  l'objectif,  le  subjectif, 
les  concepts,  les  noumènes,  les  processus  et  les  psychismes  font  sur 
des  choses  assez  simples  leurs  nuées  ordinaires.  C'est,  je  crois,  une 
mauvaise  condition  pour  voir  clair  dans  les  esprits,  les  œu\Tes- 
d'art  et  les  faits  politiques  ou  sociaux  ;  car  il  y  a  de  tout  en  ce 
livre  :  des  articles  sur  le  vicomte  de  Vogiié,  sur  M,  Barrés,  sur 
M.  Gaston  d'Urville,  qui  a  «  instauré  en  poésie  Ya-théorisme  »,  sur 
M.  Maxime  Gorki,  sur  M.  \'incenzo  Morello,  qui  est  un  publiciste- 
italien,  sur  l Italie  régionaliste,  sur  la  Sensibilité  hellénique  contenv- 
poraine,  sur  la  Turquie  nouvelle,  et  sur  la  démocratie  chrétienne 
chère  à  M.  Fidao-Justiniani,  etc..  En  tout  cas,  c'est  une  mauvaise 
école  que  les  revues  de  philosophie  contemporaines  pour  bien  écrire 
et  faire  voir  clair.  J'avoue  n'avoir  pas  pénétré  comme  je  l'aurais 
voulu  Y  Avant-Propos  où  M.  Reggio  expose  avec  assurance  sa  mé- 
thode critique  :  «  Que  notre  ouvrage  plaise  ou  déplaise,  ce  n'est 
pas  ce  qui  nous  préoccupe  principalement,  nous  tenons  à  être  com- 
pris... »  Je  ne  suis  pas  du  tout  sûr  de  lui  pouvoir  donner  cette 
satisfaction,  ayant  été  sans  cesse  rebuté  par  une  langue  qui  ne  m'est 
pas  famihére...  Même,  à  l'entendre  parler 'de  son  dessein  de  «  dé- 
mocratiser la  critique  »,  juger  que  «  la  philosophie  du  moyen  âge- 
en  se  cramponnant  au  dogme  le  déconsidère  »,  et  «  reconnaître  à 
notre  raison  qui  tend  à  centrahser  en  elle  l'univers  une  efficacité 
expressive  certaine  comme  instrument  d'affirmation  et  des  insuffi- 
sances à  peu  près  foncières  comme  foyer  permanent  de  connais- 
sance, etc.; 'etc.  »,  j'inchnais  à  lui  trouver  la  pensée  et  le  langage 
bien  «  protestants  ».  Je  me  trompais,  puisqu'il  se  déclare  ailleurs 
«  un  fils  respectueux  et  soumis  de  l'Éghse  »  et  qu'il  a  un  parfait 
mépris  pour  «  tout  le  mensonge  et  toute  la  perversité  des  principes 
de  89  »...  Alors  c'est  sans  doute  rnoi  qui  ai  tort,  si  je  vois  trouble 
dans  ses  idées  et  dans  son  stvle.  Gabriel  Audiat. 


—  333  — 

•Comment  se  rondiaire  dans  In  vie,   par  le  D^  Toulousb.  Paris, 
Hachetle,  s.  d.,  in-16  de  280  p.  —  Prix  :  3  fr.  gO. 

Le  livre  du  docteur  Toulouse,  qui  n'est,  me  semble-t-il,  comme 
tant  d'autres,  qu'un  recueil  d'articles,  se  divise  en  trois  parties  : 
10  La  Vie  publique.  2°  La  Vie  privée.  3°  La  Vie  personnelle.  Dans 
la  première  partie,  l'auteur  nous  dit,  à  sa  façon,  qui  n'est  pas 
toujours  la  meilleure,  comment  il  faut  choisir  sa  carrière,  mener 
sa  vie  professionnelle,  comprendre  son  travail,  lutter  pour  la  vie, 
se  comporter  dans  la  société,  pratiquer  la  civilité,  se  tenir  entre 
hommes  et  femmes,  enfin  faire  de  l'action  sociale. 

La  seconde  partie,  beaucoup  plus  courte,  s'efforce  à  résoudre  les 
questions  suivantes  :  Comment  fonder  un  foyer?  Comment  se  con- 
duire à  l'égard  de  l'enfant?  Comment  vivre  d'après  ses  moyens? 
•Comment  être  avec  ses  amis? 

La  troisième  partie  enfin  s'attaque  aux  problèmes  suivants  :  la 
recherche  du  bonheur;  l'action  par  les  qualités  physiques  et  les 
qualités  morales;  l'emploi  du  temps  et  de  la  place;  l'art  de  se 
distraire,  enfin  la   vie  intérieure. 

A  le  lire  par  fragments,  ce  livre  n'est  pas  ennuyeux;  à  la  longue 
il  semble  monotone,  et  la  raison  en  est  sans  doute  dans  le  terre  à 
terre  de  ses  directions  et.de  ses  conseils.  Sans  doute,  le  bon  sens 
ne  manque  pas,  ni  les  observations  justes,  ni  même  les  conseils 
pratiques,  toutes  choses  qui  ne  peuvent  guère  élever  l'homme  au- 
dessus  d'une  honnête  médiocrité.  C'est  quelque  chose  sans  doute, 
mais  dans  la  direction  des  consciences,  —  et  l'auteur  est  bien  à  sa 
manière,  comme  un  certain  nombre  de  ses  collègues  publicistes,  une 
sorte  de  directeur  de  conscience,  —  on  devrait  viser  plus  loin  et 
surtout  plus  haut.  Les  considérations  morales  sont  ici  à  peu  près 
exclusivement  tirées  de  la  pauvre  théorie  de  la  solidarité,  bien  in- 
suffisante pour  réagir  contre  les  passions  profondes  ou  promouvoir 
des  actes  de  haute  vertu.  Dire  que  dans  les  administrations  publi- 
ques l'hérédité  n'a  aucune  part  dans  le  classement,  qui  est  basé 
.sur  l'instruction,  c'est  d'une  observation  bien  superficielle.  Écrire 
que  l'avortement  n'est  interdit  que  par  la  loi.,  c'est-à-dire  la  volonté 
collective,  c'est  assigner  à  la  loi  qui  condamne  cette  abominable 
pratique  une  base  bien  vulgaire  et  bien  fragile.  Quant  à  la  fidélité 
conjugale,  on  la  doit  sans  doute  parce  qu'on  l'a  promise  en  se  ma- 
riant, mais  aussi  pour  d'autres  raisons  bien  plus  importantes  et 
meilleures. 

Ces  quelques  observations,  et  j'en  pourrais  faire  beaucoup  d'au- 
tres, marquent,  du  point  de  vue  de  la  morale  chrétienne  et  même 
de  la  morale  tout  court,  les  défauts  de  ce  livre,  non  pas  mauvais, 
tien  qu'il  contienne  pas  mal  d'idées  contestables  et  d'observations 


—  334  — 

superficielles,  mais  insuffisant  et  incomplet.  On  peut  tirer  quelques- 
profits  de  sa  lecture,  mais  pour  peu  qu'on  ait  des  aspirations  éle- 
vées, on  devra  chercher  des  conseils  et  des  guides  ailleurs, 

P.  Talon. 

Forme,  puissance  et  sf abilité  des  poissons,  par  Fkédëric 
HousSAY.  Paris,  Ilermann,  1912,  gr.  in  8  de  372  p.,  avec  117  fig.  —  Prix  : 
12  fr.  RO. 

Fruit  d'une  somme  immense  de  patientes  observations  et  d'ex- 
périmentations tant  sur  l'animal  vivant  que  sur  des  appareils  théo- 
riques et  artificiellement  construits,  cet  ouvrage  «  d'inspiration 
exclusivement  biologique  »  aboutit,  finalement,  à  un  véritable  traité 
de  dynamique  ichthyologique,  en  étendant  au  besoin  le  sens  du  mot 
poisson  (t/Oûç)  à  tous  les  animaux  vivant  dans  l'eau.  La  pensée 
mère  de  l'auteur  est  que  la  conformation  des  espèces  animales 
aquatiques  est  fatalement  déterminée  par  les  conditions  de  pro- 
fondeur, de  pression,  de  température,  de  mouvement  propres  à 
chacune  d'elles.  Il  se  montre  ainsi  disciple  de  Lamarck.  Ses  tra- 
vaux démontrent  bien  que  chaque  espèce  est,  de  tous  points  et 
parfaitement,  appropriée  au  milieu  spécial  qui  lui  est  affecté;  mais 
est-ce  ce  milieu  même  qui  l'a  ainsi  appropriée  ou  adaptée?  Ou  bien 
a-t-elle  été  prédisposée  par  une  cause  première  en  vue  de  ce  mi- 
heu?  M.  Houssay  ne  repousse  pas  absolument  cette  seconde  solu- 
tion, mais  il  l'estime  «  incompatible  avec  l'esprit  scientifique  » 
parce  qu'elle  arrêterait,  prétend-il,  prématurément  les  rechercher 
en  «  apportant  trop  tôt  une  réponse  satisfaisante  ».  Médiocre  rai- 
sonnement. 

L'œuvre  de  cet  auteur  n'en  est  pas  moins  considérable.  Par  les 
faits  peu  connus  ou  jusqu'alors  non  étudiés  qu'elle  révèle,  elle  peut 
aboutir  à  d'importantes  applications  pratiques  en  aérostation,  en 
aviation,  en  navigation  sous-marine  et  même  dans  la  construction 
des  navires.  Elle  comprend  quatre  parties  :  1)  Forme  et  mouve- 
ment des  poissons;  2)  Résistance  à  l'avancement  et  stabilité  étu- 
diées à  l'aide  d'appareils  artificiels;  3)  Puissance  des  poissons;  4) 
Morphologie  dynamique  des  poissons.  Le  tout  est  suivi  d'un  Appen- 
dice de  35  pages  de  données  numériques  et  expérimentales,  et  d'un 
Index  bibliographique.  G.  de  Kirwan. 

TIte  Birds  of  IVoith  unU  middle  America  a  descriptive 
catalogue,  by  Robbbt  Ridgwaï-.  Pari  V.  (Srailhsonian  Institution. 
Bulletin  of  the  iTJ.  S.  National  Muséum,  n»  50).  Washiington,  Government 
prinling  oflice,  1911,  in-8  de  xxiu-859  p.,  avec  33  planches. 

Ce  volume  contient  les  familles  des  Pteroptochidés,  des  Formi- 
cariidés,   des   Furnariidés,    des   Dendrocolaptidés;    les   Macrochires, 


—  335  — 

avec  les  familles  des  Trochilidés  (Oiseaux-mouches)  et  des  Micro- 
podidés  (Martinets);  enfin  les  Hétérodactyles,  représentés  seulement 
par  la  famille  des  Trogonidt's.   En  tout  359  espèces. 

Nous  n'avons  plus  à  faire  l'éloge  de  cet  ouvrage,  l'un  des  plus 
considérables  qui  aient  été  publiés,  en  ornithologie  descriptive  et 
systématique,  depuis  le   Catalogue  of  Birds  du  Britsh  Muséum. 

La  méthode  adoptée  dès  le  premier  volume,  paru  en  1901,  a  été 
rigoureusement  suivie.  Les  caractères  qui  ont  servi  à  déterminer 
les  limites  de  chaque  famille  sont  choisis  et  discutés  avec  une 
grande  science  et  une  parfaite  loyauté  en  quelques  pages  concise» 
et  claires.  Une  clé  des  genres  suit.  Le  genre  défini,  chaque  espèce 
et  sous-espèce  est  minutieusement  décrite  (mâle  et  femelle  adulte 
jeunes,  etc.),  avec  les  mesures  extrêmes  et  leur  moyenne.  Quand  la 
distribution  de  l'espèce  est  très  étendue,  des  tableaux  de  mensura- 
tion des  exemplaires  provenant  des  différentes  localités  sont  don- 
nés. La  distribution  géographique  est  enfin  suivie  d'une  synonymie 
considérable,  encore  que  des  critiques  aient  été  faites  sur  ce  point 
à  l'auteur  et  qu'en  matière  de  Trochilidés,  par  exemple,  certain» 
travaux  français  importants  aient  été  omis.  Les  planches  donnant 
les  caractères  des  principales  espèces  (bec,  queue,  ailes,  pied)  sont 
très  précises.  Il  nous  a  semblé  que  celles  des  Oiseaux-Mouche» 
étaient  empruntées  en  grande  partie  à  l'ouvrage  d'Elliot;  elles  sont 
d'ailleurs  excellentes.  Tous  les  ornithologistes  attendent  avec  im- 
patience la  suite  de  cet  ouvrage.  Quand  nous  en  donnera-t- on  l'équi- 
valent pour  l'Amérique  du  Sud?  L.    D. 


Mission  de  l'Inde  en  Europe,  ntiseion  de  l'Europe  e» 
Asie  ;  la  question  du  iVIaliatnia  et  sa  solntien,  par  Sâint- 
YvES  d'Alvkydre.  Paris,  Dorbou  aîné,  s.  d.,  in-8  de  213  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Ce  livre  est-il  écrit  dans  uiie  espèce  de  langue  symbolique  dont 
il  faudrait  avoir  la  clé?  Je  n'en  sais  rien.  Tel  qu'il  est  et  à  le 
prendre  à  la  lettre,  il  paraît  impossible  d  en  rien  tirer  de  sérieux 
et  on  ne  peut  le  considérer  que  comme  une  curiosité  pour  les  ama- 
teurs d'occultisme.  Œuvre  posthume,  il  a  été  composé  en  1886  et 
a  été  publié  seulement  cette  année  par  les  «  Amis  de  Saint- Yves  ». 
11  existerait,  selon  l'auteur,  une  société  occulte  appelée  Agartha, 
ayant  à  sa  tête  un  Brâhatmah  et  dont  on  ne  peut  indiquer  exac- 
tement le  siège;  c'est  quelque  part  vers  l'Himalaya  ou  le  Thibet, 
dans  des  galeries  souterraines.  Cette  société  posséderait  une  science 
prodigieuse,  des  bibliothèques  énormes  contenant  les  4'astes  de  l'hu- 
manité depuis  556  siècles;  elle  aurait  de  nombreux  adeptes  et  une 
langue  à  elle  appelée  Yattan.  Je  ne  vois  pas  qu'il  se  dégage  de 
ces  bizarreries  aucun  système  religieux  ou  philosophique  bien  in- 


—  336  — 

ielligible.  L'auteur  fond,  d'une  façon  très  vague,  les  religions  entre 
elles,  et  celles-ci  ensemble  avec  la  science  et  la  magie.  L'ouvrage, 
élégamment  édité,  est  orné  de  deux  portraits. 

Baron  Carra  de  Vaux. 


liectures  scientifiques  sur  1  a  physique,  par  Henri  Goupin.  Paris, 
Colin,  1911,  m-18  de  368  p.,  avec  57  tlg.  —  Prix  :  3  fr. 

Un  recueil  de  Lectures  scientifiques  sur  la  physique,  pour  plaire 
au  grand  public,  doit  toucher  d'une  manière  précise,  mais  légère, 
aux  points  les  plus  divers  de  la  science.  Dans  les  57  articles  de 
ce  volume,  M.  Coupin  a  donné  de  quoi  satisfaire  de  nombreux  lec- 
teurs. Aimez-vous  l'histoire  première  des  d»' couvertes?  Le  principe 
de  Pascal,  la  montgolfière,  la  bouteille  de  Leyde,  la  pile  de  Volta 
vous  seront  d'agréables  sujets  de  lecture.  Préférez-vous  l'actualité? 
Les  aéroplanes,  le  spectroscope  solaire,  le  radium,  l'excitateur  de 
Herz  attireront  votre  attention.  L'explication  de  nombreux  phéno- 
mènes se  présentant  souvent  à  l'homme  le  moins  observateur  rem- 
plit une  grande  partie  de  ce  livre  et  en  augmente  l'attrait,  beau- 
coup moins,  cependant,  que  la  manière  dont  il  a  été  composé. 
M.  Coupin  n'est  pas  l'auteur  des  articles  qu'il  a  réunis  :  il  a  fait 
une  heureuse  sélection  dans  les  travaux  mêmes  des  savants  les  plus 
célèbres  et  a  publié  des  textes  authentiques;  il  nous  montre  ainsi 
que  l'on  peut  être  à  la  fois  un  grand  physicien  et  un  fin  littérateur. 

E.  Chailan. 


li'i^griculture  au  régiment  «u  1^%ï  conférences,  parA.  Bou- 
TAULT.  Paris,  Librairie  agricole  de  la  Maison  rustique,  1911,  in-18  cartonné 
de  xr-321  p.,  avec  160  fig.  —  Prix  :  3  fr. 

Faire  des  conférences  agricoles  au  régiment  où  une  grande  partie 
des  soldats  sont  fils  de  paysans  ou  de  cultivateurs  devait  être  une 
pratique  fort  utile  et  digne  d'être  encouragée  par  l'autorité  mili- 
taire. 

L'auteur  de  ce  volume  s'est  consacré  à  cette  tâche  depuis  plu- 
sieurs années.  Il  a  réuni  ici  les  vingt  principales  conférences  qu'il 
a  eu  l'occasion  de  donner  à  ce  public  spécial,  s'attachant  à  traiter 
avant  tout  des  questions  de  pratique  générale  et  les  rendant  aussi 
intéressantes  que  possible  par  des  développements  sobres  et  pro- 
gressifs. Ce  petit  livre  forme  un  manuel  assez  complet  des  matières 
agricoles.  Le  texte  qu'il  publie  est  orné  de  160  gravures  et  l'auteur 
engage  les  conférenciers  qui  suivent  son  exemple  à  les  faire  passer 
sous  les  yeux  de  leurs  auditeurs  soit  en  mettant  à  leur  disposition 
quelques  exemplaires  de  son  livre,  soit  en  les  reproduisant  sommai- 
rement au  tableau  noir.  G.  de  S. 


-  337  - 

Leti  Itlé(>s  ntilitaircs  de  la  marine  <l3i  XTlll«  6iè«le.  D<» 
Ruyter  à  Siaffreii,  par  le  lieutenant  de  vaisseau  Gastbx.  l'aris, 
Fouruie-,  s.  d.,  gr.  ia-8  de  371  p.,  avec  plans.  —  Prix  :  10  fr. 

r  C'est  vraiment  un  symptôme  réconfortant  et  rempli  de  promesses 
pour  l'avenir  que  de  voir  de  jeunes  officiers  tels  que  le  lieutenant 
de  vaisseau  Castex  consacrer  leurs  loisirs  et  aussi  leur  talent  à 
l'étude  dos  questions  si  ardues  que  présente  à  chaque  page  le  ré- 
cit de  nos  guerres  maritimes.  Parmi  ces  études,  il  n'en  est  pas  de 
pin»  difficile  et  aussi  de  plus  intéressante  que  celle  des  idées  mili- 
taires du  xviii^  siècle,  dont  l'expression  maîtresse  a  été  donnée 
par  SufTren.  Rechercher,  par  la  méditation  des  faits  et  des  écrits,. 
la  genèse  des  idées  qui  ont  déterminé  les  doctrines  militaires  d'un 
chef  de  génie,  telle  est  la  tâche  singulièrement  difficile  et  com- 
plexe que  s'est  donnée  le  lieutenant  de  vaisseau  Castex  et  qu'il  a 
su  mener  à  bien  dans  un  ouvrage  vraiment  magistral.  La  vie  du 
marin,  la  solitude  des  quarts,  l'isolement  à  bord,  prédisposent  à  une 
maturité  d'esprit  précoce,  mise  à  profit  par  M.  Castex  pour  dissé- 
quer les  idées  directrices  de  l'art  de  la  guerre  sur  mer,  de  Ruyter 
à  Suffren.  L'auteur,  au  cours  de  ses  études,  a  souvent  relevé  avec 
tristesse  la  mentalité  antiniilrtaire  qui  se  fait  jour  dans  les  ordres 
et  les  règlements  émanant  du  pouvoir  central,  mais  aussi  il  a  cons- 
taté avec  joie,  prenant  ses  exemples  dans  l'histoire  de  tous  les 
temps  et  de  tous  les  pays,  même  dans  l'histoire  contemporaine, 
que  les  cœurs  courageux  ont  toujours  su  s'affranchir,  quand  il  le 
fallait,  de  la  lettre  de  règlements  timorés.  Suffren,  au  cours  de  sa 
glorieuse  carrière,  a  été  le  type  de  ces  cœurs  courageux  et,  par  des 
moyens  tout  nouveaux,  a  été  un  véritable  précurseur,  transfoï- 
mant  l'art  de  la  guerre.  C'est  à  ce  grand  chef  militaire,  à  l'étude 
de  ses  idées,  de  leur  développement  et  de  leur  application,  que' 
l'auteur  a  consacré  la  plus  grande  partie  de  son  ouvrage,  qu'illus- 
trent de  nombreux  plans  de  batailles.  J.  C.  T. 


La  ICarfine  marchande  et  son  per«onnel,  par  Georges  Mobabl. 
Paris,  Guilmolo,  19H,  petit  in-8  de  372  p.  —•  Prix  :  5  fr. 

La  «  Bibliothèque  des  amis  de  la  marine  »  s'est  enrichie  récem- 
ment d'un  nouveau  volume  que  la  crise,  si  longue  et  si  aiguë,  qui 
frappe  la  marine  marchande  française,  rend  d'actualité.  M.  Georges 
Morael  était  particulièrement  désigné  pour  l'écrire,  car,  en  tant 
qu'armateur,  il  était,  mieux  que  personne,  au  courant  de  la  situa- 
tion actuelle  de  notre  marine  marchande.  Ayant  souffert  de  la 
décadence  de  notre  commerce  maritime,  il  ne  s'est  pas  contenté 
de  gémir  et  de  se  lamenter,  mais  il  a  voulu  en  rechercher  les  cau- 
ses et  en  étudier  les  remèdes.  C'est  le  fruit  de  ses  méditations  et 
Octobre  1912.  T.  GXXV.  2?. 


—  338  — 

de  ses  enquêtes  qu'il  livre  aujourd'hui  au  public  en  un  ouvrage  très 
documenté  où  il  a  su  rendre  vivante  et  intéressante,  d'une  lec- 
ture facile,  une  étude  par  elle-même  assez  aride.  Il  serait  à  souhai- 
ter que  ces  pages  fussent  lues  par  beaucoup,  mais,  hélas  I  on  ne 
peut  trop  y  compter,  car,  par  une  aberration  funeste,  les  Fran- 
çais de  nos  jours  ne  prêtent  pas  aux  choses  de  la  mer  l'attention 
qu'elles  méritent.  Cependant,  il  n'est  pas  besoin  d'une  longue  ré- 
flexion pour  être  rapidement  convaincu  que  sans  marine  de  com- 
merce —  et  aussi  sans  marine  de  guerre  —  une  nation  ne  peut, 
principalement  à  notre  époque,  se  développer,  vivre  même,  dans 
la  liberté.  L'absence  d'une  marine  rend  une  nation  tributaire  de 
ses  rivales;  elle  conduit  à  l'esclavage  commercial,  prélude  de  la 
perte  de  toute  indépendance.  La  décadence  de  la  marine  est  la 
cause  —  une  des  causes  —  de  la  décadence  de  la  nation,  en  même 
temps  qu'elle  en  est  le  résultat.  C'est  pourquoi,  on  ne  saurait  lire 
et  étudier  avec  trop  de  soin,  d'intérêt,  de  passion  même,  ce  ré- 
cent volume  sur  la  Marine  marchande  et  son  personnel.  Les  prin- 
cipales questions  relatives  à  cette  marine  y  sont  traitées,  celles 
qui  relèvent  du  passé,  comme  l'Inscription  maritime,  aussi  bien  que 
celles  qui  intéressent  l'avenir,  comme  le  régime  des  ports  et  du 
personnel,  ou  les  grands  travaux  maritimes  à  l'étude  ou  en  projet. 

J.  C.  T. 


Bikllsjns  et  aéroplanes,  par  Georges  Besançon.   Nouvelle  édition. 
Paris,  Garnier,  1911,  in-18  de  394  p.,  avec  96  gravures.  —  Prix  :  2  fr. 

Le  directeur  de  V Aérophile  a  eu  l'excellente  pensée  de  publier 
une  nouvelle  édition  de  son  intéressant  volume  Ballons  et  aéro- 
planes. Le  contenu  de  cet  ouvrage  justifie  pleinement  son  succès. 
On  y  trouve,  en  effet,  un  exposé  intéressant  et  complet,  sans  dé- 
tails superflus,  do  l'histoire  des  ballons  et  des  aéropianos,  avec  la 
description  de  leurs  accessoires  et,  en  particulier,  dos  moteurs  les 
plus  récents.  Les  expériences  qui  ont  conduit  aux  résultats  que 
nous  admirons  aujourd'hui,  les  tentatives  multiples  de  nos  avia- 
teurs sont  racontées  dans  un  style  vivant  et  très  agréable.  En  un 
mot,  cet  ouvrage  est.  un  excellent  manuel  d'histoire  aéronautique. 
Une  remarque  :  on  dit  cabillot  et  non  gabillot  (p.  75).     J.  C.  T. 


LITTÉRATURE 


Alfred  de  Vigny,  een  amitié»,  son  rôle  littéraire,  parERNBsr 
DuPUY.  T.  II.  Le  Rôle  liuéraive.  Paris,  Société  française  d'imprimerie  et  de 
librairie,  1912,  in-18  de  448  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Sous  ce  titre,  qui  n'est  juste  qu'à  demi,  ce  volume  continue,  à 
vrai  dire,  le  précédent  qui  s'intitulait  les  Amitiés.  Il  est  composé,. 


—  .;3'j  — 

convno  lui,  de  clairs  et  agréables  chapitres  et  de  simples  notices, 
où,  à  propos  des  lettres  ou  billets  reçus  par  A.  de  Vigny  et  trouvés 
dans  la  collection  Lachaud-Sangnier,  sont  racontés  ou  seulement 
présentés  les  amis,  camarades  ou  correspondants  d'occasion  qui  les 
écrivirent.  Les  amis  sont  ici  :  Brizeux,  Barbier,  Laprade  et  Ber- 
lioz ;  d'où  quatre  chapitres,  plus  étoiïés  que  les  autres,  où  les  bio- 
graphies déjà  connues  de  ces  illustres  sont  éclairées,  parfois  recti- 
fiées de  quelques  précisions  nouvelles,  vivifiées  de  jugements  per- 
sonnels toujours  réfléchis,  judicieux,  motivés.  Ensuite,  devant  le 
poète  devenu  un  maître,  en  son  salon  de  la  rue  des  Ecuries  d'Ar- 
tois ou  en  sa  solitude  charentaise  du  Maine- Giraud,  voyez  défiler 
les  ombres  de  ceux  qui,  par  leurs  hommages  d'admiration,  leurs 
politesses  de  confrères,  ou  leurs  sollicitations,  font  autour  de  lui 
ce  que  M.  Dupuy  appelle  la  clientèle  littéraire  ou  les  milieux,  mi- 
lieu académique,  milieu  mondain,  relations  de  théâtre,  d'ateliers 
ou  de  journaux.  Dans  cette  foule  on  vous  arrêtera  un  peu  davan- 
tage à  Roger  de  Beauvoir,  Boulay- Pat  y,  X.  Marmier,  Esquiros,  Amé- 
dée  Pommier,  Barbey  d'Aurevilly,  Mickiewicz,  Andersen,  Mazzini, 
et  Mistral.  L'introducteur,  qui  est  un  lettré  d'une  information 
très  scrupuleuse,  d'un  courage  de  lecture  admirable,  fait  un  peu 
comme  M.  Séché,  avec  du  goût  et  du  style  en  plus;  il  laisse 
pendant  quelques  pages  son  héros  pour  nous  dessiner  la  silhouette 
de  ses  visiteurs,  nous  dire  les  découvertes  de  plaisir  et  d'ennui 
qu'il  a  faites  dans  leurs  œuvres,  voire  nous  citer  à  propos  d'eux 
Richepin,  M'"*'  de  Régnier  ou  M.  Bellessort.  Mais  il  y  a  encore, 
troupe  innombrable  et  fugitive  des  morts,  combien  d'académiciens 
et  d'écrivains  du  temps,  combien  de  Lebrun,  de  Pongerville,  de 
Ponsard,  de  Souvestre,  de  Villemain,  de  Saint- René-Taillandier,  de 
Tissot,  de  Legouvé,  de  Nisard,  de  Madame  de  Souza,  de  Thaïes 
Bernard,  de  Léon  de  Wailly,  de  Buloz,  de  Bocage,  etc.,  etc.,  qui 
apportent  là  ce  qu'on  appelle  «  la  contribution  »  d'une  anecdote 
piquante,  d'une  démarche  sympathique  ou  ridicule,  d'une  «  gaiïe  » 
ou  d'une  invitation  à  une  tasse  de  thé  !...  Et  au  miheu  de  ce 
«  courrier  »  très  varié  l'auteur  des  Destinées,  beaucoup  moins  «  tour- 
d'ivoire  »  qu'on  n'a  pris  l'habitude  de  se  le  figurer,  apparaît  d'une 
bonté  exquise,  très  accueillant  aux  jeunes,  académicien  exemplaire 
et  qui  ne  promettait  jamais  sa  voix  à  personne,  confrère  très  obli- 
geant, d'une  politesse  élégante,  spirituelle,  et  qui  fait  souvent  des 
brouillons. 

Une  dernière  partie,  qui  donne  l'émotion  après  l'agrément,  nous 
fait  pénétrer  discrètement  —  trop  discrètement  —  «  dans  le  sanc- 
tuaire très  secret  de  ce  cœur  infiniment  tendre  et  qui  fut  un  cœur 
offensé  ».  C'est  la    Vie  sentimentale,  l'amour  ou  l'amitié  :  Delphine 


—  340  — 

Gay,  Lydia  (M'"*"  de  Vigny),  Marie  Dorval,  Louise-Edmée  Ancelot 
(M°i«  Lachaud),  qui  fut  aimée  comme  une  fille,  Clotilde  Busoni 
et  Augusta  Holmes;  —  puis  deux  précieux  chapitres  :  Alfred  de  Vi- 
piy  et  la  Nature,  Alfred  de  Vigny  et  la  Mort,  qui,  suivant  dans  les 
réalités  de  sa  vie  la  ligne  de  ses  sentiments  et  idées,  de  ses  «  at- 
titudes »  devant  ces  deux  séductrices,  nous  mène  à  cette  conclusion, 
tout  de  même  peut-être  un  pou  voulue  et  forcée,  que  «  l'impression 
qui  sort  de  l'œuvre  ne  se  trouve  nulle  part  en  désaccord  avec  le 
sentiment  exact  de  ce  que  l'homme  a  été  ».       Gabriel  Audiat. 


Etifiar  Poe,  par  Emile  I.auvrière.  2»  éd.  Paris,  Bloud,  1911,  in-l6  de 
vui-2û2  p.  —  Prix  ;  2  fr.  KO. 

M.  Lauvrière  a  déjà  consacré  à  Poe,  il  y  a  huit  ans,  une  impor- 
tante thèse  de  doctorat.  S'adressant  aujourd'hui  au  grand  public, 
et  abandonnant  l'appareil  d'érudition,  il  condense  en  une  courte 
biographie  critique  les  résultats  de  sa  grande  enquête,  complétés 
par  quelques  informations  nouvelles.  Comme  dans  son  premier  ou- 
vrage, c'est  à  la  pathologie,  à  une  pathologie  d'appai'ence  très  scien- 
tifique et  qui  a  obtenu  le  sulïrage  de  l'Académie  de  médecine,  que 
l'auteur  demande  la  clé  de  tout  ce  qu'il  y  a  d'extraordinaire  et 
d'anormal  dans  la  personne,  dans  l'existence  et  dans  les  écrits  du 
conteur  américain.  «  L'originalité  poétique  de  Poe,  c'est  son  mal 
(p.  32);  le  génie  ici,  c'est  la  maladie  (p.  231);  tout  n'est  g-uère  que 
folie  en  l'inspiration  profonde,  sinon  en  rexécuti>on,  artistique  de 
cette  œuvre  sinistrement  outrancière  «  (p.  121).  Le  fantastique  de 
Poe,  c'est  donc  celui  de  ses  hallucinations  et  de  ses  extases;  les 
traits  étranges  de  ses  héros  ou  de  ses  héroïnes,  ce  sont  ceux  que 
présentent  certaines  catégories  d'aliénés  ou  demi-aliénés,  et  Poe 
les  a  trouvés  en  lui-même.  Reste  l'art  avec  lequel  l'écrivain  a  mis 
en  œuvre  ces  exceptionnelles  et  inquiétantes  données,  et  c'est  un 
point  sur  lequel  on  souhaiterait  peut-être  que  M.  Lauvrière  se  fût 
étendu  un  peu  davantage,  comme  il  avait  fait  dans  son  grand  livre. 
Les  poèmes  cependant  et  surtout  le  Corbeau  sont  expliqués  et 
appréciés  à  loisir.  Tout  l'ouvrage  laisse  vjne  impression  de  profonde 
pitié  pour  le  malheureux  Américain,  descendant  d'une  série  de  ma- 
lades et  d'alcooliques  et  de  qui  une  terrible  hérédité  avait  mille 
d'avance  la  vie  et  l'être  même.  A.  Barbeau. 


Cartei^^io  «li  Alessandro  flauzoni  a  cura  di  Giovanni  Sporza.  e 
GiusEppE  Gallavresi.  Milano,  Hœpli,  1912,  in-16  de  iX-610  p.,  con  12 
ritratti  e  2  fac-similé.  —  Prix  :  6  fr,  EO. 

De  ferv^ents  admirateurs  de  Manzoni  ont  entrepris  de  compléter 
la  publication  des  œuvres  du  poète  par  celle  de  sa  correspondance, 


—  341  — 

mais,  tout  airmoins  pour  la  période  qui  va  de  1803  à  1821,  la  ré- 
colte eût  été  plutôt  maigre  et  on  a  grossi  le  volume  en  ajoutant 
aux  lettres  écrites  par  Manzoni  celles  qui  lui  étaient  adressées  et 
même  celles  que  des  parents  et  amis  échangeaient  plus  ou  moins 
à  son  propos.  On  est  arrivé  ainsi  à  reconstituer  d'une  façon  fort 
intéressante  le  cadre  chronologique  des  événements  qui,  importants 
ou  non,  remplissent  un  espace  de  vingt  années. 

Il  nous  est  donn^  ainsi  d'assister  à  l'évolution  du  poète  :  ea 
1808,  il  affectait  encore  une  complète  incroyance  et,  quand  il  se 
maria  avec  une  calviniste  française,  il  dédaigna  de  demander  la 
dispense  de  mixte  religion,  en  sorte  que  la  cérémonie  fut  purement 
protestante.  Deux  ans  après,  il  sollicite  cette  dispense  et  se  marie 
devant  le  curé  de  la  Madeleine,  de  Paris;  peu  après,  sa  femme 
abjure  pour  devenir  la  catholique  admirable  qui  devait  communi- 
quer sa  ferveur  à  tout  son  entourage,  en  commençant  par  Man- 
zoni  lui-même.  Et  ce  qui  n'est  pas  le  moins  curieux,  c'est  que  l'ac- 
tion divine  s'exerça  sur  Manzoni  et  les  siens  par  l'intermédiaire 
du  groupe  ecclésiastique  dont  Grégoire  était  le  centre  et  le  cœur. 
Constitutionnels  impénitents  et  jansénistes  opiniâtres  étaient  P. 
Baillet,  curé  de  Saint- Se  vérin,  de  Paris;  Eustache  Degola,  prêtre 
génois,  ami  intime  de  Grégoire;  le  chanoine  Tosi,  de  Milan.  Les 
lettres  fort  édifiantes  de  Manzoni  et  de  sa  femme  à  Degola  sont 
du  plus  haut  intérêt,  d'un  intérêt  supérieur,  selon  moi,  à  la  pâle 
correspondance  littéraire  de  Man^onî  avec  Fauriel,  que  l'indolence 
bien  connue  de  celui-ci  rend  forcément  très  intermittente.  Ces  let- 
tres à  Fauriel  sont  à  la  Bibliothèque  de  l'Institut  de  France  où 
M.  Gallavresi  a  eu  la  double  bonne  fortune  de  les  découvrir,  puis 
de  rencontrer  dans  le  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  française 
un  homme  à  l'esprit  assez  libre  pour  se  mettre  au-dessus  de  cer- 
tains règlements,  peut-être  suranués,  et  pour  autoriser  une  publi 
cation  qui  ne   causera  aucune  révolution. 

M.  J.  Gallavresi  a  illustré  les  textes  d'innombrable^  notes  qui 
sont  des  merveilles  de  patience,  de  savoir  et,  m'a-t-il  semblé,  d'exac- 
titude. Un  répertoire  alphabétique  des  noms  propres  facilite  les 
recherches,  et  douze  gravures,  dont  plusieurs  sont  excellentes,  re- 
produisent les  traits  des  principaux  personnages  cités  dans  le  vo- 
lume. P.   PlSAM. 

HISTOIRE 

Histoire  eceléslastique  cI'ëusèbe.  T.  !•■■,  livres  I-IV;  t.  Il,  livres  V- 
VIII.  Texte  grec  et  traduction  française  par  Emile  Grapin.  Paris,  A. 
Picard  et  tils,  1905  1911,  2  vol.  in-12  de  viii-524et  S61  p.  —  Prix  :  10  fr. 

La  collection  des  «  Textes   et   documents  «  pour   l'étude    histo- 


—  >>Jii  —^ 

rique  du  christianisme,  publiée  sous  la  direction  de  MM.  H.  Hem- 
mer  et  P.  Lejay,  vient  de  s'enrichir  des  deux  premiers  volumes 
de  y  Histoire  ecclésiastique  d'Eusèbe.  Cette  histoire  se  trouvera  com- 
plète quftnd  paraître  nt,  dans  un  troisième  volume,  l'Introduction  et 
l'Index.  Telle  qu'elle  est,  elle  va  déjà  servir  beaucoup  aux  théolo- 
giens et  aux  historiens  surtout,  qui  auront  sous  la  main,  dans  un 
format  commode,  in  bon  texte  (celui  de  Schwartz,  pour  l'Acadé- 
mie des  sciences  de  Berlin),  et  une  bonne  traduction,  le  tout  parfaite- 
mcnt  divisé  et  éclairci  par  des  notes  sobres  et  utiles,  rejetées  en 
appendice.  Cette  édition  sera  fort  employée  par  tous  ceux  que  les 
premiers  siècles  intéressent,  mais  principalement  par  les  étudiants 
ecclésiastiques  des  sminaires  et  des  instituts.  Ils  éprouveront,  en 
fréquentant  dans  sa  h  ngue  même  le  père  de  l'histoire  ecclésiasti- 
que, et  à  travers  son  livre  les  temps  héroïques  de  l'Église,  une  forte 
sensation  de  vérité,  de  solidité  et  même  de  beauté. 

A.  Clerval. 

fia  Curie  et  les  béiiéliciers  ronHistoriaux,  élude  sur  les 
communs  et  menus  services  (1300-1600),  par  A.  ClbrgeaC.  Paris,  A.  Picard 
et  lils,  1911,  gr.  ia-8  de  xi-316  p.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

Cet  ouvrage,  ce nsacré  à  l'histoire  des  communs  et  menus  services 
ou  taxes  payées  à  la  Cour  de  Rome  pour  le  Pape,  les  cardinaux 
ou  les  officiers  inférieurs  à  l'occasion  des  provisions  dévêchés  ou 
d'abbayes  donnés  en  consistoire,  est  le  fruit  d'un  travail  acharné 
dans  les  archives  romaines,  spécialement  dans  celles  de  la  Chambre 
apostolique.  Cn  y  voit  comment  ces  taxes  sont  nées,  comment 
et  par  qui  et  quand  elles  étaient  fixées,  perçues,  modifiées.  Cinq 
chapitres  ayant  trait  aux  menus  services,  à  l'expédition  des  bulles, 
à  la  taxe  du  pallium,  au  caractère  moral  de  ces  taxes  épuisent  le 
sujet.  Des  pièces  justificatives  et  un  Index  alphabétique  achèvent 
heureusement  tout  ce  travail  absolument  remarquable,  qui  a 
valu  à  son  auteur  le  titre  de  docteur  es  lettres.  Il  fait  honneur  aux 
chapelains  de  Saint-Louis-des-Français  dont  M.  Clergeac  a  fait  par- 
tie. Le  sujet  important  en  lui-même  n'avait  pas  encore  été  fouillé 
aussi  complètement.  A.  Clerval. 

Chronologie  des  arcliefèquefii,  évèques  et  abbés  de  l'an- 
cienne province  eeeléfîiiaslique  d'Aucli  et  des  diocèses 
de  Condom  et  de  Lombez  (1300-1^01),  par  l'abbé  A.  Clbr- 
gkac.  Paris,  Chaïupion  ;  Auch,   Jochdraiix.  1912,  iii-8  cle2l4  p.  —  Prix  :  6  fr. 

Le  titre  de  ce  travail  en  indique  le  but  et,  par  là-même,  l'uti- 
lité. La  chronologie  est  l'armature  de  l'histoire.  Or  ici  elle  est  éta- 
blie d'après   les   meilleures  sources,    c'est-à-dire    d'après   les   docu- 


—  313  -^ 

inents  émanés  des  papes,  depuis  le  xiv*^  siècle,  époque  des  réserves 
pontificales,  documents  que,  pendant  un  séjour  de  quatre  ans  à 
Rome,  M.  Clergeac  a  fouillés  avec  un  courage  admirable,  surtout 
dans  les  Archives  du  Vatican.  C'est  un  complément  indispensable 
au  point  de  vue  du  nombre,  de  la  précision  et  de  la  justesse  des 
dates,  de  la  Hierarchia  catholica  du  P.  Eubel  (1253-1600),  de  la 
Séries  episcoporum  de  Gams,  de  la  Provincia  Auxitana  du  tome  I^"^ 
de  la  Gallia  ehristiana;  pour  les  pontifes  et  abbés  des  diocèses 
d'Auch,  Dax,  Lectoure,  Comminges,  Couserans,  Aire,  Bazas,  Tarbes, 
Oloron,  Lescar,  Bayonne,  Condom.  Un  excellent  Index  alphabétique 
permet  d'utiliser  facilement  ce  travail  qui  a  servi  pour  seconde 
thèse  de  docrtorat  es  lettres.  A.  Clerval. 


'É:tat  de  la  maison  du  roi  liOUia  X.II1,  de  celles  de  si  mère,  Marie 
de  Mélitis  ;  de  i.es  sœurs,  CUvisline,  Elisabeth  et  Henriette  de  France;  de  son 
frère,  Gaston  d^Orléaîis  ;  de  sa  femme,  Anne  d'Autriche  ;  de  'es  fils,  le  Dauphin 
Louis  XI  y  et  Philippe  d''Orléans,  comprenant  les  années  l601-1665,  publié  par 
Eugène  Grisbllb.  Paris,  Édition  des  documents  d'histoire,  1912,  in-8  de 
viii-409  p.  —  Prix  :  10  fr. 

La  maison  du  Roi,  qui  comprenait,  depuis  François  I^^,  presque 
tout  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  «  les  fonctionnaires  »  ou, 
du  moins,  les  personnes  nombreuses  composant  l'état-major  de 
la  monarchie,  est  demeurée  à  peu  près  inconnue  ou  très  difficile 
à  reconstituer  jusqu'à  l'apparition,  sous  Louis  XIV,  de  VAlmanach 
royal  dont  les  exemplaires,  presque  toujours  bien  reliés,  sont  re- 
cherch:  s  des  curieux  de  généalogie,  de  titres  anciens  ou  de  biblioma- 
nie.  Mais  les  érudits  n'ignoraient  pas  qu'il  existait  dans  deux 
ou  trois  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  des  tableaux  des 
«  officiers  domestiques  »  des  princes  et  princesses,  comme  celui  con- 
cernant la  «  maison  de  Catherine  de  Médicis  »,  publié  dans  le  t.  X 
de  ses  Lettres,  avec  l'identification  de  la  plupart  des  personnages 
qui  la  composaient.  Mais  sur  Henri  II  et  ses  fils,  sur  Henri  IV 
même,  rien  n'a  été  encore  imprimé.  M.  Griselle,  qui  dirige  l'intéres- 
sant recueil  intitulé  Documents  d'histoire,  qui  a  publié  nombre  de 
curieuses  recherches,  vient  de  faire  paraître  un  volume  contenant 
la  maison  de  Louis  XIII,  dauphin  (1601-1610),  roi  (1610-1643), 
de  Marie  de  Médicis  (1601-1632),  de  ses  filles  Elisabeth,  Christine 
et  Henriette,  de  Gaston  d'Orléans,  d'i^nne  d'Autriche  (1616-1665). 
Tous  les  personnages  sont  enumérés  avec  leurs  fonctions,  le  taux 
de  leurs  «  gaiges  »,  les  titulaires  auxquels  ils  succédaient.  L'état 
de  paiement  de  la  «  Maison  du  Roy  »  en  1638  et  1'  «  Estât  des 
gouvernante,  femmes  et  autres  officiers  servant  Monseigneur  le  Dau- 
phin et  Monseigneur  le  duc  d'Anjou  pendant  l'année  1640  «com- 
plètent ces  hstes,  qui  ne  comprennent   pas  moins   de  6393   noms. 


—  344  — 

Comment  s'y  reconnaître  dans  cette  multitude  de  personnageSjdoiit 
quelques-uns  sont  évidenimeint  mal  écrits  ou  irrégulièrement  4.é&i- 
gn's?  M.  Eugène  Griselle  a  consacré  la  seconde  partie  de  son  vo- 
lume —  et  non  la  moins  considérable  —   à  une  table   alphabétique 
dans  laquelle  des  corrrections  sont  faites,  des  erreurs  indiquées,  et 
où    Ton    renvoie     au    numéro    qui    indique    le    nom   de    chaque 
titulaire  de  la  moindre  charge;  il  y  a  ajouté  quelques  notes  tirées 
du  Mercure  français,  de  la  Gazette  de  France,  des  collections  généa- 
logiques de  la  BibUothèque  nationale.  On  possède  ainsi  un  répertoire 
merveilleux  pour   soixante  ann'?es  de  l'histoire  de  France.  On  peut 
même  en  tirer  d'autres  éléments  que  ceux  qui  intéressent  les  familles 
de  l'ancien  régime.  Le  système  de  gouvernement  apparaît  sous  diverses 
formes  modifiées  par  l'usage  :  ainsi  on  constate  que  Richelieu,  par 
sa  dure  administration,  diminua  oon&idérablemen':  le  ji  )mbpe  -des 
emplois  de  Cour;    on   voit  aussi    quel  rôle  jouait    la    tradition  et 
combien  de  charges  étaient  héréditaires  ou  se  continuaient  dans  les 
mêmes  familles.  Il  est  de  tout  temps  bien  peu  de  grands  person- 
nages arrivés  au  pouvoir  qui  aient  renoncé  au  privilège,  tacitement 
reconnu,  de  placer  leurs  parents  ou  leurs  amis.  On  peut  trouver 
des  leçons  ou  des  exemples  même  dans  la  plus  sèclie  des  nomen- 
clatures. <j.  Bague?;ault  de  Puchesse. 


Olivier  Croni^vell,   i^a  coi*ree|»ondauce,  »e^  disc«ui>M,  par 

Thomas  Carlylh  ;  traduit  de  l'anglais  par  Edmond  Barthélémy.  II. 
Seconde  Guerre  civile  et  campagne  dlrlandei  Guerre  d'Ecosse.  Paris,  Mercure 
de  France,  1911,  ia-18  de  468  p.  —  Prix.  :  3  fr.  bG. 

M.  Barthélémy  a  entrepris  de  traduire  en  français  les  lettres  et 
discours  de  Cromwell  tels  qu'ils  ont  été  rassemblés  par  Carlyle  et 
avec  le  commentaire  de  celui-ci.  Ce  second  volume  de  la  traduc- 
tion, qui  en  aura  quatre,  comprend  la  seconde  guerre  civile,  Ja 
campagne  d'Irlande,  la  guerre  d'Ecosse  et  achève  la  période  mili- 
taire de  la  Révolution  d'Angleterre.  Il  est  inutile  de  rappeler  à  ce 
propos  l'intérêt  de  cette  correspon lance  et  de  ces  harangues,  tant 
par  la  connaissance  qu'elles  donnent  de  l'histoire  du  temps  que 
par  le  jour  qu'elles  jettent  sur  le  personnage  étrange  que  fut  Crom- 
well. Rien  non  plus  qui  ait  plus  de  couleur  et  de  relief  que  les 
observations  de  Carlyle,  dithyrambes  puritains  en  l'honneur  du  héros 
puritain,  et  rien  qui  révèle  davantage  une  autre  âme  singulière. 
La  traduction  de  M.  Barthélémy  est  bonne,  malgré  un  certain 
nombre  d'anglicismes,  dont  le  plus  souvent  répété  est  le  maintien 
injustifié  des  italiques  anglaises  (signe  d'accentuation)  dans  des 
eas  où,  en  notre   langue,  ni  italiques  ni  accentuation  ne   sont  de 


—    345    -r- 

misG,  et  où  l'insistance    se    marque    par  des    explétifs  ou  d'autres 
procédés  de  langage.  A.  Ba.rbea.u. 

l^'llotel-'«>ieu  de   Pafis   au  HLVII' et   au   ^%'JIle   siècle, 

par  Marcel  Fosseyeux.  Paris,  Berger- Levrault,  1912,  gr.  in-8  de  xxxv- 
437  p.,  avec  17  gr.  hors  texte.  —  l'rix  :  10  fr. 

Cet  important  ouvrage,  présenté  comme  thèse  en  Sorbonne  par 
irn  haut  fonctionnaire  de  l'Assistance  pubhque,  forme  le  complé- 
ment naturel  des  deux  volumes  consacrés  par  M.  Coyecque, 
ilyauno  vingtaine  d'ann'es,  à  l'Hôtel- Dieu  pendant  le  moyen  âge. 

M.  Fosseyeux  a  divisé  son  volume  en  quatre  parties  :  l'Admi- 
nistration, les  Revenus,  les  Bâtiments  et  les  Malades.  On  pourrait 
se  demander  si  cet  ordre  n'eût  pas  gagné  à  être  interverti:  dans  tout 
hôpital,  les  malades  doivent  être  les  personnages  principaux;  selon  la 
conception  chrétienne,  ils  sont  les  maîtres  de  la  maison  ;  c'est  seule- 
ment ensuite  qu'il  importe  de  savoir  où  on  les  soigne,  par  quel  person- 
nel et  au  moyen  de  quelles  ressources  et,  enfin,  quelles  sont  les. 
autorités  qui  ont  à  assurer  le  fonctionnement  de  l'établissement. 
La  conception  est  moins  administrative  et  c'est  peut-être  pour 
cela  qu'elle  a  été  laissée  de  côté.  |   -i       ■'.  -i    ■       •    -i 

Au  fond,.  l'Administration  de  l'Hôtel-Dieu  était  alors  une 
mécaniq^ue  aux  rouages  fort  compliques  et  qui  n'étaient 
pas  sans  grincer  quelquefois.  Le  Chapitre  de  Notre-Dame, 
l'Archevêque,  le  Lieutenant  de  poHce,  le  Parlement,  la  Municipalité, 
la  Communauté  des  augustines  étaient  des  pouvoirs  rivaux  qui  se 
disputaient  assez  âprement  l'autorité  et  cela  au  préjudice  des  pau- 
vres; car,  faute  d'entente,  on  s'éternisait  dans  de  lamentables  rou- 
tines. Les  règles  les  plus  élémentaires  de  l'hygiène  étaient  négligées; 
on  couchait  jusqu'à  quatre  malades  dans  le  même  lit;  la  médica- 
tion était  réglée  par  un  puéril  empirisme;  la  chirurgie  était  un  en- 
semble de  pratiques  barbares  et  personne  n'avait  fait  comprendre 
aux  religieuses,  si  dévouées  pourtant,  que  toutes  les  maladies  ne 
se  traitent  pas  par  la  suralimentation,  et  cependant  la  proportion 
des  guérisons  était  encore  de  quatre  sur  cinq.  Il  n'y  a  pas  à  dire 
que  le  tableau  est  poussé  au  noir,  car  les  chiffres  et  les  faits  authen- 
tiquement  établis  montraient  que  la  peinture  est  exacte, 

M.  Fosseyeux  n'a  pas  composé  une  dissertation  destinée  à  glorifier 
les  méthodes  actuelles  :  chacune  de  ses  assertions  arrive  sou- 
tenue par  sa  preuve  et  on  ne  saurait  rendre  trop  hommage  à  la 
conscience  scientifique  d'un  auteur  qui  a  dépouillé  avec  persévérance 
une  quantité  prodigieuse  de  pièces  éparpillées  dans  vingt  dépôts 
différents.  L'index  bibliographique  remplit  25  pages  et  j'ai  constaté 
que  tous  les  dossiers  d'archives  utihsés  ne  sont  pas  énumérés  dans, 
cette  copieuse  Introduction. 


—  346  — 

J'ajoute  que  de  nombreuses  gravures,  reproduisant  des  originaux 
de  Musée  Carnavalet,  forment  un  commentaire  iconographique  du 
plus  haut  intérêt. 

Tout  en  médisant  un  peu  de  l'ancien  Hôtel-Dieu,  M.  Fosseyeux 
l'a  trop  pratiqué  pour  ne  pas  éprouver  à  son  égard  une  tendresse 
rétrospective  qui  se  traduit  mélancoliquement  dans  les  dernières 
lignes  du  livre  :  il  ne  regarde  pas  sans  quelque  tristesse  «  ce  coin 
de  la  Cité  où  s'entassaient  plus  de  3000  personnes,  sur  un  terrain 
où  somnolent  aujourd'hui  une  statue  et  quelques  arbres,  à  l'om- 
bre impérieuse  (?)  de  la  cathédrale,  seul  vestige  des  temps  ré- 
volus  ».  P.    PiSANI. 

Es«ai  sur  l'ordre  des  liespilalierii  de  Kaiiit-Jcan-de-Jéru* 
«ialein  et  de  son  gou%'erneinent  eivil  et  militaire  à  IVInlte, 
au  ronamencemeut  du  X.%111^  sièele,  d'après  des  documents  iné- 
di's  de  l'époque,  par  L.  HÉRiTTE.  Paris,  Éditions  de  «  Documents  d'histoire  », 
1912,  gr.  in-4  de  xiv-121  p.,  avec  17  planches  et  plans.  —  Prix  :  20  fr. 

Le  volume  que  vient  de  publier  M.  L.  Héritte  renferme  un  ta- 
bleau —  ou  plutôt  une  esquisse  —  du  gouvernement  de  l'ordre 
de  Malte,  composé,  en  majeure  partie,  d'après  un  travail  attribué 
au  chevalier  de  Tign^,  qui  entra  dans  l'ordre  de  Saint- Jean  de  Jé- 
rusalem en  1723  et  mourut  en  1800. 

Après  avoir  rappelé  brièvement  les  principales  phases  de  l'histoire 
des  hospitaliers,  l'auteur  donne  une  description  de  l'île  de  Malte 
au  temps  où  ces  chevaliers  y  avaient  leur  principal  établissement; 
il  fait  connaître  les  pouvoirs  du  grand  maître,  les  formes  de  son 
élection,  l'état  de  sa  maison  et  de  ses  revenus;  il  énumère  les 
langues,  collectes,  auberges  ou  nations  de  l'ordre,  les  dignités  ou 
commanderies  de  chaque  langue,  les  attributions  des  chapitres,  des 
conseils,  des  congrégations  et  de  diverses  juridictions,  les  char- 
ges de  finances.  Il  publie  un  état  général  des  officiers  de  la  Reli- 
gion, un  autre  «  Estât  présent  de  la  Religion  de  Malte,  au  mois 
de  juin  1723  »  et  une  «  Table  cronologique  des  grands  maistres 
de  Malte  ». 

Les  quatorze  chapitres  où  il  est  traité  de  cette  organisation  politi- 
que et  financière  sont  fort  courts;  les  renseignements  qu'ils  renfer- 
ment sont  très  sommaires.  On  trouve  plus  de  détails  et  plus  d'intérêt 
dans  la  dernière  partie  de  l'ouvrage,  consacrée  aux  moyens  de 
défense  militaire  :  fortifications  de  la  côte  et  fortifications  des  pla- 
ces. Les  cartes  et  plans  anciens  que  M.  Héritte  a  fait  reproduire 
éclairent  utilement  le  texte. 

Le  volume  est  abondamment  illustré;  on  y  remarquera  d'intéres- 
santes vues  de  monuments,  à  côté  de  portraits  de  fantaisie. 

Max  Prinet. 


—  347  - 

Etudes  et  lef«ii8  sur  In  K6volutioii  Imufaise,  par  Alphonsb 
AuLARD.  Paris,  Alcan,  1910,  in-16  de  308  p.  —  Prix  :  3  fr.  SO. 

Ce  volume  traite  de  plusieurs  sujets  d'importance  inégale,  mais  de 
lecture  toujours  agréable. 

I.  La  Devise  :  Liberté.  Égalité.  Fraternité.  \Jé^O(l\xQTé\o\ni\orin.Q\TQ 
n'a  pas  eu  de  devise  nationale;  il  n'y  eut  que  des  usages  et  des 
pratiques.  La  Nation,  la  Loi,  le  Roi.  —  Vivre  libre  ou  mourir  sont  les 
premières  devises  employées;  la  plus  usitée,  après  le  10  août,  est 
Liberté-Égalité.  On  y  adjoint  parfois  un  troisième  mot  Vertu  ou 
Fraternité;  cette  dernière  formule  est,  dit  une  tradition,  d'origine 
maçonnique;  le  club  des  Cordeliers  l'a,  pour  la  première  fois,  pro- 
posée aux  Français  le  29  mai  179L  En  1793,  le  Directoire  du  dépar- 
tement de  Paris  popularisa  la  devise  en- ajoutant  aux  trois  premiers 
mots  :  ou  la  Mort;  tn  beaucoup  de  villes  cette  inscription  fut  gravée 
ou  peinte  sur  les  mcnuments  publics;  elle  se  devine  encore  de  nos 
jours  sous  un  badigeonnage  qui  recouvre  le  dernier  mot. 

II,  III,  IV.  Les  Premiers  Historiens  de  la  B  évolution.  M.  Au  lard  ne 
parle  que  de  ceux  qui  furent  vraiment  lus.  Il  relève  avec  beaucoup 
de  soin  les  indications  bibliographiques,  puis  précise  les  opinions  poli- 
tiques des  auteurs  et  détaille  avec  une  grande  finesse  les  qualités 
historiques  et  littéraires;  ces  études,  qui  tiennent  près  de  la  moitié 
du  volume,  sont  un  guide  utile. 

V.  Les  Portraits  littéraires  pendant  la  Révolution.  Chapitre  curieux 
d'investigation  historique  et  de  critique  littéraire,  il  semble  que 
l'auteur  se  soit  particulièrement  complu  dans  son  sujet.  Rivarol, 
André  Chômer,  Camille  Desmoulins,  Madame  Roland,  Fabre  d'Églan- 
tine  sont  parmi  les  plus  remarquables  portraitistes.  Je  signale  l'ap- 
préciation très  fouillée  des  portraits  et  du  caractère  de  Madame 
Roland  et  aussi  un  Robespierre  d'après  les  portraits,  qui  est  d'un 
grand  intérêt. 

VI.  Beaumarchais  pendant  la  Révolution.  Figaro  donne  l'illusion 
d'un  agité  qui  se  trémousse  sur  la  scène;  Beaumarchais,  pendant  la 
Révoluticn,  est  «  mouche  du  coche  bourdonnante  et  patriote  actif  ».• 
Qu'a-t-il  fait?  Il  ajoute  une  scène  au  Mariage  de  Figaro^  son  bar- 
bier arrive  en  jouant  «  à  l'émigrette  »  et  explique  le  jeu  à  Brid'oison. 
Le  fisc  force  Beaumarchais  à  prendre  et  à  payer  patente  d'imprimeur 
pour  une  édition  de  Voltaire.  Pendant  quarante-huit  heures,  il  est 
nommé  ministre  de  l'intérieur,  en  1792,  mais  la  nomination  ne  fut 
pas  signée  ou  fut  déchirée.  Il  est  peut-être  porté  sur  une  hste  d'émi- 
grés et  on  rapporte  solennellement  l'arrêté  «  qui  pourrait  avoir  été 
pris  ». 

VII.  L'Abbé  Barbotin  :  c'est  un  curé  de  Prouvy,  près  Valen- 
ciennes,  député  aux  Etats  généraux  pour  le  clergé,  qui  entretient 


—  348  — 

avec  ses  amis  uno  coi'Pospo'riianoe,  du  13  avril  1789  au  27  janvier 
1790.  Ce  curé,  partisan  des  réformes,  fut  brouillé  avec  la  Révolution 
après  l'abolition  des  dimes  et  du  régime  féodal.  M.  Aulard,  s'appuyant 
sur  la  correspondance,  voit  surtout  dans  l'aJ^bé  Barbotin  un  prêtre 
au  gros  bon  sens  qui)  privé  de  son  bénéfice,  se  détache  de  la  Révolu- 
tion. Mais  il  nous  apprend  aussi  qu-e  l'aibbé  refusa  le  serment  consti- 
tutionnel; fût-ce  pour  raisons  matérielles  ou  pour  raisons  religieuses? 

VIII.  Robert  Rhum,  député  de  Paris  à  la  Convention,  secrétaire 
de  Danton,  accusé  d'accaparement,  fut  poursuivi  et  échappa  diffi- 
cilement à  la  guillotine.  Est-ce  pour  avoir  acheté  plusieurs  barriques 
de  rhum  ou  pour  avoir  combattu  Robespierre? 

IX.  Étal  de  renseignement  primaire  en  Haute- Garonne.  Exposé  de 
la  situation  de  l'instruction  primaire  en  l'an  VI  dans  cinquante-trois 
caatons  du  département. 

X  et  XI.  Les  Mémoires  de  la  marquise  de  la  Rochejaquelein  et 
les  Mémoires  de  Barras,  Etude  bibhographique  et  critique.  M.  Aulard 
excelle  en  ce  genre.  Il  préfère  l'édition  des  Mémoires  de  la  marquise, 
dont  nous  avons  le  texte  original,  à  celle  des  Méjnoires  de  Barras, 
arrangés  par  Saint- Albin.  Il  analyse,  avec  autant  de  goût  que  de 
compétence,  la  valeur  liistorique  de  ces  deux  ouvrages  et  il  en  con- 
seille vivement  la  lecture  attentive,  avec  les  précautions  d'usage 
pour  les  Mémoires  de  Barras.  G.  P. 

Histoire  religieuse  île  la  Kévoliition  française,  par  Pibrrb 
DE  LA  GORCB.  T.  II.  Paiis,  Pion-Nourrit,  191?,  iii-8  de  53S  p.,  avec  3  cartes. 
—  Prix  :  7  fr.  50. 

M.  de  la  Gorce  aborde  aujourd'hui  la  seconde  partie  de  sa  re- 
marquable ((  Histoire  religieuse  de  la  Révolution  française  »  :  la  per- 
sécution légale,  à  laquelle  est  bien  mêlée  la  troisième,  la  persécu- 
tion sanglante.  Le  premier  volume  s'arrêtait  à  k  fin  de  l'Assem- 
blée constituante;  celui-ci  comprend  l'Assemblée  législative  et  les 
débuts  de  la  Convention.  La  Législative,  composée  d'hommes  nou- 
•veaux,  peu  connus,  in' ayant  pas  l'expérience  des  affaires  et  du 
gouvernement,  imbus  pour  la  plupart  des  préjuges  philosophiques 
et  antireligieux,  s'exaspère  de  la  résistance  opposée  par  les  catho- 
liques à  la  Constitution  civile  et  à  la  prestation  du  serment.  Et, 
sans  plus  tarder,  elle  en  vint  aux  mesures  violentes  :  sans  s'arrêter 
à  la  loi  du  7  mai  1791,  qui  avait  autorisé  me  certaine  hberté  du 
culte,  elle  la  supprima  en  fait  par  le  décret  du  29  novembre  1791 
qui  créait  une  nouvelle  catégorie  de  suspects.  Puis  sa  haine  anti- 
religieuse s'exaspérant,  le  27  mars  1792,  elle  condamna  à  la  dépor- 
tation, sur  la  plainte  de  vingt  citoyens  actifs  et  l'avis  conforme 
du  district,  tous   les.  prêtres  qui   avaient   refusé  le   serment.  Mais 


—  349  ^ 

elle  se  heurta  à  l'invincible  résistance  du  Roi.  Louis  XVI  avait  bien; 
pu  sacrifier  ses  prérogatives  et  ses  droits  de  souverain;  il  ne  vou- 
lut pas  sacrifier  sa  conscience  de  catholique  et,  dès  ce  jour,  comme 
le  remarque  justement  M.  de  la  Gorce,  il  se  préparait  au  martyre. 
Ni  les  attaques  violentes  de  la  presse,  ni  les  injures  de  la  populace, 
ni  l'insurrection  du  20  j;uin  ne  purent  venir  à  bout  de  sa  constance; 
il  se  retrouvait  enOn  Roi.  Mais  une  foule  d'administrateurs  de  pro- 
vince, sans  s'inquiéter  du  veto  royal,  ni  même  de  l'opposition  de 
certains  directoires  départementaux,  apphquèrent  le  décret,  sans 
qu'il  fut  sanctionna  :  à  i^ngers,  à  Laval,  à  Dijon,  on  força  les 
prêtres  fidèles  à  quitter  leur  paroisse;  on  les  interna,  on  les  empri- 
sonna. On  en  assassina  dans  le  Limousin  et  à  Bordeaux.  Ge  fut  bien 
pis  après  le  10  août;  ce  furent  les  massacres  d'abord,^  aux  Carmes 
•et  à  Saint- Firmin,  puis  ce  fut  la  proscription  en  masse.  M.  de  la  Gorce 
a  tracé  un  tableau  lamentable  et  éloquent  des  douloureux 
•exodes  de  tou&  ces  malheureux  prêtres,  les  uns  déportés  en  Espa- 
gne, les  autres  traversant  la  France  en  suspects,  insultés,  frappés, 
dépouillés,  arrêtés  parfois  et  incarcérés,  relâchés  à  grend'peine^ 
pour  gagner  la  Suisse  ou  l'AUemagno  où  beaucoup  allaient  mourir 
de  faim  et  de  misère.  Spectacle  affreux,  mais  qui  est  une  gloire 
pour  le  clergé  de  France.  Un  certain  nombre  pourtant  restèrent 
dans  leur  pays,  bravant  la  prison  et  l'éehafaud  pour  continuer  à 
évangéliser  leurs  paroissiens. 

Mais  ce&  paroissiens  eux-mêmes  refusèrent  de  courber  la  tête 
sous  la  tyrannie  jacobine.  Ils  acceptaient  tout,  même  le  change- 
ment de  gouvernement;  mais  ils  voulaient  conserver  leurs  «  bons 
curés  ».  Car  c'esit  là,  il  n'est  pas  pem^is  d'en  douter,  l'origine  de 
rinmrrection  de  la  Vendée.  Ce  ne  fut  pas  une  révolte  politique, 
ce  fut  une  révolte  religieuse.  M.  de  la  Gorce  l'établit  de  la  façon 
la  plus  irréfutable.  Les  pages  où  il  a  décrit  les  mœurs  et  l'état 
d'esprit  des  paysans  vendéens,  leur  insurrection  provoquée  non  pas 
par  les  nobles,  qui  ne  prirent  les  armes  que  plus  tard,  non  pas 
même  par  les  prêtres,  mais  par  la  formation  profondément  religieuse 
qu'ils  devaient  aux  missionnaires  de  Saint- Sauveur- &ur-Sèvre,  les 
Mulatins  comme  on  les  appelait,  sont  certainement  parmi  les  plus 
curieuses  et  les  plus  attachantes  d'un  Hvre  qui  en  contient  un  si 
grand  nombre.  En  racontant  les  débuts  de  la  Grande  Guerre, 
l'auteur  analyse  très  ingénieusement  les  causes  cpji  motivèrent  le 
soulèvement,  qui  en  oocasionnèrent  le  succès  au  début,  mais  qui 
devaient  presque  infailliblement  conduire  à  un  échec  final,  et  tout 
d'abord  à  l'insuGcès  de  l'attaque  de  Nantes  et  à  la  mort  sublime 
de  Cathelineau.  Ici  s'arrête  le  volume;  mais  ces  quelques  lignes 
Suffiront  à  dire  tout  l'intérêt  qu'il  renferme.   Nous  n'avons  pas  à 


—  350  — 

en  faire  reloge;  on  sait  toutes  les  qualités  des  œuvres  de  M.  de 
la  Gerce  :  le  charme  du  style,  la  vivacité  des  peintures,  la  sûreté 
des  recherches,  TimpartiaUté  des  jugements;  celle-ci  est  digne  en 
tous  points  dos  (inivres  qui  l'ont  précédée. 

Mais  pourquoi  lautour  est-il  simplement  «  membre  de  l'Institut  »? 

Max.  de  la  Rocheterie. 


lie  Clergé  de  Franee  peudaut  In  Révolution,  par  l'abbé 
Augustin  Sigard.  T.  l".  VËffondrameni.  Nouvelle  édition,  enliérement 
refondue  et  très  augmeatée.  Paris,  Lecofîre,  Gabalda,  1912,  in-8  de  604  p. 
—  Prix  :  6  fr. 

Ceci  n'est  point  une  rt'impression  du  grenl  et  bel  ouvrage  de 
M.  l'abbi  Sicard  sur  le  Clergé  de  France  pendant  la  Révolution; 
c'est  une  œuvre  nouvelle,  entièrement  refondue  et  considérable- 
men^  augmentée.  Le  premier  volume  est  consacré  à  V Effondrement 
et  cet  effondrement  comprend  quatre  parties  :  Teffondrement  poli- 
tique, l'effondrement  financier,  l'effondrement  monastique,  Teffon- 
drement   religieux  et   social. 

Comment  ce  glorieux  clergé  de  France,  qui  était  un  des  ordres 
de  l'État,  et  le  premier,  est-il  arrivé  à  n'être  plus  rien?  Avait- il 
donc  été  opposé  à  la  Révolution  et  sa  déchéance  a-t-elle  été  le  prix 
d'un  combat?  Non,  l'immense  majorité  du  clergé,  le  plus  grand 
nombre  des  évêques  avaient  salué  avec  enthousiasme  la  réunion 
des  États  gén-'raux  et  les  réformes  qui  se  préparaient.  Si  le  tiers- 
état  avait  pu  s'ériger  en  Assemblée  nationale,  il  l'avait  dû  au 
concours  du  clergé,  qui  avait  refusé  de  s'associer  à  la  résistance 
de  la  noblesse.  Contre  sa  suppression,  même  comme  ordre  politi- 
que, il  protesta  à  peine  et  les  adresses  abondent  où  des  prêtres  de 
toutes  les  provinces  envoient  leur  adhésion  aux  décrets  de  l'As- 
semblée et  protestent  qu'ils  veulent  vivre  désormais  en  citoyens 
et  travailler  avec  les  augustes  législateurs  à  la  fondation  de  la  li- 
berté pubhque.  Mais,  il  faut  bien  le  dire,  c'était  au  clergé  lui-même, 
à  son  influence  religieuse  autant  qu'à  son  influence  politique,  qu'en 
voulaient  les  meneurs,  les  Mirabeau,  les  Treilhard,  les  Le  Pelletier 
de  Saint-Fargeau.  En  confisquant  ses  biens,  en  le  transformant  de 
propriétaire  en  salarié,  en  l'amoindrissant  devant  le  public,  on  pré- 
parait son  asservissement.  Si  l'on  n'avait  voulu  que  son  concours 
pécuniaire  pour  éteindre  la  dette  de  l'État,  on  eût  accepté  la  pro- 
position de  M.  de  Boisgelin  offrant  un  subside  de  400  millions; 
on  préféra  tout  prendre  et,  par  une  juste  revanche  de  l'éternelle 
justice,  on  aboutit  à  la  banqueroute.  De  même  l'expulsion  des  or- 
dres enseignants  et  des  ordres  hospitaliers  amena  la  ruine  d'une 
foule  de  collèges  et  d'établissements  d'instruction,  la  décadence  des 


—  351  — 

hôpitaux,  où  l'on  dut  parfois  conserver,  à  titre  individuel,  une 
partie  des  sœurs  qui  soignaient  les  malades.  Grande  leçon  que 
beaucoup  des  législateurs  actuels  feraient  bien  de  méditer;  mais 
est-ce  qu'on  écoute  les  leçons  de  l'histoire? 

Un  des  chapitres  les  plus  nouveaux  et  les  plus  attachants  de  ce 
volume  est  celui  que  l'auteur  intitule  l'Effondrement  monastique. 
Il  donne  les  plus  curieux  détails  sur  l'état  des  ordres  religieux  en 
France  en  1789.  La  plupart  des  grands  ordres  d'hommes  :  Cluny, 
Citeaux,  Clairvaux,  les  génovéfains,  les  prémontrés  étaient  singu- 
lièrement déchus;  on  y  menait  la  vie  de  château  plutôt  que  la  vie 
de  couvent  :  les  détails  donnés  par  M.  l'abbé  Sicard  à  ce  sujet 
sont  curieux  et  amusants.  Et,  en  fait,  lorsque  l'Assemblée  décréta 
l'abolition  des  vœux,  la  plupart  des  religieux  de  ces  ordres  en  pro- 
fitèrent pour  reprendre  leur  liberté.  En  revanche,  les  capucins,  et 
surtout  les  chartreux  et  les  trappistes  avaient  conservé  leur  fer- 
veur première.  Il  en  était  de  même  de  la  grande  majorité  des  or- 
pres  de  femmes,  qui  s'obstinèrent  à  rester  dans  leurs  couvents  et 
ne  les  quittèrent  que  par  la  force;  les  lettres,  les  pétitions  que 
nombre  de  religieuses  adressèrent  à  l'Assemblée  pour  obtenir  la 
permission  de  continuer  leur  vie  monastique  sont  particulièrement 
touchantes.  Mais  une  question  plus  grave  allait  se  poser  :  après 
avoir  pris  au  clergé  sa  puissance  politique,  ses  biens,  ses  couvents, 
ses  collèges,  ses  hôpitaux,  l'Assemblée  voulut  lui  prendre  sa  foi 
et  l'atteindre  dans  sa  hiérarchie;  c'est  ce  que  nous  verrons  dans 
le  prochain  volume  en  préparation. 

Mais,  dès  à  présent,  on  sent  tout  l'intérêt  de  cet  ouvrage,  qui 
renferme  tant  de  détails  inédits  et  qui  provoque,  presque  à  chaque 
page,  des  retours  sur  nous-mêmes  et  sur  notre  temps.  La  lutte, 
commencée  dès  1789,  entre  la  France  de  la  Révolution  et  l'Eglise 
et  qui  est  plus  ardente  que  jamais,  aboutira-t-elle  enfin  à  un  traité 
de  paix,  comme  semble  l'espérer  M.  l'abb^  Sicard?  Nous  ne  le 
souhaitons  pas  moins  que  lui. 

Une  dernière  remarque  :  nous  croyons  que  l'auteur  se  trompe 
quand  il  attribue  à  Marie- Antoinette,  sur  la  foi  d'une  lettre  à  Fer- 
sen,  l'intention  d'acheter  des  biens  du  clergé.  Le  langage  de  la 
Reine,  dans  sa  correspondance  avec  son  chevaleresque  défenseur, 
était  un  langage  de  pure  convention,  qu'il  ne  faut  pas  prendre 
dans  son  sens  propre.  Et,  à  la  date  du  5  juin  1792,  la  malheureuse 
femme  ne  songeait   guère   à   faire  des   placements    en  biens- fonds. 

Max.  de  la  Rocheterie. 


, 


—  352  — 

Ti*a$;édies  et  corné ilies  de  l'histoire.  Récils  des  temps 
révolutionnaires,  d'après  des  docimients  inédits,  par  ERNEST  DaudET.. 
Paris,  Hachette,  1912,  iii-l(3  de  293  p.  —  Prix  :  3  fr,  50. 

c(  Comédies  »  parait  un  titre  moins  justifié  que  «  tragédies  »  pour 
résumer  les  quatre  récits  que  nous  donne,  d'une  plume  alerte,  la 
science  historique  de  M.Ernest  Daudet.  Ce  sont  des  drames  véri- 
tables qiie  la  soi-disant  conspiration  Magon,  qui  conduisit  à  l'écha- 
faud,  en  1793,  douze  membres  de  cette  malheureuse  famille,  dont 
on  avait  arrêté  vingt-cinq  personnes  sans  motifs  ni  raisons; — les  scè- 
nes conjugales  entre  le  roi  de  Suéde  Gustave  III  et  la  reine,  en  1775; 
—  la  révolution  qui,  de  1798  à  1800,  chassa  de  Naples  en  Sicile 
le  roi  Ferdinand  IV  et  la  reine  Caroline;  —  la  mission  diplomati- 
que du  marquis  de  Gallo,  envoyé,  en  1799,  à  la  Cour  de  ^^ienne, 
puis  à  celle  de  Saint-Pétersbourg  pour  solliciter,  en  faveur  des 
princes  de  Bourbon  de  Sicile,  appui  et  secours  de  la  part  de  l'Au- 
triche et  de  la  Russie.  Il  n'obtint  rien,  d'ailleurs;  mais  les  épisodes 
des  voyages  sont  significatifs.  C.  H. 

<7orrespoBi(lanee  de  Bory  db  Saint-Vincent  Suppléraenl),  publiée 
et  annotée  par  Philippe  Lauzun.  Agen,  Maison  d'édition  et  impri- 
merie moderne,  1912,  in-8  de  viii-106  p.,  avec  portrait. 

II  y  a  quatre  ans,  M.  Philippe  Lauzun  éditait  la  correspondance 
de  Bory  de  Saint-Vincent  dans  un  volume  dont  il  a  été  rendu 
compte  ici  même  {Polybiblion  de  mai  1909,  t.  CXV,  p.  429-430). 
L'érudit  éditeury  constatait  certaines  lacunes  qu'nn  heureux  hasard 
l'a  mis  à  même  de  combler.  Les  lettres  écrites  par  Bory  de  Saint- 
Vincent  de  1808  à  1814,  pendant  la  guerre  d'Espagne,  en  1840  et 
1841,  au  cours  d'une  mission  scientifique  en  Algérie,  manquaient. 
Elles  avaient  été  réservées,  précisément  parce  qu'elles  étaient  plus 
intéressantes  encore  que  les  autres  et  que  leur  possesseur  se  dispo- 
sait sans  doute  à  les  pubUer.  Cette  publication  n'eut  pas  lieu  et 
les  deux  paquets  de  précieuses  lettres  demeurèrent  enfouis  dans 
un  fond  de  bibliothèque  jusqu'au  jour  où  le  petit-fils  du  destina- 
taire les  y  a  retrouvés.  II  a  eu  la  judicieuse  pensée  de  prier 
M.  Lauzun  de  compléter  une  oeuvre  dont  il  s'était  acquitté  avec 
tant  de  distinction. 

Bory  de  Saint-Vincent  était  un  parfait  Gascon,  plein  d'esprit  et 
de  cœur,  d'une  impresaionnabilité  qui  rend  quelques-uns  de  ses 
jugements  un  peu  sujets  à  caution  et  qui,  tout  en  se  permettant 
avec  l'orthographe  des  hbertés  assez  étranges  pour  un  membre  de 
l'Institut,  écrivait  une  langue  forte  et  savoureuse,  qui  enveloppe 
d'un  vêtement  chatoyant  des  appréciations  souvent  justes  et  tou- 
jours amusantes  à  lire.  P.  Pisani. 


—  353  — 

lia  Police  politique,  chronique  des  ieinp*»  de  la  Hestaa- 
ration«  d'après  les  rapports  des  agents  seo-ets  et  des  papiers  du  Cabinet 
noii\  18I5-18'20,  par  Ernest  Daudbt.  Paris,  Ploa-Noiirrit,  1912,  ia-8  de 
xxvii  393  p.  —  Prix  :  7  fr.  oO. 

lia  Censure  en  1S90  et  1991 .  F.tudesur  la  presse  politi- 
que et  la  résistance  libérale,  par  Albert  Gkémi-îux.  Paris, 
Cornély,  1912,  gr.  in-8  de  iii-19o  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

La  Restauration  a  trouvé  une  «  police  politique  »  organisée  par 
l'Empire,  elle  l'a  conservée  jusqu'en  1821  et  la  plupart  des  agents 
employés  étaient  les  mêmes.  Ils  déployèrent  donc  le  plus  souvent 
du  zèle  pour  faire  oublier  leur  passé;  du  moins  les  procédés  tragi- 
ques qui,  plus  d'une  fois,  allèrent  jusqu'à  ensanglanter  l'adminis- 
tration de  Savary  et  de  Fouché  se  transformèrent-ils  en  simples 
délations  et  espionnages.  Ces  dossiers  du  Cabinet  noir  ont  leur  im- 
portance, leur  intérêt,  leur  valeur  documentaire.  Il  faut  seulement 
savoir  les  lire,  et  n'en  pas  exagérer  la  portée  véridique.  M.  Ernest 
Daudet  les  a  examinés  avec  le  désir  d'une  grande  impartialité. 
Toutefois,  sa  probité  personnelle  le  met  en  si  belle  suspicion  contre 
les  policiers  en  général  qu'il  est  très  dur  pour  le  gouvernement 
très  honnête  qui  a  eu  recours  à  leurs  services  administratifs.  En 
cinq  chapitres,  il  résume,  avec  l'agrément  d'un  récit  romanesque, 
le  rôle  de  la  police  secrète  française  auprès  des  étrangers  occupant 
Paris  après  l'invasion  de  1815,  auprès  des  membres  de  la  famille 
Bonaparte,  à  Londres,  en  Allemagne,  dans  les  Pays-Bas  et,  enfin, 
autour  de  deux  personnages  à  la  fois  hommes  d'État  et  hommes 
de  lettres  :  Chateaubriand  et  Humboldt,  Un  Appendice  sur  les 
actrices  de  cette  époque  (M^^^  Mars,  M"^  Bourgoin,  M^i<^  Georges) 
n'est  que  la  reproduction  d'un  chapitre  déjà  paru  dans  un  livre 
antérieur  de  l'auteur  :  Conspirateurs  et  comédiennes.  On  devine  que 
l'ensemble  de  ces  révélations  ne  manque  pas  de  fournir  des  détails 
piquants. 

—  M.  Crémieux  nous  reporte  à  la  même  époque  et  par  certains 
côtés  à  un  même  sujet,  en  étudiant  la  Censure  en  1820  et  1821. 
Ce  n'est  point  du  tout  la  manière  «  littéraire  »  de  l'histoire,  mais 
l'examen  précis,  méthodique  des  textes  et  de  leurs  conséquences. 
Il  prend  les  choses  au  moment  où  fut  votée,  sur  la  proposition  de 
M.  Decazes,  la  loi  du  30  mars  1820,  destinée  (ordonnance  royale 
du  1^^  avril)  à  donner  au  gouvernement  un  moyen  de  résistance 
efficace  contre  les  complots  et  les  manœuvres  des  libéraux  et 
des  révolutionnaires,  au  lendemain  de  l'assassinat  du  duc  de  Berry. 
II  en  exphque  :  1°  l'application  à  Paris  (organisation  du  conseil 
de  surveillance  et  de  la  commission  de  censure),  les  rapports  des 
censeurs,  la  crise  de  résistance,  les  procès  des  journaux  poursuivis 
(principalement  la  Renommée);  2°  l'application  en  province  par 
OCTOBRB  1912.  T.  GXXV.  23. 


—  354  — 

i'aotdon  des  eoTnnïissions  départ ementaiee  .:  Nsrd,  Sedne-ïirfépieuFey 
•Càh'ados,  Tlle- et- Vilaine,  l^oire-lTtférieure,  Gironde,  Haute-Garonne^ 
Aveyron,  etc.,  etc.  Enfin,  il  expose  comment  peu  à  peu  les  sévé- 
rités des  .déi),uts  se  relâchèrent  et  prirent  fm  en  r<'ia]iif'  par  une  ioi 
plus  béné'vdile  à  l'automne  de  'l'821.  Cet  e«sai  fort  intéregsarft,  eette 
étude  très  fouillée  de  la  presse  politique  et  de 'la  résistance  libérale 
s'appuient  sur  les  dossiers  des  Archives  nationales  (B.  B.  20,  268). 
M.  Crémieux  a  uttUsé  de  la  sorte  des  lettres,  les  procès-verbamx 
des  séances  tenues  et  des  rapports  adressés  à  'Paris  au  comité  de 
eurveillanoe.  De  rauhàples  leotures  dans  les  imprimés  ont  coTro- 
boré  ces  dépotiillements  de  pièces  manuscrites.  'Des  index  facilitent 
la  eon&ulta:tiun  d'une  étude  d'une  forme  très  scientifique  et,  par 
euite,  très  utile  et  très  recommandable.  G.  G. 


ijeii  Oi'i^iiiP!»  de  1.1  ffuerrc  de  ISIïO.  l^a  C^Rndidatispe 
Uohenxellei*!!,  I-SÔ'^-I^ÎO,  par  Pierre  Lehautgourt  [Général 
-Palat\  Paris  et,  Naacy,  Berger-LevrauU,  1912,  in-8  de  iv-66'4  p.  —  Prix  : 
7  fr.  50. 

M.  Pierre  Leliautcourt  (pseudonyme  du  général  Pakt)  a  raconté  en 
quinze  volumes  la  guerre  de  .1 870-1871  jpar  une  méthode  certainement 
un  peu  singulière,  il  a  commencé  ,par  la  fin  et  narré  les  évé- 
nements dans  l'ordre  inverse  de  la  chronologie;  il  est  tout  à  fait 
iidèle  à  ce  procédé  fâcheux  en  nous  donnant,  aujourd'hui 
seulement  que  'tout  e.st  fini,  les  «  -origines  »  de  la  guerre. 
Cette  critique  faite  au  plan  adopté,  il  convient  de  reconnaître 
les  mérites  de  son  exécution  -^-ivante  et  claire.  L'auteur 
{Introduction,  ^P-  x)  -semble,  avec  un  peu  de  suffisance,  n'at- 
tacher que  ,peu  d'importance  aux  ouvrages  de  «es  prédécesseurs: 
M.  de  la  Gorce,  M.  Welschinger  et  M.  Emile  Ollivier,  et  il  attaque 
vivement  ce  dernier.  Ils  se  trouvent  cependant  d'accord  pour 
conclure  que  c'est  Bismarck  qui  a  voulu  acculer  la  France  à  la 
guerre.  Afin  de  le  prouver,  le  .général  .Palat  étudie  les  «  prélimi- 
naires »  qu'il  fait  remonter  à  1869,  il  décrit  ce  qu'il  nomme  : 
«  l'exjplosion  de  4a  bonvbe  espagnole  »  et  analyse  minutieusement 
la  demande  de  garanties  du  gouvernement  français  au  gouverne- 
ment prussien  auprès  le  6  juillet,  enfin  la  «  déclaration  de  guerre  » 
elle-même.  Les  «  sources  » -allemandes  lui  ont  été  précieuses;  il  les 
<iite,  les  compare,  .les  j,uga;  les  passages  documentaires  de  ce  livre 
offrent  doncime  réelle  valeur;  leur  mise  au  point  est  beaucoup  moins 
intéressante  et  d'un  style  trop  familier.  Les  notes  sont  nombreuses 
et  exactes,  les  appréciations  sont  passionnées  parfois;  un  Index 
facilite  l'usage  de  ce  .gros  volume,  terminé ;par  des  pièces  en  annexe. 

G. 


—  355  — 

Polilfque  extérieure,  par  Lucien  Hubert.  Paris,  Alcan,  1911,  in-16 
de  253  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Lucien  Hubert.,  sénateur  des  Ardennes,  a  été  députe'  du  même 
département  depuis  un  certain  nombre  d'années  et  a  consacré  aux 
affaires  extérieures  la  majeure  partie  de  son  activité  parlementaire. 
Ce  volume  est  composé  de  la  réunion  d'un  certain  nombre  de  dis- 
cours, prononcés  par  lui  surtout  à  la  Chambre  des  députés  depuis 
1904,  et  de  quelques  articles.  On  y  trouvera  des  aperçus  intéressants 
sur  la  question  d'Orient  et  la  révolution  turque  et  sur  la  politique 
européenne  dans  l'Afrique  équatoriale;  mais  l'attention  du  lecteur 
sera  surtout  retenue  par  les  discours  relatifs  au  Maroc  et  aux  rap- 
ports entre  la  France  et  l'Allemagne.  M.  Hubert  était  rapporteur  à  la 
Chambre  des  députés  du  projet  de  loi  portant  approbation  de  la 
convention  d'Algésiras.  Dans  une  période  telle  que  celle  que  nous 
tra"\^rsons  et  dans  laquelle  les  crises  internationales  se  précipitent 
avec  une  rapidité  déconcertante,  les  rapports  et  les  discours  parle- 
mentaires sont  vite  démodés  et  ceux  de  M.  Hubert  n'échappent  pas 
à  cette  loi.  On  y  relèvera  cependant  avec  intérêt  plusieurs  marques 
de  clairvoyance  :  notamment  l'appréciation  de  la  situation  respec- 
tive d'Abd-el-Aziz  et  de  Moulay  Hafid,  et  la  déclaration  que  M.  Hu- 
bert apportait  à  la  tribune  le  12  novembre  1904  et  dans  laquelle^ 
ignorant  les  clauses  du  traité  secret  qui  aujourd'hui  pèse  si  lourde- 
ment sur  notre  politique  marocaine,  il  se  disait  assuré  que  «les  avanta- 
ges concédés  à  l'Espagne  étaient  purement   économiques  ». 

Les  considérations  sur  les  rapports  de  la  France  avec  l'Allemagne 
méritent  peut-être  surtout  de  retenir  l'attention  et  cette  attention 
nous  semble  emporter  une  part  sérieuse  de  critique  et  d'inquiétude. 
Que  M.  Hubert  rende  hommage  aux  qualités  d'énergie  et  de  ténacité 
de  la  nation  allemande,  qu'il  tienne  un  juste  compte  des  nécessités 
économiques  d'une  population  qui  s'accroît  et  qui  étouffe  dans  les 
limites  que  l'état  politique  du  monde  lui  assigne,  rien  n'est  plus  juste; 
mais  qu'il  paraisse  ignorer  le  danger  permanent  et  imminent  qui 
résulte  pour  la  France  et  pour  la  civihsation  de  ce  que  ces  qualités 
et  ces  nécessités  ont  à  leur  service  une  puissance  politique  et  mili- 
taire qui  tend  à  l'hégémonie  en  Europe,  c'est  ce  qui  étonne.  M.  Hu- 
bert semble  avoir  trop  oublié  que  l'atteinte  portée  en  1870  à  l'unité 
et  à  l'indivisibilité  de  la  Fran':'e  exige  une  intégrale  réparation  pour 
que  notre  sécurité  soit  assurée,  et  quand  il  se  félicite  de  l'accord 
franco-allemand  de  1908  sur  le  Congo  il  est  loin  d'avoir  prévu  le 
coup  d'Agadir  et  le  douloureux  traité  du  4  novembre  1911.  Je  veux 
espérer  que  pour  lui,  comme  pour  beaucoup  de  Français,  ces  événe- 
ments récents  ont  été  un  trait  de  lumière.  Hs  lui  auront  sans  doute 
appris  qu'en  dépit  des  silences  diplomatiques,  une  question  primor- 


—•356  — 

diale  domine  tous  les  rapports  internationaux  depuis  quarante  ans  : 
celle  de  la  révision  du  traité  de  Francfort.  Quand  cette  question 
sera  résolue  soit  par  l'abaissement  définitif  de  la  France,  soit  par  la 
réparation  qu'elle  se  doit  à  elle-même  de  s'assurer,  tout  deviendra 
plus  simple  en  Orient  «:;t  en  Afrique.  Le  sort  du  mcnde  aura  été  tran- 
ché :  civilisation  française  ou  barbarie  teut(jnne  sont  les  deux  termes 
du  dilemme  dont  la  solution  est  sur  le  Rhin.  Ce  peut  être  une  néces- 
sité de  le  taire  dans  le  langage  officiel.  C'est  un  devoir  de  ne  jamais 
Toublicr.  Eugène    Godefroy. 


^eiktralilé  et  monopole  de  l'«ii«>>oigiteiuent,  suivi  de  l'étui 
acii.el  de  l'enseignement  du  Uitin,  leçons  piofessées  à  l'École  des  hautes 
élu  ies  soîiales,  par  V.  Basgh,  E.  Blum,  A.  Crgiset,  G.  Lanson, 
D.'Parodi,  Th.  Rkinach,  F.  Lévy-Wogue  et  A.  Pighon.  Paris,  Alcan,  1912, 
i..-8  carloaué  de  ni-312  p.  —  Prix  :  6  fr. 

lia    ljia<t«   scolaire   en    France    au    dix-ueiiviènte    aiècle, 

par  F.  Buisson,  L.  CAHtiN,  A.  Dessoye,  E.  Foubnièrb,  g.  Latreillb, 
R.  LbbiïY,  Roger  [.évv,  Ch.  SetciNOBos,  Gh.  Sghmidt.  J.  Tgheunoff  et 
E.  TOUTEY.  Pari<,  Alcan,  1912,  in-8  cartonué  de  xrx-284  p.  —  Prix  :  6  fr. 

Laissons  de  côté  les  deux  études  sur  l'enseignement  du  latin, 
d'un  caractère  purement  technique,  dignes  l'une  et  l'autre  d'être 
lues,  mais  dont  la  seconde,  celle  de  M.  Pichon,  m'a  semblé  la 
meilleure;  les  autres  leçons,  qui  se  répètent  volontiers,  car,  sous  des 
formes  diverses,  elles  traitent  souvent  à  peu  près  le  même  sujet, 
portent  la  marque  d'une  même  préoccupation,  qui  s'applique  à  cri- 
tiquer plus  ou  moins  brutalement  et  à  poursuivre  l'étranglement 
plus  ou  moins  rapide  de  l'enseignement  chrétien,  en  masquant 
cette  belle  entreprise  sous  une  formule  de  liberté.  Plusieurs  de  ces 
études  sont  signées  de  noms  juifs,  toutes  de  noms  «  dreyfusards», 
et  l'on  devine  les  préjugés,  les  partis  pris,  les  ignorances  avec  les- 
quels l'enseignement  chrétien,  c'est-à-dire  l'enseignement  français 
par  excellence,  y  est  jugé.  Aucune  n'est  pleinement  juste,  même 
sous  des  apparences  de  modération;  plusieurs  sont  des  réquisitoires 
préparatoires  de  ces  arrêts  qui  sont  surtout  des  services.  Pour 
résumer  tout  cela,  et  surtout  pour  y  répondre,  il  faudrait  disposer 
de  beaucoup  de  place  et  de  temps.  Je  me  borne  à  quelques  cita- 
tions. 

De  M.  Croiset,  l'un  des  plus  modérés  :  «  Le  rôle  de  l'enseigne- 
ment libre  est  de  recueillir  ceux  qui  hésitent  encore  à  être  tout  à 
fait  de  leur  temps.  »  Le  même  juge  que  «  Descartes  a  jeté  bas 
la  scolastique  «,  dont  il  semble  croire  que  le  rôle  soit  tout  à  fait 
fini.  Il  repousse  le  monopole,  comme  d'ailleurs,  pour  des  raisons 
diverses,  rarement  bonnes,  la  plupart  de  ses  collègues. 

M.  Parodi  rejette  aussi  le  monopole  comme  «  inopportun  et  im- 


—  357  — 

praticable  »,  mais  il  tond  visiblement  à  l'étatisme.  Il  professe  le 
caractère  tout  relatif  du  droit,  prétend  que  l'Église  ne  revendique, 
dans  la  question  de  l'enseignement,  d'autre  droit  que  celui  de  re- 
présentant et  de  délégué  de  la  famille,  et  il  admet  «  l'instituteur 
antimilitariste   s'il  n'enseigne   pas   l'antimilitarisme  ». 

Pour  M.  Basch,  la  campagne  de  l'Église  contre  les  manuels  sco- 
laires est  la  revanche  de  la  Séparation.  Il  écrit  la  Congrégation  avec 
un  grand  C,  tout  comme  M.  Brisson  et  sans  doute  M.  Homais. 
Il  écrit  que  M.  Guizot  abandonna  presque  entièrement  l'enseigne- 
ment des  jeunes  filles  aux  Frères  des  écoles  chrétiennes,  qu'il  ap- 
pelle ignorantins,  et  aux  jésuites,  et  il  fait  sien  le  mot  de  Victor 
Hugo  jugeant  la  loi  Falloux  :«  Monopole  qui  fait  sortir  l'enseigne- 
ment de  la  sacristie  et  le  gouvernement  du  confessionnal  ».  Les 
lois  ^Valdeck,  appliquées  par  M.  Combes,  sont  qualifiées  de  lois  de 
libération  et,  pour  les  justifier,  l'auteur  ne  craint  pas,  en  en  esqui- 
vant un  peu  la  responsabilité  sous  les  apparences  d'un  simple  rap- 
porteur des  opinions  des  autres,  de  refaire  contre  l'enseignement 
chrétien  de  petites  «  Provinciales  »,  moins  imitées  de  Pascal  que 
des  bas  pamphlétaires  qui  se  figurent  marcher  dans  le  sillage  du 
pauvre  grand  écrivain.  Ah  !  comme,  avec  ces  procédés,  il  nous  se- 
rait facile  de  montrer  que  l'enseignement  officiel  enseigne  vrai- 
ment de  tristes  choses,  tout  à  fait  dénuées  de  bon  sens,  de  savoir, 
de  moralité  et  même  tout  simplement  de  raison.  Dédaignons  cette 
vengeance  trop  aisée,  dont  ce  n'est  ni  le  lieu  ni  le  temps. 

M.  Blum  affirme  que  les  catholiques  ont  renoncé  au  droit  de 
penser  librement,  un  droit  dont  M.  Blum  n'use  guère,  car  il  parle, 
là,  avec  un  rare  parti  pris  de  choses  qu'il  connaît  fort  mal.  Il  con- 
clut à  l'obligation  du  stage  scolaire,  ce  qui  est  évidemment  très 
équitable,  très  libéral  et  très  français. 

Aux  études  de  MM.  Croiset  sur  lé  Monopole  de  l'enseignement  ; 
de  M.  Parodi,  sur  le  Droit  de  l'État,  de  la  famille  et  de  l'enfant; 
de  M.  Basch,  sur  la  Liberté  et  le  monopole;  de  M.  Blum,  sur  l'A- 
brogation de  la  loi  Falloux,  art.  63,  s'en  ajoutent  deux  autres  de 
M.  Lanson  sur  la  neutralité  scolaire  et  de  M.  Reinach  sur  l'enseigne- 
ment secondaire.  Je  n'en  ai  rien  dit  pour  ne  pas  me  répéter,  car 
elles  rendent  le  même  son  que  les  autres  et  s'inspirent  du  même 
esprit  :  j'ajoute  qu'elles  traitent  à  peu  près  le  même  sujet. 

Pour  me  résumer,  ce  recueil  forme  en  somme  un  livre  assez 
misérable.  Je  ne  veux  pas  d'ailleurs  détourner  de  le  lire  ceux  de 
nos  lecteurs  qui  ont  intérêt  à  suivre  ces  questions.  Il  est  en 
effet  un  témoignage  précieux  pour  nous  de  la  mentalité  des  adver- 
saires de  l'enseignement  chrétien  et  français.  J'estime  même  qu'il 
est  utile,  pour  les  mieux  combattre,  de  connaître  leurs  projets  et 


—  358  — 

de  noter  leurs  aveux.  C'est  le  seul  profit  qu'on  puisse  tirer  de 
cette  lecture. 

—  Le  volume  sur  /«  LiUte  scolaire  en  France  au  xix^  siècle  ne 
doit  pas  être  séparé  du  précédent.  Il  vise  plutôt  l'enseignement 
primaire,  bien  que  plusieurs  études  aient  un  caractère  général,  se 
tient  davantage  sur  le  terrain  historique,  ce  qui  lui  donne  une 
apparence  plus  sereine  et  moins  agressive,  mais  il  procède  des  mê- 
mes tendances  et  est  animé  du  même  esprit.  Voici  la  table  des 
matières,  qui  en  dit  assez  long  et  qui  nous  dispensera  de  nous 
arrêter  longuement  sur  chaque  étude  et,  par  conséquent,  de  répéter 
les  observations  que  nous  avons  inscrites  en  marge  du  volume  pré- 
cédent. 

L'Introduction  est  de  M.  J.  Letaconnoux.  Puis  viennent  :  I. 
Les  Idées  et  le  conflit  scolaire  sous  la  Révolution,  par  L.  M.  Cahen. 
II.  L'Organisation  de  l'Université  impériale,  par  M.  Ch.  Schmidt.  III. 
L'L'niversité  et  les  jésuites  au  temps  de  Frayssinous,  par  M.  R.  Lévy. 
IV.  L'Enseignement  primaire  et  l'ordonnance  du  21  avril  1828, 
par  M.  E.  Toutey.  V.  Le  Parti  catholique  et  la  liberté  d'ensei- 
gnement après  1830,  par  M.  L.  Latreille.  VI.  L'Église  et  l'Université 
de  1830  à  1848,  parM.  J.Tchernoiï.  VIL  L'Organisation  et  la  dé- 
fense de  l'école  primaire  sous  Louis- Philippe,  par  M.  E.  Fournière. 

VIII.  La  Loi  Falloux  et  le  ministère  Fortoul,  par  M.  Ch.  Seignobos. 

IX.  Le  Ministère  Dupuy,  par  M.  A.  Lebey.  X.  L'Organisation  de 
l'enseignement  laïque  et  les  lois  de  1881,  1882,  par  H.  F.  Buisson. 
XL  L'École  laïque  et  les  partis  depuis  1882,  par  M.  A.  Dessoye. 
On  ne  peut  espérer  de  ces  auteurs  ni  l'impartialité  ni  la  justice. 
Notons  qu'au  contraire  de  ce  qu'écrit  M.  Buisson,  la  suppression 
du  nom  de  Dieu  dans  les  textes  classiques  et  jusque  dans  les  fables 
de  La  Fontaine  n'est  pas  une  légende  «  des  sacristies  et  de  leurs 
journaux  »,  c'est  un  fait  bien  établi,  et  nous  connaissons  un  inspec- 
teur primaire  qui,  dans  un  livre  scolaire,  est  descendu  à  «  ce  degré 
d'ineptie  »,  suivant  le  mot  de  M.  Buisson,  de  citer  ainsi  un  vers 
de  La  Fontaine  : 

pourvu  qu'on  lui  laisse  la  vie. 

On  remplace  Dieu,  et  l'on  a  fait  subir  la  même  déformation  à 
des  citations  de  Chateaubriand  et  de  Laprade.  M.  Buisson  aurait 
donc  pu  trouver  un  meilleur  emploi  de  sa  lourde  ironie.  Lui,  si  cir- 
conspect et  si  prudent  d'ordinaire,  il  a  cette  fois  parlé  trop  A-ite. 

P.  Talon. 


à 


J 


—  359  — 

Hintorieieh  pnila{|ogtiek«r  I<i^eratur-Iieri?lit  Aber  das 
Jalir  1»»>J>,  herausgegeben  von  der  Gesellschaft  fiir  deiUsche  Erzie- 
hung^-  uni  SchulgeichLclite,  21  BeiljefL.  Berliu,  Weiimaan,  1911,  in-3 
de  XI-3S4  p. 

La  Société  allemande  pour  l'histoire  de  réduoation  et  de  l'ensei- 
gnement publie  un  Bulletin  trimestriel  qui  corjesi)ond.  à  notre 
Mevwe  pédagogique.  Ellfi  y  joint  un  rapport  annuel  sur  toutes  les 
œuvres  relatives  à  l'histoire  de  la  pédagogie,  et  j'ai  sous  les  yeux, 
pour  l'année  1909'  le  21^  fas<îi€ule  supplémentaire,  publié  par-  la 
Société;  Ce  fascicule  est  devenu'  un  volume  important,,  dédié  sous 
une  forme  nouvelle  et  dans  le  format  de  la  Remie  historique  ou  de 
la  Revue  littéraire  à  son,  ancien  secrétaire,  Alfred  N<?ubaum,  que 
la  mort  vient  d'enlever  dans-  la  force  de  l'âge;,  L'ouvrage,  divisé  en 
quatre  parties,  embrasse  tout  le  domaine  de  la  pédagogie.  La.  pre- 
mière partie  passe  en  revue  les  différentes  époques  pédagogiques  et 
les  éducateurs  éminents;  la  seconde  partie,,  les  établissements  d'ins- 
truction;; la  tneisième,  les-  différentes  branches  de  renseignement;, 
enfin  la  quatrième,,  les  pays  d'Allemagne,  d'Autriche  ot  de  Suisse^ 
où  s-exerce  l'activité  pédagogique.  Chacune  de  ces  parties  contient 
sept  ou  hjuit  articles  qui  résument  et  apprécient,  à  la  façon  de  notre 
Polybiblion,  une  dizaine  d'œuvres  importances  parues  dans  l'année.. 
Je  ne  puis  les  signaler  tous,  mais  j'ai  lu  avec  grand  intérêt  l'article 
très  documenté  de  M.  Karl  Knabe,  directeur  du  gymnase  de  Mar- 
boui^,  sur  le  développement  général  de  la  pédagogie,  et  celui, du  prof., 
Eclwin  Habel  sur  l'enseignement  au  moyen;  âge.  M.  Rudolf  Wulkim,. 
conservateur  à  la  bibliotlièque  de  Vienne,  traite ■  de  l'histoire  de  la 
pédagogie  au  temps  de  Ihumanisme  en  Italie,  en  France,  en,  Espa- 
gne et  en  Allemagne;  M.  Hermami  Michel,  de  Berlin,  examine  la 
même  question  au  temps  de  la  Réforme  et  de  l'antiréiorme;  M.  Spran~_ 
ger,  de  Charlottenbourg>  dans  lès,  temps  modernes.  ,M.  Théodore: 
Kerrl  oonsacro  une  étude- aux  éducateurs  éminents  des  temps  passé* 
et  du  présent.  Ml.  Fritsdi^  de: Leipzig,  expose  les  idées  et  les  tendances 
de  Herbart  et  dfe  son  école,  et  M.  Wachter  remet  ài  sa  place  le  grand! 
pédagogue  que  fut  Frôbeh.Dans  Ih.  seconde  partie,  on  lii'a  avec  plaisir 
l'article  de  M.  H'eimhucher  sur  la  pédagogie  dans  les  couvents  et  les 
ordres  religieux,  celui  de  M.  Hermelinck  sur  les  llJniversités  et  parti- 
culièrement, celui  de  M.  Schwabe  sur  l'Université  de  Leipzig,  et  son 
centenaire.  La  troisième  et  la  quatrième  partieaont  une  allure  plus 
technique,  plus  professionnelle  et  intéresseront  plus  les  gens  du. métier 
que-  le  grand  public.  Il  m'est  permis  toutefois  do  signaler  à  l'atten- 
tion générdle  larticle  sur  les, mathématiques  et  la  physique,  où  M.  le 
prof.  Pahl  rend  un  hommage  si  mérité  à  l'histoire  des  mathéma- 
'tiques  de,Cantor,  un  des  ouwages  les  plus  remarqués  de  notre  temps. 


—  360  — 

lo  standard-work  de  l'époque,  comme    l'appelle  le  critique,  en  citant 
le  mot  de  Schiller  : 

«  Wenn  die  Kônige  baun,  haben  d'e  Kàrrner  zu  tun.  » 

L.   Mensch. 

La  Képubliquc  ainérirMlne,  par  Jamks  Bhyce.  2»  édition  française 
complétée  par  l'auteur.  T.I.  Paris,  Giard  et  Brière,  1911,  in-8  de  xv-6*55  p- 
-  Prix:  12  fr.  fO. 

L'organisation  des  États-Unis  a  produit  chez  les  Anglais  une  dé- 
ception qui  n'est  pas  encore  oubliée.  Après  avoir  raillé  pendant 
\m  siècle  les  prétentions  de  leurs  colons,  ils  ont  dû  se  convaincre 
que  l'heure  de  la  vengeance  ne  viendrait  plus  et  que  leurs  anciens 
sujets  étaient  devenus  une  nation  définitive.  Il  fallait  expliquer; 
M.  James  Bryce  s'en  est  chargé  en  recherchant  le  secret  de  la 
prospérité   américaine   dans  les  institutions. 

Il  s'est  donné  une  peine  infinie  pour  saisir  et  expliquer  le  jeu  des 
organes,  leurs  avantages  et  leurs  insuffisances.  Il  ne  semble  pas  pos- 
sible de  mieux  présenter  l'ensemble  et  le  détail,  de  mettre  plus  de 
talent  dans  le  commentaire  et  la  comparaison  avec  d'autres  régimes. 
Les  Anglais  ont  fait  un  grand  succès  à  l'œuvre  de  M.  Bryce,  et  res- 
tent  persuadés   qu'eux   seuls  ont   bien  compris  le   développement 
politique  et  l'histoire  des  États-l'nis.  Les  Français   paraissent,  eux 
aussi,  émerveillés  de  cette  science  qui  met  tanl  d'ingéniosité  dans 
l'étude  d'une  vie  nitionale;  ils  ont  accueilli  l'œuvre  de  M.  Bryce 
avec  une  sincère  sympathie,  puisque,  à  dix  ans  d'intervalle,  ils  en 
publient  une  nouvelle  traduction,  qui  formera  quatre  volumes  com- 
pacts, comme  celle  de  1900.  WW^ 
Les  Américains  paraissent  moins  enthousiastes,  ou  du  moins  sont 
plus  réservés.  San^  doute  ils  ont  des  attentions  flatteuses  pour  le 
savant  qui  est  en  même  temps  l'ambassadeur  de  la  Grande-Bretagne, 
et  l'Association  historique  lui  a  donn''  le  titre  enviable  de  membre 
d'honn'ur  dans  son  Congrès  de  1906,  à  une  date  qui  ne  permet  pas 
d'affirmer  que  la  distinction  s'adresse  au  savant  plutôt  qu'à  l'ambas- 
sadeur. Ils  ne  lui  ont  pas  adressé  de  critique  et,  au  fond,  ont  paru 
flattés  de  ce  que  leur  œuvre  constitutionnelle  a  été  l'objet  d'un  tra- 
vail aussi  considérable.  Cependant  ils  ne  se  sont  pas  émus  des  péril» 
que  M.  Bryce  signale  dans  leur  constitution  de  1789  :  ils  sont  restés 
in  lifférenis  aux    profondes   considérations   philosophiques   qui   ont 
pour  unique  intention  de  leur  faire  regretter  leur  obstination  à  ne 
pas  admettre  de  régime  parlementaire.  Ils  ont  été,  par  contre,  surpris 
que  l'on  ait  trouvé  dans  leur  œuvre  tant  de  ressemblance  avec  lea 
institutions  anglaises;  ils  croyaient  s'en  être  éloign's  en  rejetant, 
avec  le  parlementarisme,  tout  ce  qui  tient  au  régime  aristocratique. 


—  361  — 

II  faut  le  reconnaître;  malgré  ses  efforts  sincères,  M.  Bryce  n'a  pas 
triomphé  de  ses  préventions;  pour  lui  la  constitution  anglaise  est 
la  plus  parfaite,  il  approuve  tout  ce  qui  s'en  rapproche,  il  est  facile- 
ment entraîné  à  critiquer  avec  sévérité  les  dispositions  originales 
inspirées  par  l'esprit  américain.  Mais,  savant  de  bonne  foi,  il 
reconnaît  que  les  mœurs  —  et  c'est  un  éloge  — corrigent  les  imper- 
fections théoriques;  quid  leges  sine  moribusl  II  avoue  que  l'habitude 
dn  self  -  government  pratiquée  pendant  l'époque  coloniale  a  créé  une 
tradition,  c'est-à-dire  des  mœurs  politiques  qui  permettent  d'éviter 
les  conHits  ou  de  les  résoudre. 

«  Beaucoup  de  choses  dans  ce  pays,  il  en  convient  de  bonne  grâce, 
fon  itionn'^nt  mieux  qu'elles  ne  devraient  ou  pourraient  fonctionner 
pour  ainsi  dire  dans  tout  autre  pays,  parce  que  le  peuple  est  d'une 
alerte  subtilité  pour  attén  .er  les  inconvénients  qui  résultent  de  sa 
propre  précipitation  et  de  son  irréflexion,  et  parce  qu'il  a  une 
gran  le  capacité  de  s'aider  lui-même  »  (p.  260). 

Notre  Hyde  de  Neuville  avait  exprimé  la  même  idée  d'une  façon 
plus  claire  au  commencement  du  xix®  siècle  :  «  Si  les  Américains 
ont  pu  fonder  des  libertés  sans  licence  et  un  pouvoir  sans  tyrannie, 
c'est  parce  que  les  citoyens  ont  un  respect  sincère  pour  la  loi 
établie,  pour  la  foi  religieuse  qu'ils  professent,  et  ils  respectent 
cette  règle  invariable  de  n3  jamais  mêler  la  politique  à  la  question 
Sociale.    »    {Mémoires,    II,    200.)  L.  Didier. 


Ifeivinnn  catholique,  d'après  des  documents  nouveaux,  par  Paul 
Thureau-Dangin.  Paris,  Plon-Nourrit,  1912,  iQ-12  de  va-245  p.  —  Prix  : 
3  fr.  50. 

Dans  ses  études  sur  la  Renaissance  catholique  en  Angleterre  au 
XI x^  siècle,  M.  Thureau-Dangin  avait  exprimé  le  regret  que  la  cor- 
respondance de  Newman  cathohque  n'eût  pas  été  publiée  comme 
celle  de  Newman  anglican.  Cette  lacune  est  aujourd'hui  comblée; 
le  fils  d'un  des  disciples  de  Newman,  M.  Wilfrid  Ward,  vient  d'é- 
crire une  vie  de  l'éloquent  religieux  en  deux  volumes,  dans  laquelle 
îl  a  donn?  place  à  de  nombreux  extraits  de  ses  lettres  et  de  son 
journal,  et  cela  a  permis  au  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie 
française  d'ajouter  un  nouveau  et  attachant  chapitre  à  son  œuvre 
magistrale  . 

Ce  fut,  pourrait-on  dire,  pendant  longtemps  un  glorieux  mé- 
connu que  Newman.  Autant  il  avait  jeté  d'éclat  au  moment  de  sa 
conversion,  autant,  après  elle,  il  eut  de  peine  à  trouver  sa  place 
et  à  tracer  sa  voie.  On  ne  le  comprenait  pas  à  Rome;  on  se  dé- 
fiait de  lui  en  Angleterre  et  en  Irlande.  Tout  ce  qu'il  tentait 
échouait,  à  Dubhn  comme  à  Oxford.  Il  avait  contre  lui  la  négli- 


—  362  — 

•gence  du:  cardinal  VViseman,  qui  l'appréciait:  bien,  pourtant,  l'iios- 
tilitt'^  de  Mgr  Manning;  et  surtout  de  Mgr  Talbot,  la  méfiance  de 
la  Propagande.  Il  en  aoufîrait  cruellement,  moins  d'être'  méconnui 
que  de  sentir  que,  dans  de  pareilles  conditions,,  il  ne  pouvait  pas- 
faire  tout  le  bien  qu'il  voulait  et  devait  faire.  Ses  lettres  et  son 
Journal  portent  Tempreinte  de  ces- souffrances  intimes;  M.  Thureau 
Dangin  en  cit€  de  nombreux  passages-,  il  lui  laisse  la  plupart  du 
t-enips  la  parole  et  c'est  ce  qu'il  pouvait  faire  de^  mieux  pour  la 
gloire  de  son  héros;  il  montre  ainsi  son  âme  à  nu  et  il  en  révèle 
toutes  les  beautés.  Newman  souiïre  cruellement,  mais  il  ne  se  ré- 
volte pas;  à  peine  se  plaint-il.  Il  offre  sa.i  souffrance  à  Dieu  ot  pour 
le  salut  des  chères  âmes-  de  ses  compatriotes.  U  s'incline  docile^ 
ment  devant  la  volonté  de  ses  supérieurs  et  proteste  de  son  absolue 
soumission,  au  Pape,  de  son  invincible  attachement  à  la  foi  catho- 
lique. Ili  faut  lire  en  s<in  entier,  à  la  page  195$  l'admirable  prière 
où  il  demande  à  Dieu  la  ferveur  et  la  grâce  de  supporter  «.  les 
peines,  les  désappointemeniSj.  la  calomnie,  les  anxiétés  et  les  dou- 
tes; ».  On  se  prend,  après  l'avoir  lu,  ài  répéter,  comme  Mgr  UUa- 
thonne  :  «  II;  y  a  un  saint  chez  cet  homme  ».  Eti  l'on  ne  peut  que 
s'associer  à  la  conclusion  de  liéminent  auteur  de  ce  volume  : 

«  Le  livre  de  M.  Wilfrid  Ward,  en  faisant  pénétrer  plus  avant 
dans  cette  âme  aux  jours  d'épreuves,  en  ne  laissant  rien  dans 
l'ombre  des  mouvements  qui  l'ont  agitée,  en  la  montrant  avec 
ses  troubles,  ses  tristesses-,  et,  si  l'on  veut,  ses  faiblesses,  mais 
aussi  avec  la  hauteur  de  ses  vues  et  sa  généreuse  fidélité,,  n'a  pas- 
diminué  cette  grande  figure.  Celle-ci  nous  apparaît  plus  émouvante, 
plus  humaine,  plus  proche  de  nous,  sans  être  au  fond  moins  belle 
et  moins  pure.  Nous  l'aimons  davantage,  sans  la  moins  admiren.  » 

Max,  de  la  Rochbterie. 


Vere  la   l?Ia'i<»(»ii  de  liiin*ièr3,  liist  >i<*.a  «ftina  eeiiveraioik, 

par  B.  A.NSriG8  Baker  :   trad.    de  l'angldis  par  ua   Père    béiiédioliu,  de 
SolesmGs.  Paris,, Le.coGfra,  Gabalda,  1912,  ia-12  le  xiv-297  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Co  journal'  d'une  convertie;,  qui  a.  paru;  en;  1906  sous  ce  titre  : 
A  modem  pelgrim's  progress^,  et  dont  le  public  anglais  a  été  très 
impressionna  méritait  bien  d'être  traduit  et,  sobrement  annoté 
par  un  Père  bénédictin  de  Solesmes,  d'être  présenté  aux  lecteurs 
français  par  L'éminent  abbidfe  Farnborough.  Dom  Gabrol.  Ce  n'est 
pas  un  coup  de  foudre  ni  un  brusque  coup  de  tête  qui.  a  fait  Miss 
Baker  catholique,  sans  avoir  étudié,  réfléchi  mûrement.  Elle  nous 
raconte  au  contraire  sa.  laborieuse  montée  à  tiravem  les  écoles  et 
les.  systèmes,  vers  l'étudjB  desquels  l'a  poussée  soa  inqjU;iète  et  ar- 
dente curiosité.  Elle  a  particulièrement   fréquenté,    me    semble-t-il; 


—  363  — 

Kant  et  Spencer.  Il  faut  noter  que  de  son  éducation  profondément 
^Tnorale  et  religieuse  elle  avait  toujours  retenu  une  foi  ferme  à  un 
Dieu  juste  et  bon,  au  sérieux  de  la  vie,  à  k  responsabilité  et  à 
l'immortalité  de  l'âme  humaine.  Ajoutez  qu'elle  priait;  vers  ce 
Dieu  qu'elle  désirait  connaître  davantage,  sa  prière  montait  hum- 
ble et  douloureuse  aux  heures  d'obscurité  et  d'anxiété.  Comment 
Dieu  lui  aurait-il  refusé  la  lumière?  Vite  dégoûtée  des  insuffisances 
et  des  contradictions  des  sectes  protestantes,  elle  fut  peu  à  peu 
amenée  à  voir  clairement  que  le  seul  christianisme  intégral,  con- 
sistant et  logique,  est  celui  de  l'Eglise  catholique.  Et  l'existence 
de  cette  Église,  «  avec  ses  étonnantes  caractéristiques  »,  lui  sem- 
ble «  une  preuve  de  la  divinité  du  Christ  bien  autrement  forte 
que  toute  espèce  de  témoignage  des  siècles  passés  »,  Eglise  une 
dans  sa  variété,  de  doctrine  fixe  et  qui,  pourtant,  se  développe. 
Cette  dernière  notion,  si  féconde  et  que  des  interprétations  abu- 
sives ne  doivent  pas  faire  abandonner,  est  nettement  accusée  dans 
ce  livre  parfaitement  orthodoxe.  Miss  Baker  aurait  pu  l'appuya 
sur  l'autorité  de  Newman,  qu'elle  alla  voir  après  Pusey;  le  récit 
de  cette  visite  forme  l'un  des  chapitres  les  plus  intéressants  du 
volume.  Mais  c'est  assez  longtemps  après,  à  Paris,  à  la  suite  d'un 
sermon  à  Saint-Augustin  et  de  nombreuses  instructions  particu- 
lières du  Père  Etienne  Le  Vigoureux,  que  la  conversion   s'acheva. 

Bahon  Angot  des  Rotours. 


Vie  de  Tolatnï,  par  Romain   Rolland.  Paris,    Hachette,  lail,  in-16  de 
204  p.  —  Prix  :2  fr. 

Franihemm',  on  peut  préférer  les  romin^.  de  M.  Roraiin  Rol- 
lanl  à  ses  biographies,  celles  du  moin?  do  Michel- An  je  et  de  Tols- 
to'i.  Pour  cette  dernière  on  s'étonn?  m^me  qu'un  auteur  d'uns  cul- 
ture aussi  approfonlie  Fait  entreprise.  Car  enfin,  aux  jours  où  n^us 
sommes,  on  requiert  du  critique  qui  nous  donm  tout  un  livre  sur 
un  écrivain,  de  lire  au  moin?  la  lanjue  de  ce  maître.  San?  cela,  quel- 
que estim3  que  nous  ayons  pour  ce  critique,  nous  m  le-  prendrons 
pas  assez  au  shneux.  En  fait,  tout  ce  qui  est  in'éressan'".  dans  le 
livre  de  M.  Rollanl  —  impression?  personnolles,  appréciation  des 
idées  artistiques  de  Tolstoï,  vénération  chaleureuse  —  tout  cela 
aurait  fait  la  matière  d'un  article  original  et  remarquable.  Le  reste 
est  compilation  toute  fraîche,  alourdie  par  des  n  )tes  papillotantes. 
M.  Rollanl  est  en  outre  obligé  de  transcrire  sans  bromher  —  et 
pour  cause  —  les  traductions  de  Tolstoï  dont  il  a  dû  se  servir.  Il 
cite  ainsi  de  drôles  de  phrases,  de  celles  qui  faisaient  rire  Tolstoï. 
Exemple  :  Lettre  de  Tolstoï  à  sa  femmo  :  «  Ne  te  fâche  pas  coratna 


—  36\  — 

tu  le  fais  parfois  quand  je  mentionne  Dieu  »  (p.  102).  Ou  bien  : 
«  Dès  que  je  n'y  croyais  plus,  soudain  la  vie  cessait  »  (p.  84). 
Ou  enfin  ce  «  moine  à  V Afone  »  qui  a  sans  doute  fait  rêver  quel- 
ques personnes.  M.  Rolland  a  évidemment  entendu  qu'il  s'agit  là 
d'un  moine  de  l'Athos;  sans  manquer  de  courtoisie  envers  le  tra- 
ducteur dont  il  empruntait  la  version,  il  aurait  pu  ajouter,  entre 
crochets,  ce  mot  révélateur.  Je  note  aussi  en  passant  que  parlant 
de  Léon  Tolstoï  fds,  M.  Rolland  l'appelle  «  le  fds  aîn?  de  Tolstoï  » 
(p.  80).  C'est  une  erreur  très  répandue  en  France.  Léon  Lvovitch 
est  pourtant  le  troisième  fds  de  Tolstoï.  Denis  Roche. 


Képertoire  biB>liogra|ihique  pour  la  période  dite  a  révo- 
lutionnaire »i  19^9-19111,  en  Seine-Intérieure,  par  l'abbé 
ViCTOK  Sanson.  t.  II,  Rouen,  le  Havre.  T.  III,  les  Communes.  Paris,  Cham- 
pion, s.  d.,  ln-8  paginé  281-'i73  et  475-796.  —  Prix  :  10  fr.  le  volume. 

Les  deux  nouveaux  volumes  de  l'utile  publication  de  M.  l'abbé 
Sanson  témoignent  du  labeur  et  des  recherches  que  s'est  imposés 
cet  érudit  pour  mettre  entre  les  mains  de  ses  lecteurs  un  instru- 
ment de  travail  assurément  précieux.  Après  les  gén'ralités  que 
contenait  le  premier  volume,  nous  entrons  maintenant  dans  la  sec- 
tion locale.  Rouen  à  lui  seul  a  fourni  la  plus  grande  partie  du 
t.  II  (n.  281-415),  dont  le  reste  est  occupé  par  la  ville  du  Havre. 
Pour  chacune  de  ces  villes,  les  indications  recueillies  sont  groupées 
sous  les  rubriques  suivantes  :  Histoire  politique  et  administrative; 
Histoire  religieuse;  Histoire  militaire;  Histoire  économique  et  so- 
ciale; \'ie  intellectuelle  et  artistique;  Vie  publique;  Topographie  et 
monura;ents.  Comme  dans  le  t.  I^r,  chaque  section  ou  sous-section 
groupe  séparément  les  ouvrages  et  les  documents.  Lorsqu'un  titre 
est  insuffisamment  clair,  l'auteur  a  pris  soin  généralement  de  le 
préciser  dans  une  note,  pas  toujours  cependant  :  voici,  par  exemple, 
p.  322,  une  Lettre  de  M.  Daiguil,  dont  l'objet  reste  indéterminé; 
de  même,  p.  337,  pour  la  Pétition,  le  Décret  de  l'Assemblée  natio- 
nale, V  Adresse  au  Roi;  de  même,  p.  432,  l'Adresse  d'un  citoyen  aux 
assemblées  primaires  du  Havre.  Ce  ne  sont  que  quelques  exemples 
pris  un  peu  au  hasard  et  dont  on  pourrait  grossir  le  nombre;  mais 
nous  reconnaissons  volontiers  que,  dans  la  majorité  des  cas,  l'au- 
teur s'est  efforcé  de  préciser  le  sujet  des  pièces  citées.  D'ailleurs, 
dans  l'abondance  des  renseignements  qu'il  fournit,  les  quelques  la- 
cunes ou  les  quelques  imperfections  que  l'on  pourrait  relever  dis- 
paraissent et  s'efîacent  presque.  Un  point  cependant  sur  lequel 
nous  appelons  son  attention^  parce  qu'il  pourra  y  remédier  par  un 
errata  à  la  fin  de  son  dernier  volume,  ce  sont  les  noms  propres 
écorchés  :  p.  285  par  exemple,  Mantouchet,  pour  Mautouchef, 
p.  756,  Jananschek,  pour  Janauschek,  etc. 


—  365  — 

Le  t.  III  contient  le  commencement  du  relevé  des  pièces  con- 
cernant les  communes,  classées  dans  l'ordre  alphabétique  :  l'ar- 
ticle n'entre  pas  en  compte  pour  le  classement;  le  Bosc  Mesnil, 
par  exemple,  est  classé  à  Bosc\  et  cet  usage,  qui  tend  d'ailleurs  à 
se  gx'm'raliser  chez  nous,  est  le  plus  conforme  à  la  raison.  Ce  tome  III 
contient  les  communes  depuis  Ahancoiirl  jusqu'à  Jumièges.  Ici, 
M.  l'abbé  Sanson  n'a  pas  craint  de  diborder  singulièrement  son 
cadre;  au  lieu  de  se  borner,  suivant  son  titre,  aux  indications  re- 
latives à  l'époque  révolutionnaire,  il  a  «  groupé  tout  ce  »  qu'il  a 
«  pu  trouver  intéressant,  même  la  plus  petite  des  communes  de  la 
Seine- Inférieure  ».  En  sorte  que  ce  tome  III  et  le  t.  IV  qui  suivra 
contiennent  une  Topobibliographie  aussi  complète  qu'il  a  pu  la 
dresser  de  la  Seine- Inférieure.  Assurément,  nous  n'avons  pas  le 
courage  de  blâmer  cette  dérogation  au  plan  général  de  son  ouvrage; 
elle  lui  a  été  inspirée  par  l'idée  de  rendre  service  aux  «  personnes 
de  bonne  volonté  »  qui  «  dans  l'isolement  de  leur  résidence  ou  de 
leur  fonction...  désirent  parfois  connaître  ce  qui  fut  publié  sur 
l'enclos  de  leur  exil,  de  leur  retraite  ou  de  leur  naissance  ».  Pour 
dresser  ce  répertoire,  qui  ne  manquera  pas  d'être  très  consulté, 
l'auteur  n'a  pas  craint  de  faire  le  dépouillement  d'un  nombre 
considérable  de  volumes;  prenez,  par  exemple,  l'article  Ancourt  : 
les  douze  ouvrages  qui  y  sont  signalés  contiennent  sur  cette  localité 
chacun  quelques  pages  ou  quelques  lignes  que  trop  de  lecteurs  ne 
songeraient  pas  à  y  aller  chercher.  Je  crains  seulement  que  plus 
d'un  parmi  ceux  que  ce  répertoire,  dressé  avec  tant  de  patience  et 
de  soin,  pourrait  intéresser  ne  songe  pas  à  le  consulter,  trompé  par 
le  titre  gémirai  de  l'ouvrage;  il  est  fâcheux  que  M.  l'abbé  Sanson 
n'ait  pas  songé  à  rendre  ce  titre  plus  conforme  à  ce  que  contient 
réellement  son  livre. 

Quand  une  commune  a  été  chef-lieu  de  canton  ou  de  district, 

comme  Caudebec,  l'auteur  a   soin  d'énumérer  successivement  et  à 

part  ce  qui  concerne  soit  le  district,  soit  le  canton,  soit  la  commune. 

Nous  attendons  avec  intérêt  la  suite  et  la    fin  de  cette  œuvre 

extrêmement  méritoire.  E.-G.  L. 


BULLETIN 

Le  Dogme,  i^ouree)  d'unité  et  (te  saiiitf^té  dans  l'Eglise,  pSlP  E.-A. 
DE  PouLPiQUET.  Paris,  Bloud,  1912,  in-16  de  119  p.  (Collection  Science  et 
BeHgion].  —  Prix  :  0  fr.  60. 

L'Église  est  une  et  sainte,  et  c'est  par  le  dogme  qu'elle  unit  les  hommes 
entre  eux  et  les  hommes  à  Dieu.  Q  le  l'on  considère  l'expression  intellec- 
tuelle et  par  là  même  sociale  de  ses  dogmes,  ou  le  magistère  visible  qui 
les  garde,   ou  encore  leur  contenu   intrinsèque,    c'est  en   enseignant   que 


—  Z6Q  — 

l'Éjjiis?  est  principe  d'action  et  de  vie,  <^n'elle  opère  la  fusion  des  âmes 
entre  elles  et  en  même  temps  leur  expansion  daris  le  sens  de  l'infini,  du 
divin. 

Le  R.  P.  de  Poulpiquet  répond  directement  par  cette  thèse,  dont  la 
Revue  du  clergé  français  a  eu  la  primeur,  aux  attaques  de  ceux  qui 
reprochent  à  rÉ-,lise,  par  son  intransigeance  doctrinale,  de  diviser  les 
espiits,  au  jieu  d-^  les  unir,  d'*  «  schismaliser  au  lieu  de  schômatiser  ».  Très 
intéressante  et  substantielle  étude,  aux  larges  aperçus,  inspirée  et  soutenue 
par  un  ardent  am,"ur  de  l'Ég'ise,  P.  Bernar». 


A  ti*a\'ei'8  la  morale.  JV.  lï'avers  I*>»    cliosee.  Livre  de  lecture  couronte,. 
par  J.  Led.w.  Paris,  J.  de  Gigord,  1912,  ia-18  cartonné  de  253  p.,  illustré. 

—  Prix  :   1  fr.  iO. 

Il  est  charmant,  ce  petit  livre.  La  lecture  en  est  attachante.  Il  est  bien, 
comme  l'indique  le  sous-titre,  un  «  livre  de  lecture  courante  ».  Mais  il  est 
surtout  éminemment  instructif,  mettant  à  la  portée  des  enfants  et  sous 
une  forme  attrayante  l'enseignement  en  action  de  la  morale  la  plus  élevée 
et  la  p'us  chrétienne,  en  même  temps  que  des  notions  très  variées  sur 
toutes  choses  (observées  en  voyageant,  comme  aussi  sur  di\ers  personna- 
ges illustres:  La  Bruyère,  Bossuet,  Bufïon,  Pasteur,  Lacurdaire.  Léon  XIII. 

C'est  un  livre  qu'il  faudrait  pouvoir  répandre  à  profusion  dans  les 
écoles.  Il  convient  merveilleusement  aux  enfants  de  huit  à  douze  ans. 

C.    DE    K. 
Destruction  des    insecte»  et   autres   animaux  nuisible»,  par  A.-L. 

Clément.  Paris,  Larousse,  s.  J.,  petit  in-8  de  136  p.,  avec  400  gravures. 

—  Prix  :  2  fr. 

L'auteur  fait  au  Jardin  du  Luxembourg,  sous  le  patronage  de  la  So- 
ciété nationale  d'horticulture  de  France,  un  cours  d'entomologie  appliquée 
à  l'agriculture  et  à  l'horticulture.  Son  livre  est  écrit  dans  un  but  d'utilité 
pratique.  De  nombreuses  figures,  très  exactes,  font  connaître  les  ennemis 
des  plantes  de  nos  jardins  et  de  nos  champs,  et  les  méthodes  de  destruc- 
tion les  plus  efficaces  sont  indiquées  pour  chacun  d'entre  eux. 

L'ouvrage  se  divise  en  cinq  chapitres  :  L'Insecte,  sa  vie,  son  anatomie; 
Méthodes  diverses  de  destruction;  Insectes  et  autres  articulés  nuisibles] 
Insectes  groupés  d'' après  les  plantes  auxquelles  ils  nuisent;  Animaux  nuisibles 
autres  qu?  les  articulés.  D.  B. 

Les     Vacances     du     pelît     naturulisîo,     par     PaUL     MaBYLLIS.     ParlS^ 

Hachette,  1911,  in-8  de  192  p.,  avec  111  fig.—  Prix  :  1  fr.  10. 

A  travers  le  monde  des  plantes.  La  Chasse  aux  papillons.  Le  Collection- 
neur d'insectes.  Les  Vacances  à  la  mer.  Tels  sont  les  quatre  chapitres  dans 
lesquels  l'auteur  donne,  sous  forme  d'entretiens  familiers,  les  premiers 
éléments  de  l'histoire  naturelle.  D.  B. 


Les  Jeux  et  les  Joueis,  leur  hisloirr,  par  A.  ParmbntiBR.  Paris,  Colin,. 
191-2,  petit  in-8  de  iii-143  p  ,  avec  80  grav.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Ce  petit  volume  se  lit  avec  plaisir  et  agrément  et  avec  profit  pour  qui 
a  souci  de  l'histoire.  C'est  en  effet  de  l'histoire  que  ces  jeux  d'enfants  (et 


—  367  — 

aussi  d'hommes  faits  y-eontinués  depuis  les  tempsiles^phs  anciens  jusqu'à 
nos  jours;  c'est  de  l'histoire  sociale  de  voir  des  jeux  se  développer  ou  se- 
négliger  à  travers  les  âges, suivant  les  fantaisies  de  lamrde  ou  de  nos  rois, 
ou  encore  passer  des  nobles  et  des  bourgeois  aux  paysans,  ou,  plvs  encore, 
se  transporter  d'un  pajs  à  l'autre  pour  revenir  à  leur  lieu  d'origine,  comme 
la  paume,  la  soûle,  etc.,  qui  nous  reviennent  par  l'anglomanie  sous  les  noms. 
û.Q'lawn- tennis,  font-bail,  etc. 

La  première  partie  est  consacrée  aux  jeux  des  enfants  et  à'ieurs  jouets; 
la  seconde  aux  jeux  desihommes  («Kerciçe,  adresse,  hasard  et  combinaison). 
De  très  nombreuses  gravures  rendent  ;l'intelligence  du -livre  à  la  fois  aisée 
et  agréable. 

M.  Parmentier  mentionne  parmi  l.es.jeu'X>d.«s  petits  Parisieiis.au  xvi^  siècle 
«  k  boute-hors  »;  ce  jeu  étant  sorti  de. l'i! sage, 'il  eût  étéJjon  de  dire  que  c'est 
un  jeu  où  finalement  l'un  prenait  la  place'de  l'autre.  Le  nom  de  ce  jeu  est 
devenu  p  '.tronymique  soits  la  forme  Bouthors. 

;I1  ei^t  plusieurs  fois  question  dans  ce  volume  de  jeux  pratiqués  par  ceux 
que,  dans  l'ancienne  France,  on  appelait  les  vilains.  Cela  me  rappelle  un 
proverbe  que  l'auteur  aurait  .pa  citer,  et  qui  pourrait  se  citer  encore  plus, 
à  prr.pos  de  ces  jeux  violents  que  l'Angleterre  réimporte  chez  nous  :  «  Jeu 
de  mains,  jeu  de  vilaims  ». 

Ce  proverbe,  dont 'j'ai  recueilli  l'écho  dans  mon  enfance  comme  avertis- 
sement et  réprimande,  remonte  prrbab^ement  au  temps  bij  les  jeux  violents 
du  xvie  siècle  étaient  tombés  en  discrédit,  par  raffinement  des  mœurs, 
comme  l'a  très  bien  indiqué  M.  Parmentier.  L'auteur  termine  cette  amu- 
sante étude  d'histoire  par  'de  très  sages  remarques  sur  le  rôle  et  l'emploi  des 
jeux  dans  l'éducation  et  l'instruction  de  la  jeunesse.  H.  Gaidoz. 


L.a  I^Iioto§;i*apIiie  en  eonleur»  pour  tous  par  les  plaguc-r»  à  .réseaux 

poiyciiromes,  par  Louis  Tranchant.  Parip^  Guyot,  1911,  petit  in-18  de 
121  p.  —  Prix  :Ofr.  30. 

L'intéressante  encycli  pMie  Guyot  vient  de  s'enrichir  d'un  précieux 
petit  volume,  mal  imprimé,  sur  du  papier  affreux,  mais  d'un. prix  extrê- 
mement modique.  L'auteur,  M.  L.  Tranchant,  est  un  spécialiste  qui  a  écrit 
de  nombreux  ouvrages  de  vulgarisation  photogrt  phique.  Le  nouveau  vo- 
lume sur  la  photûgr^pliie  en  couleurs  ne  te  cède  en  ïien  à  ses  aînés;  comme 
eux  il  est  clair  et  concis.  Les  divers  procédés  sont  exposés  a^ec  méthode 
et  assez  de  détails ;pour  que  ramateur;puisse  essayer  avec  chances  de  succès 
les  diverses  plaques  que  fournit  le  commerce.  D'intéressantes  notes  histo- 
riques complètent  agréablement  ce  volume.  J.  G.  T. 


Ce    que  racontent    iiionnuics    et    médailles,    par    JeâN-D.    BbndeBLV* 

Pari?,  Golio,  1911,  petit  in-8  de  15o  p.,  avec  grav.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Les  monnaies  et  les  divers  monuments  de  métal  fabriqués  à  l'aide  du 
même  outillage  :  médailles,  jetons,  plaquettes,  etc.,  ont  joué  un  rc le  consi- 
dérable dans  la  vie  des  pei.p'es;  ils  ont  créé  et  simplifié  le  commerce,  étendu 
la  civilisation,  assuré  la  siuprématie  de  rÉtat-.qni  avait  lameilleure  monnaie, 
enfin  dévelc  ppé -chez  tows  le  sens  artistique.  Quelles  ont  été  leur  origine, 
l«urs  transformatioiES,  leur  rôle  social,  leurs  'miedes  de  'fabrica- 
tion ?  C'est  ce  que  .M.. Beriderly  expose  brièAement  daas  un  petit  volume 
commcde  et  suffisamment  illustré.  -Ou  peut  cependant  regretter  q.u«    la 


—  368  — . 

documentation  soit  trop  souvent  de  seconde  main  et  que,  dans  bien  des 
parties,  le  sujet  soit  traité  de  façon  si  sommaire  qu'il  faut  déjà  le  connaître 
pjxir  en  saisir  l'importance.  Tel  qu'il  est,  ce  petit  traité  décidera  peut-être 
beaucoup  de  ses  lecteurs  à  désirer  en  connaître  plus  et  il  aura  rendu  sen'ice. 

F.    DE   YiLLENOISY. 

Petite  uutoti-e  de  ritgiise,  par  L.  David  et  P.   LoRETTE.  Paris,  Bloud, 
1912,  iu-16  cartonné  de  88  p.,  avec  grav.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Voici  un  excellent  résumé  de  l'iiistoire  de  l'Église  à  l'usage  des  enfants  et 
de  tous  ceux  qui  ne  peuvent  en  prendre  qu'un  aperçu  sommaire.  Tout  y  est 
juste,  clair,  e'  en  même  temps  agréal)le,  dans  ces  21  chapitres  consacrés  cha- 
cun à  une  période  ou  à  un  aspect  important  de  l'histoire  ecclésiastique.  Les 
illustrations  nombreuses  (45)  et  bien  choisies  lui  donnent  un  air  attrayant. 
Un  vif  amour  de  l'Église  y  circule  à  toutes  les  pages.  Quelques  petites  inexac- 
titudes, des  interversions  ou  mélanges  de  noms,  certains  manques  de 
perspective  et  de  dates  ne  peuvent  nuire  à  la  valeur  et  à  l'utilité  de  ce 
petit  ouvrage  qu'on  ne  peut  cpie  recommander.  A.  Clerval. 


Explliy,  premier  évèque  tlu  rintstère  (  1  7&0-I  70  4),  par  J.-M.  PiLVBN. 
Qaioiper,  1912.  [Exlrdil  du  Bulletin  diocésain  d'hisloirt  et  d'archéologie), 
petit  iu-8  de  141  p.,  avec  un  portrait. 

C'est  dans  le  Finistère  que  la  Constitution  civile  eut  la  première  occasion 
de  s'app'iquer  à  une  élection  épisc»  pale.  L'évêque  de  Quimper,  Mgr  de 
Saint-Luc.  était  mort  le  "0  septembre  1790;  un  mois  après,  les  électeurs 
étaient  convoqiiés  piur  lui  choisir  un  successeur;  l'élu  fut  l'abbé  Bxpilly, 
curé  de  Morlaix,  l'un  des  membres  les  plus  en  vue  du  comité  ecclésiastique 
de  la  Constituante. 

Expilly  dut  attendre  près  de  quatre  mois  avant  d'être  sacré.  Le  mécanisme 
de  la  constitution  civile  avait  été  long  à  mettre  en  marche;  pour  amener  les 
prêtres  à  j  irer  il  avait  fallu  voter  une  loi  portant  peine  de  destitution 
contre  les  insermentés,  mais  aucun  évêque  n'était  légalement  obligé  à 
sacrer  ses  nouveaux  confrères;  les  élus  du  t  euple  étaient  toujours  sans 
consécrateur  quand  Talleyrand  se  décida  à  remplir  cet  office.  Bien  que, 
depuis  le  13  janvier,  il  eût  donné  sa  démission  d'évêque  de  Saône-et-Loire, 
il  consentit  à  reprendre  une  fois  encore  la  crosse  et  la  mitre,  le  24  février, 
p^ur  imposer  les  mains  (et  quelles  mains  !)  à  Expilly  et  à  un  autre  consti- 
tuant élu  dans  l'Aisne.  C'est  ainsi  que,  par  l'entremise  d'un  prélat  déjà 
apostat,  fut  assurée  la  continuité  de  la  hiérarchie  dans  la  nouvelle  Église 
gallicane. 

Expilly  n'était  pas  taillé  pour  tenir  longtemps  le  rôle  d'évêque  révolu- 
tionnaire; lors  du  soulèvement  fédéraliste  de  1793,  sa  modération  natu- 
relle l'amena  à  se  ranger  parmi  les  adversaires  du  jacobinisme;  aussi, 
quand  ses  ennemis  tri^'mphèrent,  fut-il  envoyé  à  la  guillotine  après  un 
jugement  sommaire.  Il  monta  à  l'échafaud  en  disant:  «  C'est  beaucoup 
de  paraître  le  même  jour  devant  le  tribunal  des  hommes  et  devant  celui 
de  Dieu  !  »  Était-ce  l'expression  d'un  véritable  re  entir?  Dieu  seul  le  sait! 

M.  l'abbé  Pilven  a  pu  récrire  cette  biographie  au  moyen  de  documents 
inédits  qui  sont  venus  en  sa  possession.  Il  insiste  sur  les  périodes  auxquelles 
se  rappjrtent  ses  documents  et  passe  un  peu  rapidement  sur  les  autres; 
mais  son  récit  est  clair  autant  que  substantiel.  Pas  de  ces  citations  inter- 
minables qui  rendent  fastidieuse  la  lecture  de  beaucoup  d'ouvrages  éruditsj 


—  369  — 

il  analyse  judicieusement  tout  ce  qui  gagne  à  être  résumé.  Pas  non  plus 
de  ces  tirades  à  eiïet  qui  caractérisent  trop  souvent  la  prose  ecclésiastique. 
En  somme,  c'est  un  bon  petit  livre,  écrit  par  quelqu'un  qui  sait  et  qui  sait 
ce  qu'il  veut  dire;  dans  ces  140  pages,  il  contient  plus  de  matière  que  bien 
des  volumineuses  compilations.  P.  Pisani. 


L.elti-ee  à  la  Croix,   L.a  Alaisoo  de  servitude.    Paris,  JoUVe,  S.  d.,   in-16 

de  x-369  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 
Lettres  à  la  Croix.  Le  Christ  régnant.  Paris,  JOUVe,  S.  d.,   in-16  de  X- 
379  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

L'auteur  qui  signe  sa  Préface  :  «  Y- 1909  »,  écrivait,  paraît-il,  en  tête  d'un 
précédent  ouvrage  que  son  livre  était  singulier.  Il  aurait  pu  écrire  en  tête 
de  ceux-ci  qu'ils  sont  vraiment  bizarres. 

Dans  une  suite  de  lettres,  il  étudie  la  société  actuelle  et  constate  que  tout 
n'y  est  pas  pourle  mieux  dans  le  meilleur  des  mondes.  On  s'en  doutait  un  peu. 
De  tous  les  essais  de  libération,  d'organisation  et  d'apostolat,  il  médit  ou  il 
plaisante.  C'est  peut-être  sévère  pour  des  intentions  parfois  excellentes, 
et  peu  juste  pour  des  résultats  qui  ne  sont  pas  tous  insignifiants.  En 
somme,  je  crois  que  le  but  de  l'auteur  serait  atteint  si  ces  pages  parvenaient 
à  lancer  quelques  lecteurs  dans  l'action  avec  prudence,  courage  et  ténacité. 

Mais  la  plupart  seront  déconcertés  en  rencontrant  des  appréciations 
étranges  soit  sur  le  système  métrique  dont  l'auteur  ne  peut  prendre  son 
parti  soit  sur  les  procédés  de  l'école  Pasteur  dont  il  fait  une  caricature. 

*  C.  S. 

Les    Rapports    de    l'Église    et    de  l'État    en  Italie,    par    le    COmte    J. 

Casali.  Paris,  Basset,  1912,  ia-16  de  80  p.  —  Prix  :  2  fr. 

De  récents  incidents  politico-religieux  ont  inspiré  à  M.  Casali  quelques 
brèves  réflexions  marquées  au  coin  de  la  plus  parfaite  orthodoxie.  Les 
lecteurs  français  se  plaindront  peut-être  que  l'auteur  les  entretienne  de 
controverses  dont  il  aurait  bien  fait  d'expliquer  au  préalable  l'origine  et 
la  tendance.  Le  livre  n'en  est  pas  moins  l'œuvre  d'un  galant  homme  dont 
il  serait  désobligeant  de  ne  pas  écouter  le  témoignage  et  surtout  de  contester 
les  affirmations.  P. 

Oene   de   robe,  scènes   de  la  vie  judiciaire  sous  la  troisième  République,    par 
C.  RiDEO.  Paris,  Figuière,  1912,  in-8  de  307  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Comme  vaudeville  amusant,  mais  peu  édifiant,  il  serait  difficile  de 
trouver  mieux  que  ce  livre.  L'esprit  y  abonde.  Si  l'auteur  a  pris  le  pseu- 
donyme de  «  Rideo  »,  ses  lecteurs  ne  lui  en  contesteront  pas  le  droit.  C'est 
une  satire,  un  peu  outrée,  du  monde  judiciaire  d' à-présent.  Mais  que  de 
traits  pris  sur  le  vif  !  «  Il  est  bien  entendu,  nous  dit-on,  dans  un  avertisse- 
ment préliminaire,  que  la  scène  ne  se  passe  nulle  part;  qu'il  n'y  a  ni  portrait, 
ni  allusion,  ni  clef  quelconque;  mais  il  est  bien  entendu  qu'elle  pourrait 
se  passer  partout.  De  même  que  plus  d'un  pourra  s'y  reconnaître...  »  Eh  ! 
oui.  Trop  de  présidents  ressemblent,  plus  ou  moins,  au  président  Beylot,  qui 
mène  ses  audiences  à  la  vapeur,  fait  lui-même,  p^ur  plus  de  rapidité, 
les  repenses  des  prévenus  et  les  dépositions  des  témoins,  instruit  les  affaires 
surtout  pour  amuser  la  galerie,  ne  laisse  pas  plaider  les  avocats,  ta  moins 
•qu'ils  ne  soient  députés,  seul  cas  où  il  leur  montre  de  la  déférence,  ne  con- 
OCTOBRE  1912.  T.  CXXV.  24. 


—  370  — 

suite  pas  ses  assesseurs,  distribue  amendes  et  mois  de  prison  au  petit 
bonheur...  Les  tableaux  du  monde  judiciaire  que  nous  présente  ce  petit 
volume  sont  entremêlés  d'une  intrigue  entre  la  présidente  et  un  jeune 
avocat.  Et  ce  n'est  pas  ce  qu'il  y  a  de  plus  risqué  dans  l'ouvrage.  Certaines 
scènes  d'audience  sont  de  celles  qui  autrefois  n'avaient  lieu  qu'à  huis-clos. 
Mais  on  sait  que  les  magistrats  d'aujourd'hui  ordonnent  rarement  le  huis- 
clos.  Ce  livre  paraît  fait  surtout  pour  eux;  il  doit  être  écrit  par  un  avocat,  et 
ils   pourront  y   apprendre  comment   on  les  juge   du  côté  de  la  barre. 

M.  L. 

CHRONIQUE 

Nécrologie.  —  Son  Éminence  Pierre-Hector-Louis  Coullié,  arche- 
vêque de  Lyon,  primat  des  Gaules,  cardinal-prêtre  du  titre  de  la  Trinité 
des  Monts,  est  mort  dans  sa  \ille  archiépiscopale,  le  11  septembre,  à  84  ans. 
Cette  mort  cause  un  grand  vide  dans  l'épiscopat  français.  Né  à  Paris, 
le  14  mars  1829,  il  fit  ses  études  au  petit  séminaire  de  Notre-Dame  des 
Champs  et  sa  théologie  à  Saint-Sulpice.  Après  avoir  été  premier  vicaire 
à  Notre-Dame-dés- Victoires,  puis  promoteur  de  l'ofTicialité  en  remplace- 
ment de  Mgr  d'Hulst,  il  fut  demandé  c!omme  coadjuteur  par  Mgr  Dupan- 
loup,  évêque  d'Orléans,  son  ancien  maître  à  Notre-Dame-des-Champs. 
Sacré  le  10  novembre  1876  avec  le  titre  de  Sidonie,  il  recueillit,  deux  ans 
plus  tard,  le  11  octobre  1878,  la  succession  de  Mgr  Dupanloup  et  s'employa 
à  continuer  les  tentatives  de  ce  dernier  en  faveur  de  la  canonisation  de 
Jeanne  d^Arc.  En  1893,  il  fut  promu  archevêque  de  Lyon  et,  dès  lors,  de 
nombreux  événements  politiques  et  religieux  devaient  mettre  en  évidence 
ses  hautes  qualités.  On  se  rappelle  que  c'est  lui  qui  porta  les  suprêmes 
secours  de  la  religion  au  président  Carnot  frappé  à  mort.  En  dehors  de 
ses  Lettres  pastorales  et  Mandements,  Mgr  Coullié  a  publié  :  Mars,  avril, 
mai  1871.  Saint- Eustache  pendant  la  Commune  (Paris,  1871,  in-8),  plusieurs 
fois  réimprimé;  —  Lettre- Mémoire  au  sujet  et  sur  la  question  de  la  transfor- 
mation en  école  laïque  de  l'école  congre ganiste  de  Saint-Paul  à  Orléans  (Orléans, 
1880,  in-8);- — ■  Distribution  des  prix  des  petits  séminaires  d^  Orléans.  Allocu- 
tions (Orléans,  1885,  in-8)  ; — Notice  sur  le  B.  Thomas  Delailleur.  Annamite,  du 
tiers-ordre  de  soJnt  Dominique,  martyrisé  le  20  décembre  1839  (Lyon,  1902, 
in-12).  Mgr  Coullié  a  donné  en  outre  de  nouvelles  éditions  de  plusieurs 
ouvrages  de  piété  dûs  à  divers  ecclésiastiques,  tels  que  :  Explication  du 
catéchisme  du  diocèse  de  Lyon,  par  l'abbé  E.-F.  Deville  (Lyon, 1899,  in-12)  ;  — 
La  Transcendance  de  Jésus-Christ,  par  l'abbé  L.  Picard  (Paris,  1905,  in-8),  etc. 

■■ —  L'illustre  poète  tchèque,  Emil  Bohuslaw  Frida,  beaucoup  plus  connu 
sous  le  nom  de  Jaroslav  Vrchlicky,  est  mort  à  Domazlice,  au  commen- 
cement de  septembre,  à  57  ans.  Né  à  Laun,  en  Bohême,  le  18  février  1853, 
il  étudia  l'histoire  à  l'Université  de  Prague,  fut  ensuite  précepteur  durant 
quelques  années  en  Italie,  et,  rentré  dans  son  pays,  devint  secrétaire  du 
Polytechnicum  de  Prague,  puis  professeur  des  littératures  romanes  dans  ce 
même  établissement.  Plus  tard  il  fut  reçu  docteur  «  honoris  causa  »  de 
l'Université  de  Prague  et  fut  nommé  membre  de  l'Académie  tchèque. 
L'œuvre  littéraire  de  M.  Jaroslav  Vrchlicky  est  fort  considérable.  Parmi 
ses  poésies  lyriques  personnelles  nous  citerons  :    Des  Profondeurs  (1875)'; 

—  Bêves  de  bonheur  (Prague,  1878)  ; —  V Esprit  et  le  Monde  (Prague,  1878)  ; 

—  Symphonies  (Prague,  1878);  —  Ce  qui  donne  la  vie  (Prague,  1882^; — 
Sfinx  (Prague,   1883),  etc.   On  lui  doit  aussi  des  poésies  épiques,   entre 


~  .^71  — 

autres  :'Mi/(fees  (Prague,Pl879),  série  de'sujets  patriotiques,  ainsr7que  des 
pièces  de  théâtre,  telles  que  Julien  V Apostat;  Drahomire;  La  Mort  d'Ulysse 
et  Dans  le  tonneau  de  Diogène.  Mais  la  tâche  la  plus  importante  à  laquelle 
il  ait  consacré  la  plus  grande  partie  de  son  inlassable  activité,  a  été  de  faire 
connaître  à  ses  compatriotes  les  littératures  méridionales.  C'est  ainsi 
qu'en  dehors  d'un  grand  nombre  d'études  remarquables  sur  Dante 
et  son  temps,  sur  Léopardi,  Carducci,  Mistral,  etc.,  insérées  dans  diver- 
ses revues,  il  a  publié  une  Anthologie  de  la  lyrique  française  et  une 
Anthologie  de  la  lyrique  italienne.  Enfm  il  a  traduit  en  tchèque  des 
poèmes  italiens  de  l'Arioste,  du  Tasse,  de  Parini,  de  Foscolo,  etc.,  un 
choix  de  vers  français  de  Victor  Hugo,  d'Alfred  de  Vigny,  de  Rostand,  et 
des  poésies  provençales  de  Mistral,  des  drames  espagnols  de  Calderon,  les 
Lusiades  portugaises  de  Camoëns,  V Atlantide  catalanne  de  Verdaguer,  etc. 
Jaroslav  Vrchlicky  a  exercé  une  influence  des  plus  heureuses  sur  la  vie 
littéraire  tchèque.  La  pensée  française  perd  en  lui  un  de  ses  propagateurs 
les  plus  zélés.  ^i 

—  La  Hongrie  vient  de  perdre  un  de  ses  plus  grands  savants,  le  D''  Auré- 
lien  TÔRÔK,  mort  à  Zurich,  le  3  septembre.  Né  à  Presbourg,  le  13  février  1848, 
il  fit  ses  études  médicales  à  Vienne,  de  1867  à  1869.  Professeur  de  physio- 
logie à  l'Université  de  Budapest,  il  fu,t  ensuite  nommé  professeur  à  l'Uni- 
versité de  Kolozsvâr.  Il  passa  l'année.  1880  à  Paris  pour  y  faire  des  études 
à  l'Institut  Broca.  De  retour  à  Budapest,  on  créa  pour  lui  à  l'Université 
une  chaire  d'anthropologie  qu'il  occupa  jusqu'à  sa  mort.  11  organisa  un 
Institut  d'anthropologie  et  fonda  un  Musée  qui  firent  accomplir  à  la  science 
anthropologique  de  grands  progrès  en  Hongrie.  Les  principaux  ouvrages 
de  A.  Tôrôk  sont  :  Az  izomidegek  végzôdése  (Pest,  1866);  ■ —  Wundt  élet- 
tanânak  kézikônyve  (1868-69); — Az  emlékezô  tehetség  mint  a  szervezett  anyag 
mûkôdése  (1871)  ;•— £>er  feinere  Bau  des  Knorpels  in  der  Achilessehne  des 
Frosches  (Wiirzburg,  1872);  —  Az  èleterô  es  az  orçostan  mai  irânya  (Ko- 
lozsvâr, 1880);  — ■  Sur  le  crâne  d'un  jeune  gorille  du  Musée  Broca  (Paris, 
1880);. —  A  betegségek  uralma  a  fôld  népe  kôzt  (Budapest,  lb84); —  Veber 
ein  Universal-  Kraniometer  (Leipzig,  1888);  —  Az  Ajnôk  (Budapest,  1882); 
—  Grundzûge  einer  systematischen  Kraniometrie  (Stuttgart,  1890);  — • 
Ueberein  eneue  Méthode  den  Sattelwinkel  zu  messen  (Leipzig,  1890);  ■ —  Egy 
Jezô-szigetbeli  âjnô  Koponyàrôl  (Budapest,  1892);  —  Jelentés  II'I  Bêla 
Kiràly  es  neje  testereklyéirôl  (1893);  —  Adatok  az  emberszabàsu  lények 
koponya-alakulâsâhoz  (1894)-; —  Adatok  az  Arpâdok  testeréklyéinek  ember- 
tani  bui'ârlatâhoz  (1894)  ; —  Esdô  sz6  a  magyar  nemzethez  a  honalapitô  kyrâly- 
ok  emlékéi  irânt  valô  kegydet  ûgyében  (1897),  etc.  On  lui  doit  de  plus  la 
traduction  d'une  œuvre  anthropologique  de  Topinard  (1881),  de  l'Origine 
des  espèces,  de  Darv^in  (1884),  et  d'innombrables  articles  dans  les  revues 
spéciales.  A.  Tôrôk  avait  été  élu  membre  de  l'Académie  hongroise  en  1891 
et  il  était  également  membre  de  plusieurs  académies  étrangères.  Le  carac- 
tère du  savant  était  à  la  hauteur  de  sa  science,  et  sa  disparition,  au  moment 
même  où  il  allait  représenter  la  science  hongroise  au  Congrès  de  Genève, 
a  causé  partout  d'unanimes  et  profonds  regrets. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  :  M'"'^  Blanche  Boidin-Puisais,  direc- 
trice des  études  supérieures  de  chant  aux  maisons  de  la  Légion  d'hon- 
neur, morte  à  Paris,  au  commencement  de  septembre;  —  MM.  l'ex-sergent 
BoNAFous,  qui  collaborait  au  Libertaire  et  était  très  connu  dans  les  milieux 
anarchistes  pour  la  violence  de  ses  idées,  mort  à  Paris  au  milieu  de.  sep- 
tembre; —  Georges  Bussières,  président  de  chambre  à  la  cour  d'appel  de 
Lv<^n,'^mort  subitement  à  Brantôme  (Dordogne),   au  commencement  de 


.  —  372  — 

septembre,  à  68  ans,  lequel  laisse  quelques  poésies  et  deux  ouvrages  d'his- 
toire :  Études  historiques  sur  la  Révolution  française  en  Périgord  (Bordeaux, 
1877-1903,  3  vol.  in-S)  et  le   Général  Michel  Beaupuy,  1757-1796    (Paris, 
1891,  in-8);  — '  Alfred- Jules  Corton,  ancien  professeur  au  lycée  de  Valen- 
ciennes,  puis  à  l'école  de  Notre-Dame  de  Boulogne,  mort  au  commencement 
de  septembre,  à  Boulogne-sur- Mer,  à  64  ans;  —  Rémy  Couzinet,  journa- 
liste et  littérateur  distingué,  ancien  directeur  de    la  Dépêche  de  Toulouse, 
mort  subitement  à  Corbeil,  au    milieu  de  septembre;  —  Achille- J.  Dal- 
sÈME,  ancien  collaborateur  judiciaire  du  Temps  et  du  Petit  Journal,  mort 
à  la  fin  de  septembre,  à  73  ans,  lequel  laisse  des  romans,  des  ouvrages  poli- 
tiques et  historiques,  ainsi  que  des  récits  pour  la  jeunesse,  notamment  : 
Les  Mystères  de  V Internationale,  so?i  origine,  son  but,  ses  chefs,  ses  moyens 
d'action,  son  rôle  sous  la  Commune  (Paris,  1871,  in-8);  Histoire  des  conspi- 
rations sous   la  Commune   (Paris,    1872,   in-8);  Le  Mystère   de   Courvaillan 
(Paris,     1901,    in- 16);    Uldml,    saynète     en    vers    (Paris,    1906,    in-16); 
—  ^Iphonse  Davanne,  membre  du  Comité  des  travaux  historiques    et 
scientifuiues  au  ministère  de  l'instruction  publique,  ancien  maître  de  con- 
férences à  l'École  nationale  des  pjnts  et  chaussées,  mort  à  Saint-Cloud, 
au  milieu  de  septembre,  à  88  ans,  lequel  est  l'auteur  de  divers   ouvrages 
sur  la  photographie,  notamment  :  Annuaire  photographique  (Paris,  1865- 
1870,  6  vol.  in-18);  Recherches  historiques  et  pratiques  sur  la  formation  des 
épreuves  photographiques  positives  {Favis,  1864,  in-8),  etc.  ; — Alexis  Délabre, 
publiciste,  maire-adjoint  du  Vil®  arrondissement  de  Paris,  mort  en  cette 
ville,  à  la  fin  de  septembre;  —  l'abbé  Louis  Féret,  vicaire  général   hono- 
raire d'Évreux,  doyen  du  Chapitre,  ancien  supérieur  d'une  école  secondaire, 
mort  à  Évreux,  à  la  fin  de  septembre,  à  88  ans;  — ■  le    D''  Charles  Fleig, 
chef  des  travaux  de  physiologie  à  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier, 
mort  dernièrement  en  cette  ville  ,  à  30  ans;  —  Léonce. Fretillier,  ancien 
professeur  au  lycée  Carnot,  mort  à  la  fin  de  septembre,  à  Rougemcnt 
(Doubsi,  à  63  ans;  —  Galien-Mingaud,  conservateur  du  musée  d'histoire 
naturelle  de  Nîmes,  mort  au  milieu  de  septembre;  — •  Léon  Gandillot,  le 
vaudevilliste  bien  connu,  ancien  élève  de  l'École  centrale,  mort  à  Paris 
le  22  septembre,  à  50  ans,  lequel  est  l'auteur  de  nombreuses  pièces  de 
théâtre,    drames,   vaudevilles,    comédies,  dont   plusieurs   ont   obtenu  un 
très  grand  succès,  entre  autres  :  Le  Fumeron,  comédie  en  un  acte  (Paris, 
1887,    in-12);     La    Mariée    récalcitrante,    comédie  bouffe  en  trois  actes 
(Paris,  1889,    in-12);     La    Diva  en  tournée,    comédie  en  un  acte  (Paris, 
1890,    in-12);     Le    Pardon,    comédie  en  trois  actes   (Paris,  1892,  in-12); 
Le  Supplice  d'un  Auvergnat,  comédie   en   un    acte   (Paris,    1893,    in-12), 
etc.,  etc.  ;—  Henry- Constant  Houssaye,  administrateur  de  l'Agence  Ha- 
vas,  mort  à  Paris,    au    milieu    de   septembre,  à  26  ans;  —  le  P.  Fran- 
çois-Marie-Paul Maréchaux,  ancien  professeur  au  collège  Saint-Sauveur 
de  Morangis,  mort  le  5  juin,  à  l'âge  de  50  ans;  —  M.^^  Hélène  Moniez, 
inspectrice  générale  aux  services  administratifs  du  ministère  de  l'inté- 
rieur, laquelle  avait  donné  une  série  d'articles  aux  Annales  sur  des  ques- 
tions philanthropiques  intitulées  :   A  travers  la  France  charitable  et  pré- 
voyante; —  le  commandant  Pierra,  ancien  professeur  à  l'École  de  guerre, 
mort  à  Paris,  au  milieu  de  septembre;  —  le  lieutenant-colonel  Poutet, 
de  l'arme  du  génie,   mort  au   commencement  de  septembre,  à  56  ans, 
lequel  laisse  d'importants  travaux  de  balistique;  —  Eugène  de  Rose  y, 
ancien  doyen  de  l'Université  catholique  de  Lyon,  mort  au  commence- 
ment de  septembre,  à  78  ans;  —  le  D""  Joseph  Schmitt,  originaire  de 
Strasbourg,  qui,   après  avoir  été  proCesseur  du  cours  de  thérapeutique 


—  373  — 

et  de  matière  médicale  à  la  Faculté  de  médecine  de  Nanc.y,  avait  suc- 
cédé à  Bernheim  à  la  chaire  de  clinique  médicale  à  la  même  Faculté; 
—  Albert  Valin,  journaliste  et  auteur  dramatique  apprécié,  ancien  se- 
crétaire de  la  rédaction  du  Petit  Journal,  mort  à  Paris,  au  commence- 
ment de  septembre. 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  N.-F.  Anenski,  publi- 
ciste  russe,  mort  en  août,  à  Saint-Pétersbourg;  —  Dr.  Ernst  Becker, 
ancien  professeur  d'astronomie  à  l'Université  de  Fribourg  en  Brisgau, 
mort  en  cette  ville,  en  août,  à  69  ans;  —  Dr.  Bender,  bactériologiste 
allemand,  mort  ^  la  fin  d'août,  à  Cambirg,  à  85  ans;  —  Dr.  Gotthold 
Besser,  directeur  de  l'École  normale  d'Altenburg  (Autriche),  mort  à 
Innsbruck,  en  août,  à  56  ans;  —  Willliam  Booth,  connu  sous  le  nom 
de  général  Booth,  fondateur  et  chef  de  1'  «  'Armée  du  Salut  »,  originaire 
de  Nottingham,  mort  le  20  août,  à  83  ans,  lequel  a  soutenu  pendant 
quarante  ans  sa  propagande  par  de  nombreuses  brochures  :  Salvation 
Soldiery,  Training  of  Children,  Letters  to  Soldiers,  Holy  Living,  In  Dar- 
kest  England,  and  the  Way  ont,  son  meilleur  ouvrage,  etc.,  ainsi  que 
par  un  journal  hebdomadaire  The  War  Cry,  fondé  en  1880;  —  Dr.  Cha- 
CHANOw,  philologue  russe,  professeur  de  langue  et  de  littérature  géor- 
giennes à  l'Institut  des  langues  orientales  Lazarev,  de  Moscou,  mort 
dans  un  sanatorium  de  Samara,  en  août,  à  48  ans;  ■ —  Dr.  August  Cra- 
mer, professeur  de  psychiatrie  à  l'Université  de  Gœttingue,  mort  en 
cette  ville,  le  6  septembre,  à  52  ans,  dont  nous  citerons  :  Gerichtliche 
Psychiatrie.  Ein  Leitfaden  fur  Mediziner  und  Juristen  (léna,  1908,  in-8) 
et  Die  Ursachen  der  Nervositaet  und  ihre  Bekaempfung  (Brunswick,  1909, 
gr.  in-8); — 'le  D''  Etienne  Csapodi  de  FEJEREGVHi-z,  directeur  de  la 
revue  hongroise  Az  Egészség,  et  qui  a  publié  :  Essais  de  vision  (1886), 
ouvrage  fort  remarqué  et  bientôt  suivi  de  VŒU  humain,  mort  à  Budapest, 
le  17  août;  — •  Clinton  Thomas  Dent,  chirurgien  de  l'Hôfital  de  S. 
George  à  Londres  et  chirurgien  en  chef  de  la  police  de  la  même  ville, 
mort  à  la  fin  d'août,  à  61  ans,  lequel  laisse  de  nombreux  mémoires 
publiés  dans  les  revues  médicales  sans  compter  plusieurs  volumes  sur 
les  ascensions  dans  les  hautes  montagnes,  notamment  :  Mountaineering 
et  Above  the  Snow  Line\- —  Dr.  Duenkelberg,  ancien  directeur  de  l'École 
d'agriculture  Poppelsdorf,  mort  à  Wiesbaden,  en  août,  à  94  ans;  —  le 
chevalier  Charles  de  Fabrizi,  directeur  de  la  Telegrapher  Correspondenz 
de  Vienne,  mort  en  cette  ville,  à  la  fin  de  septembre;  ■ —  Dr.  Horace 
Howard  Furness,  écrivain  américain  connu  par  ses  remarquables  travaux 
sur  Shakespeare  et  dont  l'édition  «  variorum  »  des  drames  du  grand 
poète  est  une  mine  d'informations,  mort  dernièrement  à  Wallingford 
(Pennsylvanie),  à  79  ans;  —  Wilhelm  Goldbaum,  journaliste  et  écrivain 
autrichien,  mort  à  Vienne,  le  28  août,  à  70  ans,  lequel  fut  pendant  de 
longues  années  le  directeur  politique  de  la  Neue  Freie  Presse  de  Vienne 
et  a  publié  entre  autres  ouvrages  :  Literarische  Physognomien  (Teschen, 
1884,  in-8);  —  le  major  G.  F.  Gratwicke,  journaliste  anglais,  directeur 
de  la  Devon  ànd  Exeter  Daily  Gazette,  l'un  des  principaux  organisateurs 
de  l'Institut  des  journalistes  anglais  et  de  l'Association  internationale 
des  journalistes,  mort  au  commencement  de  septembre,  à  62  ans;  ■ — ■ 
Dr.  Frantz  Hartmann,  théosophe  allemand,  mort  à  Kempten,  en  août, 
à  74  ans,  dont  nous  citerons  :  Betrachtungen  ueber  die  Mystik  in  Goe- 
the^s  «  Faust  »  (Leipzig,  1900,  in-8);  Populaere  Vortraege  iiber  Geheim- 
wissenschaft  (Leipzig,  1899,  gr.  in-8),  et  Mysterien;  Symbole  und  magisch 
wirkende  Kraefte  (Leipzig,  1902,  in-8);  —  George  Hay,  dessinateur  an- 


:      -      '  -  —  374  —  ■    ; 

glais,  ancien  secrétaire  de  la  «  Royal  Scottish  Academy  »,  qui  a  fourni 
des  illustrations  à  divers  ouvrages,  entre  autres  aux  Waverley  Novels, 
mort  le  31  août;  —  Paul  Heinze,  littérateur,  historien  et  poète  lyrique 
allemand,  mort  le  22  août,  à  Blasewitz  (Dresde),  à  54  ans,  auquel  on 
doit  :  Geschichte  der  deutschen  Literatur  von  Goethe' s  Tode  bis  zur  Ge- 
genwart  (Leipzig,  1903,  in-8),  etc.;  ■ —  M»"^  Lucie  Hoerbjck,  femme  de 
lettres  danoise,  morte  en  septembre,  à  Copenhague,  à  42  ans;  —  Dr. 
Rudolf  HoERNEs,  professeur  de  géologie  à  l'Université  autrichienne  de 
Gratz,  mort  à  Judendorf,  le  20  août,  à  62  ans;  — •  M^^^  Mary  Holma- 
"UisT,  femme  de  lettres  allemande,  morte  dernièrement  à  Cassel,  à  38  ans; 
• —  D"^  Martin  Koehler,  professeur  de  dogme  et  d'exégèse  du  Nouveau 
Testament  à  l'Université  allemande  de  Halle-Witemberg,  mort  à  Freu- 
denstadt  (Forêt-Noire),  le  6  septembre,  à  78  ans;  —  Dr.  Fritz  Koetter, 
professeur  de  mathématiques  appliquées  à  l'École  technique  supérieure 
de  Berlin,  mort  le  17  août,  à  Schoepfheim,  à  54  ans;  ■ —  Dr.  Georg 
Landsberg,  professeur  de  mathématiques  à  l'Université  allemande  de 
Kiel,  mort  en  cette  ville,  le  14  septembre,  à  47  ans;  —  John  Leighton, 
dessinateur  anglais,  connu  sous  le  nom  de  Luke  Limmer,  un  des  proprié- 
taires du  Graphie  et  l'un  des  fondateurs  de  la  Société  de  photographie  et  de 
la  Société  des  ex-libris  de  Londres,  lequel  a  fourni  de  nombreuses  illustra- 
tions à  diverses  publications,  mort  au  milieu  de  septembre,  à  90  ans;  — 
l'abbé  P.-J.  Leyssen,  ancien  directeur  du  collège  de  Peer,  professeur  au 
petit  séminaire  de  Saint-Roch,  l'un  des  fondateurs  du  «  Belgische  Boeren- 
bond»,  mort  à  Bocholt-lez-Bree  (Belgique),  dans  les  premiers  jours  de  sep- 
tembre, à  l'âge  de  58  ans;  —  Bernhard  Liedhisch,  un  des  principaux 
libraires  de  Leipzig,  mort  le  31  août,  à  56  ans;  —  Dr.  Leonidas  Limarakis, 
érudit  hellène,  qui  fut  pendant  plusieurs  années  le  président  de 
1'  «  EUenikos  philologicos  Syllogos»,  mort  le  2  septembre,  à  Constantinople; 
— ■  Alfred  Marks,  banquier  anglais,  qui  trouvait  du  temps  pour  s'occuper 
d'art  et  d'histoire  et  a  publié  d'intéressants  ouvrages,  notamment  :  Who 
killed  Sir  Edmiind  Berry  Godfrey;  Hubert  and  John  van  Eyck  :  the  Ques- 
tion of  their  Collaboration  considered;  Tybum  Tree  :  its  History  and  An- 
nals,  et  a  donné  de  nombreuses  communications  à  Notes  and  Queries, 
mort  au  commencement  de  septembre;  —  Dr.  A.  Markts,  ancien  direc- 
teur du  gymnase  royal  Sophie,  mort  le  9  septembre,  à  Alt-Geitow-sur- 
le-Havel  (Allemagne),  à  82  ans;  —  le  Rev.  Henry  Arthur  Morgan,  un 
des  membres  les  plus  remarquables  de  l'Université  anglaise  de  Cam- 
bridge, principal  du  «  Jésus  Collège  »,  qui  progressa  considérablement 
sous  sa  direction,  mort  à  Cambridge,  au  commencement  de  septembre;  — 
Dr.  Nikolaûs  Muller,  professeur  de  théologie  et  directeur  du  Musée 
d'archéologie  chrétienne  à  l'Université  de  Berlin,  mort  en  cette  ville,  au 
commencement  de  septembre,  à  56  ans,  auquel  on  doit  :  Beitraege  zur 
Kirchengeschichte  der  Mark  Brandenburg  im  16.  Jahrhundert  (Leipzig, 
1907,  in-8);  Philipp  Melanchtons  letzte  Lebestage,  Heimgang  und  Bestat- 
tiing  nach  den  gleichzeitigen  Berichten  der  Wittenberger  Professoren  (Leip- 
zig, 1910,  in-8),  etc.;  • —  Rudolf  von  Oldenbourg,  éditeur  allemand, 
mort  le  22  août,  à  Munich,  à  67  ans;  —  Ludwig  Passarge,  écrivain 
allemand,  mort  le  19  août,  à  Lindenfels  (Odenwald),  à  87  ans,  auquel 
on  doit  :  Aus  baltischen  Landen.  Studien  und  Bilder  (Glogau,  1878,  in-8); 
Drei  Sommer  in  Norwegen.  Reiseerinnerungen  und  Kultur  studien  (Leip- 
zig, 1881,  in-8),  etc.;  — ■  Mgr  Martin  Schleger,  l'inventeur  du  volaptik, 
l'une  des  langues  internationales  qui  ont  eu  le  plus  de  succès,  mort  le 
16  août,  à  Constance  (Bade),  à   81    ans;  — •  Dr.  Otto   Soltmann,    pro- 


• oJO   

fesseur   de   thérapeutique  pour   les  maladies   des   enfants  à  l'Université 
de  Leipzig,  mort   à   Ober-Schreiberhau    (Monts   des   Géants),  le  10  sep- 
tembre, à  68  ans;  —  M™«  Emma  Stirn,   femme  de  lettres  allemande, 
morte  en  août,   à  Cassel,  à  70  ans,   laquelle  laisse   des  poésies  lyriques 
réunies  sous  le  titre    :   Gedichte   (Cassel,    1873,    in-161,  et   plusieurs  fois 
réimprimées;  —  Samuel   Coleridge  Taylor,   compositeur  anglais,   qui  a 
composé   de  nombreuses  œuvres  chorales  et   des  morceaux  de  musique 
de  chambre,  mort  subitement  à  Londres,  à  l'âge  de  37  ans;  —  Dr.  Au- 
gust  Thorbecke,  pédagogue  allemand,  mort  dernièrement  à  Heidelberg, 
à  73  ans;  —  Dr.  Aurel    Toeroek,    professeur   d'anthropologie   à  l'Uni- 
versité  de   Budapest,  mort   en   septembre,    à   Zurich,  à  70  ans;  ■ — •  Dr. 
Anton  Weiss,  professeur    de   droit   ecclésiastique    à   l'Université    autri- 
chienne de  Gratz,  mort  en  cette  ville,  le  27  août,  à  60  ans;  —  Dr.  Emil 
DE  Weiss,  ancien  professeur  de  droit  à  l'Université  suisse  de  Lausanne, 
mort  en  cette  ville,  à  la  fm   d'août;  —  l'abbé  Denis  Will,  député   au 
Reichstag,  curé  de  Hœnheim  (Alsace),  qui  a  publié  divers  ouvrages  sur 
le  droit  de  coalition  des  ouvriers  en  Alsace-Lorraine,  sur  le  contrat  col- 
lectif, sur  la  réforme  des  impôts  et  a,  en  outre,  collaboré  à  un  grand 
nombre  de  journaux  et  de  revues,  mort  à  Hœnheim,  le  23  juillet,  à  l'âge 
■de  45  ans;  ■ — ■  Andrew  Wilson,   conférencier  populaire  et  écrivain  an- 
glais, mort  dernièrement  à  North  Berwick,  à  62  ans,  lequel  avait  colla- 
boré à  divers  journaux  et  magazines,  dirigé  pendant  quelque  temps  Is 
Health  et  publié    plusieurs    ouvrages    de   vulgarisation,  tels  que    :  Wild 
Animais  and  Birds,   The  StudenVs  Guide  to  Zoology  et  The  Modem  Phy- 
sician;  —  Georg  Winter,    historien    allemand,    directeur    des    archives 
d'État  à  Magdebourg,  mort  en  cette  ville,  le  l^'  septembre,   à  56  ans. 
Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 
—  Le  30  août,  M.  H.  Cordier  lit  une  lettre  de  M.  de  Gironcourt,  datée 
de  Zinder,  annonçant  la  découverte  de  manuscrits  musulmans  contenant 
des  détails  sur  l'histoire  du  Sokoto,  du  Soudan,  du  pays  Haoussa  et  des 
Peuls.  — •  M.  ^.  Reinach  décrit  une  grotte  à  figujes  préhistoriques  dé- 
couverte à    Montesquieu-Avantès,   dans  l'Ariège,  par  M.   le    comte  Bé- 
gouen.  — ■  M.  Jules    Déchelette   décrit   les   fouilles    exécutées    dans    des 
nécropoles  celtibériennes,  près  de  Terralba,  province  de  Soria  (Espagne). 
• —  A  propos   de  ces  fouilles,  où  l'on   a  découvert   des  fers  à  chevaux 
remontant  au  v«  siècle  avant  J.-C.,  fait  inouï  jusqu'à  présent,  une  dis- 
cussion s'engage.  —  MM.  Clermont-Ganneau  et  Reinach.  émettent  l'avis 
que  les  fers  à  chevaux  ont  pu  être  apportés  dans  l'armée  romaine  par 
des  cavaliers  auxiliaires.  —  M.  le  docteur  Capitan  parle  d'une  sépulture 
d'enfant  de  l'époque  moustérienne  qui  porte  les  traces  de  rites  funérai- 
res. — •  MM.  Capitan  et  Peyrony.ont  déjà  trouvé  aux  Eysies  une  sépul- 
ture d'homme  adulte  dans  laquelle  on  remarque  des  signes  analogues; 
de  plus,  cette   dernière   est   ornée  de  sculptures   en    ronde  bosse   d'une 
grande  importance.  —  Le  6,  M.  Héron  de  Villefosse  lit  un  rapport  du 
P.  Delattre  sur  les   fouilles   qu'il  a  opérées   à   Carthage   et   notamment 
sur  la  découverte  d'un  baptistère  circulaire  souterrain  du  vi*'  siècle.  — 
M.  Seymour  de  Ricci  lit  le  résultat  de  ses  recherches  sur  les  feuillets 
du  manuscrit  de  Léonard  de  Vinci  qu'avait  volés  Libri  et  qui  se  trou- 
vent chei  des  collectionneurs  anglais.  ■ — ■  Le  20,  M.  Héron  de  Villefosse 
lit  une  lettre  du  commandant  Espérandieu,   relatant  la  découverte  ré- 
cente du  mur  en  pierre  sèche  construit  par  Vercingétorix  et  dont  fait 
mention  César,  découverte,  fait  remarquer  M.   Héron  de  Villefosse,  qui 
modifie  les  idées  reçues  sur  l'emplacement  d'Alésia.  ■ —  M.  Diehl  décrit 


—  376  —  , 

sommairement  les  pièces  principales  composant  le  trésor  découvert  à 
Pultava,  contenant  des  objets  du  v^  siècle  après  J.-C.  —  M.  R.  Weil 
rend  compte  des  fouilles  exécutées  par  lui  à  Tounah  (antique  Hermo- 
polis)  et  à  Zalmeb  El  Anionat  (Égvpte).  ■ —  M.  Seymour  de  Ricci  com- 
munique les  photographies  de  tapisseries  des  Flandres  de  la  plus  belle 
époque,  acquises  récemment  par  M.  Pierpont- Morgan  et  qui  seront  ex- 
posées au  profit  delà  Société  des  Amis  du  Louvre. —  Le  27,  M.  Seymour 
de  Ricci  parle  d'un  bronze  du  cabinet  des  médailles  de  Saint-Péters- 
bourg, qui  provient  d'un  prince  galate  inconnu.  —  Il  signale  une  tapis- 
serie de  Beaune  portant  les  initiales  de  'Nicolas  Rolin  et  de  Guigonne 
de  Salins.  —  M.  HomoUe  annonce  que  de  nouvelles  et  importantes  dé- 
couvertes ont  été  faites  à  Delphes.  —  M.  Maspéro  lit  un  travail  de 
M.  Perdrizet  sur  Alexandre  à  Vécole.  —  M.  S.  Reinach  parle  des  bijoux 
celtibériques  récemment  découverts  en  Espagne.  —  Le  P,  Scheil  décrit 
un  document  babylonien  relatif  à  la  culture  et  à  la  récolte  des  dattes. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 
■ —  Le  14  septembre,  M.  Esmein  commence  la  lecture  d'un  travail  sur 
la  crise  constitutionnelle  de  l'Angleterre  en  1911.  ■ —  Le  21,  il  termine 
cette  lecture.  —  Le  28,  M.  Bonnat  lit  un  travail  sur  le  génie  militaire 
de  Wellington,  qu'il  considère  à  ce  point  de  vue  comme  un  homme  de 
second  ordre.  |j 

Paris.  —  Dans  une  conférence  faite  le  28  février  1912  à  l'Institut 
catholique  de  Paris,  le  P.  Antoine  de  Sérent,  0.  F.  M.,  a  exposé  la 
Méthode  d^oraison  du  moyen  âge  et  ses  chances  de  succès  au  xx^  siècle 
(Lille,  R.  Giard,  1912,  in-16  de  62  p.).  Le  conférencier  s'est  proposé  de 
nous  ramener  à  l'étude  de  la  liturgie;  c'est  la  liturgie  qui  doit  provoquer 
nos  méditations;  c'est  à  elle  que  nous  devons  demander  le  sujet  et  les 
moyens  de  notre  oraison  mentale.  La  méthode  dont  saint  Ignace  a  donné 
le  modèle  et  qui  est  la  plus  ordinairement  suivie  depuis  le  xvi^  siècle 
fatigue  l'âme  et  provoque  trop  souvent  la  sécheresse;  au  contraire, 
l'oraison  qui  s'ap'puie  sur  la  liturgie  ne  connaît  pas  les  aridités,  au  dire 
du  P.  Antoine  de  Sérent.  Tout  en  faisant  quelques  réserves  sur  ce  point, 
• — les  grands  mystiques  du  moyen  âge  n'ont  pas  été  à  l'abri  de  l'épreuve 
du  dessèchement  etde  l'abandon, — nous  pensons  que  l'on  trouvera  profit 
à  lire  cette  conférence;  elle  rencontrera  près  des  lecteurs  le  même  accueil 
sympathique  que  lui  ont  fait  ceux  qui  l'ont  entendue. 

■ —  M.  Georges  Gibault,  bibliothécaire  de  la  Société  d'horticulture  de 
France,  a  "publié  un  intéressant  travail  sur  les  «  Jonchées  »  à  Notre- 
Dame  et  à  la  Maison  aux  Piliers  (Paris,  Champion,  1912,  in-."^  de  8  p. 
Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  IV^  ar- 
rondissement de  Paris,  «  la  Cité  »).  A'près  avoir  rapipelé,  avec  quelques 
curieux  détails,  l'usage  très  répandu  dans  l'antiquité  et  au  moyen  âge 
de  faire  servir  les  fleurs,  le  feuillage,  la  paille  et  le  foin  à  la  décoration 
des  fêtes  civiles  ou  religieuses,  M.  Gibault  nous  apprend  que,  «  alors  que 
l'on  n'avait  [dans  les  églises]  ni  bancs  ni  chaises,  on  faisait  des  jonchées, 
c'est-à-dire  des  tapis  très  épais  de  paille  ou  d'herbes  vertes  pour  rendre 
moins  pénible  la  station  agenouillée  ou  assise  pendant  la  longue  durée 
des  offices.  Une  épaisse  litière  de  paille  empêchait  en  hiver  le  contact 
des  pieds  avec  le  froid  carrelage  ou  le  dallage  de  pierre.  Mais  lorsque 
le  printemps  avait  revêtu  la  terre  de  sa  verte  parure,  la  veille  des  nom- 
breuses fêtes.  On  voyait  arriver  à  la  porte  des  cathédrales  et  des  plus 
modestes  églises  des  charretées  remplies  d'herbes  vertes  destinées  aux 
jonchées  et  que  les  ecclésiastiques  exigeaient  de  leurs  vassaux  ou  tenan- 


—  377  — 

ciers,  à  titre  de  redevances  féodales.  Notre  église  métropolitaine  nous 
fournit  un  exemple  de  redevances  de  ce  genre  dues  par  des  doyennés 
placés  dans  la  dépendance  du  chapitre  de  TSfotre-Dame.  »  Suit  un  bref 
historique  de  ces  redevances  et  aussi  quelques  indications  sur  les  «  jon- 
chées »  pratiquées  autrefois  dans  la  Maison  aux  Piliers  (hôtel  de  ville 
de  Paris).  Ces  vieilles  coutumes  sont  abandonnées  depuis  longtemps; 
on  en  peut  toutefois  retrouver  quelques  traces  dans  l'usage  de  répandre 
aujourd'hui  encore  des  fleurs  et  des  feuillages  sur  le  sol  aux  processions 
de  la  Fête-Dieu  et  aussi,  dans  le  Midi,  à  l'occasion  de  certains  mariages. 

—  Le  tome  III  des  Mémoires  de  Martin  et  Guillaume  du,  Bellay,  pu- 
bliés pour  la  Société  de  l'histoire  de  France  par  MM.  V.-L.  Bourrilly  et 
Vindry,  a  tout  dernièrement  paru  à  la  librairie  Laurens.  Il  comprend 
les  années  1536  à  1540,  c'est-à-dire  la  période  de  guerre  entre  Charles- 
Quint  et  François  ler,  qui  se  passe  dans  la  Provence,  à  Turin,  à  Mar- 
seille. Les  Français  sont  presque  constamment  battus,  aussi  bien  en 
Picardie  qu'en  Piémont.  Finalement,  le  Roi,  l'Empereur  et  le  Pape  con- 
viennent d'une  entrevue  à  Nice,  qui  aboutit  à  la  trêve  de  dix  ans. 
L'année  suivante,  CTiarles-Quint  devait  traverser  tout  le  royaume  pour 
se  rendre  aux  Pays-Bas. 

■ — •  Un  érudit  très  distingué,  M.  Raoul  de  Cisternes,  a  dessiné  un  cu- 
rieux tableau  de  la  société  française  au  xyii^  et  au  xyiii^  siècle  dans 
son  travail  intitulé  :  La  Vie  et  les  mœurs  d'autrefois.  Un  Duché  illustré 
par  les  femmes  (Lille,  imp.  Lefebvre-Ducrocq,  1912,  in-4  de  42  p.  Ex- 
trait du  Bulletin  de  la  Société  archéologique,  historique  et  artistique  Le 
Vieux  Papier).  On  y  remarque  le  triple  mérite  d'une  érudition  étendue 
et  solide,  d'une  méthode  exacte  et  d'un  véritable  agrément  d'exposition. 
Il  en  ressort  une  notable  lumière  sur  les  éj^oques  successives  auxquelles 
se  rattache  le  souvenir  des  diverses  duchesses  d'Aiguillon.  Cette  étude 
confirmera  la  juste  réputation  acquise  à  M.  de  Cisternes  par  ses  précé- 
dentes et  remarquables  publications  :  Journal  de  marche  du  grenadier 
Pils,  1804-1814  (Paris,  Ollendorf,  1895,  in-8);  Le  Duc  de  Richelieu, 
1818-1'!>21  (Paris,  Calmann  Lévy,  1898,  in-8);  La  Campagne  de  Minor- 
que  d'après  le  journal  du  commandeur  de  Glandevez  et  de  nombreuses  let- 
tres inédites  (Paris,  Calmann  Lévy,  1899,  in-8).  —  M.  de  Cisternes  a, 
nous  le  savons,  en  portefeuille  de  nombreux  documents  et  divers  tra- 
vaux, notamment  sur  l'ancienne  société  française,  dont  il  est  à  souhaiter 
que  les  études  historiques  recueillent  prochainement  le  fruit. 

— •  Dans  une  très  judicieuse  conférence  :  Le  Génie  hébraïque  et  V.  Hugo 
(Paris  et  Lyon,  Vitte,  in-8  de  15  p.  —  Prix  :  0  fr.  50),  donnée  aux 
Facultés  catholiques  de  Lyon  et  inspirée  par  le  beau  livre  de  M.  Clau- 
dius  Grillet,  la  Biblr.  dans  V.  Hugo,  M.  Paul  Lœw^engard,  un  Israélite 
converti,  a  aouIu  rectifier  le  mot  de  James  Darmesteter  :  «  V.  Hugo 
est  le  plus  biblique  des  .génies  modernes  »,  trouvant  que  ce  mot,  qui  con- 
vient à  Bossuet,  s'applique  mal  à  Hugo,  parce  que  l'esprit  de  Dieu 
n'est  pas  en  lui.  Mais  ce  qu'il  est,  c'est  le  plus  hébraïque  de  nos  poètes, 
parce  qu'il  n  pris  à  la  Bible  tout  ce  qui  est  de  l'homme,  à  savoir  le 
génie  hébreu,  le  génie  juif,  qui  est  un  génie  oriental,  «  de  poési<î  splen- 
dide  et  passionnée  »,  de  «  lyrisme  frénétique  »,  le  génie  de  l'Image-vio- 
lente,  de  «  l'Image-sensation  »,  de  «  l'image-secousse  »,  qui  est  aussi 
un  génie  intuitif  et  visionnaire,  apocalyptique,  et  encore  un  génie  mes- 
sianique, annonçant  et  promettant  toujours  aux  hommes  la  grande  Au- 
rore... ou  le  grand  Soir;  un  génie  enfin  d'invective  furieuse...  Et  l'on 
voit  que  tous  ces  caractères-là  Hugo  les  porte  en  lui,  «  le  torrent  asia- 


—  378  — 

tique  charrié  par  la  Bible  ayant  fécondé  son  esprit  comme  le  Nil  l'Egypte  ». 

—  Nous  avons  le    plaisir    de    signaler  les  2^,    3^  et  4^    livraisons  du 
tome  V  de  la  Bibliographie  des  travaux  historiques  et  archéologiques  pu- 
bliés par  les  Sociétés  savantes  de  la  France,  dressée  sou£  les  auspices  du 
ministère   de   V  instruction   publique  par  MM.   Robert    de   Lasteyrie,    avec 
la  collaboration  de  M.  Alexandre  Yidier  (Paris,  Leroux,  1906-1908-1911, 
3  fasc.  in-8  paginés  201  à  831.  —  Prix  :  12  fr.).  —  En  tête  de  la  2© 
livraison,   M.  Robert  de  Lasteyrie  a  placé  un  court  Avertissement  que 
nous  jugeons  utile  de  reproduire  ici  :  «  A  l'époque  où  fut  rédigé  le  pre- 
mier volume  de  cette  Bibliographie,  la  plupart  des  collections  de  nos  So- 
ciétés savantes  s'arrêtaient  à  la  fin  de  l'année  1885.  Je  fus  donc  obligé 
de  prendre  cette  date  pour  terme  provisoire  de  mes  dépouillements  et 
j'annonçai  l'intention  de  publier  ultérieurement   des  suppléments   pour 
tenir  l'ouvrage  à  jour.  Je  n'ai  pas  oublié  cet  engagement  et  j'ai  pu  déjà, 
grâce  à  la  précieuse  collaboration  de  mon  savant  confrère  et  ami  M.  Vi- 
dier,  entreprendre  la  publication  d'une  Bibliographie  annuelle,  qui  per- 
met aux  historiens  et  aux  archéologues  de  connaître,  année  par  année, 
tous  les  articles  qui  peuvent  les  intéresser  dans  les  nombreux  volumes 
publiés  par  les  Sociétés  savantes  dé  France  depuis  1901.  Il   me  reste, 
pour  compléter  mon  oeuvre,  à  donner  le  détail  de  ce  qu'elles  ont  fait 
paraître  de  1886  à  1900.  C'est  la  première  partie  de  ce  supplément  que 
j'ai  l'honneur,  avec  M.  Vidier,  d'offrir  au  public  dans  ce  tome  V.  Bien 
qu'il  n'embrasse  qu'une  période  de  quinze  ans,  l'abondance  des  matières 
nous  a  forcés  à  l'arrêter  au  département  de  la  Haute-Savoie  inclus,  car 
aux   sociétés  existant  en   1885  et  dont  l'activité  ne  s'est  pas  ralentie, 
sont  venues  s'ajouter  un  très  grand  nombre  de  sociétés  nouvelles.  Il  ne 
nous  appartient  pas  de  dire  si  toutes  ces  créations  ont  été  bien  utiles 
la  science  et  si,   dans  beaucoup  de  départements,  il  ne  serait  pas  pluS 
désirable  de  voir  fusionner  des  sociétés  rivales  que  d'en  vo^r   surgir   de 
nouvelles.  Mais,  encore  une  fois,  nous  n'avons  jamais  prétendu  juger  les 
publications  que  nous  signalons  aux  travailleurs.  La  tâche  que  nous  nous 
sommes  inposée  est  plus   modeste,  et  notre  ambition  sera  satisfaite  si 
l'on  veut  bien  reconnaître  que  nous  n'avons  épargné  aucune  peine  pour 
faire  de  cet  ouvrage  un  des  recueils  bibliographiques  les  plus  complets 
qui  existent.  »  Ensemble,   ces  trois  livraisons  ne  renferment  pas  moins 
de  17384   enregistrements   d'études,    d'articles  et  de   notices   (n°*   89398 
à  106781).  Mais,  une  fois  de  plus,  nous  avons  à  regretter  que  la  page 
de  la  fin  de  chaque  sujet  traité  ne  soit  que  fort  rarement  indiquée  à 
côté  de  celle  du  commencement.  Cette  manière  de  procéder  ne  rensei- 
gne pas    suffisamment  le  chercheur  qui  pourra  se  trouver  en  face  d'une 
simple  notice  d'une    ou    de    deux  pages,  alors    qu'il    aura  besoin    d'un 
travail  plus  étendu.  Il  va  de  soi  que  cette  observation,  qui  a  tout  de 
même  son  importance,   ne  diminue  en   aucune  façon  la  reconnaissance 
que   nous   devons   aux  auteurs  pour  leur   inventaire  laborieux,  dont  la 
très  grande  utilité   est  universellement  reconnue. 

• —  M.  Victor  Pasche  est  l'auteur  d'un  ouvrage  qui  mérite  les  plus 
complets  éloges  :  Comment  on  édite  un  livre,  guide  à  Vusage  des  personnes 
qui  se  proposent  de  publier  leurs  travaux  (Paris,  Le  Soudier,  s.  d.,  in-8 
de  157  p.  • —  Prix  :  4  fr.).  M.  Pasche  est  un  technicien  compétent,  qui 
s'est  gardé  de  le  laisser  trop  voir  :  en  une  matière  sérieuse  et  difficile, 
il  a  su  mettre  non  seulement  la  clarté  nécessaire,  mais  aussi  une  note 
animée  et  spirituelle,  si  bien  que  son  livre  se  lit  avec  un  vif  intérêt, 
sans  la  moindre  fatigue.  La  chose  n'était  point  aisée.  Notons  que  nous 


—  379  — 

avons  sous  les  yeux  la  3«  édition  et  souhaitons  qu'elle  soit  suivie  de 
plusieurs  autres.  Dans  la  Préface  de  la  F^  édition,  que  nous  retrouvons 
iei^  l'auteur  s'exprime  ainsi  :  «  Veut-on  publier  une  œuvre  scientifique 
ou  littéraire  d'importance,  un  livre?...  Il  faut  tenir  compte  de  circons- 
tances fort  diverses,  les  unes  pouvant  être  prévues,  les  autres  surgis- 
sant au  fur  et  à  mesure  de  l'avancement  du  travail  matériel,.,  et  il 
arrive  fort  souvent  que  les  unes  et  les  autres  prennent  l'auteur  complè- 
tement au  dépourvu.  De  là,  parfois,  des  malentendus,  des  contestations, 
qu'une  vue  d'ensemble  des  questions  d'impression  et  d'édition,  une  con- 
naissance même  superficielle  des  difficultés  inhérentes  à  la  matière,  évi- 
teraient certainement.  C'est  dans  le  but  de  fournir  aux  écrivains  — 
quel  que  soit  d'ailleurs  le  sujet  qui  les  occupe  ■ —  un  résumé  des  notions 
indispensables,  que  nous  avons  élaboré  ces  pages...  «  Le  mieux,  pour 
donner  une  idée  de  ce  «  guide  »,  est  de  transcrire  la  table  des  chapitres  : 
Considérations  générales.  ■ —  Conventions  et  contrats,  devis.  • —  Du  Ma- 
nuscrit. • —  Du  Format  et  du  papier.  ■■ —  Des  Caractères  typographiques 
et  de  la  composition.  — •  Des  Épreuves  et  de  la  mise  en  pages.  ■ — •  Signes 
de  correction.  —  Du  Tirage.  ■ —  De  quelques  termes  employés  en  typo- 
graphie. ■ —  De  l'Illustration.  ■ —  Du  Brochage  et  de  la  reliure.  —  De 
la  Mise  en  vente.  L'ouvrage,  qui  se  termine  par  un  Appendice  sur  la 
législation  internationale,  suisse,  française  et  belge  relative  au  sujet, 
nous  apparaît  comme  un  vade  mecum  précieux  pour  les  gens  de  lettres. 
• —  Nous  annonçons  comme  devant  prochainement  paraître  à  la  Nou- 
velle Librairie  nationale  (transférée  11,  rue  de  Médicis)  la  4^  édition 
des  Jalons  de  route  du  marquis  de  la  Tour  du  Pin  la  Cbaroe.  Ce  succès 
ne  surprendra  aucun  des  lecteurs  de  ce  très  beau  livre  où  les  grands 
problèmes  économiques  de  ce  temps-ci  sont  traités  avec  ampleur  et 
conduits  :  «  Vers  un  ordre  social  chrétien  ».  ■ —  On  va  rééditer  égale- 
ment, du  même  auteur,  les  Aphorismes  de  politique  sociale,  petite  bro- 
chure substantielle  et  de  haute  portée. 

Bourgogne.  —  La  troisième  livraison  du  tome  XXII  de  la  Revue 
bourguignonne  est  formée  d'un  seul  ouvrage  :  Le  Traité  de  Madrid  et 
la  cession  de  la  Bourgogne  à  Charles-Quint.  Etude  sur  le  sentiment  natio- 
nal bourguignon  en  1525-1526,  par  M.  Henri  Hauser  (Dijon,  Damidot; 
Nourry;  Rey;  Venot,  et  Paris,  Champion;  Rousseau,  1912,  in-8  de 
182  p.  —  Prix  :  4  fr.).  Travail  aussi  solide  que  curieux,  qui  va  à  Peu- 
contre  des  dires  plus  ou  moins  fantaisistes  de  tous  les  historiens  et  no- 
tamment de  ceux  de  Paradin,  Dom  Merle  et  Courtépée.  La  question 
débattue  est  celle-ci  :  Après  le  traité  de  Madrid  du  14  janvier  1526^ 
qui  rendait  la  liberté  à  François  l",  fait  prisonnier  à  la  bataille  de 
Pavie,  au  prix  de  la  cession  du  duché  de  Bourgogne  à  Charles-Quint, 
quelle  fut  l'attitude  des  Bourguignons  à  l'égard  du  vaincu  et  du  vain- 
queur, de  François  et  de  Charles,  héritier  de  son  bisaïeul,  Charles-le- 
Téméraire?  Tous  les  auteurs  ont  célébré  à  l'envi  la  protestation  énergi- 
que des  états  de  Bourgogne  contre  ce  traité,  déclaré  par  eux  inaccepta- 
ble parce  qu'injuste  et  déraisonnable.  M.  Hauser,  n'ayant  pas  voulu  sui- 
vre les  sentiers  battus,  est  allé  aux  sources  :  ces  sources,  il  en  fait  part 
au  lecteur  au  moyen  de  26  pièces  justificatives  placées  à  la  suite  de 
son  ouvrage  (p.  101-180).  «  Le  parfait  loyalisme  des  Bourguignons  de 
1526,  observée  l'auteur,  n'est  mis  en  doute  par  personne.  »  Mais  il  ajoute 
aussitôt  :  «  Personne  ne  s'est  demandé  comment  il  se  fait  qu'un  autre 
loyalisme,  l'attachement  à  la  vieille  maison  ducale,  si  vif  en  Comté, 
avait  si  complètemrent  disparu  de  «  la  duché  »  voisine...  Il  serait  vrai- 


-  380  — 

ment  étrange  que  le  «  patriotisme  bourguignon  »  (si  universellement  ré- 
pandu en  Comté,  à  Dole,  par  exemple,)  n'eût  trouvé  aucun  écho  à  Au- 
xonne  ou  à  Dijon;  étrange  qu'en  présence  de  cette  perspective  impré- 
vue, revenir  à  l'héritier  de  l'ancienne  maison  ducale,  la  vieille  ville  des 
ducs,  celle  qui  gardait    leur    palais    et    leurs    sépultures,  n'eût  éprouvé 
aucun  sursaut,  '>  Ceci  posé,  M.  Hauser  examine  et  discute  les  documents 
contemporains.   Il  n'a  pas  de  peine  à  étahlir  que  François  I^r  n'eut  ja- 
mais un  seul  instant  l'idée  d'exécuter  le  traité  de  Madrid  et  qu'il  agit 
en  conséquence  auprès   de  ses  sujets  bourguignons   afin  que,   consultés 
pour  la  forme,    ils   eussent   soin  de  répondre   selon   ses  désirs,    on  peut 
dire  même  ses  ordres.  «  Et  maintenant,  conclut  l'auteur,  faut-il  dire  que 
la  façon  traditionnelle  dont  on  nous  représente  les  événements  de  1526 
soit  radicalement  fausse  et  que  seule  la  force  ait  conservé  la  Bourgogne 
à  la  France?  L'histoire  ne  connaît  pas  ces  réponses  absolues;  elle  cor- 
rige plus  qu'elle  ne  renverse.  Que  les  états  de  Dijon  aient  été  une  assem- 
blée libre,  librement  consultée,  mille  fois  non.  Mais  si  cette  assemblée 
a  répondu  sans    difficulté    apparente,    comme  le  roi    souhaitait    qu'elle 
répondit;  si,  pendant  deux  ans,  à  part  quelques  émeutes  de  vignerons, 
il  ne  s'est  pas  produit  en  Bourgogne  de  mouvement  impérialiste  sérieux, 
c'est  que  le  sentiment  impérialiste  n'était  ni  très  général  ni  très  puissant 
dans  la  Bourgogne  ducale.  Il  y  avait  un  parti  impérialiste...  Contre  lui 
se  dressait  la  masse   compacte   des   magistrats,  des   fonctionnaires,    des 
capitaines,   des  échevins,  des  gens  en  place  et  en  possession  d'état,  de 
tous  ceux  que  la  royauté  payait  ou  soutenait  et  dont  la  fortune  était 
attachée  au  triomphe   de  la  cause  royale.  'Avec  les  bourgeois  proprié- 
taires et  les    marchands,  que  le  roi    avait   su  gagner   par    des   mesures 
assez  sages,  c'étaient    les    classes  dirigeantes.  Dans    les  autres    classes 
même,  la  jalousie  contre  les  Comtois,  la  peur  du  Suisse  et  de  l'Espagnol, 
bref  le  désir  du  repos  et  de  la  paix  furent  plus  forts  que  l'attachement 
à  la  vieille   maison    ducale.  »  Enfin,    M.    Hauser   présente   l'importante 
remarque  suivante  :  «  Le  fait  qu'au  premier  rang  des  raisons  qui  s'op- 
posent à  l'aliénation    d'une   province    on    ait  pu  faire    figurer,  en  1526, 
le  défaut    de   consentement    des   habitants,  ce  fait    est   considérable..... 
L'année  1526,  qui  scella  indissolublement  l'union  de  la  Bourgogne  à  la 
France,  reste  une  date  dans  l'histoire  des  idées  politiques  et   du   droit 
public  européen.  » 

Bretagne.  —  C'est  une  très  intéressante  contribution  à  l'histoire  ec- 
clésiastique et  à  l'histoire  des  mœurs  que  l'opuscule  de  M.  le  marquis 
de  Beauchesne  :  Christophe  et  Roland  de  Chauvigné,  évêques  de  Saint- 
Pol-de-Léon  (1521-1562)  (Saint-Brieuc,  René  Prud'homme,  1912,  in-8  de 
26  p.  Mémoire  lu  au  Congrès  de  l'Association  bretonne).  Entre  autres 
pièces  d'archives  analysées  ou  reproduites  dans  ce  solide  travail,  nous 
signalerons  le  curieux  certificat  délivré,  le  3  juillet  1545^  par  «  Guil- 
laume Le  Gat,  docteur  en  médecine,  demeurant  en  la  ville  de  Lander- 
neau  »  (p.  18). 

Champagne.  —  Les  deux  brochures  simplement  signées  C.  M.,  consa- 
crées à  la  petite  ville  de  Fismes,  chef-lieu  de  canton  du  département 
de  la  Marne,  sont  intéressantes  pour  l'histoire  de  cette  localité.  Toutes 
deux  sont  extraites  de  V Almanach- Annuaire  historique,  administratif  et 
commercial  de  la  Marne,  de  V Aisne  et  des  Ardennes  :  l'une  est  relative  à 
VHôtel  de  ville  de  Fismes,  Védifice  primitif.  Reconstruction  partielle  au 
xvii^  siècle.  La  Façade,  la  prison,  la  halle,  projets  de  reconstruction,  la 
démolition  (Reims,  Matot-Braine,   1912,  in-8  de  18  p.   et  pi.);  l'autre  à 


-  381  — 

la  Cherté  des  vivres  et  les  émeutes  à  Fismes  en  1789  (Reims,  Matot-Braine, 
in-8  de  12  p.  et  pi.).  Dans  la  première,  l'auteur  retrace  l'histoire  de 
l'ancien  hôtel  de  ville,  démoli  actuellement  pour  faire  place  à  un  nouvel 
édifice  mieux  approprié  aux  besoins  de  la  localité;  dans  l'autre,  il  donne 
des  détails  sur  un  de  ces  épisodes  très  fréquents  en  beaucoup  de  régions 
à  la  veille  de  la  Révolution. 

^Flandre.  —  Nous  signalerons  deux  opuscules  relatifs  à  l'ancienne 
Université  de  Douai,  dont  le  350^  anniversaire  tomberait  en  la  présente 
année,  si  elle  avait  survécu,  car  elle  fut  fondée  le  5  octobre  1562,  et 
dont  l'Université  catholique  de  Lille  a  été  solennellement  déclarée  la 
fille  par  la  Sacrée  Congrégation  des  Études  (25  janvier  1878)  :  Paul  IV 
,et  la  jondation  de  VUniversité  de  Douai,  par  A.  Léman  (Desclée,  de  Brou- 
wer  et  C^^^  1912,  in-8  de  14  p.  Extrait  des  Questions  ecclésiastiques);  ■ — 
Liste  des  professeurs  de  théologie  séculiers  et  réguliers  de  Vancienne  Uni- 
versité de  Douai,  p^iv  le  chanoine  L.  Salembier  (même  librairie,  1912, 
in-8  de  20  p.  Extrait  du  même  recueil). 

^Franche-Comté.  —  Dans  une  brochure  aussi  érudite  qu'intéressante, 
M.  Georges  Cucuel  nous  raconte  ce  que  fut  la  Vie  parisienne  des  princes 
de  Wurtemberg- Motitbéliard  au  xviii^  siècle  (tirée  à  part  des  Mémoires 
de  la  Société  d'émulation  de  Monthéliard.  Montbéliard,  imp.  montbéliar- 
daise,  1912,  in-8  de  45  p.,  avec  2  pi.  de  musique).  C'est  en  juillet  1747 
que  les  princes  Louis-Eugène  et  Charles- Eugène  arrivèrent  à  Versailles 
pour  être  présentés  au  roi  Louis  XV.  Leur  aîné,  Charles-Eugène,  duc  de 
Wurtemberg,  ne  les  suivit  qu'en  juin  1748.  Leur  séjour  se  termina  le 
5  janvier  1749;  ayant  regagné  Stuttgart,  ils  ne  tardèrent  point  toute- 
fois à  se  séparer  :  Frédéric- Eugène  entra  au  service  du  roi  de  Prusse, 
le  grand  Frédéric,  et  Louis-Eugène  prit  rang  dans  l'armée  française. 
Ce  dernier  a  retenu  davantage  l'attention  de  M.  G.  Cucuel  parce  qu'il 
demeura  assez  longtemps  en  France,  où  il  eut  l'occasion  de  se  distin- 
guer. Il  nous  parle  de  ses  rapports  avec  Voltaire  et  surtout  avec  J.-J. 
Rousseau,  de  sa  vie  mondaine,  de  sa  passion  pour  la  musique  et  de  ses 
nombreuses  aventures  galantes  avec  les  comédiennes  et  les  cantatrices 
les  plus  en  vue  de  l'époque.  A  ce  jeu,  Louis- Eugène  s'endetta  fortement 
et  les  revenus  qu'il  tirait  de  son  apanage  montbéliardais  ne  purent  suf- 
fire :  ses  créanciers  le  harcelèrent.  Il  finit  par  succéder  à  son  frère 
Charles- Eugène  sur  le  trône  de  Wurtemberg,  le  24  octobre  1793,  et  mou- 
rut moins  de  deux  ans  plus  tard,  emportant  dans  la  tombe  sa  haine  de 
la  Révolution  française,  qu'il  avait  d'ailleurs  les  plus  légitimes  raisons 
de  ne  pas  chérir.  L'étude  de  M.  Cucuel,  solidement  documentée,  est  une 
contribution  très  curieuse  à  l'histoire  des  mœurs  dans  la  seconde  moitié 
du  xviiie  siècle. 

—  Un  vieux  registre  trouvé  à  la  bibliothèque  publique  de  Montbé- 
liard a  fourni  à  M.  Léon  Sahler  les  éléments  d'une  petite  étude,  aussi 
amusante  que  suggestive,  intitulée  :  Un  Tribunal  éphémère.  La  Justice 
de  paix  du  canton  de  Désandans  (1795-1801)  (Montbéliard,  imp.  mont- 
béliardaise,  1912,  in-8  de  16  p.  Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d'ému- 
lation de  Montbéliard).  «  Le  canton  de  Désandans  fut  formé  et  sa  jus- 
tice de  paix  établie  l'an  III  de  la  République  française,  lors  de  l'an- 
nexion du  pays  de  Montbéliard  à  la  France.  »  Mais,  en  1801,  ce  canton 
fut  supprimé  et  sa  justice  de  paix  également.  Or,  dans  les  six  années 
de  son  existence,  un  certain  nombre  de  jugements  inscrits  au  registre 
ci- dessus  rappelé  furent  rendus  par  deux  magistrats  :  le  citoyen  Navion 


—  382  — 

(un  type!)  et  Georges- David  Boissard,  qui,  moralement  contraint,  exerça 
peu  de  temps.  De  celui-ci  rien  à  retenir.  Il  n'en  est  pas  de  même  de 
son  prédécesseur  Navion,  qui  devint  aussi  son  successeur.  Il  y  aurait 
de  quoi  faire  un  vaudeville  antinévralgique  avec  l'aventure  de  ce  dernier 
que  ses  justiciables  mécontents  accusaient  «  malicencieusement  »  d'avoir 
«  vendu  le  canton  ».  Ce  juge-accusé  n'hésite  pas  :  il  se  traduit  lui-même 
devant  son  tribunal  et  ce  sont  ses  assesseurs  ordinaires  et  son  greffier 
qui,  après  avoir  pris  toutes  informations  et  interrogé  divers  témoin*, 
proclament  son  innocence...  L'auteur  analyse  ensuite  brièvement  diverses 
causes  (réquisitions  militaires,  instituteurs,  vaine  pâture,  disputes,  rixes 
et  diffamations)  qui  forment  un  joli  chapitre  des  mœurs  et  coutumes 
de  la  région  dans  les  années  de  début  de  la  première  République.  — ■  A^ 
noter  ce  détail  :  dans  une  note  (p.  12),  M.  Sahler  établit  que  la  famille 
du  savant  Pierre  Curie,  mort  accidentellement  à  Paris  le  19  avril  1906, 
est  originaire  d'une  commune  des  environs  de  Montbéliard  (Grandchar- 
mont,   département  du   Doubs). 

Allemagne.  —  Il  se  tiendra  à  Leipzig,  de  mai  à  octobre  1914,  une 
exposition  internationale  du  livre  et  des  arts  graphiques  à  l'occasion 
du  150^  anniversaire  de  la  fondation  de  l'Académie  royale  des  arts  gra- 
phiques. Tout  ce  qui  a  trait  à  l'industrie  du  livre  sera  représenté  dans 
les  16  groupes  de  cette  exposition  :  papier,  encres,  couleurs,  imprimerie, 
reliure,  etc.  Une  section  spéciale  (groupe  XIV)  sera  réservée  aux  biblio- 
thèques, à  la  bibliographie  et  à  la  bibliophilie. 

États-Unis.  —  Voici  une  superbe  publication  de  la  Smithsonian  Ins- 
titution chargée  du  Muséum  national  des  États-Unis.  C'est  une  mono- 
graphie des  Astéries  ou  étoiles  de  mer  de  l'Océan  Pacifique  du  nord 
et  des  mers  voisines.  Smithsonian  Institution.  Bulletin  76  :  Asteroidea  of 
the  North  Pacific  and  adjacent  waters,  par  M.  Walter  Kenrick  Fisher 
(Washington,  1911,  Government  printing  Office,  1912,  in-4  de  vi-419  p., 
avec  120  planches). 

■ —  Nous  avons  encore  reçu  deux  fascicules  des  Contributions  from  the 
United  States  national  herharium,  également  édités  par  la  Smithsonian 
Institution.  Le  vol.  13,  part  10  :  Miscellaneous  Papers,  par  MM.  Albert 
W.  C.  T.  H  erre,  William  H.  Brown,  Joseph  H.  Painter,  Paul  C  Stand- 
ley,  Edwards  S.  Steele  et  E.  A.  Goldman  (in-8,  paginé  313-375,  avec 
six  pi.),  contient  plusieurs  notices  de  ces  botanistes  américains,  notam- 
ment une  étude  sur  les  Gyrophoracées  ou  lichens  do  la  Californie,  un 
intéressant  aperçu  sur  la  végétation  des  lacs  de  la  Caroline  du  nord  et 
une  description  de  plusieurs  plantes  nouvelles  de  l'est  des  États-Unis. 
La  Part  11  de  la  même  publication  :  The  Allioniactae  of  Mexico  and 
Central  America,  par  M.  Paul  C.  Standley  (Washington,  Government 
printing  Office,  1911,  in-8,  paginé  377-430  et  ix  p.,  avec  planches)  ren- 
ferme la  description  d'un  certain  nombre  d'espèces  nouvelles  apparte- 
nant à  la  famille  des  Nyctaginacées,  découvertes  au  Mexique  et  dans 
l'Amérique  centrale. 

Publications  nouvelles.  —  L'Arbre  divin,  ou  Entretien  simple  et 
familier  sur  le  Credo  catholique  romain,  par  C.  Pourmarin.  l^r  fasc.  (in-12, 
Notre-Dame-du-Laus,  l'auteur).  • —  Le  Mystère  de  la  Très  Sainte  Trinité, 
par  le  R.  P.  É.  Hugon  (in-12,  Téqui).  ■ —  Sentiment  de  Napoléon  1^^ 
sur  le  christianisme,  par  le  chevalier  de  Beauterne  (in-18,  Téqui).  —  Le 
Nouveau  Psautier  du  Bréviaire  romain,  par  L.-C  Fillion  (in-12,  Lecoffre, 
Gabalda).  —  Œuvres  de  saint  François  de  Sales,  évêque  et  prince'jie ^Ge- 


—  383  -^ 

nève  et  docteur  de  VÉglise,  édition    complète   publiée    sous   les    auspices 
de  Mgr  l'évêque  d'Annecy,  par  les  soins  de  religieuses  de  la  Visitation 
du  1"  monastère  d'Annecy.  T.  XVII.  Lettres.  Vol.  VII  (gr.  in-8,  Lyon 
et  Paris,   Vitte).  ■ —  Nouveaux   Mélanges   oratoires,   par   M.    d'Hulst.   "xi. 
(in-18,  de  Gigord)    —  La  Bonté  et  les  affections  naturelles  chez  les  saints, 
par  le  marquis  de  Ségur  (in-16,  Téqui).  —  Au-delà  du  tombeau,  par  le 
R.  p.  A.   Hamon  (in-12,  Téqui).  —  Les  Apprêts  du  beau  jour  de  la  vie, 
par..J'abJîé  Fliche  (petit  in-18,   Téqui).  —  Le  Privilège  des  petits  enfants, 
par   la    R.    M.    Marie    Loyola;    trad.    de  l'anglais    par  la  baronne    de 
Nexon  (in-82,   J.   de  Gigord).  ■■ —  Se  dévouer.  L'Apostolat,  par  L.  Rouzic 
(in-32,   Lethielleux).  —  Se  vaincre.  La  Lutte,  par  L.   Rouzic  (in-32,   Le- 
thielleux).  ■ —  Jeunesse  et  idéal,   par  l'abbé  H.   Morice  (in-12,   Téqui).  — 
Le  Droit  de  glanage,  grapillage,  ratelage,  chaumage  et  sarclage,  patrimoine 
des  pauvres,  par  P.  Degrully  (gr.  in-8,  Giard  et  Brière).  —  Les  Lois  com- 
merciales de  V univers.   T.    XII.    San-Salvador,    République   dominicaine   et 
Nicaragua,   par  R.  A.  Rossi,  R.   Kûck  et  R.   Zelaya;  trad.  par  F.  Da- 
guin  et  G.  Ganxblin  (gr.  in-8,  Librairie  générale  de  droit  et  de  jurispru- 
dence). ■ —  Traité  de  la  science  des   finances,  par  A.  Wagner.  T.   III.  Trad. 
de  l'allemand  par  P.  Rallier  (in-8,  Giard  et  Brière).  —  Recueil  de  com- 
positions   philosophiques,  par  E.    Lenoble    (in-12,    de    Gigord).  —    Cours 
de  morale  théorique  et  pratique,  par  J.   Guibert  (in-18,   J.   de  Gigord).  — 
Les  Case  dei  bambini,  par  le  D''  M.   Montessori;  trad.  abrégée  par  M^^  H. 
Gailloud  (in-12,  Fischbacher).  —  A  la  mer.  Des  Abîmes  au  rivage.  Chas- 
ses et  pêches,  par  C.   Epry  (petit  in-8.  Plon-Nourrit).   • —  La  Lutte  anti- 
toxique. La  Fumée  divine  [opium],  par  G.  Miraben  (in-18,  Giard  et  Brière). 
■ — ■   Conférences  sur  quelques  thèmes  choisis  de  la  chimie  physique  pure  et 
appliquée,  par  Svante  Arrhénius  (in-8,  Hermann).  • —  Enseignement  agri- 
cole et  ménager,  par  A.  Ménard  (in-12  cartonné,  Vuibert).  ■ —  Notre  Pain 
quotidien,  par  H.  Rousset  (gr.  in-8,  Maison  de  la  Bonne  Presse).  ■ —  Le 
Soldat  dans  la  guerre  de  demain,   par  le  lieutenant  P.   Rimbault  (in-18, 
Berger- Levrault).  ■ —  Opinions  allemandes  sur  la  guerre  moderne.   Fasc.    II 
(gr.   rn-8,  Berger- Levrault).     —   Une     Réponse    française  au    programme 
militaire  allemand,  par  le  capitaine  Le  Français  (in-8,  Berger-Levrault). 
• —  La   Guerre,  ses    causes    et    les  moyens    de    la  prévenir,   par  C.  Macie- 
je.wski  (in-8,    Giard  et  Brière).    —   Nos   Mitrailleuses,    ce   qu'elles  sont,  ce 
qu'il  faut  en  attendre,  par  le  lieutenant  Dapeyré  (in-8,  Berger-Levrault). 
■ —  Cours  d'artillerie  à  l'usage  des  élèves-officiers  de  réserve,  par  le  capi- 
taine Biraud    (in-18,    Berger-Levrault).  —  Chasses    aux    loups  et    autres 
chasses  en  Basse-Bretagne,    par  le  Rev.  E.    W.    L.  Davies;    trad.  par   le 
comte  R.   de  Beaumont  (in-12,  Laveur).  —  L'Archéologie,  sa  valeur,  ses 
méthodes,  par  W.   Deonna.   T.   II.  Les  Lois  de   l'art    (gr.  in-8,   Laurens). 
• —  Florilegium    hebraicum    locos    selectos    librorum  veteris    Testamenti,    in 
usum  scholarum  et  disciplinae  domesticae,  adiuncta  appendice  quinquepar- 
tita    edidit   Dr.    H.  Lindemann    (in-8,    Friburgi   Brisgoviae,  Herder).  — 
Atta  Troll.  Allemagne,  par  H.   Heine;  transcriptions  en  rimes  françaises 
par  M.  Pellisson  (in-18,  Hachette).  —Atta   Troll,   par  H.   Heine;  trad. 
par  E.   Chanal  (in-18,  Figuière).  —  Cœur  et  Raison,  par  E.  Perret  (in-12, 
Figuière).  —  Le  Rouet  de  buis,  par  A.  Ramette  (in-12,  édition  du  Bef- 
froi). —  Plutôt  la  mort,  par  Tokutomi  Kenjirô;  trad.  par  O.  Le  Paladin 
(in-16,    Plon-Nourrit).  —  Les    Chaînes    du   passé,  par    A.    Bailly  (in-18, 
Grasset).  —  Les  Errants,  par  J.    Renaud   (in-18,    Grasset).  —  Boule  de 
neige,  études  sociales,  par   M.    Desroches   (in-12,    Lecoffre,    Gabalda).  — 


—  384  — 

L'Idéal.  Au  fil  des  jours,  par  P.  Dormise  (in-18,  Figuière).  —  Le  Ro.e 
et  le  gris,  par  L.  Roubaud  (in-18,  Figuière).  ■ —  L'Arbre  du  bien  et  du 
mal,  par  A.  Maseras  (in- 12,  Figuière).  —  La  Ruée,  mœurs  contemporaines, 
par  G.  Strarbach  (in-18,  Figuière).  —  Les  Paraboles  cyniques,  par  Han 
Ryner  (in-18,  Figuière).  ■ — •  Autour  d'un  testament,  par  M.  Maryan  (in-12, 
H.  Gautier).  • —  Les  Lointains  s'éclairent,  par  B.  de  Puybusque  (in-12, 
H.  Gautier).  —  Roman  d'âmes,  par  M.  Le  Mière  (in-12,  H.  Gautier).  — 
Le  Secret  du  livre  d'heures,  par  C.  Dodeman  (in-12  cartonné,  Marne),  — 
Leur  Péché,  par  J.  Vézère  (in-12.  Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  Après 
la  haine,  par  E.  Coz  (in-12,  Bonne  Presse).  ■ —  Fleurs  du  foyer,  fleur 
du  cloître,  par  M.  Delly  (in-12.  Bonne  Presse).  ■ —  La  Fontaine,  textes 
choisis  et  commentés  par  E.  Pilon  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Montes- 
quieu, textes  choisis  et  commentés  par  F,  Strowski  (in-16,  Plon-Nour- 
rit). ■ —  Fontenelle,  textes  choisis  et  commentés  par  E.  Faguet  (in-16, 
Plon-Nourrit).  • —  Écrits  de  musiciens  (xv^,  xyiii^  siècles),  par  J.-G. 
Prod'homme  (in-16,  Mercure  de  France).  ■ —  xvi^  siècle.  Les  Sources 
d'idées,  textes  choisis  et  commentés  par  P.  Villey  (in-16,  Plon-Nourrit). 
• —  Promenades  littéraires,  par  Pv.  de  Gourmont  (in-12.  Mercure  de  France). 
—  Le  Molière  du  xx^  siècle.  Rernard  Shaw,  par  A.  Hamon  (in-8,  Fi- 
guière). —  Menendez  y  Pelayo,  historiador  de  la  literatura  espanola,  por 
C.  Parpal  y  Marqués  (in-12,  Barcelona,  imp.  de  la  casa  provincial  de 
Caridad).  —  Histoire  juridique  des  persécutions  contre  les  chrétiens,  de 
Néron  à  Septime- Sévère  (64  à  202),  par  L.  Cezard  (gr.  in-8,  Larose  et 
Tenin).  • — ■  Studien  zu  Hilarius  von  Poitiers,  von  A.  L.  Feder.  II  (in-8, 
Wien,  Hôlder).  —  Les  Origines  du  servage  en  France,  par  P.  Allard 
(in-12,  Lecofîre,  Gabalda).  ■ —  Saint  Antoine  de  Padoue,  par  Mgr  A.  Ri- 
card (in-12,  Téqui).  —  Les  Fiançailles  de  Madame  Royale,  fille  de 
Louis  XVI  et  la  première  année  de  son  séjour  à  Vienne,  d'après  des  do- 
cuments nouveaux,  par  le  comte  de  Pimodan  (in-8,  Plon-Nourrit).  — 
Histoire  du  concile  du  Vatican  depuis  sa  première  annonce  jusqu'à  sa 
prorogation,  d'après  les  documents  authentiques,  par  le  P.  T.  Granderath  ; 
édité  par  le  P.  C.  Kirch  et  traduit  de  l'allemand  par  des  religieux  de 
la  même  Compagnie.  T.  III.  l^e  partie.  L'Infaillibilité  pontificale  (in-8, 
Bruxelles,  Dewit).  —  Le  Révérend  Père  A.  de  Ponlevoy,  de  la  Compa- 
gnie de  Jésus,  par  le  P.  A.  de  Gabriac.  I.  (in-18,  Téqui).  —  La  Chroni- 
que de  nos  jours,  notes  et  souvenirs  pour  servir  à  l'histoire,  par  E.  Dau- 
det (in-16,  Plon-Nourrit).  ■ —  Le  Parti  radical  et  radical-socialiste  à  travers 
ses  congrès  (1901-1911),  par  A.  Charpentier  (in-12,  Giard  et  Brière).  — 
Quand  Paris  voudrai  par  V.  d'Espic  (in-18,  Jouve).  —  La  République 
américaine,  par  J.  Bryce.  2^  édition  française  complétée  par  l'auteur. 
T.  III  (in-8,  Giard  et  Brière).  ■ —  Budapest  et  les  Hongrois,  par  A.  Du- 
boscq  (in-18.  Rivière).  ■ —  Le  Péril  germanique,  par  M.  X.,  ancien  déj^'uté 
(in-18,  Jouve).  —  Le  Conflit  anglo- allemand.  La  Guerre  improbable,  par 
M.  Pavlovitch  (in-8,   Giard  et  Brière),  Visexot. 


Le   Gérant  :  CHAPUIS. 


Iintrimerie  poly(;lott«  Fb.  Simon,   Rennes— Paris. 


POLTBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 

PHILOSOPHIE 

Philosophie"'générale.  —  Psychologie.  —  1.  Esquisse  d'une  philosophie  de  la 

'  nature,  par  André  Joussain.  Paris,  Alcan,  1912,  in-16  de  199  p.,  2  fr.  50.  — 
2.  Les  Etapes  de  la  philosophie  mathématique,  par  Léon  Brunschwicg.  Paris, 
Alcan,  1912,  in-8  de  xi-591  p.,  10  fr. —  3.  Contre  la  métaphysique.  Questions  de 
méthode,  par  Félix  Le  Dantec.  Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  256  p.,  3  fr.  75.  — 
4.  Premiers  Principes  d'une  théorie  générale  des  émotions,  par  Marius  Latour, 
Paris,  Alcan,  1912,  in-16  de  300  p.,  3  fr.  30. —  5.  Le  Langage  et  la  verbomaniet 
essai  de  psychologie  morbide,  par  OssiP-LouKiÉ.Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  275  p,, 
5  fr,  —  6.  La  Survivance  humaine.  Etude  de  facultés  non  encore  reconnues,  par 
Olivier  Lodge;  trad.  de  l'anglais  par  le  D'  Henri  Bourbon.  Paris,  Alcan,  1912, 
in-8  de  vi-267  p.,  5  fr.  —  7.  La  Réincarnation.  La  Métempsy chose,  l'évolution  phy 
sique,  astrale  et  spirituelle,  par  Papus  (D''  G.  Encausst). Paris,  Dorbon  aîné,  s.  d.» 
in-8  de  250  p.,  avec  fig.,  3  fr.  50. —  8.  Preuves  de  l'immortalité  de  l'âme,  par  WiL- 
HELEM,  Schneider;  adapté  de  l'allemand  par  G.Gazagnol.  Paris, Bloud,*1912» 
in-16  de  72  p.  (Collection  Science  et  Religion),  0  fr.  60. 

Morale.  —  Sociologie.  —  Esthétique.  —  9.  Devoir  et  durée,  essai  de  morale 
sociale,  par  Joseph  Wilbois.  Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  406  p.,  7  fr.  50.  —  10. 
L' Honneur,  sentiment  et  principe  moral,  psLT  Eugène  Terraillon.  Paris,  Alcan» 
1912,  in-8  de  iv-297  p.,5  fr. —  11.  La  Conscience  collective  et  la  morale,  par  Arthur 
Bauer.  Paris,  Alcan,  1912,  in-16  de  160  p.,  2  fr.  50.  —  12.  La  Morale  républicaine, 
par  FÉLIX  Martin.  Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  282  p.,  4  fr.  50.  —  13.  Comment 
vivre,  pourquoi  vivre?,  par  l'abbé  Joseph  AiRAUDi.Paris,  ,h  de  Gigord,  s.  d.,  in-12 
de  xiv-264  p.,  2  fr.  —  14.  En  Marge  de  Nietzsche.  Philosophèmes,  par  L.  Benoist- 
Hanappier.  Paris,  Figuière,  1912,  in-16  de  257  p.,  3  fr.  50.  —  15.  Les  Formes 
élémentaires  de  la  vie  religieuse.  Le  Système  totémique  en  Australie,  par  Emile 
DuRKHEiM.  Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  647  p.,  avec  carte;  10  fr. —  16.  Les  Règles 
esthétiques  et  les  lois  du  sentiment,  par  Henri  Dussauze.  Paris,  Alcan,  1912,  in-8 
de  541  p.,  10  ff. 

Histoire  et  Critique. —  17.  Fragments  sur  l'histoire  de  la  philosophie,  par  Arthur 
Schopenhauer;  trad.  française,  avec  préface  et  notes,  par^AucusTE  Dietrich. 
Paris,  Alcan,  1912,  in-16  de  197  p.,  2  fr.  50. —  18.  La  Morale  de  Geulincx  dans  ses 
rapports  avec  la  philosophie  de  Descartes,  par  Eugène  Terraillon.  Paris,  Alcan, 
1912,  in-8  de  226  p.,  3  fr.  75.  —  19.  Jean- Jacques  Rousseau  et  sa  philosophie,  par 
Harald  Hoffding;  trad.  du  danois  par  Jacques  de  Coussange.  Paris,  Alcan, 
1912,  in-16  de  xi-165  p.,  2  fr.  50.  —  20.  Les  Grands  Philosophes.  Schelling,  par 
Emile  Bréhier.  Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  vii-314  p.,  6  fr.  —  21.  Hegel,  sa  vie  et 
ses  œuvres,  par  P.  Roques.  Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  358  p.,  6  fr. —  22.  Anhur 
Schopenhauer,  par  Ernest  Seillière.  Paris,  Bloud,  1911,  in-16  de  240  p.  et 
portrait,  2  fr.  50. —  23.  Le  Monisme  matérialiste  en  France.  Exposé  et  critique  des 
conceptions  de  MM. Le  Dante- ,R .Conta ,M^'^-  C .  Royer,Jules  Soury,  par  J.-B.Saulze, 
Paris,  Beauchesne,  1912,  petit  in-8  de  183  p.,  3  fr.  —  24.  Une  Philosophie  nouvelle. 
Henri  Bergson,  par  Edouard  Le  Roy.  •  Paris,  Alcan,  1912,  in-16  de  v-209J]fp., 
2fr.  50. —  25.  La  Philosophie  affective,  par  J.  Bourdeau.  Paris,  Alcan,  1912,  in-16 
de  181  p.,  2  fr.  50.  — 26.  L'Année  philosophique,  publiée]  sous  la  direction^de 
M.  PiLLON  (22e  année,  1911).    Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  290  p.,  5  fr.  .      ^j 

Philosophie  générale.  —  Psychologie.  —  1.  Esquisse  d'une 

philosophie  de  la  nature,  par  M.  A.  Joussain.  Cet  ouvrage,  comprend 

deux  parties  :  Les  Éléments.  L'Ensemble.  Conscience,  matière,  vie, 

espace,  temps,  personne  humaine,  tels  sont  les  éléments  dont  se 

Novembre  1912.  T.  GXXV.  25. 


—  386  — ' 

Cf  mpose  l'univers  visible  et  invisible.  Leur  activité,  leur  connais- 
sance, leurs  relations,  leur  évolution,  leur  adaptation,  le  passé  et 
l'avenir,  autant  de  liens  qui  les  unissent,  les  déterminent,  permettent 
de  les  envisager  comme  les  matériaux  d'un  seul  édifice,  les  parties 
harmonieuses  d'un  même  tout;  nous  pouvons  constater  qu'elles 
s'impliquent,  se  supposent,  s'engendrent,  se  développent  suivant 
les  données  de  la  conscience,  attribut  de  la  substance,  et  à  laquelle 
tout  se  ramène  et  peut  se  réduire.  La  conception  du  monde,  la  cos- 
mologie, l'idéologie,  la  psychologie,  l'éthique,  la  sociologie  s'éclairent, 
s'organisent  à  l'aide  des  notions  qui  naissent  de  la  distinction  et  de 
l'opposition  du  sujet  et  de  l'objet.  —  Synthèse  présentée  dans  un 
style  clair  et  parfois  attrayant,  réussissant  à  dissimuler  les  lacunes, 
les  contradictions,  les   incohérences  d'une  doctrine  qui  emprunte  ses 

principes  à  Berkeley,   à   Schopenliauer,  à  M.  Bergson et  à  bien 

d'autres.  La  précision  de  la  phrase  est  égale  à  la  confusion  de  la 
pensée. 

2.  —  Il  n'est  guère  de  grand  philosophe  qui  ne  fût  mathématicien, 
et  les  conceptions  de  la  mathématique  dérivent  des  notions  de  la 
métaphysique  ou  en  modifient  la  signification  et  la  compréhension. 
De  Pythagore  à  Leibniz,  de  l'arithmétique  au  calcul  infinitésimal, 
de  l'idéalisme  à  la  logistique,  les  progrès  de  la  science,  les  évolutions 
de  la  technique  ont  subi  ou  produit  des  théories  philosophiques, 
ont  présenté  sous  divers  aspects  le  problème  de  la  vérité.  Le  réalisme 
et  le  nominalisme,  les  rapports  des  choses  et  des  idées,  l'induction 
et  la  déduction,  le  raisonnement  et  l'intuition,  l'être  et  la  pensée,  ne 
peuvent  se  définir  exactement  sans  une  discussion  préalable  du 
nombre,  de  l'espace,  du  temps,  du  mouvement,  autant  dire  des 
axiomes  et  des  postulats  de  l'arithmétique  et  de  la  géométrie,  de 
l'algèbre  et  de  la  mécanique.  D'où  l'intérêt  du  livre  de  M.  Brunschwicg: 
Les  '  Étapes  de  la  philosophie  mathématique.  L'auteur  divise  cette 
histoire  en  deux  périodes  :  la  première,  des  origines  à  Emmanuel 
Kant;  la  deuxième,  jusqu'à  nos  jours;  l'une,  plus  spécialement  cons- 
tructive;  l'autre,  surtout  critique.  Les  procédés  instinctifs  de  numé- 
ration ne  laissaient  point  deviner  l'analyse  infinitésimale,  et  il  y  a 
loin  des  premiers  calculateurs  égyptiens  à  Descartes  ou  à  Fermât. 
Avec  érudition  et  pénétration,  M.  Brunschwicg,  s'inspirant  des  textes, 
qu'il  traduit  et  interprète,  met  en  relief  les  idées  essentielles  des 
philosophes  grecs,  les  systèmes  des  théoriciens  du  xvii^  siècle,  que 
l'on  pourrait  appeler  le  grand  siècle  de  la  mathématique.  Ces  quan- 
tités irrationnelles  et  imaginaires,  qui  semblent  bouleverser  l'ancienne 
logique,  renouvellent  et  fécondent  la  spéculation  et  la  technique 
scientifique.  Cependant,  elles  suggèrent  des  questions  diversement 
envisagées  et  résolues  par  les  criticistes  et  les  positivistes.  Les  pro- 


-  387  - 

grès  de  la  pensée  transforment  les  bases  scientifiques,  la  mécani(iue 
rationnelle,  la  géométrie  euclidienne,  le  dogmatisme  du  nombre. 
Ces  révolutions  exercent  une  répercussion  dans  Tépistémologie,  la 
logique,  la  morale  elle-même.  Ne  vont-elles  pas  troubler  les  méthodes 
de  la  science  ou  les  régies  de  l'action  ?  Il  est  impossible  de  ne  pas 
tenir  compte  des  résultats  et  des  hypothèses  qui  sollicitent  notre 
attention  et  seraient  de  nature  à  troubler  notre  quiétude.  Pour  ma 
part,  je  crois  que  les  mathématiques  sont  déterminées  et  limitées 
par  la  théorie  de  la  quantité;  qu'il  est  dangereux  et  vain  de  les  ap- 
peler à  résoudre  des  questions  qui  les  dominent  et  les  dépassent; 
que  leurs  adeptes  ont  tenté  des  incursions  en  des  domaines  qui 
échappent  à  leur  compétence;  qu'il  n'existe  pas  de  continuité  entre 
les  sciences  mathématiques  et  les  sciences  morales;  elles  peuvent 
s'éclairer  mutuellement,  mais  à  travers  la  «  cloison  étanche  »  qui 
les  sépare.  Je  rends  hommage  aux  laborieuses  recherches,  à  la 
science  très  étendue,  aux  réflexions  personnelles  de  M.  Brunschwicg. 
Si  je  me  plaignais  de  ce  que  la  lecture  de  son  livre  est  parfois  diffi- 
cile, il  me  répondrait  sans  doute  qu'il  ne  l'a  point  écrit  pour  ceux  qui 
sont  incapables  de  le  comprendre.  Néanmoins,  il  me  semble  que  beau- 
coup d'obscurités  seraient  dissipées  s'il  consentait  à  faire  précéder 
les  discussions  par  quelques  définitions,  trop  souvent  absentes,  et  à 
mieux  délimiter  les  diverses  parties  de  son  œuvre,  fréquemment 
emmêlées. 

3.  —  Les  métaphysiciens  sont  des  poètes  qui  se  sont  trompés  de 
vocation;  ils  poursuivent  un  idéal  qu'ils  n'atteindront  jamais;  ils 
confondent  l'art  avec  la  science.  Ils  ont  abouti  à  un  pragmatisme 
sous  lequel  se  déguise  leur  effroi  des  vérités  tristes  et  cruelles.  Il  n'y  a 
d'acquisition  possible  de  la  vérité  que  par  la  soumission  à  l'objet, 
éclairée  et  justifiée  par  le  raisonnement  et  vivifiée  par  l'hypothèse. 
Ces  rêveurs  devraient  imiter  les  biologistes,  esprits  positifs,  dégagés 
des  chimères,  cherchant  la  vérité  dans  l'observation  des  phéno- 
mènes vitaux,  dont  l'ensemble  nous  servira  de  base  pour  l'édifica- 
tion d'une  «  hygiène  scientifique  vraiment  utile  à  tous  les  hommes  » 
et  destinée  à  remplacer  la  vieille  morale  et  à  guérir  l'homme  de  la 
peur.  Et  voilà  pourquoi  M.  F.  Le  Dantec  a  réuni  en  volume  des  études 
détachées,  sous  un  titre  de  combat  :  Contre  la  métaphysique.  On  éton- 
nerait sans  doute  ce  pourfendeur  de  spectres  en  lui  apprenant  qu'il 
ne  combat  que  des  fantômes.  La  vraie  métaphysique  ne  s'appuie  que 
sur  l'expérience  et  n'emploie  pas  d'autre  instrument  que  la  raison. 
Elle  n'éprouve  pas  plus  de  goût  pour  le  pragmatisme  que  M.  Le  Pantec, 
et  ce  sont  les  amis  de  celui-ci  ,  «  les  savants  »,  qui  ont  fait  la  fortune 
d'un  pragmatisme  qpi'elle  désavoue.  Elle  ne  poursuit  qu'un  idéal  : 
la  Vérité;  mais  elle  se  refuse  à  l'emprisonner  dans  les  cornues  du 


•^'  ^      -     —  388  — 

chimiste  ou  à  roafermer  dans  les  cellules  des  organismes,  parce  que 
l'esprit  humain  s'élève  jusqu'à  la  contemplation  des  fins  et  jusqu'à 
la  découverte  des  causes.  ^ 

4.  —  «  Le  but  de  la  présente  analyse  est  de  déterminer  la  cause  pro- 
fonde de  nos  émotions  en  tant  qu'elles  peuvent  être  considérées 
comme  associées  à  une  représentation  mentale  et  provoquées  par 
elles.  »  Ces  lignes  résument  l'ouvrage  de  M.  Latour  :  Premiers  Prin- 
cipes d'une  théorie  générale  des  émotions.  Peut-on  formuler  une  loi 
générale  qui  relie  les  manifestations  de  notre  vie  affective,  explique 
leur  mécanisme,  suggère  leur  synthèse?  M.  Latout*  en  est  convaincu 
et,  pour  démontrer  sa  thèse,  il  étudie  successivement  :  la  Volonté  et 
ses  attributs;  l'Instinct  de  conservation  et  d'accroissement;  l'Instinct 
d'affranchissement.  D'après  lui,  «  le  succès  ou  l'échec  expliquent  de 
proche  en  proche,  chez  l'être  vivant,  toutes  les  émotions  qu'il  peut 
éprouver  ».  Nous  sommes,  en  effet,  dans  un  état  de  solidarité  ou  d'oppo- 
sition avec  une  volonté.  Cet  accord  ou  cette  résistance  sont  les 
motifs  des  impressions  qui  affectent  notre  sensibilité;  par  exemple, 
le  courage  sera  la  confiance  innée  de  l'instinct  d'accroissement  tandis 
que  la  pusillanimité  provient  de  la  méfiance  innée  de  l'instinct    de 
conservation.  Nos  émotions  évoluent  et  se  diversifient,  s'altèrent^ 
s'enrichissent,  se  compUquent  avec  les  modes  de  notre  activité  et  les 
capacités  qu'elle  met  en  œuvre  pour  s'exercer.  On  doit  approuver  cette 
tentative  destinée  à  ordonner  et  à  unifier  les  phénomènes  de  notre 
vie  affective.  M.  Latour  a  ouvert  la  voie  et  indiqué  la  direction,  avec 
sagacité.  On  rencontre  quantité  d'observations  justes  et  fines;  on 
s'aperçoit  que  son  investigation  est  conforme  aux  méthodes  psycho- 
logiques éprouvées  et  confirmées  par  les  travaux  de  laboratoire  les 
plus  récents;  mais  on  désirerait  une  classification  logique  des  sen- 
timents et  une  description  précise  de  leurs  effets;  la  langue  dans 
laquelle  s'exprime  l'auteur  manque  quelquefois  de  netteté. 

5.  —  Le  Langage  et  la  verhomanie.  —  Ch.  I.  L'origine  du  langage; 
l'automatisme  verbal.  Du  geste  au  cri,  du  cri  à  la  parole,  les  facultés 
verbales  de  l'homme  se  sont  perfectionnées;  l'habitude  tend  à  les 
soumettre  à  un  automatisme  dont  l'action  est  soustraite,  en  partie, 
à  l'intelligence  et  à  la  volonté.  —  Ch.  II.  Le  langage,  la  pensée,  l'in- 
telligence :  plus  le  langage  se  développe,  plus  devient  fragile  le  lien 
qui  le  rattache  à  la  pensée  :  les  mots  ne  représentent  plus  exactement 
les  idées  et  se  vident  de  pensée.  —  Ch.  III.  La  verbo manie.  C'est  une 
perturbation  qui  consiste  dans  l'excès  de  durée  et  d'intensité  et  le 
caractère  anormal  des  manifestations  verbeuses  ;  elle  est  distincte  de  la 
logorrhée,  de  l'onomatomanie,  parce  qu'elle  affecte  des  sujets  nor- 
maux; elle  est  excessive,  mais  non  proprement  pathologique.  — 
Ch.  IV.  Causes.  Elles  sont  héréditaires,  physiologiques,  familiales^ 


S-f  389  — 

sociales,  mais  principalement  pédagogiques,  car  ce  désordre  est^pro- 
duit  principalement  par  un  enseignement  et  une  éducation  irra- 
tionnels. —  Ch.  Y.  La  conversation  et  l'opinion  lui  fournissent  un 
terrain  favorable  ct<les  ressources  variées.  —  Ch.  VI,  L'art  oratoire 
est  merveilleusement  propre  à  le  développer,  à  l'encourager,  à 
Texalter. —  Ch.  VIL  Cette  maladie  se  montre  souvent  chez  la  femme, 
dont  elle  exprime  les  goûts  d'opposition,  de  contradiction,  de  contro- 
verse, de  persuasion,  et  est  en  relation  étroite  avec  l'hystérie. — Ch.VIII. 
Elle  revêt  des  aspects  et  des  formes  variables,  suivant  les  différents 
peuples  dont  elle  exprime  la  non-maturité  ou  la  décadence. — Ch.  IX. 
La  verbomanie  est  difficilement  guérissable,  mais  peut  être  corrigée 
par  l'isolement  et  le  silence.  —  Excellentes  remarques,  précieuses 
pour  les  psychologues  et  les  éducateurs,  étroitesse  d'esprit,  entretenue 
par  des  préjugés  antirehgieux.  «  Pans  l'avenir,  l'art  oratoire  se  réfu- 
giera dans  le  cirque,  sa  vraie  place.  »  Cette  assimilation  de  l'orateur 
au  clown  n'est  pas  seulement  insolente,  mais  stupide.  Les  bavards 
de  la  politique,  de  la  science  ou  de  la  littérature  sont  une  plaie,  mais 
les  vrais  orateurs,  ceux  qui  se  servent  de  la  parole  pour  la  pensée  et 
de  la  pensée  pour  la  vérité  et  la  vertu,  sont  une  des  forces  bienfai- 
santes et  des  parures  glorieuses  de  notre  espèce. 

6.  —  «  Si  l'existence  d'un  cerveau  vivant  n'est  pas  une  condition 
nécessaire  au  fonctionnement  de  l'appareil  émçtteur,  la  télépathie 
entre  les  vivants  et  les  morts  n'est  pas  impossible  et  le  problème  de 
la  détermination  expérimentale  de  la  survie  de  la  personnalité  hu- 
maine Consciente  à  la  mort  du  corps  n'est  pas  insoluble.  »  C'est 
ainsi  que  M.  Maxwell  présente  au  public  l'ouvrage  de  Sir  A.  Lodge  : 
La  Survivance  humaine.  Pour  démontrer  son  hypothèse  ou  tout  au 
moins  la  rendre  plausible  et  probable,  l'écrivain  anglais  expose  le  but 
et  les  objets  de  la  Société  des  recherches  psychiques,  relate  des  faits 
de  télépathie  expérimentale  ou  spontanée,  des  transmissions  de 
pensée,  des  prévisions,  des  apparitions,  des  écritures  automatiques  et 
des  discours  en  état  de  trance.  Les  expériences  d'un  médium  re- 
marquable, M"!^  piper,  sont  interprétées,  contrôlées,  confrontées  avec 
d'autres  manifestations  extraordinaires,  pour  conclure  à  «  une  com- 
munication possible  de  l'inteUigence  entre  le  mode  d'existence 
matériel  et  quelque  autre  )).  —  Faut-il  nier  les  faits  attestés  dans  cet 
ouvrage?  Telle  n'est  pas  notre  pensée.  Si  plusieurs  des  faits  de  ce 
genre  peuvent  être  attribués  à  la  fraude,  nous  ne  croyons  pas  que 
cette  explication  soit,  ici,  légitime  ;  nous  consentons  même  à  admettre 
que  l'illusion  joue  un  rôle  limité  dans  ces  expériences.  Mais  il  est 
possible  de  rapporter  la  plupart  d'entre  elles  à  des  causes  naturelles 
et  encore  mystérieuses  d'automatisme  psychologique,  d'hyperhes- 
tésie  nerveuse,  d'inconscience,  sans  faire  intervenir  les  communica- 


U_  390  — 

tions  d'outre-tombe.  Ces  dernières  sont-elles  possibles?  Certainement, 
mais  elles  ne  peuvent  être  que  surnaturelles  et  ne  seront  jamais  pro- 
duites par  des  facultés  «  non  encore  reconnues.  » 

7.  —  Les  rêves  des  psychologues  de  la  vie  anormale  aboutissent  à 
des  théories  qui  en  sont  l'éclatante  condamnation  :  l'une  d'entre 
elles  nous  est  exposée  par  le  D^  Encausse  dans  son  dernier  livre  : 
La  Réincarnation.  Il  y  est  question  des  principes  astraux,  des  épreu- 
ves et  du  langage  des  esprits,  de  leur  existence  pour  une  vie  nouvelle 
en  des  corps  transformés.  Bien  entendu,  il  n'y  a  pas  une  ombre  de 
preuve,  en  toutes  ces  dissertations,  incapable  d'engendrer  une  Con- 
viction sérieuse.  Il  est  si  facile  de  faire  un  acte  de  foi  au-  Symbole  de» 
Apôtres  :  «  Je  crois  à  la  résurrection  de  la  chair  »,  cet  article  de  notre 
croyance  étant  garanti  par  la  parole  de  Dieu,  en  laissant  à  la  Provi- 
dence le  soin  de  réaliser  la  promesse  de  Jésus  en  des  conditions  con- 
formes à  la  Sagesse  et  à  la  Justice,  à  la  Puissance  et  à  la  Bonté  infinies. 
Il  est  sans  doute  inutile  d'exhorter  Papus  à  donner  un  autre  emploi 
à  sa  riche  imagination  et  à  son  érudition  ingénieuse,  mais  il  nous 
rappelle  invinciblement  le  mot  de  Pascal  :  «  Incrédules,  les  plus  cré- 
dules. » 

8.  —  Mgr  Schneider  nous  a  donné  un  soUde  ouvrage  d'apologé- 
tique fort  bien  résumé  par  M.  l'abbé  Gazagnol,  sous  le  titre  de  : 
Preuves  de  l'immortalité  de  l'âme.  Le  désir  de  persévérance  dans  l'être, 
la  nature  spirituelle  de  l'âme,  la  pensée,  l'amour,  l'aspiration  k  la 
vie  parfaite  et  heureuse,  le  besoin  de  la  justice,  l'instinct  du  progrès 
ne  permettent  pas  de  douter  que  l'existence  terrestre  soit  autre  chose 
qu'une  épreuve,  une  ébauche  et  un  prélude.  Les  affirmations  divines 
confirment  et  précisent  la  démonstration  rationnelle.  Les  auteurs 
répondent  brièvement  et  péremptoirement  aux  objections  des  maté- 
rialistes et  des  pessimistes  en  des  pages  propres  à  augmenter  la  lumière 
et  à  raviver  l'espérance. 

Morale.  —  Sociologie.  —  Esthétique.  —  9.  Devoir  et  durée, 
par  M.  J.  Wilbois.  Entre  la  physique  qui  inspire  la  crainte  d'un 
mécanisme  universel  et  la  sociologie  qui  enseigne  le  fait  d'une  liberté 
diminuée,  le  déterminisme  ne  va-t-il  pas  ruiner  l'édifice  de^notre 
morale,  fondé  sur  le  postulat  de  la  liberté  ?  Non,  si  l'on  fait  dii  déter- 
minisme le  synonyme  du  morcellement  et  de  la  spéciahsation.  Rien 
ne  vaut,  pour  définir  le  libre  arbitre  et  pour  établir  sa  réalité,  une 
critique  de  la  méthode  des  sciences  physiques  :  elle  aboutit  à  une 
oonoeption  des  lois  qui  commeneent  par  être  nos  désirs  et  finissent 
par  être  nos  décrets.  A  son  tour,  la  méthode  des  sciences  sociales  éla- 
bore les  données  de  l'observation  au  moyen  de  la  nomenclature  du 
rapprochement,  de  l'opposition,  de  la  classification  des  sociétés,  ces 
deux  méthodes  s'inspirant  des  règles  de  la  logique  inductive,  appli- 


—  391  — 

quées  à  la  recherche  des  faits,  des  principes  et  à  la  logique  de  la  preuve. 
Or,  ce  déterminisme  qui  résulte  de  la  physique  et  de  la  sociologie  est 
l'œuvre  de  la  liberté,  victoire  de  l'esprit  sur  la  matière  en  laquelle 
il  ne  faut  voir  qu'une  puissance  de  déterminisme  numérique  trans- 
formée par  l'esprit  en  un  système  d'habitudes  mesurables  qu'on 
nomme  les  lois  de  la  nature.  JDès  lors,  ni  le  déterminisme  social  sta- 
tique n'est  un  obstacle  à  la  hberté  humaine,  ni  le  déterminisme  social 
dynamique  n'empêche  la  liberté  de  la  race,  apparaissant,  à  travers 
la  série  des  générations,  comme  maîtrise  personnelle  et  pouvoir  créa- 
teur, organisant  notre  activité  spontanée  grâce  à  l'hérédité,  à  l'éduca- 
tion, aux  institutions,  survivances  du  passé.  L'homme  est  libre  dans 
la  mesure  où  il  tend  à  être  moral,  c'est-à-dire  à  s'affranchir  de  la 
matière,  à  s'unir  à  ses  contemporains  par  l'effort  et  l'amour,  à  contri- 
buer au  progrès  humain  par  la  conformité  à  sa  vocation.  «  La  morale 
commence  avec  la  société  »  et  ses  préceptes  se  groupent  autour  de  la 
personne  humaine,  de  la  famille,  de  la  nation,  de  la  classe.  Elle  sort 
de  la  métasociologie  qui  nous  permet  de  réunir  ce  que  la  division  du 
travail  intellectuel  avait  dû  provisoirement  séparer.  —  Originahté, 
profondeur,  formules  pleines  et  fécondes,  étendue  de  la  pensée,  com- 
paraisons heureuses,  élévation  morale,  telles  sont  les  quaUtés  de 
M.  Wilbois,  mais  son  dynamisme  semble  parfois  inconsistant  :  les 
êtres  s'évanouissent  dans  le  perpétuel  devenir  où  ils  sont  envisagés 
et  situés;  le  dogmatisme  que  l'on  retrouve  au  fond  des  théories 
s'altère  et  se  dissout  dans  la  mobiUté  ondoyante  d'une  spéculation- 
aventureuse  et  subtile  qui  se  ressent  trop  du  subjectiyisme,  du 
pragmatisme  et  de  l'évolutionnisme  de  Le  Roy,  de  W.  James  et  de 
H.  Bergson. 

10.  —  M.  Terraillon  étudie  l'honneur  en  psychologue,  en  mora- 
liste et  en  pédagogue.  Le  titre  de  son  livre  indique  exactement  son 
contenu  et  son  objectif  :  L'Honneur,  sentiment  et  principe  moral.  L'ana- 
lyse décèle  des  éléments  égoïstes  communs  à  toutes  les  manifesta- 
tions de  la  vie  affective  dans  cette  estime  de  soi-même,  dans  ce  culte 
de  la  beauté  de  sa  propre  vie  impliqués  sous  les  formes  diverses  de 
l'honneur;  pourtant,  la  sympathie,  par  l'imitation  qu'elle  provoque, 
rend  compte  des  aspirations  altruistes,  de  la  fonction  sociale  qui 
déterminent  ses  relations  avec,  l'utilité,  car  l'approbation  collective 
est  un  hommage  à  l'activité  bienfaisante.  Puisqu'il  est  cause  d'un 
bien,  ce  sentiment  doit  être  considéré  comme  un  principe  moral, 
un  motif  de  vertu;  il  ne  se  confond  pas,  néanmoins,  avec  l'impératif 
catégorique;  il  n'est  pas  identique  à  la  loi  du  devoir.  Sa  tendance 
essentielle  l'oriente  vers  un  idéal,  confus  ou  précis,  qu'il  s'agit  de 
réaliser  ou  d'atteindre  et  auquel  on  reconnaît  ou  on  confère  une 
valeur  propre,  vraiment  spécifique,  et,  à  quelques  égards,  supérieure 


—  392  — 

à  tout  le  reste.  Pour  la  fixer,  on  évoque  la  destination  sociale  à  laquelle 
nous  réserve  et  nous  adapte  notre  fonction,  les  obligations  qui  relient 
entre  eux  les  membres  d'un  groupe  social,  les  traditions  qui  s'im- 
posent à  leur  vénération  et  la  discipline  qui  forme  leur  volonté  et 
domine  leur  conduite.  L'honneur  supplée  aux  insuffisances  des  lois 
positives,   aux   incertitudes   de   certaines   sanctions   morales.   Cette 
notion  est  éprouvée  et  contrôlée  par  ses  vérifications  expérimentales. 
D'après  les  situations  sociales,  les  différences  sexuelles,  les  relations 
familiales,  les  partis  et  les  sectes,  les  classes  et  les  races,  l'honneur  se 
transforme  et  se  nuance  à  l'infini,  mais,  somme  toute,  il  demeure 
«  la  forme  sociale  du   devoir   moral   d'obligation  ».    Cette  étude   est 
généralement  très  judicieuse;  l'auteur  fait  un  excellent  usage  des  docu- 
ments vécus  et  écrits,  je  veux  dire  des  variétés  de  l'expérience  humaine 
et  des  œuvres  des  poètes  et  des  romanciers.il  réagit  contre  les  théories 
de  M.  E.  Faguet  et  de  M.  Jeudon,  pour  lesquels  l'honneur  semble  être 
toute  la  morale  ;  il  a  su  dégager  les  leçons  et  les  conclusions  dérivant  de 
la  littérature  de  tous  les  pays  et  il  condense  en  des  phrases  expressives 
les  résultats  de  ses  lectures  et  de  ses  réflexions;  Nous  aurions  désiré 
un  chapitre  sur  les  ressemblances  et  les  différences  entre  l'honneur 
et  1q  sentiment  religieux,  qui  eût    éclairé  et   complété  ce    li\Te   écrit 
avec  conscience  et  talent. 

11.  —  La  morale  est  indispensable  à  l'homme;  supérieure  à  la 
richesse,  à  la  santé,  au  plaisir,  à  l'art,  à  la  logique,  à  la  politique,  à 
la  religion,  elle  se  propose  la  réahsation  du  souverain  bien.  Il  faut  donc 
connaître,  vouloir  et  pouvoir  atteindre  le  bien  moral.  Ni  la  contrainte 
légale,  ni  l'autorité  rehgieuse  ne  suffisent  à  nous  le  révéler  ni  à  nous 
l'imposer.  L'expérience  est  un  guide  efficace,  mais  à  la  condition 
qu'elle  se  généralise  dans  la  société  et  trouve  son  expression  dans 
la  conscience  collective.  La  foi  en  l'humanité,  la  bonne  volonté, 
l'harmonie  intérieure  sont  les  principes  desquels  dérivent  les  règles 
morales,  résumées  dans  la  subordination  de  la  volonté  individuelle 
à  la  volonté  générale,  et  dans  la  conformité  des  actes  et  des  œuvres 
à  la  fonction  sociale.  L'enseignement  pubhc  doit  donner  une  place 
prépondérante  à  la  morale  et  former  les  puissances  physiques  et  spi- 
rituelles de  l'hcmme  afin  qu'il  puisse  utihser  pour  la  vie  pratique 
toutes  les  ressources  qu'il  trouve  dans  sa  nature  et  dans  la  société. 
Telles  sont  les  principales  idées  exposées  par  M.  Bauer  dans  son  livre  : 
La  Conscience  collective  et  la  morale,  non  sans  finesse  et  sans  sagesse. 
Regrettons  qu'il  semble  absorber  la  morale  dans  la  sociologie  et 
qu'il  croie  possible  une  morale  indépendante,  c'est-à-dire  une  loi 
sans  législateur. 

12.  —  Après  avoir  esquissé,  dans  une  Introduction,  l'évolution  de 
ia  morale  à  travers  les  âges,  le  D^  F.  Martin  en  vient  à  ce  qni  cens- 


I 


—  393  — 

titue  le  sujet  spécial  de  son  livre  :  La  Morale  républicaine.  Entend-il 
par  ces  mots  la  morale  créée  par  la  République  ou  la  morale  exigée 
par  elle?  Dans  les  deux  cas,  il  poursuit  une  chimère  et  engendre  un 
être  de  raison.  Il  y  a  une  morale  humaine,  il  y  a  une  morale  chré- 
tienne, mais  la  République  n'est  qu'une  forme  de  gouver- 
nement, contingente  et  périssable.  Chez  nous,  en  France,  au 
xx^  siècle,  elle  a  désorganisé  la  famille  par  le  divorce,  pratiqué 
la  spoliation  des  couvents  et  des  éghses,  violé  le&  contrats  nationaux, 
profané  l'âme  de  l'enfant  en  la  disposant  à  recevoir  les  germes  de 
l'athéisme,  détruit  la  hiérarchie,  essentielle  à  Tordre  social,  par  la 
proclamation  d'une  impossible  et  néfaste  égalité.  Voilà  quelques-unes 
de  ses  innovations  ;  quant  au  reste,  M.  Martin  attribue  à  la  République 
les  préceptes  de  la  raison,  de  la  conscience  et  du  Pécalogue  et  se 
borne  à  répéter  les  banalités  qui  encombrent  tous  les  manuels. 

13. —  Comment  vivre.  Pourquoi  vivre  ?,  par  M.  l'abbé  J.  Airaudi. — 
Trente-et-une  conférences  sur  divers  sujets  de  morale.  Beaucoup  de 
questions  y  sont  abordées,  discutées  et  résolues,  les  unes  spéculatives 
{la  liberté,  le  progrès  intellectuel),  '■  les  autres  pratiques  {V alcoolisme,  la 
misère),  la  plupart  sociales  et  toutes  actuelles.Traitées  devant  des  audi- 
teurs capables  de  les  comprendre,  elles  durent  les  attirer  et  les  retenir 
autour  de  la  chaire  du  jeune  orateur,  qui  sait  ordonner  et  présenter 
ses  idées,  choisir  les  preuves,  émouvoir  les  sentiments,  inspirer  les 
résolutions;  la  doctrine  est  revêtue  d'élégance  et  l'allure  du  discours 
est  empreinte  de  distinction. 

14.  —  En  Marge  de  Nietzsche  :  ces  mots  font  espérer  ou  craindre 
des  annotations,  des  corollaires,  des  commentaires,  destinés  à  illustrer 
Tœuvre  virulente  et  colorée  de  ce  fou  génial,  dont  la  vogue  semble 
déjà  s'amoindrir.  De  fait  les  «  philosophèmes  «  de  M.  C.  Benoist- 
Hanappier  se  rapporteraient  tout  aussi  bien  aux  drames  d'Ibsen  ou 
aux  romans  de  Tolstoï.  Ils  tendent  à  nous  persuader  que  la  vie  n'a 
point  de  but,  mais  que  nous  pouvons  lui  en  assigner  un,  que  le  cours 
des  choses  est  livré  au  hasard  et,  malgré  cela,  rigoureusement  enchaînéi 
que  rien  n'est  important,  mais  que  tout  est  digne  d'attention.  Le  pire 
est  que  l'auteur  de  ces  divagations  s'estime  peut-être  très  original, 
tandis  qu'elles  dénoncent  un  parti  pris  résolu  et  artificiel  d'être  et 
de  se  montrer  audacieux.  C'est  vraiment  dommage,  car  de  temps  à 
autre  on  rencontre  des  pages  (sur  le  hbre  arbitre,  par  exemple)  qui 
laissent  soupçonner  des  dons  de  penseur  et  d'écrivain,  gaspillés  en 
des  impertinences  usées  et  fâcheuses. 

•  15.  —  Les  Formes  élémentaires  de  la  vie  religieuse.  Le  Système 
totémique  en  Australie,  par  M.  E.  Durkheim  :  c'est  par  l'analyse  de 
la  religion,  la  plus  simple  qui  soit,  que  l'on  arrive  à  déterminer  les 
formes  élémentaires  de  la  vie  religieuse  et,  indirectement,  la  genèse 


—  394  — 

des  formes  fondamentales  de  la'pensée.  La  religion  n'est  pas  essentiel- 
lement le  surnaturel  ni  la  relation  de  la  créature  avec  Dieu,  mais  la 
détermination  des  choses  sacrées.  [L'animisme  et  le  naturisme  ne 
fournissent  pas  les  motifs  de  cette  distinction.  Le  phénomène  reli- 
gieux fondamental  est  le  totémisme,^  sohdsiive  d'une  organisation 
sociale  etfpour  lequel  l'Austrahe  est  un  terrain  d'études  très  favorable. 
11  faut  rechercher  et  analyser  les  croyances  et  les  rites  de  ce  culte 
primitif  dont  l'origine  est  la  conviction  collective  de  l'origine  my- 
thique] de  tel  ou  tel  clan,  et  qui  détermine  les  notions  des  forces  phy- 
siques et  morales  que  la  tribu  vénère.  Pratiques  ascétiques,  prières 
et  sacrifices  s'exphquent  comme  une  dérivation  et  une  transforma- 
tion des  idées  et  des  sentiments  propres  à  la  tribu.  C'est  le  groupe 
social  qui  situe  et  classe  tous  les^ êtres  dans  des  cadres  construits  selon 
les  lois  plus  ou  moins  complexes  d'une  mentalité  collective  donnée  : 
«  Au  fond,  concept  de  totalité,  concept  de  société,  concept  de  divinité 
ne  sont^\Taisemblablement  que  des  aspects  différents  d'une  seule  et 
même  notion.  «  —  Des  faits  patiemment  recueillis,  une  érudition 
assez  spéciale  mais  réelle,  des  considérations  contestables  et  des 
interprétations  inspirées  par  des  idées  préconçues,  des  conclusions 
fausses  qui  ne  se  déduisent  pas  des  prémisses,  une  sorte  de  fidéisme 
sociologique  et  matériahste,  un^froid  mépris,  traduit  en  expressions 
qui  semblent  correctes  et  respectueuses,  de  toute  religion  qui  unit 
et  soumet  les  hommes  à  Dieu,  tel  est  ce  livre,  plus  dangereux  qu'une 
œuvre  de  combat  et  très  propre  à  fausser  les  esprits  peu  réfléchis  ou 
mal  préparés. 

16.  —  M.  Dussauze  prétend  découvrir  un  accord  entre  les  émotions 
que  traduisent  les  œuvres  d'art,  et  les  règles  auxquelles  se  doivent 
conformer  les'artistes  pour  réaliser  la  fin  qu'ils  se  proposent.  Pour 
confirmer  sa  thèse,  l'auteur  étudie  l'esthétique  cérébrale  qui,  traitant 
de^la  disposition  artistique  des  idées  et  des  images,  aide  à  fixer  les  lois 
générales  du  sentiment  dans  ses  rapports  avec  l'inteHigenoe  et 
l'activité;  ensuite  l'esthétique  vitale  qui  est  celle  de  la  sensibilité  et 
de  la  motricité  ;'enfin  la  composition  par  laquelle  les  lois  affectives 
s'apphquent 'aux  différents  genres  littéraires,  plastiques,  musicaux, 
d'une  forme  individuelle  ou  collective.'^  A  ce]  point  de  vue  et  d'après 
les  principes  qu'il  a  posés,  l'auteur  étudie  la  Messe,  dont  il  exalte 
le  caractère  esthétique  et  dont  il  admire  sincèrement  la  beauté. 
Malheureusement,  il  considère  comme  «  légendaires  »  les  événements 
dont  les  rites  sont  l'expression  et  il  commet,  dans  le  commentaire 
des  dognies  chrétiens,  de  nombreux  et  déplorables  contre-sens. 
Il  a  beaucoup  lu;  il  utilise  souvent  avec  pénétration  les  informations 
acquises,  il  présente  d'ingénieux  rapprochements,  il  engage  l'esprit 
en  des  perspectives  où  la  pensée  s'élargit,  mais  ses  idées  n'atteignent 


—  395  — 

que^rarement  la'^netteté  qui  obligerait  à  les  admettre  oujTpermettrait, 
aufmoins,  de  les  juger.  En  tout  cas  ce  livre,  qui  a  pour  titre  :  Les 
Règles  esthétiques  et  les  lois  du  sentiment,  est  déparé  par  une  incrédu* 
lité  qui  ne  manque  guère  de  s'affirmer  en  toute  rencontre  et  qui  ne 
contribue  en  rien  à  prouver  la  thèse  que  l'auteur  s'efforce  d'établir. 
Histoire  et  Critique.  —  17.  —  M.  Dietrich  poursuit,  avec  per- 
sévérance, la  traduction  des  Parer ga  et  paralipomena  de  Schopenhauer  ; 
le  présent  volume  est  intitulé  :  Fragments  sur  l'histoire  de  la  philo- 
sophie. Il  contient  diverses  études,  qui  suivent,  dans  son  cours,  la 
pensée  humaine,  de  Thaïes  à  Schopenhauer  lui-même.  Certaines 
d'entre  elles  sont  déplorablement  superficielles,  telles  que  le  bref 
chapitre  consacré  à  la  scolastique.  Bon  humaniste,  le  philosophe  de 
Francfort  est  plus  à  l'aise  lorsqu'il  s'agit  de  Platon  ou  d'Aristote.  On 
sait  qu'il  est  légitime  de  faire  état  des  objections  opposées  par  lui 
au  criticisme  kantien;  cependant,  M.  Dietrich  a  raison  d'affirmer 
qu'un  souci  apologétique  inspire  et  domine  ces  notes  sur  l'histoire  de 
la  philosophie;  elles  constituent  le  dossier  d'un  plaidoyer  et  vou- 
draient être  une  justification.  Ce  qui  leur  manque  le  plus,  c'est  l'ob- 
jeetivitéj  et  l'impartialité.  On  remarquera  la  manière  laudative  dont 
Schopenhauer  parle  d'Érigène  Scot  dans  lequel  il  reconnaissait,  à 
juste  titre,  un  précurseur. 

18.  —  Professeur  à  Anvers,  puis  à  Leyde,  d'abord  catholique, 
ensuite  janséniste,  enfin  calviniste,  malheureux  durant  toute  sa.vie 
qui  fut  agitée  et  courte,  Geulincx  imprima  au  cartésianisme,  après 
des  oscillations  entre  Spinoza  et  Malebranche,  une  direction  qui 
l'orientait  vers  ce  qui  fut,  plus  tard,  le  kantisme.  M.  Terraillon  a 
jugé  que  son  Éthique  méritait  un  examen  spécial  et  lui  a  consacré 
une  de  ses  thèses  de  doctorat  :  La  Morale  de  Geulincx  dans  ses  rap- 
ports avec  la  philosophie  de  Descartes.  Il  met  en  lumière  les  ressem- 
blances avérées  et  nombreuses  entre  les  deux  penseurs  et  s'efîorce 
de  montrer  que  les  principales  divergences  proviennent  de  la  place 
considérable  accordée  par  GeuUncx  à*  l'abnégation  et|ày humilité 
dans  sa  doctrine  de  la  vertu.  Tout  en]  reconnaissant  f que  ce  travail 
consciencieux  constitue  une  importante  contribution  à  l'histoire  du 
cartésianisme,  nous  estimons  que  l'auteur  a^^trop  grandi  ce  calvi" 
niste,  partisan  déclaré  de  l'impuissance  de  l'homme  et  dont  la  pensée 
demeure  trop  souvent  confuse. 

19.  — •  «  L'idée  type  de  Rousseau  est  celle  de  l'opposition^ entre 
l'immédiat,  l'originel,  par  lui-même  achevé,  le  total,  le  libre  et  le 
simple  d'un  côté,  et  le  dérivé,  le  relatif,  le  partiel,'  le  dépendant,  le 
complexe  dell'autre.  »  Ces  lignes,  écrites  par  M.  Harald  Hôfîding, 
résument  son  livre  :  Jean- Jacques  Rousseau  et  sa  philosophie,  dont  la 
deuxième  édition  vient  d'être  traduite  et  précédée    d'une    sugges- 


—  396  -^ 

tive  Introduction,  par  M.  Jacques  de  Coussange.  Le  philosophe  danois 
raconte  la  vie,  énumère  les  ouvrages,  expose  les  idées  de  l'auteur  du 
Contrat  social.  Même  après  les  études  suscitées  par  le  centenaire  du 
«  citoyen  de  Genève,  »  l'essai  de  Hôfîding  occupera  un  rang  spécial 
dans  l'abondante  bibliographie  dont  Rousseau  est  l'objet,  et  nous 
montrera  comment  les  étrangers  apprécient  celui  qui  a  aggravé  et 
propagé  le  romantisme  et  la  démocratie,  deux  de  nos  maladies  les 
plus  dangereuses. 

20.  —  ScheUing,  par  M.  Bréhier,  est  divisé  en  trois  parties  :  I.  Les 
Premiers  Travaux;  II.  Schellingà  léna;  III.  Les  Problèmes  religieux. 
Il  nous  semble  que  ces  trois  périodes  sont  principalement  caracté- 
risées par  l'intellectualisme,  la  philosophie  de  la  nature,  le  mysti- 
cisme du  philosophe  allemand,  qui  a  cherché,  dans  l'évolution  de  sa 
pensée,  une  formule  qui  ne  fut  jamais  précise  ni  définitive.  Entre 
le  Moi  de  Fichte  et  l'Idée  de  Hegel,  il  crut  trouver  dans  l'Absolu 
l'explication  universelle,  et  sa  philosophie  de  Vldeniité  marque  la 
position  qu'il  a  prise,  aussi  bien  que  le  terme  vers  lequel  n'a  cessé 
de  tendre  son  ondoyante  et  progressive  spéculation.  Son  historien 
le  suit  attentivement  avec  une  compréhension  digne  d'éloges,  car  la 
clarté  et  la  netteté  sont  loin  d'être  les  qualités  maîtresses  de  cet  esprit 
puissant  et  complexe.  Il  était  impossible  de  condenser  dans  quelques 
propositions  distinctes  ce  système  dont  les  parties  ne  se  joignent  que 
par  des  hens  relâchés.  Les  événements  de  l'existence,  les  controverses 
avec  les  contemporains,  les  objections  à  résoudre,  les  progrès  et  les 
détours  d'une  réflexion  profonde  mais  s'exerçant  autour  d'une  idée 
préconçue,  déterminent  la  marche  de  la  pensée  de  Schelling.  L'expo- 
sition de  ses  théories  nous  donne  l'impression  d'un  contact  continuel 
avec  lui,  et  nous  croyons  qu'il  était  difficile  de  retracer  d'une  manière 
aussi  exacte  l'histoire  d'une  doctrine  qui  se  présente  comme  un 
perpétuel  devenir.  «  La  réalité  ne  se  construit  pas;  vous  la  perdez 
en  isolant  ses  prétendus  éléments;  vous  pouvez  seulement  la  décrire, 
c'est-à-dire  séparer  ses  moments,  mais  à  condition  que  vous  ne 
perdiez  pas  de  vue  l'ensemble,  seul  fécond,  tel  est  l'enseignement 
positif  de  SchelUng.  «  (On  ne  saurait  mieux  dire.)  D'autre  part,  c'est 
par  l'intuition  qu'onprend  conscience  de  cette  réahté,  qu'on  la  pénètre 
jusqu'à  se  confondre  avec  elle.  On  sait  que  la  conclusion  déduite  de 
ces  principes  fut  un  grandiose  et  monstrueux  panthéisme. 
ir{2i.  —  Tout  le  monde|connaît  plus  ou  moins  les  traits  généraux 
de  l'hégélianisme  :  dialectique  pure;  thèse,  antithèse  et  synthèse; 
métaphysique  confondue  avec  la  logique;  idéalisme  transcendantal; 
mais  les  rapports  et  les  liaisons  des  diverses  théories  sont  plus  malaisés 
à  déterminer.  M.  Roques,  dans  son  livre  :  Hegel,  sa  vie  et  ses  œuvres^ 
a'entrepris 'cette ]tâohc;  il  emploiera  méthode  historique,  et  il  est 


—  397  — 

certain  que  nulle  autre  n'est  aussi  efficace  pour  développer  un 
système  à  la  façon  d'un  être  vivant.  Cependant  elle  est  très  impar- 
faite pour  construire  une  synthèse  ordonnée;  elle  ne  permet  guère  de 
condenser  un  système,  et,  nous  initiant  aux  hésitations,  aux  tâton- 
nements, aux  régressions  de  la  pensée,  elle  en  décrit  mieux  l'allure 
qu'elle  n'en  tixe  les  résultats.  L'ouvrage  de  M.  Roques,  remarquable 
par  l'érudition  et  le  souci  de  fidélité,  ne  modifie  guère  le  jugement  que 
Ton  doit  porter  sur  cet  homme  de  génie  qui  a  méconnu  les  principes 
les  plus  certains  de  la  connaissance,  de  l'être  et  de  l'action,  et  qui 
aboutit  à  un  formalisme  vide  dans  lequel  se  confondent  toutes  les 
notions  et  s'évanouissent  toutes  les  réalités. 

22.  —  Arthur  Schopenhaaer,  par  M.  E.  Seillière,  fait  partie  de  la 
collection  :  Les  Grands  Écrivains  étrangers^  je  rappelle  ce  détail 
parce  qu'il  assigne  son  but  à  cet  ouvrage  et  en  justifie  le  ton  général. 
La  biographie  y  tient  la  première  place;  elle  est,  du  reste,  agréable- 
ment esquissée.  L'auteur  insiste  sur  le  romantisme  du  philosophe  de 
Francfort  et  sur  sa  manière  personnelle  et  pittoresque  de  traiter 
les  sujets  qui  l'intéressent.  Il  veut  nous  persuader  que  son  héros  se 
croyait  plus  athée  qu'il  ne  l'était;  j'avoue  qu'il  ne  m'a 
pas  convaincu.  Aussi  bien  ses  idées  sont  indiquées  plutôt  que  déduites 
les  unes  des  autres.  Néanmoins,  ce  livre  se  lit  avec  plaisir,  même  après 
les  ouvrages  plus  scientifiques  de  MM.  Ribot  et  Ruyssen.  Il  confirme 
ce  que  nous  savons  du  philosophe  allemand;  il  complète  la  physio- 
nomie distincte,  dégage  l'esprit  propre  d'un  écrivain  i^faisant  partie 
avec  Schelling  et  Hegel  d'une  trilogie  de  malfaiteurs. 

23.  —  Semeur  de  rêves,  l'idéalisme  semblait  du  moins  nous  avoir 
débarrassés  des  malsaines  et  brutales  insolences  du  matérialisme. 
Néanmoins  ce  vieux  système  a  reparu  sous  des  formes  nouvelles^: 
le  monisme  hylozoiste  deM.  Le  DanteCjl'ondulationnisme  de  M.  Conta, 
l'atomisme  dynamique  de  M^^*^  Royer,  le  déterminisme  physiolo- 
gique de  Jules  Soury.  (Le  dernier  a  donné,  en  plusieurs  circonstances, 
des  preuves  de  bon  sens  et  de  clairvoyance  qui  autorisent  à  espérer 
qu'il  ne  demeurera  pas  enlisé  dans  cette  bourbe.)  En  des  conférences 
brillantes,  M.  Saulze  décrit  et  réfute  ces  foHes  attristantes.  Après  les 
avoir  exposées  avec  une  lucide  impartialité,  il|montre  péremptoirement 
qu'elles  violent  les  lois  de  la  raison  et  qu'elles  ne  trouvent  aucun 
appui  dans  la  science.  Le  Monisme  matérialiste  en  France,  tel  est  le 
titre  de  son  livre,  écrit  par  un  vrai  philosophe,  dans  une  langue  alerte 
€t  spirituelle.  La  bibliographie  qui  termine^^le  'volume^montre  que  le 
distingué  professeur  du  collège  Stanislas  est  très  au  courant  de  la 
littérature  de  son  sujet. 

24.  —  «  Sans  nul  doute,  et  de  l'aveu  commun,  l'œuvre  de  M.  Henri 
Bergson  comptera,  aux  yeux  de  l'avenir,  parmi  les  plus  caractéris- 


—  398  — 

tiques,  les  plus  fécondes  et  les  plus  glorieuses  de'notre  époque.  » 
On  ne  s'étonnera  point  qu'un  admirateur  aussi  enthousiaste  ait  tenu 
à  faire  connaître  ce  philosophe  «  comparable  aux  plus  grands  et 
écrivain  autant  que  penseur  ».  Le  petit  livre  intitulé  :  Une  Philosophie 
nouvelle.  Henri  Bergson  est  l'hommage  convaincu  de  M.  Le  Roy,  à 
celui  qu'il  regarde  comme  un  maître  de  la  pensée.  Dans  une  vue 
d'ensemble,  le  critique  nous  initie  à  la  méthode  et  à  la  doctrine,  et 
fait  sui\Te  son  résumé  d'éclaircissements  nécessaires  —  et  insuffi- 
sants. Non  que  M.  Le  Roy,  mathématicien  très  estimé,  philosophe 
délié,"' manque  de  pénétration  ou  d'exactitude,  mais  parce  qu'on  ne 
peut  exposer  la  doctrine  de  M.  Bergson  sans  la  trahir.  Dès  qu'on 
l'enferme  en  des  cadres  définis,  on  l'altère;  dès  qu'on  l'exprime  en 
des  mots  précis,  on  la  défigure;  dès  qu'on  essaie  de  la  fixer  en  de 
claires  formules,  elle  s'évanouit.  Mais,  peut-être,  cette  impuissance 
a  la  traduire  en  termes  intelligibles  est-elle  précisément  sa  condam- 
nation. La  réelle  profondeur  de  M.  Bergson,  la  nouveauté  et  l'ingénio- 
sité de  quelques-uns  de  ses  aperçus,  la  beauté  de  ses  métaphores, 
ne  sont  que  la  parure  d'une  pensée  fuyante  qui  nous  ramène  aux 
conceptions  du  vieil  Heraclite. 

25.  —  Pourquoi  M.  Bourdeau  a-t-il  donné  à  ses  causeries  le  nom 
de  :  La  Philosophie  affective!  Sans  doute  parce  qu'un  certain  nombre 
d'entre  elles  ont  pour  objet  l'anti-intellectualisme  de  M.  Ribot.  On 
ramènera  malaisément  à  ce  titre  les  articles  sur  le  centenaire  de 
Descartes  ou  la  philosophie  de  M.  Fouillée;  mais  lorsqu'on  cause,  une 
certaine  liberté  est  de  mise;  ici  elle  s'allie  à  la  clarté,  à  la  variété  de 
l'information,  au  tour  simple  et  naturel,  aux  digressions,  à  un  aimable 
laisser-aller.  Qu'il  s'agisse  de  W.  James  ou  de  Brochard,  du  langage 
affectif  ou  des  caractères,  M.  Bourdeau  nous  fait  part  de  ses  impres- 
sions en  homme  sincère  et  de  bon  goût.  Ne  lui  demandez  pas  des 
jugements  fermes  et  fortement  motivés  :  ce  n'est  pas  sa  manière. 

26.  —  L'Année  philosophique  en  est  à  son  vingt-deuxième  volume; 
elle  contient  des  études  remarquables  qui  nous  transportent  des 
mythes  de  Platon  (M.  Rodier)  à  l'idéaUsme  d'Oxford  (M.  J.-H.  Bois), 
de;,Descartes  (M.V.  Delbos)  à  M.  Bergson  (M.  Dauriac),  des  antinomies 
kantiennes  (M.  Pillon)  aux  commentateurs  et  successeurs  de  Kant 
(M.  Maillard).  M.  Dauriac  analyse  la  philosophie  de  la  religion  et 
M.  Lechalas  raconte  les  années  d'apprentissage  de  E.  Fromentin.  On 
pourrait  douter  que  ce  dernier  article  soit  tout  à  fait  à  sa  place,  entre 
la  politique  d'Antisthène  et  l'idéalisme  et  le  réalisme  de  Descartes; 
mais  pourquoi  se  plaindre  d'un  plaisir?  Aussi  bien  est- il  besoin  de 
quelque  complaisance  pour  classer  parmi  les  œuvres  philosophiques  *. 
La'  folie  de  Jésus  et  le  témoignage  de  saint  Marc,  par  M.  André  Arnal, 
Jésus  et  les  apôtres,  par  M.  Fiepenbring,  les  bases  logiques  d'un  néo- 


—  399  — 

calvinisme,  par' M.  E.  Pitavel  OUiff.  Mais  M.  Pillon  a  des  raisons  per- 
sonnelles pour'  s'occuper  d'exégèse  et  de  théologie  protestantes.  Il 
n'est  pas  nécessaire  de  partager  ses  convictions'pour  avouer  que  ce 
qu'il  en  dit  n'est  pas  dépourvu^d'intérêt.    Louis  Maisonneuve. 


SCIENCES  PHYSIQUES'ET  CHIMIQUES 
SCIENCES  MATHÉMATIQUES 

Physique.  —  1.  Mémoires  sur  l'électricité  et  l'optique,  par  A.  Potier,  publiés  et 
annotés  par  A.  Blond el.  Paris,  Gauthier- Villars,  1912,  gr.  in-8  dexx-330p.,  avec 
74  fig.  et  un  portrait,  13  fr.  —  2.  Précis  d'optique,  d'après  l'ouvrage  de  Paul 
Drude,  refondu  et  complété  par  Marcel  Boll.  T.  II.  Optique  électromagnétique. 
Optique  énergétique.  Paris,  Gauthier-Villars,  1912,  gr.  in-8  de  iv-362  p.,  avec  64  fig., 
12  fr.  —  3.  Passage  de  l'électricité  A  travers  les  gaz,  par  J,  J.  ThOMSON;  trad.  de 
l'anglais  par  R.  Fric  et  A.  Faure.  Paris,  Gauthier-Villars,  1912,  gr.  in-8  de  x-694p. 
et  209  fig.,  24  fr,  —  4.  Oscillations  et  vibrations.  Étude' générale  des  mouvements 
vibratoires,  par  A.  Boutaric.  Paris,  Doin,  1912,  in-18  de  vii-403-xii  p.,5avec 
139  fig.,  cartonné,  5  fr. —  5.  Réception  des  signaux  radiotélé graphiques  transmis  par 
la  tour  Eiffel,  publié  par  le  BureauTdesj  longitudes.  Paris,  Gauthier- Villars,^1912, 
in-8  de^iv-56  p.  et  21  fig.,  1  fr.  75.  ' 

Chimie.  —  6.  Conférences  sur  les  alliages,  par  Rengade,  Jolibois  et  Broniewsk.1. 
Paris,  Hermann,  1912,  in-8  de  36  p.,  avec  19  fig.  et  4  pi.,  2  fr.| —  7.  La  Pression 
osmotique  et  le  mécanisme  de  l'osmose,  par  Pu  rre  Girard. 'Paris,  Hermann,  1912, 
in-8  de  18p. ,1  fr.- — 8.  Conférences  sur  quelques  thèmes  choisis  de  la  chimie  physique, 
par  Svante  Arrhénius.  Paris,  Hermann,  1912,  in-8  de  113  p.,  3  fr. 

Mathématiques.  —  9.  Œuvres  de  Charles  Hermite  publiées  par  Emile  PIcard  . 
T.  m.  Paris,  Gauthier-Villars,  1912,  gr.  in-8  de  524  p.,  avec  portrait,  18  fr.  — 
10.  Trigonométrie,  par  P.  Camman  et  A.  Grignon.  Paris,  J.  de  Gigord,  1912,  in-16 
de  210  p.,  avec  61  fig.,  caitonné,'  3  fr.  —  11.  Cours  de  trigonométrie,  par  Th.  Ca- 
ronnet.  Paris,  Gauthier-Villars,  1912,  in-8  de  217  p.  et  111  fig.,  4  fr,  50. —  12.  Les 
Anaglyphes  géométriques,  par  H.  Vuibert.  Paris,  Vuibert,  s.  d.  [1912[,  gr.  in-8 
de  32  p.,  avec  8  fig.  et  31  anaglyphes,  1  fr.  50. 

Histoire.  • —  Philosophie.  —  13.  Mémoires  scientifiques  de  Paul  Tannery,  publiés 
par  J.-L.  Heiberg  et  H. -G.  Zeuthen.  T.  1.  Sciences  exactes  dans  l'Antiquité 
(1876-1884).  Paris,  Gauthier-Villars,  1912,  in-8  carré  de  xix-466  p.,  avec  17  fig. 
et  1  portrait,  15  fr.  —  14.  Éloges  académiques  et  discours,  par  Gaston  Darboux. 
Paris,  Hermann,  1912,  in-16  de  525  p.  avec  portrait,  5  fr.  —  15.  Pensées  de  Jules 
Tannery.  Paris,  Hachette,  1912,  in-16  de  139  p.,  avec  portrait,  10  fr. 

Physique.  — 1. —  Potier  possédait  au  plus  haut  degré  le  talent  de 
condenser,  en  une  théorie  mathématique,  les  résultats  expérimentaux 
des  physiciens.  Il  se  transformait  cependant  en  expérimentateur 
lorsque  ses  recherches  théoriques  lui  signalaient  une  lacune  ou  une 
obscurité.  Ses  Mémoires  sur  l'électricité  et  l'optique  sont  constamment 
consultés  par  les  physiciens  modernes;  mais  le  développement  inces- 
sant de  la  science  donne  souvent  une  vie  éphémère  aux  hypothèses 
et  aux  théories.  M.  Blondel  a  entrepris  de  pubher  les  travaux  de 
Potier  dont  la^connaissance  est  indispensable  actuellement,  laissant 
de  côté  ceux  qui  n'ont  plus  qu'un  intérêt  historique.  La  tâche  était 
délicate  :  M.  Blondel  s'en  est  tiré  à  son  grand  honneur.  Au  lieu  de 
suivre  uniquement  l'ordre  chronologique,  il  a  divisé  les  mémoires  de 


—  400  — 

Potier  en  trois  séries  :  Électricité^théorique  ;  Électrotechnique  ;  Optique. 
Chaque  mémoire  est  reproduit  intégralement;  do  plus,  dans  de  nom- 
breuses notes,  très  discrètes  et  très  précises,  M.  Blondel  ajoute  soit 
quelques  éclaircissements  sur  le  texte  même  de  Potier,  soit 
quelques  développements  se  soudant  intimement  au  mémoire  cité. 
Les  mémoires  non  reproduits  dans  ce  volume  font  l'objet  d'un  court 
résumé  qui,  avec  la  liste  complète  des  notes  de  Potier,  présentées  à 
l'Académie  des  sciences,  complètent  l'énumération  des  travaux  de 
cet  illustre  savant  disparu  trop  tôt,  mais  dont  l'influence  scienti- 
fique survit  de  la  façon  la  plus  intense. 

2.  —  Comme  il  était  annoncé  dans  le  premier  volume  du  Précis 
d'optique  (Cf.  Polybiblion  de  novembre  1911,t.  CXXII,  p.  414-415), le 
but  principal  de  M.  Boll  était  de  mettre  VOpliqiie  électromagnétique  à  la 
portée  des  jeunes  étudiants.Voulant  que  son  livre  se  suffise  à  lui-même, 
l'auteur  établit  et  étudie  les  équations  fondamentales  de  Maxwell- 
Hertz.  Prenant  ensuite  les  phénomènes  de  propagation,  réflexion  et 
réfractions  dans  les  corps  isotropes;  propagation  dans  les  corps  aniso- 
tropes;  réflexion,  réfraction  et  interférences,  extinction,  dispersion 
et  absorption,  M.  Boll  établit  qu'à  chacun  de  ces  phénomènes  lumineux 
correspond  l'analogue  en  électromagnétisme  et  que  la  loi  mathéma- 
tique, établie  pour  l'oade  électromagnétique,  s'applique  intégrale- 
meat  à  l'onde  lumineuse.  L'exposé  de  toutes  ces  questions  est  d'une 
clarté  merveilleuse,  quoique  l'appareil  mathématique  y  tienne  une 
grande  place,  mais  tout  étudiant  possédant  bien  les  mathématiques 
préparatoires,  comme  on  les  enseigne  actuellement  dans  les  Univer- 
sités françaises,  peut  comprendre  toutes  les  transformations  de  <îalGul 
employées  par  l'auteur.  Les  phénomènes  éleotro  et  magnéto-élec- 
triques, qui,  historiquement,  ont  conduit  à  la  découverte  de  l'optique 
éleotromagnétique,  sont  traitées  de  la  même  manière  que  les  chapitres 
précédents.  Pour  l'optique  des  corps  en  mouvement,  M.  Boll  reprend 
l'hypothèse  de  Loreijtz  :  l'éther  immobile.  Pourquoi  définir  l'éther 
comme  de  l'espace  doué  de  certaines  propriétés  physiques?  ou  dire  : 
l'hypothèse  de  l'éther  immobile  est  la  plus  simple  et  la  plus  natu- 
relle? Il  suffisait  de  dire  comme  il  a  été  fait  :  c'est  la  seule  concordant 
avec  l'expérience.  Dans  une  deuxième  partie,  l'énergie  rayonnante 
est  étudiée.  Cette  partie  de  fouvrage,  quoique  excellente,  n'a  pas  été 
rédigée  avec  le  même  amour  que  la  première  :  c'est  un  bon  hvre  clas- 
sique, au  courant  des  derniers  progrès  de  la  science. 

3.  —  Après  avoir  rappelé  la  faible  conductibilité  électrique  des  gaz 
à  l'état  normal,  M.Thomsort,  dans  son  ouvTdige:  Passage  de  l'électricité 
à  travers  les  gaz,  étudie  les  propriétés  d'un  gaz  conducteur,  c'est- 
à-dire  d'un  gaz  ionisé.  L'existence  de  l'ion,  ses  propriétés  fondamen- 
tales, sa  manière  de  se  comporter  au  sein  du  gaz  où  il  s'est  produit 


—  /iOi  — 

mais  sans  subir  d'action  extérieure,  forment  un  ensemble  sur  lequel 
se  basera  toute  l'étude  des  phénoijiènes  électriques  produits  au  sein 
(les  gaz.  La  théorie  de  l'ionisation  a  été  fort  attaquée  ces  dernières 
années;  actuellement,  elle  reste  intacte  :  il  n'y  a  rien  à  ajouter  ni  à 
r(>tranc}ier  au  eliapitri."  de  l'ouvrage  de  M.Thomson  dont  nous  venons 
de  parler.  Nous  dirons  de  même  de  la  théorie  mathématique  du 
passage  de  l'électricité  à  travers  un  gaz  renfermant  des  ions  et  de 
l'eiïet  produit  par  un  champ  magnétique  sur  le  mouvement  des  ions 
<;ar  les  hypothèses  spéciales  (vitesse  des  ions,  direction  de  la  force,  etc.) 
restent  très  sullisamment  vérifiées  par  l'expérience.  Cette  théorie 
met  en  évidence  le  rapport  de  la -charge  à  la  masse  d'union;  l'auteur 
signale  à  la  suite  les  recherches  numériques  faites  sur  ces  questions  et 
l'xplique  pourquoi,  suivant  certaines  conditions,  on  a  deux  valeurs 
1res  différentes.  Sous  le  titre  de  quelques  propriétés  physiques  des 
ions  gazeux,  l'auteur  étudie  plus  particulièrement  les  condensations 
<le  vapeur  qui  se  forment  autour  des  ions,  c'est  actuellement  la  meil- 
leure preuve  physique  de  la  réalité  d'existence  des  ions.  Tous  les 
procédés  permettant  d'ioniser  un  gaz  (par  solides  incandescents, 
flammes,  etc.)  forment  autant  de  chapitres  séparés  qu'il  y  a  de  pro- 
cédés différents  :  toutes  les  expériences  ayant  une  importance  sont 
relatées,  au  moins  dans  leurs  résultats,  la  description  des  appareils 
l'st  faite  pour  celles  dont  l'intérêt  est  capital.  Un  cas  intéressant  est 
celui  où  l'ionisation  est  produite  par  l'action  du  champ  électrique 
agissant;  sur  le  gaz  ce  phénjuièno  se  produit  plus  particulièrement 
dans  la  décharge  disruptive.  Son  effet  est  étudié  expérimentalement 
t't  mathématiquement.  La  décharge  à  travers  les  gaz  à  basse  pres- 
sion et  l'arc  électrique  son*/de  bonnes  études, mais  n'ayant  pasl'impor- 
tance  du  reste  de  l'ouvrage.  Traduit  sur  l'édition  de  1906,  le  lecteur- 
pourrait  crainire  que  ce  livre  ait  vieilli.  11  n'en  est  rien.  Les  expé- 
riences récentes  sur  l'ionisation  sont  nombreuses,  mais  elles  s'ajou- 
tent aux  précédentes;  l'ouvrage  de  M.Thomson  reste  le  meilleur  livre 
pour  étudier  l'ionisation. 

4.  —  Chaque  fois  que  l'énergie  joue  un  rôle  dans  un  phénomène 
physique,  celui-ci  se  manifeste  par  des  Oscillations  et  vibrations. 
M,  Boutaric  a  ou  l'heureuse  idée  de  condenser  dans  un  substantiel 
volume  V Etude  générale  des  mouvements  vibratoires.  L'exposition  ma- 
thématique du  mouvement  vibratoire  harmonique  ou  amorti,  les 
conséquences  de  la  présente  dans  un  même  champ  de  plusieurs 
mouvements  vibratoires  précèdent  l'étude  plus  particulière  des 
mêmes  vibrations  en  acoustique,  en  optique,  en  électricité.  L'auteur 
n'a  pas  voulu  écrire  un  traité  de  physique  réduit;  son  but  est  de 
donner  une  vue  d'ensemble  sur  les  phc'nomènes  vibratoires.  Pour  cela, 
il  met  très  en  éviden'îe  les  expériences  et  les  hypothèses  qui  ont 
Novembre  1')12.  T.  CXXV.  26. 


—  402  — 

permis  île  les  introduire  dans  chaque  branche  de  la  science,  il  déve- 
loppe toutes  les  formules  spéciales  à  chaque  manifestation  parti- 
culière du  mouvement  vibratoire,  montre,  par  quelques  exemples  heu- 
reusement choisis,  les  résultats  et  les  progrès  dus  à  l'étude  appro- 
fondie de  ces  mouvements.  Les  physiciens  trouveront  rapidement 
dans  ce  livre  les  documents  fondamentaux  indispensables;  il  devien- 
dra pour  eux  un  auxiliaire  excellent.  Nous  le  recommandons  tout 
particulièrement  à  certains  spécialistes  de  la  chimie,  de  la  physio- 
logie, de  la  phon  'tique  et  de  quelques  autres  sciences  qui  étudient,  eux 
aussi,  des  phénomènes  intimement  liés  aux  mouvements  vibra- 
toires. 

5.  —  Le  Bureau  des  longitudes  a  rédigé  des  instructions  pré- 
cises pour  la  Réception  des  signaux  radiotélé graphiques  transmis  par  la 
tour  Eiffel.  Il  donn^  tous  les  renseignements  nécessaires  tant  pour 
l'établissement  du  poste  récepteur  que  pour  son  bon  fonctionne- 
ment. 11  fait  connaître  quand  et  comment  sont  envoyés  les  signaux 
horaires.  Grâce  aux  indications  contenues  dans  ce  petit  volume, 
tout  le  monde,  san?  connaissances  spéciales,  pourra  construire  son 
poste  récepteur,  si,  toutefois,  la  situation  physique  de  sa  demeure  le 
permet.  Nous  ferons  remarquer  un  oubli  du  Bureau  des  longitudes  : 
tout  Français  a  le  droit  absolu  d'installer  un  poste  récepteur  sans 
demander  d'autorisation  à  qui  que  ce  soit.  Nos  lecteurs  ne  se  trom- 
peront pas  :  il  n'en  résulte  point  que  quiconque  a  le  droit  de  faire 
de  la  télégraphie  sans  fil  et  d'établir  un  poste  émetteur.  Dans  une 
seconde  pai'tie,  s'adressant  aux  spéoiahstes,  cet  ouvrage  exphque 
la  méthode  suivie  à  la  tour  Eiffel  pour  l'envoi  des  signaux  rythmés  des- 
tinés aux  comparaisons  des  chronomètres. 

Chimie.  —  6  et  7.  —  La  Société  de  chimie-physique  pubhe  par 
fascicules  les  Conférences  faites  par  ses  membres.  Ce  sont,  en  réalité, 
de  substantielles  leçons  sur  des  points  de  la  science  en  plein  dévelop- 
pement. Les  Alliages  sont  constitués  par  des  composés  définis  cristal- 
lisés au  miheu  de  dissolutions  sohdes.  Comment  distinguer  ces  éh- 
meitts?  ^L  Rengade  emploie  pour  cela  la  méthode  thermique  et  la 
méthode  micrographique.  Son  travail,  si  concis  et  si  clair,  est  accom- 
pagné de  onze  photographies  de  coupes  d'aUiages;  neuf  d'entre  elles 
ont  déjà  été  insérées  dans  son  ouvrage  :  Analyse  thermique  (Cf.  Poly- 
hiblion  de  novembre  1910,  t.  CXIX,  p.  400-410);  une  très  intéres- 
sante planche  nouvelle  montre  la  filiation  aluminium-cuivre.  M.  Jolibois 
rappelle  ce  que  sont  les  méthodes  chimiques  et  prouve  qu'elles  ne 
sauraient  être  délaissées  ni  pour  les  méthodes  précédentes  ni  pour 
l'étude  des  relations  entre  la  structure  des  alliages  et  leurs  propriétés 
électriques,  exposées  ensuite  par  M.  Broniewski.  il  nous  apprend  que, 
à  défaut  de  lois  générales,  il  existe  des  faits  typiques,  bien  ctabHs,  don- 


—  403  — 

nant  des  renseignements  pratiques  sur  la  constitution  de  l'alliaoe.— 
Dans  la  Pression  osmotique  et  le  mécanisme  de  l'osmose,  M.  \\  GirsiYd 
s'oceupe  surtout  du  dernier  point.  La  difliculté  qu'il  y  a  de  concilier 
avec  la  théorie  cinétique  de  l'osmose  les  théories  classiques  du  méca- 
nisme de  l'osmose,  l'ont  incité  à  faire  des  travaux  personnels, 
décrits  très  sobrement,  qui  peuvent  ouvrir  de  nouvelles  voies  aux 
physiologistes. 

8.  —  Les  trois  premières  Conférences  sur  quelques  thèmes  choisis 
de  la  chimie  physique  faites  par  M.  Arrhénius,  en  1911,  à  la  Sorbonne, 
ont  pour  titres  :  la  Théorie  moléculaire;  les  Suspensions  et  les  phéno- 
mènes d'absorption,  l'Énergie  Hbre.  Ces  conférences  doivent  être  lues 
par  tous  fteux  qu'intéresse  la  chimie  physique.  Elles  ont  un  plan 
commiui  :  un  court  historique,  suivi  de  l'exposition  et  de  la  discus- 
sion des  travaux  les  plus  récents  et,  quand  il  y  a  lieu,  l'explication  des 
anomalies  qui  font  que  tel  phénomène  particulier  ne  se  plie  pas  à  la 
loi  mathématique  régissant  les  cas  généraux.  Les  deux  dernières  con- 
férences ont  pour  sujet  :  les  Atmosphères  des  planètes;  les  Conditions 
physiques  de  la  planète  Mars.  C'est  une  suite  d'hypotlièses  intéres- 
santes, s'appuyant  bien  phis  sur  l'imagmation  que  sur  l'expérience. 

Mathématiques.  —  9.  —  Le  mémoire  présenté  par  Hermite  à 
l'Académie  des  sciences  en  1852,  a  été  retrouvé  et  publié  au  début 
du  troisième  volume  des  Œuvres  d' Hermite  (Cf.  Polyhiblion  :  pour  le 
tome  I,  mai  1906,  t.  CVI,  p.  409-140;  pour  le  tome  II,  novembre  1908, 
t.  GXIII,  p.  424-425).  Dans  ce  même  volume  sont  reproduites  les 
leçons,  faites  à  l'École  polytechnique,  sur  l'intégration  des  fonctions 
rationnelles  et  transcendantes.  Ces  pages  montreront  aux  généra- 
tions du  présent  et  de  l'avenir  la  précision  et  la  clarté  que  cet  illustre 
savant  mettait  dans  ses  leçons  didaûtiques.  Ces  qualités  se  retrouvent 
dans  tout  son  enseignement.  MM.  Picard  et  Bourget,  en  se  chargeant 
de  la  pubhcation  des  œuvres  d'Hermite,  n'ont  eu  que  l'embarras  du 
choix  pour  présenter  des  modèles  parfaits.  La  leçon  sur  l'équation 
de  Lamé,  faite  en  1872  à  l'École  polytechnique,  fait  connaître  les 
premiers  travaux  d'Hermite  sur  cette  question.  Ce  volume  contient 
en  tout  39  mémoires,  publiés  de  1872  à  1880;  ceux  relatifs  aux  fom;- 
tions  elliptiques  sont  presque  tous  réunis  sous  une  seule  rubrique 
occupant  i)]us  de  150  pages.  Dans  ce  volume,  comme  dans  les  précé- 
dents, on  n'a  pas  suivi  l'ordre  chronologique  absolu,  mais  l'on  a 
groupé  les  mémoires  se  rapportant  au  même  sujet.  Nous  ne  pouvons 
pas,  à  notre  grand  regret,  donner  les  titres  de  tous  les  mémoires  et 
nous  ne  nous  risquons  pas  à  citer  les  plus  importants,  car  il  est  im- 
possible de  faire  un  choix  dans  l'œuvre  d'Hermite.  Nous  avons  revu 
dans  un  magnifique  portrait,  placé  en  tête  de  ce  volume,  les  traits  du 
grand  savant,  vers  l'époque  où  il  était  notre  maître  vénéré  et  aimé. 


—  '.04  — 

10. —  La  Trigonoinèlrie  de  MM.  P.  Cammanot  A.  Grignon  est, 
théoriquement,  le  développement  du  programme  olliciel  do  l'ensei- 
gnMn<'nt  seoandaire;  pratiquement  il  contient  tout  ce  qu'il  est  néees- 
saire  de  savoir  pour  posséder  une  notion  exacte  sur  les  fonctions  trigo- 
n>métriques.  Par  exemple,  chaque  fois  qu'une  question  admet  une 
sokition  réguhère  et  une  sohition  élégante,  il  n'hésite  pas  à  donner 
les  deux;  comme  elles  sont  bien  nettement  séparées,  l'élève  moyen 
ou  fort  peut  également  profiter  de  cet  excellent  ouvrage,  qui  aura  un 
suocès  égal  à  l'algèbre  des  mêmes  auteurs. 

11.  —  Le  Cours  de  trigonomélrie,  de  M.  T.  Caronuet,  à  l'usage  des 
candidats  au  baccalauréat,  à  l'École  spéciale  militaire  de  Saint-Cyr 
et  à  l'Institut  agronomique,  est  un  honnête  ouvrage  d'enseignement 
ne  méritant  ni  éloges  particuhers  ni  critiques  spéciales.  Cependant 
nous  regrettons  que  l'auteur  n'ait  pas  substitue  à  l'expression  :  ligne 
trigon^métrique,  celle  de  :  fonction  trigonométrique,  généralement 
et  justement  usitée. 

12.  —  En  imprimant  en  deux  couleurs  complémentaires  les  deux 
épreuves  photographiques  obtenues  par  un  stéréoscope,  et  en  les 
regardant  à  travers  un  écran  biôolore  approprié,  Duoos  de  Hauron 
donnait  l'aspect  du  relief  à  ses  clichés.  La  difficulté  d'obtenir  typo- 
graphiquement  de  bons  exemplaires  a  empêché  le  succès  commer- 
cial de  cette  découverte.  M.  Richard,  proviseur  du  lycée  de  Chartres, 
applique  les  mêmes  procédés  optiques  aux  figures  géométriques,  mais 
les  dessins  primitifs  sont  obtenus  non  plus  par  la  photographie, 
mais  par  des  considérations  de  perspective  qui  déterminent  la  forme 
de  chacun  d'eux.  M.  Vuibert  s'est  chargé  de  vaincre  les  diflicultés 
typographiques.  La  plupart  des  anaglyphes  contenus  dans  notre 
exemplaire  donnent  la  sensation  parfaite  de  figures  réelles  de  l'espace, 
d'autres  sont  moins  réussis.  La  présente  brochure,  intitulée  :  Les 
Anaglyphes  géométriques,  est  un  premier  essai;  elle  fait  espérer  que 
cette  méthode  deviendra  pratique,  et  sera  un  aide  précieux  pour  l'en- 
seignement de  la  géométrie  dans  l'espace  et  de  la  géométrie  descrip- 
tive. 

Histoire.  —  Philosophie.  —  13.  —  MM.  Heiberg  et  Zeuthen  ont 
classé  et  revisé  les  Mémoires  scientifiques  de  Paul  Tannery  en  vue 
de  les  publier.  Ils  ont  été  a  dés  dans  ce  travail  par  M"»^  p_  Tannery, 
qui  a  assumé  la  difficile  tâche  de  réunir  ces  mémoires;  de  plus  elle  a 
mis  à  la  disposition  des  deux  grands  amis  de  son  mari  tous  les  papiers 
de  ce  dernier.  La  revision  faite  par  MM.  Heiberg  et  Zeuthen  comporte, 
d'une  part,  l'introduction  dans  le  texte  des  corrections  manuscrites 
faites  par  P.  Tannery  lui-même  et  celles  nécessitées  par  des  fautes 
typographiques  évidentes;  d'autre  part, les  annotations  ultérieures  que 
P.  Tannery  faisait  en  marge  de  ses  travaux  sont  reproduites,  mais 


—   Mfc  — 

avec  un  signe  distinotif,  les  remarques  supplémentaires  ajoutées  par 
les  deux  savants  professeurs  sont  nettement  séparées  du  texte  primitif. 
Cette  importante  publication  aura  de  neuf  à  dix  volumes;  elle  ne 
contiendra  ni  les  ouvrages  déjà  édités,  ni  les  questions  et  réponses 
parues  dans  V Intermédiaire  des  malhémaiiciens  et  dans  la  Bibliotheca 
matheniatica.  Ceux  qui  wnuaissent  tant  soit  peu  fies  deux  intéres- 
santes revues  comprendront  tout  de  suite  qu'il  serait  un  peu  inutile 
de  reproduire  les  réponses  qu'elles  contiennent.  Par  contre,  il  sera 
fait  un  choix  des  comptes  rendus  critiques  et  des  articles  biogra- 
phiques. Ce  plan  ,  si  justement  établi,  a  déjà  reçu  un  beau  commence- 
ment d'exécution.  Un  premier  volume,  consacré  aux  Sciences  exactes 
dans  l'Antiquité,  contient  vingt-neuf  mémoires  publiés,  tout  d'abord 
de  1876  à  1883.  Deux  autres  volumes  seront  réservés  à  l'Antiquité. 
Nous  ferons  remarquer  que  si,  d'une  part,  les  mémoires  sont  classés 
d'après  les  grandes  époques  de  l'histoire  :  Antiquité,  Byzantins,  ete., 
dans  chaque  volume  l'ordre  chronologique  des  premières  publications 
a  été  observé.  Au  prochain  volume  nous  rappellerons  toute  la  valeur 
et  l'utilité  de  l'œuvre  de  P.  TannerV;  voulant  conserver  une  petite 
place  pour  remercier  vivcmtnt  ]Vl»ic  p^^i  Ttnnery,  M.  Heiberg  et 
M.  Zeuthen  du  service  qu'ils  rendent  à  la  science,  tout  en  élevant 
un  glorieux  monument  à  la  mémoire  de  celui  qui  n'avait  que  des  amis. 

14.  —  Le  Comité  du  Jubilé  scientifique  de  M.Darboux,  ayant  réuni 
plus  de  fonds  que  ne  comportent  les  dépenses  ordinaires  de  ce  genre 
de  fête,  a  eu  l'heureuse  inspiration  de  publier  en  un  volume,  oflert 
aux  souscripteurs,  les  Eloges  académiques  et  discours  prcnoncés  par 
cet  éminent  savant.  Les  éloges  historiques  de  François  Perriej-, 
d'Antoine  d'Abbadie,  du  général  Meusnier  seront  consultés  par  tous 
les  biographes  de  l'avenir,  car  ils  contiennent  des  renseignements 
nombreux  et  précis  :  un  historien  professionnel  ne  ferait  pas  mieux. 
Cependant  les  éloges  historiques  de  Joseph  Bertrand  et  de  Charles 
Hermite  doivent  être  mis  à  part  et  placés  à  un  rang  supérieur.  Ces 
deux  grands  savants  ont  eu  une  influence  considérable  sur  le  dévelop- 
pement de  la  mathématique.  M.  Darboux  analyse  de  la  façon  la  plus 
line  leurs  propres  œuvres  et  leur  répercussion  sur  l'évolution  de  la 
science.  L'Académie  des  sciences  avait  chargé  M.Darboux  de  la  repré- 
senter lors  de  la  fondation  de  l'Association  internationale  des 
sciences,  les  trois  discours  qu'il  a  prononcés  sont  reproduits  dans  ce 
volume.  Neuf  sujets  divers  nous  montrent  en  toutes  circonstances. 
M.   Darboux  comme  un  maître  de  la  langue  française. 

15.  —  Jules  Tannery  avait  l'habitude  de  converser  avec  sa  raison? 
avec  sa  conscience.  Les  Pensées,  extraites  de  ses  notes  par  une  main 
pieuse,  avaient  été  sélectionnées  par  J.  Tannery  lui-même.  Pour  bien 
comprendre  ces  pensées,  il  faut  avoir  personnellement  connu  J.  Tan- 


1 


—  ^00  -^ 

nory.  La  notice  ilo  M.  A.  Boutroux,  contenue  dans  ce  volume,  est  la 
forme  écrite  pouvant  le  mieux  faire  saisir  l'âme  de  Tannery,  merveil- 
leusement décrite  ainsi  :  «  Très  confiant  et  tendre  ami,  il  se  plaisait 
particulièrement  aux  causeries  intimes;  il  y  découvrait  toute  son 
àme,  infinie  et.  candide,  gravement  et  idéalement  religieuse,  vouée 
au  culte  de  l'intelligence,  de  la  beauté,  de  l'amoiu'  et  de  la  bonté  »• 
De  la  lecture  de  ces  pensées  un  double  caractère  se  dessine  chez 
Tannery.  D'abord  le  sensitif  :  le  spectacle  de  la  nature,  la  musique, 
la  poésie,  la  mathématique  évoquent  chez  lui  des  sensations  égales  de 
beauté.  D'autre  part  le  religieux  :  il  croit  à  un  Être  suprême,  il  pense 
que  la  science  tuera  les  vieilles  conceptions,  il  écrit  que  la  religion 
catholique  sera  la  dernière  pratiquée  en  France,  que  la  morale,  par 
elle  enseignée,  disparaîtra.  La  science,  avoue-t-il,  ne  rend  maître  que 
de  quelques  vérités;  alors,  que  reste-t-il?  Un  vague  paganisme  res- 
semblant étrangement  à  celui  de  l'antiquité  grecque.      E.  Chailan. 

OUVRAGES   RÉCENTS  SUR  LA  xMUSIQUE 
ET   LES   MUSICIENS 

(suite) . 

29.  Notes  brèves,  par  Camille  Bellaiguf..  Paris,  Delagrave,  s.  d.,  in-18  de  358  p., 
3  fr.  50.  —  28.  Idées  et  commentaires,  par  J.-Joachim  Nin.  Pa''is,  Fisrhbacher, 
1912,  petit  in-'i  de  237  p., .'^fr.  — 29.  Histoire  de  la  langue  musicale, avec&SÎ^.'x'm- 
ples  musicaux,  par  Maurice  Emmanuel.  Paris,  Laurens,  1911,  2  vol.  gr.  in-8 
ensemble  de  679  p.,  15  fr.  —  30.  La  Musique  en  Chine,  par  Georges  SouLir:. 
Paris,  Leroux,  1911,  in-8  de  119  p.,  avec  fig.,  5  fr.  —  31.  Le  Langage  musical, 
étude  médico-psychologique,  par  les  D"^  Ernest  Dupré  et  Marcel  Nathan.  Paris, 
Alcan,  1911,  in-8  de  \ii-197  p.,  3  fr.  50.  —  32.  La  Résonance  du  toucher  et  la  Topo- 

■  graphie  des  pulpes,  par  Marie  Jaell.  Paris,  Alcan,  1912,  in-8  de  xv-163  p.,  avec 
17  pi.,  6  fr.  • —  33.  Sur  Part  de  diriger,  par  Félix  Weingartner ;  traduit  de  l'alle- 
mand par  Emile  Heintz.  Leipzig,  Bieitkopf  et  Hartel,  1911,  in-16  de  70  p.. 
2  fr.  50.  —  34.  Théorie  mathématique  de  la  musique,  par  B.  V.  Moreira  de  Sa. 
Porto  (Portugal), imp.Vasconcellos,  191  l,in'8  de  55  p. —  35.  Ménestrels  communaux 
et  instrumentistes  divers  établis  ou  de  passage  à  Malines,  de  1311  à  1790,  par  Ray- 
mond Van  Aerde.  Malines,  Godenne,  1911,  gr.  in-8  de  109  p.  —  36.  L'Année 
musicale,  publiée  par  Michel  Brenet,  J.  Chantavoine,  L.  Lalo'y,  L.  de  la 
Laurencie.  V  année.  Paris,  Alcan,  1911,  in-8  de  315  p.,  10  fr.  —  37.  Le  Chant 
choral.  Méthode.  Morceaux  choisis.  Cours  supérieur,  par  Jules  Combarieu.  Paris, 
Hachette,  1911,  in-8  cartonné  de  vi-2'î8  p.,  3  fr.  50.  —  3*4.  Library  of  Congress, 
Orchestral  Music  Catalogue,  prepared  under  the  direction  of  Oscar  George 
Théodore  Sonneck.  Washington,  Gover;iment  printing  office,  1912,  in-8  car- 
tonné de  663  p.  ■ —  39.  Der  Stil  in  der  Musik,  von  Dr.  Guido  Adler.  Leipzig, 
Breitkopf  und  Haitel,  1911,  in-8  de  vn-271  p., 9  fr.  35. — iO.Das  Konsercatorium 
fiir  Musik  in  Prag  1811-1911,  zur  100  ^-I  rfeier  der  Griindung  im  Auftrage  des 
Vereines  zur  Befôrderung  der  Tonkunst  in  Bôhfuen,  von  Dr,  Johann  Bramberger. 
Prag,  Heinrich  Mercy  Sohn,  1911,  gr.  in-8  carré  de  400  p.  (Le  même  ouvrage 
publié  en  tchèque,  304  p.). 

27.  —  Je  viens  de  passer  de  bons  moments  avec  les  Notés  brèves 
de  M.  C,  Bellaigue.  Je  les  avais  lues  déjà,  çà  et  là,  dans  les  revues, 
dans  les  journaux;  mais  cette  nouvelle  lecture  a  été  l'occasion  d'un 


—  407  — 

U(juveau  plaisir.  Elles  sont  charmantes,  ces  Notes,  bien  })ensées,  bien 
écrites.  Elles  sont  varices  aussi  :  elles  vous  conduisent  à  l'église,  où 
vous  entendrez  les  cantiques  des  premières  communions,  les  chants 
de  Noël,  de  Pâques;  puis,  sans  transition,  vous  voici  à  l'Opéra,  aux 
Italiens,  aux  concerts,  ù  Crémone,  en  Sicile,  etc.,  etc..  Et  dans  ce 
voyage  agréable,  vous  apprenez,  comme  en  passant,  les  origines  de 
la  «  Manécanterie  des  petits  chanteurs  à  la  croix  de  bois»;  puis  Bizet, 
Sully-Prudhomme,  Liszt,  Schumann,  Veuillot  vous  captivent  pen- 
dant quelcpje?  pages.  Vous  pouvez  même  vous  initier  à  la  musique 
chinoise.  Enfin  cinq  «  études  »  plus  graves  vous  retiennent  plus  long- 
temps, et  vous  arrivez  ainsi  à  la  fin  du  volume,  instruits  et  charmés. 

28.  —  Dans  son  nouveau  livre  :  Idées  et  coimneut aires,  M.  Joachim 
Nin  poursuit  sa  campagne  en  faveur  de  l'art,  contre  le  mercanti- 
lisme, la  fausse  virtuosité,  l'arrivisme,  l'égolâtrie,  la  vanité,  le  men- 
songe, l'ignorance,  dans  la  musique  surtout.  Cette  campagne,  il  la 
pousse  avec  plus  de  vigueur,  d'audace,  de  largeur  que  dans  la  bro- 
chure :  Pour  r Art,  déjà  connue  de  nos  lecteurs  {Polyhiblion  d'oc- 
tobre 1910,  t.  CXIX,  p.  312).  M.  J.- Joachim  Nin  est  épris  de  beauté, 
de  vérité;  il  les  cherche  et  les  aime  dans  l'antiquité  comme  dans  les 
temps  modernes;  mais,  hélas  !  il  ne  rencontre  trop  souvent  aujour- 
d'hui que  mensonge  et  trahison.  De  là  des  pages,  éloquentes,  où  se 
succèdent  les  plaintes,  la  satire,  le  sarcasme,  la  révolte.  La  dernière 
«  idée  »,  intitulée  :  Pessimisme'^  est  la  plus  poignante.  L'auteur  donne 
la  parole  à  un  vieillard  qui,  lui  aussi,  a  aimé  l'art,  la  beauté,  la  vérité, 
et  ne  les  a  pas  trouvés  !  «  Je  viens  de  lire,  lui  dit-il,  votre  opuscule 
Pour  l'Art  et  je  vous  plains,  car  ce  livre  vous  rendra  malheureux. 
Vous  cherchez  la  lumière  là  où  il  n'y  a  que  des  ténèbres.  . .  Vous 
avez  plus  de  chance  de  trouver  la  vérité  là-haut  qu'ici-bas.  «  Le  vieil- 
lard a  mille  fois  raison,  pourvu  qu'on  entende  par  «  là-haut  »  le  Ciel 
où  réside  le  Dieu  vrai  et  vivant,  source  de  tout  art,  de  toute  beauté, 
de  toute  bonté.  Lui-même  vie,  beauté,  vérité  éternelle,  fin  dernière 
de  l'homme. 

29.  —  «  Ce  livre  est  un  essai  d'Histoire  de  la  langue  musicale,  dans 
lequel  les  artistes  ni  les  ouvrages  ne  sont  au  premier  plan,  et  où  les 
époques  successives...  forment  les  divisions  naturelles  de  l'exposé, 
les  Echelles,  l'Harmonie,  —  le  mot  étant  pris  dans  les  différents  sens 
qu'il  comporte,  —  la  Notation,  la  Rythmique  et  les  Formes  seront 
étudiées  sommairement,  réduites  à  leurs  principes.  »  C'est  ainsi  que 
M.  Maurice  Emmanuel  résume,  dans  les  premières  lignes  de  son 
Avertissement,  tout  le  plan  de  son  livre.  Voici  les  six  périodes  qu'il 
distingue  :  Art  antique  :  Antiquité  [vn'^  siècle  avant  J.-C.  à  v^  siècle 
après);  Moyen  âge,  I  (v<?  à  xii^  siècle).  Moyen  âge,  II  (xiii^,  xiv^,  xv« 
siècles);    Art    moderne     (1600-1860),     Époque    contemporaine.    Ce 


—  /i08  — . 

vaste  plan,  qui  demanderait,  oe  semble,  de  nombreux  volumes,  est 
réduit,  pour  chaque  époque,  à  de  justes  proportions  qui  rendent  l'ou- 
vrage abordable  aux  élèves  des  écoles  musicales  et  aux  amateurs 
sérieux.  L'auteur  s'attache  surtout  à  mettre  en  lumière  la  conti- 
nuité qui  lie  les  périodes  histoi'iques  successives.  Le  langage  est  clair, 
original,  parfois  mordant;  l'exposition  simple,  méthodique;  les 
figures  nombreuses  —  il  y  en  a  683,  dont  quelques-unes  tiennent 
plus  d'une  page;  —  l'impression  très  belle;  tout  permet  une  lecture 
agréable  et  fructueuse  de  ces  deux  volumes.  Les  idées  neuves,  hardies 
y  abondent,  bien  qu'il  ne  soit  pas  toujours  possible  d'"  les  admettrt\ 
Sur  toutes  les  questions  l'auteur  est  au  courant,  ou,  s'il  paraît  parfois 
incomplet,  c'est  qu'il  néglige  volontairement  les  sujets  de  moindre 
importance  ou  ceux  qui  le  gênent.  C'est  d'ailleurs  le  danger  de  ces 
sortes  d'ouvrages  à  grande  volée;  ils  veulent,  d'un  regard  circulaire, 
embrasser  tous  les  temps,  ils  ne  voient  les  choses  que  de  très  haut  et 
risquent  a  nsi  de  glisser  trop  légèrement  sur  des  faits  historiques  de 
valeur,  ou  même  de  les  négliger  (  ntièrement.  C'est  dire  que  cet  ouvrage 
ae  saurait  sutTire  à  un  lecteur  qui  voudrait  approfondir  l'une  ou 
l'autre  période  musicale;  ils  devront  recourir  aux  ouvrages  spéciaux. 
En  résumé,  ces  deux  volumes  de  M.  AL  Emmanuel  sont  me  excel-, 
lente  introduction  à  ces  sortes  d'études. 

30.  —  Il  faudrait  se  faire  une  âme  <(  chinoise  »  et,  pour  cela,  sé- 
journer quelque  temps  au  pays  des  Célestes,  au  milieu  des  pagodes, 
des  bambous  et  des  nattes,  pour  goûter  les  beautés  étranges,  mais 
incontestables,  de  la  musique  chinoise.  C'est  ce  qu'insinue  fort  bien 
M.  Georges  Soulié,  vice-consul  de  France,  dans  la  Musique  en  Chine. 
Et  il  faut  l'en  croire  après  les  émotions  d'un  Confucius  qui,  ayant 
entendu  jouer  l'hymne  Chao  composé  plus  de  vingt  siècles  avant  lui 
par  l'empereur  Yao,  fut  si  profondément  remué  que,  <v  pendant  trois 
mois,  il  ne  connut  plus  de  goût  aux  viandes  ».  Ce  ne  sont  point  les 
richesses  de  l'harmonie  qu'il  faut  aller  chercher  dans  J'Empire  du 
Miheu;  les  Chinois  l'ignorent,  ou  du  moins  telle  que  nous  l'entendons. 
Dans  leurs  orchestres,  dont  le  rythme  pur  et  les  accents  nobles  ont. 
au  dire  de  M.  Soulié,  toute  la  beauté  du  plain-chant,  oe  sont  les  diffé- 
rents timbres  d'instruments  jouant  à  l'unisson  me  même  mélodie 
qui  produisent  un  ensemble  harmonique  complet,  par  suite  des  doubles 
sons  incidents  que  donnent  la  plupart  des  instruments  à  percussion, 
et  surtout  par  les  harmoniques  nettement  perceptibles  des  bronzes 
et  des  pierres  sonores.  De  plus,  dans  cette  musique,  qui  s'adresse 
avant  tout  à  l'inteHigence,  chaque  matière  a  son  emploi  presque 
mystique;  il  n'est  donc  pas  surprenant  que  le  bruit  assourdissant 
des  cymbales  dissonantes  trouve  un  écho  dans  l'âme  populaire. 
Mais  c'est  surtout   dans  les  cérémonies  religieuses,  admirablement 


^  /iQ9  — 

conçues  pour  que  tout  vienne  concourir  à  l'inipressicn  qu'elles  pro- 
duisent, que  se  manifeste  le  mieux  la  puissance  de  la  musique  chi- 
noise. Tout  semble  dit  dans  cette  sorte  de  grammaire  musicale  de 
M.  Soulié,  et  les  nombreuses  «  chinoiseries  »  qui  l'illustrent  parlent 
aux  yeux  aussi  bien  que  le  texte  lui-même.  Nul  doute  qu'on  ne 
puisse  devenir  en  la  lisant  i  n  très  habile  gratteur  de  K'in  ou  un  pieux 
frotteur  de  Yu,  même  en  notre  époque  dégénérée,  car  les  Chinois, 
paraît-il,  connaissent  la  décadence  même  pour  la  musique.  En  atten- 
dant, nous  nous  contenterons,  tout  en  remerciant  l'auteur  de  son 
intéressant  et  excellent  ouvrage,  d'admirer  ses  enthousiasmes  pour 
les  harmonies  célestes  et  de  croire  sur  parole  aux  beautés  de  la 
musique  chinoise, 

31. —  Le  Langage  musical  est  une  étude  «  médico-psychologique  » 
dans  laquelle  les  D^^  Dupré  et  Nathan  examinent  les  rapports  existant 
entre  la  faculté  musicale  et  ses  altérations  par  les  différents  troubles 
psychiques,  comme  l'idiotie  congénitale,  l'épilepsie,  la  neurasthénie  et, 
en  général,  toutes  sortes  de  psychonévropathies.  Cette  étude  tend  à 
démontrer  que  la  proportion  des  ahénés  chez  les  musiciens  ne  dépasse 
pas  la  moyenne  ordinaire.  Pour  Lombroso,  en  eiïet,  le  génie  ne  serait 
qu'une  manière  de  fohe,  et  les  grands  artistes,  les  grands  composi- 
teurs surtout,  ne  représenteraient  que  des  aliénés  à  divers  degrés  : 
Gluck  et  Mozart,  aussi  bien  que  Schubert  et  Chopin,  sans  oubher 
naturellement  Beethoven  et  Wagner.  En  attendant,  comme  le  dit 
M.  Ch.  Malherbe  dans  sa  spirituelle  préface,  deux  Français  ont  revisé 
quelques-uns  des  arrêts  de  ce  Lombroso  de  malheur;  ils  les  ont  passés 
au  crible  d'une  judicieuse  critique,  ils  ont  fourni  des  preuves  et  tiré 
des  conclusions  qui  ont  remis  en  place  choses  et  gens.  Nous  savons 
désormais  que  s'il  a  fallu  interner  un  Donizetti  ou  un  Schumann,  la 
musique  demeura  bien  étrangère  au  progrès  de  leur  mal  dont  elle  fut 
la  victime,  non  la  cause.  Tous  les  musiciens  qui  liront  le  Langage 
musical  seront  charmés  de  constater  que  la  musique  ne  détraque 
que  les  détraqués  et  ne  produit  la  folie  pas  plus  que  la  chasse  aux 
perdreaux  ou  la  pêche  à  la  ligne.  ; 

32.  —  La  Résonance  du  toucher  et  la  Topographie  des  pulpes,  par 
]\/[me  Marie  Jaëll,  est  une  étude  extrêmement  intéressante  des  relations 
qui  peuvent  exister  entre  les  sensations  visuelles,  auditives  et  tactiles. 
Par  la  coloration  mentale  des  sensations  tactiles,  M™^  Jaëll  prétend 
qu'une  acuité  auditive  spéciale  se  développe  qui  perfectionne  notre 
mentahté  musicale.  Nos  mains  et  nos  doigts  seraient  des  éducateurs 
nouveaux,  d'une  énergie  insoupçonnée  jusque-là.  Combinée  avec  les 
sensations  visuelles  et  auditives,  l'orientation  appropriée  des  sensa- 
tions manuelles  correspondrait  à  un  état  magnétique  destiné  à  nous 
assurer  un  savoir  manuel  et  intellectuel  supérieur.  A  mesure  que 


—  MO  — 

se  perfectionno  pour  nos  doigts  la  faculté  de  s'orienter,  les  différences 
d'orientation  des  sensations  tactiles  s'accusent  de  telle  façon  qu'elles 
nous  permettent  de  sentir  par  équivalence,  dans  les  combinaisons  de 
nos  sensibilités  tactiles,  les  différences  qui  correspondent  aux  valeurs 
innombrables  des  couleurs  que  nos  yeux  voient  et  les  différences  qui 
correspondent  aux  intonations  innombrables  des  sons  que  nos  oreilles 
entendent.  Par  la  nouveauté  des  théories  qu'il  contient  et  par  l'in- 
térêt des  expériences  qu'il  fait  connaître,  le  livre  de  M°ie  Jaëll  est 
de  ceux  que  tous  les  physiciens  et  musiciens  sérieux  doivent  lire,  car 
c'est  de  plus  une  œuvre  vécue.  On  ne  saurait  mieux  faire  pour  en 
remercier  l'auteur  que  de  lui  demander  de  continuer  ses  patientes 
recherches. 

33.  —  La  brochure  de  M.  Félix  Weingartner  :  Sur  l'arl  de  diriger, 
a  une  haute  portée  pédagogique.  Ainsi  que  le  dit,  dans  son  Intro- 
duction, M.  Emile  Heintz,  le  traducteur,  cette  importance  est  due 
surtout  «  à  ce  fait  que  les  principes  qu'elle  contient  ne  sont  pas  posés 
à  priori,  mais  sont  le  fruit  d'une  longue  expérience  de  la  part  de 
l'auteur  qui  a  su  diriger  et  dirige  lui-même  ».  Puisse  la  lecture  de  cet 
excellent  livre  apprendre  leurs  devoirs  à  nos  chefs  d'orchestre  trop 
souvent  improvisés.  Les  maîtres  de  chœur  de  nos  églises  y  trouveront, 
eux  aussi,  des  instructions  qui  leur  seront  de  la  plus  grande  utilité. 

34.  —  M.  B.  V.  Moreira  de  Sa,  professeur  à  T École  normale  de  Porto 
(Portugal)  et  membre  de  la  S.  I.  M.,  vient  de  publier  une  petite  bro- 
chure intitulée  :  Théorie  mathématique  de  la  musique.  C'est,  comme  il 
le  dit  en  sous-titre,  un  essai  de  systématisation,  déjà  présenté  au 
4e  congrès  de  la  S.  I.  M.,  à  Londres.  L'auteur  s'adresse  spécialement 
aux  personnes  sachant  déjà  les  éléments  de  la  musique  et  du  calcul 
arithmétique,  et  se  propose  de  leur  exposer  la  théorie  de  la  musique 
d'une  manière  rigoureusement  mathématique.  C'est  la  première  fois, 
je  crois,  qu'un  travail  de  ce  genre  est  publié.  Après  avoir  brièvement 
établi  les  lois  du  pendule  et  donné  les  formules  qui  les  représentent, 
M.  B.  V.  Moreira  de  Sa  montre  l'analogie  qui  existe  entre  les  mou- 
vements d'un  corps  en  vibration  et  les  oscillations  d'un  pendule. 
Déterminant  ensuite  le  nombre  de  vibrations  correspondant  à  chaque 
degré  de  la  gamme  dans  les  différentes  octaves,  il  établit  avec  préci- 
sion les  rapports  numériques  de  tous  les  intervalles  musicaux,  ce 
qui  l'amène  tout  naturellement  à  l'étude  du  demi-ton  diatonique,  du 
demi-tcn  chromatique  et  du  comma,  et  de  là  à  celle  des  gammes  chro- 
matique et  diatonique  et  enfin  de  la  gamme  tempérée.  L'auteur  ter- 
mine cet  intéressant  travail  par  un  court  aperçu  sur  la  représenta- 
tion géométrique  des  accords  au  moyen  de  triangles.  Je  crois  inutile 
de  signaler  quelques  inexactitudes,  d'ailleurs  insignifiantes.  S(»mme 
toute,  les  musiciens  qui  sont  curieux  de  connaître  les  bases  logiques 


—  ^lll  — 

de  la  mélodie  et  de  l'harmonie  feront  bien  de  lire  cette  brochure  : 
Félix  qui  potuit  rerum  cognoscere  causas  ! 

35.  —  Dans  Ménestrels  communaux,  M.  Raymond  Van  Aerde  fait 
l'historique  et  donne  la  liste  complète  des  ménestrels  et  instrumen- 
tistes divers  :  veilleurs  de  nuit,  ménestrels  officiels,  ménestrels  libres 
et  musiciens  étrangers  établis  ou  de  passage  à  Malines,  de  1311  à  1790. 
C'est  en  parcourant  les  premiers  registres  des  Comptes  de  la  ville 
et  en  constatant  l'importance  donnée  au  veilleur  de  la  Tour  Saint- 
Rombaut  —  le  toren^vachter  —  qu'il  fut  amené  à  publier  les  documents 
contenus  dans  cette  plaquette,  ornée  de  quelques  curieuses  et  inté- 
ressantes gravures.  Ces  pages,  cependant,  ne  retracent  qu'à  grands 
traits  l'histoire  populaire  des  musiciens  et  de  la  musique  à  Malines; 
l'auteur  ne  s'est  attaché  qu'aux  faits  gén:^raux,  réservant  les  détails 
pour  des  monographies  ultérieures.  Ces  notices  plus  développées 
seront  accompagnpes  des  textes  d'archives  qui  ont  servi  de  base  à 
la  rédaction  du  présent  travail. 

36.  —  L'Année  musicale,  dont  je  présente  à  nos  lecteurs  le  premier 
volume  (1911),  est  publiée  par  MM.  Michel  Brenet,  J.  Chantavoine, 
L.  Laloy  et  L.  de  la  Laurencie.  Quel  en  est  le  plan,  l'objet  précis,  le  but? 
Aucune  Préface,  aucun  Avertissement  ne  nous  ledit;  il  faut  le  déduire 
du  contenu,  du  nom  des  auteurs  et  des  cinq  Mémoires  contenus  dans 
le  dit  volume.  \q\q'\  ces  Mémoires  :  1°  Contribution  à  l'histoire  de  la 
symphonie  française  vers  1750,  par  M. L.  delà  Laurencie;  c'est  le  plus 
important.  Ce  sujet  est  presque  entièrement  nouveau.  On  sait  que 
vers  1750  se  produisit  et  se  développa  un  nouveau  style  symphonique 
consacré  plus  tard  par  Haydn,  Mozart  et  Beethoven.  Des  études 
approfondies  ont  été  faites  en  Allemagne  sur  ce  mouvement,  ses  ori- 
gines, ses  évolutions.  M.  de  la  Laurencie  se  propose,  dans  ce  travail, 
de  dresser  un  inventaire  de  la  production  symphonique  française 
entre  1740  et  1760,  et  de  déterminer  le  rôle  qui  revient  à  nos  musi- 
ciens dans  la  création  de  ce  nouveau  style.  Après  avoir  fixé  en  quoi 
consiste  la  symphonie,  il  cnumère  et  analyse  un  à  un,  année  par 
année,  les  œuvres  des  symphonistes  français.  Très  curieuse,  cette 
longue  liste  de  musiciens  presque  inconnus  que  ressuscite  l'auteur, 
et  très  importante  pour  l'histoire  de  la  symphonie.  Vient  en  second 
lieu  un  mémoire  de  M.  M.  Brenet  sur  Deux  Traductions  françaises 
inédites  des  institutions  harmoniques  de  Zarlino.  La  première,  simple 
résumé  ou  analyse,  se  trouve  à  la  Bibhothèque  nationale,  Cod.  1361  ;  la 
deuxième  dans  le  Cod.  19.101  ;  elle  est  due  à  Jehan  Le  Fort,  elle  est 
plus  complète.  3°  Le  Baron  de  Bagge  et  son  temps  (1718-1791),  par 
M.  Georges  Cucuel.  Silhouette  d'un  musicien  compositeur,  bon  Mécène, 
grotesque,  mais  bienfaisant.  4°  Lullistes  et  Ramistes,  par  M.  Paul-Marie 
Masson,  avec   appendice  ,  bibliographique   des   principaux   ouvrages 


—  412  — 

et  périodiques  du  temps,  f)"  La  Musique  de  la  chambre  et  de  l'écurie 
.cous  le  règne  de  François  I^^'  (1516-iri47).  Ce  sont  des  recherches 
(l'archives  qui  permettent  de  reconstitiier,  bien  que  d'une  manière 
incomplète,  l'organisation  de  la  musique  à  la  Cour  des  rois  de  France. 
6"  La  Musiqu)'  française  en  101 1,  par  M.  Jean  Cliantavoine:  a)  Théâtre, 
h)  Symphonie  et  Musique  de  chambre.  On  signale  seulement  les  plus 
importantes  d'entre  les  nouvelles  œuvres  «  pour  chercher  si  leur 
ensemble  nous  donne  quelque  indication  générale  sur  l'état  présent 
de  l'art  musical  dans  notre  pays».  Enfin,  sous  le  titre  de  Bibliographie 
se  groupent  quelques  comptes  rendus  d'une  trentaine  de  livres  français 
et  allemands  publiés  dans  l'année  1911.  Telle  est  la  physionomie  de 
L'Année  musicale.  Les  érudits  et  les  amateurs  y  trouveront  un  brillant 
témoignage  des  progrès  si  heureusement  accomplis  depuis  plusieurs 
années  pour  la  science  musicologique  française. 

37.  —  Le  cours  supérieur  de  Chant  choral,  par  M.  Jules  Combarieu, 
est  inspiré  de  la  même  méthode  que  son  cours  élémentaire  et  moyen: 
la  méthode  directe,  appliquée  universellement  aujourd'hui  dans  l'en- 
seignement des  langues  et  qui  peut  se  résumer  en  deux  règles  géné- 
rales :  1»  commencer  par  les  exercices  pratiques,  finir  par  les  notions 
de  théorie;  2°  simplifier  la  théorie.  En  composant  ce  second  volume, 
l'auteur  s'est  proposé  de  créer  un  recueil  de  Morceaux  choisis  propre 
à  l'étude  du  chant  choraJ,  comme  on  l'a  fait  si  souvent  pour  la  litté- 
rature, et  dans  le  but  de  former  le  goût  musical  de  l'élève.  Laisser 
pour  cela  les  œuvres  des  maîtres  parler  d'elles-mêmes  et  n'inter- 
venir que  là  où  c'est  indispensable;  arracher  autant  que  possible  cette 
étude  aux  fadaises  des  lieux  communs  usés  ou  au  h-risme  factice, 
sans  cependant  proscrire  la  gaieté  ni  la  fantaisie  —  !•:-  recueil  con- 
tient au  moins  cinq  morceaux  sur  les  aviateurs  —  ;  donner  parfois  aux 
paroles  l'intérêt  d'une  «  leçon  de  choses»;  ne  jamais  perdre  de  vue 
l'éducation  patriotique  et  morale  :  tel  était  le  programme  de  M.  J. 
Combarieu.  Il  l'a  bien  rempli.  Nous  ne  saurions  mieux  faire,  pour 
l'en  féliciter,  que  de  renvoyer  le  lecteur  à  ce  qui  a  été  dit  ici-même 
(Pohjbiblion  d'octobre  1910,  t.  CXIX,  p.  303)  à  propos  de  son  pre- 
mier volume.  Celui  d'aujourd'hui  mérite  les  mêmes  éloges,  avec 
toutefois  les  mêmes  réserves.  Pour  l'auteur,  la  mesure  demeure  tou- 
jours un  composé  de  temps  forts  et  de  temps  faibles.  Or,  ni  la  fores 
ni  la  faiblesse  ne  constituent  la  mesure,  pas  plus  qu'elles  ne  consti- 
tuent le  rythme,  dont  la  mesure  n'est  qu'un  élément  infirme  et 
boiteux;  force  et  faiblesse  ne  sont  qu'accidentelles,  accessoires  au 
rythme  comme  à  la  mesure.  Et  si,  comme  le  dit  très  bi^n  M.  Comba- 
rieu, le  rythme  est  «  l'ordre  dans  lequel  s'enchaînent  les  durées  »,  si, 
comme  on  l'a  dit  ailleurs,  le  mouvement  est  l'élément  spéoifique  du  beau 
musical,  c'est  donc  l'alternance  de  la  brièveté  et  de  la  longueur, plutôt 


—  ^j!3  -. 

que  l'altertiauce  de  la  faiblesse  et  de  la  force,  qu'indiquent  a  l'oreille, 
au  sentiment  et  à  l'intelligence  les  élans  et  les  repos  du  rythme,  et  de 
la  mesure  qui  en  fait  partie. 

38.  —  La  *.  Library  of  Gongress  »  de  ^\■asilington  vieut  de  publier, 
sous  la  dit  ertion  de  Sir  O.  G.  T.  Sonneck,  le  catalogue  de  la  musig;ue 
d'orchestre  {Orchestral  Music  Catalogue)  parue  jusqu'à  nos  jours. 
Il  se  divise  en  trois  parties.  La  première  (p.  7  à  515)  dojme,  dans 
l'ordre  alphabétique,  les  noms  de  tous  les  compositeurs  de  musique 
orchestrale  avec  l'énumération  de  leurs  œuvres  en  ce  genre,  le  nom 
et  l'adresse  de  leurs  éditeurs.  La  deuxièjne  (p.  515  o  590)  est  une  table 
de  classific  atirn  des  différents  genres  de  musique  pour  crchestre  et 
contient,  avec  le  nom  des  auteurs,  le  titre  de  leurs  œuvres  et  diverses 
indications  relatives  à  la  tonalité  des  morceaux,  aux  instruments 
pour  lesqu<  i.<  ils  sont  écrits,  etc.  La  troisième  partie  (p.  591  à  663) 
donne  le  titr.-  des  pièces,  le  nom  de  l'auteur  et  le  numéro  de  l'œuvre 
d"où  elles  sont  extraites.  Grâce  à  la  ti-iple  ordonnance  de  ce  cata- 
logue, il  est  facile  de  trouver  du  premier  coup  l'auteur  ou  l'œ'uvre 
cherchée. 

39.  —  H  est  impossible  dans  les  quelques  lignes  qui  me  sont  con- 
cédées ici  de  rendre  compte  du  nouvel  ouvrage  de  M.  le  Dr.  Guido 
Adler  :  ik'-  StU  in  der  Musik  :  la  gravité,  l'ampleur  magistrale  de  ce 
travail  réclameraient  une  longue  analyse.  D'ailleurs  son  caractère 
philosophique'  le  rend  d'une  lecture  assez  difficile;  il  descend  si 
souvent  dans  les  profondeurs  du  sujet  uu'il  n'est  pas  toujours  aisé 
de  suivre  le  sagace  et  savant  penseur.  L'ouvrage  comprend  trois  par- 
ties :  les  Principes,  les  Genres  et  les  Périodes  du  style  musical.  Dans 
le  premier  volume  les  deux  premières  parties  sont  réunies.  Le  second 
traite  des  périodes.  A  la  !in  du  volume,  on  trouve  une  table  bien 
fournie  des  ou\Tages  utiUsés. 

40.  —  L'année  dernière  (1911),  le  Conservatoire  de  musique  de 
Prague  fêtait   le  centenaire  de  sa  fondation.  A  cette  occasion,  le 
Dr.  Johann  Bramberger  a  publié  en  langue  tchèque  :  Das  Konserva- 
iorium  fiir  j]Iasik  in  Prag,  qui  a  été  aussitôt  traduit  en  langue  alle- 
mande par  le  prof.  Emil  Bezecnij.  C'est  une  histoire  complète  et 
détaillée  du  conservatoire  depuis  ses  humbles  origines  jusqu'à  son 
développement  parfait.  Depuis  longtemps  déjà,  il  est  regardé  par  tous 
comme  une  école  de  musique  de  premier  ordre;  on  peut  le  comparer 
à  Paris,  Bruxelles,  Milan,  Naples,  etc.  En  1858,  pour  le  cinquan- 
tenaire de  la  même  société,  le  Dr.  Ambros  avait  publié  un  livre  qui 
en  racontait  les  débuts.  Ce  travail  est  reproduit  dans  le  nouveau 
volume  avec  des  adjonctions  qui  sont  entre  parenthèses;  mais  à 
partir  de  la  page  69  tout  est  du  Dr.  J.  Bramberger.  De  nombreux  sup- 
pléments contiennent  les  listes  de  tous  les  professeurs,  élèves  qui  ont 
passé  par  la  grande    école,  de  tous  les  concerts,  etc.  Ce  livre  est 
une  mine  abondante  pour  l'histoire  de  la  musique.         r  0.  M.  B. 


—  414  — 


OUVRAGES    POUR    LA    JEUNESSE 

R0MA.NS,  CONTRS  ET  NOUVELLES.  ^  1.  L'Onde  Praline ,  par  André  de  Maricourï. 
Paris,  Henri  Gautier,  s.  d.,  in-12  de  309  p.,  3  fr.  —  2.  Chroniques  de  la  Vendée 
militaire.  Les  Aventu  es  du  bonhomme  Quatorze,  par  Adolphe  de  Brem.  Tours, 
Cattier,  s.  d.,  in-16  de  295  p.,  3  fr.  —  3.  Vendéenne,  par  J  ;an  Gharruau.  Paris, 
Téqui,  1912  in-12  de  xiii-271  p.,  2  fr.  —  4.  Au  Moulin  de  Virelune,  scènes  de  U 
Vendée  angevine,  par  Pierre  Billaud.  Paris,  Maison  de  la  Bonne-Presse,  s.  d., 
gr.  in-8  de  103  p.  à  2  colonnes,  illustrations  de  P.  Siffert.l  fr. — 5.  Ginevra,  ou  le  Ma- 
noir de  Grantley,  par  Lady  G.  Fullerton;  trad.  de  l'anglais.  Paris,  Téqui,  1912 
in-16  de  36v5  p.,  2  fr.  —  6.  Feuilles  mortes,  par  JacQUES  Morel.  Paris,  Hachette' 
s.  d.,  in-16  allongé  de  297  p.,  illustrations  d'après  Casimacker,  3  fr.  50.  —  7.  La 
Mystérieuse  Aurore,  par  B.  de  Buxy.  Paris,  Henri  Gautier,  s.  d.,  in-12  de  317  p., 
3  fr. — 8.  Le  Château  du  Mystère,  "^AT  André  Bruyère.  Paris,  Henri  Gautier, 
s.  d.,  in-12  de  319  p.,  3  fr.  —  9.  Boules  de  neige,  études  sociales,  par  M.  Desroche?. 
Paris,  Lecoffie,  Gabalda,  1913,  in-12  de  ii-324  p.,  2  fr.  —  10.  La  Fille  de  Lynch, 
par  LÉONARD  Merrick;  trad.  de  l'anglais  par  F.  Delmont.  Paris,  Colin,  1912, 
in-18  de  267  p.,  3  fr.  50.  —  11.  Le  Miracle  des  perles,  par  Mathilde  Alanic.  Paris, 
Henri  Gautier,  s.  d.,  in-12  de  320  p.,  3  fr.  —  12.  La  ftançon  de  la  gloire,  par  Léon 
Barracand.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  gr.  in-8  de  134  p.  à  2  colonnes, 
illustrations  de  Simont,  1  fr.  —  13.  La  Lande  aux  loups,  par  Pierre  Maël.  Tours, 
Manne,  s.  d. ,  in-12  de  270  p.,  illustrations  de  Ed.  Carrier,  cartonné,  1  fr.  50.  — 
J4.  Rose-des-Chemins,  par  Charles  de  Vitis.  Tours,  Marne,  s.  d.,  in-12  de  316  p., 
illustrations  de  Jordic,  cartonné,  1  fr.  50.  - —  15.  L'Épopée  de  César,  par  Henri 
GuEBLiN.Tours,  Mam?,  s.  d.  in-16  de  300  p., illustrations  de  Marcel  Pille,  cartonné, 
1  fr.  50.  —  16.  Les  Pirates  de  la  Mer  Rouge,  par  Karl  May;  trad.  de  l'allemand 
par  J.  de  Rochay.  Tours,  Marne,  s.  d.,  in-12  de  303  p.,  illustrations  de  Fraipont, 
cartonné,  1  fr.  50. — 17.  Sous  les  palmiers  de  Bénarès,  par  Marie  Affre.  Paris, 
Maison  de  la  Bonne  Presse,  in-18  de  223  p.-,  s.  d.,  0  fr.  75.  —  18.  La  Maîtresse  de 
piano,  par  Florence  O'Noll;  adapté  de  l'anglais  d'après  Emma  Marshall. 
Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-18  de  232  p.,  0  fr.  75. —  19.  Fille  de 
chouans,  par  M.  Delly.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-18  de  221  p. 
0  fr.  75. 

Pièces  de  théâtre.  —  1.  Le  Ci-Devant,  drame  en  un  acte,  par  Georges  Villard. 
Paris,  Lesot,  s.  d. ,  in-12  de  49  p.,  1  fr.  —  2.  Fritz  le  Uhlan,  pièce  dramatique  en 
un  acte,  par  GeorgesVillard.  Paris,  Lesot,  s.  d.,  in-12  de  56  p.;  1  fr. —  3.  Un  Duel 
à  Vétouffée,  folie- vaudeville  en  2  ai  tes,  par  Jules  de  Gerfeuil.  Paris, Lesot, s.  d., 
in-12  de  68  p.,  1  fr.  —  4.  La  Note  à  payer,  comédie  en  2  actes,  par  Jules  de 
Gerfeuil.  Paris,  Lesot,  s.  d.,  in-12  de  43  p.,  1  fr.  —  5.  A  bas  les  calottes,  comédie 
enfantine  en  un  acte,  par  José  Germain.  Paris,  Lesot,  s.  d.,  in-12  de  52  p.,  1  fr. 

—  &.A  la  pointe  de  Vépée,  conte  en  3  actes,par  M.  A.  H.deVismes. Paris, Lesot,  s.d., 
)n-12  de  48  p.,  1.  fr.  —  7.'  Une  Trouvaille  imprévue,  par  Paul  de  Maurelly. 
Paris,  Lesot,  s.  d.,  in-12  de  34  p.,  1  fr. —  8.  Maie  Fin,  ou  le  Repas  tropcopieux,  mo- 
ralité en  un  acte,  avec  prologue,  par  E.  Wirzka-Tigy.  Paris,  Lesot,  s.  d. ,  in-12 
de  35  p.,  1  fr.  —  9.  Ze  plus  Malin,  farce  en  un  acte,  par  B.  Wirzka-Tigy.  Paris, 
Lesot, s.  d.,  in-12  de  36  p.,  1  fr. —  10.  Le  Cavalier  V Ahuri,  fantaisie  militaire  en  un 
acte,  par  Rosal-Berry  et  Jean  Carwald.  Paris,  Lesot,  s.  d.,  in-12  de  72  p.,  1  fr. 

—  11.  Lamadou,  détective  amateur,  vaudeville  en  un  acte,  par  Louis  Descombes. 
Paris,  Lesot,  s.  d.,  in-12  de  52  p.,  1  fr.  —  12.  Georgette  est  si  nerveuse,  comédie  en 
un  acte,  par  Marius  Verd.  Paris,  Lesot,  s.  d.,  in-12  de  36  p.,  0  fr.  80.  —  13.  V Ami 
de  collège,  comédie  en  un  acte,  par  Marius  Verd.  Paris,  Lesot,  s.  d.,  in-12  de 
36  p.,  1  fr.  —  14.  Ah  !  les  bons  motifs,  bouffonnerie  militaire  en  un  acte,  par  Paul 
Dupont.  Paris,  Lesot,  s.  d. ,  in-12  de  36  p. ,  0  fr.  80.  — 15.  L'Héroïque  Marius ,  say- 
nète en  un  acte,  par  Eugène  Leclerc,  s.  d. ,  in-12  de  20  p.,  0  fr.  50.  —  16.  Z,« 
Parole  est  d'argent,  mai». .  .,  saynète,  par  José  Germain.  Paris,  Lesot,  s.  d.,  in-12 
de  19  p.,  0  fr.  50.  —  17.  Les  Héritiers  de  Madame  Moulinard,  par  Paul  de  Mau  - 
relly,  comédie  en  un  acte.  Paris,  Lesot,  s.  d.,  in-12  de  34  p.,  1  fr.  —  18.  Les  Bœufs 
d'Alsace,  monologue,  par  Jacques  d'Ars.  Paris,  Lesot,  s.  d.,  in-12  de  7  p.,  0  fr,  25. 


—  415  — 

—  19.  Promenade  tnatiitinale,  monologue,  par  Josk  Gekmain.  Paris,  Lesot,  s.  d., 
in-t2  de  6  p.,  0  fr.  25.  —  20.  Pendant  la  bataille,  grande  scène  comique  à  effets... 
militaire,  par  Paul  Deroyre.  Paris,  Lesot,  s.  d.,  in-12  de  8  p.,  0  fr.  25. —  21.  Le 
Marchand  d'estampex,  récit,  par  Jacques  d'Ars.  Paris,  Lesot.  s.  d.,  in-12  de  8  p., 
0  fr.  25. —  22.  Les  Violettes,  monologue,  par  L.  Hameau.  Paris,  Lesot,  s.  d.,,  in-12 
de  6  p.,  0  fr.  25. 

Romans,  contes  et  nouvelles.  —  1.  M.  de  Maricourt  donne  pour 
cadre  à  son  roman  VOncle  Praline  la  période  révolutionnaire  qu'il 
connaît  à  marveillc.  fl  nous  présente  un  intérieur  de  province  d'au- 
trelois,  celui  de  Vaugrignîuse,  où  nous  retrouvons  les  préjugés  et 
les  illusions,  mais  aussi  la  noblesse  de  sentiments  de  ces  vieilles 
familles  de  province,  dont  l'atroce  tourmente  devait  détruire  le  foyer. 
La  baronne  de  Vaugrigneuse  et  sa  petite-fille,  prisonnières  au  Plessis, 
voient  do  près  la  guillotine;  si  elles  y  échappent  c'est  parce  que 
Lydie  de  Vaugrigneuse  consent  à  épouser  Jean-Baptiste  Francillon, 
fils  d'un  conventionnel,  jadis  voisin  de  la  famille.  Après  le  Neuf-Ther- 
midor, la  jeune  fille,  réfugiée  en  Allemagne,  voit  arriver  l'officier 
républicain.  Indignement  trompé  par  son  père,  il  est  convaincu  que 
Lydie,  qu'il  aime  depuis  longtemps,  lui  a  librement  promis  sa  main; 
mais  celle-ci  n'a  cédé  qu'au  désir  de  sauver  les  siens  et  toute  son  aiïec- 
tion  est  donnée  à  son  cousin  Célestin  de  Vaugrigneuse.  Il  y  a  entre 
le  soldat  républicain  et  le  royaliste  de  l'armée  de  Condé  lutte  de 
générosité  :  l'émigré  sauve  la  vie  à  son  rival  qui,  en  retour,  dégage  la 
jeune  fille  de  la  parole  jadis  donnée  à  son  père.  Mais  Lydie,  attirée 
vers  le  royaliste  par  le  cœur,  vers  le  républicain  par  la  reconnaissance 
et  l'honneur,  n'épousera  ni  l'un  ni  l'autre  et,  pour  une  fois,  un  roman 
ne  finira  pas  par  un  mariage.  Ajoutons  que  l'oncle  Praline,  qui  donne 
son  nom  au  récit,  est  à  la  fois  parfaitement  ridicule  et  parfaitement 
héroïque;  les  circonstances  extraordinaires  où  il  se  trouve  ont  fait 
éclater  dans  cette  âme  pacifique  le  courage  de  la  race  et  transformé 
en  héros  ce  naïf  bouquiniste. 

2.  —  Les  Aventures  du  bonhomme  Quatorze  ont  aussi  pour  cadre 
l'époque  de  la  grande  tourmente.  La  Vendée  angevine,  pendant  la 
«  grande  guerre  »,  y  est  décrite  d'après  les  histoires  et  les  traditions 
locales,  et  les  épisodes  du  volume  sont,  sinon  vrais,  du  moins  parfai- 
tement vraisemblables.  Il  y  a  une  utilité  incontestable  à  faire  con- 
naître aux  jeunes  lecteurs  le  véritable  aspect  de  cette  guerre  héroïque, 
défigurée  dans  les  manuels  officiels,  et  le  récit  de  M.  de  Brem,  écrit 
dan 5  un  bon  esprit,  appuyé  sur  des  notions  justes,  pourra,  malgré 
sa  forme  fictive,  remplir  ce  but. 

3.  —  Vendéenne,  par  M.  Jean  Charruau,  présente,  avec  le  volume 
qui  précède,  une  certaine  analogie. L'auteur  d' Une  Famille  de  brigands 
se  meut  ici  dans  un  monde  qui  lui  est  familier  eU  Madame  Henriette  », 
la  «  Vendéenn?  »,  est  un  beau  type  de  chrétienne  courageuse  et  rési- 


1 


—  41G  — 

iinée.  Les  épisodes  do  la  guerre  do  Veniéo  et  celles  de  la  Terreur  à 
Nantes,  sous  Carrier,  sont  racontés  d'après  l'histoire  et,  de  même  que 
le  volume  précédent,  celui-ci  peut  être  donné  avec  profit  aux  jeunes 
lecteurs,  avides  d'aventures;  ils  y  trouveront,  sous  la  fornxe  d'un 
roman,  des  notions  exactes  sur  dos  laits  réels. 

4.  —  Au  Moulin  de  Virelune  nous  laisse  en  Anjou,  mais  dans  des 
temps  plus  paisibles  que  ceux  décrits  dans  les  deux  volumes  qui  pré- 
cédent. Ces  a  sccnes  de  la  Vendée  angevin'^  »  n')us  offrent  le  tableau 
de  la  vie  quotidienne  des  braves  paysans,  dont  l'honnêteté  un  peu 
candide  n'a  pas  été  trop  entamée  par  l'esprit  sceptique  du  xx^  siècle, 
M.  pierre  Billaud  écrit  avec  une  simplicité  qui  n'exclut  ni  l'art,  ni 
la  poésie,  ni  les  observations  psychologiques.  A  sa  suite,  nous  nous 
intéressons  aux  menus  faits  de  ce  coin  do  campagne  angevine,  dont 
l'atmosphère  est  sympathique  :  il  nous  semble  connaître  «  maître 
Fonteneau  »,  le  valet  de  ferme  Chupin  et  le  mendiant  Bénédicte,  qui, 
sous  son  enveloppe  étrange,  est  le  bon  génie  du  récit.  Tous  ces  person- 
nages ont  une  individualité  qui  en  fait  des  êtres  très  vivants. 

5.  —  Ginevra  ou  le  Manoir  de  GranÛey  rappelle  le  nom  d'une  femme 
auteur,  Lady  Georgiana  Fullorton,  qui,  par  sa  naissance,  sa  conver- 
sion au  catliohcisme  et  son  talent  littéraire,  a  marqué  parmi  ses  con- 
temporains. Ce  récit,  un  peu  vieilh,  n'aurait  peut-être  pas  aujour- 
d'hui le  succès  retentissant  qu'il  a  conquis  il  y  a  un  demi-siècle, 
mais  il  plaira  toujours  par  la  distinction  de  l'ensemble,  la  délicatesse 
des  observations,  la  noblesse  des  sentiments  et  l'intérêt  qui  s'attache 
aux  aperçus  ouverts  sur  des  milieux  muveaux  et  étrangers.  Les 
lecteurs  pressés  d'aujourd'hui  pourront  trouver  un  peu  lonjs  ces 
abondants  détails  où  se  complaisaient  jadis  les  romanciers  d'outre- 
Manche,  mais  ils  aimeront  voir  les  intérieurs  anglais  décrits  par  une 
vraie  grande  dame,  qui  s'y  meut  avec  aisance,  et  dont  les  descrip- 
tions reposent  des  tableaux  vulgaires  et  fantaisistes  fournis  par 
tant  d'auteurs  qui  ignorent  tout  de  l'Angleterre.  Ajoutons  que, 
quand  parut  Ginevra,  la  situation  des  catholiques  anglais  était  mille 
fois  plus  difficile  que  de  nos  jours  et  les  préjugés  que  dût  affronter 
l'héroïne  régnaient  dans  tous  les  milieux;  aujourd'hui,  grâce  à  Dieu, 
ils  ont  en  grande  partie  disparu. 

fî.  —  Feuilles  mortes  est  un  récit  attachant,  écrit  dans  une 
langue  élégante;  les  observation 5  psychologiques  y  son'^i  délicates 
et  le  tout  donne  um  impression  vécue.  L'héroïne  raconte  elle-même 
son  histoire  :  mariée  trop  jeun'^  un  peu  par  surprise,  à  un  homme 
excellent,  mais  dissemblable  d'elle  à  tous  les  points  de  vue,  elle  n'a 
pas  d'en'"ants  et  a  perdu  tout  espoir  d'en  avoir.  Elle  est  à  peu  près 
satisfaite  d'un  b jnheur  inoolore  quand  fait  irruption  dans  sa  vie 
l'homme  qu'elle  aurait  dû  épouser,  si,  par  une  fatalité  inouïe,  les 


à 


—  U7  — 

prévisions  d'un  '  maternelle  amie  n'avaient  pas  échoué.  La  sympathie 
i^ran  lissante  de  François  et  de  Geneviève,  le  recul  soudain  de  Fran- 
çois, les  «  galles  »  du  mari,  bon,  confiant,  mais  souverainement  mala- 
droit, le  départ  définitif,  puis  la  mort  de  François,  qui  a  compris 
l'abîme  où  il  entraînait  une  enfant  restée  très  honnHe,  tout  cela  est 
raconté  avec  simplicité  et  émotion.  L'on  regrette  que  l'absence  de 
toute  note  religieuse  donne  une  impression  de  sombre  tristesse, 
presque  de  fatalisme,  à  cette  poignante  histoire,  si  bien  contée  par 
M.   Jacques  Morel  ! 

7.  —  Dans  la  Mystérieuse  Aurore,  M^^^  B.  de  Buxy  fait  preuve 
d'invention  ingénieuse  et  d'un  sentiment  vif  de  la  nature, 
qualités  auxquelles  elle  nous  a  habitués.  A  la  suite  d'un  naufrage, 
deux  jeunes  filles,  Aurore  Salvi  et  Rose-Marie  Saint-Leu,  changent 
de  nom  et  de  personnalité,  et  cela  par  la  volonté  de  la  «  mystérieuse 
Aurore  ».  Sa  compagne  joue,  malgré  elle,  le  rôle  qui  lui  est  imposé;  il 
lui  attire  force  ennuis,  qui  sont  à  peine  dissipés  à  la  dernière  page  du 
volume.  Nous  laisserons  aux  jeunes  lecteurs,  à  qui  ce  livre  est  destiné, 
le  plaisir  d'en  débrouiller  la  trame  toufl'ue,  passablement  compliquée  et 
parfaitement  invraisemblable.  Notons  cependant  la  moralité  du  récit, 
puis  des  descriptions  très  vécues  de  la  côte  de  Provence,  non  pas 
(le  la  Côte  d'Azur,  bruyante,  mon-daine  et  cosmopolite,  mais  des 
petits  coins  obscurs  de  cette  «  terre  de  beauté  »,  dont  l'auteur  a 
pénétré  le  charme  et  subi  l'attirance. 

8.  —  Encore  une  histoire  de  mystère  :  Pau  le  Eugarelle,  orphehne 
et  pauvre,  est  env^oyée  chez  des  amis  de  sa  famille,  inconnus  d'elle 
et  qui  l'accueillent  sans  empressement  du  reste,  dans  le  Château  du 
mystère.  La  nouvelle  venue  y  tombe  de  surprise  en  surprise;  à  la  fin 
du  volume  seulement,  tout  s'explique,  et  Paule  l'étrangère  est  la 
cause  d'una  heureuse  transformation  dans  l'existence  d'une  famille 
infortunée  que  d'injustes  soupçons  ont  murée  dans  une  solitude 
farouche.  Ce  livre  de  M.  Bruyère  est  parfaitement  moral;  il  s'y 
trouve  une  note  religieuse  et  aussi  la  séduction  d'un  mystère  qui  sera 
peut-être  une  attraction  pour  les  jeunes;  ajoutons,  cependant,  qu'il 
paraît  d'une  telle  invraisemblance  qu'il  est  difficile  au  lecteur  plus 
expérimenté  de  prendre  au  sérieux  les  étranges  et  mélancoliques  Nerde- 
lasque,  avec  leur  claustration  volontaire,  farouche  et  fatale. 

9.  —  Dans  la  Préface  qu'il  a.  écTÏteT^  ourles  Boules  de  neige  deM^^^  1)68- 
roches,  Mgr  Gibier,  après  avoir  loué  la  simplicité  et  le  charme  de  ces 
études  sociales,  leur  trouve, non  sans  raison,un  air  de  famille  avec  les 
nouvelles  de  Pierre  l'Ermite.  Le  but  que  se  sont  proposé  les  deux 
auteurs  est  le  même  :  ils  ont  voulu  mettre  en  rehef,  sous  une  forme 
dramatique  ou  touchan'^e,  quelques  abus  sociaux  et  quelques-unes 
des  misères  morales  de  notre  temps.  Mais  dans  Boules  de    neige  la 

Novembre  1912.  T.  CXXV.  27. 


—  418  — 

délicatesse  de  certaines  notes,  le  sens  exquis  de  certaines  situations 
morales  feraient  presque  deviner  une  plume  et  un  cœur  de  femme. 
Toutes  les  pages  contiennent  de  «  vraies  tranches  de  vie  »;  sans 
emphase  elles  apportent  une  leçon,  d'autant  plus  pénétrante  qu'elle 
nest  jamais  ennuyeuse.  Ajoutons  qu'une  note  religieuse  profonde 
a  inspiré  ce  livre  aussi  bien  pensé  que  bien  écrit; le  style  de  l'auteur 
possède  les  qualités  essentiellement  françaises  de  clarté,  de  vivacité 
et  d'entrain. 

10.  — ■  La  Fille  de  Lynch,  histoire  traduite  de  l'anglais  de  Léonard 
Merrick,  par  M.  F.  Delmont,  ne  manque  pas  d'une  certaine  origina- 
lité. Lynch  est  l'homme  »  le  plus  riche  du  monde  »  et  peut-être  aussi 
le  plus  décrié,  à  cause  de  l'origine  de  sa  fortune,  édifiée  sur  la  ruine 
des  petits  et  des  humbles.  Sa  fille  Betty  épouse,  par  amour  et  contre 
le  gré  de  son  père,  un  artiste  anglais,  Richard  Keith,  qui  refuse  de 
toucher  à  l'argent  maudit.  Au  début  tout  va  bien,  mais  l'élancourageux 
de  Betty  Unit  par  s'user  au  contact  des  menues  privations  et  des 
économies  sordides.  Elle  trouve  exagérés  les  scrupules  de  son  mari, 
et  rentre  chez  son  père  avec  son  «  baby  ».  Lynch  a  mal  acquis  sa  for- 
tune, c'est  entendu;  mais  il  est  si  vieux,  si  seul,  si  triste  et  d'une  man- 
suétude si  extraordinaire  envers  sa  fille, qu'il  nous  intéresse.  Au  fond, 
cependant,  Betty  aime  son  mari;  elle  finit  par  retourner  en  Angle- 
terre, où,  dans  une  campagne  isolée,  elle  fait  un  apprentissage 
de  «  vie  simple  ».  C'est  là  qu'elle  apprend  que  son  père  est  mort  et 
qu'elle  hérite  de  deux  cent  millions  de  dollars.  Aussitôt,  d'un  trait 
de  plume,  elle  se  dépouille  de  sa  fortune,  qui  sera  hquidée  par  le 
Président  des  États-Unis  et  distribuée  aux  œuvres  de  charité  les 
plus  méritantes  d'Europe  et  d'Amérique.  Pendant  ce  temps,  Keith 
a  travaillé,  il  est  devenu  célèbre  et  quand  Betty,  pauvre,  contrite 
et  convertie  à  la  «  vie  simple  »,  le  retrouve,  il  peut  lui  assurer  une  vie 
aisée,  qui,  espérons-le,  l'empêchera  de  regretter  cette  fois  son  geste 
héroïque.  Assez  «  trouvées  »  sont  les  descriptions  de  ceux  qui  approu- 
vent en  principe  le  rigide  point  d  honneur  de  Keith,  mois  qui,  avec 
une  inconséquence  bien  humaine,  le  regardent  comme  un  toqué  quand 
il  se  débat  dans  la  pauvreté  où  l'a  jeté  ce  même  point  d'honneur. 

11.  —  La  question  d'argent  joue  également  un  rôle  considérable 
dans  le  Miracle  des  perles.  Comme  tout  ce  qu'écrit  M"^^  Alanic,  ce 
récit  est  dans  un  excellent  esprit. Deux  frères,  l'un  banquier  à  Bayeux, 
l'autre  architecte  célèbre,  sont  ruinés  à  peu  près  en  même  temps. 
Le  second,  le  plus  intéressant  des  deux,  se  trouve  dépossédé  de  sa 
fortune  et  de  son  château  à  la  suite  de  la  découverte  d'un  codicille, 
qui  donne  le  tout  à  un  jeune  ingénieur,  Bernard  Montel,  Celui-ci 
voudrait  déposer  cette  fortune  aux  pieds  d'Andrée,  la  fille  unique 
de  M. de  la  Fagery,  l'ancien  propriétaire, mais  celle-ci, très  fière, refuse. 


—  419  — 

Elletravaille  pour  soutoiiT  son  père,et,  peuùpeu,au  contact  des  mille 
épreuves  qu'elle  rencontre,  sa  nature  iiautaine  s'assouplit  et  son 
âme  s'élève.  Quand  elle  est  à  «  point  »,  Bernard  qui,  de  loin,  a  discrè- 
tement veillé  sur  elle  pour  adoutfir  sa  tâche  dans  la  mesure  du  pos- 
sible, se  présente  à  nouveau,  et  Andrée,  translormce  par  la  soulTrence, 
consent  à  l'épouser.  Cette  évolution  est  le  Miracle  des  perles. 

12.  —  La  Rançon  de  la  gloire,  le  nouveau  roman  de  M.  L.  Barra- 
cand,  contredit  indirectement  la  formule  du  jour  :  «  Il  faut  vivre  sa 
vie  ».  Charlotte  Dauverne,  au  contraire,  sacrifie  sa  vie  à  celle  de  son 
frère  Henry.  Celui-ci,  après  quelques  folies,  dont  un  sot  mariage  est 
la  pire,  est  doucement  acheminé  vers  la  gloire  par  sa  sœur  Charlotte. 
Elle  le  relève,  endigue  ses  facultés  d'artiste,  développe  son  génie  et 
met  en  valeur  sa  nature  plus  brillante  que  pondérée.  Assagi  et 
discipliné  par  cette  influence  fraternelle,  il  devient  un  grand  homme 
et  Charlotte,  qui  a  acheté  ce  résultat  par  le  don  de  sa  jeunesse  et  de 
son  bonheur  personnel,  est  heureuse.  Elle  possède  ce  bonheur,  d'es- 
sence très  élevée  et  très  noble,  que  donne  le  sentiment  d'une  grande 
tâche  heureusement  accomplie. 

13. —  Dans  la  Lande  aux  loups,  de  M.  Pierre  Maël,  nous  nous  trou- 
vons transportés  dans  la  Bretagne  du  xvi^  siècle,  déchirée  par  les  riva- 
lités féroces  des  royalistes  d'Henri  IV  et  des  ligueurs  du  duc  de  Mer- 
cœur.  Les  premiers  sont  soutenus  par  les  troupes  anglaises  d'Eli- 
sabeth, les  seconds  par  les  soldats  espagnols  de  Philippe  II,  et, 
dans  chaque  parti,  se  commettent  les  pires  excès.  Au  milieu  de  ces 
luttes  atroces,  se  déroule  l'histoire  du  petit  gas  breton  Euzen  leLouarn 
et  de  sa  sœur  de  lait  Ahette  de  Pont-Croix  ;  ks  jeunes  lecteurs  s'in- 
téresseront à  leurs  aventures;  le  brave  petit  gas,  qui  a  l'âme  tenace 
et  fidèle  de  sa  race,  échappe  aux  loups  de  la  lande,  comme  aux 
farouches  soldats  de  la  Ligue. 

14.  —  Rose-des-Chemins  est  une  jhistoire  parfaitement  morale, 
mais  -  terriblement  invraisemblable.  L'auteur,  M.  Charles  de  Vitis, 
a  d'excellentes  intentions  et  une  imagination  féconde;  mais  une 
série  de  forfaits,  commis  impunément  par  Lucien  Granville  :  séques- 
tration, rapt  d'enfants,  assassinat,  auraient  besoin  d'être  présentés 
avec  plus  d'art  et  de  psychologie  pour  exciter  la  curiosité  et 
retenir  l'intérêt.  Il  est  possible,  cependant,  que  les  jeunes  lecteurs, 
pour  qui  le  volume  est  écrit,  fassent,  en  le  lisant,  moins  de  réserves. 

15.  —  Dans  l'Épopée  de  César,  M.  Henri  Guerîin,  dont  on  connaît 
la  compétence  en  la  matière,  nous  présente  une  série  de  tableaux, 
où  revit  la  conquête  de  la  Gaule  par  les  Romains.  César  y  parait  au 
premier  plan  :  l'auteur  l'enoad-^e  d'une  mise  en  scène  où  se  révèle 
sa  science  historique,  très  complète  ;  à  la  dernière  page  du  volume  se 
lève  sur  le  monde  antique,  sanglant  et  barbare,  l'aube  bienfaisante 


—  420  — 

du  chrisliunisiue  civilisateur.  L'on  y  sent  aussi  la  pénétration  réci- 
proque des  vainqueurs  et  des  vaincus,  et,  selon  la  parole  de  l'auteur 
dans  la  Préface,  «la  terre  elle-même,  qui  s'emparera  des  envahisseurs 
p.)ir  les  modifier  à  son  image  et  reconstituer  lente^nent,  mais  sûre- 
ment, l'image  de  la  patrie  », 

1().  —  Les  Pirates  de  la  Mer  Rouge,  récit  d'aventures,  traduit  de 
l'allemand  de  Kàrl  May,  par  M.  J.  de  Rochay,  est  parfaitement  moral, 
un  peu  touffu  peut-être,  mais  rempli  de  péripéties  dramatiques,  qui 
plairont  aux  petits  lecteurs  pour  lesquels  il  est  écrit.  La  suite  du  récit 
en  trois  parties  est  encore  à  paraître. 

17.  —  Les  trois  nouvelles,  dont  la  première  :  Sous  les  palmes  de 
Bénarès,  donne  son  titre  au  volume  de  M'"^  Marie  Aiïre,  sont  écrites 
avec  facilité,  dans  un  esprit  irréprochable, et  conviennent  aux  enfants. 
On  y  trouve  un  élément  dramatique  assez  intense,  plutôt  qu'une 
granle  observation  psychologique  et  même  qu'une  grande  vraisem- 
blame. 

iS.  — La  Maîtresse  de  piano,  de  la  même  série,  se  passe  dans  un 
monie  plus  terre  à  terre.  Cette  histoire  simple,  morale  et  chrétienne, 
adaptée  de  l'anglais  de  M'"^^  E.  Marshall,  par  W^^  F.  O'Noll,  est  celle 
d'un?  jeune  fille  obligée,  par  suite  de  revers  immérités,  de  gagner 
sa  vie  et  celle  des  siens.  Elle  rencontre,  dans  ce  rude  métier,  des 
rebuffades  et  des  déceptions,  mais  ce  roman,  comme  tout  bon  roman, 
se  termina  par  un  mariage,  qui  assurera  le  bonheur  de  la  courageuse 
Ann3  Mon^jgomery.  Le  récit  a  l'allure  lente,  un  peu  minutieuse  et 
détaillée  des  romans  anglais  de  cette  catégorie  ;  la  traduction  n'est 
que  suffisante. 

19.  —  Dans  Fille  de  chouans,  M"^'-  Delly  nous  raconte  l'histoire 
d'une  jeune  fille  de  race  chrétienne  qui,  jetée  au  milieu  d'une  famille 
d'impies,  garde  sa  foi  et  finit  même,  à  force  de  bonté,  par  exercer 
sur  son  entourage  une  heureuse  influen-^e.  Cette  simple  histoire,  où 
domine  le  sentiment  religieux,  est  contée  dans  un  style  assez  facile. 

Pièces  de  théâtre. —  1. —  Le  Ci-Devant,  de  M.  Georges^ïllsirà,  e&i 
une  pièce  dramatique  en  vers,  qui  n'a  qu'un  acte,  avec  sept  rôles 
d'hommes.  L'action  se  passe,  comme  on  le  devine,  sous  la  Révolution, 
et  le  «  ci-devant  »  meurt  héroïquement  au  service  de  son  pays. 

2.  —  Fritz  le  Uhlan,  du  même  auteur,  pièce  dramatique  en  un  acte, 
en  prose,  a  six  rôles  d'hommes.  L'action  se  passe  à  la  frontière;  elle 
est  inspirée  par  une  pensée  patriotique. 

3.  —  Un  Duel  à  Vétouffée,  sous-intitulé  «  f  jlie  vaudeville  »  en  deux 
actes,  a  cinq  rôles  d'hommes  et  a  été  écrit  pour  jeunes  gens  par 
M.  Jules  de  Cerfeuil. 

4.  —  Du  même  auteur  est  la  comédie  en  deux  actes  intitulée  : 
Note  à  payer.  Elle  a  cinq  rôles  qui  peuvent  être  joués  indifféremment 


—  '.21  - 

par  des  jeunes  gens  ou  par  des  jeiinos  filles,  et  le  livret  est  accompagné 
d'annotations  ([iii  permettent  d'opérer  ce  cliangenient  sans  difli' 
cultes. 

ô.  —  A  bas  les  calottes,  comédie  enfantine,  a  trois  rôles  seulement. 
L'auteur,  M.  José  Germa'n,  l'a  destinée  aux  tout  petits  au-dessous 
do  douze  ans.  C'est  une  (sritique  des  revendications  sociales  et  du 
droit  de  grève,  mais  qu'il  serait  peut-être  imprudent  (  bien  qu'elle 
soit  écrite  dans  d'excellentes  intentions)  de  mettre  entre  les  mams 
de  jeunes  enfants.  Ils  ne  sauraient  guère  y  démêler  le  vrai  du  faux. 

6.  —  .4  la  pointe  de  l'épée  est  sous-intitulé  «  conte»;  c'est,  en  somme, 
une  pièce  fantastique,  qui  conipte  huit  personnages  et  qui  est  destinée 
.(  à  être  jouée  par  les  familles  nombreuses  ».  Elle  a  quatre  rôles  de 
fillettes,  quatre  rôles  de  garçonnets  et  se  termine  par  les  fiançailles 
do  la  princesse  Rosette  avec  le  prince  de  Poidesenteur.  Disons,  une 
fois  pour  toutes,  que  cette  pièce  de  M.  de  Visme,  celles  qui  précèdent 
et  celles  qui  suivent  sont  inoffensives,  mais  qu'elles  n'ont  ni  grande 
portée  morale,  ni  grand  mérite  littéraire. 

7.  —  Telle  est  une  Trouçaille  }/nprévue,de  M.  P.  de  Maurelly,  comé- 
die en  un  acte,  avec  quatre  rôles,  dont  trois  d'hommes  et  un  de  femme. 

8.  —  Maie  Fin,  ou  le  Repas  trop  copieux,  de  M.  Wirzka,  est  une 
X  moralité  »  ou  «  allégorie  »,  fondée  sur  une  pièce  représentée  sous 
Louis  XIÎ,  par  la  troupe  des  «Enfants  sans  soucis  ».  Ce  postiche  mo- 
derne de  l'ancienne  pièce  a  été  joué  à  l'Odécn  le  4  novembre  1909  ; 
il  a  onze  personnages,  hommes  et  femmes,  qui  sont  habillés  à  la 
mode  de  Louis  XII;  mais  ces  personnages  sont  allégoriques  et  les 
costumes  masculins  peuvent  au  besoin  être  adoptés  pour  des  jeunes 
filles. 

9.  —  Le  plus  Malin  est  une  farce  en  uh  acte,  qui  se  passe  sous  le 
règne  de  Louis  XL  Elle  est  en  vers  et  les  personnages  sont  au  nombre 
de  quatre,  dont  trois  hommes  et  une  femme;  leurs  costumes, 
encore  ceux  de  l'époque,  sont  minutieusement  décrits  pour  la  plus 
grande  facilité  de  ceux  qui  veulent  jouer  cette  pièce  de  M.  \Airzka. 

10  et  11.  —  Le  Cavalier  l'Ahuri,  fantaisie  militaire  en  un  acte,  par 
MM.  Rosal-Berry  et  Jean  Carwald,  a  n>uf  rôles,  tous  d'hommes.  — 
Lamadou,  détective  amateur,  par  M.  L.  Descombes,  est  un  vaudeville 
en  un  acte,  avec  trois  personnages,  tous  masculins;  comme  leur  titre 
l'indique,  ces  deux  pièces  sont  dens  une  note  gaie. 

12.  —  La  comédie  en  un  acte  de  M.  Marius  \evà,  intitulée  :  Geor- 
gette  est  si  nerveuse,  est  également  gaie,  mais  elle  est  destinée  aux 
jeunes  filles;  elle  compte  cinq  rôles,  tous  de  femmes. 

13.  —  Du  même  auteur  est  VAmi  de  collège,  comédie  en  un  acte, 
avec  quatre  rôles  d'hommes. 

14.  —  Ah  !  les  bons  molijs  est  une  bouffonnerie  mihtaire  en  un  acte 
par  M.  P.  Dupont,  avec  six  rôles  d'hommes. 


—  ^22  — 

15.  —  L'Héroïque  Marins,  par  M.  E.  Leclerc,  saynète  en  un  acte, 
a  trois  rôles  convenant  à  de  jeunes  garçons. 

Iti.  —  La  Parole  est  d'argent,  mais. . .,  autre  saynète  i>ar  M.  J .  Ger- 
main, a  été  représentée  à  Saint-Mandé  en  1008;  elle  n'a  que  deux 
rôles  d'hommes. 

17  à  22.  —  Les  Héritiers  de  Madame  Moidiiiard,  par  M.  P.  de  Mau- 
rilly,  est  une  comédie  en  un  acte,  avec  trois  rôles  de  jeunes  garçons 
et  deux  rôles  de  femmes.  —  Des  cinq  monologues,  indiqués  sous  les 
n°s  18,  19,  20,  21  et  22,  le  meilleur,  parce  qu'il  renferme  une  pensée 
généreuse  et  patriotique,  est  les  Bœufs  d'Alsace,  inspiré  par  un  récit 
de  M.  René  Bazin.  Répétons  encore  que  toutes  ces  pièces,  comédies, 
saynètes,  monologues,  sont  inofîensives,  mais  que  la  plupart  n'offrent 
qu'un  intérêt  assez  relatif.  Comtesse  de  Courson. 


THÉOLOGIE 


IVoiiienclator   litterariufi    theologiac    «^tliolicae   llieolo- 
g09    «xlifbens  aeiate,  iiatione,     discipliuis,  di»tînrlas, 

edidit  et  commentariis  auxit  par  H.  IIurter.  Éditio  terlia.  T.  V. 
Œniponle,  Libraria  acadeniica  ^\'agiieriana,  1912,  in-8  de  viii-1422 
colonnes. 

Le  docte  P.  Hurter  continue  par  ce  cinquième  volume  la  réédition 
de  son  Nomenclator.  L'éloge  de  cet  immense  travail  n'est  plus  à  faire. 
Ce  ne  sont  pas  seulement  les  auteurs  et  tous  les  ouvrages  qui  s'oc- 
cupent des  sciences  théologiques  que  le  recenseur  a  relevés  et  classés; 
sur  chacun  d'eux  il  a  exprimé  un  jugement  accompagné  d'indications 
biographiques  et  historiques.  C'est  ainsi  une  histoire  complète  delà 
théologie  que  ces  volumes  nous  présentent. 

Ce  cinquième  volume  n'embrasse  qu'un  siècle,  de  1764  à  1869,  et 
contient  tous  les  auteurs  qui  sont  morts  avant  1870.  Rien  n'y  est  omis 
de  ce  qui  peut  intéresser  un  théologien. 

Il  est  impossible  de  parcourir  cette  bibliographie  sans  faire  une 
remarque  pénible.  Jamais  siècle  peut-être  n'a  produit  plus  d'ouvrages 
se  rapportant  plus  ou  moins  directement  à  la  théologie;  mais  jamais 
siècle  n'a  été  plus  pauvre  en  ouvrages  de  premier  ordre.  L'influence 
du  cartésianisme  avait  interrompu  le  courant  des  grandes  et  fécondes 
traditions  scolastiques.  Elles  viennent  enfin  d'être  reprises,  grâce  à 
l'impulsion  donnée  par  les  derniers  Papes.  Puissent-elles  se  maintenir 
dans  toute  leur  pureté  ! 

On  ne  peut  songer  à  analyser  un  pareil  travail.  Tous  ceux  qui 
auront  un  jour  ou  l'autre  à  le  consulter  en  apprécieront  seuls  toute  la 
richesse  et  toute  la  valeur.  Mais  il  s'impose  désormais  dans  toute 
bibliothèque  théologique. 

Une  table  générale,  qui  est  annoncée,  rendra  facile  l'emploi  de  ce 
répertoire.  Christophe  Simon. 


. 


—  423  — 

Lettres   à  un     étudiant    sur  la    s:)inte    Ëucliaristie,    par 

L.  La.ba.uChe.   Paris,  Bloud,  191-2,  m-1-2  de  308  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Les  lettres  qui  composent  ce  volume  ont  paru  dans  la  Revue  pra- 
tique d' apologétique  dans  le  courant  de  l'année  1911.  Elles  avaient 
pour  but  de  répondre  au  désir  exprimé  par  «  un  groupe  d'étudiants 
de  l'Université  de  Paris  »  d'avoir  entre  les  mains  une  exposition  du 
dogme  de  l'Eucharistie  qui  fût  à  leur  portée  et  qui  convînt  à  leurs 
besoins.  En  publiant  en  volume  ces  lettres  où  la  piété  se  mêle  par- 
tout à  la  doctrine,  nul  doute  que  l'auteur  n'atteigne  pleinement  son 
but  qui  est  d'amener  «  les  laïcs  instruits  à  mieux  connaître  et  à  mieux 
aimer  le  très  saint  Sacrement  de  l'autel  ».  il  est  à  craindre  seulement 
qu'il  n'y  ait  pas  beaucoup  de  ces  laïcs  instruits  qui  possèdent  assez 
nettement  les  données  de  la  philosophie  scolastique  ou  de  la  philo- 
sophie cartésienne  indispensables  à  l'inteUigence  de  cet  exposé  dog- 
matique. Par  ailleurs,  on  pourrait  souhaiter  çà  et  là,  dans  l'exposé 
lui-même,  une  plus  rigoureuse  précision  des  termes  ou  de  la  pensée 
(p.  111,  161,  168  et  173).  Il  n'en  reste  pas  moins  que  ce  livre  peut  se 
présenter  comme  une  petite  Somme  eucharistique  à  l'usage  de  ceux 
qui  se  préaccupent  de  répondre  aux  doctrines  modernistes  touchant 
l'Eucharistie.  P.  Bernard. 

Breirîoi*  Synopsis  theologiae  moralis  el  pastoralis  auclo 
ribus  A.  Tanquerey  et  E.-M.  Quévastre.  Romae,  Tornaci,  Parisiis, 
Desclée,  1911,  in-12  de  xvi-606  p.  —  Prix  :  4  fr. 

M.  Tanquerey  est  l'auteur  d'une  Synopsis  theologiae  moralis  et 
pastoralis,  bien  connue  dans  les  séminaires  français,  depuis  quelques 
années.  De  ces  trois  volumes  in-8  il  vient  de  pubher,  avec  l'aide  de 
M.  Quévastre,  un  résumé  tout  pratique  sous  le  titre  de  Brevior  Sy- 
nopsis. Ce  n'est  pas  qu'il  veuille  se  faire  à  lui-même  le  tort  que  font 
d'ordinaire  les  abréviateurs  aux  écrivains  plus  complets.  II  suppose 
plutôt  que  le  prêtre  a  étudié  la  morale  dans  le  cours  développé,  non 
sans  aller  prendre  l'avis  des  autres  maîtres,  en  particulier  des  plus 
grands,  saint  Thomas  et  saint  Alphonse.  Mais  une  fois  engagé  dans 
le  ministère  des  âmes,  le  prêtre  n'a  pas  toujours  le  loisir  de  recourir 
aux  gros  ouvrages,  et  pourtant  il  a  besoin  de  renouveler  souvent  la 
mémoire  des  choses  apprises  au  séminaire,  s'il  veut  être  bon  juge 
et  bon  médecin  au  confessionnal.  On  lui  offre  donc  un  aide-mémoire. 
Les  principes  sont  accompagnés  de  discussions  et  de  preuves,  le  tout 
brièvement  exposé,  mais  avec  assez  de  détail  pour  suffire;  dans  la  pra- 
tique courante.  La  Brevior  Synopsis  comprend  deux  parties  :  théo- 
logie morale  fonlamentale  et  théologie  morale  spéciale.  Dans  celle-c^ 
le  décalogue  est  expUqué  à  propos  des  vertus  commandées  par  les 
préceptes  divins  :  c'est  en  effet  l'ordre  logiciue.  Notons  encore  que  le 


—  424  — 

résumé  de  M.  Tanqiiorey  vise  à  la  fois  la  pastorale  et  la  morale,  ce 
qui  le  rend  d'autant  plus  utile  aux  directeurs  des  nonsfiiences. 

H.    Grs. 

JURISPRUDENCE 

lia  liUtte  sociale  dans  le  prétoire,  par  Jacoubs  Bonzon.  Paris, 
aux  bureaux  de  •<  la  Liberté  d'opinion  »,  1911,  in-8  de  322  p.,  avec  portrait. 
—  Prix  :  3  fr.  oO. 

C'est  une  mission  délicate  que  de  rendre  compte  d'un  volume 
qui  se  compose  des  plaidoiries  d'un  confrère,  et  d'un  confrère  dont 
on  est  séparé  par  un  monde  de  dissentiments  sur  les  idées  les  plus 
essentielles.  J'essaierai  pourtant  de  m'en  acquitter  et  j'apporterai 
à  cet  essai  la  plus  sincère  loyauté.  M.  Jacques  Bonzon  est  surtout 
connu  dans  le  public  comme  avocat  d'Hervé,  le  seul  accusé  peut-être 
qui  n'eut  pas  dû  trouver  d'avocat,  et  les  plaidoiries  qui  sont  réu- 
nies dans  ce  volume  ne  sont  pas  faites  pour  flatter  les  opinions 
des  lecteurs  du  Polyhiblion  :  plaidoiries  pour  l'association  cultuelle 
de  Culey  contre  l'évêque  de  Verdun,  pour  un  nihiliste  russe,  pour 
ïes  auteurs  d'une  affiche  antimilitariste,  pour  les  révolutionnaires 
de  Narbomie,  de  Draveil,  de  Marseille,  du  syndicat  des  postes  et 
télégraphes,  etc.,  etc.  C'est  ce  que  M^  Bonzon  a  cru  devoir  réunir 
en  un  volume  qu'il  présente  comme  une  sorte  d'autobiographie 
intellectuelle.  La  forme  en  est  plus  intéressante  que  le  fond.  Le 
fond  ne  nous  apporte  rien  d'inédit;  c'est  le  stock  des  idées  révo- 
lutionnaires devenues  banales  aujourd'hui;  on  y  trouvera  des  er- 
reurs de  fait  énormes,  des  défaillances  de  raisonnement  qui  n'ont 
d'excuse  que  dans  la  nécessité  de  soutenir  la  thèse  imposée  par 
le  procès;  enfin  et  surtout  des  traits  acérés  qui,  manifestement, 
tendent  à  piquer  au  vif  l'adversaire  et  qui  dépassent  les  nécessités 
de  la  lutte.  M.  Bonzon  nous  avertit  à  maintes  reprises  qu'il  est 
huguenot  et  que  ses  ancêtres  ont  souiïert  en  France  sous  l'ancien 
régime;  il  ne  cache  pas  que  l'amertume  en  est  restée  vive  chez  lui 
et  nulle  part  il  ne  manifeste  de  penchant  pour  l'indulgence  et  la 
bonté,  si  ce  n'est  envers  les  révoltés  de  tout  acabit.  Mais 
tous  ces  motifs  de  critique,  que  je  m'efforce  de  résumer,  ne  doi- 
vent pas  empêcher  de  rendre  hommage  à  la  valeur  de  l'ouvrage. 
J'ai  dit  que  la  forme  des  plaidoiries  qui  composent  ce  livre  était 
plus  digne  d'intérêt  que  le  fond;  c'est  que  cette  forme  est  d'une 
richesse  de  tons  vraiment  admirable;  l'auteur  tire  un  merveilleux 
parti  de  l'abondance  et  de  la  finesse  de  la  langue  française.  M.  Bon- 
zon excelle  à  trouver  des  termes  qui  lui  permettent  d'exprimer 
avec  convenance  des  idées  qu'on  serait  tenté  de  croire  impossibles 
à  traduire  devant  les  auditoires  qui  l'entendent.  Mais  ce  qu'il  faut 


—  425  — 

retenir  du  volume,  (j'est  surtout  la  Préface  que  l'auteur  a  intitulée  : 
Souvenirs  de  combat,  1893- 1911,  et  qui  occupe  50  pages.  Ici  le  fond 
est  aussi  digne  d'attcntitn  que  la  forme;  les  anecdotes  abondent, 
le  tableau  de  la  vie  et  du  monde  judiciaires  est  tracé  à  1" emporte- 
pièce  avec  l'esprit  et  la  méchanceté  qui  conviennent;  la  philosophie 
et  les  pensées  élevées  ne  menqucnt  pas  ncn  plus  et,  au  moment 
où  M.  Bonzon  rompt  en  visière  avec  les  clients  par  trop  anarchistes 
et  par  trop  peu  sincères  auxquels  il  s'est  consacré  jusqu'ici,  je 
veux  retenir  l'idée  dans  laquelle  il  résume  sa  psychologie  person- 
nelle, telle  qu'il  la  sent  (je  ne  dis  pas  :  telle  qu'elle  apparaît  à 
son  lecteur)  :  «  La  liberté  fut  ma  vie  même  »,  dit-il.  Il  ajoute  : 
«  T.a  définir  est  presque  impossible;  ce  n'est  pas  un  dogme,  c'est 
un  sentiment...  J'ai  beaucoup  raisonné  la  liberté  et  chaque  fois 
que  j'ai  voulu  la  mettre  en  formules,  je  ne  suis  parvenu  qu'à  fa- 
çonner une  image  inerte  à  la  façon  du  Dieu  des  philosophes.  » 
Cette  idée  de  la  liberté,  formulée  par  un  homme  de  talent  et  d'ac- 
tion qui  lui  a  largement  consacré  son  activité  et  qui  se  déclare 
prêt  à  continuer,  m'a  paru  mériter  d'être  retenue  et  méditée  à  une 
époque  où  tant  de  crises  c  nt  eu  pour  cause  des  controverses  dogma- 
tiques sur  la  liberté.  Elle  est  peut-être  féconde;  elle  marque  en 
tous  cas  que,  malgré  les  graves  reproches  qu'on  peut  adresser  à 
son  auteur,  le  livre  que  nous  analysons  mérite  l'attention  aussi 
bien  des  philosophes  que  de  ceux  qui  aiment  les  peintures  vivan- 
tes de   la   société   contemporaine.  Eugène'  Godèfroy. 


SCIENCES    ET    ARTS 

li'Art  d'être  un  Itoiuine.  Traité  de  a  self  éducation  »,  à 
l'usa 'fc  des  jeunes  gen^  a  partir  de  ittans,  par  l'abbé 
H.  MacQQiLLON.  Paris,  Bloiil,  lOU,  iistit,  ia-8  de  463  p.—  Prix  :  5  fr. 

Lord  Rosebery  a  dit  un  jour  qu'il  ne  s'était  jamais  trouvé  attablé, 
dans  un  banquet,  près  d'un  père  qui  sût  ce  qu'il  devait  faire  de  ses 
fils.Le  Daily  Telegraph  réserva,  il  y  a  quelques  années,  ses  colonnes  à 
un  échange  de  correspondance  sur  cette  question  :  «  Que  faire  de  nos 
garçons  ?  »  Les  auteurs  de  réponses  se  montrèrent  généralement  per- 
plexes et  ne  surent  comment  résoudre  le  problème.  M.  l'abbé  Mocquil- 
lon  a  précisément  entrepris  de  suppléer  à  cette  lacune  de  la  plupart 
des  hvres  pédagogiques.  Obsédé  par  les  questions  angoissantes  que  lui 
ont  maintes  foisadresséeslesjeunesgensde  quinze,  seize  et  dix-septans, 
en  proie  aux  diffioultés  de  la  vie  et  pressés  d'arriver  vite  et  de  bonne 
heure,  l'auteur  satisfait  de  son  mieux  la  curiosité  des  générations 
avides  de  se  créer  une  carrière.  M.  l'abbé  Morquillon  n'a  pas  la  pré- 
tention d'examiner,  une  par  une,  chaque  profession,  d'en  signaler 


—  426  — 

tous  les  avantages  et  d'en  accuser  tous  les  inconvénients.  Mais  les 
renseignements  qu'il  donne,  renseignements  basés  sur  les  études  les 
plus  documentées,  suffisent  pour  diriger  les  vocations  et  débarrasser 
les  hésitants  de  leurs  incertitudes.  0.  H. 


Une  ^rave  Question  de  l'éducation  des  filles. L.a  Chasteté, 

par  Françoisb  Harmel.  Paris,  Perriu,  1912,  iu-l6  del63  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Dans  le  monde  protestant,  on  a  publié  un  certain  nombre  de  livres 
pour  apprendre  aux  jeunes  gens,  aux  jeunes  filles  et  aux  jeunes 
femmes  ce  qu'elles  doivent  savoir.  J'avoue  que  ce  mouvement, 
qui  vise  surtout  à  réagir  contre  la  façon  '  prudente  dont  l'Église 
natholique  avait  résolu  oe  délicat  problème  de  l'éducation  de  la 
chasteté,  me  paraît  un  peu  suspect.  Après  quelques  autres,  M"^^  Har- 
mel vient  à  son  tour  expliquer  aux  jeunes  filles  le  mécanisme  de 
l'amour  et  du  mariage,  sans  omettre,  bien  entendu,  les  perversions 
vicieuses  et  criminelles,  qui  l'ont  si  complètement  détourné  de  son 
but  providentiel  pour  en  faire  l'instrument  de  basses  et  viles  passions. 
A  ces  chapitres,  assez  scabreux,  M™^  Harmel  ajoute  un  chapitre  excel- 
lent et  tout  imprégné  de  surnaturel,  sur  les  moyens  de  préserver  la 
chasteté  contre  ces  assauts  de  la  luxure.  Tout  cela  s'inspire  des 
intentions  les  plus  hautes,  mais  j'avoue  que  je  ne  suis  pas  sans  inquié- 
tude sur  ce  mode  d'enseignement  intégral  par  la  voie  des  livres.  En 
bien  des  cas,  n'y  cherchera-t-on  pas  surtout  la  satisfaction  d'une  mal- 
saine curiosité!  Pour  mon  compte,  je  ne  crois  pas  que  la  méthode 
actuelle  d'éducation  de  la  pureté  soit  coupable  de  tous  les  méfaits 
dont  on  l'accuse,  et  j'estime,  au  contraire,  que  trop  de  science  est  plus 
dangereux  qu'un  peu  d'ij^norance  pour  l'avenir  des  jeunes  ménages. 
Je  signale  bien  volontiers  aux  pères  et  mères  chrétiens  le  livre,  d'ail- 
leurs bien  fait,  de  M™^  Harmel,  mais  je  ne  le  leur  recommanderais 
qu'avec  quelque  r('serve,  m'en  remettant  à  leur  expérience  du  soin 
de  discerner,  suivant  les  cas,  — car  c'est  là  surtout  une  question  d'es- 
pèce, —  ce  qu'ils  y  pourront  prendre  et  ce  qu'il  sera  plus  prudent  d'y 
laisser.  Je  m'en  fie  à  leur  sagesse,  à  leur  affection  pour  leurs  enfants 
et  à  leur  prudence  avertie,  et  je  doute  que  la  plupart  du  temps  ils  se 
résolvent  à  mettre  le  livre  entre  les  mains  de  leurs  filles,  qui  trou- 
veraient peut-être  à  le  lire  tout  entier  plus  d'inconvénients  que  d'a- 
vantages. P.  Talon. 

A  travers  les  ronces,    par   B.    Jouvin.    Pai'is,   Bloud,  1911,  in-16  de 
•273  p.  —  Prix  :  t  fr.  50. 

Déeaiogue  de  la  ifîe  moderne,"'  par    M^^    Bérot-Bhrger.     Paris, 
Giard  ec  Brière,  s.  d.,  ia-12  de  44  p.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Je  réunis  ces  deux  petits  livres  sous  la  même  rubrique  parce  que, 


—  427  — 

sous  une  forme  et  dans  un  esprit  assez  différents,  l'un  et  l'autre  traitent 
au  fond  le  même  sujet.  Les  deux  auteurs  s'adressent  aux  pau\Tes  et 
aux  déshérités  et  leur  enseignent  le  meilleur  moyen  de  bien  orga- 
niser leur  vie.  Et  voici  maintenant  les  différences. 

M""^  Jouvin  s'adresse  plus  spécialement  aux  femmes  déshéritées 
qui  luttent  pour  l'existence  :  veuves  ou  délaissées,  "vieilles  filles, 
jeunes  orphehnes,  femmes  solitaires;  son  petit  livre  a  donc  un  carac- 
tère moins  général  que  la  brochure  de  M™^  Bérot-Berger;  j'ajoute 
qu'il  a,  à  la  fois,  un  caractère  plus  pratique  et  une  inspiration  plus 
chrétienne,  et  cela  lui  fait  une  double  supériorité.  Ces  causeries  fami- 
lières, mais  d'une  famiharité  distinguée,  se  classent  en  trois  parties; 
la  première  :  Sous  le  choc,  décrit  l'état  des  femmes  tombées  dans  le 
malheur,  et  montre  en  quelles  dispositions  elles  doivent  aborder  le 
problème  de  leur  vie.  La  seconde  :  Les  Devoirs  et  les  droits  d'état,  étudie 
chaque  situation  ou  profession  :  domestique,  ouvrière,  institutrice, 
employée,  marchande,  ménagère,  artiste,  employée  de  bureau,  infirme, 
et  envisage  de  façon  très  pratique  les  difficultés  de  chacune  d'elles, 
et  la  meilleure  façon  de  les  résoudre.  Cette  partie  est  vraiment  très 
instructive  et  très  pratique  et  dénote  une  réelle  expérience  de  la  vie, 
en  même  temps  qu'un  grand  esprit  d'observation. 

La  troisième  partie  :  Ce  qui  nous  menace,  prémunit  les  déshérités 
contre  les  dangers  qui  les  attendent;  enfin  la  quatrième  partie  :  Ce 
qui  nous  aide,  leur  fait  voir  où  elles  trouveront  réconfort  et'courage,  en 
attendant  la  vie'  meilleure  qui  leur  donnera  les  compensations  néces- 
saires. Puis  viennent  trois  conclusions,  empreintes  d'un  esprit  très 
chrétien,  et  qui  donnent  bien  la  note  générale  du  livre,  qui  est  à  la 
fois  excellent  et  charmant. 

La  brochure  de  M'"^  Bérot-Berger  est  aussi  pleine  de  bons  conseils, 
seulement  plus  vagues;  ils  se  résument  en  ces  dix  form_ules  :  le 
bonheur  se  gagne,  l'avenir  se  prépare,  les  vertus  se  chantent,  les 
passions  se  pleurent,  le  travail  hbère,  l'amour  se  donne,  l'amitié  se 
partage,  les  plaisirs  se  paient,  la  vie  se  joue,  le  repos  s'achète  très 
cher.  Et  voilà  le  décalogue  de  la  vie  moderne,  qui  ne  vaut  certainement 
pas  le  décalogue  de  la  vie  chrétienne.  Et  voilà  pourquoi,  sans  vouloir 
déprécier  le  travail  estimable  de  M''^*^  Bérot,  je  trouve  le  charmant 
petit  livre  de  M"^^  Jouvin  en  même  temps  plus  pratique  et  meilleur. 

p.  Ta  ION. 

liCs  Femmes  du  monde,  par  l'abbé  Joseph  Tissier.  Paris,  Téqui, 
1911,  ia-12  de  ix-320  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Dans  une  lettre»  adressée  à  l'auteur  par  S.  G.  Mgr'  l'évêque  de 
Chartres,  les  douze  conférences  de  M.  l'abbé  Tissier  sont  comparées 
aux  douze  corbeilles  de  l'Évangile,  où  fut  recueilh-  ce   qui  restait  des 


—  428  - 

pains  distribues  à  la  foule  par  Notre-Seigneur.  On  ne  saurait  mieux 
dire.  Les  sages  conseils,  les  fines  observations,  les  levons  si  délica- 
tement présentées  par  l'orateur  sont  recueillis  et  enchâssés  dans 
une  série  de  tableaux  qui  augmentent  en  intérêt  à  mesure  qu'ils  se 
(((■roulent  sous  les  yeux  du  lecteur. Tour  à  tour  M.  l'abbé Tissier  évoque 
les  femmes  qui  souffrent;  celles  qui  gaspillent;  celles  qui  regrettent; 
celles  qui  reçoivent  ;  celles  qui  font  parler  d'elles;  celles  qui  s'ennuient; 
celles  qui  doutent;  celles  qui  luttent;  celles  qui  pensent;  celles  qui  se 
dévouent;  celles  qui  régnent  et  celles  qui  vieillissent.  Je  ne  saurais 
trop  conseiller  la  lecture  des  deux  conférences  consacrées  à  ((celles  qui 
reçoivent  »  et  à  «  celles  qui  s'ennuient  ». 

Quel  psychologue  délicat  se  révèle  dans  ces  pages  !  «  L'ennui,  dit 
M.  l'abbé  Tissier,  est  bourgeois  et  féminin.  On  ne  le  rencontre  pas 
habituellement  chez  les  pauvres  et  chez  les  humbles.  Parmi  eux 
les  femmes  sont  actives,  prévoyantes,  ménagères,  inventives.  »  En 
revanche,  la  vocation  des  femmes  de  l'élite  sociale  et  leur  nature, 
•es  faisant  plus  libres,  les  prédisposent  davantage  à  l'inaction.  Elles 
lient  conversation  avec  le  diable,  patron  de  l'ennui.  » 

Une  femme  supérieure,  la  princesse  Caroline  de  Sayn-Wittgenstein, 
a  fait  la  même  remarque  :  «  Comment  voulez-vous,  dit-elle,  que  Ma- 
dame ne  s'ennuie  pas?  Elle  ne  met  la  main  à  rien.  Elle  se  croit  quitte 
de  toute  charité  quand  elle  a  donné  un  louis  à  une  quêteuse.  Madanie 
se  lève,  s'habille  et  se  déshabille,  promène  ses  toilettes  et  son  ennui, 
renonce  même,  pour  le  tromper,  à  une  vie  de  famille  honorable.  Elle 
est  jeune,  elle  est  blasée  !  »  O.  H. 

liéguiiies     et  fruits    de  primeur.   Procédés  de  forcerie, 

par  Ad. Van  dbn  Ueede.  Paris,  Amal,  1912,  ia-8  de  227  p.,  avec  planches  et 
fig.  —  Prix  :  3  fr. 

M.  Van  den  Heede  est  un  publiciste  horticole  fécond;  on  lui  doit 
notamment  une  série  de  volumes  :  L'Art  de  bouturer,  L'Art  de  semer, 
L'Art  de  forcer.  Celui  qu'il  vient  de  publier  est  destiné  à  compléter 
le  dernier  cité;  c'est  une  œuvre  de  vulgarisation  qui  fait  connaître  les 
procédés  mis  en  usage  pour  la  culture  forcée  des  légumes  et  des 
fruits  dans  le  but  de  les  obtenir  plus  hâtivement,  en  dehors  de  la 
saison  où  ils  sont  normalement  récoltés.  L'auteur  a  consacré  un  cha- 
pitre aux  arbres  fruitiers  exotiques  :  avocatier,  goyavier,  caryocar 
nuciferum,  anacardium  occidentale,  litchi,  durio  zibetinus,  mango,<ita- 
/ii>r,  sapotillier^arbre  à  pain,  jacquier,  mammea  afnericana,eto.,  puis  au 
caféier,  cacaoyer,  etc.,  plantes  de  la  région  tropicale,  indiquées  sans 
doute  à  titre  de  curiosité,  car  il  serait  de  toute  impossibihté  d'en  faire 
une  culture  rémunératrice  sous  notre  climat,  même  dans  les  conditions 
les  meilleures.  D.  B. 


—  429  — 

Voleaus  et  tremblements  de  terre,  par  A.  dk  Lapparent.  Paris, 
Bioud,  1912,  in-8  de  J97  p.,  avec  76  illustrations.   —  Prix  :  5  fr. 

Le  très  regretté  Albert  de  Lapparent,  réminent  géologue,  secrétaire 
perpétuel  de  l'Académie  des  sciences  et  professeur  à  l'Institut  catho- 
lique de  Paris,  avait  toujours  suivi,  avec  un  intérêt  spécial,  les  phé- 
nomènes volcaniques  et  sismiques.  En  diverses  circonstances  il  avait 
exposé  ses  observations  et  ses  vues  en  cet  ordre,  soit  à  des  sociétés 
scientifiques  comme  celle  de  Bruxelles  et  la  Société  belge  de  géologie, 
soit  dans  des  recueils  périodiques  comme  le  Correspondant,  V Annuaire 
du  Club  alpin,  le  Mois  litléraire  et  pittoresque,  les  Annales  de  géo- 
graphie. 

L'éditeur  lUo-ud  a  eu  la  très  heureuse  idée  de  réunir  en  un  volume 
les  conférences,  leçons  et  articles  de  l'illustre  professeur  sur  ce  sujet, 
épars  dans  ces  divers  recueils.  Il  en  a  enrichi  le  texte  de  soixante- 
douze  gravures,  cartes  et  figures  explicatives  ou  représentatives, 
insérées  dans  le  texte.  Le  tout  campose  un  traité  complet  et  vraiment 
magistral  sur  la  matière,  où  le  charme  d'une  langue  toute  littéraire 
est  mise  au  service  d'ime  science  approfondie.  C.  de  Kirvvan. 


LITTÉRATURE 

Théâtre  d'OsCAR  Wilde.  III.  Les  Comédies,  II.  Un  Mari  idéal.  De  Vlm- 
poriatice  du  sérieux;  Irai.  d'ALFRED  Savine.  Paris,  Stock,  1911,  in-18  de 
xi-299  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  volume  achève  'la  traduction  du  théâtre  d'Oscar  Wilde  par 
M.  Savine.  Les  deux  pièces  qu'il  contient  sont  de  genre  fort  différent. 
La  dernière  est  une  sorte  de  farce,  assez  divertissante  quoique  un  peu 
grosse;  l'autre  est  une  camédie  sérieuse,  à  la  fois  satirique  et  drama- 
tique.Toutes  deux  sont  d'ailleurs,  comme  les  autres  pièces  de  l'auteur, 
brillantes  et  artificielles;  intrigues  construites  et  péripéties  amenées 
par  les  procédés  classiques,  personnages  plus  ou  moins  conventionnels 
et  dont  les  actes  le  sont  également,  étalage  d'esprit  volontiers  para- 
doxal. De  l'une  des  principales  qualités  de  Wilde,  qui  est  la  viva- 
cité et  l'éclat  du  dialogue,  il  reste  trop  peu  dans  cette  version  qui 
a  trop  souvent  le  tort  d'être  une  transcription  plutôt  qu'une  traduc- 
tion de  son  texte.  Rien  moins  qu'une  conversation  ne  s'accommode 
d'un  simple  décalque,  qui  ne  peut  aboutir  qu'à  une  série  de  phrases 
étranges  et  contournées,  comme  il  s'en  trouve  trop  ici.  Les  personnages 
de  M. Savine  ne  se  disent  point  bonjour,  ils  se  souhaitent  à  l'anglaise 
«  bonne  matinée  »  (p.  146)  ou  «bonne  après-midi»  (p.  192);  ils  appellent 
«  une  bêche  une  bêche  »  au  lieu  d'appeler  «  un  chat  un  chat  »  (p.  25); 
l'un  dit  à  son  domestiquera  C'est  bien», quand  il  veut  lui  dire:  «Je  n'ai 
plus  besoin  de  vous  »,  et  celui-ci  répond:  «  Merci,  monsieur  »,  au  lieu  de 
«  Bien,  monsieur  »  (p.  179).  Il  y  aurait  de  pires  exemples  à  citer,  mais, 


—  430  — 

au  vrai,  c'est  tout  l'ensemble  qui  pèche  par  la  biza.rrerie  et  le  manque 
de  naturel.  Pourquoi  tant  de  traducteurs  confondent-ils  la  fidélité 
avec   la  littéralité  excessive  qui  en  est  si  souvent  tout  le  contraire? 

A.  Barbeau. 

Le  Romantisme  en  France   au  XVII I^  siècle,   par  Daniel 
MoRNBT.  Parii,  Hachette,  1912,  ia-16  de  x-tHS  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  n'est  pas  que  le  savoir  ni  le  talent  manquent  à  M.  Mornet, 
encore  que  son  savoir  soit  un  peu  superficiel  et  confus,  et  qu'il  y  ait 
pas  mal  de  toc  dans  son  style.  Les  normaliens  d'autrefois  écrivaient 
plus  purement.  Ce  qui  me  met  en  défiance,  c'est  ce  genre  —  que  je 
croyais  démodé  —  de  la  dissertation  littéraire  à  vol  d'oiseau,  du 
grand  «  discours  w  fait  de  quelques  idées  générales,  plutôt  banales? 
rajeuni  ad  pompant  et  ostentationem  par  des  noms,  des  citations,  des 
traits  pris  au  hasard  dans  le  tas  des  petits  papiers. . .  Or  je  Grains  que 
le  lecteur  pressé  d'aujourd'hui  demande  qu'on  abrège  encore  et  qu'on 
lui  mette  cela  en  article  de  revue,  voire  de  journal,  où  lui  soit  résumé 
avec  plus  de  relief  ce  qui  est  acquis  maintenant  à  l'histoire  du  roman- 
tisme :  que  tout  le  xviii*^  siècle  l'a  préparé  par  son  inquiétude,  sa 
curiosité  universelle,  ses  «  vagabondages  d'âme  »,  ses  caprices  de  pit- 
toresque et  de  rêverie,  ses  névroses  du  sombre  et  de  l'horrible,  et  tout 
ce  lyrisme  de  sentiment,  de  passion  et  de  confidences  intimes,  dont 
les  jardins  anglais  et  les  pagodes  chinoises,  l'abbé  Prévost  et  Jean- 
Jacques,  Ossian  et  Werther  lui  avaient  d'ailleurs  déjà  donné  une  idée 
juste  et  à  peu  près  suffisante.  A  ce  public-là  ce  livre  court  et  trop  hâti- 
vement fait  paraîtra  contenir  des  longueurs  et  des  redites.  Il  s'effarera 
un  peu  de  ce  tourbillon  de  noms  propres  et  de  titres  d'œuvres  qu'il  ne 
connaît  pas,  qui  ne  lui  disent  rien.  Il  trouvera,  je  le  crains,  arides  et 
presque  inutiles  les  chapitres  sur  la  poétique  du  xviii^  siècle  et  sa 
critique,  puisqu'ils  montrent  surtout  les  résistances  du  dogmatisme, 
de  l'esprit  d'ordre  et  de  règle,  et  appartiendraient  donc  bien  mieux 
à  l'histoire  du  classicisme  au  xviii^  siècle.  Mais  il  goûtera  les  seize 
gravures  du  temps,  sentimentales  ou  horrifiques,  qui  sont  vraiment 
bien  amusantes;  au  besoin  il  s'en  contenterait,  car  toute  la  moelle  du 
livre  y  est  contenue.  Quant  aux  vrais  amateurs  de  lettres,  à  ceux  qui 
prennent  le  temps  de  lire  des  livres,  je  crois  qu'ils  aiment  mieux 
aujourd'hui  l'histoire  que  cette  critique  sans  maturité,  l'histoire 
qui  a  besoin  d'être  un  peu  détaillée  et  précise  pour  être  vivante  ; 
et  qu'à  la  place  de  ces  neuf  chapitres  où  on  a  voulu  tout  mettr  e 
et  où  on  fait  allusion  et  on  nous  renvoie  à  tant  de  mauvais  romans, 
de  mélodrames,  de  dissertations,  d'essais,  de  traités  inconnus,  à 
tant  de  Juvenel  de  Carlencas,  de  Loaisel  de  Tréogate,  de  Miste- 
let,  etc.,  etc.,  ils  eussent  préféré  neuf  récits  ou  portraits  bien  choisis. 


—  431  — 

bien  éclairés,  bien  significatifs.  Sainte-Beuve  aussi,  le  plus  souvent, 
travaillait  de  seconde  main  et  prenait  la  fleur  des  gros  ouvrages 
ot  des  longues  monographies.  Mais  comme  il  est  à  la  fois  plus 
captivant  et  plus  solide,  plus  plein  que-  les  volumes  que  nous  bro- 
chent les  jeunes  d'aujourd'hui  en  jetant  un  peu  de  prose  sur  leurs 
statistiques  et  leurs  fiches,  —  ou  celles  des  autres  !  M.  Mornet,  du 
moins,  a  la  prose  à  la  mode.  Il  est  bien  informé,  si  l'on  en  croit  sa 
bibliographie  et  ses  références  :  il  était  déjà  préparé  à  cette  étude  d'en- 
semble, ou  à  cet  «  essai  »,  par  des  travaux  personnels  et  spéciaux 
sur  le  xvme  siècle;  il  a  le  souci  de  l'exactitude,  le  goût  assez  juste. 
Ma  critique  ou  mes  regrets  s'adressent  moins  à  lui  qu'à  sa  méthode^ 
qui  est  le  fait  de  ses  maîtres  —  et  de  sa  jeunesse. 

_  Gabriel  Audiat. 

lie»  Hommes  de  lettres  au  TKVIII'^  siècle,    par  Maurice  Pel- 
LissON.  Paris,  Colin,  1911,  in-18  de  311  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Peindre  la  vie  —  privée  et  pubhque  —  des  hommes  de  lettres  au 
xviii^  siècle,  dire  leurs  rapports  avec  le  pouvoir  et  avec  les  représen- 
tants de  la  loi,  directeur  de  la  librairie,  censeurs,  tribunaux,  pohce; 
—  avec  les  libraires  et  les  comédiens,  (;es  frères  ennemis  dont  on  ne 
peut  se  passer  et  contre  lesquels  il  faut  sans  cesse  défendre  sa  propriété 
littéraire  et  sa  dignité  tout  ensemble;  —  leurs  rapports  entre  eux- 
mêmes,  querelles,  divisions,  collaborations,  rapprochements  de  con- 
fraternité, essais  de  coopération  et  d'association;  —  leurs  relations 
avec  le  monde;  et  leur  conquête  de  l'opinion  pubhque,  consacrée  par 
l'avènement  des  journahstes  :  c'était  là  un  sujet  immense  à  occuper 
toute  la  vie  d'un  lettré  et  à  remplir  plusieurs  volumes.  De  ce  grand 
ouvrage,  d'ailleurs,  plusieurs  parties  ont  déjà  été  traitées,  puisqu'il  y  a 
des  histoires  de  la  censure,  de  la  propriété  httéraire,  de   la  librairie, 
de  la  Comédie-Française,  de  la  presse,  etc.,  etc....  Mais  en  prenant  la 
fleur  de  tout  cela,  en  complétant  et  rafraîchissant  son  butin  par- des 
recherches  personnelles  à  travers  les  Mémoires,  les  Correspondances 
et  les  recueils  littéraires  du  temps,  ou  les  livres  récents,  monographies 
et  thèses  de  doctorat,  qui  ont  mis  en  œuvre  ces  documents,  voire  par 
des  pièces  d'archives  et  des  textes  inédits  de  contrats  entre   auteurs 
et  hbraires  ou  de  rapports  de  M.  de  Malesherbes  et  de  M.  de  Sartines, 
M.  Pellisson  a  pu  écrire  en  neuf  articles  précis,  alertes  et  sans  doute 
à  peu  près  justes,  ce  qu'on  pourrait  appeler  le  tableau  ou  l'esquisse 
de  la  condition  des  gens  de  lettres  au  xviii*^  siècle  et  du  progrès  par 
lequel,  d'amateurs  isolés  qu'ils  étaient  ou  de  bohèmes  sans  état,  ils 
sont  arrives  moins  à  se  constituer  en  classe  sociale  et  en  caste  qu'à  de- 
venir une  puissance,  et  souveraine  des  esprits,  redoutable  aux  gou- 
vernements, bientôt  maîtresse  de  la  vie  des  peuples.  Or,  bien  qu'il  ait 


_  ',32  - 

assez  impartialonient  écrit  ce  résumé  d'histoire,  qu'il  n'ait  pas  Gâché 
complètement  les  misères  de  ce  monde- là  qui  fut,  dans  son  ensemble, 
un  vilain  monde,  bien  qu'il  ne  manque  pas  d'indiquer  dans  sa  conclu- 
sion combien,  au  milieu  de  ces  changements,  a  été  compromis  le  désin- 
téressement traditionnel  des  écrivains,  et  comment  c'est  devenu  un 
métier  que  d'écrire,  et  avec  quelle  infatuation  et  quels  excès  beau- 
coup de  gens  de  plume  ont  usé  et  vont  user  de  plus  en  plus  de  l'em- 
pire qu'ils  ont  conquis  sur  les  esprits,  il  n'en  semble  pas  moins  favo- 
rable à  l'évolution  qui  a  fait  d'eux  une  aristocratie  nouvelle,  «  l'aris- 
tocratie intellectuelle,  la  seule,  déclare-t-il,  qui  soit  compatible  avec 
l'organisation  du  monde  moderne...  )-  Belle  phrase  creuse,  dirons- 
nous,  ou  pis  que  cela,  phrase  fausse  et  qui  met  le  mot  d'organisation 
là  où  il  faudrait  graver  celui  de  désordre.  Sachons  résister  au  prestige 
des  gens  d'esprit,  et  voyons,  en  effet,  que  ce  n'est  pas  là  vraiment 
une  aristocratie,  mais  bien  plutôt  une  tyrannie  anarchique,  la  dan- 
gereuse dictature  d'une  bande  confuse  d'aventuriers  et  de  parvenus, 
qui  se  sont  fait  céder  par  la  crainte  toutes  les  libertés,  tous  les  droits, 
sans  la  contre-partie  d'aucune  vraie  responsabilité  individuelle  ou 
collective,  et  qui  peuvent  se  livrer  à  tous  les  excès,  à  toutes  les  véna- 
lités, à  tous  les  crimes  contre  la  raison  et  l'ordre  social,  sans  qu'aucun 
frein  soit  de  force  à  lés  arrêter,  une  fois  qu'on  les  a  laissés  intoxi- 
quer l'esprit  public  du  faux  dogme  de  l'éminente  dignité  des  gens  de 
plume  et  du  caractère  sacro-saint  de  toute  chose  imprimée. 

Gabriel  Audiat. 

Essai  Miir  l'influence  de  liaurenve  Sterne  en  France  au 
dix-liuitiéme  siècle,  par  Francis  Brown  Barton.  ParU,  Hdcheite, 
1911,  gt.  iu-8  de  163  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Dix  traductions  françaises  différentes  du  Voyage  sentimental  (dont 
certaines  sans  cesse  réimprimées),  sept  de  Tristram  Shandy,  plusieurs 
d'autres  écrits  du  même  auteur,  une  série  d'imitations  avouées,  de 
bonnes  études  critiques,  voilà  qui  témoigne  de  la  faveur  extraordi- 
naire dont  Sterne  a  joui  jadis  en  France  et  qu'il  y  conserve  en  partie. 
Le  présent  volume  (thèse  pour  le  doctorat  d'Université)  nous  fait 
suivre  les  étapes  de  l'humoriste  anglais  dans  notre  pays  pendant  les 
quarante  ou  cinquante  années  qui  se  sont  écoulées  entre  la  compo- 
sition de  ses  deux  principaux  ouvrages  et  la  fin  de  l'avant- dernier 
siècle.  Notoriété  immédiate  et  popularité  de  l'homme  et  de  l'œuvre, 
concurrence  des  traducteurs  plus  ou  moins  fidèles  autour  des  textes, 
accueil  enthousiaste  fait  par  le  public  français  à  ces  textes  traduits 
(parmi  les  plus  transportés  sont  M^i^  de  Lespinasse,  Diderot,  Suard 
et  Grimm),  essais  de  vingt  écrivains  français,  dont  M^'^  de  Lespinasse, 
dans  le  genre  nouveau,  voilà  ce  que  nous  voyons  tout  d'abord  et 


—  433  — 

c'est  la  matière  de  plusieux's  chapitres  Gurieux.Plus  intéressante  encore 
et  fort  bien  étudiée  est  l'influence  de  Sterne  sur  Diderot  (lequel  pousse 
parfois  l'imitation  jusqu'à  l'emprunt  littéral)  et  surtout  sur  Xavier 
de  Maistre,  celui  de  tous  nos  écrivains  qui  doit  le  plus  à  Sterne  et 
celui  qui,  tout  en  s'inspirant  de  lui,  est  demeuré  le  plus  personnel  et 
le  plus  original.  Jusqu'à  Maistre  c'est  à  la  sensibilité,  voire  à  la  sensi- 
Jjlerie  de  Sterne  que  s'attacliont  les  imitateurs;  chez  Maistre,  ce  qui 
se  retrouve  surtout,  c'est  quelque  chose  de  son  humour.  C'est  du 
reste  cet  humour  et  c'est  le  don  du  pittoresque  qui  nous  charment 
aujourd'hui  chez  Sterne,  tandis  que  sa  sentimentalité  nous  ennuie; 
nous  l'aimons  pour  de  tout  autres  raisons  que  nos  pères. —  Une  bonne 
bibliographie  termine  la  thèse  de  M,  Brown  (pourquoi  le  mot  ibidem. 
y  remplace-t-ii  sans  cesse  indûment  idem?).  On  ne  peut  qu'encou- 
rager M.  Brown  à  reprendre  sonétude,  comme  il  en  a  l'intention, et 
à  la  pousser  jusqu'à  nos  jours.  Le  chapitre  sur  Nodier,  en  particulier 
est  une  suite  nécessaire  aux  chapitres  sur  Diderot  et  Maistre. 

A.  Barbeau. 

lie  Roman  de  la  iainille  française.  Essai  sui*  l'œuvre  de 
IH.  Henrjr  Bordeaux,  par  Joseph  Fercha.t.  Paris,  Plon-Nourrit, 
1912,  iQ-16  de  X.xiv-458  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  livre  est  un  peu  gros  pour  un  écrivain  encore  jeune,  et  qui  est 
loin  d'avoir  dit  son  dernier  mot.  Il  est  vrai  que  le  sous-titre  est  plus 
exact  que  le  titre  et  que  M.  Ferchat  étudie  en  M.  Henry  Bordeaux 
non  seulement  le  Défenseur  de  la  famille,  le  peintre  des  jeunes  filles, 
des  épouses,  des  mères  et  des  vieilles  servantes,  le  moraliste  du  retour 
au  pays,  de  l'attachement  à  la  pierre  du  foyer,  du  mariage  chaste, 
fécond  et  indissoluble;  mais  aussi  le  paysagiste  de  la  Savoie,  l'écri- 
vain plein  de  lumière  de  la  foret,  de  la  montagne  et  des  lacs,  le  des- 
sinateur charmant  de  tant  d'aquarelles  rustiques  et  de  «  profils 
savoyards  »,  le  critique  littéraire  et  dramatique  toujours  aimable 
aux  contemporains,  voire  le  jeune  dilettante  d'Ames  modernes,  qui 
papillonnait  vers  la  vingtième  année  de  l'individuahsme  d'Ibsen  à 
l'exotisme  maladif  de  Loti  et  au  scepticisme  d'Anatole  France... 
Mais  il  est  certain  que  l'auteur  du  Pays  natal  et  de  la  Peur  de  vivre 
a  vite  «  découvert,  comme  il  dit,  l'emplacement  où  il  a  bâti  sa  mai- 
son »;  et  c'était  un  champ  de  chez  lui,  bien  connu,  où  le  ramenaient 
ses  morts  et  les  discipUnes  d'ordre  et  de  tradition  dans  lesquelles  il 
avait  été  élevé.  Ordre  français  et  chrétien,  quoique  le  catholicisme 
soit  moins  afïîrmé  dans  ses  livres  par  un  acte  de  foi  direct  que  prouvé 
en  fait  par  les  beautés  de  sa  morale  et  les  vertus  de  ceux  qui  le  pra- 
tiquent. Et  M.  Ferchat,  qui  s'apphque  à  dégager  et  faire  valoir  ce 
christianisme,  quo  quelques-uns  ont  trouvé  parfois  trop  discret^ 
Novembre  1912.  T.  CXXV.  28. 


—  434  — 

comme  il  atténue  peut-être  un  peu  trop,  au  profit  de  ce  qui  est  mora- 
lement très  beau,  ce  qu'il  y  a  de  romanesque,  de  mondain,  de  pas- 
sionnel et  d'impur  dans  ses  histoires,  l'a  montré  disciple  de  saint 
François  de  Sales  —  ce  qui  est  beaucoup  dire  ■ —  et  a  reproduit  en  ap- 
pendice quelques-uns  des  articles  les  plus  religieux  • —  ou  les  plus 
favorables  au  «  génie  »  du  christianisme  —  qu'il  ait  écrits. 

L'ouvrage  tout  entier  d'ailleurs  est  agréablement  fait  d'analyses 
et  de  citations  butinées  à  travers  les  feuilletons,  les  chroniques,  les 
conférences  aussi  bien  que  les  romans,  et  groupées  —  non  sans  sura- 
bondance et  sans  redites  —  de  façon  à  montrer  en  M.  Henry  Bor- 
deaux le  défenseur  éminent  de  l'âme  française,  le  «  chêne  savoyard  », 
symbole  d'énergie  et  de  résistance  à  tous  les  mauvais  vents  du  siècle. 
Or,  il  y  a  en  lui  beaucoup  de  cela,  j'en  conviens,  mais  non  sans  alliage 
d'homme  de  lettres,  et  même  encore  un  peu  profane.  Ce  n'est  pas 
d'ailleurs  une  mauvaise  tactique  pour  arriver  à  faire  d'un  écrivain 
tout  à  fait  un  apôtre,  que  de  le  glorifier  comme  tel,  que  d'apprendre 
au  public  à  l'adniirer  et  à  l'aimer  par  ce  qu'il  a  de  meilleur. 

Gabriel  Audiat, 

lie  Roitiau  anglnis  contemporain,  par   Firmin  Roz.  Paris,   Ha- 
cheite,  l'J12,  iii-16  de  xx-284  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

George  Meredith,  Thomas  Hardy,  M^^  Humphry  Ward,  Rudyard 
Kipling,  H.  G.  Wells,  voilà  les  cinq  éminents  écrivains  qui  nous  sont 
présentés  tour  à  tour  dans  ce  très  bon  ouvrage.  Ce  n'est  pas  exchisi- 
vement,  ni  même  principalement  du  point  de  vue  de  la  critique  fit- 
térairc  qu'ils  y  sont  considérés. Si  l'auteur  goûte  assurément  les  beauté  s 
de  leurs  œuvres,  s'il  ne  s'interdit  nullement  d'en  exphquer  les  qua- 
htés  et  les  défauts,  ce  qu'il  cherche  surtout  dans  ces  œuvres,  c'est  ce 
qu'elles  nous  apprennent  sur  l'Angleterre  de  notre  temps.  Rien  de 
plus  intéressant,  rien  de  plus  légitime  non  plus,  puisque,  à  la  diffé- 
rence du  nôtre,  le  roman  anglais  a  presque  toujours  été  et  continue 
d'être  un  miroir  de  la  société  et  de  la  vie,  miroir  où  la  réalité  peut 
assurément  se  transfigurer  ou  s'altérer  de  diverses  façons,  mais  où, 
en  tout  cas,  c'est  elle  qui  se  reflète  toujours,  et  non  point,  comme  en 
d'autres  pays,  les  créations  de  la  fantaisie  ou  de  l'imagination  cons- 
tructrice. Vus  de  ce  biais,  il  n'est  pas  besoin  de  dire  que  les  auteurs 
choisis  par  M.  Roz  (Meredith  un  peu  moins  que  les  autres)  nous 
apportent  des  témoignages  très  précieux  sur  les  idées,  tes  sentiments, 
les  aspirations  de  leur  pays  et  de  leur  époque.  Leur  matière  est  aussi 
différente  que  leur  tournure  d'esprit:  satire  des  mœurs  et  philosophie 
i'atahste  et  pessimiste  chez  Hardy,  peinture  des  hautes  classes  et  pré- 
dication d'une  sorte  de  refigion  sans  dogmes  chez  M™^  Ward,  tableau 
de  l'énergie  anglaise  appHquée  à  l'édification  et  à  la  défense  de  l'em- 


i 


—  435  - 

pire  ohez  Kipling,  dénonciation  de  toutes  les  institutions  existantes 
et  plans  de  réforme  scientifique  et  radicale  chez  Wells,  tout  cela  assu- 
rément est  étrangement  divers,  mais  tout  cela  procède  d'une  observa- 
tion clairvoyante  et  précise  de  toute  la  société  anglaise.  Les  études 
de  M.  Roz  sont  sérieuses,  serrées,  pénétrantes,  personnelles;  on  sera 
heureux  de  les  voir  complétées  par  une  seconde  série  qu'il  nous  pro- 
met et  où  paraîtront  les  romanciers  qui  viennent  par  l'importance 
tout  de  suite  après  les  cinq  dont  il  vient  d'être  question. 

A.  Barbeau. 

TeMny«on,parFiRMiN  Roz.  Paris,  Bloud,  191 1,  in-16de231  p.— Prix  :  2fr.  50. 
«  Tennyson,  dit  M.  Firmin  Roz,  est  certainement  un  des  poètes 
anglais  auxquels  l'Angleterre...   a  prodigué  le  plus  de  gloire  avec 
le  plus  d'amour.  »  De  cela  deux  raisons,  dont  l'une  est  qu'il  a,  plus 
qu'aucun  autre,  plus  que  Browning  et  Swinhurne,    formulé  les  idées 
et  les  sentiments  essentiels  de  ses  compatriotes,  résumé  et  traduit 
l'âme  même  de  son  pays  et  de  son  temps.  L'autre  est  sa  large  sym- 
pathie, le  don  qu'il  avait  de  s'intéresser  et  d'intéresser  à  toute  créa- 
ture humaine  et  à  toute  chose,  de  ressentir  toutes  les  émotions  nobles 
et  de  les  faire  naître  à  son  tour.  Poète  national,  poète  humain,  voilà 
sous  quel  double  aspect  M.  Roz  nous  fait  principalement  envisager  . 
Tennyson,  et  il  rectifie  et  complète  ainsi  les  esquisses  brillantes,  mais 
un  peu  simplifiées  par  où  la  plupart  des  Français  connaissent  à  pré- 
sent celui-ci.  Montégut  et  surtout  Taine    n'ont  guère  montré    en  lui 
que  l'artiste  et  le  dilettante;  une  sorte  d'Alexandrin,  exquis  d'ailleurs 
et  d'une  virtuosité  admirable,  o'est  à  peu  près    ainsi    qu'ils   repré- 
sentent Tennyson,  lequel  est  cela  sans  doute,  mais  aussi  autre  chose. 
Le  présent  auteur,  voyant  dans  l'œuvre  du  lauréat  »  la  fleur  d'une 
vie  en  communion  étroite  avec  le  sol,  avec  la  race,  avec  les  grands 
intérêts  nationaux  »,  considère  ensemble  cette  vie  et  cette  œuvre,  unit 
K  la  biographie,  la  psychologie,  la  critique  ».  N'a-t-il  pas  fait  peut-être 
la  part  un  peu  large  à  la  biographie,  dont  une  partie  n'est,  après  tout, 
que  de  la  curiosité?  Ne  force-t-il  pas  une  fois  la  note  en  égalant  Tenny- 
son «  aux  plus  divins  poètes  de  tous  les  pays  et  de  tous  les  temps  »? 
Indique-t-il  suffisamment  que  la    gloire  de  Tennyson  s'est,  en  ces 
derniers  temps,  quelque  peu  obscurcie  en  Angleterre,  et  pour  quelles 
raisons?  Qu'on  ne  voie  là  d'ailleurs  que  d'insignifiantes  réserves!  le 
livre  dé  M.   Roz  est   fin,  délicat,  judicieux,  et,  en  maint  endroit, 
nouveau.  A.  Barbeau. 

Watts   Contemporains   étrangers,   par  Maurice  Muret.    I.   Paris, 
Fontemoing,  1911,  iu-16  de  351  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Maurice  Muret  n'est  pas  un  inconnu  au   Polybiblion.    Nous 


—  436  —  Ij^ 

avons  déjà  eu  occasion  do  signaler  de  lui  la  Littérature  italienne 
d'aujourd'hui,  et  je  me  souviens  d'avoir  parlé  avec  éloge  de  la 
Littérature  allemande  d'aujourd'hui.  Ce  n'est  pas  à  lui  qu'on  pour- 
rait faire  le  reproche  que  méritait  naguère  le  public  français  de 
ne  point  s'intéresser  à  ce  qui  se  passe  hors  do  France.  Pour  lui, 
il  semble  aussi  bien  connaître  l'allemand  que  l'italien.  Il  est  cos- 
mopolite en  littérature,  sans  l'être  en  politique,  et  il  répète,  lui 
aussi,  le  mot  d'un  opéra  boufîe  italien,  mot  que  citait  volontiers 
Stendhal  :  «  Vengo  adesso  di  Cosmopoli  ».  De  son  voyage  à  Cosmo- 
polis, il  rapporte  ce  premier  volume  d'une  série  qu'il  veut  consacrer 
aux  auteurs  étrangers  les  plus  célèbres  de  ce  temps  et  aux  œuvres 
marquantes  parues  hors  de  France  et  dignes  d'intéresser  le  public 
français.  Cette  première  série  contient  des  études  sur  dix  auteurs 
différents,  trois  Italiens,  Carducci,  Fogazzaro,  M^^  Annie  Vivanti; 
deux  Suédois,  A.  Strindborg  et  M'ie  Selma  Lagerlôf;  un  Anglais, 
Bernard  Shaw;  quatre  Allemands,  G.  Hauptmann,  C.  Spitteler, 
Mil®  (Je  Handel-Mazetti  et  K.  Schônherr,  Cela  ne  manque  pas  de 
variété  :  nationalité,  talent,  idées,  tout  est  différent,  et  l'auteur 
fait  volontiers  pour  la  critique  ce  que  La  Fontaine  pratiquait  en 
poésie. 

J'en  lis  qui  sont  du  Nord  et  qui  sont  du  Midi. 

La  place  qui  m'est  réservée  ne  me  permet  pas  de  suivre  M.  Muret 
et  de  parcourir  avec  lui  la  galerie  de  ses  portraits.  II  me  suffira  de 
dire  qu'il  est  loin  d'être  un  peintre  complaisant,  et  si  son  modèle  a 
quelque  grosse  verrue,  il  se  garde  bien  de  la  supprimer.  Esprit 
judicieux  et  pondéré,  il  met  dans  sa  critique  du  bon  sens  souriant, 
parfois  de  l'esprit  narquois,  toujours  une  bienveillante  équité,  si 
bien  qu'on  pourrait  citer  ces  études  comme  des  modèles  de  biogra- 
phie littéraire.  Carducci,  Strindborg,  Bernard  Shaw  et  G.  Haupt- 
mann intéresseront  particulièrement  les  lettrés.  M.  Muret  ne  s'en 
laisse  pas  imposer  et  son  jugement  ne  va  pas  à  la  remorque  d'une 
critique  complaisante.  C'est  ainsi,  pour  ne  citer  qu'un  exemple, 
qu'à  propos  do  K.  Schônherr,  dramaturge  tyrolien,  il  rapporte 
le  mot  que  Guillaume  II  disait  au  poète,  après  la  représentation 
de  sa  pièce  Foi  et  Patrie  :  «  Vous  serez  le  grand  poète  allemand 
qui  nous  manquait  ».  —  M.  Muret  fait  remarquer  qu'il  ne  convient 
pas  d'attacher  à  l'opinion  de  l'empereur  allemand  une  valeur  ab- 
solue, vu  qu'il  juge  les  œuvres  d'art  plutôt  sur  les  idées  qu'elles 
expriment  que  sur  la  beauté  intrinsèque  qu'elles  manifestent; 
quant  à  lui,  il  attend,  pour  proclamer  M.  Schônherr  un  grand  poète, 
qu'il  ait  donné  des  preuves  plus  péremptoires  de  son  génie  que 
Glaube  und  Ileimal.  L.  Mensch. 


—  437  — 

,-i  HISTOIRE 

l>u  llliofaasaii  »ii  pays  «les  Uncklitiaris.  Trois  mois  de 
voyage  en  Perse,  par  IIenry-R^né  d'Allemagnb.  Paris,  Uachclte, 
1911,  4  vol.  gr.  ii)-i  de  vin-228,  2r,0,  271  et  323  p.,  avec  950  clichés  dans  le 
texte  et  259  planches  hors  texte,  dont  'i7  en  couleur.  —  Prix  :  150  fr. 

M.  Hoiiry-René  (l'Allemaono,  dont  curieux  et  érudits  connaissent 
bien  les  livres  sur  le  Luminaire,  sur  les  Jouets  et  sur  les  Cartes  à  jouer, 
n'est  pas  seulement  un  collectionneur  éniérite  et  du  goût  le  plus  sûr 
et  le  plus  délieat;  c'est  un  savant  admirablement  préparé  par  ses 
études  d'histoire  et  d'archéologie  à  ses  recherches  sur  l'art  et  le  bibelot, 
ne  négligeant  aucun  détail,  mais  attribuant  à  chaque  objet  son 
importance  relative  et  sa  place  exacte. C'est  ce  dont  se  rendront  bien 
compte  les  lecteurs  du  superbe  ouvrage  intitulé  Du  Khorussun  au  pays 
des  Backhtiaris . 

Quand,  au  mois  d'août  11H)7,  M.  Henry-René  d'Allemagne  efTectua 
le  voyage  dont  cet  ouvrage  contient  le  récit,  ce  n'était  pas  la  première 
fois  qu'il  visitait  le  plateau  de  l'Iran.    Depuis   lonotemps   déjà,  mais 
depuis  un  temps  moins  long  qu'il  l'eût  désiré,  il  en  avait    visité  les 
abords  septentrionaux,  Samarkand  et  Khiva,  étudiant  avec  le  plus 
grand  soin  les  superbes  monuments  que  conserve  encore  Samarkand, 
et  la  jolie  ville  persane  de  Khiva,  notant  sur  ses  carnets  tout   ce   qui 
lui  passait  sous  les  yeux,  recourant  à  l'appareil  photographique  pour 
compléter  ses  notes  et  les  préciser,  ne  négligeant  aucun  moyen  d'infor- 
mation. De  même  a-t-il  agi  quand,  en  1899,  il  exécuta  son  premier 
voyage  dans  le  Khorassan;  de  même  encore  en  1907,  au  cours  de  la 
mission  archi'^ologique  dont  l'ava-it  chargé  Je  ministère  de  l'instruction 
publique  cà  l'effet  de  constater  plus  particuhèrement  l'état  de  dété- 
rioration ou  de  destruction  des  monuments  que  les  anciens  voyageurs 
avaient  admirés,  décrits  et  dessinés  alors  qu'ils  étaient  encore  intacts. 
Mechied,   Nichapoor,   Veramin?,   Téhéran,  Koum,  Kachan,   Ispahan, 
Djounougoun,  localité  de  cette  partie  du    territoire    où    les    Backh- 
tiaris ont  coutume  de  passer  l'été,  puis  encore  Ispahan  et  Téhéran, 
et  enfin  Kazvine,   Recht  et  Enzéli,  voilà  les  principales  étapes  du 
beau  voyage  exécuté  par  M.   d'Allemagne  pour  s'acquitter  de  sa 
mission.  L'itinéraire  en  a  déjà  été  suivi  à  bien  des  reprises  différentes; 
mais  on  a  très  grand  plaisir  à  le  suivre  à  nouveau   en   compagnie  de 
l'érudit  bibliothécaire  de  l'Arsenal,   mn  seulement   à  clause  de  la 
conscience  avec  laquelle  il  note  les  moindres  incidents  de  la  route- — 
ne  tenant  aucun  détail    pour  négligeable,  et  arrivant  ainsi  à  donner 
ft  son  lecteur  une  impression  remarquablement  intense,  —  mais   aussi 
à  cause  de  son  inépuisable  érudition.  Des  paysages,  des  types  ethni- 
ques, des  monuments,  des  scènes  de  genre  même  illustrent  de  manière 
remarquable  ce  récit  de  voyage,  et  donnent  une  idée  très  nette  des 


—  438  — 

diiïérpntï'  aspects  du  pays  parcouru,  dos  populations  qui  y  vivent, 
de  leur  civilisation  actuelle  et  des  monuments  qu'elles  ont  bâtis... 
Toutefois,  au  plaisir  qu'éprouve  le  lecteur  à  voyager  de  ville  en  ville 
en  compagnie  de  M.  d'Allemagne,  ne  tarde  pas  à  se  mêler  un  autre 
sentiment:  comment,  en  constatant  le  vandalisme  de  tel  ou  tel  haut 
personnage  persan  —  celui  de  Zil  es  Sultan  à  Ispahan  en  particulier  — 
ou  encore  la  cupidité  barbare  de  subalternes  tels  que  ce  gardien  du 
palais  des  gouverneurs  d'Ispahan,  dont  l'auteur  publie  la  photographie 
à  la  p.  132  du  tome  IV,  comment  ne  pas  ressentir  de  la  tristesse  et 
de  l'indignation  tout  à  la  lois?  l.a  Perse  est  en  train  de  perdre  sa 
parure  artistique  au  bénéfice  des  musées  d'Europe  et  des  collections 
des  Américains,  voilà  ce  qui  se  dégage  des  constatations  désolantes 
faites  par  M.  Henry  d'Allemagne  au  cours  de  sa  mission,  des  faits  qu'il 
rapporte  et  de  la  juxtaposition  de  photographies  actuelles  avec  des 
dessins  de  Jules  Laurens  ou  avec  les  planches  de  l'ouvrage  de 
Goste;  l'œuvre  de  destruction  se  poursuit  sans  relâche  et  aura  tôt 
fait  de  dépouiller  le  pays  de  tout  ce  qui  le  rendait  cher  aux  artistes 
et  aux  amateurs  d'art  ! 

Telle  est  la  conclusion,  absolument  navrante,  qu'on  ne  peut  pas  ne 
pas  tirer  du  rapport  de  mission  de  M.  d'Allemagne;  aussi  convient-il 
de  remercier  le  savant  auteur  des  efl'orts  qu'il  a  faits  pour  permettre 
à  ses  lecteurs  de  bien  connaître  les  monuments  dont  il  parle,  non 
seulement  dans  leur  état  actuel,  mais  dans  leur  état  ancien,  et  pour 
gC  rendre  un  compte  exact  de  l'art  industriel  ou  même  simplement 
de  l'art  persan  sous  toutes  ses  formes  et  jusque  dans  ses  manifestations 
les  plus  simples  :  briquets,  plumiers,  gravures  populaires...  De  là 
cette  profusion  d'admirables  gravures  —  plus  de  1200  —  répandues 
dans  le  texte  et  hors  texte,  qui  montrent  la  civilisation  persane  sous 
lous  ses  aspects  et  font  facilement  comprendre  au  lecteur  un 
peu  attentif  la  beauté  des  oeuvres  exécutées  par  les  anciens  artistes 
persans,  le  goût  et  l'habileté  des  peintres  miniaturistes,  des  batteurs 
et  des  ciseleurs  de  métaux,  des  fabricants  de  tapis.  C'est  presque 
exclusivement  à  des  collections  particulières,  à  celles  de  MM.  Henri 
Vever,  Georges  Marteau,  du  D'"  Albert  Figdor  (de  Vienne),  à  la  sienne 
propre  surtout,  que  M.  d'Allemagne  a  emprunté  les  éléments  de  la 
remarquable  illustration  technique  de  son  ouvrage;  ainsi  a-t-il 
composé  un  magnifique  album  de  l'art  persan,  dont  l'étude  ne  fera 
pas  seulement  commettre  des  péchés  d'envie,  mais  permettra  de  con- 
naître mieux  et  d'apprécier  davantage  les  mérites  d'un  art  que  beau- 
coup admirent  surtout  de  confiance  et  par  ouï-dire.  Rien  n'est  à 
négliger  dans  cet  album,  où  la  plus  petite  gravure  contient  im  ensei- 
gnement aussi  bien  que  les  planches  en  couleurs  reproduisant  avec 
la  plus  grande  perfection  les  plus  beaux  tapis,  les  plus  merveilleuses 


—  439  — 

miniatures,    les   plus   remarquables   panneaux   de   faïence  qu'aient 
i*eGueillis  des  amateurs  éclairés. 

Mais,  si  instructives  soient-elles  par  elles-mêmes,  ces  gravures  le 
deviennent  davantage  encore  lorsqu'elles  sont  commentées  aveo 
précision.  Aussi  M.  Henry  d'Allemagne,  soucieux  avant  tout  de  faire 
œuvre  utile,  n'a-t-il  eu  garde  d'omettre  ce  commentaire.  Afin  de  le 
rendre  plus  attrayant  et  d'éviter  des  redites  autrement  inévitables,  il 
l'a  donn''  dans  une  longue  Préface,  aussi  considérable  que  la  relation 
même  du  voyage  de  M.  Henry  d'Allemagne  au  pays  des  Backhtiaris 
(elle  occupe  deux  volumes  sur  les  quatre  que  comprend  l'ouvrage 
entier),  où  la  Perse  est  étudiée  dans  son  ensemble  et  à  tous  les  points 
do  vue  ;  ethnographie  et  sociologie,  agriculture,  commerce  et  indus- 
trie, administration,  etc.,  y  sont  successivement  traités  par  l'auteur 
avec  le  plus  grand  soin;  seul  un  tableau  d'ensemble  de  la  géographie 
physique  du  pays  manque  au  début  de  l'ouvrage  (l'auteur  en  convien- 
dra sans  doute  volontiers  tout  le  premier),  mais  qui  serait,  actuelle- 
ment, capable  de  composer  ce  tableau?  Par  contre,  comme  il  est 
naturel,  le  côté  artistique  a  été  traité  avec  un  soin  tout  particuher,  et 
en  s'aidant  des  travaux  déjà  parus  de  M.  Olmer,  d'une  notice  de 
M.  Marteau  sur  les  peintres  miniaturistes  persans,  etc.,  M.  d'Alle- 
magne a  fourni  sur  la  fabrication  des  tapis,  sur  les  différentes  caté- 
gories de  ces  mêmes  tapis,  sur  le  style  de  chaque  école  (t.  1,  chap.  IV), 
Sur  le  mobiher,  la  menuiserie  et  la  serrurerie,  la  coutellerie  et  l'ar- 
murerie, la  céramique,  la  verrerie,  l'art  textile  et  les  livres  à  minia- 
tures (t.  II,  chap.  VII)  les  détails  les  plus  circonstanciés  et  les  plus 
précis.  «  Il  vous  faut,  disait  naguère  à  l'auteur  un  de  nos  compatriotes 
devenu  inspecteur  général  des  douanes  du  Khorassan,  il  vous  faut 
faire  sur  la  Perse  i  n  livre  complet,  bourré  d'images  et  d'anocdotes 
comme  vous  savez  les  faire;  ce  sera  encore  plus  utile  pour  notre  pays 
de  connaître  les  mœurs  et  les  usages  de  la  Perse,  que  de  vous  voir 
rapporter  quelques  débris  de  faïence  qui  iront  moisirdans  les  vitrines 
d'un  musée  ».  M.  d'Allemagne,  encore  qu'il  ait  dii  souffrir  d'entendre 
tenir  un  pareil  langage,  a  retenu  l'excellent  conseil  qu'il  contenait; 
hs  deux  volunies  de  sa  Préface  sont  l'ouvrage  que  réclamait  de  lui 
l'inspecteur  général  des  douanes  du  Khorassan  :  un  travail  d'ensemble 
auquel  recourront  sans  cesse  les  spécialistes  es  questions  persanes; 
ils  sont  en  même  temps  une  excellente  introduction  au  récit  de  voyage, 
au  rapport  de  mission,  que  ftontiennent  les  tomes  111  et  IV. 
^  Une  précieuse  bibhographie  de  la  Perse  (où  nous  n'avons  pu  relever 
jusqu'ici  aucune  omission,  sinon  celle  de  l'ouvrage  du  D'"  Rouire  sur 
la  Rivalité  anglo-russe ^au\x\x^  siècle  en  Asie  :  Golfe  persique,  frontières 
de  l'Inde.  (Paris,  ^Armand  Colin,  19Q8,in-18)  et  une  table  alphabétique 
des  matières,  placées  toutes  deux  à  la  fin  du  tome  II,  complètent  ce 


—  440  — 

superbe  ouvrage,  véiituble  encyclopédie  persane,  mine  inépuisable 
de  renseignements  écrits  et  do  documents  ligures.  Inépuisable,  mais 
non  pas  absolument  complète.  Voici,  par  exemple,  cette  question  de 
l'irrigation,  qu'a  elllourée  à  différentes  reprises  M.  d'Allemagne  : 
nulle  part  le  savant  auteur  ne  nous  dit  s'il  y  a  en  Perse,  comme 
jadis  dans  l'Espagne  musulmane,  comme  aujourd'hui  enc-ore  en 
Algérie  ou  à  Ghadamès,  des  principes  généraux  déréglementation, 
une  sorte  de  législation  de  la  distribution  de  l'eau;  certaines  indi- 
cations du  tome  IV  (p.  196)  nous  le  font  soupçonner,  mais  une  affir- 
mation positive  de  M.  d'Allemagne,  un  texte  précis  permettant  des 
comparaisons  avec  d'autres  usages  analogues  ferait  encore  mieux 
notre  affaire.  Le  procédé  d'irrigation  figuré  à  la  p.  53  du  t.  V  n'a-t-il 
pas  son  équivalent  dans  l'Afrique  du  nord?  et  les  Persans,  qui  ne 
possèdent  aucun  puits  artésien,  ne  recourent-ils  pas,  pour  l'adduction 
des  eaux  souterraines,  à  ce  même  procédé  que  pratiquent  les  Afghans 
et  qui  a  son  analogue  dans  les  feggaguir  du  Touât?. . .  C'est  le  propre 
d'un  ou^Tage  très  documenté  que  de  suggérer  des  rapprochements  et 
de  provoquer  des  questions  nouvelles;  il  nous  serait  facile  d'en  fournir 
de  nouvelles  preuves.  Contentons-nous  de  celles  que  nous  venons  de 
doimer,  et  proclamons  bien  haut,  en  terminant,  que  Du  Khorassan 
an  pays  des  Backhtiaris  est  un  travail  remarquable  à  tous  égards, 
par  l'intérêt  et  par  la  précision  de  son  texte  comme  par  la  profusion  de 
son  illustration  documentaire  et  artistique,  par  ses  en-têtes, 
ses  lettres  ornées  et  ses  culs-de-lampe,  et  par  la  beauté  de  son 
exécution  matérielle;  en  l'écrivant,  en  le  pubhant,  M.  Hfenry-René 
d'Allemagne  a  diî  ressentir  de  profondes  jouissances;  remercions-le 
de  nous  les  faire  partager  et  de  nous  communiquer  si  libéralement 
les  trésors  de  son  impeccable  érudition,  comme  aussi  ceux  de  ses 
riches  collections,  qui,  sans  les  méfaits  de  la  douane  russe,  seraient 
plus  riches  encore.  Henri  Froidevaux. 


Cartulaire  de    l'abb»ye   de  Saint-Saiiveiir   de   Vlllel*in, 

publie  par  l'abbé   L.-J.  Denis.   Paris,  Chatnpioii  ;  Le  Mans,    A.  de  Sainl- 
Benis,  1911,  in-S  de  xv-227  p.  —  Prix  :  10  fr. 

'^  C'est  le  troisième  livre  du  Cartulaire  de  Villeloin,  au  diocèse  de 
Tours;  les  autres  sont  perdus.  Passé  de  la  bibliothèque  du  marquis 
de  Lagrange,  de  l'Institut^  en  celle  du  marquis  de  Luppé,  son  petit- 
neveu,  le  manuscrit  a  été  cédé  par  ce  dernier  à  M  Julien  Chappée,  qui 
le  conserve  au  Cogner.  156  chartes  y  ont  été  transcrites,  au  début  du 
xiv^siècle  ;  la  plus  ancienn  j  date  du  xi^  siècle;  la  plus  récente  de  1294.  Un 
document  sur  les  propriétés  de  l'abbaye  fut  ajouté  au  xvi«;  des  notes, 
au  xviii«,  par  le  prieur  P.  Brunet,  qui  y  joignit  un  historique,  d'ail- 
leurs dépourvu  de  valeur,    mais  qu'a  reproduit,  avec  ces  réserves. 


—  441   — 

l'éditeur  du  Cartulaire;  enfin  plusieurs  documents,  d'après  le  char- 
trier  de  l'abbaye,  qui  ne  figuraient  pas  dans  le  Codex,  entre  autres 
le  diplôme  de  fondation,  donné  à  Verberie,  par  Charles  le  Chauve 
(27  mai  850)  :  M.  l'abbé  Denis  le  croit  authentique  d'après  Hauréau, 
qui  le  date  du  20  juin.  On  y  trouve  aussi  la  charte  de  consécration  de 
l'église  abbatiale,  le  18  mai  858,  par  l'archevêque  de  Tours.  La  topo- 
graphie, l'histoire  pourront  bénéficier  de  la  publication  de  ces  chartes. 
M .  Denis  a  pris  soin  d'indiquer  les  variantes  des  textes  du  Cartu- 
laire, avec  quelques-uns  des  originaux  conservés  aux  ar<"hives  dépar- 
tementales de  Tours  et  de  Châteauroux.  J.  D. 


PETRI  cardîaaIÎB  Pàzmâny  ecflesîae   Stri^oiiîen^is  areliiepis- 
copi  et  regiti   llungariae    |ii*imafii!    Epietolae   collectae 

recensiouem  Francisco  Hanuy.  T.  il  (i629-i637].  Budapestini,  t3'p.  rejjfiae 
scienliarum  Universitalis,  1911,  in  4  de  xvi-7y0  p.,  avec  armoiries  el  fac- 
aiiuilés.  —  Prix  :  6  fr. 

Le  second  volume  de  la  Correspondance  du  cardinal  Pâzmâny 
qui  termine  la  pubhcation  entreprise  par  le  D^  F,  Hanuy  (Cf.  pour 
le  premier,  Pohjhiblion  d'avril  1911,  t.  CXXI,  p.  317-318),  s'étend 
de  l'année  1629  au  moment  de  sa  mort,  car  la  dernière  lettre  est 
datée  du  11  mars  1637  et  le  cardinal  mourut  le  19  marsdelamême 
année.  Au  cours  de  cette  période,  sinon  la  plus  active,  mais  peut-être 
la  plus  importante,  de  la  carrière  du  primat  de  Hongrie,  la  corres- 
pondance tient  une  grande  place  dans  les  occupations  du  cardinal  et  il 
est  heureux  qu'il  en  ait  été  ainsi,  car  ses  lettres  nous  initient  à  tous 
les  événements  qui  se  déroulèrent  alors  et  auxquels  Pâzmâny,  comme 
prince  de  l'Église  et  comme  diplomate,  prenait  une  part  active.  Un 
certain  nombre  de  ses  lettres  sont  adressées  à  Ferdinand  II,  à  Fer- 
dinand III,  à  Gabriel  Bethlen,  à  George  Râkôczi  le*",  à  Perényi, 
à  Eszterhâzy,  au  nonce  de  Vienne,  au  cardinal  Barberini,  àBatthyâny, 
à  UrbainVIII,  au  grand-duc  de  Toscane,  à  Pâlffy,  au  duc  de  Parme, 
au  duc  de  Modène,  au  Palatin,  etc.,  etc.  Conseiller  écouté  de  son 
souverain,  le  cardinal  aborde  dans  sa  Correspondance  tous  les  sujets 
qui  intéressent  le  royaume,  dans  son  administration  intérieure,  alors 
fort  complexe,  et  dans  ses  rapports,  non  moins  compliqués,  avec 
l'étranger .  On  y  voit  la  fermeté  qu'il  sut  déployer  à  Rome  pour  y 
défendre  les  droits  des  cardinaux;  il  s'occupe  aussi  du  droit  de  patro- 
nage du  roi  de  Hongrie,  de  la  nomination  des  évêques  titulaires  par 
le  Roi,  des  privilèges  du  primat,  etc . 

D'autres  lettres,  adressées  aux  cardinaux,  aux  évêques,  aux  supé- 
rieurs d'ordres,  traitent  de  fondations,  d'organisation,  et  l'on  voit 
que  bien  des  questions  matérielles  sont  résolues  par  la  générosité  de 
Pàzmâny.  Quelques  lettres  intimes  nous  initient   à  ses  sentiments 


—  442  — 

d'afTection  et  d'intérêt  pour  sa  famille  et  ses  amis,  à  ses  joies  et  à  ses 
souffrances,  à  ses  soucis  de  propriétaire  qui  tient  à  bien  administrer 
ses  domaines.  Los  lettres  traitant  de  sujets  sérieux,,  et  c'est  la  plus 
grande  partie,  sont  rédigées  avec  soin  et  dans  un  style  élevé;  c'est 
seulement  dans  les  lettres  intimes,  peu  nombreuses,  que  le  cardinal 
laisse  courir  sa  plume  plus  librement. 

Le  tome  II  de  la  Correspondance,  qui  renferme  le  testament  du 
cardinal,  est  dû,  comme  le  premier,  au  D'"  F,  Hanuy,  qui  a  fait  de 
minutieuses  recherches  et  a  pu  joindre  à  chaque  lettre  —  elles  sont 
au  nombre  de  593  —  une  note  indiquant  les  archives  où  se  trouve 
l'original,  ou  encore  dans  quel  ouvrage  la  lettre  a  déjà  été  publiée. 
Beaucoup  de  lettres  sont  inédites,  quelques-unes  n'étaient  pas  con- 
nues. Sauf  de  rares  exceptions,  toutes  sont  écrites  en  latin,  ce  qui 
en  permet  la  lecture  à  un  très  grand  nombre  de  personnes.  Le  tra- 
vail si  bien  documenté  du  D^  Hanuy  facilitera  la  tâche  de  ceux  qui 
voudront  connaître  la  vie,  les  œuvres  et  aussi  le  caractère  du  cardinal 
Pâzmâny.  E.  H. 

Histoire  de  la  eharîté,  par  Léon  Lallemand.  T.  IV.  Le$  Teynps  mo- 
dernes du  îV!«  nu  xix^  siècle.  Seconde  partie.  Ewope  (suite).  Paris.  A.  Pi- 
card et  fils,  19i2,  iu-8  de  528  p.  —  Prix  :  7  fr.50. 

M.  Léon  Lallemand  continue  à  publier  régulièrement  son  Histoire 
de  la  charité  avec  sa  vigoureuse  méthode  des  recherches  immenses 
et  une  sûre  érudition.  Dans  l'ordre  des  œuvres  et  des  établissements 
charitables,  c'est  un  livre  classique  qui  sera  toujours  consulté  avec 
grand  profit.  Ce  tome  IV,  qui  a  encore  pour  cadre  l'Europe  avant  le 
xix^  siècle,  s'occupe  des  «  Assistances  spéciales,  du  soulagement  des 
prisonniers  et  du  rachat  des  captifs,  des  secours  à  domicile,  des  ate- 
liers de  charité,  des  Monts-de- Piété  ». 

Une  particularité  qui  plaira  certainement  aux  bibliophiles  : 
l'ouvrage  est  imprimé  en  très  beaux  caractères  sur  papier  teinté, 
genre  Chine.  Avec  une  reliure  appropriée,  il  pourra  être  classé  parmi 
les  li\Tes  d'une  bibliothèque  composée  con  amore. 

Dans  cette  très  remarquable  histoire  nous  avons  «  un  tableau  d'en- 
semble montrant  ce  que  l'humanité  souffrante  doit  aux  enseignements 
divins  du  Christ  ».  (T.  IV,  p.  517.)  Louis  Robert. 


niénidiref^  du  président  Hénault.  Nouvelle  édition  complétée, 
corrige-  et  aunut-^e  par  François  Rousîbau.  Paris,  Hachette,  1911,  iii-8 
de  xx-457  p.  —  Prix  :  10  fr. 

C'est  une  vie  bien  longue  et  bien  remplie  que  celle  du  président 
Hénault.  Né  en  1685,  mort  en  1770,  il  a  vu  les  dernières  années  de 
Louis  XIV  et,  presque  en  entier,  le  long  règne  de  Louis  XV.  Fils  d'un 


—  443  —       ' 

fermier  général,  entré  dans  la  magistrature,  homme  de  lettres,   histo- 
rien, il  a  connu  tous  les  principaux  personnages  de  son  temps,  dans 
le  monde  financier  et  dans  le  monde  parlementaire,  dans  le  monde 
politique  et  dans  le  monde  des  lettres,  voire  même  dans  le  monde 
aristocratique.  Protégé  du  cardinal  Dubois,  il  a  été  le  surintendant, 
l'homme  de  confiance,  l'ami  de  la  pieuse  reine  Marie  Leczinska. 
Il  a  été  l'oracle  du  salon  de  M"^^   du  Deiïand,  le  correspondant  de 
Voltaire,  qui  lui  a  adressé  des  vers.  Il  a  connu,  comme  dit  spirituelle- 
ment l'éditeur  de  ces  Mémoires,  «  la  bonne  et  la  mauvaise  compagnie, 
les  dévots  et  les  libertins,  la  Cour  et  le  monde  du  Palais  «.Il  a  donc  vu 
beaucoup  d'hommes  et  beaucoup  de  choses  et  il  a  pu  facilement  écrire 
«  ce  que  ses  yeux  ont  vu  ».  Ses  Mémoires  sont  donc  précieux  par  les 
événements  qu'il  raconte,  les  détails  qu'il  donne,  les  petites  intrigues 
qu'il  dévoile  et  les  jugements  qu'il  porte.  Ils  sont  cependant  parfois 
un  peu  fatigants  à  lire,  par  leur  manque  de  méthode  :  l'auteur  ne  suit 
ni  l'ordre  chronologique  ni  l'ordre  des  personnages,  et  la  trame  fantai- 
siste de  ses  récits  déroute  un  peu  le  lecteur,  de  même  que  la  vivacité 
de  ses  affections    altère    parfois    la    perspicacité    de  ses  jugements. 
C'est  ainsi  qu'à  ses  yeux,  Louis  XV  est  «  le  meilleur  de  nos  rois  », 
Marie  Leczinska  «  une  des  plus  grandes  reines  qui  aient  régné  »  et 
Maurepas  presque  un  ministre  de  génie,  toutes  appréciations  que 
l'histoire  n'a  guère  pu  ratifier.  Ces  exagérations  d'ailleurs  n'enlèvent 
rien  à  l'intérêt  de  ses  Mémoires.  Une  première  fois,  en  1855,  un  arrière- 
neveu  du  président  Hénault,  M.  le  baron  du  Vigan,  les  avait  publiés. 
Mais  il  y  avait,  dans  cette  édition,  des  erreurs  nombreuses,  des  altéra- 
tions de  noms,  des  omissions,  des  lacunes.  Plusieurs  fragments  consi- 
dérables étaient  sortis  de  la  possession  de  la  famille  et  certains  histo- 
riens du  président,  MM,  Lucien  Pérey  et  Henri  Lion  entre  autres, 
en  avaient  eu  connaissance  et  s'en  étaient  servis.  Une  édition  plus 
complète  et  plus  correcte  s'imposait  :  c'est  celle  qu'a  tentée  et  par- 
faitement réussie  M,  François  Rousseau.  Aux  Mémoires  proprement 
dits,  il  a  ajouté  des  appendices  considérables,  sur  le  cardinal  Fleury 
et  le  cardinal  de  Tencin,  sur  la  disgrâce  du  maréchal  de  Villeroy,  sur  les 
travaux  et  les  conflits  du  Parlement  et  notamment  sur  sa  translation 
à  Pontoise  en  1720.  Il  a  tenu  surtout  à  éviter  un  reproche  qui  avait  été 
fait  à  juste  titre  à  l'édition  de  M.  du  Vigan,  le  manque  d'éclaircisse- 
ments. Il  a,  au  contraire,  enrichi  son  édition  de  notes  très  nombreuses 
et  très  complètes  qui  ont  dû  lui  demander  des  recherches  longues  et 
minutieuses  et  qui  aident  puissamment  le  lecteur, 

Max.  de  la  Rocheterie, 


-  4 '.4  — 

lia  lfa«ite-.4uYrr{fiie  à  la  fin  de  l'aveien  régime,  notes  de 
gcograpkxf  économique,  ]iar  GaBRIRI.  ESQUBr.  Paris,  Chaiii[iioii.  !011,  in-8  de 
XI  1-307  p.  —  Prix  :  1  fr.  r>0. 

M.  Gabriel  Esquer  a  eu  une  excellente  idée  :  il  vient  de  publier  les 
Observations  des  contrôleurs  du  dixième  et  du  vingtième  de  la  Haute- 
Auvergne,  entre  les  années  1711  et  1787,  suivies  d'extraits  des  procès- 
verbaux  des  assemblées  d'élections.  Il  serait  à  souhaiter  que  son 
exemple  fût  suivi  :  nous  aurions  ainsi  tous  les  éléments  d'un  état 
vrai  des  provinces  à  la  tin  du  xviii^  siècle,  La  Haute- Auvergne  était 
une  province  pauvre.  Le  sol  y  était  généralement  maigre,  les  routes 
escarpées  et  rares,  les  communications  difficiles,  le  climat  froid  et 
rigoureux.  «  Dans  la  capitale  de  la  proA^ince,  à  Saint-Flôur,  dit  un 
rapport,  on  a,  en  hiver,  toutes  les  peines  du  monde  à  sortir  des  mai- 
sons. »  Sur  quatre-vingt-six  paroisses,  treize  seulement  ont  une  terre 
fertile,  où  Ton  peut  cultiver  le  froment,  dans  les  autres  on  cultive  le 
seigle,  et  dans  les  meilleures  même,  les  récoltes  sont  «  très  casuelles  », 
à  cause  du  froid.  Les  prairies  valent  mieux,  et,  dans  l'élection  de 
Mauriac,  à  Salers,  on  élève  beaucoup  de  vaches  et  l'on  fait  le  com- 
merce des  fromages.  Ce  sont  les  châtaigniers  qui  sont  la  principale 
ressource  et  fournissent  en  grande  partie  la  nourriture  des  habitants. 

Les  poids  et  mesures  varient  non  seulement  de  province  à  pro- 
vince, mais  presque  de  commune  à  commune  et  constituent  ainsi  une 
grosse  difficulté  pour  les  transactions. 

Dans  ces  conditions,  les  habitants  de  la  Haute- Auvergne  émigrent 
en  grand  nombre.  Les  uns  partent  après  la  récolte  et  vont  dans  les 
pays  voisins,  jusqu'à  Paris,  exercer  le  métier  de  chaudronniers,  de 
maçons,  de  porteurs  d'eau,  ils  en  reviennent  en  mai  ou  juin;  habitude 
qui  n'est  point  encore  perdue  de  nos  jours.  Les  autres  vont  plus  loin, 
jusqu'en  Espagne,  et  ne  reviennent  qu'au  bout  de  cinq  ou  six  ans, 
après  avoir  fait  une  petite  fortune.  Cette  désertion  momentanée  du 
pays  préoccupait  les  assemblées  d'élection. 

Quant  aux  habitants,  les  contrôleurs  sont  plutôt  sévères  pour  eux  : 
si  ceux  d'Aurillac  sont  «  fort  dociles  »,  ceux  d'AUanches  sont  «  rustres 
et  méchants  »,  ceux  de  Murât  sont  «  laborieux,  mais  rustres  »,  ceux 
du  Falgout  sont  «  d'un  commerce  difficile  et  peu  francs  »;  mais  ce  sont 
les  habitants  de  Saint-Flour  qui  sont  le  plus  durement  appréciés  : 
ils  sont  ((  très  sauvages,  grossiers,  impolis.  ..,  grands  ivrognes,  mal- 
propres et  fort  paresseux  ».  Qu'avaient-ils  donc  fait  à  MM.  les  con- 
trôleurs Estadieu  et  de  Sauvât? 

M.  Esqucr  avait  eu  l'intention  de  faire  \m  travail  d'ensemble  sur  la 
situation  économique  de  la  Haute-Auvergne,  à  la  veille  de  la  Révolu- 
tion. Son  changement  de  résidence  l'a  empêché  de  donner  suite  à  ce 
projet.  Nous  le  regrettons  sincèrement.      Max.  de  la  Rocheterie. 


—    /^-^,^l    — 


JLes  ClasiieB  rurales  en  Siavoie  an  X.VI1I*  «iècle,  par  Fran- 
çois Vbrmalb.  Paris,  Leroux,  l'JIl,  in-8  de  327  p.,  avec  2  planches.  — 
Prix  :    7  fr.  30. 

Cotte  très  intéressante  étude  ne  s'applique  pas  ù  la  Savoie  toute 
entière,  mais  à  la  Savoie- propre,  c'est-à-dire  à  la  région  de  Ghambéry, 
au  pays  des  Bauges,  à  la  Chautagne,  aux  mandements  d'Aix,  d'Yenne, 
de  Pont  de  Beauvoisin,  de  Beaufort,  etc.  Quelle  était,  dans  ce  pays, 
la  situation  des  classes  rurales  au  xyiii^  siècle  et  aux  approches  de  la 
Révolution?  C'est  ce  que  l'auteur  examine  à  l'aide  de  très  nombreux 
documents  dépouillés  dans  les  archives  publiques  et  les  archives 
particulières,  spécialement  celles  du  cliâteau  de  la  Motte-Servolex, 
dans  une  série  de  chapitres  sur  la  condition  personnelle  du  paysan, 
l'organisation  de  la  propriété  fon(  ière,  l'exploitation  seigneuriale  et 
bourgeoise  des  classes  rurales,  l'administration  et  la  justice  royales, 
la  Savoie  agricole  et  sociale  au  xviii<^  siècle.  Des  diverses  classes  de 
la  société,  la  noblesse  était  singulièrement  déchue  :  appauvrie  par  len 
guerres,  elle  avait  dû  vendre  une  grande  partie  de  ses  terres  qui  étaient 
devenues  la  propriété  de  la  bourgeoisie,  élevée  grâce  aux  places  judi- 
ciaires et  civiles.  La  plupart  des  droits  féodaux  n'existaient  plus,  sauf 
les  droits  de  servis  et  laods.  Les  paysans  aussi  étaient  devenus  pro- 
priétaires :  un  très  curieux  tableau,  dressé  par  M.Vermale,  montre  la 
propriété  paysanne  égalant  presque  à  elle  seule  la  propriété  de  la 
noblesse  et  de  la  bourgeoisie.  Le  clergé  régulier  était  en  décadence, 
notamment  la  grande  abbaye  de  Hautecombe;  le  clergé  séculier 
n'était  pas  riche;  la  dîme  était  essentiellement  variable  et  ne  dépassait 
guère  généralement  le  vingtième.  Les  durs  de  Savoie,  devenus  rois 
de  Sardaigne,  avaient  aboU  la  taillabilité  «  personnelle  »,  puis,  ce 
qui  était  plus  important,  la  taillabihté  «  réelle  ».  Ils  avaient  remplacé 
la  justice  seigneuriale  par  la  justice  royale,  dont  le  Sénat 
était,  de  l'aveu  de  tous,  la  «  plus  haute  expression  »  avec  des  hommes 
comme  le  président  Favre,  l'ami  de  saint  François  de  Sales,  et  le 
comte  de  Maistre,  et  l'administration  seigneuriale  par  l'administra- 
tion des  intendants.  Des  princes  comme  Victor-Emmanuel  11,  Charles- 
Emmanuel,  N'ictor-Emmanuel  III  étaient  animés  d'un  sincère  désir 
de  réformes;  mais  ces  réformes  froissaient  des  intérêts,  dérangeaient 
des  habitudes  et  rencontraient  en  Savoie  une  vive  opposition.  La 
noblesse,  qui  était  revenue  habiter  ses  terres  et  y  réalisait  d'impor- 
tants progrès  agricoles,  —  l'auteur  cite  spécialement  sous  ce  rapport 
le  marquis  Costa,— était  hostile  à  ces  changem.ents  qui  annihilaient  son 
autorité.  Le  peuple,  écrasé  par  les  nouveaux  impôts  que  nécessitaient 
les  réformes,  ne  leur  était  pas  plus  favorable. Et  la  Savoie,  en  général, 
détestait  les  intendants  qui  les  exécutaient  parce  qu'ils  étaient  pour 
la  plupart  piémontais.  Un  grand  nombre  de  Savoyards  que  la  misère 


—  446  — 

avait  poussés  à  éiiiigrcr  en  France  et  qui  y  avaient  fait  fortune,  ren- 
traient dans  leur  pays,  imbus  des  idées  nouvelles  et  avides  de  chan- 
gement. Et  lorsque  la  Révolution  française  éclata  et  envahit  la 
Savoie,  elle  trouva  un  terrain  tout  préparé  pour  la  recevoir. 

Tel  est  le  résumé,  en  quelques  lignes,  de  ce  volume  qui  a  dû  coûter 
à  l'auteur  de  longues  et  laborieuses  recherches.  On  le  lira  avec  plaisir, 
d'autant  plus  que  M.  Vermale  a  eu  la  très  ingénieuse  idée  de  le  faire 
suivre  d'un  Index  explicatif  de  quelques  termes  particuliers  au  droit  et 
à  la  fiscalité  savoisieniie,  qu'on  aurait  eu  de  la  peine  à  comprendre 
sans  cela.  Max.  de  la  Rocheterie, 


Delpliniie  de  Satoraii,  marquise  de  Cuatiiie,  par  (Uston  Mau- 
GraS  et  le  comte  P.  diî  Crozk-Lkmrrcier.  Paris,  Plon-N'ourrit,  1912,  in-8 
de  v(-576  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

Quelle  que  soit  l'opinion  que  l'on  conçoive  surla légèreté  des  grandes 
dames  de  la  fin  du  xviii^  siècle,  elle  sera  confirmée,  en  bien  et  en  mal, 
par  l'exemple  de  Delphine  de  Sabran.  Il  est  impossible  d'allier  plus 
de  grâce  et  de  frivolité,  plus  d'impudeur  morale  et  de  «  sensibilité  » 
amoureuse  à  autant  de  bonne  humeur,  de  courage  et  parfois  même 
d'héroïsme  dans  une  vie  semée  de  mille  traverses  sociales  et  domes- 
tiques, de  chagrins  de  cœur  et  de  déceptions  de  l'esprit.  Tout  cela 
sous  une  forme  infiniment  séduisante,  primesautière  et  au  miheu  des 
relations  les  plus  hétéroclites  qui  vont  de  Marie-Antoinette  à  Fouché, 
de  Joséphine  de  Beauharnais  à  Chateaubriand.  Ce  dernier  joue  un 
rôle  considérable  dans  l'existence  delà  marquise  de  Custine  et  il  paraît 
d'un  égoïsme,d'une  méchante  humeur,  d'une  personnalité  grondeuse, 
à  un  degré  rare,  quoiqu'on  en  sache  déjà  et  qu'on  en  soupçonne.  Pour 
peindre  ces  tableaux  successifs  d'une  vie  très  mouvementée,  M.  Gas- 
ton Maugras,  connaisseur  expert  et  raffiné  de  cette  époque,  nous 
menant  à  travers  les  boudoirs  du  temps  de  Louis  XVI,  les  cachots  de 
la  Terreur,  les  châteaux  du   premier  Empire  et  les    salons  de  la  Res- 
tauration, M.  Maugras  a  utilisé  des  documents  précieusement  col- 
lectionnés  par    son  ami  le  comte  de  Croze  et  des   correspondances 
intimes  déjà  publiées  en  partie  par  MM.  Bardoux,  Prat,  de  Robe- 
thon,  etc.  Cet  ensemble  forme  un  récit  très  agréable,  d'un  style  facile 
et  simple,  d'une  moralité  indulgente.  Il  y  a  là,  encore  une  fois,  des 
rapprochements   et   des   contrastes   extraordinaires;   des  vues   pré- 
cieuses sur  le  renouveau  social  en  province  (en  Normandie),  après  la 
Révolution;  des  détails  très  caractéristiques  sur  le  «  monde  »  au 
commencement  du  xix*'  siècle.  Les  lettres  de  M'"^  de  Custine  ont  un 
charme  piquant  par  leur  franchise  et  leur  tour  élégant.  Cette  lecture 
est  à  la  fois  captivante  et  triste  par  l'agrément  des  choses  et  l'étrange 
faiblesse  morale  des  personnes.  Geoffroy  de  Grandmaison. 


^  447  — 

L'Industrie  de  la  bonelierie  à  Paris  pendant  la  Kévolu- 
tion,  par  Hubert  Bourgin.  Paris,  Leroux,  1911,  gr,  in-8  de  InO  p.  — 
Prix  :  4  fr. 

On  a  beaucoup  écrit  sur  la  Révolution.  On  a  fait  son  histoire  poli- 
tique, son  histoire  militaire,  son  histoire  littéraire,  son  histoire  judi- 
ciaire, son  histoire  artistique.  Mais  on  n'a  point  fait  encore  son  his- 
toire industrielle  et  économique.  C'est  une  lacune  qu'entreprend  de 
combler  aujourd'hui  un  savant  professeur  agrégé  de  l'Université, 
M.  Hub'^rt  Bourgin,  et  il  débute  par  l'histoire  d'une  des  plus  impor- 
tantes branches  du  commerce  de  la  capitale  :  de  la  boucherie  à  Paris, 
pendant  la  Révolution. 

Comme  toutes  les  industries  et  comme  tous  les  commerces  de 
France  sous  l'ancien  régime,  la  boucherie  était  fortement  régle- 
mentée avant  1789.  C'était  une  corporation  puissante,  mais  fermée. 
Le  boucher  vendait  toutes  les  viandes  crues,  même  celle  de  porc.  Le 
charcutier  avait  bien  le  droit  de  vendre  de  la  viande  de  porc,  mais 
cuite  et  travaillée.  Les  marchés  étaient  réglés;  le  rôle  des  divers  inter- 
médiaires entre  le  boucher  et  le  producteur  bien  défini.  La  Révolu- 
tion détruisit  les  corporations  et  aboht  les  privilèges.  Mais  il  en  résulta 
un  désordre  forcé,  les  approvisionnements  se  firent  mal;  il  fallait  de 
la  viande  non  seulement  pour  la  capitale  mais  pour  les  armées,  et 
sous  la  pression  de  la  nécessité,  les  règlements  furent  rétabhs;  ils 
furent  même  poussés  à  l'extrême  et  l'on  décréta  pour  la  boucherie, 
comme  pour  tout  le  reste,  la  déplorable  loi  du  maximum.  Comme 
spécimen  de  réglementation  à  outrance,  on  ne  saurait  trouver  mieux 
que  l'arrêté  du  comité  de  salut  public  du  4  vendémiaire  an  III. 
Malgré  tout,  le  manque  de  viande  fut  souvent  terrible  àParispendant 
ces  sombres  années  et  les  rapports  des  «observateurs  de  l'esprit  public  » 
n'eurent  que  trop  fréquemment  à  peindre  leslonguesqueuesdesména- 
gères  à  la  porte  des  bouchers.  Le  Consulat  remit  les  choses  en  ordre, 
assura  les  approvisionnements  de  Paris  et  rétablit  la  corporation  des 
bouchers.  La  réglementation,  incertaine  pendant  les  premières  années 
de  la  Révolution,  devint  plus  fixe  et  plus  nette;  mais,  comme  le 
remarque  justement  l'auteur,  elle  ne  résulta  pas  de  l'arbitraire  admi- 
nistratif, mais  des  nécessités  et  des  exigences  du  pubhc,  «  des  modi- 
fications introduites  dans»  la  vie  urbaine,  dans  les  rapports  entre 
industriels  et  consommateurs  et  dans  leurs  besoins  ». 

Nous  terminerons  par  un  vœu  :  c'est  que  l'étude  entreprise  ici  pour 
la  boucherie  soit  étendue  aux  autres  branches  d'industrie  de  la  capi- 
tale; ce  serait  un  contingent  précieux  à  «  l'histoire  de  Paris  ».  Ajou- 
tons que  l'Académie  française  vient  de  reconnaître  le  mérite  de 
cet  ouvrage  en  lui  accordant  un   de  ses  prix. 

Max.  de  la  Rocheterie. 


—  448  — 

l'hAtestiiliriaiid,  par  Jui.Bs  Lbmaitre.  7«  édition.  Paris,  Calmann-Lévy, 
s.  d.  ,1012',  iu-i8  de  346  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ii'£\périenee  religieuse  (te    Cliateaubriand,  par  Alexandre 

Pons,  l'aris,  Lotliielleiix,  1912,  in-l2  de  xxx[x  261  p.  —  Prix  :  3  fr.  5*^. 
4'li«tea«al)riauil  auibns*«Mdeur  A   Londres  (tHtH),  d\^près  ses 
depches  inédites, -par  \e  comle    d'Antioghb.    Paris,    Perrin,   1912,    iii-8    de 
449  p.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

Tout  le  monde  connaît  aujourd'hui  les  conférences  de  M.  Jules 
Lemaître  sur  Chateaubriand.  Les  uns  en  ont  été  les  auditeurs,  les 
autres  les  lecteurs;  chacun  retrouvera  dans  le  présent  volume  le 
texte  précis  de  ces  études  éloquentes  et  passionnées,  passionnantes 
et  controversées.  Plus  d'un  a  reproché  à  M.  Lemaître  ce  goût  carac- 
térisé où  se  plaît  son  rare  talent  de  découronner  des  gloires 
littéraires;  pour  Racine  ce  fut  de  la  surprise,  pour  Fénelon  de 
l'émoi;  à  propos  de  Chateaubriand,  plus  d'un  a  ressenti  des 
regrets  et  parfois  de  l'indignation.  Il  est  certain  que  le  spirituel 
critique  fait  effort  pour  découvrir  le  défaut  des  cuirasses  et,  l'ayant 
trouvé,  il  y  enfonce  le  poignard.  Tel  est  «  l'esprit  »  qui  préside 
à  ses  analyses  littéraires,  morales  et  politiques  du  caractère,  de  la 
carrière,  des  œuvres  de  Chateaubriand.  Cette  irrévérence  porte  avec 
elle  une  certaine  tristesse.  Chateaubriand  n'en  sort  pas  grandi; 
mais,  malgré  toutes  les  preuves  rapportées  ou  découvertes  de  son 
orgueil,  de  ses  faiblesses,  de  ses  anomalies,  il  reste  le  flambeau 
qui  a  éclairé  les  intelligences  de  son  époque  et  imprégné  éle  son 
influence  magnifique  les  générations  du  xix^  siècle  tout  entier. 
La  critique  mordante  de- M.  Jules  Lemaître  renversera-t-elle  l'idole? 
Et  le  pourquoi  de  cet  effort  est-il  justifié?  Adhiic  siib  jiidice  lis  est. 
Le  réquisitoire  est  sans  doute  plein  d'esprit,  et  dix  conférences 
n'épuisent   pas  l'agrément   de  cette   éloquence  raffinée. 

—  AL  l'abbé  Pons  répond  par  la  négative  sans  hésiter  et  il  ap- 
porte un  plaidoyer  adroitement  composé  par  l'accusé  lui-même; 
il  montre,  par  des  passages  empruntés  aux  diverses  œuvres  de  Cha- 
teaubriand, le  chrétien  que  fut  l'auteur  des  Martyrs.  Ces  citations 
offrent  déjà  le  charme  de  nous  remettre  sous  les  yeux  et  dans 
l'oreille  d'admirables  pages  tirées  en  grande  partie  des  Mémoires 
d' outre-tombe  et  du  Génie  du  christianisme.  Des  sous-titres  met- 
tent en  vedette  les  sentiments  exprimés;  une  Introduction  précise 
la  pensée  de  M.  Pons  et  une  Bibliographie,  peut-être  incomplète, 
apporte  son  contingent  aux  renseignements  qui  nous  sont  fournis. 
La  conclusion  se  dégage  nettement  en  faveur  du  célèbre  écrivain. 

—  C'est  sur  le  terrain  historique  que  le  suit  M.  le  comte  d'An- 
tioche,  en  localisant  même  à  l'ambassade  de  Londres,  en  1822,  le 
rôle  diplomatique  de  sa  carrière  politique.  Mais,  pour  nous  bien 
faire  comprendre  cette  mission,  il  nous  raconte  d'abord  celles  dont 


—  449  — 

i'urent  chargea  les  prédécesseurs  immédiats  du  noble  vicomte  :  le 
comte  de  la  Chastre  (1814-1815),  le  marquis  d'Osmond  (1815-1817), 
le  général  de  la  Tour-Mau bourg  (1818-1819),  le  duc  Decazes  et  com- 
ment tint  l'intérim,  le  comte  Georges  de  Caraman  (1820-1821  ).Alors 
apparaît  Chateaubriand  (a\Til  1822),  envoyé  pour  maintenir  la  paix 
entre  Paris  et  Londres,  à  travers  les  difficultés  de  la  question  d'Es- 
pagne, des  aiïairos  d'Italie,  ébranlée  par  les  complots  révolutionnaires, 
du  conflit  russo-turc  et  du  soulèvement  pour  l'indépendance  des 
colonies  espagnoles.  Choses  graves  et  délicates  qu'il  n'eut  pas  le  loisir 
de  mener  jusqu'au  bout,  car  il  quittera  Londres  pour  se  rendre  au 
congrès  de   Vérone,  représentant  de  la  France,  avec  l'éclat  que  l'on 
sait.  Une  foule  de  dépêches  inédites,  de  documents  recueillis  avec  soin, 
une  heureuse  habitude  de  la  «  carrière  »,  un  sens  historique  délié,  un 
grand  scrupule  de  la  pureté  des  sources,  le  tact  d'un  homme  du  monde 
et  l'agrément  d'un  style  simple  et  net  apportent  au  liv-re  de  M.  le  comte 
d'Antioche  une  valeur  que  nous  devons  louer  et  qu'il  faut  saluer 
comme  la  caractéristique  d'une  oeuvre  pleine  d'intérêt  et  de  mérite. 

Geoffroy  de  Grandmaison. 


Frédéric  Ozanaui,  d'après  sa  correspondauce,  par  Mgr  B\u- 
NARD.  Paris,  J.  de  Gigord,  19i2,  in-8  de  xx-6to  p.,  avec  portrait,.— Prix: 5  fr. 

Frédéric  Ozanam,  par  Mgr  Alfked  Baudrillart.  Paris,  Bloud,  1912, 
in-16  de  84  p   (Collection  Science  et  religion).  —  Prix  :  0  fr.  60. 

Pendant  le  demi-siècle  qui  s'est  écoulé  depuis'sa  mort,  Ozanam  a 
reçu  d'innombrables  hommages  :  je  connais  un  élève  qui,  à  peine 
sorti  du  collège,  consacra  les  prémices  de  sa  carrière  littéraire 
à  cette  noble  et  sympathique  figure.  Malgré  tout  il  restait  à  péné- 
trer plus  avant  dans  l'intimité  de  cette  existence  de  chrétien  et 
d'apôtre,  à  mettre  en  relief  la  piété  si  édifiante  qui,  tour  à  tour, 
illumina  ses  heures  de  joie  et  consola  ses  jours  d'épreuve.  Ozanam  fut 
<(  un  homme  d'-  Dieu  »  dans  toute  la  force  de  l'expression,  et  l'effica- 
cité de  son  action  fut  et  demeure  en  rapport  direct  avec  le  rayon- 
nement de  ses  vertus. 

Nul  ne  s'étonnera  que  cette  tâche  ait  été  confiée  de  préférence  au 
prélat  éminent  dont  la  parole  et  la  plume  ont  célébré  tant  de  héros 
du  Catholicisme,  honneur  de  la  France  du  xix^  siècle.  C'est  dans  la 
Correspondance  d'Ozanam  que  Mgr  Baunard  a  puisé  à  pleines  mains; 
et,  en  effet,  quelle  mine  féconde  !  que  de  confidences  touchantes  ! 
que  de  réflexions  profondes  !  que  d'exhortations  victorieuses  !  et  par- 
dessus tout,  quel  amour  admirable  de  Dieu  et  du  prochain  ! 

Ce  livre,  œuvre  vivante  d'un  vieillard  de  83  ans,  peut  être  défini 
une  vaste  et  splendide  oraison  funèbre,  avec  tout  l'éclat  et  toutes  les 
Novembre  1912.  T.  CXXV.  29. 


—  450  — 

difficultés  du  genre. On  pouvait  craindre  que  ces  600  pages  ne  parussent 
longues.  L'intérêt  n'en  faiblit  pas  un  instant. 

—  Courte  et  rapide,  la  brochure  trouve  plus  aisément  des  lecteurs. 
Chez  Ozanam^  c'est  l'apologiste  qui  a  retenu  particulièrement  l'at- 
tention de  Mgr  Baudrillart.  Nommé  à  vingt-sept  ans  professeur  en 
Sorbonne,  le  chef  des  jeunes  cathohques  de  ce  temps  s'y  affirma  dès 
le  premier  jour  comme  le  défenseur  convaincu  et  l'éloquent  inter- 
prète de  sa  foi.  D'accord  avec  l'orientation  intellectuelle  de  la 
période  romantique,  il  remonte  au  moyen  âge,  par  lui  comparé 
aux  îles  enchantées  décrites  par  les  poètes.  «  On  y  aborde  seule- 
ment en  passant,  et  pour  quelques  heures  :  on  y  reste  captivé 
par  le  charme  des  faits,  des  mœurs,  des  traditions.  «  Et  il  ajoutait  : 
«  Je  ne  connais  rien  de  plus  surnaturel,  et  qui  prouve  mieux  la 
divinité  du  christianisme  que  d'avoir,  en  pleine  invasion  barbare, 
sauvé  l'esprit  humain-».  Au  service  de  sa  double  vocation  éru- 
dite  et  religieuse,  Ozanam  devait  mettre  quatre  qualités  qui  ne 
se  trouvent  que  bien  rarement  réunies  en  un  même  homme  :  la 
science,  l'autorité  morale,  l'éloquence  et  la  poésie.  C'est  là  le  plan 
\Taiment  complet  que  Mgr  Baudrillart  développe  avec  d'autant  plus 
de  succès  qu'il  a  apporté  lui-même  dans  l'étude  des  temps  modernes 
des  préoccupations  très  voisines  de  celles  qui  ont  dicté  jadis  à  Ozanam 
sa  Philosophie  de  Dante  et  sa  Civilisation  chrétienne  au  v^  siècle. 

C'est  aux  jeunes  travailleurs  de  nos  établissements  d'enseignement 
supérieur  et  spécialement  de  nos  Instituts  catholiques  que  s'adressent 
ces  pages.  Ils  y  trouveront  tout  ensemble  une  direction  éclairée  pour 
leurs  recherches  et  une  sohde  confirmation  de  leur  foi.  C.  Huit. 


Réeîtg  de  J|uei*4*e.  Histoire  d'une  compagnie  de  zouaves  pendant  la  guerre 
de  1870  {armée  de  la  Loire  et  armée  de  CEst),  par  le  général  Brunbau.  Paris, 
Galmanu-Levy,  s.  d.,  [1912],  in-18  de  320  p.   —  Prix  :  3  fr.  tO. 

lia  Défeuse  «le  Besançon.  Journal  d'une  ambulancière  {4870--I871), 
par  Isabelle  Febvay.  Paris,  Challamel,  1912,  in-18  carré  de  238  p.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

Voici,  largement  brossés,  deux  tableaux  de  l'Année  terrible.  Nous 
devons  le  premier  à  un  général  qui  parle  en  lieutenant  et  en  capitaine, 
ce  qu'il  était  alors;  le  second  se  présente  sous  la  forme  d'un  Journal, 
écrit  par  une  femme  des  plus  distinguées,  que  j'ai  aperçue  de 
loin  à  Besançon,  en  mes  jeunes  ans,  et  dont  le  mari  fut  secrétaire 
général  de  la  préfecture  du  Doubs  de  1868  à  1873. 

En  septembre  1870,  le  sous-lieutenant  Bruneau  quittait  l'Algérie 

avec  des  volontaires  pour  les  zouaves.  La  discipline  de  ces  recrues 
laissait  beaucoup  à  désirer;  mais  enfin,  après  avoir  failli,  à  deux 
reprises,  être  assassiné  par  de  mauvais  drôles,  il  arriva  sain  et  sauf  à 


—  451  — 

Antibes.  Passé  lieutenant  à  l'ancienneté,  M.  Bruneau,  dès  novembre, 
rejoignait,  avec  sa  compagnie,  le  15^  corps  à  Tarmée  de  la  Loire,  dont 
il  partagea  la  mamaise  fortune.  L'auteur,  qui  rapporte  les  faits  et 
gestes  d'un  officier  subalterne,  se  garde  d'aborder  les  questions  de 
haute  stratégie;  il  critique  cependant  quelques  chefs  qui  ne  valaient 
pas  cher,  mais  il  peint  surtout  les  souffrances  de  ses  soldats  et  les 
siennes  propres,  et  il  n'hésite  pas  à  placer  sous  un  jour  cru  certaines 
populations  du  centre,  égoïstes,  inhospitalières  et  dures  pour  nos 
malheureux  troupiers,  il  raconte  même,  dramatiquement,  un  épi- 
sode de  trahison  :  un  meunier  du  pays,  au  moyen  des  ailes  de  son 
moulin  disposées  de  façon  particulière,  prévenait  l'ennemi  des  mou- 
vements des  Français,  ce  qui  faisait  échouer  les  diverses  combinai- 
sons de  ceux-ci.  Triste  !  en  vérité...  Et  quand,  autour  de  lui,  il  con- 
temple la  misère,  le  découragement  et  la  mort,  il  se  laisse  aller  à 
évoquer  la  pensée  des  «grands  ancêtres»,  des  représentants  aux 
armées  de  la  Révolution,  qui  savaient  payer  de  leurs  personnes,  alors 
que  la  Délégation  de  Tours  se  bornait  à  commander  à  distance,  en 
aveugle. 

Nous  arrivons  ainsi  à  la  page  108;  de  cette  page  jusqu'à  la  fin  du 
volume,  c'est  le  récit  de  la  deuxième  campagne  de  l'Est,  vue  du  rang, 
par  les  petits  détails,  et  qui  aboutit  à  la  retraite  de  farmée  de  Bour- 
baki  sur  Pontarher  et  à  son  passage  en  Suisse.  Avec  entrain,  M.  Bru- 
neau,  qui,  entre  parenthèses,  se  loue  hautement  de  l'excellent  accueil 
des  populations  franc-comtoises, — «  de  bons  Français»,  dit-il, — raconte 
les  diverses  actions  auxquelles  il  a  pris  part  :  le  combat  d'Arcey,  les 
batailles  sur  la  Lizaine,  puis  finsuccès  final  et  la  déroute,  dans  la  quelle 
il  ne  fut  pas  longtemps  entraîné,  car  il  parvint  avec  sa  compagnie 
(il  était  alors  capitaine)  à  gagner  Sahns,  ville  ouverte,  mais  dominée 
de  haut  par  les  forts  Saint-André  et  Berlin,  qu'il  contribua  à  défendre 
victorieusement. 

Le  livre  du  général  Bruneau  est  pétri  d'esprit,  de  fine  etsohde  obser- 
vation et  de  bonne  humeur,  en  dépit  de  la  tristesse  du  sujet.  C'est 
aussi,  et  au  plus  haut  point,  une  œuvre  de  patriotisme  éclairé  et  fort, 
qui  mérite  d'être  lue  et  relue. 

— ^Aveo  M^^^*^  Isabelle  Febvay,  nous  entendons  un  autre  son  de 
cloche, Ce  n'est  plus  le  récit,  souvent  vertigineux,  du  soldat  qui,  pour 
défendre  le  territoire  envahi,  se  sert  aussi  bien  du  fusil  que  de  l'épée 
et  même,  quoique  zouave,  du  canon  !  Et  cependant  le  Journal  d'une 
ambulancière,  précédé  d'une  éloquente  Préface  du  général  Hardy 
de  Périni,  revêt,  au  même  degré  que  l'ouvrage  du  général  Bruneau, 
le  caractère  des  choses  vécues,  car  les  deux  écrivains  ont  été,  de  ma- 
nière différente,  c'est  entendu,  acteurs  dans  le  grand  drame  dont  le 
souvenir  ne  doit  jamais  s'effacer  des  mémoires  françaises. 


—  452  — 

Lorsque  M"^®  Febvay  publia  dans  le  Correspondant  du  10  mars  1911 
un  frasmPnt  de  son  Journal,  le  Polybiblion ,  en  signalant  ces  quelques 
pas'Gs.  exprimait  le  désir  de  voir  paraître  bientôt  le  document  en  son 
entier.  Ce  souhait,  aujourd'hui,  se  trouve  réalisé,  et  nous  en  remer- 
cions l'auteur.  Celle-ci  a  consigné,  jour  par  jour  ou  peu  s'en  faut, 
depuis  le  4  septembre  1870  jusqu'au  22  mars  1871,  tout  de  qu'elle  a  vu 
et  entendu  —  elle  était  bien  placée  pour  voir  et  entendre  —  et  tout 
ce  qu'elle  a  été  à  même,  avec  d'autres  femmes  dévouées,  de  faire  pour 
soulager  la  misère  et  les  souffrances  des  malades  et  des  blessés  amenés 
à  Besançon,  lesquels ,  lors  de  la  retraite  de  l'armée  de  Bourbaki,  attei- 
gnirent le  chiffre  de  15.000!  Les  treize  chapitres  de  ce  volume  pré- 
sentent, en  raccourci,  avec  l'impression  du  moment,  les  événements 
mihtaires  et  politiques  qui  se  sont  déroulés  à  Besançon,  en  Franche- 
Comté,  à  Belfort,  même  à  Paris,  pendant  l'invasion  allemande.  Les 
dernières  pages  sont  occupées  par  des  pièces  annexes  concernant  le 
capitaine  de  vaisseau  Rolland  qui,  en  qualité  de  général  au  titre  auxi- 
liaire, a  été,  on  ne  pourra  jamais  le  répéter  assez,  l'âme  de  la  défense, 
ou,  pour  parler  plus  exactement  peut-être,  l'organisateur  énergique 
et  avisé  des  préparatifs  de  défense  de  Besançon  contre  les  Allemands 
en  1870-1871.  E.-A.  Chapuis. 

Aprèiii  le  traité  f9*Hn!'o-alleniaudl.  Kt  tnninteuant?  ...  Kie 

Désarineittent  ou   la  guerre,   par  le   capilaiii-e    Pierre  Félix. 
Paris,  Grasset,  lyil,  iu-8  de  10S  p.  —  Prix  :  1  fr. 

Il  y  a  quelques  fort  bonnes  choses  dans  cette  brochure  dont 
l'idée  maîtresse  est  que  l'hégémonie  de  l'Allemagne  est  une  menace 
imminente  pour  la  paix  et  pour  la  civilisation  et  que  la  politique 
des  trois  puissances  qui  composent  la  Triple  Entente  :  France, 
Angleterre  et  Russie  ne  doit  pas  avoir  d'autre  but  que  de  détruire 
la  puissance  militaire  du  jeune  empire,  avant  que,  par  l'elTet  de  son 
développement  naturel,  il  ne  soit  en  mesure  de  passer  outre  à  là 
volonté  des  puissances  qui  représentent  l'intérêt  du  monde  civilisé. 
Le  coup  d'Agadir  est  une  preuve  que,  dans  l'état  actuel  de  l'orga- 
nisation des  forces  politiques  et  militaires  du  monde,  la  brutalité 
allemande  peut  à  chaque  instant  entraver  toute  œuvre  civilisatrice 
et  porter  atteinte  aux  droits  et  aux  intérêts  les  plus  légitimes. 
Malheureusement,  l'auteur  consacre  la  plus  grande  partie  de  son  ou- 
vrage à  envisager  un  certain  nombre  d'hypothèses  pour  le  moin» 
un  peu  risquées;  ainsi  il  considère  presque  comme  vraisemblable 
le  consentement  bénévole  de  l'Allemagne  au  désarmement  et  au 
sacrifice  de  sa  puissance  militaire  devant  l'ultimatum  de  ses  trois 
voisins.  C'est  faire  un  peu  bon  marché  de  l'honneur  mihtaire  d'un 
État  que  nous  avons   certes   le   droit  de  détester   et   le  devoir   de 


—  453  -- 

combattre  jusqu'à  la  dernière  extrémité,  mais  que,  cependant, 
nous  ne  pouvons  pas  mépriser  à  ce  point.  Puis  M.  Pierre  Félix, 
organisant  le  monde  à  sa  guise,  après  la  destruction  supposée  de 
la  puissance  allemande,  tombe  dans  les  utopies  bien  connues  du 
tribunal  arbitral  international,  de  la  limitation  des  armements,  de 
la  gendarmerie  internationale  substituée  aux  armées  nationales, 
etc.,  etc. 

11  est  assez  piquant  de  voir  un  écrivain,  qui  paraît  aussi  éloigné 
que  possible  de  là  détestable  école  pacifiste,  tomber  en  définitive 
dans  les  mêmes  erreurs  que  les  tenants  de  cette  école.  Tant  il  est 
vrai  que,  surtout  en  politique,  les  extrêmes  tendent  toujours  à  se 
rapprocher.  11  me  sera  permis  d'ajouter  qu'on  ne  peut  lire  sans 
en  être  choqué  l'indication  de  la  qualité  d'officier  en  activité  et 
même  de  la  position  précise  de  l'auteur  dans  un  régiment  déterminé 
au-dessous  de  la  signature  d'tne  brochure  essentiellement  pohtique. 
De  nouveaux  règlements  ont  peut-être  permis  de  tels  errements;  ils 
sont  détestables  et  pernicieux  pour  la  discipline  et  le  respect  de  la 
hiérarchie  mihtaire.  L'armée  n'est  pas  faite  pour  élaborer  des  com- 
binaisons politiques  et  diplomatiques.  Ses  forces  intellectuelles 
doivent  être  uniquement  consacrées  à  préparer  la  victoire  et  ses 
forces  affectives  à  entretenir  dans  le  cœur  des  générations  qui 
passent  par  ses  rangs  le  souvenir  de  la  défaite  qui  n'est  pas  encore 
vengée  et  le  culte  de  la  gloire  qu'elle  rendra  un  jour  à  nos  éten- 
dards. Il  n'est  pas  de  plus  belle  tâche.  Elle  suffit  aux  plus  hautes 
ambitions.  Eugène  Godefroy. 


lia   Crise   françaiae.    Fait».    Cause».    Solutions,    par  André 
Chèradame.  Paris,  Flon-Nourrii,  1912,  in-16  de  vui-702  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Tous  les  observateurs  dénoncent,  à  l'heure  actuelle,  dans  notre 
pays,  un  malaise,  des  inquiétudes,  que  n'a  pas  peu  contribué  à 
aggraver  une  période  de  difficultés  extérieures  sans  cesse  renouve- 
lées. Mais  beaucoup  de  Français  ne  se  rendent  pas  exactement 
compte  de  la  portée  des  graves  symptômes  qui  s'accumulent  au- 
tour d'eux;  les  plus  perspicaces  n'ont  souvent  qu'une  intuition 
confuse  de  la  situation  et  de  ses  incohérences.  Après  avoir  eu  la 
bonne  fortune  de  pouvoir  étudier  sur  place,  en  Europe,  en  Asie, 
en  Amérique,  le  fonctionnement  des  divers  systèmes  politiques, 
M.  André  Ghéradame  s'est  cru  suffisamment  préparé  pour  nous 
donner,  sur  les  éléments  essentiels  de  la  crise  dont  nous  souffrons 
tous  dans  notre  patriotisme  et  nos  intérêts,  et  sur  les  problèmes 
qu'elle  soulève,  des  documents  inattaquables.  Son  hvre  est  un  réper- 
toire  précieux   des  faits  importants   q\n  ont  concouru   à  créer  en 


France  la  désorganisation  politique,  sociale,  morale,  militaire.  A  la 
lueur  des  événements  qui  ont  accidenté  notre  vie  nationale,  il  pré- 
cise les  causes  de  l'anarchie  régnante,  contre  laquelle  se  manifeste 
en  ce  moment  un  si  vif  mouvement  d'opinion.  Grâce  à  la  dispo- 
sition de  la  table  et  aux  indications  marginales,  le  lecteur  est  en 
mesure  de  se  renseigner  aisément,  d'un  simple  coup  d'œil,  sur  les 
moindres  détails  de  l'histoire  la  plus  récente. 

M.  Chéradame  s'occupe  aussi  des  menaces  de  guerre  et  de  la  faillite 
de  l'idée  républicaine.  Tout  en  convenant  que  la  République  est 
en  danger  et  que  la  réforme  du  scrutin  ne  remédiera  pas  au  mal, 
M.  Chéradame  se  prononce  pour  le  maintien  du  système.  Cette 
conclusion  ne  laisse  point  de  paraître  légèrement  en  désaccord  avec 
les  prémisses.  M.  Chéradame  nous  semble  aussi  beaucoup  attendre 
du  «  boy-scoutisme  »  qu'il  est  question  d'introduire  chez  nous. 
Est-il  nécessaire  de  rappeler  que  cette  institution  est  d'origine  et 
d'inspiration  maçonniques?  Le  but  réel  des  inspirateurs  occultes  de 
cette  association  est  de  soustraire  la  jeunesse  française  à  toute  in- 
fluence religieuse.  Le  mobile  patriotique  n'est  qu'un  prétexte.  Ail- 
leurs, M.  Chéradame  demande  que,  pour  favoriser  l'union  de  tous 
les  Français,  le  gouvernement  mette  un  terme  aux  luttes  religieu- 
ses, «  ou  tout  au  moins,  dit-il,  en  atténue  l'importance  dans  la 
plus  large  mesure  possible  ».  Ce  vœu  nous  paraît  vraiment  trop  mo- 
deste. Mais  M.  André  Chéradame  appartient  à  cette  école  d'écono- 
mistes et  de  philosophes  qui  s'imaginent  qu'un  pays  peut  conjurer 
avec  de  «  bonnes  lois  »  le  mal  qui  le  ronge.  C'est  là  vme  philosophie 
superficielle.  Autant  la  critique  de  la  société  actuelle  nous  paraît 
judicieuse,  autant  la  thérapeutique  que  propose  M.  Chéradame 
nous   semble   insuffisante.  Oscar  Havard. 


€'''Unie  vive  il  popolo  a  Roina.  Sriggio  demografico  del  quartiere 
Testaccio,  da  UOMBNiGO  Obano.  Pe-cara,  Etlore  Croie,  1912,  in-3  de  xxi- 
926  p.,  avec  un  plan.  —  Prix  :  4  fr. 

Secrétaire,  puis  président  d'un  institut  d'éducation  populaire  dans 
ce  pauvre  et  populeux  quartier  de  Rome,  si  mal  famé,  promoteur  de 
plusieurs  œuvres  d'assistance,  d'ailleurs  imbu  d'idées  sociales  très 
laïques  et  très  avancées,  l'auteur  n'est  pas  suspect  d'hostilité  à  la 
Rome  italienne,  à  la  terza  Roma.  D'ailleurs,  historien  de  carrière, 
habitué  à  manier  les  documents,  à  les  contrôler,  méthodique  et  sûr, 
il  mérite  confiance.  Son  gros  livre,  richtmfnt  documenté,  bourré 
d'érudition  et  de  statistiques,  de  renseignements  précis  et  indiscu- 
tables, est  un  réquisitoire  formidable  contre  la  société  bourgeoise  et 
les  sociétés  capitalistes  qui  permettent  l'installation  de  toutes  pièces, 
sous  leurs  yeux,  d'un  quartier  tout  neuf  et  inhabitable,  où  les  conditions 


d'hygiène    sont    audacieusement    méconnues,     où    le    «    taudis    »■ 
paraîtrait  un  paradis  rêvé  (des  chambres  partagées,  dortoir  et  cui- 
sine à  la  fois,  entre  deux  et  trois  familles  !),  où  la  famine  est  le  régime 
normal,  où  l'ouvrière  est  payée  cinquante  centimes  la  journée,  où  le 
paupérisme  s'étale  et  s'accroît.  Les  quatre  chapitres  de  ce  livre  — 
enquête  sur  les  habitations  ouvrières  du  Testaccio,  hygiène  de  la 
maison  et  de  la  vie  ouvrières,  salariat,  paupérisme  —  sont  des  révé- 
lations eiîrayantes  sur  l'état  actuel  de  la  plèbe  romaine.  M.  Orano 
exprime  la  crainte  que  son  livre  exhale  une  odeur  trop  forte  et  trop 
acre  pour  des  narines  bourgeoises.  Sans  doute  :  mais  il  est  des  plaies 
qu'il  faut  savoir  regarder  et  sentir  en  face,  et  ce  pauvre  Testaccio,  si 
poétique,  si  évocateur  pour  l'archéologue,  est  un  immonde  cloaque 
social.  L'auteur  mérite  mille  remerciements  pour  son  acte  de  courage 
civique  et  social,  pour  ce  livre,  qui  paraît  à  propos  au  lendemain  des 
fêtes  du  cinquantenaire  et  peut-être  rappellera  aux  fils  des  «  votants 
oui  »  que  l'Italia  è  faiia,  ma  non  compiiiîa.T)e  cette  enquête  le  régime  ne 
sort  ni  flatté  ni  grandi.  Mais,  constructeur  de  ces  t'normes  et  hypo- 
crites ruches  ouvrières  (d'où  le  trop-plein  de  population  ne  s'évade 
que  par  «  le  massacre  des  innocents  »  ou  la  traite  des  blanches),  n'est-il 
pas  responsable  d'avoir  créé,  presque  au  pied  de  l'Aventin,  ces  repaires 
innombrables  et  ces  dantesques  humanités, 
Nuovi  tormanti  nuovi  tormentati  ?...  L.-G.    Pélissier. 


Catalosue  des  iucunablefi  de  la  biblii  tlicque  publique 
d'Jiutun,  par  Ch.  Boëll.  et  A.Gillot.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  So- 
ciété étuenne,  t.  XXXIX.)  Aulun,  imp.  Dejus^ieu  et  Demasy,  1911,  in-8 
de  19S  p. 

La  main-mise  par  l'État  sur  la  bibliothèque  du  grand  séminaire  et 
sur  celle  de  l'évêché  d'Autun  et  l'attribution  des  volumes  de  cet  établis- 
sement à  la  bibliothèque  publique  de  la  ville,  ont  eu  pour  résultat  de 
porter  de  29  à  168  le  nombre  des  incunables  possédés  par  celle-ci. 
Cet  enrichissement  —  si  comme  l'observent  justement  MM.  Boëll  et 
Gillot,  cette  expression  peut  s'appliquer  à  l'accaparement  du  bien 
d'autrui  • —  aura  <lu  moins  eu  le  bon  résultat  de  permettre  à  ces  deux 
érudits  de  nous  donner  de  ces  incunables  un  catalogue  excellent, 
rédigé  avec  le  plu;-  grand  soin. 

Dans  ce  catalogue,  les  ouvrages  sont  classés  par  ordre  alphabétique 
des  noms  d'auteurs. Chaque  notice  comporte,  outre  le  nom  de  l'auteur, 
la  reproduction  sommaire  du  titre,  le  lieu  d'impression,  le  nom  de 
l'imprimeur,  la  date,  le  forînat,  1  indication  du  nombre  de  feuillets 
et  des  diverses  particularités  typographiques  (constitution  des  cahiers, 
signature,  caractères  employés,  nombre  de  lignes  à  la  page  ou  à  la 
colonne,  initiales,  filigranes,  etc.),  puis  la  collation  de  l'ouvrage;  le 


—  450  — 

relevé  des  bibliographies  qui  en  font  mention;  enfin  ks  particularités 
de  l'exemplaire  (reliure,  notes  manuscrites,  etc.). 

Des  listes  des  ouvrages  cites,  des  marques  d'imprimerie,  des  fac- 
similés  d'impressions,  des  filigranes,  qui  précèdent  le  catalogue  pro- 
prement dit,  ont  permis  aux  auteurs  d'abréger  leurs  descriptions.  A  la 
fin  de  l'ouvrage,  on  trouve,  pour  faciliter  les  recherches  des  tables  : 
1°  des  auteurs,commentateurs  et  personnages  nommés  dans  les  dis- 
cours; 2°  des  ouvrages;  3°  des  lieux  d'impression;  4°  des  imprimeurs, 
graveurs  et  libraires;  5°  des  ex-libris,et  une  table  de  concordance  entre 
les  numéros  du  catalogue  et  ceux  des  divers  fonds  qui  y  sont  examinés. 

Je  n'ai  guère  que  des  'éloges  à  donner  à  la  publication  de  MM.  Bocll 
et  Gillot.  Tout  au  plus  regretterai- je  le  classement  adopté  pour  cer- 
tains auteurs  :  Agostino  Trionfi,  par  exemple,  mis  à  Ancona  (Augu- 
stinus,  etc.),  sans  même  que  la  table  en  donne  un  renvoi  à  la  forme 
Trionfi  ou  Triumphus  (saint  Thomas  d'Aquin,  au  contraire,  est  traité 
deux  fois  à  Aquinus  et  à  Thomas)  ou  saint  Jean  Damascène  ;nis  à 
Damascenus.  E.-G.  kEDOs. 

Biblio^rapliie  verlainienne,  contribution  critique  à  l'élude  des  litlé- 
raturts  étrangères  et  compm-ées,  |>ar  GeorQES-A.  TOURNOUX.  Leipzig,  E. 
Rowohlt,  1912,  in-16  de  xvt-172  p. 

L'auteur  de  ce  volume,  qui  s'annonce  comme  le  premier  d'une  Col- 
lection bibliograpJiique  pour  servir  à  l'histoire  du  moin-ement  littéraire 
contemporain,  ne  s'est  pas  proposé  de  décrire  en  détail  les  éditions  des 
œuvres  de  Verlaine,  ni  de  fixer  la  chronologie  des  poèmes,  nouvelles 
ou  essais  du  célèbre  écrivain,  ni  de  dresser  la  liste  des  œuvres  inédites 
qu'il  a  laissées. 

L'objet  qu'il  s'est  proposé,  c'est  de  nous  permettre  de  nous 
faire  une  idée  de  la  diffusion  de  l'œuvre  de  Verlaine,  tant  en 
France  qu'à  l'étranger,  et  d'apprécier  l'influence  que  aette  œuvre  a 
exercée.  Les  travaux  biographiques  consacrés  au  poète,  les  poésies 
auxquelles  il  a  donné  heu,  les  études  critiques  sur  ses  œuvres,  les 
traductions  ou  imitations  qui  en  ont  été  faites  ont  été»  recherchés 
par  M.  Tournoux  avec  une  curiosité  inlassable.  En  portant  à  près  de 
1050  les  références,  il  a  plus  que  quadruplé  le  nombre  de  ce  que  l'au- 
teur le  plus  riche  sur  la  matière  (M.  A.  Barre,  Bibliographie  de  la 
poésie  symboliste)  nous  avait  fait  connaître;  sur  ce  nombre  l'œuvre  de 
Verlaine  même,  en  y  embrassant  les  œuvres  complètes  et  les  antho- 
logies, comprend  107  numéros;  les  travaux  français  ont  fourni  252  ar- 
ticles et  tout  le  reste  est  consacré  à  la  littérature  étrangère. 

En  lisant  le  très  utile  travail  de  M.  Tournoux,  l'on  se  rendra  compte 
du  genre  d'influence  exercé  par  Verlaine  à  l'étranger,  des  pays  où  il 
a  été  le  plus  goûté,  de  celles  de  ses  œuvres  qui,  ici  ou  là,  ont  piqué 


—  457  — 

davantage  la  curiosité  ou  exercé  le  plus  d'attrait,  des  milieux  qui  ont 
été  le  plus  directement  atteints  par  cette  influence,  etc. 

L'on  ne  peut  que  souhaiter  de  voir  M.  Tournoux  poursuivre  coura- 
geusement l'enquête  qu'il  a  commencée  par  Verlaine  et  nous  donner 
sur  Zola,  Baudelaire,  Ibsen,  Nietzsche  et  Tolstoï  des  monographies 
bibhographiques  analogues  à  celles-ci,  comme  il  nous  le  fait  espérer. 

E.-G.  Ledos. 


BULLETIN 

L.R  Sainte  Masse,  notes  sw  sn  liturgie,  par  D.  EUGÈNE  Vandbur.  5*  édi- 
tion. Abbiye  de  Maredsous  (Belgique),  1912,  gr.  in-12  de  246  p. 
—  Prix  :  0  fr.  90. 

L'auteur  accompagne  modestement  le  titre  du  livre  la  Sainte  Messe 
de  ces  mots  :  «  Notes  sur  sa  liturgie  ».  Tel  est, en  effet,  le  caractère  de  cet 
ouvrage  dont  le  grand  succès  nous  dit  la  valeur,  en  même  temps  qu'il  est  la 
garantie  du  bien  qu'il  a  fait. 

La  bibliographie  qu'il  nous  présente  d'abord  nous  assure  de  la  grande 
érudition  de  l'auteur,  et  les  citations  faites  au  cours  de  son  œuvre  montrent 
bien  le  parti  qu'il  a  tiré  des  ouvrages  signalés. Quelques-uns  de  ces  ouvrages 
tout  récents  prouvent  la  vérité  des  remaniements  précieux  apportés  aux 
dernières  éditions. 

Parmi  les  nombreux  ouvrages  récemment  publiés  sur  la  sainte  Messe, 
celui-ci  occupe  un  rang  des  plus  honorables.  Les  notions  historiques  sobre- 
ment exposées  y  abondent,  les  réflexions  pieuses  viennent  à  propos  donner 
de  l'onction  et  relever  les  détails  qui  paraîtraient  arides.  On  aime  à  trouver 
dans  cette  explication  de  la  messe  un  heureux  mélange  des  considérations  si 
élevées  de  D.  Gréa  et  des  vues  de  Cl.  de  Vert  sur  l'origine  très  naturelle  de 
certaines  cérémonies.  L'auteur  a  compris  la  portée  de  l'excellent  ouvrage 
de  Desloge  sur  la  «  Signification  des  choses  liturgiques  »,  ouvrage  qu'il  cite 
à  plusieurs  reprises. 

N'oublions  pas  de  signaler  les  notes  préliminaires  sur  le  sacrifice,  les  mi- 
nistres sacrés,  leurs  ornements  et  tout  l'appareil  liturgique  servant  à  la 
messe.  Souhaitons  grande  diffusion  tant  en  France  qu'en  Belgique  à  cet 
excellent  livre;  sa  lecture  ne  peut  manquer  de  favoriser  efficacement 
l'assistance  pieuse  et  fructueuse  à  la  messe  et  même  aux  messes  chantées. 

A.    ViGOUREL. 


octavius,  par  MiNUGius  FEUX.  Tradiiciiori,  Introduction  et  notes  par 
Fr.  Rbgoru.  Paris,  Bloud,i911,  ia-16  de  127  p.  (Collection  Science  et  Reli- 
gion).  —  Prix  :  1  fr.  20. 

C'est  l'œuvre  d'un  étudiant.  Il  la  destine  aux  gens  instruits,  qui  cherchent 
les  chefs-d'œuvre  moins  connus  du  vulgaire,  et  à  ses  camarades,  qui 
auraient  à  étudier  VOctavius  pour  leurs  examens.  Dans  une  courte  Intro- 
duction, M.  Record  résume  ce  qu'ont  dit  de  mieux  sur  Minucius  Félix  et 
son  dialogue  les  écrivains  qu'il  cite  dans  la  bibliographie.  Au  point  de  vue 
de  la  date,  il  place,  avec  peu  de  vraisemblance,  l'Oc^atuMs  avant  l'^po/o- 
Sétique  de  Tertullien,  bien  que  cet  apologiste  africain  soit  né  avant  son 


—  458  — 

compatriote.  Il  tient  la  discussion  entre  un  païen,  Cecilius  Natalis,  et 
un  chrétien.  Octavius  Januarius,  dont  Minuoius  Félix,  leur  ami  commun, 
a  été  l'arbitre  et  s'est  fait  le  rapporteur,  pour  réelle  et  historique,  mais  il 
reconnaît  que  le  livre  est  la  composition  d'un  lettré  qui  a  introduit 
dans  sa  promenade-causerie  un  long  dialogue,  fait  de  réminiscences,  sinon 
d'emprunts,  d'écrits  païens  et  chrétiens.  Le  grand  mérite  de  l'apologie 
serait  s\irtout  dans  le  style.  La  traduction  est  élégante  et  d'une  lecture  facile 
et  agréable.  Je  n'ai  pas  vérifié  si  elle  est  exacte;  on  pourrait  la  comparer 
à  celle  que  M.  Waltzing,  professeur  à  l'Université  de  Liège,  a  publiée  enl909, 
et  qui  n'est  pas  mentionnée  dans  la  bibliographie. L'auteur  s'excuse  d'ailleurs 
de  ses  infidélités  possibles, sur  la  difficulté  de  rendre  un  texte,  parfois  obscur 
«"U  mal  établi,  puisqu'il  ne  nous  en  est  parvenu  qu'un  seul  manuscrit.  Le 
lexique  final,  qui  explique  les  noms  propres  de  VOctaviiis,  manque 
d'originalité.  Les  notices  sont  empruntées  au  Dictionnaire  de  biographie  et 
d'histoire  de  Dezobry  et  Bachelet.  Celle  de  l'historien  jiiif  Josèphe  vante  à 
l'excès  son  patriotisme.  Je  n'y  ai  pas  trouvé  Claudius,  Junius  et  les  Furies, 
nommés  à  la  page  34.  Au  demeurant,  la  brochure  est  intéressante  et  elle 
fera  pénétrer  une  ancienne  Apologie  chrétienne,  sinon  la  première,  dans 
des  milieux  où  elle  est  inconnue.  E.  Mangenot. 


L'IgTiorance  i*eliKtea«e  au  vingtième  «lècle.  Faits,  causas,  conséquences , 
remèdes,  d'atirès  l'enquête  du  jownal  «  la  Croix  »,  par  l'abbé  E.  Terrasse. 
Paris,  Lethielleux,  1912,  in  12  de  173  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

On  se  rappelle  que  la  Croix  de  Paris,  sur  l'initiative  de  M.  Paul  Féron- 
Vrau,  a  ouvert  l'année  dernière,  dans  ses  colonnes,  une  enquête  auprès  des 
hommes  d'œuvres  et  des  hommes  de  pensée  touchant  l'extrême  igno- 
rance des  choses  religieuses  qui  sé\it  aujourd'hui  sur  l'ensemble  de  la 
société  française,  et  particulièrement  sur  la  jeunesse,  comme  le  pire  fléau. 
Les  réponses  ont  été  unanimes  à  constater  le  mal.  Elles  varient  dans  une 
large  mesure  sur  le  choix  des  remèdes.  Mais,  quels  que  soient  les  moyens 
de  réaction  employés  dans  la  lutte,  ce  q  ù  importe  surtout  c'est  que  l'on 
s'émeuve,  que  l'on  agisse,  et  ce  petit  livre,  réveillant  les  courages, 
suggérant  les  idées,  servira  bien  la  cause  qu'il  veut  servir,  non  seulement 
auprès  des  catéchistes  professionnels  ou  volontaires,  si  mal  préparés  souvent 
à  leurs  délicates  fonctions,  mais  aussi  auprès  des  hommes  et  des 
femmes  d'action,  qui  ont  un  si  bel  apostolat  à  exercer  autour  d'eux  dans  le 
cercle  des  familles  indifférentes  ou  négligentes  où  leur  parole  peut  toujours 
discrètement  et  efficacement  se  faire  entendre.  P.  Bernard. 


Ascétique  et  mystique,  par  l'abbé  Jban    DELACROIX.  Paris,  Bloud,   1912, 
ia-16  de  63  p.  (Gollecliou  Science  et  Religion).  —  Prix  :  0  fr.  60. 

M.  l'abbé  Jean  Delacroix  —  un  nom  prédestiné  — •  se  propose  de  «  pré- 
ciser en  détail  la  part  de  la  théologie  ascétique  et  de  la  théologie  mystique 
dans  l'ascension  de  l'âme  jusqu'à  l'union  intime  avec  Dieu  «  et  se  réfère  à 
la  doctrine  de  saint  Jean  de  la  Croix  et  surtout  aux  idées  de  M.  l'abbé  Sau- 
dreau,  qualifié  de  «  chef  d'école  »,  ainsi  que  le  P.  Poulain.  Pareil  sujet  dé- 
passe les  limites  d'un  si  mince  opuscule.  Au  reste,  aucune  discussion  fonda- 
mentale; mais  l'auteur  s'en  prend  assez  viv^ement  à  ses  adversaires.  On  pré- 
férerait quelque  solide  raison  et  dans  l'exposé  même  un  ascétisme  un  peu 
moins  âpre,  un  mysticisme  un  peu  plus  doux»  P.  Bernard. 


—  459  — 

L.B»  Jcanos  Filles    d'aujourd'hui,  par    Mgr  HENRY   BOLO.    Pâris,   KlOtZ 

S.  d.,  in-12  de  103  p.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Ce  petit  livre  contient  trois  conférences  données  à  Paris,  au  cours  de 
Tannée  1911,  dans  une  salle  de  concert,  et  dont  voici  les  sujets  :  Mouvement 
intellectuel;  Émancipation  morale;  le  Mariage.  Ces  conférences  eurent  un 
immense  succès.  A  la  lecture  elles  sont  amusantes  et  intéressantes  :  l'auteur 
est  très  éloquent,  doué  d'infiniment  de  verve  et  d'esprit,  et  il  a  tout  ce  qu'il 
faut  pour  attirer  un  grand  public  et  emporter  ses  suffrages.  Notons  qu'il 
réussit  surtout  dans  la  critique  et  la  satire,  et  qu'il  excelle  dans  la  peinture 
des  vices  et  des  travers  d'aujourd'hui.  Certes  son  auditoire  a  dû  beaucoup 
s'amuser,  et  aussi  beaucoup  l'applaudir.  Les  jeunes  filles  qui  étaient  là 
savent  bien  ce  qu'elles  ne  doivent  pas  être,  moins  bien  peut-être  ce 
qu'elles  doivent  s'efforcer  de  devenir.  J'entends  par  là  que  ces  confé- 
rences sont  plus  négatives  que  positives,  et  qu'elles  critiquent  les  travers 
et  les  vices  plus  qu'elles  n'enseignent  les  qualités  et  les  vertus  qui  doi- 
vent prendre  leur  place. Aussi  je  crains  que  de  ces  leçons,  très  éloquentes 
certes,  ne  sorte  pas  l'enseignement  pratique  et  précis  nécessaire  pour  bien 
conduire  sa  vie.  On  pourrait  faire  quelques  critiques  et  de  fond  et  de  forme, 
mais  en  somme  c'est  un  bon  petit  livre,  do  lecture  agréable,  et  je  trouve  que 
l'auteur,  sans  rien  perdre  de  ses  qualités  brillantes,  a  corrigé  ou  bien  atténué 
quelques-uns  de  ses  défauts  d'autrefois.  Je  dois  ajouter  pourtant  qu'il  ne 
m'a  pas  converti  à  la  cause  des  femmes  savantes.  Le  livre  est  revêtu  de 
Vimprimatur.  Bien  que  ce  ne  soit  pas  à  proprement  parler  un  enseignement 
religieux,  l'auteur  a  bien  fait  de  remplir  cette  petite  formalité,  qui  lui 
ménagera  raccès  plus  facile  des  maisons  chrétiennes.  P.  Talon. 


i*ensées;^Iibres,  parJAMrcus.  Paris,  Alcan,  1911,  in-8  deîxii-294  p. —  Prix:  5  fr. 

Parmi  ces  Pensées  libres  quelques-unes  sont  jistes;  d'attres  très  sujettes 
à  la  critique  et  la  plupart  vulgaires  ou  banales.  C'est  moins  d'ailleurs  un 
recueil  de  pen.sées  qu'une  collection  d'anecdotes  et  de  notices  découpée;; 
dans  les  journaux  et  dans  les  encyclopédies.  L'auteur  est  un  Risse  crtho- 
doxe,  plein  de  préjugés  et  parfois  même  de  maheillance  contre  l'Eglise 
catholique.  Souvent,  même,  la  note  est  antichrétienne.  O.  H. 


i^a  Science  de  l'amour,  parPÉLADAN  .Paris,  Messein,  1911,  in-l8  de  S^Oj'p. 
—  Prix  :  3  fr.  50. 

«  Le  point  de  vue  du  présent  ouvrage,  dit  l'auteur,  est  pris,  non  du 
Venusberg,  mais  de  la  Wartbourg;  pour  prendre  un  terme  facile,  il  s'agit  de 
concilier  l'élévation  et  la  religiosité  de  Wolfram  d'Echenbach  avec  le  feu  de 
Tannhauser.  La  plus  belle  idéalité  se  trouve  entre  les  deux  Minnesingers, 
qui  représentent  surtout  deux  tempéraments,  le  lymphatique  et  le  sanguin  ». 
Tel  est  le  thème  du  livre,  ainsi  résumé  par  M.  Péladan  lui-même.  Cet  ouvrage 
est  destiné  à  soulever  de  vives  protestations  et  ne  saurait  être  mis  entre 
toutes  les  mains.  Mais  il  faut  rendre  hommage  à  la  sincérité  de  l'auteur  et 
à  l'élévation  de  ses  sentiments.  M.  Péladan  est  un  poète  mystique  d'une 
école  spéciale  qui  ne  rentre  dans  aucun  des  cadics  admis  par  l'Église.  M. Pé- 
ladan ne  s'en  déclare  pas  moins  un  croyant  très  convaincu;  mais  «  il  y  a, 
me  dira  M.  Péladan.  sans  doute,  plusieurs  demeures  dans  la  maison  de  mon 
Père  ».  O.  H. 


—  460  — 

L.*]ntlividuali<«nie  et  ta  réfornae  de  l'cnseigneiiieut,  par  Abel  FauRI. 
Pans,  Stock,  1911,  in-18  de  vi-7l  p.  —  Prix  :  1  fr. 

Sauf  le  point  de  départ  do  la  brochure  • —  car  j'admettrais  difTicileinent 
que  le  développement  individuel  soit  le  principal  et  encore  moins  l'unique 
but  de  l'éducation  —  je  serais  assez  disposé  à  me  rallier  et  aux  critiques 
qu'elle  formule  contre  l'enseignement  officiel,  et  aux  remèdes  qu'elle  propose 
pour  l'améliorer,  en  attendant  le  jour  où  il  sera  possible  de  le  supprimer 
tout  à  fait. 

L'auteur  reproche  à  l'enseignement  officiel  de  ne  savoir  ni  former  des 
éducateurs  ni  enseigner  les  élèves.  11  fait  des  savants,  des  érudits,  des  spé- 
cialistes, à  qui  il  oublie  seulement  d'apprendre  le  principal,  c'est-à-dire  leur 
métier.  Et  il  en  résulte,  mais  c'est  aussi  la  faute  des  programmes,  qu'on 
bourre  la  tête  et  la  mémoire  de  beaucoup  de  choses  inutiles  et  qu'on  oublie 
le  principal,  qui  est  le  but  même  de  l'éducation,  à  savoir  d'apprendre  à 
apprendre.  Il  faudrait  donc  changer  à  la  fois  et  la  méthode  de  formation 
des  maîtres  et  les  programmes  d'enseignement,  en  sorte  que  peu  de  maîtres 
pour  une  classe  enseignent  peu  de  matières,  mais  les  enseignant  bien,  et  que  le 
jeune  Français  sorte  du  lycée  «  sachant  fortement  peu  de  rhoses  ».  Alors 
on  sera  prêt  à  bien  user  de  la  complète  liberté  d'enseignement,  qui  est  dans 
les  vœux  de  M.  A.  Faure.  Cette  brochure,  vigoureuse  et  pleine  do  bon  sens, 
où  se  résument  et  se  condensent  les  précédents  livres  de  l'auteur,  ne  man- 
que vraiment  pas  d'intérêt.  P.  Talon. 

Xraiic  de  la  lecture  à  kautc  votx  à  l'usage  des  séminaires  et  des  collèges 
libres,  par  l'abbé  Sauveur  LAMonLi.\TTE.  Tours,  Caitier,  s.  d.,  in-12  relié 
de  xvi-138  p.  -  Prix  :  3  fr.  50. 

Voici  un  traité  de  lecture  à  haute  voix  qui  me  paraît  fort  bien  compris, 
par  un  homme  de  savoir  et  d'expérience.  Il  comprend  quatre  parties  : 
la  première,  »  de  la  correction  »,  enseigne  à  bien  prononcer  les  voyelles  et  à 
bien  articuler  les  consonnes,  c'est  la  base  même  de  l'art  de  bien  lire.  La 
seconde  traite  des  liaisons  et  des  pauses,  c'est-à-dire  apprend  à  bien  lire 
les  phrases.  La  troisième  fait  faire  un  pas  de  plus,  en  montrant  comment  on 
met  de  l'expression  dans  la  lecture  :  quand  on  sait  bien  prononcer  et  arti- 
culer les  lettres,  bien  lier  et  bien  couper  les  phrases,  enfin  y  mettre  de 
l'expression  et  de  la  vie,  on  peut  dire  qu'on  sait  bien  lire. 

Une  quatrième  partie  est  consacrée  à  la  lecture  des  vers.  Et  voilà  ce 
traité,  avec  les  nombreux  exercices  d'applications  qui  accompagnent 
chaque  partie.  Ces  exercices  sont  fort  bien  choisis.  Ce  petit  volume  complet, 
quoique  bref,  rendra  des  services  à  l'enseignement  libre,  qui,  peut-être, 
ne  s'est  pas  toujours  assez  préoccupé  de  l'art  de  bien  lire  et  de  bien  dire: 
c'est  pourtant  la  condition  nécessaire  pour  se  faire  bien  écouter.Nous  sou- 
haitons à  ce  livre  tout  le  succès  qu'il  mérite.  F'.  Talon. 


L.e  Problème  de  la  lecture    populaire,  par   GbOBOBS    DH:    MONTBNACH. 

Porrentruy,  Librairie  de  l'Université,  s.  d.,  in-16  de  124  p. 

Je  signale  ce  petit  livre  à  ceux  qui  se  préoccupent  de  la  propagande 
des  bonnes  lectures.  Il  montre  d'abord,  par  des  exemples  très  actuels,  le 
danger  des  mauvaises  lectures,  en  appuyant  tout  particulièrement  sur  ces 
publications  populaires  si  répandues  aujourd'hui  où  se  racontent  ces  his- 
toires sanglantes  de  crimes  ou  d'exploits  de  policiers  d'un  art  vulgaire  et 


—  461  ~ 

grossier,  à  quoi  se  prend  trop  souvent  la  jeunesse  curieuse  d'aujourd'hui. 
La  plupart  «lu  temps  ce  n'est  pas  précisément  immoral,  mais  pourtant 
profondément  déprimant  et  corrupteur.  Comment  organiser  la  lutte  contre 
la  mauvaise  lecture  populaire  :  c'est  l'objet  du  second  chapitre,  et  le  remède 
est  précisé  dans  les  chapitres  suivants,  où  se  dessine  une  bonne  organisa- 
tion de  propagande,  non  seulement  contre  le  mal,  ce  qui  n'aurait  qu'un 
résultat  négatif,  mais  surtout  pour  le  bien.  Quoique  ce  petit  li\re  ait  été 
écrit  spécialement  pour  la  Suisse,  l'intérêt  n'en  est  pas  moins  général,  et  il 
nous  sera  facile  de  faire  ailleurs,  où  les  dangers  et  les  besoins  sont  les  mêmes, 
l'utilisation  dç^  bons  conseils  et  des  bons  exemples  qu'il  nous  donne.  Tirons- 
en  profit.  P.  'J'ALON. 

L.e*  Pastorales  de  LONGUS ;  trad.  par  P.-L.  Courier.  Édition  critique, 
par  RoBSRT  Gasghet.  Paris,  Larose  et  Teain,  1911,  in-8  de  172  p.  — 
Prix  ;  5  fr. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  l'ouvrage  original,  dans  lequel  l'Histoire 
de  la  littérature  grecque  de  MM.  Croiset  (tome  V,  p.  802)  signale  avec  raison 
«  quelque  chose  de  faux  qui  a  la  prétention  d'imiter  la  nature  et  qui,  en 
réalité,  la  sophistique  >•.  Aussi  bien  il  s'agit  ici,  à  peu  près  exclusivement, 
de  la  traduction  qu'en  a  donnée  Courier  (texte  de  Paris,  1823),  l'auteur  de 
tant  de  pamphlets  de  toute  espèce,  aujourd'hui  bien  oubliés.  Il  avait  été 
précédé  dans  cette  tâche  par  Amyot,  dont  l'œuvre  avait  eu  im  très  grand 
succès;  et  peut-être  n'est-il  pas  hors  de  propos  de  rappeler  ici  la  prédilec- 
tion de  nos  romantiques  pour  les  écrivains  du  xvi^  siècle,  prosateurs  ou 
poètes,  dont  ils  se  vantaient  de  renouer  la  tradition  depuis  si  longtemps 
interrompue.  Courier  adopte  le  texte  de  son  prédécesseur,  sauf  à  écarter 
«  la  rudesse,  les  gro.ssièretés  de  la  vieille  langue»,  et  à  choisir,  parmi  les  tour- 
nures et  constructions  familières  au  xvi®  siècle,  celles  qui  pouvaient  com- 
muniquer au  récit  un  surcroît  de  vivacité  et  de  grâce,  sans  courir  le  risque 
de  dérouter  les  lecteurs. L'étude  intitulée  :  Essai  sur  la  for/nation  de  la  langue 
et  du  style  de  P.-L.  Courier  (p.  103-164)  nous  offre  sur  ce  point  toutes  les 
indications  di^-irables.  L'entreprise  plut  et  réussit  à  tel  point  que  jusque 
dans  ses  satires  politiqur-s  (bien  éloignées  assurément  du  genre  et  du  ton 
pa^oral)  le  morclant  pamphlétaire  a  semé  comme  en  se  jouant  de  curieux 
archaïsmes.  C.  Huit. 

Leopafdi  et  M^f  de  Staël,  par  Sofia  Ravasi.  Milauo,  tipografia  sociale 
et  Paris,  Champion,  1910,  in-S  de  115  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

C'est  im  de  ces  travaux,  comme  en  font  nos  étudiants  de  Sorbonne- — 
à  l'imitation  des  thèses  allemandes  —  où  l'on  confronte  des  textes  pris  à 
travers  l'œuvre  do  deux  auteurs  pour  prouver  quoi?  qu'ils  se  sont  rencon- 
trés dans  certains  sentiments  et  certaines  pensées  (ici  mélancolie,  orgueil 
d'incompris,  dégoût  de  la  vie,  besoin  d'amour,  peur  de  la  mort,  charme  de 
la  nature  et  charme  des  ruines,  idées  pareilles  sur  le  malheur  du  génie, sur  la 
fatalité  ou  sur  la  "musique)  —  mais  comment  deux  écrivains  romantiques 
échapperaient-ils  à  ces  lieux  communs  et  pourraient-ils  ne  se  ressembler 
jamais? — Qieleplus  jeune  a  subi  l'influence  de  l'autre? Mais  c'est  acquis, 
puisque Leopardilui-même.  après  avoir,  à  ses  débuts,  rompu  quelques  lances 
contre  M"^^  de  Staël  en  faveur  de  la  tragédie  classique  et  de  la  tradition  na- 
tionale, s'est  mis  plus  d'une  fois  dans  la  suite  à  invoquer  Corinne  et  à  la 
citer;  qu'ils  demeurent  très  différents,  l'un  pessimiste  et  athée,  essayant 


—  462  — 

d'avoir  une  philosophie  et  des  doctrines,  l'autre  à  ses  lamentations  mêlant 
en  un  beau  chaos  féminin,  ce  que  ses  maîtres  du  xviiie  siècle  lui  -nt  appris  sur 
le  progrès  indéfini,  et  ce  que  papa  el  man\an  Necker  lui  ont  transmis  de 
religiosité  protestante?  Mais  c'est  ce  qui  rend  un  peu  oiseuse  la  compa- 
raison. Ces  mémoires-là  ne  servent  guère  chez  nous  qu'à  conquérir  un 
diplôme; en  Italie,  qu'à  montrer  qu'on  connaît  bien  nos  auteurs  et  qu'on 
y  écrit  le  français  avec  une  correction  presque  parfaite  et  une  aisance 
presque  élégante.  .  G.  A. 

Ver»  une  Oi'etagne  organisée.  Enquête  sui*  les  lil»ei*tés  régionales 
et  la  roi*inatiou  d'états   proviactaux  eu   B^eta^ne,   par  le  COmte  DE 

LA.NTivy-TRÉDiON.  Paris,  Nouvelle  Librairie  ûatiouale,   1911,ia-18  de  x- 
338  p.  —  Pri.x  :  3  tv.  50. 

Très  intéressante  pablication  qui  a  pour  objet  de  démontrer  «  l'impor- 
tance d'un  mouvement  régionaliste,  méthodiquement  conduit  et  capable 
de  préparer  la  décentralisation,  en  lui  trayant,  d'une  manière  indirecte, 
son  programme  ».  L'auteur  fait  appel  à  la  compétence  de  personnages  en 
vue  appartenant  à  la  province  de  Bretagne,  les  consulte  et  discute  leurs 
dépositions.  Tous  s'accordent  assez  à  trouver  le  susdit  programme  fort 
judicieux,  mais  ceux  qui  n'en  croient  pas  l'application  chimérique  estiment 
qu'elle  ne  peut  se  réaliser  qu'à  longue,  très  longue  échéance.  C'est  toujours 
un  peu  l'histoire  du  malade  qui  ne  saurait  être  guéri  que  par  un  seul  remède 
qu'il  ne  peut  ou  qu'il  ne  veut  prendre.  A.  Roussel. 


Histoire  de  Pltalie  depuis  1  H  1  «ï  Jcsqu'an  cinquuutenuire  de  l'U- 
nité Ita  Jeune  { tOl  1  ),  par  FÉLIX  HBNNEGur.  2»  édition.  Paris,  Alcan 
s.  d.,  petit  iu-16  de  19-2  p.  —  Prix  :  0  fi.  60. 

Ce  petit  livre  sans  prétention  scientifique  ne  veut  être  qu'un  résumé 
court  et  clair  de  ce  siècle  tumultueux  et  bien  rempli  de  l'histoire  d'Italie 
de  1815  à  1911.  Il  y  réussit  le  plus  souvent.  Parfois  un  peu  serré  et  touffu 
de  développement,  il  est  généralement  méthodique,  exact  et  impartial. 
Il  expo.se  même  avec  netteté  une  idée  assez  peu  commune,  la  distinction 
entre  les  deux  propagandes,  réformiste  et  révolutionnaire  de  1832  à  1846. 
Les  chapitres  sur  l'influence  piémontaise  et  le  mouvement  national  sont 
particulièrement  intéressants.  L'attitude  de  l'Italie,  en  juillet  1870,  est 
présentée  avec  clarté  et  équité  (p.  178-179).  Un  peu  trop  d'indulgence  pour 
les  garibaldiens  de  1871  :  la  trop  célèbre  bataille  de  Dijon  ne  vaut  tout  de 
même  pas  Magenta  et  Solférino.  Le  tableau  de  l'Italie  nouvelle  est  sobre, 
précis  et  bien  fait,  le  développement  agricole  et  industriel  du  règne  de 
Victor-Emmanuel  III,  bien  esquissé.  Il  manque  çà  et  là  quelques  indica- 
tions sur  le  droit  et  les  motifs  légitimes  des  anciens  régimes  à  vouloir  du- 
rer et  sur  les  causes  plus  ou  moins  réelles  de  leur  impopularité.     L.-G.  P.       : 


CHROiNlQUE 

Nécrologie.  —-  Le  Polybihlion  est  douloureusement  atteint  par  la 
mort  qui  vient  de  frapper,  en  pleine  force  et  en  pleine  activité  intellectuelle, 
l'excellent  collaborateur  qu'était  M.  Léon-Gabriel  Pélissier,  doyen  de 
la  Faculté  des  lettres  de  Montpellier.  Né  à  Marseille,  le  24  mars  186H,  de 
brillantes  études  au  collège  Sainte-Barbe  et  au  lycée  Louis-le-Grand  le 


-  463  - 

conduisirent  à  l'École  nornxale  supérieure,  où  il  entra  en  1882.  Agrépé  d'his- 
toire en  1885,  nommé  la  même  année  élève  de  l'École  française  de  Rome,  il 
commença,  dès  cette  époque,  à  fouiller  les  bibliothèques  et  archives  ita- 
liennes et  à  y  faire  une  ample  moisson  de  documents.  A  son  retour  de 
l'École  de  Rome,  il  fut  chargé  de  cours  d'histoire  à  la  Faculté  des  lettres  de 
Montpellier  (1888),  où  il  devint  tour  à  tour  professeur  adjoint  (1896),  pro- 
fesseur titulaire  (1899),  puis  doyen  (1908).  Il  fut  l'un  des  premiers,  lorsqu'il 
passa  son  doctorat  en  189G,  à  donner  l'exemple  de  ces  thèses  dont  l'ampleur 
contraste  singulièrement  avec  les  anciens  usages.  Sa  thèse  française  :  Re- 
cherches dans  les  archives  italiennes.  Louis  XII  et  Ludovic  Sjorza  (Paris, 
1896),  ne  formait  pas  moins  de  deux  forts  volumes  in-8;    encore  faut-il  y 
joindre  diverses  publications  qui  en  forment  comme  les  pièces  justificatives 
et  que  notre  érudit  collaborateur   publia  soit  avant  soit   depuis.  Sa  thèse 
latine  :  De  opère  historico  Aegidii  cardinalis  Viterbiensis  (Montpellier,  1896, 
in-8),  était  un  bon  mémoire  d'histcrir graphie.  L'acti\ité  de  Pélissier,  qui 
était  un  infatigalîle  fureteur,  sa  curie  site  d'esprit,  qui  le-faisait  s'intéresser 
aux  études  les  plus  diverses  et  qui  lui  faisait  saisir,  même  dans  des  docu- 
ments d'apparence  insignifiante,    quelque  point  à  noter,  quelque  chose  de 
caractéristique,  expliquent  l'étonnante  fécondité  de  sa  production.   Il  a 
publié  d'innombrables  notes  et  articles  dans  les  revues  les  plus  diverses, 
notamment  de  France  et  d'Italie;  il  n'a  jamais  refusé  sa  collaboration  aux 
volumes  de  mélanges  entrepris  en  l'honneur  d'un  de  ces  saA  ants  de  l'un 
ou  l'autre  côté  des  Alpes,  dont  il  avait  su  se  faire  autant  d'amjs.  11  a  touché 
dans  ses  travaux  à  tant  de  points  d-^  la  bibliographie,  de  l'histoire  littéraire 
ou  de  l'histoire,  non  seulement  de  la  fm  du  xv^  et  du  xvi^  siècle,  dont  il 
avait  fait  une  étude  si  particulière,  mais  d'autres  époques  et  notamment 
de  l'époque  contemporaine,  qu'il  serait  utile  de  dresser  un  catalogue  com- 
plet et  raisonné  de  sa  production  littéraire.  Nous  devons  ici  nous  borner  à 
signaler  les  titres  suivants  qui  donneront  au  moins  une  idée  de  son  activité 
scientificiue  et  de  l'étendue  de  son  érudition  :  Les  Amis  d'Holstenius.  Charles 
de  Montchal,  archevêque  de  Toulouse  (Rome, 1887,  in-8); — ■  Henri IV,  Bongars 
et  Strasbourg     (Paris,     1888,  in-8);    —  A    travers    les    papiers    de    Huet. 
Documents  littéraires  inédits  (Paris,   1888,   in-8);    — De  V Amour  des  livres 
(Aix,  1S88,  m-12);  —  L'Italie  et  la  Mer  Rouge   (Montpellier,  1889,  in-8);  — 
Lettres  inédites  de  Claude  Nicaise  à  Huet  et  à    G.    Bonjour    (Dijon,  1889, 
in-8);  —  Lettres  inédites  de  Dom  Claude  de  Vie  à  Fr.    Ant.    Marmi   (Mont- 
pellier,     1890.     in-8);      —   Documents    pour   l'histoire    de    la    domination 
française    dans    le    Milanais    (Toulouse,    1891,    in-8);—    Lettres  de   Mé- 
nage à  Magliabechi  et  à  Carlo  Dati   (Montpellier,   1891,   in-8);  • — La    Poli- 
tique du    marquis    de    Mantoue    pendant    la  lutte    de    Louis    XII    et    de 
Ludovic  Sjorza  (Le  Puy,  1892,  in-8);  —  Les  Amies  de  Ludovic  Sforza  et  leur 
rôle  en   1498-1499   (Nogent-le-Rotrou,    1892,    in-8);  —  Documents  sur  la 
Faculté  des    lettres  de  Montpellier  (Montpellier,  1892,  in-8)r  ' —  Nouvellistes 
italiens  à  Paris  en  1498  (Nogent-le-Rotrou   1892,    in-8)  ;  — ■  Les  sources  mila- 
naises de  Vhistoire  de  Louis  XII  (Paris,  1892,  in-8);  - —  Documents  sur  les 
relations  de  Louis  XII,  de  Ludovic  Sforza  et  du  marquis  de  Mantoue  de  1498 
à  1500  (Paris,  1893,  in-8);  • —  Un  Inventaire  inédit  des  collections  Ludovisi  à 
Rome   (Nogent-le-Rotrou,    1894,    in-8);   —   Lettres   inédites   de    Guillaume 
Peyrusse  écrites  à  son  frère  André  pendant  les  campagnes  de  VEmpire  (Paris, 
1894,  in-8);  —  La  Politique  de  Trivulce  au  début  du  règne  de  Louis  XIII 
(Paris,  1894,  in-8);  —  Lettres  inédites  de  Chapelain  à  P.  D.  Huet  i'Mogent- 
le-Rotrou,    1895,    in-8);   • —   Agostino    Maria   de  Beecaria,    ambassadeur   à 


—  464  — 

Sienjhe  en  août  1199  (Siena,  1897,  in-8);  —  La  Cryptographie  de  Sifnon 
Cattaneo  (Nogent-le-Rotrou,  1897,  in-8);  —  Le  Registre  de  Vile  d'Elbe 
(Paris,  1897,  in-8)  ;  —  Le  Registre  Panigarola  et  le  Gridario  générale 
de  V Archivio  di  slato  de  Milan,  pendant  la  domination  française  (Pa- 
ris, 1897,  iii-8):  —  Pons  de  l'Hérault  et  Pile  d'Elbe  au  xix^  siècle 
(Montpellier,  1897,  in-8);  ■ — Pons  de  l' Hérault;  Souvenirs  et  anecdotes  de 
l'île  d'Elbe  (Paris,  1897,  in-8);  —  Mémoires  de  Pons  de  l'Hérault  aux  puis- 
sances alliées  (Paris,  1899,  in-8);  • — •  Un  Conventionnel  oublié. J.-J.  Picqué 
et  l'Hermite  des  Pyrénées  (Toulouse,  1899,  in-8);  —  La  Trahison  de  Masséna 
et  l'enquête  du  commissaire  Caire  (Nogent-le-Rotroii,  1900,  in-8);  —  Les 
Archives  des  inquisiteurs  d'État  à  Venise  (Besançon,  1899,  in-8); —  Comment 
a  grandi  Venise  (Montpellier,  1901,  in-4);  —  La  Jeunesse  du  marquis  d'An- 
tonelle  (Paris,  1900,  in-8);  ■ — ■  Sur  les  dates  de  trois  lettres  inédites  de  Jean 
Lascaris  (Paris,  1901,  in-4); —  Sur  le  théâlre  de  Gabriel  d' Annunzio 
(Bordeaux,  1901,  in-8); — La  Jeunesse  d'un  fllibre  arlésien,  Amédce  Pichot  à 
Paris  (Montpellier,  1901,  in-8);  • — ■  Inventaire  de  la  collection  Podocararo 
à  la  bibliothèque  de  Saint-Marc  de  Venise  (Leip;dg,  1902,  in-8);-—  Le  Comte 
d'Artois  et  la  police  vénitienne  (Paris,  1902,  in-8);  —  Le  Porte- 
feuille de  la  comtesse  d' Albany  (1806-1824)  (Paris,  1902,  in-8);  —  Lettres 
inédites  de  Gisbert  Cuypert  [Cuper)  à  P. -Daniel  Huet  {Csien,  1903,  in-8);  — 
Lettres  de  l'abbé  Nicaise  au  cardinal  Noris  (Besançon,  1903,  in-8);  ■ — 
Lettres  inédites  de  la  comtesse  d' Albany  à  ses  amis  de  Sienne  (Paris,  1904,  in-8); 
—  Famille,  fortune  et  succession  de  André  Cardinal  Destouches  (Nogent- 
le-Rotrou,  1904,  in-8);  —  Nuovi  documenti  :  Napoleone  all'Elba,  avec 
MM.  F.  Escard  et  A.Lumbroso(Ronia,1906,in-8);— ie  Fonds  Fabre- Albany 
(Leip  Jg,  1910,  in-8)  ; — -Les  Papiers  du  médecin  Michel  Provensal  (Besançon, 
1912,  iu-8).  L'ardeur  avec  laquelle  M.  Pélissier  poursuivait  ces  recherches, 
le  zèle  qu'il  apportait  à  son  enseignement  et  à  ses  fonctions  de  do\  en, 
l'activité  qu'il  déployait  dans  les  sociétés  dont  il  était  membre,  ne  pou- 
vaient aller  sans  un  certain  surmenage.  La  mort  cruelle  et  inattendue  d'une 
jeune  fille  charmante  qui  faisait  sa  joie  et  qui  lui  donnait  de  belles  espé- 
rances, l'atteignit  rudement  à  un  moment  où  sa  propre  santé  était  quelque 
peu  ébranlée.  11  en  fut  profondément  affecté  et  il  semble  bien  que  ce  coup, 
encore  tout  récent,  n'ait  pas  été  sans  influence  sur  sa  fin  prématurée. 

E.-G.  L. 
— •  Nous  avons  appris  a -ec  regret  la  mort  d'un  savant  distingué 
M.  Charles-Emile  Ruelle,  enlevé  à  l'érudition  française,  à  Paris,  au  milieu 
d'octobre,  à  78  ans.  M.  Ruelle,  né  à  Paris,  en  1833,  fut  successivement, 
bibliothécaire  au  ministère  de  l'instruction  publique,  puis  bibliothécaire 
à  la  Bibliothèque  Sainte-Gene. lève.  Depuis  un  certain  temps  il  était  admi- 
nistrateur-adjoint de  ce  dernier  établissement.  Helléniste  rcmarqv.able  et 
musicologue  passionné,  il  s'est  surtout  fait  connaître  par  ses  infatigal)les 
recherches  sur  la  musique  grecque  ancienne,  sujet  d'études  des  plus  diffi- 
ciles, sur  lequel  il  a^-ait  réussi  à  jeter  beaucoup  do  lumière.  Parmi  ses  nom- 
breux ou\  rages,  voici  ceux  qui  noi;s  sont  connus:  Le  Philosophe  Damascius, 
étude  sur  sa  vie  et  ses  ouvrages  (Paris,  1861,  in-8)  ;  —  Éléments  harmoniques 
d'Aristoxène,  traduits  du  grec  en  français  pour  la  première  fois  (Paris,  1870, 
in-8);  —  Études  sur  l'ancienne  musique  grecque  (Paris,  1875,  in-8);  —  Tra- 
duction de  quelques  textes  grecs  inédits,  recueillis  à  Madrid  et  à  l'Escurial 
(Paris,  1 875,  in-8)  ;  —  Deux  textes  grecs  anonymes  concernant  le  canon  musical 
heptocorde  puis  octacorde,  d'après  un  manuscrit  de  la  Biblioteca  nacwnal 
de  Madrid  (Paris,  1878,  in-8);  —  L'Introduction  harmonique   de    Cléonide. 


—  465  — 

La  Division  du  canon  d^Euclide  le  géomètre.  Canons  harmoniques  de  Florence. 
Traduction  française  avec  commentaire  (Paris,  1884,  in-8);  —  Le  Congrès 
européen  d^Arezzo  pour  Vétude  et  Vamélioration  du  chant  liturgique,  compte 
rendu  nonoflicieK  Paris,  1885,  in-8); — Bibliographie  générale  des  Gaules  (Paris, 
1885  et  suiv.,  in-8);  — •  Collection  des  anciens  alchimistes  grecs.  Texte  grec  et 
traduction  française  avec  notes  et  commentaires  (Paris,  1888,  4  vol.  in-4),  avec 
le  chimiste  Marcelin  Berthelot;  — •  Damascii  successoris  dubitationes  et 
solutiones  de  primis  principiis  in  Platonis.  Parmenidem  (Paris,  1889,  2  vol. 
in-8);  —  Bibliotheca  latina.  Bibliographie  annuelle  des  études  latines  (Paris, 
1905-1906,  in-8).  M.  Ruelle  a  traduit  du  grec: Poétique  et  Bhétorique  d'Aris- 
tote  (Paris,  1882,  in-12),  ouvrage  couronné  par  l'Académie  française,  et 
Manuel  d'harmonique  de  Nicomaque  de  Gérase  (Paris,  1881, in-8) ;ilapublié 
l'ouvrage  posthume  de  Charles  Graux  :  Notices  bibliographiques  et  autres 
articles  (Paris,  1881,  in-8),  et  il  a  terminé  la  publication,  commencée  par 
Ch.  Daremberg,  des  Œuvres  de  Rufus  d'Éphèse  (Paris,  1872,  in-8). 

—  L'illustre  philologue  autrichien  Theodor  Gomperz,  professeur  de  phi- 
lologie classique  à  l'Université  de  Vienne,  est  mort  à  Baden,  près  de  cette 
dernière  ville,  le  29  août,  à  SI  ans.  Il  faisait  partie  de  la  Chambre  des 
seigneurs  d'Autriche,  appartenait  à  diverses  sociétés  savantes  et  était 
membre  correspondant  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
de  France.  Si  l'on  peut  reprocher  parfois  à  son  style  cette  obscurité  inhé- 
rente à  l'emploi  de  la  langue  allemande,  on  doit  reconnaître  qu'il  pensait 
très  clairement.  Son  rôle  dans  le  perfectionnement  des  méthodes  de  lecture 
des  textes  anciens  a  été  considérable;  il  a  surtout  contribué  d'une  façon 
remarquable  au  développement  de  la  papyrologie.  En  dehors  des  impor- 
tants mémoires  qu'il  a  fait  insérer  dans  les  publications  de  l'Académie  de 
Vienne,  M.  Gomperz  a  publié,  entre  autres  volumes  :  Zu  Heraklit's  Lehre 
und  den  Ueberresten  seines  Werkes  (Vienne,  1887,  in-8);  —  Platonische 
Aufsaetze  (Vienne,  1887,  in-8); — •  Ueber  die  Charaktere  Theophrastes(Y ienne, 
1888,  in-8);  — ■  Die  Schrift  vom  Staatswesen  der  Athener  und  ihr  neuester 
Beurtheiler  (Vienne,  1891,  in-8);  — •  Griechische  Denker.  Eine  Geschichte  der 
antiken  Philosophie  (Leipzig,  1895-1909,  4  vol.  in-8);  — •  Zur  Chronologie 
des  Stoikers  Zenon  (Vienne,  1903,  in-8),  etc.,  etc. 

—  Le  Dr.  Eugen  Oswald,  écrivain  allemand  connu,  qui  a  passé  la  plus 
grande  partie  de  son  existence  en  Angleterre,  est  mort  le  16  octobre,  à  86  ans. 
Né  à  Heidelberg  (Allemagne),  il  fit  ses  études  dans  cette  ville  et,  après 
avoir  pris  une  part  active  aux  mouvements  politiques  de  1848-1849,  il  dut 
quitter  son  pays  natal  et  se  réfugier  à  Paris,  où  il  offrit  son  concours  au  parti 
démocratique.  Mais  il  lui  fallut  s'éloigner  également  de  la  France  et  gagner 
l'Angleterre,  où  il  devint  professeur,  journaliste  et  écrivain.  Il  fit  partie 
d'abord  du  personnel  enseignant  du  «  Working  Men's  Collège  »,  puis  fut 
chargé  du  cours  de  langue  allemande  au  «  Royal  Naval  Collège  »  de  Green- 
w^ich,  poste  qu'il  occupa  pendant  vingt-cinq  ans.  Plus  récemment  il  fut 
choisi  pour  enseigner  l'allemand  au  prince  de  Galles'et  à  son  frère  le  prince 
Albert.  Ancien  président  de  la  «  Carlyle  Society  »  et  ancien  secrétaire  de 
1'  «  English  Goethe  Society  »,  M.  Eugen  Oswald  a  été  jusqu'à  sa  mort   le 
correspondant  pour  l'Angleterre  du  journal  portugais  Commercio  do   Porto. 
D'une  activité  littéraire  considérable,  il  laisse  de  nombreux  ouvrages  qui 
ont  surtout  contribué  à  mieux  faire  connaître  la  littérature  anglaise  aux 
Allemands  ses  compatriotes.  Parmi  eux  nous  citerons  :    Sphère  and  Duties 
of  Government  (1854);  —  Early  German  Courtesy  Books  (1869);  —  Mânner 
und  Frauen  (1878);—  Thomas  Carlyle,  ein  Lebensbild  (1882);  — ■  Goethe  in 

Novembre  1912.  T.  GXXV.  30. 


—  466  — 

England  und   America    (1899);  —    The  Legend  oj  Pair  Helen   fl9051:   — 
Larid  und  I^ute  in  England  (1906)  ;  ■ —  Memoirs  (1911  ). 

—  Le  Rev.Walther  William  Skeat,  un  des  plus  savante  philologues  de 
l'Angleterre,  professeur  de  langue  anglo-saxonne  à  l'Université  de  Cam- 
bridge depuis  1878,  est  mort  en  cette  ville  le  7  octobre,  à  77  ans.  Né  à 
Londres  en  1885,  il  fit  de  brillantes  études  à  la  «  King's  Collège  School  » 
à  la  xiîighgte  School»,  puis  au  «Christ's  Collège»  de  Cambridge  et  obtint  tons 
les  grades  universitaires.  Puis,  entré  dans  lee  ordres,  il  fut  envoyé  comme 
pasteur  dans  plusieurs  paroisses  successivement;  mais  sa  mauvaise  eanté 
l'obligea  à  abandonner  le  ministère  religieux  et,  revenu  à  Cambridge  en  1864, 
il  devint  répétiteur  de  mathématiques.  La  Société  des  anciens  textes 
anglais  s'étant  fondée  sur  ces  entrefaites,  il  fut  une  de  ses  premières  recrues 
et  trouva  enfin  la  voie  à  laquelle  le  destinaient  ses  aptitudes  spéciales. 
Pour  cette  société  et  pour  le  «  Roxburghe  Club  «,  il  a  donné  toute  une  série 
de  remarquables  éditions  de  vieux  textes  anglais,  sans  compter  les  nom- 
breuses publications  qu'il  a  faites  pour  son  propre  compte.  En  dehors  de 
r  «  Early  English  Text  Society  »  dont  il  était  un  des  principaux  membres, 
plusieurs  autres  sociétés  savantes  l'avaient  accueilli  avec  empressement, 
entre  autres  la  «  British  Academy  ».  C'est  à  lui  qu'on  doit  la  fondation  de 
r  «  English  Dialect  Society  ».  Enfin  il  collaborait  à  plusieurs  revues  spé- 
ciales, à  V Athenseiwi,  aux  Notes  and  Querries,  etc.  La  liste  de  ses  œuvres 
est  très  considérable,  aussi  nous  bornerons-noi:s  à  mentionner  les  suivantes  : 
The  Songs  and  Ballads  of  Uhland  (Cambridge,  1864,  in-8);  —  A  Taie  oj 
Ludlow  Castle  (Londres,  1866,  in-8);  —  Pierce  the  Ploughman''s  Crede  (Lon- 
dres, 1867,  in- 12);  —  The  Vision  of  William  concerning  Piers  the  Plowman 
hy  W.  Langland.  With  Notes  and  Glossary  (Londres,  1868,  in-4);  —  The 
Romans  of  Parthenay  or  of  Lusignan,  otherwise  known  as  tJie  Taie  of  Melu- 
sine,  translated frum  the  French,  with  Notes  andGlossary  (London,  1866,  in-8)  ; 
—  The  Lay  of  Havelok  the  Dane  (Londres,  1868,  in-8);  ■ —  Hand-List  of  some 
cognate  words  in  English,  Latin  and  Greek  (Londres,  1871,  in-8);  — •  Spé- 
cimens of  English  Literature,  1298-13^3  (Oxford,  1872,  in- 12]  ■,~T aies  from 
the  Canterbury  Taies  {Londres,  1874,  in-8);  —  A  List  of  English  Words 
Etymology  of  which  is  illustrated  by  comparison  with  Icelandie  (Londres, 
1876,  in-4);  — An  Etymological  Dictionary  of  the  English  Language  arran- 
gea on  an  historical  Basis  (Oxford,  1879-1881,  4  vol.  in-4);  • —  The  Gospel 
according  to  St.  Matthew  in  Anglo-Saxon  (Londres,  1887,  in-8);  — •  The 
Principles  of  English  Etymology  (Oxford,  1887,  in-8),  etc.,  etc. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  l'abbé  Henri  Baille  de  Beau- 
regard,  ancien  directeur  du  petit  séminaire  Saint-Célestin,  mort  à  Bourges,. 
au  milieu  d'octobre,  à  67  ans;  —  Jules  Berthet,  professeur  de  seconde  au 
lycée  Condorcet,  mort  à  Paris,  au  commencement  d'octobre,  à  48  ans;  — 
Henri  Bouvelet,  poète  parisien,  mort  prématurément  à  Paris,  au  com- 
mencement d'octobre^à  23  ans,  lequel  avait  déjà  écrit  Premiers  Poèmes. 
Janvier  et  juin  1906  (Paris,  in-16,  1906);  V Appel  au  Soleil,  poèmes  (Paris, 
1908,  in-12);  le  Royaume  de  la  Terre,  poèmes  (Paris,  1910,  in-8)  et  avait 
donné  au  théâtre,  avec  la  collaboration  de  son  frère  Jehan  :  Un  Philosophe^ 
ou  la  Maison  des  amours,  pièce  en  vers,  en  3  actes  (Paris,  1911,  in-12);  — 
le  chanoine  Boxdure,  inspecteur  des  écoles  libres  du  diocèse  de  Clermont, 
mort  à  Clermont- Ferrand,  au  milieu  de  septembre,  à  56  ans;  — •  l'abbé 
Pierre-Xavier  Casenave,  directeur  du  Séminaire  des  Missions  étrangères 
et  procureur  général  de  cette  société  à  Rome,  mort  à  Paris,  le  29  septem- 
bre, à  79  ans:  —  le  docteur  Louis  Coste,  ancien  professeur  à  l'École  de 


—  467  - 

pharmacie  d'Alger,  mort  à  Paris  au  milievi  d'octobre,  à  70  ans;  —  Gustave 
DE  CouTouLY,  xiïï  de  nos  plus  distingués  diplomates,  qui  avait  donné  au 
Temps  de  nombreux  et  fort  intéressants  articles,  particulièrement  sur  la 
guerre  carliste,  mort  au  commencement  d'octobre  à  Bosc-le- Comte  (Seine- 
Inférieure),  à  74  ans;  —  Léon  Clgnet  de  Montarlot,  publiciste,  ancien 
secrétaire  général  du  Monde  illustré,  mort  à  Paris,  au  commencement  d'oc- 
tobre à  56  ans;  —  Henry-Albert  Cuvillier-Fleury,  bibliothécaire  du 
Sénat,  secrétaire-adjoint  de  la  Commission  des  finances,  mort  à  Paris  à  la 
fin  d'octobre;  —  Auguste- Charles-Paulin  Doniol,  inspecteur  général 
des  ponts  et  chaussées  en  retraite,  ancien  élè\e  de  l'École  polytechnique, 
mort  à  Paris,  au  milieu  d'octobre,  à  84  ans,  lequel  collaborait  à  la  Revue 
générale  des  chemins  de  fer  et  a  publié  :  La  Réglementation  des  chemins  de  fer 
d'intérêt  local,  des  tramways  et  des  automobiles  (Paris,  1900,  in-8);  Note  sur 
la  réglementation  des  chemins  de  fer  d'intérêt  local  et  sur  la  rédaction  de 
leurs  cahiers  des  charges  (Paris,  ■J907,  in-4);  Histoire  du  xvi^  arrondissement 
de  Paris  (Paris,  1902,  in-8),  etc.;  ■ —  Marin  Dubois,  romancier,  auteur  de 
Délassement  d'un  désœuvré  (Paris,  s.  d.,  in-18),  Doris  et  Dora,  essai  de  cri- 
tique sociale  (Paris,  1886,  in-18),  etc.,  mort  à  Paris,  à  la  fin  d'octobre,  à 
66  ans;^ — •  le  R.  P.  Xavier  de  Fourvière,  religieux  prémontré  de  l'ancienne 
abbaye  de  Frigolet,  très  connu  comme  prédicateur,  auteur  de  nombreuses 
poésies  en  français  et  en  provençal  et  de  quelques  ouvrages  de  valeur,  entre 
autres  d'un  excellent  Dictionnaire  provençal-français  et  français- provençal 
(Avignon,  1902,  in-18)  et  d'une  Grammaire  provençale  (Axignon,  1903,  in-8), 
mort  à  Robion  (Vaucluse),  à  la  fin  d'octobre,  à  59  ans;  —  Georges  Garreau- 
DoMBASLE,  journaliste  parisien,  ancien  collaborateur  du  Soir  et  du  Siècle, 
attaché  depuis  quelques  années  à  la  rédaction  de  Vlniormateur  parlemen- 
taire, mort  à  Paris,  à  la  fin  d'octobre;—  l'abbé  Alfred  Optât  Gaudefroy, 
prêtre  de  la  Mission,  ancien  professeur  de  morale  aux  grands  séminaires 
de  Montpellier,  La  Rochelle  et  Amiens,  mort  à  la  fin  d'octobre,  à  Froyennes 
à  71  ans;  —  René  Haton,  ancien  libraire-éditeur,  mort  à  Paris,  le  l^r  no- 
vembre, à  l'âge  de  66  ans;  — •  Alphonse  Lemerre,  l'éditeur  parisien  bien 
connu,  mort  à  Paris,  le  15  octobre,  à  74  ans;' —  le  D''  Edme-Édouard  Mène, 
médecin  en  chef  de  la  maison  de  santé  des  Frères  Saint- Jean  de  Dieu,  mort 
à  Paris,  au  milieu  d'octobre,  lequel,  érudit  et  collectionneur  distingué, 
avait  publié  sur  l'histoire  et  les  vieilles  légendes  du  Japon  d'intéressantes 
études  dans  des  revues  anglaises  et  dans  le  Bulletin  de  la  Société  franco- 
japonaise,  dont  il  était  le  vice-président;  ■ —  Marcel  Mielvaque,  écrivain  et 
journaliste,  auteur  de  quelques  romans,  tels  que  V Ame  de  la  race,  le  Piège 
et  la  Vertu  du  sol,  et  ancien  collaborateur  de  la  Renaissance  contemporaine, 
revue  fondée  par  Constantin  de  Brancovan,  lequel  avait  beaucoup  contribué 
à  la  diffusion  de  la  langue  française  en  Roumanie,  mort  à  Paris,  au  milieu 
d'octobre,  à  45  ans;—  Aimé  Pagnoul,  membre  correspondant  de  l'Institut 
(Académie  des  sciences),  mort  à  Arras,  au  commencement  d'octobre,  à 
91  ans;  — ■  François  Richenet,  ancien  professeur,  qui  laisse  un  important 
ouvrage  sur  le  Patois  de  Petit-Noir  [Jura]  (Dôle,  1896,  in-8)  et  noinbre  de 
jolies  poésies  qui  ont  été  réunies  en  volume  sous  le  titre  de  :  Passe-temps 
rimes  d'un  Franc-Comtois  (Dole,  1911,  in-12),  mort  à  Dole  (Jura),  le  13  oc- 
tobre, dans  sa  89^  année;—  Pierre  Robbe,  un  des  doyens  de  la  presse  par- 
lementaire, mort  subitement  à  Paris,  à  la  fin  d'octobre,  à  68  ans;  • —  César 
Roques,  professeur  honoraire  au  lycée  de  Nîmes,  mort  au  milieu  d'octobre; 
—  le  D''  Paul  Second,  professeur  de  clinique  chirurgicale  à  la  Faculté 
de  médecine,  chirurgien  en  chef  de  la  Salpêtrière,  mort  à  Paris,  à  la  fin. 


—  468  — 

d'octobre,  auquel  <in  doit  :  Recherches  cliniques  et  expérimentales  sur  les 
épanchem-nts  sangu'ns  du  genou  par  Ventorse  (Paris,  1871,  in-8),  thèse  pour 
l'agrégation;  Des  Abcès  chauds  de  la  prostate  et  du  phlegmon  péri  prostatique 
(Paris,  1881,  in-8),  thèse  piur  le  dictorat;  Cure  radicale  des  hernies  (Paris, 
1883,  in-8);  — •  le  D''  Jules  deSeynes,  professeur  agrégé  de  la  Faculté  de 
médecine,  mort  à  Paris,  au  milieu  d'octobre,  à  79  ans;  —  Pierre  Tesche, 
ancien  employé  à  la  Compagnie  P.-L.-M.,  puis  au  Métropolitain,  mort  à  la 
fin  de  septembre,  à  Paris,  à  43  ans,  lequel,  devenu  journaliste  sur  le  tard, 
rédigeait  depuis  plusieurs  années  la  «  Vie  sociale  »  à  r Humanité  et  était 
le  secrétaire  général  du  Syndicat  national  des  journalistes  professionnels, 
qu'il  avait  fondé;  — ■  Pol  Tristan,  journaliste,  correspondant  du  Petit  Mar- 
seillais au  Maroc,  mort  à  la  fin  d'octobre,  à  l'hôpital  de  Casablanca. 

— ■  A  l'étranger  on  annonce  la  m  )rt  de  MM.  :  Auguste  Beernaert,  mi- 
nistre d'État  belgo,  membre  associé  de  l'Institut  de  France,  mort  à  Lucerne 
(Suisse),  le  6  octobre,  à  83  ans;  — M™^  Bertha  Behrens,  femme  de  lettres 
allemande,  mirte  le  10  septe.ubre,  à  Koetschenbroda,  près  de  Dresde,  à 
6'*  ans  lij  l'allé  laisse  de  mmbraux^  romans  parus  sous  le  pseudonyme  de 
Wilhelrr^ine  Heimb  irg,  eitre  autres  :  Illustriste  Romanen  und  Novellen 
(Oldenb;)arg,  1894-1897,  10  vol.  in-8,  et  nouvelle  série:  Leipzig,  1896-1898, 
5  vol.  in-8);  Ihr  einziger  Bruder  (Leipzig,  1896,  in-8)  et  Trotzige  Herzen 
(Leipzig,  1897,  in-8);  —  Dr.  Erich  Blume,  sous-directeur  du  musée  archéo- 
logique de  l'Empereur  Frédéric  de  Posen  (Pologne  allemande),  mort  à 
Unterberg,  le  10  septembre,  à  28  ans;  — ■  Emil  Dietrich,  ingénieur  alle- 
mand, professeur  d'architecture  à  l'Ecole  technique  supérieure  de  Berlin, 
mort  à  Misdroy,  le  26  septembre,  à  68  ans;  — ■  Dr.  Herman  Dunger,  ger- 
maniste allemand,  mort  à  Dresde,  le  21  septembre,  à  70  ans,  auteur  de  : 
Wider  die  Englaenderei  in  der  deutschen  Sprache  (Berlin,  1899,  in-8),  etc.  ; 
— ■  Alphons  Emil  Friedrich  Durr,  éditeur  allemand,  mort  le  23  septembre, 
à  Leipzig,  à  57  ans;  — •  Dr.  Horace  Howard  Fur>'ess,  président  de  la 
Société  de  Shakespeare  à  Philadelphie  (États-Unis),  mort  en  cette  ville,  en 
septembre,  à  72  ans;  — Dr.  George  Vv.  Kitchin,  écrivain  anglais  estimé, 
mort  au  milieu  d'octobre,  auquel  on  d  )it  des  ouvrages  d'histoire,  dont 
quelques-uns  ont  eu  plusieurs  éditions,  notamment  :  The  Seven  Sages 
of  Durham  et  History  of  France  et  qui  a  piblié  plusieurs  volumes  pour  la 
collection  de  la  «  Surtees  Society  »  ;  — •  Wilhelm,  Kuhe,  musicien  autrichien 
de  grand  talent,  qui  s'était  fixé  en  Angleterre  où  il  était  devenu  professeur 
à  la  «  Royal  Academy  of  Music  »  et  avait  publié  :  Musical  Recollections 
(Londres,  1896,  in-8),  mort  au  commencement  d'octobre,  à  Earl's  Court, 
à  89  ans  ;  —  Dr.  Karl  Loebker,  médecin  allemand,  mort  le  9  octobre, 
à  Bochum,  à  58  ans,  lequel  laisse  plusieurs  ouvrages;  — ■  Karl  Gustav 
Malstroem,  le  doyen  des  historiens  suédois,  ancien  directeur  des  Archives 
d'État  et  ancien  ministre  des  cultes  de  Suède,  mort  en  septembre,  à  Stock- 
holm, à  71  ans;  —  Georg  Meisenbach,  l'inventeur  de  l'autotypie,  mort 
à  Emniering  (Allemagne),  à  la  fin  de  septembre,  à  71  ans  ;  —  Kurt  Me  y, 
musicologue  allemand,  mort  le  21  septembre,  à  Dresde,  à  48  ans;  — Dr.  Ja- 
cob Minor,  professeur  de  langue  et  de  littérature  allemande  à  l'Université 
de  Vienne,  mort  en  cette  ville,  le  7  octobre,  à  58  ans,  dont  nous  citerons  : 
Goethes  Faust  Entstehungsgeschichte  und  Erklaerung  (Stuttgart,  1901, 
2  vol,  in-8),  et  ISeuhochdeutsches  Metrik.Ein  Handhuch  (Strassburg,  1902, 
in-8)  ;  • —  le  cheikh  égyptien  Sanua  Abou  Naddara,  ancien  professeur  à 
l'École  polytechnique  du  Caire,  mort  à  Paris,  à  la  fin  de  septembre,  à  un  âge 
très  avancé,  lequel  a,  pendant  plus  d'un  demi-siècle,  défendu  le3  droits  de 


—  469  — 

l'Egypte,  son  pays  natal,  et  fut  frappé  d'exil  en  1878,  lorsqu'il  eut  fondé 
un  journal  satirique  VAbou  Naddara,  dans  lequel,  par  la  plume  et  par  de 
nombreuses  illustrations,  il  critiquait  énergiquement  la  politique  anglaise  ; 
• —  Dr.  Siegfried  Nietschel,  professeur  d'histoire  du  droit  civil  et  du 
.  droit  ecclésiastique  à  l'Université  allemande  de  Tubingue,  mort  en  cette 
ville,  le  20  septembre,  à  41  ans  ;  —  Charles  PeeterS;  imprimeur-éditeur  de 
le  Leewen  aar,  mort  à  Turnhout  (Belgique),  le  20  octobre,  à  52  ans  ;  — 
Dr.  David  Peipers,  professeur  de  philosophie  à  l'Université  allemande 
de  Goettingue,  mort  en  cette  ville,  le  26  septembre,  à  84  ans,  lequel  est 
l'auteur  de  :  Untersuchungen  ueber  das  System  Plato's  (Leipzig,  1874, 
in-8),  Ontologia  platonica  ad  notionum  terminorumque  historiam  symbola 
(Leipzig,  1883.  in-8),  etc.  ;  ■ —  le  major  général  allemand  comte  Richard 
VON  Pfeil  et  Kein-Ellguth,  édv'w  ain  militaire,  auteur  de  Das  Ende  Kaiser 
Alexanders  II.  Meine  Erlebnisse  in  russischen  Diensten,  1878-1881  (Berlin, 
1903,  in-8),  etc.,  mort  à  Berlin,  le  9  octobre,  à  66  ans;—  Dr.  Arthur  Pfungst, 
écrivain  allemand,  mort  le  3  octobre,  à  Francfort-sur-le-Mein,  à  49  ans,  après 
avoir  publié  :  Ans  der  indischen  Kulturwelt  (Stuttgart,  1901,  in-8),  Neue 
Gedichte  (Berlin,  1903,  in-8),  etc.  ; — ■  Gustav  Saran,  écrivain  allemand, 
mort  à  la  fin  de  septembre  à  Halle-sur-la-Saale,  à  l'âge  de  75  ans,  lequel 
a  publié  divers  ouvrages  sur  le  droit  ecclésiastique;  —  Dr.  Friedrich 
ScHOTTE, ancien  professeur  de  construction  de  machines  agricoles  à  l'Ecole 
technique  supérieure  de  Berlin,  mort  en  cette  ville,  en  octobre,  à 
l'âge  de  81  ans;  — ■  Dr.  Christian  Sehrwald,  ancien  conservateur  de  la 
bibliothèque  d'Altenbourg,  mort  le  6  octobre  à  Eisenach,  à  l'âge  de 
^4  ans,  lequel  laisse  des  ouvrages  d'histoire  littéraire  ;  —  Hans  Strehl, 
chargé  de  cours  de  chirurgie  à  l'Université  allemande  de  Koenisberg, 
mort  en  octobre  à  Neubabeisberg,  à  40  ans;—  Dr.  Ernst  von  Tavel,  pro- 
fesseur de  chirurgie  à  l'Université  suisse  de  Berne, mort  dans  les  environs  de 
Genève,  en  octobre,  à  50  ans;  —  le  célèbre  compositeur  catholique  belge 
Edgar  Tinel,  maître  de  chapelle  de  la  Cour,  directeur  du  Conservatoire 
royal,  à  Bruxelles, ancien  directeur  de  l'École  de  musique  sacrée  de  Malines, 
mort  à  Bruxelles,  le  28  octobre,  à  58  ans,  lequel  avait  réussi  à  réformer 
complètement  en  Belgique  la  musique  religieuse  et  dont  on  vante,  entre 
autres  compositions,  le  bel  oratorio  Franciscus,  qui  fut  exécuté  dans 
toutes  les  grandes  villes  de  Belgique  et  de  l'étranger,  ainsi  que  la  légende 
dramatique  Sainte  Catherine  d'Alexandrie,  représentée  en  1909  au  théâtre 
royal  de  la  Monnaie  ;  —  Dr.  Hermann  F.  Wiede,  membre  de  l'Institut 
de  physique  technique,  mort  en  septembre  à  New-York,  à  60  ans;  — 
Adolphe  Wàmpse,  un  des  doyens  de  la  presse  parlementaire,  mort  subi- 
tement à  Paris  au  milieu  d'octobre. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 
—  Le  4  octobre,  M.  Maspéro  explique  à  l'Académie  l'état  actuel  des  fouilles 
en  Egypte  et  les  mesures  législatives  qu'il  a  suggérées  aux  puissances 
représentées  auprès  du  Khédive.  —  Le  11,  M.  Cordier  donne  lecture 
d'une  lettre  de  M.  de  Gironcourt,  relatant  les  péripéties  de  sa  navigation 
sur  le  iNiger.  —  M.  Homolle  montre  et  explique  les  photographies  d'une 
tête  de  l'époque  romaine  découverte  à  Délos,  dans  le  lieu  dit  les  Pales- 
tres. —  M.  Salomon  Reinach  exprime  l'opinion  que  les  populations  de 
l'âge  du  renne  avaient  au  sujet  d'esprits  volants  dans  les  airs  des  idées 
qui  semblent  être  celles  des  habitants  de  la, Nouvelle-Zélande.  —  M.  Moïse 
Schwab  explique  une  encyclopédie  rabbinique  du  xiii^  siècle.  —  Le  18, 
M.  Henri  Omont  présente  à  l'Académie  la  photographie  d'un  manuscrit 


—  470  — 

grec  di  xii**  siècle  donn5  à  la  Bibliothèque  nationale  par  M.  Fenaille.  — 
M.  Morel-Fatio  explique  dans  quelles  conditions  M.  de  Heredia  avait 
traduit  le  manuscrit  original  de  la  Véridique  Histoire  de  la  conquête  du 
Mexique,  par  Bernai  Dia^  del  Castillo,  dont  il  avait  fait  photographier 
un  feuillet,  et  fait  remarquer  que  les  éditeurs  successifs  de  ce  manuscrit 
ne  semblent  pas  tenir  compte  des  travaux  de  l'académicien  français.  — 
M.  Babelon  explique  que  le  mot  «  Monnaie  »  vient  du  nom  d'une  déesse 
latine,  Junon  Moneta,  dont  le  temple,  gardé  par  les  célèbres  oies  du 
Capitole,  contenait  les  trésors  pris  sur  les  ennemis  par  les  Romains,  et 
était  situé  auprès  d'un  atelier  minutaire.  —  Le  23,  M.  le  marquis  de 
Cerralba  décrit  les  fouilles  qu'il  a  entreprises  et  au  cours  desquelles  il  a 
découvert  les  traces  d'une  grande  ville  ibérique,   Alcobriga. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 
— •  Le  12  octobre,  M.  Lacjur-Gayet  analyse  un  travail  de  M.  Vesnitch, 
ministre  de  Serbie  à  Paris,  sur  le  cardinal  Alberoni,  pacifiste.  —  M.  Mau- 
rice Bellom  lit  un  mémoire  intitjlé  :  Y  a-t-il  une  faillite  sociale  en  Alle- 
magne? — •  Le  19,  M.  Henri  We'schinger  lit  des  fragments  de  la  vie  de 
Henri  Brulard,  autobiographie  de  Stendhal.  — •  M.  Louis  Passy  donne 
lecture  d'un  mémoire  sur  la  psychologie  de  Napoléon  pendant  la  retraite 
de  Russie  et  sur  l'opinion  qu'avait  de  lui  Kléber. 

Concours. —  L'Académie  des  sciences  de  Berlin  met  au  concours  pour  le 
prix  von  Miloszewski  (4.500  francs)  à  décerner  en  1915  (délai, i^iSl  décembre 
1914)  un  exposé  historique  du  problème  de  la  causalité  théorique  depuis 
Descartes  et  Hobbes  jusqu'à  Stuart  Mill  et  même  jusqu'à  Lotze,  Fech- 
ner,  Sigwart,  Helmholtz  et  KirchhofT.  Les  mémoires  destinés  au  concours, 
anonymes  et  pourvus  simplement  d'une  devise,  pourront  être  écrits  en 
allemand,  latin,   français,   anglais  ou  italien. 

Prix.  — ■  L'Académie  des  sciences  de  Berlin  a  décerné  le  prix  Diez 
(2.050  francs)  à  M.  K.  Nyrop,  pour  sa  Grammaire  historique  de  la  langue 
française. 

Almanachs  pour  1913.  — •  Celui  que  nous  devons  recommander  en 
premier  lieu  et  tout  particulièrement  est  VAlmanach  du  Bon  Français, 
édité  depuis  24  ans  par  la  Société  bibliographique.  Il  tranche  sur  la  bana- 
lité du  genre  en  ce  sens  qu'il  est  sérieusement  composé  et  que  les  niai- 
series et  les  inutilités  en  sont  exclues.  Petit  volume  à  conserver  et  que 
l'on  aimera  à  revoir  de  temps  à  autre.  La  charité  ne  consiste  pas  seu- 
lement à  venir  en  aide  matériellement  aux  classes  déshéritées,  elle  s'af- 
firme encore,  de  la  part  des  favorisés  de  la  fortune,  en  procurant  aux 
masses  des  lectures  saines,  réconfortantes,  instructives.  Or,  VAlmanach 
du  Bon  Français  mérite  de  figurer  en  excellente  place  parmi  les  lectures 
ayant  cette  triple  qualité.  De  plus,  par  son  priv;  minime,  il  peut  être 
largement  répandu  dans  les  milieux  ouvriers  de  toutes  sortes,  de  la  ville 
et  de  la  campagne.  Mais  il  ne  faut  pas  s'y  tromper  :  cette  publication 
sera  lue  avec  plaisir  et  non  sans  utilité  même  dans  les  milieux  supé- 
rieurs. Il  se  présente  donc  comme  un  ami  pouvant  être  reçu  à  la  fois, 
sympathiquement,  au  château  ou  dans  la  chaumière.  Voici,  du  reste,  un 
aperçu  de  sa  physionomie  :  Le  Protectorat  français  au  Maroc  (avec  une  gra- 
vure).— Les  Petites  Sœurs  de  V Assomption  (1  grav.). — -Les  Commandements 
du  parfait  politicien,  d'après  Alphonse  Karr.  —Le  Recensement  de  la  popu- 
lation française  en  1911.  — •  Deux  Catastrophes  et  un  accident  de  chemin  de  fer 
(1  grav.). — -Pour  la  défense  des  églises  de  France.  Une  Conférence  de  M.  Mau- 


-  471  -  ,  _ 

rice  Barrés.  — Les  Victimes  de  la  Révolution.  —  Le  Naufrage  du  «  Titanic  » 
(1  grav.)- — Histoire  des  bandits  anarchistes  (1  grav.). —  Le  500*^  Anniversaire 
de  la  naissance  de  Jeanne  d' Arc.  La  Fête  de  la  libératrice  de  la  Patrie. — La 
Bataille  de  Denain  (1712).  Célébration  de  son  bi- centenaire.  Un  Monument 
<iu  maréchal  de  Villars.  —  La  Perte  du  «  Vendémiaire  »  (1  grav.).  — 
Une  Lettre  du  général  Lyautey.  —  Chez  nos  voisins  de  Belgique.  Supério- 
rité sociale  et  commerciale  du  gouvernement  catholique  sur  le  gouvernement 
libéral.  —  La  Guerre  italo-turque  (1  grav.).  ■ — •  Les  Soutanes  ensanglantées. 
—  Les  Armes  des  catholiques,  etc.  (Paris,  Société  bibliographique,  5, 
rue  Saint-Simon,  VIF  arr.,  in-12  de  72  p.,  illustré.  —  Prix  :  l'exemplaire 
0  fr.  15;  franco,  0  fr.  20;  la  douzaine,  1  fr.  60;  franco,  2  francs;  le  cent 
12  francs;  franco,   13  fr.   50;   le  mille  (port  en  sus),   100  francs). 

—  V Almanach  Hachette  (10^  année)  (in-12  de  432-96  p.,  avec  des  gravu- 
res, portraits  et  cartes,  en  grand  nombre. — Prix  :  1  fr.  50;  cartonné,  2  fr.) 
est  certainement  le  roi  des  alnianachs  :  nous  l'avons  dit  déjà.  Il  mérite 
d'être  collectionné,  car,  les  années  peuvent  s'écouler,  il  reste  toujours 
«  la  petite  encyclopédie  populaire  »  dans  laquelle  on  retrouve  souvent 
des  choses  oubliées  et  qui  ont  leur  utilité  ou  même  leur  importance. 
Parmi  les  articles,  tous  intéressants  à  titres  divers,  que  nous  remarquons 
dans  V Almanach  Hachette  de  1913,  il  convient  de  mentionner  :  Les  Fée- 
ries de  réclipse.  —  Les  Cimetières  du  ciel.  —  D'où  viennent  les  étoiles 
filantes?  —  Icebergs  et  banquises.  —  Le  Feu  au  milieu  des  glaces.  —  Si 
Von  ne  mourait  pas/  —  Les  Mystérieuses  Révélations  de  la  grande  pyra- 
mide. —  Les  Animaux  lumineux.  —  Articles  divers  sur  la  Médecine  et 
VHygiène.  —  Les  Forces  inconnues.  —  Lisons  lentement.  —  Femmes  de 
lettres  contemporaines.  —  Hans  Holbein.  —  Le  Musée  de  Lille.  —  Le 
Maroc.  ■ — -  Pour  habiter  une  maison  à  soi.  ■ — •  Prouesses  de  héros.  —  Les 
Rois  de  l'air.  ■ —  Dictionnaire  de  l'aviation,  etc. 

• — ■  Nous  signalerons  ensuite  diverses  catégories  d'almanachs:  Almanach  des 
patronages  (14«  année,  gr.  in-8  de  62  p.,  illustré,  0  fr.  50),  avec  cette 
remarque  que  le  texte  de  cet  almanach  a  été  intégralement  utilisé  pour 
V Almanach  de  la  jeunesse  de  France  (12^  année,  gr.  in-8  de  62  p.,  illustré, 
0  fr.  50).  Tous  deux  se  vendent  39,  rue  du  Four,  à  Paris.  ■ — •  A  la 
Librairie  Saint-François  à  Paris,  l'en  trou\era  V Almanach  franciscain 
(13"  année,  gr.  in-8  de  80  p.,  illustré,  0  fr.  50).  —  La  Société  de  Saint- 
Vincent  de  Paul  nous  offre  les  cinq  almanachs  qu'elle  édite  régulièrement 
chaque  année,  savoir  :  Le  Soldat  (in-12  de  64  p.,  illustré,  0  fr.  25);  Le 
Coin  du  feu  (in-12  de  64  p.,  illustré,  0  fr.  25);  Almanach  de  l'atelier 
(petit  in-16  de  112  p.,  avec  grav.,  0  fr.  20);  Almanach  du  laboureur 
(petit  in-16  de  112  p.,  0  fr.  20)  et  Petit  Almanach  de  l'écolier  (in-32  de 
61  p.,  avec  grav.,  0  fr.  05).  • —  Enfin,  de  la  Société  de  Saint- Augustin, 
nous  rappellerons  ceux  de  ses  almanachs  qui  nous  sont  parvenus  :  Al- 
manach catholique  de  France  (34"  année,  in-4  de  80  p.,  avec  une  chro- 
molithographie et  des  grav.,  0  fr.  50);  Almanach  illustré  des  familles 
(in-4  de  80  p.,  avec  une  chromolithographie  et  des  grav.,  0  fr.  50); 
Almanach  du  Sacré-Cœur  (15^  année,  in-4  de  80  p.,  illustré,  0  fr.  50); 
Le  Grand  Almanach  populaire  (in-8  de  64  p.,  illustré,  0  fr.  30);  Alma- 
nach de  la  Sainte- Famille  (in-8  de  80  p.,  illustré,  0  fr.  30);  Almanach 
des  enfants  de  Marie  (in-8  de  78  p.,  illustré,  0  fr.  30);  Almanach  pour 
tous  (petit  in-4  de  64  p.,  avec  grav.,  0  fr.  25);  Almanach  du  nouveau 
siècle  (petit  in-4  de  64  p.,  avec  grav.,  0  fr.  20).  d-^jiJ;}  4£r\^: 'H '^  *''^ 
Paris. —  Signalonsl'^genrfaP.-Z-.-M.  pour  1913  (Paris,  àlagare  du  P.-L.-M-, 


;— 472  --        , 

service  de  la  publicité,  bureau  de  renseignements  et  bibliothèques,  bu- 
reaux-succursales, bibliothèques  des  gares  du  réseau,  etc.,  gr.  in-8  de 
22<S-Lxiv  p.,  avec  12  cartes  postales  détachables  en  4  planches,  de  très 
nombreuses  illustrations,  19  grav.  hors  texte,  dont  2  aquarelles  et  2  pas- 
tels. —  Prix  :  1  fr.  50).  En  dépit  de  son  prix,  qui  est  resté,  le  même, 
cette  publication  est  encore  supérieure,  au  point  de  vue  artistique,  à  la 
précédente,  car  si  tout  le  reste  est  aussi  soigné,  l'Agenda  de  1913  ren- 
ferme, ce  qu'il  n'avait  pas  l'an  dernier,  4  admirables  planches  en  cou- 
leurs et  une  valse  inédite  pour  piano  :  Sur  la  Méditerranée,  par  M.  Pesse. 
Dans  la  première  partie,  on  trouve  les  nouvelles  et  notices  suivantes- 
illustrées  à  profusion,  avec  un  goût  irréprochable  :  Le  Palais  de  Fon- 
tainebleau, par  M.  G.  d'Esparbès;  —  La  Légende  et  les  monuments  de 
la  vallée  du  Rhône,  par  M.  P.  Mariéton;  —  Mémoires  et  récits  de  M.  Fr.. 
Mistral;  -^  L'Héritier,  par  M.  G.  Courteline;  ■ —  UOisans,  par  M.  H. 
Ferrand;  —  La  Flore  alpestre  et  exotique  sur  le  P.-L.-M.,  par  M.  M.  Le 
Roux;  —  La  Mort  du  père,  par  Villy;  —  V Hiver  et  le  printemps  à  la 
Côte- d'Azur,  par  M.  G.  Eiffel;  —  Les  Voyages  pratiques,  par  M.  Franc- 
Nohain;  —  La  Métallurgie  du  réseau  P.-L.-M.,  par  M.  L.-J.  Gras;  — 
Un  Ordre,  par  le  com*  Driant;  —  La  Tunisie,  par  M.  N.  Ségur;  —  Le 
Nouveau  Matériel  de  la  Compagnie  P.-L.-M.  • —  Le  reste  de  l'Agenda, 
outre  un  calendrier  orné  de  105  dessins  humoristiques,  où  l'on  peut  ins- 
crire des  notes,  se  compose  de  renseignements  généraux,  d'indications 
relatives  aux  voyages  de 'vacances,  aux  excursions,  a  illégiatures,  stations 
thermales,  balnéaires  et  hivernales.  Œuvre  de  grande  utilité  à  coup  sûr^ 
mais  aussi  œuvre  littéraire  et  artistique  :  c'est  une  collection  à  former 
et  qui,  plus  tard,  aura  son  intérêt  et  sa  valeur. 

—  L'évêque  d'Orléans,  Théodulfe,  qui  fut  aussi  abbé  de  Saint-Penoît- 
sur-Loire,  entre  autres  décorations  dont  il  avait  orné  son  palais,  avait 
fait  peindre  une  mappemonde.  M.  A.  Vidier  pense  en  avoir  retrouvé 
une  copie  dans  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  vaticane,  qui  provient 
de  l'ancienne  abbaye  de  Ripoll  que  des  relations  assez  suivies  rattachè- 
rent à  l'abbaye  de  Fleury  et  à  l'Orléanais  au  \i^  siècle,  date  du  ma- 
nuscrit. II  expose  les  raisons  sérieuses  de  cette  identification  dans  un 
article  du  Bulletin  de  géographie  historique  et  descriptive  (1911,  n°  3) 
intitulé  :  La  Mappemonde  de  Théodulfe  et  la  mappemonde  de  Ripoll  (ix^- 
xie  siècle).  (Tiré  à  part  :  Paris,  Imp.  nationale,  1911,  in-8  de  31  p., 
carte  et  fac-similé.). 

—  Le  rapport  d'un  espion  espagnol  sur  les  armements  de  Jacques  Cartier 
en  1541,  récemment  mis  au  jour  par  M.  R.  Hâpke,  fournit  à  M.  Ch.  delà 
Roncière,  qui  nous  en  donne  un  texte  plus  correct,  l'occasion  de  refaire 
l'historique  de  Notre  première  Tentative  de  colonisation  au  Canada  (Extrait 
delà  Bibliothèque  de  VÉcole  des  chartes,  t. LXXIII.Paris;Nogent-le-Rotrou, 
Daupeley-Gouverneur,  1912,  in-8  de  20  p.). 

• —  Grâce  à  la  publication  récente  d'un  Journal  tenu  de  1658  à  1799^ 
M.  Georges  Daumet  a  pu  compléter  et  sur  quelques  points,  rectifier  la  notice- 
qu'il  avait  donnée  au  t.  XXXVII  des  Mémoires  de  la  Société.de  Vhistoire  de 
Paris  sur  Un  Couvent  franciscain  anglais  à  Paris,  les  religieuses  de  V Imma- 
culée-Conception (Couvin,  Maison  Saint-Roch;  Paris,  Librairie  Saint- 
François,  1912,  in-8  de  38  p.).  Ces  religieuses  appartenaient  primitivement 
au  couvent  du  tiers-ordre  fondé  à  Nieuport  et  avaient  dû,  devant  la  dimi- 
nution des  ressources  de  la  maison,  aller  chercher  un  asile  ailleurs  ;  ne 
l'ayant  pas  trouvé  à  Orléans,  elles  s'installèrent  à  Paris,  s'affilièrent  en  1661 


—  473  — 

à  l'ordre  de  l'Immaculée-Conception  dont  elles  prirent  le  vêtement  quf 
leur  valut  le  nom  de  Nonnes  bleues,  et  ne  furent  pas  atteintes,  au  début,  par 
les  mesures  révolutionnaires;  cependant  le  temps  vint  où  elles  furent  jetées 
en  prison,  et  quand  elles  en  sertirent  et  recouvrèrent  leurs  biens,  sans- 
d'ailleurs  pouvoir  se  recruter,  ce  ne  fut  pas  pour  longtemps.  Le  Directoire 
ne  tarda  pas  à  les  dépouiller  et,  en  1800,  elles  durent  regagner  l'Angleterre  où 
la  tolérance  commençait  à  se  faire  sentir. 

—  Notre  collaborateur  M.  E.  Chailan  vient  de  publier  (Paris,  J.  de  Gigord^ 
1912,  in-8  de  156  p.  et  nombreuses  figures.  —  Prix  :  2  fr.  50)  une  Géométrie- 
descriptive,  classe  de  première  C  et  D.  Les  questions  du  programme  de  1912, 
et  elles  seules  sont  traitées  dans  ce  volume.  L'exposé  géométrique  de  chaque 
question  précède  toujours  la  représentation  du  résultat  qui,  régulièrement, 
est  donné  d'abord  en  géométrie  à  deux  projections,  puis  en  géométrie  cotée.. 
Nous  souhaitons  cordialement  à  ce  livre  un  succès  pareil  à  celui  obtenu  par 
les  autres  ouvrages  de  M.  E.  Chailan. 

— ■  M.  Eloi  Lussan  publie  un  Deuxième  Essai  de  démonstration  générale 
du  théorème  de  Fermât  (Pau,  Ribaut,  1912,  in-8  de  93  p. —  Prix  :  1  fr. 
Sa  démonstration  n'est  pas  générale,  car  il  suppose  que  si  des  nombres 
sont  premiers  entre  eux  un  est  pair  et  les  deux  autres  impairs. 

• —  De  la  collection  si  appréciée  que  la  maison  Mame  publie  sous  le  titre 
de  :  Pour  tous,  nous  avons  encore  à  signaler  deux  ouvrages  qui  ont  été- 
édités  précédemment  dans  un  format  de  luxe,  en  vue  des  étrennes,  aux  prix 
de  5  fr.  et  9  fr.,  savoir  :  1°  Les  Petits  Drames  du  poste,  par  M.  Jean  Drault 
(in- 12  cartonné  de  299  p.,  avec  des  illustrations  de  Charly  et  Guido.' — 
Prix  :  1  fr.  50).  Les  onze  récits  qui  composent  ce  volume  sont  écrits  avec  la 
verve  coutumière  de  l'auteur;  le  Polybiblion  en  a  donné  l'analyse  dans  sa 
livraison  de  décembre  1904  (t.  CI,  p.  510)  ; — l^U Année  terrible.  Les  Derniers 
Coups  de  feu.  L'Armée  de  la  Loire,  par  M.  Jules  Mazé  (in-12  cartonné  de 
344  p.,  illustré.  —  Prix  :  1  fr.  50).  Nous  avons  consacré  à  ce  livre  un  assez 
long  article  que  l'on  retrouvera  dans  notre  livraison  de  décembre  1908 
(t.  cm,  p.  494-495).  Nous  disions  alors  et  nous  répéterons  aujourd'hui  que 
c'est  «  un  récit  où  vibre  un  ardent  patriotisme,  une  relation  dans  laquelle 
les  faits  sont  présentés  sous  cette  forme  à  la  fois  historique  et  anecdotique 
qui  frappe  les  jeunes  gens  et  fait  pénétrer  dans  leur  esprit  la  mémoire  des- 
événements et  les  leçons,  les  enseignements  qu'il  comportent.  » 

Bretagne.  • —  M.  Adolphe  Orain  a  publié  récemment  un  opuscule  inti- 
tulé :  Le  Séjour  en  Bretagne  de  célébrités  littéraires  et  scientifiques  (Vannes, 
imp.  Lafolie  frères,  s.  d-,  in-8  de  10  p.).  Brièvement,  il  nous  entretient  de 
Honoré  de  Balzac,  Victor  Hugo,  Charles  Nodier,  Jules  Janin,  Gérard  de 
Nerval,  Joseph  Bertrand,  Henry  Murger,  Albert  Glatigny,  Villiers  de  l'Jsle- 
Adam,  Alexandre  Dumas  père  et  Henri  Houssaye.  Nous  n'examinerons 
pas  les  diverses  notices  de  M.  J.  Orain;  nous  lui  demanderons  seulement  la 
permission  de  lui  faire  observer,  à  propos  de  Charles  Nodier,  que  ses  suppo- 
sitions sont  mal  fondées  :  ce  n'est  pas  en  Bretagne  (de  1837  àl842)  que  cet 
écrivain  a  connu  Luczot  de  la  Thébaudais;  en  effet,  celui-ci  nommé,  en 
l'an  II,  ingénieur  ordinaire  des  ponts  et  chaussées  à  Besançon,  se  lia  avec 
Nodier,  en  cette  ville  même,  en  1794  ou  1795,  si  bien  qu'en  1797  (an  VI)  les- 
deux  amis  publiaient  en  collaboration  un  ouvrage  intitulé  -.Dissertation  sur 
Vusage  des  antennes  dans  les  insectes  et  sur  l'origine  de  Vouïe  dans  les  mêmes 
animaux  (Besançon,  imp.  Briot).  Cette  rectification,  cela  va  de  soi,  ne  di- 
minue en  rien  l'intérêt  de  la  brochure  de  M.  A.  Orain. 

Franche-Comté.  —  H  y  a  douze  ans  que  le  Vieux  Besançon  de  M.  Gas- 


.    __  474  — 

Ion  Coiiidro  est  ea  cours  de  publication.  L'ouvrage,  actuellement  achevé, 
comprend  six  gros  fascicules  formant  trois  volumes,  paginés  sans  interrup- 
tion de  1  à  1464.  D'aucuns  pourront  considérer  cette  méthode  comme  sin- 
gulière; en  y  regardant  de  près,  cependant,  elle  n'est  pas  sans  offrir  un  avan- 
tage appréciable  en  ce  qui  concerne  l'établissement  des  tables  :  pas  besoin 
d'indication  des  tomes;  la  page,  cela  suffît.  Et  ce  n'était  pas  une  petite  af- 
affaire  que  de  dresser  les  trois  tables  que  l'on  trouve  ici,  savoir  :  tidsle  des 
noms  cités  (20  pages  à  3  colonnes),  table  des  rues,  places,  sociétés  ou  con- 
fréries, établissements  divers,  etc.  (10  pages  à  3  colonnes)  et  enfin  table  des 
illustrations  qui  pullulent  à  ce  point  que  certains  fascicules  présentent  la 
physionomie  d'un  luxueux  album  (8  pages  à  2  colonnes).  Ces  tables  ter- 
minent donc  le  dernier  fascicule  de  Mon  Vieux  Besançon,  histoire  pittoresque 
et  intime  d'une  ville  qui  vient  de  paraître  (Besançon,  Jacques  et  Demon- 
trond,  gr.  in-8  paginé  1289-1464,  avec  de  nombreuses  gravures.  —  Prix  : 
6  fr.)  et  que  l'auteur  a  consacré  aux  environs  de  Besançon.  Ces  environs, 
il  convient  de  le  noter,  peuvent  supporter,  sans  désavantage,  la  compa- 
raison avec  ceux  de  la  plus  favorisée  des  villes  de  France  sous  ce  rapport, 
car  les  sites  parcourus  ici  sont  tous  charmants  et  quelques-uns  admirables. 
Au  fur  et  à  mesure  de  leur  publication,  nous  avons  mentionné,  à  cette  place 
même,  les  fascicules  précédents,  et,  en  décembre  1909  (t.  CXVI,  p.  489-496), 
nous  avons  parlé  plus  longuement  des  deux  premiers  volumes  parus.Nous 
ne  saurions  mieux  faire  aujourd'hui,  que  rappeler  ce  que  nous  disions  alors 
de  ce  beau  livre  écrit  et  illustré  par  M.  G.  Coindre  :  Mon  Vieux  Besançon 
séduira  tous  les  amateurs  des  choses  provinciales;  de  plus,  il  mérite,  l'heure 
des  étrennes  étant  prochaine,  d'être  offert  comme  cadeau  aux  bibliophiles 
qui  recherchent  les  éditions  véritablement  artistiques. 

— •  Lorsque  nous  est  parvenu  le  fascicule  numéroté  1-2  du  tome  XXII 
de  la  Bévue  bourguignonne,  formé  uniquement  des  Ordonnances  franc- 
comtoises  sur  r administration  de  la  justice  (1343-1477)  dont  la  publication 
était  due  à  M.  E.  Champeaux,  nous  en  avons,  sans  tarder,  parlé  dans  notre 
Chronique  d'août  dernier  (t.  CXXV,  p.  187).  Or,  cet  excellent  ouvrage,  édité 
à  part  (Paris,  Picard  et  fils;  Dijon,  Nourry,  1912,  in-8  de  lxvii-271  p.  — 
Prix  :  12  fr.)  vient  de  nous  parvenir;  en  avisant  de  ce  fait  nos  lecteurs, 
nous  n'avons  plus  qu'à  les  renvoyer  à  la  notice  prérappelée. 

—  M.  Léon  Gauthier  a  donné  au  Bulletin  de  la  Société  française  d'histoire 
de  la  médecine  de  juin  1912,  avec  une  intéressante  Introduction  de  8  pages, 
des  Fragments  de  correspondance  de  Jacques  Coitier,  médecin  de  Louis  XI, 
qu'il  a  fait  ensuite  tirer  à  part  (Paris,  chei  le  secrétaire  général  du  Bulletin, 
16,  rue  Bonaparte,  1912,  petit  in-8  de  24  p.).  Cette  correspondance  se  com- 
pose de  24  lettres  en  latin  (17  adressées  à  Coitier  et  7  écrites  par  lui),  «  copiées 
rapidement  et  sans  soin  par  un  scribe  inconnu  »  sur  dix  feuillets  de  papier 
insérés  dans  le  Catalogue  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  Boy,  publié 
en  1744  (manuscrit  n^  4831  du  fonds  latin  de  la  Bibliothèque  nationale). 
Ces  lettres,  tout  en  établissant,  une  fois  de  plus,  la  haute  estime  en  laquelle 
Louis  XI  tenait  son  médecin  comtois  et  la  grande  faveur  dont  il  jouissait 
auprès  de  lui,  en  dépit  de  son  avidité  bien  connue,  jettent  sur  le  caractère 
de  Coitier  et  sur  sa  valeur  comme  médecin  un  jour  plutôt  avantageux. 
En  terminant  son  Introduction,  M.  L.  Gauthier  émet  l'avis  que  ces  docu- 
ments offrent  un  intérêt  considérable  pour  les  historiens  de  la  médecine 
ancienne,  qui  pourront  en  tirer  parti  «  tant  pour  l'histoire  de  Jacques 
Coitier  que  pour  celle  des  mœurs  médicales  et  de  la  thérapeutique  au 
moyen  âge  ». 


—  475  — 

—  Un  magistrat  poète,  c'est  M.  Ch.  Thuriet,  qui  nous  envoie  deux  nou- 
velles plaquettes.  Le  Chant  de  la  vieille  cathédrale,  petit  poème  gothique  [Bg- 
sançon,  imp.  Jacques  et  Demontrond,  1912,  in-8  de  10  p..  Extrait  du  Bul- 
letin de  r Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Besançon)  est  une 
œuvre  excellente  à  tous  les  points  de  vue,  où  l'auteur  met  en  scène  tour  à 
tour  certains  morts,  des  pierres,  des  statues,  des  peintures,  les  cloches, 
enfin  la  croix,  à  qui  il  donne  une  voix.  Il  semble  bien  que  c'est  la  cathédrale 
de  Milan  qui  a  inspiré  M.  Thuriet  et  parfaitement  inspiré,  certes.  —  Très 
bons  aussi  les  vers  profondément  religieux  que  le  mémo  poète,  qui  habite 
Turin,  a  fait  imprimer  sous  \eiiire:  Hy perd ulie  (Giaveno,  Scuola  tipogra- 
fica,  1912,  in-32  de  8  p.)  et  qui  sont  un  fervent  hommage  rendu  à  Jésus  sur 
la  croix  et  à  sa  sainte  Mère. 

Lorraine.  —  Dans  sa  séance  publique  du  30  mai  1912,  l'Académie 
-de  Stanislas  de  Nancy  recevait  trois  membres  nouveaux.  La  Béponse  que 
le  président  annuel,  M.  Georges  Parisot,  a  faite  aux  récipiendaires, 
MM.  E.  Duvernoy,  L.  Schaudel,  P.  de  Lallemant  de  Mont  (Extrait  des 
Mémoires  de  V Académie  de  Stanislas  (Nancy,  imp.  Berger-Levrault,  1912, 
in-8  de  24  p.)  n'apprécie  pas  simplement  leurs  mérites  distinctifs.  On  y 
note,  entre  autres  choses,  un  curieux  rapprochement  entre  le  sort  de  la 
Lorraine  et  celui  de  la  Pologne,  un  passage  sur  le  caractère  religieux  des  mé- 
galithes et  des  considérations  sur  le  rôle  du  groupement  social  et  sur  la 
limitation  qu'il  apporte  à  la  liberté  individuelle. 

Normandie.  — •  Dom  P.  Denis,  qui  poursuit  inlassablement  ses  recherches 
sur  l'histoire  de  la  Congrégation  de  Saint-Maur,  nous  fait  connaître,  d'après 
les  matricules  conservés  àSolesmes  et  qu'il  a  comparés  avec  d'autres  docu- 
ments, les  Bénédictins  de  la  Congrégation  de  Saint-Maur,  originaires  de 
V  ancien  diocèse  de  Séez  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéo- 
logique de  l'Orne.  Alençon,  Imp.  alençonnaise,  1912,  in-8  de  77  p.). -Aux 
indications  naturellement  un  peu  sèches  fournies  par  les  matricules,  Dom 
Denis  a  ajouté,  pour  un  certain  nombre  de  religieux,  des  notes  biographiques 
que  l'on  consultera  avec  profit.  On  ne  peut  que  souhaiter  de  voir  l'érudit 
bénédictin  nous  donner  un  semblable  travail  pour  d'autres  provinces,      t^ 

Italie.  —  En  1905,  la  librairie  Hoepli,  de  Milan,  publiait,  dans  sa 
grande  collection  de  Manuels,  un  excellent  traité  de  M.  Giuseppe  MalagôH 
SUT  la  bonne  prononciation  de  la  langue  italienne  et  sur  l'orthographe 
italienne  si  incertaine,  comme  l'on  sait,  sur  bien  des  points  :  Ortoepia  e 
ortografia  italiana  moderna.  Ce  petit  livre,  écrit  principalement  en  vue  du 
public  d'outre-monts,  mais  dont  il  va  sans  dire  que  le  lecteur  étranger  peut 
tirer  grand  profit,  eut  un  succès  mérité  et  il  vient  d'en  être  donné  une 
seconde  édition  (1912,  in-16  de  xx-294  p.),  améliorée  et  sensiblement 
augmentée.  Le  plan  de  l'ouvrage  et  l'ordre  même  des  chapitres  sont  restés 
identiquement  les  mêmes,  mais  plusieurs  de  ces  chapitres  ont  été  l'objet 
d'importantes  modifications,  notamment  le  chapitre  annexe  sur  les  trans- 
.criptions  phonétiques;  quelques  pages  même  ont  été  ajoutées,  sur  les  tra- 
vaux du  second  congrès  de  la  «  Societâ  ortografica  italiana  »,  qui  s'est  tenu 
a  Rome  l'an  dernier.  L'index  analytique,  où  sont  relevés  tous  les  mots  cités 
dans  le  corps  du  livre,  a  été  presque  doublé. 

—  A  la  même  librairie  et  dans  la  même  collection,  paraissait  presque 
en  même  temps  une  nouvelle  édition  du  Lexicon  ahhreviaturarum  ou 
Dizionario  di  abbreviature  latine  ed  italiane,  de  M.  Adriano  Cappelli  (1912, 
in-î6  de  lxviii-529  p.),  ouvrage  dont  il  n'y  a  plus  à  faire  l'éloge;  ce  manuel 


—  476  —  • 

avait  paru  pour  la  première  fois  en  1899,  et  une  édition  allemande  ère 
avait  été  donnée  en  1901.  à  Leip^.ig.  Sur  certains  points,  c'est  presque  un 
nouveau  livre  que  cette  réédition.  Outre  que  deux  nouveaux  fac-similés, 
avec  transcription,  ont  été  ajoutés  aux  quatre  précédents,  un  plus  grand 
dévelc  ppoment  a  été  donné  à  la  série  des  ahréviations  épigraphiques, 
parmi  lesquelles  ont  été  introduits  bon -nombre  de  sigles  en  usage  à  l'épo- 
que (  hrétienne.  Nul  doute  que  cette  nouvelle  édition  obtienne,  auprès 
des  paléographes  et  des  épigraphistes,  et  principalement  auprès  des  étu- 
diants, le  même  succès  que  la  précédente. 

—Vingt-sept  élèves  de  M.  Fabio  Besta  se  sont  entendus  pour  fêter,  par  la 
publication  d'un  recueil  de  mélanges,la  quarantième  arinée  de  son  ensei- 
gnement :  Moiwgrafie  édite  in  onore  di  Fabio  Besta  nel  40.  anniversario  del 
suo  insegnamento  (Milano  ,T.  Vallardi,  1912,  1  vol.  en  2  t.  in-8  de  xv-914  p., 
avec  portrait).  Voici  la  liste  des  mémoires  contenus  dans  ce  recueil;  ils- 
montrent  combien  a  été  féconde  la  méthode  du  savant  professeur  de  comp- 
tabilité :  Alfieri  (Vittorio)  :  La  Scrittura  nel  controllo  economico;  ■ —  Caron- 
cini  (Lauro)  :  //  Ducato  di  Milano  sotto  la  dominazione  austriaca  :  ordina- 
mento  amministrativo-contabile;  ■ —  Cerri  (Filiberto)  :  La  Rijorma  del  gior- 
nale-niastro;  —  Cinque  (Ettore  Maria)  :  Contributo  alla  teoria  tecnico-legale 
degl'interessi;  —  Civello  (Emanuele)  :  Scritture  contabili  d'una  vasta 
azienda  signorile;  ■ —  Cova  (Giovanni)  :  /  conti  dijferenziali  nei  diversi  siste- 
mi  di  scritture; ■ — Dabbene  (Agostino)  :  Note  sulV ordinamento  amministra- 
tiva-contabile  di  un  azienda  signorile;  ■ —  D'Alvise  (Pietro)  :  Conti  bilaterali^ 
unilateraii,  plurilaterali  :  srittura  doppia;  —  Ghidiglia  (Carlo)  :  La  Vigi- 
lanza  sulV  amministrazione  economica  dello  Stato;  —  Grassellini  ^Ezio)  : 
Tavole  geometriche  per  la  soluzione  grafica  di  alcuni  problemi  di  aritmetica 
finanziaria;  ■ —  La  Barbera  (Rosario)  :  Sul  bilancio  e  sul  rendiconto  dello 
Stato  :  —  Margini  (Silvio)  :  La  Statistica  nei  riguardi  délie  casse  diris- 
pannio;  —  Masetti  (Antonio)  :  La  Série  iUimitata  nei  metodi  di  scritture;  ■ — 
MatteUcci  (Rodolfo)  :  I  Bilanci  délie  anonime  per  quanta  riguarda  la  forma; 
—  Montacuti  (Carlo)  :  Impieghi  periodici;  ■ —  Pisani  pEmanuele)  :  La 
Missione  délia  ragioneria  negli  Stati  moderni;  —  Rosati  (Carlo)  :  L'Opéra 
esercitata  in  un  decennio  di  vita  dal  collegio  dei  ragionieri  delV  Umbria  a 
pro  degli  studi  e  délia  professione;  —  Rossi  (Giovanni)  :  La  Ragioneria;  — 
Rigobon  (Pietro)  :  Alcuni  appunti  storico-bibliografici  intorno  alla  partita 
doppia  sintetica  applicata  aile  aziende  mercantili; —  Salvatori  (Adolfo):  LAc- 
certamento  nelle  aziende  di  enti  privati;  ■ — Serrazzi  (Nino)  :  Una  caratteri- 
stica  forma  di  consorzio;  —  Stella  (Antonio):  Grazie,  pensioni  ed  elemosine 
sotto  la  repubblica  veneta;  • —  Tofani  (Alberto)  :  Perizia  giudiciale  fatta  a 
Firenze  Vanno  1460  per  il  tribunale  dicommercio;  —  Valletta (Vittorio  )  : 
Responsabilità  degli  amministratori  délie  società  anonime  in  materia  di 
bilancio;  —  Vianello  (Vincenzo)  :  Individualitâ  del  bilancio  di  compe- 
tenza;  — Virgilio  (Auguste)  :  Confronta  tra  le  formole  dei  pagamenti  periodici 
a  interesse  composto  discreto  e  le  formole  dei  pagamenti  periodici  a  interesse 
composto  conti nuo  :  discussione  eritica  e  tahelle  relative. 

Chine. — ^ l^d, N ote sur  le  climat  de  N.  D.  de  Pins  (Chang-Haï,  imp.  delà 
Mission  catholique,  in-32  de  23  p.)  est  extraite  du  Calendrier- Annuaire 
pour  1912  de  l'Observatoire  de  Zi-Ka-Wei,  dont  il  a  été  question  dans  notre 
Chronique  dc  mai  dernier  (t.  CXXIV,  p.  476-477).  «  Notre-Dame  des  Pins  » 
est  la  résidence  centrale  de  la  mission  de  la  Mongolie  orientale.  Dans  cet 
établissement,  dont  une  vue  est  donnée  avec  un  plan  orographique  de  la 


—  477  — 

région,  s'effectuent  quotidiennement  de  nombreuses  observations  météo- 
rologiques: ce  sont  les  résultats  de  ces  observations  à  partir  de  1900,  mais 
principalement  de  1908  à  1910,  avec  tableaux  et  diagrammes  à  l'appui, 
qui  font  l'objet  de  cette  brochurette.  Par  suite  d'une  distraction,  on  a  oublié 
de  rectifier  les  renvois  aux  pages  de  l'Annuaire,  14 (qui renvoie  à  la  page  152 
pour  la  page  12)  et  20  (renvoi  à  la  page  158,  pour  p.  18). 
.  Japon.  —  Tout  ce  qui  concerne  le  Japon  présente  vraiment  un  intérêt 
particulier  et  il  est  rare  d'avoir  l'occasion  de  constater  une  des  manifesta- 
tions d-i  développement  intellectuel  des  Japonais  sans  ressentir  un  réel 
sentiment  d'étonnement,  pour  ne  pas  dire  d'admiration.  L'Institut  histo- 
rique d-3  Tôkyô,  qui  correspond  à  notre  service  des  Archives  nationales, 
auquel  seraient  adjoints  le  Comité  des  travaux  historiques  au  ministère 
de  l'instruction  publique  et  l'École  des  chartes,  est  une  création  inté- 
ressante de  l'esprit  japonais  moderne.  Aussi  devons-nous  remercier  l'émi- 
nent  japonisant  qu'est  M.  Glavery  d'avoir  exposé,  dans  une  substantielle 
brochure  :  U Institut  historique  de  Tôkyô.  Shirio  Hensan  Kakari  (Paris,  Bi- 
bliothèque de  la  Société  franco-japonaise,  1912,  in-8  de  14  p.)  les  origines 
et  l'organisation  de  cet  établissement,  de  nous  avoir  fait  connaître 
les  principales  publications,  d'une  importance  considérable,  qui  en  sortent. 
Cette  étude  a  permis  incidemment  à  l'auteur  de  constater  le  peu  de  soin  avec 
lequel  nos  Archives  conservent  les  volumes  qui  lui  sont  adressés  de  l'étranger 
à  moins  que,  tout  simplement,  on  ne  doive  admettre  que  ces  documents  ne 
se  soient  égarés  entre  Tôkyô  et  Paris. 

Publications  nouvelles.  — ■  Toute  lliistoire  de  la  religion  depuis  Adam 
jusqu'à  nos  jours,  par  l'abbé  ÀHard  (2  vol.  in-16,  Vitte).  —  Études  bibliques. 
L'Ecclésiaste,  par  E.  Podechard  (gr.  in-8,  Lecoffre,  Gabalda).  —  Jésus- 
Christ,  sa  vie  et  son  œuvre,  esquisse  des  origines  chrétiennes,  par  M.  Lepin 
(in-16,  Beauchesne).  — ■  Lectures  parallèles  des  saints  Évangiles,  par  le 
baron  de  Faviers  (in-12,  Lethielleux). —  Le  Bréviaire, T^ds  le  Pv.P.  A.Velghe 
(in-12,  Lethielleux).  —  Theologiae  dogmaticae  elementa  ex  probatis  aucto- 
ribus  collegit,P.  B.  Prevel,  editio  tertia,  aucta  et  rccognita  secundum  docu- 
menta ab  Apost.  Sede  noviter  promulgata  opéra  et  studio  P.  M.  J.  Miquel 
(2  vol.  in-8,  Lethielleux).  —  Le  Problème  du  salut  des  infidèles,  essai  théolo- 
gique, par  L.  Capéran  (gr.  in-8,  Beauchesne).  —  Les  Fondements  de  la  foi, 
mémento  de  l'apologiste,  par  le  R.  P.  Mario  Laplana;  trad.  de  l'espagnol  par 
l'abbé  E.  Gerbeaud  (in-12,  Téqui).  —  Exposition  de  la  morale 
catholique.  Morale  spéciale.  IL  La  Foi.  IL  La  Vertu  de  foi  et  les  vices  qui 
lui  sont  opposés.  Carême  1912,  parle  R.  P. M. -A.  Janvier  (petit  in-8,  Lethiel- 
leux). —  Apologie  du  catholicisme  par  les  incrédules,  exposé  du  dogme,  de 
la  morale  et  du  culte  catholiques ,  "pQX  l'abbé  Augier  (in-12,  Lethielleux). — 
Œuvres  oratoires  de  l'abbé  S.  Coubé.  Gloires  et  bienfaits  de  V Eucharistie 
(petit  in-8,  Lethielleux).  —  Bossuet  moraliste,  par  P.  Bonnet  (in-12,  Lethiel- 
leux). —  Allocutions  pour  les  jeunes  gens,  par  P.Lallemand-  3^  série  (in-12, 
Téqui).  —  La  Vérité  aux  gens  du  monde,  par  J.  Tissier  (in-12,  Téqui).  — 
Ma  Journée  avec  Marie,  ou  Pratique  de  la  vie  d'intimité  avec  la  douce  Beine 
des  cœurs,  à  l'usage  des  prêtres,  des  religieux  et  religieuses,  par  le  P.  J.  de 
Lombaerde  (in-32,  Téqui).  —  L'Éducation  de  la  chasteté,  par  A.  Knoch  (in-8, 
Téqui).  —  Innocence  et  ignorance,  éducation  de  la  pureté,  par  M. -S.  GiHet 
(in-12,  Lethielleux).  —  Vers  la  vie  pleine,  à  la  suite  du  P.  Gratry, -pas  A. Gon- 
tay  (in-12,  Téqui).  —  Cours  de  droit  forestier,  par  C.  Guyot.  T.  III,  fasc.  ii 
(in-8,  Laveur).  — ■  Traité  de  droit  pénal  allemand,  par  le  D""  F.  von  Liszt; 


—  478  -- 

traci.  par  1>.  Lobstein.  T.  H,  partit-  spéciale  [in-v,  biard  et  brière).  — ■  Œu- 
vres co/itpletes  df  Maxnnilien  hobeapierre.  Première  partie.  Robespierre  à 
Arras.  T.  II.  Les  Œuvres  judiciaires,  par  É.  Lesueur  (gr.  in-8,  Leruux).  • — 
Traite  de  droit  public  international,  par  A.  i\ierigiiliac.  3^  partie.  Le  Droit  de 
ta  guerre.  T.  I.  Le  Droit  conunun  de  la  guerre.  La  Guerre  terrestre  (in-8,  Li- 
brairie générale  de  droit  et  do  jurisprudence.  —  Précis  de  philosophie,  par 
l'abbe  Levesque.  i.  Psychologie  ^iu-8,  J.  de  Gigord).  —  La  Philosophie  de 
M.  Bergson,  par  Mgr    A.   Marges    (in-12,    Maison    de    la   Bonne    presse). 

—  Œuvres  pndosophiques  choisies  de  D.  Hume;  trad.  de  l'anglais  par 
}^L.  "D a.\i(i.  ii.  Traite  de  la  nature  humaine  de    l'' entendement    (in-b,    Alcan). 

—  L,a  ixeiigion  dans  les  Limites  de  la  raison,  par  E.  Kant;  trad.  par  A.  Tre- 
mesa^vgues  ^iu-6,  Alcan;.  —  Hssai  sur  tes  apparitions  et  opuscules  divers,paiV 
A.  bclioponliauer;  trad.  par  A.  Diétrich  (in-12,  Alcan).  —  La  Liberté  de 
la  pensée,  par  u.  de  Lacaze-Dutliiers  \petit  in-8,  Alcan).  —  Avis  au  public. 
Jr'etit^  Grains  de  philosophie  à  rasage  des  jeunes  filles,  par  l'abbé  Champly 
^ui-j::,  Lethielleux). — •  Élcments  de  psychologie  e.rperimentale,  par  le  P.  J.  de 
la  Vaissière  ^petit  in-8  cartonné,  Beauchesne).  — Les  Sentiments  généreux, 
par  A.  L.ai'tault  (in-8,  Alcan). —  De  la  Préservation  morale  de  l'enfant,  par 
l'abbe  A.  Chauvin  (in- 16,  Beauchesne).  ■ —  La  Jeune  Fille  française  et  son 
avenir  \Hi-i-.,  Lethielleux).  ■ —  Les  Tentations  du  jeune  homme,  par  E.  Bru- 
neteau  (,ui-i_,  Lethielleux).  —  De  V Éducation  patriotique,  par  E.  Montier 
(in-12,  tSociété  française  d'imprimerie  et  de  librairie).  —  A  travers  le  prisme 
du  temps,  par  C.  Wagner  (in-16.  Hachette).  • —  La  Monnaie,  le  crédit  et  le 
change,  par  A.  Arnauné  (in-8,  Alcan).  —  La  Concentration  des  entreprises 
industrielles  et  commerciales,  par  A.  Fontaine,  L.  March,  P.  de  Rousiers, 
F.  Samazeuilh,  A.  Sayons,  G.  Veillât,  P.  Weiss  (in-12,  Alcan).  • —  Plans  de 
réalisation  de  la  société  future,  par  S.  Bergeret  (in-16,  Daragon).  —  Idées 
paramédicales  et  médicosociales,  par  le  D"'  Grasset  (in-16,  Plon-Nourrit).— 
Comment  se  soignaient  nos  pères.  Remèdes  d'autrefois,  par  le  D''  Cabanes. 
2^  série  (in-18,  Maloine).  —  Notions  de  chimie- physique,  par  J.  Gaillard 
(in-12,  J.  de  Gigord).  —  Cours  de  trigonométrie,  par  T.  Caronnet  (in-8, 
Gauthier- Villars).  —  Études  pratiques  des  roches,  par  T.  Rinne;  trad-  et 
adapté  par  L.  Pervinquière.  2^  éd-  revue  et  augmentée  (in-12  cartonné, 
Lamarre).  —  Préparom-nous  à  la  victoire,  par  L.  Nasi;  trad.  de  l'italien 
par  le  commandant  Painvin  (in-12,  Berger- Levrault). —  Aide-Mémoire  du 
photographe,  par  G.  Menetrat  (8  vol.  petit  in-12,  Charles-Mendel).  • —  Péchés 
primitifs  [art  et  folk-lore).  par  L.  Maeterlinck  (in- 12,  Mercure  de  France).— 
La  Divine  Comédie.  L'Enfer,  de  Dante  AHghieri;  trad.,  accompagnée  du 
texte  italien,  avec  Introduction  et  notes  par  E.  de  Lamine  (in-8,  Perrini.  — 
Légendes  d'Alsace),  pai'  G.  Spetz  (in-12,  Perrin). —  Poèmes  ardennais,  par 
H.  Dacremont  (in-16,  Plon-\Nourrit).  —  Consolations,  poèmes  en  prose, 
par  J.  Valcler  (in-16,  Figuière).  • —  Présences,  par  P.-J.  Jouve  (in-12.  Crèsl 

—  Chant  des  «  five  o'clock-tea  «,  par  H.  Frenay-Cid  (in-12.  Édition  du  Bef- 
froi). —  Pages  politiques  des  poètes  français,  par  J.-M.  Bernard  (in-12, 
Nouvelle  Librairie  nationale).  —  La  Dame  aux  millions,  par  C.  Foley 
lin- 16,  Plon-Nourrit).  —  Luis,  par  P.  Lhande  (in-i6,  Plon-Nourrit).  — 
Les  Derniers  Oiseaux,  par  M.  Olivaini  (in-18,  Lemerre).  —  Les  Étangs  noirs, 
par  A.  Fcmtainas  (in-12,  Mercure  de  France).  —  Les  Chanteurs  florentins, 
Suivis  de  V Enfant  Septentrion,  par  J.  Bertherriy  (in-18,  Colin).  —  MnnMeur 
Guérin.  fonctionnaire,  par  L.  Ténars  (in-18,  Figuière ).  —  Alceste  au  couvent. 
par  l'abbé  J.  Pacheu  (in-18,  Figuière.  —  Parmi  les  cheminots  d£  l'Inde., 


—  47y  - 

par  R.  Kipling;  trad..  par  A.  bavine  (in-12,  Stock).  —  Boy,  par  le  P.  L.  Co- 
luma;  trad,.  d,e  l'espagnol  par  M.  Demarès  de  hill  (in-1»,  jLcthieJleux).  — 
Flus  fort  qae  la  mort,  muvi  de  qiielques  nouvelles,  pai"  C  Lambert  ^in-12, 
Leiliieileuxj.  —  Le  Chemin  de  paix,  par  M.  \  aiiet  (in-lii,  librairie  d.es 
baints-Jt^eresj.' —  Lts  Mauvais  Gars,  par  l.  loky  ^in-i:i  cartonné,  Manie). 

—  Jean  du,  Bequet,  par  r  lanijjart  clés  liord,s  ^in-12.,  t  icker).  —  Des  hommes  ... 
nouvelles,  par  a.  Combette  ^in-ii;,  édition  d,u  «  Temps  présent  )>).  —  Lettres 
choisies  de  (jioetlie,  lyoo-l83:i;  trad,-  par  JNJi*-'  A.  l^aiila   \in-i6,    Hachette). 

—  Maîtres  d'autrefois  et  d'aujourd'hui,  par  V.  Giraud  (in- 16,  Hachette).  — ■ 
Nouveaux  Estais  de  littérature  et  d'esthttique  (i8S6-juin  ï^Sl),  pal"  O.  Wilde; 
trad.  par  A.  baVine  ^in-12,  Stock).  —  George  Peele  (1558-1596  ?),  par 
P. -il.  Chellaud  ^in-b,  Alcan).  —  La  Femme  dans  le  tliéâtre  d'Ibsen,  par 
F.Boettcher  \in-b,  Alcan). — -Pages  choisies  des  grands  écrivains.  Les  Auteurs 
arabes,  avec  mtrcd.  par  L.  Macliuel  (in-18,  Colin).  — ■■  Essai  sur  la  littérature 
chinoise,  par  (J.  boulié  (in-18,  Mercure  de  France).  — ■  La  Sénéchaussée  de 
la  Basse-Marche,  contribution  à  l'étude  de  la  géographie  de  l'ancienne  France, 
par  R.  Mortier  (gr.  in-8,  Hachette).  —  Voyages  en  Dalmatie,  Bosnie-Herzé- 
govine et  Monténégro,  par  P.  Marge  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  A  travers 
l'Inde,  par  le  capitaine  Claude- Lafontaine  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Miz- 
raïm,  souvenirs  d'Egypte,  par  G.  Kuith  (in-12,  Téqui).  —  Au  Pays  des  mys- 
tères, pèlerinage  d'un  chrétien  à  la  Mecque  et  à  Médine,  par  A.  Le  Boulicaut 
(in-16,  Plon-Nourrit).  —  Visions  du  Brésil,  par  L.-A.  Gaffre  (in-18,  Aillaud 
et  Alyes). —  Promenades  au  Far-West,  par  F.  de  Tessan  (in-16, Plon-Nourrit). 

—  Le  T'emple  de  Jérusalem,  par  H.  Lesêtre  (in-16,  Beauchesne).  —  Histoire 
de  l'Antiquité,   par  E.   Cavaignac.  II.  Athènes  (480-330)  (in-8,  Fontemoing). 

—  A  travers  le  monde  romain,  par  R.  Gagnât  (in-12,  Fontemoing).  • — Sainte- 
Marie- Madeleine,  par  le  R.  P.  H.-D.  Lacordaire,  avec  notes  et  appendices 
par  l'abbé  A.  Chauvin  (in-12,  Garnier).  —  L'Aimable  petite  Sainte  Agnès, 
par  F.  Jubaru  (in-12,  Lethielleux). —  Le  Petit  Journal  des  saints,  ou  Abrégé 
de  leur  vie,  par  deux  missionaires.  2^  (^  refondue  (in-32,  Téqui).—  Le  Pro- 
blème du  salut  des  infidèles,  essai  historique,  par  L.Capéran  (gr.  in-8,  Beau- 
chesne). —  Histoire  de  la  politique  extérieure  de  la  France,  par  P.  Corbin 
T.  I.  Les  Origines  et  la  période  anglaise  [jusqu'en  1483)  (in-8,  Auguste 
Picard). — ■  Béatrice  d'Aragon,  reine  de  Hongrie  (1457-1508),  par  A.  de  Ber- 
zeviczy.  T.  II  (in-12,  Champion).  —  Luther  et  le  luthérianisme,  par  H.  De- 
nifle;  trad.  de  l'allemand,  par  J.  Paquier.  T.  III  (in-12,  A.  Picard  et  fils.)  — 
La  Vie  d'un  héros.  Agrippa  d'Aubigné,  par  S.  Rocheblave  (in-16,  Ha- 
chette). —  Mémoires  du  cardinal  de  Riclielieu,  publiés  par  le  comte  Horric 
de  Beaucaire  et  R.  Lavollée.  T.  III  (1620-1623)  (in-8,  Laurens).  —Richelieu 
et  le  clergé  de  France.  La  Recherche  des  amortissements,  d'après  les  Mémoires 
de  Montchal,  par  J.  Tournyol  du  Clos.  Première  partie  (1639-1640)  (gr.  in-8 
Giard  et  Brière).  —  Épisodes  de  la  guerre  de  Trente  Ans.  Le  Maréchal  de 
Guébriant  (1602  à  1653),  par  le  vicomte  de  Noailles  (in-8,  Perrin).  —  Jour- 
nal de  Jean  Vallier,  maître  d'hôtel  du  Roi  (1648-1657),  publié  par  H.  Cour- 
teault  .T.  II  (8  septembre  1649-31  août  1651)  (in-8,  Laurens).  —Lettres  sur 
la  Cour  de  Louis  XIV,  par  le  marquis  de  Saint-Maurice,  publiées  par  J.Le- 
moine,  1667-1673  (2  vol.  in-8,  Calmann-Lévy).  —  Les  Souveraines  des 
Tuileries.  Histoire  du  château,  par  I.  de  Saint-Amand  (in-1 2,  Tours, Mamek— 
Réflexions  sur  la  Révolution  française,  par  C.  Burke;  trad.  de  l'anglais,  par  J. 
d'Anglejean  (in-8.  Nouvelle  Libr.  nationale^—  Fouquier-Tinville.  accusateur 
publicdu  tribunal  révolutio7inaire(\Vi6-\195),VArA.Duno\eT  (petit  in-8,Per- 


>-  480  - 

fin)   —  ^otes  et  souvenirs  inédits  d-e  Prieur  de  la  Marne,  publiés  avec  Introd. 
et  uotos'par  G.  Laurent  (gr.  ia-8,  Berger-Levrault).  —  La  Terreur  à  Poitiers, 
pal"  E.  balliard  (in-S,  Oudia).  —Les  Petites  Victimes  de  la  Terreur,  par  P. 
Gaulol  (in- 16,  Plon-Nourrit).  ■ — Souvenirs  de  révolutions  et  de  guerre,  par 
le  général  baron  Rébillot  (gr.  in-8,  Berger-Levrault).  — L'Ame  de  Napoléon, 
par  L.  Bloy   (in- 12,   Mercure  de  France). —  La  Police  secrète  du  premier 
Empire.    Bulletins   quotidiens   adressés   par   Foiiché    à   VEmpereur,    publiés 
par  E.  d'Hauterive.   T.   11,   1805-18U6  (gr.  in-8,  Perrin).  —  La  Captivité 
de  Pie   VII,  par  le  comte  de  Mayol  de  Lupé  (gr.  in-8,  Émile-Paul).  — 
—  Ls   Général  Joseph- François  Dours,  par  le  D""  V.   Laval  (in-8,  Berger- 
Levrault).  —  Le  Beau  Jardin,   par  P.  Acker  (in-16,     Plon-Nourrit).  — 
Études  et  fantaisies  historiques,  par  E.  Rodocanachi  (in-16.  Hachette).  — 
Mémoires  et  documents  pour  servir  à  l'histoire  du  commerce  et  de  V indus  trie 
en  France,  publiés  sous  la  direction  de  J.  Hayem,.  2«  série  (in-S,  Hachette). 
— ■    Guillaume-Joseph   Chaminade,   fondateur   des   marianistes  (1761-1850), 
par  H.  Rousseau  (in-16,  Perrin).  —     Le  P.    Gratry,  essai    de    biographie 
psychologique,  par  A.  Autin    (in-12,  Librairie  des  Saints-Pères).  — .  Souve- 
nirs de  la  Combe  [Mgr  Dupanloup  à  la  Combe),  par    N.  du    Boys    (in-12, 
Téqui). — -L'Heure  desâmes,  parleP.  Mainage.  fesérie  (in-12,  Lethielleux). 
— '  La  Divine  Histoire  de  N.-D.  de  Lourdes,  par  l'abbé  P.  Moniquet  (in-8,  Libr. 
des  Saints-Pères).  —  Histoire  de  Notre-Dame  de  Lourdes,  par  l'abbé  S.  Car- 
rère  (in-8,  Beauchesne).  —  Vers  le  régionalisme  intégral,  par  J.  Angot  (gr. 
in-8,  Nouvelle  Librairie  nationale).  — ■  Histoire  financière  et  économique 
de  V Angleterre  (1066-1902),  par  E.  Martin  (2  vol.  in-8,' Alcan).  —  U Angle- 
terre d'aujourd'hui,  par  C.  F.  G.  Masterman;  trad-  de  l'anglais  par  l'abbé 
F.-M.  Le  Meur  (gr.  in-8,  Lethielleux).  — •  Le  Spitsberg  dans  Vhistoire  diplo- 
matique, par  A.  Rsestad;  trad.  du  norvégien  par  C.  Rabot  (gr.  in-8,  Masson). 
— •   Le    Gouvernement   représentatif   fédéral   dans   la   République    Argentine, 
par  J.  N.  Matienzo  (in-16.  Hachette).  —  La  Préhistoire  à  la  portée  de  tous, 
par  M-  Exteens  (in-8,  M.  Rivière).  — Bibliographie  de  la  franc- maçonnerie 
et  des  sociétés  secrètes,  par  P.  Fesch,  J.  Denais  et  R.  Lay.  l^r.  fasc.  A-Céré- 
monie (in-8.  Société  bibliographique).  Visenot. 


Le  Gérant  :  CHAPUIS. 


Imprimerie  polyg^Iotte  Kr.  Simon,  Rennes— Paris  . 


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ture coloniale  au  xviii^  siècle.  L'Inde  éblouie  IDupleix,  de  Bussy,  La  Touche) 
par  Judith  Gautier.  Paris,  Colin,  1913,  petit  in-8  de  viii-536  p.,  avec  8  planches. 
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Le  Théâtre  de  la  poupée,  par  J.  Madsen;  adaptation  par  M.  Gay.  Paris,  Hetzel, 
s.  d.,  gr.  in-8  de  303  p.,  illustr.  par  G.  Roux.  Broché,  5  fr.  60;  relié  toile,  plaque 
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Paris,  Librairie  deParis,Firmin-Didot,s.d.(1912),  in-4de  291p.,  illustré^de  20  grav. 
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Kerdern  et  ses  sœurs,  par  Auguste  Le  Bras.  Paris,  Librairie  de  Paris,  Firmin- 
Didot,  s.  d.  '1912),  in-4  de  282  p.,  illustré  de  60  grav.  d'après  Charousset.  Broché, 
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Paris,  Hetzel,  s.  d.,  gr.  in-8  de  251  p.,  avec  411  fig.  et  dessins  par  l'auteur.  Broché, 
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—  482  — 

et  176  p.,  avec  8  grav.  hors  texte.  Demi-reliure  veau,  tête  dorée,  4  fr.  50.  —  21. 
Lv  Bruyère.  Les  Caractères.  Notice  et  annotations  par  René  Pîcho.\.  Paris^ 
Larousse,  s.  d.,  2  tomes  en  un  vol.  petit  in-8  de  192  et  191  p.,  avec  8  grav.  hors 
texte.  Demi-reliure  veau,  tête  dorée,  i  fr.  50.  —  22.  Paul  et  Virginie,  suivi  de  la 
Chaumière  indienne,  par  Bernardin  de  Saint-Pierre;  notice  et  annotations  par 
AvcusTE  Dupoi'v.  Paris,  Larousse,  s.  d.,  petit  in-S  de  1G5  p.,  avec  4  grav.  hors 
texte.  Demi-i-eliure  veau,  tête  dorée,  3  fr. —  23.  Sur  les  confus  du  Maroc,  d'Oudjda 
à^Figuig,'pArJj  luis  Rousselî.t. Paris, [Hachette,  1912,  gr.  in-8  de  267  p.,  avec  68 
grav.  Broché,  3  fr.  ;  cartonné,  4  fr.  60.  —  24.  La  Chanson  de  Roland.  Paris,  Lau- 
rens.  s.  d.,  gr.  in-8  de  52  p.,  avec  24  planches  en  couleurs  par  J.-G.  Cornélius. 
Broihé,  3  fr.'50;  relié,  4  fr.  50.  —  25.  La  Divine  Comédie,  de  Dante.  Paris, 
Laurens,  s.  d.,  gr.  in-8  de  52  p.,  avec  24  planches  en  couleurs  de  F.-M.  Rogaiïeau. 
Broché,  3  fr.  50;  relié,  4  fr.  50.  —  26.  Dernières  Jncentions,  dernières  découver, 
tes,  par  Daniel  Bellet.  Paris,  Hachette,  1912,  in-8  de  viii-230  p.,  illustré 
de  95  grav.  Broché,  3  fr.;  cartonné,  4  fr.  —  27.  L'Jle  des  Centaures,  par  A> 
RoBiDA.  Paris,  Laurens,  s.  d.,  in-8  de  123  p.,  avec  planches  en  couleurs- 
et  grav.  en  noir  par  l'auteur.  Broché,  couverture  en  couleurs,  2  fr.  50; 
relié,  3  fr.  50.  —  28.  La  Fée  de  la  mansarde,  par  M'"  Map.cuerité  Morin.  Tours, 
Manie,  s.  d. ,  gr.  in-8  de  301  p.,  illustrations  de  André  lournier.  Relié  percaline 
fantaisie,  plaque  spéciale,  tête  dorée,  3  fr.  50.  —  29.  Zigzags  au  pays  de  la  science, 
par  A.  AcLOQUE. Tours,  Marne,  s.  d. ,  gr.  in-8  de  366  p.,  avec  grav.  hors  texte  et 
figures  dans  le  texte.  Relié  toile,  oinements  dorés,  tr.  'dorées,  4  fr.  —  30. 
L'Ange  et  les  deux  démons,  par  Victor  Laeruande.  Paris,  Colin,  1912,  in-18  de 
ix-252  p.,  illustr.  de  Carlègle.  Broché,  2  fr.  ;  relié  toile,  tr.  dorées,  3  fr.  —  31.  Les 
Quatre  Sous  de  Frcdy.  Le  Secret  du  lac  bien,  par  P.  Pfrraui.t.  Paiis.  Hetzel,  s.  d. 
in- 16  de  128  p.,  illustr.  de  George  Roux.  Bioché,  1  fr.  CO;  lelié  toile,  tr.  dorées 
2  fr.  25.  • 

II.  l*éi-Iodique«  illutBtB'é». —  A,  Journal  de  la  jeunesse.  Nouveau  Recueil  hebdo- 
madaire illustré.  Année  1912.  Paris,  Hachette,  2  vol.  in-4  de  chacun  418  p.  Bro- 
chés 20  f r.  ;  reliés  26  fr.  ;  ahonnement  :  France  20  f r.  ;  Étranger,  22  fr.  —  2. 
Journal  des  demoiselles.  92<=  année.  Paris,  46,  rue  Saint-André-des-Arts.  1911,  2  vol. 
in-4  de  576-96  p.,  avec  grav.  et  planches.  Paris,  16  f  r.  ;  province,  19  fr.  ;  Union 
postale,  22  f'-.  —  3.  La  Revue  française.  7^  année.  Paris,  17,  rue  Cassette;  Tours, 
maison  Marne  (ortobie  1911-septem])re  1912,  2  vol.  gr.  in-4  de  728  et  768  p., 
avec  de  très  nombreuses  grav.  France,  Belgique,  10  fr.  ;  autres  pays,  13  fr.  50. 
— 4.  Mon  Journal  (1911-1912),  recueil  hebdomadaire,  illustré  de  grav.  en  couleurs 
et  en  noir,  pour  les  enfants  de  8  à  12  ans.  Paris,  Hachette,  1912,  gr.*^  in-S  de 
827  p.  Broché,  8  fr.  ;  cart.  10  f  r.  ;  abonnement  :  France,  8  f  r.  ;  étranger,  10  fr.  — 
5.  L'Ouvrier,  journal  bi-hehdomadaire  illustré.  51'=  année.  Paris,  Henri  Gautier, 
1911-1912,  in-4  de  836  p.,  avec  grav.  Broché,  6  fr.  ;  cart.  toile,  7  fr.  50;  abonne- 
ment :  France,  Algérie,  Belgique,  6  f  r.  ;  autres  pays,  7  fr.  —  6.  La  Semaine  de 
Suzette. l^ "tannée,  2"  .semestre,  et  8«  année,  V^  semestre.  Paris,  Henri  Gautier, 
(5  août  1911-28  juillet  1912),  2  vol.  in-4  de  chacun  418  p.,  avec  de  très  nom- 
breuses grav.  en  noir  et  en  couleurs.  France,  Algérie,  Belgique,  6  fr,  ;  autres  pays, 

'    8  fr.  Chaque  vol.  cartonné,  3  fr.  50. 

■II.  Albums. —  X.Jeanne  d'Arc,  texte  par  F.  Funck-Buentano.  Paris,  Boivin,  s.  d., 
album  gr.  in-4  de  82  p.,  illustré  de  40  aquarelles  de  O.  D.  V.  Guillonnet.  Relié 
toile,  tr.  dorées,  plaque  or  et  coule'jrs,  15  fr.  —  .2.  Buster  Broivn  recommence. 
Paris,  Hachette,  s.  d.,  album  gr.  in-4  oblong  de  30  planches  en  couleurs  de  R.-F. 
OiTCAui.T.  Cartonné,  couverture  en  couleurs,  5  fr.  —  3.  Fîtes  nautiques  chez  les 
animaux,  par  .J.  .Iacqiin.  Paris,  Hachette,  s.  d.,  album  in-4  oblong  de  42  p., 
illustré  de  planches  en'couleurs  et  de  grav.  en  noir  par  G.-H. Thompson;  cartonné, 
couverture  en  couleurs,  5  fr.  —  's.  Ardant  le  Chevelu,  par  Dame  Yette.  Paris, 
Hachette,  1912,  album  in-4  de  24  p.,  dessins  en  couleurs  de  JeanVeber.  Cartonné, 
•ouvertu-^e  en  couleurs,  3  fr.  —  5.  Scènes  comiques  dans  la  forêt,  par  Benjamin 
Rabier.  Paris,  Garnier,  s.  d.,  album  in-4  oblong  de  50  planches  en  couleurs;  relié 
toile,  plaque  spéciale,  tr.  dorées,  7  fr.  50.  —  6.  Grégoire  et  son  âne,  par  C.  Santos 
Gonzalez;  adapté  de  l'espagnol.  Paris,  Garnier,  s.  d.,  gr.  in-4  de  59  p.,  dessins  en 


—  483  — 

couleurs  de  F.  F.  Nunez  Millon;  cait.  dos  toile,  couverture  chromo,  4  îr.  25.  — 
7.  A  qur/i  jouons-nous?,  par  E.  Webep..  Paris,  Garnier,  s.  d.,  album  gr.  in-4,  aqua- 
ndles  de  Rodert  Salles;  cartonné  dos  toile,  couverture  chromo,  4  fr.  —  8.  Lilette 
Lcvfiillé  à  Craboville,  par  Jorpic.  Paris,  Garnier,  s.  d.,  album  ffr.  in-4  de  64  p., 
avec  planches  et  illustrations  en  couleurs;  cartonné  dos  toile,  couverture  chromo, 
4  fi'.  —  9.  Marie-aux-sabots-de-bois  se  gage,  par  Jordic.  Paris,  Garnier,  s.  d. 
album  in-4  oblong  de  IG  p.,  illustrations  en  couleurs;  cartonné,  couverture  en  cou- 
leurs, 1  fr.  —  10.  Les  Dernières  Places  de  Marie-aux-sabots-de-bois,  par  Jordic 
Paris,  Garnier,  s.  d.,'' album,  in-4  oblong  de  16p.,  illustrations  en  couleurs;  carton- 
né, couverture  en  couleurs,  1  fr. —  11.  Les  Sept  Jours  de  Ketje,  par' Jordic.  Paris 
Garnier,  s.  d.,  album  in-4  oblong  de  16  p.,  illustrations  en  couleurs;  cartonné 
couverture  en  couleurs,  1  fr.  —  12.  Perrine  la  petite  laitière,  par  Jordic.  Paris, 
Garnier,  s.  d.,  album  in-4  oblong  de  16  p.,  illustrations  en  couleurs;  cartonné, 
couverture  en  couleurs,  1  fr.  —  l 'A.  Cours  sélect,  par  Jordic.  Paris,  Gainier,  s.  d., 
album  in-4  oblong  de  16  p.,  illustrations  en  couleurs;  cartonné,  couverture  en  cou- 
leurs, 1  fr.  —  14.  La  Pension  des  Oiseaux,  par  Tony  d'Ulmès.  Paris,  Garnier 
s. d., in-4  oblong del  6  p.,  illustrations  en  couleurs  de  Jordic;  cartonné,  couverture 
en  couleurs,  1  fr.  —  15.  Bré  kr  kts!  Coas!  Cbas!  par  Jordic.  Paris.  Garnier,  s.  d., 
album  in-4  oblong  de  1  6  p.,  illustrations  en  couleurs;  cartonné,  couverture  en  cou- 
leurs, 1  fr.  —  16.  Tintin  Corin,  par  Jordic  Paris,  Garnier,  s,d.,  album  in-4 
oblong  de  16  p.,  illustrations  en  couleurs;  cartonné,  couverture  en  couleurs,  1  fr. 
—  17.  Les  Animaux  eélèbres,  racontés  par  E.  Mi'ller.  Paris,  Hetzel.  s.  d.,  album 
gi'.  in-8  de  48  p.,  illustr.  par  J.  Geoefroy.  Cartonné,  2  fr.  —  18.  Mademoiselle  Lili 
à  la  campatine,  par  P.-L.  Stahl.  Paris,  Hetzel,  s,  d.,  albumi  gr.  in-8  de  44  p.,  avec 
dessins  de  Lorentz  Frcelich.  Cartonné,  2  fr.  —  19.  Le  Trésor  de  Gisèle,  par 
Camille  Gasté. Tours,  Mame,  s.  d.,  album  in-4  de  16  p.,  illustr.  en  couleurs  de 
GuYDO.  Cartonnage  chromo,  1  fr.  25. —  20.  Une  Mauvaise  Inspiration,  par  Jean 
DE  LA  Gobardière.  Tours,  Mame,  s.  d.,  album  in-4  de  15  p.,  illustr.  en  couleurs 
de  Guvno.  Cartonnage  chromo,  1  fr.  25.' —  21.  Monsieur  Parapluie  et  Mademoiselle 
Ombrelle,  par  Louis  Chollet.  Tours,  Mame,  s.  d.,  album  in-4  de  16  p.,  illustrations 
de  H.  Avelot;  cartonnage  chromo,  1  fr.  25.  —  22.  La  Tourterelle  de  Marthe,  par 
Camitle  Gasté.  Touis.  Mame,  s.  d.,  album  in-4  de  15  p.  illustr.  en  couleurs  de 
Guydo.  Cartonnage  chromo,  1  fr.  25. —  23.  Le  Chef-d^ Œuvre  du  petit  berger,  par 
Louis  Choi.let.  Tours,  Mame,  s.  d.,  album  in-4  de  16  p.,  illustr.  en  couleurs  de 
Lerouard.  Cartonnage  chromo,  1  fr.  20.  —  24.  La  Galette  des  Rois,  par  Louis 
Chollet.  Tours.  Mame,  s.  d.,  album  in-4  de  16  p.,  illustrations  en  couleurs  de  H. 
Avelot;  cartonnage  chromo,  1  fr.  20.  • —  25.  La  Libératrice.  Touis,  Mame,  s.  d., 
aUjum  in-4  de  16  p.,  illustré  de  reproductions  de  tableaux,  cartonnage  chromo. 
1  fr.  —  26.  Les  Ajoncs  d'Anne-Marie,  par  Marie  Vkrcne.  Tours,  Mame,  [s.  d. 
album  in-4  de  16  p.,  illustr.  de  H.  Avelot.  Cartonnage  en  couleurs,  1  fr.  —  27. 
La  Religion  enseignée  aux  petits-enfants,  par  le  chanoine  Soulange-Bodin.  Tours, 
Mame,  s.  d.,  album  gr.  in-8  de  31  p.,  illustrations  d'après  les  chefs-d'œuvre  des 
principaux  musées;  cartonnage  chromo,  1  fr.  —  28.  Un  Témoin  inattendu,  par 
Pierre  Couronneau.  Tours,  Mame,  s.  d.,  album  gr.  in-8  de  16  p.,  illustr.  en  cou- 
leurs de  H.  Avelot.  Cartonnage  en  couleurs,  1  fr.  —  29.  Lucette  en  liberté,  par 
MiLKA  Steag.  Tours,  Mame,  s.  d.,  album  gr.  in-8  de  15  p.,  illustr.  en  couleurs  de 
Jean  Testevuide.  Cartonnage  en  couleurs,  1  fr. —  30.  La  Chasse  de  Lina,  par 
Camille  Gasté,  Tours,  Mame,  s.  d.,  album  gr.  in-8  de  15  p.,  illustr.  en  couleurs 
de  R.  DE  LA  NÉziÈBE.  Cartonnage  en  couleurs,  1  fr.  —  31.  La  Souris  blanche, 
d'après  Hégésippe  Moreau.  Tours,  Mame,  s.  d.,  album  in-4  de  15  p.,  illustrations 
de  Pinchon;  cartonnage  chromo,  0  fr.  95. —  32.  Les  Souliers  de  Marie-Rose, 
d'après  Hégésippe  Moreau.  Tours,  Mame,  s.  d.,  album  in-4  de  16  p.,  illustr.  de 
Pii'^ciiON.  Cartonnage  en  couleurs,  0  fr.  95.  • —  33.  Les  Sacrifices  de  Renée,  par 
Marie  Vergne.  Tours,  Mame,  s.  d.,  album  in-4  de  15  p.,  illustr.  de  Clérjce. 
Cartonnage  en  couleurs,  0  fr.  95.  —  34.  En  vacances,  par  Milka  Steag.  Tours, 
Mame,  s.  d.,  album  gr.  in-8  de  16  p.,  illustr.  de  R.  de  la  Nézière.  Cartonnage  en 
couleurs,  0  fr.  80.  —  35.  Mademoiselle  Je-le-veux,  par  Milka  Steag.  Tours,  Mame, 
s.  d.,  album  petit  in-4  de  16  p.,  illustrations  en  couleurs  de  H.  Avelot;  cartonnage 
chromo,  0  fr,  80.  —  36.  Mademoiselle  Sabre-Tout,  par  Jean  de  la  Gobardière. 


—  481  —  f 

Tours,  Marne,  s.  d.,  album  petit  in-i  de  16  p.,  illustrations  en  couleurs  de  H^ 
AvF.LOT.  Cartonnage  chromo,  0  fr.  80.  —  37.  Le  Fil  de  la  vie,  par  Louis  de  Vau-*^ 
MOt.RET.  Tours,  Mame,  s.  d.,  al])um  de  15  p.,  illustrations  en  couleurs  de  Marc 
Saurel.   Cartonnage  en  couleurs,  0  fr.   80.  —  38.   La   Vaniti-  de  Lucienne,  par 
Mapie  Vergne.  Tours,  Marne,  s.  d.,  album  p-i-'t  in-4  de  16  p.,  grav.  en  noir  de  R. 
DE  LA  NÉziÈRE.  Cartonnage  en  c  mleurs.  0  fr.  65.  —  39.  Un  ben  petit  Cœur,  par 
Pierre  Couronne  au.  Tours,  Mame,  s.  d.,  album  petit  in-4  de  16  p.,  gravures  en 
noir  par  Sexlor.  Cartonnage  en  couleurs,  0  fr.  65.  —  40.  Chansons  à  la  façon 
d'Épinal,  par  Marcel  Legay  et  Louis  Tournayre.  Paris,  Colin,  1913,  album 
•in-8  de  26  p.  Cartonné,  cotverture  en  couleurs,  l  fr.   25. 
TV.  Bibliothèque  illnstrée,  roi-mat  Ir-4.  3«  séi-i*',  publiée  par   la   maison 
Mame,  de  Tours,  1912.  Vol.  brochés,  couverture  chromo,  3  fr.  20;  reliés  percaline 
fantaisie-,  plaque  spéciale,  tr.  dorres,  5  fr.  —  1.  La  Dette  et  rOtagc,  par  J.  Edhor; 
adapté  de  l'allemand  par  J.  de   Lau.\ay,  illustr.   de   Paul   Destez,  224  p.  —  2. 
Bose-des-Chem ins ,  par  Charles  de  Vitis,  illustr.  de  Jordic,  224  p. 

V.  Bibliotlièque  rosa  lliueirëc,  publiée  parla  maison  Harhette,  1912.  Vol, 
in-16  à  2  fr.  brochés  et  3  fr.  50  reliés.  —  1.  Le  Commandant  Rabat- Joie,  par  M»" 
Chérox  de  la  Bruyère,  illustré  de  40  vignettes  par  Ed.Zier,  277  p. —  2.Mignon- 
nette,  par  M'^*"  Hortekse  Giraldox,  illustré  de  54  vignettes  dessinées  par  G. 
Dutriac,  228  p. 

VI.  L.es  i^fvr«8  roses' |>ouf  la  jeunesse, 'publiés  par  la  librairie  Larousse. 
4*  série  de  24  vol.  in-12  de  60  à  64  p.  (n°'  73  à  96),  illustrés  de  nombreuses^grav. 
Brochés,  réunis  dans  un  élégant  étui  carton,  3  fr.  90. 

I.  MÉLANGES. — 1. —  Lalibrairie  Hachette,  ennousoffrantcetteannée, 
comme  son  plus  b3au  livre  d'étrennes,  un  recueil  de  Portraits  antiques, 
n'a  pas  craint  de  rebater  les  jeunes  gens,  non  plus  que  leurs  parents, 
pir  les  austérités  de  l'archéologie;  elle  a  eu  grandement  raison.  Ce- 
magnifique  album  de  518  photogravures  exécutées  et  tirées  en  per- 
fection ne  contient,  il  est  vrai,  que  des  sculptures  grecques  et  romaines^ 
etjpour  la  plupart  des  bustes;  cependant  il  est  peu  de  livres  qui 
puissent  mieux  nous  renseigner  sur  la  vie  des  anciens.  Il  y  a  des  chefs- 
d'œavre  d'art  parmi  ces  effigies;  il  y  a  aussi,  comme  parmi  les  bustes 
qu'exposent  nos  Salons  modernes,  bien  des  banalités;  mais  comme 
tout  cela,  pour  un  esprit  nourri  des  écrivains  antiques,  prend  une 
beauté,  un9  expression  singulières  !  Ces  yeux  qui  ont  vu,  ces  lèvres 
qui  ont  parlé,  mais  il  nous  semble  qu'ils  regardent,  qu'elles  parlent 
encore,  et  c'est  une  évocation  vivante  des  paysages-,  des  mœurs,  de 
rii'stoire  de  la  Grèce  et  de  Rome.  \^oici  les  grands  poètes  de  la  Grèce, 
l'admirable  figure  d'Homère,  le  florissant  Anacréon,  Eschyle,  So- 
phocle, Euripide;  voici  les  historiens,  Thucydide,  Hérodote;  les  phi- 
losophes, Socrate,  Aristote  et  Platon;  les  orateurs,  Démosthène, 
Eschine,  Lysias.  Et,  si  nous  passons  à  Rome,  quelle  incomparable 
leçon  d'histoire  que  l'étude  de  ces  nombreux  portraits  des  Césars, 
respirant  tour  à  tour  l'énergie,  la  sagesse,  la  férocité,  la  bestialité 
même  !  et  quel  charme  et  quelle  dignité  dans  ces  images  des  impé- 
ratrices, et  des  matrones  ou  des  jeunes  filles  !  Les  modèles  de  nos  plus 
bîlles  sculptures  de  la  Renaissance  sont  là,  et  ce  n'est  pas  sans  raison 
que  M.  Antoine  Hekler,  l'érudit  et  ingénieux  préfacier  du  splendide 


—  485  — 

album,  a  inséré  parmi  les  pages  de  son  Introduction  quelques  images 
des  plus  célèbres  bustes  italiens  du  xV  siècle;  de  ceux-ci  à   ceux-là 
il  y  a  une  filiation  manifeste.  Cette  préface  est   un  beau    traité   du 
portrait  dans  l'antiquité  ;  et  le  livre  tout  entier  fera  la  joie  des  savants 
aussi  bien  que  des  artistes.  11  y  a  là,  pour  les  archéologues,  d'inappré- 
ciables documents,  conservés  jalousement  en  des  collections  privées 
d'Europe  et  d'Amérique,  et  dont  on  n'avait  encore  la  reproduction 
qu'en  des  recueils  hors  de  prix.  La  publication  de  la  librairie  Hachette 
est  un  acte  de  générosité  bien  entendue;  elle  marque  une  étape  nou 
velle  de  la  vulgarisation  si  désirabJe  des  grands  documents  de  l'art; 
elle  nous  apporte  un  chapitre  entier,  et  l'un  des  plus  beaux,  de  la 
grande  iconographie  dont  nos  arriére-neyeux    • —    heureux  seront- 
ils  !  —  auront  sous  la  main  tous  les  éléments. 

2.  —  Ce  sont  des  portraits  aussi  pour  la  plupart,  mêlés'  à    de 
beaux  paysages  et  à  des  aspects  pittoresques  des  vieux  palais  de  la 
Renaissance,    que  M.    Rodocanachi   nous  offre  dans  le  somptueux 
volume  qu'il  a  consacré  à  Rome  au  temps  de  Jules  II  et  de  Léon  X, 
autre  livre  proposé  par  la  maison  Hachette  à  notre  instruction  en 
même  temps  qu'à  notre  divertissement.  Mais  ici  le  texte  a  plus  d'im- 
portance encore  que  l'image.  On  pourrait  croire  que  l'érudit   auteur 
ravive  en  ces  nombreuses  pages  les  souvenirs  d'une  existence  anté- 
rieure passée  au  milieu  des  splendeurs,  des  ambitions  et  des  luttes  de 
la  Cour  romaine,  tant  il  sait  accumuler  les  anecdotes,  tant  il  se  joue 
familièrement  parmi  ces  replis  d'une  histoire  parfois  bien  tortueuse. 
11  trace  l'un  après  l'autre  les  portraits  des  deux  grands  papes  :  l'un, 
profond  politique,  conquérant  énergique  et  tenace;  l'autre,  mécène 
magnifique,  lettré  délicat,  artiste  raffiné.  Autour  d'eux  évolue  la  Cour 
pontificale,  luxueuse  et  frivole,  amie  des  lettres  et  des  arts,  et  la  foule 
des  érudits,  des  écrivains  et  des  artistes;  Rome  fut-elle  jamais  plus 
belle  que  pendant  les  vingt  premières  années  du  xvi^  siècle?  Bramante, 
Raphaël,  Michel- Ange  dirigent  un  chœur  glorieux;  Rome  est  vrai- 
ment la  tête  du  monde,  et  la  pensée  maîtresse  s'organise  au  Vatican. 
En    cinq    chapitres,    dont    chacun    forme  presque  un  traité  spécial 
M.  Rodocanachi  nous  décrit  la  Cour  pontificale,  avec  la  vie,  les  mœurs, 
les  richesses,  les  amusements  des  cardinaux,  la  vie  privée  des  papes 
Jules  II  et  Léon  X;  puis  le  monde  des  artistes  et  des  gens  de  lettres, 
les  réunions  littéraires, lUniversité,  le  théâtre;  puis  encore  la  ville  et 
le  peuple,  les  transformations  de  Rome,  son  administration,  la  jus- 
tice pontificale  et  la  justice  séculière  ;  enfin  les  fêtes  et  les  réjouissances, 
fêtes  religieuses  ou  populaires,  cérémonies  diverses,  usages  et  supers- 
titions; voilà  l'image  de  la  grande  Rome  triomphante,  étincelante  de 
gloire  et  de  plaisirs;  et  voici,   pour  finir,  l'horrible  tragédie,  le  sac 
de  la  ville  en  1527  par  la  soldatesque  impériale,  l'assaut,  le  pillage  des 


—  486  — 

palais  et  des  maisons,  l'elVroyable  profanation  des  égliseset  desreliques, 
et  les  infamies  que  l'on  ne  peut  dire,  le  tableau  de  boue,  de  sang  et  de 
mort  qui  a  remplacé  les  images  de  volupté  riante.  M.  Rodocanachi 
ne  nous  épargne  rien  de  ces  abominations,  et  son  li\Te  méritera  long- 
temps d'être  consulté  pour  les  documents  inappréciables  qui  s'y 
entassent;  il  ne  méritera  pas  une  moindre  louange  pour  le  choix  et 
l'abondance  de  sa  précieuse  illustration. 

3.  —  plus  gracieux  et  coquet  d'apparence  que  les  deux  autres 
volumes  d'histoire  et  d'art  dont  nous  venons  de  parler,  le  Sandro 
BouicelU  de  la  librairie  Hachette  séduira  tout  d'abord  par  le  charme 
de  ses  gravures  en  couleurs.  Il  y  a  là  vingt-cinq  reproductions  par  des 
procédés  nouveaux  dont  l'habileté  est  indiscutable,  où  revivent  devant 
nos  yeux  ces  délicats  chefs-d'œuvre  dont  on  ne  se  lasse  point,  le 
Printemps,  la  Naissance  de  Vénus,  les  Madones  au  sourire  triste  et 
pensif.  Cette  passion,  cette  langueur,  cette  étrangeté  exquise  qui  ont 
éveillé  tant  d'échos  dans  l'âme  des  artistes  et  des  poètes  modernes, 
nous  deviennent  infiniment  plus  sensibles  sous  la  parure  suktile  de  la 
couleur;  le  peintre  lA,Tique,  si  païen  et  chrétien  tour  à  tour,  si  profon- 
dément troublé  et  si  troublant  aussi,  méritait  d'être  célébré  une  fois 
de  plus  comme  il  vient  de  l'être.  M.  Paul  Oppé,  sans  prétendre  renou- 
veler un  sujet  où  il  semble  bien  que  presque  tout  ait  été  dit,  a  groupé 
avec  une  rare  érudition  les  divers  documents  qui  éclairent  la  vie  et 
les  œuvres  de  Botticelli;  il  a  discuté  sur  plus  d'un  point  les  conclusions 
des  plus  récents  biographes,  notamment  de  M.  Horne,  l'auteur  d'une 
monographie  aux  proportions  monumentales  éditée  à  Londres.  Sur- 
tout il  s'est  attaché,  soit  dans  la  vie  du  peintre,  soit  dans  le  commen- 
taire excellent  dont  il  a  accompagné  chacune  des  vingt-cinq  gravures, 
à  mettre  en  lumière  cette  physionomie  entre  toutes  mobile  et  capri- 
cieuse du  plus  moderne  et  du  plus  aimé  des  artistes. 

4.  • —  La  France  de  l'ouest  et  du  sud-ouest,  et  le  Massif  central, 
voilà  les  parties  de  notre  pays  que  M.  P.  Jousset  avait  décrites  dans 
le  tome  I  de  cette  «  Géographie  illustrée  «,  dont  nous  avons  loué,  il  y  a 
un  an,  le  texte  et,  plus  encore,  la  remarquable  illustration;  le  tome  II 
de  la  France,  qui  vient  de  paraître,  est  consacré  à  la  vallée  du  Rhône  et 
aux  montagnes  qui  la  délimitent  du  côté  de  l'est,  puis  aux  régions  du 
nord-est  et  du  nord  de  notre  patrie  jusqu'aux  extrémités  de  la  Nor- 
mandie, Quel  admirable  sujet  d'ouvrage  et  aussi  d'album  !  Il  nous  a 
semblé  que  le  souci  de  ne  rien  oublier  avait  enlevé  à  M.  Jousset 
quelque  liberté  d'allure,  et  ne  lui  avait  pas  toujours  permis  de  marquer 
d'un  trait  sufTisamment  vigoureux  tel  ou  tel  caractère  important,  tel 
ou  tel  contraste;  peut-être,  en  revenant  à  loisir  sur  un  ou\Tage  dont  il 
nous  a  fallu  prendre  très  rapidement  connaissance,  découvrirons- 
nous  mieux  que  nous  ne  le  faisons  actuellement  les  avantages  d'un 


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plan  comportant,  pour  chaque  département,  une  longue  liste  de  per- 
sonnages historiques,  et  faisant  trop,  d'une  géographie,  une  sorte 
d'encyclopédie...  Par  contre,  nous  louerons  sans  réserve  aucune 
l'illustration  de  la  France,  encore  que  la  photographie  de  l'Arve  au 
Pont-Sainte-Marie,  entre  Servoz  et  les  Houches  (p.  112),  représente 
l'état  des  lieux  avant  la  construction  du  chemin  de  fer  électrique, 
soit  dans  les  dernières  années  du  xix^  siècle  !  Pour  se  faire  une  idée 
de  la  végétation  méditerranéenne,  des  aspects  si  différents  des  Alpes, 
du  Jura  et  des  Vosges,  il  n'est  rien  de  tel  que  de  feuilleter  ce  beau 
volume  dont  tant  de  planches  hors  texte  et  de  gravures  sont  de 
véritables  tableaux  et  évoquent  de  manière  si  vivante  des  souvenirs 
de  villégiature  ou  d'excufsion.  Non  moins  que  les  paysages  de  mon- 
tagnes ou  de  mer  (de  la  Manche  et  de  la  Méditerranée),  les  vues  de 
monuments  retiennent  l'attention  du  lecteur  de  la  France  et  lui  per- 
mettent d'apprécier  les  beautés  de  monuments  romains  tels  que  ceux 
d'Arles  et  d'Orange,  de  cathédrales  comme  celles  de  Reims,  d'Amiens, 
de  lîeauvais  et  de  Paris,  d'hôtels  de  ville  comme  celui  d'Arras,  de 
châteaux  forts  tels  que  Coucy.  Sur  Paris,  sur  Lyon,  sur  Marseille,  sur 
Nancy,  sur  Rouen,  sur  la  plupart  de  nos  grandes  villes  au  total,  quel 
remarquable  ensemble,  et  bien  fait  pour  séduire  celui  qui  ne  connaît 
pas,  aussi  bien  que  celui  qui  a  vu  !  Quelques°pages  relatives  à  ce  véri- 
table prolongement  de  la  France  qu'est  l'Algérie  complètent  ce  beau 
volume,  mine  inépuisable  de  renseignements  de  toute  espèce,  magni- 
fique album  qu'on  ne  se  lasse  pas  de  regarder  ni  d'étudier  ! 

5.  —  Voici  un  cadeau  d'étrennes  enviable  :  Les  Papiers  posthumes 
(la  Pickwick- Club.  Ce  chef-d'œuvre  de  Charles  Dickens,  où  sont 
abondamment  et  pittoresquement  racontées  les  aventures  de  M.  Pick- 
wick, sera  toujours  lu  avec  le  plus  vif  intérêt;  il  est  d'ailleurs  un  de 
ces  ouvrages  qui  ne  vieillissent  pas,  car  le  héros  principal  du  roman 
et  tous  ses  amis  sont  des  types  d'humanité.  Pour  interpréter  digne- 
ment l'auteur,  la  librairie  Hachette  a  eu  recours  à  un  artiste  dont 
l'humour  égale  le  talent  :  M.  Cecil  Aldin.  A  côté  des  jolis  dessins  qui 
animent  le  texte,  on  admirera  les  planches  en  couleurs  hors  texte  qui 
sont  des  tableaux  pleins  de  vie,  pétillants  d'esprit.  L'originalité  que 
nous  soulignons  sous  ce  rapport  est  de  tournure  bien  anglaise;  on 
peut  dire  que  M.  Aldin  a  interprété  à  merveille  l'œuvre  de  Dickens, 
qui  s'offre  à  nous  sous  une  reliure  dont  la  scbriété  d'ornements 
n'exclut  pas  l'élégance. 

6.  — Quel  triste  sire  que  Ce  bon  Monsieur  de  Véragues,  que  M.  Mau- 
rice Maindron  a  pris  comme  héros  du  livre  que  nous  vous  présentons; 
mais  aussi  combien  représentatif  de  quelques-uns  de  ces  chefs  hugue- 
nots du  xvi^  siècle  qui  ne  trouvaient  dans  la  religion  prétendue  ré- 
formée qu'un  prétexte  à  satisfaire  leurs  instincts  de  rapine,  de  meurtre 


—  488  — 

et  de  crimes,  qu'un  moyen  nouveau  de  vivre  en  marge  de  la  société 
et  d'échapper  au  châtiment  que  leur  conduite  leur  aurait  nu'rité. 
Lisez  ce  Hatc,  jeunes  amis,  et  il  vous  prémunira  contre  les  exposés 
tendancieux  et  les  jugements  enthousiastes  que  certains  manuels 
vous  offrent  de  la  Réforme,  et  vous  y  apprendrez  bien  des  choses,  à 
distinguer  par  exemple  ces  pièces  d'armures  que  M.  Maindron  con- 
naissait si  bien.  D'ailleurs,  à  côté  de  \'éragues  se  détachent  d'autres 
figures  plus  sympathiques,  celles  de  sa  femme  qu'il  a  abandonnée, 
de  sa  fille  qu'il  a  ravie  à  l'affection  maternelle,  du  chevalier  de  Puy- 
monceaux,  chez  lequel  la  candeur  de  l'âme  ne  nuit  ni  au  courage 
ni  à  l'intelligence  et  qui  finit  par  épouser  la  fille  du  forban,  qu'il  a 
Contribué,  sans  le  savoir  d'ailleurs,  à  rendre  à  sa  mère.  Et,  pour  ajouter 
à  l'attrait  de  ce  b3au  volume,  le  maître  illustrateur  Job  a  dépensé 
pour  le  décorer  de  figures  en  noir  et  en  couleurs  les  ressources  de  son 
prestigieux  talent. 

7.  —  Bien  imprimé,  bien  relié,  avec  des  illustrations  nombreuses, 
le  volume  de  M.  Laurie,  intitulé  :  A  travers  l'Europe.  La  Vie  de  collège 
en  Angleterre,  etc.,  convient  aux  jeunes  garçons  de  dix  à  douze  ans. 
Ils  y  trouveront,  sous  la  forme  d'un  récit  fictif,  des  notions  amusantes 
et  justes  sur  l'éducation  des  garçons,  telle  qu'elle  est  pratiquée  en 
Angleterre,  en  Hanovre,  en  Suède  et  en  Suisse.  Il  est  toujours  utile 
d'avoir  des  aperçus  sur  les  mœurs  et  coutumes  des  pays  étrangers; 
rien  n'élargit  plus  l'esprit  et  ne  forme  davantage  le  jugement  que  de 
constater  combien  des  systèmes  très  différents  peuvent  avoir  de 
b;)ns  côtés,  pourvu  qu'ils  aient  pour  base  certains  principes,  qui  sont 
de  tous  les  pays.  Les  leçons  de  choses  renfermées  dans  ces  pages 
n'ont  rien  d'ennuyeux,  la  donnée  du  volume  est  parfaitement  morale, 
mais,  ajoutons-le,  cette  morale  est  uniquement  laïque.  L'absence 
de  toute  note  religieuse  est  regrettable  dans  un  livre  qui,  par  ailleurs, 
sort  de  la  banalité. 

8.  —  Ondine  est  une  légende  touchante,  merveilleuse,  qui  nous 
vient  d'Allemagne  et  que  M.  de  la  Motte- Fouqué  raconte  avec  un 
charme  particulier.  De  braves  pêcheurs,  ayant  perdu  leur  unique 
enfant,  voient  arriver  chez  eux,  certain  jour,  une  autre  fillette  cj^u'ils 
sont  heureux  d'adopter.  Qu'est  la  nouvelle  venue  ?  C'est  un  mystère 
qui  s'éclaircit  peu  à  peu  :  appartenant  au  monde  inconnu  des  eaux, 
elle  est  aimée  d'un  jeune  seigneur,  le  chevalier  Huldbrand  de  Ring- 
stetten,  qui  l'épouse.  Mais  leur  bonheur  est  éphémère  :  contrainte, 
par  la  faute  de  son  mari,  de  regagner  le  pays  des  Ondins,  la  jeune 
femme  le  laisse  désespéré;  puis  une  rivale,  Bertalda,  laquelle  n'est 
autre  que  la  \Taie  fille  des  parents  adoptifs  d'Ondine,  remplace  celle-ei 
dans  le  cœur  du  chevalier.  Aussitôt,  obéissant  aux  lois  inexorables  de 
sa  race,  la  pauvre  oubliée,  en  proie  à  la  plus  cuisante  douleur,  est 


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obligée  d'apporter  la  mort  à  celui  qu'elle  a  aimée  par  dessus  tout. 
Telle  est,  dans  ses  grandes  lignes,  cette  légende  dont  il  nous  est  impos- 
sible, même  brièvement,  d'esquisser  les  saisissants  et  poétiques  détails. 
.M.  Arthur  Rackham  a  illustré  d'admirables  compositions  en  couleurs 
ce  b3au  volume,  très  gracieusement  relié. 

9.  —  Pour  les  Contes  bleus  de  ma  Mère- Grand,  que  publie 
M.  Charles- Robsrt  Dumas,  M.  Emile  Faguet  a  écrit  une  courte 
Lettre- Préface  où,  —  bien  qu'il  déclare  ne  point  aimer  notre  immortel 
Perrault,  «  parce  qu'il  est  d'abord  trop  inégal  et  ensuite  presque  tou- 
jours trop  spirituel  et  beaucoup  moins  naïf  qu'on  ne  l'a  dit  »  —  l'ho- 
norable académicien  n'hésite  pas  (et  ce  n'est  que  stricte  justice)  à 
faire  l'éloge  du  présent  livre  dans  les  termes  suivants  :  «  Le  conte  se 
déroule  comme  de  lui-même,  en  plein  naturel.  11  est  juste  assez  mer- 
veilleux pour  allécher  ce  qu'il  y  a  de  fantaisie  dans  l'âme  de  l'enfant 
et  juste  assez  plein  de  bon  sens,  de  judicieuse  vue  générale  des  choses, 
de  saine  raison,  de  juste  morale  pour  être  un  aliment  Isolide  encore 
des  jeunes  esprits  ».  Nous  ajouterons  que  les  quatre  contes  que  l'on 
trouve  ici  reflètent  en  outre,  très  suffisamment,  l'idée  et  la  pensée  de 
Dieu.  Le  principal  de  ces  contes  :  Le  Prince  bûcheron, now?»  fait  voir 
comment  fut  découverte  et  punie  une  imposture  qui  faillit  priver  le 
fils  d'un  roi  de  son  héritage  légitime;  ce  récit  est  fort  émouvant, 
rempli  d'actes  généreux  et  animé  du  meilleur  esprit.  Rameau  d'or 
(d'après  un  conte  populaire  épirote)  semble  détaché  des  Mille  et 
une  Nuits.  La  Bêche  merveilleuse  montre  que  l'on  est  souvent  châtié 
pour  avoir  fait  un  mauvais  usage  de  la  fortune.  Quant  aux  Deux  Oies 
blanches  d\(  Aubépine  »,  c'est  un  joli  conte  de  Noël.  Le  volume  est 
habillé  d'un  élégant  cartonnage  avec  plaque  en  couleurs  et  agré- 
menté de  nombreuses  gravures  en  noir  dans  le  texte  et  de  planches 
en  couleurs  hors  texte. 

10.  — Dans  les  Petites  Filles  du  temps  passé,  M.  J.  Jacquin  évoque, 
en  douze  rt^cits  fort  intéressants,  autant  de  figures  féminines  qui, 
pour  être  toutes  d'imagination,  n'en  sont  pas  moins  instructives  au 
point  de  vue  des  mœurs  et  des  coutumes,  des  époques  différentes 
où  Fauteur  les  fait  agir.  Partant  de  l'âge  de  pierre,  avec  la  petite 
Kra-Gul,  et  de  l'âge  du  bronze,  avec  Grite,  nous  descendons  le  cours 
des  siècles  avec  une  petite  Égyptienne  sous  Ramsès  11,  une  jeune 
Athénienne  au  siècle  de  Périclès,  une  Romaine  au  temps  de  Jules 
César,  une  Gauloise  avant  la  conquête  romaine,  une  petite  Mérovin- 
gienne appelée  Théodehilde,  pour  aboutir,  à  travers  la  féodalité,  la 
Renaissance  et  le  règne  de  Louis  XIV,  à  deux  petites  Françaises 
vivant  aux  temps  de  la  Révolution  et  de  la  Restauration.  Recueil 
charmant  que  les  enfants  et  les  parents  liront  avec  un  égal  plaisir. 

IL  —  Catherine  Cornaro,  la  dernière  reine  de  Chypre,  avant  de 


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vendre  son  ile  aux  Vénitiens,  a  écrit  ses  volontés  dernières  et  aussi 
un  secret  de  famille  important  dans  un  livre  d'heures,  devenu  la 
propriété  de  Michel  Cornaro,  son  descendant.  Mais  la  reine  s'est 
servi  d'un  langage  chiffré,  dont  le  secret  est  perdu  et  c'est  autour 
de  ce  mystère  que  se  déroule  le  récit  de  M.  Dodeman,  avec  ses  péri- 
péties, ses  intrigues  et  ses  drames.  Un  grand  nombre  de  personnages 
s'y  meuvent'  :  Michel  Cornaro,  roi  titulaire  de  Chypre ,  le  duc  de 
Savoie  et  son  fils,  des  soldats,  des  espions,  Méric,  espèce  d'illuminé, 
capable  des  plus  odieux  forfaits  et  le  Frère  Benoît,  belle  figure  de 
moine,  martyr  du  secret  de  la  confession.  L'action,  très  mouvementée, 
est  racontée  avec  entrain  et  le  mystère  qui  fait  le  fond  du'  récit  sti- 
mulera la  curiosité  et  retiendra  l'intérêt  des  jeunes  lecteurs  de  dix 
à  douze  ans,  à  qui  convient  spécialement  le  Secret  du  livre  d'heures, 
dont  l'ensemble  fait  honneur  à  la  maison  Mame. 

12.  —  L'idée  de  réunir  en  un  volume  illustré  pour  étrennes  quelques- 
uns  des  meilleurs  Contes  de  Schmid  ne  peut  manquer  d'être  cordia- 
lement accueillie.  M.  L.  Tarsot,  dans  une  courte  Introduction,  s'ex- 
prime ainsi  sur  l'auteur  :  '(  Le  chanoine  Schmid  a  mérité  la  popularité 
dont  il  jouit.  Cet  excellent  homme  est  presque  un  contemporain...  Il 
n'y  a  pas  soixante  ans  qu'il  est  mort  (en  1854).  C'était  un  brave  curé 
de  province,  qui  édifia  ses  paroissiens  par  ses  vertus  comme  il  édifie 
ses  lecteurs  par  ses  honnêtes  récits.  Il  vécut  une  longue  vie,  quatre- 
vingt  six  ans,  et  il  écrivit  beaucoup  d'ouvrages. Il  doit  sa  gloire  à  celui, 
sans  doute,  sur  lequel  il  comptait  le  moins  ».  Voici  les  titres  des  contes 
qui  ont  trouvé  place  dans  ce  très  joli  volume  :  Geneviève  de  Brabant; 
Les  Œufs  de  Pâques;  la  Corbeille  de  fleurs;  Rose  de  Tannebourg. 

13.  —  Les  romans  comme  les  pièces  de  M™®  Judith  Gautier  nous 
ont  toujours  charmés;  on  y  trouve,  à  côté  d'un  style  rappelant  sou- 
vent le  style  paternel,  une  couleur  exotique  qui  n'a  rien  de  faux  et  à 
laquelle  nous  sommes  loin  de  demeurer  insensible.  Tout  cela  est  bien 
à  sa  place  dans  l'Inde  éblouie,  où,  d'ailleurs,  on  aurait  tort  de  voir 
un  nouvel  ouvrage,  puisque  c'est  uniquement  la  réunion  en  un  seul 
volume  de  la  la  Conquête  du  Paradis  et  du  Sultan  de  Bangalore.  Quel 
roman  vraiment  vécu  !  Les  héros  de  l'Inde  française,  Dupleix  et  Bussy, 
en  sont  les  protagonistes  et  se  détachent  en  un  vigoureux  relief  — 
Bussy  surtout  — sur  une  toile  de  fond, l'Inde,  devant  laquelle  se  meu- 
vent, au  second  plan,  la  Begum  Jeanne  et  sa  fille  Chonchon,  Kerjean, 
l'ingénieur  Paradis  et  tant  d'autres,  tels  que  CUve,  tous  les  col- 
laborateurs, les  amis  et  adversaires.  Asiatiques  comme  Européens, 
de  Dupleix.  Une  histoire  d'amour,  celle  de  la  passion  qu'inspire  à 
Bussy  la  reine  de  Bangalore,  Ourvaci,  depuis  le  jour  où  il  l'a  sauvée 
des  griffes  d'un  tigre,  traverse  tout  le  roman  et  montre,  à  côté  du 
Bussy,  dont  les  exploits  guerriers  sont  bien  connus,  un  autre  Bussy 


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encore,  au  cœur  sensible  et  aimant,  fidèle  à  une  seule  pensée  et  à 
une  seule  femme.  Ce  Bussy-là  est-il  bien  authentique?  et  le  Dupleix 
que  dépeint  M^^^  Judith  Gautier,  conformément  à  la  tradition  histo- 
rique, est-il  bien  le  véritable  Dupleix?  Nous  n'oserions  l'affirmer  abso- 
lument ;  mais  ce  que  nous  pouvons  dire  avec  certitude,  c'est  qu'onlit  avec 
passion  l'Inde  éblouie  et  que  cette  «édition  définitive» des  deuxromans 
dont  nous  avons  plus  haut  rappelé  les  titres,  se  présente  de  manière 
charmante  sous  sa  couverture  ivoirine  ornée  d'un  encadrement  à 
la  mode  ancienne,  avec  ses  reproductions  hors  texte  de  vieilles 
estampes  ou  de  miniatures  envoyées  des  Indes  par  Bussy  lui-même; 
c'est,  aussi,  que  M"^*^  Judith  Gautier  a  ciselé  son  œuvre  avec  un  art 
incontestable,  qu'elle  y  a  très  habilement  enchâssé  quelques  textes 
historiques  d'un  très  vif  intérêt,  et  qu'elle  y  a  justifié  de  son  mieux 
une  thèse  un  peu  paradoxale  énoncée  dans  sa  Préface  :  «  J'ai  toujours 
été  persuadée,  écrit-elle,  que  la  forme  de  l'histoire  qui  se  rapproche 
le  plus  de  la  vérité  est  le  roman  historique  »,  En  fermant  l'Inde  éblouie, 
on  n'est  pas  loin  de  penser  comme  elle. 

14.  —  Nous  pouvons  promettre  aux  lecteurs  et  aux  lectrices  de 
VHisioire  d'un  foyer  une  véritable  jouissance,  car  ils  goûteront  cer- 
tainement le  charme  et  l'originalité  de  ce  récit.  M.  Gay,  en  traduisant 
J.  Madsen,  nous  fait  pénétrer  dans  l'intimité  d'une  famille  de  Dane- 
mark, dont  tous  les  membres  s'aiment  entre  eux,  et  s'unissent  plus 
encore  dans  leur  amour  pour  le  château  d'Arristrup,  qui  «  paraît 
suspendu  à  l'horizon  comme  une  étoile  ».  Parmi  les  portraits  esquissés, 
celui  de  Charlotte,  la  seconde  fille  de  M.  Spante,  est  certainement  le 
plus  étudié  et  le  plus  intéressant.  Tour  à  tour  primesautière  et  pen- 
sive, taquine  et  sérieuse,  elle  ne  poursuit  qu'une  idée  :  garder  Arris- 
trup,  doublement  menacé  par  la  ruine  de  la  famille  et  par  le  chemin 
de  fer  qui  doit  «venir»,  au  grand  désespoir  de  l'enfant.  Cette  pensée 
l'attriste,  l'obsède,  tandis  qu'elle  parcourt  son  cher  parc,  qui  s'anime 
à  ses  yeux  :  «  Tous  ces  visages  de  fleurs  ,qui  semblaient  se  tourner 
vers  elle,  lui  faisaient  oublier  son  chagrin  sans  pourtant  le  lui  enlever, 
apaisaient  ses  regrets  par  leur  regard,  les  rendaient  plus  calmes,  plus 
mélancoliques  ».  Il  y  a  des  pages  vraiment  touchantes  dans  les  confi- 
dences mutuelles  de  Lotte  et  de  son  père  qui,  tout  en  gâtant  outra- 
geusement «  sa  petite  Dame  »,  comme  il  l'appelle,  en  est  pourtant 
si  sérieusement  aimé.  Ouvrage  de  fine  psychologie,  de  poésie  un  peu 
rêveuse  et  sentimentale.  —  Deux  autres  récits,  moins  importants  que 
le  premier,  complètent  cette  publication  :  Les  Vacances  de  Louise 
nous  révèlent  un  tempérament  assez  rare,  où  la  joie  de  raffection 
satisfaite  se  traduit  d'une  manière  fort  inattendue.  Plus  simple  est 
l'épopée  du  Théâtre  de  Poupée,  qui  fut  pour  un  jeune  garçon  une  occa- 
sion de  vaincre  son  égoïsme  en  faisant  le  bonheur  de  ses  petits  voisins. 


-  492  -^ 

15.  —  L'iiistoire  ingénieuse  des  Deux  AiHoineile,  bien  racontre  par 
M.  Ernest  Daudet,  est  fondée  sur  une  substitution  d'enfant.  Le 
secret  de  la  situation  ne  se  révèle  qu'aux  dernières  pages  du  volume. 
M.  Jean  Moréal,  chef  d'une  petite  gare,  et  sa  femme,  recueillent  une 
fillette  abandonnée,  dont  la  mère  meurt  au  cours  d'un  voyage  et 
dont  la  véritable  identité  ne  leur  sera  communiquée  que  quand  elle 
aura  dix-huit  ans.  Il  se  trouve  alors  que  cette  enfant,  élevée  modes- 
tement et  fiancée  au  fils  du  chef  de  gare,  est  riche  à  millions,  mais 
que  sa  place  est  occupée  par  la  fille  d'une  pauvre  couturière  qui^ 
aux  yeux  du  monde,  passe  pour  la  fille  et  l'héritière  du  richissime 
M.  Dufrénoy.  La  noblesse  d'âme  des  deux  Antoinette  et  leur  désinté- 
ressement amplifient  singulièrement  une  situation  délicate ;les  droits 
de  la  riche  Antoinette  sont  sauvegardés  et  une  part,  fort  acceptable, 
est  faite  à  l'innocente  intruse  qui  a  pris  sa  place.  Ce  li-s^e  d'étrennes 
aura  sûrement  un  vif  succès  auprès  des  jeunes  lecteurs. 

16.  —  L'Otage,  dont  cette  «  chronique  du  xiv<^  siècle  »  nous  raconte 
les  aventures  est  le  petit  Raoul  de  Couzerans,  laissé  à  l'abbaye  de 
Ligugé  par  son  père,  le  seigneur  Hugues.  Celui-ci,  avant  de  partir 
pour  la  «  croisade  de  Prusse  »,  organisée  contre  les  païens  de  Lithuanie 
par  Gaston  de  Foix,  avait  emprunté  à  l'abbaye  une  somme  importante 
et  son  fils  unique  devait,  jusqu'au  paiement  de  sa  dette,  rester  entre 
les  mains  de  l'abbé.  Mais  d'autres  aventures  attendaient  «  l'otage  »  : 
enlevé  par  le  juif  Samuel,  condamné  par  la  juive  Déborah  à  être  ofl'ert 
en  sacrifice  au  sabbat,  il  échappe,  comme  par  miracle,  à  ce  sort 
atroce  et  finit  par  retrouver  son  père,  guerroyant  dans  une  autre 
régiondela  Francecontre  «les  Jacques»,  dont  les  excès  épouvantaient 
les  populations  du  nord.  Ce  récit  de  M.  Jean  Poujoulat,  très  mouve- 
menté, intéressera  sûrement  les  jeunes  lecteurs,  toujours  avide 
d'aventures  dramatiques.  A  côté  de  V  «  otage  »,  se  meuvent  une  quan- 
tisé  d'autres  figures  :  brigands,  chevaliers,  juifs,  moines,  voleurs  de 
grands  chemins  et  jusqu'à  une  amazone,  Gisèle,  dont  la  belle  défense 
du  château  de  Cimau  est  un  des  meilleurs  épisodes  du  récit. 

17.  —  Sous  le  titre  de:  Jean- Marie  Kerdern  et  ses  sœurs, M.  Auguste 
Le  Bras  a  écrit  un  roman  inspiré  par  l'amour  de  la  «  petite  patrie  » 
bretonne,  et  dans  lequel  on  revit  l'esprit  et  les  usages  de  ce  coin  de 
France,  qui  garde  encore  ses  traits  caractéristiques.  C'est  en  somme 
Fhistoire  d'une  famille  modeste,  dont  le  chef,  un  simple  matelot  du 
port  de  Brest,  meurt  héroïquement  en  sauvant  ses  semblables. 
Grâce  à  de  secourables  amitiés,  grâce  surtout  à  leur  attitude  coura- 
geuse et  à  l'influence  excellente  de  leur  mère,  les  trois  enfants  de  cet 
obscur  héros  reçoivent  une  éducation  parfaite  et  s'établissent  dans 
la  vie  d'une  façon  inespérée.  Le  récit,  qui  a  une  note  morale  et  reli- 
gieuse très  suffisante,  est  écrit  avec  facilité  et  gaîté;  des  épisodes  de 
la  guerre  de  Crimée  ajoutent  encore  à  l'intérêt  qu'il  inspire. 


—  493  — 

18.  —  Sous  le  titre  :  Les  Deux  Tigresses,  M.  Pierre  Maël  raconte 
une  histoire  mouvementée,  dont  la  pointe  de  mystère  sera  un  attrait 
pour  les  jeunes  lecteurs.  Le  docteur  Monclair  pleure  toujours  sa  fille 
morte,  au  retour  des  colonies,  dans  des  conditions  étranges,  et,  à 
divers  indices,  il  croit  reconnaître  l'enfant  de  la  morte  dans  la  déli- 
cieuse Amy,  qui  passe  pour  la  fille  du  dompteur  James  Barnham.Une 
enquête  s'impose;  elle  est  d'autant  plus  difficile  à  conduire  qu'elle 
est  entravée  par  la  mauvaise  volonté. d'une  certaine  Perpétua  Jones, 
qui,  dépositaire  du  secret,  veut  faire  accepter  au  docteur  Montclair 
son  propre  fils  Dick  comme  étant  son  petit-fils.  Le  vieux  valet  de 
chambre  Bruno  aide  son  maître  à  déjouer  cette  intrigue,  qui,  jusqu'au 
dernier  moment,  tient  en  suspens  le  lecteur.  Grâce  à  la  perspicacité 
de  ce  bon  serviteur,  les  preuves  sont  faites  :  Amy  est  bien  la  petite- 
fille  du  docteur  qui,  dans  sa  joie,  pardonne  à  Perpétua  ses  noires  ma- 
chinations. Récit  bien  conté,  où  l'épisode  de  1-a  tigresse  Lalla  met  une 
note  tragique. 

19.  —  Quelques  lignes  empruntées  à  la  Préface  de  VA-B-C  des 
Travaux  manuels,  de  M.  E.-J.  Faix,  en  feront  suffisamment  com- 
prendre l'intention  :  «  Ce  livre,  rédigé  par  un  amateur,  ne  contiendra 
aucune  des  savantes  descriptions  renfermées  dans  les  publications 
spéciales.  Il  traitera  sommairement,  mais  cependant  sans  omettre 
aucun  des  détails  utiles,  de  tous  les  travaux  que  peut  aborder,  avec 
chance  de  réussite,  un  amateur  sérieux...  Si  les  travaux  de  menui- 
serie lui  offrent  une  agréable  distraction,  ceux  qu'on  peut  exécuter 
sur  le  tour  auront  pour  lui  non  moins  d'attraits...  Du  reste,  ces  deux 
genres  :  menuiserie  et  tournage  se  complètent  l'un  par  l'autre;  fré- 
quemment la  menuiserie  a  besoin  pour  rehausse?  ses  formes,  d'em- 
prunter l'art  du  tourneur,  et,  réciproquement,  le  montage  et  l'assem- 
blage des  pièces  tournées  exigent  une  certaine  connaissance  des 
moyens  et  procédés  employés,  dans  ce  but,  par  le  menuisier.  Dans 
la  première  partie  de  ce  livre,  relative  à  la  menuiserie,  comme  dans 
la  seconde  traitant  du  tour  et  de  la  serrurerie,  après  avoir  indiqué  à 
l'amateur  les  outils  indispensables  et  la  manière  de  s'en  servir,  nous 
lui  donnerons  une  série  de  croquis  de  pièces  exécutées  dans  notre 
atelier  soit  par  nos  amis,  soit  par  nous-même,  avec  les  indications 
nécessaires  à  leur  exécution.  »  Volume  intéressant,  clairement  pré- 
senté et  complété  très  heureusement  par  une  table  alphabétique  des 
«  Outils,  matériaux,  objets  décrits  et  opérations  manuelles  expliquées 
dans  l'ouvrage  ».  Cadeau  des  plus  utiles  à  faire  à  un  jeune  homme 
ayant  du  goût  pour  des  occupations  dont  il  ne  devra  pas  faire  sa  pro- 
fession, mais  dont  l'exercice  intelligent  sera  grandement  apprécié 
dans  l'intérieur  familial,  surtout  aujourd'hui  que  la  main-d'œuvre 
est  si  chère. 


—  494  — 

20.  —  La  réaction  qui  se  produit  en  ce  moment  contre  les  abus  de 
toute  sorte,  d'où  résultait  une  déformation  de  plus  en  plus  sensible 
de  la  langue  et  de  la  littérature  françaises,  ramène  naturellement 
à  la  lecture  de  nos  écrivains  classiques.  Cet  heureux  mouvement  se 
manifeste  en  librairie  par  des  publications  nombreuses  et  variées. 
Une  place  distinguée  doit  être  attribuée  parmi  elles  aux  Lettres 
choisies  de  Madame  de  Sévigné,  suivies  d'un  choix  de  lettres  de  femmes 
célèbres  du  xvii^  siècle,  précédées  d'une  notice  et  accompagnées 
d'annotations  par  M^^  Marguerite  Clément,  agrégée  de  l'Université. 
Le  caractère  de  cette  édition  l'adresse  aux  personnes  d'un  esprit 
cultivé.  Nous  y  avons  remarqué  la  Bibliographie  et  V Iconographie 
ajoutées  à  la  Notice.  L'illustration,  consistant  en  huit  gravures  hors 
texte,  dont  deux  beaux  portraits  de  M"^^  ^q  Sévigné,  est  surtout 
empruntée  aux  monuments  figurés  de  l'époque  et  donne  à  ce  volume 
une  physionomie  historique  intéressante. 

2L  —  11  en  est  de  même  de  l'édition  des  Caractères  de  La  Bruyère, 
à  laquelle  M.  René  Pichon,  agrégé  de  l'Université,  a  donné  ses  soins, 
et  qui  s'adresse  à  un  public  semblable.  l>a  Notice  est  un  morceau  de 
critique  historique  et  littéraire  qui  mérite  l'attention.  Elle  est 
suivie  d'une  Bibliographie  et  d'une  Iconographie.  L'illustration 
comprend  :  1°  Le  portrait  de  La  Bruyère  par  Largilliére;  2»  l'église 
Saint-Christophe,  sur  le  parvis  Notre-Dame,  où  la  Bruyère  fut  bap- 
tisé, figure  extraite  du  plan  de  Turgot  (1734-1739)  et  qui  nous  repré- 
sente un  coin  du  vieux  Paris;  3°  la  reproduction  du  titre  de  l'édition 
originale  de  1688;  4°  le  fac-similé  d'une  lettre  de  La  Bruyère  au  grand 
Condé,  relative  à  l'éducation  du  duc  de  Bourbon;  5°  une  estampe 
représentant  une  «  Dame  en  déshabillé  à  son  lever  «;  6°  le  portrait  de 
La  Bruyère  figurant  au  frontispice  de  l'édition  de  1765;  7°  le  tableau 
de  Le  Nain:  «  Repas  de  paysans  «;  8°  \me  gravure  de  Guérard  :  «  Cau- 
seurs d'église  »;  9°  une  gravure  de  Le  Pautre  (1659)  représentant  un 
prédicateur  en  chaire,  entouré  de  son  auditoire.  —  L^ne  mention  spé- 
ciale d'éloge  est  due  aux  sommaires  placés  en  tête  de. chacun  des  cha- 
pitres et  à  r  «  Index  alphabétique  des  principaux  portraits  et  per- 
sonnages des  Caractères  de  la  Bruyère  »  qui  termine  le  volume. 

22.  —  La  maison  Larousse  publie  une  jolie  édition  du  roman  si 
connu  et  si  goûté  de  Bernardin  de  Saint-Pierre  :  Paul  et  Virginie,  h 
la  suite  duquel  on  pourra  lire  ou  relire  la  Chaumière  indienne,  du 
même  écrivain.  Ce  volume,  relié  avec  goût,  est  illustré  d'un  beau 
portrait  de  Bernardin,  d'après  Lafitte,  et  de  trois  gravures 
d'après  Girodet,  Moreau  le  jeune  et  P.- P.  Prud'hon.  La  notice  que 
M.  Auguste  Dupouy  a  consacrée  à  l'auteur,  né  en  1737,  mort  en  1814, 
est  bien  présentée  :  biographique  et  critique,  elle  fait  voir  l'honmie 
tel  qu'il  fut  et  apprécie  son  œuvre  avec  justesse. 


—  495  — 

23.  —  Le  nouveau  livre  de  M.  Louis  Rousselet  nous  conduit  plus 
loin  que  le  faisait  naguère  Aii  vieux  Pays  de  France;  c'est  bien  au-delà 
du  «bassin»  de  la  Loire,  au  sud  du  «mare  nostrum  »  qu'est  devenue 
la  Méditerranée  occidentale,  qu'il  convient  d'aller  en  efl'et  pour  par- 
venir Sur    les  confins  du  Maroc,  pour  atteindre  cette  longue  bande 
de  terrains  mal  délimités  dont  Oudjda  au  nord,   Figuig  et  même 
Colomb  au  sud,  marquent  les  termes  extrêmes  C'est  là,  dit  très  jus- 
tement l'auteur,  «  un  des  pays  les  plus  attirants  du  globe  »;  que  de 
contrastes,  que  d'aspects  différents  se  succèdent  depuis  la  Méditer- 
ranée jusqu'au  Sahara  dans  cette  «  marche  frontière  »  entre  l'Algérie 
et  le  Maroc  !  Peu  d'excursions  sont  plus  instructives  au  point  de  vue 
géographique,  et  il  n'en  est  guère  qui  soient  susceptibles  d'inspirer  à 
des  jeunes  gens  plus  d'admiration  pour  les  exploits  de  notre   armée 
d'Afrique  comme  pour  l'œuvre  coloniale  française.  Voilà  ce  qui  se 
dégage  du  livre,  très  intéressant,  très  alerte  aussi,  de  M.  Louis  Rous- 
selet, qui  n'a  eu  garde  de  laisser  dans  l'ombre  aucun  des  côtés  de  son 
beau  sujet,  ni  de  négliger,  avant  d'écrire  Sur  les  confins  du  Maroc, 
le  moindre  des  ouvrages  relatifs  à  la  contrée.  Avec  raison,  l'auteur 
déclare  une  excursion  dans  ce  pays  «  sans  aucun  risque  ni  péril  »; 
là,  ajoute-t-il  avec  une  patriotique  fierté,  «règne  aujourd'hui,  presque 
partout,  la  paix  française  ».  Rien  de  plus  juste,  rien  qui  contraste  plus 
avec  la  situation  d'une  partie  au  moins  de  la  région  dans  les  premières 
années  du  xx^  siècle,  alors  qu'on  ne  construisait,  au  sud  d'Aïn-Sefra, 
que  des  gares  fortifiées,  et  qu'on  ne  laissait  personne  s'écarter  des 
cantonnements  de  Duveyrier  sans  une  escorte  de  légionnaires.  Dans 
un  laps  de  temps  très  court,  la  France  a  accompli  dans  la  zone  fron- 
tière algéro-marocaine  une  œuvre  remarquable  et  trop  peu  connue, 
que  le  livre  de  M.  Rousselet  expose  avec  charme  et  précision,  et  qu'il 
révélera  à  beaucoup. 

24.  —  Ce  n'est  pas  la  Chanson  de  Roland  tout  entière  que  nous  pré- 
sente M.  T.  W,  dans  son  intéressante  Introduction,  mais  un  simple 
extrait  des  passages  les  plus  saillants  du  poème,  avec  des  notes  et 
aussi  des  analyses  fragmentaires.  «  La  langue  de  la  Chanson  de 
Rolaml,  dit  M.  T.  W.,  est  trop  voisine  de  notre  français  d'aujourd'hui 
pour  qu'il  y  ait  lieu  d'en  donner  au  lecteur  une  véritable  «  traduc- 
tion »  du  genre  de  celle  qui,  dans  l'édition  de  Léon  Gautier,  se  trouve 
placée  en  regard  du  texte  original  du  poème.  Pour  que  ce  vieux  poème 
national  nous  garde  un  peu  de  son  émouvante  beauté  première,  il  me 
paraît  indispensable  de  lui  maintenir  au  plus  haut  degré  possible 
sa  forme  archaïque,  sauf  à  solliciter  du  lecteur  un  léger  efïort  pour 
s'accoutumer  à  telles  particularités  de  syntaxe  ou  de  vocabulaire 
qui  ont  disparu  désormais  de  l'usage  courant  ».  Ce  petit  volume  est 
orné  de  planches  hors  texte  en  couleurs,  qui  sont  de  véritables  tableaux. 


—  496  — 

25.  —  Également  illustré  de  superbes  planches  en  couleurs,  la 
Diii'ne  Comédie,  de  Dante,  nous  est  rappelée  par  des  extraits,  annotés 
et  accompagnés  de  temps  à  autre  de  courtes  analyses  reliant  les 
extraits  entre  eux.  Le  volume  s'ouvre  par  une  Introduction  signée 
aussi  T.  W.  Des  trois  parties  de  la  Divine  Comédie,  la  plus  ample- 
ment représentée  est  V Enfer  (dix-huit  extraits),  alors  que  le  Purga- 
toire n'en  a  que  deux  et  que  le  Paradis  en  compte  quatre. 

26.  —  Cent  quarante-trois  articles  rédigés  dans  un  style  très  simple 
initient  le  lecteur  aux  Dernières  hiventions,  Dernières  découvertes.  Les 
sujets  ont  été  choisisdanstoutes  les  sciences,  dans  toutes  les  industries, 
avec  la  préoccupation  constante  de  ne  prendre  que  ceux  qui  sont 
compréhensibles  et  intéressants  pour  le  grand  public.  M.  Bellet  a 
ainsi  composé  un  ouvrage  de  lectures  scientifiques  tout  à  fait  attrayant, 
car  il  est  avant  tout  descriptif  et  non  technique.  Ce  livre,  d'ailleurs, 
ne  ment  pas  à  son  titre,  car  l'auteur  ne  parle  que  de  choses  toutes 
nouvelles  ou  toutes  récentes. 

27.  —  Surpris  par  une  tempête  dans  l'hémisphère  austral,  le  capi- 
taine Zéphyrin  Coni gousse,  du  port  de  Bordeaux,  est  jeté,  seul  survi- 
vant du  naufrage  de  son  navire,  dans  V Ile  des  Centaures.  Des  êtres 
moitié  hommes  et  moitié  chevaux,  en  tout  semblables  à  ceux  des 
légendes  grecques,  l'y  accueillent.  Ce  point  de  départ  donné,  on  pres- 
sent quelles  tribulations  attendent  le  malheureux  échantillon  de 
notre  race,  égaré  au  milieu  d'un  peuple  à  deux  bras  et  à  quatre 
jambes.  Un  centaure  compatissant  lui  propose  de  se  faire  couper  les 
membres  inférieurs  et  de  faire  souder  un  arrière-train  articulé  à  ce 
qui  resterait  de  sa  personne.  Deux  savants  l'examinent  et  croient 
reconnaître  en  lui  un  singe  d'espèce  supérieure.  Ils  se  l'approprient, 
le  font  mettre  en  cage  et  organisent  des  tournées  dans  les  diverses 
parties  de  l'île  pour  l'exhiber  à  la  curiosité  d'un  public  stupéfait  et 
amusé.  Enfin,  au  b^ut  de  dix-sept  ans,  une  occasion  s'ofTrit  à  lui 
de  fuir  sur  une  barque  de  pêche.  Il  revit  Bordeaux,  sa  Gascogne 
natale,  et  put  faire  à  ses  compatriotes  le  récit  des  aventures  que  nous 
venons  de  résumer. 

28.  —  Fille  d'un  grand  industriel  d'Alfort,  Lucienne  de  Brizard 
rachète  par  l'excellence  de  son  cœur  les  vivacités  de  son  caractère 
et  son  goût  de  l'indépendance.  La  vue  de  misères  à  soulager,  aux- 
quelles elle  a  sacrifié  avec  joie  l'argent  que  ses  parents  lui  ont  donné 
pour  acheter  un  objet  désiré  depuis  longtemps,  assagit  son  caractère 
et  la  conduit  à  gagner  par  le  travail  de  quoi  subvenir  aux  b':>soins 
d'autrui.  Elle  en  est  d'ailleurs  largement  récompensée  puisque  c'est 
dans  l'exercice  de  ses  charités  qu'elle  retrouve  dans  un  peintre  qu'elle 
a  secouru  à  une  heure  de  misère  et  de  désespoir  et  pour  lequel  elle  a 
été  la  Fée  de  la  mansarde,  un  parent  de  sa  famille  qui  deviendra  son 


—  497  — 

fiancé.  Les  aventures  du  jeune  homme  ,  de  sa  sœur  et  de  sa  mère 
échappés  tour  à  tour  à  la  gredinerie  d'un  médecin  qui,  après  avoir 
tué  le  père,  a  épousé  la  mère,  inconsciente  et  ignorante  du  crime, 
sont  bien  romanesques.  Elles  n'en  plairont  peut-être  que  davan- 
tage au  jeune  public  pour  lequel  écrit  M^^*^  Marguerite  Morin,  et  qui 
les  lira  avec  intérêt,  émotion  et  aussi  profit  moral,  car  il  y  trouvera 
de  salutaires  enseignements.  Nous  appellerons  l'attention  de  l'auteur 
sur  quelques  incorrections  grammaticales  particulièrement  fâcheuses 
dans  un  livre  destiné  à  la  jeunesse. 

29.  —  Dans  la  Préface  qui  ouvre  les  Zigzags  au  pays  dp  la  science, 
M.  A.  Acloque  fait  intervenir  un  ancien  professeur,  grand  amateur 
de  botanique  et  d'histoire  naturelle,  à,  qui  il  attribue,  entre  autres, 
l'observation  suivante  :  «  Une  chose  m'a  frappé  :  c'est,  à  notre  époque 
de  science,  la  pénurie  de  livres  ayant  pour  but  de  donner  aux  jeunes 
gens,  sous  une  forme  élémentaire  appropriée  à  leur  âge,  le  goût  et  la 
connaissance  des  faits  scientifiques.  Assurément  les  manuels  clas- 
siques ne  manquent  pas;  mais  seuls  les  élèves  très  studieux  les  ouvrent 
hors  de  l'école.  Les  autres,  rebutés  par  la  sécheresse  inévitable  de  ces 
traités  trop  précis,  consentent  peut-être  à  les  étudier  tant  qu'ils  sont 
sous  la  surveillance  du  maître;  mais  ils  n'y  trouvent  aucun  plaisir  et 
parfois  les  prennent  en  horreur.  Et  cependant  la  science  peut  offrir 
des  leçons  profitables  et  jouer  un  rôle  utile  dans  l'éducation.  »  Or, 
c'est,  au  premier  chef,  le  cas  des  Zigzags  au  pays  de  la  science,  qui, 
de  la  manière  la  plus  agréable,  nous  parlent  surtout  d'histoire  natu- 
relle, principalement  en  ce  qui  concerne  nombre  d'insectes  utiles 
ou  nuisibles,  quelques  crustacés,  certains  poissons  et  divers  oiseaux. 
L'auteur,  à  la  fin,  aborde  quelques  sujets  de  physique  et  d'astronomie. 
Tout  cela  est  si  attachant  qu'on  ferme  le  livre,  aussi  remarquablement 
illustré  que  gracieusement  relié,  en  regrettant  d'en  voir  si  vite  le  bout. 

30.  —  U Ange  et  les  deux  démons  pourrait  aussi  être  intitulé:  «  His- 
toire de  trois  pince-sans-rire  ».  L'auteur  "qui  s'attribue  le  rôle  de 
l'ange,  par  une  inspiration  dont  le  lecteur  aura  vite  fait  d'apprécier 
le  sel,  est  venu  avec  un  ami  (premier  démon)  s'installer  pendant 
quelques  jours  à  la  campagne,  chez  un  ami  commun  (  deuxième  dé- 
mon). Tous  trois  passent  leur  temps  à  se  taquiner  et  à  se  faire  des 
niches.  Leurs  plaisanteries  se  poursuivent,  amusantes  et  ininter- 
rompues pendant  le  voyage  d'aller,  le  séjour  chez  l'amphytrion,  puis 
au  cours  d'une  tournée  en  auto  et  d'une  partie  de  pêche  qui  agré- 
mentent leur  villégiature.  Font-ils  trêve  un  moment  à  leurs  agres- 
sions mutuelles,  c'est  pour  unir  leurs  efforts  et  mettre  en  commun 
les  ressources  inépuisables  de  leur  esprit  caustique,  afin  de  mystifier 
quelque  gêneur,  dont  les  procédés  incorrects  leur  ont  paru  mériter 
une  leçon.  Heureux  les  adolescents  à  qui  leur  bonne  fortune  Vaudra 

DÉCEMBRE  1912.  T.  GXXV.  32. 


d'aussi  joyousos  élrennes.  S'ils  ont  jamais  entendu  dire  <jue  la  vieille 
gaieté  française  est  morte,    ce  livre  leur  prouvera  qu'il  nen  est  rien. 

31.  —  Les  Quatre  Sous  de  Frcdy,  par  M"^®  P.  Perrault,  est  une  his- 
toire très  simple,  joliment  contre,  qui  convient  aux  enfants  de  six 
à  sept  ans.  Ces  tout  petits  s'intéresseront  sûrement  aux  aventures 
du  héros  du  volume,  Frédy,  et  de  sa  sœur  Lucette,  dite  Bouche-close. 

II.  —  PÉRIODIQUES  ILLUSTRÉS.  —  [.Le  Joumol  de  la  jeunesse 
compte  déjà  quatre-vingts  volumes.  C'est  une  importante  collection. 
On  peut  dire  que  sa  lecture  est  saine,  intéressante  et  instructive; 
de  plus,  si  la  pensée  de  Dieu  n'est  pas  fréquente,  elle  est  loin 
d'être  bannie  de  ce  beau  périodique.  Les  deux  volumes  de  1912  sont, 
à  tous  égards,  dignes  des  précédents  et  leur  variété  est  considérable, 
\oici  d'abord  les  grands  romans  :  Disparu,  histoire  d'un  enfant  perdu, 
par  M.  Albert  Cim;  Le -Ff/i-f/w /m^^//'^gé,  par  M.  H.  de  Charlieu;  tZ/ze 
Mystérieuse  Affaire  (1803),  par  M.  Gcorges-G.  Toudouze;  Les  Deux 
Tigresses,  par  M.  Pierre  Maël,  dont  nous  avons  rendu  compte  plus 
haut  (p.  493);  Soisik,  par  M^^^  Julie  Borius;  Par  la  Montagne,  par 
M.  Beudant.  Nous  mentionnerons  aussi  quelques  récits  ou  nouvelles 
d'importance  moindre  :  Le  Vol  du  diamant  rouge,  par  M^^  Blanche 
Gérald-Le  Texier;  La  Pipe  de  Rataplan,  par  M.  Raymond  Crussard. 
De  M.  Louis  Rousselet,  il  convient  de  noter  une  série  d' Excursions 
aux  confins  algéro-marocains  et  dans  le  Sahara  algérien  et,  enfin,  pour 
bien  établir  que  le  Journal  de  la  jeunesse  est  à  peu  près  universel,  nous 
allons  citer  pêle-mêle  un  certain  nombre  d'articles  et  d'études  scien- 
tifiques, historiques  et  artistiques  qu'il  a  offerts  à  ses  lecteurs  : 
L'Éclairage  il  y  a  un  siècle,  par  M.  A.  Savignon;  Le  Carillon  de  Saint- 
Germain  l'Auxerrois,  par  M.  J.  Preneuse;  La  Conç-wé^e  et  la  défense  de 
la  Hollande,  par  M.  D.  Bellet;  Vipères  et  couleuvres,  par  M.  E.  Renoir; 
Les  Funiculaires  aériens  et  le  transport  des  voyageurs,  pav  M.  D.  Bellet; 
Histoire  du  nettoyage  des  rues  de  Paris,  par  M.  L.  A'iator;  La  Mal- 
maison, par  M.  A.  Savignon;  Origine  et  constitution  des  météorites, 
par  M.  G.  Renaudot;  Le  Prix  d'un  aéroplane,  par  M.  P.  de  Mériel; 
Le  Sauvetage  des  trésors  naufragés,  par  M.  L.  Viator;  La  Tripolitaine, 
par  M.  H.  de  Mathuisieulx;  Les  Ruines  d'Alesia,  par  M.  G,  Renaudot; 
La  Bibliothèque  des  aveugles,  par  M.  A.  Savignon;  La  Cité  de  demain, 
par  M.  L.  Mator;  Comment  scdimente  Paris,  par  M.  P.  de  Mériel; 
La  Conjuration  des  Figaros  (1790),  par  M.  Barry;  Les  Moyens  de  trans- 
port primitifs,  par  M.  P.  de  Mériel;  Dans  le  monde  des  fourmis,  par 
M"^e  É.  Magne;  Une  Mine  aux  mineurs  sous  l'ancien  régime,  par 
j\L  Barry;  La  Marine  de  guerre  française,  par  M.  A.  de  Chateau- 
hridint;  Les  Grands  Journaux  modernes,  Tpar  M.  A.  Savignon;  Les  Do- 
mestiques d'autrefois,  par  M.  L.  Viator;  La  Conquête  du  pôle  sud,  sixième 
partie  du  monde,  par  M.  G.  Renaudot.  Nous  pourrions  allonger  consi- 


—  499  — 

dérablement  cette  nomenclature;  mais  la  place  nous  est  comptée; 
il  nous  en  reste  juste  assez  pour  dire  ou  plutôt  répéter  que  l'illustration 
de  ce  périodique  est  aussi  soignée  qu'abondante, 

2.  —  Envisageons  d'abord  le  Journal  des  demoiselles  sous  le  rapport 
artistique  :  1"  chaque  livraison  se  présente  sous  une  couverture  illus- 
tré dont  le  sujet,  traité  avec  autant  de  soin  que  de  talent,  change  vingt- 
quatre  fois  par  an,  puisque  le  périodique  est  bi-mensuel;  2^  les  hors- 
textes  se  composent  de  gravures  de  mode  coloriées,  de  planches  de 
broderie,  de  tapisserie  en  noir  et  en  couleurs,  de  dentelle  en  relief,  de 
morceaux  de  musique,  de  diverses  reproductions  d'oeuvres  de  maîtres, 
tirées  à  part  et  collées  par  un  seul  coin  sur  très  fort  papier  teinté 
formant  encadrement.  Joignez  à  cela  de  nombreux  patrons  en  papier 
et  en  étoffe  et  vous  aurez  une  idée  générale  assez  précise  de  ce  que 
peut  offrir,  au  double  point  de  vue  artistique  et  utilitaire,  le  riche 
et  agréable  périodique  dons  nous  parlons  ici.  Une  publication  de 
l'espèce  doit  nécessairement  fournir  des  indications  et  des  ensei- 
gnements variés  en  matière  de  modes  :  on  trouve  les  uns  et  les  autres 
dans  la  Chronique  de  la  mode  signée  Nadine,  et  surtout  dans  un  remar- 
quable supplément  mensuel  :  Courrier  de  l'aiguille,  dont  le  texte  est 
éclairé  d'innombrables  figures.  Reste  la  partie  littéraire,  fort  impor- 
tante :  on  en  jugera  par  les  romans  irréprochables  qui,  avec  de  nom- 
breux articles  et  études,  l'ont  formée  en  1912.  Enumtrons  simplement 
les  principaux  :  La  Dame  aux  genêts,  par  M'"<^  L.  de  Kérany;  Autour 
d'un  testament,  par  Mi"^  M.  Maryan;  Jeunesse,  par  M'^^  ^\  Regnaud; 
^tademoiseUe  Gringalette,  par  M"ie  Renée  Star;  Le  Caniche  d'Ulrique, 
par  M^"^  Anne  Nouans;  Grandes  Dames  héroïques,  par  M""^  Ar- 
vède  Barine;  Arts  et  métiers  chez  les  animaux,  par  M.  Coupin; 
Louis  XVII  s'est-il  évadé  du  temple  ?  par  M.  G.  Lenotre;  Le 
Carnaval  et  l'histoire,  par  X.;  Un  Grand  Croyant.  Montalcmhert,  par 
M.  pierre  de  Ouirielle;  L'Art  de  manger,  par  le  D^  Alfred  Gottsclialk; 
La  Vie  des  jeunes  filles  à  Séville,  par  M.  Mariadel;  Le  Printonps, 
jeunesse  de  l'année,  par  M.  André  Hallays;  La  Reine  Victoria  chez  elle, 
par  M.  Abel  Chevalley;  La  Reine  Wilhelmine  en  voyage,  par  M.  Xavier 
Paoli;  Le  Cérémonial  en  Chine,  par  A.  B.;  Que  faut-il  penser  de  J.-J. 
Rousseau?  par  M.  Jules  Lemaître;  Au  M  ont- Saint-  Michel,  ])Qiy  M.  Emile 
Baumann;  Un  Empire  d'une  matinée  :  la  conspiration  du  général 
Malet,  par  M.  Marcel  Frager;  Bévues,  lapsus  et  singularités  littéraires, 
par  M.  Albert  Cim;  Nos  célébrités  aux  champs,  par  X.;  Sanctuaires 
et  pèlerinages  célèbres,  par  X.;  Dans  l'intimité  de  Massenet,  par  X.; 
Monsieur  de  Charette;  les  derniers  jours  d'un  chef  vendéen,  par  X.; 
L' Education  et  le  mariage  de  M^^  Lafayette,  par  M.  le  comte  d'Haus- 
sonville;  Aidons-nous  les  uns  les  autres.  Les  Sociétés  d'animaux, 
par  X.  Pour  finir,  n'oublions  pas  d'attirer  l'attention  sur  les  dernières 


~  500  — 

pages  de  chaque  livraison,  remplies  par  des  variétés  et  des  actualités 
littéraires,  historiques,  artistiques  et  scientifiques  bien  choisies.  Et 
nous  ne  disons  pas  tout,  afin  de  laisser  quelques  surprises  agréables 
aux  nouvelles  lectrices  de  cet  excellent  Journal  des  demoiselles  d'ov 
n'est  pas  absente  la  note  chrétienne. 

3.  —  Il  nous  est  bien  difficile  de  fixer  en  quelques  lignes  la  physio- 
nomie parfaite  de  la  Revue  française;  nous  allons  cependant  tenter 
de  l'esquisser.  La  partie  la  plus  suggestive  de  cet  excellent  périodique 
nous  semble  être  celle  ayant  trait  aux  Conférences.  Au  cours  de  sa 
septième  année  (l^r  octobre  1911-22  septembre  1912),  la  Revue 
française  a  publié  de  nombreuses  conférences  dont  nous  regrettons 
de  ne  pouvoir  rappeler  que  les  suivantes  :  Les  Catastrophes  de  Toulon, 
par  M.  l'amiral  Bienaimé;  Les  Cathédrales,  par  M"^^  Judith  Cladel; 
Les  Incarnations  de  l'histoire  française  du  moyen  âge  :  Clovis,  Charle- 
magne,  saint  Louis,  par  M.  le  comte  Delaborde;  Saint  Vincent  de  Paul, 
par  S.  G.  Mgr  de  Durfort;  L'Art  gothique,  par  M.  Emile  Mâle;  Tu- 
renne,   par  M.   le  colonel   Rousset;   L' Influence  actuelle  de  la   Grèce 

antique,  par  M.  André  Beaunier;  L'Art  de  la  guerre  :  Duguesclin,  par 
M.  Germain  Lefèvre-Pontalis;  Garihaldi  à  l'armée  de  l'Est,  par  M.  le 
général  Humbel;  Les  Narrateurs  de  l'histoire  française  au  moyen  âge 
par  M.  le  comte  Delaborde;  J.-J.  Rousseau,  par  M.  Gustave  Gautherot; 
Versailles  avant  la  Révolution,  par  M.  Pierre  de  Nolhac  ;  Mgr  Freppel, 
par  S.  G.  Mgr  Rumeau;  Fénelon,  par  S.  G.  Mgr  Touchet;  Le  Clergé  et 
l'Ancien  Régime,  par  M.  Henri  Welschinger;  Les  Précurseurs  de  Dante, 
par  M"^^  Félix-Faure-Goyau;  L'Encyclopédie;  les  philosophes,  par  M. 
Augustin  Cochin.  A  noter  ensuite  :  quatre  grands  romans  :  Le  Re- 
pentir, par  M.  Ch.  de  Pomairols;  Le  Rlason,  par  M.  André  Delaeour; 
Madame  de  la  Galaisière,  par  M.  Paul  Harel,  et  le  Christ  d'ivoire,  par 
^,jme  ]g^  comtesse  Clo;  quantité  de  contes  et  de  nouvelles,  quelques 
pièces  de  théâtre  et  des  morceaux  de  musique,  un  certain  nombre 
de  biographies,  des  articles  sur  des  sujets  d'histoire,  d'art  et  de 
science,  des  relations  de  voyage,  des  chroniques  théâtrales,  musi- 
cales, politiques,  des  variétés  choisies  avec  beaucoup  de  goût,  des 
poésies  et,  sans  dire  tout,  des  Actualités  et  souvenirs  qui,  sous  la  forme 
de  causeries  ou  d'anecdotes,  constituent  pour  le  lecteur  un  précieux 
mémento  de  faits  et  de  choses  auquel  il  sera  heureux  de  recourir  à 
l'occasion.  Bien  imprimée,  illustrée  à  profusion  de  gravures  souvent 
documentaires,  la  Rei>ue  française,  irréprochable  sous  tous  les  rapports, 
se  recommande  aux  familles  chrétiennes  par  un  esprit  religieux 
très  net. 

4.  —  Assurément  Mon  Journal  tient  une  bonne  place  parmi  les 
périodiques  enfantins  :  pour  être  parfait  de  tous  points,  il  n'aurait 
qu'à  rendre  plus  sensible  la  pensée  religieuse,  trop  discrète  et  trop 


—  501  — 

rare.  Mais  sous  le  rapport  moral  il  est  inattaquable;  ajoutons  que  la 

note' patriotique  vibre  fréquemment  dans  ses  pages  et  que  les  leçons 

de  bonté  ,  de  charité,  de  générosité  et  d'honneur  y  sont  nombreuses. 

A  défaut  de  solides  chrétiens,  il  peut  du  moins  faire  de  bons  Français  : 

nos  enfants  peuvent  donc  lire  utilement  et  agréablement  Mon  Journal. 

Jetons  un  coup  d'œil  sur  le  volume  qui  va  du  7  octobre  1911  au 

28  septembre  1912.  D'abord  deux  romans  d'assez  longue  haleine,  très 

anmsants,  très  gais  :  Les  Terribles  Jumeaux,  adapté  de  Wyatt,  par 

M.  G.  Heywood  et  Un  Joyeux  Loustic,  par  M.  Raphaël  Lightone;  puis 

un  troisième,  très  dramatique,  intitulé  :   Les  Petits  Naufragés  du 

«  Titanic  ».  Après  cela,  comment  mentionner  les  récits  gracieux  ou 

émouvants,   provoquant  le  rire  ou  les  larmes,   que  l'on  rencontre 

dans  tous  les  numéros  de  ce  recueil?  Nous  ne  saurions  le  tenter;  du 

moins  pouvons-nous  citer,  entre  autres  :  La  Fauvette,  par  M.d'Urgel, 

touchant  épisode  des  inondations  de  1910  autour  de  Paris;  Compère 

Guilleri,  histoire  de  brigands  (xvii^  siècle),  par  M.  Paul  de  Maurelly; 

Un  Petit  Héros,   scènes  tragi-comiques  du  début  des  guerres  de  la 

Révolution  (1792),  racontées  par  M.  A.  Hesse;  Le  Serment  du  cerisier, 

autre  récit  de  la  même  époque,  qui  débute  vers  la  fin  de  l'ancien 

régime  et  a  son  épisode  sous  la  Restauration,  par  M.  René  Miguel; 

puis  Le  Piano  de  grand' mère,    par  M.Maisonneuve;  La  Cuillère  de  bois, 

délicieux  conte  de  fée,  par  M'"'^  Marguerite  Douxami,  qui  en  tire  une 

excellente  moralité;  Djinn,  aveûture  périlleuse  d'une  petit  Français 

chez  les  Marocains,  par  M.  Marc  Saunier;  Un  Drame  sous  terre,  scènes 

de  la  vie  des  mineurs,  par  M.  Raphaël  Lightone.  Arrêtons-nous  là  et 

terminons  en  admirant  les  belles  images  en  couleurs  et  les  jolies 

vignettes  en  noir  qui  font  de  Mon  Journal  une  publication  tout  à  fait 

attrayante. 

5.  —  Parler  de  l'Ouvrier,  c'est  en  faire  l'éloge,  et  c'est  par  consé- 
quent nous  répéter.  Le  51^  volume  de  ce  périodique  vient  de  nous 
parvenir,  revêtu  de  son  habituel  cartonnage  marron.  Toujours  aussi 
chrétien  et  intéressant.  Le  cadre  n'a  pas  changé  :  d'abord  des  romans 
tels  que  :  Les  Filleuls  de  Charette,  par  M.  Henry  de  Brisay  ;  Les  Etapes 
d'un  enfant  trouvé,  par  M.  Joseph-Marie  Lecœur;  Sans  boussole,  par 
Mme  Marie  Thiéry;  Le  Château  du  mystère,  par  M.  André  Bruyère; 
L'Affaire  du  train  41,  par  M.  Gaspard  de  Weede;  Le  Pavillon  jaune, 
par  M.  Norbert  Sevestre;  La  Paroisse  de  l'abbé  Daniel,  par  M.  Pierre 
du  Ghâteau;  Pour  arriver,  par  M.  Michel  Auvray;  La  Crevasse  géante, 
par  M.  T.  Albert  Mace;  Sur  les  têtes  blondes,  par  M.  Georges  de  Lys. 
Puis  de  nombreux  articles  humoristiques  et  vigoureux,  écrits  par 
M.  Jean  Drault,  sous  le  titre  d'ensemble  :  Autour  de  la  persécution. 
A  côté  de  diverses  nouvelles  et  variétés  ,on  trouve  fréquemment  des 
sujets  d'actualité  traités  par  M.  Henri  Dartevel  :  la  rubrique  générale 


—  502  — 

Çà  et  là  les  groupe  à  la  table.  M.  Charles  Le  GofTic  passe  en  revue  quan- 
tité de  faits,  de  choses  et  de  gens  dans  son  Carnet  de  quinzaine.  M.  A. 
Fleury  de  la  Roche  nous  donne  des  avis  et  des  renseignements  de 
toutes  sortes,  des  enseignements  aussi  dans  ses  Causeries  du  foyer,  dans 
son  Médecin  à  la  maison,  enfin  dans  Nos  Jardins  et  Notes  d'un  cam- 
pagnard. Quant  aux  Variétés  scientifiques,  elles  sont  l'œuvre  com- 
mune, instructive  et  attachante,  de  MM.  Henri  de  Varigny  et  Francis 
Marre.  Bien  illustré,  ce  51^  volume,  qui  commence  à  la  date  du 
3  mai  191 1  se  termine  le  27  avril  1912. 

6.  —  Plus  loin  nous  parlons  des  albums.  Or,  la  Semaine  de  Suzette, 
quoique  périodique  incontestable,  aurait  des  droits  certains  à  prendre 
rang  parmi  eux.  On  pourrait  justement  la  définir  :  un  album  immense 
«  illustré  »  d'un  texte  abondant.  En  effet  les  images  en  couleurs  et  les 
gravures  en  noir  ornent  chaque  page,  où  à  peu  près,  en  quantité  extra- 
ordinaire :  elles  feront  la  joie  des  petits  et  l'amusement  des  grands. 
Ce  que  les  artistes  ont  dépensé  là,  d'intelligence  , d'esprit  et  d'humour 
est  à  peine  croyable.  «  Il  faut  le  voir  pour  le  croire  »,  comme  chantent 
les  enfants.  A  côté  des  historiettes,  des  monologues  et  des  saynètes, 
on  trouve  là  un  certain  nombre  de  nouvelles  et  aussi  des  romans  à  la 
portée  des  mignonnes  lectrices,  parmi  lesquels  nous  mentionnerons  : 
Mémoires  d'une  poupée  égyptienne,  par  M^^  Myriam  Catalany;  Mon 
Premier  Voyage,  par  M.  Julien;  Petite  Fée,  par  M.  d'Agon  de  laContrie; 
Brouillonne  et  Mie  de  Pain,  sa  servante,  par  M"^^  Pierre  Perrault  ;  £/^i 
Descendant  de  ChiJiette,paj'  M"^*"  Roger  Dombre;F/eM/' rfe  Sicile,  par  M. 
André  de  Parme.  Fréquemment  la  Semaine  de  Suzette,  d'inspiration 
profondément  religieuse,  renferme  des  leçons  de  couture,  de  broderie, 
d'autres  travaux  encore,  et  des  conseils,  et  des  devinettes  et  des  pro- 
blèmes, et  des  charades,  sans  compter  le  reste.  Cadeau  d'étrennes  pas 
ruineux  et  qui  sera  apprécié  des  fillettes  de  toutes  conditions. 

III.  — Albums.  — ■  De  mémoire  de  Polybiblion,  jamais  les  albui^s 
ne  nous  sont  arrivés  en  tel  nombre  à  propos  des  étrennes.  Nous  en 
comptons  40  !  Les  familles  n'auront  que  l'embarras  du  choix. 

1.  —  Personne  ne  s'étonnera  de  voir  Jeanne  d'Arc  faire,  cette  année, 
une  éclatante  apparition  dans  la  «  Collection  d'albums  historiques, 
illustrés  d'aquarelles  en  chromotypogravure  »,  qu'a  entreprise  l'édi- 
teur Boivin  (ancienne  librairie  Furne)  et  où  figurent  déjà  Louis  XI, 
François  I^^,  Henri  IV,  Richelieu,  Le  Roy  Soleil  et  Bonaparte.he  texte  a 
été  demandé,  cette  fois, a  M.  Funok-Brentano.Lenora  de  l'auteur  suflit  à 
nous  indiquer  que  ce  travail  doit  constituer  sur  l'héroïque  vierge  iine 
étude  importante,  sans  aucun  doute  originale,  demandant  par  consé- 
quent un  examen  et  une  appréciation  particulière  que  \e  Polybiblion  se 
réserve  défaire  avec  le  soin  voulu  dans  l'une  de  ses  prochaines  livrai- 
sons. Ce  que  nous  avons  à  signaler  aujourd'hui,  c'est  V album,  ù' est- k- 


-  503  - 

(Jire  l'œuvre  d'urt  qui  accompagne  le  texte.  Elle  consiste  en  une  série 
(je  quarante  eouipositions  neuves,  où  un  artiste  bien  connu,  M.Guil- 
lonnet,  a  donné  largement,  hardiment  carrière  à  son  talent  fougueux 
et  à  sa  verve  impressionniste.  Les  sujets  traités  sont  les  suivants  : 
1.  La  Veillée  au  village;  2.  Prédication  contre  les  hennins;  3.  Fuite 
des  paysans  de  Domremy;  4.  Première  Vision;  5. Départ  de  Vaucou- 
leurs;  6.  Jeanne  révèle  au  Roi  le  signe  de  sa  mission.  Chinon;  7.  Jeanne 
devant  les  théologiens.  Poitiers;  8.  Communion  devant  l'armée; 
î).  Entrée  dans  Orléans;  10.  Reconnaissance  des  positions  anglaises; 
il.  Prise  desTournelles;  12.  Prise  de  Jargeau;  13.  Bataille  de  Patay; 
14.  La  Communion  aux  mourants;  15.  La  Marche  sur  Reims;  16.  Le 
Sacre;  17.  Les  Paysans  sur  le  passage  de  Jeanne;  18.  Jeanne  et  les 
enfants;  19.  Jeanne  blessée  devant  Paris;  20.  Jeanne  remet  ses  armes 
à  Saint-Denis;  21.  Attaque  de  Saint- Pierre-le-Moustier;  22.  Résurrec- 
tion d'un  enfant  à  Lagny;  23.  Prise  de  Jeanne  à  Compiègne;  24.  Pro- 
cession pour  la  délivrance  de  Jeanne;  25.  Jeanne  en  prison  honorable; 
26.  Les  Saintes  apparaissent  à  Jeanne  captive;  27.  Le  Saut-Beau- 
revoir;  28.  Remise  de  Jeanne  aux  Anglais;  29.  Loiseleur  confesse 
Jeanne;  30.  Le  Tribunal.  Rouen;  31.  Les  Seigneurs  anglais  raillent 
Jeanne  prisonnière;  32.  L'Arbre  des  fées;  33.L'Evêque  Cauchon  dans 
la  prison  de  Jeanne;  34.  On  empêche  Jeanne  de  prier;  35.  Jeanne  me- 
nacée de  la  torture;  36.  L'Abjuration;  37.  Loiseleur  implore  le  par- 
don de  Jeanne;  38.  Jeanne  menée  au  bûcher;  39.  Le  Bûcher;  40.  Et 
les  Anglais  disaient  :  «  Nous  avons  brûlé  une  sainte  ».  —  Les  compo- 
sitions qui  ont  le  plus  retenu  notre  attention  par  la  vivacité  du  sens 
et  de  l'expression  historiques  sont  celles  numérotées  ci-dessus:  1,  2,  5, 
7,  22,  24,  25,  29,  30,  31,  33,  34,  35  et  36;  celles  où  nous  est  apparu  le 
mieux  le  sentiment  de  l'idéal  sont  celles  qui,  dans  notre  énumération, 
portent  les  chiffres  14,  26  et  40.  —  L'exécution  générale  de  l'al- 
bum, typographique  et  artistique,  est  vraiment  très  belle  et  fait 
grand  honneur  à  l'éditeur. 

2.  —  La  maison  Hachette  nous  envoie  trois  albums.  —  Le  premier, 
œuvre  de  M.  Outcault,  tourne  à  la  collection.  En  décembre  1908  et 
décembre  1911,  nous  avons  mentionné  ici  les  précédents,  déjà  con- 
sacrés aux  exploits  de  l'incroyable  et  incorrigible  Buster  Brown.  Et 
voici  qu'aujourd'hui  le  même  polisson  nous  revient  :  Buster  Brown 
recommence.  Oui,  il  recommence  à  faire  des  niches  plus  ou  moins 
pendables  et  qui  attirent  sur  lui  des  châtiments  variés.  Quand  donc 
prendra-t-il  du  sérieux?  Égoïstement,  souhaitons  que  ce  soit  le  plus 
tard  possible,  car  nos  enfants,  qui  n'imiteront  certainement  pas 
ce  «  héros  »  toujours  sévèrement  puni,  se  verraient  privés  de  scènes 
bien  comiques.  Toujours  en  compagnie  de  son  inséparable  chien  Tiger, 
nous  le  voyons,  cette  fois,  agir  avec  l'approbation  d'une  petite  fille 


—  504  — 

qui  évite  cependant  de  placer  sa  main  dans  l'engrenage.  Les  trente 
planches  en  couleurs  de  cet  album  donnent  près  de  deux  cents  scènes  l 

3.  —  2^  album  Hachette.  —  M.  J.  Jacquin  ayant  découvert,  il  y  a 
un  lustre  pour  le  moins,  la  cité  d'Acclimatationville,  nous  y  ramène 
de  temps  à  autre.  L'an  dernier,  pour  ne  pas  remonter  plus  haut,  il 
nous  fit  voir  les  Animaux  en  aéroplane  et,  cette  année,  il  nous  convie 
à  des  Fêtes  nautiques  chez  les  animaux,  qui  ressemblent,  à  s'y  mépren- 
dre, à  celles  que  les  humains  organisent  dans  le  genre.  Dans  le  cas 
particulier,  il  y  a  toutefois,  l'on  s'en  doute  un  peu,  moins  d'uniformité 
dans  les  physionomies  d'acteurs,  lesquels  s'appellent  MM.  Lionceau 
de  Latlas,  Lourson,  Fox-Terrier,  Hippo,  Latrompe,  Croco  junior, 
Potame,  Tigre-Bengal;  Riri-Basset,  et  nous  en  passons.  Le  texte, 
fort  divertissant,  est  richement  illustré  de  planches  en  couleurs  et  de 
gravures  en  noir  de  M.  Thompson.  Cartonnage  avec  superbe  scène  en 
couleurs  sur  le  plat. 

4.  —  Ardant  le  Chevelu,  ainsi  s'intitule  le  troisième  album  Hachette 
signé  de  ce  pseudonyme  :  «  Dame  Yvette  ».  Le  dernier  né  d'un  pauvre 
bûcheron  arrive  au  monde  pourvu  d'une  chevelure  rude  et  de  «  cou- 
leur carotte  ».  D'où  son  sobriquet  d'  «  Ardant  ».  Une  vieille  fée  lui 
prédit  qu'il  sera  roi,  roi  «  des  serpents,  des  crapauds  et  des  linottes  ». 
Parti  de  chez  ses  parents  où  on  le  maltraitait,  le  voilà  en  train  de 
conquérir  son  royaume  à  coups  de  cheveux,  qu'il  s'arrache.  Si  bien 
que  de  merveilles  en  prodiges,  il  délivre  une  princesse  captive,  l'épouse 
et  devient  roi.  Mais  alors,  il  est  devenu  chauve. .  . 

5,  —  La  librairie  Garnier  ne  lance  pas  moins  de  douze  albums  pour 
les  étrennes  de  1913.  Passons-les  en  revue.  —  Le  plus  important  est 
celui  de  M.  Benjamin  Rabier,  un  animalier  remarquable.  Titre  : 
Scènes  comiques  dans  la  forêt.  Bien  que  les  bêtes  y  soient  de  poils  et  de 
plumes  variés,  le  lapin  domine.  Pauvre  Jeannot  !  Il  est  souvent  vic- 
time, mais  il  a  parfois,  sous  ses  longues  oreilles,  quelques  malices 
imprévues.  L'album  se  compose  de  cinquante  planches  en  couleurs 
où  sont  représentées  une  ou  plusieurs  scènes.  Il  en  est  vraiment  de 
fort  drôles.  Par  exemple  :  un  porc  rencontre  un  sanglier,  qui  l'accueille 
ainsi  :  «  Salut,  mon  frère  au  visage  pâle  !...  »  Mais  ce  n'est  rien  en  com- 
paraison des  trois  scènes  de  la  planche  6  {Le  Renard  et  le  Corbeau). 
l^e  scène  :  Le  Renard  :  Bonjour,  Monsieur  du  Corbeau  !  Si  votre  ra- 
mage ressemble  à  votre  plumage,  vous  êtes  le  phénix  des  hôtes  de 
ces  bois;  2^  scène  :  Le  corbeau  prend  le  fromage  dans  sa  patte  et  se 
met  à  chanter;  3«  scènç  :  Le  Renard  :  Zut  !...  Il  a  lu  La  Fontaine.  Et 
le  malin,  roulé,  s'enfuit.  On  comprendra  qu'il  ne  nous  est  pas  possible 
de  citer  les  quarante-huit  autres  sujets. 

6.  —  Grégoire  et  son  âne,  2^  album  Garnier,  est  brillamment  enlu- 
miné par  M.  Nunez  Milôn.  Adaptation  de  l'espagnol  de  M.  Santos 


—  505  — 

Gonzalez.  Un  barbier,  dont  la  mentalité,  par  le  fait  de  lectures  absur- 
des, rappelle  un  peu  celle  de  Don  Quichotte,  achète  à  un  gitane  de 
passage  un  baudet  dont  les  os  transpercent  la  peau.  11  exhibe  ce  la- 
mentable quadrupède  à  un  savant  voisin  qui  se  moque  de  lui  en  décla- 
rant que,  après  avoir  consulté  ses  vieux  livres,  il  pourrait  bien  trouver 
le  moyen  de  transformer  Aliboron  en  une  sorte  de  Pégase.  Là- dessus, 
notre  «  gratte-menton  »  enthousiasmé,  s'en  va  au  cabaret  et  se  livre  à 
de  telles  libations  en  compagnie  d'un  ami,  que  nos  deux  ivrognes 
s'endorment  lourdement  sur  la  table.  Le  barbier,  qui  répond  au  nom 
de  Grégoire,  fait  alors  un  songe  fantastique.  Sur  son  baudet  ailé, 
il  exécute  vertigineusement  le  tour  du  monde,  et,  d'aventure  en  aven- 
ture, il  rapporte  au  logis  un  trésor.  Tout  à  coup  il  se  réveille.  Il  prend 
son  rêve  pour  une  réalité  et  l'on  a  toutes  les  peines  du  monde  à  le  dis- 
suader. Il  lui  reste  malgré  tout  quelques  doutes  :  il  court  à  l'écurie 
pour  voir  son  animal  extraordinaire.  Hélas  !  le  baudet  s'est  échappé 
et  il  a  rejoint  la  caravane  de  son  premier  maître,  Grégoire  est  volé  de 
toutes  façons. 

7.  — 3^  album  Garnier.  Auteur  :  M.  E.  ^^^ebe^.  A  quoi  jouons-nous} 
A  cinquante-huit  jeux  tels  que,  notamment  :  la  Balle  au  camp,  le 
Cerf- volant,  Colin-Maillard,  la  Course  en  sacs,  le  Croquet,  le  Law- 
tennis,  la  «  Mère  aux  confitures  »,  Saute-Mouton,  la  Thèque,  etc.,  etc. 
Et  pour  chacun  des  jeux  principaux,  M.  Robert  Salles  a  composé  une 
aquarelle  à  tons  chauds  représentant  une  scène  au  bas  et  au  verso 
de  laquelle  la  règle  des  jeux  est  expliquée. 

8.  —  Avec  Lilette  LéçeiUé  à  Crahoville  nous  avons  le  4^  album 
Garnier.  M.  Jordic,  en  une  prose  aussi  plaisante  que  ses  images  en 
couleurs,  nous  fait  assister  aux  péripéties,  allant  du  comique  au  dra- 
matique, du  séjour,  en  un  coin  perdu  de  la  Bretagne,  d'une  petite 
Parisienne,  heureuse  de  voir  la  mer...  et  ses  poissons.  En  compagnie 
des  quatre  filles  et  fils  de  son  ancienne  «  nounou  »,  chez  qui  elle  débar- 
que, elle  se  livre  aux  ébats  les  plus  divertissants,  mais  qui,  dans 
certains  cas,  auraient  pu  tourner  mal  si  le  père  Brazidec  ne  l'avait  pas, 
elle  cinquième,  tirée  d'embarras.  Les  enfants  qui  recevront  cet  album 
ne  s'ennuieront  pas. 

9  à  16.  —  Notons  enfin,  plus  brièvement,  une  série  de  huit  petits, 
albums  de  la  même  librairie  Garnier,  où  le  cocasse  est  la  note  ifiva- 
riable.  Tous  sont  de  M.  Jordic,  sauf  un  seul  qu'il  a  fait  en  collabora- 
tion. Les  trois  premiers  relatent  des  histoires  de  bonnes  :  Marie-aux- 
sabots-de-hois  se  gage  et  les  Dernières  Places  de  Marie- aux- sa  bot  s- de 
bois  racontent  les  incroyables  bévues  d'une  petite  bonne  bretonne 
qui  se  fait  renvoyer  par  tous  les  maîtres  chez  qui  elle  échoue.  — 
Quelle  différence  avec  la  domestique  hollandaise,  aussi  propre  que 
travailleuse,  dont  nous  suivons  les  occupations  grâce  aux  Sept  Jours  de 


—  506  — 

Ketje.  —  Perrine  la  petite  laitière  ne  songe  qu'à  faire  des  niches  ù 
deux  excellentes  clientes,  M^i^s  Anaïs  et  Églantine,  qui  habitent  le 
manoir  de  la  Tour- Pointue;  mais,  certain  jour,  elle  est  si  fortement 
châtiée  que  l'envie  d'ennuyer  son  prochain  lui  passe  à  tout  jamais. — 
Si,  à  présent,  nous  entrons  au  Cours  sélect,  directrice  miss  Bigoudy, 
nous  remarquons  que  les  jeunes  demoiselles  qui  le  fréquentent  com- 
mettent pas  mal  d'espiègleries,  ce  qui  ne  les  empêche  pas  d'aimer 
beaucoup  Miss  Bigoudy,  qui  ne  punit  jamais.  —  Assez  des  gens; 
passons  aux  bêtes.  Voulez-vous  savoir  comment  l'on  se  comporte 
dans  la  Pension  aux  Oiseaux,  texte  de  M.  Tony  d'Ulmès,  avec 
dessins  de  M.  Jordic?  Ouvrez  l'album  qui  porte  ce  titre  et  vous 
constaterez  que  la  gent  emplumée  est  aussi  dissipée  que  les  petits 
humains.  —  Bré  ké  kès  !  Coc(s  !  Coas  !  C'est  avec  ce  chant,  qui  lui 
est  du  reste  habituel,  qu'une  tribu  de  grenouilles  émigré  de  son 
étang  vers  la  mer,  dont  elle  ne  trouve  pas  l'eau  à  son  goût.  Elle 
se  hâte  alors  de  retourner  à  son  point  de  départ,  non  sans  éprou- 
ver quelques  désagréments.  —  Tintin  Gorin  est  un  petit  cochon  — 
en  parlant  par  respect,  comme  dit  l'autre  —  dont  les  aventures 
et  les  mésaventures  grotesques  (ainsi  que  celle  de  M^^  sa  mère) 
sont  narrées  d'une  façon  qui  amusera  fort  nos  bambins. 

17,  18.  —  De  la  maison  Hetzel  nous  recevons  deux  albums  de 
genre  fort  différent  :  le  premier  :  Les  Animaux  célèbres,  par  M.  E. 
Muller,  avec  de  fort  belles  illustrations  de  M.  J.  Geoffroy,  nous 
raconte  toutes  sortes  d'histoires,  ou  terribles,  ou  touchantes,  ou 
égayantes.  C'est  d'abord  Androclès  et  son  lion  fameux,  puis  des 
anecdotes  de  tigre  et  de  chien,  de  tigre  et  de  marin.  On  voit  en- 
suite le  jeune  fils  de  Philippe  de  Macédoine,  le  futur  Alexandre  le 
Grand,  domptant  Bucéphale,  le  cheval  qui  devait  lui  être  fidèle 
jusqu'à  la  mort;  après  quoi  l'on  passe  à  la  légendaire  bête  de  Gé- 
vaudan,  au  chien  du  chevalier  Aubry  de  Montdidier,  etc.  Ensem- 
ble fort  intéressant.  —  Mademoiselle  Lili  à  la  campagne  forme  l'un 
de  ces  albums  déjà  nombreux  dans  lesquels  M.  P.-J.  Stahl  sait, 
par  un  style  bien  à  lui,  se  mettre  admirablement  à  la  portée  des 
enfants.  Il  expose,  en  une  série  de  tableautins  délicats  et  char- 
mants, les  joies  de  toutes  sortes  qu'une  petite  Parisienne  éprouve 
à  l'occasion  de  son  séjour  dans  une  ferme  éloignée  de  la  grande 
ville,  et  aussi  les  rares  mésaventures  que  sa  désobéissance  lui  fait 
éprouver.  Les  dessins  de  M.  L.  Frœlich  sont  remarquables  de  sim- 
plicité  et   de   naturel. 

—  Attention  au  déluge...  d'albums  de  la  maison  Manie.  Il  y  a 
de  quoi  choisir  :  veuillez  donc  nous  suivre  à  travers  les  huit  séries 
de  ces  albums,  que  nous  allons  présenter  dans  l'ordre  décroissant 
de  leurs  prix. 


-  -  507  — 

19,  20,  21.  —  Le  Trésor  de  Gisèle  Qomis,te,  nous  dit  M.  C.  Gasté,  en 
une  pièce  de  cinq  francs  toute  neuve  que  des  parents  ont  donnée 
à  leur  fillette  pjur  la  récompenser  de  ses  succès  d'écolière  et  que 
son  frère,  paresseux  et  jaloux,  a  méchamment  dérobée  et  cachée 
dans  le  jardin.  Faute  grave,  réparée  par  un  aveu  et  un  repentir 
sincère.  —  Dans  Une  Mauvaise  Inspiration,  M,  Jean  de  la  Gobar- 
dière  raconte  l'aventure  fâcheuse  d'une  petite  espiègle  qui,  croyant 
jouer  un  bon  tour  à  son  institutrice  anglaise,  détériore  un  beau 
livre  que  cette  dernière  voulait  précisément  lui  offrir  pour  sa  fête. 
—  Monsieur  Parapluie  et  Mademoiselle  Ombrelle,  c'est  l'histoire, 
anecdotiquement  résumée  par  M.  L.  Chollet,  des  origines  et  des 
perfectionements  de  ces  deux  utiles  objets.  Les  trois  présents 
albums  sont  illustrés  de  jolies  images  coloriées. 

22,  23,  24.  —  En  lisant  la  Tourterelle  de  Marthe,  par  M.  C.  Gasté, 
les  enfants  verront  comment  furent  récompensés  le  dévouement 
et  la  bonne  conduite  d'une  pauvre  petite  villageoise.  —  Très  émou- 
vant l'album  de  M.  L.  Chollet,  intitulé  :  Le  Chef-d' œuvre  du  petit 
berger  :  «  Ce  petit  barger  »,  Filippo  Lippi,  devait  être  un  jour  l'un 
des  plus  grands  artistes  de  l'Italie.  —  Le  même  auteur  nous  offre 
aussi  la  Galette  des  Rois,  récit  attendrissant  de  l'enfance  du  pauvre 
Jacques  Amyot,  qui  devint  plus  tard  évêque  d'Auxerre  et  a  laissé 
une  grande  réputation  d'érudit.  Même  illustration  en  couleurs  que 
pour  les  précédents  albums. 

25,  26.  —  Sous  ce  titre  heureusement  choisi  :  La  Libératrice,  la 
maison  Marne  a  voulu  contribuer,  une  fois  de  plus,  à  propager 
dans  les  générations  nouvelles  le  culte  catholique  et  national  de 
Jeanne  d'Arc.  Elle  leur  offre,  en  forme  d'album,  un  résumé  simple 
et  clair  de  l'histoire  de  l'héroïque  vierge,  illustré  de  figures,  dont 
les  principales  sont  empruntées  aux  tableaux  connus  des  peintres 
Scherrer  et  Lenepveu.  Le  jugement  porté  sur  Charles  "VU,  au  com- 
mencement du  récit,  aurait  dû  être  moins  sévère.  Les  travaux  du 
feu  marquis  de  Beaucourt  ont  modifié  sur  son  caractère,  à  cette 
époque  de  son  règne,  une  tradition  historique  aujourd'hui  un  peu 
surannée.  L'exécution  typographique  de  cet  album,  on  ne  s'en  éton- 
nera pas,  est  tout  à  fait  remarquable.  —  De  M™^  Marie  Vergne, 
voici  les  Ajoncs  d'Anne-Marie,  avec  gravures  en  noir  par  M.  H. 
Avelot,  qui  prouvent,  une  fois  de  plus,  qu'une  bonne  action  ne 
reste  jamais  sans  récompense. 

27  à  30.  — •  Pour  illustrer  la  Religion  enseignée  aux  petits  enfants, 
de  M.  l'abbé  Soulange-Bodin,  la  maison  Marne  a  reproduit  divers 
chefs-d'œuvre  des  principaux  musées.  Il  y  a  là  de  brèves  notions 
sur  Dieu,  les  mystères,  les  anges,  l'homme,  l'Incarnation,  la  Ré- 
demption, le  Ciel,  l'Eglise,  en  somme  sur  «  ce  qu'un  enfant    doit 


—  508  — 

savoir  pour  faire  sa  première  communion  privée  ».  Ici,  les  gravures 
sont  en  noir.  —  Par  contre,  dans  les  trois  albums  suivants,  appar- 
tenant cependant  à  la  même  série,  l'illustration  est  en  coulcirs. 
Un  Témoin  inattendu,  par  M.  P.  Couronneau,  n'est  autre  qu'un 
simple  phonographe  qui,  par  rapport  à  une  fillette  indiscrète  à 
force  d'être  curieuse,  remplit  le  rôle  de  la  conscience  accusatrice. 
—  Une  autre  petite  fille  exprime  à  son  papa  le  vif  désir  de  se 
li\Ter  à  toutes  ses  fantaisies  pendant  une  journée;  ce  désir  ayant 
été  accueilli,  elle  accomplit  naturellement  de  telles  sottises  qu'elle 
promet  bien  de  ne  pas  récidiver.  Tel  est  le  sujet  de  Luceife  en 
liberté,  par  M.  C.  Gasté.  —  Le  même  M.  Gasté,  avec  la  Chasse 
de  Lina,  a  écrit  quelques  pages  comiques  qui  feront  rire  aux  éclats 
les  enfants  des  deux  sexes. 

31,  32,  33.  —  D'après  Hégésippe  Moreau  et  avec  des  illustrations 
de  M.  Pinchon,  voici  la  Souris  blanche,  qui  nous  conduit  au  châ- 
teau de  Plessis-lez-Tours.  Épisode  de  l'histoire  de  Louis  XI  à  ses 
derniers  jours,  où  l'on  rencontre  le  jeune  Dauphin  Charles  et 
malheureux  petit  duc  de  Nemours  gémissant  en  captivité.  —  En- 
core de  la  petite  histoire,  avec  les  Souliers  de  Marie- Rose,  égale- 
ment d'après  Hégésippe  Moreau  et  avec  des  illustrations  de  M.  Pin- 
chon :  Marie- Rose  n'est  autre  que  Marie- Rose- Joséphine  de  la  Pa- 
gerie,  qui  devait  devenir  la  femme  de  Napoléon  I*^'".  Sur  le  navire 
qui  l'amène  en  France,  une  négresse  lui  prédit,  en  un  langage  mys- 
térieux, sa  destinée  magnifique  et  douloureuse  à  la  fois,  et  c'est 
cette  destinée  que  l'on  voit  s'accomplir  ici.  • —  Les  Sacrifices  de 
Renée,  dont  parle  M^^  Marie  Vergne,  consistent,  pour  Renée,  à 
combattre  ses  penchants  à  la  gourmandise.  Elle  prend  donc  des 
résolutions  qu'elle  oublie  séance  tenante.  Un  jour,  cependant,  elle 
commet  une  telle  faute  de  l'espèce  que  sa  maman  en  est  profon- 
dément affligée  :  touchée  au  cœur,  c'est-à-dire  au  bon  endroit. 
Renée  se  jure  à  elle-même  de  se  corriger  absolument^. 

34.  —  En  vacances,  Lili  commet  quelques  maladresses  chez  son 
grand-père;  elle  en  fait  le  récit  à  ses  petites  compagnes  lors  de  la 
rentrée  à  la  pension.  Une  sous-maîtresse  qui  l'a  entendue  en  con- 
clut qu'elle  a  eu  tort,  étant  sans  expérience,  de  prendre  des  initia- 
tives déplacées.  Le  texte,  de  M^^e  Milka  Steag,  est  illustré  par 
M.   R.    de   la    Nézière. 

35,  36,  37.  —  Petite  fille  entêtée  et  désagréable.  Mademoiselle 
Je-le-veux  reçoit  un  jour  une  bonne  leçon  qui  ne  restera  pas  sans 
porter  ses  fruits  :  «  La  politesse,  conclut  l'auteur,  M '"^  Milka  Steag, 
est  une  menue  monnaie  qui  coûte  peu  à  distribuer,  mais  qui  rap- 
porte beaucoup  ».  —  M.  Jean  de  la  Gobardière,  avec  Mademoiselle 
Sabre-Tout,  montre  le  ridicule  où  peut  tomber  une  petite  fille  qui 


—  509  — 

veut  jouer  au  garçon  batailleur.  —  Le  Fil  de  la  vie,  par  M.  L.  de 
Vaumouret,  qui,  heureusement  pour  Lili,  n'est  qu'un  songe,  établit 
qu'elle  n'a  pas  eu  raison  d'être  jalouse  de  sa  grande  sœur  et  que 
le  mieux  est  «  d'accepter  la  vie  telle  que  l'a  faite  le  bon  Dieu  ». 
Cette  série  d'albums   est   illustrée  de  jolies  images   en  couleurs. 

38,  39.  —  La  Vanité  de  Lucienne,  par  M"^e  Marie  Vergne,  et  Un 
bon  petit  Cœur,  par  M.  P.  Gouronneau,  deux  mignons  albums  illus- 
trés en  noir,  le  premier  par  M.  R.  de  la  Néziére,  le  second  par 
M.  Senior,  l'ont,  d'une  part,  le  tableau  des  sottises  de  Lucienne, 
qui  se  croit  des  dispositions  pour  la  peinture,  et,  d'autre  part, 
relatent  les  gentillesses  de  Nénette,  «  un  bon  petit  cœur  »,  comme 
il  y  en  a  un  certain  nombre,   mais  pas  assez  tout  de  même. 

Tous  les  albums  de  la  maison  Mame  non  seulement  comportent 
une  moralité,  mais   sont   nettement    marqués   de   l'esprit   chrétien. 

40.  —  Il  a  fallu  deux  artistes  et  un  poète  pour  exécuter  l'al- 
bum de  la  librairie  Colin,  intitulé  :  Chansons  à  la  façon  d'Epinal. 
M.  Marcel  Legay  a  composé  la  musique  et  M.  Puyplat  les  images 
«  à  la  façon  d'Épinal  »,  mais  en  noir  simplement,  afin  de  laisser 
aux  enfants  le  plaisir  de  les  enluminer  à  leur  gré,  en  s'inspirant 
des  modèles  de  la  couverture.  Les  paroles  sont  de  M.  Tournayre, 
qui,  lui  aussi,  a  voulu  contribuer  à  la  justification  du  titre,  en 
«  tournant  »  des  vers  sans  prétention.  Parmi  les  douze  chansons 
qui  figurent  ici,  on  peut  citer  :  Le  Petit  Poucet,  la  Belle  au  bois 
dormant,  Barbe-Bleue,  Geneviève  de  Brabant,  le  Lièvre  et  la  Tortue, 
le  Loup  et  l'Agneau,  le  Sol  français. 

IV-  Bibliothèque  illustrée  formât  in-4  de  la  maison  Mame. — 
1 .  —  Les  petits  lecteurs  qui  aiment  les  histoires  dramatiques,  où  une 
série  de  crimes  se  termine  par  le  triomphe  de  la  vertu  et  le  châtiment 
des  coupables,  ^trouveront,  dans  Rose- des- Chemins,  de  quoi  les 
satisfaire.  Ajoutons  que  la  donnée  du  récit  de  M.  C.  de  Vitis  est 
parfaitement  morale  et  que  le  volume  est  aussi  bien  relié  et  imprimé 
que  bien  illustré. 

2.  — Le  comte  Egon  d'Haï wyll,  pour  sauver  du  déshonneur  son  frère 
Léo,  qui  a  contracté  chez  un  usurier  une  dette  formidable,  consent 
à  prendre  pour  femme  la  fille  même  de  l'usurier,  mais  en  jurant  de 
la  considérer  comme  une  étrangère,  et  de  la  renvoyer  aussitôt  la 
dette  acquittée.  Comment  Lindis  Kemper,  victime  innocente  des  ma- 
chinations de  son  père,  parvient  à  gagner  le  cœur  de  son  mari,  com- 
ment la  haine  qu'il  lui  a  vouée  se  transforme  en  amour  et  en 
admiration,  comment  l'épouse  trop  longtemps  outragée  parvient  à 
se  faire  respecter  et  en  même  temps  à  établir  l'innocence  de  sa  tante, 
jadis  follement  aimée  du  comte  Nicolas  Hallwyll,  oncle  d'Egon, 
puis  séparée  de  lui  après  une  scène  mystérieuse  qui  a  laissé  planer  sur 


—  510  — 

elle  des  soupçons  calomnieux;  c'est  ce  que  les  joimos  lecteurs  verront 
dans  le  livre  que  J.  Edhor  a  intitulé  :  La  J)ette  et  Volage,  dont  l'intérêt 
se  soutient  jusqu'au  bout  et  où  se  rencontre  plus  d'une  page  émou- 
vante. L'adaptation  que  M,  de  Launay  nous  a  donnée  de  cet  ouvrage 
allemand  nous  a  paru  bonne  et  exacte,  autant  qu'on  en  peut  juger  sans 
avoir  sous  les  yeux  l'original. 

W. — Bibliothèque  rose  illustrée. — 1. —  Dans  le  stylealerte,  vif  et 
et  aisé  qui  lui  est  propre,  M"^®  Chéron  de  la  Bruyère  raconte,  cette 
année,  au  cercle  de  petits  lecteurs  dont  ses  ouvrages  font  la  joie, 
l'histoire  d'un  groupe  d'enfants,  qui  se  retrouvent  pendant  les  vacances 
sur  la  plage  de  Biarritz.  A  ce  petit  monde,  où  il  y  a  des  enfants  char- 
mants et  aussi  des  enfants  gâtés  et  insupportables,  le  commandant 
d'Ormont,  dit  le  Commandant.  Rabat- Joie,  inspire  une  vraie  crainte; 
on  admire  et  on  plaint  la  petite  Andrée,  élevée  par  ce  grand-père 
sévère,  qui  ne  comprend  que  la  discipline  dans  la  maison,  comme  à 
bord  de  son  bateau;  mais,  en  fin  de  compte,  Andrée  n'est  pas  malheu- 
reuse, seulement  beaucoup  mieux  élevée  que  ses  petits  amis, et  ceux-là 
finissent  par  en  être  convaincus.  Des  épisodes  imprévus  et  amusants, 
celui  par  exemple  d'une  princesse  noire  fixée  sur  la  Côte  d'Argent, 
mettent  une  note  de  gaieté  dans  ce  joli  volume,  dont  le  succès  est 
certain. 

2.  —  La  Blignoimette  de  M^'^  Hortense  Giraldon  est  une  jolie  his- 
toire, peut-être  pas  très  vraisemblable,  mais  bien  racontée, 
avec  une  note  religieuse  jviste  et  discrète  et  un  mystère  qui  tiendra 
en  éveil  l'imagination  des  jeunes  lecteurs.  Ils  y  verront  comment  le 
caprice  de  Chouchou,  une  enfant  gâtée  et  insupportable,  amène 
pour  sa  compagne  de  jeux,  enfant  volée  jadis  par  un  directeur  de 
cirque,  une  découverte  qui  transforme  sa  vie.  Mignonnette,  la  véri- 
table héroïne  du  récit,  retrouve,  en  effet,  à  la  dernière  page,  une 
mère  et  un  foyer,  et  le  bonheur  de  sa  petite  amie  a  sur  le  caractère 
de  Chouchou  la  plus  heureuse  influence.  Ce  récit  de  la  Bibliothèque 
rose  Convient  aux  lecteurs  de  sept  à  huit  ans. 

"VI.  —  Livres  roses  pour  la  jeunesse.  —  La  collection  des 
Livres  roses  pour  la  jeunesse  vient  de  s'augmenter  de  vingt-quatre 
volumes  pendant  l'année  qui  prend  fin.  Ils  forment  la  4*^  série  de  cette 
collection,  où  l'image  joue  un  rôle  important  en.  raison  de  son  abon- 
dance et  de  sa  bonne  exécution.  Noter  tout  cela  par  le  détail  serait 
trop  long;  d'autre  part,  faire  un  choix  devient  un  peu  arbitraire; 
et  cependant  il  faut  nous  y  résigner.  En  premier  lieu,  signalons  les 
Récits  de  la  Rome  antique,  qui  n'ont  rien  de  rébarbatif;  puis  voici 
deux  contes  tirés  des  Mille  et  une  Nuits,  adaptés  pour  les  enfants  : 
Le  Marchand  de  Bagdad  et  le  Marchand  et  le  Génie.  Nous  arrivons  aux 
contes  de  fées,  de  génies,  d'enchanteurs,  toujours  pleins  d'attraction. 


—  511  — 

avec  le  Roi  des  ogres;  Histoire  de  Galliis,  Poulette  et  Gloii-Glou\  Le 
Vaisseau  fantôme,  etc.  Enfin,  mentionnons  sept  volumes  de  contes  : 
Contes  du  Morvan,  du  Nivernais,  de  Provence;  Contes  danois,  de 
Silésie,  de  Perse,  du  Japon.  Nous  arrêtons  là  notre  nomenclature.  Et 
nous  disons  que  ces  vingt-quatre  jolis  livres  rangts  dans  leur  étui,, 
sont  un  joli  cadeau  à  faire  à  des  enfants.  Par  son  prix,  cette  4^  série,, 
comme  les  précédentes,  est  d'ailleurs  cà  la  portée  des  bourses  les  plus 
modestes.-     ■    "    :    [        '  Visenot. 

Nota.  —  A  la  fin  de  noire  Chronique,  nous  donnons  la  bibliographie 
des  ouvrages  illustrés  reçus  trop  tardivement  à  nos  bureaux  pour 
que  le  compte  rendu  ait  pu  figurer  ici.  Nous  en  parlerons  dans  notre 
prochaine  livraison  de  janvier  1913. 


BEAUX-ARTS 


1.  U Architecture,  religieuse  en  France  à  l'époque  romane,  ses  origines,  son  déve- 
loppement, par  R.  DE  Lasteyrie.  Paris,  A,  Picard  et  fils,  1912,  gr.  in-8  de 
vii-749  p.,  avec  731  grav.,  30  fr.  —  2.  La  Décoration  monumentale  des  églises 
de  h  Francs  sepientriomh  du  xii<^  au  xiii""  si'-cle,  par  Albert  Marignan. 
Paris,  Loroux,  1911,  in-18  de  xix-334  p.,  3  fr.  50.  —  3.  La  Tradition  dans 
l'École  française.  Le  Génie  gothique,  par  Armand  Fourreau.  Paris,  Sansot, 
s.  d.,  in-8  de  168  p.,  avec  16  pi.  hors  texte,  7  fr.  50.  —  4.  Le  Palais 
de  Justice  e.  la  Sainte-Chapelie  de  Paris,  par  Henri  Stein.  Paris,  Longuet, 
1912,  in-18  de  251  p.,  avec    26   pi.  hors    texte,    11     grav.    et    3    plans,    5    fr. 

—  5.  Anthologies  illustrées.  Les  Provinces  françaises.  La  Touraine,  le 
Blésois.  le  Vendmnois,  par  Henri  Ouerlin.  Paris,  Laurens,  1911,  in-8 
de  236  p;,  avec  109  grav.  et  une  carte,  5  fr.  —  6.  Anthologies  illustrées. 
Les  Provinces  jrançai'ses.  L' Auvergne,  par  Louis  Bréhier.  Paris,  Laurens,  1912, 
in-8  de  247  p.,  avec  123  grav.  et  une  ca. te  5  fr.  —  7.  Anthologies  illustrées. 
Les  Provinces  françaLies.^La  Bourgogne,  par  .Joseph  (Jalmette  et  Henri  Drouot. 
Paris,  Laurens  1912,  in-S  de  248  p.,  avec  132  grav.  et  une  carte,  5  fr.  —  8. 
Petites  Monographies  des  grands  édifices  de  h  France.  Sentis,  par  M\rcel  Aubert. 
Paris,  Laurens,  s.  d.,  in-8  de  144  p.,  avec  39  grav.  et  un  plan,  2  fr.  —  9.  Pe- 
tites Monographies  des  grands  édifices  de  la  France.  Le  Château  de  Chambord, 
par  Henri  Guerlin.   Paris,   Laurens,  s.   d.,   in-8  de  112  p.,  avec  41   grav.  et 

2  plans,  2  fr. — ^10.  En  flânant.  A  travtrs  la  France.  Touraine,  Anjou  et  Maine, 
par  André   Hallays.   Paris,  Penin,  1912,  in-8  de  374  p.,  avec  30  grav.,  5  fr, 

—  11.  Les  Villes  d'Art  célèbres.  Bourges  et  les  abbayes  et  châteaux  du  Berry, 
par  Georges  Hardy  et  Alfred  Gandilhon.  Paris.  Laurens,  1912,  in-8  de 
164  p.,  avec  124  grav.,4fr.  —  12.  Les  Villes  d'art  célèbres.  Londres,  Hampton- 
Court  et  Windsor,  par  Joseph  Avnard..  Paris,  Laurens,  1912,  in-8  de  172  p., 
avec  164  grav.,  4  fr.  —  13.  Les  Villes  d'art  célèbres.  Athènes,  par  Gustave 
Fougères.  Paris,  Laurens,  1912,  in-8  de  204  p.,  avec  168  grav.,  4  fr.  —  14. 
Ménars.  Le  Château,  les  jardins  et  les  collections  de  M"'"  de  Pompadour  et  du 
marquis  de  Marigny,  par  le  D''  Frédéric  Lesueur.  Blois,  inip.  Bieton,  1912, 
in-8  de  268  p.,  avec  20  grav.  et  3  plans,  5  fr.  —  15.  Paysages  d'Italie.  I.  De 
Florence  à  Naples,  par  André  Maurel.   Paris,  Hachette,  1912,  in-16  de  297  p., 

3  fr,  50.  —  16.  Le  Charme  de  Florence,  par  Maurice  Brillant.  Paris,  Bloud, 
1912,  in-16  de  ii-290  p.,  3  fr.  50.  —  17.  L'Art  antique  en  Corse,  par  Lorenzi 
DE  Bradi.  Paris,  Figuièie,  1912,  in-12  de  71  p,,  1  fr.  —  18.  Répertoire  de 
peintures  du  moyen  âge  et  de  la  Renaissance  (1280-1580),  par  Salomon  Reî- 
NAcir.   Tome  III.   Paris,  Leroux,  s.^d.,  in-8  de  863  p.,  avec  1350  grav,,  10  fr. 


—  512  — 

19.    Les   Grandes  Institutions  de  France.    Le  Musée  du  Louvre.     Sculptures  et 

objets  d'art  du  moijen  âge,  de  la  Renaissance  et  des  temps  modernes,  par  André 
Michel  et  Gaston  Migeon.  Paris,  Laurens,  in-8  de  172  p.,  avec  106  grav., 
4  fr.  —  20.  Musées  et  collections  de  France.  Le  Musée  du  Luxemhoura,.  l^s 
Peintures,  par  Léonce  Bénédite.  Paris,  Laurens,  1912,  in-8  de  70  p.,  avec 
389  reproductions,  10  fr.  —  21.  Musées  et  collections  de  France.  Le  Musée  de 
Lyon.  Les  Peintures,  par  Paul  Dissard.  Paris,  Laurens,  1912,  in-8  de  70  p., 
«vec  354  reproductions  et  3  plans,  10  fr.  —  22.  Hans  Holbein  le  Jeune.  V Œu- 
vre du  maître.  Paris,  Hachette.  1912,  in-8  de  xxxn-268  p.,  avec  252  grav., 
cart.  toile,  12  fr.  —  23.  Watteau.  L'Œuvre  du  maître.  Paris,  Hachette,  1912, 
in-8  de  xxxi-188  p.,  avec  183  gravures  cart.  toile,  10  fr.  —  24.  Les  Maî- 
tres de  Part.  Les  Sculpteurs  français  du  xiW^  siècle,  par  Louise  Pillion.  Paris, 
Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-8  de  272  p.,  avec  24  pi.  et  4  fig.  dans  le  texte,  3  fr.  50. 

—  25.  Les  Maîtres  de  l'art.  Fra  Angelico,  par  Alfred  Pichon.  Paris,  Plon- 
Nourrit,  s.  d.,  in-8  de  208  p.,  avec  24  grav.,  3  fr.  50.  —  26.  Les  Grands  Ar- 
tistes. Brunelleschi  et  l'Architecture  de  la  Renaissance  italienne  au  xv»  siècle,  par 
Marcel  Reymond.   Paris,  Laurens,  s.  d.,  in-8  de  128  p.,  avec  24  grav..  2  fr.  50. 

—  27,  Les  Grands  Artistes.  Le  Sodoma,  par  Henri  Hauvette.  Paris,  Lauiens, 
s.  d.,  in-8  de  128  p.,  avec  24  grav.,  2  fr.  50.  —  28.  De  Michel- Ange  à  Tie- 
polo,  par  Marcel  Reymond.   Paris,  Hachette,  1912,  in-12  de  xi-223  p.,  3  fr.  50. 

—  29.  Gouîhière,  sa  vie,  son  œuvre.  Essai  de  catalogue  raisonné,  par  Jacques 
RoBiQUET.  Paris,  Laurens,  1912,  in-4  de  204  p.,  avec  28  pi.  hors  texte,  25  fr. 

—  30.  L'Art  de  notre  temps.  Carpeaux,  par  Paul  Vitry.  Paris,  Librairie  cen- 
trale des  beaux-arts,  s.  d.,  petit  irt-4  de  114  p.,  avec  48  grav.,  3  fr.  50.  — 
31.  Anthologie  d'art  français.  La  Peinture,  xx«  siècle,  par  Charles  Saunier. 
Paris.  Larousse,  s.  d.,  in-8  de  xvi  et  xiii  p.,  avec  128  phototypies,  3  fr.  50. 

—  32.  Les  Victoires  de  la  volonté,  biographies  contemporaines.  Les  Artistes,  par 
Léonce  Bénédite.   Paris,  Colin,  1912,.  in-8  de  xii-140  p.,  avec  32  grav.,  I  fr.  50. 

1.  —  Ce  n'est  pas  en  quelques  lignes  qu'il  est  possible  de  dire  la 
valeur  exceptionnelle  d'un  livre  attendu  depuis  longtemps  sans  doute, 
et  qui  se  trouve  non  pas  égal,  mais  assurément  supérieur  à  l'univer- 
selle attente.  L'étude  de  M.  le  comte  Robert  de  Lasteyrie  sur  l'Ar- 
chitecture religieuse  en  France  à  l'époque    romane  se  présente  à  nous 
comme  le  monument  le  plus  considérable  qui  honore  à  l'heure  actuelle 
l'histoire  de  l'art  du  moyen  âge.  C'est  un  manuel, si  l'on  veut,  mais 
comme  l'on  n'en  avait  pas  vu  encore,  où  l'enseignement  est  donné 
avec  une  autorité  de  doctrine,  une  méthode  d'exposition,  une   clarté 
de  style  incomparables.  Pour  débrouiller  les  origines  de  l'art  roman, 
il  faut  bien  remonter  .jusqu'aux  premiers  temps  de  l'art  chiétien,  et 
toute  une  partie  du  grand  travail  de  M. de  Lasteyrie  est  consacrée  à 
ces  débuts  de  l'architecture  ecclésiastique.  La  discussion    des   hypo- 
thèses sur  l'origine  des  basiliques  est  suivie  d'une  analysedétaillée  de 
leurs  divers  éléments  architecturaux,  de  la  matière  et  de  l'expression 
de  leur  décor.  Des  édifices  de  tradition  romaine  l'auteur  passe  aux 
édifices  byzantins,  puis  aux  monuments  de  i'époque  carolingienne, 
dont  il  analyse  également  les  caractèresparticuliers,etil  arrive  alors  à 
cette  belle  renaissance  de  l'architecturechrétienne  qui  couvre  une  pre- 
mière fois  la  France  de  chefs-d'œuvre;  ilnousdéfinitla  beauté  et  la 
nouveauté  de  l'église  romane,  de  l'église  où  la  voûte  remplace  le 
plafond.  Point  par  point,cette  définition  se  poursuit  de  chapitre  en 


—  513  — 

chapitre  :  c'est  le  plan,  c'est  la  distribution  de  l'intérieur  et  de  l'exté- 
rieur, les  tours,  les  clochers;  puis  vient  la  classification  par  écoles  des 
églises  de  la  Provence,  de  la  Bourgogne,  de  l'Auvergne,  du  Poitou, 
de  la  Normandie,  de  l'Ile-de-France,  des  bords  du  Rhin;  puis  la 
théorie  de  leur  décoration  peinte  et  sculptée,  enfin  la  description  des 
accessoires,  autels,  bénitiers,  etc.;  tout  cela  dit  avec  cette  limpidité 
qui  a  conquis  à  l'enseignement  du  savant  membre  de  Tlnstitut  sa 
réputation  unanime.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  de  rendre  à  l'éditeur 
de  ce  livre  magistral  la  louange  qui  lui  est  due.  M.  Picard,  ancien 
élève  de  l'École  des  chartes,  a  tout  fait  pour  que  l'œuvre  de  son  émi- 
nent  maître  fût  dignement  présentée,  et  l'illustration  qui  accompagne 
le  texte  page  à  page  est  vraiment  digne  de  ce  texte  ;  c'est  le  plus  beau, 
le  plus  complet  et  le  plus  clair  des  répertoires  figurés,  où  les  images 
scliématiquesetles  plans  innombrables  s'associent  aux  vues  photogra- 
pliiques  d'une  parfaite  fidélité;  le  zèle  de  l'éditeur  a  su  ajouter  en- 
core aux  mérites  de  l'auteur. 

2.  —  Dans  la  petite  Bibliothèque  d'art  et  d'archéologie  où  il  publiait, 
il  y  a  une  dizaine  d'années,  une  fort  intéressante  étude  sur  la  Tapis- 
serie de  Bayeiix,  M.Albert  Marignan  donne  lerésultatdesesrecherches 
sur  la  Décoration  monumentale  des  églises  de  la  France  septentrionale 
du  xii^  au  xiii^  siècle.  C'est,  plutôt  qu'un  essai  de  synthèse  historique 
sur  les  origines  de  la  grande  sculpture  française  —  l'auteur  se  défend 
modestement  de  conclure  —  une  série  d'analyses  très  fines  sur  les 
œuvres  et  le  style  des  écoles  de  sculpture  de  Tlle-de- France,  d'Angers 
et  du  Mans,  de  la  Champagne,  et  des  rapprochements  qui  établissent 
l'influence  de  cette  statuaire  en  Poitou  et  en  Bourgogne. On  goûtera, 
sous  la  sécheresse  un'peu  minutieuse  de  ces  analyses,  l'effort  sage- 
ment conduit  d'une  érudition  scrupuleusement  précise;  mais  pour 
lire  avec  fruit  ces  patientes  observations,  il  serait  indispensable 
d'avoir  sous  les  yeux  un  recueil  de  gravures  photographiques  tel  que 
celui,  si  précieux,^de  MM.  Vitry  et  Brière  chez  l'éditeur  Longuet. 

3.  —  Vn  beau  souffle  d'enthousiasme  anime  et  soutient  l'étude  de 
M.  Armand  Fourreau  sur  le  Génie  gothique.  «  Aucune  autre  époque 
n'a  donné  une  moisson  plus  universelle,  plus  riche,  plus  complète.  » 
Par  l'analyse  de  la  grande  rénovation  du  xiii^  siècle,  de  l'évolution 
de  l'art  gothique  au  xiv^  siècle,  de  son  épanouissement  au  xv^, 
l'auteur  est  conduit  à  constater  une  survie  du  génie  naturaliste  fran- 
çais que  l'on  retrouve  au  xix^  siècle,  et  qui  éclate  jusque  dans  les 
œuvres  de  ces  maîtres  toujours  discutés  :  Gauguin,  Van  Gogh,  Cé- 
zanne. Tout  cela  ne  va  pas  sans  un  peu  d'incohérence  et  certains 
excès  d'admiration;  mais  qu'il  est  sage  de  rattacher  notre  expérience 
à  celle  de  nos  pères,  et  qu'il  est  fortifiant  d'appuyer  les  traditions 
plastiques  de  l'art  moderne,   toujours  en  voie  de  transformation, 

DÉCEMBRE  1912.;?  T.  CXXV.  33. 


— .  514  — 

aux  fermes  et  indestructibles  principes  de  l'art'de^ notre  moyen»  âge  ! 
Les  quelques  très  belles  planches  dont  ce  livre  est  illustré  ont  été 
choisies  en  dehors  des  œuvres  très  célèbres  et  forcément  un  peu 
banales,  comme  un  vivant  commentaire,  où  l'on  ne  saurait  dire  de 
certaines  figures  si  elles  ne  sont  pas  d'hier  ou  de  demain,  car  elles 
sont  de  toujours. 

4.  —  La  Notice  historique  et  archéologique  de  M.  Henri  Stein  sur 
le  Palais  de  Justice  et  la  Sainte- Chapelle  de  Paris,  en  même  temps 
qu'elle  constitue  un  des  plus  importants  chapitres  de  l'histoire 
monumentale  parisienne,  nous  apporte  un  parfait  modèle  de  mono- 
graphie inédite.  Rien  n'y  a  été  négligé  des  plus  récentes  recherches,  et 
les  Archives  Nationales  mises  à  contribution  par  leur  zélé  conservateur 
lui  ont  révélé  plus  d'un  détail  ignoré  de  la  construction  du  splendide 
édifice  et  de  ses  réfections  successives  à  la  suite  des  incendies  qui 
l'ont  ravagé.  Salle  par  salle  et  muraille  par  muraille,  si  l'on  peut  dire, 
M.  Stein  ressuscite  le  monument  qui  est,  avec  Notre-Dame  et  le 
Louvre,  l'honneur  et  l'ornement  des  rives  de  la  Seine;  et  les  pages 
où  ij  nous  fait  connaître  le  personnel  et  les  cérémonies  de  la  Sainte-Cha- 
pelle, où  il  résume  l'histoire  des  reliques  et  nous  initie  aux  secrets  du 
Trésor  des  Chartes,  celles  enfin  oii  il  classe  les  épaves  de  cette  histoire 
précieuse  conservées  dans  les  collections  publiques  ne  manqueront 
pas  d'intéresser  vivement  ses  lecteurs.  D'excellentes  illustrations 
documentaires  et  des  plans  fort  complets  ajoutent  à  la  valeur  de  ce  re- 
marquable livre. 

5,  6,  7.  —  La  librairie  Laurens  s'enrichit  de  collections  nouvelles, 
et  qui  nous  promettent  de  nouvelles  joies  :  ce  sont  des  Anthologies 
illustrées.  Les  unes  nous  raconteront  l'histoire  de  notre  pays,   les 
autres    commenteront    les    mystères    chrétiens.    La  série  des   Pro- 
vinces  françaises  a  commencé  à  paraître,  et  nous  pouvons,  dès  main- 
tenant, apprécier  les  ressources  d'un  plan  très  ingénieux  :    chaque 
volume    se    compose    d'abord    d'une  grande  étude  géographique  et 
historique,  dont  l'Anthologie  reprend  ensuite  les  principales  données, 
en  les  développant  par  des  citations  heureusement  choisies  des  meil- 
leurs écrivains.  Le  premier  volume,  dont  M.  Henri  Guerlin  a  organisé 
le  texte  avec  un  goût  très  délicat  et  très  sûr,  est  consacré  à  la  Tour  aine  ; 
on  ne  pouvait  mieux  faire  que  de  nous  conduire,  pour  les  débuts,  au 
jardin  de  la  France.  Parmi  les  écrivains  cités,  poètes  et  prosateurs, 
il  y  a  les  vieux  maîtres  de  notre  langue  :  Rabelais,  Ronsard,  Racan, 
La  Fontaine,  M"^*^  de  Sévigné,  et  puis  les  modernes  illustres  :  Balzac, 
bien  entendu,  et  Hugo,  Vigny,  Gautier,  Michelet,  Flaubert;  et  nous 
allons  jusqu'aux  contemporains  dont  s'honorent  la  Touraine    ou  le 
Rlésois  :  M.  Jules  Lemaître,  M.  René  Boylesve.  La  longue  introduc- 
tion de  M.  Guerlin  est  bien  agréable  à  lire,  et  non  moins  agréables  sont 


—  515  — 

les  illustrations,  réunissant  aux  plus  jolis  aspects  de  nature  les  meil- 
leurs documents  qui  nous  reconstituent  les  sites  d'autrefois  ou  évo- 
quent les  figures  qui  les  habitèrent;  et  je  ne  voudrais  pas  oublier  cer- 
taines petites  pliotooraphies  prises  par  l'auteur  lui-même  avec  une 
finesse  délicieuse  qui  l'ait  songer  à  Corot.  —  L' Auvergne,  de  M,  Louis 
Bréhier,  est,  ainsi  qu'il  convient,  plus  âpre;  mais  comme  ici  les  gra- 
vures austères  vont  d'accord  avec  la  gravité  des  textes  !  La  belle 
leçon  de  géographie  et  d'histoire  locale  que  nous  donne  M.  Bréhier 
nous  aide  à  comprendre  la  personnalité  bien  à  part  de  la  rude  race 
auvergnate,  et  les  textes  des  écrivains  antiques  qui  ont  parlé  des 
Arv(^rnes  sont  associés  aux  descriptions  d'un  Mérimée  ou  d'une  George 
Sand,  ou  encore  aux  pages  vibrantes  des  poètes  du  terroir,  ces  félibres 
d'Auvergne,  Vermenouze  et  Michalias.  —  Pour  célébrer  la  Bourgogne^ 
MM.  Joseph  Calmette,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Dijon, 
et  Heru'i  Drouot,  membre  de  la  Commission  des  antiquités  de  la 
Côte-d'Or,  ont  brossé,  à  traits  rapides  et  larges,  un  tableau  lumineux, 
où  sur  le  fond  robuste  d'un  paysage  infiniment  varié  se  dresse  le  vieux 
décor  de  l'histoire,  animé  de  scènes  vives  et  pittoresques;  l'art  tient 
une  grande  place  dans  cette  province  privilégiée.  L'Anthologie  pro- 
prement dite  comprend  toute  une  littérature;  elle  va  de  César  et  de 
Grégoire  de  Tours  à  saint  Bernard,  de  Commynes  à  Brantôme  et  à 
Bossuet,  de  VoJtaire  à  Lamartine,  à  Victor  Hugo,  des  Concourt  à 
Gabriel  Hanotaux  et  à  Henri  de  Régnier;  et  que  d'images  grandioses 
ou  charmantes,  qui  évoquent  ù  nos  yeux,  à  côté  de  Dijon,  de  Mâcon, 
d'Autun,  les  petites  villes  chères  aux  archéologues  et  aux  artistes, 
comme  Tournus  ou  Saulieu  et  Semur,  et  l'incomparable  Vézelay  ! 
8,  9.  —  M.  Marcel  Aubert,  l'érudit  directeur  de  la  Revue  de 
l'art  chrétien,  a  donné  à  la  collection  des  Petites  Monographies  des 
grands  édifices  de  la  France  une  étude  fort  attachante  sur  la  ville 
de  Senlis,  dont  il  avait  déjà,  dans  un  fort  beau  livre,  analysé  et 
décrit  par  le  menu  la  célèbre  cathédrale.  C'est  encore  la  cathé- 
drale, conmie  il  est  naturel,  qui  occupe  la  meilleure  part  de  ce 
guide  historique  et  archéologique;  autour  d'elle  se.  groupent  les 
églises  secondaires  assez  nombreuses  qui  conservent  à  la  jolie  ville, 
avec  les  ruines  de  son  château,  son  évêché,  ses  maisons  et  hôtels 
d'autrefois,  un  caractère  pittoresque  et  paisible  que  les  pages  de 
M.  Marcel  Aubert,  avec  l'appoint  d'excellentes  gravures,  feront 
très  vivement  apprécier.  —  M.  Henri  Guerlin,  l'auteur  de  la  jolie 
Anthologie  de  Touraine  dont  nous  parlions  tout  à  l'heure,'  a  décrit 
pour  la  même  collection  le  Château  de  Chambord.  Les  origines  et 
l'histoire  de  la  vieille  demeure  princière,  tous  les  précieux  souvenirs 
qui  s'y  rattachent  sont  narrés  dans  ce  petit  livre  avec  une  mé- 
thode qui  n'exclut  pas  l'agrément;  il  y  a  là  tout  ce  qu'il  faut  con- 


—  516  - 

naître  do  ce  glorieux  Ghambord,  dont  les  enfants  du  duo  de  Parme, 
suivant  noblement  les  traditions  de  leur  père,  assurent  avec  un 
soin  admirable   la  restauration  et   l'entretien. 

10.  —  Les  ingénieuses,    érudites    et    si    attachantes    flâneries  de 
M.  André  Hallays  A  travers  la  France  l'ont  plus  d'une  fois  conduit 
aux  bords  de  la  Loire;    après   nous   avoir   guidés   en  Alsace  et   en 
Provence,  c'est   vers  la    Touraine,   V Anjou  et  le  Maine   qu'il    nous 
invite  aujourd'hui  à  le  suivre.   Il  ne  nous  offre  qu'un  choix  parmi 
ces  promenades  dont  les  lecteurs  du  journal  des  Débats  ont  eu  la 
primeur;  mais  ce  choix  peut  satisfaire  toutes  les  curiosités.  Après 
les  monuments    célèbres  et    partout    décrits,   que    de    petites    mer- 
veilles à  décou\Tir  !  Tout   le   monde  connaît   le   château   de  Blois; 
mais  celui  de  Ménars,    l'œuvre    du    frère  de  M"^^   de    Pumpadour, 
qui  le  visite,  sinon  quelques  rares  initiés?  Quel  joli  pèlerinage  bal- 
zacien l'on  peut  faire  dans  la  vallée  de  l'Indre,   entre  Montbazon 
et  Azay-le- Rideau  !  Qu'il  est  amusant  d'évoquer  à  Valençay  la  fi- 
gure de  Talleyrand  vieilli,  à  Chinon  la  légende  de  Rabelais,  à  Ri- 
chelieu l'histoire  du    grand    cardinal  !  Dans    le    val  du  Loir,    nous 
sommes  au  pays  de  Ronsard  et  de  Racan;  et,  plus  loin,  à  Soles- 
mes,  surgit  la  grande  figure  de  Dom  Guéranger  dans  l'admirable 
monastère,   hélas  1  vide  de  ses  habitants.  Vraiment,   peu  de  livres 
ont  plus  d'attraits,    et    le    monument    qu'élève   M.André  Hallays, 
avec  une  patience  inlassable,  n'a  d'indolent  et  de  capricieux  que 
son  titre;  il   est   construit  des  plus   belles   pierres   de   notre   pays. 
11,  12,  îd.  —  Dans  la  jolie  collection  des  Villes  d'art  célèbres, 
voici   trois   nouveaux   volumes.  Bourges   et   les   abbayes  et  châteaux 
du  Berry  ont  offert  à  deux  érudits,  l'un  normalien,   l'autre  chartiste, 
l'un  professeur  d'histoire,  l'autre  archiviste-paléographe,   le  thème 
d'une  collaboration  féconde,  et  si  bien  conduite  que  l'on  ne  saurait 
distinguer  la  part  de  M.  Georges  Hardy  de  celle  de  M.  Alfred  Gan- 
dilhon.  Les  premiers  temps  de  Bourges,  l'Avaricum  gaulois  conquis 
par  les  Romaine,  l'expansion  du  christianisme  dans  le  Berry,  avec 
la  création  de  cette  merveille,  la  cathédrale,  si  noble,   si  pure  de 
proportions,  si  lumineuse  dans  la  splendeur  de  ses  vitraux,  Ja  Sainte- 
Chapelle,  l'hôtel  de  Jacques  Cœur,   les  maisons  et  chapelles  de  la 
Renaissance,  sans  parler  des  richesses  modernes,  telles  sont  les  éta- 
pes successives  d'une  très  belle  monographie,  dont  tous  les  détails 
ont  été  mis    heureusement    en   valeur.  Et  le    dernier    chapitre,  où 
Dtous  sont  présentées  des  beautés  trop  peu  connues,  et  bien  dignes 
de  l'être,  les  abbayes  de  Plainpied,  de  Massay,  de  Noirlac  surtout 
et  de  Saint- Satur,  les  châteaux  de  Meillant  et  de  Valançay,  mérite 
aux  deux  auteurs,  par  le  vif  attrait  du  texte  et  des  gravures,  toute 
njtre  reconnaissance,  —  M.  Joseph  Aynard,   dans  son  intéressant 


—  517  — 

livre  sur  Londres,  Hampton-Court  et  ]Vùidsor,  a  développé  surtout, 
et  l'on  ne  saurait  l'en  blâmer,  l'étude  des  musées  et  des  collections 
où  ri^stoire  de  l'école  anglaise  de  peinture,  si  médiocrement  re- 
présentée en  France,  tient  la  principale  place  et  prête  à  une  illus- 
tration aussi  excellente  que  variée.  —  Quant  au  volume  de  M.  Gus- 
tave Fouo'ères  svu'  Athènes^  je  voudrais  disposer,  pour  le  louer  di- 
gnement, de  ressources  autres  que  quelques  pauvres  lignes.  Les 
maîtres  de  l'archéologie  hellénique,  ou  plutôt  les  collègues  de  l'au- 
teur, ont  dit,  en  termes  éloquents,  tout  le  bien  qu'il  faut  penser 
de  son  érudition.  Mais  cette  érudition  n'est  pas  moins  aimable 
que  solide  et  sûre,  et  c'est  un  des  plaisirs  les  plus  délicats  que 
l'on  puisse  goûter  que  de  suivre  dans  les  rues  et  sur  les  places 
de  la  ville  d'autrefois  et  d'aujourd'hui  ce  savant  parfait  qui  est 
tout  à  la  fois  un  homme  d'esprit  et  un  artiste.  Il  aime  cette  ville 
où  il  a  passé  les  plus  belles  années  de  sa  jeunesse.  Avec  quelle 
joie,  avec  quelle  ardeur  ne  nous  sommes-nous  pas  élancés,  au  sortir 
de  l'Ecole  normale,  pour  conquérir  Rome  ou  Athènes!  et  ne  faut-il 
pas  que  de  nos  jeunes  enthousiasmes  il  reste  mieux  qu'un  souvenir 
au  fond  de  nos  cœurs?  Un  petit  livre  comme  celui  de  M.  Gustave 
Fougères  peut  témoigner  du  labeur  de  toute  une  existence;  c'est 
un  monument  pieux  et  durable. 

14.  —  Paris  a  beau  centraliser  la  plus  grande  partie  des  publi- 
cations d'art,  il  demeure  toujours  en  province  des  érudits  zélés  et 
patients  qui  s'attachent  à  élucider  un  problème  d'histoire  locale, 
et  à  composer  de  précieuses  monographies.  C'est  ainsi  que  le  D'" 
Frédéric  Lesueur  a  donné  à  la  Société  des  sciences  et  lettres  de 
Loir-et-Cher,  qui  l'a  édité  fort  soigneusement,  un  travail  entière- 
ment nouveau  et  des  plus  attachants  sur  Ménars,  le  château  des 
bords  de  la  Loire,  qui  doit  sa  célébrité  plus  encore  au  souvenir 
de  M°^^  de  Pompadour  et  de  son  frère,  le  marquis  de  Marigny, 
qu'à  sa  belle  situation  et  au  charme  de  ses  jardins.  C'est  une  des 
meilleures  contributions  qui  aient  été  apportées  en  ces  dernières 
années  à  l'histoire  de  l'art  et  de  la  curiosité.  Le  château  et  le  mar- 
quisat de  Ménars  furent  achetés  en  1760,  quatre  ans  avant  sa  mort, 
par  M  "le  fie  Pompadour;  en  1761,  elle  léguait  à  son  frère,  le  direc- 
teur général  des  bâtiments  du  royaume,  le  domaine  enrichi  et  em- 
belli par  ses  soins.  Toute  l'histoire  de  l'organisation  et  de  la  déco- 
ration de  ce  domaine  nous  est  fort  agréablement  narrée,  avec 
l'aide  de  nombreux  et  importants  documents  inédits;  les  collections 
de  la  marquise  et  de  son  frère  nous  sont  décrites,  les  œuvres  d'art, 
les  précieuses  statues  dispersées  en  des  galeries  célèbres,  mais  peu 
accessibles,  nous  sont  présentées  à  nouveau  avec  l'appoint  très  ap- 
préciable de  bonnes  photographies;  enfin  les  vicissitudes  du  beau 


—  518  — 

domaine  jusqu'à  nos  jours  sont  retracées  de  main  de  maître.  Il 
faut  remercier  le  D""  Lesueur  de  nous  avoir  donné  ce  beau  livre  et 
attendre  en  toute  confiance  celui  qu'il  nous  annonce  sur  le  château 
de  Blois. 

15.  —  M.  André  Maurel  ne  se  lasse  point  de  parcourir  l'Italie 
et  de  nous  entraîner  à  sa  suite.  Ayant  clos  le  cycle  de  ses  Petites 
Villes,  il  entreprend  une  série  de  Paysages  d' Italie  qui  ne  sera  pas 
moins  goûtée,  et  où  il  ^ous  offre  la  figure  d'un  Grégorovius  très 
moderne.  Il  sait  voir  et  raconter,  il  prépare  savamment  ses  voyages 
et  nous  les  sert  assaisonnés  d'esprit.  J'ai  lu,  dois- je  le  dire,  ce  der- 
nier volume  avec  un  pou  de  mélancolie.  Il  faut  donc  que  soient 
jetés  en  pâture  à  la  foule  banale  ces  chers  secrets  que  d'autres 
avaient  cachés  dans  la  solitude  du  souvenir  !  Et  in  Arcadia  ego; 
nous  aussi,  mais  en  un  temps  où  les  automobiles  ne  soulevaient 
point  la  poussière  des  routes,  nous  avons  connu  Pienza,  Monte- 
pulciano,  Corneto;  nous  avons  accompagné  notre  bon  maître  Bois- 
sier  dans  les  monts  Latins  et  sur  les  rivages  déserts  d'Astura  et 
d'Ostie;  nous  avons  respiré  le  parfum  des  fleurs  qui  submergent 
les  ruines  de  Ninfa.  Moins  égoïste,  plus  prompt  aux  décisions  pra- 
tiques, M.  André  Maurel  ravive  nos  joies  anciennes  par  ses  étince- 
lantes  descriptions;  et  pourquoi  marchander  nos  éloges  à  son  très 
joli  livre,  le   meilleur  peut-être  qu'il  nous  ait   encore  donné? 

16.  —  M.  Maurice  Brillant,  qui  est  un  charmant  poète,  a  goûté 
profondément,  lors  d'un  premier  voyage  en  Toscane,  le  Charme 
de  Florence,  et  il  s'est  risqué  à  le  rendre  avec  beaucoup  de  candeur. 
Le  vêtement  léger  d'un  style  qui  ne  s'accroche  pas  aux  ronces  de 
l'érudition  recouvre  dans  ce  petit  livre  une  pensée  aimable,  hon- 
nête et  religieuse.  De  gracieuses  pages  sur  l'humanisme  chrétien, 
sur  la  sculpture  grecque  et  florentine  plairont  sans  doute  à  tous 
les  lecteurs  qui,  à  défaut  d'un  guide  ou  d'une  esthétique  bien  or- 
donnée, trouveront  ici,  parmi  quelques  descriptions  justes  et  sobres, 
une  délicate  leçon  de  sentiment. 

17.  —  L'Art  antique  en  Corse,  un  beau  titre  sur  une  agréable 
plaquette,  où  il  y  a  des  descriptions,  des  anecdotes  et,  sous  un  ly- 
risme parfois  un  peu  jeune,  l'amour  sincère  de  l'île  admirable  qui 
est,  aujourd'hui  encore,  et  malgré  Mérimée,  un  des  joyaux  les  moins 
connus  de  la   France. 

18.  —  Le  Répertoire  des  peintures  du  moyen  âge  et  de  la  Renais- 
sance, dont  M.  Salomon  Reinach  a  déjà  publié  trois  volumes,  devrait 
être  entre  toutes  les  mains;  c'est  là  seulement  que  l'on,  trouvera, 
réunis  avec  une  patience  merveilleuse,  les  éléments  d'une  icono- 
graphie incomparable.  Les  gravures  au  trait  sont  d'une  netteté 
parfaite,  et  les  quelques  critiques  que  l'on  a  pu  faire  aux  deux  pre- 


-  frlO  — 

miors  volumes  sur  l'exiguïté  de  certaines  reproductions  ne  sont 
plus  de  mise  pour  le  troisième,  où  tout  est  admirablement  lisible. 
Il  y  a,  dans  ce  volume,  toute  une  série  d'œuvres  délicieuses,  et 
des  moins  connues,  de  l'école  allemande,  et  des  tableaux  provenant 
de  collections  particulières,  dont  quelques-unes  déjà  dispersées  ou 
détruites.  Ce  répertoire  si  bien  classé,  de  consultation  si  facile,  se 
termine  par  d'excellents  index  et  des  addenda  et  corrigenda  où  la 
conscience  de  l'auteur  s'est  efforcée  à  rectifier  les  moindres  erreurs. 
Je  signale,  à  la  page  460,  une  désignation  erronée  pour  une  Madone 
faussement  attribuée  à  Botticelli,  qui  n'est  pas  à  Sainte-Marie  Nou- 
velle de  Florence,  mais  bien  au  Musée  des  Offices,  parmi  le  fonds 
de  l'hôpital  de  Santa  Maria  Nuova. 

19.  —  Deux  émi.nents  conservateurs  du  Louvre,  MM.  André  Mi- 
chel et  Gaston  Migeon,  pour  satisfaire  au  plan  d'une  des  plus 
jolies  collections  de  la  librairie  Laurens,  ont  rédigé  en  collaboration 
un  texte  excellemment  illustré  de  phototypies  où  nous  est  retracée 
l'histoire  des  départements  dont  ils  ont  la  garde  et  qu'ils  enrichis- 
sent d'année  en  année  avec  un  zèle  infatigable.  C'est,  en  vérité, 
toute  une  histoire  sommaire,  ici  de  la  Sculpture  française,  là  des 
Objets  d'art  si  variés  qui  emplissent  une  partie  du  Louvre;  l'essen- 
tiel y  est  dit,  et  dans  les  meilleurs  termes.  Le  livre  est  fait  pour 
plaire  à  tous  les  amis  de  notre  grand  musée. 

20.  —  Le  très  beau  livre  où  M.  Léonce  Bénédite  a  reproduit,  en 
près  de  quatre  cents  images,  les  Peintures  de  ce  Musée  du  Luxem- 
bourg qu'il  administre  depuis  un  quart  de  siècle  avec  le  goût  le 
plus  délicat  et  le  plus  sûr,  mérite  tous  les  suffrages  des  amis  de 
l'art.  Il  n'était  pas  possible  de  mieux  choisir  et  de  mieux  grouper, 
par  les  affinités  de  sujets  ou  de  talents,  des  œuvres  qui  consacrent 
tant  de  renommées  françaises  ou  étrangères,  œuvres  sans  cesse 
renouvelées  et  qui  assurent  au  Louvre  un  recrutement  désormais 
régulier.  Voilà  donc  nos  classiques  modernes,  jeunes  et  vieux,  au- 
dacieux ou  timorés,  modèles  enviés  en  tout  cas  et  imités  par  d'in- 
nombrables disciples,  la  fleur  de  nos  Salons  et  l'ornement  de  nos 
Musées;  et  ce  n'est  point  dire  que  tout  en  soit  impeccable;  mais 
ce  recueil  d'images  peut  être  pris  comme  un  miroir  où  se  reflètent 
les  goûts,  les  ambitions,  les  médiocrités  aussi  d'une  époque  où  l'ait 
est  intimement  mêlé  à  la  vie.  L'habileté  vraiment  remarquable  des 
reproductions  fait  le  plus  grand  honneur  à  la  librairie  Laurens. 

21.  —  Dans  la  même  collection  où  a  paru  le  Musée  du  Luxem- 
bourg, après  ceux  de  Tours  et  de  Grenoble,  M.  Laurens  nous  dorme, 
en  354  excellentes  photogravures,  tout  l'essentiel  des  Peintures  du 
Musée  de  Lyon.  On  sait  la  place  considérable  que  tient  ce  musée 
parmi  les  riches   collections    provinciales,    trop    peu    connues,  trop 


—  520  — 

pou  décrites,  de  la  France.  M.  Paul  Dissard,  son  conservateur,  en 
raconte  brièvement  l'histoire  et  dresse  un  catalogue  complet,  par 
ordre  alphabétique,  de  ses  peintures;  il  n"y  en  a  pas  moins  de  764, 
dont  beaucoup  sont  actuellement  retirées  de  l'exposition  par  in- 
suffisance des  locaux.  Prés  de  la  moitié,  c'est-à-dire  tout  ce  qu'il 
importe  de  voir,  tous  les  documents  indispensables  et  durables 
dans  rœu%Te  des  artistes,  forment  le  magnifique  album  où,  des 
primitifs  jusqu'aux  artistes  les  plus  modernes,  ces  tableaux  sont 
classés  par  écoles.  Une  place  à  part  et  considérable,  ainsi  qu'il 
convenait,  a  été  faite  à  la  belle  école  lyonnaise,  où  les  trois  Flan- 
drin,  Janmot,  Vollon,  Seignemartin,  Meissonier  sont  représentés 
par  des  toiles  honorables,  et  où  se  succèdent,  dans  leur  beauté 
désormais  classique,  les  chefs-d'œuvre  de  Puvis  de  Chavannes  qui 
mériteraient  à  eux  seuls  au  musée  de  Lyon  la  visite  de  tous  les  amis 
de  l'art. 

22,  23.  —  La  librairie  Hachette  continue  activement  sa  belle 
Collection  des  classiques  de  l'art.  Le  recueil  des  peintures  de  Hans 
Holhein  le  jeune  ne  comprend  pas  moins  de  252  planches  gravées, 
où  sont  reproduits  et  classés  par  ordre  de  dates  tous  les  tableaux 
que  l'on  possède  du  maître,  ainsi  que  les  copies  anciennes  d'o,'u\TejB 
disparues,  et  même  un  certain  nombre  d'apocryphes.  C'est  un  pré- 
cieux ensemble  de  documents  graphiques,  d'où  se  dégage  lumineu- 
sement la  physionomie  du  portraitiste  incomparable.  A  la  vérité,  le 
génie  d'Holbein  est  plus  manifeste  encore  dans  ses  dessins,  et  ce  sont 
les  peintures  seulement  que  l'on  nous  présente  ici;  mais  comment, 
avec  des  procédés  qui,  si  remarquables  qu'ils  puissent  être,  demeurent 
forcément  économiques,  arriver  à  rendre  la  finesse,  la  légèreté  des  tons 
d'aquarelle  combinés  avec  le  fusain  pour  exprimer,  en  quelques 
touches,  en  quelques  lignes,  toute  l'intensité  de  la  vie?  Une  excellente 
étude  sur  l'ami  d'Erasme  et  de  Thomas  Morus  précède  ce  recueil 
précieux,  qui  continue  dignement  une  série  où  ont  déjà  paru  les 
œuvres  de  Raphaël,  de  Titien,  de  Michel-Ange,  de  Durer,  d'autres 
encore,  —  Et  voici  le  peintre  des  fêtes  galantes,  le  mondain,  le  gra- 
cieux, le  voluptueux  Watteaii  que  l'on  y  joint.  C'est  la  première  fois 
que  l'on  réunit  dans  son  ensemble  ^œu^Te  du  grand  innovateur  de  la 
peinture  française  au  xviii^  siècle;  tous  les  trésors  conservés  à  Lon- 
dres et  à  Berlin  sont  ïà,  pour  permettre  les  comparaisons  et  faciliter 
singulièrement  le  travail  des  historiens  d'art.  Les  gravures,  d'un  ton 
légèrement  bistré,  d'une  délicatesse  souvent  parfaite,  ne  se  bornent 
pas  à  nous  donner  tout  ^^atteau;  elles  nous  offrent  des  détails  fort 
heureusement  choisis  de  ses  œu\Tes  les  plus  célèbres  et  les  moins 
connues,  telles  que  l'Embarquement  pour  Cythère  et  l'Enseigne  de 
Gersaint  qui  sont  conservés  au  Château  royal  de  Berlin. 


—  521  — 

24,  25.  —  La  collection  des  Maîtres  de  Vart,  que  publie  la  librairie 
Pion,  plus  variée  et  plus  souple  que  celle  des  Grands  Artistes,  peut 
admettre  parfois,  parmi  les  biographies  habituelles,  des  études  qui 
résument  toute  une  période  d'art  et  dépassent  singulièrement,  par 
leur  importance  critique  et  même  —  disons-le  à  la  louange  des  édi- 
teurs —  par  l'ampleur  de  leur  texte,  les  proportions  adoptées  pour 
ces  sortes  de  livres.  Tel  est  le  beau  travail  de  M^'^  Louise  Pillion  sur 
les  Sculpteurs  français  du  xiu^  siècle,  dont  Ija,  place  est  toute  désignée 
auprès  des  grandes  publications  de  M.  André  Michel  et  de  M.  Mâle, 
et  qui  pourtant,  par  son  format  et  son  prix  des  plus  modestes,  mérite 
de  devenir  promptement  populaire.  Notre  sculpture  du  xiii^  siècle, 

—  est-il  besoin  de  le  dire  ?  — c'est  le  décor  de  nos  cathédrales,  et  l'his- 
toire de  ce  décor,  son  esprit,  son  symbolisme,  sa  technique,  son 
influence  à  l'étranger,  nous  sont  exposés  en  des  pages  lumineuses,  d'une 
lecture  aussi  attrayante  qu'instructive.  Un  complément  fort  appré- 
ciable et  vraiment  nouveau  de  ce  li\Te  éloquent  est  l'essai  de  réper- 
toire sommaire  dressé  par  M^^®  Pillion  des  principales  œu^Tes  de 
sculpture  monumentale  du  xiii^  siècle  qui  existent  encore  en  France. 

—  M.  Alfred  Pichon,  dans  la  même  collection,  nous  donne  sur  Fra 
Angelico  un  li%Te  très  agréable  à  lire,  soigneusement  étudié  et  précieu- 
sement écrit.  Il  y  a  par  endroits,  dans  cette  «  écriture  artiste  «,  une 
recherche  de  candeur  et  de  simplicité  un  peu  juvénile  peut-être,  mais 
on  ne  peut  qu'être  touché  du  zèle  pieux  de  l'historien,  qui  s'est 
efforcé  de  voir  tout  ce  dont  il  avait  à  parler  (il  ne  semble  pourtant 
point  connaître  le  beau  tabernacle  de  la  collection  Stroganoff,  à  Rome, 
ni  même  le  charmant  petit  ange  provenant  de  la  collection  Gay,  au 
musée  du  Louvre).  Son  livre  complète  heureusement  le  précieux  travail 
de  M.  Henry  Cochin,  qui  nous  montrait  avant  tout  le  saint  dans  l'ar- 
tiste, et  s'il  ne  nous  fait  pas  toujours  oublier  les  pages  très  sobres  et 
pénétrantes  publiées  par  Cartier  il  y  a  plus  d'un  demi-siècle,  on  peut 
dire  qu'il  n'a  rien  négligé,  ou  presque  rien,  des  découvertes  et  des. 
discussions  les  plus  récentes. 

26,  27.  — L'excellente  petite  étude  de  M.  Marcel  Reymond  sur  Bru- 
nelleschi  et  l' Architecture  de  la  Renaissance  italienne  au  xv^  siècle  est 
moins  une  biographie  d'artiste  qu'un  chapitre  d'histoire  de  l'art;  mais 
c'est  l'un  des  plus  attachants  qu'on  puisse  lire.  Ces  débuts  de  la  Renais- 
sance italienne  ont  la  même  séduction  d'ardeur  et  de  fraîcheur  dans 
l'ceuvre  des  architectes  que  dans  celle  des  peintres  et  des  sculpteurs; 
une  bonne  part  du  charme  de  Florence  et  de  Venise  est  dû  aux  églises 
et  aux  palais  du  xv^  siècle;  Brunelleschi,  Alberti  fraternisent  avec 
Masaccio  et  Donatello.  M.  Marcel  Reymond  h  su  mettre  en  valeur 
leurs  mérites  divers  avec  la  grande  autorité  d'une  critique  qui  laisse 
au  sentiment  sa  place  à  côté  de  la  science.  —  Dans  la  même  collection 


des  Grands  Artistes,  M.  Henri  Hauvette,  un  de  nos  plus  distingués  ita- 
lianisants, a  écrit  sur  le  Sodonia.  C'est,  en  moins  d'un  an,  le  second 
volume  que  l'on  publie  en  Finance  sur  ce  maître  séduisant  et  volup- 
tueux, voisin  de  Léonard  en  même  temps  que  de  Raphaël,  et  inspiré 
presque  également  par  l'un  et  par  l'autre.  Je  n'hésite  pas,  entre  les 
deux  volumes,  à  préférer  de  beaucoup  celui  de  M.  Hauvette,  pour 
son  goût  plus  sûr  et  plus  sobre,  pour  sa  critique  fine,  sans  prétention 
et  sans  admirations  outrées;  il  nous  donne  l'idée  la  plus  juste  du  fan- 
tasque et  trouble  artiste  piémontais,  dont  Milan,  Rome,  Florence  et 
Sienne  ont  reçu  tour  à  tour  les  chefs-d'tBuvre. 

28.  —  M.  Marcel  Reymond  nous  parlait  tout  à  l'heure  de  Brunel- 
leschi;  voici  maintenant  que  sa  curiosité,  toujours  active  et  féconde, 
s'est  répandue  sur  une  période  encore  très  obscure  et  peu  fréquentée 
des  historiens  d'art, celle  qui  va  de  Michel- Ange  à  Tiepolo.  Les  pages 
qui  composent  ce  livre  ont  paru  d'abord  dans  la  Reç>ue  des  Deux- 
Mondes,  où  elles  ont  suscité  un  vif  intérêt  et  de  non  moins  vives  dis- 
cussions. L'art  qu'analyse  M.  Reymond,  et  qu'il  oppose  à  celui  de  la 
Renaissance,  c'est  l'art  romain  qui  commence  vers  le  milieu  du 
xvi^  siècle,  et  dont  le  caractère  essentiel  est  de  replacer  au  premier 
rang  la  pensée  chrétienne;  Rome,  à  partir  de  ce  moment-là,  ressaisit 
la  direction  artistique  du  monde,  qui  a  échappé  à  Venise  et  à  Florence; 
«  pendant  tout  le  xvii^  siècle,  les  grandes  nations  de  l'Europe,  la 
France,  l'Espagne,  l'Angleterre,  l'Allemagne,  les  Pays-Bas,  se  font 
romaines  ».  Cette  belle  étude  marque  un  retour,  auquel  on  pouvait 
s'attendre,  de  la  critique  vers  un  art  jadis  classique  et  universellement 
prôné,  avant  d'être  décrié  avec  la  dernière  violence.  Peut-être  la  réha- 
bilitation nécessaire  des  peintres  bolonais  et  des  grands  architectes 
et  décorateurs  romains  ne  va-t-elle  pas  sans  un  rien  de  paradoxe; 
et,  si  la  place  ne  m'était  mesurée,  j'aimerais  à  chicaner  quelque  peu 
M.  Marcel  Reymond  sur  la  dose  de  christianisme  qu'il  attribue 
trop  généreusement  aux  Carraches  ou  à  Bernin;  mais  qu'importe? 
l'enthousiasme  est  contagieux,  et  ce  petit  livre,  qui  laissera  une 
trace  dans  l'histoire  de  l'art,  a  la  générosité  de  l'enthousiasme. 

29.  — •  Le  mieux  doué  des  ciseleurs  du  temps  de  Louis  XVI,  Gou- 
thière,  dont  les  œuvres  raffinées  se  vendent  aujourd'hui  au  poids  de 
l'or,  n'est  pas  moins  honoré  qiie  célèbre;  le  nom  de  l'artiste  est 
prônî  à  l'égal  des  plus  grands,  sa  vie  est  presque  inconnue,  son  œuvre 
attendait  un  catalogue,  il  y  a  quelques  mois  à  peine.  Cependant 
voici  que  M.  Jacques  Robiquet  ,  riche  d'une  abondante  moisson  de 
pièces  d'archives,  nous  apporte,  sous  les  espèces  d'un  somptueux 
volume,  les  révélations  les  plus  curieuses  sur  l'artiste  qui  fut  au 
service  de  M™^  Du  Barry;  surtout  il  nous  apporte  un  excellent  essai 
de  catalogue  raisonné  où  sont  classées,  par  ordre  de  musées  et  de 


—  523  — 

collections,  les  pièces  que  l'on  peut  attribuer  avec  certitude  au  maître, 
et  celles  qui  se  rapprochent  le  plus  de  sa  manière.  Ce  fort  beau  livre, 
édité  avec  un  luxe  de  bon  aloi,  s'adresse  d'abord,  comme  il  est  naturel, 
aux  collectionneurs,  antiquaires  et  fabricants  de  bronzes;  mais  sa 
charmante  illustration,  où  sont  reproduits  les  plus  admirables  meu- 
bles, candélabres  et  appliques  de  la  seconde  moitié  du  xviii«  siècle, 
semble  bien  faite  pour  plaire  au  public  le  plus  étendu,  qui  ne  peut 
que  gagner  à  méditer  les  analyses  et  les  .observations  si  justes  et  si 
fines  de  l'auteur. 

30.  —  Une  belle  étude  de  M.  Paul  Vitry  précède  le  recueil  de  qua- 
rante-huit gravures,  accompagnées  de  notices  précises  et  pittoresques 
où  MM.  Jean  Laran  et  Georges  Le  Bas  ont  résumé  l'essentiel  de  la 
vie  et  de  l'œu\Te  du  grand  sculpteur  Carpeaux.  Ce  volume,  excellem- 
ment illustré,  est  le  sixième  de  la  charmante  collection  intitulée  : 
L'Art  de  notre  temps;  en  assurant  qu'il  est  entièrement  digne  de  ceux 
qui  l'ont  précédé,  j'en  aurai  fait  le  meilleur  éloge, 

31.  —  La  Bibliothèque  Larousse  vient  de  compléter  son  intéres- 
sante Anthologie  d'art  français  du  xix<^  siècle  par  un  volume  où  nous 
est  présentée  la  Peinture  du  xx^  siècle.  On  pourra  trouver  qu'il  y  a  là 
quelque  hâte  peut-être,  si  notre  nouveau  siècle  ne  compte  encore  que 
douze  ans,  mais  enfin  c'est  notre  siècle,  et  il  ne  nous  déplaît  point  de 
dénombrer  dès  à  présent  ses  gloires,  ses  espérances  et  même  ses 
erreurs,  car  on  rencontrera  de  tout  dans  ce  choix  de  128  planches,  où 
sont  groupés  les  meilleurs  tableaux  de  nos  derniers  Salons,  y  compris 
le  Salon  d'automne  et  celui  des  Indépendants;  mais  si  l'on  y  doit 
trouver  quelques  raisons  de  plaisanter,  sinon  de  craindre,  on  en 
trouvera  aussi  d'autres,  et  en  plus  grand  nombre,  d'avoir  confiance 
et  de  S3  réjouir.  Un*'  étude  critique  fort  intelligente  de  M,  Charles 
Saunier  n^us  introduit  à  cet  intéressant  album,  que  complète  unindex 
des  principaux  exposants  de  nos  Salons. 

32.  —  C'est  une  sorte  de  Plutarque  populaire,  ces  vies  de  contem- 
porains illustres  que  la  librairie  Armand  Colin  propose  à  notre  admi- 
ration, à  notre  imitation  aussi,  les  Victoires  de  la  volonté.  M,  Béné- 
dite  a  choisi  parmi  les  peintres,  les  sculpteurs,  les  graveurs,  neuf 
figures  très  belles  et  très  hautes,  ou  très  célèbres,  et  il  nous  raconte, 
avec  une  émotion  communicative,  les  tribulations  et  les  gloires  de 
ses  héros.  La  série  s'ouvre  par  Millet,  elle  se  clôt  par  Gaillard;  on 
ne  pouvait  ni  mieux  débuter  ni  mieux  finir.  Des  portraits,  un  choix 
de  bonnes  gravures  donnent  à  ce  petit  livre  une  parure  des  plus  sédui- 
santes. André   Pératé. 


—  524  — 

;  THÉOLOGIE 

L'Objet   imté^ral  de  rapelogétique,    par    à.    db   Poulpiqubt. 
3»  édil.. Paris,  Bloud,  1911,  ia-16  de  vil-565  p.  —  Prix  :  4  fr. 

Ce  livre  s'impose  à  l'attention  de  tous  ceux  qui,  à  un  titre  ou  à  un 
autre,  écriront  désormais  sur  l'apologétique.  On  pourra  discuter  cer- 
taines pensées  de  l'auteur,  il  avertit  lui-mêmequ'  il  n'en  sera  pas  sur- 
pris, mais  toutes  méritent  jd'être  prises  en  considération,  et  ce  n'est 
pas  là  un  mérite  vulgaire. 

Ce  qu'on  ne  discutera  pas,  je  crois,  ce  sont  ses  remarques  sur  la 
faiblesse  d'une  certaine  apologétique  routinière  ou  superficielle  qui 
se  borne  à  répéter  des  vieilleries,  sans  paraître  soupçonner  l'acuité  des 
problèmes  qui  se  sont  posés  de  nos  jours. 

Ce  qu'on  no  discutera  pas,  c'est  l'observation  fort  juste  sur  la  dis- 
tinction entre  l'apologétique  et  la  théologie.  L'apologétique  prépare 
à  la  foi; la  théologie  travaille  sur  les  données  de  la  foi.  11  est  regrettable 
qu'on  ait  souvent  mélangé  des  études  d'un  caractère  aussi  diffé- 
rent. De  plus,  disséminer,  comme  on  l'a  fait  encore,  à  travers  plu- 
sieurs traités  de  la  théologie,  les  éléments  de  l'apologétique,  c'est 
enlever  le  relief  qu'elle  mérite  à  cette  partie  capitale  des  sciences 
sacrées. 

Après  ces  explications  qui  ne  font  que  trop  comprendre  le  discrédit 
où  l'apologétique  est  tombée  dans  certains  esprits,  l'auteur  entre  de 
plain-pied  dans  son  sujet.  11  distingue  l'apologétique  interne  et 
l'apologétique  externe.  L'apologétique  externe  expose  les  raisons  de 
croire,  prises  du  côté  de  l'objet  de  la  croyance,  lout  en  se  défendant 
d'écrire  un  traité  d'apologétique,  l'auteur  passe  en  revue  les  prin- 
cipaux motifs  de  crédibilité  et  il  indique  la  manière  de  les  mettre  en 
valeur.  Puis  il  arrive  à  la  partie  la  plus  originale  de  son  livre,  à  ce 
qu'il  appelle  l'apologétique  interne.  J'avoue  que  j'auiais  préféré  une 
autre  dénomination,  apologétique  subjective  par  exemple,  car  on  a 
déjà  employé  le  mot  d'apologétique  interne  pour  désigner  les  raisons 
de  croire  tirées  non  pas  de  la  présentation  mais  de  la  perfection  ou 
de  la  transcendance  de  la  doctrine  proposée  à  la  foi.  Or  ce  n'est  pas  là 
ce  que  veut  exprimer  ce  même  terme  sous  la  plume  de  notre  auteur. 
Il  y  a,  au  fond  de  l'âme,  des  aspirations  vers  la  vérité,  dont  on  peut 
tirer  un  parti  considérable  dans  le  travail  de  préparation  à  la  foi 
qui  est  celui  de  l'apologétique.  Ce  sont  ces  aspirations  que  proposait 
jadis  d'exploiter  le  futur  cardinal  Deschamps,  et  qu'utilisait  récem- 
ment Brunetière  dans  son  discours  sur  «  le  besoin  de  croire  ».  Il  y  a  là 
une  mine  trop  féconde  pour  être  négligée.  C'est  cette  mine  que  signale 
très  sagement  le  P.  de  Poulpiquet.  et  qu'il  invite  les  apologètes  de 
l'avenir  à  utrliser  plus  qu'ils  ne  l'ont  fait  jusqu'ici. 


—  525  — 

Peut-être  trouvera-t-on  que  l'auteur,  un  peu  épris  de  sa  thèse,  n'a 
pas  assez  fait  remarquer  que  ces  motifs  subjectifs,  tout  importants 
qu'ils  soient,  n'ont  cependant  qu'un  rôle  secondaire. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  incontestable  que  pour  être  complète,  la 
véritable  apologétique  doit  tenir  compte  à  la  fois  des  preuves  objec- 
tives de  la  vérité  et  des  aspirations  de  l'âme  humaine  vers  la  vérité 
qu'elle  doit  être  ainsi  «  la  démonstration  de  la  crédibilité  et  de  l'appé- 
tibilité    du    dogme  ».  Christophe    Simon. 

JURISPRUDENCE 

A  jegy«i8èg-ès  hàzasBagkôtèsi  forma  kilejlodèt^e  a  IVe 
Temere  deeretuinig  (  l^e  HéYeloppeinent  de»  lormes  des 
fiançailles  et  dia  anuriage  jusqu'au  déeret  aTHe  Temere») 
parle  D''  F.  Hanuy.  Budapest,  Stephanenm,  1912,  in-8  de  340p.  —  Prix  : 
5  fr.  25. 

Professeur  de  théologie  à  l'Université  de  Budapest,  le  D^  F.  Ha- 
nuy était  tout  désigné,  par  sa  s-cience  et  par  ses  précédents  travaux, 
pour  étudier  et  expliquer  le  décret  Ne  Temere.  Mais  il  ne  se  borne  pas, 
dans  le  livre  qui  vient  do  paraître,  à  commenter  ce  décret,  il  montre 
qu'il  est  le  naturel  aboutissement,  le  développement  historique  de 
toutes  les  prescriptions  qui,  depuis  l'origine,  ont  réglementé  les  forma- 
lités des  fiançailles  et  du  mariage,  à  travers  les  siècles.  Il  montre  que, 
dans  l'établissement  des  formes  à  observer  dans  les  fiançailles  et  le 
mariage,  l'Église  a  subi  l'influence  du  droit  d'alors  et  des  usages 
existants  et,  pour  le  prouver,  il  passe  en  revue  ce  qui  se  faisait,  en 
ces  circonstances,  chez  les  Israélites,  les  Grecs,  les  Romains,  les  Ger- 
mains, et  l'on  voit  comment  un  événement  familial,  ethnique,  devient 
progressivement,  sous  l'influence  de  l'Eglise,  un  sacrement.  La 
deuxième  partie  de  l'ouvrage  est  consacrée  précisément  à  l'histo- 
rique de  ce  développement  et  aux  commentaires  des  différentes  déci- 
sions prises  par  les  Papes  et  par  les  Conciles  dans  les  questions  matri- 
moniales. La  troisième  partie  traite  des  motifs  qui  ont  nécessité  la 
publication  du  décret  Ne  Temere,dc  l'esprit  qui  l'a  inspiré,des  principes 
juridiques  qui  sont  à  sa  base  et  des  conséquences  que  sa  publication  et 
son  application  sont  appelées  à  produire.  Quoique  traité  surtout  au 
point  de  vue  théorique,  et  destiné  plus  spécialement  aux  juriscon- 
sultes, l'ouvrage  du  Dr.  Hanuy  n'en  rendra  pas  moins  service  aux 
membres  du  clergé  ayant  à  résoudre  les  questions  relatives  au  ma- 
riage. 

Puisant  dans  le  riche  arsenal  de  la  science  juridique,  de  l'histoire 
du  droit  et  de  la  philosophie  juridique,  l'auteur  a  trouvé  dans  ses 
profondeurs  des  armes  pour  affirmer  ses  vues.  Malgré  l'aridité  du 
sujet,  le  livre  est  fort  bien  écrit;  un  index  alphabétique  y  facilite  les 
reoheroheg,  E.  H. 


—  526  — 
SCIENCES    ET    ARTS 

lia  liîbcrté  de  la  pensée,    par  Gérard  de   Lacazr-Duthibrs.   Paris, 
Alcan,  1911,  in-8  de  949  p.  —  Prix  :  10  fr. 

Dès  les  premières  lignes,  la  jeunesse  et  l'inch'pendance  de  l'auteur 
se  trahissent  dans  les  développements  démesurés  qu'il  donne  à  l'ex- 
pression de  sa  pensée.  A  combien  de  pages  n'aurait  pas  été  profitable 
l'intervention  d'une  paire  de  ciseaux  qui,  sans  miséricorde,  aurait 
amputé  telles  amplifications  parasites  !  Le  livre  de  M.  Gérard  de 
Lacaze-Duthiers  est  une  forêt  tropicale  où  la  salutaire  cognée  du 
bûcheron  n'a  pas  créé  de  lumineuses  percées.  Mais  ce  foisonnement 
d'herbes  folles  atteste  la  richesse  et  la  fertilité  du  terroir,  et  si  M.  de 
Lacaze  consent  à  laminer  ses  phrases,  il  comptera,  certes,  parmi 
nos  plus  vigoureux  esprits. 

L'expérience,  la  réflexion  et  l'âge  le  rendront  aussi  moins  excessif 
et  moins  tranchant.  Si  je  devais  relever  tous  les  paradoxes  et  tous 
les  sophismes  dont  s'encombre  ce  gros  volume,  il  me  faudrait  écrire 
une  réfutation  qui  ne  serait  pas  moins  copieuse.  Et  quel  gaspillage  de 
papier  !  Au  lieu  de  me  li\Ter  à  cette  inutile  corvée,  je  préfère  me  fier 
au  temps  qui  délivrera  le  jeune  écrivain»  de  ses  nuées,  et  qui  nous 
donnera,  j'en  suis  sûr,  un  philosophe  toujours  original  et  toujours 
fécond,  mais  en  même  temps  un  penseur  calme,  harmonieux,  équi- 
libré. Les  grands  dons  qu'accuse  la  Liberté  de  la  pensée  autorisent 
les  meilleurs  espérances.  Oscar  Havard. 

LITTÉRATURE 

Parmi  les  eyprès  et  les  lauriers,  par    le    marquis   db    Séour. 
Paris,  Émile-Pau',  1912,  iii-s  de  311  p.  —Prix  :  5  fr. 

Les  trois  conférences  données  en  1910,  1911,  1912,  à  la  salle  de  la 
Société  de  géographie,  méritaient  bien  d'être  conservées  et  réunies.  La 
première,  sur  Louise  Colet,  que  M.  de  Ségur  appelle,  avec  une  légitime 
raillerie,  «  une  muse  »,  est  piquante;  la  seconde,  sur  Louis  Veuillot,  est 
impartiale,  juste,  digne  d'un  membre  de  cette  famille  de  Ségur  que  le  " 
grand  écrivain  aimait  tant,  de  qui  il  reçut  des  preuves  si  constantes 
d'admiration  et  d'affection,  et  à  qui  il  a  adressé  (par  sa  correspon- 
dance à  la  vicomtesse  de  Pitray)  des  lettres  qui  demeurent  comme 
un  titre  de  noblesse  httéraire  pour  cette  aristocratique  lignée.  La 
troisième  sur  Edouard  et  Jules  de  Concourt  a  soulevé  des  récrimi- 
nations et  des  ripostes  sans  enlever  d'ailleurs  aucune  force  aux  argu- 
ments de  M.  de  Ségur  qui,  fort  justement,  notait  les  imperfections  et 
les  faiblesses  des  deux  frères  trop  vantés.  —  Pour  former  un  volume 
et  donner  raison  d'être  au  titre  élégant  qu'il  choisissait,  l'auteur  a 
ajouté    un  article  ému  sur  son  ami  le  très  regretté  Albert  Vandal;  sa 


^  527  - 

«  réponse  «  au  discours  de  réception  de  M.  Brieux  (qui  est  une  ana- 
lyse de  l'œuvre  de  Ludovic  Halévy);  son  discours  prononcé  aux 
funérailles  d'Emile  Gebhart,  enfin  le  rapport  traditionnel  sur  les 
prix  de  vertu,  au  mois  de  novembre  1908.  Tout  cela  est  agréable, 
pensé  avec  indulgence,  dit  avec  esprit.  G.  de   G. 

nskH  Oxforder  Kach  deutHclier  jOichtung  Yam  l!6t^n  bi« 
zuna  *0«en  Jahrbundert,  herausgegeben  voq  H.  G.  Fibdlbr. 
Oxfor.l,  Glarendon  Press,  1911,  in-12  de  xii-599  p.  —  Prix  :,  7  fr.  50. 

M.  Fiedler,  professeur  de  langue  et  littérature  allemandes  à  l'Uni- 
versité d'Oxford,  vient  de  publier,  pour  les  écoles  et  pour  le  public 
anglais  en  général,  une  anthologie  de  la  poésie  allemande,  faite  sur 
le  modèle  des  éditions  d'Oxford  pour  la  poésie  anglaise,  française  et 
italienne.  Le  choix  me  paraît  fait  avec  goût  et  c'est  une  heureuse  idée 
de  suivre  l'ordre  chronologique  depuis  l'époque  lointaine  des  Minne- 
sânger  jusqu'à  Dehmel,  Riccarda  Huch  ou  Hugo  von  Hoffmannsthal. 
Je  crains  cependant  qu'il  ne  se  trouve  parmi  les  lecteurs  des  gens  qui 
regretteront  que  M.  Fiedler  ait  pris  tant  de  liberté  avec  les  textes  des 
premiers  âges,  en  traduisant  par*  exemple  en  allemand  moderne  les 
poésies  des  Minnesânger,  auxquelles  la  naïveté  de  la  langue  prête  un 
charme  de  plus,  charme  que  Ton  ne  peut  plus  goûter  dans  une  traduc- 
tion. Au  risque  d'augmenter  un  peu  le  volume,  j'aurais  préféré  pour 
ma  part  que  M.  Fiedler  donnât  le  texte  exact  de  ces  poésies  primitives, 
sauf  à  éclairer  par  une  annotation  discrète  les  passages  ou  les  mots 
peu  compréhensibles  à  première  vue.  Il  a  senti  d'ailleurs  la  nécessité 
de  ces  éclaircissements  puisqu'il  a  ajouté  de  lui-même  quarante  pages 
de  remarques,  jetées  à  la  fin  du  volume,  remarques  en  partie  histo- 
riques, en  parties  littéraires  ou  linguistiques,  toujours  judicieuses. 

M.  Gerhard  Hauptmann,  le  grand  dramaturge  moderne,  sans 
doute  en  sa  qualité  de  docteur  honoris  causa  de  l'Université  d'Oxford, 
a  consenti  à  écrire  une  courte  page  d'Introduction  à  ce  recueil.  Il  y 
commente  le  mot  de  Goethe  :  «  Le  parfait,  qui  serait  en  même  temps 
populaire,  voilà  ce  qu'il  y  a  de  plus  rare,  et  c'est  là  ce  qu'il  faudrait 
rechercher  d'abord  pour  en  faire  la  base  d'une  anthologie  ».  En  choi- 
sissant les  plus  belles  fleurs  dans  les  jardins  des  siècles,  en  les  réunissant 
pour  en  faire  un  bouquet  odorant,  M.  Fiedler  est  bien  près  d'avoir 
réalisé  l'idéal  de  Goethe.  Ajoutons  que  le  livre  se  présente  sous  un 
aspect  riant,  et  sauf  les  lettres  initiales  qui  sont  un  peu  fortes etgrasses, 
l'ensemble  produit  une  impression  de  beauté.  L.  Mensch. 

Femme  et  poète.  Klizabeth  Browning,  par  M™^  W.  NicaTi. 
Paris,  Perrin,  1912,  in-16  de  354  p.,  avec  3  portraits  tt  une  planche.— 
Prix  :  3  fr.  50. 

Plus  peut-être   qu'aucun  poète  anglais  moderne,  M"^^  Browning 


—  528  — 

a  été  étudiée  en  France,  où  traductions  en  prose  et  en  vers,  articles 
de  revues,  essais  biographiques  et  critiques,  enfin  une  consciencieuse 
thèse  de  doctorat  ont  fait  connaître  sa  personne  et  ses  écrits.  M^^^  Ni- 
oati  a  cependant  pensé  qu'un  livre  restait  à  faii*e,  plus  accessible  au 
grand  public  que  le  gros  ouvrage  de  M^^^  Merlette,  plus  complet 
que  les  études  de  Montégut,  de  Texte,  de  M^^^  Darmesteter  et  de  tant 
d'autres.  Pleine  d'admiration  pour  l'âme  très  noble  et  le  beau  talent 
qui  se  trouvent  réunis  chez  la  poétesse  anglaise,  elle  a  fait  de  celle-ci 
un  vivant  portrait,  narrant  de  façon  exacte  et  attachante  sa  touchante 
existence,  replaçant  dans  cette  existence  les  ouvrages  qui  y  sont  tous 
si  intimement  liés,  faisant  connaître  enfin  ces  ouvrages  mêmes  par  la 
traduction  d'extraits  étendus.  Si  la  louange  n'eût  pu  quelquefois  se 
tempérer  d'un  peu  plus  de  réserves,  c'est  ce  qu'on  se  demandera 
peut-être  à  l'occasion;  pour  que  M"^^  Browning  fût  assurée  d'être 
«  citée  toujours  parmi  les  poètes  de  premier  rang  »  on  peut  penser 
qu'une  forme  plus  achevée  et  plus  parfaite  serait  sans  doute  néces- 
saire, la  forme  achevée  et  parfaite  qui  ne  se  rencontre  guère  que  dans 
les  admirables  Sonnets  portugais.  Ne  reprenons  pourtant  pas  un  bio- 
graphe et  un  critique  d'un  excès  de  sympathie,  qui  est  plutôt  une  qua- 
lité qu'un  défaut.  —  Pourquoi,  dans  ce  livre  généralement  écrit  avec 
soin,  faut-il  remarquer  le  barbare,  l'exaspérant  emploi  de  tel  au 
lieu  de  comme  (votre  amour  est  pour  moi  tel  celui  de  Dieu,  p.  139; 
enchâssé  tel  un  joyau,  p.  327,  etc.)  ?  Quelques  cacographes  ont  bien 
emprunté  à  l'argot  des  écoles  ce  solécisme  qu'ils  prennent  pour  une 
élégance  :  on  est  étonné  de  le  voir  admis  dans'un  ouvrage  d'une  certaine 
tenue  littéraire.  A.  Barbeau. 

HISTOIRE 

Clément  V  et  Pliilippe-le-Bel,  par  Georges  Lizerand.  Paris, 
^Hachelte,  1911,  iii-lU  de  399  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Lizerand  avait  publié  l'année  dernière  pour  sa  thèse  de  doctorat 
es  lettres,  une  bonne  étude  sur  les  relations  de  Clément  V  avec 
Philippe  IV  le  Bel.  Ce  volume  étant  maintenant  presque  épuisé,  il 
en  donne  une  nouvelle  édition,  sous  un  format  plus  réduit.  On  a  dans 
ce  nouveau  volume  le  même  travail  que  celui  dont  nous  avons  rendu 
compte  précédemment.  Mais  cette  nouvelle  édition  est  débarrassée 
de  tout  l'appareil  d'érudition  gui  existait  dans  la  thèse  de  doctorat; 
les  notes  sont  supprimées,  ainsi  que  l'Introduction  bibliographique 
et  les  pièces  justificatives.  Ainsi  allégé,  ce  volume  pourra  être  bien 
accueilli  par  «  ceux  qui  n'étudient  pas  spécialement  l'histoire  mais 
veulent  avoir  des  clartés  de  tout.  ».  J.  Viard. 


—  529  — 

lie  J«ariial  d'un  bourf^eois  de  Paris  sous  le  régne  de 
Français  1  ''  (li>  15-1 538).  Nouyelle  édition  puDliée  avec  une 
Intro'luclioQ  et  des  notes  par  V -L.  Bourilly.  Paris,  A.  Picard  et  flls> 
in-8  de  xxv-')2l  p.  —  Prix  :  10  fr. 

L'édition  Lalanne  de  ce  texte  capital  pour  riiistoirc  du  règne  de 
François  I^^  c  tait  fort  défectueuse.  M.  Bobrilly  reproduit  le  manuscrit 
Dupuy  473  tel  qu'il  est,  «  avec  son  désordre,  ses  répétitions,  ses  confu- 
sions et  ses  lacunes  «.  Sous  cette  forme,  la  seule  qui  ait  une  valeur 
critique,  ce  texte  nous  apparaît  non  plus  comme  un  Journal,  mais 
comme  une  sorte  de  con  pilation,  dont  une  partie  a  dû  être  écrite 
en  1520-1521,  une  autre  en  1536,  et  dont  le  reste  doit  avoir  été  composé 
d'un  seul  coup,  en  1535.  Il  est  difficile  d'en  déterminer  l'auteur  ou  les 
auteurs.  Le  nouvel  éditeur  a  accompagné  le  document  d'une  riche 
annotation.  On  trouve  en  appendice  des  fragments  d'une  autre  chio- 
nique  manuscrite  déjà  utilisée  par  M.  GuifTrey.  A  la  tête  du  volume 
se  trouve  un  précieux  Index  chronologique. 

Quelques  remarques  :  (p.  15,  n.  1)  la  salamandre  ne  figurait  point 
dans  les  armes  de  François  I'"'"^  qui  n'étaient  autres  que  celles  de  la 
maison  de  France;  (p.  28,  n.  4)  la  Paix  perpétuelle  de  1516  entre  la 
Couronne  et  les  Suisses  n'était  pas  positivement  une  alliance;  la  pre- 
mière alliance  proprement  dite  ne  date  que  de  1521;  (p.  101)  le  texte 
porte  :  «  deux  des  seigneurs  cantons  Suysse  »;  M.  Bourilly  a  pensé  que 
l'auteur  avait  sans  doute  voulu  dire  :  «  ...  seigneurs  des  Cantons...» 
et  il  a  cru  devoir  ajouter  ici  ce  mot  des  entre  crochets;  mais, personni- 
fiant les  cantons,  on  disait  alors,  et  on  a  dit  longtemps  encore  très 
souvent  depuis  :  «  les  seigneurs  cantons  »  et  «  messieurs  les  cantons  », 
comme  on  disait  :  u  messieurs  les  États  »,  en  parlant  des  États 
généraux  des  Provinces  Unies  des  Pays-Bas;  (p.  111,  1.  19)  il  eût 
eût  fallu  noter,  ainsi  qu'à  la  table,  que  «  genevoys  »  signifiait  ici  : 
«  génois  ».  (p.l76,  n.  2)  le  trésorier  Jean  Morelet  du  Museau,  retenu 
en  otage  par  les  Suisses,  ne  rentra  point  en  France  :  il  mourut,  le 
26  mai  1529,  à  Fribourg,  où  il  fut  enterré  au  chœur  de  l'église  collé- 
giale de  Saint-Nicolas.  Hyrvoix   de   Landosle. 


■Istoire  des  relations  de  la  Russie  avec  la  Colline  saus 
Pierre  le  Grand  flG*S-t  l»*!),  par  Gaston  Cahbn.  Paris,  Alcan, 
1912,  in-8  de  27Vccxxi  p.  —  Prix  :  10  fr. 

Le  f^lvre  de  comptSii  de  la  enraTane  russe  à  Pékin  en 
1999-1  f9S.  Texte,  traduction  et  comraeu taire  par  Gaston  Cahbn, 
l^aris,  Alcan,  1911,  in-8  de  xii-145  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Fruit  de  longues  recherches  dans  les  archives  russes  et  de  recours 

aux  sources  chinoises  (fauteur  est  un  ancien  pensionnaire  de  l'École 

française    d'Extrême-Orient),    ces    deux    volumes    ne    prétendent, 

malgré  tout,  uniquement  qu'à  «  poser  des  questions  ».  Ils  forment  un 

DÉCEMBRB  1912.  T.  CXXV.  .4. 


—  530  — 

modèle  de.  thèse  savante,  de  celles  qui  sont  plus  intéressantes  par 
l(^s  notes  que  par  le  texte,  les  notes  elles-mêmes  n'étant  pour  ainsi  dire 
abordables  que  par  des  ispécialistes  et  ne  devant  être  utiles  qu'à 
eux.  -Aucuaae  coquetteries i  là-dedans,  aucune  courtoisie  envers  le 
simple' coaribux  L  Certfcs,  iil  faut!  louer  des  efforts  aussi  consciencieux, 
mais  on  Y^éiit  regrettern qu'ils  donrient  si  peu  de  résultats.  11  n'en  est 
peut-êtl'O  ij,tas  tou»t  ■àifaJt  des  travaux  historiques  de  ce  genre  comme 
des  rechiarfchës  dcieintiliques  proprement  ditest,  dans  lesquelles,  une 
patienoe  désihtére&sée  peut  fournir  des  préparations  profitables..  H  est. 
malaisé  de  croire! qu'avec  quelque  insistance  de  plus,  l'auteur  ne  fût, 
pas  arrivé  à  dominer  l'amas  de  ses  matériaux  et  ne  les  eût  pas  ordonm's 
en  un  tout jplaisant  et  substantiel  selon  l'ancienne  méthode  française. 
Ce  qii'il  y.  a  sans  doute,  de  plus  positif  et  qui  rendra  le  plus  de  service 
dans  ces.  vf>lumes  est  la  pubhcation  des  Livres  de  comptes  de  1727-1728. 
Ils  montrent  tangiblement  la  façon  de  trafiquer  des  marchands  russes 
et  chinois;  il  est  fâcheux  seulement,  comme  l'indique  l'auteur,  que 
tant  de  termes  de  l'époque  dans  les  deux  langues,  concernant  les  étoffes, 
les  mesures  et  les  prix  restent  souvent  pour  nous  vagues  et  conjec- 
turaux. Denis  Roche. 

Le  Congrès  de  «astaitt,  Il  juin  179»^«  avril  t9»9. 
Correspoudauee  et  doeiiiueiils,  publiés,  pour  la  Société  d'Iiis- 
toire  coule  jjporaine,  par  P.  Montarlot  et  L.  Pingaud.  T.  I•^  Paris. 
A.  Picard  et  (ils,  1912,  in-8  de  409  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  8  fr. 

La  Société  d'histoire  contemporaine  a  été  bien  inspirée  en  repre- 
nant l'histoire  documentaire  du  Congrès  de  Rastatt.  J'en  étais  resté 
à  cette  opinion  que  la  paix  de  Campd-Formio  était  un  traité  décisif 
arraché  à,  l'Autriche  par  les  victoires  de  Bonaparte  et  qu'il  ne  restait 
à  discuter  à  Rastatt  que  la  longue  question  des  compensations  à  accor- 
der aux. princes  dépossédés.  On  se  souvient,  en  effet,  de  la  fête  célé- 
brée au  Luxembourg,  le  20  frimaire  an  VI,  le  jour  où  Bonaparte 
remit  pompeusement  le  texte  du  traité  qu'il  avait,  signé  sans  droit; 
«  c'était,  disait-il,  la  paix  assurée,  la  prospérité,  la  liberté,  la  gloire 
de  la  Rénubhque  !  »  Il  r;èssort,  bien  au  contraire,  de  cette  publication, 
que  la  paix  de,  1797  éta<it  inexécutable,  d'abord  pairce  que  l'Autricïhe 
réclamait,  par  des  articles  secrets,  des  compensations  territoriales 
qu'il  n'était  pas  possible  de  lui  accorder,  ensuite  parce  que  ce  traité 
était  en  contradiction  avec  celui  de  Bâie  et  avec  les  engagements  pris 
vis-à-vis  de  la  Prusse.  L'Autriche  essaya  d'arriver  à  un  accord  défi- 
nitif, celui-là,  aux  conférences  de  Selz  entre  Cobenzl  et  François  de 
Neufchâteau.  Elle  ne  put  y  arriver.  Dès  lors  tout  était  rompu,  rien 
ne  pouvait  plus  se  faire  à  Rastatt,  rien  ne  s'y  fit.  Le  Directoire  voulut 
quand  même  essayer  de  négocier  avec  la  diète  du  Saint-Empire.  On 
sait  le  résultat  de  cette  tentative. 


-  531  — 

La  publication  documentairft  est  précédée  d'une  Introduction 
de  109  pages,  où  sont  présentés  aux  lecteurs  les  principaux  membres 
du  congrès  :  le  comte  de  Metternidi,  commissaire  impérial,  le  baron 
d'Albini,  représentant  l'archichancelier  de  l'Empire;  l'abbé  de  Sta- 
dion,  repréè'ontant  de  Wurzbourg;  le  baron  de  Jacobi,  Prussien;  Fersen 
envoyé  de  la  Suède  pour  ses  (iefs  d'Empire,  (!t  surtout  Ciment  Wen- 
ceslas,  coriite  de  Metternich-VVinncbourg,  le  futur  ministre  d'Autriche 
(p.  74)-' alors' délégué  des  princes  catholiques  de  Westphalie.  L'Intro- 
duction révient  heureusement  sur  le  guet-apens  du  9  floréal  an  VII 
(28  aviiri799),  dont  furent  victimes  Bonnier  et  Koberjot,  et  auquel 
Jean  Debry' seul  échappa,  avec  treize,  vingt- quatre,  quarante  bles- 
sures :  le  nombre  augmenta  avec  sa  popularité  (p.  93).  Une  publica^ 
tion  documentaire  autrichienne  avait,  en  effet,  prétendu  disculper 
entièrement  les  hussai'ds  autrichiens,  d'après  les  pièces  des  archives 
impériales  de  Vienne  (ouvrage  du  capitaine  Criste,  1900). 

Pourquoi  lit- on,  dans  une  si  savante  Introduction,  ce  sommaire 
jugement,  tant  de  fois  cité  par  de  pauvres  diplomates,  mais  toujours 
démenti  par  les  faits  :  «  ainsi  pouvait  se  briser  la  monarchie  autri- 
chienne, musaï<[ue  mal  jointe,  agrégat...  à  la  merci  d'un  coup  de 
vent  ?  )) 

La  publication  documentaire  se  divise  en  deux  parties:  le  Discours 
préliminaire  et  historiejue,  rédigé  par  Jean  Debry  le  20  thermidor 
an  VIII  (8  août  1800),  p.  111  à  168,  d'après  la  copie  de  son  secré- 
taire Lagrenée,  et  la  correspondance  même  du  ministre  français, 
extraite  de  22  volumes  des  Archives  des  affaires  étrangères  (Alle- 
magne, 674  à  695),  et  de  la  correspondance  de  Joseph  Bonaparte, 
soit  du  v.  1808  du  fonds  France. 

Le  Discours  préliminaire  fait  admirablement  connaître  Jean  Debry, 
l'homme  aux  quarante  blessures,  honnête  employé  de  la  gabelle  s'il 
en  fût,  dont  on  avait  fait  un  diplomate.  C'était,  en  effet,  un  modéré, 
qui  se  serait  bien  accommoelé  de  la  monarchie,  même  en  1792  (p.  133), 
mais  qui  ne  s'accommodait  pas  du  tout  de  ses  collègues,  de  Bonnier 
surtout  (p.  125),  ni  de  u  la  conduite  atroce  et  impolitique  »  de  nos 
gens  de  guerre  (p.  148),  ni  de  «  la  froide  insouciance,  du  cruel  abandon  » 
avec  lequel  on  enterrait  les  Français  «  hors  du  faste  catholique  » 
(note  de  la  page  380).  Il  ne  connaît  pas  bien  les  règles  de  la  grammaire 
et  commet  nombre  de  fautes  de  français  dans  ses  dépêches  (p.  252, 
268,  269,  339,  373,  374).  Il  ne  connaissait  pas  davantage  la  géographie, 
et  quand  Roberjot  n'était  pas  là,  même  avec  la  carte,  il  ne  se  tirait 
plus  d'affaire  (p.  267).  C'était,  néanmoins,  le  diplomate  français  le 
plus  distingué  élu  Congrès. 

Dans  la  première  partie  de  la  Correspondance  (débats  sur  la  limite 
du  Rhin)  signalons  la  déception  des  ministres  français  qui  se  sentent 


—  532  — 

réduits  «  au  rôle  de  figurants  dans  les  chœurs  de  l'opéra  «  (p.  173), 
le  sans-gêne  et  le  dédain  de  plus  en  plus  marqué  des  Autrichiens 
(p.  209,  252).  la  duplicité  de  la  Prusse  (p.  252)  et  des  renseignements 
sur  la  trahison  qui  permit  à  l'Autriche  de  ravitailler  la  citadelle 
d'Ehrenbreitstein  (p.  213). 

Dans  la  seconde  partie  (les  points  en  litige),  après  avoir  constaté 
«  la  profonde  haine  de  l'Autriche,  la  duplicité  de  la  Prusse  et  la  nullité 
de  l'Empire  »  (p.  289),  après  avoir  copieusement  injurié  tous  les 
membres  du  congrès,  qui  se  réjouissaient  des  bruits  d'un  désastre 
en  Egypte,  J.  Debry  et  ses  collègues  se  prennent  à  espérer  une  solu- 
tion :  notes  du  22  août  1798  (5  fructidor)  au  ministre  Talleyriand  et  du 
4  septembre  (18  fructidor)  :  «  Nous  avançons  à  grands  pas,  en  ballo- 
tant  les  deux  puissances  »,  l'Autriche  et  la  Prusse.  C'était  une  illu- 
sion. 

La  paix  des  Pyrénées  n'est  pas  de  1658,  mais  du  7  novembre  1659; 
le  traité  de  Nimègue,  celui  qui  a  donné  la  Franche-Comté  à  la  France, 
est  du  16  août  1678  et  ne  doit  pas  être  confondu  avec  celui  du 
5  février  1679  (p.  116).  L'abbé  Sieyfes  écrivait  son  nom  sans  accents. 

Excellent  Hvre  au  demeurant,  digne  de  la  Société  qui  le  publie  et 
des  historiens  à  qui  elle  en  avait  confié  le  soin.  J.-A.  Bernard. 


La  France   ••ua  la  maMarehle  conacituclonnellc   (ISti- 

|!%4«),  par  Gborqbs  Wbill.  Pana,  Alca  i,  1912,  iu-lô  de  311  p.  —  Prix  : 
'3  fr.  yO. 

Cette  nouvelle  édition,  «  revue  et  corrigée  »,  n'oiïre  pas  moins 
d'intérêt  et  de  valeur  que  la  première,  parue  il  y  a  douze  ans.  Elle  est 
à  sa  place  dans  la  «  collection  »  de  la  librairie  Alcan,  par  ses  tendances 
philosophiques  et  politiques,  qui  nous  obligent,  en  conscience,  aux 
plus  sérieuses  réserves.  Le  talent  et  les  recherches  de  l'auteur  sont 
louables,  encore  que  l'on  puisse  apercevoir  que,  dans  la  richesse  de  ses 
références  bibliographiques,  il  cite  très  probablement  par  ouï-dire 
tel  ou  tel  ouvrage.  Ses  tableaux  d'ensemble  sont  bien  faits,  ses  con- 
clusions (contestables)  très  claires  et  très  précises.  Dans  le  domaine 
des  choses  religieuses,  sa  méritoire  impartialité  est  parfois  surprise 
par  les  p.ûjugés  confessionnels.  Il  a  tort  de  parler  légèrement  du 
p.  Loriqj'  l  (jj  158),  tort  de  traiter  de  «  légende  cathohque  »  (p.  169) 
les  travaux  du  1'.  Deschamps  et  de  Claudio  Jannet  sur  la  franc- 
maçonnerie,  to't  plus  encore,  car  il  manifeste  ainsi  ne  l'avoir 
jamais  lu  ou  l'avoir  bien  mal  compris,  de  croire  que  Louis  Veuillot 
((  mêlait  aux  injures  les  plus  grossières,  des  prédications  apocalyp- 
tiques »  (p.  154).  Parle-t-il  de  la  «  Congrégation  »  ?  Il  le  fait  avec  pru- 
dence (p.  138),  mais  prend  bien  garde  de  ne  jamais  citer  le  livre  où 
M.  de  Grandmaison  réfute  des  accusations  que  M.  Weill  laisse  de  la 


^  533  — 

sorto  impliciffmpnt  siibsistrr.  H  dit  qu'on  181  'i,  los  j«'^suites  se  «  multi- 
plièrent aussitôt  souB  le  nom  de  Facct.naristcs  ou  IVres  de  la  Foi  » 
(p.  137),  quand  c'est  pn'cisc'mdit  à  cttte  date  qv  e  ces  deux  qualifi- 
cations, porr  d('sicn<r  ](s  religieux,  tmibèrent  et  qu'il  y  avait  d'ail- 
leurs dix  ans  que  la  ruptire  avec;  Paccanari  avait.été  consornnu'e.  Ce 
ne  sont  pas  là  de  simples  détails,  mais  la' preuve,  par  de  petits  faits 
de  rif.nu'rance  où  \\  ii  est  des  principes  tt  de  l'histoire  ('e  l'Épiisei  Cts 
taches,  tnq»  fréquentes,  n'enipîclu  nt  pas  de  prendre  intérêt  à  un 
tableaui  historique  où  les  questicns  sociales  sont  (  nvisag(*es  avec 
ampleur  et  où  le  mouvement  cconomiqie  sous  la  monsrdiie  de 
Juillet  est  traitr  avec  autcrit'^.  C.   II. 

Ciwide  de  lfc(ia«*e,  r^p«rt«irr  bia  bib1ia$craphiqH«,  Cma- 
In/w  (i«  (u  BMxoikeque  cUnxxie.  f  édition.  Paris,  Fonteiuning  ;  Rrixelles, 
()    rue  d'Assa  il,  s.  d..  gr.  in-S  de  Gllll-1032  p.  —  Prix  :  Kl  fr. 

La  «Bibliothèque  choisie»  est  unescrtedccabinetdelecture, organisé 
par  les  catholiques  belges  pour  le  prêt  à  domicile  comme  pour  la  lec- 
ture sur  place.  Son  fonctionnement  ingénieux,  la  largeur  d'esprit  qui 
prt'side  au  choix  des  œuvres  qui  la  composent,  les  facilités  données 
aux  souscripteurs  soit  pour  acquérir  facilement  les  ouvrages  qui  les 
intéressent  plus  particulièrement,  soit  pour  signaler  ceux  dont  l'ab- 
sence à  la  bibliothèque  leur  paraît  regrettable,  ont  assuré  le  succès 
de  cette  institution,  comme  le  montre  la  progression  des  prêts  qui  ont 
passé  de  moins  de  1.000  en  1901  à  plus  de  70.000  en  1910.  Naturel- 
lement les  ouvrages  qui  paraissent  ne  pouvoir  pas  être  lus  sans  danger 
par  une  catégorie  de  lecteurs  sont  marqués  d'un  signe  spécial;  mais 
qu'ils  soient  réservés  (R.)  ou  doublement  réservés  (RR),  on  n'en 
refuse  jamais  la  communication  à  un  lecteur;  on  lui  demande  seule- 
ment de  donner  ou,  s'il  est  mineur,  de  faire  donner  par  ses  parents 
au  bibliothécaire  une  «  décharge  de  responsabilité  ». 

En  publiant  son  catalogue,  la  «  Bibliothèque  choisie  »  a  voulu  qu'il 
pût  servir  de  guide  de  lecture;  et  comme  le  choix  est  fait  assez  jueli- 
cieusement,  il 'peut  en  effet  devenir  un  utile  conseiller.  Si  l'on  peut 
estimer  qu'il  offre  des  lacunes,  que  de  bons  ouvrages  n'y  figurent  pas, 
du  moins  il  ne  nous  a  pas  paru  qu'aucun  de  ceux  qui  s'y  trouvent 
aurait  dû  en  être  rayé. 

Des  marques  diverses  signalent  les  ouvrages  qui  conviennent  à 
la  jeunesse,  ceux  dont  la  lecture  appelle  des  réserves  plus  ou  moins 
fortes,  ceux  qui  ont  été  couronnés  dans  un  concours  académique,  ceux 
que  l'on  considère  comme  des  chefs-d'œuvre;  ceux  qui  ne  figurent  pas 
dans  la  Bibliothèque  mais  dont  on  suggère  l'acquisiticn  aux  lecteurs; 
une  marque  spéciale  désigne  les  auteurs  dont  les  ouvrages  ou  du: 
moins  d'autres  ouvrages  que  ceux  qui  sont  portés  au  catalogue  ne 


—  534  — 

sont  pas  à  conseiller.  J'ai  dit  ailleurs  et  je  répèlf>  que  j"ai  vu  avec 
regret  ce  signe  appliqué  à  des  écrivains  catholiques  pour  lesquels 
il  eût  mieux  valu,  en  tout  cas,  spécifier  nettement  l'ouvrage' que  l'on 
considérait  comme  devant^  être  écarté,  au  lieu  de  jeter  la  srspicion 
s,i,r  un  ensemble,  d'ouvrages  dont  certains  ne  semblent  pasappC  1er  ces 
réserves.  ■-;     ■ -..iï 

Les  ouvrages  sont  classés  dans  l'ordre  alphabétique  dés-auteurs, 
la  particule  et  l'article  étant  traités  conin.e  faisant  partie  du  nom 
(de  l'Epinois,  di  Martinelli  se  trouvent  à  la  lettre  D- par- cxi>'jde  ■même 
pour  le  va?!  hollandais  et  le  çon  allemand).  Pour  chaque  âUteur  on  a 
pris  soin  de  donner,  toutes  les  fois  que  la  chose  a  été  poss'ble,  des  ren- 
seignements biographiques  succincts  (prénoms,  état  civil,  lieu  et  date 
de  naissance  et  de  mort),  l'on  a  renvoyé  du  nom  au  pseudonyme  ou 
v^  ce- ver  sa. 

A  la  liste  des  auteurs  est  mêlée  une  liste  alphabétique  des  matières, 
dressée  d'vine  façon  succincte  mais  suffisante  et  qui  renvoie  sim- 
plement aux  noms  des  auteurs.  La  musique  forme  à  la  fin  de  l'ou- 
vrage un  catalogue  spécial. Un  appendice,  sous  les  deux  rubr'ques  : 
la  Géographie  par  le  ron:av,  l Histoire  par  le  roman,  donne  des  listes 
des  romans  dans  lesquels  on  trouve  des  descriptions  de  pays  ou  qui 
se  rapportent  à  des  points  d'histo're.  F.-G.  L. 


BULLETIN 

rabultie  ronllum  ri-aflit'oiii«  cliflstlanae  {ad  annuinl563),  quas  in  USUUi 
sctiolarum  coUegit  Dr.  Phil  J.  Greusbn.S.  F.  Friburgi,  Brisgoviae,  !311,  in  8 
fie  VIII  p.  et  8  tableaux.  -^  Prix  :  1  fr.  75. 

Dans  une  sério  d.-3  tableaux  s /noptiques  on  nous  présente  toute  la 
suite  des  auteurs  et  des  ouvra'jes  qui  nous  o'iit  conservé  la  traditfon  chré- 
tienne. On  a  mis  en  regard  les  Papes,  les  hérésies,  les  conciles,  les  écri- 
vains ecclésiastiques  de  l'Orient  et  de  l'Occident.  Amateurs  et  ouvrages  se 
trouvent  ainsi  placés  dans  leur  cadre  historique.  Pour  préciser  toutes  les 
indications,  on  a  tenu  compte  des  derniers  travaux  d,ej  laj  critique  et  do 
l'érudition,  contemporaines.  Excellent  répertoire,  mais  que  plusieurs  ne 
jugeront  pis  d'un  maniement  assez  simple  pour  un.instriimcnt  de  travail. 

,        C.  S. 

Coai-s  d«  pliynlque  à  l'usage  des  écoles  primaire*  supérieures  de  jeunes   filles 

par  le  D'  Alambllb.  \^^,  2^  et  3*  années.  Paris,  Alcan,  1911,  in-16 cartonné 

de  89-132-16J  p.,  avec  433  fig.  —  Prix  :  3  fr. 
Cours  io  cliiinie  à  l'usage  dft  écolea  primaires  supérieures  de  jeunes  filles,  par 

le  D'  Ai.AMBLLB.  1",  2«  et  3«  années    Paris,  Alcan,  1911,  i'i-16  cartonné  de 

146-150-88  p.,  avec  164  Qg.  —  Prix  :  3  fr. 

N  JUS  avons  signalé  ((f.  P^Z/A/'èZi'o?),  de  juin  1911,  t.  CXXI,  p.  531)  tout 
le  bien  que  nous  peusions  des  C 'M/*.-;  de  physique  et  de  chimie  écrits  par 
M,  Alamelle  pour  l'enseignement  primaire  supérieur  des    garçons.    Nous 


—  ;)o5  ~-v 

pourrions  recopier  textuellement  nos  inapressions,  nous  ne  le  forons  pas, 
prt'f^rant  ajouter  quelques  mots  nouveaux.  L«  d'.fïirence  des  programmes 
ne  porm,et  pas  à  un  même  livre  de  servir  aux  ^lles,  et  aux  ga^^çr^ns.  M.  Ala- 
melle  ne  s'est  pas  ronto;.té  de  faire  quelques  déplacemonts'()jj.coupur(  s; 
il  a  mndifi  '  la  première  rédaction  toutes  les  fois  q(i''ari  fait  OU  un  tir^-.imiuit 
fMniÙiste  piVtp-ait  être  int'rrdait-  les  énoncés' 'd'ékétHi'îeés  cf  lOS'  (^uestiim- 
naircs  terminar.t  chaque  chaplti'e  ont  le  plus  prc  fité  de  cett-<?wrn;fceHigente 

'•manière  de  aonccy'ir  renseignement.    ..-.,[.,    )0f,>  ^.)v>biE-  (Ch?a,ii,a.m. 

(    :,■■    •■il-    .        r'-      •:      ■    !  -  .••    ~  '  -M  -   '.f-^'i-i-;'}    tM    '.ir  ■   !'*:•;    ■/ 

■  -aVérlté    pi«ychoiogl<|u«   et  ino>*al«>    di^al»  .lie  iipn|{«n;4ié  pl4,,)Paul 

Bour);ot,  par  F.-J.  Lardbur.  l'aris,  Fon.tejQQQin^^;1912,  iii-ij^  4)^.136  p.— 
Prix  :  2  fr.  '     ""     "  "      "    '    '        '  ''' 

«  La  vérité  psychologique  et  morale. . .  »,  entendez  qu'il. n',>^  en  a  aucune, 
et  que  M.  Bourget.  nourri  à  la  fois  de  l'abbé  Prévost  et  de  Balzac,  de 
Steudahl  et  de  Flaubert,  do  Taine,  de  Spencer  et  de  Ëib'ot,  ayant,  avec  un 
grand  art  d'évocation  dramatique,  des  habitudes  assez  fâcheuses  d'ana- 
lyser, épiloguer,  disserter,  plein  de  préjugés  de  snobisme  et  de  romantisme, 
n'est  dans  ses  prétendus  romans  d'observation  qu'un  psychologue  arti- 
ficiel, doublé  d'un  dramaturge.de  mélodrame,  et  se  montre  dans  ses 
romans  à  thèse  d'une  «  si  fâcheuse  incohérence  »,  d'  «  une  telle  aberration 
morale  »,  qu'ils  prou^ent  tout  justement  le  contraire  de  ce  qu'ilvoulait 
prouver...  C'est,  malgré  la  courtoisie  des  formes,  malgré  l'hommage 
rendu  à  Monique',  ce  «  chef-d'œuvre  »,  et  à  quelques  nouvelles  excellentes 
H  qui  consolent  des  romans  »,  ce  qu'on  appelle  un  rreintvnent.ljes  jeunes  uni- 
versitaires aiment  assez  ce  genre  de  sport,  qui  laisse  le  public  fort  indif- 
fèrent et  qui  est  deux  fois  inutile  quand  il  vient  trop  tard  pour  agir  sur 
l'écrivain  en  l'éclairant,  sur  l'opinion  en  barrant  le  succès  à  ses  favoris, 
et  quand  l'apprenti  critique  ne  fait  guère  qu'outrer  et  mettre  en  système 
des  remarques^  des  réserves  déjà  présentées. A  part  cela,  ceci  est  un  petit 
n\émoire  assez  bien  mené  et  qui,  à  l'école,  a  dû  mériter  une  bonne  note. 

..  /,   '  'l...   ,--G.  A. 

■..a  Lutie  pour  In  Oonronne  rlana  lea  paye  rounÉérlniS'»n 'WÉ*  et  an 
;x.viie  siècles,  par  Albxandrb  a. -g.  Stourdz.i.  Parié,  Giard  et  Biière, 
1912,  ia-16  de  53  p.  —  Prix  :  1  fr. 

Leçon  d'ouverture  du  cours  d'histdire roumaine  faitë'pa'r'M.'Â:  Stourdza 
l'historien  de  la  Rouma'iiie,  à  la  Sorbonhe,  où,  eh  quelques  pages,  Tauteur 
résume  rhistoire,  peil  édifiante,  des  luttes  qili  se  déroulèrent  en' Valachie 
et  en  Moldavie,  a  cette  époque,  pour  la'possessioh-'de  la"  courbrine,'èet  em- 
blème du  pouvoir  suprême  dont  rautéur  écrit':'  «  Le  sceptre  'devient 
un  Jpoignard,  le  glaive  une  matraque,  le  trône  une  sentine,  la  couronne 
un  hochet,  le  pays  lui-même  une  marchandise  (fferte  au  plus  offrant, 
un  ballot  livré  à  la  curée  des  Sultans,  des  vizirs;  des  sultanes;  dés  eu- 
nuques et  des  aventuriers  sans  foi  ni  loi...»)  (p.  14).  Sur  ce  tableau 
d'horreurs  sans  nom,  de  hontes  et  de  crimes,  se  détachent,  lumineuses 
à  certains  monients,  quelques  ra;res  et  grandioses  figures  dé  princes  et  de 
femmes,  de  seigneurs  et  d'hommes  glorieux.  Les  Turcs  finissent  par 
devenir  les  maîtres  de  la  Couronne  roumaine  et  sous  leur  joug  «  s'engouf- 
Jrait,  avec  le  patrimoine  national  des  pays  roumains,  l'honneur  même  de 
la  race  roumaine.  » 

Il  faut  arriver  au  xjx^  siècle  pour  voir  enfin  la  Roumanie  délivrée  de  ce 


—  536  — 

joïig  et  prendre,  par  laguerre  de  1S77  et  la  proclamation  de  la'royauté  en 
ISS'i.  son  essor  vers  un  avenir  calme  et  prospère.  r    E.  H. 

P*ui*  la  rénovation  rcançals*.  Essai  sur  un  proqramme  d'action  p'ilrio- 
tiqnr,  par  Maurigb  Bbaugh\mp.  Paris.  Intcmédiaire  universel  des  c^ilho- 
liques,  131,  rue  de  Vaugirard,  1911,  in-12  <]e  x  298  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Livre  de  propaçfandie  excellent,  où  l'auteur  met  siccessiverrx'înt  en  garde 
ses  lecteurs  contre  l'alccolisme,  la  pornograpliie,  la  franc-maçonnerie,  le 
socialisme  d'Etat,  l'antimilitarismo,  l'anarchie,  le  pacifisme,  etc.  Dans 
un  dernier  chapitre,  M.  Maurice  Beauchan^p  trace  le  programme  de  la 
rénovation  nationale  et  pose,  comme  le  principe  do  cette  rénovation,  l'in- 
térêt supérieur  do  la  France.  Le  livre  est  précédé  d'ane  Préface  ofi  M"»*'  -hi- 
liette  Adam  flétrit  «  le  matérialisme  antipatriotique  qui  is  >le  l'individu 
social  et  lui  interdit  le  dm  delui-mê  ne  aux  causes  s  ihlimos  ».  O.  IL 


A.W:  %*snaiptlonl*t&k  «Ikotasa  Parisbnn  (L'Œuvre  des  %f>somp(ion- 

nUte»  à  i»«i-i«),  pir  le  D'  J.  Waltbr.  EszLergoni,  1912,  iu-8  de  30  p. 

Au  cours  d'un  voyage  tout  récent  à  Paris,  Mt^r  W  alter  a  étudié,  avec 
une  bienveillante  attention,  quelques  œr. res  catholiques  et  il  Aient  de 
publier  le  résultat  de  ses  et  -des  sur  l'œ.n-rc  de  «  la  bonne  Presse  ».  Après 
ea  avoir  fait  l'historique,  il  admire  l'acti  ité  déployée  par  la  Maison  de 
la  Bonne  Presse  et  insiste  sur  les  résultats  qi  e  l'on  peut  attendre  de  la 
diftision  do  ses  journaux  et  de  ses  nombreux  périodicjues.  Il  montre  quel 
rôle  important  est  dévolu  aux  femmes  chrétiennes  et  intelligentes  et  il  fait 
appel  aux  femmes  magyares  en  les  in  itant  à  s  i\ro  l'exemple  donné  parles 
Françaises.  E.  IL 


CHROINIQUK 


NECROLOGIE.  —  L'acteur  et  auteur  dramatique  Pierre  Beiîtov,  fi's  du 
célèbre  acteur  du  Gymnase,  Montane  Bcrton,  est  mort  dans  le  courant 
d'octobre  à  69  ans,  à  Paris,  où  il  était  né  eu  18  43.  Il  appartint  lui-même 
longtemps  au  Gymnase  où  il  créa  beaucoup  de  rjles.  Puis  ayant  parcouru 
la  pro%  ince.  il  revint  à  Paris  en  1872  et  entra  comme  pensionnaire  à  la 
Comédie- Française.  En  18.<^0  il  fut  nommé  professeur  de  lecture  h  haute 
voix  des  instituteurs  et  institutrices  de  la  Ville  de  Paris.  Marchant  sur  les 
traces  de  sa  m^re,  qui  s'est  fait  connaître  par  do  nombreux  romans  et  pro- 
verbes, M.  pierre  Bcrton  a  écrit  kii-mOme  un  certain  nimbro  de  pièces, 
parmi  lesquelles  nous  citerons  :  Les  Jurms  de  Cadillac,  comédie  en  un  acte 
(Paris,  1865,  in-18);  —  Didier,  pièce  en  3  a:tos,  en  prose  (Paris,  1868, 
in-12);  —  Mioche  (Paris,  1893,  in-12);  —  Zaza,  comédie  en  5  actes  (Paris, 
19.)i,  in-12)  ;  —  La  Belle  Marseillaise,  drame  en  4  a'^;tes  (Paris,  1906,  in-18)  ; 
—  La.  Rencontre,  pièce  eu  4  a';tes  (Paris,  1909,  in-12). 

—  James  GAtRONER,  un  des  plus  remarquables  érudits  de  l'Angleterre, 
est  mort  à  Londres  le  4  n*  vembre,àS4  ans.  Né  à  Edimbourg  le  11  mars  1828,  il 
fit  .ses  études  dans  cette  ville  et  entra,  à  l'âge  de  dix-huit  ans,  au  bureau  des 
Archives  de  l'Etat,  dont  il  devint  conser.ate  ir-adjoint  en  1859.  D  epui 
lors  il  a  publié  une  longue  série  d'importants  documents  relatifs  à  l'his- 
t  lire  d'Angleterre,  te's  que  :  Mcm>rials  of  Henry  Vil  (Londres,  1858,  in-8); 
L"'lers  and  Papers  illinlrfiJ've  of  thr  Reign^  of    Richard    III   and    Henry   VII 


—  537  — 

(Londres;,   1S6M86/!,  2  ^-ol.  in-Sh    -  Thj  Pi-ston  Lcttrr.t    (Londres,    187% 
1H75,  ;<  \-<)|.  il- 12);  —  7"fc?  How^eft  of  Lancasler  and  York,  w  t'i    the   Conqif."sf 
a'id  Lrtss  of  France  'IjOndres,  187'*,  i;i-L!);  ■ —  The  Hislor'cal   CoUect.oas   of, 
ac.'iizen  of  L-)iloi  [W      Gre%o:y\  in  ihc  Fifteenth   Cep.tnrtj   (Londres,    1878 
in-8);  ■ — •  Early  Chroniclers  of  Europe  :  Ei  g'a'.d  (Loadrcs,   1870,    in-S);  ■ — • 
Calendars  of  L"!terii   nid   Paper.^    Fore' g 'i   and  Domestic,    of  the     l'eign    of 
Hennj   VIII  (L)nd:'-3.s,    1880-1886,  5  vol.  in-.'M;  —  7^-ee  Fifteenth  Crntnry 
Chranicla,  w'.th  Historlcal  Memoranda  (Londres,     1J8(),    ia-'i);  ■ —    Studies 
in  En^lish  History  (Lindros    1881,  iii-8,  avec  James  Spedding,  etc.    Menr\bre 
de  ph  sieurs  sociétés  sa,'ant<î.5   telles  que  la  «  Royal  Ilistorical  Society  »  et  la 
«{;anil)den  Society,  il  a -ait  publié  de  nom^reix;  nxéntoires  dans  leurs  annales. 
Il  collaborait  en  outre  à  1'  Àthcnae^ni  et  à  d'autres  ro  ,  ues  sa  antes  et  a  ait 
dinné  divers  articles  au  Dictionary  of  National  Bi  grcph.j. 
^ —  On  annonce  encore  la  m'irt  de  MM.  Arsène  Henri  Bellot,  archi  iste  du 
Conseil   d'État,  m'^rt  à  Paris,  aa  milieu  de  novembre,  à   79  ans;  —   Eertha 
DE  Felsœ  E(Er,    compositeur  de  musique  et  publiciste   bien   connu    dans 
la  colonie  austro-honïifroise  do  Paris,  auteur  de  nombreux  articles  sur   la 
musique  et  les  n\  isiciens  de  la  Hon2:rie  ainsi  que  sur  la  politique    autri- 
chienne et  hon<^roise  et  autour  également  d'une  Vie  de  Veirip^reur  François- 
Jo'tep'i,  mort  à  Paris  au  milieu  do  nov-eniibro;  —  le  D""  Louis  Coste,    biblio- 
th''^caire  et  archiviste  do  la  ville  do  Sa'ins,  m^rt  eu  cette  ville,  le  6  octobre.  • — 
È'io  DE  CvoN,  journaliste  et  publiciste  d'origine  russe,  fixé  à  Paris,  où  il  est 
m:)rt  au  commencement  do  novembre,  lequel  avait    été  professeur   à    la 
Faculté  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg,'  et,  après  sa  \enue  sn  France, 
fut  direct  eur  du  Gaulois  avec  Jules  Simon,  dans  une  période  de  trai  sition  de 
ce  journal  et  publia  diverses  études  sur  les  hommes  et  les  choses  de    la 
Russie;  —  le  comte  Desbassayns   de   Righemont,   ancien   membre    de 
l'Assemblée  nationale  et  anciea  sénateur,  auteur  d'une  intéressante    étude 
s  ir  les  catacombes  romaines,  mort  à  Paris  le  11  novembre,  à  79  ans;  — 
Lucien  Defrance,  professeur  agrégé  dos  s:ieacos  au  lycée  Voltaire,   m:)rt 
à  Paris,  au  milieu  de  noven^bre,  à  52  ans;  —  le  Dr.  Henry  Dor,  professeur 
honoraire  do  l'Université  suisse  de  Lausanne,  mort  dornièrement    à  Lyor, 
où  il  s'était  fixé,  où  il  avait  fondé  la  Revue  g'nérale  d'( phtalmokg'e,  et  où 
il  avait  publié  de  nombreux  articles  soit  dans  cette  rov^ue,  s  jit  daus  d'autres 
périodiques  spéciaux,  le  Lyon  médical,  les  Archives  d'fphtalmohg'e,  VCphtal- 
milogic  provin  ciale,   etc.;   • —   René-Marc   Ferry,   journaliste   hautement 
apprécié,  mort   subitement  à  Paris,  à  la  fin  de  novembre,  à  48  ans,  lequel 
fut  critique  d'art,  critique  dramatique  et  critique  /ittéraire  à  VEclair,  au 
Gaulois,   à  la  Di'pUche  de  Toulouse,  à  V Action  française,  à  la  Liberté,  à  la 
Revue   behiomàdaire  et  qui  avait  fondé  et  dirigé  la  revue  Minerva;  — ■ 
Auguste  FiLoz,  surveillant  général  du  Lycée  Henri  IV,  mort  à  Paris,  au 
commencemont  do  novembre  ,à  49  ans;  —  Georges  Gaulis,  journaliste 
d'origine  suisse,  naturalisé  Français,  ancien  rédacteur  en  chef  de  VOp'rdon, 
ancien  correspondant   du    Temp>,  puis  des  Débats,  à  Constantinople,    mort 
au  commencement  de  novembre,  à  47  ans.  dans  cette  dernière  ville,  cù  il 
venait  de  se  rendre  à  nouveau  pour   prendre  la  direction  du  journal  le 
Stamboul,  racheté  par  lui  récemment;  —  César  Gourdoux,  le  doyen  des 
poètes  languedociens,  mort  à  Paris,  à  la  fin  de  novenxbre,  à  88  ans,  lequel 
avait  pris  une  part  active  au  mouvement  littéraire  méridional  qui    précéda 
le  félibrige,  puis  fut  plus  tard  vice-président  du  félibrige  de  Paris  et  écrivit 
plusieurs  articles  et  brochures  en  dialecte  cévenol,  et  qui,  enfin,  avait  été 
à  Nimes,  en  1869,  secrétaire  de  la  rédaction  du  journal  d'opposition  Vlndé- 


—  538  — 

pendant  du  Midi;  ■ —  Tabbé  Guilloteau,  ancien  professeur  d'histoire, 
mort'à  Angers,  au  commfnoement  de  novembre  ,à  78  ans;  ■ —  Léon  Jouvin, 
philosophe  et  écrivain"  distiny:ué,  auteur  de  :  Le  Pessimisme  (Paris,  1891, 
in-s'V  ouvrage  couroniié  par  l'Académie  des  sciences  politiques,  et  le  Néces- 
saire (Paris,  •1895'',  ii\-81,  m  >rt  au  commencement  de  novembre,  à  Regma- 
!ard  (Orne.;  -^  le  comîi^Hudant' Robert  Mowat,  mort  à  Paris,  au  milieu  de 
novéntbre.  à  90  arts.  lequ'<?î  avait  consacré  les  loisirs  de  sa  retraite  à  i-étude 
de -la  numismatique  et  de'l'épigraphie  latine  et  s'y  était  acquis  nne'noto- 
riété  rhéritée;'-^  Eugène  Pavie,  ancien'  magistrat,  originaire- 'd'Angers, 
mort  à  Paris,  au  comtnencemont  de  novembre,  à  68  ans,  lequel  ë.«tt  Vauteur 
de  :  V Anjou'  dans  In  lutte  de  in  chrHienté  ehntreVislumisme  (Angfers,  1880, 
in-S'^,  Lki Guerre  entre  Louis  XIII  et  Marie  de: Médicis,  1619-1620  (Angers, 
1899,  fc-8),  etc.  r—  le  D"^  Élie  Pécaut.  directeur  de  la  Frontière  du  sud- 
ouest,  TOfort  au  commencement  de  novembre,  à  58  ans;  —  Raguel,  ancien 
professeiir  départerriental  d'agriculture,  ancien  sénateur  de  la  Somme,  au- 
teur de  nombreux  manuels  scolaires  agricoles,  mort  au  commencement  do 
novembre  à  Vers  (Somme),  à  73  ans.;  —  Pierre  Robbe,  un  des  doyens  de  la 
presse  parlementaire,  ancien  professeur,  lequel  avait  collaboré  à  divers 
journaux  républicains,  entre  autres  la  Justice  et  le  Siècle,  mort  subi- 
tement à  I^aris,  le  l^r  novembre,  à  64  ans;  —  Maurice  Rollin,  préfet  hono- 
raire des  études  au  collège  Rollin,  mort  à  Paris,  au  milieu  de  noAcmbre,  à 
85  aniS;  -^^  Saudeau,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Saint-Jean  d'Angély,  col- 
laborateur de  la  Revue  de  Saintongz  et  d'Aunis,  qui  a  publié  un  volume  : 
Saint- Jean  d'Angély  d'cp'ès  les  archives  de  l  échevinog-;,  mort  en  cette  ville 
le  9  novembre,  à  l'âge  de  85  ans;  —  Antoine  Sautereau,  journaliste 
sportif,  petit- fils  du  maréchal  Magnan,  mort  à  Paris,  au  milieu  de  no- 
vembre; • — ■  Louis  Schmidt-Bauchez,  éditeur  de  la  Correi- p jndance  tchèq  le , 
mort  au  commencement  de  novembre,  à  66  ans. 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  Robert  Barr,  journaliste  et 
romancier  anglais,  mort  à  Londres,  au  milieu  de  novembre,  à  62  ans, 
lequel  avait  dirigé:  The  Hier  avec  J.  K.  Jérôme,  et  publié  The  Mutable 
Many^  The  Countess  Tekla;  1 1  the  Midst  of  Alarms,  etc.;  ■ —  William 
Blackwood,  l'éditeur  écossais  bien  connu,  mort  à  Edimbourg,  au  com- 
mencement de  novenxbre,  à  76  ans;  —  Stanislas  Bormans,  administrateur 
émérite  de  l'Université  de  Liège,  qui  a  publié  un  certain  nombre  d'ouvrages, 
principalement  sur  l'archéologie  et  l'histoire,  mort  à  Liège,  vers  lé  milieu 
de  novembre,  à  l'âge  de  77  ans;  —  Dr.  Lewis  Boss,  astronome  américain 
directeur  de  l'Observatoire  Dublet,  mort  le  S  octobre,  à  Albany  (États- 
Unis);  —  le  baron  Del  Marmôl,  ancien  arocât  à  la  cour- d'appel  de  Liège 
(Belgique),  mort  à  la  fin  d'octrjJ>re,  à  Dinant,  à  80  ans,  lequel  laisse  quel- 
ques ouvrages  de  droit  et  d'histoire  locale,  notamment  :  Etude  sur  la  révi- 
sion de  la  législation  des  mines;  minières  et  carrières  en  vigueur  en  Belgq  ce, 
suivie  d'un  projet  de  Code  be'g?  des  mines  (L^èje,  1870,  in-8),  et  Dinant,  art, 
histoire,  généalogie  (Dinant,  1888,  in-8), etc.  ; —  DrWilhelm  Ehstein,  médecin 
allemand,  professeur  de  médecine  interne  à  l'Université  de  Gœttingue,  mort 
en  cette  ville,  le  23  octobre,  à  76  ans;  —  Dr.  Arthur  Engelmann,  homme 
politique  et  ancien  professeur  allemand,  mort  à  la  fm  d'octobre,  à  Breslau, 
à  59  ans;  ■ —  G.  K.  Fortescue,  bilbiothécaire  au  British  Muséum,  prési- 
dent de  l'Association  des  bibliothécaires  anglais,  mort  à  Londres,  au  milieu 
de  novembre,  à  65  ans;  —  Dr.  Julius  Albert  Fridericia,  professeur  d'his- 
toire à  Copenhague,  mort  en  cette  ville,  à  la  fm  d'octobre,  à  64  ans;  — 
Leopold  Von  Hauffe,  ancien  professeur  à  l'École  technique  supérieure   de 


—  539  — 

Vienne,  n\ort  en  cette  ville,  le  2  novembre,  à  73  ans;  —  Anna  Hill,  femme 
(le  lettres  allemande,  qui  a  publié  snis  le  pseiidinynae  de  «  Sans-Gêne  i,  des 
nouvelles  et  des  pièces  do  théâtre,  telles  que  -,  Ein  Feindes  L  ind.  Scène  aus 
dein  deutich-  'ranzoesis< h  -n  Kr  eg  in  lakt  {  P>ancfort-sur-le-Mein,  1899,  in-8), 
Erlkoenig.  Schwank  in  4  Akten  (Francfort-sur-le-Moin,  1900i  in-8),  etc., 
mortQà  Francfort-sur-le-Moin,  le  18  nQ,v.<?mbre,  à  52  ans;  —  Dr(;  Eduard 
■  IIusGES),  ancien  rédacteur  en  chef  d'j  journal  Q\\QV[\jfU^àJ)u'!seldorf(r  Tcg:- 
rJlm,  mort  à  DusseMirf,  le:20  octobre,  à  6'f  ans^—  Dr-  Bernhard  .Irmer, 
-icarateur  de  l'Université  allemande  de.Greifswald;  mort  eji  cette  ville,  le 
v.2\  octobre,  à  63  ans;—  lfai>bé  J.  Bonnet,  correspondant  do  VUnivers  à 
.  Sain»t-Pétersbjurg,  où  il  était  fixé  depuis  longtemps,  ,mort  en  cette  tille,  le 
4  novembre,  érudit  trop  ignoré  en  France,  qui  avait  fait  d'iniportantes 
découvertes  parmi  les  manuscrits  français  que  possède  la  Bibliothèque 
impériale  de  la  capitale  russe;  —  Dr.  Gustav  .Jivcobsthal,  professeur  de 
Sciences  musicales  à  l'Université  allemande  de  Stra.sb'turg,  mort  au  milieu 
d  *  novembre,  à  Berlin,  à  68  ans,  après  avoii-  publié  :  Die  thr:tmntis(h?'  alté- 
ration im  liturgischen  Gesang  d/r  aberidlaendisrhen  Kirrhe  (Berlin,  1897, 
in-8,  etc.;  —  Dr.  Siegmund  Kiefler,  mathématicien  allemiiWJf'.  auteur  de 
quelques  ouvrages,  mort  à  Munich,  le  23  octjbre,  à  65  ans;  / —  Dr.  Otto 
KrOmmel.  professeur  de  géographie  à  l'Université  allemand^  de  Marbourg, 
mort  en  cette  ville,  au  niilieu  d'octobre,  à  58  ans,  lequel  «st  l'auteur  de 
Geosraphisches  Praktikum  fur  den  Gelrauch  in  den  geographischea,  Uebungen 
an  Hochs(hden  benrheitet  (Leipzig,  1908,  in-8),  etc.;' —  Dr.  Paul  Kuehn 
bibliothécaire  et  écrivain  allemand,  mort  le  8  octobre,  à  Leipzig,  à  46  ans. 
lequel  laisse  plusieurs  ouvrages  sur  l'art  et  la  littérature,  entre  autres  :  Max 
Klinger  (Leipùg,  1907,  in-8)  et  Die  Frauen  und  Goethe.  Weimarer  Inté- 
rieurs (Leipùg,  19!  1,  in-8);  —  Dr.  Siegfrid  Mekler,  professeur  de  gymnase 
et  chargé  de  cours  de  philologie  classique  à  Vienne,  mort  en  cette  ville,  le 
16  octobre,  61  ans;  —  Dr.  Konrad  von  Orelli,  professeur  d'histoire  reli- 
gieuse et  d'exéo'èse  de  l'Ancien  Testament  à  l'Université  suisse  de  Bâie, 
,  mort  en  cette  ville  au  milieu  de  novembre^  à  67  ans,  dontnous  citerons  : 
Was  haben  (vir  am  Btiche  der  Pscltien?  (Barmea,  1895;  inS),  Wid'^r 
unberechtigte  Machtspruche  heutigtr  ■  Kritiker  (Dusseld)rf,  1895,  in-S)  et 
Die  Hoffniing  der  ewisen  Lebens  (Zurich,  1896,  in-8);  i— -  Anton»  yop<!  Peb- 
FALL,  écrivain  allemand,  mort. à  Munich,  à  la  fln  d'octobre,  à  58  ans,'  leque 
est  l'auteur  de^nombreux  romans,  tels  que  :  Der  T^wr/nfl«î>è    (Stuttgart, 

1907,  in-8);  Ein  Weidmannsjahr \B'i:r\\n,  1908,  in-8);    DieSiinde    (L'^ip^'ig, 

1908,  in-.8)i  Schlnss  Phantasie  (Dresde,  1909,  , in-8.),  etc.;  —  Dr.  Heinrich 
RiTTHAusEpj,   professeur  de  chimie  agricole  à  l'Uni  .ersité  allemande  d-^ 

■  Kœngisborg^' mort  à  Berlin,  àii  milieu  d'octobre,  à  87  ans;  —  le.  comte 
Guillaume  de  Verspeyen,  un  des  plus  remarquables  représentants  de  la 
presse  catholique  de  Belgique,  rédacteur  en  chef  du  Bien  public  de  Gand, 
collaborateur  de  la  Revue  générale  et  de  plusieurs  autres  périodiques,  auteur 
de  quelques  ouvrages  estimés,  notamment  Par  la.  parole  et  par  la  plume 
(2  vol.  in-8),  mort  à  Gand,  le  24  novembre;  ■ —  W.  "vValker,  écrivain  anglais 
qui  a  écrit  le  volume  :  Essential  Poetry  of  Pope  (Londres,  1911,  in-8),  ainsi 
qu'un  chapitre  :  English  Engrcv'.ng  pour  l'ouvrage  de  Henri  Delaborde 
sur  la  gravure,  mort  à  Londres,  à  la  fm  d'octobre;  • —  M"^^  Waltz,  biblio- 
thécaire et  conservateur  du  Musée  de  Colmar,  morte  à  Colmar,  au  milieu 
de  novembre;  —  Dr.  Hugo  Werner,  professeur  à  l'École  d'agriculture  de 
Berlin,  mort  en  cette  ville,  le  17  octobre,  à  73  ans;  — •  Wienawski,  le  pia- 
niste et  compositeur  bien  connu,  qui  avait  fait  ses  études  musicales    au 


—  540  — 

Conservatiùre  do  Paris,  mort  à  Bruxelles,  au  commencement  de  novembre; 

—  \V.  P.  Wradij,  zoologue  russe,  qui  a  décrit  ses  voyages  scientifiques  dans 
plusieurs  ouvrages,  mort  à  la  fin  d'octol)re,  dans  la  Transcaucasie. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des   inscriptions    et  belles-lettbes. 

—  Le  11  novembre,  M.  Homolle  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Replat 
annonçant  la  découverte  à  Délos  d'une  statue  de  la  Victoire  de  style  archaï- 
qiie.  —  M.  Jullian  décrit  et  commente  une  inscription  découverte  à  Four- 
vière  et  ren^ontaut  a'i  me  siècle  après  J.-C.  —  M.  Bouché-Leclercq  lit  un 
travail  sur  la  mort  d'Autiocbusle  Grand  et  la  fin  d'Antiochus  I^r    Épiphane. 

—  M.  .1.  Toutain  dmne  des  détails  «"ur  le<;  fouilles  opérées  sur  le  Mont- 
A'ixois  par  les  soins  de  la  Société  des  sciences  de  Semur.  —  Le  25,  M.  Cor- 
dier  lit  une  dépêche  et  une  lettre  annonçant  la  situation  des  missions 
confiées  aux  commandants  Tilho  et  Devideix  dans  le  Tchad. 

Lectures  faites  a  l'académie  des  sciences  morales  et   politiques. 

—  Le  2  novembre,  M.  Charles  Benoist  lit  un  fragment  de  son  mémoire  sur 
ks  Classes  ouvrières  et  la  RU'olution.  —  Le  16,  M.  Eiig.  Cavaignac  lit  un 
travail  sur  l'organisation  centuriate  et  la  répartition  de  la  richesse  dans 
l'État  romano-campanien  dj  xv^  siècle  à  nos  jours. 

Paris.  —  Le  24  novembre  a  eu  lieu  le  13^  déjeuner  de.;  collaborateurs, 
du  Polyhihlion  au  restaurant  des  Sociétés  savantes,  8,  rue  Danton. 

Nous  sommes  heureux  de  signaler  à  nos  lecteurs  un  répertoire 
di  plus  haut  intérêt  :  c'est  le  Paris  charitable  et  bienfaisant,  publié  par 
l'Office  central  des  œuvres  de  bienfaisance  (Paris,  Plon-Nourrit.  1912, 
in-16  de  xx-824  p.  —  Prix,  cartonnage  toile  pleine  ;  5  fr.).  L'Oflice  central 
des  œuvres  de  bienfaisance,  qui  a  son  siège  à  Paris,  175,  boulevard  Saint- 
Germain  (XX'^  arr.),  a  réuni  dans  ce  volume  les  notices  les  plus  claires  et  les 
plus  nécessaires  pour  seconder  la  bienfaisance.  On  y  trou\  e  des  noms  et 
dos  adresses,  dates  de  fondations,  conditions  de  placem,ent,  jours  et  heures 
de  réception,  nombre  de  lits,  lieux  de  secours,  modes  d'assistance,  prix 
demandés.  Ces  renseignements,  puisés  aux  sources  mêmes,  sont  donc 
rigoureusement  exacts.  Pour  l'année  1912,  l'ouvrage  enregistre  un  total 
de  6.931  œuvres  tant  à  Paris  que  dans  la  banlieue  de  la  Seine.  Voilà  un 
vdde-mecum  indispensable  à  toute  personne  soucieuse  d'être  guidée  dans 
ses  intentions  généreuses,  ou  tout  au  moins  de  répondre  utilement  aux  solli- 
citeurs; c'est  vraiment  le  Dictionnaire  de  la  charité,  que  tous  les  favorisés 
de  la  fortune  doivent  avoir  à  portée  de  la  main.  Le  Paris  charitable  et 
bienfaisant  a  fait  état  de  toutes  les  œuvres,  sans  distinction  d'opinion, 
officielles  ou  priv-ées,  catholiques,  protestantes,  Israélites,  libres-penserses  ou 
sans  aucun  caractère  confessionnel. En  quelques  lignes,  chaque  n(  tice  indique 
l'adresse,  le  caractère,  le  but,  la  confession,  les  conditions  de  l'œuvre.  Une 
table  alphabétique  et  analytique  de  102  pages  rend  les  recherches  extiéme- 
nxent  rapides.  Le  volume  est  précédé  d'une  brillante  et  éloquente  pré- 
face de  M.  le  comte  d'Haussonville,  de  l'Académie  française,  et  d'une  ;<  Note 
eiplicative  ^>  (10  pagesi  dans  laquelle  M.  Eu^èie  Plantet  dmne  des  détails 
fort  intéressants  sur  la  manière  dont  l'énorme  enqtête  a  été  [conduite  et 
et  sur  les  résultats  qui  ont  été  obtenus.  Là,  il  fait  judicieusement  observer 
q  ;e  «ce  n'est  pas  seulement  aux  lecteurs,  c'est  atx  historiens  que  ce 
nouveau  travail  pourra  rendre  des  services  ».  En  effet,  nous  sommes  en  pré- 
sence d'un  document  qui  apprendra  à  la  postérité,  d'une  façon  certaine, 
ce  qu'étaient  les  œu. ros  charitables,  en  l'an  1912,  dans  la  capitale  de  la 
1 rance. 

-  La  Société  de  Saint-Augustin  vient  de  faire  paraître  le    Grand  /l-na- 


—  541  — 

na-h  du  monde  caihollqu-  p  )ur  1013.  (Lille,  Paris,  Lyon,  Mars-nlle,  Rome, 
Bruxelles,  etc.,  Desclée  et  de  Brouwcr,  in-4  de  1H8  p.,. avec  9  planches  en 
couleurs  et  en  noir  ot  do  nombr.  grav.  dans  le  te-rte.  —  Prix,  cartonné  toile  : 
3  fr.l.  Luxueuse  publication  qui,  outre  les  indications  précises  sur  le  Sacré- 
'  Collètïe  et  l'Épiscopat  di  monde  entier,  d  »nne  des  articles  dont  plusieurs 
ont  l'allure  et  l'imTiortanco  de  véritables  études.  Citons,  entre  autres  : 
L^s  Petits  enfants  devait  l'Eglise  et  devant  l'Etat,  par  Mgr  i'É réque  de  Ver- 
dun; UAnnonei.ation,  par  le  Fr.  R.  Louis,  O.  P.;  Jemmapes.  par  le  Vv.  M. 
Jacquin,  des  Frères  prêcheurs;  Devant  le  monument  de  Bossuet,  par  M  C.  Le- 
cigne;  Ediptes  d:  soleil,  par  M.  Ain^é  Wit  •.;  Les  Marti/rs  d'Areueil,  par  le 
Fr.  H.  D.  N  )b^-e,  des  Frères  prêcheurs;  Lo  Piacd  d':  Saint- Pierre  à  Rome, 
par  M.  E.  Kerwin  ;  Le  Congo  français,  par  un  Missionnaire  de  la  Congrégation 
d.)  Saint-Esprit;  Bouvines,  pèlerinage  patriotique  et  religieux,  par  M.  H.  Quil- 
liet;  Nouveautés  scolaires  en  Chine,  par  M.  L.  Goudailler;  Une  Martyre  de 
la  charité.  S.  A.  R.  la  duchesse  d'  ilençon,  par  M^'e  Marie  Gouraud  d'Ablan- 
court;  L' Abbatiale  de  Vés'lay,  par  M.  L.  Cloquot. 

—  A  signaler  aussi  V Almanach  de  la  coopération  française  (Paris,  1,  rue 
Christine,  VI",  in-32  de  96  p.,  avec  grav.  —  Prix  :  0  fr.  30),  qui  fournit  des 
détails  intéressants  sur  les  œuvres  coopératives  sociales  en  France  et  à 
l'étranger. 

—  Depuis  des  années  nous  signalons  ici  V Agenda   aide-mémoire    agricole 
■  que  publie  M.  G.  vVery,  sous-directeur  de  l'Institut  national   agronomique. 

Ayant  reçu  celui  do  1913  (Paris,  Baillière,  in-8  de  246  p.,  plus  de  nombreuses 
pages  de  «  Tableaux  de  comptabilité  ».  —  Prix  :  1  fr.  50),  nous  nous  borne- 
rons à  le  rappeler  aux  intéressés  comn\e  étant  tout  particulièrement  recom- 
mandable. 

—  11  n'est  que  juste  de  recommander  également  à  qui  de  droit  V Agenda 
agricole  et  viticolc  1913,  ayant  atteint  aujourd'hui  sa  28*'  année  (Montpellier, 
Goulet;  Villefranchî-da-Rhône,  aux  hiWQdiwyi  ^\  Progrès  agricole,  petit  in-16 
de  200  p.,  avec  «  Calendrier  des  agriculteurs  et  viticulteurs  »,  paginé  201-331 . 
^-  Prix  :  édition  ordinaire,  cartonnage  toile,  tr.  rouges,  1  fr.  25;  édition  de 
luxe,  reliure  basane  pleine,  tr.  dorées,  2  fr.  50).  Cet  agenda  est  toujours 
rédigé  par  M.  V.  Vermorel,  président  du  comice  agricole  et  viticole  du  Beau- 
jolais, avec  la  collaboration  de  professeurs,  d'agriculteurs  et  de  viticulteurs. 

—  Une  luxueuse  brochure  (Lyon  et  Paris,  Emmanuel  Vitte,  petit 
in-8  de  105  p.,  avec  de  nombreux  documents  iconographiques. — ■  Prix  ' 
1  fr.  50)  a  réuni  deux  conférences  faites  à  Lyon,  par  M.  Gustave  Gautherot, 
à  la  Société  d''études  historiques  et  littéraires,  les  5  et  6  mars  1912.  La  pre- 
m"èi"e  , intitulée  :  Le  10  août  1792.  Par  qui  et  comment  fui  fondée  la  République, 
raconte,  a.ec  ilne  critique  serrée,  ce  que  fut  cette  journée  si  funeste  à  la 
monarchie  et  qu'avec  un.  peu  d'énergie  l'on  eût  pu  faire  avorter.  La  deuxième 
se  rapporte  à  la  Marseillaise  :  «  J'ai  voulu,  déclare  l'auteur  dans  un  bref 
Avant-Propos,  «situer  »  la  Marseillaise  dans  l'histoire  de  la  Révolution,  et 
j'ai  été  ainsi  naturellement  amené  à  rédtire  à  lejr  juste  valeur  les  légendes 
«  hértï  [ues  »  qui  s'attachent  à  sa  fortune  ».  M.  Gautherot  a  ,pour  le  moins, 
aussi  bien  traité  ce  sujet  que  le  précédent.  Pour  ses  deux  conférences, 
d'ailleurs,  l'auteur  a  mis  à  contribution  les  meilleures  sources  historiques  et 
iconographiqî^es.  Aussi  solides  que  curieuses,  ces  deux  études,  sûres  du 
succès,  seront  plus  tard  fort  recherchées. 

Franche-Comté. —  M.  Maurice  Dayet  publie  d'intéressantes  Notes  surle 
conve  itionnel  Vernereij  et  sur  sa  famille  (Besançon,  Dcdivers,  1912,  in-8  de 
29   p.,    avec   portrait.    Extr.    des    Mémoires   de   la    Société   d'émulation   du 


—  542  — 

DowisV  .  Ce  personnage,  né  à  Baumo-!es-Dames,  de  famille  noble,  était 
avocat  au  Parlement,  à  Besançon,  à  l'époque  où  éclata  la  Révolution,  dont 
il  épousa  aussitôt  les  idées.  Élu  député  en  1791,  il  remplit  dos  missions 
successives  dans  les  départements  de  la  ('reuso  et  de  l'Allier,  puis  dans  l'est, 
où  il  fut  envoyé  pour  surveiller  l'exploitation  des  salines.  Sa  correspondance 
et  ses  actes  nous  le  présentent  sous  un  jour  favorable  en  ce  qui  concerne  l'in- 
tégrité. Son  mandat  rie 'lui  ayant  pas  été  renouvelé  par  les  électeurs  "du 
Doubs  en  1797,  il  remplit  d.'^s  fonctions  administratives  et  mourut  à  De-  ' 
sançon,  le  15  floréal  an, VI  (4  mai  1798),  à  l'âge  de  49  ans.  La  politique  ne- 
l'avait  pas  enrichi  :■  il  était  à  peu  près  ruiné.  dtarles-Baptiste-François^ 
Vernerey,  en  parfait  jacobin  qu'il  fut  toujours,  vota  la  mort  du  Roi.  rsans 
sursis.  De  ses  deux  fils,  l'un  fut  tué  à  l'ennemi  en  l'an  III;  l'autre,  devenu 
chef  d'escadrons,  n'était  pas,  en  raison  do  ses  opinions  «  nullement  rassu- 
rantes »,  fort  bien  coté  par  «de  ministre  do  l'intérieur  en  1822,  et  le  préfet 
du  Doubs  estimait  qu'il  ne  saurait  offrir  aucune  garantie  pour  servir  le 
régime  des  Bourbons  ».  L'avis. préfectoral  s'e.x.plique  aisément. 

■ — •  A  qui  d'^it-on  le  eompte  rendu  anonyme  du  Douzième  Gongrès  de  r As- 
sociation franc- comtoise  tenu  à  Ornans  /e  1®""  août  1912  (Besançon,  imp- 
Jacques  et  Demontrond,  1912,  in-8  de  47  p.)  ?  Tout  d'abord,  comparant 
l'ordre  et  le  te.\te  dft .ce  (travail  avec  un  autre  sur  le  même  sujet  publié  par 
M.  Georges  Gazier,  conservateur  de  la  Bibliothèque  de  Besançon-,  dans  le 
Bulletin  trimestriel  de  r  Académie  des  sciences,  belles-lettres  et. arts  d&  Besan- 
çon (3^  trimestre  de  1912),  nous  arrivions  à  conclure  que  c'était  le  même 
écrivain  qui  s'était  encore  dépensé  sans  compter,  selon  son  habitude.  Et 
nous  le  croyons  toujours...  du  moins  jusqu'à  la  page  33.  Là,  l'auteur  ano- 
nyme laisse  la  parole,  ou,  pour  dire  mieux,  la  plume  à  M.  Emile  Monnot, 
professeur  au  lycée  de  Lons-le-Saunier,  qui,  en  huit  trop  courtes  pages, 
raconte  ses  impressions  non  point  de  congressiste,  mais  d'exciirsionniste, 
dans  la  vallée  de  la  Loue,  avec  la  verve  endiablée  qui  lui  est  [coutumière. 
Ce  congrès,  où  quator/,e  sociétés  comtoises  étaient  représentées,  présidé  par 
notre  très  distingué  collaborateur  M.  Léonce  Pingaud,  président  de 
l'Académie  de  Besançon,  a  provoqué  nombrq  d'études  historiques,  artis- 
tiques et  scientifiques  qui  ne  resteront  assurément  pas  en  portefeuille. 

—  Avis  aux  fumeurs.  Dans  la  livraison  de  novembre  dernier  du  Mois 
il  ter  aire  et  pittoresque  (p.  458-464^  ils  trouveront  un  curieux  travail  de 
M.  L.  Roy  sur  les  Pipes  de  Saint-Claude,  illustré  de  gravures  pittoresques 
et  documentaires.  Décrivant  les  ateliers  de  fabrication,  l'auteur  fait  con- 
naître les  opérations  multiples  que^subit  chaque  pipe,  depuis  la  nyse  en  main 
de  r  «  ébauchon  ».en  racine  do  bruyère  jusqu'au  complet  achèvement  de  la 
pièce.  «  Quinze  ouvriers  et  ouvrières  diflerents,  dit-il,  s'y  emploient  à  leur 
tour,  si  spéciaux  chacun  dans  leur  partie  que  nul  d'entre  eux  ne  saurait,  à  lui 
seul,  construire  un  ensemble  convenable.  Mais  aussi  quel  parfait  instrument 
de  fumerie  ainsi  réalisé  !  Lorsque,  avec  une  patience  et  un  art  pareils, 
l'amateur  aura  donné  à  sa  pipe  la  chaude  patine  qui  la  rendra  plus  belle 
encore,  et  la  saturation  qui  la  rendra  encore  plus  savoureuse,  il  possédera 
nn  facteur  d'oubli  et  d'apaisement  délicieux,  la  pipe  idéale  —  et  qu'on  ne 
casse  jamais  !  «  Parfait  :  M.  L.  Roy,  qui  montre  très  bien  les  choses,  a  aussi 
de  la  gai  Lé  et  de  l'esprit. 

Normandie.  —  Lorsqu'un  malade  se  recommandait  ou  était  recommandé 
au  moyen  âge  à  l'intercession  des  saints,  on  avait  coutume  de  mesurer  soit 
son  corps,  soit  au  moins  la  partie  malade  avec  une  mèche  à  chandelle  qui 
devait  servir,  en  cas  de  guérison,  au  citrge  qui  serait  brûlé  en  témoignage 


—  543  — 

de  reconnaissance.  M.  L.  Delisle,  quand  il  était  encore  à  l'École  des  chartes, 
en  1848,  avait  envoyé  à  la  Société  académique  di  Cherbourg,  dont  il  venait 
d'être  nonamé  correspondant,  un  mémoire  où  il  étudiait  cet  usage  surtout 
dans  le  pays  normand.  La  Société,  qui  a  retrouvé  dans  ses  archives  ce 
manuscrit  inédit,  vient  d-î  le  publier  au  tome  XIX  de  ses  Mémoires^  sous 
ce  titre  :  Notice  sur  une  forme  de  vœux  usités  en  J^ormandie  au  moyen  âge  (Tiré 
à  part.  Cherbourg,  imp.  Le  Maout,  1912,  in-8,  paginé  111-120).  , 

Orléan.\is.  • —  C'est  une  très  intéressante  figure  que  ce  Pierre  Fougeu 
d'Escures  marèchil  des  camps  et  armées  de  Heuri  JV\,  intendant  des  tii'cies 
et  levées  des  rivières  de  Loire  et  Cher,  maire  d'Orlt'a  is,  etc.  (1554-1621),'  dont 
notre  éminent  collaborateur  le  comte  Baguenault  do  Puchosse  vient  de 
retracer  la  biographie  (Orléans,  imp.  Paul  Pigelet  et  fite,  ■  1912,  in-8  de 
61  pages,  et  planches;  extrait  d'J  tDme  XX XIV,  actuellement  en  cours 
d'impression,  des  Mimoir^s  de  la  Société  archéologique,  et  historique  de 
l'Orléanais).  Tour  à  tour  soldat  et  adnfiinistratejr,  chargé  par  Henri  IV 
d-î  missions  délicates,  d'Escuros  fut  do  ces  serviteurs  dévoués  et  intelli- 
gents qui  second'^rent  si  elfiiaoement  le  Béarnais  dans  sa  tâche  difficile 
de  pacifier  et  de  reoonstituer  le  royaume.  Cette  attachante  notice,  dans 
laquelle  M.  Ba'jrueniault  de  Puchesse  a  utilisé  des  papiers' de  famille,  est 
a;compagnée  de.  plusieuns  illustrations  d'un  intérêt  'documentaire,  et 
suivie  d'un  appendice  généalogique  sur  la  famille  d'B3cures,et  d'une  série 
de  pièces  et  notes  justificatives,  parmi  lesquelles  on  trouvera  deux  lettres 
inédites  de  d'Escures,  un  extrait  de  son  testament,  l'inscription  gravée  sur 
le  socle  de  son  buste,  de  curieuses  notes  sur  le  Poutil,  près  d'Olivet,  — •  cette 
belle  «  maison  de  plaisance  »,  «  presque  célèbre  »,  dont  il  ne  reste  plus  guère 
que  la  terrasse  sur  le  Loiret,  —  et  une  autre  sur  les  quatre  grands  pavillons 
dont  d'Escures  commença  la  construction  en  1600  et  qui  ont  donné  son  nom 
à  la  rue  d'Orléans  où  ils  existent  encore. 

Alsace.  • —  Cette  année  a  été  particulièrement  féconde  en  bons  et  beaux 
livres  sur  l'Alsace,  qui  montrent  avec  quelle  sympathie  croissante  on  étudie 
l'histoire  de  notre  ancienne  province.  Les  Annales  de  l'Est,  exécutant  leur 
promesse,  consacrent  le  3**  faséicule  de  l'année  1911  à  une  Bibliographie 
qui  est  une  intéressante  revue  du  momement  intellectuel,  artistique  et 
économique  de  la  région  (prix  du  fascicule  :  4  fr.  Paris,  Berger- Levrault) 
pendant  les  années  1910-1911.  D'excellentes  chroniques  y  sont  consacrées 
à  la  géographie,  aux  généralités  historiques,  à  l'archéologie,  au  moyen  âge, 
à  la  période  moderne,'  à  la  Lorraine  française,  au  mouvement  économique 
et  littéraire,  aux  âlsatiques,  par  des  Critiques  des  plus  compétents.  Un  index 
alphabétique  des  noms  d'auteurs,  de  personnes  et  de  lieux,  termine  l'ou- 
vrage si  précieux"pour  les  chercheurs.  ■ — ■  La  Révolution  de  1848  en  Alsace, 
par  M.  Paul  Muller  (Mulhouse,  Bader,  in-8.  —  Prix  :  3  fr.  .^0),  image  fidèle 
des  événements  politiques  de  l'Alsace  de  1848  à  1852;  rappelés  sans  passion, 
avec  le  souci  de  l'exactitude,  l'ouvrage  se  termine  par  une  biographie  de  tous 
les  parlementaires  alsaciens  de  1789  à  1871.  —  Der  dreissigjàhrige  Krieg  im 
Elsass  (1618-1648),  par  M.  J.-B.Ellerbach'(Carspach,imp.  de  Bethsaïde,in-8 
de  623  pages  avec  illustrations.  • —  Prix  :  7  fr.  50).  C'est  le  premier  volume 
fjue  nous  recevons  de  cette  importante  histoire  de  la  gjerre  de  Trente  Ans 
en  Alsace.  Il  est  consacré  à  l'étude  des  causes  éloignées  do  cette  guerre,  ù 
ses  préliminaires  et  à  sa  première  phase  de  1618  à  1622.  Travail  savant, 
très  documenté,  d'une  rédaction  simple  et  claire.  —  U  Alsace- Lorraine  et 
l'empire  allemand,  1871-1911,  par  M.  R.  Baldy  (Paris,  Berger- Levrault, 
1912,  in-8  de  270  p. — ■  Prix  :  6  fr.).  Livre  magistral  où  sont  analysées  et  ju- 


—  544  •— 

gées  los  lois  constitutionnelles  imp  )sées  récemment  à  l'Alsace.  Rien  que 
spécialement  juridique,  cet  ouvrage  intéresse  les  historiens,  d'autant  plus 
que  l'auteur,  avant  d'aborder  la  question  de  la  réforme  constitutionnelle 
de  1911,  objet  principal  de  son  livre,  étudie  dans  quelques  chapitres  préli- 
minaires, le  régime  de  l'Alsace  jusqu'à  cette  date.—  Schlestadt  pendant  la 
guerre  de  1870,  par  MM.  Kling  et  Jehl  ( Paris, Chapelot,  1911,  in-12  de208  p., 
avec  gravures  et  plan),  monographie  complète  et  précise  de  cette  triste 
période,  qui  s'ajoute  au  bel  ouvrage  dont  nous  recevons  le  premier  volume  : 
Alex.  Dorlan,  Histoire  architecturale  et  anecdotiqu-e  de  Sélestadt  (Paris,  Tal- 
landier,  1912,  in-8  de  480  p.,  avec  nombreuses  planches  et  ligures).  Œuvre 
d'érudition  qui  n'est  cependant  pas  une  sèche  énumération  de  termes  techni- 
ques mais  un  tableau  vivant  où  se  meuvent  les  habitants  avec  leurs 
coutumes  et  leurs  mœurs. 

Dernikres  Publications  illustrées.  —  Le  Tour  du  Monde.  Journal 
des  i'oyagss  d  des  i> iy(  gnirs. Annce  191?. Paris,  Hachette,  gr.  in-4  de  624- 
xiv-42- p.  a^ec  de  nombr.  illustrations.  Broché,  25  fr.  ;  relié,  32  îc.  50.  — 
Exp'ornteurs  et  terres  lointaines,  par  H.  de  Mathuisieulx-Toits,  Mame,  s.d. 
in-4  de  400  p  ,  ilh  stré  de  nombr.  grav.  dans  le  texte  et  hors  texte. 
Broché,  5  fr.  75;  relié  percaline,  plaque  spxiale,  tr.  dorées,  8  fr.  50.  — • 
Un  Défi  au  P'de  nord,  par  Emilio  Salgari.  Paris,  Delagra  e,  s.  d.,  gr. 
in-8  de  301  p.,  illustr.  de  L.  Amato.  Relié  toile,  fers  spéciaux,  tr.  dorées, 
8  fr.  ■ —  Jarqteline  Syh'estre,  par  Michel  Epuy.  Paris,  DolagraAC,  s.d., 
gr.  in-8  de  240  p.,  ilh.str.  de  Léonce  Burret.  Relié  toile,  fers  spéciaux  or 
et  couleurs,  tr.  dorées,  5  fr.  ■ —  Le  Fils  du  planteur,  par  Maurice  Cham- 
pagne. Paris,  Delacrra, e,  s.  d.,  gr.  in  8  de  240  p.,  illustr.  de  A.  Raynolt. 
Relié  toile,  fers  spéciaux,  cr  et  couleurs,  tr.  dorées,  5  f.".  —  Un  Sau- 
vcg--  à  Pj.ris,  roman  scientifique  et  de  voyages,  par  Henry  de  Graf- 
FiGNY.  Tours,  Mame,  s.  d.,  gr.  in-8  de  368  p.,  a\ec  de  ncmbr.  illvstra- 
tions.  Relié  toile,  tr.  dorées,  4  fr.  —  Le  Château  de  granVmlrc,  par 
Mnie  G.  DU  Planty.  Paris,  Hachette.  1913,  in-16  de  243  p.,  illistré  de 
46  vignettes  par  Ed.  Zier  [Bihlioth'qie  rose  illustrce).  Broché,  2  fr.  2r.; 
relié,  tr.  dorées,  3  fr.  50.  —  Les  Veillées  des  Chaumières,  journal  bi-heb- 
domadaire  illustré.  35^  année.  Paris,  Henri  Gautier,  1911-1912,  in-4  de 
836  p.,  avec  de  nombr.  grav.  Brcché,  6  f f.  ;  cart.  toile,  7  fr.  50.  ■ —  La 
P.jup  e  modèle,  revue  des  petites  filles.  49*^  année.  Paris,  46,  rue  Saint- 
André-des-Arts,  gr.  in-8  de  290  p.,  a\ec  de  nombr.  grav.  et  planches. 
Paris,  7  f r.  ;  Seine,  8  fr.  :  départements,  9  fr.  ;  Union  ptstale,  11  fr.  — 
La  Berg're  de  Nanterre.  Tours,  Mame,  s.  d,  album  gr.  in-8  de  16  p., 
avec  des  reprod.  de  tableaux  de  maîtres.  Cartonné,  couverture  en  cou- 
leurs, 1  fr.  —  Une  Charité...  pu  méritoire,  par  Marie  Vergne.  Tours, 
Mame,  s.  d.,  album  in-8  de  15  p.,  illustr.  de  R.  de  la  Nézièbe.  Car- 
tonné, couverture  en  couleurs,  0  fr.  80.  ■ — ■  Curieuse,  par  Jean  de  la 
Gobardière.  Tours,  Marne,  s.  d.,  album  in-8  de  16  p.,  ill.str.  de  Guydo, 
Cartonné,  couverture  en  couleurs,  0  fr.  80.  — -  Une  Chasse  ai  x  Tg-cs, 
par  Loys  Clet.  Tours,  Marne,  s.  d,  album  petit  in-S  de  15  p.,  illustr. 
de  H.   Avelot.  Cartonné,    couverture   en   couleurs,    0   fr.    65. 


—  545  — 


TABLE  MÉTHODIQUE 

DES     OUVRAGES    AIsTALYSÉS 


THÉOLOGIE 

Écriture   «aiiite.   Eiiégèee.   LiU^ratiire  orientale.  T. a 

Chronologie     rectifiée     du    règne    de    Hamn\ourtil)i     (le.    P. 
Scheil 193 

Die  Bedeutung  Richard  Simons  fur  die  Pentateuchkritik  [Fried- 
rich Stummer) .      194 

L'Erreur  de  traduction  prouvée  par  le  mot  S^3  Suite 
d'  <'  ITne  Erreur  de  traduction  dans  la  Bible  »  (S.  Ferarès).     19fi 

La  Durée  de  l'année  biblique  et  l'origine  du  mot  nzVJ  (le 
même)     - .  .      197 

Neue  griechisch-saïdische  Evangelienfragmente  (Joseph  Michael 
Heer)    197 

Jésus  a-t-il  vécu?  Controverse  religieuse  sur  «  le  Mythe  du 
Christ  »  (Arthur  D'rews,  H.  von  Soden,  Fr.  SteudeL  G.  Holl- 
mann,  Max  Fischer,  Fr.  Lipsius,  H.  Franche,  Th.  Kappstein, 
Max  Maurenbrecher  ;  traduit  par   Armand  Lipman)      198 

Le  Discours  de  Jésus  sur  la  montagne   (Vabbé  Stanislas  Gamber)      200 

Jésus-Christ,  sa  vie,   son  temps  (le  P.  Hippolyte  Leroy)    ....      200 

Jésus   de    Nazareth.   Histoire    de   sa   vie   racontée  aux  enfants 
(la  Vénérée  Mère  Marie  Loyola),   publiée  par  le  P.  Thurston; 
trad.   française  par  Madeleine  Bertha    107 

Introduction  aux  paraboles  évangéliques   (le  P.  D.  Buzy)    ....     201 

La   Théologie   de  saint   Paul   (F.   Prat),   2^  partie    203 

La  Loi  et  la  foi.  Étude  sur  saint  Paul  et  les    judaïsants  (A 

de  Boysson)    205 

Les  Odes  de  Salomon.  Une  Œuvre  chrétienne  des  environs  de 
l'an  100-120.  Trad.  française  et  Introduction  historique  par 
J.    Labourt   et   P.   Batiffol    206 

La  Didascalie  des  douze  apctres,  trad.  du  syriaque  par  F.  Nau.     20 

Liturgie     La   Sainte   Messe,    notes   sur   sa  liturgie  (D.    Eugène 

l  andeur) 457 

Petite  Année  liturgique,  ou  Paroissien  romain,  historique  et 
liturgique   (Vabbé  J.    Verdunoy) 212 

Le  Cvcle  des  hymnes  de  l'Église  en  vers  français  et  les  Poèmes 
religieux    des   Philippins   de   Rouen  (Edward  Montier)    ....     226 

Tiiéologie  dogmatique.  Dieu,  existe  (Henry  de  Pully)  ....  7  3 
La  Religion  de  Jésus  d'après  l'Évangile  (Vabbé  Pierre  LcVèvre).  106 
Mon  grand  Catéchisme.   Manuel   d'instruction  et  de  formation 

chrétiennes    (les   abbés    Th.   Dequin   et    A.   Ledieu)    102 

Le   Catéchisme   de   maman.  La  Religion   expliquée  aux  petits 

enfants   (Vabbé  de  Saint- Jean)    102 

DÉCEMBRE  1912.  T.  CXXV.  35. 


—  546  — 

rremièros   Leçons   de  catéchisme   (Vahbé  Dnvot)    102 

La  Sainte  Trinité,  lectures  théologiques   (L.  Berthé)    43 

La  Vérité  du  catholicisme   (J.  Bricout)    .  .  .  .  .^ 147 

Bossuet.    L'Exposition    de   la   doctrine   de   l'Église   catholique. 

Nouvelle  édition    publiée  par  Albert   Vogt   219 

Le  Dogme,  source  d'unité  et  de  sainteté  dans  l'Église  (E.-A. 

de  Poulpiquct) 365 

Nomenciator  litterarius  theologiae  catholicae  theologos  exhiben- 
saetate,  natione,  discinlinis,  distinctes,  edidit  et  commentariis 

r.uxit    FJ.    Hurter.    1  T .  V 422 

La  Première  Communion.  Histoire  et  discipline.  Texte  et  docu- 
ments, des  origines  au  xix*^  siècle   (Louis  Andrieux)    327 

La  \ierge- Prêtre,  examen  théologique  d'un  titre  et  d'une  doc- 
trine  (le  B.   P.   Edouard  Hiigon)    173 

El  Activisme  de  Balmes  y  el  Pragmatisme  de  les  modernistas 
en  sus  relaciopes  ron  la  apologetica  (José  Cabanach)   74 

Tliéoli>gie  inornle.  SernionM  Opéra  moralia  S.  Alphonsi 
Mariae  de  Ligorio.  Theologia  moralis,  editio  nova  cura  et 
studio  P.  Leonardi   Gaudé    43 

Theologiae  moralis  Programma  accomodatum  operi  PP.   Gury- 

Ferreres  a  B.   B.   Francisco   P<  n% 173 

Manuel  de  théologie  mystique,  ou  les  Grâces  extraordinaires 
de  la  vie  surnaturelle  explinuécs  (le  B.  P.  Arthur  Devine)  ; 
trad.  do  l'anglais  par  Vabté  C.  Maillet 227 

Brevior  Svnopsis  theologiae  moralis  et  pastoralis  (A.  Tanque- 

rey  et  È.-M.  Qwvastre)    423 

Praxis  IMissionnarii  in  Oriente  servata  (B.  P.  Bomualdus  Souarn)     327 

Entretiens  eucharistiques  pour  le  recrutement  saecrdotal  (Vahbé 
Jean   Vaudnn)    110 

Notion  traditionnelle  de  la  vocations  acerdotale.  Lettre  à  un 
Supérieur   de   grand  séminaire    (Pierre   Bouvier)    270 

Prêtre  et  pasteur,  ou  Grandeurs  et  obligations  du  prêtre.  Ex- 
traits des  ouvrages  du  B.   Jean  Eudes  (le  P.  Boulay)   ......     111 

Bourdaloue.  Sermons  du  carême  de  1678,  prononcés  dans  l'église 
Saint-Sulpice.    Introduction  par  Eugène    Griselle    220 

Sermons  de  Bourdaloue  adaptés  à  notre  époque,  l'^f  série.  Ins- 
tructions d'un  quart  d'heure  pour  les  dimanches  et  fêtes  de 
l'année    (Tabbé   H.    Verdun)    ' 99 

Mascaron.    Sermons   inédits,    publiés    avec   une   Préface  et  des 

notes  par  Eugène    Griselle    220 

Discours  choisis  du  cardinal  Pie,  a^  ec  une  Introduction  des 
notices  et  des  notes,   par  Vabbé   Paul  Halflanis    98 

Nouveaux  Mélanges  oratoires   (M.   d'Hulst).   T.   X.   Retraites.       44 

Œuvres  choisies  oratoires  et  pastorales  de  Mgr  Touehet.  T.  VII       ^  ' 
et  VIII 98 

A  travers   trente   ans   d'apostolat   (lj'8 1-1911)    (le  chanoine   J. 

Guiraud) 99 

Vade-mecum   des  prédicateurs   (Deux  missionnaires)    100 

Le  Pain  évangélique.  Explication  dialoguée  des  Évangiles  des 
dimanches  et  fêtes  d'obligation  à  l'usage  des  catéchismes, 
du  clergé  et  des  fidèles.  T.  P'''.  Del'Avent  au  Carême.  T.  II. 
Du   Carême   à  la  Saint-Pierre    (Vabbé  E.   Duplessy)    100 

Ex'position  de  la  morale  catholique.  IMorale  spéciale.  La  Foi, 
son  objet  et  ses  actes.  Carême  de  1911     (le  B.  P.  Janvier),     lui 

i,es  Sacrements,  conférences  aux  étudiants  (Louis  Boucard) . .     101 

L'Éducation  chrétienne,   conférences  (Vabbé  Henri  Le  Camus).     103 

Le  Christ  et  l'Église  -dans  les  questions  sociales,  conférences 
données  au  Brésil  (L.-A.   Gaffre)   103 

I .'Autre   Vie    (Mgr   É'ie   Mérir)    104 


—  547  — 

Considérations  sur  l'éternité    (le   R.   P.   Drexelius)  ;  trad.   par 

Mur  Bélt 104 

Paroles  do  Jésus  sur  la  moutaf,'ne.   Entretiens  d'un  quart  d'heure 
pour  les  jeunes  chrétiens  de  notre  temps  (Vubhé  Chabot) .  .  .  .     107 
Apologétique.  Octavius  (Minucius  Filir).     Traduction.     Intro- 
duction et  notes  par  Fr.   Record   ^i57 

Leçons  et  lectures  d'apologétique.  l,a  Vraie  Religion  (E.  Rou- 

pain) 228 

Éléments  d'apologétique.  111.  Objections  et  problèmes  (J.-L. 
de  la    Pa.qmrie)    328 

L'Objet  intégral   de  l'apologétique   (A.   de  Poulpiquet)    524 

La  Méthode  d'immanence   (J.   Wehrlé)    270 

AHcétismc    et    l*iclé.    Le   Zélateur  de  la  confession   et   de  la 

communion    ire(iuente    (Vabhé   S.    Febvre)    112 

Discours  eucharistiqi.es.  l^  série.  Discours  dogmatiques  pro- 
nonc{!s  aux  congrès  eucharistiques  de  Jérusalem,  de  Reims, 
de  Paray-le-Monial,   de  Pru^e]les,   de  Lourdes    109 

Entretiens  sur  l'Euohnristie   (M^r  de   Giber^ucs) 110 

L'Éducation    eucharistique    (J.-C.    Broussolle)    110 

Le  M\  stère  d'amour.   Considérations  sur  la  sainte  Eucharistie 

(le   P.    B.    Lecornu)    111 

Lettres  à  un  étudiant  sur  la  sainte  Eucharistie  (L.  Labauche).     ^i2o 

Panis  Angelcrum.  Tesoro  de  documentes  y  practicas  para  h  s 
devotos  de  la  sagrada  Eucaristia  (Un  Padre  de  S.  J.) 113 

V.  Tomas  de  Kempis.  De  la  Imitaciô  i  de  Cristo  :  trad.  del  P. 

Juan  Eusebio  Nieremberg 213 

La  Dévotion  au  Sacré-Cœur  de  Jésus.  Doctrine.  Fistoire  (J.-V. 
Bainv(l)    227 

Manuel  pratique  de  la  dévotion  au  Sacré-Cœur  de  Jésus  (Vahlé 
D.-H.    Vnndepilte]    213 

En  suivant  le  Maître.  Mois  du  Sacré-Cœur  (Vcbbé  A.  Lard)  .     213 

En  Lui  !  Portrait  de  l'âme  dévorée  au  Sacré-Cœur  (Ff'lii  Anizan).     108 

Jésucristo  vi\iendo  con  nosotros  en  el  Sacramento  de  su  amor 

(José  M.  de  Jésus  Portugal)    108 

Livre  d'or  du  (!œur  de  Jésus  pour  les  prêtres  et  pour  les  fidèles 

(Joseph  Hdgcrs) 100 

Vous  êtes  à  Jésus-Christ  (le  R.  P.  Ricluiby);  trad.  et  adapté 
de  l'anglais  par  M.   Jary    109 

Ascétique  et  m^  stique  (Tabbé  Jean  Delacroix)     458 

Sur  le  chemin  d'i  salut.  La  Famille  chrétienne  et  la  Sainte  Fa- 
mille. Le  Mariage  chrétien   (Victor   Vieille)    103 

La  Vraie  Politesse.  Petit  Traité  sous  forme  de  lettres  à  des 
religieuses    (Vcbbé   Frciiçois  Dtmore)    105 

Le  Chrétien  intime  (Charles  Sai  vè) .  T.  VI.  Le  Culte  des  mys- 
tères et  des  paroles  de  Jésus.   I.  Élévations  é-\  angéliques.  .     ICG 

Par  l'amour  et  la  douleur!  Étude  sur  la  Passion   (Léon  Rini- 

bau.lt) 107 

La  Grâce  à  dix  ans.  Essai  de  discernement  et  d'éducation  de 
la  grâce  chez  les  jeunes  enfarts  (Vabbé  Gellé)   112 

Exen  ices  spiritiels  de  S.  Ignare  de  Loyola,  traduits  si.r  l'au- 
tographe espagnol  par  le  P.  Paul  Dchuchy  '208 

Traité  de  la  paix  de  l'Ame  (source  du  combat  spirituel)  (le  P. 
Jean  de  Bonilla).  Noi  V.  traduction  française,  par  le  P.  Ubald 
d'Alençon 209 

L'Esprit  de  sainte  Claire  (le  P.  Exupère)   209 

Conseils  de  direction  spiriti  elle   (le  P.  I.ejeune)    209 

La  Vie  meilleure  par  la  prière  (le  P.  Badet)    210 

Vivre,  ou  se  laisser  AiAre?  Conseils  aux  jeunes  gens  (Pierre 
Saint-Quay  ) 211 


—  548  — 

La  Pureté  du  cœur   (Vahbr  L.  Lcnjant)    210 

1,0  Cœur  vaillant  (Vabbi-   L.   Lcnjant) 211 

La  Royauté  du  cœur  (Vo-hhr  L.  Lenfant)    211 

La  Vocation  au  mariage,  au  célibat,  à  la  vie  religieuse  (le  P. 

J.  Coppin)   211 

Prière  et  vocation.  On  peut  désirer  et  demander  une  vocation 

supérieure   (le  P.   J.  Lintelo) 212 

Le  Secret  admirable  du  T.  ï^.  Rosaire  pour  se  convertir  et  se 

sauver    (le   Bienheureux   Louis- Marie  Grignion    de    Montjorl).      214 

Le  Mois  de  Marie   (Mgr  Dadolle) 21 4 

Petit  Mois  de  Marie  à  l'usage  des  enfants     214 

Notre-Dame  d'Ars,  ou  Méditations  sur  la  Sainte  Vierge  tirées 
des  écrits  et  de  la  vie  du  B.  J.-M.  Viannev  (Tabbé  H.  Cou- 
vert)   ' 215 

Allez  à  Marie  (Vauteur  des  Paillettes  d'or)    215 

Devocion   de  les  doce  segundcs  viernes  de  cada  mes  del   afin 

(el  R.  Manuel  Bargi  n>)    215 

La   Imitaciôi    de  los  Angeles  {et  abate    G.    Chardon);  trad.    de 

la  2''  ediciô  i  francesa  por  M.  de  Sagredo   215 

Pensées  choisies  du  R.  P.  P.onlevoy,  S.  J.  E  traites  de  sa  \ie, 

de  ses  opuscules  ascétiqi:es  et  lettres  (le  P.  Charles  Benard).     216 
Petit   Manuel   pratique   contenant   le   règlement  général    de  la 
Société    de   Saint- Vincent    de    Paul,  avec   notes  explicatives 
à  l'usage  d^s  mem.bres  de  la  Conférence  Saint-Jean  l'Aumc- 
nier  de  Rome  (deux  membres  de  la  même  conffreKce)    174 

Histoire  de»  religionii.  Où  en  est  l'bistcire  des  relirions? 
(./.  Bncfiut,  Bros,  Cr.part,  Dhormc,  Labourt,  de  la  Vallée- 
Poussin,  Cordier,  Hr.bert,  And  Baudrillart,  Carra  de  Vaux, 
Touzard,    Venard,   P.  Batiffol,   Bousquet,    Vncandard)    328 

llélnnges     JÉtudes    de  critique  et   d'histoire  religieuse    (M.    Va- 

ra.nd'ird),  3<^  série 14'; 

Lettres  spirituelles  de  Sebastien  Zamet,  évêque-duc  de  Langres, 
pair  de  France,  pibliées  avec  une  Introduction  et  des  notes 
par  Louis-A'.  Prunrl  et  i)récédées  des  A- is  spirituels  du 
même  prélat   254 

L'Ignorance  religieise  au  \ingtième  siècle.  Faits,  causes,  con- 
séquences, remèdes,  d'après  l'enquête  du  journal  «  la  Crfix  » 
(l'abbé  E.  Terrasse) 458 

Hctéi'odaxie.    De    Charybde    à    Scvlla.     Ancienne    et    nouvelle 

théologie   (le  P.   G.  Tyrrell);  trad.  de  l'anglais 226 

JURISPRUDENCE 

Histoire  du  droit  L:C  Gouvernement  local  en  Angleterre 
(.Joseph  Heciluh,  a.ec  dos  additioiis  par  Francis  W.  Hirst); 
trad.  françaioe  par  W.  Oualid    331 

Droit  cananique.  A  jegyssèg-ès  Lâ:assâgkôtèsi  forma  Idlejlô- 
dose  a  Ne  'i  em-^re  d^cretumig  (Le  Héveloppement  des  formes 
des  fiançailles  et  du  mariage  jusqu'au,  décret  i.  Ne  Temerc  ») 
(Le   D^    F.     Hanuy)    525 

Iflé!angea    La  Lutte  sociale  dans  le  prétoire    (Jacques    Bonzon).     424 
(jChs  de  robe,  scènes  de  la  ^  ie  judiciaire  sous  la  trfisième   Ré- 
publique (C.  Rideo)    . 869 


^  549  — 

SCIENCES     ET    ARTS 

FliilO'«opliie.     4^énérnlitéM.     ITIéliiugeg.      Esquisse     d'une 

{)hilosoiihio  de  l;i  iialuro   (André  Juassam)   385 

Les    r.taix'S    de    la    i>liil<»sopliie    inatliémati(iue  (Léon     Tiruns- 

rlnvicg) .' ?.J<r. 

L'Année  phil  sophiaue,  pi.bliée  sois  la  direction  de  M.  Pillon 

(22''  année,   191  iT 398 

En  Marge  de  Niet  S'^'he.  Philosophènies  (L.  Bennisi- H anappier ) .  393 
Les  Formes  élémeiilaires  de  la  vie  re'igierse.  Le  Système  toté- 

mique   en    Australie    (É  nile  Durkhaim) 393 

Lps   Rèjîles   esthétiques   et   les  lois  du  sentiment    (Henri  Dus- 

saiize) 394 

La  Philosophie  affective  (J.  Bourdeau)    398 

La  Bruyère.   Les    l'aractères.    Notice    et    annotations    par   Bené 

Pichon ,.  .  494 

Pensées  de  Jules  Tannery    405 

La    Liberté   de   la  pensée    (Gt'rard   de   Lacaze-Duthiers)    51.6 

Société   et    Solitude   (B-    W.    Emerson);   trad-    de    M.    Dugard.  1.29 

Regards   sur  l'Eure  pe   intellectuelle    (Albert   Beggio)    332 

Pfiyc'liologie.   Premiers    Principes    d'une    théorie  gé^nérale    des 

en^ntions   (Marius  Lotour) ' 388 

Le  Langage  et  la  verbomanie,  essai   de  psychologie   morbide 

(Ossip-Lourir) \ 388 

Morale    Devoir  et  durée,  essai  de  morale  sociale  ^Josf/>/i   Wilboi?)  390 

i/iionneur,   sentiment  et  principe  nv  rai    (Eugène   Terraillon).  391 

La  Conscience  collective  et  la  morale  ( Arth^ir  Bauer) 392 

La  Mcrale  républicaine  (Félix  Manin) 392 

Comment  \i  re,  pourquoi  vivre?  (Vabbé  Joseph  Airaudi)  ....  393 
La  Morale  de  Geulinex  dans  ses  rapports  avec  la  philosophie 

de    Descartes    (Eugène    Ter'-aillon)    395 

Pensées  libres  (Amiens)   459 

Illétnpiiy Clique    Contre  la  m;étaphysique.  Questions  de   méthode 

f  F(  tix   Le   Dantec)     387 

La  Survivance  liumaine.  Étide  de  facultés  non  encore  reconnues 

(Olivier  Lodge):  trad  de  l'anglais  par  le  D^  Heriri  Bourbon.  389 
La  Réincarnation.    La    Métempsychose,    l'évolution    physique, 

astrale  et  spirituelle  (PapjLs)   (D"^   G.  Encausse)    ..........     390 

Preuves  de  l'imntortalité  de  l'âme  (Wilhelm  Schneider);  adapté 

de  l'allemand  par  G.   Gazagnol    390 

Histoire    «le   la   pliiloMopliie.    Fra^^ments    sur    l'histoire    de 
la  philosophie    (Arthur    Schopenhauer);  trad-    française     par 

Auguste  Dietrich 395 

Jean-Jacques  Rousseau   et  sa  philosrphie  (Harald  Hô'fding); 

trad.   d  i  danois  par  Jacques  de  Coussange 395 

Les  Grands  Philosophes.   Schelling  (Énile  Brlhier) 396 

Hegel,  sa  vie  et  ses  œu  \  res  (P.  Loques)    S96 

Arthur  Schopenhauer  (Ernest  Seill  ère)    397 

Le  Monism,e   matérialiste   en   France.    E  pesé   et  critique    des 
conceptions   de   MM.  Le  Dantec,   B.    Comte,  W^^   C.  Roa  er, 

Jules   Soury    (J.-B.    Saulze)    '.  .  .      397 

Une  Phil  Sophie  nouvelle.    Henri  Bergson   (Élouard  Le  Boy).     397- 

Kducation.    Enseigiteuient.     Décalogue   de   la   \ie   moderne 

fy^mc  Bérot-Berger)    427 

L'Art  d'être  un  homme.   Traité  de  «  self  éducation  »,  à  l'usaf^ce 
des  jeunes  gens  à  partir  de  16  ans  (l'abbé  H.   Mocquillon) .     425 


-^  550  — 

L'Écliioation  i>ar  la  famille  et  par  l'école  ^M^e   j^[    Ponson).  230 

Le  Cœur  à  l'école  de  la  foi  ou  de  la  libre  pensée  (J.  Siguier).  44 

Comment  se  conduire  daiis  la  vie   (le  D^  Toulouse)    333 

Pour  nxieux  >  ivre.   A  nrs  fils   (Victor  Margueritte)    148 

Une    gra  e    Question    de    l'éd-ication  des    filles.   La    Chasteté 

(Françoise  Harmel)    426 

L'Éducation  de  la  cliasfeté.  Méthode  pratique  d'enseignement 

sexuel  et  d'éd-ication  de  la  chasteté  proposée  aux  parents. 

aux   prêtres  et  antres   éducateurs   (Michel   Gatterer  et  Franz 

Kruz);  trad.   de  l'alleiuand  par  l'abbé  Th.  Dequin    105 

Les   Jeunes   Filles   d'arjourd'hi  i'  (Mgr  Henry   Bolo)    459 

Les  Femmes  du  monde   (Vabbê  Joseph  Tissier)    427 

Par  le  sourire   (C.   Wagner)    230 

A  travers   les   ronces    (B.    Jomnn  )    426 

Le  Problème  de  la  lecture  populaire  (Georges  de  Montenach).  460 
Traité  de  la  lecture  à  haute  voix  à  l'usage  des  séminaires  et 

d'^s  collèges  libres    (Tabbé   Sauveur  Lamoulialte)    460 

La  Littérature  moderne  dans  l'enseignement  mo.\  en. .  Réponse 

à  la  «  Re.ue  des  hunaanités  «  (Vabbê  Paul  Haljlants)  ....  L19 
A  travers  la   morale.  A   travers  les   choses.  Livre   de  lecture 

courante    (J.    Leday)    366 

L'Indi.idjaHsme  et  la  réform,e  de  l'enseignement  (Abel  Faure).  460 

Seienees    politiques,  èronoinlques  et  soeialea.  Le  Sui- 
cide   d'une   race    (F.- A.    Vw.llermet) 2 ) 

N.s  libertés  politiques.  Origines,  évolution,  état  actuel   (Mau- 
rice Caudel) ^.31 

De  la  Nature  du  capital  et  du  revenu  (Irs'ing  Fisher)  \  trad. 

par  Savinien  Bouyssy    30 

La  Synthèse  économique,  étude  sur  les  lois  du  revenu  (Achille 

Loria)  ;   trad.    par   Camille    Monnet    31 

Les  Petites   Industries  rurales   ( Ardouin-Dumazet)    31 

Le  Chômage  et  sm  remède   (Daniel  Bellet)    32 

Les   Institutions   de  prévoyance   dans  .nos  populations  rurales 

(Ernouf-Bignon) \ 32 

La  Vie  chère   (Alexandre  Charbin)    33 

La  Lutte  contre  le  sweating  .System,.  Le  Minimum  légal  de  sa- 
laire,   l'exemple    de    l'Australie    et    de    l'Angleterre     (Paul 

Boyavnl) 33 

Les  Grèves  et  leur  réglementation,   enquête  sociale   (François 

Latour) 34 

The  ch  sed  shop  in  American  trade  unions   (Frank  Stockton).       35 

Los   Gremios    (Estanislao    Segarra) 35 

La  Passivité  économique.  Premiers  Principes  d'une  théorie  so- 
ciologique   de    la    population  économique    passi  e    (Manlio 

Andréa  d' Ambrosio) 36 

Les  Classes  moyennes,  étude  sur  le  parasitisme  social  (Georges 

Deher,ne) 37 

Svstème  de  politique  pcsiti-e,  ou  Traité  de  sociologie  d'Auguste 

'  Comte  (Christia  i  Cher  fils)    38 

Estudios  sociales    (P.    Teodom   Bodrigucz)    38 

La  Guerre  devant  le  christianisme  (A.   Vanderpol)   39 

Il  Fenomeno  délia  guerra  e  l'idea  délia  \)ixce  ( Georgio  del  Vec- 

chin) 40 

Le  Sociylisme    français    de    1789   à   1848     (Georges    et    Hubert 

Bourgin  ) 40 

La  Révolution  s  iciale    (Karl   Kautsky)    41 

Les  Problèmes  s jciaux  du  temns  présent   (M.  Drouil'y)    ....       42 
La  Hiérarchie    des    principes    et    des    pritblèmes  sociaux    (Fr. 

Boussel- Des  pierres)    42 


—  551  -^ 

La  Sociologie  de  Proudhon  (C.  Bougie)   42 

L'Attitude  sociale  d(>s  catholi(iues  français  an  xix''  siècle  (l'abhr 

Charles  Calippc) 4  5 

Le  Mouvement    démocrati(iue    et    les    catlmliiincs    français,    de 

1830    à   18,Sn    (Jnlrs    Gmj ) . 74 

Sciearea   naturel îes     Les    Sciences    de    la  nature  en  Franc<' 

au   xviii«  siècle.    In  Chapitre  de  l'histoire  des  idées   (D.   Mor- 

net) 2:52 

Les  Produits  coloniaux    (G.   Capus  et  D.   Bois)    46 

Forme,  puissance  et  stabilité  d^s  poissons  (Fr/dù-ie  Hnussay).     ;]:)4 
The  Rirds  of  North  and  middie  America  a  descriptive  catalo- 
gue  (Bnhert   R'dgway)   Part.  V 334 

Les   \'acances   du   petit   naturaliste    (Paul   ManjUis)    lifiG 

Sciences  occultes.    Mission    de    l'Inde    en  Europe,  missi(jn  de 
l'Europe   en   Asie;  la  question   du   Mahatma  et  sa  solution 

(Saint-  Yves  d' AWeydre) 335 

Le   Roman    du    Lys    (Georges   Lanoé)    174 

Sciences   |iliy«ique«   et   cliimiqiies.     Cours     de    physique 

à  l'usage    des    écoles    primaires    supérieures  de  jeunes    filles 

(le  D^Alamelle).    F^,    1:^  et   3*^   années    5^4 

Lectures  scientifiques  sur  la  physique   (Henri  Voupin) 336 

Mémoires  sur  l'électricité  et  l'optique  (A.   Potier),   publiés  et 

annotés  par  A.   Blondel    399 

Précis  d'optique,  d'après  l'ouvrage  de  Paul  Drude,  refondu  et 

complété  par  Mer  cl  Bail  T.  '11.  C)ptique  électromagnétique. 

Optique  énergétique 400 

Passage  de  l'électricité  à  travers  les  ga''.   (J.  J.  Thowson);  trad. 

de  l'anglais  par  R.  Fric  et^  A.  Faure   400 

Oscillations    et    vibrations.    Étude    générale    des    mouNements 

vibratoires  (A.  Boutaric) 401 

Réception    des    signaux    radiotélégraphiques    transmis    par    la 

tour   Eiffel,   publié  par  le   Bureau  des  longitudes    402 

Cours  de  chinnio  à  l'usage  dos  écoles  primaires  supérieures  de 

jeunes  filles,  par  le  D^  Alamelle,  l^e,  L^  et  3^  années  ....  534 
Conférences  stir  les  alliages  (Rengade,  Jolibois  et  Broniewshi).  402 
La   Pression   csmotique   et  le   mécanisme   de  l'osmose    (Pierre 

Girard) 402 

Conférences  sur  quelques  thèmes  ch<dsis  de  la  chimie  physique 

(Svante  Arrhénius) 403 

Agriculture     Premières      Connaissances     agricoles      (Certificat 

d'études   primaires.  )    (J.   Ledry)    75 

L'Agriculture   au   régiment   en   2J    conférences    (A.    Boutault).     336 

Les   Sols   humides    (R.   Dumon)    271 

La  Culture  profonde  et  les  améliorations  foncières  (Remy  Dû- 
ment)         175 

Rotations   et   assolements    (F.    Parisot)    175 

Légumes  et  fruits  de  primeur.  Procédés  de  forcerie  (Al.    Van 

den  Heede) » 428 

Champignons  mortels  et  dangereux,   descriptions,   figures    et 

remèdes  (Femand  Gw'gwn) 76 

Destruction    des    insectes  et  autres    animaux    nuisibles    (A.-L. 

Clément)    366 

Sylviculture     Les    Arbres    légendaires    (Ernest    Van  Bruyssel).     27 1 
Sciences  naatiiématiques    Œuvres  de  Charles  Hermite    pu- 
bliées  par  tmde   Picard.    T.    III    403 

Trigonométrie    (P.    Camman   et    A.    Grignon)    404 

Cours  de  trigonométrie   (Th.   Caronnet}   404 


—  552  — 

Les  Anatrlyplu's  iiéoiuétriques   (H.    Vuihert)    ' 404 

l\Iômoires  scientifiques  de  Paul  Tannery,  publiés  par  J.-L.  Hei- 
berg  et  H. -G.  Zeuthen.  T.  I.  Sciences  exactes  dans  l'\nti- 
(Iiiité  (lS7(;-lf'8'<)    4Q4 

Rio,:;rapliie8    ««ientiflqiies.    Éloges    académiques   et  discours 

I  Gaston  Darboux)     4q_^ 

Ciéologie     Sismologie      Traité     pratique    de   géologie    (James 
(ieikie);  trad.  et  adapté  de  l'ouvrage  anglais  «  Structural  and 

Field  Geology  »  par  Paul  Lemoine 4J5 

Notre  Globe.   Sa  constitution,   son  histoire   (E.   Brucker)    ....     233 

Volcans  et  treni,bleni,ents  de  terre  (A.  de  Lapparent)    421 

Aéronautique     A-vinti^n       Ballons    et    aéroplanes    (Georges 

Besançon )    33jj 

Sciences    militiiires      L'Officier,   le  haut   corn n;an dément   et 

ses  aides  en  Allemagne   (Jules  Poirier)    142 

Les  Manœuvres  impériales  allemandes  en  1911,  suite  d'articles 
adressés  au  Times  (lé  colonel  Bepington);  trad.  de  l'anglais 
par  Béginald  Kann 142 

Opinions  allemandes  sur  la  guerre  moderne.  1*^  fascicule.  Les 
Bases  de  l'art  de  la  guerre.  Armement  et  technique  modernes.     143 

Les  Armements  allemands.  La  Riposte  (le  capitaine  Pierre  Fc'lix).     143 

Politique    et    stratégie   dans    une   démocratie     (le  commandant 

Mordacq) I44 

La  Direction  de  la  guerre. La  Liberté  d'action  des  généraux. en 
chef   (le  corn*    V.   Dupuis)    I44 

La  Doctrine  de  la  défense  nationale   (le  capitaine  Sorh)    ....     145 

Dictionnaire  militaire.  Encyclopédie  des  sciences,  militaires  ré- 
digée par  un  comité  d'officiers  de  toutes  armes.  25<^  et  der- 
nière livraison 146 

Dictionnaire  militaire.  Supplément  général  m'Htant  entièrement 
^à  jour  le   Dictionnaire  jusqu'au   l^""   octobre   1911    146 

État  militaire  de  toutes  les  nations  du  monde,  1911  (Charles 
Malo) 147 

Marine  Les  Idées  militaires  de  la  marine  du   xvme    siècle.  De 

Huyter   à   Suffren    (le  lieutenant   de   vaisseau    Castex)    337 

La  Marine  marchande  et  son  personnel   (Georges  Morael) .  .  .  .     337 
JfeuTL    Les  Jeux  et  les  jouets,  leur  histoire   (A.  Parmenlier)    ....      366 
Ueaux:-art.s.    Biographies    d'arlistes     L'Architecture   re- 
ligieuse en   France  à  l'époque  romane,  ses  origines,   son  dé- 
veloppement    (B.    de    Lasteyrie)     512 

La  Décoration  monumentale  des  églises  de  la  France  septen- 
trionale   du    xii"    au    xiii^  siècle    ( Alhert    Marignan)     513 

La  Tradition  dans  l'École  française.  Le  Génie  gothique  (Armand 

Fourreau)     513 

Le  Palais  de  Justice  et  la  Sainte- CTiapelle  de  Paris  (Henri  Stein).     514 

Petites  Monographies  des  grands  édifices  de  la  France.  Senlis 

(Marcel  Aubert) 515 

Petites  Monographies  des  grands^édiflces  de  la.  France.  Le  Châ- 
teau   de    Cliambord    (Henri    Guerlin) 515 

Ménars.  Le  Cliâteau,  les  jardins  et  les  collections  de  Mi^^  de 
Pompadour  et  du  marquis  de  Marigny  (le  D^  Fn'drric  Le- 
sueur) 517 

En  flânant.    A   tra\ers   la   France.   Touraine,    Anjou   et   Maine 

(André  Hallays) '. 51  6 

Portraits  antiques  (Antoine  Hekler)    484 

Les  Maîtres  de  l'art.  Les  Sculpteurs  français  du  xiii^'  siècle 
(Louise  PilVon) l 521 


—  r53  — 

L*Art   antique   en   C.orse  (Lorer.zl  de  Bradi ) 518 

L.es  Villes  d'Art  oélèbros.  Bourges  et  les  abbaves  et  châteaux 

du  P.crry    (Georgrs   Hardy   et   Alfred    Gandilhon )    516 

Les  Villes  d'art  ct'lèbres.   Londres,  Ilampton  Court  et  Windsor 

(Joseph    Aynnrd)    51 6 

Les  Villes   d'art  c(':'lèbres.   Athènes   (Gustave'  Fou  stères)    517 

Paysages   d'Italie.   L  De   Florence   à   Naples    (André   Maurel).     518 

Le'  Charme  de  Florence   (Maurice  Brillant)    518 

Les    Grandes    Institutions    de    France.   Le    Musée    d'i    Louvre. 
Sculptiii'es  et  objets  d'art  dri  mn^en  âge,  de  la  Renaissan(X' 
et   des  temps   modernes    (André   Michel  et    Gaston   Migeon).     519 
Musées   et   collections   de   France.  Le  Musée   du   Luxemlioiirg. 

Les   Peintures    (Léonce  Bénédite) 519 

Misées  et  collections  de  France.  Le  Musée  d«  Lyon.  Les  Pein- 
tures (Paul  Dissard) ' 519 

Répertoire  de  peintures   du   moyen   âge  et  do  la  Renaissance 

(1280-1580)    (Salomon   Reinach).    T.    IIT    518 

Les  Maîtres   de  l'art.   Fra  Angelico    (A  If-ed  Pichon) 52 

Le.s  Grands  Artistes.  Brunelleschi  et  l'An  hitecti  re  de  la  Re- 
naissance italienne  au   xv<=  siècle   (Marcel  Reymond)    521 

Sandro  Botticelli  [A.-P.  Oppê)    ' 'i86 

Les   Grands   Artistes.    Le  hi(  doma    (Henri   Hauvette)    521 

De  Michel-Ange  à  Tiepolo   (Marel  Reymond)    522 

Hans  Holbein  le  Jeune.   L'Œuvre  du  maître    520 

Watteau.    L'Œuvre    du   maître   520 

Gouthlère,  sa  vie,  son  œu\re.  Essai  de  catalogue  raisonné  (Jac- 
ques Robiquet) 522 

L'Art   de  notre   temps.    Carpeaux    (Paut    Vury)    523 

Anthologie    d'art    français.    La    Peinture,    xx^    siècle    (Charles 

Saunier)    , 52  3 

Les  Victoires  de  la  volonté,  biographies  contemporaines.  Les 
Artistes   (Léonce  Bénédite)  ' 523 

Phologrnpliic.    La    Photographie    en    couleurs   pour    tous    par 

les   pla(^ues  à  réseaux   polychromes    (Louis   Tranchant)    ....      367 

musique  Kiograpliien  de  musiciens.  Guide  pratic|ue  et 
populaire  pour  la  bonne  exécution  du  chaut  grégorien,  d'a- 
près les  principes  des  bénédictins  de  Solesmes   (A.  F.)    ....     302 

Cours  pratique  de  psalmodie  vaticane  d'après  les  données  du 
Cantorinus  romain   (Vabhé  J.-M.  P'érard)    302 

Publikationen  der  internationalen  Musikgesellschaft  Quaesti(!nes 
in   Ml  sica    (Rudolf   Steglich)    302 

Vom  Musik-Traktate  Gregors  d-^s  Gr(  ssen.  Eine  Hntersuchung 
iiber  Gregors  Autorschaft  und  u'>er  den  Inhalt  dor  Hchrift 
(P.    Coelestin    V'-vcll)     303 

Les  Genres  musicaux.  La  Musique  d'église  (Karl  Weinmann)  ; 
trad.   de  l'allemand  par  Paul  Landormy 303 

The  Gregorian  Work  of  Solesmes   (Abel    L.  Gabert) 304 

Impressions  grégoriennes.  Chant  et  liturgie  (Dom  Jules  Simon).     315 

Das  Katholische  deutsche  Kirchenlied  in  seinen  Singweisen  (Dr. 

Wilhelm    Eà  imker   und    Joseph    Gotzen)    304 

Piae  Cantiones  or  Collection  of  Church  a^.d  School  Song,  pu- 
bli.shed  in  A.  D.  1582  by  Theodoric  Pétri  of  Nyland,  re  ised 
and  reedited  bythe  Rev.^  G.   R.   Woodward   •      305 

Denkmaler  der  tonkunst  in  Osterreich.  XI X"  année.  T.  :'8  : 
Trienter  Codices  III.  Fii  if  Messen  des  XV.  Jahrhunderts. 
T.  39  :  Wiener  Instrumentalmnsik  im  XVI IL  Jahrhundert. 
II,  sous  la  direction  de   Guido   Adler   314 

Introduction   à  la  vie   musicale    (P.   Lacome)    315 


—  Ô54  — 

Lu    Condamnation    de    «    Mignon  ",  essai    de   rrtique    musicale 

(Albert  Nortal)    316 

Nutes  brèves   (Camille  Bellaigue)    406 

Idées  et  comnxenlaires   (J.-Juachim  Nin)    407 

Le    Langage    musical,     (Hude    médico-psychologique     (les  V^' 

Ernest    Dupré    et    Marcel    Nathan)     , 400 

La  lU''Sonance  du  toucher  et  Ja  Topographie  des  pulpes  (Ma- 
rie Jaell) 409 

Sur  l'art   de   diri<.or    (Fdix  Weingartner);   trad.    de  l'allemand 

par   Emile  Heintz    410 

Théorie  mathématique  de  la  musique  (B.  V.  Moreira  de  Sa).  410 
L'Année    m\  sicale    (MichA    Brenet,   J.    Chantavoiue,    L.    Laloy, 

L.   (le  la  Lnurencie.)  .   1  ^^  année 411 

Le  Lhant  choral.   Méthode.   Morceaux  choisis.   Cours  supérieur 

(Jules  Combarieu) 412 

I  ibrary  of  Congress.  Orchestral  Music  Catalogue  (Oscar  George 

Th  (iHore  Sonneck) 413 

Der  Stil  in  der  Mrsik   (Dr.    Guida   Adler)    413 

Carnet    d'art    (Adolphe   Boschot)    49 

Das    Konservatorium    fur   Musik   in  Prag    1811-1011,    zur    100 

Jahrfeier  der  Oiii  dung  im  Aidtrage  des  Vereines  zur  Befôr- 

derung  der  Tonkunst  in  LôUmen  (Dr.  Johann  Bram berger).  413 
Histoire  de  la  langue  musicale,  avec  683  exemplaires  musicaux 

(Maurice  Emmanuel)    407 

La  Musique  en  (Hiine   (Georges  Souliê)    408 

Ménestrels  comm.unaux  et  instrumentistes  divers  établis  ou  de 

passage  à  MaHnes,   de  1311    à   1790   (Raymond   Van   Aerde),  411 

Musique  et  Musiciens  de  la  vieille  France  (Michel  Brenet) .  .  .  .  311 
Les  Maîtres    de   la   musique.    Jean-Jacques    Rousseau    (Julien 

Tiersot) •• 309 

W.-A.   Mozart,  sa  vie  musicale  et  son   œuvre,  de  l'enfance  à 

la    jdeine    maturité    (T.    de    Wyze^va  et    G.    de    Sainte- Foix).  313 

L-cs    Musiciens    célèbres.    Beethoven    (Vincent    cVIndy)     306 

Les  Musiciens  célèbres.   Verdi    (Camille  Bellaigue)    307 

Les    Musiciens    célèbres.  Auber    (Charles    Malherbe)     308 

Les    Musiciens    célèbres.  Glinka    (M.-D.    Calvocoressi)    308 

Gounod    (J.-G.    Prodliomme   et    A.    Dandelot)    312 

1  es    Musiciens    célèbres.    Bi  et    (Henry    Gauthier-  VilLirs)    ....  309 

Georges  Bi/.et  et  son   oei^re    (Charles   Pigot) 312 

Emmanuel    Chabrier    (Georges    Servières)     310 

Mtsicions    et    poètes   (Jean    Chantavoine )     310 

Pages  romantit|ues  (Fr.  L'szt),  publiées  avec  une  Introduction 

et  des  notes  par  Jean  Chantavoine    312 

Mélttnges.   Traité    de    l'enchaînement    des    idées    fondamentales 

dai.s  les  sciences  et   dans  l'histoire    (A.    Conrnot)    149 

L'Internationalisme  scientifiqv:e  (Sciences  pures  et  lettres)   (P.- 

H.  Eijkman)    271 

Dernières    In, entions,    dernières    découvertes    (Daniel    Bellet).  496 

?igzags  au  pays  de  la  science  (A.  Aclogue)    497 

A-B-C.    des    travaux    manuels,  guide  à    l'usage    des    amateurs 

(E.-J.   Faix)    403 

La  Science   de  l'amoiir    (P/ladan)     :   •. 459 

LITIÉRATURE 

Iiiiigui«ti«iu«.    Phil»l*gie     Iflnénfioteehnie   La  Philoso- 
phie  du   lajigage    (Albert   Dauzat)    113 


—  555  — 

Histoire  de  Va  langue  française  dos  origines  à  1900  (Ferdinand 
Brunot).   III.    La    Formation    de   la   langue    classique  (1600- 

IGGOi.    L)eu\iènve   partie    118 

L'Enseignement    du    français    ]iai'    le  l;ilin    ((kuttave    Zidier)..  217 

La  Prononciation  nrrniale  du  latin   (M.   J.    V. )    315 

Le  péril  de  la  langue  française.  Dictionnaire  raisonné  des  prin- 
cipales locutions  et  prononciations  Aicieuses  et  des  principaux 

néologismes    (Vabbé   Cl.    Vincent) 119 

Le  Péril  de  la  syntaxe  et  la  crise  de  l'orthographe  (Théodore 

Joran) 119 

L'Enseignement  du  français.  Leçons  professées  à  l'École  des 
hautes  études  sociales  (H.  Bourrin,  Alfred  Cro'set,  Paul  C'-on- 
zet,   M.   Lrcabe-Plrsie  g     (luytcve  Loiison,    (Viarl(  s   Mrqucl,   J. 

Prettre  ,    Gustave  Iludler  ,    Arii  and   We'l) 120 

De  l'Erseignement  du  français  (E.  Bouchendhomwe)    217 

La  Crise  dn  français  et  lu  Réforme  universitaire  ( Abel  Faure).  218 

Le  Français  de  ne  s  enfants  (Ar;nc,jid  Weil  et  É -lile  Chhiin)  .  218 
Remarc^ues   pratiques  s  r  la   prononciation   romaine   du   latin 

(Dom    J.    Jeannin) 222 

Lexique  du  «  Joirnal  des  Goncourt  »,  contribution  à  l'his- 
toire de  la  langue  i'rançaise  pendant  la  seconde  moitié  du 

XI  x^  siècle    (Max   Fuchs)    119 

La  Mémoire  verbale  et  pratique.  S(.n  développement  naturel 
et  logique  par  l'audition,  la  vision,  Fidée.  Méthode    Georges 

Art .  222 

Folk-lore.     Contributioi  s  au  follt-lure  bourbonnais  (Francis  Pi- 
rot) 234 

Le   Légendaire   du   Mont  Saint-j\'i(  bel    (Éienne  Dupont)    ....  175 

The  Fairv-Faith    in    Celtic    countries    (W      Y.    Evans    Wentz)  2?5 
F.loquence      Diction      Grammaire     do    la    diction    française 

(  Georgi  s  le  J-^oy  ) 221 

La  Diction   expliquée   en   15   leçons    (Paul  Cosseret) 222 

Parlons  ainsi.  De  la  Voix  et  du  geste.  Étude  théorique  et  pra- 

tic^ue   du   mécanisme  de  la  parole   (J.-L.    Gondal)    2f.O 

P«élBi«.   La   Chanson  de    Roland 495 

La  Divine  Comédie   (Dante)    496 

Confitebor  tibi  in  cithara   (Pierre  de  Coss'-Brissac)    121 

Laudes   (Charles  de  Saint-Cyr)    , 122 

Le  Cœur  avide  d'infini  [Nce-  Nouct) 122 

Vingt  Sonnets,   croquis  et   tablea'  x   [Paul  Cosiel)    122 

Le  Poème  de  ma  vie.   2*^  partie.  Ma  Philosophie  (Lucien  Duc).  122 

Les  Saisons  de  Merlin   (Henry  de  la   Guichardière)    123 

Les    Ordres    c^ui    changent    (Pierre- Jean    Jouve)     123 

Les    Aéroplanes    (le    même)     1 23 

Clartés  au  crépuscule.   Les  Châsses  d'or  (AlrUle  Eamette)    ....  123 

Le    Cliarme    quotidien    (Marcel   Silver) 1 24 

Queltiues  Vers  (Henry  Thédenat)    124 

Poésies    (le    vicomte    Pierre    Alessandri )     1 24 

Les   Alouettes    (Théodore  Botrel)    124 

Au   souffle   des   vallées    (Marc- José   de   Chantai)    124 

L'Ame   éparse    (Félix  Colomb)    125 

E)ans  le  Silence  des  rêves   (Paul   Granotier)    125 

L'Infirmipr   (Eugène   Guilloux)    125 

Lueurs    (Pierre-Charles    Jablonski)     1 25 

Au    Cœur    de    l'idée    (Bené    Jacquet)     12."'» 

La   pluie    au    printemps    (Albert    Jean)     1 26 

Au   Pays   lorrain    (Paul  Ladurclle)    1 26 

La   Sage    Ardeur    (Henri   de   Lisle) 126 


—  556  — 

Carmina    saora    (Louis    Le    Ccrdanncl)     127 

De    tout    mon    cœur    (Enrle    Mamct)    128 

Ariel   esclave    (Louis   Mandin)    128 

Odos   (Charles   Marie)    129 

Notre-Dame   du   Matin    (Pierre  Noilwmh)    129 

La   Cliaîne  d'or  et   de  fer   (Charles  Orsrtti)    129 

Vers  Dieu   (Achille  Paysriit)    1 30 

liR   Terre   des    Lauriers    (Emile   Hipert)    130 

Entre  les   murs    (Ch.    Trouflmu)    131 

Pour  l'Attaque   (Donatien    Yvonnccu)    131 

Œuvres  (V Auguste  Brizeux,  nouvelle  édition  revue,  corrigée  et 
augmentée,  précédée  d'une  notice  biographique  sur  l'auteur 

et  suivie   do  notes  par   Auguste  De r  hain    131 

Petits   Poèmes,    contes  et  fantaisies  en   pr(  so    (Alfred  Ruffin).  131 

Le  Poème  du  silence  (la  comtesse  Jean  d' Avancourt)    132 

.    Le  Temple  du  rêve   (la  bcrmne  de  Baye)    132 

Sous  les  pins.   Première  Gerbe.  Heures  grises  (Marie  Deshruyères )  133 

Le    Front    voilé    (Marie-Louise   Fromart)     133 

Théâtre      l'ne  Aventure  de  Mandrin  (Alandrin  à  Rodez),   pièce 

hér  ï  ue-comique    (Emile    Poudié)     223 

La  Disgrâce  de  Madame  de  I-irinon,  comédie  (U.-D.  Châtelain).  223 

Vindex,    drame   social    (Etienne  Bcllot)    223 

La   Ma£:daléenne    (Jules   Imhert)    223 

Comédies  gaies   et   d'amour    (Ct'eile   Cassot)    224 

Le    Redoutable  ,  (Marie   Leju'ru)     224 

Ct-ïi,  mvstère  biblique  d'après  Lord  Byron  (Mario  Prax)    ....  224 

Théâtre'  fantaisiste    (Marcel    Bogniat) 225 

L'Assomption   de   Paul   Verlaine,  scène  pastorale,   prccédée  de 

Considérations  sur  Paul   Verlaine    (Ernest  Baynaud)    225 

Le  Ci-Devant,    drame    (  Georges    Villard)     420 

Fritz   le  Uhlan,   pièce  firamatique   (Georges    V  llard)    420 

Un   Duel  à  l'étouffée,   folie-vaudeville   (Jules  de    Cerfeuil)    ....  420 

La  Note  à  payer,  comédie  (Jules  de   Cerfeuil)    420 

A  bas  les  calottes,   comédie  enfantine   (José    Germain)    421 

A  la  pointe  de  l'épée   (M.   M. -H.   de  Wismes)    •.  421 

Une  Trouvaille  imprévue   (Paul  de  Maurelly) 421 

Maie    Fin,  ou   le    Repas  trop   copieux,    moralité    (E.    Wirzka- 

Tigy) 421 

Le  plus  Malin,  farce  [l  •  même) 421 

Le    Cavalier   l'Ahuri,    fantaisie    mi'ilaire    ( l.osal-Berry   et    Jean 

Carwald) 421 

Lamad^u,   détective  amateur,   vaudeville   (Lou-s  L'escombes) .  .  421 

Georfotte  est  si  nerveuse,  comédie  (Marins  Vrd)    421 

L'Ami   de  collège,   comédie   (Marias    Vtrd)    421 

Ah  !  les  bons  motifs,  bouffonnerie  militaire  (Paul  Dupont)  ....  422 

L'Héri  ï  (u.e  Mari^  s,   savnète    (Eugène  Leclerc)    422 

La  Parole  est  d'argent,   mais...,  saynète   (José    Germain)    ...  422 

Les  Héritiers  de  Madame  Moulinard,  comédie  (Paj  l  de  Maurelly).  422 

Les   Bœufs    d'Alsace,    monologue    (Jacques   d'Ars)    422 

Promenade   matutinale,    monologue    (Jo.'ié    Germain)    422 

Pendant  la  bataille,   frande  scène  ce mique  à  efTets...  militaires 

(Pai  l  Deroyre)    422 

Le  Marchand  d'estampes,  récit   (Jacques  d'Ars)    422 

Les   Violettes,    monologue    (L.    Hameau)    422 

Théâfre  (O.^car  Wilde).   III.  Les  Comédies.   IL  Un  Mari  idéal. 

le   l'Importance    du   sérieux;    trad.    d'AVred   Savine    429 

Le  Théâtre  d'Ibsen  {W  Birt  val) .' 225 


—  r^57  — 

Romans,  "contes   et    nouvelles     Paul  et  Virginie,  suivi  de 
Ih    Cliaumière   indienne    (Bernardin    de   Saint- Pierre);    notice 

et   annc  taii(jns   par   Angnsie  Dupnuy    494 

Une  Aventrre  coloniale  au   xviii<"  siècle.   L'Inde  ébloiiie  (Di;- 

pleiy,  de  Bi.ssy,   I  a  Touche)    (Judith    Gautier) 490 

Le  Repentir    (Charles    de    PomainAs)     6 

Les  Peux   Cahiers    (Paul   Acher)    8 

Madame    Bouverot,    prtf^te    (Victor   Pai'ie)    9 

Contes  si;r  vé'lin   (Pierre    Gauthiez)    11 

Lilla  (scènes  de  la  vie  cors*!)   (J.-B.  Natali)    12 

La  Vaine  Bonté    (Martial  Hcmon)    13 

Un    Prêtre     (Lcon    Cathlin) 14 

L'Imperturbable  Silence  (Gilbert  Stenger) 15 

Nos  Enfants,   quand  i's  jouent   (O.    Guibaud)    16 

Brelan    de   Dames    (Bohert   de   Montesquiou)    16 

Les    Instincts   galants    (Maryo    Olivier)    17 

Paroisse    (Paul    Abbas)     17 

La  \o\e   mauvaise    (Henri   Baraude)    18 

La  Ville   folle    (Henri   Bainaldy)    18 

L'Heure   critique    (Fernand  Parrc)    18 

Scènes  de  la  vie  de  Bohême   (Henry   Miirger),   édition  revue, 
corrigée  et  augmentée,   prérc'dce  d'une  notice  biographique 

sur  l'auteur  et  de  notes  par  Paul  Ginisty   18 

La  Graine  au  vent   (Jean  Nêsmy)    18 

Monsieur  de    Nufbo,   philosophe    (Gonzague   Truc)    18 

L'Illustre   Athanase   Bonsang    (Fené   des   Pomeys)    19 

Contes   provençaux    (Joseph    Poumanille);    texte   provençal    et 

trad.   française  par   Frrd'ric   Chou  pin    19 

L'Inceste  légitime    (Adrien    Seg/é)    . 19 

Nadjié,    la   Petite    Hanoum    (Emile   Edwards)    19 

lie   Prince   des   riches    (Frrnand  Fnvet)    19 

L'Orgie    gauk  ise    (Lnws    Gastine)     19 

Histoire  de  la  Maison  de  l'Espine  (  Yves  Blanc)    20 

Le    Tribun    (Paul  '  Bourget)     289 

Jeanne   IN'^ichelin,   chronique   du   xvni«  siècle,   suivie   de  «    Les 

Deux   Faces   de  la  vie  »    (Henry  Bordeaux)    290 

Monsieur   des   Lourdines    (Alphonse   de   Chateaubriant )    290 

La  Fresque  de  Pompf'ï.  La  Madone  qiù  pleure  (Gilbert  Augus- 
tin-Thierry)..      291 

La  Première  Étape   (Henri   Moro)    292 

Les  Blés   mûrissent    (Henri   Bordier)    293 

L'Offrande    au   mvstère    (Pierre   Fons)    294 

La  Route  bleue   (Jean  Fameau)    295 

Malgré  son  père   (F.   Fumant) 295 

L'Appel    (M.-C.    Belgrand    d'A/  baumontj    296 

Qui  sèm,e  le  vent    (Charles   Jeandet)    296 

A  l'ombre   du   clocher    (Lcopold    Gros)    296 

La  Bague,  satire  politique  et  morale  (Maxime  Dubroca)   296 

Vers    la    lum,ière    (Emile    Poitcau) 297 

La   Meilleure    Part    (Emile   Poiteau) 297 

Sur    le    déclin    (Louis    Planté)     297 

Les  Fei  illes  sur  la  route   (Maurice  de  la   Fuyc)    297 

Amoi  rs  rurales  (Paul  Lacour) 297 

Jean  Guilbert,   scènes   de  Rouergue   (Gaston   Mercier)    297 

Au  tournant  des  jours  (Gilles  de  flaircceur^  (Daniel  Lesueur)  .  20 

Un   Obstacle    (Jean   de  la  Brète)    i2 

Les   Petites   Ames    (Henriette  de    Vismes)    23 

Les   Courtagré    (Pierre    Gourdon)    23 

Et  l'Amour   dispose    (Mathilde  Alanic)    24 


-  558  — 

()in1>ros  et  luiuièrcs,  contes  ol  nouvelles  tht^osophiqv.es  (AimU 

Blcch) 24 

1  a  Petite  Grat'enne    (  Yvonne   Durand)    25 

La  iVltHairie  de  las  Ramadas  (la  comtesse  de  Mr-ssarré)    25 

r.lX'Msir    (Addy    de    Saint- Gcr. nain )     25 

Hors  de  sa  race    (Alix  de    Villemagne)    25 

Le  Bonheur  accessible   (Yvonne  TUirand)    297 

L'Amour    noniad':"    (Mijriam   Dero.re) 298 

Ames   de   femmes    (Berthem   de   Rigny)    ^-98 

Thércse   'Dalbian    (Louise    Fisquet) 298 

La    ('ité    des    lampes    (Claude    Silve)    298 

Le  Moulin  sur  la  Smifriide  (Marguerite  Fegvaud)    299 

Les    Papiers    prsthumes    du    Pickwick- Club    (Charles    Dickens).      i87 
Les  Gardier.s  de  la  flamme  (W.  D.  Maxwell);  adapté  de  l'an- 

«jlais  par  Lou's   Fabulei    25 

Dernières  Enquêtes  du  prestigieux  Héwitt  (Arthur  Morrson); 

adaptation  française  par   Albert  Savine 25 

Le  ISIariage  de  Lord  Leveland  (William son);  trad.  de  l'anglais 

par   Louis    d'Arvers    25 

Un  Duo    { Arthur   Conan-Doyle)  ;   trad.    de  l'anglais  par   Albert 

Savine   26 

Sous   la  neige    (Edith    Wharton) 26 

Chez  les  Américains  (Rudyard  Kipling):  trad-  de  l'anglais  pai 

Albert  Savine  26 

Dans  le  désert    (Grada  Dckdda);   trad-    do  l'italien  par   Marc 

Hflys     ; -'.6 

La  Ronde  (Arthur  Schnitzler);  trad.  de  l'allemand  pai'  Maurice 

Ffmon   et    Wilhflm   Baucr    26 

Le  Merveilleux  Voyage  de  Nils  Ilolgersson  à  travers  la  Suède 

(Silma  La.ger.ô'j:   trad.   du  suédois  par  T.   Hammar    26 

Le  Terre  rist-^  fM^e   y.  Dmitriev):    trad.  du  russe  par  G.  Sa- 

v-tch   et   E.    Jaubert    28 

Œu\res  complètes  du  comte  L(on   Tolstoi;   trad.   du  russe  par 

J.-W.    Bienstock.    T       XXVII 28 

La  Vccation  de  Frank  Giiseley    (Robert  Ilugh   Benson);  trad. 

de  l'anglais   par    T.    de    Wyzc(\ a    2-'9 

Mélissa    (James    Olivier    Cunvood);    trad.    de   l'anglais    par    F. 

Forbin 300 

Dorrington  détective  marron  (Arthur  Morrison);  trad.  de  l'an- 

clais   par    Albert    Savine .      300 

L'Apr  stolat  du  knout  en  Pologne   (Ladislas  Stcnislcs  Reymont); 
trad.    du   polonais  par   Pa.ul  Cazin    3C0 

OiiTragCB    poar    la    jeiiuesse.    Te   bcn  ]\Ions!err  de  Vcragues 

(Maurice  Maine  rm ) 4J^7 

A  travers  l'Europe.   La  \  ie  de  collège  en  Angleterre.  Fistrire 

d'un  écolier  hanoArien.   Axel  Ebersen  (le  Gradué  d'L'psala). 

l'n    Semestre    en    Suisse    (André    Laurie)    4^8 

Ondine    (de   la    Mott-e-Fouquc)    488 

Contes  blei  s  de  ma  Mère  Grand  (Charles  Pobcrt-Evmcs)    ....  4^9 

Petites  Filles  du  temps  passé   (J.   Jccauin)    'ti'^ 

Le  Secret  du  li^re  d'heures  (Ch.  J'odeman)    4f9 

Les   Contes    (Schmid)    490 

Histoire   d'un   foyer.   Les  Vacances   de   Louise.   Le   Théâtre  de 

!a  poupée   (J.Madsen);   adaptation  par  M.    Gcy    491 

Les   Deux    Antoinette    (Ernest   Daudet  )    492 

L'Otage,    chronique    du    xiv^    siècle    (Jean    Poujoulat)     492 

Jean-Marie   Kerdern  et  ses  sœirs    (Auguste  Le  Bras)    492 

La  Dette  et  l'Otage  (J.  Edhor):  adapté  de  l'allemand  par  J. 

de  Lauray    509 


—  559  — 

Les    Deux    Tigresses    (Pierre    Maël)     4i9'î 

L'ilo    des    Centaures    (A.    h'ob'da) 496 

La   Fée   de  la   mansarde    (Marf^uerilc  Morin)    496 

Le   Commandant   Rabat-Joie    fM"»e   Chcron   de  la   Bruucre)    .  .  510 

Mignonnette   (n<>r:ense   Gircldon)    510 

L'Ange  et  le.    deux  démons   (Victor  I.ahruaitde)    497 

Les  Quatre  Sous  de  Frcdy.  Le  Secret  du  lac  bleu  (P.  Perrault).  4".^8 

Les  Livres  r(  ses  [>our  la  jeunesse,   4°  série    510 

1  /Oncle     Praline      (André     de     Maricourt) 4L5 

Chroniques  de  la  Vendée  militaire.  Les  Aventures  du  bonhomme  i    I 

Quatorze    (Adolphe    de    Breni)     415 

Vendéenne  (Jean  Charruau)    415 

Au  Moulin  de  \'irelune.  scènes  de  la  Vendée  angevine  (Pierre 

Billand) ' 416 

Oine>ra,  ou  le  manoir  de  Grantley   (Lady   G.  Fullerton);  trad. 

de  l'anglais " 416 

Feuilles   mortes    (Jacques   Morel)    416 

La  l\tj  stérieuse   Aurore    (B.   de   Buxy)    417 

Le    Château    du    Mystère    (André    Bruyère)     417 

Boules  de  neige,  études  sociales   (M.  Desroches)    417 

La  Fille  de  Lynch   (Léonard  Merrick);   trad.   de  l'anglais  par 

F.  Lelmont 4LS 

Le  Miracle  des  Perles   (Mathilde  Alanic)    41 H 

La  Rançon   de  la  gloire    (Léon   Barracand)    41".' 

La   Lande   aux  loups    (Purr^   M(ë') 419 

Rose-des-Cliemirs    (Charles    de     Vitis)     '.  .  .      419,  5G9 

L'Épopée   de   César    (Henri    Guerlin)    419 

Les  Pirates  de  la  Mer  Rouge  (Karl  May);  trad.  de  l'allemand 

par  J.   de  Bochay    ." 420 

Sous  les  palmiers   de  Bénarès    (Marie   Aflre)    41,0 

La  Maîtresse  de  piano    (Florence  O'Noll);  adapté  de  l'anglais 

d'après  Emma  Mars} al 420 

Filles  de  chouans   (M.  Delly)    41.0 

Périodiques    ill'J-$trf«.     Journal     de   la   jeunesse   '' 498 

Journal   des   demoiselles    499 

La  Revue  française   500 

Mon  Journal   500 

L'Ouvrier 501 

La  Semaine  de  Suzette 502 

A llmiiKi.' Jeanne  d'Arc  (F.  Funck-Brentano  et  0.  D.  V.Guillonnet).  502 

tiuster  Brown  recommence    (R.    F.    Outcault) 50:î 

Fêtes  nautiques  chez,  les  animaux  (J.  Jacquin  ei  G.- H  .Thompson) .  504 

Ardant  le  Chevelu   (Dame    Yette  et  Jcaii.    Vebcr)    504 

Scènes   comiques    dans  la   foret    (Benjamin   Babier)    r04 

Grégoire  et  son  âne  (C.  So.ntos  Gomâez  et  F.  Nuh^z  Millon).  504 

A   quoi   joutms-nois    (E     Weber   et   Robert    Sellés)    -Qh 

Lilette   Léveillé   à   Crabo\ille    (Jordic) r05 

Marie-aux-sahots-de-bois  se  gage  (Jordic)     505 

Les  Dernières  Places    de    Marie-aux-sabots-de-bcis   (Jordic)  5C5 

Les  Sept  Jours  de   Ketje   (Jordic)    505 

Perrine   la   petite   laitière    (Jordic)    ^06 

Cours  sélect    (Jordic) 506 

La  Pension   des   Oiseaux    (Tony  d'Ulmès  et  Jordic)    506 

Bré  ké  kès  !   Coas  !   Coas  I    (Jordic)    5C6 

Tintin  Gorin  (Jordic) 506 

Les    Animaux    célèbres    (E.    Muller)    506 

Mademoiselle  Lili  à  la  campagne  Y-P--«^-   ^'^tahl)    506 

Le  Trésor  de  Gisèle   (Camille   Gasté) 507 


—  500  ^ 

l'iio   Mauvaise    Inspiration    (Jean,   de    la.    Gohardirre)    507 

Atonsieur  Parapluio  et  ]\îadoiuoiselle  Ombrelle  (Louis  Cholht).  507 

l.a   Tonrierello   de   Marthe    (Camille    Ga^sté)    507 

Le   Chef-d'œuvre   du   petit  berger    (Louis   Chollet)    507 

l^a  Galette  des  Rois   (Louis  (  hollei)    507 

La  1  ibératriee 507 

Les   Ajoncs   d'Anne-Marie    (Marie    Vergue)    507 

La  t^eligion  enseignée  aux  petits  enfants  (le  cha.noine  Soida.nge- 

Bodin) 507 

l'n    Témoin    inattendu     (Pierre    Couromieaii)     508 

Lucette   en    liberté    (Milka   Steag)    508 

La   Oiasse   de   Lina   (Camille    Gasté)    508 

La  Souris  blanche,  d'après  Hégésippe  Moreau   508 

Les  Souliers   de   Marie-Rose,    d'après   Hégésippe   Moreau    ....  508 

Les  Sacrifices  de  Renée   (Marie    Vergne)    508 

En    vacances     (Milka    Steag)     508 

Mademoiselle    Je-le-veux    (Milka    Steag)     508 

Mademoiselle    Sabre-Tout    (Jean    de    la    Gobordière)     508 

Le  Fil    de   la   vie    (Louis    de    Vaumouret)     509 

La  Vanité   de   Lucienne    (Marie    Vergue)    509 

Un    bon    petit    Cœur    (Pierre    Couronneau)     509 

(liansons  à  la  façon   d'Épinal    (Marcel  Legay   et  Louis   Tnur- 

tiayre) ' 509 

Kpistoliers.    Lettres     choisies    de    Madame    de    Sévigné,  suivies 

d'un    Choix   de  lettres   de  femmes   célèbres   du  xyii"  siècle; 

notice    et    annotations    par    Marguerite    Clément    494 

Correspondance  de  Bory  de  Saint-Vincent  (Supplément),  publiée 

et    annotée    par    Philippe    Lavzun    352 

(;artee;gio  di  Alessandro  Man/.oni   (Giovanni  Sforza  e  Giuséppe 

Gailavresi) 340 

Pelygrapheci  Bossuet.  Œuvres  choisies,  avec  Introduction,  bi- 
bliouraphie,  notes,  grammaire,  le:  ique  en  illustrations  do- 
cumentaires,   par    J.    Calvet    ' 21 9 

Pages  choisies  dos  grands  écrivains.  Finelon,  avec  une  Intro- 
duction   par    Moise    Cagnac    219 

Flcchier.    Œuvres    choisies.    Introduction    et    notes    par    Henri 

Bremond, 220 

Chateaubriand.  Pages  choisies,  avec  une  Introduction,  des  no- 
tices et   des  notes  par    Victor    Gira.ud    •.  .  .  .  220 

Chateaubriand.  Mémoires    d'outre-tcmbe.    Pages   choisies,  a^ec 

une   Introduction  et   des  notes  par    Victor   Giraud    220 

Les  Meilleures  Pages.  Lacordaire.   Introduction  de  Paul  Agnius.  65 

F*e  E.-M.  de^Voguc.  Pages  choisies.  Préface  de  Paul  Bourget.  220 

La  Pensée  d'Edouard  Rod.  Morceaux  choisis   publiés  par  J.  de 

Mettrai  Comhremont    49 

Jules  Lemaitre.     Pages     choisies,     avec     une     Introduction  et 

des  notes    par    André   du    Fresnois 220 

Littérature     grecque       Les    Pastorales   (Longus);  trad.  par 

P.-l^.   Courier.  Éciilion    critique   par   Robert    Gcschet    461 

liittflrature    tr.'in^aise     L'Équivoque    du    classicisme    ( Ga.s- 

ton  Sauvehois) 218 

Lyrisme,  épopée,  drame.  Une  Loi  de  l'histrire  littéraire  expM- 

quée  par  l'évolution   générale    (Ernest   Bovet)     114 

Lettres  sur  la  poésie.  L'Esthétique  vivante   (.Jean  Thogorma).  219 
La  Poésie  à  travers  les  âges.  Son  rôle  dors  l'éducation  popu- 
laire   (J.-M.    Lentillon)     118 


—  561  — 

La  Connaissance   de   la   nature  et  du    monde   au    niioyen  rage, 

d'après  quelques  écrits  français  à  l'usage  des  laïcs  (Ch-V. 

Langloi;^) 116 

Les  Troubadours  cantaliens,  xii^-xx»  siècles  (le  duc  de  la  Salle 

de  Rochemaure) 115 

L'Imitation   espagnole   en    France.  Les   Modèles   castillans    de 

nos  grands  écrivains  français.  Étude  et  analyse   (l'abbé    G, 

Bernard) 117 

Fénelon.    Études    historiques    (Eugène    Griselle) 118 

Voiture  et  les  origines  de  l'hôtel   de  Rambouillet  (1^97-1636) 

(Emile  Magne)   ,      237 

Voiture  et  les  années  de  gloire  de  l'hôtel  de  Rambouillet  (1635- 

1 648)  (le  même) 237 

Le  Romantisme  en  France  au  xviiie  siècle  (Daniel  Mornet).  430 
Les  Hommes  de  lettres  au  xyiii^  siècle  {Maurice  Pellisson).  431 
Essai  sur  l'influence  de  .Laurence  Sterne  en  France  au  xyiii" 

siècle   (Francis  Brown  Barton) 432 

Alfred  de  Vigny,  ses  amitiés,  son  rôle  littéraire  (Ernest  Dupuy). 

T.   II.  Le  Rôle  littéraire   , 338 

Théodore    de   Banville   (1823-1,S91)    (Max   Fuchs) 240 

L'Alexandrin   chez   Victor   Hugo    (Auguste  Rochetie)    .  '.- 153 

Charles   Guérin    )A.   de   Bersaucourt )    . 50 

Louis   Mercier    (le   même) 51 

Amédée   Prouvost    (C.    Lecigne)    52 

La  Vérité  psychologique  et  morale  dans  le  roman  de  M.  Paul 

Bourget  (F.-J.  Lardeur)   .- 535 

Le  Roman   de  la  famille   française.  Essai  sur  l'œuvre   de  M. 

Henry   Bordeaux    (Joseph  FercJw.t) 433 

Parmi  les  cyprès  et  1  os  lauriers  (le  marquis  de  Ségur)    ......     526 

liittératiiree    étrangères.     Das    Oxforder    Buch     deutscher 
Dichtung  vom   i-  *  "  bis  zum  20*"  Jahrhundert,  herausge- 

^eben  von   H     G.    Fiedler .527 

L'Évolution  morale  de  Gœthe.  Les  Années  de  libre  formation, 

1749-1794    (H.   Loiseau) .  .  .  *  52 

Edgar    Poe    (Emile   Lauvrière)    340 

Tennvson   (Firmin ^Roz) 435 

Femme  et  poète.   Élizabeth  Browning  [M^^^  W    Nicaii)    .....  527 

Le  Roman   anglais  contemporain   (Firmin  Roz  )    '.  .  .  .  434 

Les    Cent   et   une    Nuits;  traduites   de  l'arabe   par    Gaudefroy- 

Denuinhynes 236 

Histoire   des  littératures.    Littérature  américaine   (William   P. 

Trent)  ;   trad.    de    Henry-D.    Davra.y 243- 

Histoire  des  littératures.  Littérature  italienne  (Henri  Hauvptte).  242 
Histoire  de  la  littérature  italienne  (G.  Finzi);  trad.  par  M^^ 

.Tlticrard- Baudrillarl    243 

Leopardi  et  M^e  ^e  Staël   (Sofia  Ravasi) 461 

Les   Contemporains   étrangers    (Maurice   Muret)    .    - 435 

HISTOIRE 

«Créographî«   et  /Voyag«8.     La    France,    géographie    ilhistréa 

(I^.  Jousset).  'i 486 

La  Blessure  mal  fermée,  notes  d'un  voyageur  en  Alsace-Lor- 
raine (Georges  Ducrorq) 166 

De  la  Montagne  au  désert,  récits  d'ascensions  et  correspon- 
dance   (Théodore   Camus)    245 

Foules   de   Jérusalem   et  solitudes   de   Judée  (Henri    Guerlin).     317 

DÉCEMBRE  1912.  T.  CXXV.  36. 


—  562  ^ 

•        Du  Khorassan  au  pays  des  Backhtiaris.  Trois  mois  de  voyage 

en  Perse  (Henry- René  d'Allemagne) 437 

Au   Paradis   des   Rajahs    (André   de   Fouquières)    323 

i        Le  Tibet  révoUé.  Vers  Népémakô,  la  terre  promise  des  Tibé- 
tains  (Jacques  Bacot)    323 

Croquis  de  Chine   (Jean  de  la  Servière)    324 

En  Tripolitaine.   \'oyage   à   Ghadamès    (Edmond  Bernet)    ....  317 
La    Tripolitaine  interdite.    Ghadamès    (Léon    Pennnquière)     .  .  318 
Au  Maroc;  par  les   camps   et  par  les  villes    (Gustave  Babin).  319 
La  Société   marocaine,   études  sociales,   impressions   et  souve- 
nirs   (le  D^   Mauran) 32» 

Le  Maroc  physique   (Louis    Gentil)    •.  .  . .  320 

Sur  les  conlins  du  Maroc,  d'Oujda  à  Figuig  (Louis  Rousselet).  495 

A  travers  l'Afrique   (le  lieutenant- colonel  Baratier)    321 

Dans   notre    empire  noir    (Maurice    Rondet- Saint) 322 

Le  Congo    méconnu    (Jean    Dybowski)     322. 

Sous  la  Croix-du-Sud.  Brésil,   Argentine,  Chili,  Bolivie,  Para- 
guay,   Uruguay    (le    prince    Louis    d' Orléans- Bragance)   ....  325 

Histoire    ancirniie.    Les   Secrétaires  athéniens  (Maurice  Bril-  v 

lant) 246 

Isis  et  les  isiaques  sous  l'empire  romain   (Joseph  Burel)    ....  76 
A  study  of  the  topography  and  municipal  history  of  Praeneste 

(Ralph    Van  Deman  Magoffin)    272 

Histoire  générale.  Les  Grands  Traités  politiques.  Recueil 
des  principaux  textes  diplomatiques  depuis  1815  jusqu'à  nos 
jours,   avec  des  commentaires  et  des  notes    (Pierre  Albin).     262 

Histoire  de  l^Kglise.   Petite    Histoire    de    l'Église    (L.    David 

et  F.  Lorette)   368 

Les  Papes   d'Avignon   (1305-1378)    (G.    Mollat)    251 

'  La  Curie  et  les  bénéficiers  consistoriaux.  étude  sur  les  com- 
muns et  menus  services  (1300-1600)   (À.  Clergeac)    342 

Les  Églises  chrétiennes  au  matin  du  xx^  siècle  (Eugène  Ritter).  268 

Histoire  ecelésiastique.  Histoire  .ecclésiastique  (Eusèbe). 
T.  ^■^  livres  I-IV;  t.  II,  livres  V-VIIL  Texte  grec  et  trad. 
française   par  Emile    Grapin    341 

Histoire    des    ordres    religieux.     Essai     sur  l'ordre   des_^ 
hospitaliers  de  Saint-Jean-de-Jérusalem  et  de  son  gouverne- 
ment civil  et  militaire  à  Malte,  au  commencement  du  xviii^ 
siècle,  d'après  des  documents  inédits  de  l'époque  (L.  Héritte).     346 

Histoire    du    moyen  âge.  Froissart.    Les  plus  beaux  Récits 

des   Chroniques   transcrits  pour  les    lecteurs   d'aujourd'hui.     219 

Histoire     de     France.    Robert    f''  et   Raoul    de   Bourgogne, 

rois   de   France   (v»vi)-936)    (Ph.   Lauer)    55 

Clément  V  et  Philippe-le-Bel    (Georges  Lizerand)    528 

Le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  sous  le  règne  de  François  I^"^ 
(1515-1536).  Nouvelle  édition  publiée  avec  une  Introduction 

et  des  notes  par   V.-L.  Bourilly    529 

Les  Actes  de  Sully,  passés  au  nom  du  Roi  de  1600  à  1610  par- 
devant  M«  Simon   Fournyer,  notaire  au  Châtelet  de  Paris, 

recueillis  et  publiés  par  M.-F.   Malhvoiie   256 

Mémoires    du    président    Hénault.    Nouvelle    éditicm    complétée 

^  corrigée   et   annotée  par   François   Rousseau    442 

Études  et  leçons  sur  la  Révolution  française  (Alphonse  Aulard).     347 
Recueil  des  actes   du   Comité  de  salut  public  avec  la   Corres- 
pondance officielle  des  représentants  en  mission  et  le  Regis- 
»  tre  du  conseil  exécutif  provisoire,  publié  par  F.-A.   Aulard. 


-  563  — 

T.   XIX  et  XX  (21   décembre  1794-1"  nivôse  an  III  —11 
mars  1795-21   ventôse  an  III.) 160 

Tragédies  et  comédies  de  l'histoire.  Récits  des  temps  révolu- 
tionnaires,   d'après   des   documents  inédits    (Ernest  Daudet).     352 

La  Liste    des    victimes    du    tribunal    révolutionnaire  à  Paris 

(Rnthelot)     272 

Les   Noyades   de   Nantes    (G.    Lenôtre)    259 

La  Diplomatie   de  la  Gironde  Jacques- Pierre  Brissot   (H.    A. 

Gœtz-Bernstein) 258 

J.-P.  Brissot.  Correspondance  et  papiers,  précédés  d'un  Aver- 
tissement et  d'une  notice  sur  sa  vie  par  Cl.  Perroud 258 

Correspondance  inédite  de  Napoléon  /«"■,  conservée  aux  archives 
de  la  guerre,   puuîiée   par   le  lieutenant-colonel  Picard,  et  L 
Tueteij.    T.    1"    1804-1807 138 

La    France    sous    la    monarchie    constitutionnelle    (1814-1848) 

(  Georges  Weill) 532 

Louis-Napoléon  Bonaparte  et  le  ministère  Odilon  Barrot,  1849 

(André  Lebfy) 264 

Les  Origines  de  la  guerre  de  1870.  La  Candidature  Hohenzol- 

lern,    1868-1870    (Pierre  Lehautcourt)  [Général  Palat]    354 

Gambetta  et  l'Alsace-Lorraine   (Henri    Galli)    164 

Ce  que  Je  peux  dire  (Arthur  Meyer)    68 

Hiiiteire  religie«se.  Gallia  christiana  novissima.  Histoire  des 
archevêchés,  évêchés  et  abbayes  de  France,  d'après  les  do- 
cuments authentiques  recueillis  dans  les  registres  du  Vatican 
1  et  les  archives  locales  par  feu  le  chanoine  J.-H.  Alhanès, 
complétée,  annotée  et  publiée  avec  une  Introduction  par  le  ' 
chanoine  Ulysse  Chevalier.  T.  V.  Toulon  (évêques,  prévôts)..      240 

Antiquités  de  l'Église  de  Vienne   (dénient  Durand)  (ms.   5662 
du  fonds  latin  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  notice '1 
bibliographique  et  historique  par  le  chanoine   Ulysse  Checaîier.^  250 

Chronologie  des  archevêques,  évêques  et  abbés  de  l'ancienne 
province  ecclésiastique  d'Auch  et  des  diocèses  de  Coadom 
et  de   Lombez   (1300-180  H    (Tabbé   M.    Clergeac)    342 

Histoire     religieuse    de    la  Révolution  française  (Pierre    de  la 

Gorce)   3  48 

Le  Clergé  de  France  pendant  la  Révolution  (Vabbé  Augustin 
Sicard).   T.   I'^^   L'Effondrement    350 

Histoire  de  l'enseignement.  La  Lutte  scolaire  en  France 
au  xix'^  siècle  {t.  tiuissnn,  L.  Cahen,  A.  Dessoye,  E:  Four- 
niére,  C.  Latreille,  R.  Lebey,  Roger  Léçy,  Ch.  Seignobos,  Ch. 
Schmidt,    J.    Tchrrnoff    et    E.    Toutey    35e( 

Neutralité  et  munopole  de  l'enseignement,   suivi  de  l'état  ac-      '   ' 
tuel  de  l'enseignement  du  latin   (V.  Basch,  E.  Blum,  A.  Croi- 
set,    G.    Lanson,    D.    Parvdi,    Th.    Reinach,    F.   Lci'y-Wogue   et 
A.  Pichon)    356 

li'École  primaire  en  France  sous  la  troisième  République  (Jo- 

■leph    Vaujany)     265 

L'École  primaire  contemporaine  (1900-1911).  Laïcisme  et  syn- 
dicalisme   (Jean   Maxe)    '  .  .      266 

La  Bataille  scolaire,  les  documents,  les  faits  (J.  Santo)    ....     270 

Histoire     des    institutions,    des    mœnrs      et     de     la 

ciirili««ation.    Les    Communes    françaises   à   l'époque   des 

Capétiens  directs  (Achille  Luchaire)   56 

L'Ancienne   France.    Le  Roi    (Frantz   Funck-Brentano) 248 

La  Société  française  au  temps  de  Philippe- Auguste  (Achille 

Luchaire) 156 


,   .  "  _  564  — 

État  de  la  maison  du  roi  Louis  XIII,  de  celles  de  sa  mère, 
Marie  de  Médicis;  de  ses  sœurs,  Christine,  Elisabeth  et  Hen- 
riette de  France;  de  son  frèrfi,  Gaston  d'Orléans;  de  sa 
femme,  Anne  d'Autriche;  de  ses  fils,  le  Dauphin  Louis  XIV 
et  Philippe  d'Orléans,  comprenant  les  années  1601-1665,  pu- 
blié par  Eugène   Griselle   343 

Histoire  de  la  charité  (Léon  Lallemand).  T.  IV.  Les  Temps 
modernes  du  xvi^  au  xix^ -Siècle.  Secondé  partie.  Europe 
(suite) K.::'v.^. .:.,:::. 442 

La  Qensure   en    1820. et   1824.  Ëtude- Stii'  la  presse   politique 

et  la   résistance  libérale    (Albert   Crémieux) 353 

•  La  Police  politique,  chronique  des  temps  de  la  Restauration, 
d'après  les  rapports  des  agents  secrets  et  des  papiers  du 
Cabinet   noir,    1815-1820    (Ernest  Daudet)    .' .  .  .  .*,  .  '. .     353 

La  Vie  parisienne  SQus  le  règne  de  Louis- Philippe  (ti^nri  d^Al- 
mérps) .  .  .  .r .  .  .  .  .  l  .-'.  .  . .  .  .' ,.        62 

Hifitoire  diplamaliqùe  et  niilitafrc).  Le  Régiment  des 
gardes-suissds  de  i^rance.  i^^es  buisses  en  Italie  (campagne 
de  INIarignan   (le  capitaine  de   Vallière) 134 

f  Le  Congrès  de  Rastatt.  11  juin  1798-28  avril  1.789.  Correspon- 
dance et  documents,  publiés  pour  la  Société  d'histoire  con- 
temporaine par  P.    Montarlot   et  L.   Pingaud.  T.   I^'' 530 

Milices  et  volontiires  du  Puy-de-Dôme.  Étude  sur  le  recrute- 
ment de  l'armée,    1688-1793    (le  com^  Flocon)    135 

Au  temps  des  volontaires,  1792,  lettres  d'un  volontaire  en 
1792,  présentées  et  annotées  par  G.  Noël   135 

léna  et  la  campagne  de  1806  (Henry  Houssayé).  Introduc- 
tion  de  Louis   Madelin    136 

Souvenirs  d'un  cadet  (1812-1823)   (Larreguy  de  Civrîeux)  ....     136 

La  Campagne  de  1812.  Mémoire  du  margrave  de  Bade.  Tra- 
duction,   Introduction   et   notes   d'Arthur   Chuquet    136 

1812.  La  Guerre  de  Russie.  Notes  et  documents  (Arthur  Chu- 
quet,.    1",     2e     et     3''     séries      136 

Smolensk.  Les  Origines,  l'épopée  de  Smolensk  en  1812,    d'après 

des  documents  inédits  (le  baron  de  Baye)     136 

1814.  La  Manœuvre  de  Laon   (le  capitaine   G.   Hulot)    137 

Waterloo  et  Sainte- Hélène,  notes  et  souvenirs  d'un  officier 
d'état-major  (le  lieutenant- colonel  Basil  Jackson),  édité  par 
R.-C.  Seaton  et  trad.  de  l'anglais  par  Em.  Brouwet . .     137 

Campa^gnes  d'Afrique  (1830-1910)  .   Algérie,    Tunisie,   Maroc   (le 

capitaine    Victor  Piquet)    , 139 

L,a  Campagne  de  1844  au  Maroc.  La  Bataille  d'isly  (le  capi- 
taine  Albert  Latreille)    ... \ 139 

1870.  Sedan    (le   lieut^- colonel   Ernest    Picard)     , ..      139 

Quarante- trois  ans  de  vie  militaire  fie  général  Cuny) ......  .<:.  ;  140 

Le  Maréchal  Niel,    1804-1869  (le  comt  J.  de  la  Tour)  ......  .  ..^,  1,40. 

Feuillets  de  la  vie  militaire  sous  le  second  Empire  (1854-1890)''"""  ' 
(le  lieutenant-colonel  marquis  de  la  Tour  du  Pin  la  Chaece).    'l40 

Récits  de  guerre.  Histoire  d'une  compagnie  de  zouaves  pen- 
dant la  guerre  de  1870  (armée  de  la  Loire  et  armée  de  l'Est) 
(général  Bruneau) 449 

La  défense  de  Besançon.    Journal    d'une  ambulancière  (1870- 

1871)   (Isabelle  Febvay) 450 

■ist«ire  monnatique.  Chartes    de  Saint-Maurice  de  Vienne,  . 
de  l'abbaye   de   Léoncel    et   de  l'église   de  Valence,  supplé- 
ment aux  recueils  imprimés,  publiés  par  le  chanoine    Ulysse 
Chevalier 250 

Cartulaire  de  l'abbaye  de  Saint-Sauveur  de  Villeloin,  publié 
par    Vabbé    L.-J.    Denis     440 


—  565  — 

Hist«ii'e    proviueiale    et    locale.    L'Hôtel-Dieu     de    Paris 

au  xviie  et  au  xviiie  siècle  (Marcel  Fosseyeux)   ;'.  .  .     345 

L'Industrie    de   la  boucherie  à  Paris   pendant   la   Révolution 

(Hubert  Bourgin)    ....  , ; /;  .  ..........      447 

Histoire  de  Normandie  (A.   Albert-Petit)    ,. V- .  ;. ^  . . .     155" 

Le  Mont  Saint-Michel  inconnu,  d'après  des  documents  iii'éditg 

(Etienne  Dupont) .........."."...........'..'.        72 

Le  Clergé  breton  en  I8OI5  d'après,  les  enquêtes  préfectorales 
de  l'an  IX  et  l'an  X,  conservées  aux  Archives  nationales 
(Em.Sevestre) .  .,..,, y  ....  .,.,.., , .,.;,  . ,.., ,  ... .  .-■.  .  .  .>.',ir''t64  . 

Vers  une  Bretagne  or^aiîisêè'.^ 'Enquête  sur  lés  libertés  régio- 
nales et  la  formation  d'états  provinciaux  ea  Bretagne  (le 
comte  de  Lantivy- Trédion) 462 

Anthologies  illustrées.  Les  Provinces  françaises.  La  Bourgogne 

(Joseph    Calmette    et    Henri    Drouot)     515 

Dictionnaire  topographique  du  département  de  l'Ain,  compre- 
nant les  noms  de  lieu  anciens  et  modernes  (Edouard  Phi- 
lipon) 244 

Anthologies  illustrées.  Les  Provinces  françaises.   La  Touraine, 

le    Blésois,    le    Vendômois    (Henri    Guerlin)     514 

La  Communauté  des  notaires  de  Tours  de  1512  à  1791  (Lu- 
dovic Langlois)    252 

La  Révolution  à  Poitiers  et  dans  la  Vienne  (le  marquis  de 
Roux) 261 

Anthologies    illustrées.    Les    Provinces    françaises.  L'Auvergne 

(Louis  Bréhier) 515 

La  Haute- Auvergne  à  la  fin  de  l'ancien  régime,  notes  de  géo- 
graphie   économique    (Gabriel    Esquer)     444 

Les  Classes  rurales  en  Savoie  au  xyiii^  siècle  (François  Ver- 
mate) 445 

Les  Reclus  de  Toulouse  sous  la  Terreur.  Registres  officiels 
concernant  les  citoyens  emprisonnés  comme  suspects,  publiés 
et  annotés  par  le  baron  R.  de  Bouglon,  3^  fascicule.  Les 
Citoyennes  recluses  dans  la  ci-devant  maison  de  Saint- 
Sernin .  ., 162 

Les  Huguenots  «n  Comminges.  Nouvelle  série.  Documents 
inédits,   publiés   par   Vabbé    Jean   Lestrade    157 

Révolutionnaires  et  terroristes  du  département  de  l'Ariège  (P. 

de  Casteras) 57 

Questions    «lit    joum.  La    Tradition    religieuse    et    nationale. 

Aux   Catholiques   de   droite    (Dom   Besse)    .  . .'. 267 

La   Tradition   religieuse   et   nationale.  Le    Catholicisme  libéral 

(le  mérite) .  '.  ..."...      268 

Lettres  à  la  Croix.  La  Maison  de  servitude   ... .... .     369 

Lettres   à   la   Croix.   Le   Christ   régnant    ...........  . , .......     369 

Az  Assumptionistâk  alkotâsa  Parisban(  L'Œuvre"  des  Assomp- 

tionnistes  à  Paris)   (le  D^  J.   W aller) 536 

Civisme   et  catholicisme    (E.    Julien) 74 

Nos   Cathédrales    (A.   Broquelet) ' 176 

Pour  la  rénovation  française.  Essai  sur  un  programme  d'action 

patriotique  (Maurice  Beauchamp) 536 

La  Marche    montante    d'une    génération    (1890-1910)    (Joseph 

Ageorges) 168 

La     Crise    française. Faits,    causes,    solutions     (André    Chéra- 

dame) ^ m  •• 453 

Les    Conservateurs    et    la    111^    République.    Notes    d'histoire 

(Georges  Hoog) 75 

Politique  extérieure  (Lucien  Hubert)    355 


■*  '    '  —  566  — 

Après  le  traité  franro-allemand.  Et  maintenant?...  Le  Dé- 
sarmement ou  la  guerre   (U  capitaine  Pierre  Félix)    452 

,    Europe  et  la    Politique    orientale    (Î878-1912)    (le    comte  de 
'^'Landemont) 273 

Histoire  étrangère.  Historisch-pàdagogischer  Literatur-Be- 
chrit  liber  das  Jahr  1909  herausgegeben  von  der  Gesell- 
scbaft   fur  deutsche   Erziehungs-   und  Schulgeschichte    ....     359 

Olivier  Cromwell,  sa  correspondance,  ses  discours  (Thomas 
Carlyle);  trad.  de  l'anglais  par  Edmond  Barthélémy.  II.  Se- 
conde Guerre  civile  et  campagne  d'Irlande    Guerre  d'Ecosse.     344 

L'Ile  de  Serk.   Un  État  léodalau   xx^  siècle   (Louis    Sélosse)       54 

La  Cour  de  Philippe  IV  et  la  décadence  de  l'Espagne  (1621- 
1665)  (Martin  Hume):  trad.  de  l'anglais  par  J.  Condamin 
et  P.  Bonnet 56 

La  Première  Renaissance.  FJome  au  temps  de  Jules  II  et  de 
Léon  X  (E.  Bodocanachi)    485 

Histoire  de  l'Italie  depuis  1815  jusqu'au  cinquantenaire  de 
l'Unité  italienne  (1911)    (Féli.r  Henneguy)    462 

Les  Rapports  de  l'Église  et  de  l'État  en  Italie  (le  comte  J. 
Casali) 369 

Corne  vive  il  popolo  a  Roma.  Saggio  demografico  del  quartiere 
Testaccio*'^/)owp^ù-o   Orano) 454 

La  Lutte  pour  la  Couronne  dans  les  pays  roumains  au  xvi^ 
et   au    xvne  siècles    (Alexandre   A.-C.    Stourdza)    535 

La  Roumanie   moderne   (Henri  Le  Pointe) 169 

Les   Roumains.  Histoire,    état   matériel    et   intellectuel  (A.-T). 

Xénopol) 169 

Histoire  des  relations  de  la  Russie  avec  la  Chine  sous  Pierre 

le  Grand    (  1 689- 1 730)     (Gaston    Cahen)     529 

Le  Livre  de  comptes  de  la  caravane  russe  à  Pékin  en  1727- 
1728.   Texte,   traduction  et  commentaire  par    Gaston   Cahen.     529 

La  Russie  et  le  Saint-Siège,  étude  diplomatique  (le  P.  P. 
Pierling).  V.   Catherine   II.   Paul    I".    Alexandre   ler 159 

Guerre  russo- japonaise,  1904-1905.  Historique  rédigé  à  l'état- 
major  général  de  l'armée  russe;  trad.  publiée  sous  la  direc- 
tion de  l'état-major  de  l'armée  [française].  Première  Période 
de  la  campagne.   T.   II    141 

Maléfices  et  sortilèges.  Procès  criminels  de  l'ancien  évêché  de 
Bâle  pour  faits  de  sorcellerie  (1 5^19- 1670)    (Edouard  Diricq).     254 

La  République  américaine  (James  Bryre).  2*^  éd.  française 
complétée    par   l'auteur.    T.    I 360 

Questions    américaines    (Paul-Théodore    Vibert)     176 

Biographie    fraufaîae.    Sébastien      Zamet,     évêque-duc    de  W. 

Langres,  pair  de  France,  1588-1655.  Sa  Vie  et  ses  œuvres.  ?S| 

Les  Origines   du   jansénisme    ( Louis- N.    Prunel) . .  .  254 

La  Chalotais    éducateur    (Jules   Delvaille)    157 

Camille  Jordan  en  Alsace  et  à  Weimar,  d'après  des  documents 

inédits    ( Bohert  Bouhée)    257 

Delphine  de  Sabran,  maniuise  de  Custine  (Gaston  Maugras  et 

le    comte    P.    de    C roze- Lemercier )     446 

Expilly,  premier  évêque  du  Finistère  (1790-1794)  (J.-M.  Pilven)  368 
Un  Soldat  de  la  première  République.  L'Amiral  Bruevs  (Gas- 

ton-E.  Broche) ". 7S 

Madame  de  Genlis,    sa    vie  intime    et    politique    (1746-1830), 

d'après   des   documents   inédits    (Jean   Harmand)    151 

Madame  de  Génfis    et    la    grande- duchesse    Élisa    (1811-1813) 

(Pau  l  Marmottan) 152 


—  567  — 

Un  Ami  do  Fouché,  d'après  les  Mémoires  de  Gaillard,  ancien 
oratorien,    vice-président    du    Corps    législatif,  conseiller    en 

Cassation    (le   baron    Despatys)     60 

Chateaubriand    (Jules   Lemaître)    44g 

L'Expérience   religieuse    de    Chateaubriand    (Alexandre   Pons).     448 
Chateaubriand  ambassadeur  à  Londres  (1822).   d'après  ses  dé- 
pêches inédites    (le  comte  (V Antioche) 448 

Lamartine  et  la  Flandre   (Henry  Cochin) 239 

Lamennais  et  ses  correspondants  inconnus   (Ad.   Roussd) ....     263 
Les  Grands    Catholiques    par    l'anecdote,  le  détail  *et    l'image 

(Antoine  Albalat) 63 

Lacordaire   (P.  Fr.  E.-J.-B.   Jansen) .  ! 64 

Études  religieuses,  historiques  et  littéraires.  Lacordaire  d'après 
des  documents  nouveaux,  son  œuvre,  sa  survie  et  son  actualité 

(Vahbé    L.    Pauthe)     64 

Lacordaire  à  Metz,  textes  nouveaux  avec  commentaires  publiés 

par   Julien   Favre 65 

La  Jeunesse  de  Paul- Louis  Courier.  Étude  anecdotique  et  cri- 
tique sur  sa  vie  et  ses  œuvres,  de  1772  à   1812,   d  après   des 

documents   inédits    (Rob(H    Gaschet)      59 

Alfred  de  Vigny.    Contribution    à    sa   biographie    intellectuelle 

(F.Baldensperger) .      163 

Frédéric  Ozanam   (Mgr  Al'red  Baudrillart)      449 

Frédéric    Ozanam,    d'après    sa    correspondance  (Mgr  Baunard).     449 

Trois    Éducateurs    alsaciens    (Maurice    Bloch)     .264 

Vie  de    Mgr    d'Hulst    (Mgr    Aljred    Baudrillart)     T.    I     69 

Lin  Prince    contemporain.    Ferdinand- Philippe    d'Orléans,    duc 

d'Alençon    (  Y.   d'isné  > 167 

Figures  de  femmes.    Madame    la    duchesse    d'Alençon    intime 

(Marie    Gouraud   d'Ablancourt)    167 

La  Détresse   dans    la    tourmente.     Tribulations    d'un    lutteur 
(J.  Santo)    77 

Biographie  étrangère    Le  Général  de    Clausewitz,  sa     vie, 

sa   meorie  de  la  guerre  d'après  des  documents  inédits  (P. 

Roaues) 138 

Ma  Vie  (LS13-1850)    (Richard   Wagner);    trad.   de  N.    V.dentin 

et  A .  Schenk 66 

La  Jeunesse  de  Shelley   (A.   K  szul)    61 

«  Praeterita  ».  Souvenirs  de  jeunesse   (John  Ruskin);  trad.  de 

Mme  Caston  Paris    , 67 

Newman  catholique,   d'après  des  documents  nouveaux   (Paul 

Thursau-Dangin) 361 

Vers  la  Maison  de  lumière,  histoire  d'une  conversion  (B.  Ans- 

tice  Baker)  ;  trad.  de  l'anglais  par  un  Père  bénédictin  de  So- 

lesmes 362 

Balmes   politico    (M.    Arholeya    MarVnez)    ......'. 74 

Pétri  cardinali.?   Pàzmàny    ecclesiae   Strigoniensis   archiepiscopi 

et  regiii  Hungariae  primatis  Eoistolae  collectae  recensionem 

Francisco    Hanuy.    T.    II    (  1629-1637)    441 

Vie   de   Tolstoï   (Romain    Rolland)     363 

Areliéologie  .  Paléographie    The       Celtic     Inscriptions      o£ 

Gaul.  Additions  and  corrections   (John  Rhys)    169 

Paleografia  greca  e  latina  (E.  M.   Thompson).  Trad-  dall'in- 

glese  con  aggiunte  e  note  di    Giuseppe  Fumagalli    171 

Le    Note    tironaine    (Giuseppe   Perugi)    17 

Unsere     Schrift,  drei  Abhandlungen     zur    Einfuhrung    in  die 

Geschichte  der  Schriftund  des    B-'achàxMO.^s  (Dr. K irl  Brandi)     172 
Die  deutsches  .Schrift  und  das  Ausland,  Augenârzte  und  Schrift- , 

frage  (  Gustav    Ruprecht)    173 


—  568  — • 


Doulsohe  Sohriîttafeln  des  IX.  Ms  XVI,  Jahrhunderte,  aus 
Ilandschrifton  der  k.  Hof-  und  StaatsbibliotliPk  in  Mtinchen, 
heraiisgegeben  von  Erich  Fetzel  und  Otto  Glauning.  II.  Ab- 
teilung.  Mittelhocbdeutsçhe  Schrifldenkmal<?r  des  XI  bis  XIV. 
Jahrluinderts   , .^ d.'.-  ■ 


269 


.\Hnii6niati(|ue.  r.e  que  racontent 'ïnônTiaiQS- et  médailles  yî/eé/rt^ 

D.  Bcndcrly ............ ■ 367 

Bîbliogi'afiliie.    ("atalo^^ue    des    incunables"  :de   la'  bibliothèque 

publique  d'Autun    (Ch:.'  Boë'Vd   %i .   GiÏÏot) ....".,;....     ^55 

T;ibulae  fontium  traditioiiis  chrîstianae   (ad^'annum  1563)/quas 

in  usum  scholamm  collegit  D^  Ph!l.  J:  Creusen 5.^4 

Répertoire   bibliographique   pour   la   période  dite  «  réyolution- 
naire  »     1789-1891,  en 'Seine- Inférieure  '  ^/'aftié    Victor   San- 

son):  T.    II.   Rouen,   le   Havre,    t.   III,  les   Communes    364 

:    '•     Bibliographie  verlainienné,  contribution  critique  à  l'étude  des 
,  ■        littératures  étrangères  et  comparées,  ( Georges- A.   Toumoux).     456 
Guide  de  lecture,  répertoire  bio-bibliographique.   Catalogue  de 

i  la   Bibliothèque   choisie 533 

International  Catalogue  of  scientific  Literature.   ISinth  annua:! 

Issue,  J.  Geography 326 

<      Library  of  Con,gress.  Select  list  of  références  on  wool  with  spé- 
cial référence  to  the  tarifï  (Henfiann  Henry  Bernard  Meyer).       36 
^      Library  of  Congress.  Select  list  of  références  on  boycotts  and 

injunctions  in  labor  disputes  (Hermatm  Henry  Bernard  Mcyer       36 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 

DES    NOMS    D'AUTEURS 


Abbas  (Paul) 17 

Ablancourt  (]\IarieGouRAUD 

n') 167 

AcKER  (Paul) 8 

Acloque  (A.) 497 

Adler  (GuidoD^) 314,413 

Affre     (Marie) 420 

Ageorges  (.loseph;     168 

Agnius  (Paul) '65 

AiRAUDi  (abbé  Joseph) 393' 

Alamelle  [W]  534 

Alanic  (Mathilde) 24,  41ti 

Albalat  (Antoine) 63 

Albanès  (le chanoine  .I.-H.)..  249 

Albert-Petit  (A.) '.  .  155 

Albin  (Pierre)     262 

Alençon   (le   P.    Ubald  d')..  209 

ALEssANDRi(le  vicomtc  Pierre)  124 

Allemagne  (Henry-René  d').  437 

Alméras  (Henri  d') 62 

Alveydre  (Saint-Yves  d')..  335 

Ambrosio  (Manlio  Andréa  d').  36 

Amicus     ' 459 

ANDRiEux(Louis) 327 


Anizan  (Félix) , . .    ,108 

Antioche  (le  comte  d')   ...  !      448 
Arbaumont  (M.-C.  Belgrand  . 

d')  |..  .r. :   '296 

Ardoùin-Dumazet    31 

ARRHiÉNiusISvante) 403 

Al  s( Jacques  d') 422. 

Art  (Georges) ill 

Arvers  (Louis  d')  ..'......'. .        25 

Aubert  (Marcel)    .'/.     515 

Augustin-Thierry   (Gilbert)     291 

AuLARD  (F.-A.^ 160.347 

AvANcouRT  (la  comtesse  Jean 

D'i 132 

Avelot  (H.) 507';  508  • 

Aynard  (Joseph)  516 

Babin  (Gustave) 319 

Bacot  (Jacques) ".  .  .  32$, 

Bade   (le  margrave  de'i    ....  136 

Badet  (le  p.): 21b 

BAINVELfJ.-V.) 227: 

Baker  (B.  Anstice)   362 

Baldensperger  (F.) 163 


—  569  — 


Baratier  (le  lieutt-col*i) ....  321 
Baraude  'Henri)  .....!.  J/:  18 
Barguno  (el  R.  M£^nuei)v. •.".'■.  215 
Barracand  (Léon)  ...'....  419 
Barthélémy  (Edmond)  ....  344 
Barton  (Francis  3ro\vin). ....'    432 

Basch(V.)   356 

Batiffoi/  (P.) ,  20.5,   328 

Baudrillart  (Mer  Alfred)    ■69,449 

Baudrillart  (André). '  ^M 

Bauer  (Arthur)  .  .' .  .  ':'!'. .  .'.'VV  3,92\ 

Bauer  (Wilhelm)   '.'Tî  ■  '  :26 

BiuMKER  mr.  Wilhelm).^.  .:'.^  304    ' 

Bauaerd  (Mgr) .'. . .  ;  "  449  , 

Baye    (le   baron    de)    .;''. .'."';     13'6,' 
Baye    (la   baronne   de)'  .  .  .'.  .'1^2 
Beauchamp  (Maurice)   ......     536 

BÉLET  (Mgr)    104 

Belgrand  d'Arbaumont  (M.- 

C.) 296 

Bellaiguf  (Camille)....     307,  406 

Bellet  (Daniel) 32,  496 

Beleot  (Etienne)   228 

Benderly  (Jean-D.l 367 

Bénédite  (Léonce)  ....  519,  523 
Benoist-Hanappier  (L.)  .  .  .  .      393 

Benson   (Robert  Hugh)    299 

Bernard    (l'abbé  G.)    117 

Bernardin  de  Saint^Pierre.     494 

Bernet  (Edmond) 317 

Bérot-Berger  (Mi"e)    427 

Bersaucourt    (A.    de)     .  .      50,   51 

Berteval  (W.)   225 

Bertha  (Madeleine)   107 

Berthé   (L.)    43 

Besançon  (Georges) 338 

Besse  (Dom^ 267,  268 

BlENSTOCK  (J.-W.). 28 

BiLLAUD   (pierre)    416 

Blanc  (Yves) 20 

Blech  (Aimée)   24 

Bloc  H  (Maurice) 264 

Blondel(A.)- 399 

Bliim  (E.) 356 

BoBLL  (Ch.) 455 

Bois(D.) 4B 

BoLL  (Marcel) 400 

BoLo  (Mgr  Henry) 459 

BoNiLLA  (le  P.  Jean  de) 209 

Bonnet  (P.)    56 

BoNZON  (Jacques) 424 

Bordeaux  (Henry)    290 

BoRDiER  (Henry)."^. 293 

Bory  de  Saint- Vincent.  ..  .  352 

BoscHOT  (Adolphe) 49 

BossuET   ... 219 

BoTREL  (Théodore)    124 

BouBÉE  (Robert)    257 

BoucARD   (Louis)    101 

Bouchendhomme(E.) 217 


Bouclé  (C.) 4  2 

BoiJGLON  (baron  R.  de)   ....      162 

Boulay  (le  P.  y- .'. .     111 

Bourbon  (le  D'' Henri)   ..'..^389 

BOURDALOUE     ..'.'9^'     Û20 

BOURÛEAU.  (J.)    ui,-. .-.  l  .';4?îl.•ÏN^««'■• 
B0URGET(PauI)  220,  289  V 

Bourgin  (Georges},.  <...,.  ..,,^.«..^  ^\«x' 
BbuRGiN  (Huber()  ./r  v^^^i  ■12ÔvH7.<, 

BOURRILLY    (.V.-L;^.'.l*  !.,,vf^,f,,,j   ;52|à.i 

Bousquet  ^.u.  .',V.j^,,.j,,.'.".,'f.V-  ;.^;:'V-8 

B'OUTARIC  (As)..  .  :\'.".".',  .  .'.  ,'  .'.'-'.401 

Bqutaui.t  (A.)    . 336 

/Bouvier  (Pierre)    ,,.,.. 270 

BotjYSSY  (Sayinieny  . ,,,,, ....  -30   ; 

BpvET  (Ernest)   .  ....^,.1 ... .  114 

Boy  AVAL  (Paul) 33 

BoYSsoN  (A.  de)    205 

Bradi  (Lorenzi  de)   518 

Bramberger    (Johann   Dr)..  413 

Brandi   (Dr.    Karl)    172 

Bréhier  (Emile)    395 

Bréhier  (Louis) 515 

Brem  (Adolphe  de)   415 

Bremond  (Henri)   220 

Brenet  (Michel)    311.  411 

Bricout  (J.) 147,  328 

Brillant  (Maurice) 246,  518 

Brissot  (J!-P.)    258 

Brizeux   (Auguste)    131 

Broche  (Gaston-E.) 273 

Brome wsKi  t 402 

Broquelet  (A.) 176 

Bros 328 

BrOUSSOLLe  (J.-C.) 110 

Brouwet  (Em.) 137 

Brucker  (E.^ 233 

Bruneau  (le  général)    450 

Brunot  (Ferdinand) 118 

Brunschv^^icg   (Léon) 386 

Bruyère  (André)  417 

Bryce  'James)   360 

BuREL  (Joseph) 76 

Buisson  (F.)    358 

BuxY    (B.    de)    417 

BuzY  {le   P.   D.)    201 

Cabanach  (José) 74 

Cagnac  (Moïse)  219 

Cahen  (L.) 358 

Cahen  (Gaston) 529 

Calippe  (l'abbé  Charles)   45 

Calmette   (J'oseph)    515 

Calvet  (J.)   299 

Calvocoressi  (M.-D.) :  *308 

Camman  (P.) 404 

Camus  (Théodore) 245 

Capart  328 

Capus  (G.)  46 

Carlyle  (Thomas)  344 


—  570  — 


Caronnet  (Th.) 404 

Carra  de   Vaux    328 

Carwald  (Jean) 421 

Casali  /le  comte  J.)    369 

Cassot  (Cécile) 224 

Casteras  (P.  de)  57 

Castex  (le  lieutenant  de  vais- 
seau)       337 

Cathlin  (Léon^ 14 

Caudel  (Maurice^  . 231 

CAZI^'  (Paul)   300 

Chabot  (l'abbé) 107 

Chantal    (Marc    José   de)..  124 
Chantavoine  (Jean*.     310,  312,411 

Ch  A  RB  IN  (Alexandre] 33 

Chardon   (l'abbé  G.)    215 

Charruau  (Jean) 415 

Chateaubriand     220 

Chateaubriant  (Alphonse  de)  290 

Châtelain  (U.-V.) 223 

Chénin  (Emile) 218 

Chéradame  (André) 453 

Cherfils  (Cliristian) 38 

Chéron    de    la    Bruyère 

'M-ne) 510 

Chevalier  (le chanoine Uhsse) 

'  249,  250 

Chollet  (Louis) 507 

Choupin  (Frédéric)    19 

Chuquet  (Arthur) 136 

CivRiEux  (Larreguy  de)    ..  136 

Clément(A.-L.) 366 

Clément  (Marguerite) 494 

Clergeac  (l'abbé  A.)   342 

Clérice 508 

Cochin  (Henry) 239 

Colomb  (Félix) 125 

CoMBARiEu  (Jules) 412 

Condamin  (J.)    56 

CoNVERT   (l'abbé   H.)    215 

CoppiN  (le  P.  J.)    211 

CORDIER 328 

Cossé-Brissac  (Pierre    de)..  121 

CossERET  (Paul)  ; 222 

Costel  (Paul) 122 

CouPiN  ' Henri) 336 

Courier  (P.-L.) 461 

Cournot  (A.) 149 

CouRONNEAu  (Pierrei    508 

CoussANGE (Jacques deI  ....  395 

Crémieux   (Albert»    353 

Creusen   (D''   Phil.    J.)    534 

Croiset  (Alfred)   ...120,  356 

Crouzet  (Paul) 120 

Croze-Lemercier    (le   comte 

P-  de)   446 

CuNY  (général)    140 

CuRwooD  (James  Olivier)    . .  300 

Dacre  (Fernand)   18 


Dadolle  (Mgr)  214 

Dandelot  (A.)    312 

Dante 496 

Darboux  (Gaston) 405 

Dard  (l'abbé  A.)    213 

Daudet  (Ernest). .  .     352,  353,  492 

Dauzat  (Albert) 113 

David  (L.) 368 

Davot  (l'abbé) 102 

Davray  (Henry-D.) 243 

Debuchy    (le   P.    Paul)    208 

Deherme    (Georges)    37 


Delacroix  (l'abbé  Jean) 
Deledda  (Grazial  . . 


458 
26 

Delly  (M.] 420 

Delmont  (F.) 418 

Delvaille  (Jules) 157 

Demore  (l'abbé  François)   ..  105 

Dknis  (abbé  J.-L.)    .'.■ 440 

Dequin  (l'abbé  Th.) 102,105 

Deroxe  (Myriam) 298 

Deroyre  (Paul) 422 

Desbruyères  (Marie)   133 

Descombes  (Louis)    421 

Despatys   (le  baron)    60 

Desroches  (M.) 417 

Dessoye  (A.) 358 

Devine  'le  R.  P.  Arthur)    ..  227 

Dhorme 328 

Dickens  (Charles) 487 

Dietrich  (Auguste)   395 

DiRicQ  (Edouard)  254 

DissARD  (Paul)   519 

Dmitriev  (Mïne  V.)    28 

Dodeman  (Ch.)  489 

Dorchain  (Auguste) 131 

Doyle  (Arthur  Conan)    ....  26 

Drews  (Arthur) 198 

Drexelius  (le  R.  P.)    104 

Dromart  (Marie-Louise)  ....  133 

Drouilly  (M.) 42 

Drouot  (  Henri) 515 

Drude  (Paul) 400 

DuBRocA  (Maxime) ..  296 

Duc  (Lucien) 122 

DuCROCQ  (Georges)    166 

OUGARD  (M.) 229 

Dumont  (F.)   295 

DuMONT  (R.) 175,  271 

DuPLESSY  jl'abbé  E.)    100 

Dupont  (Etienne)   72,  175 

Dupont  (Paul)    421 

DuPouY  (Auguste) 494 

DupRÉ  (D'^  Ernest)    409 

Dupuis   (le  com*  V.)    144 

DuPUY  (Ernest) 338 

Durand(  Clément) 250 

Durand   (Yvonne) 25,  297 

Durkhein  (Emile) 393 

Dussauze  (Henri) 394 


—  571  — 


Dybowski  (Jean)   ...........  322 

Edhor  'J.)  , 509 

Edwards  (Émilel 19 

Emerson  (R.  W.) 229 

Emmanuel   (Maurice)    ; 407 

Encausse  (D''  g.) :. 390 

Ernouf-Bignon ... .  32 

Esquer  (Gabriel)   444 

Eudes  (le  B.  Jean)   :  .  .  111 

EUSÈBE      341 

Exupère   (le  p.)     209 

ElJKMAN  (P.-H.) 271 

Fabulet  (Louis) 25 

Faix  (E.-J.) , 493 

Faure  (A.) 400 

Faure.  (Abel)    •   218,  460 

Favre  (Julien)    65 

Febvay  f  Isabelle) 450 

Febvre  (l'abbé  S.) 112 

Félix  (Pierre) 143,  452 

FÉNELON 219 

Ferarès  (S.) 196,  197 

Ferchat  (Joseph^ 433 

Fiedler  (H.   g.)    527 

FiNZi   (G.)    243 

Fischer  (Max)    198 

FisHER  (Irwinî?) 30 

FisQUET  (Louise)    298 

Fléchier   220 

Flocon  (le  comM    135 

FoNs  (Pierre) 294 

Forbin(V.) ' 300 

FossEYEux  (Marcel) 345 

Fougères  (Gustave) 517 

FouQuiÈREs   (André   de)....  323 

FOURNIÈRE   (E.) 358 

Fourreau  (Armand) 513 

Francke  (H.) 198 

Fresnois  (André  du)    220 

Fric  (R.) 400 

Frœlich   (Lorentz)    507 

Froissart 219 

FucHS  (Max) 119,  240 

FuLLERTON   ( Ladv  G.) 416 

Fumagalli  (Giuseppe) 171 

Funck-Brentano  (Frantz)  248,  502 

Gabert  (Abel-L.)  304 

Gaffre  (L.-A.)   103 

Gallavresi 'Giuseppe) 340 

Galli  (Henri) 164 

Gamber  (l'abbé  Stanislas)   . .  200 

Gandilhon  (Alfred) 516 

Gaschet   (Robert) 59,  461 

Gasté   (Camille)    507,  508 

Gastine  (Louis) 19 

Gatterer  (Michel) 105 

Gaudé  (le  P.  Leonardi)   ....  43 

Gaudefroy-Demonbynes 236 

GAUTHIER-VlLLARS(Henr}')....  309 


Gauthiez  (Pierre) 11 

Gautier  (Judith)   490 

Gay  (Jules) 74 

Gay(M.) 491 

Gazagnol  (G.)    .  . 390 

Geikie  (James) 48 

Gellé   (l'abbé)    112 

Gentil  (Louis)    320 

Geoffroy   (J.)    . .  ., 506 

Gerfeuil   (Jules  de)    420 

Germain    (José)    421,  422 

Gibergues   (Mgr  de)    110 

GiLLOT  (A.) ... 455 

GiNisTY  (Paul) 18 

GiRALDON   (Hortense)    510 

Girard  (Pierre) 402 

GiRAUD  (Victor) 220 

Glauning   (Otto)    269 

Gœtz-Bernstein    (H.-A.)     ..  258 

GOINDAL  (J.-L.)    220 

GoTZEN  (Joseph) 304 

GouRAUD  d'Ablancourt 

(Marie) 167 

GouRDON  (pierre) 23 

Granotier  (Paul) 125 

Grapin  (Emile) 341 

Grignion    de    Montfort    (le 

bienheureux  Louis-Marie) . .  214 

Grignon  (A.) 404 

Griselle  (Eugène).  .    118,  220,  343 

Gros  (Léopold)  296 

Guéguen  (Fernand) 76 

GuERLiN  (Henri).  317,  419,  514,  515 

GUIBAUD  (O.) 16 

Guillonnet(0.-D.-V.) 502 

GuiLLoux  (Eugène)   125 

GuiRAUD  (le  chanoine  J.)    ..  99 

Gury-Ferreres    (le    P.) 173 

GuYDO 507 

Habert 328 

Halflants    (l'abbé   Paul).  98,  219 

Hallays  (André)   516 

Hameau  (L.)   422 

Hammar  (T.)  26 

Hanuy  (Francisco)   ....     4'il,  525 

Hardy  (Georges)    516 

Harmand  (Jean)    151 

Harmel  (Françoise)' 426 

Hauvette    (Henri) 242,  521 

Heer  ( Joseph-Michael) 197 

Heiberg  ^(J.l..)    404 

Heintz  (Emile)  410 

Hekler  (Antoine).. 484 

HÉLYs  (Marc) 26 

HÉMON   (Martial)    13 

Hénault  (le  président)    ....  442 

Henneguy  (Félix) 462 

Héritte  (L.) 346 

Hebmite  (Charles) 403 


—  572  — 


HiLGERS  (Joseph) 109 

HiRST  (Francis  W.)   331 

HôFFDiNG  (Harald.)   ........  395 

HoLLMA^^'  (G.) ■; .  .  .V. . . .  198 

HooG  (Georges)  ......" . .'. . . .  7S 

Hqussaye  (Fr*édéric) .  .  /. 33^ 

HoussAYE   (Henry)    .'  136 

Hubert  (Lucien)    .........".'  355 

Hlgon   Ile   R. -^P:  -Edouard) .  173 

HuLOT  (capitaihe  G.)   ;...,.  137 

HuLST  (M.   d')    ......'.■.....  44 

Hume  (Martin)   . . . .-. .'..'. . . .  56 

Hurter  (H.1 .'.!..  422 

Imbbrt  (Jules)    223 

Indy  (Vincent  d') 306 

IsNÉ  (Y.   d') 167 

Jablonski  (Pierre-Charles)  . .  125 
Jackson  (le  lieutenant-colonel 

Basil) 137 

Jacquet  (René) 125 

Jacquin   (J.) 489;  504 

JaEll  (Marie) 409 

Jansen  (P.  Fr.  E.-J.-B.)....  64 

Janvier  (le  R.   P.)    101 

Jary  (M.) 109 

Jaubert  (ë.) 28 

Jean  (Albert) 126 

Jeanbet  (Charles) 296 

Jeannin   (Dom   J.)    222 

JOLIBOIS ;  .  402 

Joran  (Théodore) 119 

JoRDic     505,  506 

JoussAiN  (André)  385 

Jousset  (P.) 486 

Jouve  (Pierre-Jean) 123 

JouviN  (B.) 426 

Julien  (E.) 74 

Kann  (Réginald)    142 

Kappstein  (Tb.) 198 

Kautskt  ( Karl) 41 

Keckler  (Antoine)    484 

Kempis  (V.   Thomas  de)....  213 

Kipling  (Rudyard) 26 

KoszuL  (A.)  .  ! 61 

Krus  (Franz) 105 

Labauche  (L.)    423 

Labourt  (J.)   205,  328 

La  Brète   (Jean   de)    22 

Labruande  (Victor) 497 

La  Bruyère   ,. 494 

La   Bruyère    ['M.^^    Chéron 

de    510 

Lacabe-Plasteig  (M.) '  120 

Lacaze-Duthiers  (Gérard  de).  526 

Lacome    (P) 315 

Lacordaire 65 

Lacour  (Paul)    297 

Ladurelle  (Paul) 126 

La   Fuye   (Maurice   de)   ....  297 


Lagerlôf  iSelma) 26 

La.Gobardière  <  Jean  de).  507,  508 

La   Gorce    (Pierre   de)    ....  348 

La  Guichardière  (Henri  de)  123 

La   Laurencie   (L.    de)    ....  411 

Lallemand   (Léon) 442 

Laloy  (L.) •:■ 411 

La  Motte-Fouqué  (de)   ....  488 

Lamouliatte  'abbé  Sauveur).  460 

Landemont   (le  comte   de)..  273 

Landormy  (Paul) 303 

La  Nézière   (R.   de)    508 

Langlois  (Ch.-V.) 116 

Langlois  (Ludovic)   ........  252 

Lanoé  (Georges) 174 

Lanson    (.Gustave)     120,356 

Lantivy-Trédion    (le   comte 

de) 462 

La    Paquerie    (J.-L.    de)    .".  328 

Lapparent  (A.  de)   429 

Lardeur  (F.-J.^  . 535 

J^arreguy   de    Civrieux....  136 
La    Salle    de    Rochemaure 

(le  duc  de) 115 

La   Servière    (Jean   de)....  324 

Lasteyrie  (R.   de)    512 

Latour  (François) 34 

Latour  (Marius) 388 

La  Tour   (com*  J.   de)    ....  140 
La  Tour  du  Pin  la  Charge 

(le  lieut.-colei  marquis  de).  140 

Latreille  (le  ca|.n8  Albert)...  139 

Latreille  (C.) ..  358 

Lauer  fPh.)    ■. ..  .  55 

Launay  (J.  de) 509 

Laurie  (André) 488 

Lauvrière  (Emile) 340 

Lauzun  (Philippe^ 352 

La  Vallée  Poussin  (de)....  328 

Lebey  (André) 264' 

Lebey  (R  ) 358 

Le  Bras  '.Auguste!    . .  .  .  .\ /. .  492 
Le  Camus  (l'abbé  Henri)  ..'..'  103 

1;E   Cardonnel   (L'tuis)    ....  127 

Lecigne  [V..)   02 

Leclerc  I  Eugène) 422 

Lecornu  lie  r.  p.)   111 

Le   Dantec  (Félix)    387 

Leday    (J.) 75,  366 

Ledieu  (l'abbé  A.)    102 

Legay  (Marcel) 509 

Lehautcourt  (Pierre)  [géné- 
ral Palat]   354 

Lejeune  (le  P.) 209 

Lelièvre  (l'abbé  Pierre)  ....  106 

Lemaitre   (Jules)    220,448 

Lemoine  (Paul) 48 

Lenéru  (Marie) 224 

Lenfant  (l'abbé  L.)...     210,  211 

Lenotre(G)    259 


~  573  — 


Lentillon  (J.-M.) 118 

LÉON-RlMBAULT 107 

Lk  Pointe  (Henri)    169 

Lerouard    507 

Le   Roy  (Edouard)    397 

Le  Roy  (Georges). .  .  .  • 221 

Leroy  (le  P.   Hippolyte) 200 

Lestrade  (l'abbé  Jean)  ...'.  157 

Lesueur  (Daniel]  .  j ..';...  ..'  20' 

Lesueur  (D"^  .frédério),'.'. ...  517 

LÉVY   (Roger)................  358 

Lévy-Wogue   (F.) 356  ' 

LïNTELO    (le    P.,  J.)   '.  .  ,.'.v.-j-  '216' 

LiPMAN  (Armand) i.;.-. .!  198  ' 

Lipsius  (Fr.) .:  A'  198  ' 

Lisle  (Henri  de)    i.  .'...'•  '126  ■ 

Liszt  (Fr.) ,.'.  . .  ^412  i 

Lizerand  (Georges  '...j. . . .  528 

LoDGE  (Olivier)  . .  .  .vt.îi.i .-, .  389 

LoisEAu  (H.) 52 

LONGUS    461 

Lorette  (P.) 368 

LoRiA  (Achille)  31 

Loyola   (saint    Ignace   de)..  208 
Loyola  (la  Vénérée  Mère  Ma- 
rie)      107 

Luchaire    (Achille)    ....     56,  156 

Madelin   (Louis)    136 

Madsen   (J.)    491 

Maêl   (Pierre)    419,  493 

Magne  (Emile)  237 

Maillet    (l'abbé    C) 227 

Maindron   (Maurice)   487 

Malherbe  (Charles) 308 

Mallevoue   (M. -F.    de)    ....  256 

Mal o  (Charles)    147 

Mamet  (Emile)   128 

Mandin  (Louis) ;■-  128 

Maquet  (Charles) ; .  120 

Margueritte  (Victor) 148 

Maricourt   (André   de)    ....  415 

Marie  (  Charles) . .  129 

Marignan  (Albert) 513 

Marmottan    (Paul) '152 

Marshall   (Emma^    .,  -420 

Martin  (Félix)   ...... .>.  '392 

Martinez  (M.  Arboleva)  . . .  .■  74 

Maryllis   (Paul)    ...\...  ...  366 

Mascaron    220 

Massacré  (comtesse  de)....  25 

Maugras  'Gaston) 446 

Mauran    'le    D')    320 

Maurel  (André) 518 

Maurelly  (Paul  de)    ..     421,  422 

Mauîienbrecher  (Max)    ....  198 

Maxe  (Jean)   '. 266 

Maxwell   (W.    D.)    25 

May  (Karl) 420 

Mercier  (Gaston)l 297 


Méric  (Mgr  Elle)   104 

Merrick  (Léonard)    418 

Mestral  Combremont(J.  de)       49 

Meyer  (Arthur) .'       68 

Meyer  (Hermann-Henrv-Ber- 

îiard) ;. ..  .  .       36 

Michel  (André)..,..,].,....,  519 
Migeon  ( Gaston)  ...  i: .  /.>i.ij.- .  519 
Mljjucius  Félix  ....  t'y'iUj::;.  r-i-S? 
MqcQuiLLON  (l'abbé  H.);  ;..) ,  .-..^-425 

MpLLAT    (G.  ) i  .  ......:26Ï  • 

Montarlot  (P.  ) .  .  .,..j_,  .„,,[. .  •. ,  -SQDw 
MoIntenach  (Georges  dIe).  ;.  (14601; 
Montesquioi'  (Robert,  de). i.  '  o  ll'6•- 
MpNNET  (Camille) ,.  '.  i . .  ;  ■  81' 

Montfort   (le   bienheureux! 

Louis-Marie   Grignion  iDe)     214 
Montier  (Edward)   ..,,.., ...^ ...  ;..,?26 

Morael  (Georges) V'.'.';-./  "337 

MoRDACQ  (le  com*)  ....■.,,.  .v',, 144 
More  AU  (  Hégésippe) ...:....  ;'  508 
MoREiRA   de   Sa  (B.   V.)...'.'     410 

Morel  (Jacques)    416 

MoRiN  (Marguerite)    496 

Mornet   (Daniel) 232,   430 

MoRo  (  Henri) 292 

MoRRisoN     (Arthur) 25,     300 

Muller  (E.)    ■ 506 

Muret  (Maurice)    '.     435 

Murger   (Henry)    18 

Napoléon  I^r 138 

Natali  (J.-B.) 12 

Nathan  (D''  Marcel) 409 

Nau  (F.) 206 

Nesmy  (Jean) 18 

NicATi  (Mine  -^i    527 

Nieremberg  (le  P.  Juan  Eu- 

sebio) 213 

NiN  (Joachim) 407 

Noël  (G.) 135 

NoRTAL  (Albert) 316 

NoTHOMB  (Pierre) 129 

NouET  (Noël) 122 

;NuNEZ  MiLLÔN  (F.) 505 

.Nyland  (Theodoric  Pétri  of)  305 

Olivier  (Maryo) 17 

O'NoLL  (Florence) 420 

Oppé  (A.-P.) 486 

Orano  (Domenico) 454 

Orléans-Bragance  (le  prince 

Louis  d') 325 

Ors ATTi  (Charles)   129 

Ossip-LouRRiÉ 388 

OUALID  (W.)    331 

OUTCAULT  (R.-F.) .^.04 

Palat   (général)    [Pierre   Le- 

hautcourt] 354 

Papu^ 390 


—  574  — 


Paris  (M"'^  Gaston) 67 

Parisot  (F.)    175 

Parmentier  (A.)    366 

PAnoDl(D) 356 

PAUTHElPabbé  L.) 64 

Pavie   (Victor)    9 

Paysant  (Achille) 130 

PizMiNY  (cardinal  Pierre)   ..  441 

PÉLADAN 459 

Pellisson  (Maurice) 431 

PEiA    (le  P..  Francisco)    173 

PÉROT  (Francis) 234 

Perrault  (P.)    498 

Perroud(C1J 258 

Perugi  (Giuseppe) 172 

Pervinquière  (Léon)    318 

Petzet  (Erich)    •  •  269 

Philipon  (Edouard)  244 

Picard  (Emile) 403 

PicARD(lieut.-col.Ernost)     138,   139 

PICHO^(A.) 356 

PiCHON  (Alfred) 521 

PiCHON  (René)    ■ 494 

Pie   (le  cardinal)    98 

PiÉRARD  (l'abbé  J.-A.) 302 

Pierling   (le   R.    P.) 159 

PiGOT  (Charles)   312 

PiLLioN  (Louise)    521 

Pillon(M.) 398 

PiLVEN  (J.-M.)    368 

PlNCHON 508 

PiNGAUD  (L.) 5?0 

Piquet  (capitaine  Victor)    ..  139 

Planté  (Louis)    297 

Poirier  (Jules)  142 

Poiteau  (Emile) 297 

PoMAiROLS  (Charles  de)    ....  6 

PoMEYS   (René   des) 19 

PoN's  (Alexandre)   448 

PoNsoN  (M""^  M.)  230 

Portugal    José  de   Jésus)..  108 

Potier  (A.) 399 

•Poujoulat  (Jean) 492 

PouLPiQUET    (E.-A.    de)     365,  524 

Prat    (F.)    203 

Prax   (Mario)    224 

Prettre  (J.)   .- 120 

Prod'homme   (J.-G.)    312 

Prunel   (Louis-N.)    254 

PuLLY  (Henri  de) 73 

QuÉVASTRE  (E.-M.)    423 

Rabier  (Benjamin)    504 

Rainaldy  (Henri)    18 

Rameau  (Jean)  295 

Ramette  (Alcide) 123 

Rathelot    272 

Ravasi   fSofia) 461 

Raynaud    (Ernest)    225 

Record   (Fr.)    457 


Reggio  (Albert) ,.  3.32 

Regn'aud  (Marguerite)  ......  299 

Reinach   (Th.) 356 

■Reinach  (SalomonI   518 

Rémon    (Maurice)    26 

Renard    (le    p.    Charles) 216 

Rengade    402 

Repington    (le   colonel) 142 

Reymond  (Marcel)  .....     521,  522 

Reymont  (L.adislas-Stanislas)  300 

Rhys  (John)    169 

RiCKABY  (le  R.  p.)    109 

RiDEO  (C.) 369 

Ridgway    (Robert) 334 

RiGNY   (Berthem  de) 298 

RiPERT  (Emile) 130 

RiTTER  (Eugène) 268 

Rivet   (  Fernand)    19 

Robert-Dumas    (Charles)     ..  489 

RoBiDA   (A.)    496 

RoBiQUET  (Jacques)    522 

RocHAY  ( J.  de) 420 

ROCHEMAURE    (le    duC     DE    LA 

Salle  de)    115 

RocHETTE    (Auguste)    153 

RoD  (Edouard)   49 

RODOCANACHI    (E.)     485 

RoDRiGUEZ  (P.   Teodoro)    ...  38 

RoGNiAT   (Marcel)    225 

Rolland  (Romain)    363 

Rondet-Saint  (Maurice)  ....  322 

Roques    (P.) 138,  396 

Rosal-Berry 421 

RouDiÉ  (Emile) 223 

Roumanille  (Joseph)   19 

RouPAiN  'E.) 228 

RoussEAu(François) 442 

Roussel  (Ad.)    263 

Roussel-Despierres  (Fr.)  .  .  42 

RoussELET   (Louis)    495 

Roux   (le  marquis   de)    ....  261 

Roz    (Firmin)     434,''435 

RuDLER  (Gustave) 120 

Ruffin(  Alfred) 131 

RuPRECHT  (Gustav)   173 

RusKiN  (John)    67 

Sagredo  (M.  de)   215 

Saint-Cyr  (Charles  de)    ....  122 

Saint-Germain  (Addy  de)  .  .  25 

Saint-Jean  (l'abbé  de)    102 

Saint-Pierre  (Bernardinde)J^  494 

Saint-Quay  (Pierre) 211 

Saint- Vincent   (Bory   de)..  352 

Saint-Yves   d'Alveydre   ...  335 

Sainte-Foix   (G.   de)    313 

Salles  (Robert) 505 

Sanson  (l'abbé  Victor) 364 

Santo  (J.)  77,  270 

Santos  Gonzalez  (C.)  504 


—  575 


Saulze  (J.-B.) 397 

Saunier  (Charles! 523 

Sauvé  (Charles) 106 

Sauvebois  (Gaston)    212 

Savine  (Albert)  .  .      25,  26.  300,  429 

Savitch  (G.) .  28 

SoHEiL   (le   P.)    193 

SCHENK    (A.) .  66 

ScHMiD   (le  chanoine)    490 

SCHM!DT(Ch.) 358 

Schneider  (Wilhelm)    390 

ScHNiTZLER  (Arthur) 26 

ScHOPENHAuER  (Arthur)    ....  35 

Seaton  (R.  C.) 19 

Segarra   (Estanislao  )....,. .  35 

Segré  (Adrien)  19 

SÉGUR  (le  marquis  de)    ....  526 

Seignobos  (Ch.) 358 

Seillière  (Ernest) 397 

Sélosse  (Louis) 54 

Servières  (Georges) 810 

Sevestue  (Em.) 161 

SÉviGNÉ   (Mme   de)    494 

Sforza  (Giovanni) 340 

Sicard   (l'abbé  Augustin)    . .  350 

Siguier  (J.) 44 

SïLVE  (Claude) 298 

Silver  (Marcel) 124 

Simon  (Dom  Jules)   315 

SoDEN  (H.  von)    198 

SoNNECK  (Oscar  George  Théo- 
dore)      413 

SoRB  (le  cap  «e) 145 

SouARN  (le  R.  P.  Romuald).  .  327 

Seul  ANGE-BoDiN(le  clianoinc)  507 

SouLiÉ  (Georges)   408 

Stahl(P.-J.) 506 

STEAG(Milka) 508 

Stein  (Henri) 514 

Stenger  (Gilbert) 15 

STEUDEL(Fr.) 198 

Stieglich  'Rudolf)    302 

Stockton  (Frank) 35 

Stourdza  (  Alexandre- A.-C).  .  535 

Stummer  (Friedrich) 194 

Sully 256 

Tannery   (Jules)    405 

Tannery  (Paul) 404 

Tanquerey  (A.) 423 

Tchernoff  (J.) 358 

Terraillon  (Eugène)  .  .     391,  395 

Terrasse  (l'abbé  E.i 458 

Testevuide   (Jean)    508 

Thédenat  (Henryl    124 

THIÉRARD-BAUDRILLART(M"*e)  243 

Thogorma  (Jean)    219 

Thompson  (E.-M.) 171 

Thompson  (G.-H.) 504 

Thomson  (J.  J.) 400 


Thureau-Dangin  (Paul)  . . . .  36 

Thurston  (le  p.)    10 

TiERSOT  (Julien) 309 

TissiER   (abbé  Joseph) 427 

Tolstoï  (le  comte  Léon)....  28 

ToucHET  (Mgr)   98 

Toulouse   (le  D") 333 

TolBiNAYRE  (Louis)   509 

TouRNOux  (Georges-A.)    ....  456 

Toutey  (E.) 358 

TouzARD 328 

Tranchant  (Louis)   367, 

Trent  (William  P.)  243 

Troufleau  (Ch.)   131 

Truc  (Gonzague)   18 

Tuetey  (L  )   138 

Tyrrell  (le  P.  G.) 226 

Ubald    d'Alençon   (le  P.)..  209 

Ulmès  iTony  d')    506 

Vacandard    (M.) 147,  328 

Valentin  (N.)    66 

Valliére  (capitaine  de)  ....  134 

Van  Aerde  (Raymond) 411 

Van  Bruyssel  (Ernest) 271 

Van  Deman  MAGOFFiN(Ralph).  272 

Van  den  Heede    (Ad.)    ....  428 

Vandepitte  (l'abbé  D.-H.)..  213 

Vanderpol  (A.) 39 

Vandeur    (D.    Eugène)    ....  457 

Vaudon    (l'abbé   Jean)    110 

Vaujany  (Joseph) 265 

Vaumouret  (Louis  de)   ....  509' 

Vaux  (Carra  de) 328 

VEBER(Jean)"' 504 

Vecchio  (Georgio  del) 40 

Venard 328 

Verd  (Marins)    421 

Verdun  (l'abbé  H.) 99 

Verdunoy  (l'abbé  J.) 212 

Vergne   (Marie)    507,  508 

Vermale  (François) 445 

Vibert  (Paul-Théodore) 176 

Vieille  (Victor)  .« 103 

ViLLARD  (Georges) 420 

Villemagne   (Alix   de) 25 

Vincent   (l'abbé   Cl.)    119 

VisMEs  (Henriette  de^ 23 

Vismes  (M.-A.-H.  de) 421 

Vitis  (Charles  de)   419,  509 

ViTRY  (Paul)  •  523 

Vivell  (P.  Coelestin)   303> 

Vogt  (Albert) 219 

Vogué   (V^e  E.-M.   de)    220 

Vuibert(H.) "^04 

Vuillermet(F.-A.) 29 

Wagner  (C) 230 

Wagner  (Richard! 66 

Walter  (D^  J.) 536 


^  576  — 


Weber(E.) 505 

Wehrlé  (J.)   270 

Weil   (Armand)    120,  218 

WEiLt.( Georges)  .  . ._ 532 

Weingartner  (Félix)   410 

Weinmann    (Karl)     303 

Wentz  (V.  Y.   Evans)   235 

Wharton  (Edith) -26 

WiLBois  (Joseph) 390 

Wilde  (Oscar)    429 

WiLLIAMSON 25 


WiRZKA-TiGY  (E.) 421 

WooDWARD  (Rev.  G.    R.)   ..  305 

Wyzewa  (t.   de) 299,  313 

Xénopol  (A.-D.) 169 

Yette  (Dame)   504 

YvoNNEAu  (Donatien) 131 

Zamet  (Sébastien) 254 

Zeuthen  (H.-G.)    404 

Zidler  (Gustave)- 217 


TABLE  DE  LA  CHRONIQUE 


Nécrologie:  André  (Charles)  —  79. 
• —  Berton  (Pierre),  536.  ^— 
Chatin  (Jaohannès^,  177.  — 
CouLLiÉ  (Son  Ém.  Pierre-Hec- 
tor-Loiiis),  370.  —  Dunand  (abbé 
Philippe-Hector),  275.  • —  Fouil- 
lée (Alfred- Jules- Emile),  177.  — 
Frémont  (abbé  G.),  274.  —  Fri- 
DA  (Emil  Bahuslaw),  370.  — 
Gairdner  (James),  536.  ■ —  Gran- 
didier  (Ernest),  179.  —  Hen- 
DERSON  (Dr.  George),  276.  • — 
T.ANG  (Andrew),  276. —  Leroy- 
Beaulieu  (Henry- Jean-Baptiste- 
Anatole),  77.  —  Léveillé  (Louis- 
Jules).  275.  • —  Massenet  (Jules- 
Emile- Frédéric),  273.  —  Mau- 
Mus  (le  R.  P.  Elisée-Vincent),  78. 
■ —  Oswald  (le  Dr.  Éugen),  465. 
—  Passy  (Frédéric),  78.  —  PÉ- 
lissier  (Léon- Gabriel),  462.  • — 
PoiNCARÉ  (HcnriK  176.— Ruell 
Charles-Émile),  464.  —  Salo- 
MON  (Michel),  178.  —  Skeat  (le 
Rev.  Walter  William^  466.  — 
Stryienski  (Casimir),  276.  — 
TÔRÔK    (Dr.    Aurélien),    371.    — 

Lecture;,   faites   à   l'Académie    des 
inscriptions  et  belles-lettres,   81, 

181,  279,    375,    469,   54u. 
Lectures   faites    à   l'Académie    des 

sciences  morales  et  politiques,  82, 

182,  279,   376,   470,   540. 
Concours,  470. 

Prix,   279,  470. 

Mélanges  :  Union  pour  l'étude  du 


droit  des  gens  d'après  les  prin- 
.  cipes  chrétiens,  82.' —  Nomen- 
clator  animalium  generum  et 
subgenerum,  83.  • —  Voyage  d'é- 
tudes en  Allemagne,  84.  —  Les 
Jésuites  et  l'Imprimerie,  83.  — 
Syndicat  des  auteurs  d'ouvrages 
d'enseignement  et  de  vulgarisa- 
tion, 182.  —  Annuaire  de  la  bi- 
bliographie et  de  la  bibliophilie, 
182.  —  Almanachs  pour  1913. 

Nouvelles  :  Paris,  84,  183,  281,  376, 
471,  540.  —  Anjou,  87,  185,  282. 

—  Auvergne,  88.  ■ —  Beauvaisis, 

282.  ■ —  Bourgogne,  379.  —  Bre- 
tagne,   380,    473.   —    Cambrésis, 

283.  —  Champagne,  88,  185,  380. 

—  Corse,  283.  —  Dauphiné,  186, 

284.  —  Flandre,  381.  —  Franche- 
Comté,  89,  186,  284,  3  81,  473, 
541.  ■ —  Languedoc,  188.  — 
Lorraine,  475.  ■ —  Normandie, 
90,  183,  475,  542.  —  Or- 
léanais, 543.  —  Poitou,  188. 
• —  Provence,  91,  285.  —  Sain- 
tonge  et  Aunis,  91,  285.  ■ —  Al- 
sace,   5 13.    —    Allemagne,   382. 

—  Angleterre,  92.  • —  Belgique, 
92,  189.  —  Espagne,  92,  189.  — 
Italie,    475,.    —     Portugal,     92 

—  Chine,  476.  —  Japon,  476.  — 
États-Unis,    93,    189,    286,    382. 

Publications    nouvelles,     9^.     190, 

287,   382. 
Dernières     Publications     illustr,é<BS, 

544. 


ERRATA 


Page  179,  ligne  41,  au  lieu  de  :  Guifîon,  lisez  :  Griffon. 

Page  182,  ligne  15,  au  lieu  de  :  Faguiez,  lisez  :  Fagniez. 

Page  233,  ligne  37,  au  lieu  de  :  lithecanthropus,  li^ez  :  pithecanthropus. 


Iin{>.  Fn.  StM«N,  n«nmi. 


L<  Girant  :  GHAPUtS. 


z 

1007 
P73 

125 


Polybiblion;  revue  bibli- 
ographique universelle 


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